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UNIVERSITE BADJI MOKHTAR - ANNABA

FACULTE DE MEDECINE
DEPARTEMENT DE CHIRURGIE DENTAIRE
SERVICE DE PARODONTOLOGIE

Cours destiné aux étudiants de 3ème Année

Epidémiologie des maladies


parodontales

Année universitaire : 2022/2023 Dr Belleili A.D

I. INTRODUCTION
L'épidémiologie parodontale est un élément clé dans l'étude de la santé parodontale des
individus et de la communauté. Aujourd’hui, on reconnait que la «maladie parodontale» est en
fait un groupe de différentes maladies. Les méthodes d'investigation en épidémiologie
parodontale ont évolué : de nouvelles hypothèses en rapport avec l’étiologie, la pathogenèse
et le traitement ont été proposées et de nouveaux indices ont été développés. Ces hypothèses
sont guidées en grande partie par les données épidémiologiques des enquêtes transversales,
longitudinales et croisées.
Ces progrès ont permis à l'épidémiologie de contribuer de manière significative à notre
nouvelle façon de percevoir et de comprendre la «maladie parodontale».

II- DEFINITION :
L’épidémiologie est un raisonnement et une méthode propre au travail objectif en médecine
et dans d’autre science de la santé à l’explication de leur étiologie et à la recherche des
méthodes d’interventions les plus efficaces (selon Frost Greenwood, Moris et Enterline)

III- Terminologie :
D’après BAUME on définit les termes épidémiologiques comme suit ;
Sous ensemble : on appel ainsi un ensemble de sujets choisis à l’intérieur de la population
cible (il représente la population et contient un nombre suffisant de sujets pour une étude).
Epidémie : apparition inhabituelle d’une maladie en tant que phénomène de groupe limité
dans le temps et dans l’espace.
Epidémiologie : étude d’une ou de plusieurs séries de sujets par examens.
Incidence : désigne le nombre ou état nouveaux apparus pendant une période déterminée (la
fréquence de l’extension de l’affection)
Prévalence : fréquence globale de l’affection
Indice : c’est un chiffre utilisé pour mettre en évidence l’existence d’une caractéristique ou
pour exprimer de façon quantitative la valeur de la caractéristique.

IV- Buts des études épidémiologiques:


Il peut s’agir de mettre en évidence ;
 L’incidence d’une maladie et sa fréquence ;
 Contribuer aux choix des meilleures méthodes de diagnostic donc de mieux définir les
maladies et contribuer à leur classification ;
 Identification de l’ampleur de la maladie et de la santé dans une population définie ;
 Découvrir l’étiologie de la maladie et de sa persistance dans la communauté ;
 Evaluer l’efficacité des programmes de santé ;
 Estimer les besoins thérapeutiques et évaluer les méthodes des thérapeutiques ;
 Etudier l’évolution à long terme  faire la surveillance épidémiologique.

V. Organisation une étude épidémiologique


5. 1. Choix de l’échantillon :
Le choix d’un échantillon et sa qualité relève d’une importance capitale dans l’étude, et pour
en obtenir, il faut que chaque individu représente cette population et dès ce stade le nombre
d’individus comprenant l’échantillon est d’autant plus important que les renseignement à tirer
sont imprécis.

5.2. Stratification :
Le choix de l’échantillon peut être entravé par de nombreuses variantes selon les aspects
graphiques, professionnels, racial ou selon l’âge. Une fois ces problèmes dépassés
l’échantillon est dit stratifié, cette stratification permet d’accroître le nombre de données et de
croiser les renseignements.

