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MAMAD Mohamed

LES PRINCIPES GENERAUX LA GESTION FINANCIERE

LES ETATS COMPTABLES ET LE DIAGNOSTIC FINANCIER


Le bilan et le compte de résultat produits par le système comptable sont bien sûr beaucoup plus
riches que les états financiers simplifiés décrits précédemment. Leur forme habituelle figure ci-
dessous : bilan type et compte de résultat type.

Toutefois, sous cette forme ils ne sont pas directement utilisables pour une analyse financière
parce que :

• ils sont trop complets et pas suffisamment synthétiques


• ils ne reflètent pas parfaitement la situation économique et financière de l'entreprise
dans la mesure où ils sont essentiellement établis selon des règles juridiques et
fiscales.

Par conséquent, avant d'analyser ces documents, il convient de procéder à plusieurs retraitements
de manière à :

• simplifier leur présentation,


• prendre en compte les caractéristiques de la situation financière de l'entreprise qui sont
ignorées par la comptabilité.

Ces retraitements doivent permettre à l’utilisateur des états financiers de retrouver facilement les
quantités qui caractérisent le circuit financier et la situation financière de l’entreprise. C’est
l’analyse de ces quantités qui permet d’élaborer un diagnostic.

Ce diagnostic financier s'adresse surtout :

• aux dirigeants de l'entreprise qui veulent faire le point sur sa situation financière,
• aux actionnaires actuels ou potentiels qui veulent apprécier la rentabilité de
l'entreprise,

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• aux créanciers actuels ou potentiels (banquiers, fournisseurs ...) qui veulent s'assurer
que l'entreprise pourra faire face à ses engagements et rembourser ce qu'elle doit.

En s’appuyant sur l'analyse du contenu des documents comptables et financiers traditionnels


(bilans et comptes de résultats) il s’agit essentiellement d’analyser la solvabilité de l’entreprise
(sa capacité à rembourser ses dettes) et sa rentabilité.

BILAN COMPTABLE TYPE


Brut Amort Net
Actif Passif
prov.
Immobilisations incorporelles Capitaux propres
Frais d'établissement Capital social
Frais de recherches Prime d'émission
Fonds commercial Réserves
Autres ... Résultat de l'exercice
Immobilisations corporelles Subventions d'investis.
Terrains
Constructions Prov. risques et charges
Installations techniques
Autres Dettes
Emprunts obligataires
Immobilisations financières
Autres emprunts
Participations
Dettes fournisseurs
Prêts
Dettes fiscales
Autres
Dettes / immos
Autres dettes
Stocks
Matières premières
Cptes de régularisation
En cours
Produits d'avance
Produits finis
Ecart de conversion
Marchandises
Créances
Clients
Autres
Disponibilités
Valeurs de placement
Banque
Caisse
Comptes de régularisation
Charges constatées d'avance
Charges à répartir
Primes de rbt d'obligations
Ecart de conversion

Total général Total général

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COMPTE DE RESULTAT TYPE

Charges d'exploitation Produits d'exploitation


achat de marchandises ventes de marchandises
variation de stocks production vendue
achat de matières production stockée
variation de stocks production immobilisée
autres charges externes subvention d'exploitation
impôts et taxes reprise sur provisions
salaires et traitements transferts de charges
charges sociales
dotations aux amortissements Produits financiers
dotations aux provisions de participation
d'autres valeurs mobilières
Charges financières reprises sur provisions
dotations amort. et prov. différences de change
intérêts
différences de change Produits exceptionnels
sur opérations de gestion
Charges exceptionnelles sur opérations en capital
sur opérations de gestion reprises sur provision
sur opérations en capital
dotations amort. et prov.

Participation des salariés

Impôt sur les bénéfices

Bénéfice Perte

Total général Total général

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LECTURE DU COMPTE DE RESULTAT

LES SOLDES INTERMEDIAIRES DE GESTION


Le tableau des Soldes Intermédiaires de Gestion est un outil d’analyse du compte de résultat. Il
permet la mise en évidence d’indicateurs de gestion.

Le calcul des Interprétation des


Soldes Intermédiaires de Gestion Soldes Intermédiaires de Gestion

VENTES DE MARCHANDISES NETTES • La marge commerciale ne concerne que les


HORS TAXES entreprises commerciales ou la partie
d’activité purement commerciale des
• Achats de marchandises nets hors taxes entreprises industrielles.

• Variation de stock de marchandises • La marge commerciale est un indicateur


pertinent pour mesurer la rentabilité des
entreprises commerciales. Elle intervient
- COUT D’ACHAT DES MARCHANDISES dans la détermination du taux de marge
VENDUES commerciale :
marge commerciale
= MARGE COMMERCIALE ventes de marchandises
• en valeur
• en pourcentage du chiffre d’affaires • La comparaison avec le taux de marge de la
branche permet à l’entreprise de se situer et
d’apprécier la performance de sa politique
commerciale.

La production de l’exercice concerne les


PRODUCTION VENDUE entreprises industrielles ou prestataires de
services.
+ PRODUCTION STOCKEE
La production de l’exercice mesure l’activité
+ PRODUCTION IMMOBILISEE des entreprises industrielles mais sa
détermination regroupe des données
= PRODUCTION DE L’EXERCICE hétérogènes : la production vendue est évaluée
au prix de vente alors que la production stockée
et la production immobilisée sont évaluées au
coût de production.

Le calcul des Interprétation des


Soldes Intermédiaires de Gestion Soldes Intermédiaires de Gestion

MARGE COMMERCIALE La valeur ajoutée correspond à la création de


richesse réalisée par l’entreprise au cours du
+ PRODUCTION DE L’EXERCICE processus de production.

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- CONSOMMATION EN PROVENANCE
DE TIERS La valeur ajoutée constitue un indicateur de
dimension et de performance économique.
Achats de matières premières et autres
approvisionnements nets hors taxes Le taux de croissance de la valeur ajoutée permet
Variation de stocks de matières premières et d’apprécier le rythme de croissance de l’entreprise.
approvisionnements
La valeur ajoutée rémunère les facteurs de
Autres achats et charges externes production qui contribuent à la création de richesse :
travail, capitaux propres et empruntés, services
= VALEUR AJOUTEE rendus par l’Etat.

VALEUR AJOUTEE L’excédent brut d’exploitation représente le surplus


potentiel de trésorerie tiré par l’entreprise de ses
- IMPOTS, TAXES ET VERSEMENTS opérations d’exploitation.
ASSIMILES
- CHARGES DE PERSONNEL L’excédent brut d’exploitation est l’indicateur
fondamental de la performance économique
= EXCEDENT BRUT D’EXPLOITATION puisqu’il est déterminé avant toute incidence de la
(E.B.E) politique financière et fiscale. Il permet de calculer
(ou insuffisance brute d’exploitation) la capacité d’autofinancement et le surplus réel de
trésorerie issu de l’exploitation.

EXCEDENT BRUT D’EXPLOITATION Le résultat d’exploitation représente la ressource


(ou insuffisance brute d’exploitation) dégagée par les opérations d’exploitation après
+ REPRISE SUR CHARGES déduction des dotations aux amortissements et aux
D’EXPLOITATION provisions.
+ TRANSFERTS DE CHARGES
D’EXPLOITATION
+ AUTRES PRODUITS DE GESTION

- DOTATIONS SUR CHARGES


D’EXPLOITATION
- AUTRES CHARGES DE GESTION

= RESULTAT D’EXPLOITATION
Le calcul des Interprétation des
Soldes Intermédiaires de Gestion Soldes Intermédiaires de Gestion

RESULTAT D’EXPLOITATION Le résultat courant avant impôt tient compte de la


politique financière de l’entreprise à travers
+ PRODUITS FINANCIERS l’incidence des produits et des charges financières.

- CHARGES FINANCIERES La comparaison du résultat d’exploitation et du


résultat courant avant impôt met en évidence le
poids de la gestion financière dans la formation du
= RESULTAT COURANT résultat. Une entreprise peut par exemple se révéler
performante sur le plan commercial et obtenir un
mauvais résultat courant avant impôt à cause de
lourdes charges financières. Inversement, une
entreprise industrielle peut dégager un faible résultat
d’exploitation mais grâce à des placements judicieux
de trésorerie réalise un résultat courant avant impôt
convenable.

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PRODUITS EXCEPTIONNELS Le résultat exceptionnel est peu significatif car il n’a
pas vocation à se renouveler de façon cyclique. Une
- CHARGES EXCEPTIONNELLES part importante de ce résultat est représentée par les
plus values sur cession d’actif (comptes 775 et 675).
= RESULTAT EXCEPTIONNEL

RESULTAT COURANT AVANT IMPOT Le résultat net de l’exercice représente le revenu qui
revient aux associés. Sa forte volatilité d’une année
 RESULTAT EXCEPTIONNEL sur l’autre permet difficilement d’apprécier la
- PARTICIPATION DES SALARIES performance de l’entreprise. Il intéresse les
investisseurs car son niveau détermine le montant
- IMPOT SUR LES BENEFICES des dividendes distribués.

= RESULTAT NET DE L’EXERCICE

PRODUITS DES CESSIONS D’ELEMENTS C’est un solde autonome qui regroupe les opérations
D’ACTIF exceptionnelles effectuées par l’entreprise.

- VALEURS COMPTABLES DES


ELEMENTS D’ACTIF CEDES
= PLUS-VALUES ET MOINS-VALUES SUR
LES CESSIONS D’ELEMENTS D’ACTIF

3. LES RATIOS LIES AU TABLEAU DES SOLDES INTERMEDIAIRES DE GESTION

LES RATIOS D'ACTIVITE ET DE RENDEMENT

- Rendement de la Valeur ajoutée - Ce ratio mesure la productivité


main d'oeuvre. Effectif des salariés du personnel.

- Production de la Production - Ce ratio mesure la production


main d’œuvre. Effectif des salariés des salariés.

LES RATIOS DE CHARGES

- Taux de frais Frais financiers  100 - Ce ratio mesure l'incidence de la politique


financiers. financière sur le résultat
E.B.E. (40 % est considéré comme un maximum).

LES RATIOS DE RENTABILITE

- Taux de marge Marge commerciale  100 - Ce ratio mesure la performance


commerciale. Chiffre d'affaires commerciale.

- Taux de valeur Valeur ajoutée  100 - Ce ratio mesure la contribution


ajoutée. production + chiffre d'affaires à la production nationale.

- Taux de marge E.B.E.  100 - Ce ratio mesure la marge


d'exploitation. production + chiffre d'affaires d'exploitation indépendamment de la structure
de l'entreprise.

- Taux de résultat résultat d'exploitation  100 - C'est le deuxième indicateur de marge

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d'exploitation production + chiffre d'affaires d'exploitation (indépendamment de la
structure de l'entreprise).

- Taux de résultat Résultat courant  100 - Ce ratio mesure l'activité normale de


courant Production + chiffre d'affaires l’entreprise.

- Taux de résultat Résultat net comptable  100 - Ce ratio est l'indicateur de l'activité de
net. Production + chiffre d'affaires l'entreprise.

TAUX DE CROISSANCE DE L'ENTREPRISE

- Activité (Chiffre d'affaires N − Chiffre d'affaires N-1)  100


commerciale Chiffre d'affaires N-1

- Activité (Production N − production N-1)  100


industrielle. Production N-1

- Activité (Valeur ajoutée N − valeur ajoutée N-1)  100


globale Valeur ajoutée N-1

Le calcul de ces écarts permet de détecter les variations favorables ou défavorables pour l'entreprise.

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EXERCICE D’APPLICATION

CAS GLEIZAL (cas simple sans retraitement)

L’entreprise GLEIZAL a pour activité la production de vêtements de sport. Vous devez établir le
tableau des soldes intermédiaires de gestion.

CHARGES COMPTE DE RESULTAT


Charges (hors taxe) Exercice N Exercice N-1
Charges d'exploitation (I) :
Achats de marchandises
Variation des stocks (a)
Achats de matières premières et autres approvisionnements 16 012 14 570
Variation des stocks 370 580
Autres achats et charges externes 500 400
Impôts, taxes et versements assimilés 50 45
Salaires et traitements 2 600 2 550
Charges de sécurité sociale et prévoyance 1 300 1 250
Dotations aux amortissements 400 205
Sur immobilisations : dotations aux amortissements
Sur immobilisations : dotations aux provisions
Sur actif circulant : dotations aux provisions
Pour risques et charges : dotations aux provisions
Autres charges
Total I 21 232 19 600
Quotes-parts de rés. sur opér. faites en commun (II)

Charges financières :
Dotations aux amortissements et aux provisions
Intérêts et charges assimilées 15 200
Différences négatives de change
Charges nettes sur cessions de valeurs mobilières de plac.
Total III 15 200
Charges exceptionnelles :
Sur opérations de gestion
Sur opérations en capital 300
Dotations aux amortissements et aux provisions
Total IV 300
Participation des salariés aux fruits de l'expansion (V)
Impôts sur les bénéfices (VI) 90 55
Total des charges (I + II + III + IV + V + VI) 21 637
Solde créditeur = bénéfice 95 50
TOTAL GENERAL 21 732 19 905
Y compris :
- redevances de crédit-bail mobilier
- redevances de crédit-bail immobilier

(a) Stock initial - Stock final = variation positive ou négative

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PRODUITS
Produits (hors taxe) Exercice N Exercice N-1

Produits d’exploitation (I) :


Ventes de marchandises
Production vendue (biens et services) 20 287 19 639

sous-total A - Montant du chiffre d'affaires 20 287 19 639

Production stockée (b) 500 150


Production immobilisée
Subventions d'exploitation
Reprise sur provisions et amortissements, transferts de
charges
Autres produits

Sous-total B 500 150

Total I (A + B) 20 787 19 789

Quotes-parts de résultat sur opérations faites en commun (II)


Produits financiers :
De participations
D'autres valeurs mobilières et créances de l'actif immob.
Autres intérêts et produits assimilés 460 116
Reprises sur provisions et transferts de charges
Différences positives de change
Produits nets sur cessions de valeurs mobilières de plac.

Total III 460 116

Produits exceptionnels :
Sur opérations de gestion
Sur opération de capital (d) 485
Reprises sur provisions et transferts de charges

Total IV 485

Total des produit (I + II + III + IV) 21 732 19 905

Solde débiteur = perte

TOTAL GENERAL

(b) Stock final - stock initial = Variation positive ou négative

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TABLEAU DES SOLDES INTERMEDIAIRES DE GESTION
Produits Charges Soldes intermédiaires des exercices N N-1
(colonne 1) (colonne 2) (colonne 1 - colonne 2)
Ventes de marchandises......................... Coût d'achat des marchandises vendues (4)............... Marge commerciale...............................................
Production vendue...............................
Production stockée............................... ou déstockage de production (1).................................
Production immobilisée........................
Total.............................................. Total..................................................................... Production de l'exercice.........................................
Production de l'exercice......................
Marge commerciale.............................
Total.............................................. Consommation de l'exercice en provenance de tiers (4) Valeur ajoutée.......................................................
Valeur ajoutée...................................... Impôts, taxes et versements assimilés (2)...................
Subvention d'exploitation..................... Charges de personnel (4).............................................
Total.............................................. Total....................................................................... Excédent brut (ou insuffisance brute) d'exploitation
Excédent brut d'exploitation............... ou insuffisance brute d'exploitation.............................
Reprise sur charges calculées et
transferts de charges non affectables Dotation aux amortissements et aux provisions.........
Autres produits.................................. Autres charges.............................................................

Total.............................................. Total...................................................................... Résultat d'exploitation...........................................


