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Comment aborder une audience devant un

juge aux affaires familiales


Les principes de base en cas de séparation, pour se préparer à une audience devant le Juge aux Affaires Familiales
(JAF), et comment présenter au mieux ses arguments et son dossier pour les questions de résidence des enfants
(pour demander la Résidence Alternée ou des droits de visite et d'hébergement élargis).

Mise à jour: les délais avant de passer devant le JAF, la communication des pièces avant l'audience, comment
monter son dossier, la description concrète de l'audience, si besoin les voies de recours, et comment dans ce
parcours ne jamais perdre de vue l'essentiel...

Pour saisir concrètement un Juge aux Affaires Familiales, lisez CE BILLET qui récapitule de façon pratique les
différents modes de saisine du JAF. 

Ce billet a pour objet de vous donner les clés et principes de base à connaitre avant de passer devant le JAF, pour
déterminer la résidence des enfants, en cas de séparation ou de divorce. Pour les parents qui le souhaitent, les
arguments pour demander la mise en place de la Résidence Alternée sont aussi développés:

A) LA PRÉPARATION ET LE DÉROULEMENT PRATIQUE


D'UNE AUDIENCE DEVANT LE JAF:
 
1) le délai avant d'obtenir une audience devant le JAF et l'état d'esprit avant
l'audience: 
il faut savoir qu'en dehors des cas de divorce, pour les questions de résidence des
enfants et de fixation de pension alimentaire, un délai de 3 mois, parfois plus, est
assez souvent observé suite à l'envoi de votre requête au JAF (pour les modèles de
lettre de saisine du JAF: relire CE BILLET) pour obtenir une audience. Le greffe du JAF
vous enverra une convocation écrite précisant le jour et l'heure de l'audience. Si votre
dossier nécessite d'être jugé en urgence, une procédure accélérée, dite de référé,
existe (voir les explications et un modèle d'assignation en la forme des référés DANS
CE BILLET). Le délai classique d'environ 3 mois peut vous servir à bien préparer votre
dossier (mettre en forme vos arguments, réunir vos documents, justificatifs de
revenus, attestations sur vos aptitudes à élever les enfants, préparer une réponse aux
arguments adverses, etc).
Beaucoup de personnes et certaines associations, vous présenteront l'audience à venir
comme une guerre où tous les coups sont permis et où il faut un "super-avocat" qui
se transformerait pour l'occasion en grand stratège qui vous sauverait des foudres du
JAF et des vicissitudes de votre ex. Mais les conseilleurs ne sont pas les payeurs: ce
n'est pas eux qui paieront les honoraires du "super avocat", ce ne sont pas ces
"conseilleurs" qui subiront personnellement les conséquences financières et
psychologiques d'une approche conflictuelle du dossier qui ne pourra que conduire à
une surenchère dans la procédure. 
S'il est normal de chercher de l'aide ou des conseils, il arrive cependant trop souvent
que certaines personnes ou certaines associations, prétendant "être passées par là" et
disant pouvoir vous aider, vous pousseront en réalité à dilapider vos économies en
vous incitant à une surenchère de procédure. De tels comportements ne peuvent que
conduire à entretenir le conflit avec votre ex, conflit qui sera constamment mis en
avant par le JAF, qui vous reprochera certainement de rester dans le conflit au lieu de
tourner au plus vite la page de la séparation, pour reconstruire votre vie de parent
séparé le plus sereinement possible, pour vous et vos enfants.  
C'est pourquoi, si vous prenez contact avec des associations, relisez CE BILLET pour
ne pas tomber dans les griffes de personnes peu scrupuleuses qui, sous le prétexte de
vous aider, vont en réalité exploiter votre détresse de parents séparés pour chercher
à vous séduire (avec un discours bien rodé), leur but étant surtout de vous faire
passer par leur tiroir caisse en vous vendant une adhésion et il vont souvent vous
inciter très fortement à prendre leurs avocats de permanence, souvent fort chers, en
ventant leurs prétendus mérites, alors que ces avocats ne sont en réalité pas plus
doués ni talentueux que leurs confrères aux honoraires modérés.  
Si la bataille judiciaire dure, vous constaterez à votre détriment à quel point il est
épuisant de devoir affronter les accusations, contre accusations, expertises, contre
expertises, et de voir les conséquences désastreuses que ce conflit aura sur vos
enfants. Vous pouvez pourtant faire des choix pour une procédure brève, la moins
conflictuelle possible, pour sortir au plus vite de la procédure judiciaire. Il est d'ailleurs
beaucoup plus difficile de tenter de s'extirper du conflit, plutôt que de céder à la
facilité d'engager une guérilla judiciaire par avocats interposés. Pour cela, il peut être
utile de vous faire aider par un médiateur familial, qui pourra vous proposer des
solutions de compromis (et n'oubliez pas qu'un mauvais arrangement en justice
familiale vaut 10 000 bons jugements), axées sur l'avenir de vos enfants et non sur
des procédures stériles et destructrices. 
Alors, tout en défendant au mieux vos intérêts, ne vous laissez pas abuser par les
"va-t-en-guerre" qui vont projeter LEURS propres fantasmes guerriers, sur VOTRE
séparation. Ce n'est pas parce que votre ex se montre hyper conflictuel, qu'il vous
faudrait à votre tour donner dans la surenchère guerrière. Il est de votre propre
intérêt de vous montrer capable de vous extraire du conflit parental, pour vous
recentrer sur l'intérêt de vos enfants.
Et même si les blessures liées à la séparation sont très présentes, les enfants seraient
très malheureux si vous vous laissez convaincre par les mauvais conseilleurs qui vous
pousseront à tenter de couper le lien entre votre ex conjoint et les enfants, sous
prétexte d'en tirer des bénéfices dans la procédure. Car les bénéfices procéduraux que
l'on croit obtenir en dénigrant l'autre parent, vous conduiront en réalité à bien des
déconvenues, financières et psychologiques, à vivre en permanence dans le conflit, et
surtout à nuire à vos enfants qui seront alors les otages de votre conflit d'adultes qui
les conduira à vivre coupés d'une partie de leurs racines familiales, donc coupés d'une
partie d'eux mêmes. 
    

