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1973/3 N° 57 | pages 13 à 25
ISSN 1241-5294
DOI 10.3917/machr1.057.0013
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-maghreb-machrek1-1973-3-page-13.htm
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NOTES D'ACTUALITÉ
t e problème de la réforme de la Constitution soulevé il L'attente d'une résolution de l'Assemblée nationale sur
y a trois ans par Bourguiba lui-même dans un discours ce projet peut se prolonger et cela d'autant plus qu 'entre
d'auto-critique prononcé le 8 juin 1970 (1) vient à •nouveau le pouvoir du chef de l'Etat et ceux de l'Assemblée existe
d'être évoqué par lui dans un esprit tout différent. On sait une concurrence discrète.
que la réforme projetée concernait à la fois •l·a libéralisation
du régime et la succession du chef de •l'Etat dans les Les pouvoirs de l'Assemblée sont, certes, infiniment plus
différentes hypothèses qui pouvaient se présenter. Elle réduits que ceux de la Présidence mais c'est toutefois
avait fait l'objet de larges consultations populaires et d'une en son sein et dans celui des commissions que se déroulent
étude approfondie d'une commission du .Parti constituée à les d ébats et se font entendre les critiques de tel•le mesure
cet effet'. On peut dire que le problème de ·la réforme a ou tel proje·t de loi. Les députés sont, par ai·fileurs, générale-
été à l'origine du véritable conflit qu'on a vu se dessiner ment bien informés de !'·état d'esprit du pays. Ils savent
lors du congrès de Monastir en octobre 1971 (2) entre ·les réactions que provoque telle ou telle prise de position
partisans de la libéralisation du régime, et partisans de du président Bourguiba. Il est indéniab·le qu 'i l existe en
la non lim itation du pouvoi r présidentiel - ces derniers, Tunisie une •opposition, chez les jeunes, chez ·les tra-
on s'en souvient, étant mis en minorfté et le président Bour- vaille urs, chez ·les proches de ceux, <le plus en plus
guiba contraint d'intervenir et d'agir par voie d'autorité pour nombreux, que Bourguiba met publiquement en cause. Les
imposer ses candidats au Bureau politique. moyens d'action de cette opposition sont réduits et M. Tahar
Belkhoja, le nouveau ministre de ·l 'Intérieur, peut affirmer,
Les recommandations contenues dans les discours trai- sans crainte d'être démenti, que « ce qui se dit dans les
tant du sujet que le président Bourguiba a prononcés au cafés et les boutiques par quelques éléments mal inten-
cours de ces deux mois, deux au palais du Bardo, siège tionnés, n'ébranlera pas •la force du Parti, (c'est-à-dire
de l'Assemblée nationale, un au palais présidentiel de celle de l'Administration qui le contrôle étroitement).
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affirmé, en présentant ce nouveau budget que la loi de pétrolière (la production de pétrole devant -attefndre en 1973,
Finances tenait compte à la fois des nécessités de la 56 millions de tonnes, selon 1es prévisions algériennes) ;
politique algérienne de ·développement et des impératifs de - l'importance du découvert prévu. M. Mahroug a été
prudence sur le plan financier. M. Mahroug a souligné très discret sur la manière dont ·les ressources supplémen-
l'importance de 1973 pour l'Algérie, année qui ser·a la taires nécessaires pour financer ce découvert seront trou-
dernière de la période correspondant au premier plan vées.
quadriennal de développement.
L'ordonnance du 29 décembre 1972 est en réalité très EVOLUTION DES DEPENSES PUBLIQUES
proche des lois de finances des deux dernières années.
L'ensemble des dépenses ·budgétaires et para-budgé-
Elle est caractérisée par : taires prévues par la loi de finances pour 1973 s'élèvera
à 18430 mil·lions de dinars (2), en hausse de 22% par
- une vive progression de l'ensemble des dépenses
rapport à 1972 (15 114 millions de dinars).
publiques ( + 22 %) et plus particulièrement, des dépenses
d'irwestissements (+ 24%); Bien que très ·limité, le déficit budgétaire est en augmen-
- l'accroissement des recettes budgétaires dû, essen- tation d'un tiers sur celui de l'année précédente (310 mil-
tiellement, à l'augmentation des recettes de la fiscalité lions de dinars en 1973 contre 233 en 1972).
Par contre le découvert est considérable. Il atteint en et privée et par l'appel à des concours financiers exté-
effet 8120 millions de dinars, ce qui représente une aug- rieurs.
mentation de 1 708 millions ·de dinars, •soit environ 26,6 °/o
de plus que ·l'année dernière.
