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Pr MAKRELOUF.K.

Introduction :
L’épidémiologie est l’étude des facteurs influant sur la santé et les maladies de
populations, il s’agit d’une discipline qui se rapporte à la répartition, à la fréquence et à la
gravité des états pathologiques
L’étude de la répartition et des déterminants des événements de santé sert de fondement
à la logique des interventions faites dans l’intérêt de la santé publique et de la médecine
préventive
En parodontologie, les épidémiologistes s'occupent avant tout de l'incidence et des
causes de la gingivite et de la parodontite.

1/ Généralités et terminologie sur l’épidémiologie :

Étymologie :

le mot épidémiologie provient du grec epi= sur ; et demos= peuple, population ; logos=
étude ou connaissance, c’est la science des épidémies

Définition de l’épidémiologie :

Etude de la fréquence et de la distribution des états de santé dans les populations


humaines , et des déterminants à leur origine ,en vue de proposer et /ou d’élaborer des
stratégies pour la prévention , la restauration et la promotion de la santé

Selon l’OMS : L’épidémiologie est l’étude de la distribution des maladies et des invalidités
dans les populations humaines, ainsi que des influences qui déterminent cette distribution

Epidémie : C’est la propagation rapide d’une maladie infectieuse dans une région
définie durant un temps limité

Endémie : C’est la présence habituelle d’une maladie dans unes région déterminée,
soit de façon constante, soit à des époques particulières pendant différentes
périodes

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Pandémie : C’est une épidémie atteignant un grand nombre de personnes dans une
zone géographique très étendue a savoir la pandémie du COVID

Sous ensemble :
On appel ainsi un ensemble de sujets choisis à l’intérieur de la population cible (il
représente la population et contient un nombre suffisant de sujets pour une étude).
Incidence :

Désigne le nombre ou état nouveaux apparus pendant une période déterminée (la
fréquence de l’extension de l’affection).

Prévalence :
Fréquence globale de l’affection.

Indice :
C’est un chiffre utilisé pour mettre en évidence l’existence d’une caractéristique ou
pour exprimer de façon quantitative la valeur de la caractéristique.

2/ Champs d’application :
 Epidémiologie de population ou classique : C’est une étude épidémiologique en
population générale en vue d’élaborer des stratégies en santé publique

 Epidémiologie clinique ou recherche clinique : C’est une études épidémiologiques


sur des populations de patients en vue d’améliorer la prise de décision du médecin
face à son patient

3/ Typologie des études épidémiologiques :


Selon la procédure :

Expérimentale : Cherchent à déterminer le facteur à étudier pour ensuite observer


son effet .Souvent limitées par les contraintes éthiques

Observationnelle : Le chercheur analyse une réalité observée, qu’il n’a pas choisie
et sur laquelle il ne peut pas intervenir

Selon la finalité :

L’épidémiologie descriptive : Prévalence et incidence

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On établie la distribution de la maladie, avec sa fréquence dans différentes
populations et différentes tranches d’une même population, avec comparaison de sa
prévalence (observation des phénomènes de santé dans des conditions naturelles)

L’épidémiologie analytique ou étiologique ou causale :

Etude des facteurs de risque ou pronostique

Etude reposant sur l’observation, elle est conçu spécifiquement pour examiner les
hypothèses découlant des études descriptives.

L’épidémiologie évaluative : maladies produites avant de prendre des mesures


préventives . L’épidémiologie évaluative cherche à mesurer l’efficacité des
interventions sanitaires. L’intervention doit être considérée ici dans un sens très
large et signifie aussi bien un programme d’éducation sanitaire, un dépistage ou
même un acte thérapeutique

Selon la population étudiée :

Etudes exhaustives : Portent sur une population étudiée dans sa globalité. Elles
sont d’organisation souvent difficile

Etudes par échantillonnage : Consistent à extraire de la population source .Pour


constituer l’échantillon, la technique utilisée est celle du sondage .Cet échantillon
doit être représentatif de la population initiale, ceci est assuré au mieux par tirage
au sort

Selon la chronologie du recueil des données :