2) les échanges de pièces avec votre adversaire avant l'audience: le


respect du contradictoire:
comme toute procédure de justice, la procédure JAF est contradictoire, ce qui veut
dire concrètement que les parties doivent se faire connaitre avant l'audience en temps
utile, les pièces qu'elles entendent produire au juge, et les conclusions (c'est à dire les
arguments écrits) qu'elles comptent déposer, du moins si elles ont rédigé des
conclusions (la procédure JAF étant orale -sauf divorce- il n'est pas obligatoire de
rédiger des conclusions). Les parties ont ainsi l'obligation de se communiquer en
temps utile les pièces sur lesquelles elles vont baser leurs plaidoiries (article 15 du
code de procédure civile). Et le Juge a pour rôle, d'après la loi (article 16 du code de
procédure civile) d'observer et faire observer le principe de la contradiction, c'est à
dire notamment l'échange des pièces avant l'audience. Mais entre la loi et la pratique
quotidienne, il y a parfois (souvent ?) des écarts importants (voir ci dessous point 7
les explications sur les "coups tordus" des audiences JAF). 
Quoi qu'il en soit, si vous voulez laisser des pièces ou des écrits au juge lors de
l'audience (le juge refusera par principe de prendre en compte des pièces qui lui
seraient envoyées avant ou après l'audience), vous devez d'abord les communiquer à
votre adversaire. Pour cela, vous devez faire une liste de ces pièces, c'est ce qu'on
appelle le "bordereau de pièces". Si on fait bien les choses, le bordereau est rédigé en
double, et un des deux exemplaires de ce bordereau devrait vous être retourné signé
par votre adversaire, ce qui prouve alors qu'il a bien eu connaissance de vos pièces.
Au minimum, il convient de faire la liste des pièces que vous communiquez à la fin de
vos conclusions écrites, qui doivent elles aussi être communiquées à votre adversaire,
de préférence par lettre recommandée avec AR (pour prouver l'envoi et la réception). 
D'après l'article 132 du code de procédure civile, la production des pièces doit être
spontanée, mais la loi ne précise pas de délai minimum avant l'audience pour envoyer
les pièces, le texte mentionne simplement "en temps utile". Mais si votre adversaire
tarde à vous envoyer ses pièces alors que la date de l'audience se rapproche, vous
pouvez tenter de montrer sa mauvaise foi dans la communication des pièces, en lui
écrivant pour lui demander: 
- communication des pièces (attestations, fiches de paye, etc) qu'il entend produire au
juge: il est obligatoire que ces pièces vous soient communiquées,
- et pour demander communication de ses conclusions s'il en a rédigées (il n'en a peut
être pas rédigées car il n'y a pas d'obligation devant le JAF, de rédiger son
argumentation par écrit, puisque la procédure JAF est orale). 
Dans tous les cas, il faut savoir que le greffier ou le JAF ne transmettent jamais les
pièces aux adversaires, c'est à vous et à votre adversaire de vous échanger les pièces
avant l'audience, normalement suffisamment tôt pour que vous ayez le temps de les
analyser (le strict minimum étant au moins 48 heures avant l'audience, et encore
faudrait-il expliquer pourquoi vous n'avez pas communiqué, ou pourquoi votre
adversaire n'a pas communiqué, ses pièces avant ce délai).
Si votre adversaire tarde à faire connaitre ses pièces, n'hésitez pas à le solliciter (ou
son avocat s'il en a un) sur ce point par courrier recommandé avec avis de réception
de préférence, au moins deux semaines avant l'audience pour lui demander de vous
envoyer l'ensemble des pièces qu'il compte utiliser devant le Juge. Si votre adversaire
ou son avocat ne répondent pas et ne transmettent aucune pièce avant l'audience,
vous pourrez signaler ce fait au Juge et demander que toutes les pièces qui ne vous
ont pas été préalablement transmises, soient écartées des débats, et vous pourrez
signaler ce problème au bâtonnier de l'avocat. Car il faut bien garder à l'esprit que
souvent en matière familiale, votre adversaire tentera de communiquer ses pièces au
dernier moment, ce qui est contraire au principe de loyauté des débats et au principe
du contradictoire, mais c'est un "coup tordu" hélas classique. Voir le point 7 ci dessous
pour plus d'explications et pour vous préparer à réagir en un tel cas.  
 

