Vous êtes sur la page 1sur 14

NOTES D’ACTUALITÉ

La Documentation française | « Maghreb - Machrek »

1973/3 N° 57 | pages 13 à 25
ISSN 1241-5294
DOI 10.3917/machr1.057.0013
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-maghreb-machrek1-1973-3-page-13.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour La Documentation française.


© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)


© La Documentation française. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


13

NOTES D'ACTUALITÉ

Vers la présidence à vie Dans le cas présent, la comm1ss1on « ad hoc, prévue


par la Constitution a été nommée. 1EIIe doit d'abord déposer
en Tunisie ses conclusions, puis l·a procédure se déroulera.

t e problème de la réforme de la Constitution soulevé il L'attente d'une résolution de l'Assemblée nationale sur
y a trois ans par Bourguiba lui-même dans un discours ce projet peut se prolonger et cela d'autant plus qu 'entre
d'auto-critique prononcé le 8 juin 1970 (1) vient à •nouveau le pouvoir du chef de l'Etat et ceux de l'Assemblée existe
d'être évoqué par lui dans un esprit tout différent. On sait une concurrence discrète.
que la réforme projetée concernait à la fois •l·a libéralisation
du régime et la succession du chef de •l'Etat dans les Les pouvoirs de l'Assemblée sont, certes, infiniment plus
différentes hypothèses qui pouvaient se présenter. Elle réduits que ceux de la Présidence mais c'est toutefois
avait fait l'objet de larges consultations populaires et d'une en son sein et dans celui des commissions que se déroulent
étude approfondie d'une commission du .Parti constituée à les d ébats et se font entendre les critiques de tel•le mesure
cet effet'. On peut dire que le problème de ·la réforme a ou tel proje·t de loi. Les députés sont, par ai·fileurs, générale-
été à l'origine du véritable conflit qu'on a vu se dessiner ment bien informés de !'·état d'esprit du pays. Ils savent
lors du congrès de Monastir en octobre 1971 (2) entre ·les réactions que provoque telle ou telle prise de position
partisans de la libéralisation du régime, et partisans de du président Bourguiba. Il est indéniab·le qu 'i l existe en
la non lim itation du pouvoi r présidentiel - ces derniers, Tunisie une •opposition, chez les jeunes, chez ·les tra-
on s'en souvient, étant mis en minorfté et le président Bour- vaille urs, chez ·les proches de ceux, <le plus en plus
guiba contraint d'intervenir et d'agir par voie d'autorité pour nombreux, que Bourguiba met publiquement en cause. Les
imposer ses candidats au Bureau politique. moyens d'action de cette opposition sont réduits et M. Tahar
Belkhoja, le nouveau ministre de ·l 'Intérieur, peut affirmer,
Les recommandations contenues dans les discours trai- sans crainte d'être démenti, que « ce qui se dit dans les
tant du sujet que le président Bourguiba a prononcés au cafés et les boutiques par quelques éléments mal inten-
cours de ces deux mois, deux au palais du Bardo, siège tionnés, n'ébranlera pas •la force du Parti, (c'est-à-dire
de l'Assemblée nationale, un au palais présidentiel de celle de l'Administration qui le contrôle étroitement).
© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)


Carthage devant ·les députés et les membres du gouver-
nement réunis par ses soi·ns, semblen1 devoir balayer les Bourguiba impose ses décisions au nom de ·l 'efficacité
espoirs des •libéraux. et en vertu de sa lég itimité historique. •Les députés pour-
raient s'y opposer en invoquant ·l'orthodoxie destourienne
Le président Bourguiba a .nettement man ifesté sa répu- et en s'appuyant sur l'opinion publique. Mais il est vraisem-
gnance à voir s'accroître les pouvoirs de l'Assemblée et a blable qu'ils hésiteront à s'·opposer ouvertement aux me-
demandé par contre que le mandat ·présidentiel constitu- sures préconisées par Bourguiba ; tout au plus en retar-
tionnellem ent limité à trois ans •(ce qui l'obligeait -à se retirer deront-ils l'échéance par des artifices de procédure,
en 1974) puisse être indéfiniment renouvelé. Il a même s'efforçant de laisser au Président seul •la responsabilité
ajou té que I'A·ssemblée s'honorerait en le nommant Pré- de la décision.
sident à vie. Edouard MERIC

Or, la Constitution du 1" juin 1959 a prévu en son


chapitre IX une procédure lente et prudente de révision
de la Con stitu tion. Tout amendement doi·t donner lieu à
une étude par une commission " ad hoc , suivie de deux
lectures à 3 mois d'interval·le, chacune sanctionnée par un Les budgets de 1973 m
vote •à la majorité des deux tiers.
BUDGET ALGERIEN
Le texte de la Constitution , ·il est vrai, a été transgressé
en ce qui concerne la procédure de révision lorsque le ·L'ordonnance n• 72-68 du 29 décembre 1972, portant
chef de l'Etat, malade et obligé de s'absenter de Tunisie, loi de 1inances pour 1972 a été publiée au Journal
a dû déléguer ses pouvoirs au Premier ministre par une officiel de la :République algérienne (n• 104) le 29 dé-
loi " constitutionnelle , modifiant l'article 51 ·de la Consti- cembre 1972.
tution, mais il s'agissait d'un cas de force majeure et les
juristes qui se sont penchés •s ur la •loi pour la justifier l'ont Au cours d'une conférence de presse tenue le 3 jan-
fortement souligné. vier 1973, M. Smaï! Mahroug, ministre des Finances, a

(1) Nous. rappelons à nos lecteurs que l 'année budgétaire libyenne


(1 ) Voir " Maghreb " • n• 40, p. 14.
commençant en cor!! le 1•• avril pour l'année 1973, l 'analyse .du b.udqet
(2) Vo ir • Maghreb •, n• 48, p. 20. 1ibyen paraîtra · dans le prochain numéro de la revue :
FAITS ET QUESTIONS D'ACTUALITE AU MAGHREB
14

affirmé, en présentant ce nouveau budget que la loi de pétrolière (la production de pétrole devant -attefndre en 1973,
Finances tenait compte à la fois des nécessités de la 56 millions de tonnes, selon 1es prévisions algériennes) ;
politique algérienne de ·développement et des impératifs de - l'importance du découvert prévu. M. Mahroug a été
prudence sur le plan financier. M. Mahroug a souligné très discret sur la manière dont ·les ressources supplémen-
l'importance de 1973 pour l'Algérie, année qui ser·a la taires nécessaires pour financer ce découvert seront trou-
dernière de la période correspondant au premier plan vées.
quadriennal de développement.

L'ordonnance du 29 décembre 1972 est en réalité très EVOLUTION DES DEPENSES PUBLIQUES
proche des lois de finances des deux dernières années.
L'ensemble des dépenses ·budgétaires et para-budgé-
Elle est caractérisée par : taires prévues par la loi de finances pour 1973 s'élèvera
à 18430 mil·lions de dinars (2), en hausse de 22% par
- une vive progression de l'ensemble des dépenses
rapport à 1972 (15 114 millions de dinars).
publiques ( + 22 %) et plus particulièrement, des dépenses
d'irwestissements (+ 24%); Bien que très ·limité, le déficit budgétaire est en augmen-
- l'accroissement des recettes budgétaires dû, essen- tation d'un tiers sur celui de l'année précédente (310 mil-
tiellement, à l'augmentation des recettes de la fiscalité lions de dinars en 1973 contre 233 en 1972).

