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LE TRAITEMENT

CHIRURGICAL
DES LÉSIONS CARIEUSES

Hervé TASSERY
Frédéric BUKIET
Stephen KOUBI
Marylène NICOLAS
Zied BACCOUCHE
Jean-Louis BROUILLET

MOTS CLEFS
Curetage dentinaire
L ’exérèse de la dentine cariée a
pour objectifs essentiels d’éliminer les
s’assurer de l’étanchéité de l’obtura-
tion coronaire.
Révélateurs de carie tissus amélo-dentinaires destructurés De nos jours, la gestion de la lésion
Désinfection dentinaire
Nouveaux outils de préparation et infectés (fig.1ab et 2), d’assurer la carieuse doit s’intégrer dans le cadre
survie du complexe pulpo-dentinaire du modèle médical préventif (25) et
et de créer une interface compatible implique une démarche diagnostique
KEY WORDS avec les techniques de collage. de l’activité carieuse (18) suivie de
Dentin excavation La sauvegarde du complexe pulpo- l’instauration de mesures prophylac-
Caries indicator dentinaire au cours de l’exérèse de la tiques adaptées (13).
Dentin desinfection
New excation procedures dent cariée n’est pas en soi un sujet Les lésions initiales, diagnostiquées
d’actualité. Des auteurs comme au stade 0, c’est-à-dire susceptibles
Baume, Best, Kraus et Bonsack, res- d’être reminéralisées ou passivées,
pectivement en 1890, 1926, 1934 et ne relèvent pas d’un traitement chi-
1946 avaient déjà recommandé rurgical. Seules les lésions évoluées,
l’application de solution germicide sur caractérisées par la présence d’une
la dentine cariée et préconisaient de infection bactérienne dentinaire doi-

REALITES CLINIQUES Vol. 11 n° 1, 2000 pp. 85-102


1a 1b

cariés et de discuter de leurs avan-


tages et inconvénients respectifs.

DONNÉES
HISTOPATHOLOGIQUES
La carie dentinaire, en fonction de sa
ligne d’évolution aiguë ou chronique,
est constituée de strates qui peuvent
être simplifiées en une zone infectée,
irréversiblement détruite et une zone
affectée, reminéralisable et conser-
vable (fig. 3). Toute l’ambiguïté de
l’exérèse de la dentine cariée demeu-
re au niveau de cette interface infec-
tée/affectée où le sens clinique prédo-
mine sur les critères de diagnostic
(41). En référence à de précédents
2 travaux (5, 14, 15, 24) il semble pos-
sible de définir des strates à éliminer
et d’autres à conserver (tableau I)
sous réserve bien sûr de l’apprécia-
Fig. 1 - Visualisation de la dentine vent être traitées chirurgicalement, ce tion du facteur clinique (signes, épais-
infectée et techniques adhésives qui suppose l’élimination des tissus seur de dentine résiduelle…).
de restauration
Fig. 2 - Dentine infectée colorée cariés et leur remplacement par un La prise en compte de ces facteurs
à évolution chronique biomatériau de restauration. Les cri- dans l’évaluation de l’interface zone
tères cliniques permettant au praticien infectée-zone affectée est essentielle
d’éliminer sélectivement la dentine d’autant que la dentine affectée,
cariée, et demeurent trop souvent conditionnée par un primer à base
subjectifs (12). L’absence de contrôle d'acide polyalkénoïque, conserve une
de la vitesse des instruments de frai- ultra-structure compatible avec les
sage, l’affûtage aléatoire des instru- techniques adhésives (30). Certains
ments manuels et la sensation tactile auteurs (5) ont montré à 12 mois, le
de la dureté dentinaire ("cri dentinai- potentiel de régénération in vivo de
re"), purement subjective, réduisent la cette interface, sous réserve qu’elle
précision du geste opératoire. Cette soit protégée par un coiffage étanche
étude a pour objectif de décrire les à base d'hydroxyde de calcium ou
procédés actuels d’exérèse des tissus autres pansements bio-actifs

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3a 3b

3c 3d

(CVIH)(fig. 3). Quels que soient les LES RÉVÉLATEURS Fig. 3 -


a) Carie distale sur 11.
moyens employés pour éliminer la DE CARIES b) Désinfection
dentine infectée, il semble important à base de chlorhexidine.
de conserver au mieux la strate sous-  Principes et indications c) Dentine affectée résiduelle
d) Passivation interne par application
jacente affectée et dure. Les révéla- Dès les années 70, des études in vitro d’un ciment verre ionomère (Voco)
teurs de carie peuvent être à ce stade chez l’animal (14, 15) ont montré que
une aide opératoire, mais il n’infor- la dentine artificiellement déminérali-
ment pas le praticien sur le caractère sée pouvait se diviser en deux zones :
évolutif et tridimensionnel du proces- une zone externe et une zone interne.
sus carieux (39). Ce modèle fut observé sur la dentine