Résultat d'exploitation........................ Ou résultat d'exploitation.............................................
Quotes-parts de résultat sur Quotes-parts de résultat sur opérations faites en
opérations faites en commun........... commun.....................................................................
Produits financiers............................. Charges financières (5)................................................
Résultat courant avant impôts...............................
Total........................................... Total.......................................................................
Produits exceptionnels........................ Charges exceptionnelles................................................ Résultat exceptionnel...........................................
Résultat courant avant impôts........... Ou résultat courant avant impôts....................................
Résultat exceptionnel........................ Ou résultat exceptionnel................................................
Participation des salariés...............................................
Impôts sur les bénéfices..................................................
Total............................................. Total....................................................................... Résultat de l'exercice (3)........................................
Produit de cessions d'éléments d'actif. Valeur comptable des éléments cédés............................. Résultat sur cession d'éléments d'actif immobilisés
(1) En déduction des produits dans le compte de résultat. (2) Pour le calcul de la valeur ajoutée, sont assimilés à des consommations externes les impôts indirects à caractère spécifique inscrits au compte 635 "autre impôts,
taxes et versements assimilés" et acquittés lors de la mise à la consommation des biens taxables. (3) Soit total général des produits - Total général des charges - (4) sous déduction des transferts de charges d'exploitation
affectés. (5) Sous déduction des transferts de charges financières.

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CAS TRICALLOU
Vous devez calculer les différents ratios de l’entreprise TRICALLOU et apporter des
conclusions.

ENTREPRISE TRICALLOU (324 salariés)


S.I.G. N N-1

Chiffre d'affaires 11 070 12000

Marge commerciale 2 265 2742

Production 254 472 243408

Valeur ajoutée 50 052 48705

Excédent brut d'exploitation 7 962 9696

Résultat d'exploitation 2310 2505

Résultat courant - 1 962 312

Résultat exceptionnel 333 1845

Résultat net comptable - 1 695 2157

Frais financiers 2229 2100

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FICHE DE CALCUL

Entreprise Tricallou taux moyens


Ratios pour Commentaires

N N-1 le secteur
d'activité

Rendement de
la main 150 155
d’œuvre

Production de
la main 751 786
d’œuvre

Taux de frais
financiers 21 % 22 %

Taux de 23 % 22 %
marge
commerciale

Taux de 20 % 19 %
valeur ajoutée

Taux de 4% 3,8 %
marge
d'exploitation

Taux de 1% 0,9 %
résultat
d'exploitation

Taux de 0,15 % 0,10 %


résultat
courant

Taux de 0,9 % 0,8 %


résultat net

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CROISSANCE DE L'ENTREPRISE

Ratios des taux Entreprise Secteur Commentaires


de croissance Tricallou commercial

Activité
commerciale 4,8 %

Activité
industrielle 4,8 %

Activité globale 4,8 %

Page : 14
LECTURE DU COMPTE DE RESULTAT

LA CAPACITE D’AUTOFINANCEMENT
1. DEFINITION DE LA CAF : La capacité d’autofinancement est le surplus de trésorerie
dégagé par l’activité de l’entreprise, c’est l’excédent des recettes sur les dépenses, c’est à dire
la différence entre :
• les produits encaissés ou encaissables
• les charges décaissées ou décaissables.
L’autofinancement proprement dit qui en découle est inférieur à la CAF car le bénéfice est en
partie prélevé ou distribué.
La CAF est la ressource interne de l’entreprise. Elle appartient aux ressources propres. Elle
est donc une composante des ressources stables nécessaires au financement des emplois
stables.

2. LE CALCUL DE LA CAF

PREMIERE METHODE :

Excédent brut d’exploitation


+ Transferts de charges (d’exploitation)
+ Autres produits (d’exploitation)
- Autres charges (d’exploitation)
+ ou - Quotes-parts de résultat sur opérations faites en commun
+ Produits financiers (a)
- Charges financières (b)
+ Produits exceptionnels ( c)
- Charges exceptionnelles (d)
- Participations des salariés aux fruits de l’expansion
- Impôts sur les bénéfices

= CAPACITE D’AUTOFINANCEMENT

(a) Sauf reprises sur provisions


(b) Sauf dotations aux amortissements et provisions financiers
(c) Sauf :
• Produits de cessions d’immobilisations
• Quotes-parts des subventions d’investissement virées au résultat de l’exercice
• Reprises sur provisions exceptionnelles
(d) Sauf :
• Valeur comptable des immobilisations cédées
• Dotation aux amortissements et aux provisions exceptionnels

DEUXIEME METHODE
Résultat net d’impôt
+ Dotations aux amortissements et aux provisions (comptes 681, 686 et 687)
- Reprises sur amortissements (comptes 781, 786 et 787)
- Produits de cession d'éléments d'actif (compte 775)
+ Valeur comptable des éléments d'actif cédés (compte 675)
- Quote-part des subventions d'investissement virée au résultat de l'exercice (compte
777)
Page : 15
= CAPACITE D’AUTOFINANCEMENT

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3. LES RATIOS D’AUTOFINANCEMENT

• La répartition de la valeur ajoutée


La fraction de la valeur ajoutée consacrée à l’autofinancement est mesurée par le ratio :

CAF

Valeur Ajoutée

• La capacité d’endettement
Dettes financières

CAF
Si ce ration est trop élevé, l’entreprise ne pourra s’endetter davantage.

CAS PERRIN

Thème : calcul de la CAF

Le compte de résultat prévisionnel de l’entreprise Perrin se présente ainsi.


Calculez la capacité d’autofinancement prévisionnelle de l’exercice à venir (2 méthodes).

Compte de résultat prévisionnel


---------------------------------------------------------------------------------------------------------------

- Achat de marchandises 400 000 - Chiffre d’affaires 980 000


- Variation du stock marchandises - 40 000 - Reprise sur provisions 130 000
- Achat de matières 250 000 - Produits exceptionnels 160 000
- Sous-traitance 70 000
- Services extérieurs 90 000
- Impôts et taxes 50 000
- Charges de personnel 140 000
- Dotations aux amortissements 100 000
- Dotations aux provisions 20 000
- Charges financières 40 000
- Impôts sur les bénéfices 60 000
- Résultat 90 000
--------------- -------------
1 270 000 1 270 000

NB : Dans les produits exceptionnels, il faut compter 50 000 euros sur opérations en capital.

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CAS NUGUET
Calculez la capacité d’autofinancement de cette entreprise en utilisant chacune des deux
méthodes.

CHARGES COMPTE DE RESULTAT


Charges (hors taxe) Exercice N Exercice N-1
Charges d'exploitation (I) :
Achats de marchandises 940 000
Variation des stocks (a) -70 000
Achats de matières premières et autres approvisionnements 52 000
Variation des stocks 2 000
Autres achats et charges externes 156 000
Impôts, taxes et versements assimilés 32 000
Salaires et traitements 160 000
Charges de sécurité sociale et prévoyance 80 000
Dotations aux amortissements 186 000
Sur immobilisations : dotations aux amortissements
Sur immobilisations : dotations aux provisions
Sur actif circulant : dotations aux provisions
Pour risques et charges : dotations aux provisions
Autres charges 1 400
Total I 1 539 400
Quotes-parts de rés. sur opér. faites en commun (II)
Charges financières :
Dotations aux amortissements et aux provisions 18 000
Intérêts et charges assimilées 28 000
Différences négatives de change
Charges nettes sur cessions de valeurs mobilières de plac.
Total III 46 000
Charges exceptionnelles :
Sur opérations de gestion 5 000
Sur opérations en capital (b) 134 000
Dotations aux amortissements et aux provisions 24 000
Total IV 163 000
Participation des salariés aux fruits de l'expansion (V) 30 000
Impôts sur les bénéfices (VI) 99 000
Total des charges (I + II + III + IV + V + VI) 1 877 400
Solde créditeur = bénéfice 84 800
TOTAL GENERAL 1 962 200
Y compris :
- redevances de crédit-bail mobilier
- redevances de crédit-bail immobilier

(a) Stock initial - Stock final = variation positive ou négative.


(b) la totalité concerne le compte 675

PRODUITS
Produits (hors taxe) Exercice N Exercice N-1

Produits d'exploitation (1) :


Ventes de marchandises 1 800 000
Production vendue (biens et services)
sous-total A - Montant du chiffre d'affaires 1 800 000
Production stockée (c)
Production immobilisée
Subventions d'exploitation
Reprise sur provisions et amortissements, 16 000
Transferts de charges 4 000
Autres produits 3 000

Page : 18
Sous-total B 23 000
Total I (A + B) 1 823 000
Quotes-parts de résultat sur opérations faites en commun (II)
Produits financiers :
De participations
D'autres valeurs mobilières et créances de l'actif immob.
Autres intérêts et produits assimilés 1 800
Reprises sur provisions 1 400
Transferts de charges
Différences positives de change
Produits nets sur cessions de valeurs mobilières de plac.
Total III 3 200
Produits exceptionnels :
Sur opérations de gestion 6 000
Sur opérations en capital (d) 116 000
Reprises sur provisions 14 000
Transferts de charges
Total IV 136 000
Total des produit (I + II + III + IV) 1 962 200
Solde débiteur = perte
TOTAL GENERAL 1 962 200

(c) Stock final - stock initial = Variation positive ou négative.


(d) la totalité concerne le compte 775

Page : 19
LECTURE GENERALE DU BILAN

BESOINS ET RESSOURCES DE FINANCEMENT


Les ressources peuvent être classés en deux catégories :
• ressources permanentes (fonds propres et dettes financières),
• ressources d’exploitation (dettes d’exploitation).

De la même façon, les besoins de financement peuvent se regrouper en deux catégories :


• besoins permanents (immobilisations),
• besoins d’exploitation (stocks et créances).

Le plus souvent, les besoins nés de l’exploitation sont plus élevés que les ressources
d’exploitation. L’entreprise supporte alors un besoin net de financement de l’exploitation non
couvert par des ressources de même nature.

Stocks Besoin net de financement

Dettes
d’exploitation
Créances

BESOINS D’EXPLOITATION RESSOURCES


D’EXPLOITATION

Le besoin net de financement de l’exploitation non couvert par des ressources d’exploitation
devra être financé par des ressources permanentes.

Les ressources permanentes doivent donc être suffisantes pour financer immobilisations et
besoin net de financement de l’exploitation.

LE FONDS DE ROULEMENT
C’est l’excédent de ressources permanentes permettant de financer le besoin net provenant de
l’exploitation.

Immobilisations Capitaux propres

Dettes financières

Fonds de roulement

Page : 20
Fonds propres
Fonds de roulement
+ Dettes financières
- Immobilisations

• Le fonds de roulement résulte de ressources et de besoins permanents. Il est donc stable.

• C’est un indicateur de sécurité financière de l’entreprise, les capitaux stables devant


financer l’actif stable.

• Si FDR > 0 l’équilibre financier est préservé


• Si FDR < 0 il existe un risque financier important

Page : 21
LE BESOIN EN FONDS DE ROULEMENT

Le besoin net de financement de l’exploitation, encore appelé besoin en fonds de roulement,


résulte de l’exploitation. Il est lié à l’activité de l’entreprise. Il est donc irrégulier.

Stocks Besoin en fonds de roulement

Créances
d’exploitation Dettes
d’exploitation

Créances hors
exploitation Dettes hors
exploitation

Page : 22
LA TRESORERIE

Il n’y a donc jamais parfaite égalité entre le fonds de roulement et le besoin net de
financement de l’exploitation (besoin en fonds de roulement) qu’il est censé couvrir. La
trésorerie vient de l’écart entre le fonds de roulement et le besoin en fonds de roulement.

Trésorerie
Francs

Fonds de roulement
+
Besoin en fonds de roulement

Temps

En matière de gestion de trésorerie, la trésorerie ZERO constitue un optimum. Elle est atteinte
lorsque fonds de roulement et besoin en fonds de roulement sont de même ampleur.

Lorsque le fonds de roulement est systématiquement supérieur au besoin net de financement


de l’exploitation (BFR) ou lorsque le besoin net de financement de l’exploitation est
systématiquement supérieur au fonds de roulement, la trésorerie est mal équilibrée et elle
entraîne des charges financières inutiles.

- - - + + +
- -

Trésorerie zéro Trésorerie Trésorerie


déficitaire excédentaire

Si la trésorerie est structurellement excédentaire, il faut baisser le niveau du fonds de


roulement. On économise ainsi les intérêts sur le montant des emprunts inutilisés qu’on a
remboursé.

Si la trésorerie est structurellement déficitaire, il faut baisser le besoin en fonds de roulement


ou augmenter le fonds de roulement.

Page : 23
L’EQUILIBRE FINANCIER

PREMIERE REGLE : Les immobilisations constituent un besoin permanent : elles doivent


être financées par des ressources stables.
F.D.R. > O

F.D.R. (FONDS DE ROULEMENT) = CAPITAUX PERMANENTS - IMMOBILISATIONS

Actif immobilisé

Capitaux permanents

F.D.R.

SECONDE REGLE : Les stocks et les créances du cycle d'exploitation par leur
renouvellement créent un besoin permanent financé en partie seulement par les dettes
d'exploitation : le solde doit être financé par le FDR.

F.D.R. > B.F.R.

Stocks
Dettes
d’exploitation

Créances
d’exploitation B.F.R.
B.F.R
exploitation
TOTAL

BFR hors exploitation


Créances hors
exploitation
Dettes hors exploitation

F.D.R. > B.F.R. F.D.R. - B.F.R. > 0

TRESORERIE > 0

LES SITUATIONS DE DESEQUILIBRE

SECONDE REGLE : Les stocks et les créances du cycle d'exploitation par leur
renouvellement créent un besoin permanent financé en partie seulement par les dettes

Page : 24
d'exploitation : le solde doit être financé par le FDR.

BFR FDR FDR


+ -

FDR BFR T-
+
T+ T- BFR

Le BFR est entièrement Le BFR est financé par Les CBC et SCB financent
financé par des des ressources une partie des actifs
ressources permanentes permanentes et par fixes (FDR -), le BFR et
(FDR +) dont l’importance l’excédent des CBC et SCB les disponibilités.
permet de dégager des sur les disponibilités. Cette situation est
disponibilités. Il convient Il convient d’apprécier mauvaise si elle n’est pas
de rechercher si elles ne l’importance du risque occasionnelle et exige de
recouvrent pas un sous- bancaire courant. reconsidérer les
emploi de capitaux. structures de
financement.
• Existence d’une ressource en fonds de roulement (RFR ou BFR négatif)

FDR FDR RFR


+ -

T+ RFR FDR
-

RFR T+ T-

Les ressources induites Les ressources issues du Les ressources procurées


par le cycle d’exploitation cycle d’exploitation par le cycle d’exploitation
s’ajoutent à un excédent financent une partie de et les CBC et SCB
de ressources l’actif stable (FDR -) et financent une partie de
permanentes (FDR +) pour dégagent des l’actif stable.
dégager un excédent de disponibilités. La dépendance financière
liquidités important. Il Un renforcement des externe de l’entreprise
convient de rechercher si ressources stables est à est grande et la structure
cet excédent ne recouvre envisager. des financements est à
pas un sous-emploi de revoir.
capitaux.

L’AMELIORATION D’UNE SITUATION DE DESEQUILIBRE


Elle sera obtenue par une politique financière qui augmente le volume du FDR ou qui réduit
le BFR.

Page : 25
Les principales mesures à prendre peuvent être résumées dans le tableau ci-dessous :

Augmenter le FDR Réduire le BFR

• Augmenter les capitaux stables • Réduire le volume des stocks, des créances
(augmenter les capitaux propres),
• Augmenter le volume des dettes sans
• Diminuer l’actif stable modifier l’activité agir sur les
(cession d’immobilisations financières ou délais de rotation :
corporelles peu productives) • augmenter la rotation des stocks
• augmenter la rotation des créances
(réduire la durée de crédit accordé)
• réduire la rotation des dettes
(augmenter la durée du crédit
obtenu)

Page : 26
EXERCICE D’APPLICATION
CAS TAIZE

Calculez le BFR, à partir des renseignements suivants :

- Ventes mensuelles hors taxes 270 000 euros.


