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Épidémiologie de la carie
L. Lupi-Pégurier, D. Bourgeois, M. Muller-Bolla

Malgré le recul spectaculaire de l’indice CAOD ces dernières années, la carie, maladie infectieuse
postéruptive des tissus durs de la dent, dont l’étiologie est multifactorielle, reste un véritable problème de
santé publique. Aujourd’hui, les disparités se creusent tant à l’échelle mondiale (les caries se développent
rapidement dans les pays en voie de développement tandis que la situation s’améliore dans les pays
industrialisés) qu’à l’échelle nationale puisque les inégalités sont marquées entre les différentes régions et
les niveaux socioéconomiques. Les sujets atteints sont moins nombreux que par le passé, mais ils le sont
de façon plus sévère. Ce sont les changements de mode de vie induisant sédentarité et grignotage qui
accroissent l’incidence de la carie. L’amélioration de l’état de santé buccodentaire est aujourd’hui
essentiellement attribuée à la consommation de dentifrices fluorés mais la prévention de cette pathologie
passe également par l’évaluation du risque carieux de l’individu. L’abord de la lésion carieuse ne doit pas
se limiter à un dépistage précoce avec interception des lésions débutantes mais doit intégrer un processus
complexe visant à corriger les mauvaises habitudes et à instaurer un recours plus systématique au
praticien. Les indicateurs conventionnels de la carie sont limités et de nouveaux indicateurs doivent être
mis en place afin de diagnostiquer les lésions à un stade encore plus précoce que celui de la lésion blanche,
de distinguer les lésions qui évoluent de celles qui se reminéralisent et d’évaluer le risque carieux de
chaque patient. Ainsi, ils pourront mieux évaluer l’impact des actions menées.
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Mots clés : Épidémiologie ; Carie ; Facteurs de risque ; Indicateurs

Plan D’un point de vue étymologique, l’épidémiologie concerne la


science (logos) de ce qui s’abat sur le peuple (epi demos). Elle
étudie la survenue, la répartition des états de santé et des
¶ Introduction 1
maladies dans les populations ainsi que des facteurs qui les
¶ Répartition spatiale et temporelle de la carie 2 conditionnent. Ainsi, elle est un des piliers essentiels de la
La carie dans le monde 2 médecine préventive et de la santé publique. À la différence du
La carie en France 4 praticien dont l’expérience est limitée et subjective puisqu’il ne
Limites des indicateurs classiques 6 soigne que ses propres patients, l’épidémiologie est basée sur
¶ Facteurs de risque de la carie 6 l’examen comparatif d’individus de populations déterminées.
Hôte 6 Les données sont donc obtenues sur un grand nombre de malades.
Bactéries cariogènes du biofilm 8 L’épidémiologie de la carie mérite un intérêt tout particulier
Facteurs comportementaux 8 puisque la santé buccodentaire est une composante essentielle et à
part entière de la santé en général comme le souligne l’OMS, qui
¶ Conclusion : l’exemple européen 10
définit cette santé comme un état complet de bien-être physi-
que, mental et social. Il est indéniable que la santé buccoden-
.

taire concourt à ce bien-être, ne serait-ce que par les douleurs


ou la déficience fonctionnelle qu’elle peut occasionner ou par
■ Introduction son implication dans la qualité de vie puisque la sphère
orofaciale joue un rôle central dans les échanges sociaux entre
La carie est une maladie chronique qui représente une individus. De plus, la relation entre santé buccodentaire et santé
menace tout au long de la vie [1]. Principale cause des douleurs générale a été maintes fois prouvée scientifiquement : par
orales et de la perte des dents [2], elle est rendue redoutable par exemple, les bactéries orales sont impliquées dans le développe-
le fait qu’elle peut évoluer à bas bruit. L’Organisation mondiale ment d’endocardites tandis qu’une forte corrélation existe entre
de la santé (OMS) la définit comme étant « un processus patho- plusieurs maladies buccodentaires et des maladies non trans-
logique localisé, d’origine externe, apparaissant après l’éruption, qui missibles chroniques notamment à cause de facteurs de risque
s’accompagne d’un ramollissement des tissus durs et évoluant vers la communs, comme l’obésité ou les pathologies cardiovasculaires.
formation d’une cavité ». Désormais notre premier objectif est de Les maladies buccodentaires représentent un problème majeur
prévenir la formation de la carie dentinaire puisque la maladie de santé publique en raison de leur impact humain et social : leur
peut être arrêtée, voire reversée, si elle est interceptée aux stades prévalence et leur incidence sont élevées dans toutes les régions
les plus précoces. Toutefois, sans traitement, la carie aboutit du monde où elles atteignent préférentiellement les populations
toujours à la destruction totale de la dent [2]. défavorisées et socialement marginalisées, dès le plus jeune âge.

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En Europe et en Amérique, la carie est même devenue une vraie