3) le décor le jour J : description du cabinet du JAF:


Les audiences en justice familiale ne sont pas publiques. Vous serez ainsi conduit avec
votre ex et vos avocats, sans personne d'autre, dans une salle privée, qu'on appelle le
cabinet du JAF, qui est en réalité une salle assez banale (rien à voir avec les grandes
salles monumentales de justice) où se trouve le bureau personnel du juge, celui du
greffier, si du moins il y a un greffier. A Paris, les audiences se passent presque
toujours sans greffier, ce qui est illégal mais qui n'emporte aucune conséquence de
droit sauf si vous soulevez dès le début de l'audience un vice de procédure du fait de
cette absence: dans ce cas, le JAF ira certainement immédiatement requérir un
greffier pour répondre à l'exigence légale, ou fera un renvoi d'audience: donc vous
n'avez rien à gagner en protestant de l'absence de greffier, tout au plus vous
donnerez au JAF l'image d'un procédurier. 
En face du bureau, quelques chaises sont placées pour vous et les avocats. Si vous
avez pris un avocat, en général le JAF ne vous laissera pas parler, puisqu'il considère
que votre avocat est là pour exposer complètement la situation et vos demandes, et
qu'il parle en votre nom. Tout au plus, si le Juge a une question précise, il se pourra
qu'il vous interroge malgré tout brièvement.
 
4) Durée moyenne d'une audience. Demandeur, défendeur, c'est quoi ?
Déroulement de l'audience.  Représentation en personne,
représentation par avocat.
celui qui a saisi le juge est le "demandeur" et en général il parlera en premier à
l'audience. Il faut savoir que les audiences passent très vite (de 20 à 30 minutes en
moyenne), et que si vous avez un avocat, celui ci vous représente et vous n'aurez
donc personnellement que très peu la parole, ce qui peut être frustrant. Pour les
divorces, la procédure est en grande partie écrite et la tendance actuelle est de
réduire au strict minimum les audiences, et au contraire de développer les échanges
écrits, ce qui est d'autant plus frustrant.
Lors de l'audience:  pour parler, demandez la parole et ne coupez pas votre
adversaire quand il parle. Le principe est que celui qui a demandé l'audience parle en
premier, dit tout ce qu'il a à dire, puis vient le tour de l'autre. Restez toujours clair et
simple, parlez de vos enfants et de votre capacité à les accueillir et les élever. Ne
vous laissez pas entraîner dans les querelles liées à la séparation lors de l'audience.
Recentrez toujours sur les enfants, et comment vous ferez pour les préserver du
conflit. Préparez avant l'audience, quelques points essentiels que vous reprendrez
devant le juge, en sachant que si vous avez un avocat, vous n'aurez presque pas la
parole puisque c'est votre avocat qui s'exprimera en votre nom.
Si vous n'avez pas d'avocat, on dit que vous vous représentez "en personne". Dans ce
cas, vous pourrez "plaider" vous même tout le long, mais attention à être bien
préparé auparavant et à ne jamais perdre votre calme, même lorsque vous entendrez
des énormités, destinées justement à vous faire perdre vos nerfs... . SURTOUT ne
vous laissez pas entraîner par les insinuations et les petits détails que va vous lancer
votre ex ou son avocat. Restez et recentrez toujours sur le plus important: l'intérêt de
vos enfants tel que vous vous le concevez. Et n'oubliez jamais le principe n°1: ne
dénigrez pas votre ex (ce qui n'empêche pas de réfuter ses attaques, mais en
quelques mots).
Tout le long de votre plaidoirie, présentez vos arguments de façon ordonnée, mettez
toujours en avant que votre préoccupation est l'intérêt de l'enfant, montrez
concrètement ce que vous allez mettre en œuvre pour votre enfant (adaptation de vos
horaires de travail pour être présent le plus souvent possible, mise en place d'activités
extra scolaires pour l'enfant, aménagement de sa chambre, etc.). Restez concis mais
complet. Tentez de parler sans vous laisser déborder par le stress et vos sentiments
qui seront exacerbés lors de l'audience. Ce n'est pas facile, mais qui pourra mieux que
vous parler de vos enfants ? 
Une fois que le demandeur aura fini de parler, ou si le juge l'interrompt en estimant
en avoir assez entendu, ce sera au défendeur (celui qui n'a pas pris l'initiative de
saisir le juge) de s'exprimer. Le défendeur parle donc en dernier, et en général, si
vous étiez le demandeur, même si votre adversaire a débité des contre vérités après
votre plaidoirie et que vous avez envie de répondre, pour autant le JAF ne vous
redonnera que rarement la parole pour répliquer à nouveau. Si cependant vous
redemandez la parole, et que la JAF veut bien vous permettre de répliquer, en tout
cas ne reprenez pas la parole pour rentrer dans des querelles, réfutez en quelques
mots les contre vérités que votre ex ou son avocat auront sorties, et recentrez de
suite votre discours sur l'intérêt de vos enfants. Et l'audience sera alors finie ou
presque.
Dans tous les cas, afin de ne pas indisposer le juge, il faut s'abstenir de faire des
réflexions ou des mimiques lorsque votre ex, ou son avocat, parleront. De toute
façon, si vous vous laisser emporter, le juge vous fera vite remarquer que vous n'avez
pas la parole et que vous devez laisser parler votre adversaire, sans le couper. Alors
que si vous montrez au juge que vous êtes capable de garder votre calme même
lorsque votre ex (ou son avocat) débitent des insanités, cela sera une bonne
démonstration de votre maîtrise de vous même. Le pire scénario, serait que vous vous
énerviez à l'audience en entendant la plaidoirie très dénigrante de votre ex à votre
encontre: le juge pensera certainement que vous êtes une personne colérique, et que
vous pourriez exercer vos colères sur les enfants... Donc ne vous faites pas avoir, ne
vous laissez pas emporter par les paroles vexatoires de votre ex lors de sa plaidoirie ! 

