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Sceau

Un sceau, ou un scel, est une empreinte destinée à garantir


l'authenticité d'un document ou d'une information, et à rendre
évidente son éventuelle divulgation ou son altération. Le terme
désigne également l'objet, la matrice qui permet de réaliser cette
empreinte, ou la marque qui symbolise l'appartenance à un groupe
d'ordre divers, comme un parti politique ou une communauté
religieuse. Un bâton de cire à cacheter, un
sceau (une empreinte), et un sceau
L'étymologie du terme vient du grec ancien σφραγίς / sphragís, (cachetant une lettre).
en latin anulus, au Moyen Âge le latin signum, sigillum (diminutif
1
de signum) ou bulla, voulant dire « signe » .

On peut distinguer les sceaux à encre, très utilisés depuis l'Antiquité en Asie orientale et qui permettent de
signer des documents de papier, et d'autre part les sceaux en relief qui impriment un motif sur une matière
molle qui va durcir rapidement : argile humide, cire à cacheter chauffée à la flamme, plomb.

Dès l'Antiquité, il a été remarqué qu'il était extrêmement difficile de réaliser un faux sceau convenable à
partir de l'empreinte authentique d'un sceau en relief. En permettant de réaliser des empreintes
remarquables, des matériaux modernes comme le silicone ruinent cependant la garantie de confidentialité et
d'authenticité de ces sceaux.

Le contre-sceau est une empreinte appliquée sur le revers du sceau à partir du xiiie siècle pour éviter toute
fraude ou erreur en ajoutant une autre figuration. C'est également un sceau apposé à côté d’un premier pour
authentifier un document. Le contre-sceau en général de taille plus petite que le sceau est apposé sur le tiret
de parchemin (petit morceau de parchemin long et tortillé, servant à relier des documents entre eux).

L'étude des sceaux fait l'objet d'une discipline, la sigillographie.

Histoire

Préhistoire

Les premières utilisations des sceaux sont constatées en Mésopotamie au milieu du VIIe millénaire av. J.-C.
et au cours de la période de Hassuna sur les sites de Bouqras et Tell es-Sawwan. Les sceaux qui
s'impriment sur de l'argile apparaissent sur de petits couvercles blancs et garantissent, sinon la « propriété »,
la provenance du contenu du récipient scellé. À la fin de la période de Samarra, au Centre et au Nord de la
Mésopotamie, ces sceaux semblent être des dispositifs «  contractuels  » largement utilisés au côté de
statuettes brisées. La Culture de Halaf (vers 6100 av. J.-C. - 5200 av. J.-C.) semble également en faire un
usage intensif. Les chercheurs voient dans l'utilisation de ces sceaux un indice de contrôle d'une société
Note 1, 5, 6
dont les structures se complexifient de plus en plus .
Antiquité

Au cours du IVe  millénaire  av. J.-C., toujours en Mésopotamie,


apparaissent les premiers sceaux-cylindres. Les premiers sont
découverts dans les niveaux du Moyen Uruk et sont utilisés
pendant deux millénaires. Comme pour le sceau précédents, ils
permettent d'imprimer sur de l'argile fraîche un motif en relief. Mais
ceux-ci sont plus raffinés et leur complication rend leur sécurité
plus accrue. Eux aussi permettent de garantir l'identité de la
personne ayant réalisé un document ou ayant fermé un récipient.
Une figure majeure, «  l'homme à la jupe en filet  » (ou «  roi-
prêtre  ») y est souvent représentée ainsi qu'un homme chassant le
lion, attributs ou prérogatives connus plus tard dans l'histoire de la
7, 8
Mésopotamie comme ceux des rois, prêtres et guerriers .

La reine Jézabel, dans l'ancien testament, utilise l'anneau de son


époux Achab, pour sceller ses ordres. Sceau sur un vieux potelet
néerlandais en pierre.
Les sceaux, toujours en argile, sont également utilisés dans l'Égypte
antique sur les papyrus ou sur les tombeaux.