préoccupation pour les sujets vieillissants. Au Canada, un tiers
des sujets de 50 ans et plus déclarent avoir des difficultés pour “ Mise au point
manger ou pour communiquer tandis que 18,7 % s’inquiètent
beaucoup pour leur santé orale [3]. En France le besoin en soins Point méthodologique : épidémiologie descriptive
est important et la qualité de vie dégradée par la carie et ses Son but est de mesurer l’état de santé (identifier les
conséquences [4]. problèmes de santé de la population étudiée)
Enfin, le traitement classique des maladies buccodentaires est • Les études épidémiologiques descriptives visent à
coûteux [5]. Dans nombre de pays en voie de développement il obtenir des estimations de la fréquence de survenue des
reste inaccessible. Dans ces pays, 90 % des caries des enfants maladies dans les populations concernées.
restent non traitées [6]. • Elles permettent une surveillance sanitaire systématique.
La connaissance de la répartition de la carie permet de mettre • Elles étudient la distribution des maladies dans des
en évidence les facteurs susceptibles de modifier son incidence. populations définies en fonction des caractéristiques des
Une fois confirmés par des enquêtes analytiques, les facteurs de individus (âge, sexe), du temps et de l’espace : elles
risque peuvent être maîtrisés grâce à l’épidémiologie d’interven- répondent aux questions où, quand, chez qui ?
tion. Enfin, il est possible de prévenir la carie (prévention • Elles peuvent permettre de suspecter des facteurs dont
primaire) ou de l’intercepter (prévention secondaire), avant de l’association statistique à la maladie (facteur de risque) est
la soigner (prévention tertiaire). vérifiée par l’épidémiologie analytique.
Méthodes utilisées
• Les enquêtes transversales sont rarement exhaustives :
■ Répartition spatiale elles sont souvent réalisées à partir d’un échantillon
représentatif de la population étudiée dans lequel chaque
et temporelle de la carie sujet est examiné une fois. Un échantillon est dit
L’étude de la distribution de la carie dans l’espace et dans le représentatif lorsqu’il est prélevé de façon à ce que sa
temps, en fonction des caractéristiques des sujets atteints, composition et ses caractéristiques soient les mêmes que
permet de suspecter l’existence de facteurs de risque. celles de la population dont il est extrait. Ces enquêtes
Pour décrire efficacement la santé d’une population, il est indiquent les effectifs concernés par le problème de santé
nécessaire de disposer d’indicateurs, d’outils de mesure ou de dans la population étudiée, à un moment donné.
critères d’appréciation de l’état d’un phénomène à un moment C Sur une période brève, elles permettent de
donné, qui doivent répondre à des impératifs précis. déterminer la prévalence du problème de santé
La répartition de la carie n’est pas évaluée, comme celle de la (nombre de cas de la maladie présents dans la
grande majorité des états pathologiques, en termes de pourcen- population à un instant donné) en fournissant une
tage de sujets affectés dans la population étudiée puisque sa « image » du phénomène à un moment précis. C’est
prévalence a été, ou est, proche de 100 % dans de nombreuses pourquoi elles sont aussi appelées enquêtes de
populations étudiées en fonction de la période. Il est donc prévalence.
nécessaire d’utiliser d’autres indices pour la décrire, des indices C Elles sont moins coûteuses qu’un enregistrement
non pas de fréquence, mais de sévérité de l’atteinte carieuse. permanent.
L’indice le plus ancien et le plus fréquemment utilisé est • Les enquêtes longitudinales imposent le suivi des sujets
l’indice CAO, défini par Klein et al. en 1938 [7]. Classiquement, (soumis à des examens répétés) de la population étudiée ou
l’indice CAOD représente le nombre de dents permanentes cariées (C), d’un échantillon représentatif de celle-ci.
absentes pour cause de carie (A) et obturées (O). L’indice CAOD ne C Elles permettent de mesurer l’évolution d’un
tient compte que des lésions cavitaires. Les lésions initiales de problème de santé dans le temps. Son incidence
l’émail, accessibles à la reminéralisation, ne sont donc pas prises (nombre de nouveaux cas par an) peut alors être
en compte. déterminée.
Il varie donc entre 0 et 28 puisque les 3e molaires ne sont pas C Leur coût est supérieur.
prises en considération. Dans une population, l’indice moyen C le problème essentiel est celui des « perdus de vue »
est calculé en divisant la somme des valeurs individuelles par le
au cours du suivi.
nombre de sujets examinés. Classiquement, il est utilisé à l’âge
Pour avoir une idée de l’évolution du phénomène en
de 12 ans pour les comparaisons internationales. Le principe est
évitant les « perdus de vue », il est possible de réaliser des
le même pour l’indice CAOF qui évalue le nombre de faces de
dents permanentes cariées, absentes pour cause de carie ou
enquêtes transversales répétées dans la population
obturées, sachant qu’une dent extraite ou couronnée est cotée étudiée (examen de différents échantillons représentatifs à
4 (dents antérieures) ou 5 (dents postérieures). Son utilisation des intervalles de temps réguliers).
est rare aujourd’hui, parce qu’il est long et difficile à enregistrer,
même s’il semblait utile pour la conduite d’études comparatives
sur l’efficacité de méthodes de prévention.
La carie dans le monde
Parallèlement à l’indice CAOD, la très nette amélioration de
l’état de santé buccodentaire dans les pays industrialisés a Carie des dents temporaires
également conduit à évaluer le pourcentage de sujets indemnes
de carie. La Carie de la petite enfance (CPE) se caractérise par la présence
d’une ou plusieurs dents temporaires cariées (lésions cavitaires
L’indice CAOD comptabilise le nombre de dents temporaires
ou non), absentes (pour cause de carie) ou obturées chez un
cariées, absentes ou obturées. Souvent, l’indice COD le remplace
enfant d’âge préscolaire (âgé de 0 à 60 mois) (Health sur-
car l’absence de la dent temporaire n’est pas toujours révélatrice veillance in Europe, EGOHID).
de l’atteinte carieuse. Elle peut être due à l’exfoliation naturelle Le « syndrome du biberon » ou « carie du nourrisson » est la
ou à un traumatisme. Le score maximum est de 20. forme la plus courante de la carie de la petite enfance. Il se
Comme l’indice CAOD, le COD ne tient compte que des manifeste par une localisation typique des lésions au niveau des
lésions cavitaires intéressant la dentine. incisives temporaires maxillaires et des premières molaires
Certains auteurs ont également utilisé l’indice COCAOD qui temporaires maxillaires, les incisives mandibulaires étant en
regroupe à la fois les dents temporaires et permanentes. général épargnées. Un de ces principaux facteurs étiologiques est

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“ Points forts
DMFT (ou CAOD)
5

• Dans les pays en voie de développement : la prévalence 4


toujours faible de la carie risque de s’aggraver dans
l’avenir. 3
• Dans les pays industrialisés : la prévalence encore forte
chez les adultes est en nette amélioration chez les enfants.
• Les disparités sont marquées, essentiellement liées au 2
niveau socioéconomique.
• En France, la santé buccodentaire s’améliore mais des 1
disparités persistent, qu’elles soient sociales ou régionales.
De plus, on note une atteinte préférentielle de la première
0
molaire permanente chez l’enfant. Avec le vieillissement 1980 1981 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
de la population et la conservation des dents sur les
Pays développés
arcades, la carie ne doit plus être considérée comme une Ensemble des pays
maladie de la seule enfance. Pays en développement
• Évolution nécessaire des indices de surveillance de la Figure 1. Convergence des indices CAOD entre pays industrialisés et
santé buccodentaire : le classique CAOD ne suffit plus. pays en voie de développement (source : OMS, 2000 ; Rapport sur la
santé buccodentaire dans le monde, 2003). Si les années 1970, mon-
traient d’évidentes disparités mondiales dans l’indice CAOD à 12 ans, qui
pouvait être 3 fois plus élevé dans les pays industrialisés, dès la fin des
années 1990 tous les CAOD convergent autour de valeurs comprises entre
“ Mise au point 2 et 3. Cette diminution a été attribuée à plusieurs facteurs (Peterson,
1996 ; Gibbons, 1996). Outre les facteurs liés à la modification générale
des conditions économiques (amélioration du niveau de vie et de la classe
Point méthodologique : qualités requises pour un moyenne, niveau d’éducation plus élevé, disponibilité des ressources), la
indicateur de santé (OMS) consommation d’antibiotiques représente certainement une externalité
• Un indicateur est utile lorsqu’il permet l’adoption de positive. Cependant, les gros efforts de prévention et notamment l’expo-
mesures immédiates. sition quotidienne aux fluorures contenus dans les eaux de boisson et les
• Un indicateur est accessible lorsqu’il est aisément dentifrices ainsi que l’accessibilité aux soins préventifs (Konig KG, 2004 ;
disponible sous une forme utilisable et à des intervalles Marthaler, 2004 ; Brown, 1995 ; Petersen, 2003 ; Kelly, 1998 ; Pitts,
appropriés. 2004) sont sans aucun doute les facteurs les plus importants dans le déclin
• Un indicateur est considéré comme éthique si la de la carie. Enfin, la prise de conscience de l’importance de la santé
dentaire et l’amélioration des technologies ont également leur part de
collecte, le traitement et la présentation des données
responsabilité dans le net recul des indices de la carie.
nécessaires à son élaboration sont eux-mêmes conformes
à l’éthique.
• Un indicateur représentatif englobe effectivement
Au cours du XXe siècle, la carie pouvait être définie comme
toutes les questions ou tous les groupes de population
une maladie des pays industrialisés alors que sa prévalence était
qu’il est censé couvrir. faible dans les pays en voie de développement.
• Un indicateur est compréhensible lorsqu’il apparaît facile En 1981, l’OMS et la Fédération dentaire internationale (FDI)
de le définir, de décrire sa signification et de l’interpréter. ont formulé des objectifs à atteindre avant l’an 2000 pour la
santé buccodentaire, à savoir :
• 50 % des enfants de 5-6 ans indemnes de carie dentaire ;
la consommation fréquente de boissons sucrées ou de jus de • moyenne mondiale du CAOD ne dépassant pas 3 à 12 ans.
fruit au biberon ainsi que l’allaitement maternel à la demande À cette époque, le CAOD à 12 ans n’était inférieur ou égal à
au-delà de un an, en particulier lorsqu’il est nocturne 3 que pour 51 % des 107 pays pour lesquels il était disponible
(EGOHID). (Fig. 1).
Chez les enfants âgés de moins de 3 ans, tout signe de carie sur Pour 2020, et concernant la carie dentaire, l’OMS propose de
une surface lisse révèle une forme sévère de carie de la petite nouveaux objectifs :
enfance. Entre les âges de 3 et 5 ans, une ou plusieurs dent(s) • accroître la proportion d’enfants de 6 ans indemnes de
maxillaire(s) antérieure(s) temporaire(s) cariée(s) (lésion cavi- caries ;
taire), absente(s) (pour cause de carie) ou obturée(s) signe(-nt) • réduire le CAOD à 12 ans, et particulièrement la composante
une forme sévère de carie de la petite enfance, tout comme un C, en faisant un effort particulier sur les groupes à haut
CAOD supérieur à 4 pour les enfants de 3 ans, supérieur à risque ;
5 pour ceux de 4 ans, et supérieur à 6 pour ceux de 5 ans • réduire le nombre de dents permanentes extraites pour cause
(EGOHID). de carie à 18 ans, 35-44 ans et 65-74 ans.
Les données concernant les enfants de 5 ans en Europe À la fin du XXe siècle, la prévalence a augmenté dans certains
montrent que la tendance à la diminution des dents cariées ne pays en voie de développement et du fait de la consommation
se confirme plus [8, 9]. croissante de sucres et de l’insuffisante exposition aux fluorures,
Pour les enfants de 5 à 7 ans, l’Angleterre [10], l’Estonie [11], il est probable que la valeur de l’indice CAOD continue à se
l’Italie [12], l’Espagne [13] et les Pays- Bas [14] ont annoncé un dégrader rapidement.
nombre de dents CAO inférieur à 2. En revanche, les pays Parallèlement, la situation a tendance à s’améliorer chez les
d’Europe de l’Est ont recueilli des chiffres supérieurs [15]. enfants et les jeunes adultes des pays industrialisés [16] même si
la carie reste une préoccupation, de nombreux enfants conti-
Carie des dents permanentes nuant à développer des lésions [5] (Fig. 2). Selon de récentes
données du département de prévention du Center for Disease
Chez les enfants Control (CDC), la carie reste la maladie chronique la plus
La première carte du monde assortie de données sur l’indice fréquente dans l’enfance aux États-Unis [17] puisque la moitié
CAOD chez les enfants de 12 ans a été présentée en 1969. des enfants américains ont déjà souffert de caries avant l’âge de

