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La meilleure façon de traiter la maladie carieuse est de la prévenir. Cependant, ce but ne peut être atteint
pour tous. C’est pourquoi la surveillance active, constituée de visites régulières et de procédures de
contrôle, comme les radiographies rétrocoronaires, doit être systématisée. Lors de ces séances de
pilotage, nous devons pouvoir diagnostiquer des lésions carieuses précoces, difficilement objectivables
cliniquement. Dans certains cas, des lésions initiales ont atteint le tissu dentinaire et un curetage
chirurgical est nécessaire. Les traitements cliniques relèvent alors du domaine des interventions
restauratrices minimales, respectueuses des tissus biologiques et du comportement biomécanique de la
dent. Les minicavités sont des techniques chirurgicales centrées sur la lésion elle-même, nécessitant une
préparation d’accès amélaire réduite, afin de réaliser l’exérèse des seuls tissus pathologiques
irréversiblement atteints. Les principes d’accès aux sites lésionnels prennent des formes spécifiques et
répondent à des procédures qui sont maintenant bien codifiées : débridement de sillons, minicavités
proximales horizontales ou verticales ou accès par tunnellisation aux lésions proximales, avec
préservation des structures anatomiques et de la zone de contact interproximal. Les obturations
adhésives sont menées à l’aide des matériaux appropriés à chaque situation clinique (adhésif, ciment
verre ionomère modifié par adjonction de résine, résine composite). Aujourd’hui, le recours aux
traitements d’intervention restauratrice minimale est recommandé et doit s’inscrire dans une prise en
charge globale de la maladie carieuse. Les études nous permettent de croire à un bon pronostic de ces
restaurations, à condition de respecter leurs indications et d’appliquer les procédures opératoires
adaptées.
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Mots clés : Microdentisterie ; Minicavité ; Carie dentaire ; Minipréparation cavitaire ; Restauration adhésive
Odontologie 1
23-144-A-10 ¶ Intervention restauratrice minimale : minicavités et miniobturations
des lésions cavitaires, associé au respect maximal des tissus non Figure 1. Carie occlu-
atteints. Les minicavités sont les actes chirurgicaux les plus sale : extension de l’at-
précoces que l’on peut intégrer dans cette approche ultra- teinte tissulaire amélaire
conservatrice. et dentinaire à un stade 1
Ce concept, qui paraît d’une logique évidente, a néanmoins (classification SISTA).
de la difficulté à devenir la règle. Malgré les constatations
anatomopathologiques, l’élimination de la carie par large
curetage chirurgical reste très souvent la plus appliquée. Il est
pourtant vraiment nécessaire de réévaluer la place et la perti-
nence de ces traitements voués à supprimer une pathologie
dont l’échelle, au départ, est microscopique.
Nous allons d’abord chercher à définir la place et l’intérêt des
interventions minimales au sein de nos choix thérapeutiques.
Nous aborderons ensuite la description et les procédures
opératoires liées aux minicavités et à leur restauration. Nous
nous attacherons enfin à évaluer leur pertinence clinique.
par les bactéries et le tissu plus ou moins désintégré. Plus en
■ Spécificités des minipréparations profondeur, il existe une zone de défense plus ou moins
résistante, constituée de canalicules sclérosés. À l’extrémité du
et champs d’indications cône, on trouve une dentine apparemment normale, mais où il
existe de nombreuses modifications métaboliques [6] (Fig. 1).
