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Dossier TCC : les meilleures thérapies ?

STRESS, DÉPRESSION, PHOBIES...


tcc
les meilleures
thérapies ?
• Première vague
Les thérapies comportementales p. 28
• Deuxième vague
Les thérapies cognitives p. 32
• Troisième vague
Recentrage sur les émotions p. 36
• Efficacité des TCC : qu’en dit la recherche ? p. 42
• Pour en finir avec la guerre des psys p. 44
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Le cercle psy | n°12 | mars/avril/mai 2014 mars/avril/mai 2014 | n°12 | Le cercle psy
Dossier TCC : les meilleures thérapies ? Psychologie clinique 29

Première vague
Les thérapies
comportementales
chology as a behaviorist views it » (2),
le retentissant article fondateur du
comportementalisme (ou du béha­
viorisme, selon un anglicisme très
répandu), John Watson, professeur de
Jean-François Marmion psychologie à l’uni­v ersité Johns
Hopkins de Baltimore et futur pion-
nier du marketing et de la publicité,
Les thérapies comportementales se fondent sur ce postulat : certains troubles préconise d’en finir avec l’intro­
mentaux, les phobies par exemple, reposent sur des réflexes conditionnés. spection et la spéculation, encore
fréquentes en psychologie. Pour lui, il
Mais il est possible de reprendre rapidement le contrôle au moyen faut se borner aux faits. En d’autres
termes, aux comportements d’autrui
d’exercices pratiques. objectivables et mesurables. Ce qui

“ L
n’est pas quantifiable ne doit pas en-
trer en ligne de compte. On ignore ce
es thé- Surmontons notre appréhension, « conditionnelle », elle aussi (la saliva- qui se passe dans le crâne, on n’ouvre
rapies et tâchons de regarder le Grand tion). Saliver face à la nourriture est pas la « boîte noire », du moins tant
cognitivo- Satan dans le blanc des yeux. Dans un réflexe, mais saliver parce qu’un qu’on n’aura pas trouvé des méthodes
comporte- les faits, les thérapies comporte- son de cloche évoque la nourriture scientifiques dignes de ce nom pour

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mentales mentales et cognitives sont com- est un « réflexe conditionné ». Un le faire. En attendant, la psychologie
favorisent plémentaires. Mais pour faciliter tel conditionnement, pavlovien, est doit se cantonner aux sciences na-
le court terme, affirmait sans détour l’exposé, nous verrons les thérapies aussi appelé répondant : un stimu- turelles : « Son but théo­rique est la
Jacques-Alain Miller, fondateur cognitives dans l’article suivant (voir lus (S) provoque une réponse (R) de prédiction et le contrôle du comporte-
de l’École de la Cause Freudienne p. 32). Ici, nous ne présenterons que l’organisme : S => R. Ce mécanisme Qui sont ces pseudo-thérapeutes qui laissent hurler ment », affirme le psychologue améri-
et de l’Association Mondiale de les thérapies comportementales, constitue la base de bon nombre de cain. Glaçant ? Watson écrira pire,
Psychanalyse, dans l’hebdomadaire qui apparurent les premières. Pour nos apprentissages : c’est ainsi que des phobiques devant des cafards jusqu’à l’extinction plus tard, alors qu’il voulait s’élever
L’Express en 2004 (1). Comme la bien les comprendre, il nous faut nous apprenons que certaines situa­ de voix ? Ces gens-là ne sont pas en prison ? contre les partisans de l’eugénisme :
Bourse, elles sacrifient l’avenir pour remonter à la découverte des mé- tions vont provoquer du plaisir ou de « Donnez-moi une douzaine de nour-
embellir la réalité. Pis, ce sont des canismes du conditionnement par la souffrance. rissons en bonne santé et le monde que
méthodes cruelles qui passent par Ivan Pavlov, physio­logiste russe qui répondant, mais un conditionnement dons à reproduire les comportements je veux pour les élever, et je vous garan-
l’exposition du sujet au trauma lui- décroche­ra le Nobel de médecine en Les pigeons de Skinner opérant, lié aux actions du sujet con- pour lesquels nous sommes récom- tis que je peux faire de n’importe lequel
même – par exemple en mettant un 1904 (mais pour tout autre chose : les En 1938, le psychologue Burrhus cerné, ses essais et ses erreurs (on pensés, qui nous permettent d’échap­ d’entre eux n’importe quel type de
patient phobique des cafards devant mécanismes de la digestion). Skinner, de l’université du Minnesota parle aussi de conditionnement ins­ per à une punition, de nous en éviter spécialiste de mon choix – un docteur,
des cafards. La première fois, il hurle, En 1901, Pavlov démontre qu’un chien (et plus tard à Harvard), présente un trumental). Il est ainsi possible une, et nous évitons de faire ce qui un homme de loi, un artiste, un com-
la deuxième fois un peu moins et, au peut se mettre à saliver non pas second type de conditionnement, d’obtenir, par étapes, des comporte- peut nous porter préjudice. merçant de génie et même, oui, un
bout de quelque temps, on considérera seulement à la vue de sa gamelle de basé lui aussi sur l’observation du ments de plus en plus complexes de la mendiant et un voleur, quels que soient
qu’il est guéri ! C’est du maquillage : les nourriture, mais au seul son de cloche comportement animal. Là où Pavlov part du chat ou du pigeon (ne presser Les excès ses ta­­lents, ses penchants, ses ten-
effets, s’ils existent, sont transitoires qui accompagne ordinairement celle- s’intéressait à un chien passif rece­ le levier que dans une certaine pos- du comportementalisme dances, ses aptitudes, ses appels et la
ou superficiels, quand ils ne se révèlent ci. En jargonnant un peu, le proces- vant des stimulations, Skinner étudie ture, par exemple). La science ne fera que confirmer les race de ses ancêtres. »
pas nocifs. En cela, l’efficacité des TCC sus se décompose en trois étapes : un chat ou un pigeon enfermé dans Nous ne nous trouvons plus dans un mécanismes de base de ces deux Rétrospectivement, touchant de naï­
repose uniquement sur l’autorité 1) un « stimulus inconditionnel » (la une boîte (la « boîte de Skinner »), schéma binaire S => R, mais dans une types de conditionnement. Pourtant, veté… La preuve : un des enfants de
de l’expérimentateur, qui se pose en nourriture) déclenche une « réponse mais actif : pour obtenir sa nourri- séquence de type S => O => R => C, soit les théories qu’ils ont inspirées ont Watson se suicidera, un autre passera
expert, en chef de commando. » Mais inconditionnelle » (la sa­livation) ; ture, l’animal doit appuyer sa patte S pour stimulus, O pour organisme, R longtemps senti le soufre. Pourquoi ? sur le divan (ce qui, pour un com-
qui sont ces pseudo-thérapeutes 2) un stimulus neutre (la cloche) est sur un levier après un signal donné, pour réponse, et C pour conséquence Pour deux raisons principales, qui portementaliste bon teint, fait plutôt
fascisants qui laissent hurler des associé à la nourriture ; 3) sans plus sonore ou lumineux par exemple. Très (on parle aussi de renforcement). Ce constituent de jolies casseroles pour mauvais genre).
phobiques devant des cafards jusqu’à présenter la nourriture, la cloche est vite, il associe ses comportements à qui vaut pour les pigeons vaut pour le comportementalisme. En second lieu, certaines expériences
l’extinction de voix ? Ces gens-là ne devenue un stimulus « conditionnel » leurs conséquences : il ne s’agit plus l’être humain : dès l’enfance, et par- En premier lieu, les théories étaient comportementalistes manquaient
sont pas en prison ? provoquant une réponse désormais alors d’un simple conditionnement fois même sans y penser, nous ten- simplificatrices. En 1913, dans « Psy­ singulièrement d’éthique. En 1920,

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On a retrouvé le petit Albert !


L’expérience du petit Albert,
partiellement filmée au fil
des séances, est visible sur
la plateforme de vidéos YouTube (1).
John Watson et Rosalie Rayner, la vue seule du rat lui fait aussi peur contesté au point de constituer un Mais qu’est devenu le garçonnet, Les thérapies freudiennes sont
son étudiante (et maîtresse, mais ne que le bruit du marteau. Mieux véritable épouvantail, dans un con- lâché dans la nature après que longues, ignorent les symptômes
le répétez pas), entendent démontrer même, par un phénomène de gé- texte général d’hostilité à la psychia- Watson eut provoqué chez lui mais en cherchent la source profonde
que nos comportements sont acquis, néralisation, il se met à redouter ce trie. Songez par exemple à L’Orange une phobie des rats blancs ? et lointaine, se concentrent sur la
non instinctifs, et que nos névroses qui ressemble de près ou de loin au mécanique, le roman d’Anthony On l’ignorait, jusqu’à ce parole du patient, imposent au théra-
même naissent de contingences ac- rat : un lapin, un masque blanc, un Burgess, porté à l’écran par Stanley qu’une équipe dirigée par peute de rester en retrait, sont im-
cidentelles, environnementales. Ils bout de coton. Et voilà, le tour est Kubrick : le délinquant Alex fait le psychologue Hall Beck (2), de propres à l’évaluation ? Les thérapies
entreprennent ainsi de créer de joué ! Une phobie a été fabriquée en l’objet d’un conditionnement qui lui l’Appalachian State University, joue comportementales, elles, se veulent
confère une phobie de la violence. Le les Sherlock Holmes. D’abord, brèves, attaquent frontalement les
jeune homme, à présent doux comme symptômes, privi­légient l’action in-
En 1920, John Watson et l’une de ses étudiantes un agneau, devient le bouc émissaire
Albert se serait appelé en réalité
formée du patient, placent le théra-
Douglas, Douglas Merritt
entreprennent de créer de toutes pièces une phobie de ses anciennes victimes. Difficile de exactement. Un expert du FBI est peute d’égal à égal, et revendiquent
survivre sans le pardon d’autrui. Ni, leur exigence d’effi­cacité (voir article
chez un bébé de 9 mois peut-être, sans être capable de
même arrivé en renfort pour
p. 42). Accompa­gnées des thérapies

