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21/12/21 9:43 Protéger la santé des Parisiens au XVIIIe 

siècle : savoirs urbains et action policière

Histoire, médecine et santé


6 | automne 2014

Santé mentale
Varia

Protéger la santé des Parisiens au


XVIIIe siècle : savoirs urbains et
action policière
Nicolas Vidoni
p. 97-110
https://doi.org/10.4000/hms.728

Résumés
Français English
La Lieutenance générale de police de Paris, au siècle des Lumières, développa une «  politique
policière de santé » urbaine en direction des habitants. Dépassant la lutte contre les épidémies, elle
devint préventive et s’intéressa aux liens entre les êtres humains et leur environnement. Elle
mobilisa pour cela des savoirs urbains de pointe, en produisit de nouveaux, et intégra dans sa sphère
la Société Royale de médecine, qui lui permit d’agir directement sur la matérialité urbaine pour
améliorer la santé des Parisiens.

During the 18th century, the Lieutenance générale de police of Paris pursued a public health policy,
especially in urban space. Beyond the struggle against plagues, the police became “preventive”, and
focused on links between men and environment. New knowledge had been mobilized, and
Lieutenance produced itself urban knowledge to act. The Société Royale de Médecine had been
included in the police sphere to act with more efficacy and to improve the health of Parisians.

Entrées d’index
Mots-clés : police de la santé, Lieutenance générale de police, Paris, savoirs urbains, topographies
médicales
Keywords: urban knowledges, medical topography, Paris, health and police

Notes de l’auteur

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La rédaction de cet article a été effectuée dans le cadre du programme ANR « Systèmes Policiers
Européens, XVIIIe-XIXe siècle », n° ANR-12-BSH3-0004.

Texte intégral
1 Jacques Peuchet, auteur pour l’Encyclopédie méthodique de deux volumes sur la
Jurisprudence, et particulièrement les Municipalités, écrivit en 1791 que la « santé est un
des soins principaux de police humaine ; elle veille sur tout ce qui pourroit altérer [l’être
humain] depuis le moment de sa naissance, jusqu’à l’instant où il cesse de vivre »2. En vue
de préserver cette santé, il recommandait que les autorités policières rencontrent les
médecins et travaillent ensemble. La combinaison des forces politiques et scientifiques
permettrait une action rationnelle, répondant à des problèmes clairement identifiés qui ne
pouvaient entraîner qu’une politique adaptée.
2 Loin de présenter une idée révolutionnaire, Peuchet ne fit que systématiser
intellectuellement ce qu’il avait pu observer au cours de sa carrière au sein de la
Lieutenance générale de police de Paris. Créée en 1667, l’institution était considérée à la
fin de l’Ancien Régime par Louis-Sébastien Mercier comme un ministère sans le titre en
raison de l’importance prépondérante qu’elle tenait dans l’administration de la capitale3.
Or, une évolution notable eut lieu à partir des années 1770, qui fut celle d’une association
plus grande de la Lieutenance avec les institutions scientifiques du temps en vue de mettre
en pratique une politique de préservation de la santé des habitants. La Lieutenance
profitait, en effet, de changements importants dans le monde médical, tant d’un point de
vue institutionnel que scientifique. Pour autant, s’est-il agi d’une «  police médicale  »4  ?
Pour le comprendre, l’on peut croiser une histoire des pratiques policières et des savoirs
sur la ville, notamment médicaux, pour déceler une politique policière de santé. Une telle
politique existait depuis longtemps, particulièrement lors des épidémies de peste ou lors
des contagions. Les cités d’Italie l’avaient initiée dès le XVe siècle, en l’intégrant dans les
structures pérennes de gestion de l’espace urbain5. Le XVIIIe  siècle, sous l’influence des
Lumières et des évolutions de la pensée médicale, ainsi que sous l’effet des volontés de
réforme de l’administration, vit parfois les attentes des administrateurs et des médecins
converger pour accroître le «  bien public  », en particulier dans les grandes villes
considérées comme des lieux dangereux et de désordre6. L’attention à l’espace urbain, à la
matérialité des villes, se conjugua avec un regard porté sur les individus, et plus
généralement la population, qui dessina progressivement le passage d’un âge disciplinaire
puis sécuritaire à une véritable « biopolitique », dont Michel Foucault situait la genèse au
siècle des Lumières finissant7.
3 À Paris, sur quels fondements reposa cette politique policière ? Et dans quelle mesure
constitua-t-elle une inflexion des pratiques anciennes ? Elle s’adossait tout d’abord à une
exigence de salubrité publique depuis longtemps proclamée dans la capitale, sans que les
autorités ne parviennent à la mettre systématiquement en œuvre. À partir de  1667, la
Lieutenance, elle, mobilisa progressivement les ressources intellectuelles des médecins et
des savants pour répondre épisodiquement aux problèmes de salubrité et de santé. Dans le
même temps, elle spécialisa quelques-uns de ses agents de terrain dans les questions
médicales. La rencontre devint plus systématique et institutionnalisée dans la deuxième
moitié du XVIIIe siècle, notamment par les liens qu’entretinrent les Lieutenants généraux
avec les membres de l’Académie des Sciences, puis de la Société Royale de Médecine et le
collège de Pharmacie. Ces liens bientôt consubstantiels par les conceptions similaires du
« bien commun » qui furent élaborées par les médecins et les administrateurs, permirent
une nouvelle forme de politique policière dans la ville. Elle se traduisit par des actions de
régulation et d’assainissement micro-locales, menées de manière systématique dans toute
la ville. Elle impliquait, sur le terrain, les scientifiques et les agents de la Lieutenance.