Depuis le début du IIIe millénaire av. J.-C. jusqu'aux siècles


obscurs, les sceaux de toutes sortes étaient produits dans les îles de
la Mer Égée et la Grèce continentale. Dans la civilisation
minoenne, ils sont formés à partir d'ivoire, de pierre tendre puis de
pierre dure (ce qui exige de nouvelles techniques de gravure),
montrant des formes caractéristiques. L'âge du bronze tardif voit le
développement de sceaux en forme de lentille et d'anneaux à
signer, ces éléments se retrouvent les siècles suivants. L'époque
hellénistique est caractérisée par des sceaux en intailles qui
Sceau et son impression moderne
deviennent une forme d'art du luxe, comme en témoigne la
avec motif géométrique de la période
collection qu'en fait le roi Mithridate VI (ce type d'art et de de Halaf. Provenance : Syrie du Nord
collection durera jusqu'au xixe siècle). Parallèlement à ce mode de (vers 5600 av. J.-C. -
preuve, la Grèce antique utilise également la chirographie alors que 2
5000 av. J.-C.) . Metropolitan
les Romains privilégient d'abord les témoins pour authentifier les Museum of Art.
actes mais devant la multiplicité des écrits, adoptent la subscriptio
(littéralement « inscription au bas ») accompagnée d'un
seing (souvent un monogramme) ou d'un sceau
(empreinte réalisée par un cachet ou un anulus
9
signatorius, anneau à signer) .

Les sceaux de plomb apparaissent au ive siècle et ceux


de cire au xiie siècle.
Sceau-cylindre de jaspe et son empreinte. Uruk,
IVe millénaire av. J.-C.
Moyen Âge

Au Moyen Âge, le sceau devient l’unique moyen d’authentifier un document. En plus de faire office de
signature, il permet de garantir la confidentialité d’un message mais également de certifier son origine. Il
était constitué par un cachet de cire imprimé par une matrice faite de bois ou de métal au motif trop
compliqué pour être reproduit de façon certaine. Ces matrices de sceau pouvaient être des anneaux
sigillaires faits également de métal ou encore de
pierres gravées de facture antique ou médiévale (soit
enchâssée dans une monture d’anneau ou pendue à
un lien).  

Dès le xie  siècle se développe parallèlement au


notariat, le « sceau pendant » à la charte par des lacs
de soie ou des lanières de cuir, ou encore des
morceaux de parchemins. Le sceau pendant est
constitué de deux parties appelées sceau et contre-
sceau reliées ensemble sur leurs revers enfermant
ainsi le lacs. Le sceau est obligatoirement plus grand
Sceau en argent de la famille Ciciarelli de Cicerello. que le contre-sceau permettant à ce dernier de
renforcer le caractère personnel de la signature.
Rapidement le sceau pendant se développe à
d’autres types de sigillants (personne possédant un sceau). Ainsi se développent différents types
iconographiques en fonction du statut social des sigillants.

Epoque moderne

En 1554, Henri II, dans son ordonnance de Fontainebleau, rend la


signature obligatoire chez les notaires  : le seing du notaire se
substitue progressivement à la signature des différentes parties, son
sceau nominatif (signum nominis) devenant l'ancêtre de la signature
10
moderne .

L'augmentation de la production d'actes scellés à partir de la fin du


Moyen Âge entraîna la multiplication des petites chancelleries
délivrant les actes scellés à partir du xvie siècle et jusqu'à la fin de
l'Ancien Régime.

Moulage du contre-sceau du grand


Époque contemporaine sceau de Louis XIV, roi de France.
Archives Nationales SC-D116 bis.
Au xixe  siècle, les scellés servent essentiellement à garantir le fret
des marchandises et sont à base de fils de fer torsadés.

Les « pains à cacheter », très petits pains minces et ronds dont on se servait pour cacheter les lettres, étaient
composés de pain azyme, auquel on ajoutait des colorants comme de l'indigo en fine poudre, du noir de
fumée ou des décoctions de cochenille, de safran, de curcuma, etc.

Types de sceaux
Si elle est faite directement sur le document on parle de sceau plaqué, une variante, le sceau rivé, consistait
à fixer le sceau au document en le rivetant au recto, si l'empreinte est appendue au document on parle de
sceau pendant. Ce dernier est appendu au document par le biais d'une cordelette appelée lac ou d'un
lambeau de parchemin appelé queue, si celle-ci est dédoublée, on parle de double queue. La chancellerie du
roi de France utilisait des codes couleurs : lacs de soie verts et cire verte pour les actes à valeur perpétuelle,
couleur blanche pour les actes à durée limitée et cire rouge pour les missives secrètes.
Les sceaux avaient
aussi plusieurs formes: une forme ovale, forme d'ogive ou en navette (réservée
aux dames et aux ecclésiastiques, les hommes d'église) et une forme ronde
(pour tous les autres). Les sceaux en plomb, appelés "bulles", étaient réservés
au pape et à l'empereur.