Rétrospective : Recueil d’information dans le passé

Transversale :Recueil d’information un jour donné

Longitudinale /Prospective : Suivi d’une population dans le temps

5/ Phases d’une enquête épidémiologique :


Une enquête épidémiologique comporte cinq phases successives

1.Elaboration du programme de travail :

Consiste à la définition de l’objet de l’enquête, détermination des faits à observer,


composition des groupes d’étude et recherche des moyens

2.Pré-enquête ou enquête pilote :C’est la prospection sur une fraction de la population


étudiée

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3. Enquête proprement dite : Peut être exhaustive et toucher tous les sujets composant la
population étudiée,ou partielle , ne portant que sur une fraction de cette population

4. Dépouillement des résultats : Les réponses portées sur les questionnaires , ou fiches
établis pendant l’enquête sont en général chiffrées sur des documents intermédiaires

5. Interprétation : Porte soit sur des séries biométriques (observations quantitatives) soit
sur des études de morbidité ou de mortalité ( observations qualitatives) I-

6/ Organisation des enquêtes épidémiologiques :

1. Choix de l’échantillon :
Le choix d’un échantillon et sa qualité relève d’une importance capitale dans
l’étude, il faut que chaque individu soit représentatif de cette population. Le
nombre d’individus compris dans l’échantillon est d’autant plus important pour
tirer les meilleurs renseignements possibles.

2. Stratification :
Le choix de l’échantillon peut être entravé par de nombreuses variantes selon les
aspects géographiques, professionnels, racial ou selon l’âge.
Une fois ces problèmes dépassés l’échantillon est dit stratifié, cette stratification
permet d’accroître le nombre de données et de croiser les renseignements.

3. Méthodologie :
Tout d’abord les examinateurs, doivent être en grand nombre, il convient alors de
les standardiser afin que leurs conclusions soient superposables on dit alors que
l’on calibre l’examinateur.

7/ Buts des études épidémiologiques :


 Evaluer l’ampleur du problème parodontal au niveau national, régional et local
 Fournir des informations sur la sévérité et la progression de la maladie
 Identifier les sous-groupes à haut risque dans la population
 Mettre en évidence l’incidence d’une maladie et sa fréquence.
 Contribuer aux choix des meilleures méthodes de diagnostic donc de mieux définir
les maladies et contribuer à leur classification.
 Identification de l’ampleur de la maladie et de la santé dans une population définie.

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 Découvrir l’étiologie de la maladie et de sa persistance dans la communauté.
 Evaluer l’efficacité des programmes de santé.
 Estimer les besoins thérapeutiques.
 Etudier l’évolution à long terme c'est-à-dire faire de la surveillance épidémiologique

La définition de la maladie en médecine s’appuie sur la distinction entre santé et


pathologie chez un individu en fonction des résultats d’analyse diagnostique. Les
pathologies dentaires et parodontales compliquent l’approche épidémiologique
puisque leur expression s’apprécie non pas sur l’individu ,mais celui d’un organe ou d’un
tissu d’où l’intérêt des indices

Définition des indices :


Les indices cliniques permettent une évaluation qualitative et quantitative des maladies
inflammatoires de la gencive et du parodonte, de leurs symptômes ainsi que de l'agent
étiologique de ces pathologies (la plaque microbienne). Les indices sont en premier lieu
utilisés pour les études épidémiologiques; mais ils peuvent aussi faire partie d'un examen
individuel.
Les indices sont l'expression numérique de critères de diagnostic définis. Une maladie ou
son degré de sévérité est qualifié(e)/classé(e) par des chiffres (1, 2, 3, etc.).
Pour les indices simplifiés, seule la présence ou l'absence d'un symptôme ou de l'agent
déclenchant de la maladie est indiquée par oui ou par non.

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Les indices parodontaux

a ) Indices d’hygiène buccale :

Plaque index (PI) de Silness et Loë : après séchage des sites à l’air, on évalue de 0 à 3
l’épaisseur de la plaque non colorée, au niveau cervical, autour de chaque dent.

 0 : pas de plaque.


