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THESE

pour obtenir le grade de

Docteur
de l’Institut National des Postes et Télécommunications

Spécialité : Economie et Management des Télécommunications et des


Technologies de l’Information
Présentée par

Ilham BENALI

Déterminants de l’Innovation Technologique et non


Technologique au sein des Laboratoires
Pharmaceutiques au Maroc
Devant le jury :

M. AZAMI Nawfel Professeur de l'enseignement supérieur à l’INPT, Rabat Président, Examinateur

M. YOUSFI Abdellah Professeur de l'enseignement supérieur à FSJES, UM5, Rabat Rapporteur

M. ATTOUCH Professeur de l'enseignement supérieur à FSJES, UM5, Rabat Rapporteur


Hicham

M. FADLLAH Professeur de l'enseignement supérieur à INSEA, Rabat Rapporteur


Abdellah

M. BARKA Hafid Professeur de l'enseignement supérieur à l’INPT, Rabat Directeur de Thèse

M. ACHA Nawfal Professeur de l’enseignement supérieur assistant à l’INPT, Rabat Co-encadrant

M. HAJJI Nasser Professeur Emérite à l’INPT, Rabat Ex-directeur de Thèse -


Invité

Mme. ZAOUI Imane Chef de division de la veille stratégique au Ministère délégué Invitée
auprès du Chef du Gouvernement chargé de l’Investissement, de la
Convergence et de l’Evaluation des Politiques publiques

Date : Décembre 2021


L’Institut National des Postes et des Telecommunications n’entend donner aucune
approbation ni improbation aux opinions émises dans les thèses, ces opinions doivent être
considérées comme propres à leurs auteurs.
Dédicacé

Je dédie ce travail

A mes parents pour leur confiance et encouragement

A mon mari pour son soutien permanent et sa compréhension

A mes enfants, source de mon bonheur et ma raison d’être


Rémérciéménts
Mes remerciements à mes directeurs de thèse, Professeur Nasser Hajji et
Professeur Hafid Barka pour leur encouragement et leurs conseils.

Je remercie également Monsieur Nawfal Acha pour son aide, son encadrement
et ses précieux conseils.

Ma gratitude éternelle à docteur Rifai et à son mari le défunt Monsieur Driss


Aboutajeddine.

Mes remerciements s’adressent également aux représentants du secteur


pharmaceutique qui ont éclairé mes pistes de recherche et m’ont facilité la
collecte de données.

Mon travail de recherche ne serait pas accompli sans l’aide de mon amie
Bouchra. Sa présence à mes côtés et son expertise dans le domaine
pharmaceutique m’ont beaucoup aidé.

Mes vifs remerciements à mes chefs hiérarchiques pour leur compréhension et


leur encouragement.

Je suis également reconnaissante à mes chers amis Jamal, Nawfal et Ghizlane


pour leur aide et soutien permanant.

Je remercie également mon amie Imane pour ses encouragements. A chaque fois
que je baissais les bras, elle me relançait pour continuer le chemin que j’ai
commencé.
Résumé
Les laboratoires pharmaceutiques dans les Pays à Revenu moyen ou faible (PRMF)
envisagent des difficultés liées, entre autres, aux coûts de Recherche et Développement
(R&D) qui ne cessent d’augmenter, à la réglementation en vigueur, à la concurrence des
médicaments génériques et à l'expiration de brevets. De ce fait, L’innovation est devenue une
urgence pour anticiper ces changements structurels et constitue un outil principal pour leur
survie et évolution. Par ailleurs, les recherches examinant l'innovation dans un contexte
similaire au notre sont rares. Nous accomplissons la présente recherche pour remédier à cette
insuffisance et pour fournir aux managers et décideurs les outils qui leurs permettent
d’inscrire leurs laboratoires dans la dynamique de l’innovation. Ce travail de recherche est
également une contribution modeste à enrichir la recherche académique dédiée aux économies
moyennes.

Le présent travail de recherche analyse les déterminants de l’innovation dans le secteur


pharmaceutique. Une analyse sectorielle qui permet en effet d’expliquer l’innovation de
manière plus spécifique. Un des objectifs centraux de cette recherche étant d’analyser les
principaux facteurs favorisant l’innovation et conduisant à une culture entrepreneuriale. Notre
recherche adopte une démarche quantitative par régression logistique compte tenu de la nature
des variables étudiées. Une étude pré-enquête a révélé des éléments pertinents qui ont permis
de cadrer le présent travail de recherche. Par la suite, des questionnaires semi-directifs ont été
administrés auprès de l’ensemble des acteurs du secteur pharmaceutique au Maroc. Les
résultats mettent en exergue la Recherche et Développement comme étant le principal moteur
de l’innovation technologique. La décentralisation des décisions au sein de l’entreprise
influence positivement et significativement l’innovation de produit. Par contre les activités
d’exportation exercent une influence positive et significative sur l’innovation de procédé. Par
ailleurs, l’âge et la taille de l’entreprise n’influencent pas significativement ces deux types
d’innovation. L’investissement en Technologie d’Information et de Télécommunication (TIC)
influence positivement et significativement l’innovation non technologique. La qualification
de la main d’œuvre ainsi que la concurrence ont une influence positive respectivement sur les
innovations d’organisation et de commercialisation.

Mots clés : Innovation Pharmaceutique, Innovation Technologique, Innovation Non


Technologique, Recherche et Développement, Régression Logistique.
Abstract
Pharmaceutical firms in Low and Middle Income Countries (LMICs) face difficulties related
to Research and Development (R&D) costs which are constantly increasing, regulation,
competition of generics and patent expiry. As a result, innovation has become an emergency
to anticipate these market changes and it is a main tool for their survival and evolution.
Moreover, research examining innovation in a context similar to ours is rare. We are
conducting the present research to remedy this shortcoming and to provide managers and
decision makers with the tools that enable them to place their companies in the innovation
dynamic. This research is also perceived as a modest contribution in academic research,
dedicated to medium-sized economies like ours.

The main interest of this paper is to present the different dimensions of pharmaceutical
innovation and to identify the main factors that promote it. Relying on the existing literature
and on the convergence of the results related to the driving factors of innovation, we have
formulated several hypotheses that will be tested in the present research. A pre-survey study
was conducted and revealed relevant elements which helped to frame the present research.

Based on a quantitative survey carried out with pharmaceutical firms operating in Morocco
and an econometric analysis using logistic regression, we have found that Research and
Development activities are the main factor of technological innovation. Decentralisation has a
positive and a significant impact on product innovation and export influence positively
process innovation. However, the age and size of the firm do not significantly influence these
two types of innovation.

Investment on Information and Communication Technology is the main driver of non-


technological innovation namely organizational and marketing innovations. The qualification
of the workforce as well as the competition influence respectively organizational and
marketing innovations.

Key words: Pharmaceutical Innovation, Non Technological Innovation, Logistic Regression,


Research and Development, Technological Innovation.
‫ملخص‬
‫تواجه مختبرات األدوية في البلدان المتوسطة والمنخفضة الدخل صعوبات تتعلق بتكاليف البحث العلمي‬
‫والتي ال تتوقف عن االرتفاع‪ ،‬و كذلك صعوبات تتعلق بالقوانين و المساطر االدارية و منافسة األدوية‬
‫الجنيسة‪ ،‬باإلضافة إلى مشكل إنتهاء صالحية حماية االختراع‪.‬‬

‫أمام هذه الصعوبات‪ ،‬يعتبر اإلبتكار هو الحل المناسب الستمرار و تطور هذه المختبرات‪ .‬تجدر اإلشارة‬
‫كذلك إلى أن البحوث التي تعالج اإلبتكار في سياق مشابه لسياق بحثنا هذا‪ ،‬تبقى جد نادرة الوجود‪ .‬لذا فإن‬
‫الهدف من هذا البحث العلمي أساسا هو تزويد المسيرين وصناع القرار بالوسائل التي تسمح لهم بجعل‬
‫دينامية اإلختراع جزءا أساسيا من مهامهم و تطلعاتهم‪ .‬كما يعتبر هذا العمل أيضا مساهمة متواضعة‬
‫إلثراء البحث األكاديمي المخصص لإلقتصادات المتوسطة الحجم مثل اإلقتصاد المغربي و اإلقصادات‬
‫المشابهة له‪.‬‬

‫يعتبر هذا العمل تحليال قطاعيا يدرس العوامل التي تعزز اإلبتكار وثقافة الريادة عند مختبرات األدوية‬
‫ب المغرب‪ .‬كما يندرج هذا البحث ضمن المنهج الكمي لكونه يعتمد على طريقة اإلنحدار اللوجستي نظرا‬
‫لطبيعة المتغيرات المدروسة‪.‬‬

‫قبل القيام بإرسال اإلستبيانات إلى أهم الفاعلين بالقطاع موضوع الدراسة من أجل ملء البيانات‪ ،‬قمنا‬
‫بمجموعة من المقابالت مع صناع القرار بهذا القطاع من أجل تأطير هذا البحت و اكتشاف العناصر‬
‫المؤثرة في هذا الميدان و التي يمكنها أن تقربنا بشكل أوضح من الواقع‪.‬‬

‫تبين النتائج المحصل عليها من خالل هذا البحث أن البحث و التطوير هو محرك رئيسي لإلبتكار‬
‫التكنلوجي‪ .‬كذلك تؤثر ال مركزية القرارات داخل المختبر بشكل إيجابي على ابتكار المنتجات‪ .‬من ناحية‬
‫أخرى تأثر أنشطة التصدير إيجابيا على ابتكار العمليات على عكس عمر الشركة و حجمها اللذان‬
‫اليؤثران على هذين النوعين من اإلبتكار‪.‬‬

‫من بين النتائج األخرى التي توصلنا إليها خالل هذا البحث‪ ،‬تأثير اإلسثمار في تكنلوجيا المعلومات و‬
‫اإلتصاالت بشكل إيجابي و كبير على اإلبتكار الغير التكنلوجي‪ ،‬أي اإلبتكارات المتعلقة بطريقة تنظيم‬
‫العمل ‪:‬اإلبتكارات التنظيمية و كذلك اإلبتكارات التسويقية‪ .‬إضافة إلى ذلك فإن تأهيل القوى العاملة و‬
‫كذلك المنافسة في السوق لهما تأثير إيجابي على اإلبتكارات التنظيمية و التسويقية على التوالي‪.‬‬

‫الكلمات الرئيسية ‪ :‬اإلبتكار الصيدالني ‪ ،‬اإلبتكار التكنولوجي ‪ ،‬اإلبتكار الغير تكنولوجي ‪ ،‬البحث‬
‫والتطوير ‪ ،‬اإلنحدار اللوجستي‪.‬‬
Glossairé dés siglés ét d’acronymés
AMIP : Association Marocaine de l’Industrie Pharmaceutique
AMO : Assurance Maladie Obligatoire
AMM : Autorisation de mise sur le marché
BO : Bulletin Officiel
CDM : Model de Crépon, Duguet, et Mairesse
CA : Chiffre d’affaires
CC : Conseil de la Concurrence
CESI : Centre des Etudes Supérieures Industrielles
CIP : Commission Interministérielle des Prix
CIS : Capacité à innover et Stratégie
CE : Commission Européenne
CNOP : Conseil National de l’Ordre des Pharmacie du Maroc
DMP : Direction des Médicaments et de la Pharmacie
DT : Design Thinking
ECI : Enquête Communautaire sur l’Innovation
FDA : Food and Drug Agency
FNIM : Fédération Nationale de l’Information Médicale
INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
INT : Innovation Technologique
INNT : Innovation Non Technologique
KBV : Knowledge-Based- View
LEMM : Les Entreprises du Médicament au Maroc
LNCM : Laboratoire National du Contrôle des Médicaments
MMC : Méthode des Moindres Carrés
MMV : Méthode de Maximum de Vraisemblance
NME : New Molecule Entry
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement économiques
OMPIC : Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale
OMS : Organisation Mondiale de Santé
OR : Odds Ratio
PE : Parlement Européen
OPFR : Ordre des Pharmaciens Fabricants et Répartiteurs
PFHT : Prix Fabricant Hors Taxe
PRMF : Pays à Revenu Moyen ou Faible
PIB : Produit Intérieur Brut
PPM : Prix du Médicament au Maroc
RAMED : Régime d’Assistance Médicale
R&D : Recherche et Développement
RBV : Ressource-Based-View
SO : Structure Organisationnelle
SNI : Système National d’Innovation
TIC : Technologies de l’Information et des Télécommunications
Listé dés tabléaux
Tableau 1 : Chiffre d’affaires des 10 premières multinationales pharmaceutiques en 2019 . 117
Tableau 2 : évolution du CA du secteur pharmaceutique au Maroc ...................................... 119
Tableau 3 : Part de marché des laboratoires selon les principales classes thérapeutiques ..... 120
Tableau 4 : Marges des pharmaciens d’officines ................................................................... 125
Tableau 5 : Formation des prix des médicaments génériques ................................................ 125
Tableau 6 : Entités visitées pré-enquête ................................................................................. 129
Tableau 7 : Items et échelles de mesures pour les quatre types d’innovation ........................ 165
Tableau 8 : Items et échelles de mesure pour les facteurs favorisant l’innovation ................ 166
Tableau 9 : Descriptions et codage des variables dépendantes et indépendantes .................. 176
Tableau 10 : Pourcentage des laboratoires pharmaceutiques innovateurs ............................. 184
Tableau 11 : Fréquence des types d’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques... 185
Tableau 12 : Fréquence de l’innovation par rapport à chaque type de laboratoire ................ 186
Tableau 13 : Croisement de l’innovation avec la taille du laboratoire ................................... 188
Tableau 14 : Croisement de l’innovation avec l’âge du laboratoire ...................................... 189
Tableau 15 : Croisement innovation et unité R&D ................................................................ 190
Tableau 16 : Croisement de la variable qualification de la main d’œuvre et la variable
filiale_ou_national .................................................................................................................. 191
Tableau 17 : Croisement de la variable qualification de la main d’œuvre avec l’innovation 192
Tableau 18 : Croisement de la variable innovation et la variable décentralisation ............... 193
Tableau 19 : Croisement de la variable dépenses en TIC avec chaque type d’innovation .... 194
Tableau 20 : Croisement de la variable concurrence avec les quatre types d’innovation ...... 195
Tableau 21 : Croisement de la variable exportation avec les quatre types d’innovation ....... 196
Tableau 22 : Test de Chi-deux pour l’innovation de produit ................................................. 198
Tableau 23 : Test Chi-deux entre variables explicatives de l’innovation de produit ............. 199
Tableau 24 : Matrice des corrélations non paramétriques entre les variables indépendantes
pour le cas de l’innovation de produit (coefficient de Spearman) ......................................... 200
Tableau 25 : Table de classification pour l’innovation de produit ......................................... 202
Tableau 26: Résultat de la régression logistique pour l’innovation de produit ...................... 203
Tableau 27 : Tests de significativité du model ....................................................................... 204
Tableau 28 : Test de validité du modèle pour l’innovation de produit .................................. 204
Tableau 29 : Test de « Hosmer and Lemeshow » pour l’innovation de produit .................... 205
Tableau 30 : Table de classification ....................................................................................... 205
Tableau 31 : Test de Chi-deux pour l’innovation de procédé ................................................ 207
Tableau 32 : Test du Chi-deux entre variables explicatives de l’innovation de procédé ....... 208
Tableau 33 : Matrice des corrélations non paramétriques entre variables indépendantes pour le
cas de l’innovation de procédé ............................................................................................... 209
Tableau 34: Table de classification pour l’innovation de procédé ......................................... 211
Tableau 35 : Résultat de la régression logistique pour l’innovation de procédé .................... 212
Tableau 36 : Tests de significativité du modèle de la régression logistique pour l’innovation
de procédé .............................................................................................................................. 213
Tableau 37 : Test validité du modèle pour l’innovation de procédé ...................................... 213
Tableau 38 : Test de « Hosmer and Lemeshow » pour l’innovation de procédé ................... 214
Tableau 39 : Table de classification du pourcentage prédit pour l’innovation de procédé .... 214
Tableau 40 : Test de Chi-deux pour l’innovation organisationnelle ...................................... 216
Tableau 41 : Matrice des interrelations entre les variables explicatives de l’innovation
organisationnelle .................................................................................................................... 218
Tableau 42 : Table de classification pour l’innovation organisationnelle.............................. 219
Tableau 43 : Résultat de la régression logistique pour l’innovation d’organisation .............. 220
Tableau 44 : Tests de significativité du model de la régression logistique pour l’innovation
organisationnelle .................................................................................................................... 221
Tableau 45 : Test validité du modèle pour l’innovation organisationnelle ............................ 221
Tableau 46 : Test de « Hosmer and Lemeshow » pour l’innovation organisationnelle ......... 222
Tableau 47 : Table de classification pour l’innovation organisationnelle.............................. 222
Tableau 48 : Test de Chi-deux pour l’innovation commerciale ............................................. 224
Tableau 49 : Matrice des corrélations entre les variables indépendantes pour le cas de
l’innovation de commercialisation ......................................................................................... 225
Tableau 50 : Table de classification pour l’innovation commerciale .................................... 227
Tableau 51 : Résultat de la régression logistique pour l’innovation commerciale ................ 227
Tableau 52 : Tests de significativité du model de la régression logistique pour l’innovation
commerciale ........................................................................................................................... 228
Tableau 53 : Test de validité du modèle pour l’innovation commerciale .............................. 229
Tableau 54 : Test de « Hosmer and Lemeshow » pour l’innovation de procédé ................... 230
Tableau 55 : Table de classification du pourcentage prédit pour l’innovation commerciale . 230
Tableau 56 : Résultats du test d’hypothèses........................................................................... 241
Listé dés schémas
Schéma 1 : Paradigme Structure-Comportement-Performance ............................................... 16
Schéma 2 : Les cinq forces de la concurrence.......................................................................... 18
Schéma 3 : Boite noire de l’innovation .................................................................................... 25
Schéma 4 : Modèle linéaire de l’innovation ............................................................................. 26
Schéma 5 : Modèle de liaison en chaine .................................................................................. 27
Schéma 6 : Modèle de liaison en chaine et flux d’information ................................................ 28
Schéma 7 : Modèle de spirale du savoir ................................................................................... 31
Schéma 8 : Processus de l’innovation selon Tidd et ses collaborateurs (2006) ....................... 33
Schéma 9 : Modèle de Crépon, Duguet, et Mairesse ............................................................... 34
Schéma 10 : Design Thinking .................................................................................................. 37
Schéma 11 : Processus du Design Thinking ............................................................................ 38
Schéma 12 : Phases du Design Thinking ................................................................................. 39
Schéma 13 : U-presencing........................................................................................................ 40
Schéma 14 : Etape Precensing ................................................................................................. 41
Schéma 15 : Types d’innovation selon le Manuel d’Oslo ....................................................... 43
Schéma 16 : Impact innovation ................................................................................................ 48
Schéma 17 : Cycle de vie du médicament................................................................................ 49
Schéma 18 : Trajectoire de l’innovation pharmaceutique ........................................................ 54
Schéma 19 : Phases de R&D .................................................................................................... 69
Schéma 20 : Conception de l’hypothèse H1 ............................................................................ 72
Schéma 21 : Conception des hypothèses II et III ..................................................................... 77
Schéma 22 : Conception de l’hypothèse H4 ............................................................................ 84
Schéma 23 : Conception de l’hypothèse H5 ............................................................................ 92
Schéma 24 : Etapes de l‘approche hypothético-déductive ..................................................... 112
Schéma 25 : Modes de raisonnement scientifique ................................................................. 113
Schéma 26 : Comparaison entre le médicament Princeps et Générique ................................ 121
Schéma 27 : Circuit de distribution des médicaments au Maroc ........................................... 122
Schéma 28 : Unités de contrôle de la qualité du médicament ................................................ 126
Schéma 29 : Répercussion des activités de R&D sur les filiales des multinationales ........... 154
Listé dés graphiqués
Graphique 1 : Cas d’expiration de brevets de certains médicaments et perte en CA............... 51
Graphique 2 : Médicaments issus de la biotechnologie par rapport à l’ensemble des
médicaments disponibles sur le marché américain .................................................................. 56
Graphique 3 : Evolution des dépenses de R&D dans l’industrie pharmaceutique ................... 67
Graphique 4 : Comparaison par secteur des investissements en R&D .................................... 68
Graphique 5 : Chiffre d'affaires du marché pharmaceutique mondial de 2001 à 2017 .......... 117
Graphique 6 : Evolution de la consommation par habitant .................................................... 122
Graphique 7 : Répartition de l’innovation par type d’entreprise ........................................... 187
Tablé dés matiérés
Dédicace
Remerciements
Résumé
Glossaire des sigles et d’acronymes
Liste des tableaux
Liste des schémas
Liste des graphiques
Introduction Générale .......................................................................................................... 1
Première Partie : Déterminants de l’innovation : étude théorique ................................... 10
Introduction de la première partie ..................................................................................... 11
Chapitre I : Approches théoriques de l’innovation : cas du secteur pharmaceutique. 14
Introduction ....................................................................................................................... 15
Section I : Approches théoriques pour l’étude de l’innovation ........................................ 16
I-1. Paradigme Structure-Comportement-Performance (SCP) ...................................... 16
I-1.1. Première version du paradigme SCP ............................................................... 16
I-1.2. Prolongements du paradigme SCP................................................................... 17
I-1.3. Représentation de Porter .................................................................................. 17
I-2. L’approche évolutionniste ...................................................................................... 19
I-2.1. Apport de l’approche évolutionniste ................................................................ 20
I-2.2. L’approche ressources ..................................................................................... 20
I-2.3. Théorie des capacités dynamiques ................................................................... 22
I-3. Vers une approche intégrative ................................................................................ 23
Section II : Théories de l’innovation................................................................................. 24
II-1. Approche structuraliste de l’innovation ................................................................ 24
II-1.1. L’innovation comme un résultat ..................................................................... 24
II-1.2. L’innovation comme un processus ................................................................. 26
II-2. Approche évolutionniste de l’innovation .............................................................. 29
II-2.1. L’innovation en tant que flux de connaissances ............................................. 29
II-2.2. L’innovation en tant que processus social ...................................................... 31
II-2.3. Model de Crépon, Duguet, et Mairesse (CDM) ............................................. 33
II-2.4. Extensions du modèle de Crépon, Duguet, et Mairesse (CDM) .................... 34
II-3. Nouvelles approches de l’innovation .................................................................... 36
II-3.1. Le Design Thinking ........................................................................................ 36
II-3.2. Le Processus du Design Thinking .................................................................. 37
II-3.3. U-presencing ................................................................................................... 40
Section III : Types d’innovation ....................................................................................... 42
III-1. Distinction entre l’innovation technologique et non technologique .................... 42
III-2. Innovation selon le degré et l’intensité ................................................................ 44
III-2.1. Innovation radicale ........................................................................................ 45
III-2.2. Innovation incrémentale ................................................................................ 46
III-2.3. Portefeuille d’innovation ............................................................................... 47
III-3. Innovation pharmaceutique .................................................................................. 48
III-3.1. Cycle de vie du médicament ......................................................................... 48
III-3.2. Place du brevet dans le secteur pharmaceutique ........................................... 50
III-3.3. Médicament innovant .................................................................................... 52
III-4. Changement du paradigme technologique : de la chimie à la biotechnologie ..... 54
Conclusion ........................................................................................................................ 59
Chapitre II : Effet des déterminants de l’innovation sur les types d’innovation ......... 60
Introduction ....................................................................................................................... 61
Section I : Taille et âge de l’entreprise, activités de R&D et innovation .......................... 63
I-1. Effet de la taille de l’entreprise sur l’innovation .................................................... 63
I-2. Effet de l’âge de l’entreprise sur l’innovation ........................................................ 64
I-3. Effet des activités de R&D sur l’innovation ........................................................... 66
I-3.1. Dimensions de R&D ........................................................................................ 66
I-3.2. R&D dans le secteur pharmaceutique .............................................................. 67
I-3.3. Activités de R&D et innovation ....................................................................... 69
Section II : Structure Organisationnelle, usage des TIC, qualification de la main d’œuvre
et innovation...................................................................................................................... 72
II-1. Structure organisationnelle et innovation .............................................................. 73
II-1.1. Définition de la Structure Organisationnelle (SO) ......................................... 73
II-1.2. Décentralisation des décisions ........................................................................ 74
II-1.3. Formalisation .................................................................................................. 75
II-2. Usage des TIC et innovation ................................................................................. 78
II-2.1. Adoption des TIC aux PRMF : état des lieux ................................................. 78
II-2.2. Usage des TIC dans le secteur pharmaceutique : état des lieux ..................... 79
II-2.3. Relation entre le niveau d’usage des TIC et innovation ................................. 80
II-3. Qualification de la main d’œuvre et innovation : .................................................. 84
Section III : Accords de partenariats, pression concurrentielle, activités d’exportation et
innovation ......................................................................................................................... 85
III-1. Accords de partenariats et innovation .................................................................. 86
III-1.1. Importance des accords de partenariat .......................................................... 86
III-1.2. Spécificités des accords de partenariat dans le secteur pharmaceutique ....... 87
III-1.3. Accords de licence ........................................................................................ 89
III-2. Pression concurrentielle et innovation ................................................................. 93
III-3. Activités d’exportation et innovation ................................................................... 95
Conclusion ........................................................................................................................ 97
Conclusion de la première partie ...................................................................................... 98
Partie II : Cadre épistémologique, analyse des données et discussion des résultats ...... 100
Introduction de la deuxième partie ................................................................................. 101
Chapitre III : Paradigme épistémologique et recueil de données ................................ 104
Introduction ..................................................................................................................... 105
Section I : Cadre épistémologique .................................................................................. 107
I-1. Type de recherche et choix de posture épistémologique ...................................... 107
I-1.1. Paradigme positiviste ..................................................................................... 107
I-1.2. Paradigmes Constructiviste et Interprétativiste ............................................. 109
I-1.3. Choix de la posture épistémologique ............................................................. 111
I-2. Posture méthodologique adoptée .......................................................................... 111
I-2.1. Approche hypothético déductive ................................................................... 111
I-2.2. Enquête quantitative : les enquêtes sur l’innovation...................................... 113
Section II : Monographie du secteur pharmaceutique au Maroc .................................... 116
II-1. Aperçu sur le marché pharmaceutique mondial .................................................. 116
II-2. Industrie pharmaceutique marocaine................................................................... 118
II-2.1. Structure de l’offre et de la demande ............................................................ 118
II-2.2. Cadre légal et institutionnel .......................................................................... 123
Section III : Etude pré-enquête ....................................................................................... 127
III-1. Etude documentaire............................................................................................ 127
III-2. Entretiens avec les experts du secteur ................................................................ 128
III-2.1. Echantillon de la recherche ......................................................................... 128
III-2.2. Méthodologie de l’entretien ........................................................................ 129
III-2.3. Présentation des fiches d’entretiens ............................................................ 130
III-3. Analyse des résultats de la phase pré-enquête ................................................... 152
III-3.1. Filiales des multinationales ......................................................................... 153
III-3.2. Laboratoires nationaux ................................................................................ 155
III-3.3. Des éléments valables pour les filiales et pour les laboratoires nationaux . 157
Section IV : Recueil de données et méthode statistique utilisée ..................................... 159
IV-1. Objectif du questionnaire et échelle de mesure ................................................. 159
IV-1.1. Caractéristiques du questionnaire élaboré dans le cadre du présent travail 159
IV-1.2. Types de variables et échelle de mesure ..................................................... 161
IV-2. Variables dépendantes et indépendantes............................................................ 163
IV-2.1. Les quatres types d’innovation en tant que variables dépendantes ............. 163
IV-2.2. Variables explicatives de l’innovation ........................................................ 166
IV-3. Conception et administration du questionnaire ................................................. 168
IV-3.1. Outil de conception ..................................................................................... 168
IV-3.2. Administration du questionnaire ................................................................. 170
IV-4. Méthode statistique utilisée : régression logistique ........................................... 173
IV-4.1. Modèle de la régression logistique.............................................................. 173
IV-4.2. Estimation des paramètres .......................................................................... 174
IV-4.3. Odds Ratio................................................................................................... 175
IV-4.4. Description et codage des variables ............................................................ 176
IV-5. Logiciel utilisé pour l’analyse statistique .......................................................... 178
Conclusion ...................................................................................................................... 180
Chapitre IV : Modèle de la régression logistique pour chaque type d’innovation ..... 182
Introduction ..................................................................................................................... 183
Section I : Croisement des variables explicatives avec les quatre types d’innovation ... 184
I-1. Profil des laboratoires pharmaceutiques en termes d’innovation ......................... 184
I-2. Caractéristiques des laboratoires innovateurs ....................................................... 187
I-2.1. Impact de la taille et l’âge du laboratoire sur l’innovation ............................ 187
I-2.2. R&D au sein des laboratoires innovateurs ..................................................... 189
I-2.3. Qualification de la main d’œuvre au sein des laboratoires innovateurs ........ 190
I-2.4. Décentralisation des décisions au sein des laboratoires innovateurs ............. 193
I-2.5. TIC au sein des laboratoires innovateurs ....................................................... 194
I-3. Pression concurrentielle et innovation .................................................................. 195
I-3.1. Concurrence et innovation ............................................................................. 195
I-3.2. Exportation et innovation ............................................................................... 196
Section II : Résultats de la régression logistique ............................................................ 196
II-1. Résultat de la régression logistique pour l’innovation de produit ....................... 197
II-1.1. Variables candidates pour expliquer l’innovation de produit ....................... 197
II-1.2. Interrelations entre variables explicatives de l’innovation de produit .......... 198
II-1.3. Modèle de la régression logistique pour l’innovation de produit ................. 201
II-2. Résultat de la régression logistique pour l’innovation de procédé ...................... 207
II-2.1. Variables candidates pour expliquer l’innovation de procédé ...................... 207
II-2.2. Interrelations entre les variables explicatives de l’innovation de procédé ... 208
II-2.3. Modèle de régression logistique pour l’innovation de procédé .................... 210
II-3. Résultat de la régression logistique pour l’innovation organisationnelle ........... 216
II-3.1. Variables candidates pour expliquer l’innovation organisationnelle ........... 216
II-3.2. Interrelations des variables explicatives de l’innovation d’organisation ...... 217
II-3.3. Modèle de la régression logistique pour l’innovation d’organisation .......... 219
II-4. Résultat de la régression logistique pour l’innovation commerciale .................. 223
II-4.1. Variables candidates pour expliquer l’innovation commerciale .................. 224
II-4.2. Interrelations des variables explicatives de l’innovation commerciale ........ 225
II-4.3. Régression logistique dans le cas de l’innovation commerciale .................. 226
Section III : Discussion et perspectives .......................................................................... 231
III-1. Place de l’activité de R&D au sein des laboratoires pharmaceutiques .............. 232
III-2. Impact de la décentralisation des décisions sur l’innovation ............................. 233
III-3. Fabrication sous licence ..................................................................................... 233
III-4. Accords de R&D et échange d’information technique ...................................... 234
III-5. Taille et Age ....................................................................................................... 234
III-6. Qualification de la main d’œuvre....................................................................... 236
III-7. Usage des TIC .................................................................................................... 237
III-8. Concurrence ....................................................................................................... 239
III-9. Activités d’exportation....................................................................................... 240
Conclusion ...................................................................................................................... 241
Conclusion de la deuxième partie ................................................................................... 244
Conclusion Générale......................................................................................................... 246
Références .......................................................................................................................... 252
Annexes .............................................................................................................................. 272
Annexe 1 : Guide d’entretien de la phase pré-enquête ................................................... 273
Annexe 2 : Questionnaire sur l’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques au
Maroc .............................................................................................................................. 277
Annexe 3 : Codage des variables explicatives catégorielles ........................................... 288
Annexe 4 : Contribution des variables indépendantes à l’explication de chaque type
d’innovation .................................................................................................................... 289
Annexe 5 : Table de contingence de « Hosmer and Lemeshow” pour les quatre types
d’innovation .................................................................................................................... 292
Annexe 6 : Tableau de la régression logistique descendante pour les quatre types de
l’innovation ..................................................................................................................... 298
INTRODUCTION GENERALE

1
INTRODUCTION GENERALE

L’innovation pharmaceutique est aujourd’hui fortement sollicitée pour faire face à des
situations d'urgence de santé publique. Un exemple vigoureux de ces situations d’urgence est
la pandémie de COVID-19 qui a fait que les stratégies de travail des laboratoires
pharmaceutiques doivent être modifiées en fonction de la propagation rapide de la maladie.
En effet, l’émergence de la pandémie COVID-19 a perturbé l’existence des Hommes, des
politiciens ainsi que celle des laboratoires de recherches qui devraient tous explorer de
nouvelles façons de travail. En plus de l’accélération de projets de Recherche et
Développement (R&D) pour le développement de vaccins et de traitements efficaces contre
ce virus, les laboratoires pharmaceutiques à côté des gouvernements sont appelés à
approvisionner les hôpitaux par des tests efficaces, des dispositifs médicaux nécessaires ainsi
que des traitements adéquats.

L’activité courante des laboratoires pharmaceutiques n’est plus limitée à la fabrication des
médicaments pour répondre aux besoins des patients. Avec cette pandémie qui a refaçonné la
société dans sa globalité, le besoin de l’innovation pharmaceutique est devenu de plus en plus
accru. À mesure que le COVID-19 continue de se répandre à l’échelle mondiale, les appels
aux projets de R&D augmentent et les synergies entre grands groupes pharmaceutiques et
startups de biotechnologie ne cessent de se multiplier.

Cette crise sanitaire n’est qu’un exemple des contraintes que les laboratoires pharmaceutiques
subissent. Ces derniers opèrent dans un secteur qui connait des changements permanents
nécessitant une réactivité ainsi que de nouvelles méthodes de gestion pour conserver leurs
équilibres financiers et leurs positions sur le marché. Il s’agit, entre autres :

• Des brevets qui ne cessent de tomber dans le domaine public provoquant un manque à
gagner pour une partie des industriels et une opportunité pour d’autres.
• Des coûts de la Recherche et Développement (R&D) qui ne cessent d’augmenter. Ils
sont passés de 800 millions d'euros en 2004 à 1,3 milliards d’euro en 2010 (Dimasi,
2003 ; Dimasi, 2016).
• Des grands risques d’échec, il est constaté, en effet qu'une seule molécule sur 10 000
molécules criblées, passe toutes les étapes du processus de R&D jusqu'à sa mise sur le
marché.
• Du retour sur investissement qui n’est pas toujours garanti vu que seulement trois
nouveaux médicaments sur 10, lancés sur le marché, rentabilisent leurs
investissements de R&D (Lemoine, 2004).

1
INTRODUCTION GENERALE

• De la montée en puissance des médicaments génériques. Ce qui exerce une pression


sur les prix des médicaments princeps.
• Du changement du portefeuille des industriels et la de diversification des produits
(PwC Parma, 2020)

Le secteur de la santé connait également un progrès thérapeutique majeur. La révolution


technologique ne s’est pas limitée uniquement aux médicaments chimiques dont la fabrication
est basée sur les techniques de « tâtonnement ». Bien loin de ça, elle est passée à des
traitements personnalisés et « sur mesure », issus de la biotechnologie.

L’adoption de ce nouveau « paradigme technologie » n’est pas sans impact sur le cycle de vie
du médicament puisque la migration vers la fabrication des médicaments biotechnologiques
exige d’autres méthodes de R&D et d’autres normes pour conduire des tests précliniques et
pour l’obtention des autorisations de mise sur le marché. Les méthodes de management ainsi
que la gestion de l’information dégagées dans chaque phase du cycle de vie du médicament
n’ont pas cessé d’évoluer et de changer (Henry Grabowski, 2011).

Face à ces contraintes structurelles, les laboratoires du secteur se sont trouvés dans
l’obligation de changer leurs stratégies de gestion pour pouvoir assurer au minimum leur
survie et dans les meilleures conditions leurs croissances et leurs pérennités. L’innovation
devient leur principal enjeu de survie et d'évolution (Schmid E. F. et Smith D. A., 2005). Elle
revêt une importance particulière dans ce secteur. En plus de son apport thérapeutique et de
ses effets sur la santé publique, l'innovation pharmaceutique est considérée comme un facteur
de croissance économique et une source d'avantage concurrentiel pour les firmes du secteur.
Elle leur permet de grandir, de se positionner stratégiquement sur le marché et de résister aux
changements structurels cités ci-haut.

Les pays à revenu moyen ou faible (PRMF) ne sont pas épargnés des changements qui
affectent le secteur pharmaceutique dans le monde. Cela est dû, entre autres, à la forte
présence d'entreprises étrangères sur ces marchés, qui sont généralement concentrés dans les
industries technologiques (TIC, electronique, …). En outre, les économies de ces pays sont
connectées aux multinationales à travers la conclusion des accords de partenariat qui
impliquent, entre autres, un transfert de technologie et de nouvelles pratiques
organisationnelles qui normalement favorisent l’innovation (Guadalupe M. et al., 2012).

2
INTRODUCTION GENERALE

Le marché marocain des médicaments est parfaitement lié au marché mondial via la présence
des leaders mondiaux sur son territoire. Il est caractérisé par la présence des producteurs
nationaux et des multinationales. Toutefois, il est largement dominé par les filiales de
multinationales telles que Sanofis Aventis Maroc, Cooper Maroc et Pfizer.

Les laboratoires pharmaceutiques présents au Maroc sont également inscrits dans cette
dynamique de changement et d’innovation. Le Royaume s’attèle depuis des années à mettre
en place des politiques économiques et industrielles ayant pour objectif le renforcement de ses
capacités d’innovation. Un contrat programme a été conclu, en février 2013, entre le
gouvernement et les industriels pharmaceutiques, visant le développement de l'industrie
pharmaceutique ainsi que des activités de R&D.

Le gouvernement marocain s’est engagé à mettre en place une aide au développement de


l'activité de R&D dans le domaine des biosimilaires qui sont des médicaments issus de la
biotechnologie et qui constituent un grand bénéfice tant pour les patients marocains que pour
l'industrie pharmaceutique locale (Contrat Programme, 2013). Dans le cadre de cette
démarche, le laboratoire marocain « Sothema » a lancé, fin 2018 une initiative de fabrication
de biosimilaires.

Un autre exemple reflétant l’implication des laboratoires nationaux dans le processus


d’innovation est le laboratoire « Pharma 5 » qui a commencé la fabrication pour la première
fois au Maroc et également en Afrique, du médicament « SBB 400 » qui traite l’hépatite C sur
un délai de 3 mois. Ce médicament est toujours sous brevet, mais le laboratoire américain qui
a développé cette molécule a omis de déposer un brevet au Maroc pour protéger sa molécule.
Grace au savoir-faire acquis par le laboratoire marocain ainsi que ses composantes de veille,
ce défi a été relevé. Ce médicament est mis à la disposition du consommateur marocain en
2017 avec un prix infime par rapport aux prix appliqués en France ou aux Etats-unis.

Après avoir suivi de près la course à l’innovation pharmaceutique et son impact sur la santé
publique, nous avons décidé à chercher davantage le degré d’implication des laboratoires
pharmaceutiques au Maroc dans ce processus d’innovation.

A l’instar d'autres secteurs innovants tels que l'électronique, la fibre optique ou les semi-
conducteurs, le secteur pharmaceutique est couramment étudié dans le contexte de
l'innovation (Sorescu, 2003). Néanmoins, ces études sont principalement concentrées dans les
pays à revenu élevé connus par des activités de Recherche et Développement (R&D)

3
INTRODUCTION GENERALE

intensives, des structures de marché spécifiques, une demande massive, des systèmes de
remboursement différents et un pouvoir d'achat élevé par rapport aux pays à revenu moyen ou
faible (PRMF) (Benali et al., 2019).

Les recherches qui ont étudié l'innovation dans les Pays à Revenu Moyen ou Faible (PRMF)
se concentrent davantage sur le système national d'innovation, les obstacles à l'innovation, les
systèmes d'innovation sectoriels ou les canaux de transfert de technologie plutôt que
l'innovation au sein des entreprises (Schrempf et al., 2013 ; Casadella et al.2015 ; Slimane et
Ramadan 2017). Ils sont rares les travaux académiques qui examinent le phénomène de
l’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques au Maroc. Pour remédier à ce gap et
participer modestement à enrichir la recherche académique dédiée aux économies moyennes
comme la nôtre, nous avons décidé de mener le présent travail de recherche. Et delà, la
première question qui se pose et à laquelle nous allons répondre dans ce travail de recherche
est de situer les laboratoires pharmaceutiques par rapport à l’innovation :

Quel est le degré d’implication des laboratoires pharmaceutiques au Maroc dans le


processus de l’innovation ?

Etant donné que le marché marocain des médicaments n’est pas épargné des contraintes et des
difficultés rencontrées à l’échelle internationale, notre objectif est également de chercher :
Comment les contraintes structurelles et environnementales affectent l’innovation
pharmaceutique au Maroc ?

Toutefois, les facteurs environnementaux et structurels sont imposés d’une façon similaire à
tous les laboratoires du secteur ou au moins à ceux qui opèrent sur le même marché. Les
laboratoires qui fabriquent les médicaments princeps, par exemple, affrontent tous
l’augmentation des coûts de la R&D et sont tous soumis à une réglementation identique en
matière de brevet ou de prix. De même, les fabricants des génériques sont tous soumis aux
mêmes règles quant aux autorisations de mise sur le marché.

Le comportement des entreprises par rapport à l’innovation n’est pas homogène pour tous les
secteurs d’activité ni pour toutes les entreprises du même secteur. Il dépend en plus de
l’environnement de l’entreprise et de la structure de l’industrie, d’autres paramètres tels que la
taille de l’entreprise et son engagement dans les activités de Recherche et Développement, ses
ressources internes, sa stratégie, son mode organisationnel et sa culture. Ce qui nous amène à
la question de recherche suivante :

4
INTRODUCTION GENERALE

Quels sont les mécanismes internes qui font que le comportement de l’innovation n’est
pas identique au niveau des firmes pharmaceutiques ?

La revue de littérature révèle un ensemble de facteurs ou de variables qualifiées de


« traditionnelles » qui favorisent l’innovation. Il s’agit entre autres de l’âge et de la taille de
l’entreprise, des activités de recherche et développement, des accords de partenariats, de la
structure organisationnelle et finalement de la pression concurrentielle et des activités
d’exportation.

Toutefois, notre intérêt porte sur l’analyse des mécanismes de l’innovation dans le contexte
des PRMF. Les caractéristiques de ce contexte confèrent aux laboratoires pharmaceutiques et
à leur environnement un certain nombre de spécificités et font que ces mêmes variables
« traditionnelles » explicatives de l’innovation auront peut-être une perception différente dans
le cas des PRMF et delà la question qui se pose est :

Est-ce que ces déterminants dits « traditionnels » de l’innovation agissent de la même


manière sur l’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques opérants au Maroc ?

A titre d’exemple les activités et les partenariats de R&D sont plus concentrés dans les
économies industrialisées qui consacrent d'importants fonds à cette activité.

Généralement, les entreprises collaborent avec des partenaires dont l'environnement


économique et le niveau de compétences technologiques est similaire à celui de leur pays
(Morwery et al, 1998 ; Angué et Mayrhofer, 2010). Les activités de R&D dans les PRMF se
limitent généralement à l'assimilation de technologies étrangères et à l'adaptation de son
processus de fabrication aux technologies nouvellement acquises (Mothe et Thuc, 2010). De
ce fait, il serait pertinent de prendre en compte les caractéristiques du contexte de l'étude et au
lieu d'étudier l'impact du partenariat de R&D sur l'innovation, se concentrer sur les accords de
partenariat qui sont le plus répandus dans notre contexte.

Les accords de licence, par exemple, acquièrent une importance particulière dans le secteur
pharmaceutique et spécialement au niveau des laboratoires pharmaceutiques localisées dans
les PRMF. Ces entreprises préfèrent adopter ce genre d’accords pour accroître leur part de
marché sans investir des budgets importants dans un long processus de R&D qui n’est pas
toujours aboutissant.

D’une part leurs capacités financières ne le permettent pas et d’autre part elles n’ont pas
toutes les compétences nécessaires pour lancer ce genre de projet. Il serait éventuellement

5
INTRODUCTION GENERALE

intéressant d’examiner l’impact de ce genre d’accords sur l’innovation au sein des


laboratoires pharmaceutiques au Maroc. D’où la question de recherche suivante :

Existe-il des facteurs spécifiques au contexte étudié qui favorisent l’innovation dans les
laboratoires pharmaceutiques ?

Par ailleurs, les activités de l’innovation dans le secteur pharmaceutique sont généralement
axées sur la découverte de nouvelles molécules, fruits des années de recherche et
développement. L’activité de fabrication acquiert une place moins importante dans le secteur
de l’industrie pharmaceutique. Les budgets affectés à la fabrication sont marginaux par
rapport aux sommes d’argent dédiés à la recherche et au développement d'une nouvelle
molécule.

En outre, dans le secteur pharmaceutique, le raisonnement se fait généralement en termes de


« médicaments innovants » ou en termes d’apport thérapeutique que ce médicament offre à
son utilisateur. Or quel que soit le degré de nouveauté d’une molécule, cette dernière doit être
rentable pour l’entreprise. De ce fait, une expertise dans la promotion de cette nouvelle
molécule ainsi que des nouvelles méthodes de commercialisation sont fondamentales pour
faire valoir la molécule développée. Il est également fondamental de considérer aussi le volet
organisationnel qui a fait aboutir cette innovation. Les aspects organisationnels et
commerciaux de l’innovation sont à ne pas négliger car une innovation est un processus qui se
gère.

En s’appuyant sur les travaux antérieurs (Griffith et al., 2006 ; Acosta et al., 1015 ; Peters et
al., 2018) ainsi que sur les directives du manuel d’Oslo1 (Manuel d’Oslo, 2005), nous avons
mesuré l’output d’innovation par quatre variables dichotomiques indiquant si l’entreprise a
fait une innovation en produit, en procédé, en organisation ou en marketing. Les deux
premiers types d’innovation sont considérés comme des innovations technologiques. Par
contre, les innovations organisationnelles et les innovations de commercialisation sont
considérées comme des innovations non technologiques.

1
Manuel d’Oslo : c’est un manuel publié par l’OCDE en 2005, composé de l’ensemble des principes directeurs
pour l’administration des enquêtes communautaires sur l’innovation, effectuées par les États de la Communauté
Européenne tous les deux années. Dans sa troisième version, ce manuel a également inclus des directives sur la
collecte de l’information sur l’innovation non technologique.

6
INTRODUCTION GENERALE

Après avoir soulevé la question sur les déterminants de l’innovation de produit au sein des
laboratoires pharmaceutiques, il est également important d’examiner les facteurs influençant
les autres types d’innovation :

Quelles sont les facteurs favorisant l’innovation organisationnelle et commerciale au sein


des laboratoires pharmaceutiques au Maroc ?

Pour étudier le phénomène de l’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques au


Maroc, nous avons adopté une approche positiviste. Notre démarche s’inscrit dans le cadre
d’une recherche empirique. Nous supposons qu’il existe des relations de cause à effet que
nous cherchions à déterminer. L’enquête quantitative est choisie dans le cadre du présent
travail puisqu’elle permet de collecter des données quantifiables sur une population donnée.
L’analyse statistique de ces données permet de trouver les causalités existantes entre d’une
part les variables dépendantes à savoir l’innovation de produit, de processus, d’organisation et
de commercialisation et d’autre part les différentes variables explicatives prises dans notre
modèle conceptuel.

Le présent travail de recherche est présenté comme suit :

La première partie présente les différentes théories qui examinent l’innovation ainsi que les
différentes approches de l’innovation. Il s’agit principalement de l’approche structuraliste qui
se focalise sur la structure de l’industrie et de l’approche évolutionniste qui donne plus
d’importance aux capacités dynamiques existantes au sein de l’entreprise. Cette partie
présente également la revue de littérature consacrée aux facteurs influençant l’innovation ainsi
que les principaux résultats des études conduites dans un contexte pareil au notre. Ce premier
volet sert à conceptualiser l’impact des activités de R&D, de la licence, de l’usage des TIC, de
la décentralisation, de la formalisation sur chaque type d’innovation. Toutefois dans un
contexte similaire au notre l’impact de la taille, l’âge, la qualification de la main d’œuvre et la
concurrence sur l’innovation reste ambigüe. Il n’existe pas un consensus sur la direction de la
relation de ces variables avec l’innovation. Ces apports théoriques ont permis la formulation
de cinq principales hypothèses autour desquelles tourne le présent travail de recherche :

H1 : les activités de R&D ont une influence positive et significative sur l’innovation
technologique au sein des laboratoires pharmaceutiques installées au Maroc.

7
INTRODUCTION GENERALE

H2 : La décentralisation a une influence positive et significative sur l’innovation


technologique et sur l’innovation non technologique au sein des laboratoires
pharmaceutiques installées au Maroc

H3 : La formalisation a une influence significative positive sur l’innovation


technologique et sur l’innovation non technologique au sein des laboratoires
pharmaceutiques installées au Maroc

H4 : l’usage des TIC influence positivement et significativement l’innovation


organisationnelle et commerciale et dans une moindre mesure l’innovation de produit et
de procédé au sein des laboratoires pharmaceutiques installées au Maroc.

H5 : Plus les laboratoires pharmaceutiques installées au Maroc font de la fabrication


sous licence moins l’innovation technologique est importante.

Au niveau de la deuxième partie, nous tentons d’apporter des réponses à la problématique de


recherche en testant la validité des hypothèses précédemment posées. Une phase pré-enquête
a été menée afin de contextualiser le modèle développé et de faire émerger d’autres variables
liées à l’innovation. Des entretiens ont été menés avec des experts de l’industrie
pharmaceutique de différentes organisations et de différentes spécialisations et profils. La
confrontation des avis de ces experts a permis d’enrichir la réflexion sur la problématique de
la recherche. Partant des hypothèses et des résultats de la phase pré-enquête, nous avons
conçu un questionnaire dont l’objectif est de dégager des relations de cause à effet ayant trait
au phénomène étudié ainsi que des données quantitatives qui seront traitées par la suite par
des outils statistiques afin de confirmer ou infirmer les relations supposées entre les variables.

Afin de faciliter l'accès à l'information, nous avons envoyé des lettres officielles aux
principales associations du secteur à savoir l’association « Les Entreprises du Médicament au
Maroc » et au conseil de « l’Ordre des Pharmaciens Fabricants et Répartiteurs » sollicitant
leur collaboration et soutien pour réussir la phase de collecte de données. Nous avons
également fait appel à des cadres du secteur, aux médecins et aux pharmaciens pour nous
indiquer les personnes adéquates à solliciter au sein des laboratoires objet de l’enquête afin de
renseigner le questionnaire. En effet, le questionnaire fait appel à plusieurs connaissances et
données existantes dans différents départements au sein de la même entreprise. Pour cela,
nous avons pensé à identifier un point focal dans chaque entreprise dont la mission est de
recueillir les informations requises auprès des différents services dans l’entreprise ou il

8
INTRODUCTION GENERALE

travaille, puis de renseigner le questionnaire. De nombreuses discussions ont été menées avec
le point focal afin de lui expliquer l'objet, le contenu et les nouveaux concepts du
questionnaire. Le questionnaire a été administré en janvier 2019 et n’a été achevé qu’au mois
de décembre 2019. Il a fallu une année complète pour pouvoir atteindre presque la totalité des
laboratoires ciblés par l’enquête.

La seconde partie présente également les principaux résultats de la présente recherche. Ces
résultats nous ont permis de tester les hypothèses développées et de montrer le degré
d’implication des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc dans le processus de
l’innovation.

9
10
Introduction de la première partie
L’objet de la première partie est de présenter, dans un premier lieu, le cadre théorique de
l’innovation. Nous allons ainsi présenter les paradigmes sur lesquels nous nous sommes basés
lors de ce travail de recherche. Il s’agit de deux principaux paradigmes : le paradigme
structuraliste et le paradigme évolutionniste. Le premier est très populaire dans l’économie
industrielle et permet de diagnostiquer les interconnexions entre l’environnement de
l’entreprise, sa vision de développement et sa performance. Ce Paradigme est passé par
plusieurs prolongements dont la première version stipule qu’il existe une relation de causalité
univoque entre l’environnement et le comportement de l’entreprise, puis entre ce dernier et la
performance de l’entreprise. La seconde version se focalise plutôt sur les comportements en
tant que déterminant des structures des marchés. D’autres prolongements ont eu lieu à savoir,
entre autres, la représentation de Porter qui qualifie le comportement de l’entreprise par trois
types de stratégies, notamment la stratégie de domination par les coûts, la stratégie de
différentiation et la stratégie dite de « niche ». Ces stratégies permettent, selon Porter, à
l’entreprise d’acquérir son avantage concurrentiel.

Toutefois, l’analyse du comportement des entreprises à partir des caractéristiques sectorielles


ou de l’environnement externe ne permet pas à elle seule d’examiner profondément les
véritables facteurs derrière le comportement adaptatif et anticipatif de l’entreprise. Ceci dit,
même si l’environnement déclenche les comportements, le choix du paradigme technologique
ne se fait pas en isolement du dispositif organisationnel. Delà, nous avons pensé qu’il serait
intéressant d’inclure, lors de notre analyse du phénomène de l’innovation, un second
paradigme dit « évolutionniste ». En effet, ce dernier accorde une importance particulière à la
différenciation des compétences et la considère comme la principale source de la diversité des
entreprises.