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Les politiques policières de préservation


de la santé

Le problème classique de la propreté de l’espace


urbain
4 La propreté de l’espace urbain a toujours été une des préoccupations principales de la
police8. Au XVIe siècle, elle incombait à l’Hôtel de Ville de Paris, reposant sur le réseau des
agents de police élus dans les quartiers, qui étaient chargés de surveiller le nettoyage des
rues et de dénoncer les lieux sales et dangereux, que l’on identifiait comme capables de
provoquer la contagion (ou la « peste »). Le cadre municipal, au XVIIe  siècle, resta celui
du prélèvement de la taxe des boues et des lanternes, mais la surveillance du nettoyage
passa au Châtelet et à ses commissaires départis dans les quartiers de police.
5 Informé de la situation et des expériences de terrain, le Parlement composa, le 30 avril
1663, un règlement général sur le nettoyage dont le préambule explicitait les buts à
atteindre en matière d’hygiène et de propreté, moyens indépassables pour préserver la
santé des habitants9. Le problème effectif continua pourtant de se poser, ce qui prit un
tour nouveau en 1666, avec le déclenchement d’une épidémie dans le nord du royaume10.
L’épidémie, dont un des foyers principaux était Rouen, suscita des inquiétudes de
contagion dans tout le pays. Des dispositifs classiques de lutte dans la ville, ainsi que des
cordons sanitaires limitant les communications et les déplacements, furent institués pour
protéger la capitale. Mais ces démarches entravaient le commerce et nuisaient au
développement économique. Ce problème sanitaire et politique amena les autorités
monarchiques à repenser les formes pratiques de la police. Colbert institua alors un
Conseil de réformation de la police, chargé de créer une institution royale qui lui serait
dédiée à Paris, et dont une des missions serait de «  nettoyer  » la ville, au sens propre
comme au figuré.

Les objectifs policiers de la Lieutenance : sûreté


et propreté
6 Le Conseil de réformation se tint à l’hiver 1666-1667. Il avait pour première mission de
rédiger un code de police qui servirait de base juridique à l’action normative et régulatrice
des agents de la future institution. Ce code ne vit jamais le jour, car les membres du
Conseil, éminents au sein de l’administration, utilisèrent les règlements généraux
existants pour répartir les attributions entre les Lieutenances du Châtelet (civile,
criminelle et de police) et entre les institutions urbaines. Le règlement sur le nettoyage
de  1663 servit ainsi de cadre d’action pour assurer la propreté des rues. Le Conseil de
réformation réaffirma même le caractère fondateur de ce règlement, qui devait encadrer
toutes les pratiques de régulation11. L’enjeu était ici politique, et non pas sanitaire. Il
s’agissait pour la monarchie d’associer au nettoyage de la ville le Parlement, qui prétendait
encore, vingt ans après la Fronde, détenir la haute police sur la ville12. La norme juridique
était ainsi celle formulée par le Parlement, mais l’application en revenait désormais aux
agents du roi.
7 Le chancelier Séguier, pour marquer l’importance de cette politique d’épuration des
rues, affirma aux commissaires et au public que Louis XIV marcherait dans les rues pour
constater l’état sanitaire du pavé et la sûreté de l’espace urbain13. En fait de roi, plutôt
désireux de s’éloigner de cette capitale turbulente, c’est Colbert qui imagina le projet

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d’épuration de la ville, afin de restaurer l’image de Paris censée refléter la grandeur


universelle du monarque français. L’innovation ne fut donc pas juridique, mais pratique.

La politique policière d’épuration de l’espace urbain


8 La politique policière suivit deux directions. La première fut celle d’une plus grande
attention de la part des commissaires au respect par les habitants des règles de balayage et
de jet d’ordures. Leurs visites semblent s’être intensifiées, et le Conseil de réformation
retint pour cela un groupe restreint de 23 commissaires au sein des 48 alors en fonction.
Parmi eux, certains furent missionnés pour visiter la ville et relever toutes les infractions.
De plus, le commissaire Galliot fut chargé de repenser le découpage des quartiers pour
favoriser le transport des déchets dans les tombereaux, et évacuer au mieux les matières
organiques capables d’infecter la ville. La population fut associée à cette politique
répressive, et écrivit au nouveau Lieutenant de police pour qu’il fasse fermer des cloaques
dans Paris14.
9 La seconde fut de contrôler plus strictement les arrivées de migrants dans la ville15. La
«  peste  » qui sévissait dans le nord du royaume, particulièrement à Rouen, rendit les
arrivants encore plus suspects aux yeux des autorités et du public16. Déjà soupçonnés
d’attiser la criminalité et la délinquance, les migrants étaient en sus accusés de transporter
les maladies qui pourraient dépeupler la capitale. Pour répondre à ce danger, le
commissaire Manchon fut chargé de rendre compte de la situation sanitaire et sociale de
personnes suspectes, en surveillant certaines maisons17. Son exemple permit d’élaborer
des certificats de non-contagion, qui furent imprimés et distribués aux commissaires. Ces
derniers procédaient au contrôle du parcours des migrants, et après une quarantaine,
remettaient aux personnes arrivées à Paris le certificat qui leur permettait de parcourir
les rues.
10 À partir des années 1670, le commissaire Delamare procéda à la mise en système de ces
dispositifs, en composant le célèbre Traité de la police. Au-delà de la compilation
réglementaire qu’il effectua, il présenta la mission de nettoyage comme une des deux
missions principales de la police, prenant pour modèles les édiles de la Rome antique qui
favorisèrent la salubrité de la ville, la santé des habitants et la prospérité de cette
capitale18. La santé des personnes participait ainsi de la richesse du royaume19, et
contribuait à assainir physiquement et moralement les villes, toujours considérées, malgré
tout, comme des lieux de perdition potentielle. La politique policière répondait ainsi aux
aspirations dévotes des sphères dirigeantes, et encadrait plus fortement les relations
sociales sur le terrain20. Ce moment fut important, puisqu’il détermina une politique
policière structurelle d’attention à la propreté de l’espace urbain, qui fut perpétuée tout au
long du XVIIIe  siècle, les défauts de nettoyage étant constamment la première cause de
condamnations à l’audience de police21. Les commissaires, les inspecteurs et leurs
indicateurs furent ainsi attentifs à la présence d’animaux dans les cours, à l’état des
latrines et aux jets de matières organiques dans les rues. Une inflexion eut toutefois lieu
dans la deuxième moitié du siècle des Lumières, quand la Lieutenance mobilisa les
institutions académiques et médicales pour fonder scientifiquement son action.