DR
le confirmer. Selon la version
férocité, dans une société humaine canonique, sa mère, infirmière, avait fini par s’émouvoir de l’expérience cognitives qui prennent en compte la
toutes pièces une phobie chez un laboratoire ! Nos émotions, nos pré- chaotique. Le message s’avère nette- de Watson et par récupérer son enfant, outrée. En réalité, il n’en serait « boîte noire », elles voient leur succès
bébé de 9 mois, le petit Albert (voir férences, et jusqu’à nos symptômes, ment plus ambigu qu’une dénoncia- rien. Nous ignorons si Douglas a continué de souffrir de sa phobie, se généraliser depuis une trentaine
encadré p. 31). Ils lui présentent un résulte­raient ainsi de conditionne- tion du comportementalisme… ou si elle a disparu d’elle-même après quelque temps. L’article d’années. Elles gagnent même du
rat blanc. Il n’a pas de réaction par- ments qui peuvent remonter à notre des enquêteurs se conclut sur une note inhabituelle pour un texte terrain en France, canal freudien
ticulière. Ils lui montrent de nouveau petite enfance. Et quand bien même Un usage raisonné scientifique : ils font part de leur émotion en fleurissant la tombe historique. C’est dire !
le rat, mais en flanquant simultané- nous nous souviendrions de leur en thérapie de Douglas, décédé d’une méningite à 6 ans, alors qu’il leur a fallu John Watson et Burrhus Skinner
ment un grand coup de marteau sur origine exacte, cela n’y change rien : Si les théories totalisantes à la sept années pour retrouver sa trace. doivent se retourner dans leur tombe
une barre d’acier. Cette fois, le petit ce sont devenus des réflexes. Watson ou à la Skinner ont vécu, J.-F. M. en voyant que leur travail a abouti à
Albert est terrifié. Et très rapide- Au bout d’un demi-siècle, le com- aujourd’hui les mécanismes du con- des techniques de soin (ce dont ils
ment, dans la droite ligne de Pavlov, portementalisme va se retrouver ditionnement servent encore de socle (1) Une courte vidéo intitulée « John Watson – Little Albert » est consultable (en anglais) n’avaient que faire), accolées à
aux thérapies comportementales. sur http://www.youtube.com/watch?v=Xt0ucxOrPQE d’autres psychothérapies s’occu­pant

Un arsenal face aux tigres de papier Historiquement, la première d’entre


elles est le fait de Mary Cover Jones,
en 1923. Cette psychologue de
(2) Hall P. Beck, Sharman Levinson et Gary Irons, « Finding little Albert: A journey
to John B. Watson’s infant laboratory », American Psychologist, vol 64 (7), 2009.
de l’intérieur de la boîte noire (qui
leur paraissait inaccessible), et se
mâtinant même, à présent, de pra-
Les thérapies comportementales permettent d’acquérir l’université de Columbia, ancienne tiques inspirées du bouddhisme (voir
un comportement ou de s’en débarrasser. La technique du contre- élève de Watson (en tout bien tout Joseph Wolpe, psychiatre sud-afri­ veau devant ces petites bêtes, mais article p. 36).
conditionnement consiste à présenter, de façon très graduelle et dans honneur, celle-ci), estime que si une cain (et psychanalyste déçu) qui d’apprendre, par étapes multiples et Sans doute auraient-ils accepté de
un état de relaxation, la situation anxiogène en imagination, puis dans névrose peut être fabriquée en labo- s’installera aux États-Unis, déve­ à grand renfort de relaxation, à les telles évolutions, dès lors qu’elles se
la réalité. Tout indiqué contre les phobies et angoisses. C’est un peu ratoire, comme l’a montré à son corps loppe l’approche esquissée par Mary envisager non avec sympathie, mais trouvent étayées par des données
le principe du baigneur qui trempe d’abord l’orteil dans l’eau froide… défendant le petit Albert, on doit Cover Jones et promeut, en 1958, la sérénité, sans réaction physiologique solides : c’étaient des scientifiques, et
Par exemple, pour oser traverser une foule sous le regard des autres, pouvoir la déconstruire. Pour le prou- thérapie des phobies par inhibition génératrice de stress excessif. non des croque-mitaines. Observons
le patient peut s’imaginer le faire (flooding) et assister à l’apaisement ver, elle déniche un garçon phobique, réciproque, où l’apprentissage de la Dans les années 1960, le comporte- néanmoins pour eux une minute de
progressif du stress. Le thérapeute peut aussi servir de modèle Peter, puis le déconditionne. relaxation aide à affronter peu à peu mentalisme perd ainsi de sa superbe silence émue.
au patient, ou lui en présenter un issu de son imagination, de l’actualité Comment cela ? Face au stimulus ef- les situations redoutées en imagina- théorique et ne s’enorgueillit plus …
ou d’une œuvre de fiction. Cette technique dite de modelage est également
utilisée pour faire cesser un comportement : une personne atteinte
frayant, il est autorisé à manger une
glace (c’est le principe même de se
tion puis dans la réalité, ce qui induit
une « désensibilisation systéma-
d’expliquer ou de contrôler tout et
n’importe quoi, mais facilite désor-
Merci. •
d’un Toc peut se sentir soulagée que le thérapeute reste indemne rassurer en suçant son pouce !). Ou on tique » (son compatriote émigré à mais, dans un volet thérapeutique (1) Jacques-Alain Miller, « Une auto
en l’absence de tout rituel supposé conjurer un malheur. L’enjeu le laisse observer d’autres enfants Londres, Isaac Marks, transposera tardif mais pointilleux, le quotidien évaluation par le patient lui-même »,
des thérapies comportementales est donc de libérer le patient qui, eux, restent complètement indif- cette méthode pour la prise en de patients souffrant de symptômes L’Express, 23 février 2004.
des réflexes conditionnés lui faisant redouter des situations qui, férents à la menace supposée. Sa peur charge des Troubles obsessionnels précis. Et ce, alors que la psychana­ (2) John Watson, « Psychology as
en elles-mêmes, ne présentent rien de dangereux. s’évanouit rapidement. compulsifs (Toc)). En cas de phobie lyse jusqu’ici triomphante com- a behaviorist views it »,
J.-F. M. Après des décennies de recherches des cafards (un exemple au hasard), mence à se voir sérieusement Psychological Review, 20, 1913.
fondamentales, place à la clinique. il ne s’agit pas de brailler comme un contestée aux États-Unis.

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Deuxième vague Les TCC en pratique

Les thérapies doute, de Mordicus d’Athènes) :


Les thérapies cognitivo-comportementales se veulent
non seulement évaluables, mais calquées sur le modèle
scientifique dans leur fonctionnement même. Le thérapeute
travaille avec son patient sur un pied d’égalité. Il ne lui cache
rien de ses réflexions, lui explique précisément comment

cognitives
chacun de nous a sa propre façon
d’interpréter les événements. Selon il compte procéder avec lui. La thérapie commence par
que vous verrez le monde en blanc ou une analyse comportementale (ou « fonctionnelle »), afin de
noir, vos jugements vous feront vous cerner ce qui déclenche et entretient les comportements,
sentir puissant ou misérable. Selon pensées et émotions qui génèrent de la souffrance.
votre humeur du moment, certes, Ensemble, ils analysent la situation et échafaudent
mais aussi selon l’image que vous une hypothèse sur la nature des symptômes et la façon
Jean-François Marmion avez de vous-même et des rapports d’y remédier. Ensemble encore, ils fixent des objectifs
humains, le sourire d’un inconnu précis. Le thérapeute dispose d’une batterie de tests
dans la rue vous semblera ironique, standardisés pour évaluer régulièrement l’évolution de
Serions-nous tous des gens intelligents qui se conduisent comme des imbéciles agressif, ou au contraire un signe de ses patients (et la leur faire évaluer). Si les troubles
parce que notre vision de la réalité est biaisée ? En tout cas, les thérapies connivence. Et des pensées surgiront persistent, c’est que l’hypothèse du thérapeute était
avec précipitation : « Encore un qui erronée. Il lui faut donc en formuler une nouvelle. Le patient
cognitives se veulent des boîtes à outils pour réviser les fausses croyances me trouve moche ! Il a bien raison ! » doit travailler de son côté, au moyen d’exercices pratiques.
Ou bien : « Il se fiche de moi ! Comme Chaque séance commence par un bilan des exercices
et autres ruminations stériles qui parasitent le quotidien. effectués depuis la dernière fois, et se termine par