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Indice CAOD
Très bas : < 1,2
Bas : 1,2-2,5
Modéré : 2,7- 4,4
Haut : > 4,4
Données non disponibles
Figure 2. La carie dentaire (CAOD) dans le monde chez les enfants de 12 ans (source : OMS, 2000 ; Rapport sur la santé buccodentaire dans le monde,
2003). Selon les données de l’OMS, le CAOD à 12 ans reste modéré ou bas dans la très grande majorité des pays. Il reste très préoccupant en Europe de l’Est,
en Amérique du Sud et aux Philippines.

Allemagne (2005) 0,70


0,70
Danemark (2006) 0,80
0,87
Pays-Bas (2002) 0,87
1,00
Suède (2005) 1,00
1,10
Belgique (2001) 1,11
1,12
Chypre (2005) 1,14
1,20
France (2006) 1,20
1,20
Islande (2005) 1,40
1,50
Israël (2002) 1,66
1,70
Slovénie (1998) 1,80
2,23
République Tchèque (2002) 2,50
2,70
Estonie (1998) 2,70
2,80
Albanie (2000) 3,02
3,20
Hongrie (2001) 3,30
3,40
Croatie (1999) 3,50
3,60
Slovaquie (1998) 4,30
4,40
Bosnie-Herzégovine (2004) 4,80

Figure 3. Indice CAOD chez les enfants de 12 ans dans les pays de la région OMS-Europe.

11 ans [18]. La satisfaction procurée par le déclin considérable du près de 30 ans ait conduit à une amélioration globale de la
taux de carie doit donc être modérée par le fait que l’améliora- santé dentaire des adultes, la carie reste fréquente [5, 21-23]
tion n’a pas été observée de façon uniforme chez tous les (Fig. 4).
enfants : les disparités se sont creusées, notamment entre les Une récente méta-analyse de Griffin [24] a modélisé l’accrois-
différentes classes sociales. sement annuel de caries radiculaires (+ 0,47) et caries totales
La Figure 3 illustre la sévérité de la carie dentaire chez les (radiculaires + coronaires, 1,31) chez les sujets âgés de 45 ans et
enfants âgés de 12 ans dans la région OMS-Europe, sur la base plus aux États-Unis. Elle a clairement montré que les seniors
de l’indice CAOD (World Health Organization. Global Oral deviennent de plus en plus sujets aux caries, radiculaires
health Data Bank). notamment, et il serait souhaitable de leur proposer des
Par ailleurs, à l’échelle de la dent elle-même, les faces sont
programmes de prévention ciblés.
inégalement atteintes par la carie : au niveau des dents perma-
nentes, les faces lisses sont les moins atteintes tandis que les
faces occlusales concentrent le maximum de lésions [19]. La carie en France
Chez les adultes En France, les enquêtes menées régulièrement, à l’échelle
Mejàre et al. [20] ont mené une étude prospective sur 15 ans nationale, depuis 20 ans par les 16 facultés de chirurgie dentaire
en Suède chez les adolescents et les jeunes adultes. Celle-ci a et l’UFSBD (Union française pour la santé buccodentaire), ont
révélé que le taux de progression de la carie diminue avec l’âge. montré que la carie reste une maladie répandue [25] même si les
Bien que le recul de la prévalence carieuse chez l’enfant depuis indicateurs se sont nettement améliorés (Tableau 1).

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Indice
Indice CAOD
Très bas : < 5,0
Bas : 5,0-8,9
Modéré : 9,0 - 13,9
Haut : > 13,9
Données non disponibles
Figure 4. La carie dentaire (CAOD) dans le monde chez les adultes de 35-44 ans (source : OMS, 2000 ; Rapport sur la santé buccodentaire dans le monde,
2003). Les données mondiales concernant les caries des adultes sont plus rares. La situation est très péjorative à la fois en Amérique, en Europe et en Océanie,
tandis qu’en Afrique et en Asie les caries sont moins développées.