Pour pouvoir étudier en profondeur les processus et les comportements internes de


l’entreprise qui permettent sa transformation, nous allons également faire appel à l’approche
ressource « Ressource Based View » (RBV). Cette dernière est à l’origine de différents
courants en management stratégique, à savoir la théorie des compétences, la théorie fondée
sur les connaissances, la théorie des capacités dynamiques et l’approche relationnelle qui
restent toutes valables pour l’analyse du phénomène de l’innovation. En effet, la croissance et
le positionnement des laboratoires pharmaceutiques sur le marché est nécessairement relié aux
compétences et aux capacités qui caractérisent chacun d’eux.

11
Nous allons ensuite examiner les différentes théories de l’innovation. Il s’agit entre autres de
l’approche qui caractérise l’innovation comme étant un résultat basé sur la poussée de la
recherche fondamentale, puis l’approche qui la considère comme un processus de flux et de
connaissance puis en tant que processus social. Nous allons également présenter les nouvelles
théories de l’innovation à savoir le Design Thinking (DT) et le U- pressencing.

Par la suite, nous allons présenter les différentes typologies de l’innovation. Certains auteurs
classifient l’innovation selon le degré et distinguent entre l’innovation radicale et
incrémentale. D’autres s‘intéressent à la distinction entre l’innovation technologique et non
technologiques. Certains auteurs proposent une vision plus élargie de l’innovation en
considérant non seulement la nouveauté où le degré de nouveauté de produit pour le marché
ou pour l’entreprise mais également les aspects organisationnels et commerciaux de
l’innovation, vu leur impact sur la performance de l’entreprise.

Au sein de cette partie, nous allons également tenter de fournir une définition de l’innovation
pharmaceutique en se basant sur les définitions de l’FDA et sur les définitions citées dans le
manuel d’Oslo. Dans ce sens, l’innovation radicale de produit concerne le développement
d’une nouvelle molécule tandis que les innovations incrémentales de produit couvrent le
développement des extensions des médicaments déjà existants sur le marché puisqu’ils
répondent à un besoin donné mieux qu'auparavant.

Cette partie présente, dans un deuxième lieu, les facteurs qui favorisent l’innovation au sein
des laboratoires pharmaceutiques. Le phénomène de l’innovation est étudié dans ses
différentes formes à savoir l’innovation de produit, l’innovation de procédé, l’innovation
d’organisation et l’innovation de commercialisation. Nous cherchons, ensuite, les facteurs les
plus significatifs qui l’influencent. Il s’agit entre autres des facteurs dits « traditionnels » tels
que la taille et l’âge de l’entreprise, les activités de R&D, la structure organisationnelle, la
qualification de la main d’œuvre et les accords de partenariat avec les laboratoires étrangers.

Toutefois, la perception de ces facteurs dépend du contexte où se déroule l’étude. A titre


d’exemple, les laboratoires pharmaceutiques présents dans les pays à revenus faible ou
intermédiaire manquent, entre autres, d’assises financières qui leurs permettent de s’aventurer
dans des projets risqués et de longues durées de R&D. Certains de ces laboratoires sont
effectivement dotés d’unités de R&D mais l’activité de cette unité est limitée dans tout ce qui
est « développement » et loin d’être liée à tout ce qui est « recherche fondamentale ». En

12
outre, le système national d’innovation dans notre contexte diffère de celui des pays
industrialisés et son apport à l’innovation reste très limité.

En présentant une revue de littérature sur les différents facteurs influençant l’innovation dans
un contexte pareil au notre, nous allons pouvoir formuler des hypothèses de travail qui seront
testées dans la deuxième partie du présent travail de recherche.

13
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

14
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Introduction
L’objet de ce chapitre est de présenter les définitions de l’innovation telles que dévoilées dans
la littérature consultée. Nous commençons par les théories de l’innovation qui présentent
l’innovation en tant que boite noire (J. Schumpeter, 1912). Ensuite, nous présentons les
théories qui la définissent en tant que processus linéaire puis en tant que liaison en chaines
(Kline S-J., Rosenberg N. ,1986). Par la suite nous mettons en exergue les théories qui lient
l’innovation aux flux de connaissance et aux routines existantes au sein de l’entreprise
(Nelson, 2009). Finalement nous présentons les théories qui la définit en tant que processus
social (Nonaka et Takeuchi, 1995).

L’examen de ces théories a permis d’approcher l’innovation de deux différentes manières :


une approche structuraliste qui se focalise sur la structure de l’industrie et une autre,
évolutionniste qui donne plus d’importance aux capacités dynamiques existantes au sein de
l’entreprise. Nous allons dans un premier lieu relater les grandes lignes du paradigme
structuraliste ainsi que celles du paradigme évolutionniste puis essayer de les habiller aux
différentes définitions de l’innovation fournies dans la littérature consultée. Ce chapitre
présente également les typologies de l’innovation en procédant par une différenciation de
l’innovation par nature, puis par degré et intensité.

En se réfèrent aux définitions de l’innovation fournies dans le manuel d’Oslo et aux


définitions de l’agence américaine des médicaments (Food and Drug Agency (FDA)), nous
essayons de définir l’innovation pharmaceutique. De ce fait, nous avons considéré le
développement d’une nouvelle molécule en tant qu’une innovation radicale de produit tandis
que le développement des extensions des médicaments déjà existants sur le marché en tant
que des innovations incrémentales de produit puisqu’elles répondent à un besoin donné mieux
qu'auparavant.

A la fin de ce chapitre, nous allons montrer comment les changements permanents que
connait l’environnement des laboratoires pharmaceutiques ont poussé ces dernières à franchir
de nouvelles frontières et à investir dans de nouveaux domaines pour amener des solutions
révolutionnaires à des pathologies non traitées.

15
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Section I : Approches théoriques pour l’étude de l’innovation


Cette section presente les differentes approches convenables pour l’etude de l’innovation. Le
paradigme SCP est une approche structurelle intéressante pour analyser les changements
structurels ainsi que leurs impacts sur le comportement des entreprises. C’est une approche
importante et très populaire dans l’économie industrielle qui permet de diagnostiquer les
interconnexions entre l’environnement de l’entreprise, sa vision de développement et sa
performance. Le pardigme evolutionniste, quant à lui, s’interesse à la différenciation des
compétences et la considère comme la principale source de la diversité des entreprises.

I-1. Paradigme Structure-Comportement-Performance (SCP)


Nous allons présenter la première version du paradigme SCP ainsi que les prolongements qu’a
connu ce dernier. Nous allons également essayer de faire le lien entre les cinq forces de Porter
et les trois composantes du paradigme SCP.

I-1.1. Première version du paradigme SCP


Edward Mason a mis en place les bases de l’économie industrielle (Bobulescu, 2012 ; Bas, A.
et al, 2013). Il a procédé, en 1957, à l’université de Harvard, par une démarche empirique en
observant de nombreux secteurs afin de démontrer l’influence des structures sur les
comportements des firmes.

Joe Bain (1959), a poursuit le travail d’Edward Mason et a développé, en 1959, le paradigme
Structure Comportement Performance (SCP) (Bas, A. et al, 2013). Ce paradigme montre
comment les caractéristiques de l’environnement orientent le comportement des entreprises et
par la suite impactent leurs performances :

Schéma 1 : Paradigme Structure-Comportement-Performance

Structure Comportement Performance

Le Schéma 1 ci-haut, présente la première version du paradigme SCP et stipule qu’il existe
une relation de causalité univoque entre l’environnement et le comportement de l’entreprise,
puis entre ce dernier et la performance de l’entreprise.

Les trois composants de ce paradigme sont définis comme suit :

16
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

- La Structure : est l’ensemble des facteurs institutionnels et environnementaux tels que les
normes et les réglementations en vigueur, l’offre, la demande, l’intensité concurrentielle et
les barrières à l’entrée.
- Le Comportement : reflète la manière dont les entreprises exécutent leurs stratégies de
positionnement sur le marché, de la R&D, des prix, du marketing…etc.
- La Performance : présente généralement, la rentabilité de l’entreprise, son progrès
technique ainsi que son degré de croissance.

I-1.2. Prolongements du paradigme SCP


Edward Mason et Joe Bain s’intéressaient plus aux structures des marchés, qui déterminent
les comportements et les performances des entreprises et mettent l’accent sur la nécessité des
interventions pour réglementer l’organisation industrielle. Selon ces mêmes théoriciens, une
concentration du marché conduit nécessairement à une concurrence relative et modérée du fait
de nombre réduit des opérateurs qui se partagent à des degrés différents le marché.

Un renouveau théorique du paradigme SCP a eu lieu dans les années soixante-dix avec
l’approche de Chicago qui, à l’inverse des premières approches, se focalise sur les
comportements en tant que déterminant des structures des marchés.

Friedman et ses co-auteurs, par exemple, ont montré qu’il n’est pas nécessaire que le marché
soit concentré pour que le jeu de la concurrence soit faussé car même avec un nombre
important d’entreprises sur le marché, des ententes sur les prix pourraient avoir lieu
(Friedman, James W. et al. 1980)

D’autres prolongements et approfondissements du paradigme SCP ont eu lieu. Il s’agit de la


« nouvelle économie industrielle », de la théorie de jeu, de la théorie des marchés
contestables, de la théorie de cycle de vie…etc.

I-1.3. Représentation de Porter


La représentation donnée par Porter (1980) en mettant ses propres définitions pour chacune
des composantes du SCP est aussi un prolongement du paradigme SCP (Bas, A. et al, 2013).
Le schéma 2 illustre les cinq forces de Porter qui permettent à l’entreprise d’acquérir son
avantage concurrentiel.

17
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Schéma 2 : Les cinq forces de la concurrence

Source : reproduit à partir de « Apports et limites de l’économie industrielle à l’analyse


des performances d’une filière halieutique », par Bas, A. et al, 2013, Publications
électroniques Amure Série Rapports, page 26.

Ainsi les cinq forces de la concurrence introduites par cet auteur ne sont qu’une représentation
de la composante « structure » dans le modèle SCP. En effet, l’intensité concurrentielle sur un
marché dépend du pouvoir de négociation des fournisseurs, du pouvoir de négociation des
clients, des nouveaux entrants, des produits de remplacement et de la rivalité entre les
entreprises (Porter, 1980).

De même, la composante « comportement » reflète les trois stratégies de base, à savoir :

- La stratégie de domination par les coûts : il existe différents moyens qui permettent à
l’entreprise de réduire ses coûts de revient au maximum afin d’influencer les prix dans son

18
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

secteur. Il s’agit, entre autres, d’un accès préférentiel aux matières premières, de la
technologie utilisée ou des économies d’échelle.
- La stratégie de différentiation : consiste à mettre en place une offre dont les
caractéristiques sont différentes de ce qui existe sur le marché. Des prix plus élevés sont
proposés pour positionner cette offre par rapport à ses concurrents.
- La stratégie dite de « niche » : consiste soit à une domination par les coûts ou à une
différentiation mais sur un segment étroit de produit.

Quant à la composante « Performance », elle représente la rentabilité des composantes de


l’entreprise. Ce sont ces stratégies qui permettent à l’entreprise d’acquérir son avantage
concurrentiel. Ce concept, était théorisé par Michael Porter en 1985 dans son ouvrage
« Competitive advantage ». Porter a également lié cet avantage concurrentiel acquis par
l’entreprise au phénomène de l’innovation qui est considéré comme une source de cet
avantage concurrentiel pour une entreprise :"Les entreprises acquièrent des avantages
concurrentiels grâce à l'innovation. Elles abordent l'innovation dans son sens le plus large
incluant à la fois des technologies nouvelles et des méthodes novatrices". (Porter, M., 1993)

Par ailleurs, le paradigme SCP permet l’analyse des structures d’une industrie ainsi que son
évolution. Mais l’analyse du phénomène de l’innovation, objet de la présente recherche,
nécessite l’étude des caractéristiques internes de l’entreprise ainsi que les différences qui
existent entre ces dernières et qui ont fait qu’une entreprise est plus innovatrice qu’une autre.
Le paradigme SCP, ne prend pas, à lui seul, en considération ces différences et n’étudie pas
les facteurs clés du changement de stratégies au niveau des entreprises.

En effet, l’analyse du comportement des entreprises à partir des caractéristiques sectorielles


ou de l’environnement externe ne permet pas d’examiner profondément les véritables facteurs
derrière le comportement adaptatif et anticipatif de l’entreprise. Ceci dit, même si
l’environnement déclenche les comportements, le choix du paradigme technologique ne se
fait pas en isolement du dispositif organisationnel. En plus, ce sont les capacités
organisationnelles de l’entreprise ainsi que ses ressources et ses compétences internes qui
déterminent le degré d’implication de l’entreprise dans le processus de l’innovation.

I-2. L’approche évolutionniste


Limiter l’analyse de l’innovation en l’approche structuraliste uniquement, risque de ne pas
mettre en reliefs les facteurs importants qui influencent la dynamique de l’innovation. En

19
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

outre, pour des secteurs nécessitant beaucoup de Recherche et Développement (R&D) et qui
sont en changement permanent du paradigme technologique, l’approche évolutionniste se
positionne comme le maillon manquant pour approfondir notre analyse.

I-2.1. Apport de l’approche évolutionniste


L’approche évolutionniste nous offre une explication des formes de technologies qui sont
créées au sein des entreprises et sur comment ces formes parviennent à avoir une valeur
économique par rapport aux mutations que connait le marché (Arena et al, 1988).

À la différence de l’approche néo-classique qui ne se préoccupe pas des caractéristiques


spécifiques des inputs de la fonction de la production, l’approche évolutionniste accorde une
importance particulière à la différenciation des compétences et la considère comme la
principale source de la diversité des entreprises.
Toutefois, l’approche évolutionniste ne permet pas d’étudier en profondeur les processus et
les comportements internes de l’entreprise qui permettent sa transformation (Durand, R.,
Quélin, B., 1997). Elle présente la base conceptuelle de la théorie fondée sur les ressources,
appelée « Ressource Based View » (RBV), mais elle laisse des questions ouvertes que
l’approche par les ressources permet d’y répondre (Durand, R., Quélin, B., 1997). Il s’agit
entre autres de :
- Son inaptitude à construire un modèle robuste pour la firme ;
- Sa conception de la firme comme une unité adaptative à son environnement tout en
négligeant qu’elle peut effectuer des choix qui influencent la concurrence et
l’environnement dans laquelle elle opère.

D’où l’intérêt de considérer l’approche par les ressources pour étudier le processus de
développement et de transformation d’une firme et pour savoir comment l’interaction entre
les ressources peut mener à l’innovation.

I-2.2. L’approche ressources


Penrose, E. (1959) est sans doute la référence incontournable de l’approche ressource. Il
montre dans son ouvrage « the theory of the growth of the firm » que c’est l’interaction entre
les ressources ainsi que la manière dont elles sont utilisées qui déterminent le degré de
croissance de l’entreprise. Les différences entre les degrés de performances des entreprises
sont expliquées, dans cette théorie par les caractéristiques différentes des ressources.

20
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Wernerfelt, B. (1984), définit par la suite, les ressources comme des actifs tangibles et
intangibles qui sont liés à l’entreprise d’une façon semi-permanente.
L’approche ressources a continué son enrichissement au fil du temps. Barney, J.B. (1991) a
lié le maintien de l’avantage concurrentiel à la présence de quatre caractéristiques des
ressources à savoir :
- La valeur qu’elles apportent à l’entreprise en lui permettant de répondre aux exigences de
son environnement ;
- La rareté ;
- La difficulté de les imiter ;
- La non-substituabilité.

L’approche ressource se focalise sur les dimensions internes de l’entreprise, mais elle ne
permet pas d’expliquer comment les activités quotidiennes de l’entreprise forment la stratégie.
Toutefois, elle se trouve à l’origine de différents courants en management stratégique, à savoir
la théorie des compétences, la théorie fondée sur les connaissances, la théorie des capacités
dynamiques et l’approche relationnelle (F. Prévot et al, 2010).

La théorie de management stratégique des compétences, par exemple, a émergé pour montrer
que ce sont les compétences qui permettent la coordination et l’accumulation des ressources
pour en créer des nouvelles (Arrègle, 1995).

Hamel et Prahalad (1990) ont introduit le concept de compétence dite « fondamentale » en


1990, dans leur article « The core competence of the corporation » pour montrer le rôle
qu’elle joue dans l’identification et l’interprétation des « stimuli » du marché et dans la
création des synergies au sein de l’entreprise pour se positionner sur le marché. Selon ces
deux auteurs, une compétence fondamentale est une compétence qui présente les
caractéristiques suivantes :

- Elle permet l’accès à de nombreux marchés ;


- Elle augmente les avantages du produit tel qu’il est perçu par le client ;
- Elle est difficile à imiter.

Cette compétence est considérée comme une source de l’avantage concurrentiel et un moteur
de l’innovation car elle crée de la valeur en fédérant les différentes compétences individuelles
et unités au sein de l’entreprise. Par ailleurs, l’approche par les ressources ou celle par les

21
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

compétences se focalisent sur la façon optimale d’exploiter les ressources de l’entreprise et ne


s’intéressent pas à la façon dont ces compétences se sont constituées et développées (Prévot et
al, 2010).
I-2.3. Théorie des capacités dynamiques

L’analyse du phénomène de l’innovation implique l’analyse de la manière dont les


compétences se constituent et se transforment pour faire face à un environnement qui est en
changement permanent. Pour répondre à cette question et combler le vide laissé par les deux
théories précitées, il est intéressant de faire appel à la théorie des capacités dynamiques,
développées par Teece et ses collaborateurs en 1997. Ces derniers définissent les capacités
dynamiques comme : « … étant la capacité de l'entreprise à intégrer, construire et
reconfigurer des compétences internes et externes pour répondre à l'évolution rapide des
environnements. » (Citation traduite de l’anglais2) (Teece et al., 1997)

Il s’agit bien des processus dynamiques et rapides de constitution et de transformation de


compétences qui permettent à l’entreprise de mieux s’adapter aux exigences de
l’environnement, soumis à des changements permanents.

En parallèle avec les différentes approches présentées ci-haut, il convient de citer l’approche
fondée sur les connaissances, appelée « Knowledge Based View » (KBV). Elle permet
d’expliquer comment à partir de l’intégration et de la coordination des connaissances
existantes, une entreprise évolue et se lance dans un processus de l’innovation. L’approche
basée sur la connaissance, fait du capital immatériel et de sa gestion le centre de
préoccupation de l’entreprise.

Pour Spender J.-C. et Grant R.M (1996), le rôle de la connaissance pour une organisation a
été pris en considération dans les travaux de nombreux auteurs tels que Penrose et Arrow ainsi
que dans les travaux de certains économistes évolutionnistes tels que Nelson. La théorie
« KBV » est une synthèse de ces différents travaux. Spender (1996) considère l’entreprise
comme un organe dont la connaissance est reconstituée à travers ses propres créations. Il

2
Version originale: « We define dynamic capabilities as the firm's ability to integrate, build,
and reconfigure internal and external competences to address rapidly changing
environments”. (Teece et al, 1997)

22
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

appréhende l’entreprise en tant que « système quasi-autonome de production et d’utilisation


de connaissances, ayant une capacité d’auto-organisation compte tenu des interactions entre
les éléments semi-autonomes qui la composent et l’environnement externe » (Mazaud,
Frédéric., 2007).

La coexistence entre la connaissance et l’apprentissage donne lieu aux compétences,


considérées comme facteur de l’innovation (A. Alcouffe, S. Kamoun, 2000). En effet, pour
faire face aux pressions causées par l’environnement, l’entreprise a besoin d’identifier de
nouvelles solutions. Et pour ce faire, elle nécessite la sélection de compétences fondamentales
sur lesquelles elle va se baser pour se lancer dans le processus de l’innovation. Cette dernière
ne peut y avoir lieu sans que l’entreprise soit inscrite dans un processus d’accumulation et
d’apprentissage permanent.

Toutefois, le développement des innovations via un processus accumulatif et interactif,


permet la construction de nouvelles compétences. Le développement de ces compétences
permet à son tour le renoncement à des anciens domaines de compétences ou de technologies.
Cette dynamique de compétence a été qualifiée par Schumpeter (1942) de « la destruction
créatrice » (Schumpeter, 1942).
I-3. Vers une approche intégrative
L’engagement dans le processus de l’innovation est un « comportement » qui peut résulter de
la structure de l’industrie mais il ne peut être opérationnalisé que par des capacités
dynamiques présentes au sein de l’entreprise. Ces capacités dynamiques permettent un
renouvellement des routines et des capacités organisationnelles de l’entreprise tout en se
nourrissant de ses ressources stratégiques (Nelson, 2009). Un modèle qui intègre les
différentes approches, développées ci-dessus, à savoir la théorie Structure-Comportement-
Performance, la théorie Ressource-Based-View (RBV) et la théorie Knowledge-Based-
View (KBV) est le plus approprié pour expliquer le phénomène de l’innovation dans
l’industrie pharmaceutique.

En effet, le secteur pharmaceutique connait un dynamisme et un changement structurel


permanent. Et pour faire face à ces changements, les laboratoires pharmaceutiques sont dans
l’obligation d’identifier de nouvelles façons de faire pour conserver leurs avantages
concurrentiels et faire face à la concurrence.

23
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

De même, l’approche RBV est fondamentale pour l’analyse des laboratoires pharmaceutiques
dont la croissance et le positionnement sur le marché est nécessairement relié aux
compétences et aux capacités qui caractérisent chacune d’elles.

Poh-Lui et Kendall Roth (1999) ont développé un modèle qui se base sur l’application de
l’approche RBV dans le secteur pharmaceutique. L’objectif de ce modèle est de montrer
quelles sont les ressources et les capacités de l’entreprise pharmaceutique qui permettent
l’acquisition d’un avantage compétitif durable. Les résultats de ce travail expliquent que les
compétences technologiques ainsi que les compétences marketing « sales force expenditure »
représentent les ressources les plus importantes dans le secteur pharmaceutique qui permettent
la création d’un avantage durable pour l’entreprise. Ils ajoutent que les ressources marketing
sont encore plus durables parce que la possibilité de les capter et de les imiter par d’autres
concurrents est très limitée. Concernant les capacités de l’entreprise pharmaceutique, elles ont
été opérationnalisées par ces deux auteurs à travers, les efforts internes en R&D et la
concentration de l’entreprise sur un nombre limité de classes thérapeutiques. D’une part les
efforts en R&D permettent le développement ou l’acquisition de nouvelles technologies et
d’autre part la concentration sur certains segments permet d’éviter les coûts élevés que
pourraient engendrer le transfert d’une classe thérapeutique à une autre en matière des efforts
en R&D et de force de vente.

Section II : Théories de l’innovation


En se référant à la section présentant les différents paradigmes qui permettent d’approcher le
phénomène de l’innovation, l’analyse de ce phénomène s’inscrit dans une approche
intégrative des deux modèles, structurel et évolutionniste.

II-1. Approche structuraliste de l’innovation


Selon cette approche, au début l’innovation est présentée comme un résultat, ce n’est qu’au
cours des travaux postérieurs que l’innovation a été perçu comme un processus constitué
d’une série de boucles itératives.

II-1.1. L’innovation comme un résultat


L’innovation, selon J. Schumpeter, est un nouveau produit, une nouvelle méthode de
production, un nouveau marché, une nouvelle source de matière première ou une nouvelle
organisation industrielle. Dans les travaux de ce théoricien, la théorie de l’innovation est
présentée comme un phénomène de « destruction- création ». Ce phénomène consiste en la

24
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

création des nouveaux produits, procédés ou marchés en supprimant ceux qui existaient
auparavant et qui sont devenus obsolètes (Schumpeter, 1942).

Cette destruction créatrice est liée au phénomène des cycles économiques développé par le
même auteur, expliquant la non-stationnarité du modèle capitalistique. La durée de vie de
chaque cycle est liée au degré de l’innovation. En effet, les innovations de ruptures permettent
un cycle long d’une durée de vie qui dépasse les quarante d’années. Les innovations
mineures, à leur tour, sont liées à des cycles courts dont la durée s’étale entre six et onze
années.

Toutefois, Schumpeter ainsi que d’autres auteurs (Schmookler, J., 1966) ont approché
l’innovation comme un résultat basé sur la poussée de la recherche fondamentale. Du progrès
technique jusqu’au marché, le processus n’a pas été explicité. Il passe par une boite noire. Ce
qui compte, c’est le résultat obtenu :

Schéma 3 : Boite noire de l’innovation

Inventions

Innovations
Source : reproduit de « Petite histoire des modèles d'innovation », par Forest, J. (2014),
(No. hal-00972671), page 4.

Dans cette approche initiale de l’innovation, la composante humaine était supposée


« uniforme » (Noailles, Patrice, 2011 ; Forest, 2014 ). Plus on augmente les « inputs », plus
l’« output » augmente aussi. J. Schumpeter (1912) a ajouté le composant « entrepreneur » et
considère l’innovation comme le résultat des parcours individuels qu’il a nommé
« l’entrepreneur innovateur ». Ce sont « les génies solitaires » qui permettent de sortir des flux
circulaires de l’économie en créant des nouveaux marchés tel est le cas de nos jours de Steve
jobs ou d’Edison.

Les inventions sont réputées exogènes mais la présence d’un agent particulier à savoir
« l’entrepreneur » qui saisit les opportunités et sait combiner les facteurs de productions
permettra de transformer les inventions en innovations. Toutefois, cette fonction de

25
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

transformation n’a pas été développée dans ce modèle. Les concepteurs sont restés focalisés
sur les résultats de l’innovation et leurs répercussions sur le développement économique.

Ce n’est que lors des travaux postérieurs de J. Schumpeter (1942) que ce dernier a lié
l’innovation à des centres structurés de R&D, financés par les grandes entreprises. Cette
nouvelle conception de l’innovation, comme résultat d’un travail collégial et routinier de
groupes de chercheurs qui se déroule dans des centres dédiés à la R&D, se substitue à celle de
« l’entrepreneur-innovateur ». Cette approche soutient le fait que la taille de l’entreprise est
déterminante et que l’innovation est une spécificité des grandes entreprises ayant une assise
financière importante pour la financer. En outre, cette approche ne tient pas compte du
caractère cumulatif et interactif de l’innovation (Sander, A., 2005).

II-1.2. L’innovation comme un processus


Lier l’innovation à des centres structurés de R&D a permis de considérer ce phénomène
comme un processus passant par plusieurs étapes avant d’arriver à un résultat. Ces étapes ont
été modélisées, dans un premier lieu, d’une façon linéaire tel que le montre le schéma 4 ci-
après :

Schéma 4 : Modèle linéaire de l’innovation

Research

Developement

Production

Marketing

Source : reproduit de « Les Politiques de soutien à l'innovation, une approche cognitive :


le cas des Cortechs en Alsace » par Sander, 2005, page 19.

Ce modèle se base sur des séquences ordonnées et non itératives entre elles. C’est un modèle
nommé linéaire et hiérarchique car la sortie d’une étape représente une entrée pour la
prochaine étape. Plusieurs critiques ont été formulées à propos de ce modèle (Sander, 2005 ;
Tomala, F. ,2001). Il s’agit, entre autres, des points suivants :
- Les actions du processus ne peuvent être menées en parallèle ;
- La rétroaction entre les étapes n’est pas prévue ;

26
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

- Chaque étape dans ce processus linéaire est considérée comme une boite noire ;
- Seule l’innovation technologique est considérée dans ce modèle.
- La recherche scientifique est la source unique de l’innovation. Différentes études ont
montré que les sources de l’innovation sont multiples (savoirs pratiques, coopération…)

A l’opposé du modèle linéaire, un nouveau modèle a émergé. Il est appelé « The Chain
Linked Model » (modèle de liaison en chaine), développé par Kline et Rosenberg (Kline S-J.,
Rosenberg N. ,1986) et considère l’innovation comme une série de boucles itératives.
Schéma 5 : Modèle de liaison en chaine

Source: reproduit de « An overview of innovation. The positive sum strategy:


Harnessing technology for economic », par Kline, Rosenberg, 1986, chapitre 9, page 188

Dans ce modèle, il existe plusieurs chemins de l’activité de l’innovation et les différentes


étapes sont reliées par des boucles de retours :
- La première boucle est le « C » : c’est la conception. Elle acquiert une place centrale dans
le processus de développement de l’innovation ;
- La seconde est le « f » : c’est l’ensemble des itérations qui peuvent avoir lieu entre les
étapes ;

27
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

- La troisième est « K-R » : il présente le recours à la connaissance, sinon à la recherche au


cas où le savoir recherché n’est pas disponible dans les connaissances déjà stockées à
l’intérieur de l’entreprise ;
- La quatrième est le « D » : il représente les innovations radicales ;
- Les deux dernières « I-S » : ils montrent les répercussions qui ont les innovations sur le
développement de la science.
Le modèle de liaison en chaine insiste sur :
- L’apport des échanges entre l’entreprise et la recherche fondamentale (Sander, A ,2005)
- L’importance des interactions entre d’une part les étapes constituant le processus de
l’innovation et d’autre part les clients et le producteur. Comme mentionnés par ces deux
auteurs : « Attention to and prompt action on « feedback signals » from users are an
important, often critical, part of innovation » (Kline S-J., Rosenberg N., 1986).
Cette présentation du modèle de liaison en chaine se focalise sur l’importance du flux de
l’information circulée au sein de l’entreprise par rapport à l’innovation :

Schéma 6 : Modèle de liaison en chaine et flux d’information

Laboratoires de
recherche

Département de la Département de la
commercialisation fabrication

Clients

Source: reproduit de « An overview of innovation. The positive sum strategy:


Harnessing technology for economic », par Kline, Rosenberg, 1986.

Cet auteur lie la réussite de l’innovation à deux principales conditions :

28
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

- une circulation fluide de l'information en interne : qui nécessite des outils de gestion
performants ainsi que la capacité des salariés à communiquer et à comprendre les besoins des
autres salariés ;
- une ouverture sur les sources externes de compétences.

II-2. Approche évolutionniste de l’innovation


L’approche évolutionniste de l’innovation perçoit cette dernière comme un flux de
connaissance qui nécessite d’être géré pour aboutir à l’innovation. La gestion de ces
connaissances nécessite un dispositif qui permet l’intégration des connaissances au sein de
l’organisation

II-2.1. L’innovation en tant que flux de connaissances


Dans son travail de recherche sur les déterminants de la dynamique de l’innovation, Zaier
Olfa Hajjem (2015), a distingué entre une conception de la firme en tant que :

- Un « processeur d’information » où le centre de l’analyse est l’asymétrie informationnelle


et l’échange de l’information. En d’autres termes, l’approche basée sur l’information
considère qu’un même flux d’informations génère exactement le même flux de
connaissances chez tous les individus.
- Et un « processeur de connaissance » qui ne se limite pas à une vision statique de la firme
puisque l’interprétation et l’exploitation de l’information varie d’un agent à un autre
(Zaier Olfa Hajjem, page 19, 2015).

Par ailleurs, le lien entre la connaissance et l’innovation a été largement étudié dans la
littérature. Nelson (2009), créateur de la théorie des routines, renvoient l’innovation aux flux
de connaissances qui circulent dans l’entreprise et qui forment ce qu’ils ont appelé
« routines » de l’entreprise. Selon ce même auteur, ces routines sont basées en grande partie
sur les connaissances tacites présentes dans l’entreprise : « Tout d'abord, l'innovation nait
fréquemment de la simple routine, des activités routinières de gestion face aux crises que
rencontrent l'organisation suite aux changements dans l'environnement. Elle utilise aussi
souvent comme composants élémentaires les routines existantes ; elle les agence
différemment ; elle les recombine » (Nelson, 2009).

29
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Selon ces deux auteurs, ce sont ces routines qui canalisent le comportement des individus et
de l’entreprise et constituent la mémoire ou le « Génotype » de l’organisation. En effet,
l’entreprise développe cette mémoire à force d’être confrontée à plusieurs reprises à une série
fixe de décisions. Davila, Tony et al. (2006) considèrent que la collecte systématique des
actifs de connaissances organisationnelles contribue à développer une mémoire
institutionnelle qui permet à son tour de générer de la valeur et de créer un environnement
propice pour l’innovation. Cette gestion de connaissances est un antécédent de l’innovation.
Budros (2000) souligne également qu’une gestion de l’innovation nécessite une gestion
efficace de connaissances. Toujours à propos de la relation entre la gestion de la connaissance
et l’innovation Popadiuk et Choo, (2006) ajoutent que pour que l’entreprise soit capable
d’innover d’une façon permanente, il faut qu’elle mette en place un système efficace de
gestion de la connaissance qui lui permet la création de connaissances administratives, de
connaissances en marketing et surtout la création de la technologie. En s’inspirant des travaux
de Nonaka et Takeuchi (1995) qui seront détaillés dans le paragraphe suivant, Esterhuizen et
al. (2012) ont développé un cadre théorique qui présente les lignes directrices de l'utilisation
de la gestion des connaissances comme véhicule pour accroître la capacité de l'innovation.
L’application de ces lignes directrices dépend des conditions organisationnelles et
commerciales mises en place par l’entreprise pour soutenir l’innovation.
Marina du Plessis (2007) souligne que l’innovation est extrêmement liée à la disponibilité des
connaissances au sein de l’organisation. La richesse des connaissances et l’accès à ces
dernières crée une certaine complexité qui devrait être reconnue et gérée pour garantir la
réussite de l’innovation. Elle ajoute que « Les connaissances et la gestion des connaissances
remplissent une myriade de fonctions dans le domaine de l'innovation ». Le rôle majeur que
joue la gestion des connaissances dans l'innovation est de permettre le partage et la
codification des connaissances tacites. Elle joue également un rôle important lié aux
connaissances explicites même si ces dernières ne jouent pas un rôle aussi important que les
connaissances tacites en raison du fait qu’elles sont facilement accessibles aux concurrents.
La gestion de la connaissance est aussi primordiale pour faciliter la coopération entre clients,
fournisseurs et employés. Finalement, selon le même auteur, la gestion de connaissances
requiert la mise en place d’un dispositif qui permet l’intégration des connaissances au sein de
l’organisation et qui comprend la gestion des phases de création, de collecte, de partage et de
valorisation des connaissances.

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

II-2.2. L’innovation en tant que processus social


L’innovation est intimement liée au savoir. Ce savoir peut être explicite et formalisé comme il
peut être implicite, stocké dans les cerveaux des individus ou observé dans certaines
habitudes. Ce type de savoir présente un capital immatériel riche pour l’entreprise mais
difficilement identifiable, transmissible et exploitable. La conversion ou la transformation de
ces connaissances implicites aux connaissances explicites est une source de création de la
connaissance au sein de l’organisation.

L’approche des firmes japonaises telle qu’elle est présentée par Nonaka et Takeuchi (1995),
dans leur ouvrage intitulé « Knowledge creating company », accorde une importance
particulière à ce genre de savoir. Les entreprises japonaises considèrent que le savoir est lié à
une conviction et à une attitude particulière. Ce dernier émerge d’une vision subjective de
l’individu. Le savoir existe dans notre vécu sauf qu’il n’est pas toujours explicite et formalisé.
Il se base plus sur des observations et des convictions « justified beliefs » que sur des vérités
« truthfulness ». D’autres auteurs ont également mis l’accent sur l’importance des pratiques
héritées « inherited practices » pour la création de la connaissance (Michael Polanyi,
1958,1967).

Nonaka et Takeuchi ont défini un processus spiral qui permet de décrire comment la
connaissance peut être transformée et passée d’une dimension individuelle à une dimension
plus élargie. Le schéma 7 les cinq éléments de cette spiral :

Schéma 7 : Modèle de spirale du savoir

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Source : reproduit à partir de „Knowledge management and the


entrepreneur : Insights from Ikujiro Nonaka's Dynamic Knowledge
Creation model (SECI). », par Bandera et al. , 2017, International Journal
of Innovation Studies, 1(3), 163-174, page 4.
✓ La socialisation : représente un partage de la connaissance via le dialogue, l’observation et
l’imitation ou via des lignes directrices,
✓ L’externalisation : l’information implicite devient explicite,
✓ La « combination » : c’est le processus qui permet la formalisation de l’information via
des systèmes informatiques,
✓ Internalisation : elle est atteinte quand une personne pourra utiliser la nouvelle
connaissance ou savoir.

La transformation des connaissances tacites à des connaissances explicites ainsi que son
ordonnancement avec d’autres connaissances existantes permet la genèse de nouvelles
connaissances et des innovations. Ce processus de transformation, selon les mêmes auteurs,
fait de l’innovation « un processus social ». L’essor de l’innovation passe par la bonne gestion
des processus sociaux. Et de la se pose la question sur le rôle de l’organisation et du mode de
management dans ce processus social.

Dans le même sens Grillot (2000) ajoute que : « Innover c’est repérer une invention, la
socialiser et lui trouver un marché » (Groff, 2004). Dans son travail de recherche Arnaud
Groff (2004) considère l’innovation au sein de l’entreprise comme une « capacité à créer de
la valeur en apportant quelque chose de nouveau dans un domaine donné tout en s’assurant
que l’appropriation de cette nouveauté se fasse de manière optimale. »

Cette perception de l’innovation en tant que processus social nous incite également à analyser
l’innovation dans un cadre plus large qui ne se limite pas uniquement au produit mais aussi à
d’autres dimensions telles que le design organisationnel, la stratégie de l’organisation, les
méthodes de commercialisation utilisées. Ces dimensions seront développées dans les
paragraphes qui suivent.

Toujours dans l’approche qui perçoit l’innovation en tant que processus social, Tidd et ses
collaborateurs ont défini les phases qui constituent le processus de l’innovation. Ils ont mis
l’accent sur l’exploration de l’environnement externe de l’entreprise comme une étape
préliminaire pour relever les déclencheurs de l’innovation. Toutefois, ces déclencheurs captés

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

de l’environnement externe nécessitent obligatoirement la sélection des activités ou des


stratégies à mettre en place pour saisir les opportunités et pour affronter les risques relevés. Le
choix ou la sélection de ces activités nécessite à son tour la mobilisation des ressources et des
compétences nécessaires pour leurs réalisations et pour mettre en œuvre l’innovation (Tidd et
al, 2006, page 41). Nous avons schématisé ce processus comme suit :

Schéma 8 : Processus de l’innovation selon Tidd et ses collaborateurs (2006)

Mobilisation des
ressources et des
compétences internes

Innovation

Exploration de
l'environnement externe +
Flux des connaissances

Source : inspiré de Tidd et ses collaborateurs (2006)


II-2.3. Model de Crépon, Duguet, et Mairesse (CDM)
Dans leurs travaux de recherche Crépon, Duguet, et Mairesse présente le modèle CDM qui
explique la productivité par le résultat des activités d’innovation et cette dernière par
l’investissement dans la R&D.

Pour expliquer le phénomène de l’innovation, ils se sont focalisés sur trois principaux facteurs
qu’ils ont nommé « inputs de l’innovation » à savoir la R&D interne, l’impulsion par la
demande et de la poussée technologique comme le montre le schéma 9.

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Schéma 9 : Modèle de Crépon, Duguet, et Mairesse

Source : reproduit à partir de « Mesurer le rendement de l'innovation », par


Crépon, Duguet et Mairesse (1998, 2000), revue économie et statistique, page 66

Le schéma relatif au Modèle de Crépon, Duguet et Mairesse est composé de trois blocs pour
expliquer la productivité de l’entreprise. Le premier bloc présente les facteurs agissant sur la
probabilité d’investir en R&D. Le deuxième concerne les déterminants de l’innovation et le
dernier explique la productivité. Il est à noter que dans le modèle CDM, chaque partie
détermine la partie qui suit et que la R&D est endogène dans les équations de l’innovation et
l’innovation est endogène dans l’équation de productivité. L’output de l’innovation est relié
au nombre de brevets et à la part des ventes des produits nouveaux dans le chiffre d’affaires.
Le modèle CDM constitue un fondement théorique pour la majorité des travaux menés sur
l’innovation et la productivité. Ces derniers diffèrent dans le choix des variables endogènes et
explicatives et dans le choix de la méthode d’estimation.

II-2.4. Extensions du modèle de Crépon, Duguet, et Mairesse (CDM)


Plusieurs auteurs ont incorporé par exemple la composante technologie de l’information et de
télécommunication en tant qu’input dans le modèle CDM (Van Leeuwen and Farooqui, 2008 ;
Polder et al., 2009 ; Ludivine Martin et Thuc Uyen Nguyen-Thi, 2015).

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

D’autres auteurs ont pris également en considération la composante R&D externe ainsi que
les accords de partenariat comme input de l’innovation.

A l’opposé des études précédentes qui se sont basées sur le nombre de brevets et la part des
ventes de produits nouveaux pour mesurer l’output d’innovation, des études récentes utilisent
de plus en plus des données qualitatives pour mesurer l’output d’innovation. Pamukçu, T., et
Cincera, M. (2001) ont utilisé une mesure directe de l’output de l’innovation provenant d’une
enquête d’innovation. Ils critiquent également l’unité de mesure de R&D en tant qu’indicateur
de résultat des activités d’innovation.

Liouville, J. (2006) souligne également que le fait d’utiliser les brevets en tant que mesure de
l’innovation peut fausser l’analyse parce qu’il existe des brevets qui n’ont pas été exploitées
ou qui n’ont pas été réussis pour passer aux prochaines étapes de développement du produit
fini. Tidd (2000) précise qu’il existe des secteurs ou nous constatons la présence de plusieurs
brevets qui ont été déposé pour bloquer les innovations chez les concurrents, ou qui n’ont pas
été réussis pour passer aux prochaines étapes de tests et de développement. Ces derniers
soulignent que, lier le degré de la nouveauté à l’obtention d’un brevet risque de fausser
l’analyse puisqu’il y a possibilité pour certaines entreprises qui ont développé une innovation
brevetable d’adopter la stratégie de secret.

Avec le prolongement du manuel d’Oslo et l’apparition de plusieurs enquêtes


communautaires de l’innovation, le composant « input de l’innovation » a connu des
extensions pour inclure de nouveaux éléments. Il s’agit entre autres de l’usage des TIC, de la
gestion organisationnelle et de R&D externe.

Les outputs de l’innovation ont également connu une extension pour inclure également les
innovations organisationnelles et commerciales. Griffith et al. (2006) ont par exemple mesuré
l’output d’innovation par deux variables dichotomiques indiquant si l’entreprise a fait une
innovation en produit ou en procédé. Acosta et al (2015) ont également utilisé des variables
qualitatives pour caractériser l’innovation au sein des entreprises. En plus des innovations de
produits et de procédé, ils ont inclus également les innovations organisationnelles. Peters et al.
(2018) ont ajouté en plus de ces trois outputs de l’innovation, l’output nouveauté pour le
marché.

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Notre démarche s’inscrit dans cette approche dans la mesure où notre travail de recherche ne
va pas se limiter à l’examen des innovations de produit et de procédé mais également
l’examen des innovations d’organisation et de commercialisation.
II-3. Nouvelles approches de l’innovation
Des nouvelles méthodes sont apparues et ont permis de revoir le processus de l’innovation en
passant d’un processus axé sur le produit à un processus participatif qui se base sur la
confrontation des nouvelles idées, conçues dans le cadre des groupes de brainstorming, avec
des interprétations divergentes des utilisateurs. Il s’agit, entre autres, des méthodes du Design
Thinking et d’U-Presencing qui présentent des nouvelles façons de résoudre les problèmes en
puisant dans les différentes expériences des utilisateurs pour trouver une solution idéale et
convenable aux besoins identifiés.

II-3.1. Le Design Thinking


Le design thinking est une méthode apparue la première fois en 1999, grâce au fondateur du
cabinet du conseil IDEO, spécialisé en design et innovation, David Kelley. Ce dernier a
souligné que le développement d’un nouveau produit devrait se faire dans le cadre d’un
processus itératif d’échange entre le producteur et les acteurs du terrain pour proposer une
solution qui colle aux besoins identifiés des clients. Quelques années plus tard, David Kelley
crée le D-School (for Design) de l’Université de Stanford, où il était Professeur, pour faire du
design thinking une discipline qui s’enseigne dans les universités du monde entier et non pas
uniquement une pratique spécifique aux entreprises qui innovent.

En 2008, Tim Brown, PDG de IDEO donne une définition officielle du design thinking et
l’appréhende comme « une discipline qui utilise la sensibilité, les outils et méthodes des
designers pour permettre à des équipes multidisciplinaires d’innover en mettant en
correspondance attentes des utilisateurs, faisabilité technologique et viabilité économique »
(Brown et Katz, 2019).

Cette définition montre que la solution idéale et innovante se trouve à la croisée des attentes
des utilisateurs, de la faisabilité technique et de la viabilité économique pour le meneur de
projet. Le schéma 10 montre ces trois sphères.

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Schéma 10 : Design Thinking

Ce qui désirable par


les utilisateurs?

Innovation
Ce qui est
Ce qui est possible économiquement
avec la technologie viable

Source : inspiré d’IDEO : https://designthinking.ideo.com

II-3.2. Le Processus du Design Thinking


Comme le montre le schéma suivant, le design thinking est une approche humaine de
l’innovation dont le processus s’articule sur trois principales phases qui se déroulent en boucle
: l’inspiration, l’idéation et l’implémentation.

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Schéma 11 : Processus du Design Thinking

Source: reproduit a partir de “Change by design: how design thinking transforms


organizations and inspires innovation, par Brown, T., & Katz, B. (2019)

La première phase est l’inspiration. Elle consiste en :

- L’observation des personnes pour qui nous cherchons des solutions ;


- L’identification et la compréhension de leurs problèmes ;
- Et la collection des différentes idées qui immergent de leur part.

La seconde phase est dédiée à la synthétisation et le repérage des idées susceptibles de donner
des solutions adaptées et acceptées par les personnes pour lesquelles nous cherchons à

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

innover. Il est primordial d’adopter une pensée divergente dans cette phase et de travailler au
sein des équipes multidisciplinaires.

La dernière phase est l’implémentation durant laquelle les idées sélectionnées et développées
sont concrétisées et testées sur un échantillon pour procéder par la suite aux corrections
possibles.

Il est à noter que les trois phases se chevauchent entre elles et fonctionnent en boucles itératifs
les unes des autres :

Schéma 12 : Phases du Design Thinking

Source: inspire du “Change by design: how design thinking transforms


organizations and inspires innovation, par Brown, T., & Katz, B. (2019)

Toujours dans l’approche moderne de l’innovation, le paragraphe suivant est dédié à l’analyse
de la théorie U-Presencing et son apport à l’innovation.

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

II-3.3. U-presencing
La théorie U a été développée la première fois en 2009 par le théoricien allemand, Otto
Scharmer. Ce dernier a souligné que la clé de la réussite d’un changement est la connexion
profonde avec l’entourage et avec soi-même. La représentation que l’auteur a donné à cette
théorie est sous forme de U, où le haut à gauche présente le début du changement, le creux
présente la phase déterminante du changement et le haut à droite présente la fin du
changement :

Schéma 13 : U-presencing

Source : reproduit a partir de “Presencing Institute”


:https://www.presencing.org/aboutus/theory-u

La théorie U se base sur un mutuel apprentissage du passé et du futur émergent. Cette dernière
forme d’apprentissage n’est possible qu’avec une ouverture d’esprit, du cœur et de la volonté
pour pouvoir sentir le futur et le réaliser. Cinq principales étapes forment cette théorie :

- Co-initier : cette étape consiste en l’identification des expériences et des solutions établies
dans le passé et de voir si elles sont toujours valables pour faire face aux défis que nous
vivons actuellement. Toutefois, les modèles et les schémas du passé ne devraient pas
empêcher la personne à avoir une « vision claire » de la réalité. La réussite du démarrage

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

d’un projet d’innovation dépend fortement de la capacité à surmonter les obstacles qui
encerclent la réalité.
- Co-sentir : il s’agit d’un pas en avance vers le creux. L’analyse des solutions, des modèles
et procédures déjà existants et les modifier de telles manières qu’elles soient adaptées aux
défis actuels. Cette étape est très efficace puisqu’elle n’est pas rigide et elle ne nécessite
pas un grand effort cognitif.
- Presencing : c’est l’étape essentielle du processus de l’innovation car elle puise dans les
ressources internes de la personne pour permettre à la connaissance intérieure d’émerger :

Schéma 14 : Etape Precensing

Source : élaboration personnelle

- Co-créer : cette phase consiste à explorer le futur par l’action « Doing futur » en testant
des nouvelles expériences et des nouvelles solutions à petite échelle.
- Co-évoluer : c’est une étape qui permet d’évaluer les résultats de l’étape précédente et de
retenir les solutions qui permettent d’évoluer vers le futur recherché avec confiance et
satisfaction.

Toutes les phases décrites ci-dessus sont menées d’une façon collective dès le lancement du
changement. Elles représentent une intention commune et une visualisation collective des
futurs émergents. La théorie U renforce l’approche de l’intelligence collective qui selon Peter
Senge (2006) excède l’intelligence individuelle.

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Section III : Types d’innovation


Il existe plusieurs classifications de l’innovation. Certains auteurs présentent l’innovation en
termes de degré et d’intensité de la nouveauté pour le marché et pour l’entreprise en
distinguant entre une innovation radicale et une autre incrémentale (Tushman et Romanelli,
1985 ; Henderson et Clark, 1990 ; Tidd et al. ,2006 ; OCDE, 2005 ; Dubolouz, 2013 ; Tidd et
al. , 2020). D’autres proposent une vision plus élargie de l’innovation en considérant non
seulement la nouveauté où le degré de nouveauté de produit pour le marché ou pour
l’entreprise mais également les aspects organisationnels et commerciaux de l’innovation vu
leur impact sur la performance de l’entreprise (Rahmouni et Yildizoglu, 2011, Tidd et al. ,
2020).

III-1. Distinction entre l’innovation technologique et non technologique


Selon le Manuel d’Oslo, l’innovation est « la mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou
d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de
commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de
l’entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures » (Manuel d’Oslo,
2005). Cette définition montre que le phénomène d'innovation est « multidimensionnel » et
que l'analyse de ce phénomène ne devrait pas se limiter à la nouveauté du produit ou du
procédé. Elle devrait par contre englober différents aspects tels que les pratiques
organisationnelles et de marketing (Manuel d’Oslo, 2005).

En effet, le processus d'innovation mobilise l'ensemble des fonctions de l'entreprise pour tirer
profit du présent et pour se préparer pour l’avenir (Mothe et Thi, 2010 ; Dubouloz, 2013).
Jacques Liouville (2006) appuie cette idée et recommande d’abandonner la vision
"dichotomique" qui distingue l’innovation incrémentale de l’innovation radicale et
d’envisager d’autres dimensions telles que la nouveauté pour le marché, pour l’entreprise et
pour les pratiques de gestion au sein de l’entreprise. D'autres auteurs partagent la même vision
et recommandent à l'entreprise d'adopter simultanément les innovations technologiques et non
technologiques (Peris-Ortiz et Hervás-Oliver, 2014).

En se référant toujours aux définitions citées dans le manuel d’Oslo (Manuel d’Oslo, 2005), il
existe quatre types d’innovation à savoir :

• Innovation produit : « l’introduction d’un bien ou d’un service nouveau ou


sensiblement amélioré sur le plan de ses caractéristiques ou de l’usage auquel il est

42
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

destiné. Cette définition inclut les améliorations sensibles des spécifications


techniques, des composants et des matières, du logiciel intégré, de la convivialité ou
autres caractéristiques fonctionnelles »,
• Innovation processus : « la mise en œuvre d’une méthode de production ou de
distribution nouvelle ou sensiblement améliorée. Cette notion implique des
changements significatifs dans les techniques, le matériel et/ou le logiciel »,
• Innovation de commercialisation : « la mise en œuvre d’une nouvelle méthode de
commercialisation impliquant des changements significatifs de la conception ou du
conditionnement, du placement, de la promotion ou de la tarification d’un produit »,
• Innovation organisationnelle : « la mise en œuvre d’une nouvelle méthode
organisationnelle dans les pratiques, l’organisation du lieu de travail ou les relations
extérieures de la firme ».

L’ensemble de ces définitions peut être schématisé comme suit :

Schéma 15 : Types d’innovation selon le Manuel d’Oslo

Source : reproduit à partir du cours de Stephanie Buisine, directrice de recherche au


CESI : http://stephanie.buisine.free.fr/publis/DefInnov16.pdf

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Il est à noter que selon les définitions citées dans le manuel d’Oslo, les deux premiers types
d’innovation à savoir l’innovation de produit et l’innovation de procédé sont considérées
comme des innovations technologiques. Par contre, les innovations organisationnelles et les
innovations de commercialisation sont considérées comme des innovations non
technologiques (manuel d’Oslo, 2005) :“Product innovations and process innovations are
closely related to the concept of technological product innovation and technological process
innovation”

Dans le même ordre d’idées et en référence à l’étude de Schmidt et Rammer (2007) sur les
innovations technologiques et non technologiques, nous appelons les innovations de produits
et de procédés des innovations « technologiques » car les deux types « sont souvent associés
au développement ou à l'application de nouvelles technologies » (Schmidt and Rammer,
2007). Étant donné que le secteur pharmaceutique est basé sur la technologie, les innovations
de produits et de procédés sont des innovations technologiques qui ne peuvent pas être
réalisées sans une amélioration significative des « spécifications techniques » (Benali et al.,
2021).