D
tout le monde ! » Ou encore : « Tiens,
tiens ! Quel succès en ce moment, dé- un résumé de la consultation du jour, un feedback
ans le roman de cidément ! Si je voulais… » Alors qu’en du patient, et la définition de nouveaux exercices.
Pierre Dac, Du côté réalité, cette personne ne vous aura J.-F. M.
d’ailleurs, publié en peut-être pas remarqué, et pensait
1953, les intrépides
(e t cor r u pt ible s) conditionnels (« Si on se distingue, les
journalistes Sylvain
Chacun de nous a sa propre façon d’interpréter gens ne vous ratent pas ») ou incondi-
Etiré et Guy Landneuf visitent la les événements : tel pourrait être le postulat tionnels (« De toute façon, les gens
bourgade de Chanceville, qui n’admet sont cruels »). Chaque trouble mental
pour résidents que ceux qui peuvent
des thérapies cognitives se trouve régi par ses propres sché-
attester de leur chance. Or, il semble mas : la dépression est liée à une vi-
bien que Chanceville collectionne les juste à quelque chose d’amusant. « Tout le monde doit m’aimer. » Ces sion exagérément sombre, tandis que
fous et les calamités : la preuve, ce Ces interprétations automatiques et diktats ne sont guère que shouldism les attaques de panique s’asso­cient à
jour-là, les habitants dansent dans dénuées de fondements réels ne se et musturbation, estime Ellis. la suspicion permanente de danger,
les décombres pour célébrer la des- produisent pas au hasard : elles sont Professeur de psychiatrie à l’uni­ et les Troubles obsessionnels compul-
truction de la ville par un séisme. le fruit de routines cognitives profon- versité de Pennsylvanie, Aaron Beck sifs (Toc) à un sens démesuré de la
Explications du maire : San Francisco dément enracinées. Parfois dysfonc- remarque de son côté, dans les an- responsabilité (« Si je n’accomplis pas
a jadis été détruite par un tremble- tionnelles. Mais pas immuables. nées 1970, qu’un sujet dépressif est mon rituel, un malheur m’arri­vera… »).
ment de terre ET un raz-de-marée, victime de trois biais fondamentaux : Ces schémas sont confirmés par des
alors que Chanceville a échappé au La musturbation rend aveugle il se considère, à tort, systématique- biais, qui filtrent et distordent
second. Tout à coup, un pan de mur En 1955, Albert Ellis fait connaître sa ment responsable de son malheur, l’information : l’inférence arbitraire
s’écroule et ensevelit le magistrat, thérapie rationnelle-émotive (ex- lequel est perçu comme irréversible, (conclure sans preuve que le sourire
lui broyant les deux jambes. Mais en thérapie rationnelle, et future théra- et frappant, par contagion, le monde de l’inconnu est ironique) ; la générali-
songeant qu’il aurait pu mourir, il rit pie rationnelle-émotive-comporte- entier. Ces mécaniques cognitives, sation (« C’est toujours comme ça ! ») ;
tout son soûl. On ne saurait mieux mentale), partant du principe que les selon Aaron Beck, comportent plu­ la maximalisation (« Arrête de dire que
illustrer le postulat des théories comportements névrotiques sont des sieurs strates. ce n’est rien, c’est une catastrophe ! ») ;
cognitives, principalement initiées actes stupides mis en œuvre par un Profonds, immuables et inconscients, la minimisation (« Je n’y suis pour rien,
par deux psychanalystes défroqués, sujet intelligent, au nom de croyances nichés en mémoire à long terme, les j’ai eu de la chance ! ») ; l’attention
Albert Ellis et Aaron Beck, qui n’ont irrationnelles. Celles-ci, au nombre schémas, d’abord, constituent les sélective (se concentrer sur ce qui
jamais caché leur dette à l’égard d’une dizaine, relèvent fréquemment socles de notre vision du monde et de confirme notre grille de lecture, et
des philosophes stoïciens (ni, sans d’impératifs irréalistes du genre notre personnalité. Ils peuvent être faire l’impasse sur le reste), etc.

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Comment
changer de
lunettes ?
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constante d’évaluation scientifique. talisme et du cognitivisme. En 1969, être gratifiés, ou éviter un désagré- (qu’il parvienne à traverser une place
Quelques En 1977, il mar­que un point décisif
lorsqu’une étude indique que sa théra-
il publie Principes de modification
comportementale. S’éloignant des
ment (attente de résultat), mais nous
nous sentons plus ou moins capables
publique sans attaque de panique, par
exemple) entraîne forcément des con­
techniques pie provoque des effets supérieurs à
ceux d’un médicament dans certains
chats et pigeons de Skinner, il braque
le projecteur sur l’appren­tissage hu-
de cet effort (attente d’effi­cacité). En
évitant ou en favorisant des situa-
séquences cognitives : il va cesser de
se dévaloriser, gagnant ainsi une as-
types de dépression. Au fil des ans, main. Il constate que nous apprenons tions sur la base de ce que nous nous surance qui fera « boule de neige »
Le questionnement socratique l’application de ces thérapies déborde sans cesse en imitant spontanément croyons capables de faire, nous nous dans d’autres domaines de sa vie. De
Ici, pas de jugements ni de conseils, mais des questions (d’une respectueuse la seule prise en charge de la dépres- les comportements entraînant des renforçons donc tout seuls. D’après même, casser un schéma de sur-res­
ironie parfois) visant à ébranler les certitudes du patient pour l’inciter à sion et des troubles anxieux pour conséquences bénéfiques pour leurs Bandura, le meilleur moyen de modi- ponsabilité obligeant quelqu’un à se
chercher d’autres interprétations à ce qu’il vit, ce qu’il ressent, ce qu’il croit s’étendre à une multitude de troubles, laver les mains soixante fois par jour
comprendre du monde. In fine, le sujet doit trouver en lui-même de la schizophrénie jusqu’à l’anorexie va l’aider à se libérer de son Toc.
d’autres façons de penser et les substituer à ses pensées toxiques. ou la boulimie, en passant par les pro­ Les thérapies comportementales et cognitives Comportements, cognitions… Il ne
La flèche descendante
blèmes conjugaux. se sont avérées complémentaires, puis indissociables manquait plus qu’une troisième géné­
ration de TCC pour s’occuper des émo­
Le thérapeute incite le patient à analyser les conséquences d’une pensée
Albert au carrefour tions (voir article p. 36). En réalité,
automatique jusque dans leurs derniers retranchements. En les envisageant
Les thérapies cognitives émergent auteurs, ce qu’il qualifie d’appren­ fier nos croyances sur nous-mêmes celles-ci n’étaient pas négligées. Les
ainsi, le sujet prend conscience qu’il s’agit d’un écran de fumée irréaliste.
dans les décennies 1960-1970, paral- tissage vicariant, ou mode­lage. Mieux n’est pas de réfléchir, d’analyser, de se thérapies comportementales s’y inté-
Le tableau à deux colonnes lèlement aux thérapies comporte- encore : pas besoin d’agir ou d’imiter, persuader comme avec la méthode ressaient déjà, principalement à
Prenons une croyance sur le monde et marquons dans une colonne mentales, tandis que les grands il nous suffit d’ob­server puis de nous Coué. C’est d’agir : « Tiens ! Je constate l’anxiété accompagnant les comporte-
les arguments qui la soutiennent, et dans une autre ceux qui la réfutent. édifices théoriques comportemen- repré­s enter un comportement que j’en étais donc capable ! » Voilà ments handicapants. Les thérapies
Quelle est la crédibilité de chacun, de 1 à 10 ? Ou encore, quelle est talistes, eux (voir article p. 28), pâtis- comme plus ou moins bienvenu d’un pourquoi Bandura n’a jamais renié le cognitives aussi, les émotions asso-
la probabilité chiffrée pour qu’un événement redouté survienne ? sent de certaines limites. La « boîte point de vue verbal, symbolique et comportementalisme. ciées aux pensées automatiques cons­
noire », dont les héritiers de John social. En un mot, la culture aussi Autoévaluation, anticipation, rôle tituant la clé d’entrée permettant
La résolution de problème Watson refusaient d’abord de s’oc­ conditionne. En outre, Bandura in- éminent des rapports sociaux, marge l’explo­ration des cognitions jusqu’aux
Quel but le patient souhaite-t-il atteindre exactement ? En quelles étapes cuper, ne peut rester close éternelle- siste sur les interactions permanen- de manœuvre dans la détermination profondeurs des schémas. Cette fois,
peut-on le décomposer ? Quelles sont les différentes éventualités pour ment. Elle a ainsi été entrouverte, par tes entre le sujet, son environnement d’un individu : autant de paramètres leur gestion est plus direc­tement prise
atteindre la première d’entre elles ? Quels sont les avantages et inconvénients exemple par le psychologue Clark et ses comportements, ces derniers qui élargissent les conceptions skin- en compte, au moyen non plus seule-
de chaque procédure ? Laquelle choisir ? Hull, de Yale, qui avança la notion de exerçant une influence sur l’envi­ neriennes… sans pour autant inva­ ment de techniques de relaxation
J.-F. M. variables intermédiaires entre le ronnement, et donc sur les stimula- lider les thérapies comportementales ponctuelles, le temps de surmonter
stimulus adressé à l’organisme et la tions possibles. qu’elles ont inspirées. A contrario, les son appréhension, mais avec un pro-
Les schémas induisent également Ces ruminations incessantes sont réponse de celui-ci. D’autres ont Enfin, en 1977, Bandura développe la thérapies comportementales et cogni- gramme régulier de méditation. À lire
des règles de fonctionnement (« Mieux
vaut toujours se taire, puisque les gens
préconscientes : elles forment une
espèce de bruit de fond, de brouhaha,
étudié comment, sur le modèle du
conditionnement opérant, des « com-
notion d’effi­cacité personnelle perçue :
la répétition et l’acquisition d’un com-
tives se sont avérées complémen-
taires, puis indissociables. En théorie,
dans TCC, épisode 3, page suivante ! •
sont cruels »). Lesquelles tournent dont on n’a même pas conscience à portements couverts » – comprenez portement ne peuvent dépendre les unes traitent des comportements, Merci à Jacques van Rillaer pour son expertise
facilement à la prophétie auto-réa­ moins de se concentrer. Et c’est à des croyances, pensées et émotions uniquement des renforcements, car la les autres des pensées. Dans les faits, sur les aspects techniques les plus obscurs
lisatrice : ainsi, à force de rester dans partir de ces pensées réflexes et des – pouvaient être renforcés. motivation entre en jeu. En produi­sant la distinction s’avère un brin oiseuse. pour le non-spécialiste.
notre coin pour éviter de nous sentir émotions désagréables qui les accom- En 1959, Burrhus Skinner a fait les un comportement, nous espé­­rons en Qu’un sujet en finisse avec une phobie
ridicule, les gens renoncent à s’inté­ pagnent invariablement que patient frais d’une controverse avec le lin-
resser à nous, ne songent plus à nous
inviter. Ces schémas structurels et
et thérapeute peuvent ouvrir la boîte
noire, démêler les erreurs logiques, et
guiste Noam Chomsky, selon lequel
des aspects probablement innés du >> À lire
ces processus logiques défaillants les schémas. L’objectif ultime est de langage ne sauraient résulter d’un Jean Cottraux, Les psychothérapies comportementales
s’exercent à notre insu. Mais ce qui corriger ceux-ci, en apprenant à pen­ apprentissage opéré sur une table et cognitives, 5e éd., Masson, 2011.
affleure en permanence, ce sont les ser autrement, sinon en embrassant rase. En théorie comme en clinique, Frédéric Chapelle, Benoît Monié, Rollon Poinsot, Stéphane
pensées automatiques, c’est-à-dire « la » réalité, du moins en nuançant les les temps sont mûrs pour extirper les Rusinek, Marc Willard, L’Aide-mémoire des thérapies
des monologues intérieurs bien rodés jugements à l’emporte-pièce. pensées de leur naphtaline. comportementales et cognitives, Dunod, 2011.
qui jaillissent à la moindre opportu- Beck développe ses thérapies cogni- C’est sans doute Albert Bandura, de
Ovide et Philippe Fontaine (coord.), Guide clinique
nité (« Tais-toi, sinon tu vas encore te tives avec une grande rigueur métho­ Stanford, qui incarne le mieux cette
de thérapie comportementale et cognitive, Retz, 2006.
griller ! »). dologique et une préoccupation interpénétration du comportemen-

