Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1966/3 N° 15 | pages 31 à 37
ISSN 1241-5294
DOI 10.3917/machr1.015.0031
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-maghreb-machrek1-1966-3-page-31.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.
Les transformations intervenues depuis l'Indépendance périté économique d'un pays est conditionnée par la sécu-
dans l'organisation et le fonctionnement de la justice ma- rité du commerce et celle-cl par la garantie que peut don-
rocaine ont été lentes et progressives. C'est dans le cadre ner une saine organisation judiciaire.
du système judiciaire établi à la suite du-traité de protec-
torat de 1912 qu'ont été opérées de 1955 à 1965 les Le problème pour les « hautes parties contractantes ,
réformes qui ont conduit en dix ans à une marocanisation était d'abord de substituer au régime des capitulations (2)
et à une arabisation à peu près complètes de la justice. un nouveau régime qui reçût l'adhésion des · puissances
capitulaires dont la renonciation à leurs privilèges de
juridiction était escomptée dans un avenir plus ou moins
© La Documentation française | Téléchargé le 20/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.225.95)
juridiction ou qui y avaient renoncé. Le Dahir attribua en Les nouvelles juridictions répondirent aux espoirs que
outre à ces juridictions, innovation d'importance, le conten- les signataires du Traité avaient mis en elles. Au cours
tieu x en matière administrative, évitant ainsi des conflits des années qui suivirent leurs attributions _furent encore
d'attribution. Une Cour d'appel fut créée à Rabat, dont le étendues, au-delà des limites que leur avait assignées le
ressort s'étendit à toute la zone française et dont les chefs Dahir sur l'organisation judiciaire, à nombre de matières
bien que relevant directement de la Chancellerie de Paris, spéciales, considérées comme particulièrement Importan-
jouirent dans leurs attributions administratives et budgé- tes pour la vie économique du pays, telles que les fail-
taires d'une autonomie plus large que leurs collègue·s mé- lites et les sociétés commerciales, quelle que soit la natio-
tropolitains. Des tribunaux de première instance furent nalité des parties en cause. Les magistrats français arri-
institués dans les principales villes. Enfin la justice fut vèrent nombreux au Maroc, animés par la foi et conscients
rapprochée du justiciable par la création de tribunaux de du caractère en quelque sorte international de la mission
paix à compétence considérablement plus étendue qu'en qui était la leur. Les puissances étrangères, trouvant auprès
France, surtout en matière pénale. En l'absence d'une d'eux, comme dans les textes qu 'ils appliquaient, des
Cour de cassation marocaine qui ne fut pas alors créée, garanties au moins égales à celles que leurs donnaient
la fonction régulatrice, d'ailleurs limi ~ée aux matières leurs tribunaux consulaires, renoncèrent aussitôt à leurs
civile, commerciale et pénale, fut assurée par la Cour de anciens privilèges. Seuls subsistèrent en tant que puis-
cassation française dont les décisions s'imposaient à la sances capitulaires la Grande-Bretagne jusqu'en 1938, les
juridiction de renvoi. Etats-Unis ju·s qu'à la décision de la Cour internationale de
La Haye en 1952. Quant aux Marocains, ils apprécièrent
vite les avantages que leur procurait une justice intègre,
·Le dahir de 1913 sur l'organisation judiciaire fut impartiale et soustraite aux ingérences politiques ou autres.
