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Inès Trépant
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ORIGINE ET
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L'ancêtre de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC), à savoir l'Accord général sur les tarifs douaniers et
le commerce (GATT), est né en 1947 au terme de négocia-
tions entre plusieurs États dont l'objectif était de s'enten-
dre sur un ensemble de normes destinées à libéraliser leurs
échanges commerciaux. Créé à titre provisoire, le GATT fut
pendant 50 ans le seul instrument multilatéral chargé par les
principales puissances commerciales de réglementer le com-
merce international selon une vision libre-échangiste large-
ment partagée, qui s'inspire des théories de l'économie poli-
tique classique 1.
Tant le GATT que l'OMC qui lui a succédé reposent sur
le postulat que le libre-échange et la loi du marché stimulent
la croissance et augmentent le bien-être. Si les adeptes du
libre-échange rejettent le recours à des mesures protection-
nistes qui favorisent la production nationale, c'est parce
qu'ils estiment que ces mesures sont contraires aux intérêts
des consommateurs, qui doivent payer plus cher ce qui
aurait pu être acquis à meilleur prix et à meilleure qualité sur
les marchés internationaux.
En outre, ils soulignent que dans un contexte de libre-
échange, la concurrence conduit les entreprises à améliorer
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Du GATT à l'OMC
À côté du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, l'OMC constitue le troisième
outil de la globalisation de l'économie. Théoriquement, les finalités poursuivies par l'OMC sont multi-
ples, comme l'atteste son préambule qui évoque les objectifs suivants : le relèvement des niveaux de vie ;
la réalisation du plein-emploi ; l'accroissement de la production et du commerce des marchandises et des
services ; le développement durable et les efforts à destination des pays en voie de développement (PVD)
et des pays moins avancés (PMA).
Dans les faits, l'objectif prioritaire de l'OMC est l'accroissement du commerce mondial qui, selon le pos-
tulat de la théorie classique du libre marché, conduit automatiquement à la croissance, au développement
et donc au bien-être de tous. Un autre aspect important du mandat de l'OMC est la coopération qu'elle
instaure avec le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et les autres institutions multilatéra-
les pour parvenir à une plus grande cohérence dans l'élaboration des politiques au niveau mondial 11. En
résumé, l'OMC se concentre sur deux tâches essentielles : elle surveille les politiques commerciales natio-
nales de ses membres d'une part, et elle coopère avec le Fonds monétaire international et la Banque
mondiale dans l'élaboration des politiques économiques mondiales d'autre part.
1. Contrairement au GATT, qui a été créé à titre provisoire et qui est dépourvu de fondement institu-
tionnel, l'OMC est une institution à part entière, permanente et dotée de son propre secrétariat.
2. En sa qualité de traité international, l'OMC prédomine sur l'ordre juridique interne. Contrairement au
GATT, les engagements pris sous l'égide de l'OMC sont juridiquement contraignants.
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Le « GATT de 1947 » a continué d'exister jusqu’à la fin 1994. Depuis, il survit sous sa version modifiée
ou « GATT de 1994 ». Il fait partie intégrante de l'Accord sur l'OMC et continue de définir les discipli-
nes essentielles applicables au commerce international des marchandises. Par ailleurs, il regroupe les
accords suivants : l'agriculture ; les textiles et les vêtements ; les mesures concernant les investissements
liés au commerce ; les obstacles techniques au commerce ; les subventions et les mesures compensatoi-
res ; les règles antidumping ; les règles d'origine ; l'inspection avant expédition ; les sauvegardes.
Comment fonctionne l'OMC ?