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Dossier TCC : les meilleures thérapies ? Psychologie clinique 37

Troisième vague

Recentrage temps d’échange avec les par-

sur l’émotion
ticipants, et un temps d’éclairage
théorique. « On cherche à entraîner
l’esprit à sortir des automatismes,
à développer une zone tampon, qui
permet de prendre conscience de ce
qui arrive et qui offrira davantage le
loisir de décider et d’agir en fonction
Marc Olano de ce que l’on souhaite », explique
Rollon Poinsot. Entre les séances
Il ne s’agit plus seulement d’observer nos comportements et nos pensées, hebdomadaires, les participants
sont invités à s’exercer quotidien­
mais aussi nos émotions. Tel est l’objectif des nouvelles TCC, qui s’inspirent nement et à prendre des notes sur
notamment de techniques de méditation. leur vécu émotionnel.

P
« C’est une discipline qui demande
une attention très régulière. Il n’y
leine conscience et inadaptées. À travers le processus « retrouver une liberté de manœuvre a pas d’effet miracle. On ne se sent
acceptation sont les de restructuration cognitive, le et de pensée en présence d’événe­ pas forcément mieux après avoir
notions-clés de la troi- patient apprend à identifier puis ments psycho­logiques difficiles, et médité », explique Julie, qui a suivi
sième vague de TCC : à modifier ces perceptions qui po- parvenir à ne plus se laisser piéger un protocole MBCT. Souffrant de
observer nos émotions sent problème (article p. 32). Les par les sirènes d’une soi-disant nor- troubles dépressifs de façon chro-
sans jugement, accep- thérapies de la troisième vague se malité exempte de toute manifesta- nique, elle dit avoir mis du temps à
ter les pensées négatives telles profilent à partir des années 1990. tion psychologique indésirable ». Ne « rentrer » dans le processus pro-
quelles sans essayer de les transfor- Elles annoncent alors un virage se trouve-t-on pas ici à mille lieues posé. Toutefois, au bout de quelques
mer, en somme mieux vivre avec ses
imperfections. Or, souvenons-nous,
conséquent dans le champ des TCC.
« Plutôt que de cibler directement
du fameux « stimulus-réponse » ?
Voyons plus en détail les principales
Dans la tradition bouddhiste, la pleine conscience séances, des effets bénéfiques sont
apparus : « J’ai pu mettre en place
au début du comportementalisme, les symptômes (…), elles cherchent approches thérapeutiques de cette décrit un état dans lequel l’individu se recentre sur des outils m’empêchant de toujours
il était plutôt question d’isoler les
comportements problématiques
davantage à agir sur la relation de
l’individu à ses symptômes », écri­
troisième vague. ses perceptions brutes, les émotions et les pensées retomber dans les mêmes réflexes
mentaux de rumination négative.
pour les modifier ensuite. vent les psychologues Frédérick • La thérapie basée lui venant spontanément à l’esprit Les exercices proposés m’ont permis
Les premières thérapies comporte- Dionne et Marie-Claude Blais dans sur la pleine conscience d’observer comment les pensées, les
mentales commencent à émerger l’ouvrage collectif Pleine conscience (MBCT) observer simplement. En 2002, les éviter, vouloir contrôler les émotions, émotions et les sensations s’entraî­
dans les années 1950. S’appuyant et acceptation. Les thérapies de Le professeur de médecine améri­ psychologues John Teasdale, Mark c’est peine perdue. En effet, nous nent les unes les autres et nous font
sur les théories du conditionnement troisième vague (1). cain Jon Kabat-Zinn a développé le Williams et Zindel Segal établissent avons tous spontanément tendance entrer dans un train de pensées. Mais
classique et opérant, les premiers Pour le psychologue Jean-Louis premier, en 1982, une intervention un programme appelé thérapie ba- à mettre en place des stratégies j’ai appris aussi à quitter ce train en
modèles thérapeutiques partent de Monestès et le chercheur en psy- à but thérapeutique s’inspirant sée sur la pleine conscience (MBCT), visant à diminuer la souffrance à revenant à la basique observation de
l’idée que les comportements pro­ chologie Matthieu Villatte (2), for- des pratiques de méditation boud- intégrant la méditation de pleine court terme, mais qui n’empêchent la respiration. » Aujourd’hui, trois
blèmes ont été appris dans le passé mateur à l’Evidence-Based Practice dhiste : la réduction du stress basée conscience au sein de la thérapie pas qu’elle revienne. » ans après sa thérapie, Julie en tire
et qu’ils peuvent être modifiés par Institute, à Seattle, aux États-Unis, sur la pleine conscience (ou mindful- cognitive. « L’ idée est d’aborder Concrètement, le protocole MBCT un bilan positif, même si elle ne se
l’apprentissage de réponses alter- il y a d’un côté des « manifestations ness). La pleine conscience, dans la l’expérience pour ce qu’elle est, se présente sous forme de 8 sé- dit pas « guérie » pour autant : « J’ai
natives (article p. 28). Apparaissent psychologiques normales et inhéren- tradition bouddhiste, décrit un état considérer ses pensées comme des ances collectives d’environ deux l’impression d’avoir davantage de
ensuite les thérapies cognitives à tes à la condition humaine », même dans lequel l’individu se recentre pensées et non comme des faits, note heures. L’indication se fait à partir prise sur mes processus de pensées.
partir des années 1960, qui vont se si elles sont source de souffrance, et, sur lui-même et ses perceptions Rollon Poinsot, psychologue cogni- d’un questionnaire d’autoévaluation Grâce à cette pratique, les rechutes
focaliser davantage sur le traite- de l’autre, des « adaptations problé- brutes, c’est-à-dire les cinq sens, tiviste à Marseille, spécialisé dans réalisé par le thérapeute lors d’un sont beaucoup moins intenses et
ment de l’information par le cer- matiques » à celles-ci. Ces auteurs les émotions et pensées venant les approches de la troisième vague. entretien préalable. Les séances aussi moins fréquentes. Je n’ai pas
veau. Toujours dans une optique de évoquent un changement de para- spontanément à l’esprit. Il est alors Il s’agit de reconnaître, d’accueillir en groupe sont structurées par eu besoin de reprendre de traite-
changement, les thérapies cogni­ digme dans ces nouvelles approches invité à se priver de toute inter- et de laisser s’écouler ses émotions, deux entraînements aux pratiques ment antidépresseur depuis. » À
tives s’intéressent aux pensées thérapeutiques, qui consiste à prétation de ces données et à les y compris les plus pénibles. Vouloir de méditations entrecoupés d’un l’origine, la MBCT s’adressait