Les traitements d’intervention restauratrice minimale sont des La lésion carieuse initiale du cément débute par une destruc-
actes chirurgicaux ciblés, impliquant un accès réduit et le tion diffuse irrégulière formée de petites cavités arrondies
curetage limité aux seuls tissus pathologiques, de façon à formant un réseau en nid d’abeilles. Les bactéries pénètrent
préserver au maximum les structures saines. Ce principe dans le cément à un stade très précoce par rapport au dévelop-
entraîne trois conséquences : pement de la carie de l’émail. Le processus de destruction est
progressif et simultané pour les composantes minérale et
organique du cément. La dentine radiculaire est très rapidement
atteinte et l’évolution est similaire à celle de la dentine
“ Point essentiel coronaire. [6]
Dès ces stades précoces (en général, dès que la carie atteint la
dentine), la capacité du complexe dentinopulpaire à former de
Préalables à l’intervention restauratrice la dentine réparatrice en regard de la lésion carieuse permet
minimale : d’établir une barrière contre la diffusion des substances toxiques
• connaître parfaitement la nature des lésions à traiter en direction de la pulpe. L’intensité de l’inflammation pulpaire
(processus, situation, extension) ; [5] dépend de la profondeur de l’invasion bactérienne et de la
• être capable de diagnostiquer ces lésions à un stade perméabilité dentinaire. Tant que la distance entre les bactéries
et la pulpe est suffisante (lésion dans le tiers externe ou moyen
précoce ;
de la dentine), la réponse inflammatoire est négligeable, et si la
• s’adapter aux contraintes de traitement dans un champ lésion carieuse est éliminée ou s’arrête le tissu conjonctif peut
d’intervention très réduit (aides visuelles, instruments et guérir et reprendre un aspect normal. C’est évidemment un
matériel miniaturisés). argument fort pour l’interception précoce des lésions carieuses
par intervention minimale.
2 Odontologie
Intervention restauratrice minimale : minicavités et miniobturations ¶ 23-144-A-10
Figure 2. Représentation de l’image diagnostique, radiographique fonction de l’extension de la lésion, d’obtenir un accès à la
d’une lésion proximale (SISTA 2/2). dentine cariée sous-jacente, par préparation limitée et préserva-
tion des structures anatomofonctionnelles.
Pour la dentine et le cément, l’objectif est d’éliminer par
Les lésions débutantes des zones cervicales (site 3 de la
excavation ou de détruire par action antiseptique, jusqu’au seuil
classification SISTA) sont aisément repérées à l’examen visuel. La
critique, la population des bactéries viables ayant pénétré le
consistance, évaluée à la sonde, est un bon indicateur de la
tissu physiologiquement stérile. [16]
contamination dentinaire. [8, 12, 13]
Classiquement, nous pouvons distinguer les phases d’inter-
La radiographie est adaptée au diagnostic des lésions des aires
vention suivantes, même si elles se superposent souvent les
de contact proximales (Fig. 2). Les clichés rétrocoronaires
unes avec les autres au cours des procédures opératoires :
permettent de détecter des zones de radioclarté caractéristiques.
• accès à la lésion ;
Cependant, rappelons que les cas de déminéralisation sans
• élimination et destruction des tissus pathologiques ;
cavitation sont fréquents et constituent un des stades de
• finition des contours cavitaires en vue de l’adaptation
l’évolution du processus carieux. Ainsi, 50 % des lésions
étanche de l’obturation.
proximales donnant une image radioclaire limitée au tiers
Des approches de minipréparation cavitaire ont été proposées
externe de la dentine seraient des lésions non cavitaires,
depuis plus de 20 ans par Knight et Hunt. [17, 18] Aujourd’hui,
pouvant être traitées et stabilisées chimiquement chez un
les possibilités de restauration adhésives, parfaitement adaptées
patient très coopérant, à faible risque carieux. La fiabilité de
à la conservation tissulaire, permettent de développer ces
l’examen radiographique est faible pour rechercher des lésions
techniques conservatrices. Pour l’abord anatomique, les spécifi-
initiales des faces occlusales ou vestibulaires et linguales. [14]
cités opératoires diffèrent grandement selon la situation et la
topographie de la lésion carieuse. De ce fait, la classification
SISTA, reposant sur les sites de prévalence carieuse, représente
une démarche intéressante pour analyser les procédures opéra-
“ Points essentiels toires. [10, 11, 19] C’est celle que nous avons choisie comme
support de présentation.
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Figure 4. Minicavités
occlusales (SISTA 1/1) et
préparation de sillon a mi-
nima.
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Figure 10. Minicavité Si le précédent accès n’est pas possible, s’il existe une carie de
horizontale proximale la fossette marginale occlusale ou une restauration occlusale
avec accès par l’angle ves- déjà présente, une minicavité « tunnel » occlusoproximale,
tibuloproximal (SISTA oblique, est alors préférée. [30-32] L’accès est effectué au travers
2/1). Vue proximale. de l’émail (fraise boule diamantée grande vitesse) au niveau de
la fossette occlusale (Fig. 12). Cette ouverture cavitaire doit
respecter l’intégrité complète de la crête marginale : une largeur
et une hauteur de 2 mm minimum doivent être conservées.