EVOLUTION DES MASSES FINANCIERES


(en millions de dinars)

1971 1972 1973


% 1973
1971

A. Recettes, produits et revenus applicables aux dépenses


définitives du budg,et général •.•.••..••.••..••.•••.•..••••• 7 500 8 702 10 310 + 18,5

B. Dépenses de fonctioruiement., •• , , . , , .•...• , , , • , ••. , , , , •••. , , 4 915 5 500 6 430 + 17


c. Dépenses d'équipement à caractère défini tif •.. • •.•••.••• , •• 2 835 3 435 4 190 + 21
D. Dépenses budgétaires totales .•••. • •.••...••.......•. • .•...• 7 750 8 935 10 620 + 18,5
© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)


E. Déf i cit budgétaire ••. , .. , , , .••.•.•..• ; .•••••...•...•..•.•• • - 250 - 233 - 310 + 33

F. Financement hors budget des dépenses d'équipement •••...•.••


a.) autofinancement des entreprises publiques .• , ••..• , .• ,,,,
b) prêts et avances du Trésor .•.•••. , •• , .. • •..• ,.,,,,,,,, •• 4 253,3 6 179 7 810 + 26
c) concours temporaires (prêts du secteur bancaire et fina.n-
cements extérieurs •••. . • , .•• , ••.. , . , • • . , •...•...• , ••.•• ,

G. Total des dépenses d 'équipement • • . • .. • .•.........•••• • .••.• 7 088,3 9 614 12 000 + 25

H. Total de s dépenses publiques ...•..••....••. , • ••••...•••••.• 12 003,3 15 114 18 430 + 22

I. Découvert .•..• ·..•................•...• . •. . • ...........•.•.• , 4 503,3 6 412 8 120 + 26,6

Par contre le découvert est considérable. Il atteint en et privée et par l'appel à des concours financiers exté-
effet 8120 millions de dinars, ce qui représente une aug- rieurs.
mentation de 1 708 millions ·de dinars, •soit environ 26,6 °/o
de plus que ·l'année dernière.
Budget de fonctionnement
Si les dépenses inscrites ·au budget de l'Etat proprement
dit (10 620 millions de dinars) sont presque entièrement Le gouvernement algérien ne parait pas avoir limité aussi
couvertes par des recettes de caractère ·définitif (10 310 mil- strictement en 1973 ·les dépenses de ses services qu'au
lions de dinars), les dépenses d'équipement hors budget cours des années précédentes.
atteignent 7 810 millions de dinars, en augmentation de
26% par rapport ·à 1972 (6 179 millions de dinars) et
devront être financées par le recours à l'épargne publique (2) 1 dinar = 1,125 franc.
BUDGET ALGERIEN
15

Les dépenses de fonctionnement s'élèvent en effet à La répartition des compétences entre ·les différents dé-
6 430 millions de dinars, contre 5 500 millions en 1972 partements ministériels ,n'a pas été modifiée depuis •le
(+ 17%). remaniement ministériel du 21 juHiet 1970.

CREDITS DU BUDGET DE FONCTIONNEMENT


(en milliers de dinars)

1970 1971 1972 1973


Administration générale et souveraineté
- XTé~idence du Conseil.,,, , ,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,, 27,7 30,2 ·34,5 40',2
, .,Défense Nationale.,,.,,, ........ ,,,,,.,,,,,,,,,,,,,,,,,,,, 490 490 492 544
-Ministère d'Etat.,,,,,, .. , ... •••••••••••••••••••••• ,,,, ,,, 1,0 1,0 1,1
- Intérieur,., .... ,,.,,,,,.,,,.,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,.,,,,,,, 389,6 406,0 441,6
- Affaires Etrangères. , , , • , • , , •• , . , , , , , . , , , , , , , , , , , , , , , , . .. , 74,1 82,9 108,5
- Justice,,!, .. ,, .. , ..... , . ........ , , , , , . , , , , , , , , , , , , , , , , , .. 64,8 76,8 84,2

Administration Economique et Technique


- Transports, . , , , , , , · • , ., , , , , , , , , • , , , , • , , , , , , , , , • , , • , , , , , , , , 72,3 90,3 77,3 94,3
- '.Agriculture. , ... , , , . , , , , , , , .•.• , , , , , , , , •• , , , , • , •••• , •• , , • 183,1 215,1 219,3 246,5
- Finances et Plan ••. 1., •• 1., •• ,,, •• , •••• , ••• , . , . , . , •• , , , , . 138,.1 140,'4 172,5 186,4
-Plan .. ,. 11,1, ••• ••••••••••••••• , •••••• , • , ••• ••••••••• , , . , 16,9 19,4. 23,5
- Indus t 'rie et éD.ergie ••••.• , ..•• • • , ••••• , •• ,.,,,,,,.,,, ••• 43,7 42,7 44·,2 42,9
-Travaux publics et Construction ••••••••••• • •• , ••••••••••• 156,7 142,2 176,7 205,6
- Commerce, ...• , ••.... ,,,., ..•••. ,,, •. , ••. , •• ,, .•• ,.,,,,,,. 21,7 18,9 20,9 28,2
- Tourisme ..• ;..,., .. ,,,.,.~,,,.,,,,,.,.,,.,, , , , , , , , , , , , , , , • 12,2 17,3 17,6 17,1
- By'draulique •• ,, ...• , •• ,., •••. , ... , . , •.• , • , ••• , , , • , , •• , . , , • 62,1 70,1 87,8

Secteur social
- Santé publique •..•...•....•. , •. , •• , ••••• , •.• ,,.,.,,,,,,,, 324,5 372,2 406,0 449,3
- Anciens Mo:udjahidines ..•......•...• , ••.. , , .. ,,,,,, •. ,,,,, 330 331,6 379,6 417,9
-Travail et Affaires sociales •••••••••••••••• , •••••••••••• 97,1 116,4 120,7 122,2
© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)


Secteur éducatif et culturel
- Education nationale*, .. , ... ,., .. ,,, ...•. , 1, •• , ••••• 1 •• , . , 980,0 1 156,5 1 388,9 1 650,6
- · Jeunesse et Sport,~ ...... , •• ,.,,., .• , •. , .. , ••.• ,,,, .•.•.. 70,7 85,4 97,9 113,7
- Information .................... . ....................... .. 59,4 71 ,2 81 '1 91,4
- Affaires religieuses ••...•.•••••••••••••••••••••••••• , ••.• 33,5 40,5 49,5 63,4

cba'r ge·s .communes ................................... , , ........ , • 927,8 944,6 1 064,4 1 369,6

* Education nat:iJ.onale :
a) Enseignement primaire et secondaire, ••••• ,, ••••• ,,,,.,,. 1 036,9 1 233,6 1 429,9
b) Ens eignement supérieur et recherches scientifiques •.•••• 119,6 155,1 220,7

Les dépenses d'administration ·générale et de souve- domaine des dépenses administratives n'apparaissent pas
raineté marquent une progression sensible par rapport aux clairement. Il est cependant vraisembl·able que tout en
années précédentes, 42,7 <Jfo du budget de fonctionnement continuant à accorder •la priorité •à son effort de développe-
leur sont consacrés, contre 40<Jfo en 1972. Pour autant ment, l'Algérie a été contrainte cette année d'apporter un
que les dépenses <:onsacrées à la Défense nationale fi- peu plus d'attention aux dépenses de fonctionnement qui
gurent au budget de façon explicite, elles représentent cette avaient été un peu négligées depuis quelque temps et dont
année 10,8 <Jfo, en augmentation de 52,3 millions de dinars certaines, en particulier celles qui concernent l'Education
sur 1972, alors qu'elles étaient restées stationnaires depuis nationale, ont un retentissement direct sur l·a bonne marche
plusieurs années. du Plan.

Le budget de ·l'Education nationale continue ·à progres-


ser à un rythme supérieur à celui de •l'ensemble des Dépenses d'équipement
dépenses ( + 18 '% ) et avec plus de 1 650 millions de dinars
représente près de 30% du budget de fonctionnement. Malgré l'augmentation du budget de fonctionnement, ·le
gouvernement ·algérien continue à mettre l'accent sur les
Les rai sons qui ont amené le gouvernement algérien à dépenses d'équipement qui ·correspondent à la dernière
con~~nti r cotte année un effort plus important dans le tranche annuelle du Plan quadriennal · 1970-1973.
16 FAITS ET QUESTIONS D'ACTUALITE AU MAGHREB