 
  
5) Après l'audience: 
A la fin de l'audience, lorsque les deux parties ont terminé leurs plaidoiries, le JAF ne
rendra pas sa décision immédiatement, il va prendre le temps de relire le dossier
avant de rendre une décision, ce qui peut prendre entre un et plusieurs mois.
Habituellement, le juge vous donnera en fin d'audience la  date du délibéré, c'est à
dire la date à laquelle la décision sera rendue. Et il faudra souvent attendre encore
quelques jours de plus pour connaitre le contenu de cette décision, le temps que le
greffe vous envoie le jugement.
 
6) L'avocat est-il obligatoire ou non ? L'intérêt de la médiation
familiale. 
il faut savoir que tous les jours, des parents qui se séparent (hors divorce) se
présentent devant les Juges aux affaires familiales sans avocat, comme la loi le
prévoit. Le recours à un avocat n'est pas systématiquement nécessaire ni obligatoire:
la procédure JAF est par principe orale et l'avocat n'est légalement pas obligatoire
pour les questions de résidence des enfants et de contribution alimentaire si vous
n'êtes pas marié ou si vous êtes divorcé. Pourtant, certaines personnes ou
associations prétendent le contraire, ou tentent de vous faire peur en prétendant que
sans avocat tout se passerait mal. Mais les conseilleurs ne sont pas les payeurs, et la
réalité est bien plus nuancée. 
Le principe régissant les débats devant le JAF lors d'une séparation (hors divorce) est
celui de l'oralité, ce qui veut dire qu'une audience JAF est prévue pour être simple et
orale. L'audience peut se dérouler sans que vous n'ayez l'obligation de déposer des
conclusions écrites. Vous pouvez simplement devant le JAF développer les raisons de
votre demande, vos explications, et fournir à l'appui des pièces justificatives. Certains
avocats ne déposent ainsi pas de conclusions écrites pour les audiences JAF. 
Envisagez toujours d'avoir recours à la médiation familiale pour essayer d'apaiser le
conflit et sachez faire des concessions, même "douloureuses"  (en matière familiale,
l'adage veut qu'un mauvais arrangement vaut dix mille bons jugements).  
Si vous prenez un avocat, ne vous laissez pas influencer par certaines associations  ou
amis qui vont vous conseiller leur "super" avocat (qui souvent facture à l'heure à un
prix exorbitant), au contraire conservez toujours le libre choix de votre avocat, et
consultez plusieurs avocats en dehors de l'association avant d'en choisir un, et qui
facture selon un forfait d'honoraires modéré. 
Payer très cher ne garantit rien, car il faut bien comprendre que quel que soit le
professionnalisme et le talent oratoire de l'avocat, en matière familiale et pour les
questions de résidence des enfants, même le meilleur des avocats ne peut vous aider
que de façon limitée puisque cette matière repose sur le critère indéfinissable d'intérêt
de l'enfant, critère qualifié par d'éminents juristes de propre à favoriser
l'arbitraire (relire CE BILLET sur la notion d'intérêt de l'enfant pour vous en
convaincre). L'intérêt de l'enfant est en réalité apprécié en fonction de ce qu'en
percevra subjectivement le Juge et lui seul. Et le Juge forgera son opinion pour partie
sur ce qu'il retiendra de vous lors des quelques minutes de l'audience: vous
comprenez pourquoi il est fondamental lors de l'audience d'exprimer avant tout de
quelle façon vous allez assurer l'intérêt de vos enfants, et de surtout ne pas vous
laisser entraîner à ressasser le conflit parental. 
Si vous êtes en situation de divorce, évitez à tout prix et dans la mesure du possible,
les conseils de ceux qui vous préconiseront la procédure de divorce pour faute: car de
trop nombreux parents peuvent témoigner qu'il s'agit là des pires procédures, les plus
longues et épuisantes, destructrices psychologiquement pour les parents et les
enfants, et très couteuses en frais de procédure.
Enfin en ce qui concerne les honoraires, il est important de maîtriser les coûts de la
procédure, qui peut très vite devenir ruineuse. SI vous prenez un avocat, demandez
absolument une convention d'honoraires avec fixation d'un forfait d'honoraires, ce qui
veut dire que l'avocat s'engage à vous faire payer un prix fixe et défini à l'avance pour
l'ensemble de la procédure que vous lui demandez de suivre. Vous pourrez
ainsi maîtriser votre budget pour cette procédure, tout en gardant à l'esprit que si
vous voulez exercer les voies de recours (appel, pourvoi en cassation) des honoraires
supplémentaires importants seront de nouveau à payer. Dans tous les cas, vous avez
tout à fait intérêt de refuser les professionnels qui ne facturent leur intervention qu'au
taux horaire: une telle facturation est très coûteuse, car une procédure familiale peut
prendre environ 20 heures pour une séparation simple (par exemple: ouverture du
dossier et étude préalable de l'affaire, puis étude approfondie du dossier, puis rendez
vous de l'avocat avec vous, puis rédactions des conclusions, puis réponse aux
conclusions adverses, puis assistance lors de l'audience, puis analyse du jugement,
etc). Et si la procédure devient conflictuelle (ce qui peut arriver très facilement), qu'il
y a des renvois d'audience, des incidents d'audience, des demandes d'enquête sociale
ou d'expertise, des plaintes pénales (par exemple pour fausses attestations, pour non
représentation d'enfant, etc) tout ce temps supplémentaire vous sera facturé, et la
note pourra vite dépasser les 60 heures, voire 100 heures de travail. Avec un taux
moyen de 200 à 300 euros de l'heure (et certains avocats disent facturer jusqu'à 800€
de l'heure...) , faites le calcul vous même.... 
Il faut aussi savoir que ce n'est pas parce qu'un avocat pratique des honoraires très
élevés, qu'il est meilleur que ses confrères aux tarifs plus modérés. Ainsi, même en
région parisienne, vous pouvez trouver d'excellents avocats très motivés pratiquant
des forfaits d'honoraires pour des sommes d'environ 2000€ TTC, pour une procédure
classique concernant la résidence des enfants avec fixation d'une contribution par
exemple.  En province, pour le même type de procédures, de bons avocats facturent
parfois deux fois moins. Alors, faites jouer la concurrence, et ne vous laissez pas
enfermer au sein d'associations aux discours "pro" ou "anti": si au terme de la
séparation, vous espérez réellement que vos enfants auront malgré tout pu trouver un
équilibre, choisissez vous même de vous faire aider par des intervenants, des
médiateurs ou des associations ayant un discours équilibré, ce qui n'exclut pas de
défendre au mieux vos intérêts, ceux de vos enfants, et de décrier certaines
inégalités.
 