En théorie, les règles de fonctionnement de l'OMC sont le consensus et la transparence, chaque pays
disposant d'une voix qui lui donne, tant que la règle du consensus se maintient, un droit de veto. Mais
s'il n'y a pas de pondération des voix selon l'importance calculée des pays comme dans d'autres orga-
nisations telles que le FMI ou la Banque mondiale, les principaux protagonistes de l'OMC sont, dans
les faits, les plus grandes forces économiques du globe (la « Quadrilatérale »), à savoir l'UE, les États-
Unis, le Canada et le Japon. Cependant, les pays en voie de développement ont progressivement émer-
gé en tant qu'acteurs à part entière à l'OMC, tandis que les nouvelles puissances économiques (Inde,
Chine, Brésil) sont sans conteste devenus des acteurs dont les puissances occidentales doivent désor-
mais tenir compte. Si l'ensemble de ces pays forme un groupe hétéroclite, tant les situations écono-
miques varient entre eux, ils partagent des intérêts communs manifestes et une certaine analyse com-
mune des rapports commerciaux à l'échelle internationale. Ils pèsent davantage qu'auparavant dans les
négociations et ils ont acquis une capacité de blocage qui explique en partie l'échec de la conférence
ministérielle de Seattle fin 1999 et l'enlisement du cycle du Millénaire.
L'autorité suprême de l'OMC est la conférence ministérielle, constituée des ministres du commerce
extérieur des États membres. Elle s'est réunie la dernière fois à Cancún, en septembre 2003, et se
réunit à Hong Kong en décembre 2005. Mais cette instance n'ayant obligation de se réunir que tous
les deux ans, c'est le conseil général, composé des ambassadeurs des pays membres, qui traite des affai-
res quotidiennes de l'OMC.
LES
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I. Les services
L'AGCS a une portée quasi universelle. Aucun secteur n'a été exclu du champ d'applica-
tion de l'AGCS dont les dispositions s'appliquent à tous les services, présents et à venir,
« à l'exception des services fournis dans l'exercice du pouvoir gouvernemental » (article I), ceux-ci étant
définis comme services qui ne sont ni fournis sur une base commerciale, ni en concurren-
ce avec d'autres fournisseurs. Pour parvenir à couvrir toutes les activités de service,
l'AGCS distingue quatre formes d'échange international de services appelées « modes de
fourniture ».
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L'AGCS en débat
bétail. Cette interdiction porte aussi bien sur l'utilisation d'hormones dans la production nationale
que sur les importations, en provenance de l'extérieur de l'UE, de viande d'animaux traités aux acti-
vateurs de croissance. Il en a notamment résulté une interdiction des exportations canadiennes et
américaines de bœuf, puisque dans ces pays l'utilisation des hormones est toujours autorisée 29.
En janvier 1996, les États-Unis saisissent l'Organe de règlement des différends de l'OMC et dépo-
sent plainte contre l'UE. Le jugement sera clairement dévaforable à l'UE : l'embargo européen sur
les viandes aux hormones américaines est jugé contraire à l'Accord SPS. L'UE s'est pourvue en
appel, mais en vain. Le refus de l'UE d'appliquer la décision a entraîné des mesures de représailles.
C'est ainsi que les États-Unis appliquent depuis le 29 juillet 1999, avec l'aval de l'OMC, des mesu-
res de rétorsion douanière sur une série de produits, dont le roquefort, le foie gras, les jus de fruits,
la moutarde..., qui sont taxés à 100 % à leur entrée aux États-Unis, le montant total de ces mesures
se chiffrant à 116 millions de dollars par an.
Les conclusions du verdict de l'ORD sur le bœuf aux
hormones ont permis aux États, ainsi qu’à leurs citoyens, de
mesurer l'impact des dispositions de l'Accord SPS et du
Codex alimentarius sur leur faculté d'édicter des lois pour
protéger les droits des consommateurs.
La notion de preuves scientifiques, qui est utilisée mais pas
définie dans l'Accord SPS, s'est rapidement trouvée au cœur
de la controverse. Les preuves scientifiques avancées par
l'Union européenne pour refuser la viande aux hormones
ont été jugées insuffisantes. L'UE a également essayé de
faire valoir le principe de précaution, qui a motivé en premier
lieu sa démarche. À défaut de disposer d'informations
scientifiques totalement irréfutables, elle a préféré ne pas
autoriser la consommation de bœuf aux hormones, et ce au
nom des risques encourus en matière de santé publique 30.