Budget de fonctionnement
Si les dépenses inscrites ·au budget de l'Etat proprement
dit (10 620 millions de dinars) sont presque entièrement Le gouvernement algérien ne parait pas avoir limité aussi
couvertes par des recettes de caractère ·définitif (10 310 mil- strictement en 1973 ·les dépenses de ses services qu'au
lions de dinars), les dépenses d'équipement hors budget cours des années précédentes.
atteignent 7 810 millions de dinars, en augmentation de
26% par rapport ·à 1972 (6 179 millions de dinars) et
devront être financées par le recours à l'épargne publique (2) 1 dinar = 1,125 franc.
BUDGET ALGERIEN
15
Les dépenses de fonctionnement s'élèvent en effet à La répartition des compétences entre ·les différents dé-
6 430 millions de dinars, contre 5 500 millions en 1972 partements ministériels ,n'a pas été modifiée depuis •le
(+ 17%). remaniement ministériel du 21 juHiet 1970.
Secteur social
- Santé publique •..•...•....•. , •. , •• , ••••• , •.• ,,.,.,,,,,,,, 324,5 372,2 406,0 449,3
- Anciens Mo:udjahidines ..•......•...• , ••.. , , .. ,,,,,, •. ,,,,, 330 331,6 379,6 417,9
-Travail et Affaires sociales •••••••••••••••• , •••••••••••• 97,1 116,4 120,7 122,2
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* Education nat:iJ.onale :
a) Enseignement primaire et secondaire, ••••• ,, ••••• ,,,,.,,. 1 036,9 1 233,6 1 429,9
b) Ens eignement supérieur et recherches scientifiques •.•••• 119,6 155,1 220,7
Les dépenses d'administration ·générale et de souve- domaine des dépenses administratives n'apparaissent pas
raineté marquent une progression sensible par rapport aux clairement. Il est cependant vraisembl·able que tout en
années précédentes, 42,7 <Jfo du budget de fonctionnement continuant à accorder •la priorité •à son effort de développe-
leur sont consacrés, contre 40<Jfo en 1972. Pour autant ment, l'Algérie a été contrainte cette année d'apporter un
que les dépenses <:onsacrées à la Défense nationale fi- peu plus d'attention aux dépenses de fonctionnement qui
gurent au budget de façon explicite, elles représentent cette avaient été un peu négligées depuis quelque temps et dont
année 10,8 <Jfo, en augmentation de 52,3 millions de dinars certaines, en particulier celles qui concernent l'Education
sur 1972, alors qu'elles étaient restées stationnaires depuis nationale, ont un retentissement direct sur l·a bonne marche
plusieurs années. du Plan.
Le rythme d'accroissement de ces dépenses, qui avait en treprises sera assuré, selon des proportions déterminées
atteint + 33 % en 1972 a cependant baissé pu isqu'il n 'est par le ministre des -Finances :
plus que de 25 Ofo. Cette modération peut signifier que le 1) .Par des prêts à long terme consentis par les insti-
retard qui avait été pris dans l'exécution du plan en 1971 , tutions financières spécialisées.
en raison d es difficu-ltés financières dues à la nationali-
sation des actifs pétroliers, a été a u moins partiellement 2) Par des prêts bancai res ·à moyen terme escomptables
comb lé. Les dépenses d'équipement progressent néan- auprès de !'·Institut d'émission.
moins plus rapidement que l'ensemble du budget, qui - 3) .Par des--concours extérie~Jrs mobilisés par le Trésor
n'est en augmentation que de 220fo sur {;e!ui de 1972. public, les banques et les entreprises publiques, après auto-
risation du ministère des Finances . ..
1) Les dépenses correspondant à des financements
non remboursables et qu i sont directement à la charge Contrairement . à . la . loi précédente, la loi de finan-
du budget de l' Etat augmentent de 21 <Jf o, de 3 435 million s ces 1973 ne prévoit p.as le recours à des prêts bancaires à
en 1972, elles passent en effet à 4190 millions en 1973. long terme .escomptables auprès de l'Institut d'émission .
Comme le fait apparaître le tableau ci-dessous ·la loi de
Finànces 1973 a •adopté une nouvelle présentation plus La ventilation des dépenses d'équipement par secteur
détaillée des dépenses d'infrastructure, qui sont classées économique fait apparaître des secteurs nouveaux, tels
par catégorie (communications, habitat rural , aménagement que l'habitat urbain , les zones industrielles, les "entre-
urbain , équipements collectifs, etc ... ). prises de réalisation ., ainsi qu'un accroissement de
. 1 100 millions de . dinars des dotations .attribuées à l'in-
dust-rie.
