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University of Oran 1

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Faculty of Medicine

LES INDICATEURS DE SANTE


N. BOUZIANI, A. TADJEDDINE

Cours de graduation d'Epidémiologie de 6ème année Médecine, en vue de la préparation d'un


diplôme de Docteur en Médecine Générale.

Objectifs du cours :
Acquérir des connaissances fondamentales sur les différents types d'indicateurs de santé
(indicateurs directs et indirects) utilisés en santé publique et en recherche clinique.

Plan du cours :
Introduction
Définitions
Indicateurs de morbidité
Indicateurs de mortalité
Indicateurs démographiques
Indicateurs indirects de la santé
Conclusion

Pour aller plus loin, il est conseillé de lire et de consulter des livres et autres documents sur la
question. (Exemple : voir les références bibliographiques de base de ce cours à la dernière page)

Cours de Graduation, 2018 ©, Faculté de Médecine, Université Oran 1.


University of Oran 1
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Faculty of Medicine

LES INDICATEURS DE SANTE


N. BOUZIANI, A. TADJEDDINE

1. Introduction
L’Epidémiologie est la science qui étudie la distribution des maladies, des états de santé des
populations, les facteurs qui les déterminent et l’application de ces connaissances au
contrôle de ces maladies.
L’Epidémiologie est une science qui doit donc mesurer et comparer les états liés à la santé
des populations. Pour cela, elle a développé des outils qui lui permettent de faire le
diagnostic d'un état de santé d'une population; tout comme le fait un stéthoscope pour un
clinicien, qui lui permettra de connaitre l'état de santé du patient. [1]
Parmi ces outils de mesures indispensables en épidémiologie, puisqu'il vont permettre de
connaitre les point forts et les points faibles en matière de santé d'une population; on
étudie dans ce cours : les indicateurs de santé.
Ces indicateurs vont nous aider à mesurer, à comparer et à connaitre la morbidité, la
mortalité, mais aussi d'autres facteurs démographiques, économiques, politiques, … qui
peuvent sembler à première vue assez loin du domaine médical, mais qui ont un impact
direct ou indirect sur l'état de santé d'une population.
Mais d'abord qu'est-ce qu'on entend par le terme : Santé !
La santé est définie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme " un état de
complet bien être physique, mental et social et pas seulement l'absence de maladie ou
d'infirmité" mais cette définition date de 1946 [2]
Un indicateur de santé est une variable qui peut
être mesurée directement ou non, permettant de
résumer et de décrire l’état de santé d'une
population.
Comme un indicateur de vitesse ou de
température , l'indicateur de santé nous dira si
on est dans le vert, ou plutôt dans le rouge, d’où
l'importance de bien choisir les indicateurs. [3]

Bouziani_n@yahoo.fr, Cours de Graduation, 2018 ©, Université d'Oran 1.


2. A quoi sert un indicateur de santé [4] ?
- Connaitre l'état de santé d'une population
- Estimer l'importance d'un phénomène de santé
- Estimer l'impact d'un problème de santé
- Identifier les problèmes prioritaires pour pouvoir agir
On comprend donc tout l'intérêt de ces indicateurs pour les cliniciens, publics ou privés, les
praticiens de santé publique, mais aussi les responsables des établissements de soins, des
services de prévention, des instituts de santé publique ainsi que les décideurs au niveau
local et central.

3. Les indicateurs de morbidité :


3.1 La Prévalence :
Est un indicateur statique. C'est le nombre de cas d’une maladie à un moment donné ou une
période définie, comme une Photo !
Le taux de prévalence se définit comme le nombre de cas d’une maladie observé à un
moment donné sur la population étudiée dont sont issus ces cas.

La prévalence souvent écrite P : s’exprime par un chiffre : entre 0 et 1 (%,1000,10000, …).


Elle est indiquée pour les maladies à long cours (transmissible ou non transmissible).
Les données de prévalence permettent de planifier les services de soins car elles mesurent
la charge que représente une maladie pour une population, en termes de morbidité, létalité
mais aussi en termes de coûts économiques nécessaires pour la prise en charge.

3.2 L'incidence :
Est un indicateur dynamique. C’est le nombre de nouveaux cas pendant une période
donnée. Il prend en compte la vitesse de survenue d’une maladie dans une population,
comme une Vidéo !
Comme la prévalence, l’incidence s’exprime aussi par un chiffre entre 0 et 1 (%,1000, …).

L’incidence, souvent écrite I : est très utilisée en santé publique. Ses données tout le temps
mis à jour, font partie intégrante des systèmes de surveillance épidémiologique, qui
permettent le suivi, l’alerte et l’action en cas d’épidémie.
D'autre part, le taux d’incidence peut être assimilé aussi à une probabilité de survenue
d’une maladie ou un événement, une sorte de risque de survenue.

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Le taux d'attaque : pour les maladies infectieuses à durée d'incubation courte, on utilise
souvent le terme taux d'attaque à la place de taux d'incidence pour bien montrer à quelle
vitesse une maladie attaque ou se propage.