Après franchissement de l’épaisseur du tissu amélaire, il est
fréquent de distinguer une coloration brunâtre de la dentine
proximale sous-jacente, qui sert avantageusement de guide pour
le curetage de la lésion. L’excavation de la dentine cariée est
poursuivie à l’aide d’une fraise boule à faible vitesse sur contre-
angle, en direction du point de pénétration de la lésion
carieuse. Cette progression se fait de manière oblique jusqu’à la
zone interne de l’émail proximal sous le point de contact
(Fig. 13). Au sein de la lésion, le curetage de la dentine infectée
Figure 11. Minicavité horizontale se fait par un balayage interne de la fraise le long de la jonction
proximale avec accès par l’angle vesti- amélodentinaire, en direction vestibulaire, linguale ou cervicale
buloproximal (SISTA 2/1). Vue vesti- selon un mouvement pendulaire de la fraise. La cavité est plus
bulaire en transparence. étendue en interne qu’au niveau de l’accès occlusal et s’étend
le long de la face proximale. La paroi pulpaire de cette cavité
doit être curetée au minimum et avec précaution afin de
conserver une épaisseur suffisante de dentine parapulpaire.
L’excavation manuelle, aidée ou non d’une action de disso-
lution chimique, est techniquement peu aisée pour ces micro-
cavités et ne sert éventuellement qu’en action finale de
complément. L’utilisation des systèmes d’air abrasion est
possible, mais leur action sur la dentine ramollie est moindre
que sur les tissus environnants plus durs et donc plus à même
de se fragmenter sous l’action des particules projetées à grande
vitesse. De plus, compte tenu de l’absence de sensation tactile
et de contrôle visuel lors de leur utilisation, il est recommandé
de les utiliser après apprentissage et avec prudence.
embrasures pour préserver l’intégrité de la dent adjacente À l’issue du curetage de la dentine cariée, il est possible
(exemple : PCS/ EMS®, Sonic-sys micro, Kavo®). Le curetage du d’explorer délicatement avec une sonde et de contrôler la
tissu carié dentinaire est poursuivi avec des instruments rotatifs qualité de l’excavation de la dentine infectée. Il est également
à long col sur contre-angle. Le contrôle du curetage est réalisé nécessaire d’observer la paroi d’émail proximale (que l’on
en vision indirecte. La profondeur de la lésion nous entraîne aborde ici par voie interne) qui a été le siège de l’entrée
parfois à élargir l’ouverture aux dépens de la face d’accès pour bactérienne et qui est partiellement déminéralisée. Un tissu
une élimination correcte du tissu lésé. marbré, brunâtre et blanchâtre, est visible par vision indirecte à
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Figure 26. Deux sites carieux cavitaires, SISTA 1/2, sur la fosse centrale
de 46.
les bandelettes abrasives et les inserts à polir (sur contre-angle Stade 2 (atteinte du tiers dentinaire médian) (Fig. 38)
Profine®) sont utilisés jusqu’à obtenir une continuité tactile-
ment indétectable entre la restauration et la dent [41] (Fig. 32, La restauration des minicavités verticales proximales de site
33, 34). 2 stade 2 est en rapport avec l’occlusion et parfois avec le
Pour l’obturation des préparations tunnel, il est recommandé rétablissement du contact proximal. Ces restaurations font appel
de systématiser la technique sandwich : après injection de verre à une stratification de composite microhybride en technique
ionomère photopolymérisable dans la cavité, la partie occlusale directe. Une matrice métallique, maintenue par un coin inter-
est remplacée par une résine composite avec un adhésif sur dentaire en cervical, est préalablement placée contre la face
1 mm d’épaisseur pour assurer une bonne résistance mécanique proximale et plaquée par un anneau de Mac Kean. Il est
(Fig. 31). Dans cette situation, la conservation de la crête
fortement recommandé d’effectuer un contrôle visuel à fort
marginale représente un risque potentiel de fracture pour la
grossissement de l’adaptation cervicale de la matrice : on
dent. Le module d’élasticité des CVIMAR est le plus adapté à
estsurpris de constater qu’il est souvent nécessaire d’améliorer
assurer le soutien de la crête tout en conservant ses qualités
d’adhésion aux différents tissus et ses capacités d’aide à la l’étanchéité dans cette zone en repositionnant la matrice ou en
reminéralisation. [32] Le positionnement d’une matrice plaquée ajoutant un autre coin interdentaire. Le matériau composite est
sur la face proximale de la dent est nécessaire pour prévenir apporté en deux incréments obliques, le premier contre les
toute fuite de matériau vers l’embrasure (même si le tunnel est parois internes cervicales et vestibulaires, et le second contre la
considéré comme fermé) (Fig. 35, 36, 37). Après polymérisation, paroi interne linguale, puis un incrément horizontal occlusal est
il est impératif de polir la face proximale intéressée à l’aide de ajouté. La reconstitution anatomique consiste à modeler et
strip abrasif ou d’un insert oscillatoire à polir (sur contre-angle adapter le composite en continuité avec les berges de la crête
Profine®). Ces restaurations sont complétées par une application marginale et à reproduire la concavité correspondant à la
de vernis fluoré sur la face proximale. fossette occlusale (Fig. 39, 40, 41).