immédiatement suivi d'autres textes conçus dans le même Ils acceptèrent non seulement ces nouveaux juges dans
esprit. les limites réglementaires de leur compétence, mais sou-
vent même s'ingénièrent, à l'aide d'artifices de procédure,
à s'y soumettre en dehors de ces limites. Même pendant
Notamment le Dahir formant Code de procédure civile la période troublée qui précéda l'Indépendance et où ils
(7 mars 1916), institua devant les tribunaux français une eurent à appliquer des textes d'exception, les magistrats
procédure purement écrite, puisée dans les textes concer- français surent raison garder, et faire preuve de compré-
nant la procédure devant les tribunaux administratifs fran-· hension et de modération. Bref, on peut affirmer que, par-
çais et dont les traits essentiels sont l'extrême· simplicité mi les institution·s du Protectorat, la justice fut celle dont
et le caractère peu formaliste. Comme le souligne l'intro- la réussite fut la moins contestée et que les tribunaux
duction de ce texte, c'eOt été mal concevoir les réformes français contribuèrent, selon le vœu exprimé par le traité,
judiciaires annoncées que d'introduire au Maroc le sys- au développement économique du pays. Peu avant l'indé-
tème compliqué et un peu archaïque de la procédure pendance, on put entendre un jeune avocat marocain, qui
© La Documentation française | Téléchargé le 20/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.225.95)
N'eût-il pas pourtant été sage de prévoir qu 'un jour Bien entendu ces juridictions perdirent leur caractère
plus ou moins proche viendrai( où les rapports de de juridictions françaises, et ne statuèrent plus qu'au nom
la France et du Maroc seraient régis par d'autres du Souverain marocain et non plus comme par le passé,
liens que ceux de protecteur à protégé, et dans au nom de la République française et de S. M. le Sultan.
cette perspective, d'ébaucher, sinon de réaliser une cer- Elles furent d'abord désignées par une périphrase " Juri-
taine unification des juridictions, en créant 'Peu à peu des dictions instituées par le Dahir du 12 aoOt 1913 "• puis,
juridictions mixtes au sein desquelles des magistrats ma-
rocains, se formant au contact de leurs collègues fran-
çais auraient pu, le moment venu, assurer la relève ?
Sinon, qu'allaient devenir les juridictions françaises dans
un pays recouvrant soudain sa pleine souveraineté ? (1) Cf Notes et Etudes Documentaires n• 2359, édit. • La Documen-
34 ETUDES ET NOTES
dans Je langage courant qui s'introduisit rapidement dans Je début, et à l'inverse du personnel magistrat, Je recrute-
les texte·s, par J'expression : " juridictions modernes "• ment au titre de l'assistance technique se révéla malaisé.
qui les distinguait des juridictions traditionnelles, appelées Constituant en effet une classe de fonç:tionnaires qui
"juridictions de droit commun"· Les fonctiàns adminis- n'avait pas son équivalent en France, les secrétaires-gref-
tratives des chefs de la Cour de Rabat furent transférées fiers français du Maroc, se· montrèrent inquiets de leur
au ministère de la Justice, dont J'organisation fut fixée par " recasement , dans leur pays d'origine. Il eût fallu, pour
divers Dahirs et qui, selon le dernier en date (21 août les rassurer, les intégrer immédiatement dans les diverses
1961), comprend actuellement, outre Je cabinet du ministre administrations françaises, tout en ·les maintenant en posi-
auquel est directement rattaché un bureau d'études légis- tion de détachement au Maroc et en leur assurant en
latives, un secrétariat général chargé de " l'inspection France la poursuite normale de leur carrière. Une certaine
des cours et tribunaux et de la coordination de J'activité incompréhension de la situation se manifesta de la part
des différentes directions "• une direction des Affaires de J'administration française qui exigea, pour les admettre
civi·les, une direction des Affaires criminelles et des grâces, dans son sein, la fin de leur détachement et leur retour
une direction de J'Administration générale et du Personnel en France. Malgré les efforts déployés par les autorités
et une direction de J'Administration pénitentiaire. pour les retenir, les départs furent aussitôt nombreux, pour
devenir vite massifs. Les meilleurs éléments, capables de
trouver en France un << recasement , avantageux, soit dans
Je secteur public, soit dans Je secteur privé, firent bientôt
JI ne pouvait davantage être question, pour le Maroc cruellement défaut et ce fut la première brèche apportée
indépendant, d'admettre Je maintien des anciennes préro- à un système judiciaire dont Ils étaient les assises indis-
g_atives de la Cour de cassation française et J'un des pre- pensables.