DEPENSES D'EQUIPEMENT
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Les recettes prévues au budget 1973 atteignent un
montant de 10 310 millions de dinars, en augmentation
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d'environ 18,5 <>Jo sur celles qui avaient été inscrites au
Industrie 250 5· 31 5 5 565
budget de 1972.
Agriculture 541 902 1 443
Education
Formation
781 - 781
161 - 161 RECEITES DEFINITIVES APPLIQUEES AU BUDGET DE L'ETAT
Hydraulique 544 - 544
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2) Les autres dépenses d'équipement qui figurent à la Participati on du secteur d ' Etat 600 91 0
loi de finances pour 1973_ correspondent, comme les --- - - -
TOTAL 8 702 10 310
années précédentes aux investissements des entreprises
pubiques et seront financées par des recettes extra bud-
gétaires.
Ces dépenses sont en augmentation de 26% ; elles pas- La structure des recettes budgétaires n'a pas été mo-
sent de 6179 millions de dinars en 1972 •à 7 810 miNions difiée. On constate seulement que •le chapitre " Concours
en 1973. ex térieurs », qui figurait encore "pour mémoire, au bud-
get 1972, et qui paraisssait correspondre à l'aide accordée
L'article 6 de l'ordonnance du 29 décembre 1972 prévo it par le gouvernement français au Trésor algérien a été
que : " le financement · des · investissements planifiés des supprimé.
BUDGET ALGERIEN 17
Comme en 1972 la principale ressource du budget et qui pourra lui servir de relais en attendant que les très
algéri en (environ 40 11/o) doit proven ir de la fiscalité pétro- importantes ressources qu'elle attend de ses exportations
lière. Les recettes procurées par le pétrole doivent en de gaz soient disponibles.
effet atteindre 4 110 millions de dinars en 1973, en h'ausse
d'environ 22 -o;o sur les prévisions du budget 1972 (3 200 mil-
lions de dinars). LE BUDGET MAROCAIN
D'après M. Mahroug la fiscalité pétrolière a rapporté Aucune modification n'a été apportée par loi rectifi-
à J'Algérie en 1972 les 3 200 mill ions de dinars qu'on cative en cours d'année à la loi de finances de 1972
attendait d'elle. Il faut donc croire que les Algériens auraient (dahir du 31 décembre 1971 - 13 Kaada 1391) . Mais un
. sous-estimé les rentrées attendues du pétrole, car leurs dah ir portant loi organique de finances a été promulgué -Je
prévisions étaient basées sur des exportations de 54 mil- 18 septembre 1972 ·(9 chaabane 1392). Ge texte, qui se
lions de tonnes, alors que d'après des informations d'origine caract-érise par sa clarté et sa simplicité, fixe les règles
algérienne eHes n'auraient pas dépassé 50 millions de fondamentales auxquelles Je budget de l'Etat doit obéir :
tonnes. il consacre les grands principes d'unité, d'universalité,
d'annualité et de spécialisation budgétaires selon des déii-
On peut penser que les plus-values apportées par les nitons souvent voi·si·nes de celles de la ·loi organique fran-
accords de Tripoli auront permis aux Algériens de compen- çaise du 2 janvier 1959 mais dans un esprit adapté à la
ser l'insuffisance quantitative de leur production . réalité marocai-ne.