Tableau 1. Cependant, bien que les besoins en soins de carie aient été
Évolution du CAO chez les 6-12 ans depuis 1987. L’indice CAOD à 12 ans divisés par 2 en 20 ans (de 66,3 % à 29,6 %), ils restent trop
est passé de 4,2 à 1,2 en moins de vingt ans, avec une part des dents élevés puisque 3,2 dents ont besoin d’être traitées et 4 % des
traitées légèrement supérieure à celle des dents cariées à traiter. La molaires évoluées sont déjà CAO.
proportion d’enfants indemnes de caries augmente elle aussi pour
dépasser les 50 % en 2006 mais il reste de grandes disparités, 6 % des
enfants porteurs de caries cumulant 50 % des dents atteintes.
Chez les enfants de 12 ans
Année Sujets indemnes Indice CAOD Plus de la moitié (56 %) des enfants sont totalement
(en %) indemnes.
L’indice CAOD est de 1,23 avec une part de dents traitées
6 ans
a
légèrement supérieure à celle des dents cariées à traiter (compo-
1987 73,9 0,5
a
sante C = 0,47, composante O = 0,6). Un fort « gradient social »
1990 87,4 0,2
persiste et révèle des groupes à haut risque. Ainsi, l’indice
1991 b - 0,2 CAOD varie de moins de 1,5 parmi les enfants de cadres
1993 a 95,9 0,1 supérieurs à près de 2,5 parmi les enfants d’ouvriers.
2006 d - - Les premières molaires permanentes sont toujours les plus
12 ans atteintes, 4 enfants sur 10 sont concernés. La proportion
1987 a 11,9 4,2 d’enfants ayant besoin de soins de caries est de 23,1 %
1990 a 23,4 3,0 (2,1 dents à traiter par enfant) contre 70,2 % il y a 20 ans.
1991 b - 2,6 Malgré cette nette amélioration, de fortes disparités restent à
1993 a 34,7 2,1 déplorer :
1998 c 39,2 1,9 • à l’échelle des individus, il existe des « poches de résis-
2006 d 50,0 1,2 tance » puisque 20 % des enfants les plus atteints cumulent
a
Hescot et Roland 1994.
72 % de l’indice CAOD ;
b
Cahen et al. 1993. • à l’échelle des dents : les premières molaires sont les plus
c
Hescot et Roland 1998. atteintes (70 % de l’indice) et les caries occlusales constituent
d
D’après [26].
80 % des caries dans une population à prévalence carieuse
réduite [27].
D’autres études, régionales cette fois, ont souligné les inéga-
Les données les plus récentes sont issues de la dernière lités de l’état de santé buccodentaire en fonction des niveaux
enquête de l’UFSBD menée en 2005-2006 en référence à l’indice socioéconomiques. Ainsi, des études menées dans les écoles
coCAOD. Elles montrent les points suivants. maternelles et primaires ont révélé la fragilité des enfants
scolarisés en zone d’éducation prioritaire [26, 28]. Par ailleurs, une
Chez les enfants de 6 ans autre étude réalisée auprès de 30 000 enfants scolarisés en
grande section de maternelle en 1999-2000 à partir des bilans
Environ 93 % des enfants sont totalement indemnes de de santé scolaires, obligatoires à cet âge a montré que des
caries. variations régionales étaient très marquées : les départements
En moyenne, un enfant présente 1,4 dent atteinte dont d’Outre-Mer et le Nord de la France enregistraient les plus fortes
1 dent n’est pas traitée et 0,4 est soignée. proportions d’enfants souffrant de caries non soignées. Malheu-
L’amélioration est spectaculaire puisque depuis 1987, les reusement, le recours plus fréquent aux soins était d’autant plus
atteintes des dents permanentes ont été divisées par 4 et celles important que la prévalence des caries était faible (Bretagne,
sur dents temporaires par 2,5, quelle que soit la catégorie Pays-de-la-Loire, Île-de-France, Centre, Rhône-Alpes) [29], ce qui
socioprofessionnelle. confirme les difficultés à atteindre les individus à risque.

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Macrocavité avec
atteinte pulpaire Atteinte sévère
Atteinte
Atteinte de la dentine pulpaire
(microcavité) C3 + AOD
C1 + AOD
Atteinte de la dentine Lésion carieuse
(surface intacte) Carie de la dentine
irréversible
Perte de l'émail sans atteinte Sujets classés
de la dentine parmi les Lésion
sujets indemnes carieuse Carie de l'émail
de carie avec initiale
Carie de l'émail détectable l'indice CAOD
sans séchage Pas de lésion

Stade initial : carie de l'émail visible Figure 6. Illustration de Pitts modifiée des indices C3AOD et C1AOD
seulement en séchant la dent (d’après [33]).

Figure 5. Développement de la carie dentaire. La métaphore de l’ice- a atteinte de la dentine (C3AOD-M1). Cependant les lésions
berg de Pitts modifiée ICDAS VII (d’après [32]). initiales peuvent être enregistrées si les investigateurs ont choisi
de retenir la méthode avancée ICDAS VII (C1AOD-M1).

SIC (« significant caries index »)


Chez les adultes
Puisque les caries se concentrent sur un petit nombre de
Très peu d’études ont été réalisées en France sur l’état de sujets, il devient intéressant de calculer le SIC mis au point par
santé buccodentaire des adultes. Une étude répondant aux l’OMS en 2000. Il correspond au calcul de l’indice CAOD pour
critères requis par l’OMS a été conduite en région Rhône- le tiers de la population étudiée présentant l’état de santé
Alpes [30] . Elle révélait que le CAOD à 35-44 ans était de buccodentaire le plus défavorable [34].
15,6 avec des composantes O à 10,4 et C à 1,2. Chez les sujets Le SIC se révèle très utile pour cibler les individus sur lesquels
plus âgés (65-74 ans), le CAOD atteignait 23,2 avec des compo- doivent se porter les efforts de prévention et pour évaluer
santes A à 16,9 et C à 1,1. Plus récemment, une étude menée l’impact des actions menées [35] . Toutefois, il ne doit être
parmi les personnes socialement défavorisées a montré que chez considéré que comme un complément de l’indice CAOD
les bénéficiaires de la couverture maladie universelle âgés de 34 classique de façon à obtenir une information précise [36].
à 45 ans, les composantes A et C représentaient 40 % du
CAOD [4]. Enfin, l’étude menée à Bordeaux en 2006 chez les Chez les personnes âgées : RCI (« root carie
étudiants a révélé un CAOD de 4,4 ± 3,72 (C = 1, A = 0,042, O index »)
= 3,45), ce qui tend à montrer une amélioration dans le recours
aux soins [31]. Peu de données sont disponibles mais le vieillissement de la
population et la conservation prolongée des dents expliquent
l’intérêt croissant suscité par la carie radiculaire. Ainsi, le RCI
Limites des indicateurs classiques (nombre de dents atteintes de caries ou présentant des obtura-
tions sur les surfaces radiculaires divisé par le nombre de dents
Prise en compte des caries précoces : C1AOD dont les surfaces radiculaires sont exposées) a été élaboré [37].
Le CAOD répond aux critères requis des indicateurs de santé.
Il est toujours la référence internationale en matière de santé
buccodentaire puisqu’il est utilisé depuis plus de 40 ans, ce qui
■ Facteurs de risque de la carie
est particulièrement intéressant pour pouvoir comparer les L’étiologie de la carie est multifactorielle. Depuis plus de
données et pour repérer les évolutions de la carie au cours du 40 ans maintenant, il est reconnu qu’elle survient sous l’action
temps. Cependant, il présente des limites : simultanée de plusieurs facteurs :
• c’est un indice moyen, à l’échelle d’une population, qui • l’hôte (qualité du tissu dentaire et composition salivaire) ;
masque les disparités ; • les bactéries cariogènes du biofilm (plaque bactérienne) ;
• il ne tient compte que des caries coronaires (il reste donc • les facteurs comportementaux et notamment l’alimentation ;
inadapté aux personnes âgées présentant une dénudation du • le temps de contact entre ces facteurs.
collet) ; Keyes et Newbrun ont illustré ce phénomène par le célèbre
• il ne tient pas compte des disparités d’atteintes entre les schéma (Fig. 7) [38]. La carie ne se manifeste que lorsque tous ces
dents ; facteurs sont présents. En revanche elle peut être inactivée par
• il ne comptabilise que les caries dentinaires et son manque de l’absence d’un seul des facteurs.
sensibilité l’amène à négliger les stades initiaux de la carie, Les échanges ioniques entre dent et milieu buccal sont
seuls encore accessibles à la prévention (Fig. 5) [32]. permanents et les phases de déminéralisation succèdent aux
De nouveaux indices ont donc été mis au point. L’indice phases de reminéralisation en fonction des variations du pH.
CAOD est maintenant appelé indice C3AOD (la dentine est Actuellement, le processus carieux est décrit comme le résultat
atteinte) tandis que l’indice C1AOD comptabilise également la d’un déséquilibre prolongé de la cavité buccale, où les facteurs
lésion blanche, le white spot des Anglo-Saxons, première étape favorisants la déminéralisation de la dent l’emportent sur ceux
de la carie ou carie initiale qui peut encore être reminéralisée qui facilitent sa réparation [39].
(Fig. 6) [33]. L’épidémiologie analytique vise à expliquer l’état de
santé (comprendre les problèmes) (cf. encadré) (Fig. 8)
Caries des premières molaires permanentes
chez les enfants (CAOD-M1) Hôte
C’est l’indice CAOD enregistré au niveau des seules premières
molaires permanentes chez les enfants de 6 et 12 ans, âges où Âge
les premières molaires constituent la majorité du bilan carieux L’indice CAOD est obligatoirement lié à l’âge puisque la carie
pour l’ensemble de la denture (EGOHID). Selon la méthode de est irréversible et la dent obturée est comptabilisée dans l’indice.
base, celle de l’OMS, les caries ne sont comptabilisées que s’il y Cet indicateur ne peut donc que s’aggraver au cours du temps.