Mais le principe de précaution, qui protège les intérêts des
consommateurs 31, n'est pas reconnu à l'OMC, si ce n'est
dans les marges étroites définies à l'article 5.7 de l'Accord
SPS, qui ouvre la possibilité de prendre des mesures tempo-
raires en cas de preuves scientifiques pertinentes insuffisan-
tes. Autrement dit, il ne peut prévaloir qu’à titre d'exception.
En outre, la question de l'évaluation des risques pour la
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Au fur et à mesure des cycles du GATT, les droits de douanes ont été drastiquement dimi-
nués pour faciliter les échanges commerciaux. Les normes et les règlements techniques
(par exemple une loi qui stipule que tous les véhicules doivent être équipés d'un pot cata-
lytique) adoptés par les États ont été souvent identifiés comme des « barrières non tarifai-
res » insidieuses, qui constituent autant de freins à l'accroissement du commerce à l'échel-
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La Birmanie (Myanmar), gouvernée par une junte militaire, est tristement célèbre pour les
exactions commises à l'égard de sa population : travail forcé des femmes et des enfants,
mesures d'oppression à l'encontre des minorités ethniques et religieuses, usage de la tor-
ture, exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires, etc.
L'Organisation internationale du travail s'est inquiétée des conditions de travail dans ce
pays. En juin 2000, l'OIT lança un appel aux gouvernements en leur demandant de limi-
ter le plus possible les relations économiques et commerciales avec la Birmanie, de façon
à mettre fin au système de travail forcé ou obligatoire qui y prévaut.
En réaction aux violations systématiques des droits civils, politiques, économiques,
sociaux et culturels perpétrées au Myanmar, l'État du Massachusetts a pour sa part adop-
té une loi visant à dissuader les sociétés américaines et étrangères de tirer profit de la poli-
tique de travail forcé en Birmanie. Cette loi sélective, calquée sur celle adoptée dans les
années 1980 pour lutter contre l'apartheid en Afrique du Sud, impose une majoration de
10 % sur les contrats conclus entre le gouvernement du Massachusetts et les sociétés ayant
des relations d'affaires avec la Birmanie.
Alors que le Parlement européen votait en septembre 1998 une résolution condamnant les
investissements en Birmanie, la Commission européenne avait entre-temps saisi l'Organe
de règlement des différends de l'OMC pour contester, de concert avec le Japon, cette loi
qui favorise le respect des droits de l'homme. La Commission arguait que la loi était
incompatible avec l'Accord sur les marchés publics de l'OMC, qui vise à ouvrir aussi lar-
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L'Accord sur l'agriculture (AsA) est entré en vigueur le 1er janvier 1995. Il impose un ensemble de
nouvelles règles concernant l'accès au marché, le soutien interne et la concurrence à l'exportation.
L'article 27.1 de l'ADPIC dispose qu'un brevet pourra être obtenu pour toute invention,
qu'il s'agisse d'un produit (un médicament par exemple) ou d'un procédé (par exemple la
méthode de production des ingrédients chimiques entrant dans la composition d'un médi-
cament), dans tous les domaines technologiques, tout en autorisant certaines exceptions.
À partir de la date du dépôt de la demande de brevet, la protection qu'il confère dure vingt
ans (article 33 de l'ADPIC).
Trois critères doivent être respectés pour qu'une invention soit brevetée :
— elle doit avoir un caractère de « nouveauté » ;
— elle doit correspondre à une « activité inventive » (elle ne doit pas être « évidente ») ;
— elle doit avoir une « applicabilité industrielle ».
Étant donné que l'ADPIC ne définit pas les termes « nouveauté », « activité inventive » et « non
évident », l'interprétation de ces termes varie pour chaque loi nationale lors de l'examen des
demandes de brevet.