Quoi · qu 'il en soit, J'Algérie espère exporter en 1973 Ainsi ·la loi <le finances est-elle divisée en un -b udget
environ 56 millions de tonnes de pétrole. gén-éral, des budgets annexes et neuf catégories de
comptes spéciaux. •Le ·budget général comporte trois titres
Les autres recettes progressent peu ; elles étaient de de dépenses : fonctionnemen-t, investissement, service de
4 662 mill"ions de dinars en 1972 et atteindront 5 070 miHions la dette publique. Les ·chapitres budgétaires sont peu
en 1973 ( + 9 '0fo). Le gouvernement algérien a en effet nombreux et nettement différenciés (pour chaque ministère,
pris de nouvelles mesures d'allègements fiscaux en faveur en matière de fonctionnement, un pour le personnel et un
des petits revenus ; d 'autres part la ·loi de Finances pour le matériel et les dépenses diverses ; s'agissan t d'in-
prévoit des aménagements de la «taxe unique à la pro- ves tissement, un chapitre par ministère) : ·la spécialité bud-
duction ,, et du tarif douanier (exonération et réduction du gét·aire est donc nettement plus allégée qu'en ·France par
taux pour de nombreux produits) . exemple, laissant plus de latitude au ministre. Toutefois,
l'ensemble des dispositions relatives aux ·lois de finances
l:a contribution spéciale au budget de 1'-Etat, qui vient est bien commandé par la loi (exigence d'une loi rectifi-
s'ajouter aux impôts auxquels son-t assujetties les sociétés cative pour modifier Je budget initial en cours d'année,
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rations de trésorerie (émissions d'emprunts et leur amortis- d'une année à l'autre particulièrement délicates. La nou-
sement) demanderaient des précisions ; mais il s'agit sans velle présentation est toutefois plus conforme à la vérité
doute d'un des textes les plus clairs et les plus pratiques financière : il est ainsi normal que les -opérations à
existant en la matière. caractère temporaire soient en général déficitaires (- 39 mil-
lions en 1973) alors que les comptes spéciaux faisaient
*
~*
en 1972 ·l'objet d'une prévision d'excédent ( + 57 mil-
lions) (3);
Le dahir du 8 janvier 1973 (3 hija 1392) portant loi de - les ressources globales n'ont progressé que de
finances pour 1973 n'a pas fait l'objet d'un examen préa- 310,8 millions (6,17 milliards au lieu de 5,86), soit + 5,3 Ofo.
lable par la Chambre des représentants, à la différence Divers aménagements fiscaux, de portée différente, ont été
du budget de ·l'exercice 1972. Il se réfère en effet à retenus, soit dans le sens de ·l'allègement (suppression de
l'article 102 de la ·nouvelle Constitution du 10 mars 1972, l'emprunt "obligatoire .. ), soit en vue d'un renforcement
selon lequel, jusqu'à /'instal•lation de la Chambre, les (création de taxes, dispositions techniques diverses).
pouvoirs législatifs s·ont exercés par le Souverain . La loi
de finances übéit cependant aux dispositions de la loi
orga.nique analysée ci-dessus. L'équilibre général retenu *
'**
pour 1973 apparaît au tableau suivant, comparé avec celui
de 1972 : Au total , le résultat prévisionnel fait apparaître une
{e n . mi l lionp de dirhams)
détérioration sensible de l'équilibre budgétaire : Je léger
Resso ur ces Charges excéde·nt de 1971 (14,7 millions compte tenu de la loi
rectificative de fin d'année) av·ait fait place en 1972 à une
1972 1973 1972 1973
insuffisance de ressources de 398 millions, qui est portée
I - Budget généra l pour 1973 à 456,6 millions. 'Elle provient pour l'essentiel
du budget général dont Je découvert s'élève à 500 millions
Resso ur ces 4 732, 6 s 2 59 ,5 - - (469,9 e.n 1972), dû exclusivement au budget d'fnvestisse-
Dépense s de fa nc -
tionnemen t - - 3 593,8 )' 958 ments (- 508,2 mHiions) : le budget de fonctionnement
Dépenses d'i nves - étant en effet arrêté en équilibre (+ 8,1 millions au lieu
tissement - - 1 608 ,7 1 801 , 6 de - 63,2 en 1972).
-
Total I 4 732 , 6 s 259,5 ~ 5 7 59 , 6
Nous analysons successivement les charges de fonc-
II - Bud gets a nnexe s tionnement, les dépenses d'équipement et le finance-
ment.
RessourceS 3) 1 '7 JS0,8 - -
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- les opérations à caractère définitif (budget général - amort i ssable 373 , 4 397' 1
et budgets annexes) passant de 5,52 à 6,03 milliards - f l o ti.antc 74, 9 8'1,9
représentent environ 91 % du total et ont augmenté de Total 2
--- -482
--
4'18 , 3
508,7 millions, soit + 9,2 °/o. Les charges du seul budget
général doivent augmenter de 557 millions, soit + 10,7% ;
--- ---
Total gé néral 3 59) , 8 3 958
- les opérations relatives aux comptes spéciaux du
Trésor font apparaître une sensible diminution. C'est que
leur définition a changé, en raison sans doute de la
nouvelle loi organique : les charges et ressources de
nature proprement budgétaire ont été en effet transférées (3) L'absence de toute indication, dans la loi de finances, sur les
dépenses des comptes spéciaux interdit toute analyse de cette
au budget général - mesure rendant les comparaisons catégorie d'opérations .