Tidd et ses collaborateurs (2020) distinguent également quatre types d’innovation qu’ils ont
intitulées : innovation de produit, innovation de procédé, innovation de « position » et
innovation de « paradigm ». En effet, l’innovation nommée de position est liée changements
dans le contexte dans lequel les produits / services sont introduits et reflète ce que nous avons
définie comme une innovation commerciale. Ces auteurs donnent l’exemple d’un produit à
base de glucose qui a été au début lancé pour aider les enfants en convalescence. Ce même
produit a été relancé en tant que boisson destinée au marché du fitness comme aide à faire de
l’exercice sain, vu que ce dernier est en plein croissance. S’agissant de l’innovation
« paradigam », elle est définit comme étant les changements dans les modèles mentaux sous-
jacents qui encadrent ce fait l'organisation notamment le changement de méthode de travail et
l’établissement de relations avec l’extérieur.

III-2. Innovation selon le degré et l’intensité


Tushman et Romanelli (1986) distinguent entre deux catégories d’innovation à savoir
l’innovation radicale et l’innovation incrémentale. L’innovation radicale vient remplacer les
modèles, les produits où les services existants voir même les détruire en mettant en avant une
nouvelle technologie présentant une rupture pour le marché ou pour l’entreprise. Par contre,

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

l’innovation incrémentale exploite les connaissances existantes au sein de l’entreprise afin


d’améliorer un produit où un processus déjà existant (Koberg et al., 2003).

III-2.1. Innovation radicale


L’innovation radicale est un changement technologique révolutionnaire qui implique un écart
important par rapport aux technologies existantes au sein d’une entreprise (Cabello-Medina et
al. , 2006 ; Damanpour, 1988, 1991). Ce type d’innovation est généralement lié à des tâches
non routinières qui nécessitent un coût et des risques très élevés pour leur réalisation (Koberg
et al., 2003).

L’innovation radicale rompt avec le modèle du secteur en mettant en cause l’offre et la


manière dont cette offre est mise en œuvre. Elle présente une nouvelle source de croissance
pour l’entreprise et redéfinit l’organisation du marché en accordant à l’innovateur une part de
marché dominante (Christensen, 2013). Airbnb est un bon exemple de l’innovation de rupture.
Elle a révolutionné toutes les caractéristiques du secteur de l’hôtellerie pour créer une offre
sans équivalent. Partie d’une start-up crée en 2008, elle a pu en neuf années avoir une
valorisation boursière d’environ 31 milliards de dollars et qui dépasse celle du groupe Hilton.

Des exemples révélateurs sont également à citer pour illustrer les changements discontinus
qui ont permis l’émergence de l’innovation radicale, en remettant en question les règles de jeu
ainsi que les anciens modèles. Il s’agit, entre autres du téléphone mobile qui n'a pas
simplement amélioré le téléphone fixe, mais a radicalement changé la manière de téléphoner
en offrant plus de confort à son utilisateur. C’est le cas également des Smartphones qui ont
métamorphosés la vie des consommateurs ces dernières années. Le secteur de l’édition est à
son tour un autre exemple où la technologie a révolutionné les méthodes de travail :
« l’impression était passée du métal chaud à un procédé largement numérique » (Tidd, page
20, 2006)

L’innovation de rupture n’est pas nécessairement une rupture technologique. Elle peut
concerner également un changement du modèle d’affaires pour une entreprise. Nespresso est
une innovation radicale développée par Nestlé suite à la mise en place d’un nouveau modèle
d’affaires qui a fait que Nestlé est passée du vendeur de sachets de café au grand public à la
conception de machines à café et vendeur de capsules compatibles avec ces machines dans
des magasins propres à elle. Ce nouveau modèle d’affaires est différent du premier et a permis
de réinventer la manière dont le café est consommé.

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Un autre exemple d’innovation de rupture qui n’est pas nécessairement liée à une rupture
technologique est la voiture électrique « Tesla ». La mise en place de cette voiture a nécessité
l’usage des technologies de motorisation électrique déjà connues, sauf que ces technologies
ont été utilisées dans un contexte différent permettant l’accès des clients à une voiture de luxe
qui paraissait hors de portée.

Par ailleurs, l’innovation radicale n’est pas régulière dans l’entreprise et la durée entre la
réalisation d’une innovation et une autre est imprédictible. Elle pourrait être courte comme
elle pourrait prendre des années (Koberg, 2003). Dans ce sens, il importe de souligner que
l’innovation a un caractère incertain et que « la période entre deux innovations radicales est
aléatoire » (Amable, 1996)

III-2.2. Innovation incrémentale


La majorité des entreprises s’appuient sur ce qui existe déjà et introduisent des modifications
mineures pour générer des nouvelles innovations. Ce type d’innovation est qualifié
d’incrémental puisqu’il est basé sur des modifications mineures apportées aux technologies où
aux produits déjà existants sur le marché (Detienne ,2001).

En se référant aux travaux de Herbig (1994), Koberg et al. (2003) définissent l’innovation
incrémentale comme une amélioration ayant un faible impact sur le marché ou sur
l’entreprise. Elle peut être sous forme :

- D’une innovation continue : introduction d’un produit modifié (par exemple, extensions
de ligne de produits) ;
- D’une innovation modifiée : innovations légèrement plus perturbatrices telles que
l’introduction d’une technologie remplissant les mêmes fonctions de base (par exemple,
crayon électrique) ;
- D’une innovation de procédé ou amélioration de la manière dont les produits existants
sont fabriqués.

Une multitude d’exemples se présentent pour ce type d’innovation dont l’impact est modeste
sur les habitudes des clients ou sur les compétences de l’entreprise qui la développe. Il s’agit,
entre autres, des yogourts avec des nouvelles saveurs, de l’IPhone11 qui n’est qu’une
amélioration de l’IPhone X, et de la société Microsoft qui malgré le fait de ne pas introduire
une innovation de rupture, elle a pu faire des petites améliorations sur ses produits notamment
Microsoft Office.

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Les innovations incrémentales s’inscrivent dans une logique d’amélioration continue,


générant des gains cumulatifs cherchant à optimiser les processus déjà mis en place et non à
les révolutionner. Les entreprises allemandes sont un exemple à présenter concernant cette
démarche d’amélioration et d’optimisation continues. Les entreprises allemandes ne sont
qu’un autre exemple de la mise en œuvre de l’innovation incrémentale puisqu’elles cherchent
toujours à améliorer leurs produits et à procéder par des petits pas qui leurs permettent
d’augmenter leurs bénéfices et de s’accaparer des parts de marché importantes. Par exemple,
même si les constructeurs automobiles changent la ligne de montage ou de production pour
générer des nouveaux modèles de voiture, ils peuvent utiliser les mêmes composants ou les
mêmes châssis.

III-2.3. Portefeuille d’innovation


L’innovation radicale et l’innovation incrémentale sont deux activités importantes pour
l’entreprise. La réconciliation entre les deux permet de mieux exploiter le présent et de bien se
préparer pour l’avenir. Se limiter uniquement aux innovations incrémentales présente un
risque d’épuisement dans les sources de l’innovation au sein de l’entreprise.

Clayton Christensen (2013) dans son livre « the innovator’s dilemma » explique le dilemme
pour l’entreprise entre se lancer à la conquête de nouveaux clients sachant que cela présente
un risque pour l’entreprise en engageant des ressources coûteuses pour des résultats non
garantis ou se concentrer uniquement sur ses clients les plus rentables.

Jacques Liouville présente en 2006 une approche en termes de portefeuille d’innovation en


précisant que « les innovations incrémentales prennent leur source dans des idées
fondamentales générées en amont. Par conséquent, l’entreprise qui ne génère pas
d’innovations radicales prend le risque d’assécher à terme sa source d’innovations
incrémentales ». En se référant toujours aux travaux de cet auteur, le schéma ci-après illustre
l’innovation selon son impact sur d’une part la technologie et les compétences et d’autre part
sur le marché.

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Schéma 16 : Impact innovation

Source : reproduit de « Degré d’innovation et performances des entreprises : Limites


des recherches actuelles et nouvelles perspectives pour le management de l’innovation »,
Jaque Liouville, XVèmeConférence Internationale de Management Stratégique, Annecy
/ Genève 13-16 Juin 2006, page 10

Par ailleurs, Bruno Amable (1996) a mis l’accent sur le fait que l’innovation radicale n’est pas
nécessairement une accumulation des innovations incrémentales. Il a souligné que : « Les
changements radicaux ne sont pas réductibles à une cumulation de changements
incrémentaux. Selon une formule, maintenant célèbre, de Schumpeter ‘Vous pouvez
additionner autant de diligences que vous voulez, vous n'obtiendrez ainsi jamais le chemin de
fer ».

III-3. Innovation pharmaceutique


Le secteur pharmaceutique a de son côté connu des changements majeurs et des innovations
importantes qui ont révolutionnées l’humanité avec l’émergence de la biotechnologie et de la
génomique. Le processus de l’innovation a changé et des nouveaux médicaments sont apparus
soit pour répondre à un besoin pathologique qui n’a pas été encore comblé ou bien offrir un
traitement a une maladie mieux qu’auparavant.

III-3.1. Cycle de vie du médicament


La genèse d’un médicament nécessite le passage par quatre principales étapes : phase de la
recherche exploratoire, phase des tests cliniques, phase d’autorisation de mise sur le marché et
de fixation des prix et phase de commercialisation :

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Schéma 17 : Cycle de vie du médicament

Source : reproduit du site web de Leem : https://www.leem.org/recherche-et-


developpement

• Phase des recherches exploratoires : le principe de la recherche dans la chimie


traditionnelle se base sur le « tâtonnement ». Parmi 10 000 molécules criblées dans la
phase exploratoire, uniquement une molécule aboutira (Poh-LIN et Kndall Roth, 1999).
Le risque élevé d’échec est très grand dans ce secteur.

Le processus de recherche et de développement peut durer environ douze années avant


l’octroi de l’autorisation de mise sur le marché. Toutefois, le laboratoire dépose son
dossier de demande de brevet dès la première découverte.

• Phase des tests précliniques et de la recherche clinique : C’est une phase obligatoire et
systématique lors de développement d’un médicament. Elle consiste à tester l’impact et
l’efficacité du médicament chez l’homme. Ces tests sont conduits sur plusieurs milliers de
patients et visent à démontrer l’intérêt thérapeutique du médicament. Les phases de test
cliniques sont contrôlées par un organisme de la tutelle et la réglementation qui les régit
est très rigoureuse.
• Procédures administratives : cette phase englobe les étapes de dépôt de l’Autorisation
de Mise sur le Marché (AMM) et la fixation des prix s’il s’agit d’un système qui
réglemente les prix des médicaments.

Au Maroc, l’octroi des autorisations de mise sur le marché est conforme aux règles
internationales communément admises dans le domaine de l'enregistrement des

49
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

médicaments, en vue de leur commercialisation. Selon les dispositions de la loi 17-04 (BO
n°5480 du 7 Décembre 2006), portant code du médicament, l’AMM est une étape décisive
dans la commercialisation de ce dernier. Le décret n° 2-14-481 (BO n°6388 du 20 Août
2015) définit les modalités de son octroi, de son transfert, de sa suspension et de son
retrait.

• Commercialisation et pharmacovigilance : ce sont les deux étapes finales de la genèse


du médicament. La mise en place de ces deux activités nécessite la présence de
compétences en matière de marketing, d’information sur le produit de la vente et de
l’export. Le visiteur médical s’adresse au corps médical et diffuse l’information médicale
aux médecins généralistes et spécialistes, considérés comme les seuls a prescripteur du
médicament aux patients. Ces derniers surveillent également, tout au long de la vie d’un
médicament, les effets secondaires déclarés par le corps médical.

III-3.2. Place du brevet dans le secteur pharmaceutique


Le brevet permet à l’entreprise de réaliser un retour sur investissement, de conserver son
avantage concurrentiel, et d’encourager la Recherche et Développement. Il présente une
protection à une compétence, une ressource à l’origine d’un avantage concurrentiel et un
levier de création de valeur pour l’entreprise.

Dans le secteur du médicament, le brevet acquiert une place primordiale. Selon la loi 17/97
(BO n°4778 du 16 Mars 2000) telle que modifiée et complétée par la loi 31-05 (BO n°5400
du 14 février 2006) qui régit la protection de la propriété industrielle au Maroc, le brevet
confère à une nouvelle molécule une période d’exclusivité d’environ 20 ans à partir de la date
de dépôt de dossier de brevet. Cette période peut être prolongée de 5 années si l’entreprise
concernée présente un certificat complémentaire de prolongement (Cenci, 2008). Une fois le
brevet protégeant cette nouvelle molécule tombe dans le domaine public, la fabrication et la
commercialisation du médicament générique est permise.

Toutefois, la durée effective de commercialisation du médicament varie entre 12 et 15 années


du fait des délais de l’octroi de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) et de fixation du
prix par l’administration de tutelle (Berndt, 2002).

Le système du brevet garantit aux firmes innovatrices une exclusivité, un retour sur
investissement et une rentabilité qui leur permet de s’engager à nouveau dans le processus de
R&D. Toutefois, cette protection et cette exclusivité est limitée dans le temps puisque une fois

50
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

le brevet tombe dans le domaine public, l’accès au marché du médicament générique sera
possible. Les « blockbusters »3, constituent une meilleure illustration de perte d’avantage
concurrentiel dès l’expiration de brevet (Yacoub et Laperche, 2010). Le graphique 1 est une
illustration de cette tendance.

Graphique 1 : Cas d’expiration de brevets de certains médicaments et perte en CA

Source : Statista 2014 (https://fr.statista.com/statistiques/577819/principales-expirations-


de-brevets-pharmaceutiques-aux-etats-unis-par-chiffre-d-affaires/)

En plus du cadre juridique que le brevet offre à son détenteur, la pertinence de ce dernier
réside dans les stratégies organisationnelles adoptées par les entreprises pour le valoriser et le
rendre plus rentable. Il s’agit à titre d’exemple de la fabrication des produits dérivés, de la
recherche des nouveaux segments du marché et de l’exploitation de nouveaux territoires
(Ayerbe et Mitkova, 2005). A cet effet, plusieurs laboratoires pharmaceutiques procèdent à
des extensions (Cenci, 2008). Il s’agit entre autres des :

3
Blockbusters: des médicaments à grand usage et qui rapportent beaucoup d’argent au laboratoire qui les
fabriquent.

51
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

- Extensions de gamme : « Les extensions de gammes d'un médicament sont des spécialités
contenant le même principe actif, mais dont le dosage et/ou la forme galénique sont
différents » ;
- Extensions d’indication: « Les extensions d'indications d'un médicament sont les
indications supplémentaires homologuées postérieurement à la première délivrance
d'AMM d'un principe actif » ;
- Ou des novelles associations pour maintenir une situation acquise : « Une association fixe
avec un deuxième principe actif, tombé ou non dans le domaine public constitue une
nouvelle spécialité à part entière».

Ces extensions permettent une amélioration de la molécule initiale mais ne génèrent pas une
innovation radicale en sens du terme.

Il est vrai que le brevet est un instrument utilisé par les pouvoirs publics pour accorder à une
molécule révolutionnaire un droit d’exclusivité pour une durée limitée, mais cette exclusivité
n’est pas automatique puisqu’il existe d’autres facteurs liés aux prix et à la concurrence qui
peuvent contraindre la firme innovatrice à s’attribuer une partie de la valeur crée par son
innovation. En effet, les firmes concurrentes peuvent mener des recherches similaires pour
trouver non pas une nouvelle innovation mais des améliorations aux molécules existantes sur
le marché ou d’autres techniques pour traiter la même maladie (Biggar, D. R., 2001).

III-3.3. Médicament innovant


Dans l’industrie pharmaceutique, il existe une distinction majeure entre le secteur des
médicaments « princeps » ou « innovant » ou « de référence » (FDA, 2019) et le secteur des
médicaments génériques.

Le secteur du médicament princeps fonctionne avec un risque d'échec élevé et nécessite des
investissements importants en R&D avant de trouver la molécule cible (DiMasi et al. 2003 ;
Dimasi et al 2016; Adams & Brantner 2006). En outre, la durée de son cycle de
développement est longue. Elle prend plus d’une dizaine d’années et rend le coût de
développement d'un médicament plus élevé (DiMasi, 2016 ; Grabowski, 2007). A partir de 10
000 molécules criblées, seulement une molécule pourrait être commercialisée (Poh-LIN et
Kndall Roth, 1999).

Le secteur des médicaments génériques produit des médicaments une fois leurs brevets sont
tombés dans le domaine public. Il ne nécessite pas de ressources pour la R&D et le risque

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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

d'échec d'un nouveau produit est très faible. Selon Dubey et Dubey (2009), le secteur des
génériques se concentre sur « le re-engineering des produits pharmaceutiques princeps ».

L’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux.


« Food and Drug Administration (FDA, 2019) » fait la distinction entre « New Molecule
Entity (NME) » (nouvelle entrée de molécule) et un « Update » (une extension). Un principe
actif commercialisé pour la première fois est considéré comme une NME. En revanche, un
médicament présentant une nouvelle formulation, un nouveau dosage de composants existants
ou un médicament commercialisé ayant un nouvel usage où indication est considéré comme
un « Update ».

Dans le même ordre d'idées et en appliquant au secteur pharmaceutique les mêmes définitions
développées auparavant, une « NME » et un « Update » sont considérés comme des
innovations de produit puisqu’elles répondent à un besoin donné mieux qu'auparavant. En se
référant aux travaux de recherche de Mary E. Schramm (2011, page 6), le « NME » est
généralement considéré comme le produit le plus innovant, tandis que le « Update » est
considéré comme un produit moins innovant ou une innovation incrémentale.

Par ailleurs, il est clair que le médicament générique, vu ses caractéristiques, ne comporte
aucune nouveauté par rapport aux anciennes molécules et il est bien loin d’être considéré
comme une innovation. Toutefois, il existe des médicaments pour lesquels on trouve des
médicaments génériques sous des formes ou indications nouvelles, qui n’existaient pas
auparavant dans le médicament princeps. Dans ce cas, ils sont considérés comme des
innovations car ils répondent à un nouveau besoin thérapeutique ou ils améliorent le mode
d’administration pour un médicament déjà existant.

Poh-LIN et Kndall Roth, 1999 ont pris « une nouvelle entité chimique » comme une variable
proxy de l’innovation radicale. Sorescu et all. (2003) sont parvenus à une opérationnalisation
importante de l'innovation dans le secteur pharmaceutique. Selon ces auteurs, NME et Update
répondent mieux qu'avant à un besoin thérapeutique. Cependant, le premier est considéré
comme une rupture et le second comme une innovation incrémentale.

Mary E. Schramm, (2011) confirme ce propos et utilise le « NME » et les « Update» comme
des substituts pour une innovation radicale et une innovation progressive.

53
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Plus récemment, Bravetti, P. (2013) souligne qu’il est considéré comme une innovation un
médicament qui apporte une amélioration dans la prise en charge d'une pathologie par rapport
aux traitements existants. Ceci peut être réalisé grâce au développement d'une nouvelle
molécule, forme, dosage ou indication.

Nous concluons que le spectre de l'innovation pharmaceutique comprend des molécules


disruptives ainsi que des améliorations des molécules existantes qui peuvent offrir au patient
un meilleur traitement que les molécules déjà existantes. Ces dernières prennent trois formes :
nouveau dosage, nouvelle forme ou nouvelle indication.

III-4. Changement du paradigme technologique : de la chimie à la biotechnologie


Face aux changements que connait l’environnement dans lequel les laboratoires
pharmaceutiques opèrent, les leaders du marché mondial, ont œuvré avec intensité pour
améliorer leur potentiel d’innovation. Ils ont conçu des molécules révolutionnaires,
difficilement imitables pour rehausser la barrière d’accès au marché pour d’autres molécules.
Cette pratique leur permet de préserver leurs positions dominantes (Maupertuis, 1999 ;
Abecassis et Coutinet, 2006). Le schéma 18 ci-après présente la trajectoire de l’innovation
pharmaceutique, partant de la chimie d’extraction jusqu’à la thérapie génétique.

Schéma 18 : Trajectoire de l’innovation pharmaceutique

Source : Conception personnelle

54
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

La trajectoire de l’innovation s’est transformée et la révolution technologique ne s’est pas


limitée aux médicaments chimiques dont la fabrication est basée sur les techniques de
« tâtonnement ». Bien plus, elle est passée à des traitements personnalisés et « sur mesure »,
issus de la biotechnologie (Orsenigo, et al., 2001). Ces derniers sont definis par L’OCDE
comme etant « l’application de la science et de la technologie à des organismes vivants, de
même qu’à ses composantes, produits et modélisations, pour modifier des matériaux vivants
ou non vivants aux fins de la production de connaissances, de biens et de services »(OCDE,
2005).

D’autres auteurs stipulent que « Les biotechnologies appliquées au secteur pharmaceutique


recouvrent l’ensemble des techniques utilisant les ressources du vivant pour concevoir et
produire des substances actives. » (Tisserand-Bedri et al., 2006, page 6).

Généralement, les médicaments issus de la biotechnologie sont destinés à traiter des maladies
rares ou des maladies dont la recherche n’a pas encore trouvé une solution. Selon Tisserand-
Bedri et al. (2006) : « La majorité des recherches menées dans le secteur des biotechnologies
concerne le développement de médicaments pour des maladies jusqu’ici incurables ou mal
traitées. Ces développements constituent une source d’innovation majeure pour l’industrie
pharmaceutique à la recherche d’un second souffle » (Tisserand-Bedri et al., 2006).

Le paradigme biotechnologique ou bio médicament a eu lieu au début des années soixante.


Les pays ou la législation s’est adaptée à ce nouveau paradigme sont les pays qui ont
développé le plus de molécules de ce genre. C’est le cas des Etats unis en 1960, du Royaume
unis en 1990 et de la France en 2005.

Ce type de médicament commence à prendre de plus en plus de l’importance puisqu’il est


souvent fabriqué pour répondre à des maladies toujours non traitées. Ghabowski et Vernon
(1994) ont montré que la part de la biotechnologie continue d’augmenter et que sa mise en
œuvre influence non seulement le paradigme technologique, mais également l’organisation du
secteur lui-même. En effet, les biotechnologies sont des produits multidisciplinaires et leur
développement nécessite des synergies entre plusieurs compétences.

De ce fait, la part de marché des médicaments issus de la biotechnologie commence à croitre.


Le graphique ci-après montre l’évolution du nombre des nouvelles molécules approuvées aux
Etats-Unis tout en distinguant entre médicaments chimiques et bio-médicaments :

55
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Graphique 2 : Médicaments issus de la biotechnologie par rapport à l’ensemble des


médicaments disponibles sur le marché américain

Source: IFPMA, facts and figures 2017

Dans la partie introductive de ce travail de recherche, il a été souligné que plusieurs


changements caractérisent le contexte des laboratoires pharmaceutiques. Il s’agit entre autres
de la concurrence, l’essor des médicaments génériques et de l’extinction du brevet. Ces
changements ont poussé les laboratoires pharmaceutiques à franchir des nouvelles frontières
et à investir dans des nouveaux domaines pour ramener des solutions révolutionnaires à des
pathologies non traitées.

Malebra (2004) souligne que la demande est également un élément clé du changement et de
l'évolution du secteur. Dans le même sens Philippe Abecassis et Nathalie Coutinet, (2006)
précisent que « La demande par l’intermédiaire des associations a, par ailleurs, un impact
sur les choix de classes thérapeutiques sur lesquelles portent les recherches des firmes. Elles
ont ainsi orienté les firmes vers des pathologies telles que le sida ou certaines maladies
orphelines en multipliant les relations avec les laboratoires pharmaceutiques et,
parallèlement, en finançant de plus en plus de programmes de recherche » (Abecassis et
Coutinet, 2006)

D’autres auteurs expliquent ce changement de paradigme par le fait que la majorité des
innovations couvraient la plupart des besoins thérapeutiques et que la recherche de nouvelles
molécules dans les domaines de recherche déjà explorés est devenue plus complexe et plus

56
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

difficile (Henderson et Cockburn, 1996 ; Scherer, 2000). Les laboratoires pharmaceutiques


doivent explorer de nouveaux domaines afin de rester compétitives et de poursuivre la
tendance croissante en matière d’innovation dans ce secteur. Des auteurs soulignent que les
principaux laboratoires du secteur pharmaceutique se tournent vers le « biopharmaceutique »,
car «investir dans la R & D en biotechnologie a généré de meilleurs rendements que
l'industrie pharmaceutique» (Otto et al., 2014).

Par ailleurs, la migration vers la fabrication des médicaments biotechnologiques exige


d’autres méthodes de R&D et d’autres normes pour la conclusion des tests précliniques et
pour l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché. Les méthodes de management ainsi
que la gestion de l’information dégagées dans chaque phase du cycle de vie du médicament
n’ont pas cessé d’évoluer et de changer (Henry Grabowski, 2011).

Le génie génétique a changé les méthodes de recherche et de production des substances


médicamenteuses et l’adoption de ce nouveau « paradigme technologie » fait que le coût de la
R&D ne cesse d’augmenter. Il variait entre 500 et 800 millions d’euros en 2004 et il a atteint
les 1,3 milliards d’euros en 2010 (Dimasi et al., 2016).

Sous un autre angle, certains auteurs ont constaté l’influence de la biotechnologie sur
l’organisation du secteur lui-même puisque les biotechnologies sont des produits
multidisciplinaires et leur développement nécessite des synergies entre plusieurs compétences
(Ghabowski et Vernon, 1994).

Hamdouch et Dominique (2000) expliquent, également que les nouvelles méthodes


biotechlogiques telles que la « modélisation moléculaire » et le « criblage rationnel »
nécessitent la maîtrise des connaissances et des matériaux informatiques. C’est ce qui a
conduit au développement de nouveaux fournisseurs de services informatiques. Cette
collaboration entre la biologie « bio » et l'informatique « info » affecte l'organisation du
secteur et crée de nouvelles formes d'organisation appelées « entreprises en réseau ».

L’appel à l’informatique lors de la fabrication du médicament biologique est très courant. Il a


permis l’accès à l’information renfermée dans les cellules et les protéines de l’organisme
vivant. C’est ce qui explique le rapprochement, qui a vu le jour ces dernières années, entre les
laboratoires pharmaceutiques « big pharma » et les entreprises technologiques « big tech ».

57
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

À titre d’illustration, nous pouvons citer le partenariat conclu entre la Verily, une
organisation appartenant à Alphabet (GOOGLE) et GlaxoSmithKline, Sanofi, Novartis et
Johnson & Johnson afin de « mettre en place de nouvelles technologies dans des domaines
allant de la gestion du diabète à la chirurgie robotique » (ZDNet, 2017).

Un autre exemple des rapprochements entre « bio » et « info » est l’annonce en juin 2017, de
l’engagement de Google avec la société suisse Novartis pour investir dans un fonds de 300
millions de dollars, consacré à la fabrication de nouveaux médicaments (ZDNet, 2017).

« Le nouveau fonds appuiera les entreprises privées et publiques dont les produits qui ont
déjà atteint le développement clinique de phase II, leur fournissant une nouvelle source de
capital pour croître. Ce mouvement reflète également la refonte des frontières de l'industrie
traditionnelle : les entreprises technologiques jouent désormais un rôle pratique dans
l'innovation en matière de santé. » (ZDNet, 2017)

Ce changement du paradigme technologique vécu par les laboratoires pharmaceutiques


conduit ces derniers à changer de modèle économique et à rechercher un réseau plus
collaboratif. Ils passent de la grande entreprise intégrée à l'entreprise avec de nombreuses
relations interentreprises. Les activités de R&D se sont déployées dans un large éventail
d'acteurs. Ces activités sont passées de la R&D interne à la recherche de partenaires externes,
spécialisés, entre autres, dans le traitement des données des patients. Ceci pour apporter des
médicaments qui répondent mieux aux besoins des patients.

58
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE

Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons présenté les différentes théories de l’innovation ainsi que les
différentes classifications de l’innovation. Nous avons adopté la définition de l’innovation
fournie dans le manuel d’Oslo, qui souscrit l’innovation dans une perception
multidimensionnelle et permet également de distinguer entre l’innovation technologique et
l’innovation non technologique.

Nous avons aussi considéré que le fait d’isoler l’innovation technologique dans le cadre du
présent travail ne permet pas d’avoir un travail exhaustif sur ce phénomène. L'analyse de ce
phénomène ne devrait pas se limiter à la nouveauté du produit ou du procédé mais englober
également d’autres aspects tels que les pratiques organisationnelles et de marketing.

Au cours de ce chapitre, nous avons également présenté le processus de R&D dans le secteur
pharmaceutique ainsi que le cycle de vie du médicament. Ensuite et en se basant sur la
littérature consacrée au secteur pharmaceutique nous avons tenté de fournir une définition de
l’innovation pharmaceutique.

A la fin, nous avons montré comment le secteur pharmaceutique a vécu un changement du


paradigme technologique, chose qui a conduit les laboratoires à changer leur modèle
économique et à chercher des réseaux collaboratifs pour relancer leurs activités de R&D. Ces
dernières sont passées de la R&D interne à la recherche de partenaires externes.

Après avoir présenté les différentes théories de l’innovation ainsi que sa perception dans le
domaine pharmaceutique et aussi avoir relaté les différents changements qu’envisage ce
secteur, nous allons dans le chapitre suivant examiner les différents facteurs encourageant
l’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques.

59
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

60
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Introduction
L’objet de ce chapitre est de déterminer les principaux facteurs qui favorisent l’innovation.
Nous avons choisi comme secteur d’étude, le secteur pharmaceutique puisqu’il présente un
secteur à forte intensité technologique et à forte valeur ajoutée dans le contexte marocain.

Ce travail de recherche présente un prolongement du modèle de Crépon, Duget et Mairesse


(2000). En effet, comme développé dans le chapitre I, section 2, le modèle CDM se limite à
trois principaux inputs à savoir la R&D interne, l’impulsion par la demande et de la poussée
technologique. En s’inspirant des enquêtes communautaires sur l’innovation nous allons
introduire d’autres imputs tels que l’organisation structurelle, l’usage des TIC et la
coopération externe ainsi que d’autres outputs de l’innovation à savoir l’innovation
organisationnelle et l’innovation commerciale.

En effet, nous prenons le phénomène de l’innovation dans ses différentes formes et nous
cherchons les facteurs les plus significatifs qui l’influencent. Il s’agit entre autres des facteurs
qui sont dits « traditionnels » tels que la taille et l’âge de l’entreprise, les activités de R&D, la
structure organisationnelle, la qualification de la main d’œuvre et les accords de partenariat
avec les entreprises étrangères. Toutefois, ces mêmes facteurs dits « traditionnels » ont une
perception différente dans le contexte des économies à revenu intermédiaire. Les entreprises
présentes dans ces économies manquent, entre autres, d’assises financières qui leur permettent
de s’aventurer dans des projets risqués et de longues durées de R&D. Généralement, elles sont
limitées dans tout ce qui est « Développement » et appropriation des nouvelles technologies.
Il leur manque également la présence d’un système national d’innovation performant et riche
comparé à ceux qui existent dans les pays industrialisés. Les infrastructures de l’économie de
connaissance et les ressources technologiques sont également manquantes. Choses qui
empêchent l’absorption et l’exploitation de technologies extérieures.

De même, les accords de partenariat avec les entreprises étrangères sont loin de concerner les
activités de R&D. La nature de ces partenariats et sur quoi elles se focalisent le plus sera
détaillé dans les parties qui suivent.

La taille et l’âge de l’entreprise sont également cités comme déterminants de l’innovation sauf
qu’il n’existe pas dans la littérature consultée un consensus sur la nature de l’impact de ces
deux facteurs sur l’innovation. De nombreux auteurs soulignent que les grandes entreprises
sont généralement caractérisées par une bureaucratie et ont des structures centralisées qui ne

61
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

facilitent pas l'innovation. D’autres auteurs soutiennent l’idée de son effet positif et
expliquent que les grandes entreprises ont une grande capacité d'autofinancement des activités
de R&D ainsi que la possibilité d'accéder aux marchés de capitaux et aussi la possibilité
d'offrir des salaires attractifs à des ressources humaines qualifiés.

Le présent chapitre présente les principaux déterminants de l’innovation et se focalise


spécifiquement sur les contextes similaires à celui de la présente étude. Nous allons
également, au cours de chapitre, essayer d’élaborer les principales hypothèses qui seront
testées au cours des chapitres suivants.

62
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Section I : Taille et âge de l’entreprise, activités de R&D et innovation


Il existe plusieurs facteurs internes qui favorisent l’innovation au sein des entreprises
notamment la taille et l’âge de l’entreprise et les activités de R&D. L’objectif de cette section
est d’examiner l’impact des facteurs cités sur le développement des innovations au sein des
laboratoires pharmaceutiques au Maroc.

I-1. Effet de la taille de l’entreprise sur l’innovation


La théorie schumpetérienne (Schumpeter J.A, 1942) atteste l’existence d’un effet positif de la
taille de l’entreprise sur l’innovation. Ce dernier est expliqué, entre autres, par le fait que les
activités de la R&D nécessitent des investissements lourds, des coûts fixes importants et
connaissent des risques d’échecs élevés. Les coûts de ces échecs pourraient être absorbés par
les grandes entreprises plus que les petites et moyennes entreprises. En outre, la capacité
d’autofinancement des activités de R&D que détiennent les grandes entreprises ainsi que la
possibilité dont disposent ces dernières d’accéder aux marchés de capitaux, sont d’autres
éléments qui expliquent cette relation positive entre la taille de l’entreprise et l’innovation
(Symeonides, 1996 ; Pamukçu et Cincera, 2001 ; Kremp et Tessier, 2006 ; Jegede et al.,
2016).

En outre, les entreprises de grandes tailles bénéficient d’une présence géographique étendue,
d’un large réseau de distribution et d’un large nombre de produits sur le marché, choses qui
leur permettent d’exploiter largement les résultats de leurs activités de R&D et de rentabiliser
les investissements alloués à ces activités. Les grandes entreprises ont également la possibilité
d’offrir des salaires attrayants pour attirer la main d’œuvre qualifiée. Chose qui n’est pas
toujours possible pour les petites et moyennes entreprises (Pamukçu, T. et Cincera, M., 2001 ;
Kremp et Tessier, 2006, Jegede and al., 2016).

D’autres auteurs ont montré que l’effet des variables structurelles sur l’innovation dépend de
la taille de l’entreprise. Ils soulignent que dans le modèle américain, l’innovation se
développe plus dans des petites structures, peu formalisées. Par contre dans le modèle
japonais, le degré d’innovation est élevé dans les grandes entreprises qui sont plus formalisées
(Hoyt, J., Liles, D., et Rogers, K. J., 1997).

Toutefois, cette relation positive entre la taille de l’entreprise et l’innovation n’est pas
systématique puisque les grandes entreprises ont généralement des structures
organisationnelles centralisées et une bureaucratie qui ne favorise pas la circulation de

63
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

l’information et la proposition des nouvelles idées, considérées comme source de l’innovation


(Pamukçu et Cincera, 2001). Cette relation est également influencée par le contexte et le
secteur où opèrent ces entreprises. Elle est positive dans le cas des pays industrialisés mais
elle est de la forme « U inversée » pour les nouveaux pays industrialisés tels que la Turquie
(Evangelista et al., 1998 ; Pamukçu et Cincera, 2001 ; Rahmouni et Yildizoglu, 2011).

Dans le même sens, d’autres auteurs indiquent que la distribution de la taille des entreprises
innovantes connait une dispersion intersectorielle très forte (Pavitt, 1987 ; Rahmouni et
Yildizoglu, 2011).

Adeyeye et al. (2016) ont montré que la taille de l'entreprise n'a pas d'impact significatif sur
l'innovation avec toutes ses formes au sein des entreprises nigérianes. Gabsi et al. (2008)
expliquent que les grandes entreprises dans les pays à revenu intermédiaire et moyen préfèrent
rester dans leurs modèles classiques de production et d’accroître leurs bénéfices au lieu
d'investir d’énormes budgets pour financer l'innovation.

De ce fait, il est à constater que les effets de la taille sur l’innovation vont dans des directions
opposées « Il n’existe pas vraiment de consensus sur la nature de la relation générale qui
existe entre la taille de l’entreprise et de son activité d’innovation » (Rahmouni et Yildizoglu,
2011).
I-2. Effet de l’âge de l’entreprise sur l’innovation
Ils sont nombreux les auteurs qui supportent l’hypothèse qui soutient l’effet négatif de l’âge
de l’entreprise sur l’innovation. Ils considèrent que plus l’organisation est ancienne, plus le
système bureaucratique est ancré en elle et moins elle est sensible à l’innovation : « age is
seen as inhibitive of innovation behavior » (Pierce et Delbecq, 1976 ; Balasubramanian et
Lee, 2008).

Freel (2003) a démontré que plus l’entreprise est ancienne, plus elle établit des procédures et
des routines qui à leur tour forment une certaine résistance et une barrière à l’innovation
(Becheikh et al. , 2005). Plus récemment et dans le contexte des pays à revenu intermédiaire
ou faible, Abdu et Jibir (2018) ont montré que l’âge de l’entreprise a un impact négatif sur
l’innovation au sein des entreprises nigériennes.

Par ailleurs, Sørensen et Stuart (2000) ont également montré à travers un travail empirique
mené sur deux secteurs industriels à savoir le secteur des semi-conducteurs et le secteur de la
biotechnologie que plus l’entreprise est ancienne, plus elle a une forte habilité à innover et son

64
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

degré d’innovation est plus élevé. De même, d’autres auteurs ont souligné que l’innovation au
sein de l’entreprise est liée à « son apprentissage passé » et que plus l’entreprise avance dans
l’âge, plus son stock de connaissance croit, et ce grâce au cumul des expériences passées
(Rahmouni et Yildizoglu, 2011).

Selon Mintzberg (2010), plus une organisation est grande, plus son comportement est
formalisé, sa structure est élaborée, ses taches sont spécialisées, ses unités sont différenciées
et sa composante administrative est mieux élaborée. En outre, selon le même auteur, plus une
organisation est ancienne, plus son comportement est formalisé. La taille et l’âge à leur tour
ont un rapport positif avec l’innovation.

D’autres auteurs étudient l’âge et son impact sur le réseautage que détient l’entreprise et
soulignent que l’âge de l’organisation est lié à son réseau préétabli et aux relations de
partenariat qui à leur tour influencent le processus de l’innovation au sein de cette dernière
(Fonrouge, 2007). Plus une entreprise avance dans l’âge, plus son réseau externe devient
mature et ses relations avec ses fournisseurs et ses clients connaissent un rapprochement
cognitif qui lui permet de déceler les nouveaux besoins de ces derniers et d’investir dedans.

La revue de littérature ne permet pas d’élaborer des hypothèses sur l’impact des variables
« taille » et « âge » sur le développement des innovations dans le secteur pharmaceutique. En
effet, elle révèle que les effets de ces deux variables sur l’innovation vont dans des directions
opposées et que les résultats des travaux empiriques sur l’impact de ces deux variables sur
l’innovation restent ambigus.

Dans le même sens, cette littérature montre que la relation entre la taille et l’âge et
l’innovation change selon le secteur et que l’impact de la taille sur l’innovation diffère d’un
type d’innovation à un autre.

Concernant l’innovation non technologique, l’impact des variables taille et âge est rarement
abordé et testé dans la revue de littérature. En outre, le secteur pharmaceutique et le contexte
marocain sont spécifiques. Le premier est caractérisé par la présence des innovations
technologiques développées par des startups et le deuxième est connu par la présence de plus
de 70 % des petites et moyennes entreprises.

Toutefois même s’il n’est pas possible d’élaborer des hypothèses qui permettent de tester
l’impact des deux variables âge et taille sur l’innovation dans le secteur pharmaceutiques au

65
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Maroc, il serait intéressant de les inclure dans notre modèle et d’étudier leur impact à côtés
d’autres variables significatives ayant une influence sur l’innovation.

I-3. Effet des activités de R&D sur l’innovation


Avant d’examiner l’impact des activités de R&D sur l’innovation, nous allons présenter tout
d’abord les dimensions de R&D ainsi que la place qu’il acquiert dans le secteur
pharmaceutique.

I-3.1. Dimensions de R&D


La définition de la R&D utilisée officiellement par les gouvernements et les organisations
officielles change constamment. Ceci est dû au fait que l’activité de R&D évolue dans le
temps et subit de nouvelles exigences.

La définition qui est largement adoptée est celle inscrite dans le manuel de Frascati, rapport
de l’OCDE de 2002 : « La recherche et le développement expérimental (R-D) englobent les
travaux de création entrepris de façon systématique en vue d’accroître la somme des
connaissances, y compris la connaissance de l’homme, de la culture et de la société, ainsi que
l’utilisation de cette somme de connaissances pour de nouvelles applications. » (OCDE,
Manuel de Frascati, 2002, Alinéa 63, page 34).

Cette définition met en exergue trois éléments fondamentaux dans la définition de la R&D, à
savoir la production de connaissances, le caractère systématique faisant de l’activité de R&D
« une activité intentionnelle et organisée » et finalement le critère de la nouveauté permettant
de démarquer les activités de R&D des autres activités connexes (Djellal et al. , 2001).
Dans l’alinéa 64 du manuel de Frascati (OCDE, 2002), il est précisé que l’activité de la R&D
incorpore trois composantes à savoir :
- La recherche fondamentale : « consiste en des travaux expérimentaux ou théoriques
entrepris principalement en vue d’acquérir de nouvelles connaissances sur les
fondements des phénomènes et des faits observables, sans envisager une application
ou une utilisation particulière »,
- La recherche appliquée : « consiste également en des travaux originaux entrepris en
vue d’acquérir des connaissances nouvelles. Cependant, elle est surtout dirigée vers
un but ou un objectif pratique déterminé. »,
- Le développement expérimental : « consiste en des travaux systématiques fondés sur
des connaissances existantes obtenues par la recherche et/ou l’expérience pratique,

66
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

en vue de lancer la fabrication de nouveaux matériaux, produits ou dispositifs,


d’établir de nouveaux procédés, systèmes et services ou d’améliorer considérablement
ceux qui existent déjà. ».

I-3.2. R&D dans le secteur pharmaceutique


Le secteur pharmaceutique est un secteur basé sur la R&D et sur l’innovation. La phase de la
recherche exploratoire et la phase des tests cliniques sont les plus onéreuses dans le cycle de
vie du médicament. Le coût de la R&D nécessaire pour le développement d’une molécule est
passé de 888 millions à environ 1, 3 milliards de dollars en 2013 (DiMasi, J. et al, 2016). Le
graphique ci-après illustre l’évolution des dépenses consacrées à la R&D dans le secteur
pharmaceutique pour la période 2005-2015 :

Graphique 3 : Evolution des dépenses de R&D dans l’industrie pharmaceutique

Source: IFPMA facts and figures 2017

Il est également à noter que l’industrie pharmaceutique est parmi les industries qui
investissent le plus dans la R&D. Le graphique 4 ci-après présente une comparaison des
investissements en R&D par secteur pour les pays développés.

67
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Graphique 4 : Comparaison par secteur des investissements en R&D

Source: IFPMA facts and figures 2017

Pour le développement du médicament, les laboratoires pharmaceutiques suivent un processus


en cinq étapes dictées par la Food and Drug Administration (FDA). Ces étapes ont été déjà
présentées dans le premier chapitre, section 3, paragraphe III-2.3.

À ce titre, il est à noter que l’évolution vers une nouvelle génération de médicaments
biotechnologiques telle que développée dans le premier chapitre, est organisée. En effet :
« Avec l’avènement des patients virtuels, il sera possible d’analyser les candidats
médicaments dans une représentation digitale du corps humain, qui pourra être ajustée afin
de refléter les variations génétiques et les caractéristiques de la maladie les plus courantes,
telles qu’un système cardiovasculaire affaibli » (Pharma 2020, 2007).

Le cycle de la R&D à son tour a tendance à être réduit. Les laboratoires privilégient de suivre
des séquences en parallèle au lieu d’une séquence linéaire :

68
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Schéma 19 : Phases de R&D

Source : D. Vasmant, Université de Corte 2005

Par ailleurs, avec la montée de médicaments biotechnologiques, des nouvelles tendances de la


R&D commencent à émerger telles que les accords de partenariat en R&D qui deviennent de
plus en plus répandus ainsi que la délocalisation des unités de la R&D (Howells, J. 2008).

I-3.3. Activités de R&D et innovation


Les investissements dans les activités de R&D augmentent la capacité d’une organisation à
acquérir de nouvelles connaissances et compétences ainsi que la probabilité d’innover. C’est
une variable « traditionnelle », considérée comme un déterminant de l’innovation au sein des
entreprises. En effet, plusieurs auteurs confirment une corrélation positive entre les activités
de la R&D et l’innovation (Klomp et Van leeuwen, 2001 ; Mairesse et Mohnen, 2005 ;
Griffith et al, 2006 ; Baumann et al., 2016 ; Audretsch et Belitski, 2020).

Cohen et Levinthal (1989) ont démontré que l’investissement en R&D joue un double rôle.
D’une part, il permet le développement des produits et des processus innovants et d’autres
part, il participe à développer les capacités d’assimilation et d’exploitation des connaissances
et des résultats réalisés par d’autres organisations.

Freel (2002) a démontré à travers une modélisation de l’innovation, que parmi les facteurs qui
influencent le développement d’un produit ou d’un processus innovant, il y a les dépenses en
R&D, exprimées en pourcentage par rapport aux chiffres d’affaire, ainsi que la présence
d’employés caractérisés par une compétence technique. Ces deux variables sont positivement

69
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

liées à l’introduction d’un produit ou d’un processus innovant (Freel, 2002). Ce même auteur
souligne que l’innovation provient des interactions entre collaborateurs et départements au
sein d’une même organisation, comme elle peut provenir et occasionnellement des
coopérations externes avec d’autres organisations et institutions.

Love et Mansury (2007) ont montré que la R&D interne est un facteur déterminant de la
probabilité d’innovation des entreprises et qu’elle est positivement associée à l’intensité
d’innovation des entreprises.

D’autres auteurs ont également montré que l’engagement dans des activités de la R&D
permet d’accroitre les capacités absorptives de l’entreprise et pourraient influencer d’autres
pratiques de gestion au niveau de l’entreprise (Chen et al., 2014 ; Zahra et Hayton, 2008).

Dans la revue de littérature développée par Benchikh (2005) et ses collaborateurs, consacrée à
l’étude de l’innovation dans le secteur manufacturier, ces auteurs confirment que, plus que la
moitié des études menées sur l’innovation introduisent la R&D comme une variable
explicative de ce phénomène et qu’environ 80% de ses études ont démontré le lien positif
entre cette dernière et l’innovation. Mieux encore, ces auteurs confirment, à l’instar des
auteurs cités dans le paragraphe précèdent, la multitude des effets que la « in house » R&D
exerce sur d’autres volets qui concernent l’entreprise. Elle permet de créer, d’exploiter et de
transformer les nouvelles connaissances, d’absorber les nouvelles technologies apparaissant
sur le marché et d’attirer des partenaires extérieurs. Toujours en se référant à ce même travail,
les auteurs soulignent que c’est le lien qualifié de positif entre la R&D et l’innovation qui est
à la base du développement de l’approche « Technology puch innovation ».

Plus récemment, Baumann et al. (2016) soutiennent que les activités de R&D favorisent
l'innovation et la productivité au sein des petites et des grandes entreprises. Audretsch et
Belitski (2020) montrent également, à travers une étude empirique, que la R&D est fortement
associée à l'innovation. Ils soulignent que les investissements en R&D augmentent la
probabilité de faire de l'innovation plutôt que de copier la nouveauté des concurrents.

Pour le cas des pays à économie intermédiaire, certains auteurs ont démontré que la
composante R&D est l’une des variables qui affecte le plus l’innovation en Tunisie (Gabsi,
2008 et al ; Sedkaoui, 2016). Pour ces auteurs, l’innovation technologique est directement liée
aux activités de R&D.

70
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Khiyari et Ben Rejeb (2015) ont également souligné l’importance de la composante R&D
pour l’innovation technologique en Tunisie. Selon ces deux auteurs, les entreprises qui
réussissent sont celles qui investissent plus en R&D : « Successful companies are those that
spend more in R&D ». Adeyeye et al. (2016) démontrent que l'investissement dans la R&D
interne est le moteur le plus important de l'innovation de produits et de procédés au sein des
entreprises nigérianes.

Partant du constat qu’il existe un consensus sur l’influence positive des activités de la R&D
sur l’innovation technologique, nous pouvons élaborer les premières hypothèses suivantes :

H1 : les activités de R&D ont une influence positive et significative sur l’innovation
technologique au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc

H1.1 : les activités de R&D ont une influence positive et significative sur l’innovation de
produit au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.

H1.2 : les activités de R&D ont une influence positive et significative sur l’innovation de
procédé au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.

Il est à noter que les activités de la R&D peuvent se dérouler en interne via la mise en place
d’une unité de R&D ainsi que des équipes dédiées à la R&D comme elles peuvent se dérouler
en externe via la conclusion des accords de partenariats où carrément la délocalisation de cette
fonction de l’entreprise. Dans le présent travail de recherche, la variable R&D concerne
uniquement le volet « in house ». Par contre, les activités de la R&D qui résultent des accords
de partenariat en R&D avec des organismes externes est prise en considération en
l’introduisant dans la variable « partenariat » qui est également considérée dans notre modèle.
Cette dernière englobe, les partenariats en R&D mais aussi d’autres partenariats à savoir les
contrats de licence pour la fabrication des médicaments, les partenariats en force de vente, en
formation, …etc.

L’opérationnalisation de la variable activités de R&D sera présentée en détail dans le


quatrième chapitre consacré à la collecte de donnée. Elle englobe la présence ou non d’une
unité de R&D au sein de l’entreprise, le budget alloué à la R&D ainsi que le nombre de
personnel dédié à la R&D. Le schéma suivant présente l’hypothèse H1 dont l’objectif et
d’examiner la relation entre les activités de R&D et l’innovation technologique :

71
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Schéma 20 : Conception de l’hypothèse H1

Source : Conception personnelle


Toutefois, la nature de l’influence des activités de la R&D est moins importante quand il
s’agit des innovations organisationnelles et commerciales (Hecker, A et Grant, A, 2013 ;
Mongo, M., 2013). La majorité des études lient les activités de la R&D à l’innovation
technologique.

Hecke et Grant (2013) montrent que bien que les activités de R&D sont incontournables pour
stimuler l’innovation, elles sont moins importantes quand il s’agit des innovations non
technologiques. Les résultats de ces deux auteurs ont été confirmés par Michelle, M. dans une
étude publiée en 2013 sur les déterminants de l’innovation : « l’investissement dans des
activités de R&D influence particulièrement l’innovation technologique. D’autres variables
telles que la formation et la publicité influencent l’innovation non technologique » (Mongo,
2013).

Les recherches menées sur l’innovation en Tunisie que nous avons pu consulter ont examiné,
entre autres autres, l’impact des activités de R&D sur l’innovation technologique (Gabsi,
2008 ; Khiyari et Ben Rejeb, 2015)

Toutefois le modèle élaboré au cours de ce travail de recherche permettra par la suite de


déceler s’il y a lieu d’une éventuelle influence des activités de R&D sur d’autres types
d’innovation ainsi que sur les pratiques organisationnelles de l’entreprise.

Section II : Structure Organisationnelle, usage des TIC, qualification de la main


d’œuvre et innovation

72
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

La deuxième section du présent chapitre vise à examiner l’impact des caractéristiques


organisationnelles telles que la décentralisation des décisions et la formalisation sur
l’innovation. Elle étudie également l’impact de l’usage des TIC et la qualification de la main
d’ouvre sur le développement des innovations au sein des laboratoires pharmaceutiques au
Maroc.

II-1. Structure organisationnelle et innovation


La présente section se focalise sur l’analyse de la structure organisationnelle de l’entreprise et
ses caractéristiques internes comme déterminants de l’innovation. Cette structure permet,
entre autres, de définir les procédures internes du travail en formalisant les connaissances qui
circulent au sein de l’entreprise et de doter le personnel de l’organisation d’une certaine
autonomie qui encourage la créativité et l’innovation.

II-1.1. Définition de la Structure Organisationnelle (SO)


La forme que prend une structure est dictée par plusieurs facteurs. Il s’agit, entre autres, des
réorientations stratégiques des managers, de l’élargissement du marché ainsi que du
développement des technologies de l’information. La structure organisationnelle d’une
entreprise est parmi les éléments les plus étudiés dans la revue de littérature. Elle possède une
forte capacité explicative de l’innovation (Burns et Stalker ,1961; Kim, 1981 ; Damanpoor,
1991 ; Damanpour et Aravind, 2012) et influence le processus d’apprentissage, de gestion des
connaissances et de génération des nouvelles idées au sein d’une organisation : “Structure can
influence knowledge management processes through shaping patterns and frequencies of
communication among organizational members, stipulating locations of decision-making, and
affecting efficiency and effectiveness in implementing new ideas ». (Zheng et al, 2010).