6 Odontologie

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Épidémiologie de la carie ¶ 23-010-A-20

Hygiène
buccodentaire
Substrats
de carbone
Hygiène
alimentaire
“ Mise au point
Point méthodologique : l’épidémiologie analytique
L’épidémiologie analytique ou étiologique étudie les
associations entre maladies et facteurs de risque en
comparant deux groupes.
Bactéries
• Elle établit des liens de causalité
Streptococcus mutans Temps
Lactobacillus • Elle permet de quantifier la relation entre facteur de
Carie
autres… risque et maladie (un facteur de risque est une variable
statistiquement liée à la pathologie étudiée).
Méthodologie
Les protocoles d’étude les plus couramment utilisés sont
Hôte les études prospectives ou études de cohorte (où les sujets
Fluor sont sélectionnés selon qu’ils sont exposés ou non à un
Émail,
facteur de risque dont on veut étudier l’impact sur
salive
l’incidence d’une ou plusieurs maladies) et les études cas-
Figure 7. Schéma de Keyes. La trilogie de Keyes (1962) illustre le fait témoins (où des sujets malades sont comparés à des sujets
que le risque de développer une carie dépend essentiellement de trois contrôles pour leur exposition passée à un ou plusieurs
facteurs : le terrain, l’alimentation et l’hygiène buccodentaire. Il est direc- facteurs de risque).
tement lié à la présence de bactéries pathogènes.

amovible partielle, fréquente chez le sujet âgé, crée des zones


Exposition de rétention et représente un facteur de risque important
Maladie(s) ?
pour les caries radiculaires [40].
Temps
Sexe
Les fillettes souffrent plus de caries que leurs homologues
Enquête Suivi masculins. Cette différence se retrouve quelle que soit la culture
Exposés Maladie / Exposés et la période de l’observation. La plus grande fréquence de
caries chez les petites filles est classiquement expliquée par une
Non exposés Maladie / éruption plus précoce, donc par une exposition plus longue à
Non exposés l’environnement cariogène. Cette sensibilité accrue à la carie
A chez les sujets de type féminin se poursuit à l’âge adulte et
Exposition ? Maladie pourrait alors s’expliquer par la grossesse et par un accès facilité
à la nourriture, notamment lors de la préparation des repas [44].
Par ailleurs, une récente méta-analyse, menée en 2006 par
Temps Lukacs et al., présente une nouvelle hypothèse selon laquelle la
susceptibilité accrue à la carie pourrait être due aux effets des
hormones sexuelles. En effet, la composition biochimique de la
Recueil rétrospectif Enquête
salive et le flux salivaire sont largement affectés pendant la
Cas Exposition / Cas puberté, les menstruations et lors de la grossesse.
(malades)
Témoins Exposition / Témoins Situation socioéconomique
(non malades) Les sujets ayant un faible niveau d’éducation ou un statut
B
socioéconomique bas, les individus appartenant aux minorités
Figure 8. Épidémiologie analytique. ethniques et les primoarrivants sont davantage atteints par la
A. Études étiologiques de type cohorte (exposés-non exposés). carie, peut-être parce qu’ils cumulent les conduites à risque [5, 23,
B. Études étiologiques de type cas-témoins. 45-48]. Le simple fait d’avoir de faibles revenus ou de ne pas

pouvoir bénéficier d’une couverture sociale est un facteur de


risque de la carie [21, 46, 49]. L’effet de la situation socioéconomi-
L’incidence de la carie étant, dans le passé, particulièrement que est universel et se retrouve aussi bien sur le continent
élevée chez les enfants, la carie dentaire a longtemps été américain [50] qu’au Japon [51] ou en Europe [36, 52]. Les caries
considérée comme une maladie de l’enfance. Cette notion doit
des dents temporaires sont, elles aussi, très conditionnées par le
pourtant être remise en cause aujourd’hui puisque Thomson, en
niveau socioéconomique de la famille (Department of Health.
2004, a prouvé que l’activité carieuse chez les sujets âgés (entre
Standard general dental services contact. London : Department
0,8 et 1,2 nouvelle surface affectée par an) excédait celle donnée
of Health, 2006).
par les études de cohorte menées chez les adolescents (entre
0,4 et 1,2 surface par an) [40].
État de santé général
Par ailleurs, au cours de la vie, certaines périodes sont
particulièrement propices au développement de la carie : L’état de santé général et notamment les maladies et leurs
• la période de minéralisation postéruptive (qui dure deux ans traitements, sucrés ou ayant des répercussions sur la physiologie
environ) au cours de laquelle, l’émail jeune présente une de la salive, ainsi que les facteurs génétiques tels les déficits
porosité qui le rend très sensible à la carie [41] . De plus, immunitaires influencent l’apparition des caries [2, 40, 46, 53, 54].
l’absence de forces masticatoires au niveau des molaires Les personnes handicapées, les malades du sida, les personnes
permanentes au cours de l’éruption limite l’autonettoyage [42]. âgées fragiles sont également à risque [5, 16, 23, 46-48].
Ainsi, les dents récemment arrivées sur l’arcade sont-elles Par ailleurs, les comportements alimentaires déséquilibrés
particulièrement exposées à la carie [43] ; comme l’anorexie ou la boulimie et les régurgitations acides
• la sénescence, qui provoque l’alvéolyse horizontale, a ten- qu’elles entraînent sont connus depuis longtemps comme des
dance à dénuder les collets. De plus, le port d’une prothèse facteurs induisant des érosions et des caries [55].