BUDGET MAROCAIN 19
L'augmentation globale de 10,1 Ofo (au lieu de 15 Ofo période quinquennale (1973-1977) -n 'étant pas encore ap-
l'année précédente) ou de 10,5% après déduction des prouvé (5) . Il ne devrait pas en résulter de gêne notable
charges de la dette publique, recouvre une évolution _diffé- pour les administrations qui bénéficient en tout .état de
rente selon les départements ministériels. Pour un certain cause de 982 millions en crédits d 'engagement ouverts
nombre d'entre eux, la majoration se révèle sensiblement par la loi de finances de 1972 sur les exercices 1973 et
supérieure à la moyenne. Il en est ainsi des budgets sui- ultérieurs. D'autre part, la nouvelle présentation budgétaire
vants : conforme à ·la loi organique - selon laquelle " les dé-
- Education nationale : + 25,3 il/o. Ce budget, dont la penses d'investissement comportent un chapitre par mi-
majeure partie consiste en charges de personnel (821 mil- nistère , (article 4) - interdit toute analyse : la répartition
lions + 20 de majoration prévue en cours d'année) , repré- par articles n'est en effet pas indiquée dans les documents
sente 24,1 Ofo de ·l'ensemble des dépenses courantes. publiés au Bulletin officiel.
- TravaH, Affaires sociales, Jeunesse et Sports La répartition des crédits d'équipement entre ministères
+ 18,9%. se présente comme il suit :
- Justice : + 20,4 %.
( en millions de di rha ms)
Dans le domaine -é conomique 1972 1973
- Agriculture : + 11,6 %.
Agr~culL u re 304,2 301 ;7
- Travaux publics : + 11,2 % . .Travaux pub l ics et communications 487,4 528 , 9
-Tourisme : + 11,4% (les dotations étant en l'occur- Iuù us Lrie , touris me , etc .. . 26 , 2 53, 6
rence peu importantes en valeur absolue : 22,5 millions). Fi nances (*) 127,5 179
Enseignement et action socia l e 139,9 364; 3
Urbanisme , habitat et environnement 26,7 39,2
Dans le domaine du maintien de l'ordre Equipement ad mi nistratif 297 ,8 334,8
- Défense nationale : + 17,6 %. - --
1 609,7
---
1 801 '5
- Sûreté nationale : + 14,3% (4) .
(•) Les crédits ouverts au titre des Finances correspondant po~r
Présentant le budget, le ministre des Finances souligne la majeure partie au versement de subventions et de participations
à des sociétés publiques chargées de réaliser des investissements
d'ailleurs que « l'effort le plus important a été consenti pour le compte de l 'Etat, notamment par le canal du Bureau d'études
et de participations industrielles et du Bureau de recherches et de
dans le domaine social " • l'augmentation des crédits af- participations minières. La présentation excessivement sommaire des
fectés à la Défense nationale étant « due essentiellement dépenses d'équipement dans la loi de finances interdit toute éva-
à une amélioration de la situation matérielle du personnel luation.
de notre armée, ainsi qu'à une meilleure structuration de
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Compte tenu de ces divers éléments, la progression - exonérations diverses concernant ·les droits d'enre-
réelle des dotations aux investissements s'établirait comme gistrement, la taxe sur les produits et la taxe sur les
il suit : services, les taxes intérieures de consommation .
1183 millions en 1971,
D'autre part, la loi de finances prononce la r-éintégration
1 495 millions en 1972, soit + 312 millions,
au budget général d'importantes recettes affectées au
1 818 millions en 1973, soit + 323 · millions. Fonds de développement régional : impôt agricole, ·contri-
Le budget d'équipement aura ainsi accusé en deux butions complémentaires sur le revenu des personnes phy-
ans un accroissement de 635 millions de dirhams, soit siques, produits et revenus en domaine, revenus des parti-
de 53%. Les modifications apportées en 1973 à sa cipations de ·l'Etat. Ne restera en dehors que la part de
structure paraissent en outre considérables - dans la l'Etat dans les bénéfices de l'Office chérifien des phos-
mesure où, toutefois, ·la présentation budgétaire permet phates restant due au titre des années 1972 et antérieures.
de les apprécier : la part relative de l'Agriculture a sensi- Cette disposition rétablit dans une ample mesure l'unité
blement régressé, tombant de quelque 20% auparavant du budget et apporte une plus grande clarté aux comptes
à 16,5 %. En revanche, passant de 107 à 317,7 millions, publics.