- Consommations mensuelles de matières premières : 50 % du chiffre d'affaires ; il est
nécessaire d'avoir en stock un mois de consommation.
- Les produits en stock sont évalués à leur coût de production (80 % du prix de vente) ; il est
nécessaire d'avoir en permanence un stock de produits correspondant à 15 jours de ventes.
- Un quart des clients paient comptant, les autres règlent 90 jours après la vente.
- TVA sur les ventes et sur les achats 19,6 %.
- La durée du crédit fournisseur est de 2 mois.
- La fabrication dure 15 jours, le montant des produits en cours de fabrication s'élève à
87 750 euros.
- Charges de personnel et charges sociales mensuelles 60 000 euros ; délai de règlement 1
mois.

Besoins Ressources

- Stockage matières premières


............ - Crédit fournisseur .............
- Fabrication des produits
............ - Délai règlement salariés .............
- Stockage des produits et charges sociales
............
- Crédit accordé aux clients
............
Total ............. Total .............

BFR = ..................................................................

Page : 27
EXERCICE D’APPLICATION

L’entreprise GENNETON, spécialisée dans la vente de vêtements, vous demande à partir du


bilan comptable condensé ci-dessous :

1. De calculer :
• le fonds de roulement
• le besoin en fonds de roulement global
• le besoin en fonds de roulement d’exploitation
• le besoin en fonds de roulement hors exploitation
• la trésorerie nette et de vérifier le résultat à partir du besoin en fonds de roulement.

2. De fournir un commentaire sur la situation de l’entreprise au 31.12.N.

BILAN
ACTIF PASSIF

ACTIF IMMOBILISE BRUT CAPITAUX STABLES


Immobilisations incorporelles 65 000 Capitaux propres 291 500
Immobilisations corporelles 200 000 Dettes financières (1) 100 000
Immobilisations financières 100 000
365 000 40.04 391 500 42.95
ACTIF CIRCULANT PASSIF CIRCULANT
D’exploitation Dettes d’exploitation 450 000
Stocks 350 000 Dettes hors exploitation 65 000
Créances d’exploitation 126 500 Trésorerie passive
Hors exploitation Concours bancaires 5 000
Créances hors exploitation 20 000
Trésorerie active
Disponibilités 50 000
546 500 59.96 520 000 57.06
911 500 100.00 911 500 100.00

(1) Sauf les concours bancaires et les comptes débiteurs de banque.

LES OUTILS DU DIAGNOSTIC FINANCIER

Le diagnostic financier doit permettre de juger la situation financière de l’entreprise en


analysant sa solvabilité (sa capacité à rembourser ses dettes) et sa rentabilité. Cette analyse
repose sur le calcul de plusieurs ratios. Comme il s’agit d’apprécier la réalité financière de
l’entreprise à partir des états financiers, nous nous référerons souvent au circuit financier qui
offre un bon reflet de cette réalité.

LES RATIOS DE RENTABILITE


Il s'agit d'apprécier d'une part la rentabilité de l'ensemble des moyens mis en œuvre pour
assurer l'activité de l'entreprise (rentabilité économique) et, d'autre part, la rentabilité que
l'entreprise offre à ses actionnaires.

Page : 28
ACTIONNAIRES $
propriétaires $
Fonds propres

Résultat net Investissements


$

BANQUES ACTIFS
créanciers
Résultat
d'exploitation
$

Rentabilité financière
des actionnaires
Rentabilité économique
des investissements
Pour apprécier la rentabilité, nous nous appuierons sur une vision financière du bilan qui
considère que les moyens mis en œuvre par l’entreprise pour assurer son activité
comprennent :
• les immobilisations,
• les besoins en fonds de roulement,
• la trésorerie.

Les éléments constituent l’actif économique de l’entreprise. Il est financé par les fonds
propres d’une part et par les fonds empruntés d’autre part qui constituent le passif financier de
l’entreprise.

BILAN COMPTABLE BILAN FINANCIER

Immobilisations Fonds propres Immobilisations Fonds propres


Stocks Emprunts BFR Emprunts
Créances Dettes d’exploitation Trésorerie
Liquidités
Actif total Passif total Actif économique Passif financier

La rentabilité économique (des investissements)

Elle consiste à rapporter la richesse produite par l’activité de l’entreprise (le résultat
d’exploitation) aux moyens mis en œuvre pour produire cette richesse (l’actif économique).
Résultat d’exploitation
Taux de rentabilité économique =
Actif économique

La rentabilité financière (des actionnaires)

Alors que le taux de rentabilité économique vise à apprécier la rentabilité de l’ensemble de


l’activité de l’entreprise, l’analyse de la rentabilité financière se concentre sur les seuls fonds

Page : 29
propres apportés par les actionnaires. Elle consiste à rapporter le résultat net qui rémunère les
actionnaires au montant de l’apport de ces derniers (les fonds propres).

Résultat net
Taux de rentabilité financière =
Fonds propres

Les critères d’appréciation de la rentabilité

Comment déterminer si les taux de rentabilité économique et financière sont satisfaisants ?

De manière générale, un taux de rentabilité est satisfaisant s’il est supérieur au taux de
rentabilité requis par ceux qui ont financé l’activité.

En ce qui concerne les fonds propres, il s’agit donc de comparer le taux de rentabilité
financière avec le taux de rentabilité qu’exigent les actionnaires. L’exigence de rémunération
des actionnaires constituant une contrainte pour l’entreprise, on qualifiera de coût des fonds
propres le taux de rentabilité requis par l’actionnaire.

Si ce dernier n’est pas connu, on pourra considérer que les actionnaires exigent de
l’entreprise, une rentabilité équivalente à celle des entreprises du même secteur d’activité.

On sera donc amené à comparer le taux de rentabilité financière de l’entreprise avec la


moyenne des taux de rentabilité financière du secteur.

En ce qui concerne le taux de rentabilité économique, on le comparera au taux de rentabilité


requis par ceux qui financent l’actif économique, autrement dit les actionnaires d’une part et
les créanciers (obligataires ou banquiers) d’autre part.

Le taux de rentabilité requis par les actionnaires correspond au coût des fonds propres. Le
taux de rentabilité exigé par les créanciers correspond au coût de la dette. Ce dernier se
détermine en rapportant les intérêts qui ont rémunéré l’emprunt aux montants empruntés.
Intérêts
Coût de la dette = Fonds empruntés

Si on appelle kFP , le coût des fonds propres et kE , le coût des emprunts, le coût global des
financements (taux de rentabilité exigé par les actionnaires et créanciers réunis) s’exprime :

k = kFP FP + kE E
FP + E FP + E

où FP et E représentent respectivement le montant des fonds propres et le montant des fonds


empruntés.

Le coût global du financement (k) est donc un coût moyen pondéré. Le coût des fonds propres
est pondéré par la part des fonds propres dans le financement de l’entreprise, le coût des
emprunts est pondéré par la part des fonds empruntés.

Page : 30
EXERCICE : Rentabilité économique et rentabilité financière

Vous apprécierez les taux de rentabilité économique et financière de l’entreprise YAM


sachant que les actionnaires souhaitent une rémunération sur leurs fonds propres d’au moins
12 %

YAM - BILAN (KE)

Immobilisations 7 000 Fonds propres 4 000


Stocks 700 Emprunts 4 000
Créances 500 Dettes d’exploitation 300
Liquidités 100
Total 8 300 Total 8 300

YAM - COMPTE DE RESULTAT (KE)

Charges d’exploitation 6 000 Chiffre d’affaires 8 000


Intérêts 400
Impôts 600
Résultat net 1 000
Total 8 000 Total 8 000

REPONSES :

1. Actif économique = 7 000 + (700 + 500 - 300) + 100 = 8 000


Passif financier = 4 000 + 4 000 = 8 000

2. Résultat d’exploitation = 8 000 - 6 000 = 2 000

3. Taux de rentabilité financière = 1 000 = 25 %


4 000
Ce taux est satisfaisant puisque les actionnaires n’exigent que 12 %

4. Taux de rentabilité économique = 2 000 = 25 %


8 000
Coût de l’emprunt = 400 = 10 %
4 000
Coût global du financement = 12 % ½ + 10 % ½ = 11 %

Le taux de rentabilité économique est satisfaisant puisqu’il est inférieur au coût du


financement. Ceci signifie que le résultat d’exploitation généré par l’activité de l’entreprise
est suffisant pour rémunérer les actionnaires et les créanciers comme ils le souhaitent.

Page : 31
Les déterminants de la rentabilité financière

La rentabilité financière est un élément essentiel du diagnostic puisqu’elle permet d’apprécier


le sort que l’entreprise réserve à ses propriétaires, les actionnaires.

Il est donc particulièrement intéressant de comprendre l’origine de la formation de cette


rentabilité financière en la décomposant en plusieurs éléments. Nous adopterons pour ce faire
deux approches. La première repose sur le lien entre la rentabilité commerciale, la rotation des
actifs et l’endettement. La seconde approche est celle de l’effet de levier de l’endettement.

1. Rentabilité commerciale, rotation des actifs et niveau d’endettement.


Puisque l’actif économique est par construction égale au passif financier, la relation suivante
est mathématiquement juste.

Résultat net Résultat net Chiffre d’affaires Passif financier


= x x
Fonds propres Chiffre d’affaires Actif économique Fonds propres

Rentabilité Rotation de Endettement


commerciale l’actif

Cette relation montre comment la rentabilité financière résulte d’une combinaison entre la
rentabilité commerciale, la rotation de l’actif et l’endettement.

La rentabilité financière est une fonction croissante de chacun de ces facteurs.

Page : 32
EXERCICE : Rentabilité financière, rentabilité commerciale, rotation des actifs et
endettement

Vous analyserez l’évolution de la rentabilité financière de l’entreprise YAM à partir des


documents ci-dessus.

YAM - BILAN (K€)


N-1 N N-1 N

Immobilisations 7 000 8 000 Fonds propres 4 000 4 200


Stocks 700 700 Emprunts 4 000 4 800
Créances 500 600 Dettes d’exploitation 300 400
Liquidités 100 100
Total 8 300 9 400 Total 8 300 9 400

YAM - COMPTE DE RESULTAT (K€)


N-1 N N-1 N

Charges d’exploitation 6 000 7 598 Chiffre d’affaires 8 000 10 000


Intérêts 400 432
Impôts 600 770
Résultat net 1 000 1 200
Total 8 000 10 000 Total 8 000 10 000

REPONSES :

N-1 N
Rentabilité commerciale 12.5 % 12 %
Rotation de l’actif 1 1.11
Endettement 2 2.15
Rentabilité financière 25 % 28.6 %

Entre N - 1 et N, la rentabilité financière a augmenté de 3.6 %. Cette augmentation résulte


d’un accroissement du niveau d’endettement et d’une meilleure rotation de l’actif (de manière
relative les mêmes actifs ont produit un chiffre d’affaires plus important).
En revanche, la rentabilité commerciale s’est dégradée. Si l’entreprise avait stabilisé sa
rentabilité commerciale à 12.5 %, elle aurait offert une rentabilité financière de 30 % environ
au lieu de 28.6 % (12.5 % x 1.11 x 2.15 = 30 %).

2. Rentabilité financière et effet de levier de l’endettement

L’effet de levier de l’endettement stipule que le taux de rentabilité des fonds propres est en
fonction du taux de rentabilité économique, du coût des emprunts, du taux d’endettement et
du taux d’imposition.

RN

FP
=
[ RE

AE
+
E

FP
( RE

AE
- k
)] (1 -)

Page : 33
où :
RE = résultat d’exploitation
RN = résultat net
E = emprunts
FP = fonds propres
AE = actif économique
k = coût des emprunts
 = taux d’imposition

Cette approche montre que la rentabilité financière est d’autant plus forte que le taux
d’endettement.
E
( FP )
est plus élevé, à condition que la rentabilité économique soit supérieure au coût des
emprunts RE k
(
AE > )
Regardons ce qu’aurait été la rentabilité financière de l’entreprise fictive si celle-ci avait
financé son activité par fonds propres à hauteur de 1 000 et par emprunt à hauteur de 9 000.
Dans ce cas, son taux d’endettement aurait été de 9 au lieu de 0.25.

L’intérêt se serait alors élevé à 540 (9 000 x 6 %) et l’impôt à 472 [ (1 720 - 540) x 40 % ]
et une rentabilité financière de 70.2 % ( 702 ) au lieu de 12 %
1 000
Autrement dit, toute close égale par ailleurs, le fait d’accroître l’endettement de 0.25 à 9
entraîne une augmentation de la rentabilité financière de 12 % à 70 %.

Selon l’effet de levier [ 17.2 % + 9 ( 17.2 % - 6 % ) ] ( 1 - 40 % ) = 70 %

L’impact d’une augmentation de l’endettement sur la rentabilité financière est favorable parce
que le taux de rentabilité économique ( 17.2 % ) est supérieur au coût de l’emprunt ( 6 % ) .
Dans le cas contraire, cet impact aurait été défavorable.

Page : 34
Pour comprendre ce phénomène, considérons l’entreprise FICTIVE.

BILAN

Actif économique 10 000


Fonds propres 8 000
Emprunts 2 000

COMPTE DE RESULTAT

Résultat d’exploitation 1 720


Intérêt 120
Impôt
640
Résultat net 960

Le coût de l’emprunt de l’entreprise FICTIVE, s’élève à 6 % ( 120 / 2000), son taux


d’imposition à 40 % ( 640 / (1720 - 120) ).

Elle présente :
• une rentabilité financière de 12 % ( 960 / 8 000),
• une rentabilité économique de 17.2 % ( 1720 / 10 000)
• pour un taux d’endettement de 25 % ( 2 000 / 8 000 )

La relation de l’effet de levier permet d’écrire :

12 % = [ 17.2 % + 25 % ( 17.2 % - 6 % ) ] ( 1 - 40 % )

Page : 35
EXERCICE : Rentabilité financière et effet de levier

Considérant que l’entreprise FICTIVE est financée par 8 000 de fonds propres et 2 000
d’emprunts :
1. Calculez ce qu’aurait été sa rentabilité financière si son résultat d’exploitation
s’était élevé à 500.
2. Expliquez cette rentabilité financière par la relation de l’effet de levier de
l’endettement
3. Pour un résultat d’exploitation de 500, montrez comment un taux d’endettement de
9 au lieu de 0.25 aurait affecté la rentabilité financière de l’entreprise.

REPONSES :

1. Résultat net = 500 - 120 - 152 = 228

Rentabilité financière = 228 = 2.85 %


8 000

2. 2.85 % = [ 500 + 0.25 ( 500 - 6 % ) ] ( 1 - 40 % )


10 000 10 000

3. [ 500 + 9 ( 500 - 6 % ) ] ( 1 - 40 % ) = - 2.4 %


10 000 10 000

Le taux de rentabilité économique ( 5 % ) étant inférieur au coût de l’emprunt ( 6 % ) ,


l’augmentation de l’endettement ( 0.25 à 9) entraîne une diminution de la rentabilité
financière ( 2.85 % à - 2.4 % ).

Page : 36
LES OUTILS DU DIAGNOSTIC FINANCIER

LES RATIOS DE SOLVABILITE

Il s'agit de déterminer la capacité d'endettement de l'entreprise et le risque supporté par les


divers créanciers. La solvabilité de l’entreprise s’apprécie par le biais de :
• son niveau d’endettement : plus la firme est endettée, plus elle risque de ne pas
pouvoir faire face au service de la dette (paiement des intérêts et remboursement du
principal) ;
• sa capacité de remboursement qui confronte le montant de la dette et la capacité de
l’entreprise à générer des flux de liquidité ;
• sa capacité à faire face aux paiements des intérêts sachant que la première vocation
de l’excédent brut d’exploitation est de permettre le paiement des intérêts.