Une politique policière rationnelle : la


mobilisation des institutions de santé
11 Le but de la Lieutenance au XVIIIe  siècle fut de produire un «  ordre public  » qui
apparaîtrait à la population et aux autres autorités comme «  naturel  ». Pour cela, elle

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s’occupa de réguler les désordres qui avaient lieu dans l’espace urbain commun. En
matière de santé, elle régula la vente des remèdes, voulut connaître la santé des habitants
par rapport à l’état sanitaire matériel de la ville, et mobilisa pour agir les savoirs médicaux.

Encadrer puis réguler le marché des remèdes


12 Dès sa création, la Lieutenance fut confrontée à la question de la vente des remèdes
dans l’espace public urbain. L’épidémie des années 1660-1670 attira à Paris des vendeurs
de potions qui présentaient leurs produits comme une alternative aux remèdes classiques,
mais qui affirmaient également aller dans les lieux où l’épidémie sévissait, à la différence
des médecins autorisés22. Ils mettaient ainsi à bas le système de contrôle de l’activité
médicale par les autorités et contribuaient à dénigrer auprès du public les savoirs
institués, ce qui remettait en cause l’ordre public. La Lieutenance ne parvint véritablement
à encadrer ce problème que dans les années  1770-1780, avec la création de la Société
Royale de Médecine. Elle le fit sous la Lieutenance de Lenoir, très lié à Vicq d’Azyr,
secrétaire perpétuel et premier vice-président de la Société23. Cette dernière, dont la
genèse fut difficile, absorba en  1778 la Surintendance des eaux minérales et médicinales
qui incombait depuis  1709 au premier médecin du roi et qui était devenue en  1772 la
Commission royale de médecine24. Un problème pratique se posait au Lieutenant général ;
chargé d’interdire les «  charlatans  », il devait attendre que la Commission invalide les
remèdes proposés pour faire cesser sur le terrain la vente de ces produits. L’initiative
revenait donc à l’institution scientifique, ce qui déplaisait fortement aux autorités
policières, désireuses d’agir avec célérité. En effet, la police, devenue plus préventive au
XVIIIe siècle, cherchait plutôt à disposer d’une instance scientifique capable de répondre
rapidement à ses demandes. C’est pourquoi Lenoir soutint le projet de Lassone et Vicq
d’Azyr de création d’une Société Royale de Médecine, contre l’opposition de la
Commission, de l’Académie et de la faculté de Médecine. La Société pourrait produire un
savoir sur la ville en adéquation avec les attentes de la Lieutenance.

Les savoirs urbains policiers : la santé


des habitants
13 En 1778, dans le projet de préambule aux lettres patentes qu’il rédigea pour le procureur
général en Parlement, Lenoir insista grandement sur le lien entre la police et la santé des
habitants :

La santé de nos sujets est un des objets les plus intéressants auxquels nous devons
porter notre attention. Nous étant fait représenter les édits, déclarations et lettres
patentes par lesquels les Rois nos prédécesseurs ont établi dans les villes principales
de notre royaume, des facultés ou des collèges de Médecine, à l’effet d’y enseigner
cette science et de constater les talents de ceux qui l’exercent […] et enfin l’arrêt de
notre Conseil du 29 avril 1776 portant établissement d’une société de médecins par
nous choisis et spécialement chargés de s’occuper de l’étude et de l’histoire des
épidémies connues, de se ménager des correspondances avec les meilleurs médecins
des provinces et même des pays étrangers, nous aurions reconnu que cette société
[…] a rempli dignement nos espérances ; que les médecins les plus habiles de notre
capitale et de nos provinces […] ainsi que plusieurs physiciens distingués […] lui ont
communiqué un grand nombre d’observations intéressantes, nous aurions aussi été
informés que nos provinces ont déjà ressenti les bons effets des travaux et des
instructions de ladite société25.

14 L’apport de ce réseau de savants était de mobiliser un ensemble plus large


d’informations scientifiques, car cette création institutionnelle agrégeait aux savoirs

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médicaux les meilleurs médecins et chimistes. Lenoir initia alors une forme de régulation
du marché des remèdes plus au fait des progrès scientifiques, en particulier ceux relatifs à
la chimie, et plus proche des recherches poursuivies par les savants. Il avait par ailleurs
contribué à dévaloriser les recherches classiques, notamment celles menées par Raulin,
médecin ordinaire du roi qui n’utilisait absolument pas la chimie pour évaluer la qualité
des eaux26. La Commission royale de Médecine eût beau arguer qu’elle avait interdit
278  potions depuis  1772, elle apparut dépassée et inadaptée aux besoins pressants
de l’administration27.
15 La Société Royale de Médecine devait ainsi soutenir l’activité policière. Les structures de
l’action administrative n’étaient pas fondamentalement transformées, une institution se
substituant à une autre, mais cette création permettait de mobiliser des savoirs nouveaux,
à l’échelle du royaume et de l’Europe, et permettait de dépasser le système d’attribution
d’une charge qui faisait reposer l’expertise sur une personne. Les réseaux mobilisés
permettaient de démultiplier les ressources scientifiques, et d’initier de nouvelles
démarches d’évaluation de la santé des habitants.