les crédits consacrés à l'Education ·nationale triplent (8) ;
relevant aussi du domaine social, •les crédits du ministère Ainsi la loi de finances · de 1973, par l'importance de
du Travail, des Affaires sociales, de la Jeunesse et des ses dispositions fiscales, s'inscrit-elle dans ·le mouvement
Sports, passant de 2,9 à 10,8 millions, sont multipliés par 3,7. de réforme entrepris avec la loi de 1972 qui instituait un
Les dotations de l'Urbanisme sont majorés de 50 °/~. impôt général sur le revenu (10).
des allègements :
(9) Cet emprunt était concrétisé par des bons à 5 ans assortis
- abandon de " l'emprunt obligatoire » qui affectait les d'un intérêt annuel de 5 °/o payable lors du remboursement. Emis à
parti r de 1968, les bons , qui ne paraissent pas avoir été toujburs
salariés depu is 1968 (9) ; distribués, commenceront à arriver à échéance et à donner lieu
au paiement de l'intérêt en 1974.
(10) Cf. • Maghreb • n• 51 , mai-juin 1972, p. 44. La • contribution
complémentaire sur le revenu des personnes physiques • , assise sur le
(8) Dans son exposé à la presse, le ministre des Finances cite revenu global net des personnes résidant au Maroc, est calculée
pour 1973 un montant effectif de 359 millions, compte tenu de 41 mil- selon un tarif progressif variant de 3 °/o à partir d'un revenu imposable
l ions inscrits au budget des Travaux publics : le coefficient d'aug- supérieur à 20 000 DH à 30 °/o pour la tranche supérieure à 1 million.
mentation s' établ irait alors à 3,5. Les contribuables sont tenus à une déclaration annuelle .
BUDGET MAROCAIN 21
laires demeure pratiquement inchangé, sans doute en à long terme : 90 millions et bons d'€quipement sur
raison d'une absence de développement réel .des affaires. réserve d'investissement : 30 millions), qu'extérieures :
980 millions.
Encore cette appréciation d'ensemble appelle-t-eH-a des
précisions. Le produit des impôts directs, en dehors des On peut s'interroger sur le caractère réaliste de •la
" contributions complémentaires sur ·le revenu ·des person- progression de 620 à 980 millions ( + 50%) des ressources
nes physiques '' (60 millions attendus au lieu de 65) marque attendues de la coopération internationale. Le ministre a
une progression générale, qui traduit une confirmation des qualifié cette prévision de "nettement optimiste "• comme
rendements enregistrés précédemment : SO millions pour il l'avait fait l'année précédente pour une évaluatron très
l'impôt agricole au lieu de 45, 80 pour ·les patentes au lieu inférieure. A défaut de ces considérables apports extérieurs,
de 75, 470 pour l'impôt sur les bén-éfices profession-nels " le reliquat des dépenses non couvert par -des recettes
contre 460 et 220 au Heu de 210 pour le prélèvement sur réelles devrait être financé par les moyens habituels mis
les salaires et traitements . Le rendement des nouvelles à la disposition du Trésor sans que cela comporte un
taxes sur les produits des actions e·t sur les produits des quelconque risque pour la ·stabilité ·de notre monnaie et
placements à revenu fixe a €té évalué à 30 millions. de nos prix ». Il est certai-n que, en l'absence -de tout
renseignement sur ·les dépenses effectives, les spécu-
S'agissant des droits de douane, une forte dimi-nution lations sur les prévisions de financement du Plari ·n'ont
affectant les droits ·d'importation proprement dits (410 mil- qu'une portée limitée.
lions au lieu de 491) n'est qu'en partie compensée par
l'alourdissement de la taxe spéciale à l'importation (170 mil-
-lions contre 102,3). Les évaluations concernant les taxes LE BUDGET TUNISIEN
intérieures de consommation sont particulièrement pru-
dentes : maintien du montant attendu des produits pétro- •LES RECTIFICATIONS DU BU-DGET DE 1972
liers (360 millions), de l'impôt sur les tabacs (200 millions
au lieu de 195), sensible recul pour la taxe sur le sucre Comme les -années précédentes, ·l'évolution de ·la conjonc-
(80 millions au lieu de 100). De même ·les relèvements ture a conduit à une révision en hausse des prévisions
affectant le taux des deux taxes sur les vins et sur les et autorisations de recettes et de dépenses données par
bières n'ont pas d'incidence notable, sinon pour la seconde la loi de finances du 29 décembre 1971 . Ces rectifications
de ·limiter la baisse du rendement. ont fait l'objet de la loi de finances complémentaire du
6 décembre 1972.