Il y a quatre types de sceaux : en majesté (représentant une personne assise),


équestre (personne à cheval), en pied (représentant une personne debout) et les
sceaux armoriés (représentant des armoiries). Il existe aussi des sceaux dit :
Sceau de l'abbaye de
Bouxières-aux-Dames.
Symbolique ou emblématique (représentant par exemple les outils
d'un métier d'une corporation)
Architectural (représentant certains éléments de l'architecture d'une
ville)
Naval (représentant un port ou des navires)
Hagiographique (représentant des scènes de la bible, des saints)

À l'origine, l'empreinte n'avait qu'un côté, mais pour avoir plus de sécurité, on prit l'habitude d'apposer un
deuxième sceau au revers du premier, ce qui devint le contre-sceau.

Chevalière ou anneau sigillaire, est une bague à large chaton sur laquelle sont gravées
des armoiries ou des initiales. La chevalière destinée à servir de sceau (sigillum) présente
un motif gravé en creux qui a varié de l'Égypte antique jusqu'à nos jours.

Conservation des sceaux


Les bulles, cachets et sceaux anciens de cire d'abeille se fragilisent
en vieillissant.
Les sceaux de cire anciens ont parfois été protégés
par un berceau de cire naturelle plaqué en négatif sur la cire rouge
ou verte du sceau original.

Les conservateurs distinguent les altérations physiques (fentes, bris,


traces de frottement, encrassement) des altérations biologiques
(moisissures, trous ou galeries d'insectes) et altérations chimiques
(ou biochimiques) encore mal comprises qui se traduisent par des
décolorations, une cristallisation, un écaillement, la production d'un
dépôt blanchâtre ou une dégradation fragilisant irrémédiablement le
Sceau de l'abbaye d'Œlinghausen sceau.

(Rhénanie, 1284), portant Les lacs, éventuellement gorgés de cire, peuvent aussi se dégrader
l'inscription : S. ecclesie in à cause de réactions chimiques avec le support (parchemin ou
ulinchusen textile de soie ou de chanvre le plus souvent, ou papier), ou avec
des encres, colorants ou autres substances ayant contaminé le
support ou le sceau. Certains cachets contiennent du plomb toxique
ou sont en plomb pur. Tous ces matériaux sont sensibles à l'hygrométrie, plus encore qu'à la lumière. Enfin,
il faut absolument éviter de les toucher à mains nues, car les sels de la sueur peuvent suffire à enclencher
une corrosion irréversible des pièces anciennes.

À partir du xve siècle, les cachets sont souvent fait de « cire-laque » (ou « cire d’Espagne ») matériaux très
cassant.

Le restaurateur peut éventuellement souder des fragments grâce à une pointe fine chauffante à température
variable ou combler des lacunes, avec un matériau de couleur légèrement différente et un léger retrait pour
ne pas cacher la restauration.
Pour permettre aux historiens et chercheurs de travailler plus facilement, les archivistes ont développé
diverses techniques de moulage de sceaux, dès le milieu
du xixe siècle. Le Service français des sceaux des
Archives nationales conserve ainsi environ 100  000 modèles de sceaux issus des Archives nationales,
11
départementales, communales, ou encore de bibliothèques ou de musées .

Usage contemporain du sceau


L'apposition d'un sceau peut être réalisée sur de nombreux objets.

Sur un document écrit, le sceau confirme la véracité de la signature,


ou tient lieu de signature dans certains cas. Le sceau peut également
avoir pour rôle d'empêcher l'ouverture discrète d'une enveloppe ou
de tout autre contenant ou dispositif (comme les machines à voter),
garantissant que l'information présente à l'intérieur n'a été ni altérée,
ni divulguée.

Une entreprise peut sceller un compteur d'eau ou d'électricité afin


de décourager d'éventuelles manipulations frauduleuses de
l'appareil (dans ce cas, en général les sceaux sont en plomb).
Sceau de la république du Bénin.
La justice ou les douanes peuvent également faire usage de sceaux.
Dans le cadre judiciaire, des magistrats ou des policiers peuvent
sceller des locaux pour éviter que des indices importants dans une enquête soient modifiés. Pour les
douanes, elle permet d'assurer que des conteneurs n'ont pas été ouverts après leur inspection.

Les sceaux sont largement utilisés pour garantir l'intégrité et l'originalité d'un produit. Ils peuvent être très
solides, ou au contraire très fragiles pour témoigner de la moindre tentative d'effraction. Ils peuvent être
passifs ou actifs (faisceau lumineux passant dans une boucle de fibres optiques par exemple, ou circuit
électronique). Une forme très courante sont les emballages à témoin d'ouverture, provoquant une
déformation irréversible du système s'ils ont été ouverts. Ainsi un système de scellement de document de
type ruban à cacheter est fabriqué par la firme 3M. Ces bandes d'adhésion instantanée fonctionnent sur la
plupart des surfaces (papier, métal, plastique, bois, verre). Toute tentative d'ouverture est sanctionnée par
une empreinte de couleur après le décollement, la délamination du support, des amorces de déchirure sur les
bords dentelés, etc.