Taux d'endettement
Endettement total
Passif total

ou selon la logique de l’effet de levier

Dettes financières
Fonds propres

Rappelons que selon l’effet de levier de l’endettement, celui-ci est d’autant moins souhaitable
que l’ écart entre le coût de la dette et le taux de rentabilité économique est faible.

Capacité de remboursement

Dettes financières Endettement total


ou
CAF CAF

Poids de la dette
E.B.E.
Intérêts

Page : 37
LES OUTILS DU DIAGNOSTIC FINANCIER

L’ANALYSE DE LA LIQUIDITE
L'analyse de la liquidité permet de déterminer si, à court terme, l'entreprise peut faire face à
toutes ses échéances. Ceci permet d'apprécier le risque de défaillance de l'entreprise.

Niveau de liquidité

Stocks + créances + disponibilités Créances + disponibilités


ou
Dettes à court terme Dettes à court terme

Rotation des éléments du B.F.R

Stocks de matières Stocks de produits


Rotation des stocks : x 360 ou x 360
Achats Ventes

Créances d ' exploitation


Rotation des créances : x 360
Chiffre d ' affaires (TTC)

Dettes d ' exploitation


Rotation des dettes : x 360
Achats (TTC)

L'INVESTISSEMENT

LA NOTION D'INVESTISSEMENT
1 - DEFINITION : 'investissement est l'engagement d'un capital dans une opération dont on
attend des gains futurs étalés dans le temps.
Un investissement ne sera acceptable que si les gains attendus sont supérieurs au capital
investi. C'est un bien patrimonial qui n'est pas consommé par la production.

2 - TYPOLOGIE DES INVESTISSEMENTS

La définition d'une typologie des investissements n'est pas aisée, la problématique de


l'investissement étant différente selon le secteur, la taille, la structure et la stratégie de
l'entreprise.

Le premier critère de classement s'inspire de la comptabilité et se base sur la nature des actifs
investis, trois catégories d'investissement sont distinguées :

➢ les actifs corporels correspondant aux biens physiques (équipements, installations


techniques, machines et outillages...),

Page : 38
➢ les actifs incorporels ou investissements immatériels (fonds de commerce, brevets,
licences, logiciels informatiques...),

➢ les actifs financiers supports à une prise de participation et de contrôle d'une société tierce.

Les comptables appréhendent la notion d'investissement à travers le double critère de


propriété juridique et de la consommation immédiate.

Si un bien ou service est consommé sur plusieurs exercices et si l'entreprise en est


propriétaire, il s'agit alors d'un investissement.

Le second critère de classement s'appuie sur la stratégie de la firme et sur la finalité du projet
considéré. Quatre types d'investissement sont distingués :

➢ l'investissement de renouvellement qui a pour objet le maintien d'un potentiel de


production et de distribution. Il contribue à la continuité de l'activité de l'entreprise en
assurant un renouvellement à l'identique de la capacité de production.

➢ l'investissement de productivité assure la modernisation de l'outil de production, il permet


de produire à un coût plus faible,

➢ l'investissement d'expansion contribue à la croissance de l'entreprise lorsque celle-ci


désire accroître ses parts de marché,

➢ l'investissement d'innovation ou de diversification correspondent au développement


d'activités nouvelles en liaison avec le lancement de nouveaux produits et la création de
nouveaux marchés.

Cette deuxième classification est importante au plan financier dans la mesure où


l'appartenance d'un projet d'investissement à l'une ou l'autre de ces catégories oriente la
gestion prévisionnelle des flux et conditionne le risque pris par l'entreprise.

Un investissement de remplacement est facilement évaluable ; par opposition l'investissement


d'innovation est souvent soumis à des aléas qui sont porteurs d'erreurs de prévisions.

La dimension de l'investissement joue également un rôle considérable, les conséquences d'une


erreur d'évaluation d'un projet à faible budget n'étant pas les mêmes que celles d'un
investissement à budget élevé.

La troisième classification des investissements repose sur la répartition dans le temps des
sorties et des rentrées de fonds :

➢ mise de fonds ponctuelle et revenus échelonnés sur plusieurs périodes (achat d'une
machine),

➢ mise de fonds ponctuelle et revenu ponctuel (plantation d'arbres pour la pâte à papier),

➢ mise de fonds continue et revenu ponctuel (production cinématographique avec cession


des droits d'exploitation),

➢ mise de fonds continue et revenus continus (construction d'un complexe industriel avec
prévision d'extension).

Page : 39
3 - CARACTERISTIQUES D'UN PROJET D'INVESTISSEMENT

Un projet d’investissement se caractérise par sa durée de vie et les flux qui lui sont associés.
Pour le calcul des flux, le raisonnement doit être différentiel : on fait la différence entre ce
qu’on a avec l’investissement et ce que l’on aurait eu sans investir.

3.1. LA DUREE DE VIE


Afin d'évaluer les gains attendus, la durée d'exploitation du projet doit être connue. Différents
critères sont susceptibles d’être retenus :

➢ la durée de vie de l’équipement constitutif de l’équipement mais rien ne dit qu’elle


corresponde à la réalité économique.
➢ le cycle de vie du produit relatif à l’investissement mais ce peut-être difficile à cerner,
➢ une période pour laquelle il est possible d’estimer valablement le niveau des ventes.

3.2. LES FLUX LIES AU PROJET


Deux sortes de flux sont à distinguer : d’une part les flux d'exploitation et d’autre part les flux
d’investissement.

3.2.1. Les Flux d'Exploitation

Les flux d'exploitation représentent l'estimation du surplus monétaire généré par le projet, ce
sont des prévisions, ils sont notés FEj.
Les flux d'exploitation représentent le solde anticipé entre les produits et les charges
d’exploitation résultant du choix de l’investissement.

Excédent brut d’exploitation (différence entre produits et charges d’exploitation)


- Impôt sur les sociétés
= Flux d'Exploitation

Les frais financiers ne sont pas pris en compte, le calcul des cash - flows ne doit pas
dépendre des modalités de financement du projet. Les décisions d'investissement et de
financement sont deux décisions indépendantes. Les flux financiers (dividendes, intérêts,
remboursement d’emprunt) n’interviennent que par le biais du taux d’actualisation.

3.2.2. Les Flux d’Investissement

Les flux d’investissement notés FIj représentent la 'dépense' que doit supporter l'entreprise
pour réaliser le projet.
Ils se composent :
➢ du coût d’acquisition des immobilisations,
➢ des coûts d’installation ou de démarrage de ces installations,
➢ de l'économie d'impôt réalisée sur les dotations aux amortissements,
➢ de l'augmentation du besoin en fonds de roulement.

Le besoin en fonds de roulement correspond aux capitaux à investir pour constituer des stocks
minimums indispensables de matières premières et de produits finis ainsi que pour financer
l’octroi d’un délai minimum de paiement aux clients, sous déduction du crédit minimum
susceptible d’être obtenu auprès des fournisseurs. Ces besoins sont marginaux en ce sens
qu’ils sont liés au projet d’investissement et sont de ce fait supplémentaires par rapport aux
besoins en fonds de roulement qui existent déjà dans l’entreprise.

Page : 40
L’augmentation du besoin en fonds de roulement sera différente selon le type
d’investissement considéré.

Lors d’un investissement de renouvellement, l’entreprise est déjà présente dans la branche. La
rotation des stocks, les fournisseurs et tous les éléments constitutifs du BFR sont connus. Au
contraire lorsque l’investissement vise à s’implanter sur un nouveau marché, l’incertitude est
plus grande. La somme engagée au titre de l’augmentation de BFR ne donne pas lieu à
l’amortissement.

La variation du besoin en fonds de roulement à prendre en compte dans les flux de liquidités
doit être décalée d’une période car son financement doit intervenir avant qu’il soit
effectivement constaté.

A la fin de la durée de vie prévue du projet apparaissent les flux de désinvestissement. Ils sont
de deux types :

➢ le BFR est récupéré au terme de la vie du projet,

➢ la valeur de cession probable à la fin de sa durée d’utilisation. L’erreur de prévision est


moins importante que pour les flux d’exploitation car le marché de l’occasion sert de
référence, elle est notée R :
R = Valeur de Cession - impôt sur les plus values
Plus value = Valeur de Cession - Valeur Nette Comptable
Valeur Nette Comptable = Valeur d'origine - Amortissements cumulés

Lorsque la valeur de cession est égale à la valeur nette comptable, il n'y a pas d'impôt sur la
plus-value

CHOIX DES INVESTISSEMENTS


Le plan stratégique de l'entreprise et la nécessité de renouvellement d'immobilisation lui
imposent de programmer des investissements. La décision d'investir implique deux choix.
 Le choix de l'investissement : parmi les projets qui répondent aux besoins de l'entreprise,
quel est l'investissement le plus rentable ?
 Parmi les moyens de financement accessibles, quel est le moins coûteux ? Quel est celui
qui s'accorde au mieux avec les possibilités de la trésorerie de l'entreprise ?

La décision dépend, outre le coût de l'immobilisation et du financement,


 De l'échelonnement des flux dans le temps,
 Des critères retenus par l'entreprise liés à l'importance donnée à la dépréciation dans le
temps.

Page : 41
Plan stratégique Etat des immobilisations
(développement) (renouvellement)
Décision d'investir

Offres du marché Critères de


des biens choix
Etude de rentabilité

Sélection d'un
investissement
Propositions de Structure financière de
financement l'entreprise
Sélection du financement

Programmation / budget

Page : 42
1. LES FLUX NETS DE TRESORERIE

Il convient, dans un premier temps, de recenser les différents flux générés par
l'investissement, puis de les évaluer sur sa durée de vie.

1.1. Les types de flux de trésorerie

Les flux de trésorerie générés par le projet d'investissement sont de deux types :
• Les flux négatifs ou décaissements
• Les flux positifs ou encaissements

➢ Les décaissements

Parmi les dépenses à prendre en compte, on trouve notamment :


• Le coût d'acquisition de l'immobilisation : la dépense est généralement effectuée au début
de la période 1 ou période 0. Si l'investissement est étalé sur plusieurs périodes, il est alors
nécessaire d'actualiser les sorties de fonds ultérieurs ;
• Les dépenses contractées éventuellement pour la mise en service de l'investissement ;
• Le supplément de besoin de financement lié à l'investissement, c'est à dire la variation du
besoin en fonds de roulement d'exploitation.

➢ Les encaissements

Les encaissements sécrétés par l'investissement projeté sont généralement évalués de manière
comptable en établissant un compte de résultat simplifié pour chaque période. Sont pris en
compte notamment :

• Les recettes sécrétées par l'investissement diminuées des charges liées aux recettes (frais
variables, frais fixes) et de l'impôt sur les bénéfices...
• La récupération du besoin en fonds de roulement : lorsque le matériel n'est plus productif,
l'accroissement du besoin de financement lié au cycle d'exploitation de l'investissement
constaté au départ disparaît ;
• Eventuellement, la part résiduelle de l'immobilisation en fin d'utilisation ou sa valeur
vénale (prix de revente).

Remarque : l'évaluation des flux doit se faire indépendamment des modalités de financement
de l'investissement. Le choix de l'investissement doit reposer sur l'estimation de sa rentabilité
économique. Le choix du financement du projet ne doit pas influencer la rentabilité
économique de l'investissement.

Page : 43
1.2. La détermination des flux nets de trésorerie

La détermination des flux nets de trésorerie s'effectue sur la durée de vie prévisionnelle de
l'investissement mesurée en nombre d'années ou périodes.

Exemple :

L'entreprise Malandain envisage l'acquisition d'une nouvelle machine pour son atelier de
fabrication. Cet investissement de 1 000 000 euros ( 1 000 K euros) permettrait d'augmenter la
production dans les conditions suivantes :

Années 1 2 3 4 5
Chiffres d'affaires supplémentaires 900 1 200 1 000 950 800

Les frais variables représentent 40 % du chiffre d'affaires.


Les frais fixes autres que l'amortissement du matériel s'élèvent à 100 K euros par année.
L'entreprise envisage un amortissement linéaire sur 5 ans.
Cet investissement entraînerait un besoin de financement d'exploitation de 100 K euros la
première année.
Le besoin de financement est récupéré en fin de vie.
La valeur résiduelle du bien est nulle.

➢ Le calcul de la capacité d'autofinancement

Rubriques 1 2 3 4 5
(1) Chiffres d'affaires HT 900 1 200 1 000 950 800
(2) Coûts variables 40 % -360 -480 -400 -380 -320
(3) = (1) - (2) Marge sur coûts variables 540 720 600 570 480
(4) Frais fixes -100 -100 -100 -100 -100
(5) Dotations aux amortissements 1000/5 -200 -200 -200 -200 -200
(6)=(3)-(4)-(5) Résultat avant impôts 240 420 300 270 180
(7) =(6) x 33,1/3 % Impôt sur les bénéfices 80 140 100 90 60
(8) = (6) - (7) Résultat net d'impôt 160 280 200 180 120
(5) Amortissements 200 200 200 200 200
(9) = (8) + (5) Capacité d'autofinancement 360 480 400 380 320

L'amortissement n'est plas un flux de trésorerie négatif : il n'entraîne aucun décaissement.


Cependant, il faut en tenir compte pour le calcul de l'impôt sur les bénéfices qui, lui entraîne
un décaissement.

Pour déterminer le flux net de trésorerie, l'amortissement est ensuite ajouté au résultat net
comptable pour obtenir la capacité d'autofinancement de l'investissement.

➢ Le calcul des flux nets de trésorerie

Rubriques 0 1 2 3 4 5
(1) Investissement - 1000

Page : 44
(2) Variation du besoin en fonds de roulement - 100 100
d'exploitation
(3) Capacité d'autofinancement 360 480 400 380 320
(4) = (1) + (2) Flux nets de trésorerie - 1100 360 480 400 380 420
+ (3)

On constate que sur les cinq années, le flux net de trésorerie de l'investissement s'élève à :
-1100 + 360 + 480 + 400 + 380 + 420 = 940 milliers d'euros.

Le projet d'investissement apparaît donc rentable puisque les flux d'encaissement sont
supérieurs aux flux de décaissements. Cependant, 420 KE perçus aujourd'hui n'ont pas la
même valeur. L'actualisation des flux nets de trésorerie va permettre de ramener une somme
future à sa valeur actuelle.

1.3. La valeur actuelle nette : l'actualisation des flux nets de trésorerie

Les méthodes utilisées dans le choix des investissements font généralement intervenir
l'actualisation pour prendre en compte le coût du temps.

L'actualisation permet de calculer la valeur actuelle nette d'un projet d'investissement. Le


choix du taux d'actualisation appartient à l'entreprise qui va investir. Cependant, ce choix
fondamental est délicat. Le taux d'actualisation retenu doit être au moins égal au taux de
rentabilité minimum exigé par l'entreprise.

Le taux choisi ne saurait être inférieur au taux d'intérêt à long terme. Sinon, il serait préférable
pour l'entreprise, de faire un placement financier plutôt que d'investir dans du matériel de
production. Pour tenir compte du risque lié à l'investissement, le taux d'intérêt à long terme
peut être majoré de quelques points.

L'entreprise peut également fixer le taux d'actualisation au taux de rentabilité attendu des
capitaux investis.

En principe, l'actualisation a pour effet de ramener la valeur des flux à la période "zéro", date
à laquelle la décision d'investir est prise.

Page : 45
➢ La valeur actuelle nette

La valeur actuelle nette constitue la référence pour déterminer si un investissement est


rentable ou non.

Valeur actuelle des Valeur actuelle des


recettes sécrétées dépenses générées par Projet rentable
par l'investissement
> l'investissement

Pour calculer la valeur actuelle nette (VAN) d'un investissement, il faut actualiser les flux de
trésorerie futurs engendrés par l'investissement puis soustraire le montant de l'investissement
initial.