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souffrant de maladies graves, comme d’« acceptation » en psychothérapie le patient à observer ce qui fonctionne de se recentrer sur ses valeurs et le
le cancer, le Sida, l’hypertension ou est ancien : Sigmund Freud et Carl pour lui-même et à s’engager dans but de sa vie. La dialectique est celle
les douleurs chroniques. Ce traite- Rogers en parlaient déjà, soulignant les comportements efficaces pour at- de deux propositions a priori contra-
ment vise à améliorer les répercus- l’importance de l’acceptation de soi teindre ses propres buts. » Pour cela, dictoires : s’accepter tel qu’on est, et
sions de ces troubles somatiques et de son histoire dans la démarche le thérapeute s’appuie régulièrement vouloir changer. La TCD propose d’en
sur le psychisme (stress, an­xiété ou thérapeutique. Dans la thérapie sur des exercices pratiques : « On va faire la synthèse. Elle se déroule sous
humeur dépressive). d’acceptation et d’engagement, par exemple inviter le patient à se forme d’entretiens individuels avec
Le programme prévoit en général on utilise le concept d’« évitement rappeler un souvenir heureux de son un thérapeute combiné à des séances
8 séances d’exercices de pleine con­ expérientiel » pour illustrer la existence et observer les émotions hebdomadaires en groupe. Selon
s­cience en groupe, des exercices à tendance à vouloir supprimer des et les sensations qui sont apparues, plusieurs études scientifiques, la TCD
réaliser à son domicile, et la partici- pensées, émotions ou souvenirs puis extraire une source de sens liée agirait en faveur d’une diminution
pation à des groupes de discussion. désagréables, ou de les modifier à cet événement, poursuit Matthieu des comportements auto-agressifs,
La MBSR permettrait de diminuer pour les rendre supportables. Cette Villatte. Par exemple, je peux me des abandons thérapeutiques, ainsi
les conséquences psychiques de cer- stratégie s’avère souvent ineffi- souvenir d’une soirée passée avec que des symptômes dépressifs.
taines maladies somatiques. Parfois cace, car elle ne s’attaque pas aux un ami et reconnaître que l’amitié
même, une amélioration des symp- sources du mal-être. Accepter, c’est est une va­leur importante pour moi. • Les thérapies
tômes médicaux a pu être observée. renoncer à l’évitement expérien- Ensuite, je travaillerai à identifier des intégratives
Les leitmotivs de la troisième vague : mieux gérer La MBSR est aujourd’hui plus large- tiel. « L’ACT propose au patient de actions possibles pour me connecter Ces TCC spécifiques intègrent des
ment utilisée pour traiter les troubles se détacher des pensées rigides et à cette valeur. » À ce jour, plus de apports d’autres démarches théra-
les débordements, accéder à ses émotions primaires, anxieux, les troubles du comporte- d’abandonner les stratégies inef- 70 études ont été menées pour tester peutiques ou des neurosciences.
afin de se recentrer sur ses valeurs et le but de sa vie ment alimentaire ou les insomnies. ficaces de contrôle des expériences l’efficacité de cette thérapie. « Celle-ci Parmi les thérapies intégratives les
Il s’agit avant tout d’une technique de psychologiques », résume Matthieu a été démontrée pour la dépression, plus connues, citons la thérapie des
relaxation et non d’une thérapie. Elle Villatte. Comme dans la thérapie l’ad­diction, les troubles anxieux, le schémas et la thérapie par mouve-
essentiellement à des personnes les­quelles l’amygdale est impliquée. est enseignée par un éventail large de basée sur la pleine conscience, le burn-out, ou les symptômes psy- ments oculaires (EMDR) (5).
dépressives ayant déjà vécu plu­ Mais le protocole MBCT n’est pas une personnes de tous horizons (adeptes patient est invité à s’observer et à chotiques », précise Matthieu Villatte. La thérapie des schémas a été
sieurs rechutes. Elle est aujourd’hui prise en charge qui se suffit à elle- du bouddhisme, professeurs d’arts prendre de la distance à l’égard des conçue par le psychologue améri-
plus largement utilisée pour traiter même. « La communauté scientifique martiaux, coaches), qui ne sont pas pensées pouvant l’enfermer dans • La thérapie cain Jeffrey Young dans les an-
d’autres troubles psychiques, y s’accorde aujourd’hui sur le fait que nécessairement des thérapeutes (4). une logique qui lui échappe. Lorsque comportementale nées 1980 pour traiter le trouble
compris auprès d’enfants et ado- cet apprentissage ne constitue pas quelqu’un pense par exemple qu’il dialectique (TCD) de personnalité borderline. Elle
lescents. Selon plusieurs recherches une forme de psychothérapie », écrit • La thérapie ne doit jamais décevoir les autres, Développée par la psychologue amé­ intègre notamment des notions
récentes, cette technique aurait Alexandre Heeren, chercheur en d’acceptation et ou qu’il ne mérite pas certaines cho- ricaine Marsha Linehan en 1987, la de la théorie de l’attachement et
fait ses preuves dans le traitement psy­chologie, dans Pleine conscience d’engagement (ACT) ses, il se trouve prisonnier de règles thérapie comportementale dialec- de la Gestalt-thérapie (6) au sein
de la dépression, des troubles an­ et acceptation. Les thérapies de troi­ « L’ACT est une thérapie très pragma­ qu’il s’impose à lui-même. L’objectif tique (TCD) intègre les notions d’ac­ des TCC. Pour Young, un schéma
xieux, de la boulimie et du déficit de sième vague. Il est donc à considérer tique axée sur le changement com- de l’ACT est d’amener le patient vers ceptation et de pleine conscience précoce correspond à un modèle
l’attention avec hyperactivité. Des plutôt comme un élément de travail portemental, et en même temps plus de flexibilité psychologique et au sein de l’approche cognitive et comportemental dysfonctionnel
investigations neurologiques au- qui s’intègre au sein d’une prise en résolument humaniste, qui aborde de liberté d’action. com­portementale. Marsha Linehan adopté durant l’enfance et enrichi
raient montré une augmentation de charge globale. des questions aussi profondes que Si l’acceptation constitue l’un des s’in­téresse aux personnes souffrant au cours de la vie. Il identifie 18 sché-
l’activité du cortex préfrontal et une le sens de la vie ou la spiritualité », pivots de l’ACT, l’engagement dans d’un trouble de la personnalité bor­ mas précoces inadaptés. Le schéma
diminution dans les régions sous- • La réduction du stress explique Matthieu Villatte. des actions en harmonie avec ses derline*, et vise particulièrement d’assujettissement correspond
corticales, plus particulièrement basée sur la pleine Le chercheur a travaillé avec le psy- valeurs en est un autre. « Avec l’ACT, la diminution des comportements par exemple aux comportements
l’amygdale,après la pratique médi- conscience (MBSR) chologue américain Steven Hayes, souligne encore Matthieu Villatte, suicidaires et d’automutilation. d’abné­gation de soi. Ces personnes
tative (3) : ces éléments vont dans Jon Kabat-Zinn est à l’origine de qui se trouve à l’origine de cette les patients apprennent à investir D’après elle, ces personnes présen- vont accorder trop d’importance
le sens d’une meilleure régulation l’introduction des techniques de thérapie élaborée à la fin des années leurs efforts dans des actions qui leur tent une vulnérabilité émotionnelle aux besoins des autres et négliger
émotionnelle par le renforcement de méditation bouddhiste au sein des 1980. Elle s’appuie notamment sur apportent un bien-être durable et exacerbée due à un environnement les leurs. Cela les amènera à se
l’action réfléchie gérée par le cortex hôpitaux. Au cours des années 1980, la théo­r ie des cadres relationnels, équilibré. La thérapie se caractérise défaillant. Dans la TCD, on retrouve soumettre trop souvent au désir
préfrontal… cela au détriment des il a mis en œuvre le protocole de ré- qui étu­d ie l’implication du lan- par une démarche expérientielle. Les les leitmotivs de la troisième vague : d’au­trui. Un schéma appris durant
automatismes, telles les impul- duction du stress basée sur la pleine gage dans l’apparition de certains réponses ne sont pas données toutes accéder à ses émotions primaires, l’enfance va s’activer de façon
sions ou les émotions brutes dans conscience (MBSR) auprès de patients troubles psychiques. Le concept faites au patient. Le thérapeute aide mieux gérer les débordements, afin auto­m atique lorsque l’adulte