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Tandis que les propriétés agronomiques de l'arbre neem, ou margousier, sont largement
connues et utilisées en Inde depuis des milliers d'années, l'Office européen des brevets
(OEB) a délivré, en septembre 1994, un brevet sur les propriétés fongicides d'extraits de
graines du margousier à la compagnie américaine d'agrochimie W. R. Grace, soutenue par
le secrétariat d'État à l'agriculture des États-Unis.
Le monde associatif s'est mobilisé à l'échelle internationale pour contester cette décision,
arguant que ce type de brevet ne respecte pas la Convention sur la délivrance des brevets
européens et la Convention sur la diversité biologique qui reconnaissent que les États ont
droit de souveraineté sur leurs ressources naturelles. En outre, ils ont qualifié la délivran-
ce de ce brevet d'inacceptable car il ne présente aucune nouveauté ou inventivité particu-
lière.
En mars 2005, l'Office européen des brevets, basé à Munich, leur a finalement donné rai-
son, en annulant le brevet qu'il avait accordé dix ans plus tôt à la compagnie américaine
W. R. Grace. Entre-temps, ce brevet a occasionné des effets dévastateurs sur l'économie
indienne : en achetant de manière massive les graines de margousier, Grace a créé une
pénurie et fait exploser les prix, si bien que les fermiers n'ont plus les moyens de s'en pro-
curer.
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La santé publique est un réel défi pour le développement. Plus encore, il en va de l'exis-
tence même de certains pays africains. Les chiffres alarmants de la pandémie du sida suf-
fisent à le rappeler : 36 millions de personnes sont contaminées par le VIH dans le monde,
dont 90 % vivent dans les pays en voie de développement. Plus de 18 millions sont déjà
mortes du sida.
Face aux prix prohibitifs pratiqués par les laboratoires pharmaceutiques occidentaux, cer-
tains gouvernements du Sud ont favorisé la production de médicaments génériques afin
que leur population puisse avoir accès aux médicaments essentiels à leur survie à un prix
abordable.
En 1997, l'Afrique du Sud a voté une loi (Medicine Act) qui autorise l'importation de
médicaments moins chers, voire leur fabrication. Près de quarante firmes pharmaceu-
tiques intentèrent un procès au gouvernement sud-africain, car cette loi dérogeait aux nor-
mes de propriété intellectuelle fixées par l'OMC. En voulant faire prévaloir le droit des
brevets sur le droit à la santé, les firmes pharmaceutiques ont suscité une forte opposition
sur la scène internationale, ce qui les a contraintes à retirer leur plainte. Pour l'opinion
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La déclaration de Doha
L'OMC étant saisie de la question sous diverses pres-
sions, la déclaration ministérielle de Doha a fixé des excep-
tions à la protection de la propriété intellectuelle, notamment
lorsqu'un pays est confronté à de graves problèmes de santé
publique (le sida, la tuberculose, le paludisme par exemple).
Le compromis scellé à Doha en novembre 2001 au sein de
l'OMC comporte deux volets 53. À la satisfaction des indus-
tries pharmaceutiques, le principe de la protection de la pro-
priété intellectuelle comme instrument précieux de dévelop-
pement de nouveaux médicaments est confirmé. Ce princi-
pe est toutefois pondéré par la reconnaissance du droit des
États à protéger la santé publique et l'accès de tous aux
médicaments. Plus spécifiquement, chaque État est libre
d'apprécier par lui-même ce que constitue une situation de
crise sanitaire. Dans les cas d'urgence, la déclaration de Doha
reconnaît le droit de tous les États membres de l'OMC d'ac-
corder des licences obligatoires sur les médicaments breve-
tés au profit des fabricants de génériques. En clair, les pays
producteurs de médicaments génériques ont, depuis Doha,
le droit de les vendre sur leur marché national.