5. 3. Méthodologie :
Tout d’abord les examinateurs, il est nécessaire d’en avoir un grand nombre, il convient alors
de les standardiser afin que leurs conclusions soient superposables.
La stratégie des recherches épidémiologiques a été résumée de la façon suivante par Mac
MAHON et col en 1960 

 Epidémiologie descriptive
On établit la distribution de la maladie, avec sa fréquence, dans différentes populations et
différentes tranches d'une même population.
 Formulation des hypothèses :
Les chercheurs élaborent des théories tentant d'expliquer la distribution de la maladie en
fonction des associations de causes les plus directes.
 Epidémiologie analytique :
Des observations sont effectuées afin de vérifier les hypothèses élaborées à partir des études
descriptives.
 Epidémiologie expérimentale :
Des expériences sont effectuées sur des groupes de populations afin d'établir formellement la
répétitivité des résultats découlant de ces vérifications. 

La particularité de l’épidémiologie bucco-dentaire et les pathologies dentaires et parodontales


compliquent l’approche épidémiologique puisque, traditionnellement, leur expression
s’apprécie, non pas au niveau de l’individu, mais à celui de l’organe ou du tissu.
Ainsi il apparaît nécessaire, pour refléter la santé bucco dentaire d’un individu, de disposer
d’indices qui puissent quantifier son niveau d’atteinte et mesurer collectivement
l’ampleur de la maladie selon les populations étudiées.

VI. Indices parodontaux


6.1. Définition d’un indice : c’est un chiffre utilisé pour mettre en évidence l’existence d’une
caractéristique ou pour exprimer de façon quantitative la valeur de la caractéristique (d’après
BAUME 1969). C’est une expression numérique de critères de diagnostic définis, il est
destiné à quantifier et qualifier de façon systématique les observations recueillies.
6.2. Les critères d’un indice
Un indice donné décrit un état ponctuel et possède une valeur numérique située sur une
échelle graduée idéalement il doit répondre aux critères suivants
 La mesure de l'indice doit être à la fois sensible et spécifique ;
 Simple a utilisé et a interpréter et requière un minimum de temps ;
 Son utilisation doit être peux coûteuse ;
 Ne doit pas être inconfortable pour les individus observés ;
 Il faut qu’il soit reproductible ;
 Il doit être exploitable statistiquement ;
 Son interprétation ne doit prêter à confusion.

a. Indices d’hygiène buccale :

 Indice de débris DI
0: ni débris ni coloration:
1: débris mou ne recouvrant pas plus deu1/3 de la surface de la dent ou présence de coloration
sous autres débris quelle que soit l'étendue de la surface recouvert
2: débris mou recouvrant plus d'un tiers mais pas plus des 2/3 de la surface exposée de la dent.
3: débris mou recouvrant plus des 2/3 de la surface exposée de la dent.

 Indice de tartre CI
0:pas de tartre
1:tartre sus-gingival ne recouvrant pas plus d'1/3 de la surface exposé de la dent
2:tartre sus-gingival recouvrant plus d'1/3 mais pas plus de 2/3 de la surface exposée de la
dent ou présence d'îlots distincts de tartre sous gingival autour de la portion cervical de la dent
ou présence des deux
3:tartre sus –gingival recouvrant plus de 2/3 de la surface exposé de la dent ou importante
bande continue de tartre sous gingival autour de la portion cervical de la dent ou les deux .

 Indice de plaque de Löe et Silness 1964


Après séchage des sites à l’air, on évalue de 0 à 3 l’épaisseur de la plaque non colorée, au
niveau cervical, autour de chaque dents, il complète le GI, on notera :
0 : pas de plaque présente sur les dents.
1 : il y’a de la plaque invisible à l’œil mais visible au passage d’une sonde.
2 : il y’a de la plaque visible à l’œil nu.
3 : accumulation importante de la plaque.

 Indice de sévérité de surface de tartre


0:absence de tartre
1:tartre ne dépassent pas 0.5mm d'épaisseur
 2:tartre ne dépassent 1mm d'épaisseur.

b. les indices gingivaux


 Indice gingival GI (Löe et Silness 1963)
0 : aucun signe d’inflammation ;
1 : il y’a un léger changement de couleur, un léger œdème, signe d’une inflammation légère ;
2 : il y’a un changement de couleur, un œdème modéré signe d’une inflammation modérée
avec un saignement provoqué au sondage ;
3 : il y’a des signes d’inflammation sévère ; changement de couleur, œdème important,
ulcération et saignement spontanées.
Cet indice est évalué pour chaque dent au niveau de quatre sites (V, L, M, D) puis on réalise
la moyenne des 4 notes pour chaque site et la somme des notes moyennes par dent divisée par
le nombre de dents examinées.