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rencontre des situations simi-


laires à celles qui en sont à l’origine.
Lorsque cette fonction est défail-
lante, quelle qu’en soit la raison,
tradition de thérapies scientifique-
ment étayées avec des objectifs
(3) Guido Bondolfi et al., « Les approches
psychothérapeutiques basées sur >> Pour aller * Mots-clés
Il y associera alors les mêmes émo-
tions désagréa­bles éprouvées dans
un « nœud » peut alors se former
au niveau du réseau mnésique et
de chan­g ements rapides, elles
témoignent toutefois d’un change-
la pleine conscience (mindfulness) »,
Psychothérapies, vol. 31, n° 3, 2011.
plus loin Borderline (état-limite) : trouble psychique caractérisé par
une grande variabilité des émotions, une grande impulsivité
et une instabilité dans les relations interpersonnelles. Le patient
l’enfance et réactivera les mêmes bloquer l’accès à la conscience de ment d’op­t ique. Lorsqu’on entend (4) Voir le focus « La méditation Jean-Louis Monestes,
peut être en proie à des accès de colère, de jalousie ou de
comportements inadaptés. L’objectif certaines informations. L’EMDR a évoquer l’impor­tance de « la relation comme thérapie », Le Cercle Psy n° 2, Matthieu Villatte, La thérapie désespoir incontrôlés, démesurés et inadaptés à la situation,
de la thérapie est de transformer les pour objectif de démêler ce nœud, à soi », de « met­tre à jour des proces- septembre-octobre-novembre 2011. d’acceptation et d’engagement ACT, pouvant parfois conduire à un « passage à l’acte » (agression
schémas afin que les effets néfastes de réintégrer et « retraiter » l’infor­ sus internes », de « rendre explicite (5) Voir l’article de Jean-François Elsevier-Masson, 2011. ou tentative de suicide).
soient amoindris. Cette approche est mation traumatique. Cette thérapie ce qui est implicite », on ne peut Marmion, « L’EMDR se met-elle Hypnose ericksonienne : issue de la pratique du psychiatre
s’empêcher d’y voir un rapproche- le doigt dans l’œil ? », Le Cercle Psy n° 6, et psychologue Milton Hyland Erickson, cette forme d’hypnose
ment avec le discours analytique.
Dans les thérapies de troisième vague, le thérapeute Certes, les TCC de la troi­sième vague
septembre-octobre-novembre 2012.
(6) Voir l’article de Marc Oeynhausen,
repose sur une approche souple et non dirigiste. Elle est utilisée
dans le cadre de thérapies brèves.
s’implique davantage dans la relation et n’est plus demeurent résolument ancrées dans « Qu’est-ce que la Gestalt-thérapie ? », Syndrome de stress post-traumatique : trouble sévère
l’étude des comportements obser­
un simple prescripteur de comportements vables, dans le présent, le fameux
Le Cercle Psy n° 6, septembre-octobre-
novembre 2012.
se manifestant après une expérience vécue comme traumatisante
(guerre, viol, etc.). L’état de stress post-traumatique se caractérise
« ici et maintenant ». Elles refusent (7) Sur le sommeil paradoxal, par la répétition de pensées obsédantes de l’événement incriminé ;
aussi utilisée auprès d’enfants pour associe des éléments de l’hypnose toujours l’interprétation du discours voir le dossier « La nouvelle science l’évitement de certaines situations ou la restriction d’activités
prévenir le développement de ces ericksonienne* et des approches du patient et la mise en lien avec son des rêves », Le Cercle Psy n° 11, susceptibles de raviver l’angoisse ; des symptômes neurovégétatifs
schémas inadaptés. Pour Young, un analytiques à la thérapie cognitive et passé. Mais elles apportent aussi leur décembre 2013/janvier-février 2014. (tachycardie, troubles du sommeil) ; une modification de l’image
tel schéma est souvent le fait d’un comportementale. D’autres for­mes de lot de nouveautés. Ainsi, dans cette de soi et des relations aux autres (culpabilité, retrait social).
environnement défaillant, par son stimulations bilatérales, par exemple troisième vague, la relation avec le
caractère insécure ou au contraire auditives ou cutanées, peuvent aussi thérapeute – l’alliance thérapeu-
surprotecteur. prendre la place des mouvements ocu- tique – revient au premier plan, tout
La thérapie EMDR, ou Désensi­ laires. L’EMDR s’adresse en priorité comme dans les thérapies analy­
bilisation et Retraitement par les aux personnes avec un syndrome de tiques. Le thérapeute s’implique da-
Mouvements Oculaires, a été déve­ stress post-traumatique*. La thérapie vantage dans la relation et n’est plus
loppée par la psychologue améri­ se déroule selon un protocole pré­ un simple prescripteur de comporte-
caine Francine Shapiro à partir de établi, qui prévoit dans un premier ments. Par ailleurs, comme pour
1987. Après avoir constaté avec temps l’identification du souvenir les psychanalystes, les thérapeutes
surprise l’effet de soulagement traumatique à traiter, ainsi que des de la nouvelle vague sont invités à
procuré par le mouvement des yeux pensées négatives associées. Dans un expérimenter d’abord eux-mêmes la
scrutant l’horizon, elle fait de ces second temps, le thérapeute propose démarche enseignée (par exemple,
mouvements oculaires la base de des cognitions positives alternatives maîtriser la technique de pleine con-
sa démarche thérapeutique. Un des qu’il va chercher à mettre en lien avec science avant de la transmettre).
postulats de cette thérapie est le le souvenir, en invitant le patient à Enfin, pour certaines approches
principe d’autorégulation du corps produire des mouvements oculaires comme la TCD, il est préconisé que le
humain, comme celle du psychisme, réguliers suivant la trajectoire de thérapeute soit sous supervision. On
aussi appelé modèle du traitement son doigt. L’EMDR a été validée par pourrait y voir, si ce n’est un tournant,
adaptatif de l’information. L’être la Haute Autorité de Santé (HAS) tout du moins un changement de ton
humain aurait la capacité naturelle
d’assimiler la plupart des vécus
comme démarche thérapeutique
pour le traitement des victimes de
dans l’ère des TCC. •
traumatiques, notamment à travers traumatismes. (1) Ilios Kotsou et Alexandre Heeren
le sommeil paradoxal (7). Les mou- (dir.), Pleine conscience et acceptation.
vements oculaires rapides durant • Un rapprochement Les thérapies de la troisième vague,
cette phase de sommeil onirique avec le courant De Boeck, 2011.
permettraient de mémoriser les vé- psychanalytique ? (2) Cyril Tarquinio (dir.), Manuel
cus de la journée et de créer des liens Si ces nouvelles approches des des psychothérapies complémentaires,
avec d’autres expériences passées. TCC restent bien inscrites dans la Dunod, 2012.

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Qu’évalue-t-on et comment ?
Efficacité des TCC : U ne thérapie est un proces-
sus complexe dans lequel
découverte d’un loisir, une rencon-
tre amoureuse)… On ne peut jamais
vraiment mieux ? Sur un plan
méthodologique, la répartition des

qu’en dit la recherche ?


plusieurs facteurs inter­ clairement définir pourquoi un patients dans des groupes expéri-
viennent. La vérification de sa patient va mieux. Par ailleurs, que mentaux n’est pas forcément neu-
validité s’avère donc beaucoup plus veut dire « aller mieux » ? Si, pour tre. Toutes les études ne présentent
ardue que dans d’autres domaines les cognitivistes et comportemen- pas le label « randomisé et con-
Marc Olano scientifiques. Si un patient témoi­ talistes, la suppression ou la dimi- trôlé », c’est-à-dire que les patients
gne d’une amélioration de ses nution du symptôme est l’objectif ne sont pas toujours repartis aléa-

Une action variable symptômes après avoir suivi une


TCC, cela ne signifie pas pour
premier d’une thérapie, la psycha­
nalyse vise davantage une amélio-
toirement entre le groupe expéri-
mental et le groupe contrôle, ce qui

selon les pathologies autant que c’est la spécificité de


cette approche qui explique en
premier lieu cette amélioration.
ration globale du fonctionnement
psychique sans se focaliser sur le
symptôme. Imaginons un patient
peut fausser les résultats. De sur-
croît, les échantillons sont souvent
très restreints et il est difficile d’en

E n 2012, l’équipe de Stefan Hof­


mann, à l’Université de Boston,
établit une synthèse de 269
méta-analyses réalisées sur les TCC (1),
passant en revue les troubles psy-
Celle-ci peut être due aussi bien à la
personnalité du thérapeute et ses
qualités relationnelles, à la person-
nalité du patient qui a su se repren-
dre en main, à un autre événement
phobique qui, tout en soignant sa
phobie, développe une autre
pathologie, non référencée dans le
questionnaire qui servira de
mesure d’évaluation à la recherche.
tirer des conclusions générales.
Enfin, comme les évaluations com-
prennent généralement un test
immédiatement après la thérapie
et un autre dans l’année, la stabilité
chiques pour lesquels les TCC ont été de vie intervenu indé­pendamment Il sera alors classé parmi les des acquis sur le long terme n’est
évaluées. Voici quelques conclusions : du processus thérapeutique (la patients en progrès, mais ira-t-il pas établie.
Les addictions : efficaces pour traiter
la dépendance au tabac et au cannabis,
les TCC le sont moins pour la dépen-
dance à l’alcool ou aux opioïdes. Efficacité des TCC comparée à d’autres formes de traitements selon la pathologie
La schizophrénie : si elles diminuent
les symptômes dits positifs (comme EFFICACITÉ NOMBRE