miers actes . du gouvernement marocain fut de créer une
Cour suprême dont les attributions englobèrent celles dé-
volues en France au Consei·l d'Etat, à la Cour de cassation
et au Conseil constitutionnel. Cette haute juridiction, dont Dans la pratique, la solution ainsi adoptée ne souleva
Je siège est à Rabat, est chargée de statuer sur les pour- guère de difficultés. Nombreux furent les magistrats fran-
vois en cassation formés contre les arrêt·s et jugements çais qui consentirent à poursuivre leur carrière dans un
rendus par les cours et tribunaux de tous ordres, ainsi pays auquel ils étaient attachés. De son côté, Je gouver-
que sur les recours en annulation pour excès de pouvoir nement marocain, dans lequel figurait une majorité d'avo-
formés contre les décisions des autorités administratives, cats qui avaient pu apprécier leur savoir et leur dévoue-
et elle connaît en outre de certains règlements de juges, ment, ne prononça d'exclusive contre aucun d'entre eux.
· des prises à partie, des demandes de dessaisissement pour Pour combler les vides causés pourtant par certains dé-
cause de suspicion légitime ou de sécurité publique et parts, des magistrats métropolitains furent détachés, eri
des demandes d'extradition. Elle comprend quatre cham- même temps qu'il était fait appel à des avocats français,
bres, statuant à cinq magistrats : une première chambre, souvent titulaires d'importants cabinets, et qui furent heu-
© La Documentation française | Téléchargé le 20/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.225.95)
Fut enfin réorganisée la juridiction traditionnelle des promotions rapides, sinon foudroyantes étaient nombreu-
Cadis, juges du statut personnel musulman qui remp·lacè- ses, de persuader ·les jeunes diplômés de se contenter
rent en pays berbère les anciens tribunaux coutumiers. de postes de juges ou de substituts, de " faire leu(s clas-
ses ., avant de gravir un à un tes échelons d'une carrière
Certaines modifications intervinrent au cours des années qui comportait déjà, en elle-même, plu·s de servitudes que
qui suivirent, notamment en matière pénale, par l'unifica- de grandeur, de se résigner à une vie modeste, voire mé-
tion des tribunaux criminels qui connurent désormais de diocre, en comparaison de celle des administrateurs lo-
tous les crimes, quelle que tOt la nationalité de leurs caux, des membres des cabinets ministériels, ou des diplo-
auteurs et de leurs victimes. Notons aus·si qu'un des pre- mates, qui offrait de plus grands avantages matériels et
miers actes du Maroc indépendant fut la promulgation des perspectives d'avenir plus flatteuses. Certains, peu
d'un Dahir formant code de justice militaire (10 novembre nombreux, qui s'y résignèrent cependant, eurent vite l'im-
1956) qui institue pour les membres des forces armées pression qu'ils se fourvoyaient, et saisirent la première
royales une justice pénale propre rendue par un tribunal occasion qui se .présenta pour s'échapper vers des des-
militaire permanent dont le siège est à Rabat et qui statue tinées plus brillantes (1).
sous le contrôle de la Cour suprême.
On chercha alors, sans beaucoup y croire, une solution
dans une formation accélérée des cadres de juristes, en
permettant l'obtention d'une licence en droit dans des
délais restreints et en créant à l'Ecole marocaine d'admi-
Obstacles sur la voie d•une nistration une section judiciaire. Les résultats furent déce-
réforme totale vants, les candidats peu nombreux et de niveau moyen
insuffisant.
Ainsi, plusieurs années après l'indépendance, du fait du
Au surplus, et c'est là, on l'a dit, le second obstacle
caractère limité et progressif des réformes intervenues, les
auquel se heurta le gouvernement marocain, il eOt fallu,
habitants du Maroc, nationaux et étrangers, pouvaient
pour que les magistrats marocains pussent mettre à pro-
avoir l'impression que rien n'avait changé dans le pays au
fit l'expérience de leurs collègues françai·s, qu'ils prati-
point de vue judiciaire. La solution adoptée, tout heureuse
quassent la même langue. Or, si le Maroc est un pays
qu'elle fût dans l'immédiat, ne pouvait être cependant que
bilingue, en ce sens que la majorité de ses élites y parle
transitoire ; un jour plus ou moins proche devait venir
où la juxtaposition des différentes juridictions ne paraîtrait
à la fois le français et l'arabe, ce n'est point le cas de
plus acceptable et où l'unification s'imposerait. Il eût donc tou·s ses magistrats ; quant aux magistrats français, bien
été bon de préparer cette unification, notamment en met- que certains résidassent au Maroc depuis de longues
tant à profit le maintien provisoire des juridictions moder- années, aucun· d'entre eux, à quelques rares exceptions
ne·s et des magistrats qui les composaient, et en y intro- près, ne parlait l'arabe.