La morbidité totale :
Que l'on calcule une prévalence ou une incidence, et malgré tous les efforts que l'on puisse
portés pour améliorer les moyens et les compétences en matière de diagnostic, il faut
rester relatif et modeste dans l'appréciation de ces mesures, car l'on ne mesure que ce
qu’on peut détecter. En effet, la morbidité totale est constituée par 03 types de morbidité :
- La morbidité diagnostiquée : c'est la morbidité mise en évidence par le diagnostic médical
et ayant nécessité le recours aux services de soins.
- La morbidité ressentie : est l'ensemble des troubles ou affections ressenties par un
individu, qu'il peut déclarer ou non.
- Et la morbidité infra clinique : les affections dont l'existence n'est pas décelée, faute de
manifestations cliniques (formes asymptomatiques). [5]

3.3 Autres mesures de base :


Différents types de rapports existent en épidémiologie, il est important de les connaitre :
Une Proportion : c'est le nombre de personnes présentant une caractéristique donnée
(exposition à un facteur, une modalité donnée d'une variable, un genre, une catégorie, ...) sur
le nombre total des personnes de la population à laquelle elles appartiennent. C'est une
mesure statique, sans unité, où le numérateur fait partie du dénominateur (pourcentage).
Exemple de proportion : le pourcentage des fumeurs dans une population. [6]
Un Ratio : c'est un rapport dans lequel le numérateur ne fait pas partie du dénominateur.
Le ratio est utilisé fréquemment dans les situations où nous n'avons que deux modalités
(cas des variables binaires) et ces deux modalités nous intéressent autant l'une que l'autre.
On divise alors le nombre de la première modalité, sur celui de la deuxième modalité.
Parmi les exemples les plus connus : le sex-ratio. Le ratio est aussi une mesure statique,
sans unité, défini pour une population donnée, dans laquelle le temps n'intervient pas.
Un Taux : le taux est le rapport entre le nombre de personnes concernés par la survenue
d'un événement donné (maladie, décès, …) pendant une période de temps et la population
moyenne, présente pendant cette période, au sein de laquelle cet événement a été observé.
C'est une mesure dynamique, permettant de rendre compte des variations d'un
phénomène au cours du temps, dont la période de référence est en général d'une année.
Un taux mesure la probabilité de survenue d'un événement donné au cours du temps.
Un Indice : est un rapport qui permet de comparer des quantités qui ne sont pas de même
nature. Dans les indices le numérateur est de nature différente de celle du dénominateur.
En économie de santé ou en gestion des établissements de soins ces indices sont très utiles.
Exemples : dans un service, il y a 20 lits pour 5 infirmières. Indice = 04 lits pour 1 infirmière.
Dans une ville de 500 000 habitants, il y a 500 médecins. Indice = 01 médecin pour 1000 hb.

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4. Les indicateurs de mortalité :
4.1 Le Taux Brut de Mortalité (TBM) :
Estime l’importance de la mortalité dans une population définie. C’est le rapport entre le
nombre total de décès, toutes causes confondues, survenus dans une région au cours d’une
période d'une année sur la population exposée de la même région pendant cette période.

La mortalité est une incidence de décès dans une population au cours du temps. Mais les
taux bruts de mortalité ou de morbidité ne tiennent pas compte de la structure par âge des
populations; c'est pourquoi, ils ne permettent pas des comparaisons fiables entre les pays.

4.2 La mortalité proportionnelle :


Estime l’importance des décès d'une modalité donnée par rapport à l’ensemble des décès.
C'est un taux, constituée par le rapport du nombre de décès par une cause donnée, au cours
d’une période donnée (01 an), sur le nombre total des décès au cours de la même période.

4.3 La létalité :
C'est un taux, représenté par la proportion des cas à issue fatale d’une maladie donnée.
Mais le taux de létalité varie pour la même maladie d'un pays à un autre. En effet, la létalité
dépend de la virulence de la maladie, mais aussi des capacités de prise en charge existantes
et finalement des systèmes de santé mis en place (organisation, compétences, moyens, …).

4.4 La mortalité spécifique :


Estime l’importance des décès ayant une caractéristique donnée (maladie, âge, sexe, …).
C'est un taux, constitué par le nombre de décès ayant une caractéristique donnée, pendant
une période donnée, sur la population moyenne exposée au risque pour la même période.

Le Taux de Mortalité Infantile (TMI) : parmi les taux de mortalité spécifiques les plus
utilisés, on note le TMI, qui est le rapport entre le nombre de décès d’enfants âgés de moins
d’un an, pendant une année, sur le nombre de naissances vivantes au cours de l'année.
Le TMI ne dépend pas de la structure d'âge de la population et constitue donc un bon
indicateur pour les comparaisons internationales (si le recueil des informations est fiable)
Le TMI est plus qu’un indicateur de santé, c’est un indicateur de développement humain !
Le taux de mortalité néonatale : estime les risques de décès dans le 1er mois de la vie.
C'est le rapport du nombre de décès de nouveau-nés âgés de moins de 28 jours, au cours
d’une période donnée, sur le nombre de naissances vivantes au cours de la même période.
Il existe d'autres taux de mortalité spécifiques selon les âges de la grossesse ou de l'enfant,
tels que : Mortalité périnatale, Mortalité post néonatale, Mortalité fœto-infantile, …

Le Taux de Mortalité Maternelle (TMM) : estime le risque de décès lié à la grossesse.