 Indice de saignement sulculaire SBI MUHLMANN et SON 1971  


0:gencive normale, pas de saignement
1:saignement au sondage, pas de changement de couleur, contour
2:saignement au sondage, léger changement de couleur, contour,
3:saignement au sondage, érythème et œdème moyen
4:saignement au sondage, érythème et œdème important
5:saignement au sondage, saignement spontanée, œdème important, avec ou sans ulcération.

 Indice de saignement papillaire PBI SAXER et MUHLMANN 1975


0:pas de saignement
1:présence d'un seul point de saignement
2: présence de plusieurs points hémorragiques
3:triangle inter dentaire remplis de sang
4:saignement important tout autour de la dent le sang s'écoule immédiatement dans le SGD.

c. les indices parodontaux

 Indice des furcations de GLICKMAN :


Il reste l’un des plus usuels indices de furcation et adopté les cotations suivantes :
0 : pas d’atteinte de furcation
1 : l’alvéolyse atteint la zone de furcation mais ne passe pas sous le tronc radiculaire commun.
2 : la résorption osseuse sous la furcation est partielle, la sonde pénètre l’espace
interadiculaire mais ne le traverse pas.
3 : l’atteinte de furcation est complète, la sonde passe de part et d’autre.
4 : l’atteinte complète s’accompagne d’une résorption importante de l’os intradiculaire,
l’entrée de la furcation n’est plus masquée par la gencive.

 Indice clinique (lindhe 1975)


Degré 1:perte horizontale des tissus de soutiens ne dépassent pas le 1/3 de la largeur de la
dent
Degré 2: perte horizontale des tissus de soutiens dépassant 1/3 de la largeur de la dent mais
n'atteignant pas la largeur totale de l'espace inter radiculaire
Degré 3: totale destruction horizontale de part en part des tissus de soutien au niveau de
l'espace inter radiculaire.

 Indice de récession de MILLER :


Cette classification à été décrite en 1985 et qui présente l’avantage de pouvoir anticiper sur les
possibilités de recouvrement thérapeutique. Cet auteur distingue quatre classes :
Classe 1 : la lésion ne s’étend pas au delà de la jonction muco-gingivale ;
Classe 2 : la lésion atteint ou dépasse la jonction muco-gingivale ;
Ces deux premières classes correspondent effectivement aux récessions gingivales.
Classe 3 : la lésion atteint ou dépasse la jonction muco-gingivale, de plus, il existe une perte
des papilles inter-dentaire et de l’os sous-jacent, mais toujours en situation coronaire de la
récession générale.
Classe 4 : la lésion atteint ou dépasse la JMG, la perte des papilles et de l’os inter-dentaire
atteint le même niveau que celui de la récession.
Ces deux dernières classes = en fait à des situations de rétraction parodontale.

d.les indice des anomalies occlusales


 Indice de mobilité de Muhlmann 1954
0: ankylose
1: mobilité physiologique perceptible entre 2 doigts
2: mobilité transversale visible à l'œil nue
3: mobilité supérieur à 1mm
4: mobilité axiale.

 Indice de mobilité ARPA


0 : état physiologique.
1: mobilité transversale inférieur à un mm perceptible aux doigts
2: mobilité transversale inférieur à un mm visible à l'œil nu
3: mobilité permettant un trajet supérieur 1mm
4: mobilité axiale.