TABLEAU I - CHOIX DES ZONES À ÉLIMINER OU À CONSERVER


Critères cliniques Présence de bactéries Zone de la lésion Zone à conserver
Dentine ramollie XXX Zone infectée non
Dentine ramollie sèche XXXX Zone infectée non
Dentine ramollie humide XXXXXX Zone infectée non
Dentine dure colorée XX Zone infectée/affectée oui + (CR*)
Dentine dure peu colorée X Zone affectée oui + (CR*)
* CR : contrôle révélateur de carie

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cariée d’origine et pouvait être mis en plus importante si la dentine est humi-
évidence par l’usage d’un colorant de (24) et ces auteurs confirment la
directement appliqué sur la dentine nécessité de conserver cliniquement
cariée : la fuchsine basique à 0,5%. cette zone affectée. Le rapport en
Le potentiel carcinogène démontré in CFU/mg entre zone infectée et affec-
vivo chez le rat a contraint les fabri- tée est de l’ordre de 55 (2). La struc-
cants à lui substituer un colorant ture organique de la dentine saine et
ayant le même comportement avec la de la zone affectée ne diffère que par
dentine cariée : le rouge acide 52 ou la diminution des bandes collagé-
Rhodamine B à 1%, qui est en fait un niques et une augmentation des pré-
colorant alimentaire type rouge 106. curseurs amino-acides dans la zone
Ce colorant est en solution dans du affectée. La zone affectée, contraire-
propylène glycol. Ce solvant présente ment à la zone infectée, possède un
la particularité de pouvoir pénétrer potentiel de réminéralisation qu’il est
spécifiquement la trame collagénique important de préserver d’un point de
dénaturée de la dentine cariée. Cette vue clinique (30).
dénaturation correspond à la rupture Cliniquement, les structures denti-
des liaisons intermoléculaires des naires rencontrées vont varier lors de
molécules de collagène sous l’action la préparation (dureté, couleur) en
des acides bactériens (14,15, 52). fonction du type de carie (aiguë avec
Cette spécificité de coloration permet une coloration plus marquée ou chro-
de diviser, de façon schématique, la nique) et de la profondeur de la
lésion carieuse en une zone dite lésion. L’utilisation du révélateur de
infectée et une zone dite affectée où carie permet de visualiser les struc-
le collagène est altéré et non dénatu- tures dentinaires moins compatibles
ré. Contrairement à Fusayama (14), avec des techniques de collage
qui limite le front d’invasion bactérien (réduction des tags résineux, réduc-
à la frontière infectée-affectée (fig. 2), tions de la force d’adhésion). Une
d’autres auteurs (23, 52) ont montré étude a récemment reprécisé l'intérêt
une pénétration de streptocoques du révélateur de carie en montrant
mutans et de lactobacilles au-delà une corrélation positive entre la colo-
des zones colorables, que la carie ration dentinaire et la présence de
soit aiguë ou chronique. Cependant streptocoque mutans via l'amplifica-
cette pénétration, mesurée en tion du gène spa P(1). Les critères
CFU/mg (Colony Forming Units), est dentinaires : coloration, texture et
faible par rapport à la zone infectée, dureté ne permettent pas d'objectiver

Secteur superficiel Secteur intermédiaire Secteur profond

Zone infectée à éliminer Dentine affectée ? Dentine saine à conserver

Majoration
de la durée
Interface affectée. Le sens clinique prédomine. dentinaire

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cette corrélation. Pour des caries pro- tels les verres ionomères hybrides ou
fondes et juxta-pulpaires (augmenta- les matériaux bioactifs type Ariston®
tion du nombre des tubuli par 3 de la (Vivadent) en technique sandwich
jonction émail-dentine vers la pulpe et fermé. Le révélateur n’ayant pas
majoration de leur diamètre de d’effets toxiques sur la pulpe, ni
0,5 µm à 2-3 µm) (36). Le sens clinique d’ailleurs sur les bactéries (15), il
prédominera d’autant plus que le révé- convient de désinfecter la plaie denti-
lateur ne donne aucune information sur naire après son application.
la virulence du processus pathologique,
ni sur sa profondeur réelle.
PRÉALABLE AU
La persistance d’une légère coloration
rosée après rinçage, surtout dans les CURETAGE DENTINAIRE :
zones profondes ne doit pas inquié- LE CHAMP OPÉRATOIRE
ter. Son élimination risque d’entraîner La mise en place du champ opératoire
un surtraitement de la lésion (27), s’applique à toutes les techniques
d’autant plus que le révélateur ne d’exérèse chirurgicale de la dentine
semble pas interférer sur le mécanis- cariée et offre au praticien de nom-
me d’adhésion des composites micro- breux avantages. Le champ opératoi-
hybrides et des compomères (35). re permet de se concentrer sur la sur-
 Les principaux produits face de travail et d’intervenir en toute
commerciaux sécurité en l’absence de risque
Les produits à base de Rhodamine B d’ingestion iatrogène pour le patient. Il
sont : Caries Detector® (Kuraray, assure une réduction quasi complète
Cavex France), To Dye For® (Roy- du risque de contamination salivaire
dent) et Cari-D-Tect® (Gresco), secondaire évitant ainsi la réinfection
Caries Markers®, Voco). du site d’exérèse et la pénétration de
Les produit à base de fuchsine acide protéines salivaires sur le site de col-
sont : Sable Seek Caries Indicator® lage (41). Il est donc possible de tra-
(Bisco). vailler dans des conditions d’asepsie.
Concernant les produits à base de La digue permet l’exérèse de la denti-
fuchsine et rhodamine, ils sont appli- ne cariée en assurant le renouvelle-
qués directement sur la dentine ment per-opératoire d’une solution
cariée pendant 10 secondes, puis rin- antiseptique. La digue assure de plus
cés abondamment. Il est souvent une protection permettant d’envisa-
nécessaire de répéter l’opération car ger, soit un coiffage direct, soit une
le coefficient de diffusion intradenti- biopulpectomie, en cas d’effraction
naire des produits est faible. Cette pulpaire, le cas échéant.
application répétée doit rester sous le Si certains auteurs (24) remettent en
principe d’une dentisterie a minima. question l’usage de la digue sous pre-
En cas de proximité pulpaire il est texte qu’une surface contaminée par
prudent de tenir compte de la majora- de la salive redevient propre après
tion de la perméabilité dentinaire rinçage et séchage il parait difficile,
(coloration incontrôlée) et du risque une fois le protocole de collage enga-
de perforation du plafond pulpaire. gé, de rincer la cavité, adhésif en
Dans ce cas précis, il semble intéres- place. Le potentiel de collage s’en
sant de différer l’obturation définitive trouverait réduit et l’introduction de
(5), d’autant plus que le risque bactéries dans l’interface adhésif
carieux du patient est élevé. Un coif- pourrait entraîner des douleurs post-
fage dentinaire étanche est alors pos- opératoires et des caries secondaires
sible à l’aide de matériaux bioactifs (4, 41).

