que la science de la littérature, qui devient plutôt la science du texte, s’intègre
au fur et à mesure dans une approche interdisciplinaire (sociologique, psychologique, historique, civilisationniste, etc.), que la notion de culture change de rôle et même de contenu classique pour concéder sa place à des concepts innovants d’interculturalité. Pour clore cette liste non exhaustive de facteurs qui caractérisent aujourd’hui la situation des acteurs dans le processus enseignement / apprentissage, il faudrait rappeler que les élèves, eux aussi, ont changé, que le pourcentage de jeunes qui ont appris des langues maternelles autres que celle(s) parlée(s) dans leur pays d’accueil augmente sans cesse, que leurs motivations ne sont plus les mêmes et que leur accès à de nouvelles technologies et à l’usage de réseaux sociaux constituent des défis supplémentaires. On comprend facilement que maints professeurs se sentent un peu perdus face à ces défis. S’ils cherchent un guide qui puisse les accompagner à travers cette situation complexe, ils le trouveront sans aucun doute dans l’ouvrage de Florence Windmüller. L’auteure montre avec clarté le cheminement de la réflexion linguistique en mettant en relief les étapes importantes des sciences du langage pour comprendre l’état actuel de la discussion. Un accent particulier est mis sur les différentes notions de culture et d’ interculturalité de sorte que l’enseignant s’approprie de façon claire et utile des concepts qui se trouvent en concurrence. Ajoutons un dernier aspect de cette publication en tant que référence pratique pour enseignants et étudiants en formation en didactique des langues : une vue d’ensemble des courants pédagogiques et didactiques présentant une vaste gamme de possibilités pédagogiques et didactiques parmi lesquelles l’enseignant pourra choisir. III
Cette publication ne constitue pas seulement un traité formatif, mais
représente en même temps un document de recherche. L’analyse de manuels de langues étrangères, la comparaison de courants didactiques et pédagogiques représentés par les grands noms de chercheurs et auteurs essentiellement français, les sondages auprès d’apprenants et d’enseignants constituent une ouverture vers la recherche interdisciplinaire et la réflexion scientifique. L’esprit critique de l’auteure appliqué à la situation de l’enseignement des langues étrangères, en particulier du français langue étrangère, à l’école et au-delà rend compte du besoin auquel cette publication se destine à répondre. Le terme qui résume le mieux l’objectif que se propose l’auteure est la promotion de ce qu’on appelle la didactologie des Langues-Cultures, terme dans lequel apparaît clairement la dichotomie culture / langue, ce qui contribue à une discussion qui ne se termine pas avec cette publication, mais qui ajoute au contraire à la motivation de continuer le discours scientifique et pédagogique pour dépasser la question récurrente : faut-il enseigner la langue et y inclure les aspects culturels, ou faut-il plutôt enseigner la culture en y intégrant la langue ? En effet, aujourd’hui la prise en compte des compétences culturelles dans l’apprentissage des langues est reconnue comme étant indispensable, mais la question du ‘comment’ demeure encore. Au lieu de se reposer dans le monde d’un conte de fée d’antan, enseignants et chercheurs sont invités à participer à cette discussion loin d’être close, mais qui profite des impulsions que lui prête cette nouvelle publication de Florence Windmüller. Albert Raasch Professeur émérite de l’Université de Sarrebruck (Allemagne)