Damanpour (1991) postule que la structure organisationnelle est la façon dont les gens sont
organisés, l'autorité et les responsabilités sont attribuées et les procédures de travail sont
accomplies.

Plus récemment, Tran et Tian (2013) soulignent que chaque organisation peut concevoir sa
propre structure en identifiant des activités, déléguant des pouvoirs et en fournissant des
règles et des procédures. Ces règles encouragent entre autres, le travail autonome et la
créativité et promeuvent les valeurs culturelles qui sont en accords avec son business
stratégique.

73
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

D’autres contributions récentes montrent que la structure organisationnelle permet de


formaliser les connaissances explicites, de redonner aux employés l’autonomie, de connecter
les individus et de tirer profit du flux de connaissances (Rechberg et Syed, 2014 ; Gonzalez et
Melo, 2017).

Parmi les caractéristiques structurelles dont les effets sur l’innovation ont été étudiées et
testées dans les recherches antérieures, il y a la décentralisation, la formalisation, la
spécialisation et la différenciation verticale et horizontale (Kim, 1981 ; Damanpoor, 1991;
Becheikh et al., 2005; Damanpou et Aravind, 2012; Dubouloz, 2013). Toutefois, les
paramètres les plus cités et analysés sont la décentralisation et la formalisation :
“Organizational structure indicates an enduring configuration of tasks and activities. A most
studied dimension is centralization” (Skivington et Daft, 1991 ; Rapert et Wren, 1998; Chen
et al., 2010; Liao et al., 2011; Dubouloz, 2013).

Ce sont ces deux paramètres qui sont retenus dans le cadre de la présente recherche pour
caractériser les effets de la structure interne sur l’innovation.

II-1.2. Décentralisation des décisions


La décentralisation peut être « physique » et signifie le déplacement d’une activité ou d’un
service à l’extérieur de l’organisation, comme elle peut être liée au pouvoir décisionnel et
signifie, dans ce cas, la répartition du pouvoir de décision. Ce travail de recherche se focalise
sur ce deuxième aspect de la décentralisation et examine l’impact de la décentralisation du
pouvoir décisionnel comme l’un des déterminants de l’innovation : “Centralization refers to
“the extent to which decision-making power is concentrated at the top levels of the
organization” (Zheng et al, 2010).

D’autres auteurs lient la centralisation à la centralisation du pouvoir et au niveau d'autonomie


(Lee et al., 2012 ; Pandey and Dutta, 2013).

Plusieurs facteurs sont derrières la centralisation ou la décentralisation des décisions. Il s’agit


entre autres, de la complexité de l’environnement, de la taille de l’entreprise, du coût de
l’erreur ainsi que de la culture véhiculée au sein de l’entreprise. Ils sont nombreux les auteurs
qui considèrent la décentralisation des décisions comme un élément qui encourage la
communication (Burns et Stalker, 1961), accroit la motivation des cadres (Dewar, R. et
Werbel, 1979), stimule la créativité et favorise l’innovation (Khandwalla, 1977).

74
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Damanour (1991) ainsi que d’autres auteurs ajoutent que la décentralisation facilite le succès
de la gestion des connaissances (Deal et Kennedy, 1982). Une centralisation élevée empêche
les interactions entre les membres de l'organisation (Gold et al. 2001), réduit les chances du
développement individuels et ne favorise pas des solutions imaginatives aux problèmes (Deal
et Kennedy, 1982 ; Kennedy, 1993).

À partir d'un échantillon d'entreprises situées au Vietnam, Tran, Q. et Tian, Y. (2013) mettent
en évidence le rôle majeur que joue la décentralisation dans la structure organisationnelle. Des
recherches supplémentaires montrent que la décentralisation et la formalisation influencent
positivement l'innovation technologique (Mazzanti et al, 2006 ; Bocquet et al., 2013).

Dans la même lignée, Cosh et al. (2012) confirment que « les entreprises qui ont choisi une
structure décentralisée, mais formelle, ont une tendance nettement plus grande que n'importe
quelle autre forme à avoir introduit une innovation ces dernières années ». Plus récemment,
Saddique et al (2013) affirment à travers une étude empirique menée au Pakistan que la
formalisation et la décentralisation sont positivement liées à l'innovation produit.

II-1.3. Formalisation
La formalisation, à son tour, est définie par Kim Linsu comme suit : “The formalization of an
organization refers to (1) the degree of codification specifying who is to do what, where, and
when, and (2) the degree of diligence exerted in enforcing these rules” (Kim, L., 1980).
Subramanian et Nilakanta, (1996) restent en harmonie avec la définition précédente et
stipulent que: “Formalization refers to the existence of formal job descriptions, policies and
procedures for an organization's personnel”. Pour opérationnaliser la variable
“formalisation”, ces deux auteurs ont utilisé deux items à savoir l’utilisation des fiches de
poste pour toutes les catégories d'employés et l'utilisation des procédures écrites et ce à
travers un questionnaire adressé aux cadres du secteur bancaire.
Pour le cas des petites et moyennes entreprises, Becheikh et al. (2005) présentent à travers
une revue de littérature systémique le rôle que joue la formalisation en permettant de
promouvoir l’efficience et d’accroitre l’innovation au niveau des PME par une clarification
des rôles et une réduction des confusions.
La question qui se pose est de savoir si la décentralisation et la formalisation exercent le
même effet sur l’innovation non technologique à savoir les innovations organisationnelle et
commerciale.

75
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Parmi les premiers auteurs, Kim (1981) propose d’étudier l’impact de la formalisation à
l’étape ou est arrivé le processus de l’innovation. Peut-être qu’elle est négative pour la
génération des idées mais elle favorise l’implémentation de l’innovation : « Organizational
structure is related differently to the different stages of the innovation process...Formalization
is negatively related to initiation but positively related to implementation.”. Subramanian, A
et Nilakanta, S (1996) ont essayé d’apporter une réponse à cette question en démontrant que
- Des niveaux élevés de centralisation et de formalisation sont associés à des niveaux
élevés de l’innovation non technique.
- De faibles niveaux de centralisation et de formalisation sont associés à des niveaux
élevés de l’innovation technique.

Les résultats de ces deux auteurs ont fait objet de plusieurs critiques car ils ignorent la relation
potentielle entre l’innovation technologique et l’innovation non technologique, et leurs
résultats pourraient souffrir d’un biais d'endogénéité (Bocquet, R. et al. 2013).

Des études plus récentes corrigent les résultats des anciennes études et montrent que
l’innovation non technologique et l’innovation technologique sont conduites par les mêmes
déterminants internes de l’entreprise à savoir ses caractéristiques structurelles (formalisation,
décentralisation, diversification…) ainsi que par les mêmes déterminants externes à savoir la
concurrence, la concentration du marché, le degré d’absorption du transfert
technologique…etc. (Bocquet et al.,2013, page 317).

En outre, il a été démontré que la centralisation influence négativement l’innovation


technologique et l’innovation non technologique et que la formalisation influence
positivement l’innovation technologique et l’innovation non technologique. (Mazzanti et al.,
2006 ; Bocquet et al. ,2013).

D’où la formulation des hypothèses suivantes :

H2 : La décentralisation des décisions a une influence positive et significative sur


l’innovation technologique et sur l’innovation non technologique au sein des laboratoires
pharmaceutiques installés au Maroc

H2.1 : La décentralisation des décisions a une influence positive et significative sur


l’innovation de produit au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc

76
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

H2.2 : La décentralisation des décisions a une influence positive et significative sur


l’innovation de procédé au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc

H2.3 : La décentralisation des décisions a une influence positive et significative sur


l’innovation organisationnelle au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.

H2.4 : La décentralisation des décisions a une influence significative positive sur l’innovation
commerciale au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.

H3 : La formalisation a une influence significative positive sur l’innovation


technologique et sur l’innovation non technologique au sein des laboratoires
pharmaceutiques installés au Maroc

H3.1 : La formalisation a une influence positive et significative sur l’innovation produit au


sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc

H3.2 : La formalisation a une influence positive et significative sur l’innovation de procédé au


sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc

H3.3 : La formalisation a une influence positive et significative sur l’innovation


d’organisation au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc

H3.4 : La formalisation a une influence positive et significative sur l’innovation de


commercialisation au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.

Le schéma ci-après est une illustration des hypothèses II et III :

Schéma 21 : Conception des hypothèses II et III

Source : Conception personnelle

77
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

II-2. Usage des TIC et innovation


Il est reconnu que l'adoption et l'utilisation des Technologies de l'Information et de la
Communication (TIC) constituent une source fondamentale de croissance et de compétitivité
pour les entreprises qui savent les exploiter (Oliner, SD. et Sichel, DE., 2000, Ollo-López,
A.,et Aramendía-Muneta, M. E. ,2012 ; Hawash, R., et Lang, G. 2020).

Deltour, F. et al., (2016) ainsi que d’autres auteurs ont souligné que l'adoption et l'utilisation
des TIC constituent une base fondamentale pour la survie des petites et moyennes entreprises
(Parker, C. et Castelman, T. ,2007 ; Tarutė, A., & Gatautis, R. ,2014 ; Deltour, F. et al., 2016).

Plus récemment, Navarro et al. , (2017) stipulent que les TIC sont l’un des moyens les plus
appropriés pour se rapprocher de l’environnement et acquérir des connaissances sur les
différents agents qui en font partie. En effet, l’entreprise qui implémente ces technologies
accède rapidement, facilement et à moindre coût à une vaste quantité d’informations
pertinentes et actualisées.

S’agissant de la liaison entre l’usage des TIC et l’innovation, de nombreux les auteurs ont
montré l’importance de l’usage de ces dernières dans la promotion de l’innovation
(Koellinger, 2008 ; Higón, 2012 ; Martine et Nguyen-Thi, 2015). Toutefois cette relation n’est
pas systématique puisqu’elle varie entre les entreprises, les secteurs et pays (Bertschek et
Fryges, 2002).

Afin d’identifier le lien existant entre l’usage des TIC et chaque type d’innovation dans le
secteur pharmaceutique au Maroc, nous allons analyser, pour le cas des pays à revenu faible
ou intermédiaire, le contexte général du développement et d’adoption des TIC, ensuite le
degré d’usage des TIC dans le secteur pharmaceutique et finalement nous allons examiner
d’une part l’apport des TIC aux innovations de produits et de processus et d’autre part son
apport à la structure organisationnelle et à la promotion de l’innovation d’organisation et de
commercialisation.

II-2.1. Adoption des TIC aux PRMF : état des lieux


Les pays à revenu faible ou intermédiaire connaissent un retard en matière d’adoption des
TIC. Ceci est dû à l’existence de certains freins à l’adoption et à la réussite des projets des
TIC à savoir des objectifs tracés pour le court terme ainsi qu’un manque d’intégration des
politiques gouvernementales, une infrastructure d’information et de communication couteuse,
peu fiable et non accessible à tout le monde et finalement la non-maitrise des outils

78
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

informatiques chez les employés et chez les utilisateurs (Mahfoudhi, S. et Mann, J., 2004).
Ces obstacles rendent difficile, pour le cas du secteur pharmaceutique, l’implémentation des
technologies sophistiquées en informatique pour l’automatisation des processus où la
fabrication des médicaments biotechnologiques.

La culture, par exemple, pourrait être également un facteur majeur de l’échec de


l’implémentation des TIC au sein des organisations. Mahfoudhi, S. et Faiz, R. (2008)
soulignent que si les utilisateurs craignent de perdre leur position et leur emploi au sein de
l’entreprise, ces derniers vont résister et même saboter leurs usages. Ces auteurs ajoutent
également que l’ignorance ou le manque de compétence en matière d’utilisation et de
manipulation des TIC est aussi un facteur de résistance et de non-réussite des projets
d’implémentation des TIC (Mahfoudhi, S. et Faiz, R., 2008).

Dans le même sens Lippert, S. et Volkmar, J. (2007) soulignent que l’efficacité des TIC est
liée aux différences culturelles entre les utilisateurs.

Touray, A., et al. (2013) soulignent que dans les pays en voie de développement l’accès aux
TIC est entravé par la situation socio-économique du pays, l’infrastructure, la volonté
politique ainsi que par le déficit du système légal qui régissent ce secteur.

Plus récemment, Bahrini, R., et Qaffas, A. A. (2019) soulignent que les pays en voie de
développement ont besoin de stimuler la diffusion des TIC dans le secteur privé pour
promouvoir l’innovation et ce notamment par la réduction des taxes, l’octroi des subventions,
la promotion du commerce électronique et le développement de partenariat public-privé pour
le développement des infrastructures de télécommunication.

II-2.2. Usage des TIC dans le secteur pharmaceutique : état des lieux
Nous avons montré dans le premier chapitre du présent travail que l’usage des TIC est crucial
dans le secteur pharmaceutique. La fabrication des médicaments issus de la biotechnologie
nécessite un recours extrême au savoir et aux savoir-faire en biologie et en technologie de
l’information et de télécommunication. Ces technologies permettent la transmission et
l’analyse de l’information génétique contenue dans le mécanisme vivant et son utilisation
permet la fabrication des molécules personnalisées et sophistiquées. Les chercheurs ont
besoin, dans ce domaine, d’avoir de plus en plus accès à l’information contenue dans les
cellules de l’organisme vivant : « for the development of new powerful and selective drugs
search has to penetrate deeply into the human organism to unravel the biochemical

79
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

interactions at the cellular, infra-cellular and, most importantly, molecular levels.”


(Orsenigo, L. et al., 2001). Le besoin à ces technologies, comme nous l’avons développé dans
le premier chapitre, section 3 « types d’innovation » explique les fusions qui ont eu lieu entre
des laboratoires pharmaceutiques et d’autres entreprises qui opèrent dans le domaine des TIC.

Par ailleurs, ce sont les pays industrialisés qui ont un recours extrême à l’usage des TIC pour
la fabrication des médicaments issus de la biotechnologie et l’amélioration de la collecte des
informations pertinentes stockées dans le corps humain. Les laboratoires pharmaceutiques
dans les pays en développement sont encore loin de ce stade. Leurs business modèles se
limitent à la fabrication de médicaments sous licence ou au façonnage des médicaments.

Un autre travail de recherche mené sur le secteur pharmaceutique tunisien montre que faute
de développer des capacités d’absorption qui permettent l’assimilation des technologies
nouvelles et leur intégration dans le « capital savoir », les entreprises pharmaceutiques
tunisiennes sont restées « imitatrices nettes » au lieu de « innovatrices nettes » (Yacoub,
2012). Plus récemment Sedkaoui (2016) a montré que pour le cas du secteur pharmaceutique
algérien, il n’existe pas de lien significatif entre le développement des innovations et la
présence de ressources technologique.

L’usage des TIC influence également le sucés des stratégies de E-health auxquelles est inscrit
le Maroc ainsi que beaucoup de pays à revenu faible ou intermédiaires. Ces stratégies
facilitent la collaboration entre les laboratoires pharmaceutiques, le monde médical et les
patients, ce qui promeut également l’innovation pharmaceutique. Or les pays africains ainsi
que d’autres pays aux économies similaires aux nôtres sont toujours en retard dans la mise en
place d’un tel dispositif. Ceci est dû, entre autres, à l’insuffisance du personnel de santé
qualifié, au manque de systèmes d'information sanitaire ou de technologie d’information, à la
pénurie de médicaments et aux contraintes financières (Ariani et al. 2017 ; Omotosho, 2019).

L’usage des TIC dans le secteur pharmaceutique est nécessairement lié à l’environnement
général du développement des TIC dans un pays. Cet environnement, comme présenté dans le
paragraphe (III-1) diffère de celui des pays développés à de nombreux égards.

II-2.3. Relation entre le niveau d’usage des TIC et innovation


L’utilisation des logiciels et des outils informatiques pour la transmission et l’analyse de
l’information recherchée est devenue une exigence. Hempell, T. et Zwick, T. (2008)
expliquent que l'utilisation des TIC permet une souplesse dans les structures

80
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

organisationnelles qui à son tour favorise les activités d'innovation au sein des entreprises.
Dans le même sens, Koellinger, P. (2008), a constaté que les technologies du commerce
électronique constituent un important catalyseur d'innovation, qui permet, entre autres,
d’améliorer les processus et d'offrir de nouveaux produits ou services.

Par ailleurs, Higón, D.A. (2012) confirme que l’impact des TIC sur l’innovation dépend de la
nature des TIC utilisées et de la nature de l’activité de l’innovation développée. Certains
usages des TIC favorisent plus l’innovation processus tandis que d’autres sont plus liées à
l’innovation produit ou de commercialisation.

Dans le même sens et plus récemment, Martine L. et Nguyen-Thi, T. U. (2015) soulignent que
l’impact de l’usage des TIC sur l’innovation dépend principalement de la nature des TIC
utilisés. Ils ont montré par exemple que les TIC dédiées à la communication interne ne
présentent aucun lien significatif avec l’innovation de produit ou de procédé. Par contre, les
TIC dédiées à la communication externe favorisent l’innovation de procédé ainsi que celle
d’organisation.

Plus récemment Aboal (2015) souligne que le niveau d’investissement en TIC tend à être plus
important pour promouvoir le capital humain que pour accélérer le processus d’innovation
avec ses différentes formes. Il ajoute que les investissements en TIC sont déterminés par les
économies d’échelle puisque la majorité des investissements en TIC prennent la forme du
coût fixe. Un nouveau logiciel acheté pour développer un nouveau produit est également
utilisé pour le développement et la fabrication d’autres produits.

Spiezia (2011) souligne également qu’il n’existe pas de résultats solides qui permettent de
confirmer une relation positive entre le niveau d’usage des TIC et l’innovation in house de
produit ou de procédé.

Martin, L., & Nguyen-Thi, T. U. (2015) soulignent qu’une augmentation des investissements
en TIC ne se traduit pas nécessairement par une augmentation équivalente des capacités
d’innovation. Encore plus dans des pays ou même le développement et l’adoption des TIC
restent très limités pour les raisons développées ci-haut, il ne faudrait pas s’attendre à avoir un
lien explicatif entre l’usage des TIC et le développement des innovations pharmaceutiques.

Dans le même sens Attouch et al. (2017) ont souligné que malgré l’usage important des TIC
dans le secteur de la chimie et de parachimie au Maroc, les raisons de son utilisation restent

81
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

limitées à des fins de communication, de recherche d’information et de e-commerce. Il n’a


pas pour objectif de développer de nouveau produit ou de procédé. Ils ont expliqué la grande
utilisation du système d’information par les entreprises de ce secteur par le fait que la plupart
d’entre elles sont des succursales des grands groupes.

En se référant au travail de recherche de Nejla Yacoub (2012) dédié au secteur


pharmaceutique en Tunisie, cet auteur a souligné que le coût cher des activités de R&D fait
que les innovations mineures sont très répondues dans le secteur pharmaceutique. Elle a
expliqué que : « les stratégies d’exploration du capital-savoir ne sont opportunes que pour les
firmes qui disposent des déterminants requis pour investir dans les projets d’innovation
majeur. Ceci explique que ces innovations sont en général polarisées dans les grandes firmes
pharmaceutiques, telles que Pfizer (leader mondial) dont le budget annuel consacré à la R&D
représente quelques 15,5% de son chiffre d’affaires, soit 8,52 milliards de dollars en 2010 ».

Les arguments développés ci- haut ne permettent pas de développer des hypothèses sur la
nature de l’impact de l’usage des TIC sur le développement d’un nouveau produit ou de
procédé pharmaceutique dans un contexte pareil au contexte marocain. Toutefois, nous allons
analyser par la suite un éventuel impact positif de l’usage des TIC sur la gestion
organisationnelle ainsi que sur les techniques de commercialisation au sein des laboratoires
pharmaceutiques au Maroc.

Les TIC permettent la circulation de l’information au sein de l’organisation et entre


collaborateurs. Ce qui permet d’augmenter la productivité de l’entreprise et de réduire le
temps et les coûts nécessaires pour la réalisation des projets. Les TIC permettent également
l’acquisition des connaissances, l’accumulation du savoir et la constitution de la mémoire de
l’entreprise. Ce processus d’acquisition ne concerne pas uniquement les connaissances
explicites et disponibles mais aussi les connaissances tacites, qui grâce à l’informatique et aux
systèmes d’information disponibles, peuvent être transformées en connaissance explicites et
codifiables.

La structure de l’organisation est également influencée par l’implémentation des TIC car elles
permettent la formalisation des règles et des procédures à l’intérieur des entreprises et
facilitent la décentralisation du pouvoir décisionnel. Certains auteurs montrent l’intérêt de
l’utilisation des TIC en tant que source d’acquisition et de production d’informations sur les
marchés permettant à l’entreprise de mieux maitriser son environnement et de constituer son

82
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

avantage concurrentiel (Tzokas, N. et Saren, M.,1997 ; Argyres, N.S., 1999 ; Navarro et al.
,2017 ; Hawash, R., et Lang, G. 2020).

L’innovation pharmaceutique, elle aussi a besoin des TIC pour mieux cerner le cycle de vie
des molécules développées. Il est à préciser que le développent d’une nouvelle molécule fait
appel à des équipes de plusieurs disciplines. Une collaboration réussie entre ces équipes
nécessite la mise en place d’un dispositif d’outils informatiques qui rassemble d’une manière
intelligente l’information provenant de multiples sources, l’organise et la présente
correctement aux membres de l'équipe de la R&D.

Dans le même sens, le secteur pharmaceutique est un secteur connu par la rigueur des
procédures d’enregistrement et de mise sur le marché. Il serait bénéfique pour une entreprise
de disposer d'une source unique fournissant des références exhaustives concernant les
références réglementaires, ainsi que des conseils procéduraux pour réduire la complication
des procédures administratives (Goodman, E. et Riddell, J., 2014).

Au cours du cycle de vie des produits pharmaceutiques, il est utile de mentionner qu’après les
activités de la R&D, les activités d’accès au marché et de vente deviennent une priorité
(Kesič, D. et Bertoncelj, A., 2008). D’énormes budgets sont consacrés au soutien de la force
de vente et à la consolidation de la part de marché de l’entreprise (Jommi, C., et al. ,2012 ;
Swanson, A., 2015).

Le transfert d’information et de connaissances entre les laboratoires et les médecins peut faire
la différence dans le choix des médicaments et donc impacter les volumes de vente et inciter
les entreprises à développer de nouvelles méthodes de commercialisation. Les entreprises
peuvent aussi tirer profit des premiers retours d'informations sur les résultats de l'utilisation de
leurs médicaments dans la pratique médicale et de procéder aux améliorations nécessaires
pour assurer une large distribution du produit développé. L’usage des TIC permet de capturer,
stocker dans des bases de données, puis organiser, partager, et diffuser les informations
pertinentes. Ce qui aide l’entreprise pharmaceutique à innover d’avantage et à renforcer son
positionnement sur le marché.

Pour le cas des multinationales, ces dernières assurent le transfert des pratiques
d’apprentissage organisationnel et de marketing aux filiales des entreprises étrangères. Ces
dernières, à leur tour, investissent davantage dans leurs stratégies de marketing et de
promotion afin de faciliter l'accès au marché des nouveaux produits pharmaceutiques

83
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

importés de la société mère. En outre, les filiales sont dans l’obligation de s’aligner sur la
stratégie globale de la société mère. D’où la formulation des hypothèses suivantes :

H4 : l’usage des TIC influence positivement et significativement l’innovation


organisationnelle et commerciale et dans une moindre mesure l’innovation de produit et
de procédé au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.

H4.1 : l’usage des TIC a un impact positif et significatif sur l’innovation organisationnelle au
sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.

H4.2 : l’usage des TIC a un impact positif et significatif sur l’innovation de


commercialisation au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.

Le schéma ci-après est une illustration de l’hypothèse 4 :

Schéma 22 : Conception de l’hypothèse H4

Source : Conception personnelle

II-3. Qualification de la main d’œuvre et innovation :


De nombreux auteurs soulignent l'existence d'un impact positif de la qualification de la main
d’œuvre sur le développement de l'innovation au sein de l’entreprise. Lee et al. (2010)
soulignent que l'innovation au niveau régional est positivement et significativement associée à
la fois au capital humain et à la créativité.

Yeoh et Roth (1999) ont développé un modèle basé sur l'application de l'approche « Research
Based View (RBV) » dans le secteur pharmaceutique et examinent les ressources et les
capacités de l'entreprise pharmaceutique qui permettent l'acquisition d'un avantage
concurrentiel durable. Les résultats de ces travaux expliquent que les compétences
technologiques ainsi que les compétences en marketing présentent les ressources les plus

84
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

importantes du secteur pharmaceutique. Ils permettent la création d'un avantage durable pour
l'entreprise.

Des recherches supplémentaires et plus récentes font valoir que le diplôme des employés est
positivement corrélé à l'innovation de produit et de procédé (Jegede et al., 2016).

Par ailleurs, l’examen de la revue de littérature dédiée aux contextes similaires au notre ne
nous a pas permis de révéler des résultats sur la nature de la relation entre le capital humain et
l’innovation. A titre exceptionnel, nous pouvons citer l’auteur algérien Sedkaoui (2016). Ce
dernier a montré que le lien entre le développement de l'innovation et les ressources
technologiques et humaines n'est pas significatif au sein des firmes pharmaceutiques en
Algérie.

Toujours dans le contexte des économies intermédiaires, Gabsi et al. (2008) ont démontré que
l'indicateur du niveau de compétences des employés n'est pas significatif pour expliquer
significativement l'innovation au sein des entreprises tunisiennes.

Van Uden et al., (2017) ont étudié l'impact du capital humain sur l'innovation dans les pays
subsahariens. Ils ont montré que le niveau du diplôme de l'employé a une influence négative
sur l'innovation. Dans le même sens, ils ont montré que la composante formation continue n’a
pas d’impact significatif sur le développement des innovations au sein de ces entreprises.

Etant donné que la littérature consultée ne présente pas d’arguments et des résultats solides
suffisants qui montrent la nature de l’impact de la qualification de la main d’œuvre sur
l’innovation dans des contextes similaires au notre, nous ne pouvons pas construire des
hypothèses qui attestent la nature de la relation entre cette variable et le phénomène étudiée.

Section III : Accords de partenariats, pression concurrentielle, activités d’exportation et


innovation
Au cours de cette section nous allons examiner l’impact des accords de partenariats concluent
entre les entreprises sur l’innovation. Ces accords prennent plusieurs formes notamment des
accords de R&D, de transfert de technologie, de formation, de distribution, d’achat ou de
licence. Nous allons, dans un premier lieu, présenter l’impact des accords de R&D sur
l’innovation. Ensuite, étant donné que la conclusion de ce genre d’accords dépend de la nature
du secteur et du niveau économique du pays où se trouvent ces entreprises ainsi que de son

85
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

capital technologique, nous allons se focaliser dans un deuxième lieu sur les accords de
licence puisqu’ils sont les plus dominants dans le secteur étudié.

Par la suite nous allons étudier l’impact de la pression concurrentielle ainsi que les activités
d’exportation sur le développement des innovations au sein des laboratoires pharmaceutiques.

III-1. Accords de partenariats et innovation


Les accords de partenariats ont un impact positif sur l’innovation surtout dans les secteurs à
forte intensité technologique. Toutefois, cet impact n’est systématique et direct. Il dépend,
entre autres, de certains mécanismes internes de l’organisation ainsi que du niveau
économique et technologique du pays où se trouve cette organisation. Dans le secteur
pharmaceutique, ce type d’accords est généralement focalisé sur la R&D mais il reste
concentré entre les pays industrialisés. Par contre dans les pays dont le niveau économique est
comme le nôtre, ces accords prennent d’autres formes.

III-1.1. Importance des accords de partenariat


De nombreux travaux ont insisté sur l’importance des accords de partenariats, de toutes
sortes, dans le processus d’innovation. A titre d’exemple, Laursen et Salter (2006) soutiennent
le fait que l’accès aux informations externes via les accords de partenariat favorise
l’innovation (Laursen et Salter, 2006). D’autres auteurs ajoutent que les entreprises qui
opèrent dans des secteurs à fort potentiel technologique sont plus disposées à coopérer et
développent rapidement une capacité absorptive qui à son tour favorise l’innovation
(Fernández Gual et Segarra-Blasco, 2013).

Ce concept de « capacité d’absorption » introduit par Cohen et Levinthal en 1990 consiste en


la capacité de l’entreprise à reconnaitre les connaissances de valeurs émises de l’extérieur et
de savoir les assimiler et les appliquer. Ces deux auteurs montrent que la capacité d’exploiter
les connaissances externes « absorptive capacity » est un élément essentiel pour l’innovation
(Cohen et Levinthal, 1990 : 128).

Par ailleurs, la majorité des recherches antérieures soulignent que l’effet des accords de
partenariat sur l’innovation n’est pas systématique et n’est pas direct (Kostopoulos et al.,
2011 ; Clausen, 2013). Kostopoulos et ses collaborateurs à titre d’exemple, montrent que la
capacité d’absorption de l’entreprise joue un rôle modérateur entre les connaissances externes
et l’innovation (Kostopoulos et al., 2011).

86
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Dubouloz (2014) (page 291) souligne que cette relation dépend essentiellement de certains
mécanismes internes mis en place par l’entreprise à savoir :

- la mise en place des infrastructures de communication qui facilitent le flux d’information


issu du monde extérieur et qui permettent de reconnaitre la valeur dans les connaissances déjà
développées dans le monde extérieur.

- la mise en place, des structures organisationnelles adéquates et des unités de R&D pour
l’assimilation et l’exploitation des connaissances disponibles ainsi que le recrutement du
personnel qualifié et la mise en place d’un système de motivation individuel.

- l’application de ces nouvelles connaissances via leur réutilisation et leur appropriation par
les sources internes à l’organisation.

Mothe et Quelin (2004) considèrent que « la coopération possède trois attributs : un moyen
de combiner des compétences tacites ou complémentaires (Hennart, 1988) ; un dispositif
organisationnel pour les acquérir ou échanger sans engagement irréversible (Doz, 1992) ; un
choix pour créer de la valeur et accélérer l'adaptation d'une firme à son environnement (Doz,
1992). ».

A partir de ce qui précède, il est à noter que l’impact de la coopération sur l’innovation est
positif mais elle n’est pas systématique. Il dépend, entre autres, des caractéristiques de
l’entreprise et de son degré d’engagement dans le processus d’apprentissage et d’assimilation
des connaissances qui circulent soit en interne ou en externe.

Par ailleurs, dans le cas du secteur pharmaceutique et dans un contexte tel que le nôtre, la
variable « accord de partenariat » n’a pas beaucoup d’importance car comme il sera
développé ci-après, la conclusion des accords de partenariats entres les entreprises dépend du
niveau de l’économie du pays ainsi que de son capital technologique. Généralement les
accords de partenariats entre les entreprises se font entre les pays à fortes économies et qui
sont matures technologiquement.

III-1.2. Spécificités des accords de partenariat dans le secteur pharmaceutique


Le laboratoire pharmaceutique évolue dans un environnement en pleine mutation
technologique et comme il a été développé dans le chapitre II, section I, paragraphe I.3-2, le
coût de la R&D ne cesse d’augmenter. Ce qui fait que ces laboratoires font de plus en plus
appel aux accords de coopération pour partager le coût de R&D ainsi que le coût d’échec qui

87
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

est très élevé dans l’innovation pharmaceutique. A titre d’exemple, Veugelers et Cassiman
(2005) montrent à travers une étude empirique sur le marché belge, que les grandes
entreprises des secteurs de la chimie et de la pharmacie sont plus susceptibles de participer
activement aux accords de partenariat : « Our analysis confirms that large firms and firms in
the chemical and pharmaceutical industry are more likely to be actively involved in industry
science links. »

Un autre exemple montrant l’importance des accords de coopération conclus dans le secteur
pharmaceutique est celui des sociétés biotechnologiques qui s’investissent énormément à
développer une technologie puis céder la licence d’exploitation à une multinationale
pharmaceutique qui, soit l’incorpore dans ses produits, soit se chargera de la commercialiser
(Nicolas et Pénin, 2014). Un exemple récent de cette pratique est l’accord de partenariat
conclu entre la startup allemande « BioNtech » et le groupe américain « Pfizer » en août 2018
pour développer un vaccin contre la grippe et en mars 2020 contre le COVID19.

Hamdouch, A. et Perrochon, D (2000) ajoutent que les accords de partenariat dans le secteur
pharmaceutique sont très répandus et que les formes d’engagement dans le processus de R&D
prennent plusieurs configurations qui induisent des trajectoires d’interaction variés et
évolutifs entre les entreprises car ils dépendent « du positionnement de la firme au moment de
l’engagement, c’est-à-dire principalement des compétences et des ressources financières dont
elle dispose » (Hamdouch, A. et Perrochon, D , 2000).

Par ailleurs, il existe plusieurs types d’accords de coopération qui sont spécifiques à chaque
secteur et qui dépendent du niveau de l’économie du pays où les entreprises sont localisées.
Les accords de partenariat en R&D sont plus concentrés dans les économies industrialisées
ayant un revenu élevé et qui consacrent des budgets importants à cette activité. A titre
d’exemple, les projets « Eurika » sont développés entre les pays riches et aux économies
similaires. Angué, K. et Mayrhofer, U. (2010) soutiennent que « l’environnement économique
et la disponibilité des ressources jouant un rôle essentiel dans le domaine de la R&D, il est
permis de supposer que les entreprises collaboreront de préférence avec des partenaires dont
l’environnement économique est similaire à celui de leur pays d’origine ».

En plus de l’écart économique qui influence l’établissement des accords de partenariats en


R&D, Morwery et al, (1998) ont montré que l’élément « maturité technologique » a
également un impact sur la décision de la conclusion des accords de partenariat en R&D. En

88
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

effet, les entreprises cherchent à conclure des accords avec des partenaires ayant des
compétences technologiques similaires (Morwery et al., 1998). Dans le même sens, les
résultats de la recherche empirique menée par Angué et Mayrhofer (2010) sur un échantillon
de 1.502 partenariats en R&D conclus par des entreprises européennes de biotechnologie
montrent que « les entreprises européennes s’engageront en priorité avec des acteurs
académiques ou industriels évoluant dans des environnements proches en matière de
recherche et d’activité dans les biotechnologies ».

C’est ce qui explique que dans un contexte pareil au notre, l’activité de R&D ainsi que le
développement d’une nouvelle molécule se font généralement dans les sociétés mères ou dans
le cadre d’un partenariat entre ces dernières et des laboratoires de recherche externes. Les
laboratoires marocains ou les filiales des multinationales installées au Maroc se limitent
généralement à la fabrication des médicaments sous licence, à la fabrication des génériques où
à l’importation de la majorité des médicaments princeps. Le transfert de technologie et de
connaissances par les multinationales aux filiales n'est pas systématique. Il dépend, entre
autres, du coût de ce transfert, de la capacité d'absorption de la filiale et de l'écosystème
d'innovation du pays d'accueil (Mothe et Thuc, 2010 ; Slimane et Ramadan, 2017). Dans le
même ordre d'idées, il a été démontré que le processus de ce transfert dépend également du
degré d'implication des filiales dans ce processus et de la motivation réelle des
multinationales derrière la création de ces filiales. Est-ce une entité technologiquement
autonome ou juste un moyen de pénétration des marchés (Dahlman et al., 1987).

Toutefois, ces laboratoires présents sur le territoire national peuvent dans certains cas
procéder à de petites améliorations des molécules existantes en développant des extensions de
forme, de dosage ou de présentation qui peuvent être considérées comme des innovations.

Il est à noter également que parmi les points essentiels soulevés lors de la phase pré-enquête
qui sera détaillée dans la deuxième partie de ce rapport, il y a les accords de fabrication sous
licence qui sont très répondus dans le secteur pharmaceutique et surtout spécifiques aux
contextes similaires aux nôtres.

III-1.3. Accords de licence


Etant donné que notre contexte est spécifique et concerne une économie à revenu moyen à
faible, il est important de tenir en considération ses caractéristiques et au lieu d’étudier

89
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

l’impact des accords de R&D sur l’innovation, il est important de se focaliser sur les accords
de fabrication sous licence et d’étudier son impact sur le développement des innovations.

La production sous licence est la production d'un bien par une entreprise ayant acheté la
licence de l'entreprise qui possède le brevet originel. L'entreprise productrice verse ainsi une
rémunération au possesseur du brevet en échange d'une production sur un marché. Les
laboratoires pharmaceutiques au Maroc, aussi bien les laboratoires nationaux que les filiales
des multinationales, préfèrent adopter ce mode de fabrication sous licence pour élargir leurs
parts de marchés sans investir des budgets importants dans de longs travaux de R&D.

En effet, les actifs financiers des laboratoires pharmaceutiques dans les pays à revenu moyen
où faible sont insuffisants pour investir dans la R & D et pour prendre des risques d'échec,
comparés à ceux des multinationales qui s’engagent dans la recherche de nouvelles molécules
couteuses et incertaines (Rahmouni et Yildizoglu, 2011 ; Yacoub, 2012 ; Sedkaoui, 2016).
Cela est également dû aux politiques de rattrapage technologique lancées par ces pays après
leur décolonisation et à leur volonté de récupérer les technologies pour les intégrer à leurs
activités de production (Bell et Pavitt, 1997 ; Teece, D. J, 1997 ; Casadella et al. 2015).

Les accords de fabrication sous licence créent une sorte de lien entre les laboratoires
nationaux et les laboratoires occidentaux, ce qui peut probablement permettre un transfert de
technologie, en raison de l'information stratégique incluse dans ces accords, ou de
connaissances en matière de gestion et de marketing (Guadalupe et al., 2012). Par ailleurs, ce
processus n'est pas systématique car ces accords peuvent contenir des clauses restrictives qui
peuvent limiter le transfert de technologie. En outre, ces accords peuvent créer un type de
dépendance au sein des laboratoires nationaux, désireuses de se concentrer plus sur le
lancement de l'activité sans prendre soin d’améliorer leur production (Pamukçu et Cincera,
2001).

Dans le même sens, Mulotte et al. (2012) ont montré qu’une licence n’est pas nécessairement
un transfert de technologie où de compétence puisque c’est une reproduction à l’identique et
ajoutent que les laboratoires qui fabriquent sous licence ont généralement tendance à
surestimer leurs propres ressources, ce qui peut les encourager à s’engager dans des choix
techniques qu’ils ne peuvent pas assurer par la suite. En menant une recherche sur le secteur
aéronautique et en comparant les entreprises qui sont passées par la conclusion des contrats de
licence avec ceux qui ne l’ont pas fait, ces auteurs ont montré que les entreprises qui n’ont pas

90
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

conclu des licences ont pu progresser mieux que celles qui ont bénéficié de ce type de contrat.
Ils expliquent que ce résultat est dû au fait que les premières ont procédé par des étapes basées
sur des essais- erreurs leur permettant d‘évoluer progressivement et avec des pas sûrs et
mesurés : « Licensees are likely to overemphasize the value of their own contributions and
downplay those of the licensor in the performance of the licensed product, thus driving them
to hold unfounded beliefs about their own abilities’’.

Zahra et al (2002, 2005) ont également montré que la conclusion des contrats de licence
impact l’autonomie et l’indépendance des activités de l’entreprise dans le futur surtout quand
l’accès aux informations techniques contenues dans le document de licence est restreint pour
l’entreprise bénéficiaire de la licence.

Gabsi, F. et al. (2008) et ses co-auteurs ont introduit la variable « licence » dans leur modèle
économétrique afin de mesurer l’intensité du transfert technologique. Ils ont argumenté ceci
par le fait que les pays émergents ne développent pas des nouvelles technologies. Les
entreprises dans ces pays se contentent de l’exploitation de ces technologies à l’échelle locale
et même s’il y aura lieu des innovations, elles sont généralement mineures. Ceci est dû
principalement à l’échec des politiques publiques qui n’ont pas pu favoriser l’apprentissage
par l’éducation et n’ont pas pu développer les capacités absorptives de leurs pays (De
Cervantes et Marshall, 2016).

A partir ce qui précède, nous formulons les hypothèses suivantes :

H5 : Plus les laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc font de la fabrication sous


licence, moins l’innovation technologique est importante.

H5.1 : Plus les laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc font de la fabrication


sous licence, moins l’innovation de produit est importante.

H5.2 : Plus les laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc font de la fabrication


sous licence, moins l’innovation de procédé est importante.

Le schéma ci-après expose l’hypothèse H5 :

91
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Schéma 23 : Conception de l’hypothèse H5

Source : Conception personnelle

Par ailleurs, l’impact organisationnel de la conclusion de ces accords sur les laboratoires
locaux n’est pas à sous-estimer. La conclusion de ce type d’accords exige, entre autres, la
maitrise des procédés de fabrication, la présence d’une main d’œuvre qualifiée, des
équipements de haute technologie, de la technologie et des modes de management
innovateurs. La fabrication sous licence permet d’établir des liens entre les laboratoires
occidentaux et les laboratoires locaux. Ces liens permettent à leur tour la transmission de la
connaissance technique, managerielle, commerciales, …etc.

Dans certains accords de fabrication sous licence ou de façonnage de médicament, nous


trouvons qu’une assistance technologique et des formations sont fournies aux laboratoires
locaux afin de rendre leur production conforme aux normes requises. Toutefois, nous n’avons
pas trouvé dans la revue de littérature examinée des recherches menées sur l’analyse de
l’impact de cette variable sur l’innovation organisationnelle et l’innovation commerciale. De
ce fait, nous ne pouvons pas construire des hypothèses sur la nature du lien entre la
fabrication sous licence et l’innovation organisationnelle et commerciale.

Il est à noter que les accords de partenariat peuvent avoir lieu entre entreprises ou entre
entreprises et institutions tels que les instituts de recherches publics ou les universités. Des
études menées sur le marché allemand et sur le marché suédois montrent que la collaboration
entre les entreprises et les universités a un impact positif sur le développement des
innovations au sein des entreprises (Aschhoff et Schmidt, 2008 ; Lööf et Broström, 2008).
Dans le même sens Miotti et Sachwald (2003) ont conclu que la coopération avec des instituts
de recherche a une influence positive sur « les outputs » de l'innovation, tels que les brevets
(Miotti et Sachwald, 2003). D’autres auteurs ont souligné que la coopération avec les
universités et les centres de recherche a été identifiée comme un facteur essentiel pour le

92
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

développement d'innovations, généralement radicales ou nouvelles pour le marché (Kaufmann


et Tödtling, 2001 ; Becker et Dietz, 2004). Un exemple récent de ce type d’accords est celui
conclu en avril 2020 entre l’université britannique Oxford et le laboratoire pharmaceutique
AstraZeneca pour le développement d’un vaccin contre le Covid-19.

Dans le cas des pays en développement, De Cervantes et Marshall (2016) soulignent que le
système éducatif ainsi que le manque de coordination entre l’industrie et l’université n’y
permettent pas de développer des innovations. Slimane et Ramadan (2017) confirment ce
point et mettent l’accent sur l’absence d’un écosystème qui favorise l’innovation dans ces
pays.

En outre, les résultats de la phase exploratoire détaillée ci-après montrent que les laboratoires
pharmaceutiques qui développent des relations de partenariats avec les universités sont rares
et présentent une exception. De ce fait, il n’est pas important d’élaborer des hypothèses sur
l’impact de ce type de partenariat sur l’innovation puisque le terrain ne permettra pas de les
tester.

III-2. Pression concurrentielle et innovation


Plusieurs auteurs ont montré que l'intensité de la concurrence est un facteur significatif qui
favorise l’innovation (Kimberly et Evanisk, 1981 ; Schmidt et Rammer, 2007 ; Michelle,
2013). Selon ces auteurs plus l'étendue géographique du marché est large, plus des
innovations sont susceptibles d'être introduits.

Dans le même sens, Michelle (2013) souligne que quel que soit le secteur d’activité de
l’entreprise, la concurrence joue un rôle incitatif à l’innovation. Bocquet, R. et al, 2007
stipulent également que l’innovation avec toutes ses dimensions est liée à la concurrence à
condition de ne pas dépasser un certain seuil.

Zaiar (2015) souligne qu’« une pression concurrentielle accrue force les entreprises à
innover pour survivre (Porter [1979]). ». Dans une vision un peu différente, la concurrence
est bénéfique dans le cas du modèle « de création non destructive » qui permet la non-
disparition d’une firme en retard technologique : « L’existence d'un retard technologique
pouvait être une incitation forte à l'accroissement de l'effort d'innovation lorsque la pression
concurrentielle sur le marché des produits est élevée. » (Encaoua et Ulph, 2000).

93
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Rahmouni et Yildizoglu (2011) considèrent que : « Pour faire face à la concurrence des
autres firmes et à celle des entrants potentiels, la firme cherchera à innover, soit pour vendre
le bien actuel moins cher que ses concurrents (innovations de procédés), soit pour ouvrir de
nouvelles niches, en différenciant son produit de celui des concurrents (innovations de
produit). ». Toutefois, ces mêmes auteurs montrent que la relation entre l’innovation et la
concurrence n’est pas indépendante des spécificités du secteur pris pour l’étude et du
développement des technologies dans ce secteur. D’autres travaux empiriques montrent
l’existence d’une relation en U inversée entre la concurrence et l’innovation (Aghion et al.
2005 ; Gaffard, 2007 ; Beneito et al., 2017).

Dans le même sens Cincera et al. (2019) démontrent la présence d’une relation U-inversé
entre la concurrence et l'innovation pour les PME opérantes dans les secteurs manufacturiers
de moyenne et haute technologie alors qu’ils n’observent pas cet impact pour celles opérantes
dans les secteurs manufacturiers de moindre technologie ni dans les secteurs des services. En
effet, plus il y a de la concurrence, plus les entreprises participent à la course au brevet.
Toutefois et à un certain moment les entreprises deviennent identiques, ce qui se traduit par
une décroissance de ces dernières et l’incitation à l’innovation diminue.

Gaffard (2007) montre que la relation entre l’innovation et la concurrence est croissante tant
que cette dernière se situe à des faibles niveaux. Elle devient décroissante, une fois la
concurrence dépasse un certain degré. Cet auteur a mesuré le degré de concurrence par
l’opposé de l’indice de Lerner, c’est-à-dire du taux de marge, et l’intensité des innovations par
un indice des brevets pondéré par les citations.

Par ailleurs, le lien entre la concurrence et les innovations organisationnelles et commerciales


a fait l’objet de recherches de certains auteurs en montrant l’impact positif de la concurrence
sur ces deux types d’innovation. Fort et al (2005) montrent dans leurs travail de recherche
mené sur les PME dans le secteur agroalimentaire algérien que « L’innovation
organisationnelle dans les différentes fonctions de l’entreprise fait apparaître des
déterminants liés aux aides publiques à l’export, aux subventions nationales à
l’investissement, aux conseils extérieurs en marketing, à la présence de concurrents
régionaux de même taille et à l’insertion du dirigeant dans la région (responsabilité
professionnelle, durée de présence du dirigeant dans l’entreprise et liens du dirigeant avec la
région)»

94
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Ganter et Hecker (2013) montrent également en utilisant un model « Probit » multivarié sur
un échantillon de 2789 entreprises allemandes qu’il existe une très forte association positive
entre l’intensité de la concurrence et l’innovation organisationnelle.

Toutefois, le travail de recherche mené sur les entreprises nigériennes par Abdu et Jibir
(2018), montre que l’impact de la pression concurrentielle sur les quatre types d’innovation
est insignifiant. Etant donné que le lien entre la concurrence et l’innovation technologique
reste ambigu et qu’il n’existe pas un consensus sur la direction de cette relation, il serait
difficile d’établir des hypothèses affirmant un tel lien entre ces deux variables. Il serait encore
plus difficile de tester ces hypothèses puisque nous ne disposons pas de moyen pour calculer
les taux de marge ou l’indice des brevets pour savoir jusqu’à quel niveau la concurrence
pourrait influencer l’innovation technologique.

III-3. Activités d’exportation et innovation


Les activités d’exportation ont été abordées dans notre travail de recherche car elles
représentent pour certains auteurs un levier pour le développement des innovations. Certains
auteurs l’utilisent comme une variable qui montre l’impact de la pression concurrentielle à
l’étranger sur l’innovation. En effet, ces auteurs considèrent que le positionnement de
l’entreprise sur des marchés internationaux peut jouer un rôle incitatif à l’innovation
(Pamukçu et Cincera, 1999 ; Freel, M.S., 2000 ; Michelle, 2013 ; Khiari et Ben Rejeb, 2015).

La variable « exportation » montre comment la concurrence rencontrée dans les marchés


internationaux pousse les entreprises à innover. T. Pamukçu et M. Cincera, (1999) montrent
qu’il existe des externalités positives générées par les activités d'exportation sur les activités
d'innovation des entreprises. Freel, M.S (2000) montre que les pressions concurrentielles
auxquelles sont confrontées les entreprises opérant sur le marché mondial, les incitent à
accroître l'innovation, l'utilisation de nouvelles technologies ainsi que la mise en œuvre de
nouvelles pratiques commerciales plus sophistiquées et mieux adaptées aux besoins de
l'exportation et de la concurrence étrangère.
Love et Ganotakis (2013) montrent qu’effectivement l’exportation augmente la probabilité
d’innover mais dans une moindre mesure l’intensité de l’innovation.
Toutefois, il n’existe pas un consensus sur la nature des entreprises qui profitent le plus de
l’exportation. Il y a ceux qui soutiennent l’idée que les entreprises les plus avancées
technologiquement et qui ont de grandes capacités d’absorption sont celles qui tirent le plus

95
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

profit de l’innovation (Salomon et Jin, 2010 ; Ito, 2012). D’autres confirment que ce sont les
entreprises les moins avancées technologiquement qui tirent le plus profit de l’exportation
(Martins et Yang, 2009).

Khiari et Ben Rejeb (2015) montrent dans une étude menée sur le marché tunisien que la
probabilité qu'une entreprise exportatrice développe des activités d'innovation est supérieure à
celle d'une entreprise qui n'exporte pas. Dans le même sens Pamukçu et Cincera (2015)
montrent que le degré d’implication dans le développement des innovations dépend
sensiblement des différentes propensions à exporter.

Par contre Gabsi et al. (2008) montrent que l’impact des exportations sur l’innovation en
Tunisie est insignifiant. Selon ces auteurs, ceci est dû principalement à la nature des
exportations dans les pays en voie de développement qui se limitent à des produits non
technologiques tels que les produits de textile et quelques produits agricoles : « Exports of
Tunisian firms have no significant impact on the decision to innovate. This confirms the
results of univariate analysis. In fact, the nature of Tunisian exports explains this result
because in Tunisia, the bulk of exports is low-tech (textiles, olive oils…).»

Dans le même sens, les exportations du médicament du Maroc vers d’autres pays sont
majoritairement des médicaments génériques dont le processus de fabrication ne fait pas appel
à de fortes technologies et qui, comme nous l’avons cité précédemment, est basé
généralement sur le « reengineering ».

L’absence d’un consensus sur l’impact positif de la pression concurrentielle ainsi que celui
des activités d’exportation sur l’innovation ne nous permet pas de construire des hypothèses
sur la nature de la relation entre ces deux variables sur chaque type d’innovation. Toutefois,
nous pouvons les inclure dans notre modèle de régression logistique et d’étudier leur impact
sur l’innovation dans le cas de notre contexte.

96
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION

Conclusion
La littérature montre qu’il existe plusieurs déterminants de l’innovation au sein des
entreprises. Il s’agit, entre autres, de la taille et de l’âge de l’entreprise, des activités de R&D,
de l’organisation structurelle, de l’usage des TIC, de la qualification de la main d’œuvre ainsi
que des accords de partenariat. Nous avons essayé d’examiner au cours de ce chapitre si ces
facteurs ont la même perception au niveau des entreprises qui se trouvent dans les pays à
revenu moyen ou faible.

Par ailleurs, il n’existe pas un consensus dans la revue de littérature sur la direction de la
relation entre la taille et l’âge de l’entreprise et l’innovation. Cette relation change selon le
secteur et diffère d’un type d’innovation à un autre. Par contre, la majorité des études menées
sur l’innovation introduisent la R&D comme une variable explicative de ce phénomène. De
même, pour le cas des pays à revenus moyen ou faible, plusieurs auteurs ont démontré que la
composante R&D est l’une des variables qui affecte le plus l’innovation au sein des
entreprises.

La littérature sur la relation entre l’usage des TIC et l’innovation de produit ou de procédé
n’est pas tout à fait satisfaisante. L’adoption des TIC par les entreprises dépend du niveau de
développement et d’adoption des TIC dans le contexte étudié. De ce fait, nous ne pouvons pas
adopter les résultats trouvés pour le cas des pays industrialisés et élaborer des hypothèses pour
le cas de notre contexte.
L’examen de la relation entre les accords de partenariat et l’innovation au sein des
laboratoires pharmaceutiques au Maroc nous a conduit à se focaliser plus sur les accords de
licence puisqu’elles s’accaparent une place primordiale dans le portefeuille des accords
conclus par ces dernières. Les résultats des travaux menés sur des contextes pareils au notre,
montrent que ce genre d’accords n’a pas d’impact positif sur l’innovation puisque les
politiques publiques dans les pays à revenu faible ou moyen n’ont pas encore pu développer
les capacités absorptives de leurs pays (De Cervantes, et Marshall, 2016).