DR
PATHOLOGIE COMPARAISON
DES TCC D’ÉTUDES
les hallucinations), les troubles de
l’humeur et l’anxiété, les TCC restent Dysmorphophobie (obsession à Plus grande efficacité des TCC par rapport à un traitement
moins efficaces qu’un traitement chi- 82% 2
l’égard d’un défaut physique) médicamentaux ou un placebo
mique ou une thérapie familiale. Les troubles de la personnalité : les chosomatiques (insomnies, douleurs
La dépression : si certains affirment thérapies analytiques sont plus effi- chroniques), les TCC semblent mon- Plus grande efficacité des TCC par rapport aux thérapies
Trouble panique 77% 5
la supériorité des TCC sur les thérapies caces en ce domaine. Même la thérapie trer leurs limites dans les troubles de psychodynamiques, de soutien ou à la relaxation
analytiques ou le traitement chimique, comportementale dialectique (TCD), la personnalité complexes (borderline,
Efficacité équivalente des TCC et des thérapies psychodynamiques,
d’autres les jugent d’une efficacité issue de la troisième vague des TCC, schizophrénie). Ces données sont à Agréssivité/colère 66-69% 23
de soutien ou à la relaxation
équivalente. Les thérapies de pleine qui cible plus particulièrement le prendre avec précaution en raison de
conscience seraient efficaces pour trouble borderline, ne serait pas plus failles méthodologiques (voir encadré Plus grande efficacité des TCC par rapport aux thérapies
Dépression 51-87% 6
réduire le taux de rechute dans les efficace qu’un autre traitement. ci-contre). Cette revue de littérature psychodynamiques, de soutien ou à la relaxation
troubles dépressifs chroniques. Les troubles du sommeil : les TCC révèle aussi une grande variabi­lité des
Les troubles bipolaires : l’effet béné- sont plus efficaces que d’autres résultats. Ce qui réussit à l’un ne con- Anxiété chez l’enfant 56% Plus grande efficacité des TCC par rapport à un placebo 13
fique des TCC sur les symptômes approches contre l’insomnie, mais vient pas forcément à l’autre. En effet,
Fatigue chronique 40-50% Plus grande efficacité des TCC par rapport aux traitements habituels 11
maniaques et dépressifs semble dans une moindre mesure lorsqu’il chaque démar­che de soins est unique
s’estomper dans le temps. s’agit de personnes âgées. en son genre... Moins grande efficacité des TCC par rapport aux thérapies 25
Troubles de la personnalité 47%
Les troubles anxieux : la grande effi- Les douleurs chroniques : les appro­ psychodynamiques, de soutien ou à la relaxation
cacité des TCC a été constatée pour les ches de troisième vague permettraient (1) Stefan G. Hofmann et al., « The efficacy
Trouble anxieux généralisé 46% Plus grande efficacité des TCC par rapport aux traitements habituels 8
phobies, dont la phobie sociale, le de diminuer l’intensité de la douleur of cognitive behavioral therapy : a review
trouble panique, le stress post-trau- ressentie dans la fibromyalgie, la of meta-analysis », Cognitive Therapy Plus grande efficacité des TCC par rapport aux thérapies
matique et les troubles obsessionnels fatigue chronique et d’autres douleurs and Research, octobre 2012. Rappelons Boulimie 40-44% 26
psychodynamiques, de soutien ou à la relaxation
compulsifs, y compris auprès d’en­ chroniques. qu’une méta-analyse est déjà une synthèse
Troubles obsessionnels
fants et d’adolescents. Particulièrement efficaces pour de plusieurs études : cette synthèse 38-50% Pas d’éléments de comparaison avec d’autres thérapies 3
compulsifs (Toc)
Les troubles alimentaires : les théra- diminuer les symptômes jadis quali- de méta-analyses est donc une synthèse
pies comportementales se sont mon- fiés de « névrotiques » (anxiété, de synthèses. D’après les données du tableau “Pooled meta-analytic response rates for CBT versus other conditions across disorders”,
trées très opérantes pour la boulimie. dépression) et des symptômes psy- National Center for Biotechnology Information : www.ncbi.nlm.nih.gov

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Dossier TCC : les meilleures thérapies ? Psychologie clinique 45

Pour en finir avec


la guerre une nouvelle exigence d’efficacité de

des psys
la part des patients qui peut mettre
à mal une psychanalyse désormais
sommée de faire ses preuves ? Sans
doute les patients sont-ils aujour­
d’hui moins enclins à considérer
leurs souffrances comme des épreu­
ves psychiques nécessaires, mais
Anne-Claire Thérizols
simplement comme des parasites
dépourvus de sens dont il faut vite
Voici dix ans, l’Inserm publiait un rapport concluant à l’efficacité supérieure de débarrasser. C’est du moins ce qui
des TCC sur la psychanalyse. Un tsunami dans le monde des psys français. ressort du travail d’histoire et d’an­
thropologie des obsessions et des
Depuis, qu’en est-il ? Les deux approches sont-elles condamnées à s’opposer ? compulsions mené par Pierre-Henri
Castel, qui analyse ainsi l’émergence

I
des TCC (4).

l est des questions anodines donnait les TCC grand vainqueur de prudence : « On ne peut pas ex- Des frontières floues
qui touchent au plus profond l’efficacité pour 15 pathologies sur 16, trapoler outre mesure, même si ces Ce qui oppose, du moins dans les
et ravivent les douleurs. où en est-on ? En mars 2012, la Haute chiffres ne démontrent pas un raz- débats médiatiques, les TCC à la
Demandez à un praticien des Autorité de Santé  (HAS) rendait pu­ de-marée : le fait que le nombre psychanalyse, tient en peu de mots :
TCC ce que la psychanalyse blic un rapport sur le traitement de d’adhérents de l’AFTCC n’ait pas les TCC ne s’intéresseraient qu’à une
lui reproche et, au mieux, l’autisme qui préconisait le recours progressé entre 2010 et 2013 peut guérison de symptômes avec des
il vous répondra qu’il n’en a cure, aux méthodes comportementales aussi s’expliquer par le fait que recettes toutes faites dont on at-
l’association est peut-être plus sélec- tendrait des résultats clairs, une
“ La psychanalyse ? Chère madame, laissons les morts tive aujourd’ hui sur ses praticiens
membres. Il est logique qu’une as-
privées de formation qui tournent
également très bien. »
données solides passer. Je ne crois pas
que le débat de 2004 autour de
sorte de retour sur investissement
immédiat, une « rentabilité » à
enterrer les morts ” sociation, à son lancement, soit Pour Pierre-Henri Castel, psychana- l’expertise Inserm garde de l’intérêt. l’image d’une société consumériste.
Un praticien des TCC moins exigeante que par la suite. » lyste, membre de l’Association Laca­ Si l’on veut avoir l’œil sur ce qui va se Alors que la psychanalyse, elle,
Jean Cottraux, psychiatre des hôpi- nienne Internationale et directeur passer dans les années à venir, on cons­t ituerait une véritable quête
au pire vous raccrochera au nez. au détriment des approches psycha­ taux formé aux TCC au Royaume- de recherche au CNRS, le succès af- devrait plutôt se pencher sur l’écla­ intellectuelle, s’intéresserait à la
Demandez à un psychanalyste ce nalytiques, jugées « non consen- Uni puis aux États-Unis, et principal fiché des TCC n’est pas si simple à tement de toute la sphère psycho- vérité du sujet, à son mal-être ou
qu’il pense des TCC, et vous le trou- suelles » (2). En toile de fond ressur- acteur de leur développement en démontrer : « S’il est avéré que les thérapique. D’un côté, on va assister son bien-être tout entier, avec pour
verez au mieux en état de malaise, gissait le débat. Et aujourd’hui, qu’en France, se félicite, quant à lui, de écoles de formation aux TCC recru­ à une banalisation des TCC. De l’au­ revers d’être longue et souvent in-
au pire aux abonnés absents. est-il du déve­loppement des TCC ? cette progression : « Les TCC se por- tent énormément d’élèves, il est dif- tre, la partie dure ou scientifique des capable d’apporter les preuves de
La guerre entre psychanalystes et tent très bien. Les preuves de leur ficile d’en mesurer l’ impact en TCC va évoluer dans la direction de la son efficacité, contrairement aux
praticiens des TCC semble encore Un paysage complexe efficacité s’accumulent les unes der- termes de politique publique de la remédiation cognitive avec un recours TCC qui se laissent volontiers éva­
bien réelle, bien qu’a priori larvée ou Le seul indicateur disponible, et rière les autres, à raison de 2 ou santé mentale. C’est seulement si l’on croissant à la neuropsychologie, peut- luer et analyser…
inexistante pour le grand public. encore à prendre avec précaution 3 études par semaine qui confirment commençait à rembourser les psy- être à l’imagerie. Toutefois, la psycha­ Il y aurait la transparence d’un côté,
Un praticien des TCC, en guise de car non exhaustif, est le nombre ce qui était apparu il y a dix ans dans chothérapies, ce qui n’est absolu- nalyse ne disparaît et ne disparaîtra l’obscurantisme de l’autre. Dans la
conclusion à un entretien par ail- d’adhérents à l’Association fran- le rapport de l’Inserm. Il y a aujour­ ment pas indispensable aujourd’hui pas pour autant. Il y a trop de formes pratique, les choses semblent bien
leurs fort productif, glisse sur un ton çaise de thérapie cognitive et com- d’hui environ 2 000 personnes, psy- selon moi, que l’on pourrait mesurer de souffrance dont personne ne veut différentes. « Cette description des
péremptoire, en évoquant la psycha­ portementale (AFTCC) : ils étaient chologues, psychiatres, infirmières et l’impact des TCC. Quoi qu’il en soit, le entendre parler et que seul l’ethos choses est celle des étendards der­
nalyse : « Chère madame, laissons les 600 en 2000, 1 200 en 2007, puis autres professionnels de santé qui paysage est tellement morcelé et psychanalytique prend en charge ! » rière lesquels les deux camps se
morts enterrer les morts. » La psycha­ 1 500 en 2010 ou encore en 2013. La pratiquent les TCC à plus ou moins complexe que les jugements généraux C’est sans doute là tout le nœud de rangent, commente Pierre-Henri
nalyse serait-elle donc à l’agonie ? sociologue Françoise Champion, fort degré. Il existe maintenant des sur ce qui avance et ce qui recule sont cette interminable guerre entre TCC Castel. Mais, par exemple, nombre de
Pas si évident. Depuis le fameux auteure de Psychothérapies et so- diplômes dans les facultés ou univer- hasardeux. On entend dire beaucoup et psychanalyse. Qui soigne quoi ? purs comportementalistes récuse-
rapport de l’Inserm en 2004 (1), qui ciété (3), commente ces chiffres avec sités, ainsi que des associations de choses mais je ne vois guère de Quelle méthode est efficace ? Y a-t-il raient complètement l’idée qu’ils