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Figure 32. Une préparation sonoabrasive a été réalisée pour le traite- Figure 35. Minicavité tunnel sur 26 pour le traitement d’une carie
ment d’une carie proximale (SISTA 2/1) sur 24M : minicavité horizontale SISTA 2/1 mésiale. Noter la conservation d’une épaisseur importante de
à accès lingual. crête marginale (≥ 2 mm) et la protection par une matrice métallique de
la face proximale de la dent adjacente.
Figure 33. Après coffrage par une matrice celluloïde transparente, Figure 36. L’obturation est d’abord réalisée avec un ciment verre
maintenue par un coin interdentaire, une résine composite microhybride ionomère photopolymérisable remplissant la portion dentinaire de la
de faible viscosité est injectée dans la minicavité. La matrice est ensuite minicavité. Le matériau est régularisé en surface.
plaquée contre la dent pour la photopolymérisation.
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Figure 39. Minicavité verticale avec accès par voie occlusale pour le
traitement d’une carie SISTA 2/2. Noter la forme conservatrice globale et
la préservation de bord d’émail large et de finition régulière.
dentaire, mais à une échelle tissulaire. Les objectifs de traite-
ment des interventions restauratrices minimales imposent que
puisse se faire la distinction visuelle et opératoire entre les
différents tissus et structures en présence : l’émail sain et l’émail
altéré, la dentine saine et la dentine pathologique. La qualité et
la pérennité des restaurations passent par un contrôle visuel de
la finition des bords des préparations, et de l’adaptation et de
l’étanchéité des marges de l’obturation. De même, lors de
l’instrumentation des zones proximales, on cherche lors de la
suppression de l’émail périphérique à éviter de léser les tissus
adjacents. [1]
Heureusement, les technologies actuelles nous permettent de
mieux nous adapter à ces situations spécifiques.
Tout d’abord, il est fortement conseillé d’utiliser des aides
visuelles. Des grandissements de × 2,5 à × 4,5 (voire plus avec
l’utilisation d’un microscope opératoire) offrent à notre vision
un pouvoir de résolution très supérieur. La distinction précise
des contours anatomiques et des atteintes tissulaires est une Figure 40. Après préparation de la surface amélodentinaire et coffrage
aide au diagnostic reconnue. La visualisation détaillée pendant par une courte bande matrice maintenue par un coin interdentaire,
l’intervention de l’action des instruments et du résultat opéra- l’adhésif est appliqué.
toire garantit l’atteinte des objectifs de traitement. De plus, la
distance de travail imposée par ces systèmes, associée au choix
d’une bonne profondeur de champ et d’une source lumineuse
coaxiale, donne un confort de travail sans égal.
D’autre part, des spécificités de l’instrumentation opératoire
sont fortement associées aux préparations des minicavités.
“ Points forts
Critères des « outils des minipréparations » :
• action d’excavation et de préparation (action
d’antisepsie éventuelle) ;
• dégagement du champ visuel dans le site d’inter- Figure 41. La reconstitution anatomique est réalisée avec un composite
vention ; microhybride en deux ou trois incréments successifs. L’économie tissulaire
• précision opératoire pour l’accès et le curetage obtenue grâce à cette minicavité a permis la conservation du contact
tissulaire ; interproximal, ce qui facilite grandement la procédure de restauration.