Le rythme d'accroissement de ces dépenses, qui avait en treprises sera assuré, selon des proportions déterminées
atteint + 33 % en 1972 a cependant baissé pu isqu'il n 'est par le ministre des -Finances :
plus que de 25 Ofo. Cette modération peut signifier que le 1) .Par des prêts à long terme consentis par les insti-
retard qui avait été pris dans l'exécution du plan en 1971 , tutions financières spécialisées.
en raison d es difficu-ltés financières dues à la nationali-
sation des actifs pétroliers, a été a u moins partiellement 2) Par des prêts bancai res ·à moyen terme escomptables
comb lé. Les dépenses d'équipement progressent néan- auprès de !'·Institut d'émission.
moins plus rapidement que l'ensemble du budget, qui - 3) .Par des--concours extérie~Jrs mobilisés par le Trésor
n'est en augmentation que de 220fo sur {;e!ui de 1972. public, les banques et les entreprises publiques, après auto-
risation du ministère des Finances . ..
1) Les dépenses correspondant à des financements
non remboursables et qu i sont directement à la charge Contrairement . à . la . loi précédente, la loi de finan-
du budget de l' Etat augmentent de 21 <Jf o, de 3 435 million s ces 1973 ne prévoit p.as le recours à des prêts bancaires à
en 1972, elles passent en effet à 4190 millions en 1973. long terme .escomptables auprès de l'Institut d'émission .
Comme le fait apparaître le tableau ci-dessous ·la loi de
Finànces 1973 a •adopté une nouvelle présentation plus La ventilation des dépenses d'équipement par secteur
détaillée des dépenses d'infrastructure, qui sont classées économique fait apparaître des secteurs nouveaux, tels
par catégorie (communications, habitat rural , aménagement que l'habitat urbain , les zones industrielles, les "entre-
urbain , équipements collectifs, etc ... ). prises de réalisation ., ainsi qu'un accroissement de
. 1 100 millions de . dinars des dotations .attribuées à l'in-
dust-rie.
DEPENSES D'EQUIPEMENT

(en millions da dinars)


RECETTES BUDGETAIRES
1
"' "' ..."'
·.-1 ~
"'
•.-1
1
...."'
"= ....,.,"'"'
0

+'
=" +'
"' " ""+'
>
<:>+'
"'"' "'E •a>""
<n-r'+'
t:: 'CJ
"> "'E""oo ,.."'
0
Les recettes prévues au budget 1973 atteignent un
montant de 10 310 millions de dinars, en augmentation
H
" "'"" ;:!
.0 " <ll.O
h-1
"'
;:!
d'environ 18,5 <>Jo sur celles qui avaient été inscrites au
Industrie 250 5· 31 5 5 565
budget de 1972.
Agriculture 541 902 1 443
Education
Formation
781 - 781
161 - 161 RECEITES DEFINITIVES APPLIQUEES AU BUDGET DE L'ETAT
Hydraulique 544 - 544
© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)


Tourisme 95 140 235 (en million~ de di nars)
Pêche 5 36 41
Infrastructure Communications 302 - 302 1972 1973
Télécommunications 5 95 lOO Produits· des - contributions directes l 150 1 360
Infrastructure administrative 250 - 250
Produits de l' enregistrement et du
Infrastructur e -sociale 261 - 261
Habitat rural
Aménagement urbain
200
20
-450 200
470
timbre
. Produits des impôts divers . s ur les
140 130

Equipement collectif· 200 - 200 affaires 1 600 l 760


Transports - 356 356
Produi ts des contribut).ons indi -
Zones industr ie ll es - 125 125
r e etes
Commerce et d i str ibution - 106 106 1 lOO 1 160
Entreprise de r éal isati on - 210 210 Pro du its des do uanes 650 630
Progr ammes spéc i aux 57 5 75 650
---
4 190
-7 810
---
12 '·000
Produits des doma i nes 22 30
Produits divers du budget 200 190
Rec~ttes d ' ordre 40 30
Concours extérie urs libres - r men-
on
Comme l'année der·nière ces dépenses seront couvertes
à peu près en ti èrement par des recettes budgétaires.
Concour s extérieurs liés - ti onnés
Fiscalité pétrolière 3 200 4 11 0

2) Les autres dépenses d'équipement qui figurent à la Participati on du secteur d ' Etat 600 91 0
loi de finances pour 1973_ correspondent, comme les --- - - -
TOTAL 8 702 10 310
années précédentes aux investissements des entreprises
pubiques et seront financées par des recettes extra bud-
gétaires.

Ces dépenses sont en augmentation de 26% ; elles pas- La structure des recettes budgétaires n'a pas été mo-
sent de 6179 millions de dinars en 1972 •à 7 810 miNions difiée. On constate seulement que •le chapitre " Concours
en 1973. ex térieurs », qui figurait encore "pour mémoire, au bud-
get 1972, et qui paraisssait correspondre à l'aide accordée
L'article 6 de l'ordonnance du 29 décembre 1972 prévo it par le gouvernement français au Trésor algérien a été
que : " le financement · des · investissements planifiés des supprimé.
BUDGET ALGERIEN 17

Comme en 1972 la principale ressource du budget et qui pourra lui servir de relais en attendant que les très
algéri en (environ 40 11/o) doit proven ir de la fiscalité pétro- importantes ressources qu'elle attend de ses exportations
lière. Les recettes procurées par le pétrole doivent en de gaz soient disponibles.
effet atteindre 4 110 millions de dinars en 1973, en h'ausse
d'environ 22 -o;o sur les prévisions du budget 1972 (3 200 mil-
lions de dinars). LE BUDGET MAROCAIN

D'après M. Mahroug la fiscalité pétrolière a rapporté Aucune modification n'a été apportée par loi rectifi-
à J'Algérie en 1972 les 3 200 mill ions de dinars qu'on cative en cours d'année à la loi de finances de 1972
attendait d'elle. Il faut donc croire que les Algériens auraient (dahir du 31 décembre 1971 - 13 Kaada 1391) . Mais un
. sous-estimé les rentrées attendues du pétrole, car leurs dah ir portant loi organique de finances a été promulgué -Je
prévisions étaient basées sur des exportations de 54 mil- 18 septembre 1972 ·(9 chaabane 1392). Ge texte, qui se
lions de tonnes, alors que d'après des informations d'origine caract-érise par sa clarté et sa simplicité, fixe les règles
algérienne eHes n'auraient pas dépassé 50 millions de fondamentales auxquelles Je budget de l'Etat doit obéir :
tonnes. il consacre les grands principes d'unité, d'universalité,
d'annualité et de spécialisation budgétaires selon des déii-
On peut penser que les plus-values apportées par les nitons souvent voi·si·nes de celles de la ·loi organique fran-
accords de Tripoli auront permis aux Algériens de compen- çaise du 2 janvier 1959 mais dans un esprit adapté à la
ser l'insuffisance quantitative de leur production . réalité marocai-ne.

Quoi · qu 'il en soit, J'Algérie espère exporter en 1973 Ainsi ·la loi <le finances est-elle divisée en un -b udget
environ 56 millions de tonnes de pétrole. gén-éral, des budgets annexes et neuf catégories de
comptes spéciaux. •Le ·budget général comporte trois titres
Les autres recettes progressent peu ; elles étaient de de dépenses : fonctionnemen-t, investissement, service de
4 662 mill"ions de dinars en 1972 et atteindront 5 070 miHions la dette publique. Les ·chapitres budgétaires sont peu
en 1973 ( + 9 '0fo). Le gouvernement algérien a en effet nombreux et nettement différenciés (pour chaque ministère,
pris de nouvelles mesures d'allègements fiscaux en faveur en matière de fonctionnement, un pour le personnel et un
des petits revenus ; d 'autres part la ·loi de Finances pour le matériel et les dépenses diverses ; s'agissan t d'in-
prévoit des aménagements de la «taxe unique à la pro- ves tissement, un chapitre par ministère) : ·la spécialité bud-
duction ,, et du tarif douanier (exonération et réduction du gét·aire est donc nettement plus allégée qu'en ·France par
taux pour de nombreux produits) . exemple, laissant plus de latitude au ministre. Toutefois,
l'ensemble des dispositions relatives aux ·lois de finances
l:a contribution spéciale au budget de 1'-Etat, qui vient est bien commandé par la loi (exigence d'une loi rectifi-
s'ajouter aux impôts auxquels son-t assujetties les sociétés cative pour modifier Je budget initial en cours d'année,
© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)