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Dossier TCC : les meilleures thérapies ? Psychologie clinique 47

Dernières nouvelles de l’évaluation


Les TCC
passent pour
des psychothérapies
à l’efficacité soignent des symptômes codifiés. psycha­nalyse demeure réelle, expli- sûr de moins souffrir, de lever leurs scientifiques. C’est cela, le courant
éprouvée (voir Ils s’intéressent au contraire aux dif- que quant à lui Pierre-Henri Castel. inhibitions, de redevenir efficaces, dominant ! »
p. 42). Oui, mais… ficultés singulières de tel ou tel. Et les Mais il y a tout de même une mino­ mais aussi de comprendre pourquoi Pour finir de se convaincre d’une
La sociologue TCC, ne serait-ce que pour vivre hors rité de praticiens qui se sont toujours ils en sont arrivés là. La méthode possible réconciliation, il suffit, par
Françoise Champion de l’hôpital et du laboratoire, sont intéressés à la psychothérapie en un proposée a peu d’importance à leurs exemple, de consulter le site web de
s’est intéressée à forcées de vendre aussi du développe- sens médical fort, plus qu’existentiel, yeux. Grosso modo, la demande se Sébastien Nicolas, psychologue à
de récentes études ment personnel, voire des formes de et qui ont recherché des synthèses. situe, si je puis dire, entre l’offre des Niort qui se présente comme un
dont les résultats spiritualité ou de transcendance, de Aujourd’ hui, dans le sillage d’ini­ TCC et de la psychanalyse. Une chose militant des TCC mais propose aussi
ne sont pas si vérité subjective, mâtinée de boud- tiatives autrefois lancées par Daniel est certaine, confirmée par une en- bien ces thérapies brèves que des
tranchés, loin dhisme ou de stoïcisme par exemple. Widlöcher (5), il existe des recher- quête que j’ai menée en 2005 auprès thérapies « d’inspiration psychana-
de là : « Parmi Quant à cette peinture de la psycha­ ches sur les thérapies brèves qui sont de personnes qui avaient fait ou lytique ». Les psychanalystes de
akindo/Istock

les études nalyse, en quête de vérité du sujet, plus ou moins entre les deux. L’idée étaient en psychothérapie, les pa- l’Association Psychanalytique Inter­
scientifiques elle exprime certainement un idéal nationale sont prêts, quant à eux, à
récentes
concernant
moral très français, mais dans les
faits, la dimension psychothérapeu-
Y aurait-il une lassitude de cette guerre des psys, dialoguer avec des praticiens des
TCC et à accepter ces évaluations
l’efficacité des psychothérapies, une méta-analyse publiée dans tique des pratiques concrètes des et peut-être, la volonté d’avancer de manière comparatives des différentes théra-
le Canadian Journal of Psychiatry (1) s’intéressait aux TCC pour
la dépression de l’adulte et les comparait aux autres thérapies,
acteurs est considérable, fort heu-
reusement ! Encore une fois, il existe
complémentaire ? pies. Le temps de l’apaisement
semble proche. Il paraît même iné-
mais aussi aux médicaments. Les résultats sont clairs : l’efficacité un décalage spectaculaire entre les luctable si la psychanalyse veut à
privilégiée des TCC a été surestimée. Certes, elle existe, mais pratiques réelles et les discours tenus n’a rien d’original : elle existait déjà tients ne veulent plus de thérapeutes terme survivre en s’adaptant à son
elle n’est pas plus forte que pour d’autres thérapies, qu’il s’agisse dans ce domaine. » dans les années 1970 aux États-Unis. qui restent à distance et ne leur temps. Et, à l’heure de la mondiali-
des médicaments ou d’autres formes de psychothérapies. En France, c’est plus nouveau. De parlent pas. Ils ont besoin d’un réel sation, les petits et grands débats
Une autre étude commence à avoir un certain retentissement : La fin d’une guerre de position ? toute façon, pour ce qui concerne la échange ». hexagonaux relatifs aux bonnes et
il s’agit d’une seconde méta-analyse, portant sur 155 études, Jean Cottraux, lui, tout en insistant santé publique et donc les investisse- Voilà qui, sans le dire, met bien des mauvaises thérapies pourraient
menée par l’Association des psychologues américains (2) : sur le fait que le titre de psychana- ments à faire ou les pratiques à ré- formes de psychana­lyse à distance. bien passer rapidement aux oubliet­
elle confirme la haute efficacité des psychothérapies, plus forte que lyste lacanien est « tout à fait fan- guler, l’efficacité des psychothérapies Une exigence que la sociologue a pu tes, au profit d’une nouvelle ouver-
celle des médicaments… mais ne privilégie pas une psychothérapie taisiste », ne souhaite pas s’étendre est massivement confirmée quelle aussi constater du côté des internes ture des esprits pour le bien-être
plutôt qu’une autre. Elle conclut que les différences d’efficacité que
l’on constate sont avant tout liées aux caractéristiques du patient
sur les reproches faits aux TCC, « les
mêmes depuis cinquante ans, qui ne
que soit l’ école testée. Les dif-
férences entre écoles ne comptent
en psychiatrie auprès desquels elle
a mené une enquête juste après la
des patients ! •
et du psychothérapeute, et à la relation entre eux. Si les études présentent strictement aucun intérêt pas pour plus de 1 % dans les dif- sortie du fameux ouvrage de Michel (1) Psychothérapie, trois approches évaluées,
scientifiques sont extrêmement sérieuses, cela n’est en fait pas pour l’avancée de la science et pour férences statistiquement obser­ Onfray, Le Crépuscule d’une idole. Éditions Inserm, 2004.
si simple : elles sont aussi matière à contestation. En tant que les patients », les balayant d’un re- vables des effets des protocoles L’affabulation freudienne (6) : « La (2) Autisme et autres troubles envahissants
sociologue, je remarque que c’est l’Association des psychologues vers de manche. Il préfère rappeler thérapeutiques ! La première mesure plupart des internes en psychiatrie du développement : interventions éducatives
américains qui publie cette méta-analyse, et que les psychologues qu’Aaron Beck, considéré comme le à adopter est de laisser les patients que j’ai interrogés ne s’intéressaient et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant
ne sont pas prescripteurs de médicaments, et ont donc intérêt à prouver père de la thérapie cognitive, a choisir la méthode et le praticien qui pas du tout à la polémique autour de et l’adolescent, Recommandation de bonne
l’efficacité supérieure des psychothérapies. Et puis, cette association reçu, en 2006, le prix Lasker, ce qui leur convient. Selon les données cet ouvrage. En revanche, ce qu’ils pratique, HAS, Anesm, 2012.
regroupe des thérapeutes de toutes tendances et, selon cette étude, « représente une reconnaissance disponibles aujourd’ hui, ce seul exprimaient très clairement, c’est (3) Françoise Champion, Psychothérapies
comme par hasard, toutes les thérapies sont aussi efficaces les unes scientifique forte des TCC. » facteur rend infiniment mieux qu’ils ne veulent plus de l’hégémonie et société, Armand Colin, 2008.
que les autres… On ne peut pas parler d’un terrain très impartial. « Quoi qu’il en soit, poursuit-il, je ne compte du succès ou de l’échec des de la psychanalyse en psychiatrie. (4) Pierre-Henri Castel, La fin des coupables,
Il faut donc rester très prudent sur l’interprétation. » Voilà pour polémiquerai pas, les réponses aux psychothérapies, quel que soit le type D’ailleurs, l’un de leurs maître mots, suivi de Le cas Paramord. Obsessions et
les dernières mesures d’efficacité… plus ou moins objectives ! attaques que l’on pourrait nous por- de problème à soigner. » c’est la diversité, le pluralisme des contrainte intérieure, de la psychanalyse
A.-C. T. ter sont dans les travaux que nous Diagnostic confirmé par Françoise orientations où peuvent cohabiter aux neurosciences (vol. II), Ithaque, 2012.
faisons ». Y aurait-il donc lassitude Champion, qui insiste sur la préoc- des thérapeutes d’orientation analy- (5) Voir l’entretien avec Daniel Widlöcher,
(1) Pim Cuijpers et al., « A meta-analysis of cognitive-behavioural therapy for adult depression, de cette guerre et, corollairement, cupation du patient qui, lorsqu’il est tique ou d’orientation TCC, ou sys- « Soixante ans de psychanalyse »,
alone and in comparison with other treatments », Canadian Journal of Psychiatry, 58 (7), 2013. volonté d’avancer si ce n’est main en souffrance, veut simplement témique aussi. Ils ne veulent plus du Le Cercle Psy n° 1, juin-juillet-août 2011.
(2) American Psychological Association, « Recognition of Psychotherapy Effectiveness », dans la main, du moins de façon trouver quelqu’un d’efficace pour dogmatisme de courants qui préten- (6) Michel Onfray, Le Crépuscule d’une idole.
Psychotherapy, 50 (1), 2013. éventuellement complémentaire ? l’aider, quel que soit son profil : « Ce dent détenir la vérité, qu’elle soit L’affabulation freudienne, Grasset, 2010.
« L’opposition idéologique TCC/ que les gens demandent, c’est bien celle du sujet ou celle des études

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