VAN = C1 ( 1 + i )-1 + C2 ( 1 + i )-2 + C3 (1 + i )-3 + ... Cn ( 1 + i )-n + Vn ( 1 + i )-n - I0

C1 , C2 , C3 , Cn = flux nets de trésorerie à la fin de chaque période


Vn = valeur de revente éventuelle de l'immobilisation en fin de projet
I0 = dépense initiale d'investissement

Exemple : flux nets de trésorerie du projet A actualisés

Rubriques / Périodes 0 1 2 3 4 5 VAN


Flux nets de trésorerie -1100.00 360.00 480.00 400.00 380.00 420.00 940.00
Actualisation à 10 % -1100.00 327.27 396.69 300.53 259.55 260.79 444.83
Actualisation à 15 % -1100.00 313.04 362.95 263.01 217.27 208.81 265.08
Actualisation à 20 % -1100.00 300.00 333.33 231.48 183.26 168.79 116.86
Actualisation à 25 % -1100.00 288.00 307.20 204.80 155.65 137.63 -6.72

Exemple : calcul avec un taux d'actualisation à 10 %

VAN à 10 % = 360 (1.1)-1 + 480 (1.1)-2 + 400 (1.1)-3 + 380 (1.1)-4 + 420 (1.1)-5 - 1100
= 444.83
La valeur actuelle nette est positive aux taux de 10 %, 15 % et 20 % et devient légèrement
négative à 25 %. L'investissement est rentable si l'entreprise se contente d'un taux inférieur à
25 %.

La valeur actuelle nette est généralement le premier critère utilisé pour déterminer si un
investissement est rentable ou pas. Cependant, d'autres critères sont mis en oeuvre, permettant
de choisir entre plusieurs projets dont la valeur actuelle est positive.

Page : 46
2. LES AUTRES CRITERES DE CHOIX D'INVESTISSEMENT

2.1. Le délai de récupération du capital

Le délai de récupération du capital correspond au nombre de périodes nécessaires pour


récupérer les fonds investis. Il est estimé en cumulant, année par année, les flux nets de
trésorerie jusqu'à atteindre le montant de l'investissement. Le cumul peut être réalisé à partir
des données non actualisées ou des données actualisées.

Exemple :
Considérons que l'entreprise Malandain hésite entre un projet A et un projet B, dont
l'investissement de départ est inférieur, mais qui nécessite un aménagement important au
cours de la troisième année de vie, générant un flux de trésorerie négative à la fin de la
troisième période.

Projet A
Rubriques / Périodes 0 1 2 3 4 5 VAN
Flux nets de trésorerie -1100.00 360.00 480.00 400.00 380.00 420.00 940.00
Cumul des flux non actualisés -1100.00 -740.00 -260.00 +140.00 +520.00 +940.00
Actualisation à 20 % -1100.00 300.00 333.33 231.48 183.26 168.79 116.86
Cumul des flux actualisés -1100.00 -800.00 -466.67 -235.19 -51.93 +116.86
Délai de récupération du projet A
Flux non actualisés 2 ans, 7 mois et 24 jours : (260/400) x 12 mois = 7.8 mois
Flux actualisés à 20 % 4 ans, 3 mois et 21 jours : (51.93 / 168.79) x 12 mois = 3.7 mois

Projet B
Rubriques / Périodes 0 1 2 3 4 5 VAN
Flux nets de trésorerie -980.00 550.00 550.00 -100.00 400.00 250.00 670.00
Cumul des flux non actualisés -980.00 -430.00 +120.00 +20.00 +420.00 +670.00
Actualisation à 20 % -980.00 458.33 381.94 -57.87 192.47 100.47 95.77
Cumul des flux actualisés -980.00 -521.67 -139.73 -197.60 95.77 95.77
Délai de récupération du projet B
Flux non actualisés 1 an, 9 mois et 12 jours : (430 / 550) x 12 mois = 9.38 mois
Flux actualisés à 20 % 4 ans et 17 jours : (4.70 / 100.47) x 12 mois = 0.56 mois

Selon le critère de la VAN, c'est le projet A qui apparaît le plus rentable. Pour le taux
d'actualisation à 20 %, la VAN du projet A ressort à 116.86 contre 95.77 pour le projet B.
Cependant, si l'entreprise privilégie le délai de récupération du capital investi, calculé à partir
des flux de trésorerie non actualisés, ce dernier est plus court pour le projet B.
Le délai de récupération calculé à partir des flux de trésorerie actualisés reste légèrement plus
court (3 mois) pour le projet B.

Dans cet exemple, les deux critères donnent des résultats contraires.

La détermination du délai de récupération du capital est simple à mettre en oeuvre. Cet


avantage fait qu'il est fréquemment utilisé par les PME. Cependant, cette méthode privilégie
les investissements les plus rentables dans le court terme et a pour conséquence de négliger
les flux de trésorerie sécrétés au-delà du délai.

2.2. Le taux interne de rentabilité

Page : 47
Le taux interne de rentabilité est le taux d'actualisation pour lequel la valeur actuelle nette est
nulle. On suppose, dans le calcul du TIR, que les flux de trésorerie générés par
l'investissement sont placés au taux interne de la rentabilité.

Le taux interne de rentabilité (i) est déterminé par la résolution de l'équation suivante :

VAN = C1 (1 + i)-1 + C2 ( 1 + i)-2 + C3 (1 + i)-3 + ... Cn (1 + i)-n + Vn (1 + i)-n - I0 = 0

Exemple :
Reprenons le cas de l'entreprise Malandain
On cherche le taux i pour lequel la VAN est nulle :
VAN = 360 (1+i)-1 + 480 (1+i)-2 + 400 (1+i)-3 + 380 (1+i)-4 + 420 (1+i)-5 - 1100 = 0

• La valeur actuelle nette du projet A est égale à zéro pour un taux d'actualisation de 24.70
%. Le TIR de cet investissement est donc de 24.70 %.

• Le taux interne de rentabilité du projet B est le suivant :

VAN = 550 + 550 + -100 + 400 + 250 - 980


1 + TIR (1 + TIR)2 (1 + TIR)3 (1 + TIR)4 (1 + TIR)5
VAN = 0

La valeur actuelle nette du projet B est égale à zéro pour un taux d'actualisation de 25.40 %.
Le taux interne de rentabilité du projet B est de 25.40 %

La valeur actuelle nette est positive pour tous les taux d'actualisation inférieurs au taux interne
de rentabilité. On peut donc en conclure que l'investissement est acceptable si le taux interne
de rentabilité de l'investissement est supérieur au taux d'actualisation envisagé par l'entreprise.

Lorsque l'entreprise doit choisir entre plusieurs projets, il convient de retenir le projet dont le
taux interne de rentabilité est le plus fort. Le critère du TIR, dans le cas de l'entreprise
Malandain, conduit à retenir le projet B dont le TIR ressort à 25.40 % contre 24.70 % pour le
projet A.

Lorsque l'on utilise le taux interne de rentabilité dans un choix d'investissement, on suppose
que les capitaux sont réinvestis au taux d'actualisation du TIR lui-même. Le TIR est parfois
très élevé et ne reflète pas les taux pratiqués sur le marché.

2.3. L'indice de profitabilité

C'est le résultat du rapport entre la valeur actuelle des flux de trésorerie nette sécrétés par
l'investissement et le coût de l'investissement. L'indice de profitabilité mesure l'avantage
produit par un euro de capital investi.

L'indice de profitabilité est calculé à partir de la VAN obtenue pour un taux d'actualisation
donné.

Indice de profitabilité = 1 + VAN


Capitaux investis

Page : 48
Exemple :

Si l'on reprend les deux projets A et B de l'entreprise Malandain, avec un taux d'actualisation
de 20 %, l'indice de profitabilité de chaque projet ressort à :

Projet A = 1 + 116.86 = 1.106 Projet B = 1 + 95.77 = 1.098


1100 980

Dans notre exemple, l'investissement de départ des deux projets est différent : le projet A
offre un indice de profitabilité supérieur au projet B ; il doit donc être préféré au projet B.

Les projets sont acceptables si l'indice est supérieur à 1, c'est-à-dire si la VAN est positive.
Plus l'indice de profitabilité est grand, plus le projet est rentable.

Ce critère présente l'avantage d'être neutre par rapport à l'importance de l'investissement,


contrairement au critère de la VAN. L'indice de profitabilité est utilisé en complément du
critère de la VAN.

Résultat des quatre critères

Projet retenu
Critères Projet A Projet B selon le critère
VAN à 20 % VAN la plus forte 116.86 95.77 Projet A
Délai de récupération du Délai le plus court 2 ans 1 an Projet B
capital (non actualisé)
et 8 mois et 9 mois
Taux interne de rentabilité Taux le plus élevé 24.70 % 25.40 % Projet B
Indice de profitabilité Indice le plus grand 1.106 1.098 Projet A

Compte tenu des critiques formulées à l'encontre du TIR et du délai de récupération du


capital, le choix de l'entreprise devrait se porter sur le projet A.

Page : 49
EXERCICES D'APPLICATION

Exercice 1 : Rentabilité d'un investissement

Une entreprise décide d'investir 1 000 000 euros dans un équipement dont la valeur résiduelle
au bout de 5 ans, est estimé à 10 000 euros. Elle espère (compte tenu des recettes, des charges
et de l'impôt sur les sociétés) des rentrées nettes de trésorerie constantes de 250 000 euros par
an pour une période de 5 années.

L'investissement, dans ces conditions, est-il rentable au taux de 8 %, au taux de 10 % ?

En déduire le taux interne de rentabilité.

Quel serait le délai de récupération actualisé des capitaux investis (au taux de 8 %, au taux
interne de rentabilité et au taux de 10 %) ?

1 000 000 euros 250 000 euros 250 000 euros 250 000 euros 250 000 euros 250 000 euros

0 1 2 3 4 5
10 000 euros

• Valeur actuelle nette

Au taux d'actualisation de 8 % :

VAN0 = - 1 000 000 + 250 000 x 1 - (1.08)-5 + 10 000 x (1.08)-5 = 4 983.34 euros
0.08

A taux d'actualisation de 10 % :

VAN0 = - 1 000 000 + 250 000 x 1 - (1.1)-5 + 10 000 x (1.1)-5 = - 46 094.10 euros
0.10

Au taux d'actualisation de 8 % l'an, le projet est rentable : la décision d'investir peut être prise.
Au taux de 10 % l'an, l'investissement n'est pas rentable (VAN négative).

• Taux interne de rentabilité

Il représente le taux d'actualisation correspondant à une VAN0 nulle.

Page : 50
0.08 4983.34 4 983.34
0.02 t 0 4 983.34 - (-46094.10) = 51077.44
0.10 -46 094.10

t = 0.08 + 0.02 x 4 983.34 = 0.081 95


51077.44

Un calcul plus affiné indique 0.081 876 soit 8.187 6 %

• Délai de récupération actualisé

Années 1 2 3 4 5
Flux 250 000 250 000 250 000 250 000 250 000
Flux
actualisés à8% 231 481 214 334 198 458 183 757 176 951
à 8.1876 % 231 080 213 592 197 427 182 486 175 422

A 8 %, le délai de récupération se situe au cours de la cinquième et dernière année, ce qui est


normal puisque ce taux d'actualisation est très proche du taux interne de rentabilité (cumul au
bout de 4 ans : 828 030).

Soit 4 + 1 000 000 - 828 030 = 4.971 85 ou 4 ans 354 jours


176 951

A 8.187 6 % (taux interne de rentabilité), le délai de récupération est de 5 ans, puisque la


VAN est nulle.
Vérification : cumul en 5 ans : 1 000 007

A 10 %, il faut plus de 5 ans puisque la VAN est négative (- 46 094).

Page : 51
Exercice 2 : Choix d'investissement

Une entreprise souhaite acquérir un certain matériel industriel en vue de l'ouverture prochaine
d'une nouvelle branche d'activité. Elle a le choix entre trois types de matériel dont les
caractéristiques sont résumées dans le tableau ci-dessous :

Matériel A Matériel B Matériel C


Prix d'acquisition 250 000 200 000 230 000
Flux nets de trésorerie annuels

• Année 1 70 000 30 000 38 000


72 000 40 000 42 000
• Année 2
76 000 70 000 81 000
• Année 3
71 000 90 000 84 000
• Année 4
68 000 80 000 69 000
• Année 5 5 000 nulle nulle
Valeur résiduelle

Les flux nets de trésorerie ont été évalués en fin d'année, compte tenu des recettes, des
charges et de toutes les incidences fiscales. Le prix d'acquisition est intégralement payé au
début de la première année.

Déterminer le taux interne de rentabilité de chacun des trois projets. Commenter.

I F1 F2 F3 F4 F5 + R

0 1 2 3 4 5

Soit t le taux de rentabilité interne.

• Matériel A

70000 x (1+t)-1 + 72000 x (1+t)-2 + 76000 x (1+t)-3 + 71000 x (1+t)-4 + 68000 x(1+t)-5 + 5000 x (1+t)-5 = 250000

Après plusieurs essais, nous trouvons que t se situe entre 13 % et 14 %

0.13 254172.35 4 172.35


0.01 t 250000 6117.77
0.14 248054.58

t = 0.13 + 0.01 x 4172.35 = 0.136 82 soit 13.68 %


6117.77

Page : 52
• Matériel B

30000 x (1+t)-1 + 40000 x (1+t)-2 + 70000 x (1+t)-3 + 90000 x (1+t)-4 + 80000 x(1+t)-5 = 200000

t se situe entre 13.5 % et 14 %

0.135 202062.58 2 062.58


0.005 t 200000 2 883.38
0.14 199179.20

t = 0.135 + 0.005 x 2 062.58 = 0.138 576 soit 13.85 %


2 883.38

• Matériel C

38000 x (1+t)-1 + 42000 x (1+t)-2 + 81000 x (1+t)-3 + 84000 x (1+t)-4 + 69000 x(1+t)-5 = 230000

t est très proche de 10 %

0.10 230329.39 329.39


0.0025 t 230000 1650.82
0.1025 228678.57

t = 0.10 + 0.0025 x 329.39 = 0.100 498 8 soit 10.05 %


1650.82

L'investissement en matériel B a le TIR le plus élevé (13.85 %) très proche de celui en


matériel A (13.68 %).

Le matériel B présente l'avantage d'un prix d'acquisition plus faible, donc d'un décaissement
initial moins important mais les rentrées nettes de trésorerie prévues sont moins élevées et la
valeur résiduelle nulle.

Le choix entre ces deux types de matériel fera intervenir d'autres éléments telles des
considérations purement techniques (facitilité d'utilisation, encombrement des locaux,
possibilité de dépannage rapide ...) ou économiques (poursuite de l'activité au bout de cinq
ans avec le matériel A).

Page : 53
Le contrôle de gestion et le contrôle budgétaire

I. Le contrôle de gestion

A. Les objectifs du contrôle de gestion

Il n’y a pas de gestion sans contrôle. Ainsi, pour Henry Fayol (1841-1925) Administrer, c’est
prévoir, organiser, commander, coordonner et contrôler.
Selon Henry Bouquin, il y a trois niveaux de contrôle :
• le contrôle stratégique qui concerne les buts de l’entreprise et les stratégies à
l’employer pour atteindre ces buts.
• le contrôle de gestion qui permet aux dirigeants de suivre la mise en œuvre de la
stratégie :
• et le contrôle d’exécution ou contrôle opérationnel qui concerne les tâches courantes.

Les outils du contrôle de gestion sont très variés : comptabilité de gestion, budgets, tableaux
de bord… Ils sont adaptés à chaque entreprise, à chaque besoin.
De même, les domaines d’application de ces outils sont très variés : gestion commerciale,
approvisionnement, production, investissement, financement, recherche, logistique,
informatique…car il n’ y a pas de fonction ou de service qui puisse se passer de pilotage et
contrôle.