7) les coups tordus à prévoir lors des audiences JAF, les pièces
produites à la dernière minute par votre adversaire, les demandes de
renvoi d'audience: 
Il peut arriver, si l'avocat ou la partie adverse sont peu scrupuleux, qu'ils produisent
des pièces et documents que vous n'aviez jamais vus au dernier moment, quelques
minutes avant l'audience, dans le couloir du JAF... Souvent il s'agira d'attestations de
complaisance voire mensongères vous dépeignant comme un mauvais parent, de
certificats de psychologues à la déontologie douteuse prétendant que l'enfant était
paniqué après votre droit de visite, de documents financiers, parfois d'accusations
plus graves encore... . Il s'agit là d'une stratégie destinée à vous porter un coup
psychologique juste avant l'audience. C'est un comportement déloyal puisque votre
adversaire tente ainsi de vous mettre devant le fait accompli de pièces qui peuvent
être importantes et que vous n'aurez même pas le temps de bien analyser.
Ne soyez pas déstabilisé pour autant, et sachez que vous pouvez refuser de prendre
ces pièces et documents communiquées au dernier moment, en expliquant votre refus
par le fait qu'il vous serait impossible d'analyser ces pièces en quelques minutes et
que vous allez souligner cet incident devant le Juge.
Et lorsque l'audience devant le JAF commencera, vous devrez alors immédiatement
signaler au Juge cet incident, à savoir le fait que votre adversaire (ou son avocat) a
tenté de vous remettre des pièces dans le couloir, ou la veille de l'audience, ou
quelques heures avant l'audience, et que vous ne pouvez accepter cette
communication des pièces à la dernière minute car vous n'avez pas le temps suffisant
pour analyser ces documents et préparer une réponse argumentée. Vous ajouterez
que vous estimez que cette transmission tardive des pièces est déloyale, et constitue
une violation du principe fondamental du contradictoire (article 15 du Code de
procédure civile) qui implique que chaque partie fasse connaitre ses pièces et
arguments suffisamment de temps avant l'audience pour que l'autre partie ait le
temps d'en prendre connaissance et d'y répondre si besoin. 
En conclusion, dans un tel cas vous pourrez demander au Juge:
- soit de refuser que ces pièces de dernière minute soient produites aux débats, donc
qu'elles ne soient pas discutées à l'audience et qu'elles soient écartées, 
- ou alors vous pouvez demander au JAF un report de l'audience pour que les pièces
vous soient transmises régulièrement, avec un bordereau de communication, et pour
que vous disposiez du temps nécessaire pour les analyser et rédiger vos observations.
Si le JAF accepte le report d'audience, cela signifie qu'il va fixer une autre date
d'audience (parfois un mois ou plusieurs mois plus tard, cette lenteur est regrettable
mais ce sont les délais de la justice familiale).
Parfois, certains JAF refusent d'écarter les pièces et refusent aussi d'accorder un
report d'audience (c'est anormal puisque le rôle premier d'un juge est de faire
respecter le principe du contradictoire). Dans de tels cas, demandez au moins au Juge
qu'il vous permette de déposer une "note en délibéré" en réponse aux pièces qui ne
vous ont été communiquées qu'au dernier moment: cela veut dire que même après la
fin de l'audience, le Juge accepte que vous lui envoyiez par écrit des observations en
réponse. Sachez que si vous ne demandez pas cette autorisation au Juge de déposer
une note en délibéré, la loi interdit par principe au Juge de prendre en compte des
courriers qui lui seraient envoyés après l'audience, car ces courriers ne seraient pas
débattus contradictoirement.
Enfin, dans le cas où c'est un avocat qui a tenté de vous remettre des pièces au
dernier moment alors qu'il aurait pu vous les communiquer plusieurs jours avant, il
est de votre intérêt de ne pas accepter de tels comportements déloyaux, et d'écrire
au bâtonnier de cet avocat indélicat pour signaler que ce comportement vous a paru
très déloyal, et vous a porté préjudice lors de l'audience devant le Juge.    
 