C'est le rapport entre le nombre de décès par complications après 42 jours, de grossesse,
accouchement et suites de couches dans une région donnée pour une période donnée sur le
nombre total de naissances vivantes dans la même région et au cours de la même période.
Comme le TMI, le TMM est un plus qu'un indicateur de santé.
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5. Les indicateurs démographiques :
5.1. La structure par âge :

5.2 La natalité :

Ce taux ne tient pas compte de la composition par âge de la population; il ne permet donc
pas des comparaisons fiables entre pays et doit être complété par l’étude de la fécondité.

5.3 L'accroissement naturel :

Taux d'accroissement naturel = taux de natalité - taux brut de mortalité

5.4 La fécondité :

Par convenance, on entend par femmes en âge de procréer, les femmes âgés de 15 à 49 ans.

5.5 La nuptialité :
L'âge au premier mariage est un indicateur important de l'état de santé d'une population.
Des âges élevés signifient la survenue fréquente d'anomalies : malformations, trisomies, ….
ainsi que le recours à des techniques de procréation médicale assistée appelé aussi PMA.
En Algérie, l'âge moyen au 1er mariage est 33 ans chez l'homme, et de 30 ans chez la femme.

5.6 l'espérance de vie :


L'espérance de vie à la naissance est le nombre moyen d'années de vie qu'un nouveau né
peut espérer vivre. C'est un calcul théorique basé sur l'étude des générations précédentes.

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6. Les indicateurs indirects de la santé :
La plupart des indicateurs de l'état de santé décrits ci-dessus, font une description du
versant négatif de la santé (morbidité, mortalité, handicap, ...). Mais, il y a aussi des
indicateurs du versant positif de la santé (qualité de vie, années de vie en bonne santé, âge
au 1er cancer, …). Tous ces indicateurs sont des indicateurs directs de la santé.

Cependant, d'autres éléments influent indirectement l'état de santé d'une population. Il


s'agit d'indicateurs indirects de la santé, tels que :
- Alimentation, assainissement, eau potable
- Indicateurs socio-économiques
- Indicateurs de production (nombre de consultations, …)
- Dépenses de Santé par rapport au Produit Intérieur Brut (PIB)
- Niveau d'éducation des mères

On voit bien à travers ces exemples que les éléments pouvant interagir avec notre état de
santé sont nombreux et très variés. Et plus que des indicateurs directs et indirects, on parle
aujourd'hui de déterminants de la santé [7].
On entend par là des facteurs qui entraînent une modification de l'état de santé d’une
population (alimentation, pollutions, stress, travail, logement, ...). Et en agissant sur ces
facteurs, on peut améliorer le niveau de santé de cette population. Ces facteurs ne relèvent
pas de établissements de soins, et pourtant ils permettent une véritable promotion de la
santé.

Conclusion
En Epidémiologie, on utilise et on recherche toujours de nouveaux indicateurs, des
indicateurs plus appropriés, plus fiables ou plus sensibles. Cependant ces indicateurs ne
doivent jamais être interprétés isolément.
Même si la recherche de ces indicateurs est importante, c'est ce que l'on fait avec leurs
résultats qui est le plus important sur le terrain et dans les différents domaines qui
interagissent avec notre état de santé.
6
Références bibliographiques :

1. N. Bouziani. Cours de graduation aux étudiants de Médecine 6ème année, 2018.

2. Préambule à la Constitution de l'Organisation mondiale de la Santé, tel qu'adopté par la


Conférence internationale sur la Santé, New York, 19 juin -22 juillet 1946; signé le 22 juillet
1946 par les représentants de 61 Etats. (Actes officiels de l'Organisation mondiale de la Santé,
n°. 2, p. 100) entré en vigueur le 7 avril 1948. Cette définition n'a pas été modifiée depuis 1946

3. I. Hamouda. Cours d'Epidémiologie et de santé publique, les indicateurs de santé, partie 1 :


https://www.youtube.com/watch?v=FkknN2MJi_Y. consulté en octobre 2018.

4. A. Derkaoui. Cours sur les indicateurs de santé. Faculté de Médecine. Université Oran 1.

5. P. Czernishow, J Chaperon, X le Coutour. Abrégé Epidémiologie, Ed Elsevier Masson. 2001.

6. T. Ancelle. Cours sur les mesures de fréquences en Epidémiologie.

7. http://www.who.int/hia/evidence/doh/en/. Consulté en octobre 2018.

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