Sceau informatique
Dans le domaine de l'informatique il est possible de sceller des données pour authentifier leurs origines et
assurer leurs intégrités à l'aide d'un sceau ou un code d'authentification de message (MAC).
Ce procédé est
souvent utilisé après le hachage de données.

Illustrations


Sceau artisanal aux Sceaux du Chapitre Sceau de notaire Grand Sceau de la


initiales D-N de Saint-Thomas. royal (1660). République
découvert dans une Silbermann, G. Archives de la française, Hôtel de
grotte d'Authon ((lithogr)). 1860. famille De Clarens Bourvallais, Paris.
(Alpes-de-Haute- Bibliothèque (De Villeneuve).
Provence). nationale et
universitaire de
Strasbourg.

sceau et contre-
sceau de la
commune de Corbie
(XIIIe siècle).

Notes et références

Notes
1. Il est fort probable que l'invention de l'écriture soit un prolongement de l'utilisation des
sceaux. Au IVe millénaire av. J.-C. apparaissent des jetons sur lesquels est sculpté un
symbole. Ces jetons sont ensuite imprimés sur des tablettes d'argiles. Mais c'est une
hypothèse qui n'est pas encore formellement avérée : ces jetons pourraient tout aussi bien
être apparus après l'invention des tablettes et n'avoir servi qu'à uniformiser l'usage des
symboles 3, 4.

Références
1. Joseph Roman, Manuel de sigillographie française, A. Picard et fils, 1912 (lire en ligne (http
s://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k955352)).
2. (en) « Stamp seal and modern impression: geometric pattern » (https://www.metmuseum.org/
art/collection/search/327236), sur Metropolitan Museum of Art (consulté le 27 mai 2020).
3. Erik Gubel et Bruno Overlaet, De Gilgamesh à Zénobie : Trésors de l'antiquité. Proche-Orient
et Iran, Bruxelles, Musées Royaux d'Art et d'Histoire & Fonds Mercator, 2007, 304 p., p. 37
4. Oates 2012, p. 483.
5. (en) Joan Oates, « Southern Mesopotamia », dans D.T. Potts, A Companion To The
Archealogy Of The Ancient Near East, Oxford, Blackwell Publishing Ltd., 2012
(ISBN 978-1-4051-8988-0), p. 478-479
6. (en) Joan Oates, « Prehistory and the Rise of Cities in Mesopotamia and Iran », dans Colin
Renfrew (dir.), The Cambridge World Prehistory, Cambridge, Cambridge University Press,
2014, p. 1478
7. Jean Bottéro, Mésopotamie. L’écriture, la raison et les dieux, Gallimard/NRF, 1987, p. 191 et
s.
8. Oates 2012, p. 482.
9. Delphine Majdanski, La signature et les mentions manuscrites dans les contrats, Presses
Univ. de Bordeaux, 2000 (lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=mg06nZrr_YAC&pg
=PA28&dq=Henri+II+%2B+ordonnance+de+Fontainebleau+%2B+signature)), p. 24
10. Delphine Majdanski, op. cité, p. 26.
11. document mars 2007 [PDF] (http://cths.fr/_files/an/pdf/bulletin12.pdf), de Marie-Adélaïde
Nielen Conservateur responsable des collections sigillographiques du Centre historique des
Archives nationales

Bibliographie
Lucie Jardot, Sceller et gouverner. Pratiques et représentations du pouvoir des comtesses
de Flandre et de Hainaut, xiiie  – xve  siècle, PUR, 2020.
Johnston R., Témoins d'effraction : les scellés, Pour la Science, février 2008, p. 82-89

Articles connexes
Cire à cacheter
Bulle d'or
Grand sceau de France
Grand sceau du Royaume-Uni
Intaille
Sceau (Extrême-Orient)
Sigillographie
Scellés

Fonctions

Chancelier
Garde des Sceaux

Liens externes
Sur les autres projets Wikimedia :
Sceau (https://commons.wikimedia.org/wi
ki/Category:Seals?uselang=fr), sur
Wikimedia Commons
sceau, sur le Wiktionnaire
Musée du Sceau de La Petite Pierre (http://www.musee-sceau.com/)
Le costume au Moyen Âge d'après les sceaux, sur le site de la BNF (https://gallica.bnf.fr/ar
k:/12148/bpt6k95365f)
Sigilla - Base numérique des sceaux conservés en France (http://www.sigilla.org)

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