Odontologie 7
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23-010-A-20 ¶ Épidémiologie de la carie

État de santé buccodentaire Les lactobacilles et certaines variétés d’actinomyces sont


particulièrement impliqués dans les caries dentaires [76]. Pour
L’état de santé buccodentaire du sujet et particulièrement le certains auteurs, le rôle du Lactobacillus pourrait même supplan-
fait d’avoir déjà été exposé à la carie dans le passé, est peut être ter celui du Streptococcus mutans [77].
le facteur de risque qui compte le plus dans l’estimation du Les tests salivaires montrent une corrélation entre S. mutans,
risque carieux de l’individu [39, 56] (Haute Autorité de santé. lactobacilles et caries mais leur valeur prédictive est encore très
Appréciation du risqué carieux et indications de scellement faible [78, 79].
prophylactique des sillons des premières et deuxièmes molaires
permanentes chez les sujets de moins de 18 ans, 2005).
La dent elle-même, et plus particulièrement son état de Facteurs comportementaux
surface [57] (HAS, 2005), les récessions gingivales, les restaura-
tions défectueuses, les appareils orthodontiques fixes, l’encom- De nombreux facteurs de risque sont comportementaux. Ils
brement dentaire et les prothèses mal adaptées jouent un rôle incluent l’hygiène buccodentaire, l’observance insuffisante des
majeur dans la rétention de la plaque bactérienne [21, 46, 49, recommandations du dentiste, le manquement aux visites de
58-61]. L’anatomie des sillons peut également être un facteur de suivi, les mauvaises habitudes alimentaires (fréquente consom-
risque [43] d’où tout l’intérêt des scellements de sillons : ces mation de sucres raffinés, utilisation quotidienne de médica-
matériaux adhésifs sont déposés sur les faces occlusales des tions sucrées et erreurs commises dans la façon de nourrir les
dents postérieures pour en modifier la morphologie défavorable. enfants) [2, 5, 46, 58-60, 80, 81].
Ils ont fait l’objet de recommandations professionnelles édictées
par la Haute Autorité de santé en 2005. Elle en a précisé les Hygiène buccodentaire
indications sur les premières et deuxièmes molaires permanen- L’hygiène buccodentaire consiste en l’élimination individuelle
tes chez les sujets de moins de 18 ans. Compte tenu de leur de la plaque par le brossage des dents et l’utilisation du fil
coût élevé, de la baisse générale de l’incidence de la carie et de dentaire. L’efficacité du nettoyage est évaluée par l’utilisation
la variabilité anatomique interindividuelle, il faut en réserver d’un révélateur de plaque suivi du calcul de l’indice de plaque.
l’application aux molaires permanentes des sujets à haut risque Une méta-analyse conduite par Harris chez les enfants de moins
de carie. Même si des méta-analyses démontrent l’efficacité de de 6 ans en 2004 montre que le contrôle de la plaque peut
ce traitement [62, 63] tant en prévention primaire que pour limiter le développement des caries [57]. D’autres auteurs ont
l’interception des lésions intiales [64], les agents de scellement prouvé l’importance de l’hygiène buccodentaire dans la surve-
demeurent toutefois peu utilisés en pratique dentaire nue des caries par des études longitudinales menées chez les
générale [65]. enfants [62, 82]. Une récente étude menée cette fois chez des
La qualité de l’émail intervient également dans le processus adultes a prouvé également la relation significative entre indice
carieux initial puisqu’un défaut de structure (hypoplasie, MIH de plaque et carie [83].
[molar incisor hypomineralisation]) constitue un site privilégié de
développement des caries [66, 67].
Tabac
État de santé buccodentaire de l’entourage La consommation de tabac a été décrite comme favorisant la
carie chez le jeune adulte [84], tandis que chez l’adolescent [85]
Il joue également un rôle puisqu’il a été démontré que les ou l’enfant d’âge préscolaire [86] le tabagisme passif serait
enfants dont les proches ont un mauvais état de santé bucco- également un facteur de risque.
dentaire sont eux-mêmes plus exposés à la carie [39, 46]. En fait,
au quotidien, le comportement alimentaire, les habitudes
Alimentation
d’hygiène orale des parents, lorsqu’elles sont inadéquates,
reflètent un mauvais exemple à suivre pour les enfants [68]. L’état nutritionnel (notamment les carences en vitamines D
et A et la malnutrition) affecte les dents avant leur éruption
Salive mais cette influence est beaucoup moins importante que l’effet
local de l’alimentation sur les dents après éruption [87].
Elle possède un pouvoir tampon (lié essentiellement à la Un des aspects les plus significatifs des répercussions des
concentration en bicarbonates salivaires) qui permet de neutra- erreurs de nutrition sur les dents concerne la carie précoce de
liser les acides produits par le métabolisme bactérien de certains l’enfant, à tel point que cette maladie a été autrefois appelée
glucides [69]. Le pouvoir tampon augmente avec le débit sali- « carie du biberon ». Le contact prolongé, particulièrement la
vaire [70]. Le lien entre la carie dentaire et la baisse du pH de la nuit, entre le sucre, ajouté ou naturellement présent dans le lait
plaque dentaire et du pH salivaire a bien été confirmé [71]. maternel ou artificiel, et les dents temporaires provoque cette
forme sévère de la carie [88].
Bactéries cariogènes du biofilm Aliments cariogènes
Le pouvoir cariogène d’une bactérie est lié à sa capacité de Le processus de déminéralisation de l’émail par dissolution
métaboliser un glucide fermentescible pour aboutir à la produc- des cristaux d’hydroxyapatite, dû au métabolisme des glucides
tion d’un acide à fort pouvoir de dissolution des phosphates de fermentescibles par les bactéries de la plaque, débute environ
calcium de l’émail ce qui induit le processus de déminé- 15 minutes après l’ingestion alimentaire et dure entre 40 et
ralisation. 60 minutes.
Le Streptococcus mutans est la bactérie la plus impliquée dans En l’absence d’un nouvel apport glucidique, les bicarbonates
le processus carieux initial de l’émail dentaire, aussi bien au salivaires neutralisent les acides et rétablissent un pH neutre qui
niveau des surfaces lisses qu’au niveau des sillons. Le potentiel permet à l’émail de se reminéraliser. Dans ce cas, le processus
cariogène de cette bactérie est considéré comme étant le plus carieux ne se développe pas. En revanche, si les apports
important de toutes les bactéries constituant la plaque [72, 73]. La glucidiques sont fréquents (grignotage), le pouvoir tampon de la
colonisation précoce par le Streptococcus mutans pourrait être un salive est insuffisant pour neutraliser l’action de déminéralisa-
facteur clé du développement de la carie [74, 75]. C’est générale- tion et le processus carieux est initié.
ment par la personne qui s’occupe de l’enfant, et tout particu- Ainsi, la consommation de saccharose au cours des repas ne
lièrement sa mère, que la transmission de bactéries (plus provoque pas forcément le développement de la carie dentaire
précisément de Streptococcus mutans) s’opère [74, 75]. mais la consommation pluriquotidienne entre les repas, de
D’autres streptocoques possèdent un pouvoir cariogène même glucides fermentescibles est particulièrement nocive [89, 90].
si celui-ci est moins important que pour Streptococcus mutans. Plus le temps de contact avec les glucides fermentescibles est
Parmi ces bactéries se retrouvent S. sobrinus, S. sanguis, S. mitis, long (la consistance collante des glucides est donc particulière-
S. salivarius. ment délétère), plus le risque carieux est important [48, 81].

