Lucien Sebag

Author(s): R. S.
Source: Revue de Métaphysique et de Morale, 70e Année, No. 3 (Juillet-Septembre 1965), p. 382
Published by: Presses Universitaires de France
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Accessed: 13-12-2015 06:14 UTC

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Reçue de Métaphysiqueet de Morale

que si elle ramènent à rendre toujours
plus précise son insertiondans la pratique, un ans.
son articulation dans l'être. Et c'est en
cela même que réside la vérité de son
discours : « La primauté de la méthode
sur l'être n'exclut pas que c'est vers
l'être qu'en dernière instance je me
tourne » (p. 231).
Marxisme et structuralismeentre avec
intrépidité au cœur d'un débat brûlant,
et l'entreprise de Lucien Sebag suscitera
sans doute des réserves et des critiques.
Je me garderai toutefois de m'engager
dans cette voie, me conformant à l'es-
prit de l'auteur, qui, ainsi que je l'ai
noté en commençant, se refuse à ces
joutes rapides qui n'avancent jamais
beaucoup la discussion. Je me conten-
terai de faire quelques réserves sur
une présentation du marxisme qui, le
définissant unilatéralement à partir de
l'interprétation de Luckacs - et sans
étudier chez celui-ci précisément, pas
plus que chez Goldmann les textes où
ils ont traité des idéologies - le critique rique du Sud. Il reste neuf mois aux
ensuite au nom de cette même concep-
tion. Mais ces réserves, qui me parais-
saient à première vue importantes, se
sont dissipées à une seconde lecture.
D'abord parce que Sebag rend hommage
à plusieurs reprises à la prudence scien-
tifique de Marx, en reconnaissant qu'il
a ouvert la voie à l'analyse structurale,
et surtout parce que l'essentiel de son
argument - la mise en évidence de
l'ordre symbolique, et l'incompatibilité
d'une analyse portant sur cet ordre
avec une philosophie de la totalité qui
est en même temps une philosophie du
sujet - n'est que la constatation d'un
défaut de principe de la méthode mar-
xiste en cette matière. Aussi, je le répète,passionnée et rigoureuseà la fois, comme
Marxisme et structuralisme, est tout
autre chose qu'une récusation du mar-
xisme ; en tout cas c'est un fécond
« parricide » philosophique devant servir
à lever une hypothèque qui pèse lourde-
ment sur la pensée marxiste contempo-
raine. A condition que la leçon soit enten-
due et que certains acceptent cette fois
le débat.
René Schérer.
Lucien Sebag.
Le compterendu de Marxisme et Struc- par son irréversibledécision.
turalisme était déjà imprimé quand les
amis de Lucien Sebag ont appris avec
stupeur la morttragique de ce jeune philo-
sophe, le 9 janvier 1965.
Lucien Sebag était âgé de trente et
Né à Tunis le 30 janvier 1933, il y
fitses études secondairesau Lycée Carnot.
Il vint à Paris préparer une licence de
philosophie en 1953. Séduit très tôt par
le marxisme, il se fit connaître dès cette
date par sa collaboration à la revue La
nouvelle Critique ; mais des divergences
théoriques, l'affaire hongroise, puis la
guerre d'Algérie l'amenèrent rapidement
à se séparer du parti communisteet à mili-
ter en dehorsde lui.
Rebuté par des discusssions de chapelle,
aspirant à une philosophie ouverte sur
l'expérience,c'est dans la rechercheappli-
quée des sciences humaines qu'il trouve
désormais sa voie.
La psychiatrie l'intéresse tout d'abord,
puis il entreprendsous la direction des
professeursLévi-Strauss et Métraux des
études d'ethnologie.Attaché de Recherches
au C. N. R. S ., il est,en 1963, chargéavec
Pierre Clastres d'une mission en Amé-
confinsdu Paraguay et de la Bolivie chez
les Indiens Guyakis et Ayorès.
De son expédition,il rapporte d'impor-
tants matériaux et un essai original sur
les rêves (Rêves d'une Indienne Guyaki),
publié dans Les Temps modernes de
juin 1964. Un manuscrit achevé sera
consacré à l'analyse structuralede mythes
indiens. Replacé dans ce contexte,
Marxisme et structuralisme, paru au
printemps1964, se proposeà la fois comme
le résumé d'un périple intellectuel,comme
le point de départ de recherchesconcrètes.
Cette œuvre,riche de promesses et déjà
de découvertes, resterainachevée.Elle porte
dans son style Vempreinte d'une pensée
le fut la vie de Lucien Sebag. Il alliait,
par une rare conjonction,à l'intransigeance
de la réflexion,à une étonnanteaptitude
à la synthèse, la curiosité d'un regard
toujours naïf. En cette tension se situait
peut-êtrela source de son inquiétude.
Sa mort irrationnelle confère à son
œuvre désormais immobile, cet accent
auquel on reconnaît ceux qui ont choisi,
en pleine jeunesse, l'instantde leur silence.
Geste dans lequel le sujet, échappant au
discours universellementcommunicable-
en deçà de lui, ou au delà - se signifie
t'. z>.
Au delà des marches, Anthologie de
poèmes hindis,choisispar le Pr R. D.

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