De même, la revue de littérature sur la relation entre la pression concurrentielle et l’innovation


dans le contexte des pays à revenu moyen ou faible reste insuffisante. Le peu de travaux que
nous avons trouvé montre que l’impact de la pression concurrentielle sur les quatre types
d’innovation est insignifiant (Abdu et Jibir, 2018).

97
Conclusion de la première partie
Nous avons présenté au cours de cette partie les principaux paradigmes sur lesquels nous nous
sommes basés lors du présent travail de recherche à savoir, le paradigme structuraliste et ses
prolongements ainsi que le paradigme évolutionniste. Nous avons également montré que
l’analyse du comportement des entreprises à partir des caractéristiques sectorielles ou de
l’environnement externe devrait être complétée par un examen profond des véritables facteurs
derrière le comportement adaptatif et anticipatif de l’entreprise.

Pour pouvoir étudier en profondeur les processus et les comportements internes de


l’entreprise qui permettent sa transformation nous avons inclus également dans notre analyse
l’approche ressource ainsi que les différents courants en management stratégique, à savoir la
théorie des compétences, la théorie fondée sur les connaissances, la théorie des capacités
dynamiques.

Nous avons également adopté une approche multidimensionnelle du phénomène de


l’innovation qui ne se limite pas uniquement à l’innovation technologique mais qui inclut
également l’aspect non technologique de l’innovation à savoir les pratiques organisationnelles
et de marketing. En combinant la littérature consacrée au secteur pharmaceutique avec celle
liée à l’innovation, nous avons pu définir ce que c’est l’innovation pharmaceutique. En effet,
le développement d’une nouvelle molécule est considéré comme une innovation radicale de
produit tandis que le développement des extensions des médicaments existants telles qu’une
nouvelle forme ou indication présente une innovation incrémentale.

Au cours de cette partie nous avons pu identifier les principaux facteurs qui favorisent
l’innovation et ce en s’inspirant des enquêtes communautaires sur l’innovation. Toutefois
nous avons introduit d’autres imputs de l’innovation tels que l’organisation structurelle,
l’usage des TIC et la coopération externe ainsi que d’autres outputs de l’innovation à savoir
l’innovation organisationnelle et l’innovation commerciale. Il est vrai que les facteurs
identifiés sont considérés comme « traditionnels » mais leurs perceptions diffèrent d’un
contexte à un autre.

A titre d’exemple, les infrastructures de R&D ainsi que son financement dans les pays
industrialisés sont différentes de ceux existants dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Il manque dans ces derniers un système national d’innovation fiable ainsi que les
infrastructures de l’économie de connaissance et les ressources technologiques.

98
Dans le même ordre d’idées, même si généralement l’impact des accords de partenariat sur
l’innovation est positif, ce dernier n’est pas systématique. En effet, les accords de partenariat
avec les laboratoires étrangers sont loin de concerner les activités de R&D. La nature de ces
partenariats dans les pays à revenu faible ou moyen se limitent généralement aux accords de
licence. L’impact de ces accords dépend, entre autres, des caractéristiques de l’entreprise et de
son degré d’engagement dans le processus d’apprentissage et d’assimilation des
connaissances qui circulent soit en interne ou en externe, du niveau de l’économie du pays
ainsi que de son capital technologique. De ce fait, puisque le contexte du présent travail de
recherche est spécifique et concerne une économie à revenu faible ou moyen, il est important
de tenir en considération les caractéristiques de ce contexte et au lieu d’étudier l’impact des
accords de R&D sur l’innovation, il est important de se focaliser sur les accords de fabrication
sous licence, puisque ces derniers acquièrent une place primordiale dans le secteur
pharmaceutique et d’étudier leur impact sur le développement des innovations au sein des
laboratoires pharmaceutiques.

A la fin nous avons pu formuler les hypothèses fondamentales de ce travail de recherche qui
feront l’objet de test et du travail empirique présenté dans la deuxième partie de ce rapport de
thèse.

99
100
Introduction de la deuxième partie
Lors de ce travail de recherche, nous allons adopter le paradigme positiviste. Ce dernier
permet, entre autres, une distanciation par rapport à l’objet étudié, rejette la métaphysique et
se base sur l’expérimentation scientifique pour expliquer des phénomènes et définir les lois
qui les régissent. Notre travail de recherche s’inscrit au cœur de cette approche dans la mesure
où notre objectif est d’expliquer objectivement le phénomène de l’innovation ainsi que les
facteurs qui le favorisent au niveau des laboratoires pharmaceutiques. Une distance par
rapport à l’objet de recherche est également revendiquée. En s’inspirant de l’approche
hypothético déductive, nous allons essayer de quantifier le phénomène de l’innovation et
d’identifier les principaux facteurs qui le favorisent.

L’analyse de la revue de littérature a permis de révéler des résultats déjà prouvés concernant
les facteurs influençant le phénomène étudié tels que les activités de R&D, la structure
organisationnelle, les accords de partenariats…etc. et le phénomène lui-même. La
convergence de ces résultats a permis de formuler les hypothèses que nous allons tester dans
le cadre du présent projet de recherche. A travers l’approche hypothético déductive nous
allons essayer de confirmer ou d’infirmer ces hypothèses de travail. Une étude pré-enquête a
été menée afin de connecter le modèle développé au contexte de l’étude et de faire émerger
d’autres éléments et variables utiles. Des entretiens ont été menés avec des experts de
l’industrie pharmaceutique de différentes organisations et de différentes spécialisations et
profils. La confrontation des avis de ces experts a permis d’enrichir la réflexion sur la
problématique de la recherche.

Nous allons par la suite utiliser l’enquête quantitative pour la collecte de données mesurables
par un questionnaire administré face à face ou par téléphone ou envoyés par e-mail. Nous
nous sommes inspirés des enquêtes sur l’innovation qui sont très courantes dans les pays
faisant partie de l’Union Européenne ainsi que d’autres pays tels que la Suisse, la Norvège,
l’Islande…etc. Ces enquêtes sont organisées dans le cadre des Enquêtes Communautaires sur
l’Innovation (ECI) lancées par la Commission Européenne (CE). L’ensemble des « principes
directeurs proposés pour le recueil et l'interprétation des données sur l'innovation sont
présentées dans le manuel d’Oslo, élaboré dans le cadre des travaux menés par l’Organisation
de Coopération et de Développement Economique (OCDE). A partir de 2005, les enquêtes sur
l’innovation ne se limitaient pas uniquement aux innovations technologiques au sein des
entreprises innovatrices mais englobaient également les innovations organisationnelles et les
innovations de commercialisation.

101
Il est à noter que notre enquête concerne la totalité de la population cible car le nombre des
laboratoires pharmaceutiques qui se trouvent sur le territoire marocain est 49 laboratoires.
Nous n’avons pas procédé par échantillonnage car ce dernier n’a pas de sens statistique dans
notre cas. Nous avons conçu un questionnaire constitué d’échelles de mesure afin de
déterminer le modèle sous-jacent à la réalité et de déterminer les facteurs qui sont derrière le
développement du phénomène étudié à savoir l’innovation. Ce dernier fait appel à plusieurs
connaissances et données existantes dans différents départements au sein d’une même
entreprise, nous avons identifié un point focal dans chaque entreprise dont la mission est de
recueillir les informations requisses auprès des différents services dans l’entreprise ou il
travaille puis renseigner le questionnaire.

Nous avons également mené une étude pré-enquête afin de connecter le modèle développé au
contexte de l’étude et de faire émerger d’autres éléments et variables utiles. Des entretiens ont
été menés avec des experts de l’industrie pharmaceutique de différentes organisations et de
différentes spécialisations et profils. Cette phase a été nécessaire et utile pour la conception de
notre questionnaire. La confrontation des avis des experts a permis d’enrichir la réflexion sur
la problématique de la recherche et d’adapter nos questions au contexte de l’étude.

Ensuite nous allons essayer de modéliser chaque type d’innovation, qui sera considéré comme
une caractéristique dichotomique d'intérêt de réponse binaire en utilisant la régression
logistique. Cette méthode est utilisée dans plusieurs recherches consacrées à la modélisation
de l'innovation. Elle permet la transformation des données binomiales en linéarité. Elle donne
le modèle le mieux adapté qui incorpore la relation entre le phénomène étudié qui est
l'innovation dans notre cas et les variables explicatives sélectionnées pour être incluses dans
le modèle. Elle est reconnue comme une approche convenable pour obtenir des estimations
plus précises des paramètres à estimer.

Dans un premier lieu nous allons procéder par une sélection des variables indépendantes qui
sont statistiquement liées à la variable d’intérêt. Pour se faire, il existe plusieurs tests
statistiques qui le permettent à savoir : le test du chi-deux, le test de Spearman, le test de
Kendall et le test de Kruslal Wallis. Après nous allons examiner les interdépendances entre
les variables explicatives pour éliminer les variables dont la corrélation est forte. Et
finalement nous procédons à la régression logistique en utilisant le logiciel SPSS.
Pour valider le modèle de régression proposé, il est recommandé d’effectuer le test de
significativité, le test de « -2 Log likelihood » ainsi que le test de « Hosmer and Lemeshow ».

102
Ce dernier confirme également la justesse du modèle. Le tableau de contingence et le tableau
de classification seront également utilisés pour valider le modèle de régression.

Cette méthode permet non seulement de tester les hypothèses développées lors de la première
partie du présent travail de recherche mais également d’identifier la combinaison des
variables explicatives qui expliquent le mieux le phénomène étudier et dont la présence
simultanée de ces dernières permet de promouvoir l’innovation.

103
104
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Introduction
Les paradigmes épistémologiques existants perçoivent le rapport entre la réalité et le statut du
chercheur d’une manière différente. Le positivisme, par exemple, considère que cette réalité
est indépendante du chercheur. Le constructivisme et l’interprétativisme par contre, partagent
une vision contextuelle de la réalité et nient l’existence d’une réalité objective. Une chose est
primordiale lors du déroulement d’une recherche est de choisir l’une des approches et de s’y
tenir pour fournir des résultats qui expliquent les présupposés d’une recherche.

Le présent travail de recherche s’inscrit dans une approche positiviste parce que nous
essayons de quantifier le phénomène de l’innovation et d’examiner les principaux facteurs
que le favorisent. En outre, une distance par rapport à l’objet de recherche est revendiquée.
Notre démarche s’inscrit dans le cadre d’une recherche empirique en supposant qu’il existe
des relations de cause à effet que nous cherchons à déterminer. Pour cela, nous avons conçu
un questionnaire constitué d’échelles de mesure afin de déterminer le modèle sous-jacent à la
réalité et de déterminer les facteurs qui sont derrière le développement du phénomène étudié à
savoir l’innovation.

Une étude pré-enquête a été menée afin de connecter le modèle développé au contexte de
l’étude et de faire émerger d’autres éléments et variables utiles. Des entretiens ont été faits
avec des experts de l’industrie pharmaceutique de différentes organisations et de différentes
spécialisations et profils. La confrontation des avis de ces experts a permis d’enrichir la
réflexion sur la problématique de la recherche. Ensuite nous avons élaboré un questionnaire
pour la collecte des données quantitatives sur le phénomène étudié. Ce questionnaire est bâti
sur une progressivité qui implique d’aller du plus simple au plus compliqué. La personne
interviewée se familiarise au début avec les concepts clés qui font l’objet de notre sujet de
recherche à savoir l’innovation de produit, l’innovation de procédé, l’innovation
d’organisation et l’innovation de commercialisation. Puis nous avons enchainé sur des
questions qui permettent de percevoir le degré d’implication de chaque entreprise dans les
innovations technologiques et non technologiques. Nous avons également conçu des questions
qui permettent de mettre en exergue les facteurs les plus importants qui influencent le
développement des innovations au sein des laboratoires pharmaceutiques au Maroc.

Sachant que le questionnaire fait appel à plusieurs connaissances et données existantes dans
différents départements au sein d’une même entreprise, nous avons identifié un point focal

105
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

dans chaque entreprise dont la mission est de recueillir les informations requisses auprès des
différents services dans l’entreprise ou il travaille puis renseigner le questionnaire. De
nombreuses discussions ont été organisées avec le point focal afin de lui expliquer l'objet, le
contenu et les nouveaux concepts du questionnaire. Le questionnaire a été administré en
janvier 2019 et n’a pu être achevé qu’au mois de décembre 2019.

Afin de faciliter l'accès à l'information, nous avons envoyé des lettres officielles aux
principales associations du secteur à savoir l’association « Les Entreprises du Médicament au
Maroc » et au conseil de « l’Ordre des Pharmaciens Fabricants et Répartiteurs » sollicitant
leur collaboration et soutien. Des relances périodiques par e-mail et par téléphones ont été
effectuées afin d’expliquer aux points focaux l’intérêt de collaborer à une telle étude.

Après avoir rassemblé toutes les données, nous avons ensuite procédé à l'analyse des données
en utilisant le logiciel « SPSS » comme outil d’analyse statistique. Nous avons utilisé la
régression logistique pour trouver le meilleur modèle approprié décrivant la relation entre la
caractéristique dichotomique d'intérêt à savoir l’innovation et l’ensemble des variables
indépendantes. Cette méthode statistique est reconnue comme une approche convenable pour
obtenir des estimations plus précises des paramètres à estimer.

106
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Section I : Cadre épistémologique


Au cours de cette section, nous allons présenter dans un premier lieu les différents paradigmes
existants et par la suite nous allons argumenter notre choix de posture épistémologique à
savoir le positivisme. Nous allons également montrer que l’approche hypothético-déductive
est la mieux associée à cette posture pour pouvoir tester les hypothèses développées
auparavant. C’est une méthode de raisonnement basée sur la collecte de données du terrain.
Pour cela et en s’inspirant des questionnaires communautaires sur l’innovation, nous avons
conçu notre propre questionnaire pour rassembler les données sur les laboratoires
pharmaceutiques au Maroc et trouver les relations mathématiques existantes entre la variable
dépendante notamment l’innovation et les variables explicatives présentées auparavant.

I-1. Type de recherche et choix de posture épistémologique


Selon Thiétart et al (2007), l’épistémologie est « la discipline philosophique qui vise à établir
les fondements de la science. En ce sens elle cherche à caractériser la science afin d’estimer
la valeur logique et cognitive des connaissances qu’elle produit.». Le rapport entre la réalité
et le statut du chercheur est perçu de différentes façons selon les différents paradigmes
épistémologiques existant. Il est nécessaire de choisir un des paradigmes épistémologiques et
de s’y tenir pour proposer des résultats qui permettent d’expliquer les présupposés d’une
recherche, de comprendre où de prédire une réalité. Pour les Positivistes par exemple, la
réalité existe en soi et elle est indépendante du chercheur (Popper, 1999). Par contre, pour les
Constructivistes, cette réalité est dépendante de l’esprit de celui qui mène la recherche. Elle
est trop fragile puisqu’elle est le résultat des interactions entre acteurs dans des contextes
particuliers (Le Moigne, 1994).

I-1.1. Paradigme positiviste


Le positivisme est un paradigme philosophique développé essentiellement par Auguste
Comte, philosophe français, au 19eme siècle. Ce paradigme, issu des sciences de la nature,
rejette la métaphysique et se base sur l’expérimentation scientifique pour expliquer des
phénomènes et définir les lois qui les régissent. Selon Auguste Comte, seules les
connaissances scientifiques peuvent révéler la vérité sur la réalité (Kaboub, 2008). Pour cet
auteur, « on ne peut accepter pour vrai que ce qui a été démontré scientifiquement par
l’analyse de faits observés » (Quintin, 2012).

107
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

C'était au début du 20ème siècle que le positivisme a été formellement établi comme une
méthode scientifique dominante par des membres du Cercle de Vienne4. Le positivisme
s’inspire de la théorie cartésienne qui stipule que la raison est le meilleur moyen de générer
des connaissances sur la réalité. Le positivisme s’est inspiré de la méthode déductive de
Descartes (Descartes,1998) qui implique que les événements sont ordonnés et interconnectés,
et donc la réalité est ordonnée et déductible. Il s’est inspiré également de la théorie de David
Hume5 qui présente la réalité comme des évènements atomistiques et indépendants (Dow,
2002). Ce Philosophe pense que le raisonnement logique pourrait nous amener à discerner des
liens inexistants entre des événements se produisant simultanément.

Le paradigme positiviste cherche à expliquer une réalité qui existe. Il est basé sur
l’expérimentation pour arriver à des lois qui régissent un phénomène donné. Le Moigne
(1995), souligne que dans une posture positiviste, il existe deux hypothèses :

- Hypothèse ontologique : le chercheur modélise une réalité et sait qu’il dispose de


méthodes et formules lui permettant de vérifier s’il se rapproche de la réalité ou pas.
- Hypothèse déterministe : le chercheur essaye non seulement de décrire une réalité mais de
définir les causalités existantes et explique d’une façon permanente la réalité existante.

A l’inverse du constructivisme qui limite l’apprentissage aux interactions de l’esprit humain


avec la réalité (stimulus- réponse), le positivisme incite le chercheur à formuler et tester des
hypothèses pour découvrir la vérité. « le positivisme nie toute évidence qui ne se dégage pas
immédiatement des données de l’expérience : ce qui est constaté est seul certain » (Quintin,
2012).

Nous présentons ci-après les principaux fondements du positivisme en se basant sur les
différentes contributions consultés (Ahmimid, 2018 ; Bebey et Léon, 2017 ; Quintin, 2012 ;
Velmuradova, 2004 ; Le Moigne, 1995 ; Hume, 1993). Ces principes sont les suivants :

- L’ontologie : La réalité existe. La loi de la nature fait que tout ce qui est découvert par
logique naturelle est vrai.
- L’objectivité : Le chercheur est indépendant de la réalité préétablie.

4
« Le Cercle de Vienne s'est constitué d'abord comme un mouvement de promotion de l’empirisme logique (ou
« positivisme logique »), et s'inscrit dans une double tradition philosophique, celle du rationalisme et celle de
l'empirisme. » Wikipédia consulté en juin 2019
5
David Hume (1711-1776) est un des plus importants penseurs des Lumières écossaises. Son œuvre le plus
connu est le « le traité de la nature humaine »

108
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

- L’univers câblé : Il existe des lois qui régissent les causalités entre les effets et les causes.
- L’expérimentation : elle est au cœur du paradigme Positiviste.
- La logique et la rationalité : Il existe des méthodes qui peuvent vérifier la connaissance à
travers trois règles cartésiennes à savoir l’analyse, la synthèse et le dénombrement.
- La description peut être exhaustive

I-1.2. Paradigmes Constructiviste et Interprétativiste


Le constructivisme dérive de la pensé de Kant (1724-1804) qui suppose une intervention
active de l’esprit sur notre connaissance et qui soutient l’apprentissage par l’expérience à la
place de la mise en œuvre des règles préétablies. Pour les constructivistes, la réalité est
construite. Il n’existe pas une réalité sociale, elle est construite par le sens que les personnes
donnent au monde (Kerzil, J., 2009). Elle est de nature subjective et chacun lui donne une
signification. Dans une posture constructiviste, nous cherchons à comprendre les motivations
des acteurs. Il existe une forte dépendance entre le chercheur et la réalité objet de
compréhension (Le Moigne, Jean-Louis, 1995).

Piaget (1976), précise que l’esprit humain ne peut pas séparer facilement le connu et le
connaissant. De ce fait, il n’existe pas une réalité unique mais des réalités multiples qui sont le
produit de différentes représentations mentales non figées puisqu’elles peuvent évoluer dans
le temps.

L’objet du constructivisme est la compréhension et l’interprétation des phénomènes observés.


L’expérimentation et la recherche des lois qui régissent ces phénomènes n’est pas une fin en
elle-même. C’est la recherche du sens des phénomènes observés qui est au cœur du
constructivisme.

En se référant toujours aux travaux de Piaget (1964), le constructivisme se base sur un


développement cognitif qui se fait à travers le temps et selon des stades successifs. Dans son
travail sur le développement cognitif chez l’enfant, Piaget précise que l’apprentissage est une
construction personnelle et que l’élève apprend dans l’action. « To know an object, to know an
event, is not simply to look at it and make a mental copy or image of it. To know an object is
to act on it. To know is to modify, to transform the object, and to understand the process of
this transformation and as a consequence to understand the way the object is constructed»
(Piaget, 1964)

109
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Le rôle de l’enseignant est de penser à des situations et les faire vivre à l’élève. Ce sont ces
situations qui vont construire par la suite chez l’élève un bagage qui nécessite parfois d’être
complété par l’enseignant. L’erreur est perçue comme un point fort chez les constructivistes
car en essayant de la comprendre on pourra agir et donc accompagner le développement
cognitif de l’élève.

L’interprétativisme dérive aussi de la pensée de Kant (1724-1804). Il se base sur


l’interprétation des faits observés et il ne se diffère pas beaucoup du constructivisme. Ce sont
deux positionnements proches puisqu’ils partagent une vision contextuelle de la réalité et
nient l’existence d’une réalité objective. Les deux positionnements insistent également sur la
dépendance de l’objet de recherche du chercheur et accordent une priorité à la compréhension
du sens et des motivations derrière les faits observés (Neves et Charles, 2016 ; Acha, 2015 ;
Kerzil, 2009).

Toutefois, il existe des nuances à soulever. Dans une posture interprétativiste, le chercheur va
chercher dans les propos des individus la réalité d’un objet de recherche. Il construit son objet
à partir des entrevues menées (Raffin, 2018). Le chercheur précise dans sa recherche les
moments où il est intervenu pour influencer les personnes interviewées soit par sa présence ou
par ses questions. Dans le constructivisme, le chercheur s’investit dans sa recherche et pour
construire son objet de recherche, il influence les individus et même revendique son influence.
Dans les deux positionnements, le chercheur participe à la construction de son objet de
recherche, la différence est le niveau de participation et le degré de revendication de
l’influence du chercheur par lui-même.

En se référant aux différents auteurs dans le domaine (Raffin, M., 2018 ; Bebey, K. and Léon,
G., 2017 ; Neves, B. and Charles, F., 2016 ; Acha, N., 2015 ; Kerzil, J., 2009), les principes
essentiels du constructivisme et de l’interprétativisme sont :

- La réalité n’existe pas ou ne peut être atteinte.


- La réalité est subjective et dépend du chercheur. Il existe de multiples réalités.
- Il existe différentes représentations du monde. L’univers est ouvert et n’est pas câblé par
des lois.
- L’expérimentation n’est pas importante car on ne cherche pas des lois mais du sens aux
phénomènes observés.

110
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

I-1.3. Choix de la posture épistémologique


Dans le cadre du présent travail de recherche, nous tentons d’expliquer d’une manière
objective le phénomène de l’innovation ainsi que les facteurs qui le favorisent au niveau des
laboratoires pharmaceutiques. Une distance par rapport à l’objet de recherche est revendiquée.

En outre, nous essayons de quantifier ce phénomène et de déterminer les principaux facteurs


qui le favorisent. Nous étudions la relation qui peut exister entre certains facteurs et le
phénomène étudié. L’analyse de la revue de littérature a permis de révéler des résultats déjà
prouvés, entre les facteurs influençant le phénomène étudié tels que les activités de R&D, la
structure organisationnelle, les accords de partenariats…etc. et le phénomène lui-même. La
convergence de ces résultats a permis de formuler les hypothèses que nous allons tester dans
le cadre du présent projet de recherche.

Notre démarche s’inscrit dans le cadre d’une recherche empirique. Nous supposons qu’il
existe des relations de cause à effet que nous cherchions à déterminer. Pour cela, nous avons
conçu un questionnaire constitué d’échelles de mesure afin de déterminer le modèle sous-
jacent à la réalité et de déterminer les facteurs qui sont derrières le développement d’une
innovation.

Nous allons nous baser sur des méthodes scientifiques et rationnelles pour tester les
hypothèses élaborées. Le test va permettre de mettre à l’épreuve la réalité de l’objet théorique
(Charrière et Durieux, 1999). D’après ce qui précède, la posture épistémologique adoptée
dans le cadre de ce travail est bien positiviste. Reste à définir la méthodologie suivie pour
répondre à la problématique et aux objectives cités précédemment.

I-2. Posture méthodologique adoptée


Nous avons adopté, dans le cadre de la présente recherche, une posture méthodologique
positiviste. L’approche hypothético-déductive est utilisée pour tester les hypothèses élaborées
auparavant. La méthode de l’enquête quantitative nous a permis de collecter des données
quantifiables permettant de chercher des éventuelles causalités entre les différents types
d’innovation et les variables explicatives sélectionnées.

I-2.1. Approche hypothético déductive


L’approche hypothético-déductive est associée au paradigme positiviste et permet soit de
confirmer ou d’infirmer les hypothèses formulées pour répondre à une problématique
identifiée. Elle permet de « construire progressivement des théories générales et des modèles

111
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

explicatifs que la communauté scientifique a pour mission de chercher à conforter ou à


réfuter en la mettant à l’épreuve des tests empiriques ». (Quintin, J. ,2012)

La démarche hypothético-déductive est utilisée uniquement pour les recherches quantitatives.


Elle se base sur un raisonnement déductif.

Afin de répondre à la fameuse question « comment je cherche ? » que Charrière et Durieux


(1999) incitent chaque chercheur à la poser, nous nous procédons par la voie du test. En effet,
le chercheur élabore des hypothèses, collecte des données sur le terrain puis les confrontent à
la réalité à travers des tests. Les résultats de ces tests permettent de juger la pertinence du
modèle développé (Thiétart et al., 2007). « La déduction est avant tout un moyen de
démonstration (Grawitz, 1996). Elle se caractérise par le fait que, si les hypothèses formulées
initialement (prémisses) sont vraies, alors la conclusion doit nécessairement être vraie. » (p.
60).

L’approche hypothético-déductive peut concerner la théorie seule et dans ce cas on est dans
une approche abstraite telles que les mathématiques qui partent d’un ensemble d’axiomes
pour en déduire les conséquences logiques. Comme elle peut concerner les sciences
empiriques, et dans ce cas elle associe théorie et pratique dans une séquence bien définie
(Ahmimid, 2018 ; Bebey et Léon, 2017). Voir schéma ci-après :

Schéma 24 : Etapes de l‘approche hypothético-déductive

Receuil et Anlyse des


Analyse de la
Probleme identifié Hypothèses Méthodologie traitement des résultats et
litterature
données interprétation

Source : Adapté de Bertacchini, Y(2015)

Il est à noter qu’il existe différents raisonnements qui dépendent des possibilités de recherche
et qui présentent des sources de connaissances à savoir l’induction, l’abduction et la
déduction. Pour le raisonnement inductif, on commence par les faits et on remonte vers la
théorie. C’est le raisonnement « … à partir d’observations de faits particuliers en vue d’en
dégager des propositions générales » (Angers M., 2009). L’abduction est définie par Savall et
Zardet (2004), p 67, comme étant « la seule forme de raisonnement qui puisse générer des
idées nouvelles, la seule qui soit, en ce sens synthétique. L’abduction consiste donc en une
interprétation de la part de l’observateur de la situation étudiée, qui peut même être

112
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

inconsciente (overcoded abduction) ou consciente. » (Machuret, J.J., 2016). Et finalement la


déduction qui présente notre mode de raisonnement dans la présente recherche, est un moyen
de démonstration basé sur le recueil des données sur le terrain pour tester les hypothèses
émises, comme le montre le schéma ci-après :

Schéma 25 : Modes de raisonnement scientifique

Source : Tiré de l’ouvrage de Yann Bertacchini, 2015. Traité d'Initiation à l’usage de


l’Apprenti-Chercheur en Sciences Humaines & Sociales épistémologie-méthodologie.

I-2.2. Enquête quantitative : les enquêtes sur l’innovation


L’enquête quantitative consiste en la collecte de données mesurables par un questionnaire
administré en face à face ou par téléphone ou envoyés par e-mail. Dans le cas d’enquête, le
chercheur procède par un échantillonnage de la population cible. En se référant aux travaux de
Bertacchini (2015), il existe deux techniques d’échantillonnage possibles :

- L’échantillonnage probabiliste qui signifie « toute technique impliquant un tirage au sort


donnant à chaque élément de la population une chance connue et non nulle d’être
retenu ». Dans ce cas l’échantillon possède sensiblement les mêmes paramètres de la
population cible. En effet, « la moyenne et l’écart type d’un échantillon sont des
estimations de ces mêmes paramètres de la population ».

113
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

- L’échantillonnage non probabiliste qui représente l’ensemble des « … techniques


d’échantillonnage selon lesquelles les éléments d’une population donnée n’ont pas une
probabilité connue d’être sélectionnés dans l’échantillon ». Cette technique ne permet pas
la généralisation des résultats obtenus.

Etant donné que la généralisation des résultats est importante dans le cadre de notre travail de
recherche, la méthode d’échantillonnage non probabiliste est écartée.

L’enquête qualitative quant à elle, est une enquête qui cherche à comprendre ou à expliquer
les motivations des personnes enquêtées. Elle porte généralement sur la collecte de données
verbales non quantifiables et sur un échantillon de petite taille mais elle est conduite en
profondeur. Elle s’enracine dans les approches constructivistes et interprétativistes.

Les enquêtes sur l’innovation sont très courantes dans les pays faisant partie de l’Union
Européenne ainsi que d’autres pays tels que la Suisse, la Norvège, l’Islande…etc. Elles sont
organisées dans le cadre des Enquêtes Communautaires sur l’Innovation (ECI) lancées par la
Commission Européenne (CE) généralement à travers son département Eurostat6. Elles sont
obligatoires car elles dépendent d’un règlement européen.

Le manuel d’Oslo, élaboré dans le cadre des travaux menés par l’Organisation de Coopération
et de Développement Economique (OCDE), présente l’ensemble des « principes directeurs
proposés pour le recueil et l'interprétation des données sur l'innovation » (Manuel d’Oslo,
2005). La première enquête a été menée en 1993. Elle se réalisait toutes les quatre années
jusqu’à l’année 2005 puis tous les deux années (Insee, 2019).

Au début, les enquêtes sur l’innovation concernaient uniquement les entreprises innovatrices.
Par la suite le champ a été élargi même aux entreprises non innovatrices. En outre, elles
concernaient uniquement les innovations technologiques à savoir l’innovation produit et les
innovations de procédés. A partir de 2005, les enquêtes sur l’innovation englobaient
également les innovations organisationnelles et les innovations de commercialisation.

Ce type d’enquête fournit des informations sur :


- La fréquence de l’innovation au sein des entreprises enquêtées ;
- Les activités de l’innovation menées au sein des entreprises ;

6
“Eurostat est une direction générale de la Commission européenne chargée de l'information statistique à
l'échelle communautaire »

114
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

- La nature des innovations développées ;


- Les accords de partenariat pour l’innovation ;
- Le budget alloué à la R&D ;
- Le chiffre d’affaires résultant de l’innovation ;

Un listing des enquêtes sur l’innovation menées par la Commission Européenne (CE) est
présenté sur le site de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (Insee).
Tous les détails sur la méthodologie de l’enquête, sur la présentation ainsi que le traitement
statistique sont fournis dans ladite source. L’institut de la statistique de Québec a publié des
exemples du questionnaire menés par la CE ainsi que d’autres exemples d’enquêtes menées
au Canada en 2017 (Institut de la Statistique Québec, 2017).

Nous sommes partis sur un terrain vierge car nous n’avions aucune base de données à laquelle
nous pourrons nous référer pour répondre aux questions soulevées dans le cadre de notre
problématique de recherche. La seule solution possible est la construction de nos propres
données à travers une enquête quantitative conduite au secteur objet de l’étude.

L’enquête quantitative est choisie dans le cadre du présent travail de recherche car elle permet
de collecter des données quantifiables sur une population donnée afin de trouver les causalités
existantes entre les variables dépendantes qui sont les différents types d’innovations à savoir
l’innovation produit, processus, organisationnelle et commerciales et les différentes variables
explicatives prises dans notre modèle conceptuel.

Le questionnaire est l’outil de collecte de données choisi. Il permet un prélèvement quantitatif


des données afin de trouver les relations mathématiques, ceci en définissant au préalable les
modalités de réponses aux questions fermées. Le questionnaire peut comporter des données
quantifiables comme il peut contenir des informations qui ne sont pas quantitatives. Pour cela,
les questions doivent être posées de telle façon qu’elles permettent de quantifier le qualitatif.
Grawitz (1996) souligne que les méthodes d’échelles est une solution dans ce cas et précise
que « Le propre de l’échelle consiste à transformer des caractéristiques qualitatives en une
variable quantitative, et pour cela à attribuer automatiquement à chaque sujet, d’après ses
réponses, une position le long d’une échelle allant d’une approbation enthousiaste à une
désapprobation totale, en passant par des stades intermédiaires » (page 870)

115
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Il est à rappeler que l’objet de notre thèse est la détermination des facteurs qui influencent le
phénomène de l’innovation pharmaceutique au Maroc. Notre population cible est l’ensemble
des laboratoires pharmaceutiques au Maroc. D’après l’Association Marocaine de l’Industrie
Pharmaceutique (AMIP), on dénombre 49 laboratoires pharmaceutiques au Maroc qui sont
concentrées dans la région Grand-Casablanca. On distingue les laboratoires nationaux qui
sont du nombre de 25 et les filiales des multinationales qui sont du nombre de 24.

Etant donné que la taille de la population cible est petite, il est indispensable de la prendre en
sa totalité et de ne pas procéder par échantillonnage car ce dernier n’a pas de sens statistique
dans ce cas. La définition d’un échantillon a du sens quand la population totale dépasse 100.

Nous nous sommes inspirés des questionnaires communautaires sur l’innovation pour
qualifier le comportement des laboratoires pharmaceutiques au Maroc par rapport à
l’innovation ou plus précisément par rapport à chaque type d’innovation. Ensuite nous allons
essayer de déterminer la fréquence de chaque type d’innovation et finalement en se basant sur
les recherches précédentes et sur l’étude exploratoire nous avons introduit dans notre
questionnaire des questions concernant les facteurs favorisant un tel ou tel type d’innovation.

Dans la section IV, paragraphe IV-3 de ce chapitre nous allons revenir en détail pour décrire
le questionnaire conçu dans le cadre de notre thèse ainsi que les échelles de mesures utilisées.

Section II : Monographie du secteur pharmaceutique au Maroc


Avant d’entamer notre enquête pour la collecte et le traitement des données sur le secteur
pharmaceutique au Maroc, nous avons pensé qu’il serait opportun de présenter une
monographie de ce dernier. Cette section englobe un aperçu sur le marché pharmaceutique
mondial et donne plus d’information sur le secteur étudié au Maroc. Il s’agit de présenter les
principaux éléments concernant la structure de l’offre et de la demande des médicaments ainsi
que la règlementation et les procédures qui régissent le secteur.

II-1. Aperçu sur le marché pharmaceutique mondial


Le Chiffre d’affaires (CA) du secteur pharmaceutique mondial n’a cessé d’augmenter, en
passant de 390 milliards de dollars en 2011 à 1143 milliards de dollars en 2017. Le graphique
ci-après montre que le cap d’un millier de milliards de dollars a été atteint en 2014.

116
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Graphique 5 : Chiffre d'affaires du marché pharmaceutique mondial de 2001 à 2017

Source : Statista, 2020


Selon la Fédération Nationale de l’Information Médicale (FNIM), ce chiffre d’affaires a
atteint en 2020,1400 milliards de dollars (FNIM, 2020). En plus, ce sont les 10 premiers
laboratoires qui accaparent plus de 40% de ce chiffre d’affaires. Ce qui montre que le marché
pharmaceutique mondial est marqué par une concentration importante. Le tableau ci-après
montre la part de marché de ces 10 premières multinationales pharmaceutiques :

Tableau 1 : Chiffre d’affaires des 10 premières multinationales pharmaceutiques en


2019

Multinationales CA (PFHT) en milliards de dollars Part de marché

1 Johnson &Johnson 53,5 5,1%

2 Novartis 51,1 4,9%

3 Roche 47,2 4,5%

4 Pfizer 46,6 4,4%

5 Merck &Co 43,4 4,2%

6 Abbvis 40,8 3,9%

7 Sanofi 40,6 3,9%

117
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

8 GlaxoSmithKline 39,5 3,8%

9 BMS 37,1 3,5%

10 Lilly 31,2 3,0%

Source : Bilan économique des Entreprises du Médicament – Edition 2020 (Leem)

La multinationale américaine Johnson & Johnson bénéficie de la 1ère place du classement


mondial des 10 premiers laboratoires du secteur. Les deux multinationales suisses Novartis et
Roche profitent respectivement de la seconde et troisième position, suivis par les américains
Pfizer et Merck & Co.

II-2. Industrie pharmaceutique marocaine


Au lendemain de l’indépendance, le Maroc importait plus de 85% de ses besoins en
médicaments. La naissance de l’industrie pharmaceutique locale a eu lieu en 1960 et elle est
passée de 8 unités de fabrications en 1960 à 49 unités en 2019. Elle dispose également
d’environ 60 grossistes répartiteurs et 11000 pharmacies. La demande du médicament est
fortement influencée par la couverture sociale qui ne dépasse pas les 69% de la population
totale. En outre, il existe tout un dispositif juridique qui régit ce secteur au Maroc. Il s’agit
entre autres, du code du médicament et de la pharmacie, des textes juridiques sur la
règlementation les prix, la qualité du médicament et sur la protection industrielle.

II-2.1. Structure de l’offre et de la demande


Selon l’AMIP, l’industrie pharmaceutique marocaine représente 1,5% du PIB global et près
de 5,2% du secteur industriel. Ce secteur génère environ 55000 emplois direct et indirect.
Quant à la production locale, elle satisfait environ 60% de la demande locale. Les 40% restant
sont importés (AMIP, 2019).

a) Structure de l’offre du médicament


En 2019, le marché marocain du médicament a atteint 15 milliards de dirham de chiffre
d'affaires, avec un taux de croissance annuel moyen de 8%. Le tableau ci-après illustre
l’évolution du CA en 2015 et 2019 :

118
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Tableau 2 : évolution du CA du secteur pharmaceutique au Maroc

2015 2016 2017 2018 2019

CA en milliards de dh 9,3 10,5 10,8 11,9 12,8

Source : Avis conseil de la concurrence sur le secteur pharmaceutique au Maroc, 2020.

Il est à noter que les importations sont soumises à une autorisation préalable du ministère de
la sante. L’industrie pharmaceutique capitalise 60 années de savoir-faire reconnu dans le
domaine et exporte 17% de sa production en médicaments soit, 1,3 Milliards de Dhs en 2019
(AMIP, 2019).

L’industrie pharmaceutique nationale est caractérisée par la présence des sociétés nationales
et des représentants des multinationales installés au Maroc tels que Sanofi Aventis, Bayer,
GSK, Roche et Bottu. Selon l’avis publie par le Conseil de la Concurrence (CC) en 2020
(Conseil de la Concurrence, 2020), l’offre du médicament n’est pas concentrée puisque le
premier laboratoire ne bénéficie que de 11% de part de marche et le deuxième et le troisième
de 8%. Toutefois, ces données sont à relativiser puisqu’une analyse des parts de marche selon
les classes thérapeutiques montre que le marché est oligopolistique sur certaines classes
thérapeutiques (Conseil de la Concurrence, 2020). Le tableau ci-après présente la part du
chiffre d’affaires des laboratoires pharmaceutiques dans les principales classes thérapeutiques.

119
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Tableau 3 : Part de marché des laboratoires selon les principales classes thérapeutiques

Source : Avis du conseil de la concurrence sur le secteur pharmaceutique au Maroc,


2020

b) Médicaments princeps et génériques

L’offre du médicament est divisée principalement entre deux segments. Il s’agit de


médicaments princeps et médicaments génériques :

Médicament princeps : composé d’un ou de plusieurs principes actifs ou « substances


actives », responsable(s) de son effet thérapeutique, et d’excipients. C’est le médicament
d'origine à partir duquel sont conçus les médicaments génériques (la loi n°17-04). Son
développement nécessite des investissements énormes en R&D et il est protégé par un brevet
qui dure entre 20 et 25 ans.

Médicaments génériques : c’est une « copie légale » d’un médicament princeps après
expiration du brevet qui le protège. L’article 2 de la loi n° 17-04 du code du médicament le
définit ainsi : « la spécialité générique d’une spécialité de référence qui est considérée comme
une spécialité qui a la même composition qualitative et quantitative en principes actifs et la
même forme pharmaceutique que la spécialité de référence, et dont la bioéquivalence avec
cette dernière a été démontrée par des études appropriées de biodisponibilité. La spécialité

120
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

de référence et la ou les spécialités qui en sont générique(s) constituent un groupe


générique ». Cette définition couvre deux aspects fondamentaux, notamment l’identité et la
composition qualitative et quantitative en principes actifs (les excipients peuvent être
différents) et l’échéance du brevet ou son absence.

Le générique est avant tout un médicament qui doit répondre aux mêmes normes de qualité,
d’efficacité et d’innocuité que le princeps. Il doit théoriquement faire démonstration de sa
bioéquivalence avec le modèle et il doit, comme les autres médicaments, obtenir une
autorisation de mise sur le marché avant sa commercialisation. Pour pouvoir faire une copie
d’un médicament donné, il faut l’expiration de son brevet. Le schéma ci-après illustre une
comparaison entre ces deux types de médicaments.

Schéma 26 : Comparaison entre le médicament Princeps et Générique

Médicament Princeps Médicament Générique


• fabrication basée sur une • fabrication possible aprés
innovation radical ou incrémental exctinction de brevet
• coût de la R&D élevé • basé sur le "reverse engineering"
• rique d'échec elevé • taux d'echec faible
• long processus de fabrication • peu d'investissement en R&D
• structure monopolostique de • tests pré-cliniques réduits
l'offre • coûts de publicité faibles
• prix de vente élevé
• coûts de publicité elevés

Source : Conception personnelle

c) Circuit de distribution

La distribution du médicament est faite par le biais de laboratoires fabricants, de grossistes


(répartiteurs) et de détaillants (pharmaciens d’officine). Laboratoire-grossiste-pharmacie-
consommateur est le circuit prédominant pour la distribution des médicaments. Près de 80%
des produits transitent par ce circuit pour le marché intérieur.

Par ailleurs, les laboratoires livrent directement près de 10% des produits aux pharmacies. La
même proportion est adressée aux cliniques semi-publiques et aux hôpitaux. Toutefois, des
brèches sont ouvertes au secteur informel, surtout dans les zones à haut risque de trafic et de
contrebande, notamment la zone de sud, les régions frontalières d’Oujda, de Ceuta et de

121
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Melilla. Ce qui peut avoir une incidence dramatique sur la santé publique vu la qualité des
produits contrefaits. Le schéma ci-après présente le circuit de distribution des médicaments au
Maroc.

Schéma 27 : Circuit de distribution des médicaments au Maroc

Source : Inspiré de l’AMIP

d) Structure de la demande de médicament

La consommation du médicament est composée de deux segments, à savoir le secteur privé et


le secteur public qui représentent respectivement 80% et 20% de la demande. La
consommation globale du médicament atteint environ 16 milliards de dirhams et la
consommation par habitant est passée de 312 dh en 2007 à 431 dh en 2017, comme le montre
le graphique ci-après.
Graphique 6 : Evolution de la consommation par habitant

Source : avis conseil de la concurrence sur le secteur pharmaceutique au Maroc,


2020

122
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

La demande publique est représentée par les achats des institutions publics notamment les
Hôpitaux du Ministère de la Santé, CHU, et les Hôpitaux Militaires et passe par une
procédure organisée par le ministère de la santé. Les médicaments princeps représentent 20%
du volume des achats publics, équivalent à 39% en valeur et les médicaments génériques
représentent 79% en volume et 43% en valeur des achats.

L’Accès au médicament est influencé principalement par la couverture sociale qui ne dépasse
pas 69% de la population marocaine, comprenant les bénéficiaires de l’AMO et du RAMED.
31% de la population reste non couverte, ce qui rend son accès au médicament très
compliqué.

II-2.2. Cadre légal et institutionnel


Les principaux textes juridiques qui régissent le secteur du médicament au Maroc sont le code
du médicament et de la pharmacie, le décret de la règlementation des prix, le décret du
contrôle de la qualité ainsi que les textes juridiques qui régissent la protection industrielle.

a) Code du médicament et de la pharmacie


Le code du médicament et de la pharmacie adopté le 17 janvier 2006 (BO n° 5480 du 7-12-
2006) a permis de doter le secteur d’outils juridiques et organisationnels nécessaires pour la
protection du consommateur, du pharmacien et du fabricant. Il a constitué un bol d’oxygène à
l’industrie pharmaceutique à travers, entre autres :

- La libéralisation du capital aussi bien dans la fabrication que dans la distribution, ce qui ne
manquera pas d’attirer les investissements nationaux et étrangers. En effet, l’ancien dahir
de 1960 stipule que 51% du capital doit appartenir à un ou plusieurs pharmaciens et 26%
au moins à des pharmaciens autorisés à exercer dans notre Royaume. Par contre avec le
code 17/04, les sociétés pharmaceutiques sont constituées de capitaux libres non
nécessairement pharmaceutiques sous les conditions suivantes :
✓ Le propriétaire doit être pharmacien,
✓ Un pharmacien doit être un des directeurs généraux, soit un des gérants,
✓ Les directeurs techniques et les directeurs commerciaux doivent être des pharmaciens
autorisés,
✓ L’autorisation est accordée après avis du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens
du Maroc (CNOP).

123
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

- L’élargissement du monopole pharmaceutique : selon l’article 30 de la loi 17/04, certains


produits sont exclusivement réservés aux pharmaciens d’officine en vue de leur
dispensation au public. A titre d’exemple, les laits ainsi que les aliments lactés diététiques
pour nourrissons et les aliments de régime destinés aux enfants de premier âge,
- L’abondant des pharmacies intérieures des cliniques et les remplacer par des réserves de
médicaments pour l’usage intérieur et qui doivent être gérées sous le contrôle d’un
pharmacien à plein temps ou d’un pharmacien conventionné, installé dans la même
commune que la clinique, et avec l’aval du conseil de l’ordre,
- Le remplacement d’un pharmacien lors d’une absence inférieure à un mois nécessite
seulement l’information du conseil de l’Ordre et l’administration,
- La possibilité de prolonger la durée de remplacement au-delà de 15 mois dans des cas
particuliers sur autorisation de l’administration,
- Les sanctions prévues dans le dahir de 1960 ont été allégées pour le pharmacien et alourdit
pour le non-pharmacien.

b) Règlementation des prix


Les prix des médicaments sont fixés conformément aux dispositions du décret n° 2-13-852
(BO n°6214 du 18 décembre 2013) relatif aux conditions et aux modalités de fixation du prix
public de vente des médicaments fabriqués localement ou importés. Les prix sont fixés par le
Ministre de la Santé en vertu d’une délégation de pouvoirs du Chef du gouvernement en la
matière, après avis de la Commission Interministérielle des Prix (CIP).

Le prix hors taxe de la spécialité pharmaceutique est fixé sur la base d’une comparaison des
prix de chaque médicament dans un échantillon de 7 pays (Arabie Saoudite, Belgique,
Espagne, France, Portugal, Turquie et en plus le pays d’origine s’il est différents). Au prix
hors taxe fixé, s’ajoutent la marge du grossiste (11%) et celle du pharmacien, telles que
décrites dans le tableau ci-dessous et enfin la TVA.

124
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Tableau 4 : Marges des pharmaciens d’officines

Marge des pharmaciens d’officine


Tranche de prix fabricant HT PPV Maroc Marge effective

Prix < 166 Prix < 280,60 33,93%


166 < Prix < 588 280,60< Prix < 962,70 29,74%
588< Prix < 1756 962,70< Prix < 2875 300 dhs
Prix > 1756 Prix > 2875 400 dhs
Source : décret n° 2-13-852 du 18 décembre 2013, relatif aux conditions et aux modalités
de fixation du prix public de vente des médicaments fabriqués localement ou importés.
Nous distinguons deux modes de fixation des prix des médicaments :

Pour une première introduction du produit :

✓ Les médicaments Princeps nouvellement introduits sur le marché : le prix fixé est
équivalent au prix fabricant le plus bas dans les pays du benchmark,
✓ Les médicaments génériques : le prix (prix maximum de référence) est fixé sur la base
du prix du médicament princeps réduits d’un taux de décrochage (variable en fonction
du niveau du prix).

Tableau 5 : Formation des prix des médicaments génériques

Taux de décrochage du générique par rapport au princeps


Prix fabricant HT Décrochage Exemple
du princeps (en dh)
Prix ≤ 15 0% Exemple de calcul du prix maximum de
référence d’un médicament générique :
15 ≤ Prix ≤ 30 15%
Prix fabricant HT du princeps = 200 dh
30 ≤ Prix ≤ 70 30% Taux de décrochage = 40%
Prix maximum HT du générique = 120 dh
70 ≤ Prix ≤ 150 35%
150 ≤ Prix ≤ 300 40%
Prix > 300 50%

Source : décret n° 2-13-852 du 18 décembre 2013, relatif aux conditions et aux modalités
de fixation du prix public de vente des médicaments fabriqués localement ou importés.

125
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Pour une révision du prix dans le cadre de la révision quinquennale de l’autorisation de mise
sur le marché du produit, le prix maximum est fixé comme suit :

✓ Pour les princeps : la moyenne des prix dans les pays du benchmark,
✓ Pour les génériques : la médiane des prix des médicaments commercialisés.

c) Contrôle de Qualité
Par soucis de garantir une bonne qualité du médicament, il y a eu lieu en 1969 de la création
du Laboratoire National du Contrôle des Médicaments (LNCM) par le décret n° 2-72-373 (
BO n° 3212 du 24 avril 1974) relatif à la création du laboratoire national de contrôle des
médicaments et des spécialités pharmaceutiques. Les années 80 sont connues par une
croissance des investissements dans le secteur du médicament (Conseil de la Concurrence,
2020).

D’autres institutions et operateurs sont concernés par le contrôle de la qualité du médicament


à savoir le laboratoire lui-même via la pharmacovigilance, le ministère de la santé et bien sur
le pourvoyeur de la licence. Le schéma ci-après est une illustration de ces institutions de
contrôle.

Schéma 28 : Unités de contrôle de la qualité du médicament

Source : Conception personnelle

126
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

c) Propriété industrielle

Pour ce qui de règlementation sur la propriété industrielle, nous avons déjà présenté les
éléments essentiels lors du chapitre premier (III-3-2) intitulé « place de brevet dans le secteur
pharmaceutique ».

Section III : Etude pré-enquête


En s’imprégnant de la méthodologie suivie pour les travaux de recherche antérieurs (Acha,
N., 2015), il y a lieu de signaler que parmi les outils utilisés au cours de la phase exploratoire
on peut noter, l’étude documentaire relative au secteur de l’industrie pharmaceutique et les
entretiens avec les industriels où les experts du domaine, et les représentants des
administrations de tutelles.

III-1. Etude documentaire


Il existe plusieurs recherches académiques, enquêtes et études sur l’innovation dans le secteur
pharmaceutique. Toutefois, ces études et rapports sont restés limités aux économies
développées où les Bigpharma7 sont implantées. Peu de recherches et de rapports, concernant
les économies à revenu moyen ou faible sont élaborés. Généralement ces rapports touchent
aux aspects liés aux prix et à l’accès de médicaments à ces marchés. Sur le volet innovation,
ils sont rares les travaux à citer dans ce domaine.

A l’échelle nationale, il a été noté la présence de quelques rapports d’aspect général, qui
concernent la concurrence dans le secteur pharmaceutique et les prix des médicaments comme
le rapport élaboré par le Conseil de la Concurrence.

Par ailleurs, les professionnels du secteur, interrogés au cours de cette phase, ont souligné
qu’aucun rapport traitant le volet innovation dans le secteur pharmaceutique au Maroc
n’aurait été publié. S’agissant de la production académique scientifique qui analyse
l’innovation dans le secteur pharmaceutique au Maroc, d’après nos recherches, il n’y pas
suffisamment de travaux de recherche qui pourraient servir de référence au présent travail de
recherche. Les quelques rapports retrouvés sont cités ci-après :

- L’enquête sur les prix des médicaments réalisée par l'Organisation Mondiale de Santé
(OMS) en collaboration avec le Ministère de la Santé en 2004.

7
Bigpharma= ce sont les plus grands acteurs de l’industrie pharmaceutique comme AstraZeneca,
GlaxoSmithKline, Merck, Pfizer, Roche.

127
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

- Le rapport de la mission d'information sur le Prix du Médicament au Maroc (PPM) en


2009.
- L'étude sur la concurrentiabilité du secteur de l'industrie pharmaceutique effectuée par
le Conseil de la Concurrence en 2010.

III-2. Entretiens avec les experts du secteur


Afin de brasser un large éventail de sources informationnelles dans le secteur pharmaceutique
au Maroc, des entretiens ont été organisés avec des experts de l’industrie pharmaceutique de
différentes organisations et de différentes spécialisations et profils. La confrontation des avis
de ces experts n’a fait qu’enrichir la réflexion sur la problématique de la recherche.

En outre, les caractéristiques des laboratoires pharmaceutiques marocaines sont différentes


des filiales des multinationales dont la stratégie et le management interne dépendent de leurs
sociétés mères. De même, les spécificités d’un laboratoire spécialisé dans la fabrication des
génériques ne ressemblent pas à un laboratoire qui assure la fabrication des princeps et des
génériques.