Cependant, le texte de Doha ne se présente pas, dans sa
forme juridique, comme un engagement contraignant. De
LES
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Depuis la naissance du GATT en 1947, huit cycles de
négociations commerciales ont eu lieu jusqu’à la création de
l'OMC en 1994. Comme nous l'avons vu dans la première
partie, le cycle de l'Uruguay a considérablement élargi le
spectre des discussions commerciales pour l'étendre notam-
ment aux services, à la propriété intellectuelle, à l'agriculture
et à l'investissement. Depuis lors, l'OMC a connu quelques
revers : l'échec des conférences ministérielles de Seattle (en
1999) et de Cancún (en 2003) a marqué tous les négociateurs.
Mais l'OMC a retrouvé une nouvelle dynamique avec le lan-
cement du cycle de Doha (qualifié de « cycle du développe-
ment ») en novembre 2001, et la relance de ce processus
en 2004.
En théorie, les chantiers ouverts à Doha et qui devaient,
notamment, abaisser les barrières douanières dans le monde
auraient dû trouver une issue avant la conférence ministé-
rielle de Hong Kong (mi-décembre 2005), censée boucler ce
dernier cycle de négociations multilatérales sur le commer-
ce. En réalité, des dossiers importants ont été reportés au-
delà de 2005, témoignant ainsi d'une volonté persistante
d'aboutir, mais aussi de difficultés réitérées à trouver les ter-
mes d'un accord global. En effet, au fur et à mesure que
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La politique commerciale
de l'Union européenne
L'investissement
Il existe un Accord sur les mesures concernant les investissements liées au commerce (MIC), mais
il s'applique uniquement au commerce des marchandises. L'application des règles de l'OMC (la
clause de la nation la plus favorisée et le traitement national) restreint déjà considérablement la sou-
veraineté nationale. Sont considérées comme contraires au traitement national les législations ou
réglementations nationales suivantes : a) l'obligation faite à un investisseur d'acheter ou d'utiliser
des produits locaux (il s'agit des « prescriptions liées à l'apport local ») ; b) la limitation du droit d'un
investisseur à importer des produits étrangers au niveau de la valeur ou du montant des produits
qu'il exporte (il s'agit des « prescriptions relatives à l'équilibre des échanges »).
En proposant d'inclure dans les règles de l'OMC un accord général sur l'investissement, les pays
industrialisés poursuivent l'objectif de garantir et de renforcer les droits des investisseurs étrangers
dans le pays d'accueil et de limiter la capacité de ce pays à imposer des conditions à l'entrée des
investisseurs étrangers et à leurs activités.
La concurrence
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Dix ans après son entrée en vigueur, poussés dans le dos par leur opinion publique,
l'Organisation mondiale du commerce se trou- veillent à se réapproprier le débat, notamment
ve à la croisée des chemins. Les accords de pour évoquer les problèmes éthiques et
l'OMC recouvrent un très grand nombre de sociaux que les accords de l'OMC soulèvent.
matières touchant à la plupart des activités Les interrogations sont multiples. Elles
humaines, et l'Organisation qui les chapeaute a concernent principalement les questions
acquis au fil du temps une dynamique qui lui est d'inégalité (les pays en voie de développement
propre. Le commerce mondial est en expan- tirent un bilan négatif de l'ouverture des mar-
sion continue, et l'OMC, qui reste l'enceinte chés qui n'a ni réduit la pauvreté, ni promu
privilégiée dans laquelle les puissances écono- leur développement), de démocratie (les parle-
miques défendent leurs intérêts, n'a jamais mentaires se voient dépossédés de leurs préro-
compté autant de membres ni concerné une gatives dès lors que les lois touchent au com-
part aussi écrasante de la population mondiale, merce international) et de priorité politique
surtout depuis l'arrivée de la Chine parmi les (lorsque l'on s'inquiète de voir la libéralisation
États membres. Pourtant, l'OMC est soumise des échanges compromettre les objectifs en
depuis plusieurs années à de fortes critiques matière de développement ou de droits
externes et à des grippages internes répétés. sociaux, environnementaux, culturels ou de
Progressivement, les États ont pris santé publique). Plus largement, la question
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1 6
Nous décrirons cette technique des panels au
L'idéologie de la liberté du marché repose sur un
modèle, souvent attribué à Adam Smith, qui terme du premier encadré, « L'OMC en bref ».
affirme que les forces du marché - et notamment 7 Par accord multilatéral, il faut entendre un
la recherche du profit - guident l'économie vers accord passé entre plusieurs États et qui s'ap-
l'efficacité comme une main invisible. plique à tous les signataires.