B) QUE METTRE DANS VOTRE DOSSIER, LES ARGUMENTS


PERTINENTS A METTRE EN AVANT LORS D'UNE AUDIENCE JAF:

1) NE JAMAIS DÉNIGRER L'AUTRE PARENT (et ce conseil est fondamental) 


 
a) le JAF n'est pas là pour compter les points entre parents séparés:
D'une part, il faut bien comprendre que le JAF n'est pas là pour vous permettre de
régler vos comptes d'adultes, ni pour donner raison à l'un des parents plutôt qu'à
l'autre en ce qui concerne les motifs de la séparation. Exception: dans le cas d'un
divorce demandé "pour faute", des griefs très précis et étayés peuvent être soulevés
pour démontrer la faute de votre ex, puisque c'est l'objet même de ce divorce. Mais
même dans ce cas, dès que la discussion quittera les motifs du divorce pour revenir
sur la résidence des enfants, il faut bien comprendre qu'il sera toujours mal vu de
prétendre qu'un mauvais époux serait un mauvais parent, et c'est en fonction de
l'intérêt de l'enfant que le JAF statuera. Exemple: un JAF peut tout à fait confier la
résidence des enfants à un mari volage qui a trompé sa femme, s'il estime que
l'intérêt des enfants est d'être avec leur père plutôt qu'avec leur mère. Et l'inverse est
tout aussi possible.  
Le critère principal de décision pour un JAF en matière financière pour fixer la
prestation compensatoire destinée à l'ex époux suite à un divorce, c'est la prise en
compte des disparités que le divorce va engendrer (la notion de faute n'est plus prise
en compte de nos jours pour apprécier la prestation compensatoire en cas de divorce,
les fautes graves commises pendant le mariage étant réparées par l'octroi de
dommages-intérêts et non pas par une "majoration" de la prestation compensatoire).
Il faut donc bien comprendre que pour déterminer la résidence des enfants, que ce
soit dans le cadre d'un divorce de personnes mariées, ou dans le cas de concubins
(donc non mariés) qui se séparent, c'est uniquement l'intérêt de l'enfant que le JAF va
prendre en compte.
Donc lorsque le JAF statue sur la résidence des enfants, les querelles entre parents,
les insultes, les manigances pour faire passer un parent pour "mauvais parent", c'est
typiquement le type de comportements qui indisposent les JAFs car cela montre que
les parents sont incapables de faire le moindre effort pour s'entendre dans l'intérêt de
leur enfant.
 
b) Si un parent a monté un dossier très accusateur (fausses accusations) et vous
calomnie:
Lorsqu'un des parents adopte un comportement accusateur ou cherche à créer le
conflit contre son ex à l'audience devant le JAF, la meilleure réponse est de réfuter
brièvement les accusations, de faire remarquer au JAF qu'il s'agit là de calomnies et
de propos diffamatoires, et surtout il ne faut pas se laisser entrainer dans une
escalade de griefs.
Recentrez très vite le débat sur l'intérêt de vos enfants, l'audience passe très vite et il
serait regrettable que le JAF garde une image uniquement conflictuelle des parents. Le
JAF saura faire le tri entre un parent conflictuel, et un parent qui cherche
l'apaisement. Et si bien que vous ayez gardé votre calme face à un ex qui vous accuse
de tous les maux, la décision ne vous est pas favorable, soyez surs que cela aurait été
pire si vous étiez rentré dans le conflit.
Une inégalité lors de l'audience à laquelle il faut se préparer:  Si  un père dénigre une
mère, il passera pour un homme conflictuel qui n'a pas su dépasser le conflit parental.
De plus, dénigrer une mère, même si elle a fait les pires manigances, cela est toujours
TRÈS mal perçu par un JAF. Par contre, et de façon assez étonnante, une mère qui
dira du père que c'est le pire des hommes, que c'est un personnage pervers ou
violent, et autres amabilités de ce genre, même sans aucune preuve réelle, sera
étrangement plutôt "écoutée". 
 

2) SE MONTRER NON CONFLICTUEL ET SOUCIEUX DU SEUL INTÉRÊT DES ENFANTS :


Pour demander une RA ou la résidence des enfants, il faut réellement adopter une
attitude qui vous place en dehors du conflit parental, et surtout montrer que l’on ne
s'intéresse qu'à l'intérêt des enfants.
L'esprit c'est: "MON EX s'inscrit dans un conflit parental qui n'est pas le mien, même
si je le subis. Ma préoccupation c'est l'intérêt de mes enfants, qui passe
nécessairement par une relation stable et équilibrée auprès de ses DEUX parents. Et
contrairement à mon ex, je m'inscris dans une démarche constructive et non
conflictuelle, afin d'apporter aux enfants l'équilibre qu'ils doivent trouver auprès de
leurs parents".
Et ce n'est pas du pipeau: si on veut réellement que les enfants grandissent
sereinement, on DOIT garder une image positive de leur deux parents, même si de
son côté votre ex fait plein de coups tordus. Dites vous que les enfants vous
remercieront plus tard de les avoir préservés du conflit.
 