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Épidémiologie de la carie ¶ 23-010-A-20

Le saccharose est le glucide alimentaire le plus cariogène et le la nuit après l’éruption des premières dents temporaires.
plus consommé dans les sociétés actuelles. Il a été largement Cependant, la qualité méthodologique des études et le manque
étudié pour comprendre les causes et les mécanismes de de calibration dans les diverses définitions (carie précoce de
développement de la carie dentaire [91]. l’enfant, allaitement maternel prolongé) n’ont pas permis de se
Ainsi, des études épidémiologiques ont superposé la consom- prononcer quant à la date opportune de la diversification
mation de sucre et la distribution de la carie des divers pays. alimentaire [106]. Une revue plus récente, analysant les études
Sreebny [92] a trouvé une corrélation positive : dans les pays où menées aux États-Unis, n’a pas pu mettre en évidence de
la consommation annuelle de sucres était inférieure à 18 kilos relation significative entre l’allaitement maternel ou sa durée et
par habitant, le CAOD était toujours inférieur à 3. Une étude la carie précoce de l’enfant. En revanche, le faible niveau
ultérieure de Woodward et Walker [93] n’a pas abouti à une socioéconomique, l’origine ethnique et le tabagisme maternel
association comparable pour les 90 pays développés étudiés. ont été identifiés comme des facteurs de risque [107].
Miyazaki et Morimoto [94] signalent une corrélation notable Autres éléments. D’autres éléments dont la qualité gustative
entre quantité de sucre et bilan CAOD à 12 ans au Japon. et/ou mécanique entraîne la stimulation salivaire ont un certain
Les communautés isolées ayant un mode de vie traditionnel potentiel carioprotecteur. Ainsi une propriété nettoyante est
et une consommation faible de sucres ont très peu de caries attribuée aux aliments fibreux tels les céréales complètes [108], les
(Inuits d’Alaska [95], Éthiopie [96], Nigeria [97]). À mesure que le cacahuètes [109, 110], les pommes [111], le cacao [112], ou les chewing-
niveau économique augmente, la quantité de sucres et autres gums [113, 114]. Les propriétés protectrices de ces aliments vis-à-
glucides fermentescibles consommés augmente et ce phéno- vis de la carie relèvent de l’absence relative de contenu
mène est souvent associé à un accroissement marqué des caries glucidique et de la propriété qu’ils ont de stimuler la sécrétion
comme le démontre une étude longitudinale menée sur 10 ans salivaire.
en Finlande [98]. L’augmentation de la concentration en fluor dans la plaque
Glucose, fructose, lactose et maltose n’ont pas fait l’objet liée à la consommation de thé noir a été prouvée à la fois chez
d’études spécifiques, mais sont cités dans quelques publications l’animal [115] et chez l’homme [71, 116].
comme des glucides dont l’influence sur la carie dentaire est
faible car leur consommation entre les principaux repas est rare Fluor
et leur présence dans la cavité buccale est courte parce qu’ils Le fluor a une action inhibitrice certaine sur les bactéries
sont le plus souvent ingérés sous forme liquide (le lactose dans cariogènes. La présence du fluor (10 à 100 ppm) inhibe la
le lait, le fructose dans le jus de fruits) [81] . Toutefois, ces production d’acide par les bactéries du biofilm, et les ions fluor
glucides en présence de bactéries cariogènes sont, comme le en s’associant aux ions calcium et phosphates de l’émail, libérés
saccharose, métabolisés en acide lactique. lors de la déminéralisation secondaire à l’attaque acide, accélè-
L’amidon n’est pas directement métabolisé par les bactéries rent le processus de reminéralisation et transforment la structure
cariogènes. Il est hydrolysé par l’alpha-amylase salivaire en de l’émail en fluoroapatite plus résistante aux attaques acides
glucose, qui est à son tour métabolisé par les bactéries cariogè- que l’hydroxyapatite.
nes. L’étude de Lingström [71] précise qu’une alimentation Le fluor peut être administré par voie générale (eau fluorée,
uniquement à base d’amidon ne provoque pas le développe- sel fluoré, comprimés ou gouttes) ou bien par voie locale
ment du processus carieux. La cariogénicité de l’amidon serait (dentifrices, gels, vernis). Depuis l’utilisation de telles méthodes
donc liée à d’autres facteurs tels que la fréquence d’ingestion et de prévention fluorée, au cours des années 1970, l’incidence des
le temps de présence en bouche [91]. caries dentaires est en significative régression.
Aliments carioprotecteurs Des études in vitro et in vivo ont démontré que les fluorures
incorporés à l’émail lors de son développement ne fournissent pas une
Polyols, substituts du sucre. Le xylitol, glucide non fermen- résistance significativement plus élevée à la carie. Ainsi, le fluor
tescible, a une action cariopréventive lorsqu’il est utilisé comme incorporé dans l’émail grâce à une administration systémique serait
substitut partiel ou total du saccharose. De différentes études [99, insuffisant pour garantir une prévention efficace. L’emploi quoti-
100], il ressort que :
dien d’une pâte dentifrice fluorée depuis le début de l’éruption
• pratiquement aucune bactérie du biofilm ne métabolise le des dents serait plus efficace qu’un supplément fluoré pris
xylitol. Le risque carieux est donc quasiment nul avec ce quotidiennement depuis la naissance [117]. Il n’y a aujourd’hui
glucide ; aucune preuve scientifique pour légitimer l’usage des supplé-
• il réduit la croissance du Streptococcus mutans ; ments fluorurés chez l’enfant et cela même en l’absence d’eau
• il réduit la quantité de S. mutans dans le biofilm et dans la fluorée [117] puisque, chez les plus jeunes enfants, le risque de
salive ; développer une fluorose l’emporte sur les bénéfices
• utilisé comme composant de gomme à mâcher, il réduit le attendus [118].
risque carieux. En fait, l’action des suppléments fluorés par voie générale
Le sorbitol est utilisé comme substitut du saccharose dans aurait essentiellement une action locale lors de la succion ou de
certains chewing-gums, pastilles à sucer ou dentifrices. Il est la mastication des comprimés [119]. Cette idée reste cependant
considéré comme faiblement cariogène [101]. encore controversée puisque si jusqu’ici, aucune étude systéma-
En 2001, après la revue de la littérature concernant une tique n’avait été réalisée pour étudier les effets des fluorures
quarantaine d’études sur les sucres de substitution, Hayes systématiques et topiques chez les adultes, une récente méta-
concluait ainsi : analyse, incluant 20 études européennes australiennes et
• le sorbitol et le xylitol sont peu ou pas cariogènes ; américaines a révélé que l’exposition à toute forme de fluorures
• une baisse de la carie dentaire de l’ordre de 30 % à 60 % est réduirait le risque de carie d’environ 25 %, tout en précisant la
constatée chez les personnes utilisant des dentifrices ou nécessité de conduire de nouvelles études bien menées sur le
mastiquant régulièrement du chewing-gum à base de sorbitol sujet [120].
ou de xylitol ou de l’association des deux [91, 102]. L’efficacité des fluorures par voie topique est aujourd’hui bien
Produits laitiers. Leur nature protectrice vis-à-vis de la carie reconnue. Son effet est optimal lorsqu’il est présent dans le milieu
a pu être prouvée dans les études animales chez le rat [103]. Ils buccal à de faibles concentrations et de façon constante. Une étude
peuvent également être considérés comme cariostatiques chez in vitro a déjà démontré qu’augmenter la concentration en
l’homme du fait de l’augmentation de la concentration en fluor de la solution dans laquelle étaient plongées les dents était
calcium et en phosphore de la plaque, ainsi que de l’absorption moins efficace que d’administrer de plus faibles doses pendant
de protéines à la surface de l’émail [104, 105]. une plus longue période [121].
Une revue systématique a tenté d’évaluer la responsabilité de L’application topique et individuelle de fluorures, tels que les
l’allaitement maternel dans la survenue de la carie précoce de dentifrices fluorés qui sont presque universellement répandus,
l’enfant. Il est apparu que certaines études présentaient l’allai- est fortement recommandée parce qu’ils s’emploient facilement,
tement maternel comme un facteur de risque de la carie précoce sont peu coûteux et constituent une mesure efficace de préven-
de l’enfant lorsqu’il était prolongé au-delà de un an ou réalisé tion de la carie coronaire et radiculaire. Ainsi, le dentifrice fluoré