nationales, augmente de plus de 30 °/o sur 1972 pour loi de règlement constatant le montant des recettes et des
atteindre 910 millions de dinars ; cette contribution spé- dépenses effectives, détermination ·légale des ressources
ciale n'a pas cependant retrouvé Je niveau atteint en 1971 et des charges de l'Etat).
(1 300 mi llions de dinars) . •De même les pouvoirs du ·législatif sont nettement définis.
Le projet est soumis le 1•• •novembre à la Chambre des
représentants qui doit se prononcer avant le 31 décembre.
EQUI·LIBHE DES FINANCES PUBLIQUES Celle-ci a en principe généralement plus de pouvoir que
les parlements français ou anglais : les propositions et
En 1973 comme en 1972, dépenses de fonctionnement et amendements des représentants -ne sont irrecevables que
dépenses d 'investissements non remboursables devraient " lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une
donc être presque entièrement ·couvertes par les recettes diminution des ressources publiques, •soit •la création ou
budgétaires. Le déficit du budget, bien qu 'en augmentation l'aggravation d'une charge publique" ·
d'un tiers sur J'an dernier reste dans des limites raison-
·nables (310 mill ions de _dinars) . En revanche, les prérogatives du pouvoir exécuif et
-notamment du ministre des Finances sont aussi bien pré-
Par contre, J'ensemble des dépenses remboursables cisées - et conformes d 'ailleurs à une pratique générale :
d'équipement devra être financé hors-budget. L'Algérie responsabilité du ministre des Finances dans ~a préparation
devra donc trouver plus de 8 milliards de dinars de res- du projet annuel ; possibilité de modifier •le montant des
sources supplémentaires pour assurer ce financement. crédits par décret pris sur proposition du min istre des
Finances - en cas de '' nécessité impérieuse d'intérêt
Il est évident, que malgré les efforts d 'incitation entrepris, national, sous réserve de ratification par voie législative,
le niveau de J'épargne interne, tant publique et privé, ne ou par prélèvement sur le chapitre global des "dépenses
permet pas d'espérer une augmentation notable de sa imprévues » ; possibil'ité de modifier ·la répartition interne
contribution au financement du développement. ·à J'intérieur des chapitres, par simple décision du ministre
des Finances sur proposition du mfnistre intéressé, pour
L'Algérie devra donc ·avoir de nouveau recours à des Je fonction·nement, par décret et <lans la lim ite de 10 Ofo
concours extérieurs. EJ.Ie se tournera vraisemblablement de la plus fa·i ble dotation en matière d'i nvestissement.
vers des organismes internationaux de financement, mais
elle devra faire appel également au marché financier Ce texte mériterait une plus ample -étude : par exemple,
international , qui ne lui a pas refusé sa confiance en 1972 les relations exactes entre la ·loi de finances et les opé-
18 FA 1 T S ET Q U E S T 10 N S 0' ACT UA L 1 T E A ·U MAG H RE B

rations de trésorerie (émissions d'emprunts et leur amortis- d'une année à l'autre particulièrement délicates. La nou-
sement) demanderaient des précisions ; mais il s'agit sans velle présentation est toutefois plus conforme à la vérité
doute d'un des textes les plus clairs et les plus pratiques financière : il est ainsi normal que les -opérations à
existant en la matière. caractère temporaire soient en général déficitaires (- 39 mil-
lions en 1973) alors que les comptes spéciaux faisaient
*
~*
en 1972 ·l'objet d'une prévision d'excédent ( + 57 mil-
lions) (3);

Le dahir du 8 janvier 1973 (3 hija 1392) portant loi de - les ressources globales n'ont progressé que de
finances pour 1973 n'a pas fait l'objet d'un examen préa- 310,8 millions (6,17 milliards au lieu de 5,86), soit + 5,3 Ofo.
lable par la Chambre des représentants, à la différence Divers aménagements fiscaux, de portée différente, ont été
du budget de ·l'exercice 1972. Il se réfère en effet à retenus, soit dans le sens de ·l'allègement (suppression de
l'article 102 de la ·nouvelle Constitution du 10 mars 1972, l'emprunt "obligatoire .. ), soit en vue d'un renforcement
selon lequel, jusqu'à /'instal•lation de la Chambre, les (création de taxes, dispositions techniques diverses).
pouvoirs législatifs s·ont exercés par le Souverain . La loi
de finances übéit cependant aux dispositions de la loi
orga.nique analysée ci-dessus. L'équilibre général retenu *
'**
pour 1973 apparaît au tableau suivant, comparé avec celui
de 1972 : Au total , le résultat prévisionnel fait apparaître une
{e n . mi l lionp de dirhams)
détérioration sensible de l'équilibre budgétaire : Je léger
Resso ur ces Charges excéde·nt de 1971 (14,7 millions compte tenu de la loi
rectificative de fin d'année) av·ait fait place en 1972 à une
1972 1973 1972 1973
insuffisance de ressources de 398 millions, qui est portée
I - Budget généra l pour 1973 à 456,6 millions. 'Elle provient pour l'essentiel
du budget général dont Je découvert s'élève à 500 millions
Resso ur ces 4 732, 6 s 2 59 ,5 - - (469,9 e.n 1972), dû exclusivement au budget d'fnvestisse-
Dépense s de fa nc -
tionnemen t - - 3 593,8 )' 958 ments (- 508,2 mHiions) : le budget de fonctionnement
Dépenses d'i nves - étant en effet arrêté en équilibre (+ 8,1 millions au lieu
tissement - - 1 608 ,7 1 801 , 6 de - 63,2 en 1972).
-
Total I 4 732 , 6 s 259,5 ~ 5 7 59 , 6
Nous analysons successivement les charges de fonc-
II - Bud gets a nnexe s tionnement, les dépenses d'équipement et le finance-
ment.
RessourceS 3) 1 '7 JS0,8 - -
© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)


Dépenses d ' exploi -
tati on - - z,JO 2 16,5
Dépe nses d' i nves -
tissement - - 76 , 8 52 CHARGES DE FONCTIONNEMENT
Total II JJ 1 '7 350;8 ~ 268 ,5
Elles ont évolué comme •il suit au titre du budget
I II - ComEtes SEéa ia ux général
du Trésor 800 , ) 565,2 743,6 604
(en millions de dirhams)
Total gé néra l 5 864 , 6 6 175 , 5 ~ 262,9 6 6J2 , 1 1972 1973

Exc éd ent de charges (-) 1. Dérie nses de fa n c Li on n ernen t


ou de ressour ces ( +) - - J98,3 - 456 , 6
- personnel 2 089 , 5 2 25 1 ,8
- matériel et ùivers 88J , 3 l 073
- travaux d ' cntreLien 37 ,5 37,7
Il ressort du tableau que : - charges communes et clet Le
viagère 13 5, 2 11 J ' s
- le volume des charges de •l'Etat dans leur ensembl~ - - - - ~76
--
Tota l 1 3 1-1 5 , 5 3
sera accru de 369,2 millions soit + 5,9 'Ofo au lieu de
742,8 millions et + 13,6% l'année précédente; 2 . . Service de la clet Le Eul> l i g ue

- les opérations à caractère définitif (budget général - amort i ssable 373 , 4 397' 1
et budgets annexes) passant de 5,52 à 6,03 milliards - f l o ti.antc 74, 9 8'1,9
représentent environ 91 % du total et ont augmenté de Total 2
--- -482
--
4'18 , 3
508,7 millions, soit + 9,2 °/o. Les charges du seul budget
général doivent augmenter de 557 millions, soit + 10,7% ;
--- ---
Total gé néral 3 59) , 8 3 958
- les opérations relatives aux comptes spéciaux du
Trésor font apparaître une sensible diminution. C'est que
leur définition a changé, en raison sans doute de la
nouvelle loi organique : les charges et ressources de
nature proprement budgétaire ont été en effet transférées (3) L'absence de toute indication, dans la loi de finances, sur les
dépenses des comptes spéciaux interdit toute analyse de cette
au budget général - mesure rendant les comparaisons catégorie d'opérations .
BUDGET MAROCAIN 19

L'augmentation globale de 10,1 Ofo (au lieu de 15 Ofo période quinquennale (1973-1977) -n 'étant pas encore ap-
l'année précédente) ou de 10,5% après déduction des prouvé (5) . Il ne devrait pas en résulter de gêne notable
charges de la dette publique, recouvre une évolution _diffé- pour les administrations qui bénéficient en tout .état de
rente selon les départements ministériels. Pour un certain cause de 982 millions en crédits d 'engagement ouverts
nombre d'entre eux, la majoration se révèle sensiblement par la loi de finances de 1972 sur les exercices 1973 et
supérieure à la moyenne. Il en est ainsi des budgets sui- ultérieurs. D'autre part, la nouvelle présentation budgétaire
vants : conforme à ·la loi organique - selon laquelle " les dé-
- Education nationale : + 25,3 il/o. Ce budget, dont la penses d'investissement comportent un chapitre par mi-
majeure partie consiste en charges de personnel (821 mil- nistère , (article 4) - interdit toute analyse : la répartition
lions + 20 de majoration prévue en cours d'année) , repré- par articles n'est en effet pas indiquée dans les documents
sente 24,1 Ofo de ·l'ensemble des dépenses courantes. publiés au Bulletin officiel.