Les outils de contrôle doivent permettre de maîtriser le passé, le présent et le futur :


• maîtriser le passé, c’est l’avoir analysé pour le comprendre et en tirer des
enseignements pour l’avenir ;
• maîtriser le présent, c’est pouvoir réagir à court terme, anticiper les difficultés ;
• maîtriser le futur, c’est pouvoir lui donner une direction, l’impulsion étant
généralement de niveau stratégique.

Les outils du contrôle de gestion sont notamment :


• la comptabilité générale
• le calcul des coûts constatés
• la gestion prévisionnelle.
Les technique utilisées par la gestion prévisionnelle sont :
• le calcul des coûts préétablis
• la gestion budgétaire dont les composantes sont l’établissement des budgets d’une
part, le contrôle d’autre part.

La gestion budgétaire est donc un outil au service du contrôle de gestion.

Page : 54
B. Qui utilise le contrôle de gestion ?

Les actionnaires engagent des capitaux qu’ils mettent entre les mains des dirigeants qui les
investissent. Les actionnaires surveillent la gestion des dirigeants : en matière de réalisations,
ils analysent les résultats, en matière de prévisions, ils étudient les plans de financement.

Les dirigeants délèguent des responsabilités à des opérationnels. Ces opérationnels ont une
mission et des objectifs. Régulièrement, les dirigeants surveillent la gestion des
opérationnels : en matière de réalisations, ils analysent le degré d’atteinte des objectifs (part
de marché, rentabilité économique, qualité, etc.), en matière de prévisions, ils étudient leurs
budgets prévisionnels ou leurs propositions d’investissement.

Les opérationnels constituent et animent des équipes de responsables. Par exemple, un


directeur d’usine peut constituer une équipe composée d’un responsable de la production,
d’un responsable de la maintenance et de l’entretien, d’un responsable des achats, d’un
responsable de logistique, etc. Ces responsables ont aussi une mission et des objectifs. Très
régulièrement, les opérationnels surveillent la gestion des responsables (en matière de
réalisations, ils analysent des tableaux de bord ou des comptes de résultats).

Ainsi chaque responsable, à son niveau, doit rendre compte au niveau « supérieur » et
analyser les comptes rendus (« reporting ») des niveaux « inférieurs » afin de maîtriser sa
gestion. A chaque niveau, avec des périodicités différentes, le contrôle de gestion peut être
utile. Tantôt financier et global, tantôt technique et détaillé, le contrôle de gestion s’adapte au
contexte et aux objectifs à surveiller.

II. Budget et contrôle de gestion

Le contrôle de gestion est parfois confondu, à tort, avec le contrôle budgétaire. Pourtant, il
revêt une dimension beaucoup plus large. En fait, le contrôle budgétaire constitue la seconde
phase du processus budgétaire qui est avec l’analyse des coûts l’un des outils essentiels du
contrôle de gestion.

Le processus budgétaire se décompose en deux phases :

➢ La phase de prévision :

Les axes stratégiques décidés par la direction générales sont déclinés au niveau opérationnel
au moyen des budgets. Chaque dirigeant de centre de responsabilité s’engage sur des objectifs
à atteindre en terme de résultat, de volume de production, de niveau de service etc. En
contrepartie, il négocie un volume de ressources (matérielles, humaines, financières) qu’il
mettra en œuvre pour atteindre les prévisions. Les prévisions inhérentes aux différents centres
sont ensuite consolidées pour établir le compte de résultat et dégager le bénéfice prévisionnel
de l’entreprise.

➢ La phase de contrôle budgétaire :


Page : 55
A la phase de prévision qui, dans les grandes entreprises s’étale entre juillet et décembre,
succède dés janvier la phase de suivi et de contrôle des résultats. Les réalisations sont
comparées aux prévisions. L’objectifs est de :
• rechercher la cause des écarts,
• prendre des mesures correctives qui pourraient éventuellement s’avérer
nécessaires,
• apprécier la performance des responsables des centres.

Pour améliorer la réactivité de l’entreprise face à un environnement turbulent, les dirigeants


mettent en œuvre d’autres instruments d’information, notamment les tableaux de bord. Plus
souples et plus réactifs que le contrôle budgétaire, ces instruments à très court terme
permettent de déclencher des actions correctrices.

La gestion budgétaire s’inscrit généralement dans une démarche plus générale de planification
c’est à dire de tentative de l’entreprise de façonner l’avenir.

Environnement Entreprise Dirigeants


environnement économique, forces, volonté,
juridique, social, concurrence… faiblesses, valeurs,
menaces, opportunités. ressources… objectifs.

Plan

Programmes

Budget

Un programme est un plan d’action à court terme. Il traduit les prévisions en unités
physiques (quantités, volumes…)
Un budget est un programme traduit en unités monétaires. Son horizon temporel, le court
terme, peut varier selon les organisations.

Page : 56
1. Les différents budgets

Budget des ventes

Budget de
production

Budget des autres


charges Budget des
(de production Budget des achats investissements
de distribution)

Budget de trésorerie

2. Les différentes étapes

Les budgets sont établis dans un certain ordre. On commence par le budget des ventes car
celles-ci conditionnent la survie de l’entreprise. On établit ensuite le budget de production en
fonction des prévisions de ventes. Ces deux budgets sont des budgets de base. Les autres, qui
en dépendent, sont des budgets résultants. La production prévue détermine les achats et les
investissements nécessaires (compte tenu des stocks et des investissements existants), ainsi
que les autres charges. Les encaissements et décaissements qui résultent de ces différents
budgets permettent d’établir le budget de trésorerie.
Cependant, une contrainte au niveau d’un budget résultant peut conduire à modifier un budget
de base. Ces étapes sont donc interactives.
La démarche budgétaire suppose la division de l’entreprise en centres de responsabilité. Le
responsable de chaque centre établit son budget en relation avec les autres responsables. Des
ajustements sont effectués pour obtenir un ensemble cohérent et conforme aux objectifs de
l’entreprise. La procédure d’élaboration des budgets, le calendrier et la forme (généralement
des tableaux) sont déterminés par le contrôleur de gestion qui peut aussi aider les responsables
à préparer leur budget.
Postérieurement, les budgets sont comparés aux réalisations. Les écarts sont analysés afin de
prendre des mesures correctives. C’est la dernière phase de la démarche budgétaire : le
contrôle budgétaire.

Page : 57
LES COÛTS PREETABLIS

I. Définitions

Le plan comptable général définit les coûts préétablis comme des coûts calculés a priori soit
pour faciliter certains traitements analytiques, soit pour permettre le contrôle de gestion pour
l’analyse des écarts.

Calculés antérieurement aux faits qui les ont engendrés les coûts préétablis sont des coûts de
référence qui serviront de normes, d’objectifs ou de prévisions.
Les objectifs ou les finalités des coûts préétablis sont les suivants :

- contrôle du système de production de l’entreprise,


- contrôle de la productivité de la main d’œuvre,
- prévision des coûts des projets,
- établissement des normes dans le processus de fabrication,
- confrontation des normes aux réalisations afin de faire ressortir les écarts qui
seront analysés,
- définitions des responsabilités (externe ou internes de l’entreprise) dès lors que les
écarts sont significatifs.
- mise en œuvre des actions correctives.

II. Les différents types de coûts préétablis

Le plan comptable général distingue quatre types de coûts préétablis.

Coûts préétablis

Coût standard Coût prévisionnel Coût budgété Devis

1) La fiche de coût standard

La fiche de coût standard d’un produit résume les quantités et les coûts consommés par
facteur de production.
Les quantités standard résultent d’analyses techniques, faites par le bureau des méthodes, qui
définissent les gammes (temps de main d’œuvre) et les nomenclatures (quantités de matières
consommées).
Page : 58
Exemple

Fiche de coûts standard de tubes

Tube A Tube B
Quantités Prix Unitaire Coût Quantités Prix Unitaire Coût
Charges directes:
Matières 3,00 1,00
emballages 0,45 0,25
Charges indirectes:
montage 9,50 1,60 15,20 3,50 1,60 5,60
vide fermeture 0,09 4,00 0,36 0,06 4,00 0,24
conditionnement 0,10 1,20 0,12 0,10 1,20 0,12
Coût standard unitaire 19,13 7,21

2) Le coût prévisionnel

Il est déterminé selon les tendances dégagées par l’analyse du passé (ajustement).
Ces coûts sont calculés à partir :
- du coût constaté de la période précédente ;
- d’un coût moyen constaté des périodes précédentes.

3) Le budget flexible

Le budget flexible présente des coûts budgétés en fonction de différentes hypothèses


d’activité.

Exemple

Budget flexible du centre « vide fermeture » pour la fabrication des tubes.

Activités (heure de MOD) 23 000 25 000 27 000


Charges variables (coût unitaire = 3,20) 73 600 80 000 86 400
Charges fixes 20 000 20 000 20 000
Total 93 600 100 000 106 400
Coût de l'heure de MOD 4,07 4,00 3,94

4) Le devis

Il s’agit de coûts déterminés à priori pour une commande de biens ou de services.

Page : 59
III. Le processus de détermination des coûts préétablis

A partir des objectifs fixés par le responsable de production, la détermination des coûts
préétablis s’effectue en quatre étapes, ainsi que l’indique le tableau suivant :

Numéro de l’étape Nature des travaux à effectuer

Etape 1 Elaboration d’une fiche de coût préétabli pour


Une unité produite. Cette fiche est appelée fiche de coût standard
Etape 2 Détermination du coût de production préétabli de la
Production objectif : ce coût est le plus souvent appelé coût préétabli de la
production prévue : (CPPP)
Etape 3 Détermination du coût préétabli de la production constatée (ou réelle) : CPPC
Etape 4 Détermination d’un écart sur volume (ou écart objectif)qui
Correspond à la différence entre le coût préétabli de la production constatée et le
coût préétabli de la production prévue.

Les étapes 2 et 3 sont accomplies avec l’aide de la fiche de coût standard.

Page : 60
Exercice test

Une entreprise fabrique chaque mois 6 000 articles de produits dans les conditions de
production suivantes considérées comme normales.

Matières premières 18 000 kg à 25  le kg


Main d'œuvre directe 3 000 heures à 60  l'heure
Centre atelier de montage 3000 heures machine à 20  l'heure
( dont 10  de charges fixes)
Centre atelier finition 1 500 heures ouvriers à 60  l'heure
(dont 20  de charges variables)

Travail à faire
1 Calculer le coût de production préétabli pour la production normale.
2 Etablir la fiche de coût standard en faisant apparaître les charges fixes et les charges
variables du produit.

Page : 61
Solution

1. Calcul du coût de production préétabli de la production normale


( 6 000 unités produites )

Coût
Eléments Unités unitaire Quantité Montant
Charges directes :
matières premières kg 25 18000 450000
main d'œuvre directe heure 60 3000 180000
Total 1 630000
charges indirectes:
centre de montage heure machine 20 3000 60000
frais fixes 10 3000 30000
frais variables 10 3000 30000
centre de finition heure ouvrier 60 1500 90000
frais fixes 40 1500 60000
frais variables 20 1500 30000
Total 2 150000
Coût de production préétabli 780000

Le coût de production préétabli pour 6 000 unités produites s’élève à 780 000 € soit un coût
unitaire préétabli de 130 €. Une décomposition de ce coût est donnée par la fiche de coût
unitaire standard de production.

2. Fiche de coût unitaire standard de production

Pour obtenir le nombre d’unités d’œuvre pour une unité produite (colonne quantité), il est
nécessaire de diviser la quantité consommée (pour 6 000 unités) par le nombre d’unités
produites (6 000)

• Pour la matière première : 18000 = 3


6 000

• Pour la main d’œuvre directe : 3 000 = 0.5


6 000

Page : 62
La fiche de coût unitaire standard indique que la production d’une unité du produit dans les
conditions normales d’exploitation nécessite les quantités suivantes :

• Matières premières 3 kg
• Main d’œuvre directe 0.5 heures main d’œuvre
• Centre de montage 0.5 heure machine
• Centre de finition 0.25 heure ouvriers

Eléments Unités Coût unitaire Quantité Montant


Charges directes :
matières premières kg 25 3 75
main d'œuvre directe heure 60 1 30
Total 1 105
charges indirectes:
centre de montage heure machine 20 0,50 10
frais fixes 10 0,50 5
frais variables 10 0,50 5
centre de finition heure ouvrier 60 0,25 15
frais fixes 40 0,25 10
frais variables 20 0,25 5
Total 2 25
Coût de production préétabli 130

La prévision des ventes

La gestion budgétaire des ventes comporte :


Page : 63
• Une phase de prévision des ventes utilisant des technique statistiques telles que :
- corrélation
- ajustement
- estimation
• une phase de synthèse avec la présentation du budget des ventes.

1. Corrélation linéaire

Le nuage de points ou le coefficient de corrélation témoignent de l’intensité de la relation


entre les ventes y et une variable x qui est :
- soit le temps ;
- soit une variable connue ( ventes récentes d’un autre produit, prix d’un autre
produit, etc.…).

Nuages de points

3
2,5
2
Ventes y

1,5
1
0,5
0
0 1 2 3 4 5 6 7
Autre variable x

Coefficient de corrélation

 ( X i Yi )
r =
(  Xi2-  Yi2)

Ou encore
r  ( x I y I - n xy
 ( xi - n x 2 ) (  yi 2 – n y 2 )
2

Un ajustement linéaire est autorisé si le nuage est allongé en ligne droite, c’est à dire si le
coefficient r est proche de – 1 ou de + 1.

2. L’ajustement linéaire

La droite ajustée y = f(x) permet de prévoir les ventes y en fonction des valeurs de la variable
x.

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Si la tendance x représente des périodes de temps annuelles, la droite ajustée représente la
tendance ( ou trend).

Ajustement graphique Droite des moindres carrés

Nuages de points Y=ax+b

Avec a =  X i Y i
3

 Xi 2
2,5
Ventes y

1,5 Ou encore
1

0,5 a =  x i y i – nxy
0  x i2- nx2
0 1 2 3 4 5 6 7

Autre variable x et b= y – a x

3. L’ajustement par les moyennes mobiles

Les moyennes mobiles permettent de déterminer la tendance, même si celle-ci n’est pas
linéaire.

Données trimestrielles Données mensuelles


m1 = (1/4)(y1 + y2 + y3 + y 4) m1 = (1/12)(y1 + y2+….+ y11 + y 12)
m2 = (1/4)(y2 + y3 + y4 + y 5) m2 = (1/12)(y2 + y3+….+ y12 + y 13)
m3 = (1/4)(y3 + y4 + y5 + y 6) m3 = (1/12)(y3 + y4+….+ y13 + y 14)

Et m1 = m1 + m2 , m2 = m2+ m3 , m3 = m3 +m4 , etc.


2 2 2

4. Les coefficients saisonniers

a. Rapport à la tendance :

Rapport = (Donnée observée) / ( Donnée ajustée (tendance))

b. Coefficient = moyenne ( ou médiane ) de tous les rapports concernant le même


mois ( ou le même trimestre ) pour les différentes années :

Ex : le coefficient du mois de janvier est la moyenne ( ou la médiane ) des rapports de janvier


N, janvier N+1, janvier N+2, etc.….
La prévision de la production :
La programmation linéaire

Le programme de production résulte directement du programme de ventes. Il doit aussi


prendre en compte les contraintes de production afin d’utiliser au mieux les capacités

Page : 65
productives. En effet, des ajustements sur les ventes peuvent être nécessaires du fait de
goulets d’étranglement, à moins de procéder à des investissements complémentaires.

I. Le programme linéaire

Un programme linéaire de production recherche à optimiser une fonction économique


en prenant en compte les contraintes de production, liées aux facteurs disponibles,
exprimées sous forme linéaire.