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23-010-A-20 ¶ Épidémiologie de la carie

est donc la méthode la plus intéressante pour la prévention des


caries à cause de sa grande efficacité et son acceptabilité sociale.
Une méta-analyse d’essais randomisés ou quasi-randomisés
contrôlés avec évaluation en aveugle du résultat comparant
“ Mise au point
l’effet d’un dentifrice fluoré à celui d’un placebo chez des Les 40 indicateurs prioritaires en Europe
adolescents de 16 ans et plus sur une durée d’au moins 1 an Soins buccodentaire des enfants
conclut à l’efficacité patente du dentifrice fluoré dans la 1. Brossage quotidien avec du dentifrice fluoré
prévention des caries. Cette conclusion confirme plus de 50 ans 2. Prévention chez la femme enceinte
de recherches [122]. Une revue systématique menée par Ammari 3. Connaissance des mères à propos du dentifrice fluoré
en 2003 a montré qu’en denture permanente, les dentifrices
4. Prévention fluorée
dosés à 250 ppm étaient moins efficaces que ceux dosés à
5. Programmes de prévention buccodentaire dans les
1000 ppm et plus [123].
structures préscolaires
Chez les enfants, cependant, les inquiétudes à l’égard d’une
possible augmentation de l’incidence de la fluorose bénigne ont 6. Écoles participant à des programmes axés sur le
incité certains auteurs à recommander l’utilisation judicieuse de brossage quotidien des dents avec un dentifrice fluoré
ces dentifrices d’en surveiller l’utilisation, et de limiter l’utilisa- 7. Dépistage buccodentaire chez les enfants
tion des suppléments notamment chez les moins de 5 ans qui 8. Prévalence des scellements de sillons
ne contrôlent pas leur déglutition [124-126]. 9. Couverture orthodontique
La chlorhexidine reste l’agent de choix pour le contrôle de la 10. Carie de la petite enfance
plaque [127]. Dans les cas sévères où l’on observe un fort taux de 11. CAOD de la première molaire permanente
bactéries, une plaque abondante ou une dysfonction salivaire, le 12. Taux de fluorose dentaire
traitement aux fluorures ne suffit pas et la chlorhexidine doit Soins buccodentaires chez les adultes
être associée aux fluorures [128]. 13. Consommation quotidienne de boissons et d’aliments
14. Prévalence du tabagisme
15. Accès aux soins dentaires
■ Conclusion : l’exemple européen 16. Accès aux services de soins primaires
17. Visite dans un centre de soins primaires dans l’année
En Europe, nous ne disposons que de peu de données repré- écoulée
sentatives de l’état de santé buccodentaire permettant des 18. Raison de la dernière visite chez le dentiste
comparaisons internationales fiables. Du fait de la profusion des 19. Raison pour laquelle une visite chez le dentiste n’a pas
indicateurs utilisés à l’échelle nationale, seul le CAOD à 12 ans
eu lieu depuis 2 ans
peut être utilisé et même s’il s’est significativement amélioré au
cours des dernières décennies, nous avons démontré plus haut
20. Nombre de sevrages tabagiques
qu’il ne correspond plus à un outil suffisamment performant 21. Prévalence des caries dentaires
pour répondre aux besoins de l’épidémiologie buccodentaire 22. Statut parodontal (indice de plaque cervicale [CPI])
moderne. Très peu de pays disposent d’un recueil exhaustif et 23. Présence d’une prothèse amovible
permanent. 24. Proportion de sujets indemnes de caries
Les performances des systèmes de santé en Europe sont 25. CAOD/cod
fortement influencées par le niveau économique global du 26. Perte d’attache
pays : il y a de grandes disparités dans les dépenses de santé. 27. Cancers de la cavité buccale, du pharynx et du larynx
Par ailleurs, les minorités ethniques ainsi que les groupes 28. Proportion de sujets présentant 20 dents restantes en
socialement défavorisés continuent à souffrir de pathologies occlusion
non traitées dans de nombreux pays européens. Les pathologies 29. Nombre de dents naturelles
buccodentaires en général et la carie en particulier ne dérogent 30. Prévalence d’édentement
pas à la règle. Or, ces populations à fort risque de caries restent Économie de santé
inaccessibles aux méthodes de prévention classiques. L’échec de
31. Dépenses en soins dentaires
la prévention dans ces groupes reflète les faiblesses des systèmes
32. Proportion du PIB dévolue aux soins dentaires
de santé dentaire. La seule façon de faire progresser les choses
et d’atténuer les inégalités nous impose maintenant de trouver 33. Offre de soins (praticiens)
d’autres approches et d’harmoniser nos efforts dans l’unique but 34. Satisfaction des patients vis-à-vis de la qualité des soins
de promouvoir et d’améliorer, à l’échelle internationale, l’état de prodigués
santé buccodentaire, la promotion de la santé, la qualité des 35. Satisfaction des praticiens vis-à-vis de leur
soins et la surveillance des pathologies buccodentaires. rémunération
Afin d’atteindre ce but, en 2000, l’OMS et la FDI ont fixé Qualité de vie buccodentaire
pour objectif aux États membres de mettre en place des systè- 36. Handicap buccodentaire lié à une limitation
mes harmonisés d’information en santé buccodentaire. Dans ce fonctionnelle
contexte, le projet European Global Oral Health Indicators 37. Douleur physique due à l’état buccodentaire
Development Project (EGOHIDP) initié par l’Université Lyon I 38. Inconfort psychologique lié à l’état buccodentaire
a été désigné pour recommander 40 indicateurs prioritaires de 39. Handicap psychologique lié à l’état buccodentaire
référence en matière de santé buccodentaire à l’issue d’une
40. Handicap social lié à l’état buccodentaire
revue systématique des indicateurs existants et d’un processus
de consensus des membres du projet. Un grand nombre d’entre .

eux concernent la carie et/ou ses facteurs de risque [129].


Face à l’évolution des pathologies, les indicateurs retenus ■ Références
dans le cadre du projet EGOHIDP doivent nous permettre de
[1] Selwitz RH, Ismail AI, Pitts NB. Dental caries. Lancet 2007;369:51-9.
choisir des stratégies d’intervention et d’améliorer la perfor-
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or above. Caries Res 2003;37:85-92. Department of Health. Standard general dental services contact. London :
[124] LeCompte EJ. Clinical application of topical fluoride products - risks, Department of Health, 2006 : www.dh.gov.uk/assetRoot/04/
benefits, and recommendations. J Dent Res 1987;66:1066-71. 13/17/09/04131709.doc.

L. Lupi-Pégurier, MCU-PH.
Département de Santé publique, Faculté d’odontologie, 24, avenue des Diables Bleus, 06357 Nice cedex 4, France.
D. Bourgeois, PU-PH.
Département de Santé publique, Faculté d’odontologie Lyon 1, 11, rue Guillaume-Paradin, 69008 Lyon, France.
M. Muller-Bolla, PU-PH.
Département de Santé publique, Faculté d’odontologie, 24, avenue des Diables Bleus, 06357 Nice cedex 4, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Lupi-Pégurier L., Bourgeois D., Muller-Bolla M. Épidémiologie de la carie. EMC (Elsevier Masson SAS,
Paris), Médecine buccale, 28-260-D-10, 2009, Odontologie, 23-010-A-20, 2010.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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