- TravaH, Affaires sociales, Jeunesse et Sports La répartition des crédits d'équipement entre ministères
+ 18,9%. se présente comme il suit :
- Justice : + 20,4 %.
( en millions de di rha ms)
Dans le domaine -é conomique 1972 1973
- Agriculture : + 11,6 %.
Agr~culL u re 304,2 301 ;7
- Travaux publics : + 11,2 % . .Travaux pub l ics et communications 487,4 528 , 9
-Tourisme : + 11,4% (les dotations étant en l'occur- Iuù us Lrie , touris me , etc .. . 26 , 2 53, 6
rence peu importantes en valeur absolue : 22,5 millions). Fi nances (*) 127,5 179
Enseignement et action socia l e 139,9 364; 3
Urbanisme , habitat et environnement 26,7 39,2
Dans le domaine du maintien de l'ordre Equipement ad mi nistratif 297 ,8 334,8
- Défense nationale : + 17,6 %. - --
1 609,7
---
1 801 '5
- Sûreté nationale : + 14,3% (4) .
(•) Les crédits ouverts au titre des Finances correspondant po~r
Présentant le budget, le ministre des Finances souligne la majeure partie au versement de subventions et de participations
à des sociétés publiques chargées de réaliser des investissements
d'ailleurs que « l'effort le plus important a été consenti pour le compte de l 'Etat, notamment par le canal du Bureau d'études
et de participations industrielles et du Bureau de recherches et de
dans le domaine social " • l'augmentation des crédits af- participations minières. La présentation excessivement sommaire des
fectés à la Défense nationale étant « due essentiellement dépenses d'équipement dans la loi de finances interdit toute éva-
à une amélioration de la situation matérielle du personnel luation.
de notre armée, ainsi qu'à une meilleure structuration de
© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)


ses effectifs pour qu'elle réponde au mieux au rôle écono- Les crédits ouverts en 1973 doivent être majorés de
mique et social qui lui est tracé ••. 16,3 mil·lions représentant l'autofinancement attendu des
budgets annexes des PTT et du port de Casablanca (6).
Le chapitre global de " dépenses imprévues , a été ra-
La dotation réelle bénéficiant aux investissements s'élè-
mené de 293 à 258,2 millions, dont on sait déjà qu'à verait dès lors à 1 817,8 miHions. EHe se prolonge d'autre
hauteur de 176,2 mi·l·lions il doit faire face en cours part par l'ouverture de 1 128 millions de crédits d'engage-
d'année à des mesures intéressant le personnel, notamment ment autorisés sur 1974 et les années suivantes.
le personnel enseignant et ·les forces auxiliaires.
Toutefois, une appréciation exacte de la progression
A la forte progression enregistrée en 1972 au titre ·des crédits d'investissements au cours des récentes années
des charges de la dette publique ( + 94,7 millions, soit appelle diverses corrections. Outre certains transferts opé-
+ 26,8 % ), fait suite une augmentation plus modérée rés en 1971 du budget de fonctionnement au budget
(+ 7,5 % ) : leur part dans le total du budget demeure d'équipement les budgets de 1971 et de 1972 sont affectés
ainsi stable (12 Ofo des ressources). A vrai dire, cette par des régularisations comptables importantes qu'il
variation relativement faible de _1973 sur 1972 s'harmonise convient de déduire pour toute comparaison d'une année
mal avec les importantes prévisi·on·s d'endettement inscrites sur ·l'autre (7) .
au budget de l'année précédente : 125 millions en emprunts
intérieurs et 620 mil·lions attendus de l'extérieur.

(5) L'article 49 de la nouvelle Constitution dispose : • Les dépense~


INVESTISSEMENTS PUBLICS d'investissements résultant de l 'application du Plan ne sont vot6es
qu 'une seule fois, lors de l'approbation du Plan par la Chambre des
représentants. Elles sont reconduites automatiquement pendant la
·Le budget présenté dans ce domaine a un caractère durée du Plan. Seul , le gouvernement est habilité à déposer des
projets de loi tendant à modifier le programme ainsi adopté •.
provisoire, le plan de développement pour la prochaine (6) L'ensemble des crédits d'équipement ouverts aux budgets an-
nexes s'élève à 51,9 millions \76,8 en 1972), mais fait largement doubla
emploi avec le budget généra .
(4) Les crédits de la direction générale de la SOreté nationale sont (7) Cf ... Maghreb " n• 44, mars-avril 1971 , p. 17 et n• 51, mai-juin
compris dans le budget de l ' Intérieur qui Incluait en 1972 les 1972, p. 43. Des opérations réalisées antérieu rement sur ressources
dotations affectées à l 'Habitat et Urbanisme. En 1973, l 'Urbanisme, de trésorerie ont été réimputées pour ordre au budget : elles ne
l 'Habitat et l'Environnement ont été érigés en ministère autonome correspondent donc pas à des ouvertures de créd its nouveaux. Toute-
doté de 7,6 millions de crédit. Compte tenu de ces remaniements, fois, les montants indiqués par le ministre : 241 et 161 millions de
l 'ensemble des dotations auparavant rattachées au budget de l 'Intérieur dirhams, respectivement pour 1971 et 1972, diffèrent sensiblement
ne progresse que de 7,9 %. de ceux mentionnés précédemment (181 et 101 mi llions).
20 FAITS ET QUESTIONS D'ACTUALITE AU MAGHREB

Compte tenu de ces divers éléments, la progression - exonérations diverses concernant ·les droits d'enre-
réelle des dotations aux investissements s'établirait comme gistrement, la taxe sur les produits et la taxe sur les
il suit : services, les taxes intérieures de consommation .
1183 millions en 1971,
D'autre part, la loi de finances prononce la r-éintégration
1 495 millions en 1972, soit + 312 millions,
au budget général d'importantes recettes affectées au
1 818 millions en 1973, soit + 323 · millions. Fonds de développement régional : impôt agricole, ·contri-
Le budget d'équipement aura ainsi accusé en deux butions complémentaires sur le revenu des personnes phy-
ans un accroissement de 635 millions de dirhams, soit siques, produits et revenus en domaine, revenus des parti-
de 53%. Les modifications apportées en 1973 à sa cipations de ·l'Etat. Ne restera en dehors que la part de
structure paraissent en outre considérables - dans la l'Etat dans les bénéfices de l'Office chérifien des phos-
mesure où, toutefois, ·la présentation budgétaire permet phates restant due au titre des années 1972 et antérieures.
de les apprécier : la part relative de l'Agriculture a sensi- Cette disposition rétablit dans une ample mesure l'unité
blement régressé, tombant de quelque 20% auparavant du budget et apporte une plus grande clarté aux comptes
à 16,5 %. En revanche, passant de 107 à 317,7 millions, publics.
les crédits consacrés à l'Education ·nationale triplent (8) ;
relevant aussi du domaine social, •les crédits du ministère Ainsi la loi de finances · de 1973, par l'importance de
du Travail, des Affaires sociales, de la Jeunesse et des ses dispositions fiscales, s'inscrit-elle dans ·le mouvement
Sports, passant de 2,9 à 10,8 millions, sont multipliés par 3,7. de réforme entrepris avec la loi de 1972 qui instituait un
Les dotations de l'Urbanisme sont majorés de 50 °/~. impôt général sur le revenu (10).