Évaluer la ville et la santé des habitants


16 Les commissaires du Châtelet avaient depuis longtemps recouru aux médecins, voire
aux chirurgiens, pour apprécier une situation sanitaire en cas d’épidémie28. Des médecins
avaient d’ailleurs été régulièrement mobilisés, sans pour autant intégrer les structures
policières, ce qui se retrouvait dans d’autres villes du royaume29. La Société Royale de
Médecine, elle, fut créée pour répondre au besoin de la police de connaître la ville. Pour
cela, les lettres patentes de création définirent des missions précises, dont la première
était de composer des « topographies médicales ». Inspirées de la pensée de Sydenham30,
et réalisées dans l’ensemble du royaume par des correspondants, elles devaient suivre un
plan fixe, en onze étapes, dont le déroulement révèle la structure intellectuelle du projet,
attentive à replacer l’être humain dans son environnement. Les analyses portaient sur la
nature du sol, la position de la ville et son altitude, les vents dominants, la caractéristique
topographique (montagne ou plaine) et la situation des eaux (marais, inondations…), leur
qualité, le climat, les précipitations, la végétation, la culture des grains, le tempérament
des habitants et leurs habitudes sociales ainsi que les insectes les plus communs31. La
relation environnement-êtres humains déterminait le caractère des populations, suivant
en cela le schème d’un déterminisme géoclimatique. L’innovation tenait véritablement
dans la volonté de connaître le contexte naturel de l’habitat humain pour comprendre les
maladies régnantes et les combattre. Elle renversait une certaine passivité de
l’administration policière, qui n’intervenait précédemment que lors des épidémies, sans
pour autant agir sur l’espace urbain entendu dans sa matérialité.
17 Paris fut rapidement l’objet de recherches, puisque Vicq d’Azyr proposa, pour une
séance le 30  juin 1778, que Geoffroy vienne lire «  des observations sur la constitution
médicale des cinq premiers mois de cette année »32. La séance ne se tint pas, en raison de
l’hostilité de la faculté de Médecine. Mais la méthode, attentive à la constitution de l’air
dans les quartiers connut un grand succès, puisque les résultats de nombreuses recherches
encouragées par Lenoir furent rendus publics, notamment dans le Journal des Savants33.
Le succès fut tel que la faculté de Médecine, en 1780, lança elle aussi une série de grandes
enquêtes intitulées « mémoires sur les maladies régnantes »34.
18 Les travaux de Geoffroy sont perdus, mais la méthodologie est connue, car elle fut
reprise et systématisée sous l’Empire, qui confia aux membres de l’Institut des recherches
de terrain dont les rapports étaient transmis à un Conseil de salubrité présidé par le préfet
de Police35. Elles furent publiées, notamment dans les Annales de statistique, par exemple
en 1802, lorsqu’une épidémie se déclara dans le quartier St-Denis36. L’analyse des

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médecins se révéla rassurante, et la publication eut autant pour but de tranquilliser la


population que de rendre visible la lutte menée contre la contagion.
19 Un hiatus demeurait pourtant. La Lieutenance, pour agir, recourut souvent à des
architectes et à des experts. Ce fut moins le cas avec les médecins, qui ne parcouraient plus
les rues avec les commissaires à la fin du XVIIIe siècle. Cette différence tenait au fait que la
Lieutenance, désormais, disposait d’une réelle «  capacité à agir  »37 dans l’espace urbain,
justifiée par les savoirs scientifiques et médicaux, qui pouvait la dispenser de recourir aux
maîtres de l’art pour trouver une effectivité. L’administration parvint donc à inclure les
scientifiques dans son orbite, mais s’en affranchit dans le même temps en constituant un
débouché à leurs travaux et en créant une institution qui dispensait, outre une
« sanction » académique38, des moyens et des prix pour les recherches.

L’action de la Lieutenance : une « police


médicale » ?
20 L’Empire des Habsbourg connut le développement de sciences relatives à
l’administration, dont une spécifique portait sur la police, la Polizeiwissenschaft39. La
France resta quelque peu hermétique à ces sciences camérales, alors que des auteurs
comme le baron de Bielfeld diffusèrent ces questionnements, par exemple dans son
ouvrage intitulé Institutions politiques40. Mais il n’utilisa pas le terme de «  police
médicale », que L. Brockliss et C. Jones estiment correspondre à ce que les physiocrates
tentèrent d’instaurer en France41.
21 Il convient de s’interroger sur la pertinence de cette notion dans la police des désordres
urbains : la Lieutenance contribua-t-elle à améliorer la santé des habitants ?