Un guide ainsi qu’une fiche d’entretien ont été élaborés et ont été utilisés pour tous les
entretiens menés afin de capitaliser sur les informations et connaissances échangées pour
mieux les exploiter et pour enrichir le modèle théorique présenté précédemment.

III-2.1. Echantillon de la recherche


L’échantillon de la recherche dans cette phase est constitué des experts qui exercent dans des
laboratoires pharmaceutiques marocains et d’autres dans des filiales des multinationales. Nous
avons également sollicité l’avis d’autres experts du domaine tels que le doyen de la faculté de
la Pharmacie à Casablanca et l’ex Directeur Général de l’Association Marocaine de
l’Industrie Pharmaceutique (AMIP).

Des experts du secteur publique ont, également été interrogés afin de marier les avis des
professionnels avec ceux des représentants de l’administration public, régulateurs du secteur.

Le tableau ci-après présente la nature des entités visitées ainsi que les profils des personnes
interrogées :

128
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Tableau 6 : Entités visitées pré-enquête

Entité visitée Nature Nom et prénom Fonction Ancienneté


de la personne dans
interrogée l’entreprise

Entreprise x Filiale d’une xxxxxxxxxxxx Responsable de la Dix années


multinationale filière
« médicament »

Entreprise Sothema Entreprise Mme. Najla EL Directrice Dix années


pharmaceutique Hany Maalal innovation
marocaine
Mme. Gizlane Directrice Qualité et Plus de vingt
Khaneboubi Développement années

Association Marocaine Association Mr. Abdelmajid Ex-Directeur Plus de trente


de l’Industrie Marocaine de Belaiche Général de l’AMIP ans dans
Pharmaceutique l’Industrie l’industrie
(AMIP) Pharmaceutique pharmaceutique

Ministère de la Santé Direction des Dr. Bouchra Chef de service « Dix-huit années
Médicaments et de Benslaoui Activités
la Pharmacie économiques »

Université Mohammed Faculté de la Pr. Samir Ahid Doyen de la Faculté


VI des Sciences de la Pharmacie de la Pharmacie

Santé. Casablanca

III-2.2. Méthodologie de l’entretien


Une présentation de la problématique de la recherche, aux experts interrogés a été faite. Cette
présentation permet de mettre l’interlocuteur dans le cadre de la recherche et lui signifier tout
l’intérêt que nous portons à l’enrichissement du présent travail par les informations qu’ils
nous livrent. La présentation permet également de montrer à l’interlocuteur les attentes de la
recherche à travers un guide qui est établi suivant la spécialisation et le domaine de
compétence de l’expert de la séance.

Ensuite, des questions ouvertes, ont été posées aux personnes interrogées afin de recueillir le
maximum d’information sur la pratique de l’innovation au sein des laboratoires
pharmaceutiques. Cette méthode permet de ne pas se limiter à des réponses prédéfinies. Les

129
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

questions posées concernent aussi bien la perception des experts à l’innovation et les
incitations à cette dernière, que les déterminants de l’innovation et les éventuels liens
existants entre ces déterminants et la pratique étudiée.

Cette méthode est utilisée dans l’objectif de tirer pleinement profit de l’expertise de
l’interlocuteur en l’incitant à donner le maximum d’information non seulement sur la question
posée mais à aborder des sujets qui s’y réfèrent. Cette méthode enrichit le contenu et soulève
des idées non prévues par le guide. Elle permet également de dépasser le guide et d’inviter
l’interlocuteur à une confrontation d’idées en exposant les idées développées par d’autres
interlocuteurs.

Les variables du modèle ont également figuré parmi les points discutés avec les experts
interrogés afin de pouvoir, en collaboration avec ces derniers, les contextualiser. Les
discussions menées sur les variables du modèle ont permis de savoir la signification que
donnent nos experts industriels aux variables du modèle ainsi que leurs pertinences. Chose qui
permet d’opérationnaliser les variables du modèle et d’anticiper les questions qui vont figurer
dans le prochain questionnaire, conçu pour recueillir des informations quantitatives, valables à
l’estimation du modèle économétrique développé pour déceler les déterminants de
l’innovation dans les laboratoires pharmaceutiques au Maroc.

a) Guide de l’entretien

Des questions sur le phénomène de l’innovation ainsi que sur les déterminants de ce
phénomène ont été préparées afin d’orienter les discussions menées avec les professionnels du
secteur vers la thématique de la recherche et de mieux cerner le contour de la problématique
de la recherche. L’élaboration de ces questions a permis également d’optimiser le temps
consacré par l’expert interrogé à l’entretien. Un exemple du guide d’entretien élaboré dans
cette phase est joint en annexe numéro 1.

b) Fiche de l’entretien

Des fiches d’entretien ont été conçues pour organiser les informations recueillies. Ces fiches
sont composées d’informations sur l’entité visitée, sur la personne interrogée, au cas où cette
dernière n’exige pas l’anonymat et les différents points échangés lors de l’entretien. Les
citations des personnes interrogées y sont également inscrites.

III-2.3. Présentation des fiches d’entretiens

130
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Entretien numéro : 1

Date et lieu : 14 Mars 2018 Durée de l’entretien : 1h30 (de 12h à


13h10)
Thème : Déterminants de l’innovation pharmaceutique au Maroc
Entreprise : une filiale d’une Nom expert : Statut : Responsable de la
multinationale xxx xxx filière médicament
Descriptif de l’activité de l’entreprise
- Fabrication, Importation et commercialisation des médicaments.
- Un portefeuille de médicaments qui dépasse 118 médicaments.
- Chiffre d’affaires qui dépasse les 700 millions de DH.
✓ Phénomène de l’Innovation
La personne interrogée a souligné que l’innovation dans le secteur de l’industrie
pharmaceutique subit beaucoup de blocages. Elle a proposé d’analyser le phénomène
étudié du point de vue « blocages » et non pas « incitations à l’innovation ». En effet, la
présence d’une multinationale sur le territoire national est confrontée à de nombreuses
contraintes, principalement juridiques.

Après avoir demandé plus de détails et d’exemples sur les contraintes juridiques précitées,
la personne interrogée a précisé que l’environnement juridique n’est pas propice à
l’innovation dans la mesure où il n’existe pas un cadre prédéfini et opérationnel qui
permet à la multinationale de lancer des processus R&D en collaboration avec les
universités locales, tout en lui garantissant la transparence qu’il faudrait et un retour sur
investissement. L’engagement des sommes d’argent dans la mise en place des centres de
R&D au niveau des universités nécessite une confiance et un cadre transparent régi par
l’Etat.

Entre l’univers des chercheurs et l’industriel, la présence d’un médiateur qui assure le rôle
d’accompagnement, de fédération et d’orientation de la R&D est fondamental pour
transformer la science en innovation. Et c’est l’Etat qui, à l’instar des pays développés,
assure ce rôle de médiateur.

Les contraintes juridiques soulevées par notre interlocuteur, touchent également d’autres

131
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

aspects. Il s’agit entre autres, des textes qui régissent le secteur pharmaceutique en
général et les procédures d’enregistrement de nouvelles molécules en particulier pour que
celles-ci puissent être commercialisées au Maroc.

Dans ce sens, notre interlocuteur a cité comme exemple les textes qui régissent
l’autorisation de mise sur le marché (AMM). Le texte d’application relatif aux AMM a
pris du retard pour sa définitive mise en œuvre en 2015. Avant cette date, le dossier de
l’AMM prenait plusieurs mois avant d’être validé. Le manque de transparence dans le
traitement de ces dossiers fait que certains dossiers tardaient à être étudiés et pouvaient
même être refusés après plusieurs années d’attente, alors que d’autres prenaient beaucoup
moins de temps. Même chose pour ce qui est du décret relatif aux bio similaire

La personne interrogée a enchainé par la suite sur le manque d’information et de


transparence concernant les procédures d’enregistrement du médicament ainsi que l’octroi
du remboursement.

✓ Accès à l’information et transparence


Concernant ce volet, la personne interrogée a souligné qu’il n’existe pas un système ou
une application informatique qui permettrait de suivre en ligne l’état d’avancement du
dossier d’autorisation de mise sur le marché, du dossier de prix ou du dossier de demande
de remboursement. Pire encore, le laboratoire pharmaceutique n’a aucune idée sur les
produits des concurrents en cours d’enregistrement.

L’autre point soulevé concerne la diffusion des données épidémiologiques. Sachant que
les données épidémiologiques permettent aux laboratoires de construire des nouveaux
plans de R&D ou de conception de nouveaux médicaments, les professionnels se
plaignent du manque d’information disponible sur ce volet.

Toutes ces contraintes citées par notre interlocuteur, ne font que retarder l’accès du
patient marocain à l’innovation.

✓ R&D et Coopération avec l’université


L’entretien nous a permis d’enchaîner sur les éventuels partenariats entre la
multinationale et l’université. Sur ce point, il a été souligné qu’aucun accord de
partenariat en termes de R&D n’a été conclu avec les universités. La R&D est centralisée
au niveau central. L’activité principale de la filiale est la fabrication sous licence de

132
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

certains princeps et la commercialisation des produits importés de la maison mère.

✓ Incitations à l’innovation
En plus de la mise en place d’un système national de l’innovation et de son
opérationnalisation, la personne interrogée a mis l’accent sur les procédures internes qui
favorisent l’innovation. Il s’agit principalement de la structure interne de l’entreprise qui
pourrait être favorable à l’innovation. Sur ce point, elle a précisé que la formation
constitue un axe stratégique pour l’entreprise. C’est un outil qui lui permet de créer un
avantage compétitif certain. Pour cela, des outils très développés ont vu le jour en matière
de déroulement des formations. Le e-learning est l’une des avancées importantes qu’a
connues l’activité de la formation. Il permet, entre autres, de dématérialiser le lieu de la
formation et d’en faciliter l’accès.

Pour ce qui est de la filiale visitée, elle a mis à la disposition de son personnel une offre
de formation variée et adaptée à leurs besoins. Dans ce sens, il existe au sein de la filiale,
des formations obligatoires pour tout le personnel avec un « Reminder » et des formations
optionnelles spécifiques, selon le besoin de chacun.

Une plateforme a été développée dans ce sens. La personne intéressée par une formation,
peut entrer et sélectionner les thèmes et les timings qui lui conviennent. Ce type de
formation a été développé dans le cadre de programme « help your self », pour permettre
à la personne de développer en permanence ses compétences.

✓ Types d’innovation
Sur ce point également, notre interlocuteur a préféré aborder les aspects de l’innovation et
non le degré de l’innovation puisque la R&D se fait ailleurs et les produits de haute
technologie sont importés via la filiale. Au Maroc, la filiale investit plus dans la force de
vente et dans la promotion. En effet, des avancées énormes ont vu le jour en matière de
digitalisation de la vente et de la promotion médicale.

L’accent a été mis également sur l’importance de la compétence administrative qui


maitrise les procédures de dépôt des dossiers de brevet et de l’AMM.

Ce point a suscité en particulier notre attention pour enchainer sur la place que revêt les
Technologies de l’Information et des Télécommunications (TIC) dans ce secteur.

133
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

✓ Place des TIC


Les TIC occupent une place importante dans ce secteur. Leur apport est primordial
surtout dans la phase de commercialisation. Par contre, la fabrication du médicament au
Maroc est restée sur des processus classiques.

Les TIC jouent également un rôle important au sein de la structure en facilitant la


communication et le partage de la connaissance entre le personnel de l’entreprise. La
dématérialisation de la formation n’est qu’un des exemples à citer pour montrer l’apport
des TIC à l’organisation de l’entreprise et à son staff. D’autres exemples concernant
l’utilisation des TIC ont été cités :

• Par rapport aux médecins


Un Code est accordé à chaque médecin pour accéder à la plateforme des formations et
des séminaires pour qu’il soit au fait de la nouveauté sur le marché et sur les
nouveaux produits innovants conçus par l’entreprise mère.

Le médecin peut suivre la formation en ligne ou se déplacer au laboratoire


(Casablanca) pour la suivre. L’objectif est de permettre l’accès à l’information et à la
formation à tous les médecins quelques soient leurs localisations.

• Par rapport aux délégués médicaux : du registre à l’application numérique


Etant donné que le délégué médical est le représentant du laboratoire auprès du corps
médical, il est chargé de renseigner en ligne un rapport qui détaille les visites
effectuées chez chaque médecin et faire le « reporting » quotidien de son activité. Sa
mission s’est vue impactée par l’essor des nouvelles technologies. A la place de
l’utilisation des registres pour inscrire les informations recueillies, en attendant de les
transmettre au laboratoire, des applications informatiques rapides et efficaces, ont été
développées, permettant d’échanger en ligne avec ce dernier.

✓ Structure de l’entreprise
L’entrevue s’est terminée par une question sur la structure de la filiale. Sur cette question,
la personne interrogée a précisé qu’au sein de la filiale, il y a une structure mixte qui
combine les deux modes de fonctionnement, hiérarchique et fonctionnelle. Le rôle des

134
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

responsables fonctionnels consiste en l’apport de l’assistance et l’optimisation des


décisions du pouvoir décisionnel. Elle a ajouté que des « Task force »8 sont constituées
pour travailler sur des projets bien définis. Les personnes réunies dans ce groupe sont
choisies selon leurs domaines de compétence et d’expertise.

Citations :

- « On innove dans la façon de challenger l’environnement »


- « Je préfère parler du blocage à l’innovation au lieu des incitations à
l’innovation »
- « Il faut que l’arsenal juridique soit complet pour qu’il puisse redonner confiance
à nos boites pour investir avec les universités dans la R&D »

8
Task forces : les compétences qui sont couramment pertinents et complémentaires

135
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Entretien n°2

Date et lieu : 27 Mars 2018 Durée de l’entretien : de 09h30 à 11h00


Thème : Déterminants de l’innovation technologique et non technologique au sein des
laboratoires pharmaceutiques au Maroc
Entreprise : Nom de l’expert : Statut :

Sothema
Mme. Najla El Hany Maalal Directrice Innovation

Mme. Gizlane Khaneboubi Directrice Qualité et


Développement
Descriptif de l’activité de l’entreprise
- Un laboratoire pharmaceutique 100% marocain, spécialisé dans la fabrication et la
commercialisation des médicaments depuis 1976 ;
- Fabrication du médicament sous marque propre, acquis auprès des laboratoires
commettants.
- Fabrication de médicament sous licence
- Exportation des médicaments
- R&D dans le secteur de biotechnologie
- Chiffre d’affaires qui dépasse un milliard de Dh
✓ L’innovation

« La raison d’être de l’entreprise » est de ramener des solutions aux patients marocains, et
l’innovation est le moyen qui nous permet d’atteindre cet objectif, telles sont les
déclarations des expertes interrogées. L’innovation est inscrite dans la stratégie globale de
l’entreprise et « nous cherchons toujours à présenter des produits différents à ce qui
existe sur le marché national » et à challenger la maladie quelle qu’elle soit sa complexité.

A titre d’exemple Sothema a été, en 1991, leader national dans la fabrication de


l’insuline. Elle est également, aujourd’hui la première et la seule société pharmaceutique
au Maroc qui fabrique les médicaments issus de la biotechnologie.

✓ Degrés et formes de l’innovation

Les personnes interrogées ont précisé que leur démarche d’innovation s’inscrit dans des

136
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

modèles de rupture, pour « une ère thérapeutique nouvelle » tout en gardant les anciens
modèles qui se basent sur l’exploitation de l’existant. En effet, la société a pu fabriquer
localement des produits de hautes technologies et elle est même arrivée à les exporter.
Elle ne s’est pas contentée uniquement de l’importation des produits innovants. Mieux
encore, elle a réussi la fabrication de cette catégorie de produit sur le territoire national en
créant de la richesse et en participant à « l’endogénéisation » de l’industrie nationale.
Toutefois, des innovations incrémentales sont mises en place par la société. Ces
innovations trouvent leur source et découlent de l’innovation radicale, innovation mère,
qui leur ouvre la voie de l’amélioration de la découverte d’origine. De ce fait, le
portefeuille de Sothema contient également des produits classiques et des médicaments
génériques.

S’agissant des formes de l’innovation adoptées par l’entreprise, nos expertes ont souligné
que l’innovation ne s’est pas limitée uniquement au produit, elle a également concerné les
procédées de fabrication via l’automatisation des lignes de fabrication et l’utilisation des
technologies de pointe dans le processus de fabrication. Les méthodes de
commercialisation et les services client ont également été transformées et digitalisées
grâce à l’utilisation des TIC.

Au niveau de la structure organisationnelle, Sothema connait régulièrement des


restructurations qui répondent à la dynamique du marché. Elle a entamé grâce à
l’accompagnement des experts et des consultants spécialisés en la matière, une première
réorganisation en 2011 et une deuxième en 2018.

✓ R&D

En plus d’un département R&D, et de la création d’un comité pluridisciplinaire qui se


penche sur les questions de la R&D en interaction avec d’autres domaines notamment
juridique, business développement, affaires pharmaceutiques et systèmes d’information,
Sothema a mis en place une direction chargée de l’innovation dont le rôle est entre autres,
la mise en place des stratégies d’innovation, la promotion de l’esprit de l’innovation et
l’identification des partenaires potentiels.

✓ Implémentation des TIC

Les expertes interrogées ont souligné que les TIC sont utilisées comme un moyen pour la

137
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

transformation des procédés de fabrication et des politiques de commercialisation. Elles


sont également nécessaires pour la capitalisation sur les connaissances qui circulent au
sein de l’organisation.

En plus des lignes de fabrication qui ont été automatisées et de la promotion et de la force
de vente qui ont été digitalisées, la formation a également connu un ajustement en
adoptant la transformation digitale. En effet, le digital et les TIC présentent des outils
pour l’entreprise pour former plus vite et plus massivement.

La société se sert également des réseaux sociaux pour extraire les informations
stratégiques pour ses politiques de commercialisation et pour analyser les feedbacks du
corps médical.

La direction du système d’information accompagne et veille à la mise en place des


solutions numériques aux projets menés par les autres pôles appartenant à l’organisation.

✓ Déterminants de l’innovation

Les expertes interrogées ont mis l’accent sur trois facteurs fondamentaux pour favoriser
l’innovation dans leur entreprise :

1- La volonté de la direction générale


La décision d’innover émane de la direction générale pour ce qui est de l’innovation
produit car elle nécessite l’engagement des sommes importantes et le risque d’échec est
grand. Toutefois, les autres formes de l’innovation sont initiées par les différents pôles de
l’entreprise.

2- Des accords de partenariat


L’identification des partenaires potentiels et la conclusion des contrats de transfert de
technologie est parmi les stratégies mises en place par Sothema pour encourager
l’innovation. Les expertes interrogées ont expliqué que la société Sothema ne cherche pas
uniquement à conclure de simples contrats avec des partenaires mondiaux pour
l’importation des produits innovants mais elle veille surtout lors de la conclusion de ces
contrats, à mettre en place des clauses pour le transfert de la technologie et de la
compétence technique afin de fabriquer le médicament concerné sur le territoire national.
C’est dans cette optique que le projet de fabrication des médicaments issus de la

138
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

biotechnologie pour la première fois au Maroc a vu le jour.

Toutefois, il a été signalé que la majorité des laboratoires internationaux qui détiennent
les produits innovants, refusent de conclure des contrats de transfert de technologie pour
la fabrication des médicaments innovants au niveau local puisqu’ils tablent sur ces
derniers pour maximiser leurs profits et pour se positionner sur le marché mondial. Au cas
où un laboratoire national réussit à signer avec un laboratoire international un accord de
transfert de technologie et de compétences techniques pour la fabrication d’un
médicament au Maroc, le contrat contient généralement des dispositions qui limitent
l’exportation du médicament concerné sur uniquement quelques marchés.

2.1. Contrat de façonnage

Toujours dans le cadre du partenariat avec des laboratoires internationaux, les


interlocutrices ont souligné que la société exporte des produits façonnés aux pays
européens, en respectant les procédures d’accréditation et d’habilitation du donneur
d’ordre. Les autorités de la santé et les représentants du donneur d’ordre viennent
fréquemment pour inspecter les sites de fabrication de Sothema. Les formations du
personnel de Sothema et le transfert du savoir-faire sont assurés par le donneur d’ordre.

Il est à signaler que dans ce cas, le produit n’appartient pas à Sothema. Cette dernière
exploite sa capacité de fabrication et son savoir-faire pour fabriquer le médicament et
l’exporter au donneur d’ordre.

Toutefois, Sothema exporte ses propres produits qui sont généralement des médicaments
génériques aux pays d’Afrique et aux pays du Golf.

2.2. Accords avec les universités

Un accord de partenariat est en cours d’élaboration pour la création d’une cellule R&D au
sein d’une université marocaine. Cet accord consiste en la mise en place d’un dispositif de
formation dans différents domaines liés à la santé humaine.

Un accord de partenariat est conclu a été 2012 avec l’école ESCA pour la formation des
pharmaciens. Le contenu de la formation s’articule autours des volets gestion de la
pharmacie, comptabilité et finance.

3- Un plan de formation axé sur l’innovation

139
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Sur le volet formation, le capital humain bénéficie d’une part des formations déployées
par le commettant et qui touchent tous les intervenants du cycle de vie du produit. Ces
formations consistent en le transfert de technologie et du savoir-faire technique. D’autre
part, la société Sothema met à la disposition de son personnel un plan de formation annuel
qui est en concordance avec les projets menés au sein de l’entreprise.

Les interlocutrices ont également signalé que l’environnement externe influence la


décision d’innover. En effet, la concurrence sur le marché est considérée comme un
stimulant de l’innovation. L’orientation de la demande est également une incitation à
l’innovation. Pour cela, la société dispose d’un certain nombre de cellules de veille
spécialisées chacune dans l’analyse des besoins du marché et l’anticipation de la
demande, l’évaluation de la concurrence sur le marché, le suivi des nouveautés
technologiques et finalement l’analyse de l’environnement juridique.

Toujours dans le volet des déterminants de l’innovation, une autre question a été
soulevée. Elle concerne les processus mis en œuvre pour capitaliser sur les connaissances
existantes pour en faire un apprentissage organisationnel. Les personnes interrogées ont
expliqué qu’en plus des cellules de veille mises en place et des procédures utilisées pour
le traitement et l’exploitation des informations recueillis, il y a lieu de souligner que la
formation est l’un des meilleurs outils utilisés pour consolider la mémoire de l’entreprise.

En effet, les formations mises à la disposition du personnel sont toutes enregistrées et


chaque ressource dans l’entreprise dispose d’un CV de formation.

4- Structure de l’entreprise

Les expertes interrogées ont souligné que la structure de l’entreprise est hiérarchique avec
la présence de comités spécialisés dans différents domaines. Il s’agit entre autres, du
comité gouvernance, du comité de gestion et du comité opérationnel. Plusieurs
interactions existent entre les différents pôles et comités.

En plus des pôles et des comités, des équipes projets sont constituées à chaque fois que de
nouveaux projets sont identifiés.

5- Subvention accordée aux projets innovants

Selon les experts interrogés, la société Sothema a bénéficié à deux reprises des

140
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

subventions accordées par le Gouvernement marocain. La première fois pour la


construction d’une unité de bloc stérile et la deuxième fois pour la fabrication des
médicaments issus de la biotechnologie.

Citations des expertes interrogées

- « Nous cherchons toujours à présenter des produits différents à ce qui existe sur le
marché national »

141
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Entretien n°3

Date et lieu : 03 Avril 2018 Durée de l’entretien : de 10h à 11h30


Thème : Déterminants de l’innovation dans le secteur de l’industrie pharmaceutique
au Maroc
Entité visitée : Nom expert : Statut :
Ministère de la Santé
Direction de la Pharmacie et des Mme Bouchra Chef de Service des Activités
Médicaments Benslaoui économiques
Descriptif de l’activité de la Direction
- Evaluation des dossiers d’enregistrement des médicaments et des produits de
santé ;
- Contrôle de leur qualité en laboratoire ;
- Suivi et inspection des établissements opérant dans ce secteur.
✓ Phénomène de l’Innovation
Selon la personne interrogée, il est difficile d’évaluer le phénomène de l’innovation au
Maroc sans l’inscrire dans un cadre mondial. Le secteur pharmaceutique au Maroc est
caractérisé par une présence importante des laboratoires internationaux. Ces laboratoires
ramènent des produits innovants au marché marocain et permettent l’accès des marocains
aux nouveaux médicaments. Toutefois, ces produits sont généralement importés de leurs
maisons mères.

Par ailleurs, il existe des laboratoires nationaux qui ont pu développer leurs propres
molécules. Il y en a même ceux qui sont en cours de fabrication des médicaments issus de
la biotechlogie grâce à des accords de partenariat conclus avec des laboratoires
internationaux.

En outre, la personne interrogée a souligné que la décision d’innover ou pas est liée au
financement. La découverte et le développement d’une nouvelle molécule nécessite des
montants colossaux dont les laboratoires nationaux ne sont généralement pas en mesure
d’assurer. C’est pour cela qu’ils sont plus présents dans le segment des médicaments
génériques.

les rapprochements entre laboratoires pharmaceutiques constatés à l’échelle mondiale est

142
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

l’une des stratégies de ces laboratoires pour financer leurs innovations : « Si vous
constatiez des rapprochements entre laboratoires pharmaceutiques à l’échelle mondiale,
c’est pour financer leurs innovations ». L’industrie nationale est également impactée par
ces rapprochements vu la présence des filiales des multinationales sur le territoire
national.

✓ Politique des prix médicaments


La personne interrogée a également cité l’impact de la politique des prix sur le processus
de l’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques. Les orientations politiques vont
dans le sens de l’encouragement de la baisse des prix des médicaments, ce qui d’une part
décourage l’innovation et d’autre part incite à la fabrication et à la commercialisation des
génériques.

Il a été rappelé que le gouvernement marocain a entamé une série de baisse de prix des
médicaments que les industriels ne cessent de manifester son impact sur leurs trésoreries
et sur l’accès au marché marocains de nouvelles spécialités pharmaceutiques. Cette baisse
a concerné, jusqu’à la date du présent entretien, environ 1600 médicaments.

✓ Investissement en R&D
Pour enchainer sur la question des prix des médicaments, une question a été posée sur
l’impact de ces baisses ou généralement de la politique des prix des médicaments au
Maroc sur l’attractivité du marché national par rapport aux investissements,
spécifiquement en R&D. La personne interrogée a souligné que le prix joue évidement un
rôle important pour l’incitation à l’investissement en R&D mais il y a également la
capacité du marché qu’il ne faut pas négliger. La taille du marché national est petite,
comparée à l’Egypte ou des pays de l’Afrique, chose qui impacte et les investissements en
R&D.

Les laboratoires internationaux s’intéressent aux pathologies détectées dans le pays où la


capacité du marché est importante. Ils procèderont à la conclusion des accords de
partenariat de la R&D pour trouver des solutions aux épidémies constatées. Même
l’investissement dans ce secteur et l’installation des usines de fabrication à l’échelle local
sont impactés par le facteur « taille de marché ».

Ce facteur « taille », incite les laboratoires nationaux à chercher d’autres débouchés où ils

143
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

peuvent commercialiser leurs produits. Plusieurs, parmi eux exportent des médicaments
vers l’Afrique et certains pays de Golf.

✓ Incitations à l’innovation
Une question a été posée sur les mesures entreprises par le gouvernement marocain pour
encourager l’investissement dans ce secteur. La personne interrogée a souligné que ce
dernier a mis en place un plan d’accompagnement financier dédié aux investissements
industriels. Il concerne la prise en charge partielle de certains frais de mise en place de
l’investissement. Les laboratoires pharmaceutiques sont parmi les bénéficiaires de ce
programme. La personne interrogée a proposé de consulter sur ce point un responsable du
Ministère de l’Industrie pour avoir plus de détail.

✓ Autorisation de Mise sur le Marché


Après le développement d’un médicament et les tests précliniques, le laboratoire demande
l’AMM pour procéder à la commercialisation de son produit. Il a été jugé nécessaire
d’aborder la question de l’AMM avec la personne interrogée pour avoir plus
d’information sur les conditions ainsi que le délai nécessaire à son octroi. Sur ce point, la
personne interrogée a expliqué qu’avant la commercialisation de chaque médicament,
importé ou fabriqué localement, il doit y avoir une autorisation de mise sur le marché
délivrée par les services concernés à la Direction des Médicaments et de la Pharmacie.
Cette autorisation atteste son innocuité et son efficacité par l’autorité compétente.

Pour l’octroi de l’AMM, l’industriel doit déposer un dossier comportant des informations
sur la qualité, l’efficacité et la sécurité pharmaceutique du produit. La préparation de ce
dossier par l’industriel nécessite la présence d’une personne ressource compétente dans
les procédures administratives et juridiques. Même constat a été fait pour la préparation
du « dossier prix » pour la fixation ou l’homologation du prix du médicament et
également pour la préparation du « dossier de remboursement ».

✓ Situation de la concurrence sur le marché


La personne interrogée a précisé qu’il existe trois ou quatre laboratoires qui dominent ce
marché. Ils détiennent à eux seuls une part de marché, en valeur, d’environ 60%.

Par ailleurs, le secteur est menacé par la concurrence des importations surtout avec l’essor
des médicaments issus de la biotechnologie et l’apparition de nouvelles maladies dont les

144
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

molécules classiques s’avèrent moins efficaces que les médicaments issus de la


biotechnologie.

Les médicaments issus de la biotechnologie sont l’avenir du secteur pharmaceutique mais


malheureusement les industriels nationaux n’ont pas tous l’aptitude de procéder à leur
fabrication.

Toujours pour évaluer la concurrence dans le secteur, une question a été posée à propos
de la présence de certains médicaments jouissant d’une situation de monopole. La
personne interrogée a signalé qu’il existe sur le marché national des médicaments qui
bénéficient d’une situation de monopole surtout concernant certaines classes
thérapeutiques telles que la cancérologie et le psychotrope.

145
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Entretien n°4

Date et lieu : 24 Avril 2018 Durée de l’entretien : de 14h00 à 15h00


Thème : Déterminants de l’innovation dans le secteur pharmaceutique au Maroc
Entité visitée : Nom expert : Statut :
Université Mohammed Vi des Professeur Samir Doyen de la Faculté de la
Sciences de la Santé. Casablanca Ahid Pharmacie
✓ Innovation dans l’industrie pharmaceutique
L’innovation consiste, généralement, à apporter un plus par rapport à l’existant où à
ramener quelque chose de différent par rapports à ce qui existe.

L’innovation du médicament est un peu spécifique car l’évaluation de son apport


thérapeutique change dans le temps. L’évaluation de l’efficacité du médicament innovant
ne correspond pas toujours à celle obtenue dans l’état initial. Des effets secondaires
pourraient apparaitre et diminuer, dans ce cas, l’apport thérapeutique du médicament
innovant. Il pourrait y avoir également lieu d’une découverte de nouvelles indications
pour ce même produit qui lui permettrait une nouvelle évaluation thérapeutique.

L’appréciation du l’apport thérapeutique d’un médicament innovant est dynamique et


devrait se faire d’une manière périodique.

✓ Innovation pharmaceutique au Maroc


Les industriels marocains ne développent pas d’innovations technologiques, généralement
le principe actif est importé. Ces derniers se limitent à des améliorations par rapport aux
traitements existants. Il s’agit, entre autres, des nouvelles indications, des nouvelles
formulations, des nouveaux dosages, qui pourraient être caractérisés par des innovations
incrémentales.

Toutefois, il est à noter que l’industrie locale a réalisé une grande avancée par rapport au
pays voisins. En effet, la production locale couvre plus de 60% de la demande nationale et
elle a même développé un potentiel pour l’exportation.

✓ Qu’est ce qui bloque l’innovation dans les laboratoires pharmaceutiques


Le coût de la R&D est gigantesque et les laboratoires nationaux ne peuvent pas le
supporter. Ces derniers ne pourront, en aucun cas, concurrencer les multinationales dont

146
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

le budget alloué à la recherche est presque équivalent au PIB d’un pays comme le nôtre.

Par contre, il existe un champ que les laboratoires nationaux pourront occuper en
fournissant davantage d’efforts en la matière. Il concerne les essais cliniques. En effet, la
R&D dans le cadre des essais cliniques est un domaine très demandé par les
multinationales qui cherchent à le délocaliser. Le Maroc pourrait très bien se positionner
sur ce créneau.

Un autre créneau où le Maroc pourrait également exceller est le domaine des plantes
médicinales. C’est un marché émergent et représente une nouvelle tendance de la
demande. L’Afrique en général et le Maroc en particulier ont le potentiel nécessaire pour
percer ce domaine.

Un autre élément qui influence également l’innovation a été soulevé, consiste au rôle que
joue la structure de l’entreprise dans l’encouragement de l’innovation. A défaut de
moyen, les laboratoires nationaux sont malheureusement restés axés sur des fonctions
classiques telles que la fabrication, les essais cliniques et le contrôle. Mettre en place des
unités de R&D au sein de ces laboratoires et les renforcer par des compétences
technologiques et humaines permettrait d’identifier de nouveaux chantiers à explorer et de
développer des innovations, pas nécessairement de rupture mais qui pourraient avoir un
apport thérapeutique important.

✓ Partenariats avec les universités


Les universités n’ont pas encore atteint le niveau de maturité nécessaire qui leur permet à
l’instar des pays développés, d’être associées dans des projets de R&D menés par les
laboratoires pharmaceutiques. D’autant plus qu’il n’existe pas, selon la personne
interrogée, de système ni protocole qui faciliterait ce type de partenariat.

147
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Entretien n°5

Date et lieu : 22 Mai 2018 Durée de l’entretien : de 13h à 15h00


Thème : Déterminants de l’innovation dans le secteur pharmaceutique au Maroc
Expert consulté : Expérience :
Monsieur Abdel Majid Belaïche - Analyste des marchés pharmaceutiques
- Consultant de IQVIA (Ex-IMS health)
- Ex-Directeur général de l’Association
Marocaine de l’Industrie Pharmaceutique
- Plus de trente-cinq ans d’expérience dans
le secteur pharmaceutique (Ex-responsable
dans plusieurs laboratoires
pharmaceutiques)
- Auteurs et co-auteurs de nombreuses
études et articles en pharmaco-économie,
pharmacovigilance et industrie
pharmaceutique
- Auteur du rapport du conseil de la
concurrence sur l’industrie
pharmaceutique.
- Enseignant vacataire à la faculté de
Médecine de Rabat, à l’Université
Mohamed VI de Casa et à l’Escae.

✓ Aperçu sur le secteur pharmaceutique au Maroc


Avant les années quatre-vingt-dix, le marché national des médicaments était constitué
principalement de filiales de multinationales et de quelques rares laboratoires nationaux.

Le marché national était dominé par les médicaments princeps. Le début des années 90
verra un important assaut des médicaments génériques et l’installation des premiers
génériqueurs ( à part les laboratoires Laprophan qui avaient introduit les premiers
génériques dès les années 70 à côté de quelques rares génériques introduits par quelques
multinationales). En effet, le Maroc ne sort pas du schéma international car l’accès au
marché des génériques n’est devenu facile qu’à partir des années quatre-vingt et surtout
quatre-vingt-dix avec l’adoption de la loi américaine « Hatch- waxman ».

A partir de l’année 1992, des laboratoires nationaux vont se construire pour la fabrication
des médicaments génériques. Toutefois, le marché des génériques est resté limité à
certains rares segments (appareil digestif, antibiotiques, antalgiques et antiinflammatoires

148
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

ainsi que quelques médicaments de l’appareil respiratoire, principalement des antitussifs


et fluidifiants bronchiques).

Le marché des spécialités cardiologiques est resté épargné jusqu’aux années deux milles.
Les derniers segments qui ce sont mis aux génériques sont le psychotrope et la
cancérologie et l’hépatologie.

✓ L’accès au marché et la concurrence


L’existence de génériques (ou plutôt de médicaments biosimilaires) dans le marché des
produits biotech pharmaceutiques à ce jour est rare. Il existe trois classes thérapeutiques
où l’accès du générique reste à ce jour difficile. Il s’agit de l’hépatite, la cancérologie et
les diabètes insulino-dépendants (toutes formes d’insulines). Toutefois, les médicaments
génériques sont, dans certains cas, disponibles sur le marché avant même l’expiration des
brevets (C’est le cas notamment des traitements de l’hépatite C).

Il existe des médicaments qui bénéficient d’une situation de monopole au Maroc. Ceci est
dû au fait que la majorité de ces médicaments sont des médicaments issus de la
biotechnologie. C’est le cas aussi de certains médicaments princeps chimiques encore
couverts par un brevet.

L’expert interrogé a promis de partager la liste de ces médicaments au cas où l’intérêt sera
porté, dans une phase ultérieure du présent travail de recherche sur l’analyse
concurrentielle du marché

✓ L’innovation dans l’industrie pharmaceutique au Maroc


La recherche pour la mise au point de nouvelles molécules ne se pratique pas encore au
Maroc. D’ailleurs, les pays qui font de l’innovation pharmaceutique se comptent sur le
bout des doigts des deux mains. Ceci est principalement en rapport avec les coûts de
recherche pharmaceutique et la maitrise des circuits commerciaux pharmaceutiques dans
le monde ainsi qu’avec les coûts des protections par brevets.

Par ailleurs, les laboratoires au Maroc procèdent à des améliorations galéniques


importantes qui peuvent être considérées comme des innovations « relatives ».

En effet, la fabrication des médicaments génériques et l’innovation ne sont pas toujours


incompatibles. Les fabricants des génériques achètent la matière première et déploient des

149
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

efforts considérables pour la mise au point de formulations pharmaceutiques à partir de


principes actifs et d’excipients, les études de la stabilité, ... pour développer des formes ou
des dosages qui n’existaient pas auparavant chez leurs princeps.

Les laboratoires pharmaceutiques au Maroc sont bien avancés sur tout ce qui est
innovation marketing et tout ce qui concerne implémentation des TIC dans ce domaine.
L’informatique et la constitution des bases de données rassemblant des informations
détaillées sur les prescripteurs et sur les consommations des médicaments permettent de
conserver ou d’améliorer leurs positions sur leurs marchés cibles.

✓ Qu’est ce qui bloque l’innovation dans les laboratoires pharmaceutiques


Les industriels pharmaceutiques au Maroc sont plus dans un processus concurrentiel où
ils recherchent la sécurité et l’acquisition de positions de leaders. Ils se contentent de
mieux pénétrer les marchés existants plutôt que d’explorer de nouveaux marchés surtout
inconnus.

Le segment des plantes médicinales est un axe porteur pour l’extraction de nouveaux
principes actifs, mais les industriels marocains préfèrent rester sur les formules et les
molécules chimiques et semblent dédaigner ces marchés.

Cela dit, la culture de l’entrepreneur dans ce secteur fait que ce dernier ne croit pas que
son entreprise peut faire de la recherche. « C’est une culture de fatalisme qui s’intéresse
plus aux résultats financiers qu’à l’innovation ».

Même quand il y a un surplus d’argent, ils préfèrent l’éjecter dans des fondations
caritatives au lieu de financer des travaux de R&D au niveau des universités.

En plus de la culture au sein de l’entreprise, il existe d’autres facteurs à citer. Il s’agit,


entre autres, des coûts élevés de la R&D que les laboratoires ne peuvent pas couvrir. Il
s’agit, également du pouvoir d’achat des marocains et de la couverture médicale non
généralisée au Maroc.

Se lancer sur la fabrication des nouveaux médicaments pour un marché pharmaceutique


étroit dont le volume de consommation ne dépasse pas les 400 millions de boites par an,
soit une consommation per capita de neuf boites par personne par an et une dépense
annuelle de 430 Dhs par personne, entrainerait nécessairement des prix chers que le

150
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

patient marocain ne pourrait pas prendre en charge.

✓ R&D
Plusieurs laboratoires pharmaceutiques ont mis en place, à leur niveau, des unités de
R&D. Toutefois, ils se limitent à tout ce qui est « Développement » et amélioration
galénique mais certainement pas la « Recherche pharmaceutique » dans le véritable sens
du terme.

Cependant, au niveau des universités les chercheurs marocains arrivent, dans certains cas
à faire des « inventions ou innovations » qu’ils n’arrivent malheureusement pas à breveter
vu les coûts élevés mais aussi par ignorance des notions de propriété industrielle et
commerciale.

Seules les grandes structures peuvent supporter ces coûts. Le manque d’un système qui
protège les innovations au niveau des centres de recherche installés au niveau des
universités fait que les étudiants marocains se font souvent voler leurs innovations par
d’autres entités le plus souvent étrangères.

L’absence des investisseurs particuliers appelés « capital risqueur » qui parrainent les
chercheurs au niveau des universités est un autre facteur qui ralentit le processus de
l’innovation. C’est ce genre de mécanismes qui permettent la transformation de
l’invention à l’innovation via la création des Start up.

Le chercheur marocain travaille en isolation et ils sont très rares les cas où son invention
se concrétise et soit commercialisable. Malheureusement, il n’existe pas de véritables
ponts entre l’université et l’industrie. L’industrie ne s’intéresse pas aux recherches en
sciences fondamentales et les chercheurs n’ont pas toujours une vision pratique et
pragmatique de la finalité de leurs recherches.

✓ Partenariats avec les universités


S’agissant de partenariat université-industrie, un écosystème pharmaceutique a été
élaboré par le Ministère de l’industrie, du commerce et de l’économie numérique, dans le
cadre du Plan d’Accélération Industrielle (PAI) en 2016. Malheureusement aucun comité
de pilotage n’a été constitué pour le concrétiser. Selon la personne interrogée, il est clair
qu’il existe une pression pour ne pas faire aboutir ce projet.

151
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Les filiales des multinationales pharmaceutiques préfèrent continuer d’importer les


nouveaux médicaments de leurs entreprises mères ce qui a abouti à une véritable
désindustrialisation. Car ils n’ont pas intérêt que le volet « Recherche » voit le jour, ce qui
constituerait une menace pour leurs produits.

✓ Environnement juridique
L’environnement juridique n’est pas clair et les textes réglementaires ne sont pas
explicites. Les décrets pharmaceutiques produits au cours de ces dernières années
présentent souvent d’importantes failles et sont souvent totalement inapplicables.

Le texte sur les bio similaires en est une simple illustration de ce constat et le cas du
décret sur la bioéquivalence est encore plus grave. Ce dernier ne contient aucune
disposition qui précise où le laboratoire doit certifier les tests de bio équivalence. Ce
manque de clarté est un frein à l’innovation.

✓ Mesures internes pour favoriser l’innovation


L’expert interrogé a expliqué qu’au niveau des laboratoires pharmaceutiques tout est
codifié et tracé. Les procédures sont archivées et la capitalisation sur les expériences
passées est une démarche automatique pour tous les laboratoires.

Les laboratoires pharmaceutiques ont tous des entités de veille spécialisées dans la veille
concurrentielle. Ce qui leur permet d’accéder à l’information disponible dans leur
environnement et d’être à jour. Ils investissent également dans la veille scientifique et
médicale qui leur permet d’avoir un retour sur expérience du patient.

En outre, l’utilisation accélérée des TIC a permis des innovations dans la promotion et
dans le domaine du marketing. La digitalisation a apporté des choses extraordinaires dans
ce secteur. On arrive maintenant à déceler les centres d’intérêt des prescripteurs et
analyser leurs personnalités, choses qui facilitent leur fidélisation et renforcent la force de
vente.

III-3. Analyse des résultats de la phase pré-enquête


En capitalisant sur les entretiens menés avec les experts du domaine pharmaceutique, des
éléments pertinents ont été identifiés, permettant d’enrichir et de cadrer le présent travail de

152
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

recherche. Ces éléments ont été développés dans les fiches des entretiens présentées
précédemment et sont synthétisés dans la présente partie.

L’étude des fiches des entretiens, montre qu’il serait intéressant de séparer dans notre analyse
du secteur pharmaceutique entre les filiales des multinationales et les laboratoires marocains,
puisqu’elles ont différents caractéristiques et objectifs.

III-3.1. Filiales des multinationales


Les filiales des multinationales se focalisent plus sur les activités de commercialisation et de
promotion. L’activité de R&D se fait au niveau de la maison mère. Selon les personnes
interviewées, l’environnement juridique ne favorise pas le développement des activités de
R&D et le développement de partenariat entre les industriels et les universités.

a) Activités de R&D
L’activité R&D ainsi que le développement d’une nouvelle molécule se réalisent
généralement dans les sociétés mères ou dans le cadre d’un partenariat entre ces dernières et
des laboratoires de recherche externes. Les filiales des multinationales présentes au Maroc se
limitent généralement à des processus de fabrication classiques de médicament ou à la
commercialisation des produits importés de la société mère. Toutefois, ces filiales investissent
plus dans leurs politiques de commercialisation et de promotion pour se positionner sur le
marché local. Elles investissent également dans la structure interne de la filiale pour qu’elle
s’aligne sur la stratégie globale de l’entreprise mère et pour faciliter l’accès au marché des
nouveaux produits lancés par cette dernière.

Par ailleurs, même si les innovations produites chez les filiales des multinationales se font au
niveau central, ce type d’innovations nécessite d’être accompagnés par des changements
organisationnels pour s’adapter aux nouveaux processus de fabrication qui, dans certains cas,
se déroule au niveau local. Des changements dans le processus de commercialisation sont
également imposés à la filiale pour permettre aux produits importés ou fabriqués localement
de se positionner sur le marché national.

153
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Schéma 29 : Répercussion des activités de R&D sur les filiales des multinationales

Source : Elaboration personnelle

Pour cela l’accent a été mis par nos interlocuteurs sur le traitement du phénomène de
l’innovation en termes d’aspects à savoir innovation produit, innovation procédé, innovation
organisationnelle et innovation de commercialisation plutôt qu’en termes de degré de
l’innovation.

Les efforts des filiales en innovation concernent généralement la force de vente, la maitrise
des procédures administratives et l’investissement aux compétences internes.

b) Environnement juridique
L’environnement juridique est perçu par les multinationales comme instable et imprévisible.
Il présente un blocage à l’innovation pour ces dernières. La distance qui sépare l’industrie des
universités est très grande et les relations entre universités, gouvernement et industrie ne sont
pas bien définies pour former un système national d’innovation.

Selon les experts interrogés, l’environnement juridique au Maroc impacte le développement


de la R&D et par la suite l’innovation. Il n’y a pas de procédures opérationnelles pour la mise
en œuvre de partenariats entre l’université et l’industrie. Des partenariats dynamiques,
évolutifs qui stimulent l’innovation et permettent un développement économique régional.

154
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Un benchmark avec d’autres pays, montre que ces derniers ont pu mettre en place un système
appelé « Triple hélice » qui définit et modélise les relations entre universités, gouvernement
local et industrie. Le concept de triple hélice consiste à amener l’université à « jouer un rôle
économique majeur parce qu’il leur est demandé à la fois de créer un « contexte industriel »,
de jouer un rôle de quasi-gouvernement en indiquant les opportunités scientifiques ou
technologiques à exploiter, de jouer le rôle d’un organisateur local ou régional de milieux
innovateurs lorsque ce n’est pas celui d’une tête de réseau national de réseaux d’innovation »
(Drobot et al., 2010). Ce modèle est encore à ses débuts début au Maroc.

III-3.2. Laboratoires nationaux


Il existe certains laboratoires nationaux qui ont franchis le pas vers la R&D pour la fabrication
des molécules innovantes mais ils restent une exception puisque la majorité de la fabrication
nationale se fait sous licence ou concerne la fabrication des médicaments génériques.

a) Activité de la R&D
Les laboratoires marocains se limitent généralement, à la fabrication des médicaments sous
licence, au façonnage des médicaments ou à la fabrication des médicaments génériques. Le
développement d’une nouvelle molécule relève de l’exception et ne concerne que quelques
laboratoires. Ensuite ces nouvelles molécules développées, constituent une base pour le
développement d’autres molécules qui sont généralement des extensions ou des améliorations
apportées à l’ancienne molécule qualifiée de « révolutionnaire ». Ces améliorations revêtent,
entre autres, la forme d’une nouvelle indication, une nouvelle forme ou un nouveau dosage.
C’est-à-dire que l’entreprise concernée par cette innovation reste dans une logique
d’optimisation de son investissement initial avec une faible probabilité de se lancer dans des
nouveaux projets d’innovation.

Toutefois, la fabrication des médicaments princeps sous licence n’est pas à sous-estimer. Elle
exige, entre autres, la maitrise des procédés de fabrication, la présence d’une main d’œuvre
qualifiée, des équipements de haute technologie, de la technologie et des modes de
management innovants.

Les entrevues avec les experts du secteur nous ont permis de constater que les industriels du
secteur ont pu développer des compétences techniques et managerielles qui permettent
l’augmentation des capacités de production et d’optimisation des coûts. Ils ont pu, également
mettre en place des nouvelles techniques et d’installer des technologies qui ont permis un

155
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

changement important que ce soit au niveau du produit lui-même ou dans le processus de sa


fabrication, son design ou les méthodes de sa commercialisation.

Les laboratoires nationaux ont su, dans certains cas saisir des opportunités à l’échelle
internationale pour développer des molécules innovantes au Maroc. Il est à citer comme
exemple les deux laboratoires marocains Sothema et Pharma 5 qui ont permis aux patients
marocains d’accéder à l’innovation à des prix compétitifs.

L’analyse de la phase exploratoire fait également ressortir un autre élément important qui
consiste en le rapport entre la fabrication des génériques et l’innovation. En effet, parmi les
experts interrogés, il y a ceux qui perçoivent la fabrication de certains génériques comme une
« innovation relative ». Les fabricants des médicaments génériques procèdent à des
améliorations galéniques importantes et arrivent dans certains cas à mettre sur le marché des
médicaments sous des nouvelles formes qui n’existaient pas auparavant dans le médicament
princeps. D’où l’intérêt d’étendre l’analyse du phénomène de l’innovation aussi bien aux
princeps qu’aux génériques.

b) Accords de partenariat avec des laboratoires internationaux


L’élément « partenariat » est essentiel pour l’accumulation de la connaissance et le transfert
du savoir et de la compétence des multinationales aux laboratoires nationaux. Les innovations
développées à l’échelle nationale étaient, selon les professionnels du secteur, le résultat des
accords de partenariat avec des laboratoires internationaux. Certains laboratoires marocains
veillent lors de la conclusion de ces accords à importer le savoir et la technologie requise pour
développer de nouveaux produits.

Les partenariats pour la fabrication sous licence sont également très importants dans ce
secteur. Elles permettent d’établir des liens entre les multinationales et les laboratoires locaux.
Ces liens permettent à leur tour la transmission de la connaissance technique, managerielle,
commerciale, …etc.

Des contrats de façonnage peuvent être également conclut avec les laboratoires
internationaux. Ce type de partenariat pourrait permettre un transfert de savoir et de
connaissance qui, une fois capitalisé pourrait donner lieu à des innovations de produit dans
d’autres domaines. Il pourrait également avoir un effet positif sur l’organisation de
l’entreprise en l’aidant à s’aligner et à se mettre à jour avec les standards internationaux les
plus récents.

156
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

c) Aides publiques
Le gouvernement marocain a signé un contrat programme avec les industriels
pharmaceutiques dont l’objectif est le développement de cette industrie tout en travaillant sur
deux aspects à savoir la fabrication et l’activité R&D dans ce secteur (contrat programme
pour le développement du secteur de l’industrie pharmaceutique, 2013).

En effet, selon les dispositions de ce contrat programme, le Maroc aspire à mettre en place
une plateforme pour l’accueil et le développement des activités R&D qui seront en mesure de
satisfaire la demande des laboratoires internationaux qui ne cessent d’externaliser ces
activités.

Il a été affirmé lors des entretiens menés que certains laboratoires marocains bénéficient des
aides de l’Etat pour lancer des nouveaux investissements, chose qui pourrait impacter leur
degré d’engagement dans des projets de R&D et d’innovation.

III-3.3. Des éléments valables pour les filiales et pour les laboratoires nationaux
Lors de l’analyse des fiches d’entretien, nous avons fait une distinction entre les laboratoires
nationaux et les filiales des multinationales. Toutefois, nous avons constaté l’existence des
éléments communs et des observations qui sont valables pour les deux.

a) La perception de l’innovation
Les entretiens menés lors de la phase exploratoire ont permis d’orienter l’analyse du
phénomène de l’innovation dans le secteur pharmaceutique au Maroc vers les différents
aspects et formes de l’innovation et non vers le degré de l’innovation.

En effet, la R&D et l’innovation technologique sont du ressort des laboratoires internationaux


qui sont leaders en la matière. Malgré le fait que l’industrie nationale est bien positionnée par
rapport à son voisinage et par rapport aux pays africains, elle est loin d’être compétitive face
aux multinationaux dont le potentiel matériel et immatériel est immense. Ces derniers ont pu
explorer des nouveaux domaines de recherche et ils ont anticipé même la nature de la
demande future.

Par ailleurs, et comme il a été déjà signalé, bien que le positionnement des laboratoires
pharmaceutiques au Maroc en termes d’innovations technologiques reste timide, ces derniers
ont pu développer des innovations organisationnelles et de commercialisation pour répondre

157
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

aux prérequis exigés par les laboratoires internationaux lors de la conclusion des accords de
partenariat.