 1 : mince film de plaque au contact de la gencive marginale visible
seulement après exploration à la sonde.
 2 : accumulation modérée de plaque au contact de la gencive marginale ;
pas de plaque dans les espaces interdentaires ; dépôts visibles à l’œil nu.
 3 : accumulation importante de plaque

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Indice de plaque de O’Leary et al. :
Il semble être le plus adapté en pratique quotidienne pour évaluer le niveau
général d’hygiène du patient :
• – : absence de plaque dans la région gingivale marginale ;
• + : présence de plaque détectable à la sonde et visible après coloration.
Nombre de faces avec plaque/nombre de faces observées × 100 = %.

Indice simplifié d’hygiène buccale de Greene et Vermillon :


L’OHI-S (oral hygiene index simplifié) se compose de deux indices : l’indice
simplifié de débris (DI-S) et l’indice simplifié de tartre (CI-S).
• Le DI-S est un indice numérique allant de 0 à 3 :
o 0 : ni débris, ni coloration ;
o 1 : débris mous couvrant jusqu’au tiers de la surface de la dent ;
o 2 : débris mous couvrant entre le tiers et les deux tiers de la surface de
la dent ;
o 3 : débris mous couvrant plus des deux tiers de la surface de la dent.

• Le CI-S est aussi un indice numérique allant de 0 à 3 :


o 0 : absence de tartre ;
o 1 : tartre supragingival ne couvrant pas plus du tiers de la surface de la
dent ;
o 2 : tartre supragingival couvrant entre le tiers et les deux tiers de la
surface de la dent ;

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o 3 : tartre supragingival couvrant plus des deux tiers de la surface de la
dent ou bande continue de tartre sous-gingival.

• Le principe de l’OHI-S consiste à additionner les scores, à les diviser par le


nombre de surfaces examinées, et à combiner l’indice de débris et l’indice de
tartre.

b)Indices gingivaux :

PMA de Schour et Massller :


Selon eux l’inflammation atteint d’abord la papille, puis la gencive marginale et
enfin la gencive attachée.
 0 : pas d’inflammation.
 1 : inflammation au niveau de la gencive papillaire.
 2 : inflammation au niveau de la gencive papillaire et marginale.
 3 : inflammation au niveau de la gencive papillaire, marginale et attachée.

Gingival index (GI) de Loë et Silness :


On procède à un examen visuel des tissus gingivaux et on détermine la présence
de saignement à l’aide d’une sonde parodontale :
 0 : la gencive est saine
 1 : légère inflammation, léger changement de forme et de couleur pas de
saignement au sondage
 2 : inflammation modérée, rougeur, œdème, saignement au sondage et
à la pression
 3 : inflammation sévère, rougeur, œdème, tendance au saignement
spontané éventuellement ulcération.

GI=0 GI=1 GI=2 GI=3

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c) Indices de saignement :

Sulcus Bleding Index (SBI) de Mùhlemann et Son :

Cet indice retient le saignement, mais on apprécie également la forme et la coloration


gingivale, il est établi à l’aide d’une sonde parodontale introduite dans le sulcus.
 0 : gencive saine pas de saignement.
 1 : saignement au sondage, pas de changement de couleur ou de
contour.
 2 : saignement au sondage avec érythème.
 3 : saignement au sondage avec érythème et œdème moyen.
 4 : saignement au sondage avec érythème et œdème important.
 5 : saignement au sondage et spontané avec œdème important avec ou
sans ulcération.

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Papillery Bleding Index (PBI) de Saxer et Mùhlemann :
Cet indice ne retient que le saignement au niveau des papilles du côté
vestibulaire et lingual, ce saignement est recherché avec une sonde à extrémité
mousse.
 0 : pas de saignement.
 1 : un seul point de saignement apparaît.
 2 : un liseré de saignement qui emplit le sulcus.
 3 : saignement abondant débordant du sulcus.
PBI=0 PBI=1 PBI=2 PBI=3

d) Indice des récessions :

Selon MILLER :

Cl I: la lésion ne s’étend pas au delà de la ligne mucco gingivale

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CL II: la lésion atteint la ligne mucco gingivale, avec des septas inter-dentaires
préservés

CL III: la lésion atteint ou dépasse la ligne mucco gingivale, de plus il existe

une perte des papilles inter dentaires et de l’os sous-jacents

CL IV: la lésion dépasse la ligne mucco gingivale, la perte des papilles et de


l’os

Selon Benquer et col. :

Cet indice donne la forme de la récession, récession en forme de I, de U ou de V.