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4a

4b

4c

OPTIMISATION DU dé en per-opératoire et pour la toilette


finale de la cavité avant l’obturation,
CURETAGE : L’ANTISEPSIE
en fonction de la technique choisie
Fig. 4 - L’utilisation d’antiseptiques au cours de (tableau II). Il faut toutefois noter le
a) Consepsis®. Tube réassort
l’exérèse chirurgicale a pour objectif de : faible nombre d'études relatant l'in-
b) Mini brossettes pour appliquer
l’antiseptique( Bisico) • réduire la charge bactérienne, fluence de ces molécules sur les sys-
c) Brossette ICB • diminuer leur viabilité résiduelle, tèmes adhésifs et sur la viabilité cellu-
et pâte Consepsis Scrub (Bisico) laire en fonction du temps réel d’appli-
• désinfecter les zones difficiles
d’accès rencontrées dans certaines cation.
situations, par exemple : cavité SISTA  Les molécules disponibles
2.1. Leur usage peut être recomman- La chlorhexidine
La chlorhexidine (CHX) est un anti-
septique cationique de la famille des
biguanides, utilisé comme désinfec-
TABLEAU II - INDICATIONS DES ANTISEPTIQUES tant depuis plus de 30 ans. Cette
molécule est très active sur les Gram
Utilisation des antiseptiques
positifs type streptocoques mutans et
Exérèse Per-opératoire Pré-obturation
son action se situe entre autres sur la
Manuelle + +
membrane bactérienne et sur une
Mécanique + +
enzyme de la glycolyse (GTF ou gly-
Sonique et ultra-sonique + +
cosyl transférase) réduisant ainsi la
Air abrasion - +
production d’acide par les strepto-
Laser - (effet stérilisant)
coques mutans.