Les théorisations d’une « police médicale »


22 Peu d’écrits ont théorisé de manière poussée l’idée de « police médicale » en intégrant
les dimensions du corps humain et de l’environnement urbain. Un de ceux qui est allé le
plus avant sur cette question est Le Bègue de Presle, dont l’ouvrage Le Conservateur de la
Santé expliquait combien la médecine, tout comme la police, devait être préventive,
notamment par des règlements adaptés42. Amplifiant le projet de Jaquin43, et dans un
contexte de publications s’adressant à « tout le monde », Le Bègue de Presle composa un
ouvrage qui incluait, en appendice, les «  objets des règlemens de police pour la
conservation de la santé  ». Cent-un articles étaient reproduits, et quatre-vingt-neuf
portaient sur la police urbaine, tant sur la police des chiens que l’organisation des métiers
ou le service des funérailles. Aucun plan structurant n’apparaissait dans cette compilation
ce qui, loin d’éloigner ce propos médical de la police, rapprochait au contraire la démarche
de Le Bègue de Presle de celle des écrivains de la chose policière. Ces derniers, au cours du
XVIIIe siècle, ont en effet toujours abordé la police à partir des matières sans proposer de
véritable structuration intellectuelle. Le Bègue de Presle envisageait ainsi la police
médicale à partir des pratiques, sans se référer à des auteurs ayant théorisé l’organisation
des pouvoirs et l’action de la police. Il approfondissait un petit traité qu’il avait fait
paraître en  1759, dans lequel il s’interrogeait sur les relations que les «  magistrats  »
devaient entretenir avec les médecins. Il appelait à systématiser un travail commun dans
le but de produire le bien public, qui passait par la prévention des dangers urbains, tant
ceux relatifs aux usages de la ville qu’à ceux portant sur les maladies du corps.
23 On ne sait si les agents de la Lieutenance connurent directement cet ouvrage qui fut
autorisé par la censure, dont Le Bègue de Presle était membre. L’auteur contribuait par

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ailleurs au Journal des Savants. Il n’était donc pas un obscur faiseur de projets, et
s’inscrivait pleinement dans une littérature utile pour le gouvernement dont les finalités
étaient pratiques. On peut donc légitimement supposer que son propos parvint aux
Lieutenants généraux, qui étaient sensibles à ces questions.
24 Le catalogue de la bibliothèque de Lenoir nous apprend en effet qu’il possédait un
exemplaire du livre Médecine domestique, ou Traité complet des moyens de se conserver
en santé de Guillaume Buchan, traduit en 1775 en français. L’ouvrage portait à la fois sur
le corps humain et sur la relation entre l’homme et son environnement (en particulier le
plus immédiat) et invitait à améliorer – entre autres – l’hygiène collective. Il inspira sans
doute Lenoir pour sa politique après l’intermède « physiocrate ».

Un Lieutenant général de police proche


des physiocrates : Albert
25 L. Brockliss et C. Jones prennent pour échelle d’analyse le royaume, notamment sous
l’action du seul gouvernement que l’on pourrait qualifier de physiocrate qui fut celui de
Turgot (1774-1776). Dans un paradoxe apparent, il n’initia pas de réforme de la police dans
un sens proprement médical pour ce qui regardait l’espace urbain. Il participa certes au
mouvement de réduction des dangers urbains et de secours aux personnes, mais il n’eut
pas le temps de transformer des pratiques depuis longtemps établies, ce que le Lieutenant
général Albert, un de ses proches, constata face à l’inertie des commissaires. Ce dernier
tenta de réformer en profondeur les cadres d’exercice de la police, en refondant les
quartiers de ville44. Les commissaires s’y opposèrent, car le projet visait plus généralement
à renouveler les liens politiques citadins, en supprimant les métiers et en attribuant aux
artisans et boutiquiers de la ville une partie des fonctions politiques et policières45. Il n’eut
donc pas le temps de proposer une police médicale, ce que son successeur, Lenoir, mit en
place sans utiliser le terme.

Lenoir et la police de la santé des Parisiens


26 Lenoir mit en œuvre de nouvelles formes de régulation des désordres urbains pour
protéger et améliorer la santé des habitants de la capitale, par le jeu de micro-régulations
qui furent systématisées à l’échelle de la ville. Dans ses Mémoires, il ne cita aucun grand
médecin. Il s’attacha plutôt à expliquer sa démarche à la tête de la Lieutenance. Il y
poursuivit l’objectif de «  réformer  » certains domaines de la «  santé  publique  »46, en
particulier des établissements (les bureaux des nourrices) ou des espaces dans la ville (les
cimetières, les hôpitaux). Aucun plan général sur une police médicale n’est exposé,
puisque la Lieutenance agissait ponctuellement. Ainsi, dans le domaine de l’inoculation,
bien connu de l’historiographie47, Lenoir fit installer en dehors de Paris des
« établissements [destinés à] propager l’inoculation »48. Le travail de protection des corps
fut complété par la prévention des dangers relatifs aux nouveaux matériaux utilisés pour
les biens d’usage courant. À une époque de développement du marché de
consommation49, Lenoir s’inquiéta de prévenir les dangers des ustensiles de cuisine
composés d’étain. Il demanda donc à Macquer, censeur royal et médecin de la faculté, son
avis sur l’ouvrage de Bibret, entrepreneur de la manufacture de batteries de cuisine qui
proposait un nouveau type de produits50. Sa réflexion porta également sur l’utilisation du
plomb et du cuivre, ce qu’il exposa d’ailleurs au public en 178051, et il utilisa le Journal des
Savants pour mettre en garde contre l’emploi de l’arsenic dans la fabrication des
chaudrons en plomb52. Il mettait ainsi en œuvre ce que Jaquin avait dénoncé dès  1762,
préconisant l’utilisation de la terre cuite pour les ustensiles de cuisine53.