2 8
De façon générale, la productivité est définie Les services regroupent un ensemble hétéro-
comme le rapport entre la production d'un bien clite de secteurs : les assurances, le tourisme,
ou d'un service et l'ensemble des éléments l'information, les télécommunications, les trans-
nécessaires pour le produire. La productivité ports, la poste, la construction, l'ingénierie, la
constitue généralement une mesure de l'effica- recherche, la publicité, la santé, l'éducation, etc.
cité avec laquelle une économie met à profit les En tout, 160 sous-secteurs rassemblés en onze
ressources dont elle dispose pour fabriquer des secteurs vont rentrer dans l'orbite de l'OMC.
biens ou offrir des services. Plusieurs indicateurs 9
Lors de la conclusion du cycle de l'Uruguay, un
peuvent être développés afin de rendre compte certain nombre de dossiers n'avaient pu être
de l'évolution de la productivité. Le capital et le finalisés et ont été reportés sans néanmoins
travail sont ceux les plus souvent retenus. faire obstacle à la conclusion finale des Accords.
3 Suite aux différents cycles de négociation Depuis, certains d'entre eux ont pu être approu-
GATT/OMC, les droits de douane ont été vés. Il s'agit des accords suivants :
réduits considérablement. Avec le Tokyo — Accord sur les télécommunications de base
Round, les droits de douane ont été réduits d'un conclu en février 1997 ;
tiers environ sur les neuf principaux marchés — Accord sur les services financiers (libéralisa-
industriels du monde, ce qui a ramené à 4,7 % la tion à partir de 1999) conclu en décembre
moyenne des droits appliqués aux produits 1997 ;
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la clause NPF, les dérogations acceptées sont merce. Règles de fonctionnement et enjeux économiques,
très restrictives. Elles sont en effet accordées de op. cit., p. 137.
28
façon transitoire : elles doivent être revues après Pour une analyse approfondie de ce différend
l'expiration d'un délai de cinq ans et ne peuvent cf. J.-M. WARÊGNE, « L'Organisation mondiale
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After Cancun. Prospects for the European Union, Heinrich Böll Foundation, Bruxelles, octo-
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Accord sur l'agriculture (AsA) : entré en vigueur le 1er janvier 1995, cet accord poursuit l'ob-
jectif d'instaurer une concurrence loyale et de mettre fin au protectionnisme agricole au moyen
de trois leviers : l'ouverture des marchés par la réduction des tarifs douaniers et des quotas ; la
modification et la réduction des subventions internes ; la réduction des subventions à l'expor-
tation.
Accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires (Accord SPS) : règlement multilatéral
encadrant les mesures destinées à la protection de la santé et de la vie des personnes et des ani-
maux, ainsi qu’à la préservation des végétaux. L'Accord SPS trouve à s'appliquer lorsque les
États, dans le cadre de leurs politiques de santé ou de protection du vivant, prennent des
mesures qui peuvent directement ou indirectement affecter le commerce international.
Accord sur les obstacles techniques au commerce (Accord OTC) : accord ayant pour but
de garantir que les règlements techniques et les normes, de même que les procédures d'essai et
d'homologation, ne créent pas d'obstacles non nécessaires au commerce.
ADPIC : Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce
(TRIPs en anglais). Entré en vigueur le 1er janvier 1995, il impose aux États membres de l'OMC
des normes minimales de protection intellectuelle.
AGCS : Accord général sur le commerce des services (GATS en anglais). Entré en vigueur le
1er janvier 1995, il vise à mettre fin aux réglementations arbitraires qui entravent le commerce
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