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D’autres agents cationiques pour- dans 75% des cas. L’application
raient être utilisés comme l’Alexidine, d’acide réduit la proportion de bacté-
l’Hexetidine (hexahydropyridide de ries à 50% (26). Dans le but de com-
synthèse) ou la sanguinarine. Aucune pléter l’action antiseptique, un désin-
étude ne semble confirmer ou infirmer fectant type chlorure de benzalkonium
d’éventuelles interférences entre ces est associé à cet acide et commerciali-
molécules et les systèmes adhésifs. sé sous le nom de Uni-Etch (acide à
La CHX dans le cadre de l’exérèse 32%) ou All-Etch (acide à 10%,
chirurgicale de la carie est utilisable Bisco). Son utilisation en est alors limi-
sous forme d’une solution à 2% de tée à la phase pré-obturatoire.
pH6 (Consepsis et Cavity Cleanser
Bisco) ou d’une pâte de nettoyage L’hypochlorite
(Consepsis Scrub Bisco) combinée à L’hypochlorite, en plus de son action
des brossettes à poil durs type ICB bactéricide, crée une contraction de la
(Bisco) (fig. 4). Après le curetage de phase organique et la redistribution de
la lésion, l’action de la CHX permet la phase minérale de la surface denti-
de réduire les risques de sensibilité naire. Le nombre de tubuli ouverts est
post-opératoire en réduisant la charge réduit de 85% (13 x105 à
bactérienne (7) tout en assurant le 2 x 105) mais leur diamètre augmente
nettoyage des parois cavitaires. Selon de 122% (1,8 à 4µm) pour un temps
certains auteurs il semble judicieux d’application de 2mn. La surface de
d’appliquer la CHX après l’application collage dentinaire n’est en fait réduite
de l’acide phosphorique et rinçage, que de 30% et, selon ces auteurs, la
pour en augmenter l’efficacité par éli- perméabilité dentinaire ne serait pas
mination de la boue dentinaire rési- modifiée de façon significative. Par
duelle. contre, le temps de contact efficace
pour désinfecter la dentine sans per-
Le Chlorure de benzalkonium turber son ultra-structure de façon
irréversible n'est pas connu.
Cet antiseptique est commercialisé
sous le nom d’Ultracid (Bisco) ou  Prospectives
Ultracid F (avec du fluor) en associa- S'il est possible de désinfecter la plaie
tion avec l’EDTA. L’EDTA assure une en per-opératoire, et juste avant la
élimination superficielle de la boue réalisation de l’obturation, de nou-
dentinaire majorant ainsi l’efficacité velles voies de recherche s'orientent
du chlorure de benzalkonium. Comme vers l'incorporation d'antiseptiques,
pour la CHX, une application après soit dans les conditionneurs, soit dans
mordançage à l’acide phosphorique la matrice organique. Des chercheurs
pourrait en optimiser l’efficacité. In (21) ont testé l'activité bactéricide sur
vitro l’action combinée de l’EDTA et 7 souches bactériennes dont le Strep-
de l’acide phosphorique augmente les tocoque Mutans et l'effet cytotoxique
rétentions de surface de l’émail et de via l'incorporation de thymidine tritiée
la dentine en vue de l’adhésion (6). d'un monomère type MDPB (12-
methacryloyloxydodecylpyridinium
L’acide phosphorique à 35% bromide) dérivant d'un ammonium
L’acide phosphorique, outre le condi- quaternaire. La concentration minima-
tionnement tissulaire, permet de rédui- le inhibitrice est comprise entre 31,1
re en partie la charge bactérienne. Au et 62,5 µg/ml. Cet effet est maximal à
stade du “cri dentinaire“ lors de l’exérè- 250 µg/ml pour un temps de contact
se, le prélèvement aseptique de denti- de 5mn. L’effet cytotoxique (LD 50)
ne reste bactériologiquement positif sur des fibroblastes pulpaires

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humains est atteint avec des concen- MÉTHODOLOGIES
trations de l’ordre de 35µg/ml ana-
OPÉRATOIRES
logues aux monomères type TEGMA
et UDMA. Malheureusement ces La décision d’exérèse sera fonction
concentrations restent éloignées du du stade carieux, de la nature du
seuil d’activité bactéricide maximale. risque carieux individuel et du
Certains adhésifs de 5ème génération consentement éclairé du patient. Dif-
tels que l’Excite‚ et les adhésifs auto- férentes techniques d’exérèse de la
mordançants semblent aussi promet- dentine cariée décrites sont dispo-
teurs en terme d’activité bactéricide. nibles. Elles sont toutes applicables
En effet des zones d’inhibition de quels que soient les sites et stades du
contact par le streptocoque mutans processus carieux. Cependant cer-
ont été observées in vitro entre les tains procédés semblent plus spéci-
primers SA, LB du Clearfil Liner bond‚ fiques et adaptés pour éliminer la
(Kuraray) et le ED primer du Panavia dentine cariée dans des sites d’accès
21 (34). Le principe actif est constitué difficile ou à visibilité réduite (par
par l’acide N-méthacryl-5-aminosali- exemple : SISTA 2.1).
cylic associé à de l’ethanol dont l’effet
dépend de la concentration.
 Le curetage manuel
D’autres effets bactéricides à court et L’exérèse manuelle des tissus cariés
moyen termes sont obtenus en incor- est réalisée sous champ opératoire
porant des agents anti-microbiens à et dans un bain d’antiseptique. Cette
base d’argent (Novaron et Amenitop) approche est prioritaire :
dans la matrice photopolymérisable • en début d’excavation pour éliminer
(TEGMA, UDMA). l’essentiel de la biomasse cariée,

TABLEAU III - CHOIX DE LA TECHNIQUES D’EXÉRESE EN FONCTION DE LA


CLASSIFICATION SISTA
Techniques d’exérèse Stade 1 Stade 2 Stade 3 Stade 4

• Passivation* • Laser
• Air abrasion • Ensemble
Site 1
• Laser - Sonique des techniques • Ensemble
des techniques.
• Sonique et ultra-
• Passivation* • Laser sonique moins
Site 2 • Air abrasion • Ensemble efficace.
• Laser - Sonique des techniques • Chimique et manuelle
en cas de proximité
pulpaire.
• Passivation* • Laser
Site 3 • Air abrasion • Ensemble
• Laser - Sonique des techniques

*Passivation : tentative de réversion du processus carieux par application de vernis


sur des lésions cavitaires ouvertes ou scellement aseptique d’une lésion cavitaire
fermée. Les avantages et inconvénients des différentes techniques de curetage
sont résumés dans le tableau IV

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Fig. 5 -
a) Excavateur Hu-Friedy
b) Dentine ramollie humide
sur l’excavateur
5a 5b