Le ministre des Finances a annoncé qu'après l'adoption '*


du Plan prévu pour mai, une •loi de finances rectificative "'*
pourrait apporter des compléments aux crédits ouverts et La fiscalité proprement dite a fait l'objet des prevtstons
c1éjà en forte progression. suivantes au cours des trois dernières années :

(e n millions cle tlirllnms )


FINANCEMENT 1971 197 2 1 973
Im ~ ô Ls d ir cc Ls 728 , 8 886,3 946,5
La loi de finances pour 1973 comprend de .nombreuses ~; 24 , 5 25,8 26,9
mesures tant fiscales que techniques, souvent importantes.
On remarque en effet, pour l'essentiel : Dr oits de douane 566 663,3 642 , 3
% 19, 1 19,3 1 8,2
des créations d'impôts :
© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)


ImEÔts indirects
- taxe sur les produits des actions ou parts sociales et taxes de consommatio n 649 736 71 8 , 9
revenus assimilés ; "'l' 22 21 ,4 20, 1 1

- taxe sur les produits de placements à revenu fixe.


taxes sur le chiffre
S'agissant de la première, elle est perçue à des taux d ' affaires 825 910 935
différents selon que les redevables ont fait ou n'ont pas ;; 27 , 7 26 , 5 26 , •1
fait connaître ·leur identité et à un taux forfaitaire (25 %)
Enrer,istrement et timbre 200 240,3 281 , 3
pour les non résidents. 'Le taux est ·également fixé à 25% ~~ 6 ,7 7 8
pour la seconde taxe.
2 968,8 ) 43 5, 9 3 524
Au titre des créations, on peut rattacher l'institution d'un
droit de préemption de f Etat en matière de transactions
immobilières ;
La structure de la fiscalité marocaine évolue ·lentement
des majorations d'impôts existants : mais constamment dans le sens d'une modernisation et
- taxe spéciale cà l'importation, dont le taux fixé à d'une différenciation , Les impôts directs voient leur part
2,5 % lors de sa création par l'acte d'Algésiras, est porté s'accroître. ainsi que . leur nombre; il en est de même
à 5 % ad valorem ; des droits d'enregistrement et .de timbre. ·<En revanche, ·la
part des droits de douane et celle des taxes de consom-
- taxes spéciales sur les vins et sur les bières ;
mation, rubriques traditionnelles du système fiscal marocain,
- d ivers droits de timbre, notamment sur res quiltances ont régressé . te rendement des !.axes sur le chiffre d'af-
de douane (2% au lieu de .1 %) ;

des allègements :
(9) Cet emprunt était concrétisé par des bons à 5 ans assortis
- abandon de " l'emprunt obligatoire » qui affectait les d'un intérêt annuel de 5 °/o payable lors du remboursement. Emis à
parti r de 1968, les bons , qui ne paraissent pas avoir été toujburs
salariés depu is 1968 (9) ; distribués, commenceront à arriver à échéance et à donner lieu
au paiement de l'intérêt en 1974.
(10) Cf. • Maghreb • n• 51 , mai-juin 1972, p. 44. La • contribution
complémentaire sur le revenu des personnes physiques • , assise sur le
(8) Dans son exposé à la presse, le ministre des Finances cite revenu global net des personnes résidant au Maroc, est calculée
pour 1973 un montant effectif de 359 millions, compte tenu de 41 mil- selon un tarif progressif variant de 3 °/o à partir d'un revenu imposable
l ions inscrits au budget des Travaux publics : le coefficient d'aug- supérieur à 20 000 DH à 30 °/o pour la tranche supérieure à 1 million.
mentation s' établ irait alors à 3,5. Les contribuables sont tenus à une déclaration annuelle .
BUDGET MAROCAIN 21

laires demeure pratiquement inchangé, sans doute en à long terme : 90 millions et bons d'€quipement sur
raison d'une absence de développement réel .des affaires. réserve d'investissement : 30 millions), qu'extérieures :
980 millions.
Encore cette appréciation d'ensemble appelle-t-eH-a des
précisions. Le produit des impôts directs, en dehors des On peut s'interroger sur le caractère réaliste de •la
" contributions complémentaires sur ·le revenu ·des person- progression de 620 à 980 millions ( + 50%) des ressources
nes physiques '' (60 millions attendus au lieu de 65) marque attendues de la coopération internationale. Le ministre a
une progression générale, qui traduit une confirmation des qualifié cette prévision de "nettement optimiste "• comme
rendements enregistrés précédemment : SO millions pour il l'avait fait l'année précédente pour une évaluatron très
l'impôt agricole au lieu de 45, 80 pour ·les patentes au lieu inférieure. A défaut de ces considérables apports extérieurs,
de 75, 470 pour l'impôt sur les bén-éfices profession-nels " le reliquat des dépenses non couvert par -des recettes
contre 460 et 220 au Heu de 210 pour le prélèvement sur réelles devrait être financé par les moyens habituels mis
les salaires et traitements . Le rendement des nouvelles à la disposition du Trésor sans que cela comporte un
taxes sur les produits des actions e·t sur les produits des quelconque risque pour la ·stabilité ·de notre monnaie et
placements à revenu fixe a €té évalué à 30 millions. de nos prix ». Il est certai-n que, en l'absence -de tout
renseignement sur ·les dépenses effectives, les spécu-
S'agissant des droits de douane, une forte dimi-nution lations sur les prévisions de financement du Plari ·n'ont
affectant les droits ·d'importation proprement dits (410 mil- qu'une portée limitée.
lions au lieu de 491) n'est qu'en partie compensée par
l'alourdissement de la taxe spéciale à l'importation (170 mil-
-lions contre 102,3). Les évaluations concernant les taxes LE BUDGET TUNISIEN
intérieures de consommation sont particulièrement pru-
dentes : maintien du montant attendu des produits pétro- •LES RECTIFICATIONS DU BU-DGET DE 1972
liers (360 millions), de l'impôt sur les tabacs (200 millions
au lieu de 195), sensible recul pour la taxe sur le sucre Comme les -années précédentes, ·l'évolution de ·la conjonc-
(80 millions au lieu de 100). De même ·les relèvements ture a conduit à une révision en hausse des prévisions
affectant le taux des deux taxes sur les vins et sur les et autorisations de recettes et de dépenses données par
bières n'ont pas d'incidence notable, sinon pour la seconde la loi de finances du 29 décembre 1971 . Ces rectifications
de ·limiter la baisse du rendement. ont fait l'objet de la loi de finances complémentaire du
6 décembre 1972.
Plus caractéristique apparaît ·l'évolution des droits d'enre-
gistreme-nt et de timbre. L'i-nstitution au profit de l'Etat Les différences entre les recettes initialement prévues et
d'un droit de préempti.on ·sur les immeubles dont le prix celles qui résultent de ·-cette dernière loi sont résumées par
ou la valeur v€nale déclarés sont insuffisants a conduit à le tableau suivant :
( eti millirrs Je dinars)
porter ·de 101 -à 120 millions •le produit attendu du droit
© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)


de mutation : il s'agirait d'une mesure de " dissuasion », RECETTES Initiales Rnc ti.fiées Di ffére nCe
incitant les contribuables à des déclarations plus sincères
Recettes <lU budget
et visant à une meilleure justice fiscale.
général

*** Recettes fisc a les


- impôts di r ects J2 765 35 500 + 2 735
Les précisions apportées par le ministre des Finances
- impôts i ndi r ects 101 162 115 800 + 14 638
permettent de distin·guer dans l'ensemble des ressources
du budget général celles qui peuvent s'appliquer au budget - · autres dr oi ts et
:taxes 3 461 3 462 + 1
d'équipement (11) :
( en millio ns de dirhams ) Autr es recettes
H.esso urces Charges Résul tat ordinaires
- produits du do-
maine et des
Fanc t.lonncmc n ·L 3 966 ,1 3 958 + 8 ,1 services publics 4 585 5 212 + 62 7
Equipement. 1 293,~ 1 801 ,6 - 508,2 - reve nus des parti-
ci.pa~io n s e·t béné -
5 25ry,5 5 7 )ry , 6 - 500, 1 fiees des e nt r e-
prises publ iques 26 670 26 670 -
Sont ainsi considérés comme concourant au financement
- produits divers 6 357 6 356 - 1

des investissements :
'J'o l.al 175 000 193 000 + 18 oop
- des recettes définitives : prélèveme-nt sur ·le Fonds
de développement régional (arriérés OCP) 150 millions ; Ile cet tes ]2:J'0}2res 1l es
recettes · d'ordre : 30,2 ; "contre-valeur de dons offerts buclgets annexes
par les pays amis » : 13,2 ;
- JYP'l' 9 027 9 227 + 200
- des ressources d'emprunts : tant intérieures (emprunts
- Il'r'r 395 395 -
TOTA L GENERAL · 184 4 22 202 622 + 18 200
. (1_1) C~l!e distinction qu~lque _ p~u arbitrair~ ... qui !le _serait plus
mamtenuè à l'avenir, est· présentée dans · un · souci de clarté.
22 FAI TS ET QUEST I ONS D ' ACTU A LITE AU MAGHR E B

Le nou vel excéden t de recette ainsi dégagé a été budgets annexes, ressort à 219 490 500 di !lars. Compte tenu
util isé en dépense de la faç on su ivante : des rectifications à la loi de fi nances pour 1972 pré cé-
demment exposées, l'accroissement d'une année à l'autre
(en milliers Je dinars) est de 17 069 500 dinars, soit 8,4 % .
DEPENSES Initiales Re cti.fi écs Différence
DéEE'•ses du bud get
Recettes
général