Le manque de moyens financiers ainsi que l’absence de compétences technologiques ont fait
que la fonction marketing a pris le dessus sur les autres formes d’innovation dans l’industrie
pharmaceutique au Maroc. C’est un constat identique pour tous les laboratoires
pharmaceutiques nationaux opérants dans les pays à revenu intermédiaire.
b) La structure de l’organisation
Les entretiens menés montrent que sortir du schéma hiérarchique favorise l’innovation. Les
équipes projets au sein des laboratoires nationaux ou les « Task force » constituées au sein de
certaines filiales aident à stimuler la force de proposition et à challenger l’environnement en
ramenant de nouvelles méthodes de fabrication, de gestion et de commercialisation.

c) La formation
L’accent a été mis sur la composante formation par la majorité des experts consultés. Ces
derniers estiment qu’elle joue un rôle fondamental pour stimuler l’innovation que ce soit pour
les laboratoires nationaux ou pour les filiales des multinationales. Pour ces dernières, elle est
plus orientée vers les méthodes de commercialisation et de la force de vente.

d) L’intégration des TIC


Les TIC occupent une place importante dans les deux cas, filiales des multinationales et
laboratoires nationaux. En plus d’être un outil de partage et d’accumulation de la
connaissance, elles sont très présentes dans les stratégies de la promotion et de la vente.
Mieux encore, pour certains laboratoires nationaux, même les processus de fabrication ont été
automatisés et ce grâce à l’implémentation des TIC.

En outre, comme il a été développé dans les précédentes parties, la dépendance des
biotechnologies de l’informatique fait que les laboratoires nationaux qui commencent à être
initiés à la fabrication des médicaments issus de la biotechnologie, feront de plus en plus
appel aux TIC.

La phase exploratoire vient pour contextualiser le modèle et les hypothèses formulées. Elle a
montré la pertinence des variables choisies et des items relatifs à ces variables. Comme nous
l’avons développée avant, la phase exploratoire a également permis de relater d’autres
variables latentes et de finaliser le modèle développé.

158
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Des outils de collecte de données seront utilisés (dans notre cas un questionnaire) pour
permettre une évaluation effective et authentique des relations qui pourraient exister entre le
phénomène étudié (variable dépendante) et les facteurs qui le favorisent (variables
explicatives). L’analyse et les tests statistiques permettront par la suite de confirmer les liens
existants entre les variables explicatives et la variable dépendante et de valider le modèle
théorique établi. Si, au contraire les résultats infirmeront ces liens, alors le modèle est à revoir
de telle façon qu’il pourra expliquer un grand nombre de situations particulières.

Finalement, le Paradigme positiviste associé à une approche hypothético-déductive est le plus


approprié à adopter pour répondre à nos questions de recherche.

Section IV : Recueil de données et méthode statistique utilisée


Le recueil de données a nécessité l’élaboration d’un questionnaire permettant la collecte de
données quantifiables et ce pour dégager des relations de cause à effet entre les variables de
notre modèle. Au cours de cette section, nous allons présenter une description du
questionnaire utilisé lors de ce travail de recherche ainsi que des variables et de l’échelle de
mesure. Nous allons également montrer l’outil utilisé pour l’élaboration du questionnaire ainsi
que la méthode statistique sur laquelle nous nous somme basés pour modéliser l’innovation.

IV-1. Objectif du questionnaire et échelle de mesure


L’objectif du questionnaire est de trouver les relations possibles entre les différents types
d’innovation et les variables explicatives. Il prend en considération les éléments relatés lors de
la phase pré-enquête et il est constitué majoritairement des variables quantitatives.

IV-1.1. Caractéristiques du questionnaire élaboré dans le cadre du présent travail


Le questionnaire est une technique qui permet de collecter les données afin de trouver des
relations entre les variables étudiées. « Le questionnaire est une technique directe
d’investigation scientifique utilisée auprès d’individus, qui permet de les interroger de façon
directive et de faire un prélèvement quantitatif en vue de trouver des relations mathématiques
et de faire des comparaisons chiffrées. Un questionnaire permet d’interroger directement des
individus en définissant au préalable, par une approche quantitative, les modalités de
réponses aux questions dites « fermées » (Angers, 1997). Lors d’une analyse quantitative des
données, pour quantifier, il faut que les données soient quantifiables. Cette évidence soulève
une question importante : « Comment rendre quantifiables des faits qui ne sont pas
quantitatifs ? ». (Bertacchini, Y, 2015)

159
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Partant d’hypothèses, notre questionnaire tente de dégager des relations de cause à effet ayant
trait au phénomène étudié ainsi que des données quantitatives qui seront traitées par la suite
par des outils statistiques afin de confirmer ou infirmer les relations supposées entre les
variables.

Notre questionnaire est bâti sur une progressivité qui implique d’aller du plus simple au plus
compliqué. La personne interviewée se familiarise au début avec les concepts clés qui font
l’objet de notre sujet de recherche à savoir l’innovation, l’innovation produit, l’innovation
procédé, l’innovation d’organisation et l’innovation de commercialisation puis nous
enchainons sur des questions qui permettent de percevoir le degré d’implication de chaque
entreprise dans chaque type d’innovation.

La deuxième partie de notre questionnaire concerne les facteurs qui influencent le


développement des innovations au sein des laboratoires pharmaceutiques. Au sein de cette
même partie, nous avons classifié ces facteurs selon leur nature. Nous avons conçu des
questions qui permettent de mettre en exergue les facteurs qui sont liés à l’environnement
interne de l’entreprise, ainsi que d’autres qui révèlent les facteurs issus de l’environnement
externe et qui influencent l’innovation.

Notre questionnaire respecte également une succession logique des questions en commençant
par la perception du phénomène étudié à savoir l’innovation pharmaceutique avec ses
différents types puis la recherche des facteurs qui influencent ce phénomène.

La rédaction du questionnaire s’est faite en se basant sur les points abordés dans le guide
d’entretien élaboré lors de la phase pré-enquête. Sauf que ce dernier est constitué des
questions ouvertes afin de comprendre la perception des experts interviewés du phénomène
étudié et des facteurs qui l’influencent alors que l’objet du questionnaire est la collecte de
données quantitatives qui permettent de confirmer ou d’infirmer les hypothèses développées.

Il est constitué de deux grandes parties. Une partie concerne la collecte de donnée relatives
aux variables dépendantes à savoir l’innovation de produit, l’innovation de procédé,
l’innovation commerciale et l’innovation d’organisation. En s’inspirant des questionnaires
communautaires de l’innovation et des directives du Manuel d’Oslo, nous avons conçu des
questions qui permettent de savoir si l’entreprise a pu développer un tel ou tel type
d’innovation et avec quel degré de fréquence.

160
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

La deuxième partie du questionnaire a été consacrée à la détermination des facteurs essentiels


qui favorisent l’innovation à savoir les caractéristiques de l’entreprise notamment l’âge et la
taille, la structure organisationnelle, le degré de qualification de la main d’œuvre, les activités
de R&D, la conclusion des accords de partenariat, l’usage des TIC et des facteurs externes tels
que le degré de la concurrence envisagée dans les principaux marche de l’entreprise ainsi que
les activités d’exportation.

Pour avoir une idée sur les obstacles de l’innovation dans un contexte pareil au notre, nous
avons terminé notre questionnaire par une question qui concerne la détermination des
principaux obstacles de l’innovation.

IV-1.2. Types de variables et échelle de mesure


On distingue deux types de variables. Des variables qualitatives évaluées grâce à un libellé et
des variables quantitatives représentées par des nombres. Les échelles de mesures quant à
elles, il existe cinq types : binaires, nominales et ordinales pour le cas des variables
qualitatives et d’intervalle et de rapport pour le cas des variables quantitatives

Schéma 30 : Types de variables

Binaires

Qualitatives Nominales

Types de Ordinales
variables

Discretes
Quantitatives
Continues

Source : Conception personnelle

Les variables à expliquer dans le modèle de régression logistique sont qualitatives à savoir
l’innovation produit, l’innovation procédée, l’innovation organisationnelle et l’innovation de
commercialisation. Les variables explicatives utilisées sont majoritairement qualitatives dont
les échelles de mesures sont soient nominales ou ordinales.

161
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

L’analyse des variables qualitatives diffèrent de celle des variables quantitatives. Pour mettre
en évidence les liens existants entre les variables quantitatives il existe de nombreux tests
paramétriques tels que le test de khi deux et ses dérivés. Pour étudier les corrélations entre
variables quantitatives, nous utilisons le test de corrélation de Pearson qui est un test
paramétrique qui sert à croiser deux variables quantitatives discrètes ou continues. Cette
corrélation est exprimée par un coefficient qui varie entre -1 et 1 et qui indique le sens et
l’intensité de cette liaison.

Pour les variables qualitatives où les modalités sont dénombrables et ordonnées, nous
utilisons le tableau de contingence comme outil d’analyse des éventuelles associations entre
les variables. Ce dernier permet de croiser les modalités de deux variables et sert à étudier la
dépendance entre deux caractères. Les données du tableau de contingence sont présentées
comme suit :

Source : Rakotomalala, R. (2007) : « Étude des dépendances - Variables qualitatives


Tableau de contingence et mesures d'association », Université Lumière Lyon 2.

Y= {y1, . . . , yl , . . . , yL} et X = {x1, . . . , xc, . . . , xC }

(nl.) et (n.c) sont les effectifs marginaux. « n.. » = n est l’effectif total

Les profils lignes sont définit comme suit nlc /nl.. De même, les profils colonnes sont définis
par le rapport nlc/n.c. on est à la présence des variables qualitatives indépendants si les profils
lignes identiques. L’indépendance entre X et Y se traduit par : (n.c* nl.)/n= nlc

L’évaluation de l’écart entre (n.c* nl.)/n et nlc permet de mesurer l’indépendance des caractères
X et Y.

162
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Nous utilisons également le coefficient de Spearman qui consiste « à trouver un coefficient de


corrélation, non pas entre les valeurs prises par les deux variables mais entre les rangs de ces
valeurs. Il estime à quel point la relation entre deux variables peut être décrite par une
fonction monotone. S'il n'y a pas de données répétées, une corrélation de Spearman parfaite de
+1 ou -1 est obtenue quand l'une des variables est une fonction monotone parfaite de l'autre. »

IV-2. Variables dépendantes et indépendantes


En se basant sur les directives du manuel d’Oslo et sur les enquêtes communautaires dédiées à
l’analyse de l’innovation au sein des entreprises, nous avons considéré l’innovation en tant
que phénomène multidimensionnel qui englobe quartes formes différentes à savoir :
l’innovation produit, l’innovation procédée, l’innovation organisationnelle et l’innovation de
commercialisation.

IV-2.1. Les quatres types d’innovation en tant que variables dépendantes


Le manuel d’Oslo, élaboré sous l’égide conjoint de l’OCDE et de la commission européenne,
présente un cadre conceptuel récent pour la mesure de l’innovation. Dans sa première version
produite aux années quatre-vingt-dix, ce manuel présentait entre autres, un cadre conceptuel
pour :

- La définition des innovations technologiques à savoir l’innovation de produits et les


innovations de procédé ;
- Le cadre de mesure de ces innovations ;
- Les facteurs qui facilitent ou bloquent ces innovations ;
- La mise en œuvre des enquêtes communautaires sur l’innovation. A titre d’exemple
l’enquête « Capacité à Innover et Stratégie (CIS) » (Insee, 2019).

Dans son ancienne version, le cadre conceptuel présenté par ce manuel a montré ces limites
dans la mesure où d’un côté, il est plus focalisé sur l’industrie, sans traiter les innovations de
service et de l’autre côté présente uniquement les innovations technologiques en ignorant les
autres formes de l’innovation.

En outre, la mesure de l’innovation se basait sur deux principaux indicateurs, à savoir les
dépenses de R&D et les brevets. Ces deux types de mesures ont été abandonnées vu leurs
limites et que d’autres façons de faire ont été mise en place pour la mesure de l’innovation.

163
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

En effet, les dépenses en R&D ne peuvent pas être assimilées à l’innovation car elles
représentent un input aux activités de l’innovation et peuvent ne pas aboutir à des innovations
qui peuvent être utilisées et commercialisées (Manuel d’Oslo, 2005 ; Pamukçu et Michele,
2001).

Pamukçu, T, Michele C (2001) soulignent que les dépenses de R&D ne peuvent pas être
confondues aux dépenses des activités de l’innovation car « ces dépenses ne constituent pas la
principale partie des dépenses consacrées aux activités d’innovation ».

Dans le même sens, d’autres auteurs mettent l’accent sur la limite d’utiliser le brevet comme
instrument de mesure de l’innovation. Tidd (2000), explique que le fait de considérer le brevet
comme moyen de mesure risque de fausser l’analyse car il existe beaucoup d’entreprises qui
ont développé des innovations et qui ont préféré d’adopter une stratégie de secret. En outre,
ces deux auteurs expliquent qu’il existe beaucoup de brevets qui ont été déposés mais qui
n’ont pas atteint les stades de test et de développement.

Liouville, J. (2006), aborde la problématique de mesure de l’innovation et explique que


chaque secteur est caractérisé par une intensité de R&D qui n’est pas forcement comparable.
Il ajoute que « les méthodes d’enregistrement des dépenses en R&D varient d’une entreprise
à une autre. Il y en a celles qui la comptabilisent à l’actif en immobilisations immatérielles et
il y a celles qui l’enregistrent au compte de résultat au poste charge ».

Dans sa version récente apparue au cours des années 2005, le manuel d’Oslo présente des
principes directeurs pour le recueil et l’interprétation des données relatives à l’innovation. Il
couvre les innovations technologiques et les innovations non technologiques à savoir les
innovations organisationnelles et les innovations commerciales. Il couvre également les
industries manufacturières, le secteur primaire et les services. Par contre, les innovations dans
le secteur public n’ont pas été abordées vu la non-maitrise des processus d’innovation
(Manuel d’Oslo, 2005).

Le manuel d’Oslo a permis d’abandonner les anciens indicateurs pris pour la mesure de
l’innovation et propose une mesure de l’innovation en tant qu’output. En effet, ils sont
considérés comme des innovations, les nouveautés de produit, de procédé, d’organisation et
de commercialisation qui ont été mise en œuvre par une entreprise. Ces dernières présentent
les variables dépendantes dans le modèle utilisé :

164
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Tableau 7 : Items et échelles de mesures pour les quatre types d’innovation

Variables Items Type


d’échelle

Innovation de - Fabrication d’une nouvelle molécule. Binaire


produit - Introduction des extensions aux médicaments déjà existants.

Innovation de - Un nouveau procédé de fabrication ou de production de bien.


procédé - Une nouvelle méthode de logistique, de fourniture ou de
distribution de matières premières.
- De nouvelles activités de soutien ou de support, comme les
activités de maintenance, d’achat, de comptabilité ou
Binaire
d’informatique
- Une amélioration significative de procédé de fabrication ou de
production de bien
- Une amélioration significative d’une méthode de logistique, de
fourniture ou de distribution de matières premières ou de bien
- Une amélioration significative des activités de soutien ou de
support, comme les activités de maintenance, d’achat, de
comptabilité ou informatique

Innovation - Une nouvelle présentation du médicament


commerciale - Un nouveau design ou emballage du médicament
Binaire
- Une nouvelle technique de promotion au niveau des prescripteurs
du médicament. (Digitalisation de la communication, plateformes
d’échange, une nouvelle forme de formation offerte, …)

Innovation - Une nouvelle méthode dans les pratiques de l’entreprise pour


organisationnelle mieux organiser les routines, les procédures de conduite de
travaux ou du processus d’apprentissage ou de partage de savoir
- Une nouvelle méthode d’attribution des responsabilités et du Binaire

pouvoir de décision, un nouveau concept de structuration


- Etablissement de nouvelles formes de collaboration avec les
partenaires extérieurs, une nouvelle forme d’intégration avec un
fournisseur, une nouvelle forme de collaboration avec un client

165
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

IV-2.2. Variables explicatives de l’innovation


La deuxième partie du questionnaire présente les principales questions concernant les
principaux facteurs qui favorisent l’innovation. Les principales variables explicatives sont les
variables révélées dans les travaux antérieurs en tant que facteurs « traditionnels » influençant
l'innovation au sein de l'entreprise. Elles sont classées en trois catégories. Il s’agit des :

- Caractéristiques de l’entreprise : à savoir l’âge et la taille.


- Variables internes : ces variables reflètent l’organisation interne à travers deux
variables à savoir la décentralisation et la formalisation, l’engagement dans des
activités de R&D, l’établissement des accords de partenariats et l’usage des TIC
- Variables externes : ces variables reflètent l’environnement externe à travers le
nombre de concurrents dont l’entreprise fait face sur ses principaux marchés ainsi que
les activités d’exportation. Ces dernières permettent de mettre en exergue l’impact de
la concurrence rencontrée au niveau des marchés étrangers sur l’innovation.

Tableau 8 : Items et échelles de mesure pour les facteurs favorisant l’innovation

Variables explicatives Items Type d’échelle


Age Date de création de l’entreprise Ordinale
Taille Nombre d’employés au sein de l’entreprise Nominale

Activités de R&D - Unités de R&D Nominale


- Effectif du personnel dédié à la R&D Donnée métrique
- Pourcentage CA alloué à la R&D

Pourcentage
Structure - Utilisation des fiches de poste écrites, Ordinale
organisationnelle
pour toutes les catégories d'employés au
sein de l’entreprise
- Utilisation de politiques et procédures
Ordinale
écrites pour guider les actions des
employés
- Décisions prises à quel niveau : top
Ordinale
management, département concerne ou
équipe concernée

166
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Accords de - Fabrication sous licence Ordinale


partenariat
- Part de la fabrication sous licence dans Pourcentage
le portefeuille de fabrication de
l’entreprise
- Accords R&D
Ordinale
- Echange d’information technique
Ordinale
Usage des TIC - Les dépenses en TIC ont-ils connu une Nominale
augmentation ?
- Les outils informatiques utilisés au sein Ordinale
de l’entreprise : pro-logiciels de (Multi choix)
gestion, informatique décisionnelle,
analyse métadonnées, logiciels
d’analyse de web et de réseaux
sociaux…

Concurrence - Classes thérapeutiques qui présentent Ordinale


les principaux marchés
- Niveau de la concurrence sur ces
principaux marchés

Importation/ - Commercialisation des médicaments Nominale


exportation importés
- Part des médicaments importés dans le Pourcentage
portefeuille des médicaments
commercialisés
- Commercialisation des médicaments à
Nominale
l’étranger

Environnement - Environnement juridique par rapport à Likert de


juridique 1=favorable, 2=peu
l’innovation
favorable ; 3= non
favorable

167
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Obstacles à - Coûts de l'innovation Likert de 1= élevé à


l’innovation 4= non important
- Risque d'échec
- Manque de compétences techniques
- Procédures administratives
- Système de fixation des prix
- Système de remboursement
- Manque de données sur le marché
- Manque d'un écosystème qui encourage
l'innovation
- Faible demande

D’autres questions sont fournies dans le questionnaire qui concernent les caractéristiques de
l’entreprise et qui portent sur la nature de l’entreprise (une filiale ou laboratoire national), le
chiffre d’affaires, la fonction de la personne interviewée …ces données seront utiles dans
l’analyse descriptive des résultats.

IV-3. Conception et administration du questionnaire


Nous avons établi un listing des 50 laboratoires existants au Maroc et nous avons contacté les
principales associations du secteur pour solliciter leurs aides afin de nous faciliter la collecte
de données. Ensuite, nous avons repéré un point focal au sein de chaque laboratoire pour
recueillir les informations demandées. La conception du questionnaire a été faite à travers un
logiciel qui a permis sa diffusion en ligne.

IV-3.1. Outil de conception


L’outil utilisé pour la conception et l’administration du questionnaire est le logiciel
« Sphinx ». Nous avons demandé une autorisation de l’entreprise qui le commercialise pour
pouvoir utiliser une version dédiée aux étudiants pendant une année. L’utilisation de ce
logiciel permis d’avoir un questionnaire bien conçu avec un récapitulatif des données
collectées dans une base de données qui pourrait être traitées par des méthodes statistiques
fournies par le logiciel lui-même ou par d’autres logiciels statistiques mieux élaborés.

Ce logiciel est constitué de quatre principales parties à savoir la partie dédiée au design du
questionnaire, la partie distribution et collecte de données qui permet de choisir le mode
d’administration du questionnaire, la partie Data qui permet le paramétrage des données et la

168
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

présentation des réponses codifiées et finalement la partie analyses qui permet de fournir
certaines méthodes d’analyse statistiques à savoir l’analyse multi variée ou l’analyse en
composante principale :

Partie design

Source : Capture d’écran

169
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Partie administration de donnée :

Partie Data :

Source : Capture d’écran

L’intérêt de ce logiciel est la simplification de la gestion des données via la saisie des
réponses en ligne et la présentation et l’analyse des résultats.

IV-3.2. Administration du questionnaire


Dans un premier lieu, nous avons établi une liste des 50 laboratoires à contacter. Puis nous
avons essayé à travers l’aide de certaines personnes du secteur et de certains médecins et
pharmaciens de chercher le contact des personnes adéquates à solliciter pour renseigner le
questionnaire.

Afin de faciliter l'accès à l'information, notre unité de recherche a envoyé des lettres
officielles aux principales associations du secteur à savoir l’association « Les Entreprises du
Médicament au Maroc » et au conseil de « l’Ordre des Pharmaciens Fabricants et

170
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Répartiteurs » sollicitant leurs collaborations et soutien et s'engageant à ne publier que les


résultats de l'étude. Malgré le fait que ces dernières ont répondu favorablement à notre
requête, le nombre de réponses fournies à notre questionnaire restait limité. Nous avons fait
intervenir notre réseau de contact aux Ministères en charge du secteur leur demandant leur
collaboration. Cette collaboration nous a permis d’avoir des contacts directs avec des hauts
responsables dans les laboratoires concernés par l’enquête.

Sachant que le questionnaire fait appel à plusieurs connaissances et données existantes dans
différents départements au sein de la même entreprise, nous avons pensé à identifier un point
focal dans chaque entreprise dont la mission est de recueillir les informations requises auprès
des différents services dans l’entreprise ou il travaille puis renseigner le questionnaire. De
nombreuses discussions ont été menées avec le point focal afin de lui expliquer l'objet, le
contenu et les nouveaux concepts du questionnaire. Le questionnaire a été administré en
janvier 2019 et n’a été achevé qu’au mois de décembre 2019. Il fallait une année complète
pour pouvoir atteindre presque la totalité des laboratoires ciblés par l’enquête.

Des relances périodiques par e-mail et par téléphones ont été effectuées afin d’encourager et
de réexpliquer aux points focaux l’intérêt de collaborer à une telle étude. Une minorité a
refusé de répondre au questionnaire mais nous avons pu contourner le contact direct avec
l’entreprise et de faire appel à des personnes du secteur qui connaissent l’entreprise et qu’ils
ont les compétences nécessaires pour répondre à la majorité des questions sauf par exemple
celles qui ont un lien au budget allouée aux dépenses dans la R&D, ou à l’organisation du
travail interne.

Après avoir rassemblé toutes les données, nous avons ensuite procédé à l'analyse des données
en utilisant le logiciel « SPSS » comme outil d’analyse statistique.

Il est à noter que notre souhait était d’avoir beaucoup d’informations importantes sur le
secteur pharmaceutique au Maroc. En plus des items présentés ci-haut, notre questionnaire
contient d’autres questions qui ne seront pas nécessairement utilisées dans l’analyse
statistique ou le model utilisé mais qui seront très utiles pour l’interprétation des résultats et
pour les projets futurs de publications.

A titre d’exemple, notre questionnaire comportait entre autres, des questions qui consistent à
évaluer les facteurs qui pèsent sur l’innovation pharmaceutique au Maroc. Ce type de données

171
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

collectées va nous permettre de savoir si les freins à l’innovation sont l’envers des facteurs qui
la promeut ou existe-t-il d’autres freins à identifier.

Le questionnaire contient également des questions quantitatives relatives aux chiffres


d’affaires des laboratoires pharmaceutiques objets de l’étude qui permettent de fournir une
classification des laboratoires selon le niveau d’implication dans l’innovation. D’autres
questions concernaient les dépenses dédiées à la R&D ou le pourcentage du chiffre d’affaires
dédié à la R&D. Ces questions sont primordiales pour analyser les facteurs encourageant
l’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques, notamment la composante R&D.
Toutefois, ces données sont généralement confidentielles et les laboratoires refusent de les
fournir. Pour cela, nous avons prévu d’autres questions dont les réponses sont possibles et qui
peuvent nous renseigner sur les activités de la R&D. Il s’agit par exemple de l’existence ou
pas d’une unité de R&D au sein de l’entreprise, du personnel dédié à la R&D et des accords
de partenariat en R&D.

Pour évaluer le degré d’importance des accords de partenariat en R&D au niveau de


l’entreprise, nous avons posé une question directe sous forme de (cocher la vraie réponse)
mais nous avons également réitérer la même question sous une autre forme à faute que la
personne qui renseignait le questionnait la sautait. Pour cela, nous avons posé pour chaque
question qui concerne le développement d’un tel ou tel type d’innovation si ce travail a été
fait d’une façon individuelle ou dans le cadre d’un partenariat avec une autre entreprise.

Un autre élément très important à signaler concerne la variable « formalisation ». Telle que
nous l’avons présenté dans le tableau numéro 3, les items utilisés pour cette variable sont les
suivantes :

- L'utilisation des fiches de poste écrites, pour toutes les catégories d'employés au sein
de l’entreprise
- L'utilisation de politiques et procédures écrites pour guider les actions des employés

La question est d’évaluer le degré d’importance pour chacun des items proposés. Toutefois,
les réponses fournies soulignent toutes que l’utilisation des fiches écrites est importante dans
notre entreprise et qu’également l’utilisation des politiques et procédures écrites pour guider
les actions des employés est importante. Ce qui se traduit statistiquement par un problème de
colinéarité de la variable « formalisation ». Cette variable n’a pas été sélectionnée comme une

172
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

éventuelle variable explicative de l’innovation pour que le modèle de la régression ne soit pas
baisé. De ce fait nous n’avons pas pu tester l’hypothèse IV.

IV-4. Méthode statistique utilisée : régression logistique


Pour modéliser le phénomène de l’innovation, nous allons utiliser la régression logistique.
Cette dernière permet la transformation des données binomiales en linéarité. Elle donne le
modèle le mieux adapté qui incorpore la relation entre le phénomène étudié qui est
l'innovation dans notre cas et les variables explicatives sélectionnées pour être incluses dans
le modèle.

IV-4.1. Modèle de la régression logistique


Nous cherchons à modéliser l'innovation qui est une variable qualitative, non continue. C'est
une caractéristique dichotomique d'intérêt de réponse binaire. Nous ne pouvons pas utiliser de
modèle de régression linéaire dans ce cas. En effet, pour pouvoir utiliser la régression linéaire,
la variable d’intérêt doit être continue (et si elle est discrète, les variables explicatives doivent
être indépendantes) et les variables explicatives doivent vérifier la condition de normalité de
la distribution et ne doivent pas être fortement inter-corrélées.
Plusieurs recherches consacrées à la modélisation de l'innovation utilisent la régression
logistique. Nous citons, à titre d'exemples Ayari (2013) qui a utilisé la régression logistique
pour modéliser l'innovation dans les entreprises espagnoles. Khiari et Ben Rajeb (2015) qui
l’ont utilisée pour modéliser l'innovation dans l'industrie alimentaire. Divisekera et Nguyen
(2018) ont effectué une régression logistique pour identifier les différents intrants
d'innovation dans le secteur du tourisme. Sur la base de la régression logistique, Gabsi et al.
(2008) identifie les facteurs moteurs de l'innovation au sein des entreprises tunisiennes.
La régression logistique est reconnue comme une approche convenable pour obtenir des
estimations plus précises des paramètres à estimer. Elle se caractérise par la représentation
d'un ou de plusieurs variables indépendantes qui déterminent une variable recodée d’une
façon binaire ; les variables indépendantes peuvent être continues ou catégorielles. Le but de
la régression logistique est de trouver le meilleur modèle approprié pour décrire la relation
entre la caractéristique dichotomique d'intérêt et l’ensemble des variables d'indépendants.
Nous avons un output binaire qui est l'innovation de produit par exemple (Y), et nous voulons
modéliser la probabilité conditionnelle P (Y = 1 | X = x) en fonction des variables explicatives
X Soit πi la probabilité de développer l'innovation. Le modèle de régression logistique est
donc formulé comme suit :

173
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

eα0 +∑j αjXji


P(Y = 1|X = x) = π(xi) =
1 + eα0 +∑j αj Xji
π(xi)
Logit (πi) = ln ( ) = α0 + ∑ αj X ji
1 − π(xi)
j

Xi= {x1i…xni} est le vecteur des variables explicatives décrites dans le tableau ci-après et
α= {α1… αn} est le vecteur des paramètres à estimer.
L’interprétation du vecteur des paramètres est comme suit :
- Si αj >0, la probabilité de développer une innovation de produit P [Yi =1|xi] augmente
si xi j croît et que la valeur de toutes les autres variables de xi demeure inchangée.
- Si αj < 0, la probabilité de développer une innovation de produit diminue lorsque xij
augmente et que la valeur de toutes les autres variables de xi reste inchangée.
- Si αj = 0, alors la variable xij n’a aucun effet sur la probabilité de succès.
IV-4.2. Estimation des paramètres
À l’inverse de la régression linéaire ou nous utilisons la méthode des moindres carrés (MMC)
pour estimer les paramètres αj, nous utilisons dans le cas de la régression logistique, la
méthode du Maximum de Vraisemblance (MMV). La vraisemblance est la probabilité
d’observer un échantillon. Cette méthode permet un ensemble de paramètres qui donne le
meilleur ajustement pour la probabilité d’innover :
L = P (Y1 = y1, Y2 = y2, … , Yn = yn)
L = P ({Y1 = y1} ∩ {Y2 = y2 } ∩… ∩{Yn = yn}) = ⋂𝑛𝑖=1 P (Yi = yi )
Etant donné que les observations sont indépendantes entre elles alors :
𝑛
𝑛
⋂ P (Yi = yi ) = ∏ P (Yi = yi )
𝑖=1
𝑖=1

Selon la loi de Bernoulli :


P (Yi = yi ) = π(xi)yi ⌊1 − π(xi)1−yi ⌋
Et selon la loi logistique :
eα0 +∑j αjXji
P(Y = 1|X = x) = π(xi) =
1 + eα0 +∑j αj Xji
𝑛 𝑛
max 𝐿 = max ∏ P (Yi = yi ) = max ∏ π(xi)yi ⌊1 − π(xi)1−yi ⌋
𝛼𝑖 𝛼𝑖 𝑖=1 𝛼𝑖 𝑖=1

Donc
𝑛 eα0 +∑j αjXji yi
eα0 +∑j αjXji
max 𝐿 = max ∏ ( ) ⌊1 − ( )1−yi ⌋
𝛼𝑖 𝛼𝑖 𝑖=1 1 + eα0 +∑j αjXji 1 + eα0 +∑j αjXji

174
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

𝜕𝐿
Et pour trouver les 𝛼𝑖
̂ nous avons recours aux dérivés partielles : 𝜕𝛼𝑖

IV-4.3. Odds Ratio


L’Odd ou la cote mesure la probabilité pour que l’innovation se produise. Il est défini comme
π(xi)
suit : Odd = 1−π(xi) .

- Si OR >1 alors la chance de développer un tel type d’innovation est plus grande chez
les laboratoires qui ont mis en place un tel facteur.
- Si OR <1 alors la chance de développer un tel type d’innovation est inferieure chez les
laboratoires qui ont mis en place un tel facteur.
- Si OR=1 alors la chance de développer un tel type d’innovation est la même pour les
laboratoires ayant mis en place le facteur concerné et pour celles qui ne l’ont pas mis.
L’exponentiel du coefficient peut être interprété comme un Odd ratio (OR) qui est le rapport
des côtes et non par la cote : 𝑂𝑅 = 𝑒 𝛼𝑖
La démarche suivie consiste dans un premier temps en la recherche des variables
indépendantes retenues pour la régression logistique. Pour cela, il existe deux méthodes :
- La méthode ascendante ou dite pas à pas : consiste en l’ajout une à une des variables
significatives en se basant sur le test de Maximum de Vraisemblance.
- La méthode descendante : consiste en la prise en compte dans un premier lieu de
toutes les variables explicatives puis éliminer les variables non significatives par la
suite.
Tels que décris sur la table « description des variables », il existe plus de douze variables
explicatives qui pourraient être incluses dans le modèle de régression logistique. Avant la
mise en œuvre de la régression logistique, il est conseillé (Legrand et al, 2007) de procéder
par une sélection des variables indépendantes qui sont statistiquement liées à la variable
d’intérêt. Pour se faire, il existe plusieurs tests statistiques qui le permettent à savoir le test du
chi-deux, le test de Spearman, le test de Kendall et le test de Kruslal Wallis. Toutefois, la
significativité du test khi-deux ne permet pas de conclure qu’il existe une relation numérique
entre les deux variables objet du test. Ce test permet uniquement de montrer les variables qui
ont un lien significatif avec la variable dépendante. La majorité des logiciels statistiques
fournissent ce type de test. Le logiciel SPSS, par exemple, utilisé dans le cadre de notre étude
le permet également.

175
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Après cette phase de sélection des variables liées statistiquement à la variable d’intérêt dites
variables candidates, vient la phase d’examen des interdépendances entre les variables
explicatives. Les variables dont la corrélation est forte seront éliminées.
IV-4.4. Description et codage des variables
Ci-après la table qui présente une description de l’ensemble des variables concourant au
modèle logistique ainsi que leurs valeurs :
Tableau 9 : Descriptions et codage des variables dépendantes et indépendantes

Variables Code Valeurs


Variables dépendantes
Innovation de produit innov_pdt_amelio Introduction d’une nouvelle molécule,
d’un nouveau dosage, d’une nouvelle
forme ou d’une nouvelle indication ( 1=
oui, 0= non)
Innovation de procédé innov_prc_amelio Introduction ou amélioration d’un
équipement, une technique, ou un
logiciel (1= oui, 0= non)
Innovation de Innov_com Une nouvelle présentation du
commercialisation médicament, un nouvel emballage ou
une nouvelle méthode de promotion (1=
oui, 0= non)
Innovation Innov_org Une nouvelle méthode d’organisation
d’organisation du travail ou d’attribution des
responsabilités, nouvelles formes de
collaboration avec les partenaires
extérieurs ou nouvelle forme
d’intégration avec un fournisseur (1=
oui, 0= non)
Variables indépendantes
Taille Représentée par le nombre des
Taille employés au sein de l’entreprise. 1=
“>250”, 0= “<=250”
Age Date de création de l’entreprise
Age :1=”Avant 2000” ; 2=”2000-2010” ;
3=”après 2010”
Activités de R&D Unité_R_D 1= l’entreprise a une unité de R&D unit.
Sinon 0.

176
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Qualification de la Qua_Main_oeuvre Le pourcentage d’employés ayant un


main d’œuvre diplôme supérieur :
Ordinal
1= pourcentage d’employés ayant un
diplôme supérieur est supérieur à 50%
2= pourcentage d’employés ayant un
diplôme supérieur est entre 30 et 50 %
3= pourcentage d’employés ayant un
diplôme supérieur est inférieur à 30%
Décentralisation Decentralization Niveau de décentralisation
1= décentralisé
2= assez décentralisé
3= peu décentralisé
Formalisation Formalization Niveau de formalisation
1= formalisé
2= assez formalisé
3= peu formalisé
Usage des TIC Usage_TIC Augmentation des dépenses en TIC ((1=
oui, 0= non)
Fabrication sous Fab_s_licence 1= fabrication sous license importante
license
2= fabrication sous licence assez
importante
3= fabrication sous licence peu
importante
Accords partenariat en Accord_R_D 1= accords R&D importants
R&D
2= accords R&D assez importants
3= accords R&D peu importants
Echange d’information Echang_info_tech 1= échange d’information technique
technique important
2= échange d’information technique
assez important
3= échange d’information technique peu
important

177
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Concurrence Concurrence 1= plus de cinq concurrents sur les


principaux marchés
2= entre 3 et 5 concurrents
3= moins de 3 concurrents
Exportations Exportation 1= si l’entreprise exporte. Sinon “0”.

IV-5. Logiciel utilisé pour l’analyse statistique


Le logiciel SPSS permet de saisir ou d’importer des donnés déjà existantes sur un autre fichier
(Excel par exemple), de les organiser, d’en faire des présentations sous forme de tableaux ou
graphique et finalement de les analyser. Il fournit des méthodes d’analyse de données qui sont
multiples et intéressantes. Il s’agit entre autres des analyses descriptives, de l’analyse
factorielle et de la régression simple ou multiple. En plus des méthodes d’analyse de
régressions ordinaires, le logiciel SPSS permet de fournir des résultats des analyses
catégorielles et d'appliquer tout un ensemble de procédures de régression non linéaire.
Le logiciel SPSS est constitué de trois types de fichiers. Il s’agit de :
- SPSS Data Editor : qui contient des fichiers des fichiers de données ;
- SPSS Syntax Editor : qui contient des fichiers de commandes permettant d’exécuter
des procédures statistiques ;
- SPSS Viewer : qui contient des fichiers de résultats où apparaissent les tableaux et les
graphiques produits par SPSS.
Dans le cadre de ce travail de recherche, nous avons fait appel à l’usage du logiciel SPSS pour
faire une régression logistique, mais aussi pour nous fournir les résultats de l’analyse croisée
et les tests de Khi deux et des corrélations, comme le montre la capture d’écran suivante :

178
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Test Khi-deux par le logiciel SPSS

Source : Capture d’écran


Pour exécuter la régression logistique, nous utilisons la commande « Analyse » et nous
cliquons sur « régression logistique ». Puis nous sélectionnons la méthode choisie soit la
méthode de régression ascendante ou la méthode de régression descendante. Nous
sélectionnons également la variable dépendante et les variables indépendantes. Si nous
sommes en présence de variables indépendantes ordinales, il faut le mentionner dans le
bouton « catégorial ». Au niveau du bouton « option », nous sélectionnons l’intervalle de
confiance ainsi que les éléments que nous souhaitons obtenir dans nos résultats, comme le
montre la capture d’écran ci-après :

Régression logistique à travers le logiciel SPSS

179
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Conclusion
La phase pré-enquête a permis d’identifier des éléments pertinents permettant d’enrichir et de
cadrer le présent travail de recherche. Ces éléments ont été synthétisés dans des fiches
d’entretiens. L’accent a été mis sur la nécessite de séparer dans notre analyse entre les filiales
des multinationales et les laboratoires marocains.

A titre d’exemple, les filiales des multinationales présentes au Maroc se limitent généralement
à des processus classiques de fabrication de médicaments ou à la commercialisation des
produits importés de la société mère. L’activité de R&D ainsi que le développement d’une
nouvelle molécule se réalisent généralement au niveau des sociétés mères.

Toutefois, les laboratoires nationaux ont pu développer des innovations de produits mineures
mais importantes dans la mesure où elles présentent une nouveauté pour l’entreprise et pour le
marché local. Il s’agit à titre d’exemple du laboratoire « Sothema » qui s’est engagé dans la
fabrication des bio-similaires et du laboratoire national « Pharma 5 » qui a pu mettre sur le
marché, pour la première fois au Maroc, un médicament qui traite « l’hépatite C » dans un
délai de 3 mois. De ce fait, la phase de pré-enquête montre, entre autres, que les innovations
incrémentales ou mineures sont très importantes au niveau des laboratoires pharmaceutiques
marocains.

La phase pré-enquête montre également que la fabrication des médicaments princeps sous
licence n’est pas à sous-estimer. Elle exige, entre autres, la maitrise des procédés de
fabrication, la présence d’une main d’œuvre qualifiée, des équipements de haute technologie,
de la technologie et des modes de management innovants. L’analyse de la phase pré-enquête
montre également qu’il existe des génériques qui peuvent être considérés comme une
innovation dans la mesure où ils présentent une nouvelle forme qui n’existait pas auparavant
dans le médicament princeps. D’où l’intérêt d’étendre l’analyse du phénomène de
l’innovation aussi bien aux princeps qu’aux génériques.

En se basant sur les directives du manuel d’Oslo et sur les enquêtes communautaires dédiées à
l’analyse de l’innovation au sein des entreprises, nous avons considéré l’innovation en tant
qui output. Il s’agit d’un phénomène multidimensionnel qui englobe quartes formes
différentes à savoir : l’innovation produit, l’innovation procédé, l’innovation organisationnelle
et l’innovation de commercialisation.

180
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES

Les réponses fournies lors de l’enquête qualitative renseignent à 90% les questions élaborées
dans le questionnaire. Une exception est à faire par rapport aux questions concernant les
dépenses dédiées à la R&D ou le pourcentage du chiffre d’affaires dédié à la R&D. Les
laboratoires pharmaceutiques refusent généralement de répondre. Pour cela, nous avons prévu
d’autres questions dont les réponses étaient possibles et qui peuvent nous renseigner sur les
activités de R&D. il s’agit par exemple de l’existence ou pas d’une unité de R&D au sein de
l’entreprise, du personnel dédié à la R&D et des accords de partenariat en R&D.

Un autre élément très important à signaler concerne la variable « formalisation », nous avons
proposé deux items pour mesurer cette variable à savoir :

- L'utilisation des fiches de poste écrites pour toutes les catégories d'employés au sein
de l’entreprise,
- L'utilisation de politiques et procédures écrites pour guider les actions des employés.

Les réponses fournies soulignent toutes que l’utilisation des fiches écrites est importante dans
l’entreprise et que l’utilisation des politiques et procédures écrites pour guider les actions des
employés est importante. Ce qui se traduit statistiquement par un problème de colinéarité de la
variable « formalisation ».

181
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

182
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Introduction
Le présent chapitre présente les étapes suivies lors de l’analyse statistique ainsi que les
résultats de la régression logistique pour chaque type d’innovation. Dans un premier temps,
nous allons effectuer une analyse descriptive permettant le croisement des variables
explicatives avec chacune des variables d’intérêt à savoir l’innovation de produit, l’innovation
de procédé, l’innovation d’organisation et l’innovation de commercialisation. Cette analyse
permet de mettre en exergue les caractéristiques des laboratoires pharmaceutiques qui ont pu
innover.

Il serait également intéressant de présenter à travers cette analyse le pourcentage des


laboratoires pharmaceutiques pour chaque type d’innovation et en distinguant entre les
laboratoires nationaux et les filiales des multinationales. Nous cherchons également à
connaitre la pondération de chaque type d’innovation par rapport aux autres types
d’innovation étudiées.

Ensuite, nous allons procéder par la régression logistique pour estimer les paramètres des
variables explicatives. Cette méthode exige le respect de certaines étapes. Dans premier lieu,
nous effectuons le test de chi-deux pour identifier les variables candidates qui peuvent être
incluses dans notre modèle. Ce dernier teste une éventuelle indépendance entre la variable
dépendante à savoir l’innovation de produit et chacune des variables explicatives. Après nous
examinons les éventuelles interdépendances entre les variables explicatives. Les variables
dont la corrélation est forte seront éliminées pour ne pas biaiser notre modèle. Et finalement
nous procédons à la régression logistique en utilisant le logiciel SPSS.

Pour valider le modèle de régression proposé, il est recommandé d’effectuer le test de


significativité, le test de « -2 Log likelihood » ainsi que le test de « Hosmer and Lemeshow ».
Ce dernier confirme également la justesse du modèle. Le tableau de contingence et le tableau
de classification seront également utilisés pour valider le modèle de régression.

Finalement cette analyse statistique permettra de tester les hypothèses développées dans le
cadre de la présente recherche. Nous clôturons le présent chapitre par une discussion des
résultats obtenus tout en mettant l’accent sur les nouveautés trouvées et sur leurs apports à
l’industrie pharmaceutique et aux prochaines recherches académiques.

183
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Section I : Croisement des variables explicatives avec les quatre types d’innovation
Au cours de la présente section, nous allons tout d’abord identifier les laboratoires
pharmaceutiques qui ont pu développer des innovations, que ce soit des nouvelles molécules
ou l’amélioration des molécules existantes. Ensuite, nous allons examiner le profil de ces
laboratoires en mettant en exergue leurs caractéristiques notamment, leurs âges, tailles,
organisation interne de travail, engagement en R&D…Pour cela, nous allons procéder par un
croisement de chacune de ces caractéristiques (ou variables) avec la variable innovation.

I-1. Profil des laboratoires pharmaceutiques en termes d’innovation


Afin d’étudier le profil des laboratoires pharmaceutiques en termes d’engagement dans le
processus d’innovation, tout type confondu, nous avons créé via SPSS une nouvelle variable
binaire intitulée « fréquence innovation » qui prend la valeur « 1 » à chaque fois qu’il existe
une entreprise qui a développé l’un des quatre types d’innovation. Le tableau 10 montre qu’au
moins 90% des laboratoires pharmaceutiques au Maroc ont pu développer un ou plusieurs
types d’innovation et qu’uniquement environ 8% de ces laboratoires sont moins enclines à
innover et n’ont pas pu mettre en place une des innovations étudiées à savoir l’innovation de
produit, l’innovation de procédé, l’innovation commerciale et l’innovation d’organisation.

Tableau 10 : Pourcentage des laboratoires pharmaceutiques innovateurs

Cases

Valid Missing Total

N Percent N Percent N Percent

Fréquence de l’innovation 45 91,8% 4 8,2% 49 100,0%

a. Dichotomy group tabulated at value 1.

Source : capture d’écran SPSS


Il est également important de mener une analyse par type d’innovation afin de savoir quel est
le type d’innovation qui domine le plus et qui est le plus adopté au sein des laboratoires objet
de l’étude. Le tableau 11 présente d’une part le pourcentage des laboratoires pharmaceutiques
pour chaque type d’innovation et d’autre part présente l’importance ou la pondération de
chaque type d’innovation par rapport aux autres types d’innovation étudiées. Environ 50% des
laboratoires pharmaceutiques au Maroc ont pu développer des innovations de produit.
Toutefois, il est important de signaler que ces innovations sont majoritairement des

184
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

améliorations des molécules existantes en introduisant des extensions de dosages ou


d’indications ou bien des nouvelles formes pour des produits déjà existants. Concernant
l’innovation de procédé, il existe environ 60% des laboratoires pharmaceutiques qui ont pu
mettre en place des nouveaux procédés ou des améliorations des procédés de fabrication des
médicaments. Toutefois, les innovations commerciales et organisationnelles sont celles qui
dominent le plus dans le contexte étudié. Environ 80% des laboratoires pharmaceutiques au
Maroc ont pu mettre en place des innovations commerciales et organisationnelles.

Tableau 11 : Fréquence des types d’innovation au sein des laboratoires


pharmaceutiques

Réponses Percent of
Cases
N Percent

Fréquence de Innovation produit ou 23 18,7% 51,1%


l'innovation amélioration

Innovation procédé ou 28 22,8% 62,2%


amélioration

Innovation commerciale 36 29,3% 80,0%

Innovation organisationnelle 36 29,3% 80,0%

Total 123 100,0% 273,3%

a. Dichotomy group tabulated at value 1.

Source : capture d’écran SPSS

Concernant la place qu’acquiert chaque type d’innovation par rapport aux autres types
d’innovation, nous constatons que l’innovation commerciale et l’innovation organisationnelle
présente chacune environ 30% et que l’innovation de procédé prend le deuxième rang avec un
pourcentage d’environ 22% et finalement l’innovation de produit avec un pourcentage
d’environ 18%.

Après avoir présenté le niveau d’implication des laboratoires pharmaceutiques dans le


processus d’innovation et leurs pourcentages par rapport à chaque type d’innovation, il serait
intéressant d’étudier cette répartition par rapport à chaque type d’entreprise en séparant entre
les laboratoires nationaux et les filiales des multinationales. Le tableau 12 ci-après présente le

185
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

pourcentage des laboratoires nationaux ainsi que celui des filiales par rapport à chaque type
d’innovation. S’agissant de l’innovation de produit, nous avons sur un pourcentage de 51,1%
des laboratoires qui ont mis en place ce type d’innovation, 44,4% sont des laboratoires
nationaux et 6,7% sont des filiales des multinationales. De même, sur 62,2% des laboratoires
qui ont mis en place des innovations de procédés, 48,9% sont des laboratoires nationaux et
13,3% sont des filiales des multinationales.

Tableau 12 : Fréquence de l’innovation par rapport à chaque type de laboratoire

multinationales
Laboratoires

Filiales des
nationaux
fréquence de Innovation produit Count 20 3 23
l'innovation ou amélioration
% of Total 44,4% 6,7% 51,1%

Innovation procédé Count 22 6 28


ou amélioration
% of Total 48,9% 13,3% 62,2%

Innovation Count 19 17 36
commerciale
% of Total 42,2% 37,8% 80,0%

Innovation Count 18 18 36
organisationnelle
% of Total 40,0% 40,0% 80,0%

Total Count 23 22 45

% of Total 51,1% 48,9% 100,0%

Source : élaboré a partir des resultats du SPSS

C’est au niveau des innovations commerciales et organisationnelles que les filiales des
multinationales sont plus actives. En effet, environ la moitié des entreprises qui ont mis en
place des innovations commerciales et organisationnelles, sont des filiales des
multinationales. Une présentation graphique des données du graphique numéro 7 est ci-après.

186
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Graphique 7 : Répartition de l’innovation par type d’entreprise

Source : élaboré à partir des resultats du SPSS


I-2. Caractéristiques des laboratoires innovateurs
Nous cherchons à mettre en exergue les caractéristiques des laboratoires qui ont pu innover en
examinant par exemple leurs tailles et âges, le pourcentage des employés ayant un diplôme
supérieur au sein de ces laboratoires, les dépenses en TIC, le niveau de décentralisation de
décisions, le degré d’engagement dans les activités de R&D…
I-2.1. Impact de la taille et l’âge du laboratoire sur l’innovation
A travers cette analyse descriptive nous cherchons à savoir l’âge et la taille des laboratoires
ayant pu développer des innovations. Nous constatons que les laboratoires pharmaceutiques
qui ont mis en place des innovations de produit ou de procédé sont réparties à part presque
égale entre ceux dont le nombre d’employés est supérieur à 250 et celles dont le nombre est
inférieur à 250 employés.

187
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Par contre, environ 50% des laboratoires qui ont mis en place des innovations commerciales
ou organisationnelles ont un nombre d’employés inférieur à 250 personnes. C’est ce qui
ressort du tableau numéro 13.

Tableau 13 : Croisement de l’innovation avec la taille du laboratoire

Taille Total

<=250 >250

Fréquence Innovation produit Count 10 12 22


innovation ou amélioration
% of Total 22,7% 27,3% 50,0%

Innovation procédé Count 12 15 27


ou amélioration
% of Total 27,3% 34,1% 61,4%

Innovation Count 20 15 35
commerciale
% of Total 45,5% 34,1% 79,5%

Innovation Count 22 14 36
organisationnelle
% of Total 50,0% 31,8% 81,8%

Total Count 28 16 44

% of Total 63,6% 36,4% 100,0%

Source : élaboré a partir des resultats du SPSS

Concernant la variable âge de l’entreprise et comme le montre le tableau 14 ci-après, nous


observons que la majorité des entreprises qui ont développé des innovations de produit, de
procédé, commerciales ou organisationnelles sont celles qui sont les plus anciennes, crées
avant l’année 2000.

188
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Tableau 14 : Croisement de l’innovation avec l’âge du laboratoire

Crée avant

après 2010
2000-2010
2000
Fréquence Innovation produit Count 15 6 2 23
innovation ou amélioration
% of Total 34,1% 13,6% 4,5% 52,3%

Innovation procédé Count 18 8 2 28


ou amélioration
% of Total 40,9% 18,2% 4,5% 63,6%

Innovation Count 22 10 4 36
commerciale
% of Total 50,0% 22,7% 9,1% 81,8%

Innovation Count 22 8 5 35
organisationnelle
% of Total 50,0% 18,2% 11,4% 79,5%

Total Count 24 11 9 44

% of Total 54,5% 25,0% 20,5% 100,0%

Source : élaboré a partir des resultats du SPSS


I-2.2. R&D au sein des laboratoires innovateurs
Pour examiner l’importance des activités de la R&D au sein des laboratoires qui ont pu
développer des innovations, nous avons croisé la variable présence d’une unité de R&D avec
la variable crée intitulée « fréquence innovation ». Les résultats sont présentés au niveau du
tableau 15.