• en fin d’intervention sur des caries réduire les risques d’effraction pulpai-
volumineuses afin de réduire la conta- re de manière significative.
mination pulpaire en cas d’effraction. • Temps 1 : désinfection, élimination
Le choix de l’excavateur est fonction de l’essentiel de la biomasse cariée,
du volume de la cavité et son extrémi- coiffage à base d’hydroxyde de cal-
té doit être arrondie et très affûtée cium (5) ; la mise en place intermé-
(fig. 5). L’excavation manuelle doit diaire d’un matériau étanche et adhé-
être complétée par un fraisage rotatif, sif, avec des propriétés reminérali-
sono-abrasif ou autre car son efficaci- santes et cariostatiques est une alter-
té reste limitée dans les cavités com- native (CVIH ou des matériaux bioac-
tifs type Ariston‚ Vivadent).
plexes (33) et le manque de visibilité
• Temps 2 : réintervention à 6 mois,
dans des cavités tunnels peut entraî-
dentine plus dure et plus colorée,
ner jusqu’à 26% d’erreur dans la loca-
réduction de la viabilité bactérienne,
lisation et l’élimination des tissus
obturation définitive.
cariés (37).
Dans le cas de carie volumineuse,  Le curetage mécanique
une approche en deux temps ou step- L’exérèse à l’aide d’instruments rotatifs
wise est classiquement indiquée pour à faible vitesse (1000 à 1500 t mn-1)

TABLEAU IV - AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DES DIFFÉRENTES TECHNIQUES DE CURETAGE


Techniques de curetage Avantages Inconvénients
Absence de vibration. Temps. Pression non contrôlée.
Curetage Risque d’effraction pulpaire faible. Affûtage difficile.
manuel Procédés applicables pour tous les stades d’évolution.

Curetage Temps - Efficacité - Vibrations - Spay obligatoire


mécanique Grand choix de diamètres d’instruments rotatifs. Risque d’échauffement.

Curetage Anesthésie ? - Exérèse spécifique ? Aspiration obligatoire - Toxicité poudre ?


par air-abrasion Lésion débutante.

Curetage Exérèse passive. Temps - Instrumentation spécifique.


chimique
Peu de vibration - Précision du geste opératoire Temps sauf pour les ultrasons -
Curetage par sono Accès aux zones hors d’atteinte classiquement. Pièce à main spécifique.
et ultra sono-abrasion
Absence de vibration et de bruit - Réaction pulpai- Pas de spécificité vis-à-vis de la dentine
Curetage re faible - Etat de surface sans boue dentinaire cariée - Présence de craquelures
par laser mais micro-irrégularités. Moins efficace sur l’émail que sur la dentine
- Coût du système.

H. TASSERY et coll. 93
6a

6b

Fig. 6 - est en général réalisée avec des cules abrasives sur le substrat amélo-
a) Fraise H1 SE (Komet). fraises en acier ou de préférence en dentinaire. Parmi les systèmes exis-
b) Eviction mécanique
de la dentine cariée carbure de tungstène, plus efficaces tants, le système KCP® utilise ce prin-
et faciles à stériliser. Bien qu’utilisées cipe pour la préparation cavitaire, ainsi
sous spray et à vitesse lente ces que l’exérèse du tissu carié avec pour
fraises peuvent engendrer un échauf- objectif secondaire la réduction du
fement des tissus et des vibrations bruit et des vibrations propres au cure-
désagréablement ressenties par les tage mécanique. Ce procédé est en
patients. Afin de réduire ces deux fait basé sur le principe de Coriolis :
inconvénients la fraise H1 a été modi- des particules d’Alumine de 27 ou
fiée en forme et structure pour donner 50µm sont projetées à très grande
la fraise H1 SE ou soft (204.010-023 vitesse par un flux d’air comprimé,
Komet) (fig. 6ab). La denture clas- sous une pression variant de 40 à
sique de la fraise est doublée par une 160 psi. L’effet sur les tissus varie en
surtaille transversale permettant une fonction de la masse et de la vitesse
excavation moins traumatique, une des particules. Le faisceau a un dia-
meilleure élimination des copeaux mètre de 400 µm.
dentinaires et une réduction des L’action des particules permet l’exérè-
vibrations. Le métal surfritté à micro- se de la dentine cariée et semble
granulométrie réduit l’apparition de favorablement conditionner les tissus
brèches sur la denture de la fraise. pour le collage. Comparé à l’action de
Ces fraises sont repérables par leur l’acide phosphorique sur l’émail,
bague verte sur une tige dorée. l’action du micro-sablage ne semble
pas majorer les forces d’adhésion du
 Le curetage par air-abrasion couple adhésif-composite sur l’émail
Le principe d’exérèse par air abrasion (22) et ces auteurs recommandent
est basé sur la projection de parti- d’appliquer un acide fort sur l’émail