• élimination sélective des tissus altérés ;
• facilité d’utilisation et polyvalence.
Les avantages et les inconvénients de chacun ainsi que leurs
paramètres de choix sont rapportés dans le Tableau 1. [42-48]
Odontologie 11
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Tableau 1.
Comparatif des outils d’intervention restauratrice minimale [42-48]
Type Procédure et contrôle des Accès visuel Avantages Inconvénients Intérêt pour les
d’excavation tissus excavés microcavités
Manuelle Travail par contact Dégagement correct Pas de vibration Long à réaliser Peu adapté
Sélection par sensation tactile Faible coût Nécessité d’un accès
Recul clinique +++ large
Chimio- Travail par contact Dégagement correct Aide à l’ablation Chronophage. Peu adapté
mécanique Sélection par dissolution chimique sélective de la carie Nécessité d’un accès
ciblée Faible coût. large
Action antiseptique
Rotative Travail par contact Dégagement moyen Rapidité et efficacité Aversion des patients à Bien adapté pour
Sélection tactile par vitesse Amélioré par utilisation d’intervention cause des vibrations. toutes les situations
de rotation et type de fraise des microfraises long col Recul clinique +++ Anesthésie nécessaire (attention en
proximal)
Air abrasive Travail par impact à distance Dégagement correct Absence de vibration Efficacité moyenne Bien adapté pour
Sélection par durée d’action et Mais brouillard de Action préférentielle sur Risque de surexcavation les lésions
angle d’attaque particules pendant les tissus durs altérés occlusales et les
Faible action sur la
l’action dyschromies
dentine ramollie
Pollution
Sonoabrasive Travail par contact Dégagement correct Accès à des zones Efficacité moyenne Bien adapté surtout
Sélection tactile par durée difficiles. Action ciblée Faible recul clinique pour les lésions
d’action et type d’inserts grâce aux inserts proximales
à hémiface travaillante
Photoablation Travail par impact Dégagement correct Ablation sélective de la Coût excessif Peu adapté
Sélection autocontrôlée dentine cariée Long à réaliser
par variation de puissance
Globalement, il apparaît que les traitements a minima des études indiquent que leur longévité est comparable aux restau-
dyschromies et les minicavités en général préservent la structure rations traditionnelles de classe II à l’amalgame. [51]
de la dent et ont un bon potentiel de survie à long terme. Mais En général, les échecs sont dus à des caries ou à des défauts
d’après les études, aujourd’hui, on ne peut pas conclure d’une d’intégration parodontale par excès de matériau d’obturation.
façon aussi nette pour les restaurations tunnel. [26]
Restauration par minicavités tunnel
Restauration par microabrasion de surface Ces restaurations prêtent à plus de discussion et méritent
À notre connaissance, il n’existe pas d’étude clinique sur les d’être plus précisément développées. Il est difficile de comparer
traitements et les restaurations par microabrasion de surface. Les les études portant sur l’évaluation des minicavités tunnel tant
cas cliniques le plus souvent exposés mettent en évidence la les zones d’accès, les formes de préparation, l’instrumentation
bonne préservation des structures saines, l’état de surface utilisée, l’extension du curetage proximal et le mode de restau-
parfaitement adapté aux techniques adhésives, et une intégra- ration ont pu varier au cours du temps et des expérimentations.
tion esthétique excellente et durable grâce aux résines compo- Les résultats de ces évaluations doivent donc être pris avec
sites actuelles. précaution et esprit critique.
Les conclusions de la majorité des études cliniques indiquent
Restauration par minicavité préventive occlusale que la durabilité des restaurations des minicavités tunnel n’est
pas très bonne.
Le NIH s’est appuyé sur un grand nombre d’études pour
Une étude in vivo a montré qu’il restait de la dentine cariée
montrer le caractère significatif du succès des restaurations
résiduelle dans 8 % des préparations tunnel. [33]
préventives occlusales (75 % à 87 % de survie à 9 et 10 ans).