- l>on,-oirs p u.bl i.e s -. 1 004 997 - 7 Les prévisions de recettes des lois de finances (rectifiées)
des deux années précéden tes et de la loi de finances
- In l..éJ· ~ts de ln dette H 636 1 5 198 + 562
pour 1973 sont résumées par le tableau suivant
- Nuycns des services* 123 4 12 1 ~ 1 361 + 949
- Inl..crventions pu- (c11 111illiers de rliJliiJ"~)
ùliCJ.ues** 13 062 13 613 + 551
nECET'r i•:S 1971 1972 l9ïl
- Dépenses dive rs es 20 750 36 695 + 1 5 94 5
- - - --- nccettcs du budnet rrénéra l
Total 172 864 190 86-1 + 1 8 000
Rec ettes fiscales
])~ C fH1SC:"S ries bud.gets - impô-ts dircci,s 31 356 35 500 ,16 200
annexes - i.mp8ts i ndirects 91 518 115 800 1~2 300
- PTT 9 267 9 467 + 200 - autres rlroits ct taxes 3 669 J 46~ 4 23l
- RTT*** 2 291 2 291 - Autres re ce t..tes ordinaires
--- --- - proflui i.s <lu domninc ct
TOTAL GENERAL 184 422 202 622 + 1 8 200 des sc rv]ccs publics ., 53'1 5 212 '; 81)6

(") Déduct ion faite du remboursement au budget annexe des PTI .


- revenu des par Lic _i Jl" t.j o n s
ct bénéfices dC'S cn ·trc-
(• •) Déduct ion faite de la subvention au budget annexe de la RTI . prises puhl:iqucs ~2 330 26 670 22 800
1· · •) Déduction faite du remboursement au budget annexe des PTI.
- pro<lui Ls di ,-ers 6 493 6 356 6 673

En dehors de quelques ajustements de crédits, qui ont Toto l 160 900 193 000 208 lOO
permis le règlement de dépenses arriérées (1170 000 DT),
Recettes ETOE:l'CS des hudge t. s
les dépènses nouvelles sont principalement un rel èvement
~
des traitements des fonctionnaires (4 400 000 DT), une parti-
© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)


cipation de l'Etat au rétablissement de la situation fin ancière - PTT 6 607 9 227 JO 998
de diverses entreprises publiques (El Fouladh, SOGITEX
et SHTT) par souscription à des augmentations de capital
- RTT 310 JY5 39·1

(6 500 000 DT) et un virement supplémentaire au budget TOTAl. GENEilAI. 167 817 ~02 6~~ :?19 ·192
en capital qui, vu sa date tardive, n'a pu être utilisé et se
trouve reporté sur 1973 (4 900 000 DT).

:Le montant des recettes et des dépenses des établisse-


ments publics nationaux a été réajusté de 56 345 000 d~nars La pause fi scale inaugurée en 1971 se pours uivra cette
à 57 588 000 dinars et celui des fond s spéciaux du Trésor année encore. L'assiette et le tarif des impôts demeurent
a été relevé de 23 830 000 di·nars à 38 533 000 dinars. in changés. t a réforme fi scale ann oncée •lors de 'la dis-
cussion de la ·loi d e tfn ances pour 1972 est remise à
une date ultérieure. D'après ·les d éclaration s du gouver-
LE BUDGET DE 1973 nement à l'Assemblée nation ale, les études con cernant la
réforme des impôts directs approchent de leur terme et
Comme ·J'année précédente, le projet ·de loi de finances pourraient se traduire dès l'an prochain par une unificati on
pour 1973 a donné ·lieu à discussion approfondie devant des impôts sur le revenu, accompagnée d'une réfacti on
l'Assemblée nationale, qui y a consacré t<>utes ses séances réduisant la charge fiscal e qui pèse sur ·les traiteme nts
du 12 au 23 décembre. On doit se féliciter de cet intérêt, et salaires. Ultérieurement, les taxes sur ·le chiffre d 'affaires
qui contraste heureusement avec les ·louanges vides à pourraient être remplacées par ·la taxe à la val eur ajoutée,
l'adresse du gouvernement, suivies d'un vote unanime, qui réforme ·qui devrait coïncider avec ·le début du proch ain
ont trop longtemps ·été de pratique. Sans ·doute certaines plan quadrienn al, c'est-à-dire 1977.
interventions sont-elles directement inspirées du souci des
intérêts particuliers d'une catégorie d'électeurs, mais il en Le fort relèvement des prévisions de recettes résulte
est ainsi dans tou s les corps législatifs du monde. Les donc uniquement de l'évolution attendue de la c onjonc ture
interventions ·les plus marquantes témoignent d'un effort économique.
pour s'élever à la compréhension de l'ensemble d'un sec-
teur de la vie administrative ou économique. ·Le fait remarquable est le redressem ent de ·la part des
impôts directs dan s les recettes fiscales, qui de 24,8 %
•Le montant des opérations courantes en recette et en en 1971 et 23,8 ilfo en 1972 passe à 26,7% pour 1973. Ce
dépense, tant en ce qui concerne le budget général que les redressement s'explique presque exclusivement par J'aug-
BUDGET TUNISIEN
23

mentation du produit du droit de patente (droit d'exercice : Comme l'année précédente, ·l'accroissement porte prin-
+ 1 800 000 DT ; droit proportionnel : + 4 080 000 <DT) cipalem!mt sur les moyens des •services, c'est-à-dire les
et de l'impôt sur le revenu des valeurs mobilières dépenses de personnel et de petit matériel. 1·! résulte
(+ 5 030 000 OT). ·dû pour la plus grande partie à ··l'expi- pour partie de l'achèvement des mesures de reclassement
ration de l'exemption conventionnelle d'impôt dont jou issait des fonctionnaires et pour partie de la création d'emplois
jusqu 'en 1972 la société mixte tuniso-italienne pour l'exploi- nouveaux. Le principal bénéficiaire des créations d'emploi
tation des pétroles. La part des impôts indirects passe est cette année encore le département de -!''Education :na-
corrélativement de 72,3% en 1971 et 73,6 Ofo en 1972 à tiona le : sur 2 768 790 dinars de charges nouvelles prévues
70,7 '% pour 1973. à ce titre, ce département prend 1 218 620 dinars, soit
'L'imposition de la société pétrol ière se traduit par une 42 '%. Néanmoins , sa part dans ·le total des dépenses du
diminution du bénéfice revenant ·à l'Etat à titre d'actionnaire, budg et général a cessé de croître : de 29% pour 1972,
qui passe de 21 970 000 dinars à 18 600 000 dinars, rédui- elle passe à 25,7 '% pour 1973 ; si fon fait abstraction du
sant d'autant ·l'accroissement de recette résultant de cette virement au budget en capital, ·ces pourcentages sont de
imposition . 33,5% et 31 %. Il faut y voir le signe de l'achèvement
de la scolarisation obligatoire, permettant d 'entrer dans un
L'augmen tati on des recettes propres du budget annexe régime stable.
des PTT provient principalement de l'accroissement du
produit des redevances té léphoniques, passé -de 4 381 000 di-
nars en 1971 et 6 100 000 dinars en 1972 à 7 000 000 dinars Solde des opérations
pour 1973, sans relèvement de tarif.
L'équilibre apparent des recettes et des dépenses du
Dépenses budget de fonctionnement dissimule en réalité un excédent
des premières sur les secondes, porté en dépense d'ordre,
L'évolution des autorisations de dépenses données par qui va se retrouver en recette d'ordre au budget en capital.
les lois de fin ances (rectifiées) des deux années préc é- Cet excédent, qui constitue l'autofinancement de l' Etat, a
dentes et par la loi de finances pour 1973 est résumée par été ·le suivant d'après les -lois de finances (rectifiées) des
le ta bleau suivant : deux dernières années et celle de l'année qui s'ouvre
(en milliers de dinars) (en milliers de dinars)

DEPENSES 1971 197 2 1973 1971 15 080,


DéE:enscs du budget général 1972 25 400,
1973 : 311600.
- Pouvoirs publics 9'10 997 1 100
- Intérêts de la de Ltc 5•14 1 5 198 H ~95 A cet excédent du budget général s'ajoute ·l'excédent
© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)


1)

- Noycns des scr~· ices~· 1H 975 124 36 1 1 37 4~9


du budget annexe des PTT, soit 3 000 000 DT, précédem-
ment versé au fonds spécial de mode~nisation, supprimé,
- Interventions publiqttcs ** 1 3 643 1) 613 15 106
et désormais viré au budget en capital.
- Dc!pcn scs diverses 1 5 •169 36 695 37 7 00
On voit donc que la contribution au budget en capital,
Toi-al 1 58 571 1 90 86•1 205 850 servant -à financer des dépenses productives, qui était déjà
DciECnscs de s hudgcts annexes
en -augmentation considérable l'an dernier, surtout après
les rectifications apportées en cours d'années, continue
- PTT 6 83 1 9 467 11 234 de croître à un rythme soutenu et apporte un soutien
- ll.TT*** 2 145 2 291 2 407 considérable •à ·l'expansion.