 
3) LES CONDITIONS A RÉUNIR POUR UNE RA (Résidence Alternée):
Pour mettre tous les atouts en vue de la RA:
déjà demander au JAF, s'il est incertain, au moins une période d'essai de 6 mois (mais
il n'est pas obligé de l'accorder, même pour un essai).
Se montrer CONCRET, bien argumenter de façon simple et concise, montrer que les
enfants ne seront pas "trimballés ni coupés en deux", mais qu'au contraire vous avez
tout prévu pour que tout se passe sans histoires ni problèmes
Bien insister sur le fait que
- vos domiciles sont proches
- votre disponibilité (attestation employeur travail mi temps par exemple),
- vous vous êtes toujours bien occupé des enfants (ATTESTATIONS DE PROCHES A
PRODUIRE A L'APPUI SUR CE POINT, mais pas d'attestations pour dénigrer votre ex),
- préparez un calendrier prévisionnel (sur 6 mois ou un an) que vous remettrez au JAF
avec les périodes de résidence une semaine chez l'un, une semaine chez l'autre, pour
que le JAF se dise que tout est bien prévu, clairement. On peut même préparer un
planning sur un calendrier pour que le Juge voit que votre organisation concrète est
bien préparée
- montrer par des témoignages que les enfants sont heureux avec vous (mais pas de
témoignages contre votre ex, je le rappelle),
- rappeler que vous avez refait paisiblement votre vie et que les enfants sont heureux
de retrouver un nouveau foyer avec (éventuellement) leurs jeunes petits frères ou
sœurs
- rappeler que votre discours n'est pas négatif envers votre ex et que donc de votre
côté vous respectez l'autre parent
 

4) SE PRÉPARER A ENTENDRE ET RÉPONDRE A CE GENRE DE PONCIFS: 

Les âneries que l’on entend sont connues, mais on doit se préparer à répondre à ce
type de réflexions:
- de toute façon, je n'accorde pas de RA avant 6 ans sinon c'est très nocif pour les
enfants ( entendu d'un JAF )
- vous demandez une RA pour ne pas payer de pension
- les enfants seront perturbés par ces allées et venues
- le deuxième est trop petit pour une RA et on ne peut séparer une fratrie
- les enfants sont fatigués avec toi, tu t'en occupes mal
- les domiciles sont trop éloignés
- il faut une enquête médico sociale / une expertise médico psy pour statuer car il y a
conflit
...
 Une petite liste de questions réponses sur la résidence alternée est jointe en fin de
billet, pour vous aider à répondre à ces poncifs.
 
5) SI VOTRE EX VOUS DIFFAME LORS DE L'AUDIENCE OU DANS SES CONCLUSIONS
ÉCRITES:
demander ceci au Juge de l’audience, ou insérez ce type de mention dans vos
conclusions, EN EXPLIQUANT POURQUOI VOUS ESTIMEZ QU'ON VOUS DIFFAME OU
CALOMNIE:
« Au vu des propos calomnieux et diffamatoires qui viennent d’être prononcés,
...sanctionner en application de l'art 41 al 4 de la loi du 29 juillet 1881, et de l'article
24 du Code de procédure civile, ces propos calomnieux et diffamatoires qui visent à
me dénigrer personnellement et gratuitement, et prononcer en application de ces
textes, la condamnation de l'auteur  de ces propos au versement de XXX € de
dommages intérêts; et ordonner la suppression des écritures calomnieuses ».
Il n'est pas sur du tout que le JAF veuille accéder à votre demande, sauf propos très
injurieux portés contre vous, mais au moins vous aurez « marqué le coup ».
 
6) LES VOIES DE RECOURS SI LA DÉCISION DU JAF NE VOUS SATISFAIT PAS:

a) l'appel devant la Cour d'appel:


 
Si le jugement rendu vous parait injuste, ou ne répondant pas à votre argumentation,
et si vous estimez que votre vie et celle de vos enfants ne peut se satisfaire d'une
décision prise après un entretien de quelques minutes devant le JAF, sachez que vous
pouvez faire appel de cette décision.

La Cour d'appel procédera à un nouvel examen de la situation. Cependant, l'appel


pour être recevable nécessite que l'on paie 225€ de timbres fiscaux car depuis janvier
2015 un décret vous oblige pour que la procédure soit recevable, à payer 225€ en
timbres fiscaux (les timbres amendes). Concrètement votre avocat (obligatoire devant
la Cour d'appel depuis le 1er janvier 2012 avec la suppression des offices d'avoué)
doit régler cette somme lorsqu'il introduira la procédure d'appel. Et ne vous faites pas
trop d'illusions: la tendance devant les Cours d'appel est dans 80% à 90% des cas de
confirmer les décisions des JAFs. Mais au moins si vous allez en appel vous aurez fait
tout votre possible pour défendre votre cause et votre conception de l'intérêt des
enfants.