Une revue de synthèse nous indique que quatre études
Des revues de synthèse qui ont analysé ces études rapportent
cliniques portants sur 4 années rapportent des taux d’échec
des comportements identiques aux obturations à l’amalgame,
allant de 21 à 65 % et donnent une durée de vie moyenne des
avec en plus une bonne préservation tissulaire. [26, 50]
minicavités tunnel estimée entre 45 et 72 mois. [27] Les échecs
Le rapport NIH conclut que les minicavités localisées et le
pour les dents permanentes étaient dus à des fractures de crêtes
scellement des sillons anfractueux associés préservent la
marginales (35 %), une cavitation de l’émail proximal (31 %) et
structure de la dent, offrent un meilleur joint, diminuent les
une carie récurrente (38 %). Les échecs sur la denture primaire
risques de carie récurrente et prolongent la durée de vie de la
étaient dus principalement à la fracture des crêtes marginales
restauration. [49]
(84 %).
Les points faibles de ces traitements sont liés essentiellement
Des minicavités tunnel restaurées avec du verre ionomère ont
aux procédures opératoires et en particulier à la manipulation
été testées en résistance par une charge exercée sur la crête
des matériaux adhésifs. [50] Les échecs sont dus à une carie
marginale. Papa et al. ont trouvé 56 % de perte de résistance à
secondaire ou, plus souvent, à la détérioration de l’obturation
la fracture pour les dents restaurées par une minicavité tun-
(en particulier la perte de tout ou partie de la résine de scelle-
nel. [52] Notons que ces évaluations ont été faites sur des
ment). Souvent, une réintervention partielle peut suffire pour
restaurations réalisées au verre ionomère conventionnel. La
prolonger à nouveau la vie de la restauration.
procédure actuelle recommande le recours à une technique
Restauration par minicavité proximale d’obturation sandwich associant ciment verre ionomère modifié
par adjonction de résine (CVIMAR) et résine composite avec
horizontale ou verticale adhésif. On doit pouvoir attendre de ce type de restauration une
Les quelques études cliniques existantes concernant les meilleure absorption des contraintes et une diminution des
minicavités proximales verticales ou horizontales montrent des risques de fracture. Les restaurations des minicavités tunnel
taux de succès importants. Plusieurs revues de littérature réalisées par des cliniciens expérimentés montrent en général un
réunissent ces études qui s’étalent sur des durées de 2 à taux de succès plus important, ce qui met en évidence la
10 ans. [26, 50] Les taux de survie vont de 70 % à 100 %. Ces nécessité d’un d’apprentissage.
12 Odontologie
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Retenons également que l’augmentation du niveau de sus- [11] Lasfargues JJ, Kaleka R, Louis JJ. Le concept SISTA : un nouveau
ceptibilité carieuse a un effet négatif significatif sur la durée de guide thérapeutique en cariologie. Real Clin 2000;11:103-22.
vie. [12] Kidd EA, Banerjee A, Ferrier S, Longbottom C, Nugent Z.
Globalement, ces résultats tendraient à présenter ces prépara- Relationships between a clinical-visual scoring system and two
tions comme une alternative à moyen terme. Actuellement, histological techniques: a laboratory study on occlusal and approximal
l’indication des minicavités tunnel en traitement de routine des carious lesions. Caries Res 2003;37:125-9.
caries proximales n’est pas prouvée. Elles sont plus difficiles à [13] Young DA. New caries detection technologies and modern caries
réaliser que les minicavités proximales horizontales ou vertica- management: merging the strategies. Gen Dent 2002;50:320-31.
les, et de pronostic plus risqué. [26, 53] Les avantages de cette [14] Ratledge DK, Kidd EA, Beighton D. A clinical and microbiological
méthode de préparation très sensible à l’opérateur paraissent study of approximal carious lesions. Part 1: the relationship between
faibles, mais la préservation optimale des tissus et des formes cavitation, radiographic lesion depth, the site-specific gingival index
anatomiques de la dent méritent qu’on les prescrive à bon and the level of infection of the dentine. Caries Res 2001;35:3-7.
escient. [15] Lasfargues JJ, Machtou P. Dictionnaire francophone des termes
d’odontologie conservatrice. Collège national des enseignants en
odontologie conservatrice. Paris: édition SNPMD; 2004.