TOTAL GENE!l.ATJ 167 5•17 202 622 21') ~91 Le montant des opérations en ·capital prévues et auto-
risées par la loi de finances pour 1973 s'établit en res-
(") Déduction faite du remboursement au budget annexe des PTI sources et en charges à 107 500 000 dinars, soit une
(courrier admin istratif). augmentation par rapport à l'année précédente (après
(.. ) Dédu ction fai te de la subvention au budget annexe de la RTT .
rectification) de 14,3 %-, excédant notablement l'accroisse-
(" "" ) Déduction faite du remboursement au budget annexe des PTI
(frais de perception de la taxe) . ment attendu du produit intérieur brut. Si 1'-on exclut ·les
dépenses d'amortissement de la dette, qui restent stables,
l'augmentation des opérations d'investissement direct ou
L'augmen tation gén érale des dépenses d'une année -sur
indirect est de 19%. Néanmoins, ce ch iffre demande a
l'autre est de 8,3 % . Mais si l'on déduit le virement au
être corrigé, à raison de divers changements de présen-
budget en capital, qui n'est qu 'une dépense d'ordre, ·l'aug-
tation des opérations.
mentation effective des dépenses de fonctionnement de
'l'Etat se· trouve ramenée ·à 5,7 <Jfo, coïncidant ·à peu de
chose près avec la progression attendue du produit inté-
Ressources
rieur brut.
La légère augmentation des dépenses des pouvoirs Les ressources affectées au financement des opérations
publ ics est due au rel èvement de l'indemnité législative, en capital pour les deux dernières années écoulées (1972
dont ·le mo~tant mensuel -a été porté par la loi du 6 dé- après rectification) et pour l'année qui s'·ouvre sont résu-
cembre 1972 de 170 DT à 230 DT. mées par le tableau suivant :
24 FAITS ET QUESTIONS D ' ACTUALITE AU MAGHREB

(en milliers de dinars) L'amortissement de la dette restant stable, les dépenses


d'i nvestissement sont en forte progression, de près de
RESSOURCES 1 971 1972 1973 40 % . Sans doute une partie de cette augmentation est
Report de l 'excédent anté- fictive et résulte de ·la réintégration dans le budget d'opé-
rieur - - 4 900 rations de modernisation précédemment financées sur le
fonds spécfal des PTT, opérations dont le détail n'est pas
Excédent du budget général
ordinair e 1 5 080 25 400 31 600 connu pour ·les années antérieures, seule la masse d 'en -
Excédent du budget annexe
semble des recettes et dépenses des fonds spéciaux étan t
des Pl'T - - 3 000
ind iquée par la loi de finances. Mais même en admettant
que la total ité des ressources dégagées et réi-ntégrées au
Recettes fiscales affectées 5 000 6 000 7 000
budget eussent été i-ntégralement employées ·à des inves-
Solde du fond s spécial de tissements au profit des IPTT, on arriverait encore à une
moderni sati on des PTT - - 4 000 augmentation de 35,6 % . Néanmoins, on remarquera qu 'une
Emprunts intérie urs à long masse de 1 500 000 DT est portée sous le titre de " dé-
te r 111e 8 700 16 100 18 800 penses optionnelles "• dont" la réalisation dépendra de la
Ressour ces de trésorerie 10 420 - - conjoncture (12) . L'augmentation de la masse des dé-
Aide extérieure penses réelles serait alors, dans la plus mauvaise hypo-
34 000 41 038 38 200
thèse, ramenée à 13,3 % , chiffre encore nettement supé-
Fonds de concours mémoire mémoire mémoire rieur aux 3,1% de 1971 et 10,1' '% de 1972.
--- --- ---
T,OTAL 73 200 88 538 107 500
Comm e ·l'année précédente, le principal bénéficiaire des
·crédits d'investissement public direct est ·le département
de l'Agriculture avec 12 065 000 DT, soit 24,9% des dé-
ua comparaison avec les années antérieures est affectée penses " fermes », SUIVI des Travaux publics, avec
par divers événements ou changements exceptionnels. 9 851 200 lOT, soit 20,4 % et l'Education nationale ave c
L'excéden t reporté de 1972 est ·la partie des nouvelles 7 218 000 DT, soit 14,9 '% .
receites dégag ées par loi de finances rectificative •à une
date trop tardive pour recevoir un emploi. •L'excédent de Les investissements ind irects, sous forme de prises de
recette du budget annexe des .PTT était précédemme-nt participation , prêts et subventions, gérés par ·le ministère
versé à un fonds spécial de modernisation, que ·la loi de du Pla n, semblent devoir être consacrés en grande partie
finances a supprimé et réintégré dans le budget général. à la poursuite de l'assainissement de la situation financi ère
Toutes les recettes qui apparaissent à ces différents titres des entreprises publiques.
ne son t donc pas nouvelles. En nn de compte, l'augmen-
L'accroissement marqué de l'investissement public pour
© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)


tation réelle des moyens de financement se trouve ramenée
à 7 062 000 dinars, soit 8%. 1973 ·devrait se poursuivre en 1974, à en juger par les
autorisations d'engagement accordées, qui impliquent l'ou-
On note une augmentation de +a contribution du budget verture de crédits de paiement sur ·les années suivantes.
ordinaire, même abstraction faite du report de l'excédent L'évolution de ces autorisations pour les deux années
antérieur et de !'·apparition de l'excédent du budget annexe écoulées et pour l'année qui s'ouvre a été la suivante :
des .PTT, et de l'appel 'à !'·épargne intérieu re, sous forme
(en milliers de dinars)
d 'émission d'une •nouvelle tranche de bons d 'équipement
à dix ans. L'appel aux ressources à court terme, déjà AUTORI SATION D' ENGAGENENT 1971 1972 1973
réduit en 1971 par i a suppression du recours là la Banque
Amortissement de la dette 18 300 23 . 192 23 040
centrale, a complètement disparu . L'aide extérieure est en
légère régress~n. I nvestissement direct de
l'Et at ~0 34 8 50 625 81 781
Participation, prêLs et
Charges su bventions -17 735 17 ~~6 21 013
---
TOTAT. 76 JBJ 91 263 125 BH
La répartition des crédits de paiement ouverts pour les
opér·ations en capital par les deux dernières lois de
finances est résumée par le tableau suivant
Le département de ·l'Education nationale est ici en
(en milli ers de dinars)
mei lleure posture que pour les crédits de paiement, avec
CHARGES 1971 1972 1973 13 424 000 -DT, soit 16,4 '% des investissements directs, mais'
il reste distancé par les Travaux publics avec 18 173 000 DT,
Amor tissement de la dette 18 300 23 192 23 040
soit 22,2 '% et ·ne distance que de peu l'Agriculture avec
Inve stissement direct de 12487000 DT, soit 15,2°/o.
l 'Etat 37 165 43 000 63 447
Participation , pr êts e t
subventions 17 735 17 446 21 013
--- --- ---
TOTAL 73 200 83 638 107 500 (12) Il est difficile de ne pas voir dans cette innovation une
transposition du " fond s d'action .conjoncturelle •, utilisé en France
depu is tro is ans. ·
BUDGET TUNISIEN 25

La relance de l'économie amorcée par le budget de 1972 inflationnis-tes. !L'assainissement attendu de la situation
est amplifiée par ·le budget de 1973, de façon d'autant financière des entreprises publiques devrait achéver de
plus méritoire qu'ont été exclus aussi bien l'accroissement remettre la Tunisie dans la voie d'un développement or-
de la pression fiscale que le recours à des financements donné.
© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

© La Documentation française | Téléchargé le 09/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 207.241.235.134)

Vous aimerez peut-être aussi