94 REALITES CLINIQUES Vol. 11 n° 1 2000


sablé. En revanche sur la dentine apparente reste bactériologiquement
l’association air abrasion (27µm- positif.
120psi) - adhésif permettrait de Un renouveau de cette approche a été
réduire de manière significative le hia- récemment proposé avec le Carisolv.
tus à l’interface dentinaire (17). Il s’agit d’un produit constitué de deux
Cependant l’effet abrasif peut être gels, le premier contenant 3 acides
supérieur à la dureté des tissus sains aminés remplaçant l’acide aminobuty-
(20). Sur modèle in vitro ces auteurs rique : la leucine, la lysine et l’acide
ont démontré que seules des parti- glutamique, le second étant constitué
cules de résine polycarbonate broyée d’hypochlorite. Le principe, identique
éliminaient sélectivement la dentine au Caridex, est une dissolution du
ramollie, sans léser les surfaces collagène altéré par le processus
saines. Par contre aucune information carieux, qui sera éliminé avec des
n’est donnée sur l’influence de la instruments manuels spécifiques qui
micro-abrasion sur la charge bacté- évitent ainsi l’usage d’instruments
rienne résiduelle et l’exérèse n’en est rotatifs, sources de vibrations et dou-
pas moins réalisée en aveugle. leurs.
Concernant l’usage d’un aéropolis- Sur le plan de la biocompatibilité, des
seur type Air-Flow2, les effets sont travaux (51) réalisés sur le rat par
dépendants du mode de conditionne- contact direct et indirect avec des
ment tissulaire. L’adhésion à l’émail temps variables d’application (1 à
des systèmes de 4ème génération clas- 20 mn) montrent des atteintes pul-
siques (primer + adhésif) et de ceux paires variables. La pulpe se nécrose
de 5 ème génération auto-mordan- sur une épaisseur allant de quelques
çants n’est pas majorée par ce type couches cellulaires à 80 µm d’épais-
de conditionnement tissulaire, tandis seur en cas de contact direct. Ce phé-
que l’adhésion à la dentine des nomène serait lié au pH basique du
seconds (Clearfil Liner Bond) est produit, d’ailleurs rapidement tampon-
diminuée à cause de l’effondrement né par le liquide pulpaire. Les auteurs
du réseau collagénique suite au pas- de ces travaux recommandent un
sage de l’aéropolisseur (32). temps de contact cumulé inférieur à
10 mn. La prudence doit prévaloir,
 Le curetage chimique dans l’attente de publications réfé-
Apparu dans les années 1970 le pre- rées, validant ces dernières données.
mier procédé d’élimination de la denti- L’observation des effets du Carisolv‚
ne cariée par traitement chimique fut sur l’émail et la dentine saine est
le système Caridex® ou Caries variable selon les modes d’observa-
Removal System (16). La solution tion. En effet certains auteurs (45) ont
active avait pour formule : N mono- montré par microscopie de force ato-
chloro-D, L-2 aminobutyrate. Ce pro- mique (AFM) une augmentation de la
duit était plus actif sur les dents tem- surface développée de la dentine
poraires mais l’inconstance des résul- pour le fraisage par rapport au Cari-
tats, comparés au curetage classique solv et des valeurs inversées avec
le fit abandonner (43, 48, 49). une mesure par profilométrie. La
L’adjonction de 2M d’urée améliore structure de l’émail sain, contraire-
l’élimination de la dentine cariée sur ment à l’action de l’acide phospho-
les dents temporaires, évaluée in vitro rique, n’est pas modifiée par le Cari-
(50). La surface dentinaire apparaît solv. Un autre problème concernant
après traitement irrégulière mais 1/3 l’exérèse par voie chimique, est le
des échantillons sans carie résiduelle temps minimal d’application du pro-