 Indice d’abrasion selon AGUEL


C’est un indice complémentaire d’anomalie occlusale :
0 : pas d’abrasion
1 : abrasion au niveau de l’émail
2 : abrasion au niveau de l’émail + apparition d’îlots de dentines
3 : abrasion au niveau de l’émail + apparition de surface de dentine
4 : abrasion importante où la pulpe est vue par transparence
5 : mise à nu de la pulpe.
VII. Evaluations des besoins en soins
Malgré les connaissances actuelles, il semble que de nombreux pays ne pratiquent aucune
prévention et ne traitent pas efficacement les maladies parodontales.
L'OMS a donc impulsé la recherche de méthodes d'appréciation des besoins en soins:
PTNS (periodontal treatment need system), PSE (periodontal screening examination) et
CPITN (community periodontal index of treatment needs) ont été créés.

1. PTNS :
Ce système prospectif est basé sur la rapidité d'examen, 1 à 3 minutes; la dentition est divisée
en 4 quadrants; sur chacun d'eux, l'état de la dent la plus affectée par une parodontite est
évalué, sous l'angle de ses besoins thérapeutiques.
0 : aucun besoins de soins particuliers
1 : besoin d’un enseignement d’hygiène buccale
2 : besoin d’un enseignement d’hygiène buccale + détartrage + suppression des obturations
des débordantes.
3 : besoin en plus d’un traitement complexe spécialisé.
Entre autre, cet indice permet d’estimer le temps nécessaire à l’exécution des soins en
fonction de la gravité de la lésion.

2. PSE :
Cette méthode consiste à mesurer la profondeur des poches aux niveau des angles mésio-
vestibulaire et disto-vestibulaire des dents restantes; le saignement au sondage et la
profondeur des poches (0 à 3 mm, 4 à 5 mm et 6 mm ou plus) indiquent les besoins
thérapeutiques.
0 à 3mm sans saignement : pas de traitement particulier.
0 à 3mm avec saignement : domaine de l’hygiéniste.
4 à 5mm : domaine du dentiste généraliste.
6 et plus : domaine du spécialiste parodontologiste.

3. CPITN :
Cette méthode se base sur le PTNS et la division de la bouche en 6 segments, qui doivent
contenir au moins 2 dents fonctionnelles; si l'un des sextants ne contient qu'une dent
fonctionnelle, sa valeur s'ajoute à celle du segment voisin.
L'OMS a mis au point une sonde parodontale de 0,5 mm de diamètre qui se termine par une
petite boule et comporte entre 3,5 et 5 mm une marque de couleur noire.
Les scores correspondant au CPITN sont :
0
= gencive saine,
1
= saignement au sondage,
2
= présence de tartre,
3
= poche de 4 à 5 mm,
4
= poche de 6 mm ou plus.
Les besoins en traitement :
Les besoins en soins (TN) : (treatment needs) sont déterminés en fonction du plus haut score
CPITN obtenu par sextant :
TN 0 l'enregistrement de code 0 ou x (sextant édenté : moins de deux
dents fonctionnelles) pour les 6 sextants est une indication qu'il n'y a pas de
besoins en traitement.
TN 1 traduit des problèmes d'hygiène et donc la nécessité de l'améliorer.
TN 2 un score 2 ou plus élevé indique la nécessité d'un nettoyage
professionnel des dents (détartrage), l'élimination des facteurs de rétention
de plaque et l'enseignement de l'hygiène.
TN 3 un sextant présentant un score de 4 traduit la présence de poche
de plus de 6 mm. Le traitement de ce type de lésions nécessitera un
traitement complexe (détartrage profond, surfaçage, curetage ou d'autres
procédures chirurgicales complexes).
Conclusion
Les connaissances actuelles des étiologies et de la physiopathologie paraissent suffisantes
pour entreprendre de prévenir ou de maitriser les parodontopathies tant au niveau de
l’individu qu’à celui de la collectivité, mais il faut s’appuyer surtout sur l’épidémiologie qui a
prouvé sans doute son efficacité.
Au reste, les enquêtes épidémiologiques auront toujours leur utilité dans le cadre de
l’évaluation de nouvelles méthodes préventives ou thérapeutiques.

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