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e) Indice des atteintes de furcations

Selon GLICKMAN :

 Classe I : lésion débutante ; atteinte du ligament parodontal au niveau


de la furcation sans évidence clinique ou radiologique de lyse osseuse
 Classe II : lésion partielle ; l’os est détruit au niveau d’une ou plusieurs
face de la furcation mais une partie de l’os alvéolaire et du ligament sont
intact ce qui permet le passage partiel de la sonde.
 Classe III : lésion totale ; la furcation peut être obturée par la gencive
mais l’os à été détruit à un degré assez important pour permettre le
passage totale de la sonde dans le sens vestibulo-lingual.
 Classe IV : passage de part en part de la sonde.

Classification de MEYER:

Lésion inter radiculaire supra osseuse

Lésion inter radiculaire juxta osseuse

Lésion inter radiculaire infra osseuse

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Actuellement : la classification universelle:
CL I, lésion débutante, pénétration de la sonde au moins de 2mm

CL II, lésion partielle, pénétration de la sonde a 2mm ou plus

CL III, lésion totale, pénétration de part en part de la sonde

f)Indices d’anomalies occlusales :

Indice d’abrasion selon Aguel :


C’est un indice complémentaire d’anomalie occlusale :
 0 : pas d’abrasion.
 1 : abrasion au niveau de l’émail.
 2 : abrasion au niveau de l’émail + apparition d’îlots de dentines.
 3 : abrasion au niveau de l’émail + apparition de surface de dentine.
 4 : abrasion importante où la pulpe est vue par transparence.
 5 : mise à nu de la pulpe.

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Indice des mobilités selon ARPA :

 0 : mobilité physiologique.


 1 : mobilité perceptible au doigt et non visible à l’œil.
 2 : mobilité perceptible au doigt et visible à l’œil inférieur à 1mm.
 3 : mobilité perceptible au doigt et visible à l’œil sup à 1mm dans le sens
Vestibulo-Lingual
 4 : mobilité dans tout le sens axial et transversal.

Evaluation des besoins en soins :


Malgré les connaissances actuelles, il semble que de nombreux pays ne pratiquent aucune
prévention ni traitement efficaces contre les maladies parodontales. L’OMS a donc impulsé
la recherche de méthodes d’appréciation des besoins en soins.

Community periodontal index treatment need (CPITN) :


Le CPITN (indice pour l'évaluation des besoins de traitements parodontaux) a été
développé par l'OMS (OMS 1978, Ainamo et al. 1982).
Le CPITN ne prend pas en compte la perte d'attache d'une dent, mais uniquement les
paramètres à traiter :
• Inflammation gingivale ;
• Saignement;
• Tartre;
• Profondeur de sondage.
L’OMS a mis au point une sonde parodontale spéciale qui se termine par une petite boule
de 0,5mm de diamètre et qui comporte une bande de couleur noire qui recouvre la zone
de 3,5 et 5mm.
• 1 : sextant saignant au sondage, exempte de tartre ou de surplomb pouvant
abriter de la Plaque bactérienne et le traitement se limite à une motivation
à l’hygiéne buccales.

• 2 : la portion colorée reste visible totalement, le traitement est identique à


la cotation 3.

• 3 : la portion colorée est partiellement visible, le traitement est un


détartrage-surfaçage avec enseignement de l’hygiène.

• 4 : la portion colorée disparaît sous la gencive, un traitement complexe est


indiqué.

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Conclusion :

Les recherches conduites récemment ont montré que les parodontites constituent un
fléau pour l’espèce humaine, la relation de cause à effet entre la plaque et la perte
d’attache a été démontrée, de même que les réponses variables des individus.
Au reste, les enquêtes épidémiologiques auront toujours leur utilité dans le cadre de
l’évaluation de nouvelles méthodes préventives ou thérapeutiques.

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