Plus caractéristique apparaît ·l'évolution des droits d'enre-
gistreme-nt et de timbre. L'i-nstitution au profit de l'Etat Les différences entre les recettes initialement prévues et
d'un droit de préempti.on ·sur les immeubles dont le prix celles qui résultent de ·-cette dernière loi sont résumées par
ou la valeur v€nale déclarés sont insuffisants a conduit à le tableau suivant :
( eti millirrs Je dinars)
porter ·de 101 -à 120 millions •le produit attendu du droit
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des investissements :
'J'o l.al 175 000 193 000 + 18 oop
- des recettes définitives : prélèveme-nt sur ·le Fonds
de développement régional (arriérés OCP) 150 millions ; Ile cet tes ]2:J'0}2res 1l es
recettes · d'ordre : 30,2 ; "contre-valeur de dons offerts buclgets annexes
par les pays amis » : 13,2 ;
- JYP'l' 9 027 9 227 + 200
- des ressources d'emprunts : tant intérieures (emprunts
- Il'r'r 395 395 -
TOTA L GENERAL · 184 4 22 202 622 + 18 200
. (1_1) C~l!e distinction qu~lque _ p~u arbitrair~ ... qui !le _serait plus
mamtenuè à l'avenir, est· présentée dans · un · souci de clarté.
22 FAI TS ET QUEST I ONS D ' ACTU A LITE AU MAGHR E B
Le nou vel excéden t de recette ainsi dégagé a été budgets annexes, ressort à 219 490 500 di !lars. Compte tenu
util isé en dépense de la faç on su ivante : des rectifications à la loi de fi nances pour 1972 pré cé-
demment exposées, l'accroissement d'une année à l'autre
(en milliers Je dinars) est de 17 069 500 dinars, soit 8,4 % .
DEPENSES Initiales Re cti.fi écs Différence
DéEE'•ses du bud get
Recettes
général
- l>on,-oirs p u.bl i.e s -. 1 004 997 - 7 Les prévisions de recettes des lois de finances (rectifiées)
des deux années précéden tes et de la loi de finances
- In l..éJ· ~ts de ln dette H 636 1 5 198 + 562
pour 1973 sont résumées par le tableau suivant
- Nuycns des services* 123 4 12 1 ~ 1 361 + 949
- Inl..crventions pu- (c11 111illiers de rliJliiJ"~)
ùliCJ.ues** 13 062 13 613 + 551
nECET'r i•:S 1971 1972 l9ïl
- Dépenses dive rs es 20 750 36 695 + 1 5 94 5
- - - --- nccettcs du budnet rrénéra l
Total 172 864 190 86-1 + 1 8 000
Rec ettes fiscales
])~ C fH1SC:"S ries bud.gets - impô-ts dircci,s 31 356 35 500 ,16 200
annexes - i.mp8ts i ndirects 91 518 115 800 1~2 300
- PTT 9 267 9 467 + 200 - autres rlroits ct taxes 3 669 J 46~ 4 23l
- RTT*** 2 291 2 291 - Autres re ce t..tes ordinaires
--- --- - proflui i.s <lu domninc ct
TOTAL GENERAL 184 422 202 622 + 1 8 200 des sc rv]ccs publics ., 53'1 5 212 '; 81)6
En dehors de quelques ajustements de crédits, qui ont Toto l 160 900 193 000 208 lOO
permis le règlement de dépenses arriérées (1170 000 DT),
Recettes ETOE:l'CS des hudge t. s
les dépènses nouvelles sont principalement un rel èvement
~
des traitements des fonctionnaires (4 400 000 DT), une parti-
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(6 500 000 DT) et un virement supplémentaire au budget TOTAl. GENEilAI. 167 817 ~02 6~~ :?19 ·192
en capital qui, vu sa date tardive, n'a pu être utilisé et se
trouve reporté sur 1973 (4 900 000 DT).