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27 La prévention des dangers liés aux matériaux trouva un prolongement avec l’attention
portée par Lenoir aux débats sur l’emploi du mercure pour guérir les maladies
vénériennes, au moment de la création de l’hospice de Vaugirard spécialisé dans le
traitement de ces infections, à laquelle il prit une large part54. Il possédait d’ailleurs les
ouvrages de De Horne, qui réalisait une topographie médicale de la capitale, et Tuillier sur
le traitement au mercure55, et initia les prix de la Société Royale de Médecine portant sur
le traitement des maladies vénériennes, qui permirent notamment de proposer des
remèdes sans mercure, dont la nocivité était bien connue56.
28 La dimension préventive de la police apparaît ici pleinement, mais elle ressurgit dans un
autre domaine de l’activité policière que Lenoir n’inclut pas dans la partie « Santé » de ses
Mémoires, mais qui ressortirait plutôt à la «  Voirie  ». Il s’agissait des dangers liés aux
fosses d’aisance. Des problèmes fréquents d’asphyxie se posaient pour les vidangeurs, et
les commissaires étaient attentifs à ce que les fosses d’aisance soient hermétiques pour
éviter la diffusion des vapeurs méphitiques.
29 Un grand débat à l’échelle du royaume eut d’ailleurs lieu à propos des fosses d’aisance,
qui opposa Vicq d’Azyr et Marcorelle, médecin de l’Académie de Narbonne57. Le second
accusait le premier de lui avoir volé son invention, un ventilateur qui pourrait aérer les
fosses pendant le travail des vidangeurs.
30 Le débat fut tranché par une Commission de l’Académie des Sciences, du Collège de
pharmacie (créé en partie par Lenoir) et de la Société Royale de Médecine, qui déclara les
travaux de Vicq d’Azyr plus convaincants58. Un débouché industriel fut trouvé à ce
ventilateur quand Lenoir autorisa la création de la Compagnie du Ventilateur, et lui fit
octroyer un monopole pour la vidange des fosses à Paris59.
31 Les frères Cadet, ainsi que Vicq d’Azyr, furent associés à cette compagnie, ce qui valut à
Lenoir des accusations de concussion. Dans la pratique, chaque vidange s’effectuait sous
l’inspection d’un commissaire de police, puis d’un inspecteur du ventilateur qui officiait
pour la compagnie, mais rendait compte à la Lieutenance. Des condamnations furent
d’ailleurs prononcées pour des fosses non ventilées ou non aérées, notamment dans les
années  1780-1790, infraction qui n’était jamais réprimée auparavant puisque les
commissaires n’avaient pas les moyens de constater le « désordre » posé dans les rues60.
Désormais, la Compagnie distribuait régulièrement aux commissaires spécialisés dans
cette question des «  feuilles de [ses] travaux  » qui permettaient de «  surveiller  » la
conformité des travaux menés par ladite compagnie, tant d’un point de vue technique que
pour les questions de sécurité autour des fosses ouvertes61. Elle dénonçait également les
ouvertures de fosses qui s’effectuaient sans recourir à son ventilateur, ce qui permettait de
démultiplier dans la ville les « yeux » du magistrat de police, en chargeant une entreprise
privée de missions indirectes de police. C’est donc bien l’inclusion dans l’action
administrative du savoir scientifique sur les fosses de vidange qui permit à la Lieutenance
de resserrer son contrôle dans l’espace urbain.
32 Une certaine publicité, par l’intermédiaire du Journal de Paris (contrôlé par Cadet le
Jeune), fut donnée à cette politique policière de prévention des risques pour la vie des
vidangeurs et pour l’espace urbain62. Pédagogique et publicitaire, elle complétait une
nouvelle forme d’action administrative policière, attentive à la santé des habitants de la
capitale, mais qui reposait sur une meilleure connaissance de l’espace urbain, tant à
l’échelle de la ville qu’à des échelles beaucoup plus fines, le quartier ou la rue.

33 La protection de la santé des Parisiens par la police de la Lieutenance passa, entre 1667


et  1789, par une inflexion complète des relations entre sciences et administrations.
Dépendante à la fin du XVIIe siècle, sur le terrain, de médecins qui lui étaient extérieurs,
la Lieutenance en vint progressivement à s’agréger des experts de la santé, puis initia la
création d’une institution scientifique d’un nouveau type –  la Société Royale de
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Médecine – qui lui fournirait des outils nouveaux pour agir. Ces outils étaient constitués
d’états de la situation sanitaire de la ville (les «  topographies médicales  »), à différentes
échelles, rédigés par des savants à la pointe des savoirs scientifiques. Leurs connaissances
leur permettaient, en effet, de mieux envisager les relations entre l’environnement
matériel urbain et la santé des habitants, sans recourir pour cela à la seule médecine, en
partie bloquée par des oppositions institutionnelles. À ce titre, ils répondaient pleinement
aux attentes de la Lieutenance. Les scientifiques furent même utilisés pour agir, et
compléter, par la constitution d’entreprises privées agissant «  au service du public  »,
l’action des officiers de la Lieutenance. Ces expérimentations, tant scientifiques
qu’administratives, participèrent du processus d’émergence de l’idée de «  service
public  »63, qui trouva, en matière de santé, un domaine éminent de redéfinition des
rapports entre la population et l’État. Il se poursuivit d’ailleurs au moins jusqu’à
l’épidémie de choléra de  1832, qui semble avoir constitué un moment de redéfinition de
ces rapports et de l’appréhension intellectuelle par l’État de la situation sanitaire et sociale
de la ville64.