La fonction économique :
Il s’agit le plus souvent de maximiser la marge sur coût variable totale en fonction du
nombre de produits fabriqués et vendus.

Exemple
Une entreprise fabrique deux types de pièces, A et B, chacune dégagent respectivement
une marge sur coût variable unitaire de 20 € et 25 €.
Si X exprime les quantités produites et vendues de pièces A et Y celles de pièces B, on
obtient : MSCV= 20 X + 25 Y

Les contraintes de production :


Le système de contraintes de production exprime sous forme d’inégalités l’utilisation
maximale des capacités productives.

II. Application

Une entreprise fabrique deux produits A et B par passage dans deux ateliers de découpe et
montage. Elle souhaite déterminer les quantités X1 et X2 des biens A et B à produire.

A. Les contraintes

Les temps d’utilisation des ateliers sont connus ainsi que les heures disponibles dans chacun
de ces ateliers :

Temps de passage dans


les ateliers
Page : 66
Découpe Montage
Produit A 2h 2h
Produit B 1h 2h
Heures machine disponible 140 h 180 h

Soit pour l’atelier découpe : 2 X1 + X2  140

Contraintes de production

Pour l’atelier Montage : 2 X1 + 2X2  180

Contraintes de marché Le marché du produit B est évalué à 70 unités soit X2  70

L’objectif d’optimisation poursuivi

Les marges unitaires dégagées par les produits A et B sont respectivement de 950 € et 600 €.
L’entreprise souhaite maximiser la marge totale obtenue qui s’exprime en fonction des
quantités X1 et X2 d’une part, des marges unitaires d’autre part.

Soit Z = marge totale

On peut écrire Z = 950 X1 + 600 X2


Cette fonction est appelée « fonction critère » elle exprime l’objectif du processus
d’optimisation.

D’où le programme linéaire complet

2 X1 + X2  140

Contraintes économiques 2 X1 + 2 X2  180

X2  70

Contraintes implicites
( Xi = quantités à produire ) et maximiser 950 X1 + 600 X2

B. La résolution graphique

Il faut :
a) construire un repère cartésien représentant l’ensemble des solutions possibles
b) tracer, dans ce repère, des droites représentant les contraintes afin de définir les solutions
acceptables
c) traduire la fonction critère par une droite, puis positionner celle-ci dans le graphique de
manière à trouver la solution optimale (programme de production acceptable au vu des
contraintes et maximisant la fonction critère).
Page : 67
1) Représentation des contraintes dans un repère cartésien

Les contraintes, exprimées par des inéquation, sont traduites graphiquement par des équations
tout point situé au dessus de la droite ainsi tracée n’est pas acceptable par rapport à
la contrainte considérée.

On peut écrire 2 X1 + X2 = 140


2 X1 + 2X2 = 180
X1  70

Tracé de la première droite (2 X1 + X2 = 140 )


Pour X1 = 0 ; X2 = 140 ; X2 = 0 ; X1 = 70
Tracé de la seconde droite (2 X1 + 2X2 = 180 )
Pour X1 = 0 ; X2 = 90 ; X2 = 0 ; X1 = 90

X2

140

90

70

Zone
d ‘acceptabilité
X1

0
70 90

2) L’optimisation

Z= 950 X1 + 600 X2
Il s’agit donc de tracer la droite représentant la fonction d’optimisation, ensuite faire glisser la
droite la plus loin possible de l’origine par des translations parallèles jusqu’à obtention du
dernier point d’intersection avec l’ensemble des solutions réalisées.

Si Z= 12000 dans la fonction Z= 950 X1 + 600 X2 On a X2 = 20


X1 = 12.63

Page : 68
On obtient le point C comme maximum. C est l’intersection des droites D1 et D2.

X2
1)

2) 90

3) 70
A B C Optimum
4) Z

20

D X1

0
70 90
12.6

Point C optimum à l’intersection des droites d’équation :

2 X1 +X2 = 140 (1)

2X1 + 2X2 = 180 (2)

On fait (2) – (1) X2 = 40 et X1 = 50

Donc optimum X1 = 50 et X2 = 40 Z = 950 x 50 + 600 x 40

Soit le bénéfice net global Z = 71500

Remarque : si l’une des droites est complètement en dehors du domaine des solutions
réalisables, la contrainte relative à cette droite est toujours satisfaite. On dit qu’elle est
redondante et peut être éliminée de la résolution du programme.
Si les contraintes sont incompatibles, on ne peut pas déterminer une région de
solutions réalisables communes les satisfaisants. Le problème posé n’admet pas de solution.

3) La méthode énumérative

Page : 69
Cette méthode permet de vérifier la détermination graphique (il ne s’agit pas d’une résolution
algébrique).
L’un au moins des sommets du polygone qui définit la zone d’acceptabilité ( 0, A, B, C, D,
sur le graphique), détermine l’optimum recherché
La méthode énumérative calcule la valeur de la fonction Z pour les valeurs prises par les
variables X1 et X2 aux divers sommets.

Z= 950 X1 + 600X2

Sommet X1 X2 Z
A 0 70 42000
B 20 70 61000
C 50 40 71500
D 70 0 66500

4) La recherche d’un minimum

Des calculs économiques amènent la recherche d’un minimum ( des dépenses ) sous des
contraintes de supériorité ( production minimum).
Ses principes de représentation graphique sont identiques à ceux exposés ci-dessus, mais le
raisonnement est inverse.

La prévision des approvisionnements et la gestion des stocks

La gestion des approvisionnements doit permettre à l’entreprise de disposer, au moment où


elle en a besoin des matières premières nécessaires à ses fabrications.
C’est donc à partir du programme de production que l’on pourra définir une politique
d’approvisionnement.
Page : 70
1. Les politiques d’approvisionnement

Différentes politiques sont possibles en fonction de la cadence d’approvisionnement choisie.


A la limite on peut vouloir adopter une politique de « stock zéro » .
Celle ci consisterait à ne se réapprovisionner en pièces qu’au moment même où elles doivent
être incorporées dans la fabrication. Chaque série de fabrication donnera donc lieu à un
réapprovisionnement.
Cette politique dite de « flux tendus » ou de « juste à temps » est privilégiée aujourd’hui par
beaucoup de grandes entreprises ( industrie automobile par exemple). Elle suppose un fort
pouvoir de négociation de l’entreprise par rapport à des fournisseurs qui doivent être en
mesure de livrer sans délai des quantités de pièces demandées. Elle revient à transférer sur le
sous traitant la charge de stockage.

2. Les coûts associés à une politique d’approvisionnement

a) Le coût de lancement des commandes (ou coût de passation des


commandes)

La gestion des commandes induit des charges indirectes dans un centre d’approvisionnement :
charges de personnel du service achat et du magasin, charges de transports, etc.….
Une partie de ces charges varie en fonction du nombre de commandes passées mais
indépendamment des quantités commandées à chaque fois ( contrôle des réceptions,
traitement administratif des commandes, une partie des coûts de transport).
Il sera très élevé dans le cadre d’une politique de réapprovisionnement en « juste à temps ».

b) Le coût de stockage ( ou coût de possession du stock)

La possession d’un stock induit des charges dont le montant varie en fonction du niveau de
stock.. Certaines de ces charges se retrouvent dans le centre d’analyse
« approvisionnement » : assurances, amortissement des locaux, etc.. ; d’autres sont
comptabilisées comme charges administratives et financières dans les coûts hors production :
coût du financement du stock.
Ce coût de possession est proportionnel à la valeur du stock moyen. Il sera à la limite nul dans
le cas d’une politique de réapprovisionnement en « juste à temps ».

c) Le coût de pénurie ( ou coût de rupture de stock)

Dans ce qui précède, on a supposé que la connaissance préalable de la demande permettait


d’éviter toute rupture de stock.

Le coût de rupture correspond au surcroît de charges généré par les retards de livraison ou de
production du fait des stocks insuffisants. Il comporte aussi le manque à gagner lié aux ventes
non réalisées.

d) Le coût total annuel des stocks.

C’est la somme des coûts présentés ci-dessus.


Page : 71
3. Modèle d’optimisation en avenir certain

Les calculs précédents mettent en évidence que le coût total de lancement des commandes est
une fonction décroissante des quantités commandées ; que le coût total de stockage est une
fonction croissante de ces mêmes quantités.
On est donc amené à se poser le problème de l’existence d’une solution optimale.

LE MODELE DE WILSON

Il fournit une réponse sous certaines hypothèses :


- la demande est connue de façon certaine
- la consommation est régulière sur l’année
- aucune rupture de stock n’est autorisée.

Soit Q la consommation en quantités et N le nombre de réapprovisionnements dans l’année ;


Chaque réapprovisionnement portera sur Q/N unités.

Les hypothèses précédentes conduisent à la représentation suivante du niveau de stock :


STOCK
25
Q/N 20
15
Stock moyen : 10
Q/2N
5
0
0 20 40 60 80 100
TEMPS

Exprimons de façon générale le coût des approvisionnements.


Soient :
- C la consommation annuelle de l’élément approvisionné, exprimés en quantités,
- P le prix unitaire de ces éléments,
- Q la quantité approvisionnée à chaque commande. Le stock moyen est donc de Q/2,
- N le nombre annuel de commandes,
- T le taux de possession des stocks,
- Ca le coût de passation d’une commande,
- CT le coût total annuel des stocks.

On suppose qu’il n’y a pas de stock de sécurité.


On en déduit :
Cp annuel = t x p x Q/2 CT(Q)= (t x p x Q/2) + ( Ca x C/Q)
Ca annuel = Ca x N = Ca x C/Q
Cette fonction de coût total est minimale lorsque sa dérivée première est nulle et sa dérivée
seconde est positive.

CT’(Q) = 0  t x p – Ca x C/Q2 = 0  Q= 2 x Ca x C
t xp

Page : 72
Au lieu d’appliquer la « formule de Wilson », on peut exprimer la fonction « coût total », en
calculer la dérivée et rechercher la valeur de N qui l’annule.

3500

3000

2500

2000
Coûts

1500
Coût total
1000
Coût de lancement
500 des commandes

Coût de stockage
0
0 1 2 6 10 12
N

Exemple

4. Notion de stock d’alerte

Dans ce qui précède, on a supposé fixée la période de réapprovisionnement. Pour faire face
aux aléas de la demande, une autre solution consiste à passer une nouvelle commande chaque
fois que le stock atteint un niveau donné appelé stock d’alerte (ou stock critique).
Ce stock d’alerte doit permettre de couvrir :
- la consommation normale pendant la période de réapprovisionnement ;
- une accélération éventuelle de la demande pendant cette période ;
- les incertitudes sur le délai de livraison.

Le schéma serait le suivant :

Stock

Page : 73
Stock d’alerte

Stock de sécurité

Temps

Délai de livraison

APPLICATION

L’entreprise Martin utilise une matière A, la consommation est régulière 9 000 unités dans
l’année ( 360 jours ) prix d’achat unitaire est de 50 €uros.
Le coût de lancement de chaque commande est de 400 €uros, le coût de stockage est de 0.08
€uros par unité stockée et par jour de stockage.

Travail à faire

1) Exprimez le coût d’achat total annuel en fonction de la quantité X à commander


2) Déterminez la grosseur optimale de chaque commande ( X ) et le nombre de
commande
3) Calculez la durée optimale des commandes ( période entre 2 commandes )
4) Vérifiez ces résultats par la méthode de Wilson.

Solution

Prix d’achat total = 9000 x 50 = 450 000


Coût de possession du stock = X x 0.08 x 360 = 28.8 x = 14.4 x
2 2
Coût de passation ( de lancement des commandes ) => 9000 x 400 = 3600 000
X x
Coût d’achat total = 450 000 + 3 600 000 + 14.4 x = C(x)
x

La dérivée C’(x) pour rendre le coût minimum

C’(x) = - 3600 000 + 14.4 = 0


X2
D’où C’(xo) = 0 - 3 600 000 + 14.4
X2 1
Soit – 3 600 000 x 1 = 14.4 X2

X= 3 600 000 X = 500


Page : 74
14.4

Soit 9000/500 = 18 commandes


Soit tous les 20 jours ( 360/18)

Coût d’achat annuel minimum


= 450 000 + 3 600 000 + 14.4 x 500 = 464 400
500

METHODE DE WILSON

1) QE = 2DCI
CS

D= Consommation du produit par unité de temps = 9000 = 25 demande journalière


360

CI = coût de possession d’une commande = 400


C s = coût de stockage ( possession ) par unité = 0.08

Ce n’est pas la demande journalière

QE= 2 x 25 x 400 = 2000 QE = 500


0.08 0.08

2) Soit le nombre de commande est 9000 = 18 commandes


500

3) La période ( ou longueur d’un cycle )


TE = QE / D 500 = 20 jours
25
ou TE = 2 CI / CS
Coût de possession de la demande journalière

TE = 2 x 400 = 800 = 20 jours


25 x 0.08 2

Page : 75
Coût d’achat total pour 1 an ( minimum )

450 000 + 14 400 = 464 400

Le calcul et l’analyse des écarts

Le calcul et l’analyse des écarts entre les réalisations et les prévisions font partie du contrôle de gestion.
Ils ont pour but d’expliquer les divergences entre ce qui a été prévu et les réalisations effectives afin
d’entreprendre les mesures correctives.

Le contrôle budgétaire doit permettre de vérifier la cohérence entre les prévisions effectuées dans le cadre
de la gestion budgétaire et les réalisations répertoriées par la comptabilité de gestion et plus précisément
par le module analyse des coûts. Les écarts (favorable ou défavorable ) sont calculés entre les éléments
constatés et les éléments prévisionnels et préétablis puis analysés.

Le schéma d’ensemble du calcul des coûts peut se présenter de la façon suivante :

Eléments constatés Eléments préétablis Ecart


Chiffre d’affaires constatés Chiffre d’affaires prévu Ecart sur chiffre d’affaires
- -
Page : 76
Coût de revient constatés Coût de revient préétabli Ecart sur coût
= =
Résultat constaté Résultat préétabli Ecart de résultat

On voit que des écarts peuvent être calculés sur des éléments variés ( coûts, marges, chiffre d’affaires), et
que certains nécessitent une analyse plus approfondie : ainsi l’analyse de l’écart sur coût distingue
généralement les coûts directs et indirects. Par convention, tous les écarts sont calculés dans le sens :

Ecart = Elément constaté – Elément préétabli

I) Le calcul des écarts

A) L’écart sur chiffre d’affaires

Le chiffre d’affaires prévisionnel est obtenu à partir du budget des ventes. Il indique les quantités de
produits à vendre et le prix de vente prévisionnel. Les réalisations fournissent le chiffre d’affaires constaté
et les quantités vendues. L’écart se détermine alors :

Ecart sur chiffre d’affaires = Chiffre d’affaires constaté – Chiffre d’affaires budgété

Il est intéressant de l’analyser en 2 sous-écarts. Ces deux sous écart sont définis par convention comme
suit :

Ecart sur prix


Ecart sur prix = (Prix constaté – Prix préétabli) x Quantités constatées
E/prix = ( Pc - Pp ) x Q c

Ecart sur quantités


Ecart sur quantités = (Quantités constatées – Quantités préétablies ) x Prix préétabli
E/Qté = (Qc – Qp) x Pp

B) Ecart sur coût de la production constatée

Le comptable chiffre :
- Le coût réel de la production constatée → ce qu’elle a coûté effectivement
- Le coût préétabli de la production constatée → ce qu’elle aurait dû coûter si les prévisions avaient
été tenues.
Ce calcul est effectué pour chaque élément de coût (matières, main d’œuvre, centre d’analyse).