© La Documentation française | Téléchargé le 20/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.225.95)
pression de forces diverses et à plus ou moin·s brève tion qui a été conclue avec la France le 20 mai 1965 (2),
échéance, une autre solution serait adoptée. mais sous la forme d'une « assi·stance technique , dont
l'objet et les modalités n'ont pas été pr,éclsés par cet
C'est ce qui se produisit lorsque le Parlemènt marocain accord. A ce titre, il se trouve au Maroc 55 magistrats
vota, sur proposition de ses membres mais sans que le français placés auprès des différentes juridictions auxquels
gouvernement y fît d'objection, la loi décidant l'unification il convient d'ajouter, d'une part les magistrats en fonction
et l'arabisation des juridictions du Maroc. Cette loi fut au ministère de la Justice ou dans d'autres départements
adoptée à l'unanimité sous les acclamations des députés ministériels (une demi-douzaine environ), et une autre de-
le 2 juin 1964. Elle dispose que sont unifiées, sur l'ensem- mi-douzaine de contractuels qui n'appartiennent pas aux
ble du territoire du· Royaume, toutes les juridictions maro- cadres de la magistrature française. Par rapport à l'année
caines à l'exception du tribunal militaire et de la Haute précédente, la diminution e·st d'un peu moins de 50 %.
Cour de justice mentionnée au titre VIl de la Constitution ; Cette réduction du nombre des magistrats français s'est
que les juridictions ainsi unifiées comportent les tribunaux accompagnée d'un profond bouleversement dans leur ré-
du Sadad, les tribunaux régionaux, les Cours d'appels et la partition géographique. Il n'existe plus en effet que des
Cour suprême, et que seront applicables devant elles, ou- équipes réduites auprès des princ·pales juridiction·s maro-
tre les lois civiles et pénales actuellement en vigueur, caines ( 4 à la Cour suprême, 5 à la Cour d'appel de
toutes les règles en matière de « chraa , et de législation Rabat) alors que des conseillers techniques ont été placés
hébraïque (ce qui implique la suppres·sion des anciens dans la plupart des tribunaux et même auprès d'un cer-
tribunaux des cadis et des tribunaux rabbiniques dont les tain nombre de tribunaux du Sadad « à compétence éten-
compétences sont transférées en premier ressort aux tri- due"· Le résultat est que des magistrats français sont
b.unaux du Sadad, en second degré aux tribunaux régio- aujourd'hui affectés dans des tribunaux qui, jusqu'ici en
naux) ; que nul ne peut exercer les fonctions de magi·strat avaient été dépourvus, tels que ceux de Beni Mellal, Taza,
au Maroc s'il n'est de nationalité marocaine ; enfin que Kenitra ou Ksar es Souk et dans la circonscription des-
seule la langue arabe est admise devant les tribunaux tant quel·s la population européenne n'est guère plus qu 'un
pour les débats et les plaidoiries que pour la rédaction souvenir.
des jugements et arrêts. Cette loi impartis·sait un délai,
avant l'expiration de l'année 1965, pour sa mise en appli- Dans les tribunaux les plus importants, les magistrats
cation, mais dans l'immédiat elle disposait que tous les ont jusqu'ici continué pour l'essentiel à travailler sur dos-
délits et contraventions prévus par le Dahir sur l'organisa- siers, c'est-à-dire à préparer des rapports et des projets
tion judiciaire, relèveraient, dès sa publication, de la com- de décision sur des affaires dont l'instruction s'était dé-
pétence des tribunaux de droit commun. roulée en langue française et se trouvait pratiquement ter-
minée au 1"' janvier dernier. Dans les autres ils sont appe-
La loi, qui n'a été publiée au « Bulletin officiel , que le lés à aider leurs collègues marocains de leur avis lors-
3 février 1965 (1) , a été ·appliquée à la date prévue, met- qu'ils seront consultés.