Notes
2 PEUCHET Jacques, Encyclopédie Méthodique, Jurisprudence, t.  IX et  X, La Police et les
Municipalités, Paris, Panckoucke, 1789, p. 725.
3 MERCIER Louis-Sébastien, Tableau de Paris, 1782, rééd. 1979, Genève, Slaktine Reprints,
chap. LXIII.
4 BROCKLISS Laurence et JONES Colin, The medical world of early modern France, Oxford,
Clarendon Press, 1997, p. 745.
5 CIPPOLA Carlo Maria, Contre un ennemi invisible, épidémies et structures sanitaires en Italie de
la Renaissance au XVIIe siècle, Paris, Balland, 1992.
6 MARIN Brigitte, «  Magistratures de santé, médecins et politiques sanitaires à Naples au
XVIIIe siècle : de la lutte contre les épidémies aux mesures d’hygiène publique », Siècles, Cahier du
Centre «  Espaces et cultures », n° 14, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 2001, p. 39-50.
Pour le rapport de l’Académie des Sciences parisiennes au «  bien public  », BRIGGS Robin, «  The
Académie Royale des Sciences and the pursuit of utility », Past and Present, n° 131, 1991, p. 38-88.
7 FOUCAULT Michel, Sécurité, Territoire, Population, Cours au Collège de France (1977-1978),
Paris, Gallimard/Seuil, 2004 et Naissance de la biopolitique, Cours au Collège de France (1978-
1979), Paris, Gallimard/Seuil, 2004.
8 BOUDRIOT Pierre-Denis, «  Essai sur l’ordure en milieu urbain à l’époque pré-industrielle. De
quelques réalités écologiques à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les déchets d’origine artisanale »,
Histoire, économie et société, 1988, 7-2, p. 261-281.
9 BnF, ms fr. 16847, fol. 113.
10 REVEL Jacques, «  Autour d’une épidémie ancienne. La peste de 1666-1670  », RHMC, 1970,
p. 954-983.
11 BnF, ms fr. 16847, séance du 2 novembre 1666, fol. 15.
12 PIASENZA Paolo, Polizia e città. Strategie d’ordine, conflitti e rivolte a Parigi tra sei e
settecento, Bologne, Il Mulino, 1990.
13 BnF, ms fr. 16847, séance du 10 novembre, fol. 17.
14 BnF, JdF 2530, fol. 127, lettre anonyme à propos de la foire St-Germain.
15 Sur la question des migrations urbaines, spécialement vers Paris, ROCHE Daniel (dir.), La ville
promise. Mobilité et accueil à Paris (fin XVIIe- début XIXe siècle), Paris, Fayard, 2000, chap. 1, 2
et 3.
16 BnF, JdF 2530, fol. 16, lettre anonyme de dénonciation d’un perruquier.
17 Ibidem, fol. 30, 109, 125, etc.
18 DELAMARE Nicolas, Traité de la police…, Paris, Jean & Pierre Cot, 1705, t. 1, idée reprise par son
continuateur LECLERC DU BRILLET pour le t. 4 portant sur la « Voirie ».