Réalisations - Prévisions = Ecart


Total

Centres d’analyse
Centres d’analyses
Page : 77
Main d’œuvre Centres d’analyses

Matières Main d’œuvre


Centres d’analyse

Matières
COUT REEL de la Main d’œuvre
PRODUCTION Matières
CONSTATEE
COUT
PREETABLI de la Ecart sur COUT
PRODUCTION DE LA
PRODUCTION
CONSTATEE
CONSTATEE
- =

Un écart positif est défavorable car le coût dépasse les prévisions. Un écart négatif est favorable.

EXERCICE RESOLU

Les établissements Massais souhaitent contrôler la fabrication de l’article B par la méthode des coûts
préétablis.
A cette fin, l’entreprise a établi les prévisions suivantes pour le 1er trimestre :

Fiche technique
Coût préétabli d'un article B

Eléments Quantités standards Coût unitaire préétablis Montant


Matière E 7 kg 20  140 
Main d'œuvre directe 1H 60  60 
Charges du centre de fabrications 1U/O 150  150 
Coût préétabli d'un article B 350 

L’unité d’œuvre du centre fabrication est l’heure / machine


Prévision de production : 2500 unités de produit B

Page : 78
Les résultats du premier trimestre sont les suivants :
- production : 2400 unités de produit B
- Consommation :
Matière première : 16 900 kg à 20.50 €
Temps de travail : 2 300 heures à 62 €
Centre fabrication : 387 200 € pour 2420 heures / machine
Calculer l’écart sur coût de la production constatée du 1ér trimestre et distinguer l’écart sur chaque
élément consommé :

Solution

Coût réel de la Coût préétabli de la Ecart global


production constatée production constatée sur coût
Quantités Quantités Coût Favorable Défavorable
réelles Coût réel Montant préétablies préétabli Montant (-) (+)
7*2400
Matière 16900 20,5 346450 = 16800 20 336000 + 10450
1*2400
Main d'oeuvre 2300 62 142600 = 2400 60 144000 -1400
1*2400
Fabrication 2420 160 387200 = 2400 150 360000 + 27200
Total 2400 365.104 876250 = 2400 350 840000 -1400 + 37650

Ecart global sur


coût de
la production + 36250
constatée

II) L’analyse des écarts sur coût global de la production constatée

A) Analyse des écarts sur coûts directs

L’étude du tableau précédent nous indique que l’écart trouve son origine dans des différences :
- de quantités (nombre d’unités de matières, nombre d’heures, nombre d’unités d’œuvre). C’est un
écart sur quantité.
- de coût unitaire (coût de l’unité de matières, taux horaire, coût des unités d’œuvre). C’est un écart
sur coût.

1°) Analyse de l’écart global sur coût des matières

Reprenons les éléments de l’application du chapitre précédent.

Coût réel de la production Coût préétabli de la production


Eléments constatée constatée Ecart global sur coût
Quantités Quantités Coût Favorable Défavorable
Réelles Coût Réel Montant Préétablis Préétablis Montant (-) (+)
Matière E 16900 20,5 346450 16800 20 336000 10450

Calculons les écarts techniques = 100


- écarts sur quantités (nbre de kg)
- écart sur coût unitaire
=0.5

Page : 79
Evaluons les écarts comptables.
L’écart comptable est obtenu en valorisant les écarts techniques. Représentons graphiquement la situation.
Le coût des matières est le produit de la quantité par le coût unitaire. Chacun des coûts (le réel et le
préétabli) peut être représenté sous forme d’aire. Exemple : cas théorique d’un écart défavorable.

coût unitaires

7
A
Cr 6
B
5 E F
4
Cp
3

1
D G C
0 quantités
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
QP QR

Réelles (Qr)

Préétablis (Qp)

Cr Coût réel
Cp Coût préétabli
Au point d’ordonnée 6 on a le coût Réel (Cr)
Au point d’ordonnée 4 on a le coût préétabli

L’aire ABCD représente le coût réel (coût constaté).


L’aire EFGD représente le coût préétabli (coût prévu).

Analyse graphique

L’aire de l’écart global sur coût des matières peut être scindée en deux zones.

Coûts unitaire

Cr
Zone I : Ecart sur coût
Cp

Page : 80
Zone II : Ecart sur
quantités

Quantités

Formulation générale

Nature de l’écart Composantes


Ecart sur coût (Coût réel unitaire - Coût unitaire préétabli ) x Quantités réelles
( Cr - Cp ) x Qr

Ecart sur quantités (Quantités réelles - Quantités préétablies) x Coût unitaire préétabli
( Qr - Qp) x Cp

Le signe de l’écart détermine son sens

Signe + écart défavorable


Signe - écart favorable

Exemple

Sens :
Nature de l’écart Formulation Calculs F : favorable
D : défavorable
Ecart sur coût ( C r – C p) Q r (20.5 – 20 ) 16900 + 8450 D
Ecart sur quantités (Qr – Qp) Cp (16900 – 16800) 20 + 2000 D
Ecart global sur coût des matières + 10450 D

2°) Analyse de l’écart global sur coût de la main d’œuvre

La méthode est la même que pour l’analyse des écarts sur coût des matières :

Ecart sur temps (quantité de main d’œuvre)

Ecart global sur coût


de la
main d’œuvre

Ecart sur taux (coût de la main d’œuvre)

Page : 81
Page : 82
EXERCICE RESOLU

A. Analyser l’écart sur main d’œuvre de l’entreprise N :

Coût réel de la production Coût préétabli de la production Ecart global sur


constatée constatée coût
Quantités Coût Montant Quantités Coût Montant Fav. Défav.
Réelles Réel Préétablies Préétabli
Main d’œuvre directe 2300 62 142600 2400 60 144000 -1400

Tableau d’analyse de l’écart sur coût de la main d’œuvre directe

Nature de l’écart et formulation Calculs Sens Fav. Ou Défav.


Ecart sur taux (62-60)2300 = + 4600 Déf
Ecart sur temps (2300-2400)60 = - 6000 Fav
Ecart global sur coût de main d’œuvre = - 1400 Fav

3°) Interprétation des écarts

A ce niveau, seuls les écarts significatifs sont analysés


a) Sur matières
Les écarts sur quantités proviennent essentiellement des services techniques (mauvaise qualité des matières,
avaries qui entraînent rebuts et déchets, mauvaise définition des standards….)
Les écarts sur coût peuvent provenir d’une variation de prix imprévue ou d’une mauvaise politique
d’approvisionnement (rupture, approvisionnement en urgence qui entraîne un surcoût…..)
b) Sur main d’œuvre
Les écart sur temps (quantité de main d’œuvre) traduisent un problème de rendement ou de mauvaise
utilisation de la main d’œuvre productive.
Les écarts sur taux (coût de la main d’œuvre) traduisent l’existence d’un contingent d’heures
supplémentaires imprévues ou d’une modification de la réglementation en vigueur.
L’interprétation des écarts demande souvent un recours à d’autres services que celui du contrôle
budgétaire : les informations nécessaires doivent être collectées auprès des responsables concernés, ce qui
nécessite une grande prudence. En effet, cette phase peut facilement être mal ressentie par le personnel
opérationnel.

B. L’analyse des écarts sur charges indirectes. La méthode du plan comptable

Les charges indirectes comportent le plus souvent des charges fixes. Une variation du niveau d’activité
d’un centre a donc un effet sur le coût des unités d’œuvre. Par exemple, si l’activité réelle est supérieure à
l’activité normale, le coût d’une unité d’œuvre diminue du fait d’économie d’échelle.
Une variation du coût unitaire des facteurs a donc deux explications possibles que l’on analyse en deux
sous écarts :
- une hausse réelle du prix des facteurs qui est évaluée par l’écart de budget,
- l’effet d’activité qui est mesuré par l’écart d’activité.
Pour les frais de centre, l’écart sur quantité est appelé écart de rendement.

Page : 83
Le calcul
Ecart de budget =
Coût réel – coût budgété

Ecart sur coût unitaire

Ecart sur charges indirectes Ecart d’activité =


Coût budgété – coût préétabli

Ecart de rendement (sur quantités) =


( Qr – Qp ) x Cup

Le coût budgété est déterminé à partir d’un budget flexible en référence à l’activité réelle (nombre réel
d’unités d’œuvre), ce qui est logique puisque les écarts sur coût sont pondérés par des quantités réelles.

Coût unitaire de l’unité


d’œuvre

Réel 160
Ecart sur BUDGET
(ou sur coût variable )

Budgété 151.983
Ecart sur ACTIVITE
(ou sur imputation du
coût fixe)
Préétabli 150

Ecart sur
RENDEMENT du
travail

Activité exprimée
en nombre
2400 2420 d’unités d’œuvre
préétablie réelle

LE PILOTAGE DE LA PERFORMANCE
Le contrôle de gestion peut être défini comme un système de mesure et de pilotage des
performances.
Mesurer la performance, c’est suivre les résultats pour les rapprocher des objectifs.
Page : 84
On peut distinguer la performance externe, qui intéresse les différents partenaires de
l’entreprise, et la performance interne, liée au processus de production et aux relations
internes de l’entreprise.

- la performance externe est liée à l’information des tiers (banques, actionnaires, clients,
fournisseurs….). Ses indicateurs sont souvent issus de l’analyse financière.
- La performance interne comporte différentes approches :
. évaluations de la performance dans l’organisation, grâce aux analyses d’écarts et au tableau
de bord.
. évaluations de la performance à l’intérieur d’un groupe, avec la remontée des comptes et les
prix de cession internes.
. évaluations de la performance en référence au marché, à l’aide du coût cible.

I) Les processus de pilotage de la performance externe

A L’analyse de la formation du résultat

Le résultat traduit l’enrichissement (ou l’appauvrissement ) de l’entreprise pendant une


période donnée. Le résultat comptable (ou fiscal) ne permet pas de juger le niveau de
rentabilité de l’entreprise, car il ne permet pas de savoir si et comment l’entreprise a créé la
richesse. La compréhension de la performance peut provenir d’une analyse détaillée du
compte de résultat menée à l’aide des soldes intermédiaires de gestion. Le tableau des soldes
intermédiaires de gestion ( PCG 1999 ) permet d’appréhender plusieurs indicateurs de
performance économique.
- la marge commerciale et la production
- la valeur ajoutée produite
- l’excédent brut d’exploitation
- le résultat d’exploitation
- le résultat courant avant impôt
- le résultat de l’exercice

B L’analyse de la rentabilité d’exploitation et de la rentabilité financière

L’analyse de la rentabilité financière et économique des capitaux investis (ou Return ou


investissement, ROI ) peut être appréhendée à l’aide de différents ratios.

C L’analyse du risque d’exploitation et du risque financier

La performance financière se caractérise aussi par la capacité de l’entreprise à identifier,


éviter et maîtriser les risques, notamment le risque d’exploitation et le risque financier.

D La performance sociale

La performance sociale peut être définie comme le niveau de satisfaction atteint par les
individus participant à la vie de l’entreprise.

Page : 85
II) Le processus de pilotage de la performance interne

Le pilotage de la performance interne peut être approché sous des angles différents :
- la performance de l’organisation : calcul et analyse des écarts, tableau de bord.
- La performance à l’intérieur d’un groupe : les prix de cession internes, la remontée des
comptes.
- La performance en référence au marché : le coût cible

1°) L’analyse des écarts

l’analyse des écarts permet de constater les causes de dérapage entre les prévisions et les
réalisations. Ces écarts peuvent provenir des quantités consommées ou vendues, d’erreurs sur
les prix de vente, d’achat ou sur les coûts unitaires. Ces constations engendrent des mesures
correctives différentes selon les sources et la nature de l’écart relevé.

Lorsque le nombre d’écarts est trop important, le pilotage de la performance conduit à


sélectionner les plus pertinents et ceux dont l’amplitude présente des anomalies ; c’est la
gestion par exception. Les écarts sélectionnés font l’objet d’une étude spécifique.

Les actions correctrices visent à modifier les résultats futurs ou à réviser les normes et les
standards utilisés pour le calcul des coûts préétablis.

2°) le tableau de bord

le tableau de bord regroupe un ensemble d’indicateurs de pilotage, construits de façon


périodique, à l’intention d’un responsable afin de lui permettre de connaître l’état et
l’évolution de l’unité qu’il pilote et de guider ses décisions en vue d’atteindre les objectifs de
performance qui lui sont assignés.
Le tableau de bord est un outil de gestion particulier dont la fonction est de faciliter la
réactivité opérationnelle des managers sur les points clés qui leur sont délégués.
Il est limité aux points clés et n’est donc pas exhaustifs. Il doit fournir des résultats rapides. Il
fournit des résultats détaillés par centres de responsabilité. Il est composé d’indicateurs
monétaires et non monétaires. Il fait référence à un objectif (le budget ou un plan d’action).

Exemple
Extrait du tableau de bord du responsable du service après vente d’une entreprise spécialisée
dans le montage et la vente de micro-ordinateurs :

Tableau de bord du SAV


Responsable : M Moreau Exercice N
Critères Valeurs Valeurs Ecarts Valeurs exercice (

Page : 86
Exercice N objectifs N –1)

GARANTIES
Nombre d’interventions
Délai moyen d ‘attente
Durée moyenne d’intervention
Nombre de retours
Nombre de réclamations
Nombre de litiges
Coût total des « ré-interventions »
Coût moyen de l’intervention

3°) le prix de cession interne

le prix de cession interne est le prix auquel est échangé un bien ou un service entre centres de
profit d’une même entreprise ou d’un même groupe, dans le cadre d’une relation client –
fournisseur.
Un prix de cession interne est le prix auquel un service d’une entreprise ou d’un groupe va
vendre ses prestations à un autre de l’entreprise ou du groupe. Il n’y a pas de transaction au
sens juridique du terme mais reconstitution de relations clients – fournisseurs entre différentes
divisions de l’entreprise. L’objectif est d’évaluer la performance de chacune de ces divisions,
de mesurer sa contribution au résultat de l’entreprise et d’accroître la motivation des
responsables.
La cession interne sera un produit dans le compte de résultat du service amont et une charge
dans celui du service qui reçoit la prestation. Plus son niveau sera élevé, plus la performance
du service amont sera facile à atteindre. La détermination du prix de cession interne est donc
importante et délicate.

Exemple
La société possède deux établissements (A et B) qui fabriquent des produits différents.
Chaque établissement vend directement ses produits sur le marché. Cependant,
l’établissement B, mieux situé géographiquement, peut acheter les produits de
l’établissements A pour les commercialiser. La direction de ….. a fixé le prix de cession
interne au prix de vente sur le marché diminué de 20 % . cette réduction tient compte des frais
de distribution qui ne sont plus supportés par l’établissement A mais par l’établissement B.

PCI
Etablissement A Etablissement B

PV PV

………………………………..Marché…………………………….
PV : prix de vente sur le marché
PCI : prix de cession interne = prix de vente sur le marché x ( 1-20%)

4°)La remontée des comptes (reporting)

Le reporting est un document synthétique destiné à remonter vers le sommet de la hiérarchie,


pour rendre compte des activités réalisées au cours d’une période, soit par des services
opérationnels à la direction générale, soit par des filiales à leur maison mère. Les « comptes
rendus d’activités » peuvent prendre des formes diverses : compte de résultats simplifiés,
situations comptables, tableaux d’indicateurs….
Ces documents sont normalisés au sein d’un groupe, afin que les « reporting » des filiales
puissent être rapidement consolidés.

Page : 87
5°) Le coût cible

Le coût cible (ou coût objectif) est défini à partir du prix du marché et d’une marge
recherchée :

Coût cible = prix du marché – marge

L’essentiel est de partir du prix du marché pour déterminer un coût à ne pas dépasser.
Le coût cible est donc prévisionnel et se définit pour la période de conception du produit. Il
est ré-estimé régulièrement, au fur et à mesure que l’on progresse vers la phase de mise sur le
marché. Le coût cible est une contrainte à priori que l’entreprise doit respecter dans le cadre
du développement du produit, compte tenu des attentes des clients et de la marge fixée (au
plan stratégique).

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