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duit sur la dentine cariée. Ce temps sonique l’autre ultrasonique, sont à
d’action sur des lésions carieuses pri- notre disposition, les systèmes Sonic-
maires ouvertes (1,5 mm de dia- sys Micro® et PCS®.
mètre) est de 10 mn (sd 6 ,1) pour 4,4 Le coffret Sonicsys Micro comprend,
mn (sd 2,2) pour le fraisage (10). outre un composite fluide, une série
Pour ces mêmes auteurs, 97% des d’inserts de forme hémisphérique
patients ont pu être traités sans anes- mésiale et distale (fig. 7) et d’inserts
thésie. semi-ogivo-cylindriques mésial et dis-
Une des questions soulevées par tal. D’autres inserts de forme angulée
cette technique est de déterminer la sont également proposés sous le nom
quantité critique de bactéries rési- de Prep Angle®. Tous ces inserts se
duelles capable d’évoluer sous une caractérisent par une face active dia-
obturation étanche et de générer une
mantée et une surface non active
lésion carieuse. A cette approche chi-
lisse évitant tout dommage aux sur-
mique il faut rajouter l’action antibac-
faces dentaires adjacentes. Dans le
térienne de l’acide phosphorique à
cas de lésion de site 2 stade 1 l’accès
37% qui, au cours du mordançage,
à la lésion primaire est directement
permet une réduction du taux de bac-
réalisé avec des inserts hémisphé-
téries viables de 75% à 55% (26). En
mesurant la capacité à solubiliser riques ou Prep Angle® et l’éviction de
l’azote présent dans le tissu carié, la dentine cariée est réalisée sous
Beltz et coll. (3) ont montré l’efficacité spray par sono-abrasion passive. La
de l’application d’enzymes type pro- notion de passivité est importante car
nase et collagénase ainsi que celle de c’est l’instrument qui crée l’éviction
l’hypochlorite (5,25%) sur la dentine par sa propre vibration et non la main
cariée. Cependant l’application de ce de l’opérateur. Une fois la cavité réali-
type de produit reste difficile en omni- sée il est souvent possible de parfaire
pratique car les temps d’application l’éviction de la dentine cariée en utili-
sont souvent très longs. Pour réduire sant une fraise long col LN. La désin-
ce temps, Norbo et coll. (33) recom- fection chimique de ces zones diffi-
mandent d’associer pronase et acide ciles d’accès prend dans ce cas pré-
polyacrylique ou hypochlorite (5,25%) cis toute son importance. Les autres
et acide polyacrylique. formes d’inserts sont plus souvent uti-
 Le curetage par sono lisées pour la mise en forme et la fini-
et ultra-sono-abrasion tion de la préparation permettant
d’obtenir des surfaces amélaires
L’évolution des concepts en odontolo-
moins dentelées donc moins fragiles
gie conservatrice vise à promouvoir le
et mieux orientées pour l’adhésion
concept d’économie tissulaire dans le
cadre du modèle médical préventif (8). Par rapport à une instrumentation
(25). Les techniques sono-abrasives rotative l’éviction de la dentine cariée
font partie de cette évolution (8). Le par sono-abrasion dans ces zones
principe est l’application d’un instru- difficiles d’accès est satisfaisante,
ment diamanté abrasif animé d’un d’autant plus que la lésion est débu-
mouvement vibratoire sur la lésion tante. Par contre il est illusoire de
carieuse. Le mouvement oscillatoire vouloir éliminer la dentine ramollie sur
est engendré par des pièces à main des épaisseurs importantes. L’écono-
pneumatiques subsoniques ou ultra- mie tissulaire est excellente et les
soniques en fonction des systèmes. risques de lésion iatrogène de la dent
Le refroidissement est assuré par un concernée ou de ses collatérales sont
spray d’eau. Deux systèmes, l’un faibles. Le temps opératoire est aug-

96 REALITES CLINIQUES Vol. 11 n° 1 2000


7b

7a

Fig. 7 -
a) Insert Micro Sonicsys
menté et l’achat d’une pièce à main tement des tissus durs comme alter- (Kavo Vivadent)
spécifique est nécessaire. native en curetage mécanique (28). b) Evolution tridimensionnelle
du processus carieux.
Le système Piezo Cavity System® Les lasers CO2 et Nd:YAG ont mon- Intérêt des inserts soniques
(fig. 8) est constitué d’inserts double tré peu d’efficacité comme moyen de pour accéder aux zones complexes
face (travaillante et non travaillante) section des tissus durs. En effet, pour Fig. 8 - Insert ultra sonique PCS®
vibrant à une fréquence ultra-sonique (EMS)
vaporiser les tissus dentaires durs, ils
(15-20 kHertz). L’action de l’insert est
plus efficace une fois la biomasse
carieuse éliminée par curetage
manuel ou mécanique et sa forme
convient mieux au SISTA 2.2. Ce sys-
tème, par la fréquence utilisée,
demeure très efficace.
L’action combinée des ondes
soniques ou ultra soniques et du
spray permet d’obtenir des surfaces
dentinaires faiblement recouvertes
de boues, excepté à l’entrée des
tubuli. La couche hydride formée avec
l’adhésif semble plus étendue grâce à
une augmentation de la surface denti-
naire développée sous l’action des
particules diamantées (8).
 Le curetage par laser
Les lasers ont été proposés depuis
longtemps en odontologie pour le trai-

H. TASSERY et coll. 97
9b

9a

9c

Fig. 9 - nécessitent une haute densité


a) Situation pré opératoire.
études ont rapporté que ce type de
d’énergie, mais ceci a pour effet une laser est plus efficace pour l’excavation
Lésion active SISTA 1.3
b) Exérèse mécanique de la dentine élévation importante de la températu- des tissus durs, tout en ayant un poten-
infectée dans un bain re induisant des fusions, des craque- tiel d’agression thermique inférieur à
de chlorhexidine à 2% lures, et la carbonisation de l'émail et
c) Traitement antiseptique final
celui des autres laser employés pour
de la dentine, ainsi que des réactions les tissus durs, surtout lorsqu’il est utili-
pré-obturation (Cavity Cleanser‚
Bisico) pulpaires sévères (13, 47). Une ana- sé avec un système de refroidissement
(Document Pr J.J. Lasfargues) lyse au stéréo-microscope de la denti- par spray d’eau (42, 47). Actuellement,
ne irradiée a permis d’observer une l’application clinique du laser Er:YAG
quantité infime de tissu carbonisé pour l’excavation dentinaire est limitée
(38). Ces auteurs n’ont pas trouvé, du fait des problèmes techniques
par ailleurs, une différence significati- comme l’accessibilité et l’emploi des
ve de structure entre la dentine irra- radiations laser. Le traitement des caries
diée et la dentine saine, d’où une radiculaires des patients en cours de
éventuelle indication clinique pour phase de maintenance parodontale
l’excavation dentinaire avec ce type semble être l’indication de choix pour le
de laser. laser, par la simplicité de la préparation,
Le laser Er:YAG a un plus grand la facilité d’accès et la présence de
potentiel dans le traitement des tissus quantités minimes d’émail à ce niveau.
durs en raison de sa grande solubilité D’autres types de lasers tels que le
dans l’eau et dans l’hydroxy-apatite
"excimer laser" (13) et le Neodymium-
(47). Dans les disciplines médicales,
doped : yttrium-lirhium-floride laser ont
l’utilisation de ce laser pour la chirurgie
montré une certaine utilité pour la pré-
comme un outil de section osseuse a
paration des petites cavités in vitro
été très discutée (31). En odontologie,
sans ou avec peu d’agression ther-
le laser Er:YAG a été introduit pour la
mique.
première fois en 1989 pour le traite-
Malgré les avancées de la recherche
ment des tissus durs (19). Plusieurs
sur les lasers, le rapport coût / bénéfi-