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19 GRENIER Jean-Yves, L’économie d’Ancien Régime. Un monde de l’échange et de l’incertitude,
Paris, Albin Michel, 1996.
20 BURGUIÈRE André et REVEL Jacques (dir.), Histoire de la France, t.  III, LE GOFF Jacques
(dir.), L’État et les pouvoirs, Paris, Seuil, 1989, p. 312 et suiv.
21 Nous nous permettons de renvoyer à notre travail de doctorat, VIDONI Nicolas, La Lieutenance
générale de police et l’espace urbain parisien (1667-1789). Expériences, pratiques et savoirs,
Université de Provence, octobre 2011, 2 vol., annexe 10.
22 BnF, JdF 2530, fol. 49.
23 LE ROUX Thomas, Le Laboratoire des pollutions industrielles. Paris, 1770-1830, Paris, Albin
Michel, 2011.
24 BnF, JdF 499, fol. 185 et suiv.
25 Ibidem, fol. 228-230.
26 Lenoir écrivit le 20 septembre 1774 à Macquer, directeur du Journal des Savants, pour qu’il
rende compte de l’ouvrage de Raulin sur les eaux minérales. Un compte rendu ironique mais terrible
parut rapidement, et insistait sur l’incompétence flagrante de Raulin en chimie, ce qui invalidait
automatiquement tout son travail. Journal des Sçavans, 1774, p. 612-616.
27 BnF, JdF 499, fol. 217.
28 Le commissaire Galliot le fit en 1668, BnF, JdF 2530.
29 Un des cas les plus intéressants est la ville de Montpellier, où l’Académie des Sciences et la
Faculté de médecine occupent une place prépondérante dans le « gouvernement » de la ville, et où
les médecins n’hésitent pas à parcourir les rues avec les membres du Bureau de police pour évaluer
la dangerosité de certaines situations. Archives Municipales de  Montpellier, série  FF, registres du
Bureau de police.
30 BROCKLISS Laurence et JONES, Colin, The medical world, op. cit., p. 415 et suiv.
31 BnF, JdF 499, Imprimé, sur les « Travaux » proposés par la SRM, fol. 247.
32 Ibidem, « plumitif » de la séance du 30 juin, fol. 207.
33 Journal des Sçavants, 1780, p. 866 pour une enquête de Lorry, et ibid., 1781, p. 24 pour Geoffroy.
34 BnF, JdF 499, fol. 297.
35 AN, F8 77.
36 Annales de statistique, t. III, p. 99.
37 MANNONI Stefano, Une et indivisible. Storia dell’accentramento amministrativo in Francia, I.
La formazione del sistema (1161-1815), Milan, Giuffrè Editore, 1994.
38 BRIAN Éric, La mesure de l’État, administrateurs et géomètres au XVIIIe siècle, Paris, Albin
Michel, 1997, particulièrement « La sanction de l’Académie » ; BRIGGS Robin, art. cité.
39 NAPOLI Paolo, Naissance de la police moderne. Pouvoir, normes, société, Paris, La Découverte,
2003, particulièrement le chapitre 5 et pour la police de la santé, conclusion, p. 289 et suiv. et « Les
sciences camérales, une politique de moyens », dans LABORIER Pascale et al. (dir.), Les sciences
camérales : activités pratiques et histoire des dispositifs publics, Editions du CURAPP, 2011, p. 155-
162.
40 BIELFELD, Institutions politiques, Pierre Gosse Junior, 1760, 2 t.
41 BROCKLISS Laurence et JONES, Colin, The medical world, op. cit., p. 734-750.
42 LE BÈGUE DE PRESLE, Le Conservateur de la Santé, ou Avis sur les dangers qu’il importe à
chacun d’éviter, pour se conserver en bonne santé & prolonger sa vie, Paris, Didot, 1763.
43 JACQUIN Armand-Pierre, De la Santé, Ouvrage utile à tout le monde, Paris, Durand, 1762.
44 KAPLAN Steven-L., La fin des corporations, Paris, Fayard, 2001.
45 Archives Nationales, Q1 11331.
46 MILLIOT Vincent, Un Policier des Lumières, suivi de Mémoires de J.C.P. Lenoir, Seyssel, Champ
Vallon, 2011, p. 519.
47 Pour une présentation synthétique, GOUBERT Jean-Pierre et REY Roseline (dir.), Atlas de la
Révolution française, t. 7, Médecine et santé, Paris, EHESS, 1993.
48 LENOIR, Mémoires, op. cit., p. 527.
49 ROCHE Daniel, Le peuple de Paris. Essai sur la culture populaire au XVIIIe siècle, Paris, Fayard,
1981 et 1998, et PARDAILHÉ-GALABRUN Annick, Naissance de l’intime, 3  000  foyers parisiens.
XVIIe-XVIIIe siècle, Paris, PUF, 1988.
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50 BnF, ms fr. 12305, fol. 509. La réponse de Macquer n’est pas connue.
51 LENOIR, Détail sur quelques établissemens de la Ville de Paris, demandé par Sa Majesté
Impériale la Reine de Hongrie, à M. Le Noir, Conseiller d’État, Lieutenant-Général de Police, Paris,
1780.
52 Journal des Sçavans, août 1781, compte rendu par Macquer de l’ouvrage Recherches chimiques
sur l’étain… de Bayen et Chalard, p. 531.
53 JAQUIN, De la Santé, op. cit., chap. 7.
54 PIERNAS Gersande, « L’hospice de Vaugirard pour les « enfants gastés et les femmes grosses » :
un épisode de l’histoire de la syphilis à la fin du XVIIIe siècle », Histoire, économie & société, 2007-
1, p. 67-84.
55 DE HORNE, Exposition raisonnée d’administrer le mercure, 1775, et Observations faites et
publiée par ordre du Gouvernement, sur les différentes méthodes d’administrer le mercure dans les
maladies vénériennes, 1779, 2 vol. ; TUILLIER C., Observations sur les maladies vénériennes, 1707,
dans LENOIR, Mémoires, op. cit., p. 1092.
56 Journal des Sçavans, 1779, p. 126.
57 Journal des Sçavans, juin 1782, vol. II.
58 Plus généralement, sur les changements dans le monde scientifique à Paris au siècle des
Lumières, et les liens avec l’administration, BELHOSTE Bruno, Paris savant. Parcours et
rencontres au temps des Lumières, Paris, Armand Colin, 2011.
59 LE ROUX Thomas, Le Laboratoire des pollutions industrielles, op. cit., 1re partie.
60 AN, Y 9491 et 9492.
61 AN, 9492, rapport du commissaire Barbier spécialisé dans ces questions, du 18 et du 19 février
1789, rapporté à l’audience du 6 mars.
62 Entre autres, Journal de Paris, 22 et 24 juillet 1781, et 16 juin 1782 contre Marcorelle.
63 MARGAIRAZ Dominique, « L’invention du « service public » : entre « changement matériel » et
« contrainte de nommer » », RHMC, 52-3, juillet-septembre 2005, p. 10-33.
64 BOURDELAIS Patrice (dir.), Les hygiénistes, enjeux, modèles, pratiques. XVIIIe-XXe  siècle,
Paris, Belin, 2001, introduction.

Pour citer cet article


Référence papier
Nicolas Vidoni, « Protéger la santé des Parisiens au XVIIIe siècle : savoirs urbains et action
policière », Histoire, médecine et santé, 6 | 2015, 97-110.

Référence électronique
Nicolas Vidoni, « Protéger la santé des Parisiens au XVIIIe siècle : savoirs urbains et action
policière », Histoire, médecine et santé [En ligne], 6 | automne 2014, mis en ligne le 24 mai 2017,
consulté le 21 décembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/hms/728 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/hms.728

Cet article est cité par


Caddeo, Julie . (2020) Santé publique et parlements au XVIIIe siècle; la limite du
champ d’action de la police sanitaire. Analyse de l’arrêt du Conseil d’état du Roi du
14 septembre 1720 au sujet de la maladie contagieuse de la Ville de Marseille.
Revista Estudios Jurídicos. Segunda Época. DOI: 10.17561/rej.n20.a4

Auteur
Nicolas Vidoni
Docteur de l’Université de Provence, thèse intitulée La Lieutenance générale de police et l’espace
urbain parisien (1667-1789). Expériences, pratiques et savoirs, sous la direction de Brigitte Marin.

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Post-doctorant au sein du programme ANR « Systèmes Policiers Européens, XVIIIe-XIXe siècle »,
Université Paris 1. Chercheur associé à l’UMR Telemme, MMSH.

Droits d’auteur

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