© La Documentation française | Téléchargé le 20/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.225.95)
(1) Cf Bulletin officiel du Royaume du Maroc n• 2727 du 3 février (2) Publiée au • Journal officiel • de la République française,
1965. 1•• janvier 1966, p. 23.
LE SYSTEME JUDICIAIRE MAROCAIN 37
par de's administrations publiques (Eaux-et-Forêts, Douane, Quant aux secrétaires-greffiers, il ne reste plus parmi
et surtout gendarmerie) qui, se trouvant dans l'impossibi- eux que sept ou huit Français ; en dehors de quelques
lité de rédiger dans l'immédiat tous leurs actes en langue juridictions importantes où ils jouent un rôle de co6rdina-
arabe, continuent à s'adresser aux tribunaux en français. tlon, leur connaissance insuffisante de la langue arabe
Elles ont été toutefois invitée'S à accélérer' l'arabisation devrait entraîner leur disparition assez prochaine. La situa-
de leurs cadres. tion de ce cadre d'auxiliaires de la justice est d'ailleurs
critique en raison d'un recrutement difficile, dont l'insuf-
fisance pèse déjà sur l'accomplissement en temps voulu
L'arabisation des juridictions a parallèlement entraîné des actes de procédure incombant aux greffes.
c.elle des barreaux qui a déjà provoqué le retour définitif
en France d'un tiers environ des avocats français. Un Mais le problème le plus grave re·ste cependant celui
cinquième ou un quart tout au plus parait décidé à de- du recrutement et de la formation en nombre suffisant de
meurer au Maroc, au moins pour quelques année'S. Quant magistrats qualifiés. L'Institut d'études judiciaires ne fonc-
au reste, Ils sont à l'heure actuelle dans une incertitude tionne pas encore. Quant au recrutement par vole de
motivée surtout par les difficultés de réinstallation en concours, si 100 places ont été mises au concours au
France. Demeurent au Maroc ceux qui trouveront une solu- début de l'année 1966, il ne s'est inscrit qu'un nombre
tion dans une association avec des confrères marocain'S, très faible de candidats, largement inférieur au nombre de
au sein de ·laquelle ils se réservent le travail de cabinet. postes à pourvoir.
LA PRESSE EN TUNISIE
© La Documentation française | Téléchargé le 20/10/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.225.95)
A cette époque, le régime des " capitulations " auquel Lorsqu'après la campagne de Tunisie fut instauré le
étaient soumis les étrangers en Tunisie leur permettait de Protectorat français (1883), la situation évolua.
faire circuler des publications éditées dans leurs langues
respective·s. De presse arabe tunisienne, il n'en existait La colonie française récemment arrivée de la métropole
point et c'est pour remédier à ce défaut que Mohammed se trouva en butte à la fois à l'effervescence populaire,
es-Sadok Bey, prenant modèle sur les initiatives de la aux attaques violentes de la presse italienne, aux métho-
Turquie ottomane, de I'Egypte et de l'Algérie, créa le 22 des différentes de l'administration beylicale et à la surveil-
juillet 1860 la première imprimerie arabe officielle du ter- lance étroite de la J;lésidence. Les bulletins d'information
ritoire et le premier journal. C'était " ar-Raid at-ToOnousî " publié·s par la filiale de l'Agence Havas, installée à Tunis ·
(Le Bulletin· de Tunisie), qui devint par la suite le " Journal dès 1881, ne lui parurent pas de nature à la défendre :
officiel ». Mais par décret, -le Bey interdisait en même elle désira son propre porte-parole.
temps la parution de tout autre journal.
Ainsi naquit - après toutefois ·le " Journal officiel "
C'est ainsi qu'à ses débuts la presse tunisienne connut publié en français (1883) - " Tunis-Journal », le 28 février
la contrainte. Plusieurs fois dans son histoire les restric- 1884.