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Séance n°6 : Aldrin, « Rumeurs : il n’y a pas que la vérité qui compte », Revue des sciences

humaines, n°164, octobre 2005

1. Quelle est la nature de la rumeur, et quel lien entretient-elle avec la vérité ?


D’après Aldrin, la rumeur présente une double nature : elle est composée de réel et
d’imaginaire (4). C’est une information doublement illégitime (16) elle n’a « ni raison, ni substance,
ni intention propre. Surgie de la trame continue et changeante de nos liens, elle n'existe que par nos
échanges de parole et le crédit que nous leur donnons. » (35) L’énumération avec la répétition de
l’adverbe de négation « ni » insiste sur la nature insaisissable de la rumeur. Ainsi, d’après Aldrin, la
rumeur présente un lien avec la vérité qu’elle déforme à son gré. Elle peut être utilisée pour
discréditer « Ce sont des contre-versions des versions officielles » (13)
2. Qu’entend l’auteur lorsqu’il dit que les rumeurs « surnagent au conditionnel » ?
Les rumeurs nagent au-dessus des flots d’informations et c’est le conditionnel qui les rend
légitimes (on sait qu’elles sont fausses et pourtant cela ne les empêche pas d’être là et d’être
transmises). On peut remarquer la métaphore utilisée par le sociologue Aldrin avec le verbe
« surnagent » qui suggère que la rumeur apparaît toujours au-dessus des informations qui, elles,
sont présentées comme des « flots ».
3. Quelles explications le sociologue donne-t-il à la rumeur ?
Ce sont des informations données par d’autres sources que les sources fiables (18-19)
comme si le public souhaitait un pouvoir échappant aux sources fiables. Ce sont des récits qui ont
une valeur d’échange (40), créent la connivence (entre soi), pour créer un sentiment de complicité,
pour avoir qq chose à dire sur un sujet. Il est intéressant de constater que les sciences sociales ont
longtemps vu dans la circulation des rumeurs les symptômes d'un dérèglement social. Pour Aldrin
qui l’analyse d’un point de vue scientifique, la rumeur n'a rien de négatif. Vue comme une forme
d'échange social, souple et multiforme, elle éclaire le débat sur la confiance envers les médias et le
rapport des citoyens au pouvoir.
4. Quelle définition précise l’auteur donne-t-il de la rumeur ?

La définition donnée se situe au début du 2 ème paragraphe : « ce que le langage commun


nomme « rumeur » est la diffusion d'une information doublement illégitime, au regard des discours
conventionnels et des canaux de contrôle de l'information, aujourd'hui les autorités et les médias
habituels, plus généralement tous les « centres de vérité » (conciles[1], tribunaux, académies). Le
sociologue précise également que « La rumeur n'a ni raison, ni substance, ni intention propre.
Surgie de la trame continue et changeante de nos liens, elle n'existe que par nos échanges de parole
et le crédit que nous leur donnons. » En résumé, c’est une « technique élémentaire de sociabilité et
d’échange » Nous pouvons remarquer que l’adjectif « élémentaire » insiste sur la banalité de la
rumeur. Ce qu’Aldrin défend, c’est l’idée que la rumeur est un lien social.

[1] Un concile (du latin concilium, assemblée), ou synode (du grec ancien sun-odos = chemin commun), est une
assemblée d'évêques de l'Église catholique (latine ou non) ou orthodoxe.

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