Il faut en effet savoir que devant la Cour d'appel, depuis le 1er janvier 2012, la
représentation par avocat est désormais obligatoire (alors qu'il il n'était pas obligatoire
de prendre un avocat avant le 31 décembre 2011, seul l'avoué était obligatoire, et les
honoraires des avoués étaient réglementés (ce qui veut dire que quel que soit l'avoué
que vous choisissiez, vous aviez à payer la même somme).
Donc le coût d'une procédure d'appel dépend désormais des honoraires que vous
facturera votre avocat, qui peuvent aller de 1500€ à plus de 5000€, les honoraires
étant fixés librement par l'avocat. (Alors qu'avant le 1er janvier 2012, les coûts d'une
procédure d'appel pour un litige lié à la résidence des enfants avec fixation d'une
pension alimentaire, était d'environ 1000 à 1500€ HT pour l'avoué qui seul était
autrefois obligatoire. Et si vous preniez aussi un avocat en plus de l'avoué, les
honoraires de l'avocat s'ajoutaient à cette somme).
Si vous perdez votre procès en appel, il est possible que la Cour mette à votre charge,
en plus de vos propres frais, une partie des frais et honoraires exposés par votre
adversaire (ce qui peut se chiffrer assez vite à environ 1500, 2000 voire 3000€ de
plus). A l'inverse, si vous gagnez, la Cour peut vous octroyer le remboursement  d'une
partie de vos frais et honoraires.
Délai pour interjeter appel: le délai est habituellement d'un mois à partir du moment
où vous avez pu prendre connaissance de la décision du JAF qui doit vous être
signifiée par huissier, sauf si le JAF en a décidé autrement et a fait procéder à une
notification de la décision par lettre recommandée avec AR envoyée par son greffe
(comme prévu art. 1142du CPC). S'il s'agit d'une ordonnance (suite à un "vrai" référé
ou suite à une saisine du JAF "en la forme des référés"), le délai pour faire appel est
de 15 jours à compter du moment où la décision vous a été signifiée par huissier
(l'art. 1142 du CPC ne permet pas au JAF de faire envoyer une décision prise sous
forme d'ordonnance par notification LRAR du greffe, mais parfois les JAFs se trompent
et le font quand même: dans un tel cas, on peut considérer qu'une notification par
LRAR étant irréulière, elle ne fait pas courir le délai d'appel, mais il y a très peu de
jurisprudence pour le moment sur ce sujet). Pour plus de précisions sur la procédure
d'appel, vous pouvez contacter un avocat qui soit un ancien avoué, ce sont des
experts de la procédure devant la Cour et certains anciens avoués acceptent, si vous
avez rédigé vous même vos conclusions, de déposer vos conclusions écrites et de les
remettre à la Cour en fonction de vos indications pour des honoraires modérés.

b) le pourvoi en cassation:
pour comprendre et analyser dans quels cas il peut être utile d'envisager un pourvoi
devant la Cour de cassation, lisez CE BILLET consacré à l'utilité d'aller jusqu'à la Cour
de cassation en matière familiale.

7) EN CONCLUSION:

même si la procédure judiciaire est une étape importante, envisagez toujours des
solutions alternatives, essayez de trouver des solutions amiables (pensez à la
médiation familiale), car en matière familiale plus que dans toute autre, l'adage "un
mauvais arrangement vaut 10 bons jugements" a tout son sens.
Et ne soyez pas abattu si malgré tous vos efforts, le JAF ou la Cour d'appel rejettent
vos arguments d'un revers de manche. En effet pour les questions de résidence des
enfants, la loi repose sur le critère arbitraire d'intérêt de l'enfant, intérêt de l'enfant
qui sera apprécié en fonction de ce qu'en percevra le Juge et lui seul. Or, chaque JAF
ou chaque Cour d'appel a une conception bien particulière de "l'intérêt de l'enfant".

Attention encore une fois si votre ex ou son avocat tentent d’entraîner votre dossier
vers le conflit, ne vous attardez pas car cela vous empêcherait de consacrer le temps
limité de l'audience, à parler de l'essentiel: votre projet pour vos enfants... Essayez
donc toujours d'éviter d'entrer ou de répondre au conflit. Montrez vous au dessus des
querelles incessantes et interminables, et même si parfois il faut répondre à des
arguments de pure mauvaise foi, voire à des mensonges, ne perdez pas de vue que
ce qui intéresse le Juge c'est de comprendre quelle conception vous avez de l'intérêt
de vos enfants, et de voir si vous êtes capable de vivre avec vos enfants sans les
rendre témoins de vos querelles avec votre ex.

Si vos ressources sont limitées, ou si vous voulez aller sans avocat à l'audience
devant le JAF, c'est possible si vous n'êtes pas marié (ou une fois divorcé). En effet,
pour les personnes non mariées ou divorcées, pour des questions de fixation de
résidence des enfants, et de pension alimentaire, la loi n'oblige pas d'avoir un
avocat et pour au final dire à un JAF qu'un enfant a besoin de ses deux parents, et
que vous voulez continuer à vous occuper régulièrement de vos enfants comme vous
le faisiez avant la séparation, il n'y a pas nécessairement besoin d'intermédiaires.
 
Et enfin dites vous bien que le plus important est aussi de vous préserver: car le
temps, l'énergie et l'argent consacrés aux procédures  viennent bien souvent:
- altérer votre santé
- vous conduire à perdre votre emploi
- vous conduire à perdre vos ressources financières , ce qui peut vous amener dans la
spirale des emprunts, etc... pour payer vos frais de procédure et de justice,
d'enquêtes, d'expertises...
LE PLUS IMPORTANT reste qu'à tout moment, malgré la séparation, vos enfants
doivent pouvoir continuer de disposer d'un papa et d'une maman qui tiennent debout,
lucides, combatifs pas l'un contre l'autre mais vraiment pour assurer l'avenir de leurs
enfants. Et certainement pas d'un papa ou d'une maman qui pour s'être englués dans
des procédures destructrices, se retrouvent diminués, criblés de dettes, avec des
problèmes de santé, de dépression, d'alcoolisme...
C'est bien cette première image à donner à un enfant, pas celle d'un père ou d'un
mère à la dérive perdus dans leur conflit d'adultes et qui n'ont plus rien d'autre à
apporter à leurs enfants que leur mal vécu.
Dans une procédure, il y a bien souvent celui qui veut faire plier l'autre, mais aussi
celui qui s'engage vraiment dans l'intérêt de l'enfant. Qu'est ce qui compte pour
vous ?

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