■ Conclusion [16] Noack MJ, Wicht MJ, Haak R. Lesion orientated caries treatment--a
classification of carious dentin treatment procedures. Oral Health Prev
Nos connaissances sur la maladie carieuse et la progression Dent 2004;2(suppl1):301-6.
des lésions, nos possibilités de diagnostic précoce et les capacités [17] Knight GM. The tunnel restoration. Dent Outlook 1984;10:53-7.
des biomatériaux adhésifs ont permis à de nouvelles approches [18] Hunt PR. A modified class II cavity preparation for glass ionomer
de se développer pour le traitement des caries primaires. Les restorative materials. Quintessence Int 1984;15:1011-8.
interventions restauratrices minimales représentent aujourd’hui [19] Mount GJ. Minimal intervention dentistry: rationale of cavity design.
l’évolution du traitement chirurgical des caries et des formes de Oper Dent 2003;28:92-9.
préparation cavitaire répondant aux principes d’interception de [20] Lambrechts P, Mattar D, De Munck J, Bergmans L, Peumans M,
la dentisterie a minima. Les concepts d’économie tissulaire Vanherle G, et al. Air-abrasion enamel microsurgery to treat enamel
guident ces procédures d’intervention clinique, de l’accès vers la white spot lesions of traumatic origin. J Esthet Restor Dent 2002;14:
lésion carieuse jusqu’aux procédés d’éviction ou de modification 167-87.
de la dentine infectée. Quelles que soient les techniques [21] White JM, Eakle S. Rationale and treatment approach in minimally
opératoires utilisées, classiques (curetage manuel ou mécanique) invasion dentistry. J Am Dent Assoc 2000;131:13S-19S.
ou plus récentes (sonoabrasion, air abrasion, photoablation, [22] Peters MC, McLean ME. Minimally invasion operating care. I.
etc.), les interventions sont principalement guidées par la Minimally intervention and concepts for minimally invasion cavity
préservation des tissus non infectés. Il est cependant possible de preparations. J Adhes Dent 2001;3:7-16.
décrire les formes probables des minicavités obtenues, selon la [23] Ericson D, Kidd E, McComb D, Mjor I, Noack MJ. Minimally Invasive
voie d’accès à la lésion carieuse, et selon son site et son stade : Dentistry--concepts and techniques in cariology. Oral Health Prev
minicavités directes, minicavités horizontales, minicavités Dent 2003;1:59-72.
tunnel et minicavités verticales. La validation thérapeutique des [24] Ericson D. Minimally invasive dentistry. Oral Health Prev Dent 2003;
interventions restauratrices minimales est aujourd’hui approu- 1:91-2.
vée sur le plan international. Elles doivent être appliquées, en [25] Staehle HJ. Minimally invasive restorative treatment. J Adhes Dent
1999;1:267-84.
pratique quotidienne, quand l’atteinte tissulaire devient irréver-
[26] Tyas MJ, Anusavice KJ, Mount GJ. Minimal intervention dentistry: a
sible et parallèlement à la mise en œuvre de toutes les possibi-
review. Int Dent J 2000;50:1-2.
lités de maîtrise du risque carieux.
[27] Peters MC, McLean ME. Minimally invasion operative care. II
Contemporary techniques and materials: an overview. J Adhes Dent
2001;3:17-31.
Remerciements : toutes les figures représentant des dessins en 3D ont été [28] Murdoch-Kinch CA, McLean ME. Minimally invasion dentistry. J Am
conçues à l’aide de Simulife ® . Elles sont reproduites avec son aimable Dent Assoc 2003;134:87-95.
autorisation. [29] Ewoldsen N. Facial slot class II restorations: a conservative technique
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F. Decup (Docteur en chirurgie dentaire, DUO, Maître de conférence des Universités, praticien hospitalier) (franck.decup@univ-paris5.fr).
B. Tison, Attaché universitaire.
J.-J. Lasfargues (Docteur en chirurgie dentaire, DSO, DEO, Professeur des Universités, praticien hospitalier).
Département OCE, Faculté de chirurgie dentaire, 1, rue Maurice-Arnoux, 92120 Montrouge, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Decup F., Tison B., Lasfargues J.-J. Intervention restauratrice minimale : minicavités et miniobturations.
EMC (Elsevier SAS, Paris), Odontologie, 23-144-A-10, 2006.
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