98 REALITES CLINIQUES Vol. 11 n° 1 2000


TABLEAU V - RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES
• Evaluer le risque carieux du patient • Décontaminer les surfaces den-
• Appliquer les mesures générales taires, afin de réduire la septicité
de prophylaxie buccodentaire locale et de visualiser la lésion
• Evaluer le site et le stade de et les tissus adjacents
chaque lésion • Si possible, procéder dès ce
• Poser l’indication d’un traitement stade à la pose de la digue.
chirurgical
• Choisir la technique de curetage et
le matériau de restauration adap-
a tés au site et au stade de la lésion
b

• Pratiquer le curetage dentinaire


sous digue
• Eliminer les tissus infectés,
• Visualiser la lésion à l’aide de à l’aide de la technique d’exérè-
révélateurs de caries se la plus adaptée
• Eliminer les couches nécrotiques • Eviter les lésions iatrogéniques
superficielles. dentino-pulpaires
• Utiliser un antiseptique en perma-
nence, pendant l’exérèse et avant
c d la mise en place de l’obturation.

• Conditionner les tissus pour


obtenir une étanchéité maximale ILLUSTRATIONS :
a) Carie rampante de site 3 sur 23
• Adapter le choix des matériaux à b) Brossage prophylactique
la situation de surface avec une pâte type Proxyt® (Vivadent)
• Compléter les restaurations pour c) Visualisation de la dentine cariée
l’application de vernis bioactifs à l’aide d’un révélateur de carie.
d) Mise en place du champ opératoire et finition
• Instaurer le monotoring des de l’exérèse sous antiseptique
lésions. e) Obturation avec de l’Ariston pHc. Résultat à 1 mois

ce / sécurité de cette méthode dans le est chimio-mécanique et il entre dans


traitement de la carie demeure à ce le cadre des recommandations géné-
jour défavorable. rales définies dans le tableau V.
CONCLUSION Quelles que soient les techniques de
curetage envisagées les objectifs res-
Le traitement chirurgical de la dentine
cariée doit donc être abordé, non seu- tent inchangés (fig. 9) :
lement en terme d’excavation méca- • éliminer spécifiquement la dentine
nique par les procédés discutés dans cariée infectée,
cette étude, mais aussi en terme de • désinfecter la plaie dentinaire,
désinfection du tissu dentinaire infec- • éviter toute lésion iatrogénique,
té. Le curetage dentinaire moderne • prévenir les récidives.

H. TASSERY et coll. 99
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H. TASSERY et coll. 101


RÉSUMÉ
LE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES LÉSIONS CARIEUSES
Le traitement chirurgical de la dentine infectée peut être réalisé selon différents procédés.
L’objectif de cette étude est de décrire ces différents procédés et de discuter leurs avantages et inconvénients. Le
curetage dentinaire, quel que soit le procédé doit être effectué sous champ opératoire. L’utilisation de révélateurs de
caries et d’antiseptiques locaux lors de l’exérèse est recommandée. La préservation du complexe pulpo-dentinaire, la
réduction des risques de récidive de caries et le monitoring des restaurations demeurent des priorités thérapeutiques.

ABSTRACT
SURGICAL TREATMENT OF CARIOUS LESIONS
The surgical treatment of the infected dentine can be realized with different excavation procedures. The description
and the discussion of the advantages and disadvantages of these procedures were the aim of this study. Whatever
the excavation procedures, the use of a rubber dam and of an anti-microbial agent often renewed, must be the
standard procedure in order to take care of the dentine-pulp system and avoid any recurrence of dentine caries.

RESUMEN
EL TRATAMIENTO QURURGICO DE LAS LESIONES POR CARIES
El tratamiento qurúrgico de la dentina infectada puede efectuarse según diferentes procedimientos. El objetivo de este
estudio es describir estos diferentes procedimientos y discutir sus ventajas e inconvenientes. El raspado dentinario,
bajo cualquier procedimiento, debe ser efectuado en campo operatorio. Se recomienda la utilización del revelador de
caries y de antisépticos locales durante la exéresis. La preservación del complejo pulpodentinario, la reducción de los
riesgos de recidiva de caries y el control de las restauraciones siguen siendo prioridades terapéuticas.

102 REALITES CLINIQUES Vol. 11 n° 1 2000

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