mentation du produit du droit de patente (droit d'exercice : Comme l'année précédente, ·l'accroissement porte prin-
+ 1 800 000 DT ; droit proportionnel : + 4 080 000 <DT) cipalem!mt sur les moyens des •services, c'est-à-dire les
et de l'impôt sur le revenu des valeurs mobilières dépenses de personnel et de petit matériel. 1·! résulte
(+ 5 030 000 OT). ·dû pour la plus grande partie à ··l'expi- pour partie de l'achèvement des mesures de reclassement
ration de l'exemption conventionnelle d'impôt dont jou issait des fonctionnaires et pour partie de la création d'emplois
jusqu 'en 1972 la société mixte tuniso-italienne pour l'exploi- nouveaux. Le principal bénéficiaire des créations d'emploi
tation des pétroles. La part des impôts indirects passe est cette année encore le département de -!''Education :na-
corrélativement de 72,3% en 1971 et 73,6 Ofo en 1972 à tiona le : sur 2 768 790 dinars de charges nouvelles prévues
70,7 '% pour 1973. à ce titre, ce département prend 1 218 620 dinars, soit
'L'imposition de la société pétrol ière se traduit par une 42 '%. Néanmoins , sa part dans ·le total des dépenses du
diminution du bénéfice revenant ·à l'Etat à titre d'actionnaire, budg et général a cessé de croître : de 29% pour 1972,
qui passe de 21 970 000 dinars à 18 600 000 dinars, rédui- elle passe à 25,7 '% pour 1973 ; si fon fait abstraction du
sant d'autant ·l'accroissement de recette résultant de cette virement au budget en capital, ·ces pourcentages sont de
imposition . 33,5% et 31 %. Il faut y voir le signe de l'achèvement
de la scolarisation obligatoire, permettant d 'entrer dans un
L'augmen tati on des recettes propres du budget annexe régime stable.
des PTT provient principalement de l'accroissement du
produit des redevances té léphoniques, passé -de 4 381 000 di-
nars en 1971 et 6 100 000 dinars en 1972 à 7 000 000 dinars Solde des opérations
pour 1973, sans relèvement de tarif.
L'équilibre apparent des recettes et des dépenses du
Dépenses budget de fonctionnement dissimule en réalité un excédent
des premières sur les secondes, porté en dépense d'ordre,
L'évolution des autorisations de dépenses données par qui va se retrouver en recette d'ordre au budget en capital.
les lois de fin ances (rectifiées) des deux années préc é- Cet excédent, qui constitue l'autofinancement de l' Etat, a
dentes et par la loi de finances pour 1973 est résumée par été ·le suivant d'après les -lois de finances (rectifiées) des
le ta bleau suivant : deux dernières années et celle de l'année qui s'ouvre
(en milliers de dinars) (en milliers de dinars)
TOTAL GENE!l.ATJ 167 5•17 202 622 21') ~91 Le montant des opérations en ·capital prévues et auto-
risées par la loi de finances pour 1973 s'établit en res-
(") Déduction faite du remboursement au budget annexe des PTI sources et en charges à 107 500 000 dinars, soit une
(courrier admin istratif). augmentation par rapport à l'année précédente (après
(.. ) Dédu ction fai te de la subvention au budget annexe de la RTT .
rectification) de 14,3 %-, excédant notablement l'accroisse-
(" "" ) Déduction faite du remboursement au budget annexe des PTI
(frais de perception de la taxe) . ment attendu du produit intérieur brut. Si 1'-on exclut ·les
dépenses d'amortissement de la dette, qui restent stables,
l'augmentation des opérations d'investissement direct ou
L'augmen tation gén érale des dépenses d'une année -sur
indirect est de 19%. Néanmoins, ce ch iffre demande a
l'autre est de 8,3 % . Mais si l'on déduit le virement au
être corrigé, à raison de divers changements de présen-
budget en capital, qui n'est qu 'une dépense d'ordre, ·l'aug-
tation des opérations.
mentation effective des dépenses de fonctionnement de
'l'Etat se· trouve ramenée ·à 5,7 <Jfo, coïncidant ·à peu de
chose près avec la progression attendue du produit inté-
Ressources
rieur brut.
La légère augmentation des dépenses des pouvoirs Les ressources affectées au financement des opérations
publ ics est due au rel èvement de l'indemnité législative, en capital pour les deux dernières années écoulées (1972
dont ·le mo~tant mensuel -a été porté par la loi du 6 dé- après rectification) et pour l'année qui s'·ouvre sont résu-
cembre 1972 de 170 DT à 230 DT. mées par le tableau suivant :
24 FAITS ET QUESTIONS D ' ACTUALITE AU MAGHREB
La relance de l'économie amorcée par le budget de 1972 inflationnis-tes. !L'assainissement attendu de la situation
est amplifiée par ·le budget de 1973, de façon d'autant financière des entreprises publiques devrait achéver de
plus méritoire qu'ont été exclus aussi bien l'accroissement remettre la Tunisie dans la voie d'un développement or-
de la pression fiscale que le recours à des financements donné.
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