189
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Tableau 15 : Croisement innovation et unité R&D

Unité R&D Total

Non oui

Fréquence innovation Innovation produit ou Count 10 12 22


amélioration
% of Total 22,7% 27,3% 50,0%

Innovation procédé ou Count 13 14 27


amélioration
% of Total 29,5% 31,8% 61,4%

Innovation commerciale Count 22 13 35

% of Total 50,0% 29,5% 79,5%

Innovation Count 23 12 35
organisationnelle
% of Total 52,3% 27,3% 79,5%

Total Count 30 14 44

% of Total 68,2% 31,8% 100,0%

Source : élaboré à partir des resultats du SPSS


Nous constatons que plus que la moitié des laboratoires qui ont développé des innovations de
produit ou de procédé ont une unité de R&D. Par contre, plus de 50% des laboratoires qui ont
mis en place des innovations commerciales ou organisationnelles n’ont pas des unités de R
&D. Ce constat indique que les activités de R&D sont plus liées aux innovations
technologiques qu’aux innovations non technologiques.
I-2.3. Qualification de la main d’œuvre au sein des laboratoires innovateurs
A travers l’analyse descriptive qui suit, nous cherchons à présenter le pourcentage des
employés ayant un diplôme supérieur aussi bien au niveau des laboratoires nationaux qu’au
niveau des filiales des multinationales :

190
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Tableau 16 : Croisement de la variable qualification de la main d’œuvre et la variable


filiale_ou_national

nationaux
Laboratoires

Filiales

% of Total
Qualification_main_oeuvre > 50% 22,9% 33,3% 56,3%

30-50% 18,8% 14,6% 33,3%

<30% 8,3% 2,1% 10,4%

Total 50,0% 50,0% 100,0%

Source : élaboré à partir des resultats du SPSS


A travers le tableau ci-dessus, nous constatons que le pourcentage des employés ayant un
diplôme supérieur est plus élevé au niveau des filiales qu’au niveau des laboratoires
nationaux. Si nous croisons ces résultats avec les résultats fournis sur le tableau numéro 7 ou
nous avons noté que les filiales des multinationales sont plus présentes par rapport aux
innovations commerciales et organisationnelles, nous pouvons remarquer une possible liaison
entre la qualification de la main d’œuvre et les innovations commerciales et
organisationnelles. Chose qui pourra être testée à travers le model logistique développé ci-
après. De même, nous allons essayer de croiser la variable qualification de la main d’œuvre
avec chaque type d’innovation :

Case Summary

Cases

Valid Missing Total

N Percent N Percent N Percent

Fréquence 44 89,8% 5* 10,2% 49 100,0%


innovation*qua_main_oeuvre

Source : élaboré a partir des resultats du SPSS

191
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

D’après le tableau ci-dessus, quatre entreprises n’ont développé aucun type d’innovation. En
outre une valeur manque pour la variable Qualification de la main d’œuvre.

Tableau 17 : Croisement de la variable qualification de la main d’œuvre avec


l’innovation

Qualification-main-œuvre Total
(nombre d’employés ayant un
diplôme supérieur)

> 50% 30-50% <30%

Fréquence Innovation Count 11 9 2 22


innovation produit ou
% of Total 25,0% 20,5% 4,5% 50,0%
amélioration

Innovation Count 16 10 1 27
procédé ou
% of Total 36,4% 22,7% 2,3% 61,4%
amélioration

Innovation Count 24 10 1 35
commerciale
% of Total 54,5% 22,7% 2,3% 79,5%

Innovation Count 26 8 1 35
organisationne
% of Total 59,1% 18,2% 2,3% 79,5%
lle

Total Count 27 15 2 44

% of Total 61,4% 34,1% 4,5% 100,0%

Source : élaboré à partir des resultats du SPSS


Nous constatons également que le pourcentage de la main d’œuvre ayant un diplôme
supérieur au niveau des laboratoires qui ont développé des innovations de produit ne dépasse
pas 25%. Par contre, il dépasse 50% pour les laboratoires qui ont mis en place des innovations
commerciales et organisationnelles.
Ce résultat « descriptif » dévoile que la qualification de la main d’œuvre et le développement
des innovations de produit ne sont pas nécessairement liés.

192
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

I-2.4. Décentralisation des décisions au sein des laboratoires innovateurs

Par définition une structure est centralisée « … quand tous les pouvoirs de décision se situent
à un seul point dans l’organisation – à la limite dans les mains d’un seul individu ; nous dirons
que la structure est décentralisée lorsque le pouvoir est dispersé entre de nombreuses
personnes. » (H. Mintzberg, 2010). Afin d’examiner le niveau de décentralisation des
décisions au niveau des laboratoires qui ont pu développer des innovations, nous croisons la
variable « fréquence innovation » qui prend la valeur « 1» à chaque fois qu’il existe une
entreprise qui a développé l’un des quatre types d’innovation et la variable décentralisation.
Les résultats sont présentés au tableau numéro 18.

Tableau 18 : Croisement de la variable innovation et la variable décentralisation

Assez décentralisé

Total
Peu décentralisé
Décentralisé

Innovation produit ou Count 9 12 2 23


amélioration
% of Total 20,0% 26,7% 4,4% 51,1%

Innovation procédé ou Count 10 13 5 28


Fréquence innovation

amélioration
% of Total 22,2% 28,9% 11,1% 62,2%

Innovation commerciale Count 10 20 6 36

% of Total 22,2% 44,4% 13,3% 80,0%

Innovation Count 10 20 6 36
organisationnelle
% of Total 22,2% 44,4% 13,3% 80,0%

Total Count 11 24 10 45

% of Total 24,4% 53,3% 22,2% 100,0%

Nous constatons que la décentralisation des décisions est importante au niveau des
laboratoires qui ont développé des innovations de produit et de procédé. Elle est moins

193
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

importante au niveau des laboratoires qui ont mis en place des innovations commerciales ou
organisationnelles.
I-2.5. TIC au sein des laboratoires innovateurs
Pour étudier l’importance de la variable « dépenses en TIC » au niveau des laboratoires
innovateurs, nous avons également croisé la variable « dépenses TIC » avec la variable
« fréquence innovation », comme le montre le tableau suivant.
Tableau 19 : Croisement de la variable dépenses en TIC avec chaque type d’innovation

Augmentation des Total


dépenses en TIC

Non Oui

Fréquence de Innovation Count 10 13 23


l'innovation produit
% of Total 22,2% 28,9% 51,1%

Innovation Count 11 17 28
procédé
% of Total 24,4% 37,8% 62,2%

Innovation Count 7 29 36
commerciale
% of Total 15,6% 64,4% 80,0%

Innovation Count 6 30 36
organisationnelle
% of Total 13,3% 66,7% 80,0%

Total Count 12 33 45

% of Total 26,7% 73,3% 100,0%

Source : élaboré à partir des resultats du SPSS


Nous constatons que sur les 51,1% des laboratoires qui ont développé des innovations de
produit, environ 29% ont investi en TIC et 22% ne l’ont pas fait. Par contre, sur les 80% des
laboratoires qui ont mis en place des innovations commerciales ou organisationnelles, plus de
64% ont augmenté leurs dépenses en TIC.
Ces résultats descriptifs étalent un éventuel lien entre l’investissement en TIC et les
innovations non technologique. En effet, l’investissement en TIC pourrait être un facteur qui
favorise l’innovation commerciale et organisationnelle mais dans une moindre mesure

194
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

l’innovation de produit et de procédé. Reste à vérifier ce constat à travers le modèle logistique


développé par la suite.
I-3. Pression concurrentielle et innovation
Pour examiner le lien entre la pression concurrentielle et l’innovation, nous allons apercevoir
l’impact sur l’innovation du nombre des concurrents qui opèrent sur un même marché. Nous
allons également prendre en considération l’impact sur l’innovation des exportations.

I-3.1. Concurrence et innovation


De même, nous avons croisé la variable concurrence avec la variable « fréquence innovation »
pour déceler un éventuel lien entre la concurrence et l’innovation. Nous constatons que ce
sont les laboratoires qui ont au moins trois concurrents sur leurs principaux marchés qui
innovent le plus. Par exemple, sur les 80% laboratoires pharmaceutiques qui ont mis en place
des innovations commerciales, 40% sont exposées à une concurrence importante. Toutefois,
ces résultats restent descriptifs et n’indiquent en aucun cas l’existence d’un lien statistique
entre ces deux variables.
Tableau 20 : Croisement de la variable concurrence avec les quatre types d’innovation

Concurrence

Total
concurrent

concurrent
Important

important

important
(Plus de 5

Assez

(3 à 5

Peu
s)

s)

Innovation produit Count 13 9 1 23


ou amélioration
% of Total 28,9% 20,0% 2,2% 51,1%
Fréquence innovation

Innovation Count 15 11 2 28
procédé ou
% of Total 33,3% 24,4% 4,4% 62,2%
amélioration

Innovation Count 16 18 2 36
commerciale
% of Total 35,6% 40,0% 4,4% 80,0%

Innovation Count 17 17 2 36
organisationnelle
% of Total 37,8% 37,8% 4,4% 80,0%

Total Count 20 22 3 45

% of Total 44,4% 48,9% 6,7% 100,0%

195
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

I-3.2. Exportation et innovation

Les résultats du croisement de la variable fréquence de l’innovation avec les activités de


l’exportation sont présentés dans le tableau 21 ci-après.

Tableau 21 : Croisement de la variable exportation avec les quatre types d’innovation

Exportation Total

Non Oui

Fréquence Innovation produit ou amélioration Count 11 12 23


innovation
% of Total 24,4% 26,7% 51,1%

Innovation de procédé ou amélioration Count 13 15 28

% of Total 28,9% 33,3% 62,2%

Innovation commerciale Count 19 17 36

% of Total 42,2% 37,8% 80,0%

Innovation organisationnelle Count 19 17 36

% of Total 42,2% 37,8% 80,0%

Total Count 26 19 45

% of Total 57,8% 42,2% 100,0%

Nous constatons globalement qu’environ 50% des laboratoires pharmaceutiques qui ont
développé des innovations exportent des médicaments. Sur 62,2% des laboratoires qui ont mis
en place des innovations de procédé, 33,3% sont des laboratoires qui exportent des
médicaments.
Section II : Résultats de la régression logistique
Nous allons présenter les résultats de la régression logistique pour les quatre types
d’innovation, à savoir l’innovation de produit, l’innovation de procédé, l’innovation
d’organisation et l’innovation de commercialisation.
Dans un premier nous allons utiliser le test de Chi-deux pour identifier les variables
candidates à expliquer chacune des innovations développées. Ensuite nous allons examiner les
relations qui existent entre ces variables sélectionnées et finalement présenter le modèle de
régression logistique correspondant à chaque type d’innovation.

196
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

II-1. Résultat de la régression logistique pour l’innovation de produit


Avant de procéder à la régression logistique, nous allons dans un premier lieu effectuer le test
de Chi-Square pour sélectionner les variables explicatives. Ensuite, nous allons examiner la
présence d’éventuels liens entre ces variables pour en retenir que les variables dont les
interrelations sont faibles.

II-1.1. Variables candidates pour expliquer l’innovation de produit

Comme nous l’avons développé dans le paragraphe IV-2 de ce chapitre consacré à la méthode
statistique utilisée, le test Chi-Square permet d’identifier les variables candidates qui peuvent
être incluses dans notre modèle. Il teste une éventuelle indépendance entre la variable
dépendante à savoir l’innovation de produit et chacune des variables explicatives. Le tableau
ci-après présente les résultats de ce test :

- La première colonne présente le test de Chi-deux. Ce dernier permet de tester le lien


statistique entre la variable dépendante et les variables explicatives retenues par l’enquête.
- La deuxième colonne présente le degré de significativité de ce test. Il est significatif s’il
est inférieur à 0,05.
- La troisième colonne présente le coefficient de contingence qui définit la force de la
relation existante entre la variable dépendante et la variable explicative.

197
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Tableau 22 : Test de Chi-deux pour l’innovation de produit

Chi-deux test Assy (2-sided) Coefficient de contingence

Taille 6,497 0,011 0,345

Age 4,602 0,1 0,296

Filiale ou pas 22,400 0,000 0,560

Unité R&D 10,259 0,001 0,2420

Décentralisation 10,581 0,005 0,421

Qualification main d’œuvre 1,050 0,592 0,146

Usage des TIC 3,378 0,066 0,254

Fabrication sous licence 10,769 0,005 0,424

Accord R&D 11,136 0,011 0,430

Echange d’information technique 3,636 0,162 0,265

Concurrence 5.937 0,051 0,329

Exportation 3,278 0,07 0,250

Source : élaboré à partir des resultats du SPSS

Il ressort de ce tableau que parmi les variables sélectionnées, huit variables explicatives sont
liées à l’innovation de produit à savoir « taille », « filiale d’une multinationale ou pas »,
« unité R&D », « concurrence », « décentralisation », « fabrication sous licence » et « accords
de R&D ».

Les variables, « âge », « qualification de la main d’œuvre », « usage des TIC », « accords
échange information technique » et « exportation » n’ont pas de relation significative avec
l’innovation de produit et de ce fait elles seront éliminées.

Comme il a été précisé auparavant, ce test ne permet en cas d’établir une relation numérique
entre la variable dépendante et les variables explicatives sélectionnées par ce test. Toutefois, il
permet d’identifier les variables candidates ayant un lien significatif avec la variable
dépendante.
II-1.2. Interrelations entre variables explicatives de l’innovation de produit
Lors de cette étape, nous examinons les éventuelles interrelations existantes entre les variables
explicatives présélectionnées dans le tableau de Chi-deux. Une forte liaison entre les variables

198
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

explicatives pourrait biaiser le modèle et diminuer ses capacités prédictives. Pour étudier la
force de la relation entre les variables explicatives, nous utilisons dans un premier lieu les
tableaux de contingence ainsi que le test de Chi-deux, comme il est montré dans le tableau 23.

Tableau 23 : Test Chi-deux entre variables explicatives de l’innovation de produit

Unité Accords Taille Concurrence Décentralisation Fabrication sous


R&D R&D licence

Filiale 16,388 15,789 4,463 1,105 6,400 7,790


(0,000) (0,000) (0,035) (0,576) (0,041) (0,020)

Unité R&D 26,698 2,811 1,218 7,330 4,428


(0,000) (0,094) (0,544) (0,026) (0,109)

Accords R&D 3,550 3,813 2,963 5,082


(0,169) (0,432) (0,564) (0,279)

Taille 4,489 5,802 7,074


(0,106) (0,055) (0,029)

Concurrence 4,415 4,999


(0,353) (0,287)

Décentralisation 10,413
(0,034)

Source : élaboré à partir des resultats du SPSS

Afin d’affiner le choix des variables explicatives, nous construisons la matrice de dépendance
permettent de mettre en évidence les variables fortement liées en calculons le coefficient de
corrélation des rangs de Spearman, comme indiqué au le tableau 24 ci-après.

199
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Tableau 24 : Matrice des corrélations non paramétriques entre les variables


indépendantes pour le cas de l’innovation de produit (coefficient de Spearman)

Corrélations

Décentralisation
Filiale_ou_non
Accord_R_D

Concurrence
Unite_R_D

Taille
Unité _R_D Coef. Corrélation 1,000 ,245 -,724 -,584 -,138 -,355

Sig. (2-tailed) . ,098 ,000 ,000 ,349 ,013

N 48 47 46 48 48 48

Taille Coeff. Corrélation ,245 1,000 -,273 -,305 -,180 -,336

Sig. (2-tailed) ,098 . ,067 ,035 ,221 ,019

N 47 48 46 48 48 48

Accord _R_D Coeff. Corrélation -,724 -,273 1,000 ,513 ,039 ,198

Sig. (2-tailed) ,000 ,067 . ,000 ,796 ,183


Spearman's rho

N 46 46 47 47 47 47

Filiale _ou_ non Coeff. Corrélation -,584 -,305 ,513 1,000 ,145 ,350

Sig.(2-tailed) ,000 ,035 ,000 . ,320 ,014

N 48 48 47 49 49 49

Concurrence Coeff. Corrélation -,138 -,180 ,039 ,145 1,000 ,131

Sig.(2-tailed) ,349 ,221 ,796 ,320 . ,370

N 48 48 47 49 49 49

Décentralisation Coeff. Corrélation -,355 -,336 ,198 ,350 ,131 1,000

Sig.(2-tailed) ,013 ,019 ,183 ,014 ,370 .

N 48 48 47 49 49 49

Source : élaboré à partir des resultats du SPSS

La matrice des interrelations montre qu’il existe une forte liaison entre la variable « filiale
d’une multinationale » et la variable « unité de R&D ». Ce qui semble logique puisque pour le

200
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

cas des filiales des multinationales, les innovations produits se développent au niveau de la
maison mère et que la majorité des filiales des multinationales n’ont pas des unités de R&D
au Maroc. Maintenir les deux variables dans le modèle pourrait le biaiser. Il est préférable de
garder l’une des deux variables. Dans notre cas, nous avons gardé la variable « unité de
R&D » car c’est une variable qui sera utilisée par la suite pour tester nos hypothèses.

Il existe également une forte liaison entre les deux variables « unité de R&D » et « accords de
R&D ». Nous allons procéder à l’élimination de cette dernière puisqu’il n’existe que huit
laboratoires parmi 49 qui ont signalé que ce type d’accords est important dans leur
portefeuille des accords de partenariat.

En conclusion, nous allons considérer dans le modèle de régression logistique considéré pour
la modélisation de l’innovation de produit les variables candidates suivantes : « la taille »,
« unité R&D », « la concurrence », « la décentralisation » « fabrication sous licence ».
II-1.3. Modèle de la régression logistique pour l’innovation de produit
Dans un premier lieu, nous allons effectuer une régression logistique préliminaire sans
l’introduction des variables explicatives pour pouvoir identifier l’impact de l’introduction de
ces dernières sur l’amélioration du modèle. Ensuite nous allons procéder par des tests de
validité du modèle.

a) Le modèle de base « No hypothesis model »

La variable dépendante est l’innovation de produit. Elle prend la valeur 1 dans le cas de
développement d’une nouvelle molécule ou bien des nouvelles extensions des molécules
existantes déjà sur le marché au cours des 10 dernières années.
Les variables explicatives sélectionnées dans les étapes précédentes sont divisées en deux
types à savoir, des variables explicatives nominales telles « la taille » et « unité de R&D » et
des variables explicatives ordinales telles que « la concurrence », « la décentralisation », et
« la fabrication sous licence ». Le tableau présenté dans l’annexe 3 présente le codage de
chacune des variables ordinales.

Le logiciel SPSS fournit les résultats de la régression logistique préliminaire, sans


l’introduction des variables sélectionnées. Ce modèle initial appelé « no hypothesis model »
permet de montrer si l’introduction des variables explicatives va permettre une amélioration
des capacités prédictives du modèle de la régression logistique ou pas. Le tableau ci-après

201
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

montre que le modèle initial a une force de prédiction de 55,3%. Le modèle logistique est
considéré bon s’il permet une amélioration de ce pourcentage.

Tableau 25 : Table de classification pour l’innovation de produit

Classification Tablea,b

Observed Predicted

Innov_pdt_amelio Percentage
Correct
Non Oui

Step 0 Innov_pdt_amelio Non 26 0 100,0

Oui 21 0 ,0

Overall Percentage 55,3

a. Constant is included in the model.

b. The cut value is ,500

Le tableau présenté dans l’annexe 4 montre le degré de contribution de chacune des variables
sélectionnées à l’explication de la variable dépendante sans la présence des autres variables
dans l’équation.

b) Modèle de régression logistique : Méthode descendante

Le modèle de régression logistique de l’innovation produit montre que les variables « R&D »,
« décentralisation » et « fabrication sous licence » sont les variables qui concourent le plus à
l’explication du phénomène de l’innovation de produit. Ce qui ressort du tableau ci-après :

202
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Tableau 26: Résultat de la régression logistique pour l’innovation de produit

Coefficients Déviation Wald p.value OR I.C de l’OR


estimés standard

Décentralisation 5,829 ,054 inf Sup

décentralisation(1) 3,527 1,487 5,624 ,018 34,034 1,844 627,993

décentralisation(2) 2,715 1,361 3,977 ,046 15,108 1,048 217,809

unite_R_D 2,130 ,982 4,707 ,030 8,411 1,228 57,592

fab_s_licence 4,968 ,083

fab_s_licence(1) -2,836 1,319 4,623 ,032 ,059 ,004 ,778

fab_s_licence(2) -1,069 ,944 1,282 ,258 ,343 ,054 2,184

Constant -2,328 1,340 3,021 ,082 ,097

Les variables « décentralisation » et « unité de R&D » ont une relation positive avec
l’innovation produit. Ce qui signifie que les activités de R&D et la décentralisation des
décisions influencent positivement et significativement l’innovation de produit. Toutefois, il y
a lieu de prêter attention aux variables ordinales lors de l’interprétation des résultats. Le
coefficient représentant la variable décentralisation (1) signifie que le passage d’une
décentralisation peu importante à une décentralisation importante impacte positivement et
significativement l’innovation. Autrement dit, plus l’entreprise s’inscrit dans une démarche de
décentralisation des décisions, plus sa probabilité à innover en produit est grande. En outre, la
statistique de wald est significative pour les deux variables et l’intervalle de confiance de
l’Odd ration ne couvre pas la valeur « 1 ».

Par contre les variables fab_s_licence (1) et fab_s_licence (2) ont une relation négative avec
l’innovation produit. Ce qui signifie que plus l’entreprise s’engage dans la fabrication sous
licence moins est la probabilité d’innover en produit. La variable fab_s_licence (1) présente le
passage d’une fabrication sous licence peu importante a une fabrication importante. Cette
variable détient une relation négative et significative avec la probabilité d’innover. Toutefois
le passage d’une fabrication sous licence peu importante à une fabrication assez importante
n’influence pas significativement la probabilité d’innover.

203
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

c) Validité du modèle
Le test de Chi-deux du modèle montre que notre modèle est bon et pourra être adopté pour
prédire l’innovation de produit. La significativité est largement inférieure de 0,05, comme le
montre le tableau 27 ci-après.

Tableau 27 : Tests de significativité du model

Omnibus Tests of Model Coefficients

Chi-square df Sig.

Step 1 Step 32,447 8 ,000

Block 32,447 8 ,000

Model 32,447 8 ,000

Step 2a Step -,397 1 ,528

Block 32,050 7 ,000

Model 32,050 7 ,000

Step 3a Step -4,362 2 ,113

Block 27,688 5 ,000

Model 27,688 5 ,000

a. A negative Chi-squares value indicates that the Chi-squares value has decreased from the previous step.

Source : élaboré a partir des resultats de la regression logistique du SPSS

Le deuxième critère qui permet de juger la pertinence du modèle est le test de « -2 Log
likelihood ». Le tableau 23 ci-après illustre les résultats de ce test.
Tableau 28 : Test de validité du modèle pour l’innovation de produit

Model Summary

Step -2 Log likelihood Cox & Snell R Square Nagelkerke R Square

1 32,176a ,499 ,667

2 32,573a ,494 ,662

3 36,935a ,445 ,596

Source : élaboré a partir des resultats de la regression logistique du SPSS

204
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Plus le « Nagelkerke R Square » s’approche de la valeur « 1 » plus le modèle est bon. Dans ce
cas, la valeur de « Nagelkerke R Square » est égale à 0,596.

Le test de « Hosmer and Lemeshow » confirme également la justesse du modèle. La


significativité devrait être supérieure de 0.05, comme le montre le tableau 24.
Tableau 29 : Test de « Hosmer and Lemeshow » pour l’innovation de produit

Hosmer and Lemeshow Test

Step Chi-square Df Sig.

1 6,440 7 ,489

2 3,849 7 ,797

3 2,705 7 ,911

Le tableau de contingence est également un critère qui permet de juger la justesse du modèle.
Ce tableau est illustré dans l’annexe 5. Au niveau de l’étape trois, la valeur observée et celle
estimée sont très proches.

Le cinquième critère est le tableau de classification. Ce dernier montre que le pourcentage


prédit est de 83%. Comparé avec le modèle initial « No hypothesis model », cette valeur est
passée de 55,3% à 83%. Ce qui confirme la justesse du modèle de régression.
Tableau 30 : Table de classification

Classification Tablea

Observed Predicted

innov_pdt_amelio

non Oui Percentage Correct

Step 1 innov_pdt_amelio non 23 3 88,5

oui 5 16 76,2

Overall Percentage 83,0

Step 2 innov_pdt_amelio non 24 2 92,3

oui 6 15 71,4

Overall Percentage 83,0

205
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Step 3 innov_pdt_amelio non 21 5 80,8

oui 3 18 85,7

Overall Percentage 83,0

a. The cut value is ,500

Source : élaboré à partir des resultats de la regression logistique du SPSS


Le logiciel SPSS permet de produire un tableau qui permet d’évaluer la signification
statistique des coefficients estimés afin de s’assurer que chacune des variables explicatives
retenue contribue à mieux prédire la probabilité d’innover qu’un modèle qui ne l’incluait pas.
Ce tableau, tel qu’il est présenté dans l’annexe 6 comporte les données suivantes : les
coefficients B qui représentent les coefficients estimés. L’importance de ces coefficients
dépend de la valeur de la significativité « p. value ». Pour un seuil d’incertitude fixé à 5%, ce
coefficient est significatif si p. value (Sig.) est inferieur a 0,05.

d) Significativité des coefficients estimés et test d’hypothèse pour l’innovation de


produit

Nous observons sur le tableau présenté dans l’annexe 6 qu’à l’étape 3, tous les coefficients
sont significatifs et que les variables non significatives ont été exclues du modèle. Nous
rejetons donc pour chaque variable la probabilité nulle des coefficients. Par conséquent,
chacune des variables retenues contribue à l’amélioration du modèle. Le sens positif ou bien
négatif des coefficients B indique le sens de la relation entre la variable explicative et
l’innovation produit.

Comme présenté au début de la section 2 de ce chapitre, les variables qui expliquent le plus
l’innovation de produit sont les suivantes : « R&D », « décentralisation » et « fabrication sous
licence ». La variable concurrence a un effet positif sur la probabilité d’innover en produit
sauf que la présence d’autres variables plus importantes a diminué son effet. D’où l’impact
insignifiant de la variable concurrence sur l’innovation produit qui a été retirée par la méthode
« Backward Stepwise (Wald) ».

Finalement, le modèle proposé pour modéliser l’innovation de produit permet de valider les
hypothèses suivantes :

206
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

- Les activités de la R&D influencent positivement et significativement l’innovation


produit dans le secteur pharmaceutique au Maroc,
- La décentralisation influence positivement et significativement l’innovation produit,
- Plus l’entreprise pharmaceutique fait de la fabrication sous licence moins est la
probabilité d’innover en produit.
-
II-2. Résultat de la régression logistique pour l’innovation de procédé
A l’instar des étapes suivies pour effectuer la régression logistique pour l’innovation de
produit, nous allons faire de même pour l’innovation de procédé. Nous allons d’abord
sélectionner les variables explicatives les plus significatives, puis étudier les corrélations entre
ces variables.

II-2.1. Variables candidates pour expliquer l’innovation de procédé

Le tableau ci-après présente le test de Chi-Square et permet d’identifier les variables liées
statistiquement à la variable dépendante notamment l’innovation de procédé.
Tableau 31 : Test de Chi-deux pour l’innovation de procédé

Chi-Square test Assy (2-sided) Coefficient de contingence

Taille 10,943 0,001 0,431

Age 8,022 0,018 0,378

Filiale ou pas 19,845 0,000 0,537

Unité R&D 12,192 0,000 0,450

Qualification de la main d’œuvre 3,023 0,221 0,243

Décentralisation 7,244 0,027 0,359

Usage des TIC 2,314 0,128 0,212

Fabrication sous licence 16,029 0,000 0,496

Accords R&D 13,471 0,001 0,472

Accords échange d’information 4,680 0,096 0,298

207
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Concurrence 5.396 0,067 0,315

Exportation 6,025 0,014 0,331

Source : élaboré à partir des resultats du SPSS

Il ressort du tableau ci-haut qu’il existe huit variables explicatives qui sont liées à l’innovation
de procédé à savoir « taille », « âge », « filiale d’une multinationale ou pas », « unité R&D »,
« exportation », « décentralisation », « fabrication sous licence » et « accords de R&D ». Les
variables « usage des TIC », « qualification de la main d’œuvre », « accords d’échange
d’information technique » et « concurrence » n’ont pas de relation significative avec
l’innovation de procédé.
II-2.2. Interrelations entre les variables explicatives de l’innovation de procédé
A l’instar de l’analyse des interrelations entre les variables explicatives faite pour le cas de
l’innovation de produit, le tableau 32 présente les résultats du test du Chi-deux et le tableau 28
présente la matrice de corrélation des rangs de Spearman :

Tableau 32 : Test du Chi-deux entre variables explicatives de l’innovation de procédé

Unité Accords Taille Age Exportation Décentralisation Fabrication


R&D R&D sous licence

Filiale 16,388 15,789 4,463 5,810 3,760 6,400 7,790


(0,000) (0,000) (0,035) (0,055) (0,052) (0,041) (0,020)
Unité R&D 26,698 2,811 7,587 0,782 7,330 4,428
(0,000) (0,094) (0,023) (0,376) (0,026) (0,109)
Accords R&D 3,550 6,866 1,060 2,963 5,082
(0,169) (0,143) (0,589) (0,564) (0,279)

Taille 10,573 8,313 5,802 7,074


(0,005) (0.004) (0,055) (0,029)

Age 4,703 6,422 6,427


(0,095) (0,170) (0,169)

Exportation 2,518 1,292


(0,284) (0,524)

Décentralisation 10,413
(0,034)

Source : élaboré à partir des résultats du SPSS

208
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Nous calculons par la suite, comme illustré au tableau 33 le coefficient de corrélation des
rangs de Spearman pour identifier les variables qui fortement liées.

Tableau 33 : Matrice des corrélations non paramétriques entre variables indépendantes


pour le cas de l’innovation de procédé

Corrélations

décentralisatio
filiale_ou_non
fab_s_licence
accord_R_D

exportation
unite_R_D
Taille

âge

n
Spearman's Taille Corrélation - -
1,000 **
,245 -,273 ,382** -,305* ,416**
rho Coefficient ,473 ,336*

Sig.(2-tailed) . ,001 ,098 ,067 ,007 ,019 ,035 ,003

N 48 47 47 46 48 48 48 48

Age Corrélation - -
**
1,000 -,158 ,324* -,135 ,292* ,183
Coefficient ,473 ,303*

Sig.(2-tailed) ,001 . ,288 ,028 ,360 ,044 ,212 ,036

N 47 48 47 46 48 48 48 48

unite_R_D Corrélation - - -
,245 -,158 1,000 **
,166 * **
,128
Coefficient ,724 ,355 ,584

Sig.(2-tailed) ,098 ,288 . ,000 ,259 ,013 ,000 ,387

N 47 47 48 46 48 48 48 48

accord_R_D Corrélation -
-,273 ,324* **
1,000 -,258 ,198 ,513** -,075
Coefficient ,724

Sig.(2-tailed) ,067 ,028 ,000 . ,080 ,183 ,000 ,617

N 46 46 46 47 47 47 47 47

fab_s_licence Corrélation
,382** -,135 ,166 -,258 1,000 -,108 -,265 ,115
Coefficient

Sig.(2-tailed) ,007 ,360 ,259 ,080 . ,462 ,066 ,430

N 48 48 48 47 49 49 49 49

209
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

décentralisation Corrélation
-,336* ,292* -,355* ,198 -,108 1,000 ,350* -,227
Coefficient

Sig.(2-tailed) ,019 ,044 ,013 ,183 ,462 . ,014 ,118

N 48 48 48 47 49 49 49 49

filiale_ou_non Correlation -
-,305* ,183 **
,513** -,265 ,350* 1,000 -,277
Coefficient ,584

Sig.(2-tailed) ,035 ,212 ,000 ,000 ,066 ,014 . ,054

N 48 48 48 47 49 49 49 49

exportation Corrélation
,416** -,303* ,128 -,075 ,115 -,227 -,277 1,000
Coefficient

Sig.(2-tailed) ,003 ,036 ,387 ,617 ,430 ,118 ,054 .

N 48 48 48 47 49 49 49 49

**. Correlation is significant at the 0.01 level (2-tailed).

*. Correlation is significant at the 0.05 level (2-tailed).

Source : élaboré à partir des résultats du SPSS

La matrice des interrelations entre les variables explicatives de l’innovation de procédé


montre qu’il existe une corrélation relativement forte entre la variable « filiale d’une
multinationale » et la variable « unité de R&D ».

Il existe également une corrélation relativement forte entre la variable « unité de R&D » et la
variable « accords de R&D ». Considérant les mêmes arguments qui ont été présentés pour le
cas de l’innovation de produit, les variables « filiale ou pas » et « accords de R&D » seront
éliminées.

En conclusion, nous allons considérer dans le modèle de régression logistique pour le cas de
l’innovation de procédé les variables candidates suivantes : « taille », « âge », « unité R&D »,
« exportation », « décentralisation » et « fabrication sous licence ».
II-2.3. Modèle de régression logistique pour l’innovation de procédé
Nous allons modéliser l’innovation de procédé en fonction des variables explicatives
sélectionnées à partir du test Chi-deux, puis examiner la validité du modèle qui résulte par la
régression logistique.

a) Le modèle de base « No hypothesis model »

210
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

La variable dépendante est l’innovation de procédé. Elle prend la valeur 1 s’il y a lieu d’une
innovation de procédé au sein de l’entreprise pharmaceutique au cours des 10 dernières
années.
Les variables explicatives sélectionnées dans les étapes précédentes sont divisées en deux
types à savoir des variables explicatives nominales telles « taille », « exportation » et « unité
de R&D » et des variables explicatives ordinales telles que « décentralisation », « âge » et
« fabrication sous licence ». Le tableau affiché dans l’annexe 3 présente le codage de
chacune.

Le tableau ci-après montre que le modèle initial a une force de prédiction de 56,5%. Le
modèle logistique est considéré bon s’il permet une amélioration de ce pourcentage.

Tableau 34: Table de classification pour l’innovation de procédé

Classification Tablea,b

Observed Predicted

innov_prc_amelio Percentage Correct

non oui

Step 0 innov_prc_amelio Non 0 20 ,0

Oui 0 26 100,0

Overall Percentage 56,5

a. Constant is included in the model.

b. The cut value is ,500

Source : élaboré à partir des résultats de la régression logistique du SPSS

Le tableau présenté dans l’annexe 4 montre le degré de contribution de chacune des variables
sélectionnées à l’explication de l’innovation de procédé sans la présence des autres variables
dans l’équation.

b) Modèle de régression logistique pour l’innovation de procédé

Le modèle de régression logistique de l’innovation de procédé, comme présenté au tableau 35,


montre que les variables « R&D », « exportation » et « fabrication sous licence » sont les
variables qui concourent le plus à l’explication du phénomène de l’innovation de procédé.

211
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Tableau 35 : Résultat de la régression logistique pour l’innovation de procédé

Coefficients Déviation Wald p.value OR I.C de l’OR


estimés standard

unite_R_D 3,663 1,585 5,344 ,021 38,984 1,746 870,304

fab_s_licence 7,719 ,021

fab_s_licence(1) -4,443 1,602 7,691 ,006 ,012 ,001 ,272

fab_s_licence(2) -1,071 1,046 1,049 ,306 ,343 ,044 2,660

exportation 2,858 1,351 4,471 ,034 17,418 1,232 246,221

Constant ,109 ,683 ,026 ,873 1,115

Source : élaboré à partir des résultats de la régression logistique du SPSS

Les variables « unité de R&D » et « exportation » ont une relation positive et significative
avec l’innovation de procédé. Ce qui signifie que les activités de la R&D influencent
positivement et significativement l’innovation de procédé et que les laboratoires qui exportent
des médicaments ont plus de probabilité pour mettre en place des innovations de procédé.

Par contre les variables fab_s_licence (1) et fab_s_licence (2) ont une relation négative avec
l’innovation produit. Ce qui signifie que plus l’entreprise s’engage dans la fabrication sous
licence moins est la probabilité qu’elle innove en produit. La variable fab_s_licence (1)
présente le passage d’une fabrication sous licence peu importante à une fabrication
importante. Cette variable détient une relation négative et significative avec la probabilité
qu’elle innove.

c) Validité du modèle
Le test de Chi-deux du modèle montre que notre modèle est bon et pourra être adopté pour
prédire l’innovation de procédé, comme le montre le tableau 36.

212
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Tableau 36 : Tests de significativité du modèle de la régression logistique pour


l’innovation de procédé

Omnibus Tests of Model Coefficients

Chi-square df Sig.

Step 1 Step 38,498 9 ,000

Block 38,498 9 ,000

Model 38,498 9 ,000

Step 2a Step -,198 1 ,657

Block 38,301 8 ,000

Model 38,301 8 ,000

Step 3a Step -1,077 2 ,584

Block 37,224 6 ,000

Model 37,224 6 ,000

Step 4a Step -3,934 2 ,140

Block 33,290 4 ,000

Model 33,290 4 ,000

a. A negative Chi-squares value indicates that the Chi-squares value has decreased from the previous step.

Les résultats du test de « -2 Log likelihood » sont présentés dans le tableau 37. La valeur de
« Nagelkerke R Square » est égale à 0,691.
Tableau 37 : Test validité du modèle pour l’innovation de procédé

Model Summary

Step -2 Log likelihood Cox & Snell R Square Nagelkerke R Square

1 24,486a ,567 ,760

2 24,684a ,565 ,758

3 25,760a ,555 ,744

4 29,694a ,515 ,691

a. Estimation terminated at iteration number 7 because parameter estimates changed by less than ,001.

213
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Le test de « Hosmer and Lemeshow » confirme également la justesse du modèle. La


significativité est supérieure de 0.05.
Tableau 38 : Test de « Hosmer and Lemeshow » pour l’innovation de procédé

Hosmer and Lemeshow Test

Step Chi-square df Sig.

1 5,510 7 ,598

2 3,554 7 ,829

3 10,669 7 ,154

4 5,794 6 ,447

Le tableau de contingence présenté dans l’annexe 5 montre également la justesse du modèle.


Au niveau de l’étape 4, la valeur observée et celle estime sont très proches.

Le tableau de classification montre que le pourcentage prédit est de 87%. Comparé avec le
modèle initial « No hypothesis model », cette valeur est passée de 56,5% à 87%. Ce qui
confirme la justesse du modèle de régression.
Tableau 39 : Table de classification du pourcentage prédit pour l’innovation de procédé

Classification Tablea

Observed Predicted

innov_prc_amelio Percentage Correct

non Oui

Step 1 innov_prc_amelio Non 19 1 95,0

Oui 3 23 88,5

Overall Percentage 91,3

Step 2 innov_prc_amelio Non 19 1 95,0

Oui 3 23 88,5

Overall Percentage 91,3

Step 3 innov_prc_amelio Non 18 2 90,0

Oui 3 23 88,5

214
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Overall Percentage 89,1

Step 4 innov_prc_amelio Non 16 4 80,0

Oui 2 24 92,3

Overall Percentage 87,0

a. The cut value is ,500

Source : élaboré à partir des resultats de la regression logistique du SPSS

d) Significativité des coefficients estimés et test d’hypothèse pour l’innovation de


procédé
Le tableau présenté dans l’annexe 6 permet d’évaluer la signification statistique des
coefficients estimés afin de s’assurer si chacune des variables indépendantes contribue à
mieux prédire la probabilité de mettre en place des innovations de procédé.

Nous observons qu’à l’étape quatre les variables dont l’influence sur l’innovation est non
significative ont été exclus du modèle. Il reste quatre principales variables à savoir « unité de
R&D », « fab_s_licence » et « exportation ». Nous rejetons donc pour chacune de ces
variables l’hypothèse qui stipule la nullité du coefficient. Par conséquent, chacune de ces
dernières contribue à l’amélioration du modèle.

Le sens de la relation avec la probabilité d’innover en procédé diffère d’une variable à une
autre. Il est positif pour les variables « unité de R&D » et « exportation ». Par contre, il est
négatif pour le cas de la variable « fab_s_licence ».

Il est vrai que la majorité des exportations marocaines de médicaments destinées à l’Afrique,
l’Europe ou le Moyen Orient sont des génériques, c’est ce qui explique d’ailleurs le fait que
les exportations n’influencent pas les innovations de produit, mais ça n’empêche pas que ces
laboratoires innovent en procédé pour optimiser leur production et devenir compétitives à
l’échelle mondiale.

Par ailleurs, d’après les résultats fournis par le modèle construit, plus l’entreprise
pharmaceutique fait de la fabrication sous licence, moins sont les chances de développer des
innovations de procédés.

Les variables « décentralisation » et « âge » ont une influence sur la probabilité d’innover en
procédé sauf que cette influence s’est affaiblie lors de l’introduction d’autres variables plus

215
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

pertinentes telles que la présence d’une unité de R&D, la fabrication sous licence et
l’exportation.

En conclusion, le modèle proposé pour modéliser l’innovation de procédé permet de valider


les hypothèses suivantes :
- Les activités de la R&D influencent positivement et significativement l’innovation
de procédé dans le secteur pharmaceutique au Maroc,
- L’exportation influence positivement et significativement l’innovation de
procédé,
- Plus l’entreprise pharmaceutique fait de la fabrication sous licence moins est la
probabilité d’innover en procédé.

II-3. Résultat de la régression logistique pour l’innovation organisationnelle


À l’instar de ce qui a été fait auparavant pour les innovations de produit et de procédé, nous
allons tester les hypothèses formulées concernant les variables explicatives les plus
significatives pour expliquer l’innovation organisationnelle au sein des laboratoires
pharmaceutiques au Maroc.

II-3.1. Variables candidates pour expliquer l’innovation organisationnelle

Le test Chi-deux permet de tester une éventuelle indépendance entre la variable dépendante à
savoir l’innovation organisationnelle et chacune des variables explicatives. Le tableau ci-après
présente les résultats de ce test :
Tableau 40 : Test de Chi-deux pour l’innovation organisationnelle

Chi-Square test Assy (2-sided) Coefficient de

contingence

Taille 0,759 0,384 0,125

Age 6,392 0,041 0,343

Filiale ou pas 0,057 0,812 0,034

Unité R&D 0.554 0,457 0,107

Qualification main 18,818 0,000 0,531

216
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

d’œuvre

Décentralisation 7,240 0,027 0,359

Usage des TIC 12,424 0,000 0,450

Fabrication sous licence 0,457 0,796 0,096

Accords R&D 2,017 0,365 0,203

Accords échange 2,834 0,242 0,236

d’information technique

Concurrence 8,767 0,012 0,390

Exportation 4,078 0,043 0,277

Source : élaboré à partir des resultats de la regression logistique du SPSS

Le tableau ci-dessus montre que parmi les variables sélectionnées, six variables explicatives
sont liées à l’innovation commerciale à savoir l’âge, la décentralisation, l’usage des TIC, la
qualification de la main d’œuvre, la concurrence et l’exportation.

Par contre les variables « unité R&D », « filiale ou pas » n’ont pas de relation avec
l’innovation d’organisation. De même les résultats montrent que la fabrication sous licence
ainsi que la taille de l’entreprise ne sont pas liées à l’innovation d’organisation.
II-3.2. Interrelations des variables explicatives de l’innovation d’organisation
D’après le tableau des interrelations, il existe des liaisons entre âge et décentralisation et entre
âge et exportation. De même, il existe une liaison entre les deux variables exportation et
concurrence. Toutefois, ces interrelations ne sont pas considérées fortes. Il en demeure que
lors de mise en œuvre de la régression logistique, nous allons garder dans l’esprit ces
corrélations au cas où le modèle construit ne fournira pas de bon résultat. Le tableau 36
présenté la matrice des interrelations des variables explicatives avec l’innovation
d’organisation.

217
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Tableau 41 : Matrice des interrelations entre les variables explicatives de l’innovation


organisationnelle

Corrélations

Qua_main_oeuvr
Décentralisation

Concurrence
Exportation

Usage TIC
Âge

Spearman's Corrélation 1,00 -


,292* -,303* ,164 ,296*
rho Coefficient 0 ,158

Sig. (2-
. ,044 ,036 ,265 ,282 ,043
tailed)
Âge

N 48 48 48 48 48 47

Corrélation -
,292* 1,000 -,227 ,131 ,284
Décentralisation

Coefficient ,031

Sig. (2-tailed) ,044 . ,118 ,370 ,834 ,050

N 48 49 49 49 49 48

Corrélation - -
*
-,227 1,000 -,301* -,210
Coefficient ,303 ,017
Exportation

Sig. (2-tailed) ,036 ,118 . ,036 ,909 ,151

N 48 49 49 49 49 48

Corrélation -
,164 ,131 -,301* 1,000 ,056
Coefficient ,244
Concurrence

Sig. (2-tailed) ,265 ,370 ,036 . ,091 ,707

N 48 49 49 49 49 48

Corrélation 1,00
-,158 -,031 -,017 -,244 -,326*
Coefficient 0
Qua_m Usage TIC

Sig. (2-tailed) ,282 ,834 ,909 ,091 . ,024

N 48 49 49 49 49 48
ain_oeu

Corrélation -
,296* ,284 -,210 ,056 1,000
Coefficient ,326*
vr

218
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Sig. (2-tailed) ,043 ,050 ,151 ,707 ,024 .

N 47 48 48 48 48 48

*. Correlation is significant at the 0.05 level (2-tailed).

Nous pouvons alors considérer toutes les variables candidates à savoir l’âge, la
décentralisation, l’usage des TIC, la qualification de la main d’œuvre, la concurrence et les
exportations dans le modèle de régression logistique.
II-3.3. Modèle de la régression logistique pour l’innovation d’organisation
Après avoir identifié les variables candidates pour expliquer l’innovation d’organisation, nous
allons voir lesquelles parmi elles seront retenues dans le modèle de la régression logistique.

a) « No hypothesis model »
La variable dépendante est l’innovation organisationnelle. Elle prend la valeur 1 dans le cas
d’une innovation d’organisation au sein de l’entreprise pharmaceutique au cours des 10
dernières années. Les variables explicatives sélectionnées, comme présenté dans l’annexe 4,
dans les étapes précédentes sont divisées en deux types à savoir des variables explicatives
nominales telles que l’usage des TIC et l’exportation et des variables explicatives ordinales
telles que l’âge, la qualification de la main d’œuvre, la concurrence et la décentralisation.

Le tableau ci-après montre que le modèle initial permet une prédiction à hauteur de 72,3% de
la variable dépendante. Si le modèle logistique incluant les variables candidates permet une
amélioration de ce pourcentage, alors le modèle est bon.

Tableau 42 : Table de classification pour l’innovation organisationnelle

Classification Tablea,b

Observed Predicted

innov_org Percentage Correct

Non oui

Step 0 innov_org non 0 13 ,0

oui 0 34 100,0

Overall Percentage 72,3

a. Constant is included in the model. b. The cut value is ,500

219
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Le tableau présenté dans l’annexe 4 montre le degré de contribution de chacune des variables
candidates à l’explication de l’innovation d’organisation sans la présence des autres variables
dans l’équation.

b) Modèle de régression logistique pour l’innovation d’organisation

Le modèle de régression logistique de l’innovation d’organisation, comme illustré dans le


tableau 43, montre que les variables « qualification de la main d’œuvre », « usage TIC » et
« exportation » sont les variables qui concourent le plus à l’explication du phénomène de
l’innovation organisationnelle.
Tableau 43 : Résultat de la régression logistique pour l’innovation d’organisation

Coefficients Déviation Wald p.value OR I.C de


estimés standard
l’OR

Usage TIC 2,984 1,248 5,713 ,017 19,767 1,711 228,343

qua_main_oeuvr 7,375 ,025

qua_main_oeuvr(1) 4,078 1,771 5,300 ,021 58,999 1,833 1898,860

qua_main_oeuvr(2) ,629 1,487 ,179 ,672 1,875 ,102 34,545

Exportation 2,341 1,408 2,766 ,096 10,394 ,658 164,107

Constant -3,216 1,641 3,843 ,050 ,040

c) Validité du modèle

Le test des coefficients du model a donné un bon résultat. Le test de Chi-Square montre que
notre modèle est bon et pourra être adopté pour prédire l’innovation organisationnelle. La
significativité est largement inférieure de 0,05.

220
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Tableau 44 : Tests de significativité du model de la régression logistique pour


l’innovation organisationnelle

Omnibus Tests of Model Coefficients

Chi-square df Sig.

Step 1 Step 33,826 10 ,000

Block 33,826 10 ,000

Model 33,826 10 ,000

Step 2a Step -,274 2 ,872

Block 33,553 8 ,000

Model 33,553 8 ,000

Step 3a Step -,885 2 ,642

Block 32,668 6 ,000

Model 32,668 6 ,000

Step 4a Step -2,866 2 ,239

Block 29,801 4 ,000

Model 29,801 4 ,000

Le deuxième critère qui permet de juger la pertinence du modèle est le test de « -2 Log
likelihood ». Plus le « Nagelkerke R Square » s’approche de la valeur « 1 », plus le modèle est
bon. Il est de l’ordre de 0,678.
Tableau 45 : Test validité du modèle pour l’innovation organisationnelle

Model Summary

Step -2 Log likelihood Cox & Snell R Square Nagelkerke R Square

1 21,606a ,513 ,741

2 21,880a ,510 ,737

3 22,765a ,501 ,723

4 25,631a ,470 ,678

a. Estimation terminated at iteration number 7 because parameter estimates changed by less than ,001.

221
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Le test de « Hosmer and Lemeshow » confirme également la justesse du modèle. La


significativité devrait être supérieure de 0.05 :
Tableau 46 : Test de « Hosmer and Lemeshow » pour l’innovation organisationnelle

Hosmer and Lemeshow Test

Step Chi-square df Sig.

1 2,767 7 ,906

2 3,668 7 ,817

3 8,510 8 ,385

4 3,755 5 ,585

Le tableau de contingence, présenté dans l’annexe 5, est également un critère qui permet de
juger la justesse du modèle. Au niveau de l’étape 4, la valeur observée et celle estime
deviennent très proches.

Le cinquième critère est le tableau de classification. Ce dernier montre que le pourcentage


prédit est de 85,1%. Comparé avec le modèle initial « No hypothesis model », cette valeur est
passée de 72,3% à 85,1%. Ce qui confirme la justesse du modèle de régression :
Tableau 47 : Table de classification pour l’innovation organisationnelle

Classification Tablea

Observed Predicted

innov_org Percentage Correct

non oui

Step 1 innov_org non 10 3 76,9

oui 3 31 91,2

Overall Percentage 87,2

Step 2 innov_org non 10 3 76,9

oui 2 32 94,1

Overall Percentage 89,4

Step 3 innov_org non 11 2 84,6

222
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

oui 2 32 94,1

Overall Percentage 91,5

Step 4 innov_org non 9 4 69,2

oui 3 31 91,2

Overall Percentage 85,1

d) Significativité des coefficients estimés et test d’hypothèse pour l’innovation


organisationnelle
Finalement le tableau présenté dans l’annexe 6 montre le modèle basé sur la méthode de
régression logistique descendante. Ce modèle ne permet de prendre en considération que les
variables qui ont une forte contribution à expliquer l’innovation organisationnelle.

Le modèle proposé pour modéliser l’innovation d’organisation montre que :

- L’usage des TIC a un impact positif et significatif sur l’innovation


d’organisation,
- La qualification de la main d’œuvre influence positivement et significativement la
mise en place des innovations d’organisation,
- Les activités de l’exportation des médicaments favorisent la mise en place des
innovations d’organisation.
La variable concurrence a un effet positif sur l’innovation d’organisation sauf que la présence
d’autres variables plus importantes a diminué son effet sur l’innovation. D’où l’impact
insignifiant de la variable concurrence sur l’innovation commerciale. Pour cela, elle a été
retirée par la méthode « Backward Stepwise (Wald) »

De même, malgré l’impact positif de la décentralisation sur l’innovation d’organisation, cette


variable n’a pas été sélectionnée dans le modèle vu la présence d’autres variables explicatives
plus importantes (âge, concurrence et usage des TIC).

II-4. Résultat de la régression logistique pour l’innovation commerciale


Nous allons dans un premier lieu identifier les variables candidates pour expliquer
l’innovation de commercialisation puis faire tourner le modèle de la régression logistique
pour voir lesquelles parmi elles sont les plus significatives à expliquer ce type d’innovation au
sein des laboratoires pharmaceutiques au Maroc.

223
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

II-4.1. Variables candidates pour expliquer l’innovation commerciale


Le test Chi-Square permet d’identifier les variables candidates qui peuvent être retenues dans
notre analyse. Il test une éventuelle indépendance entre la variable dépendante à savoir
l’innovation commerciale et chacune des variables explicatives. Le tableau ci-après présente
les résultats de ce test.

Tableau 48 : Test de Chi-deux pour l’innovation commerciale

Chi-Square test Assy (2-sided) Coefficient de

contingence

Taille 3,128 0,77 0,247

Age 8,812 0,012 0,394

Filiale ou pas 0,168 0,682 0,058

Unité R&D 2,089 0,148 0,204

Décentralisation 7,240 0,027 0,359

Qualification de la main 11,457 0,003 0,439


d’œuvre

Usage des TIC 7,967 0,005 0,374

Fabrication sous licence 1,874 0,392 0,192

Accords R&D 4,930 0,085 0,308

Accords échange 1,961 0,375 0,198

d’information technique

Concurrence 8,464 0,015 0,384

Exportation 4,078 0,043 0,277

Il ressort de ce tableau que parmi les variables proposées, six variables explicatives sont
statistiquement liées à l’innovation commerciale à savoir : « âge », « décentralisation »,
« qualification de la main d’œuvre », « usage des TIC », « concurrence » et « exportation ».

224
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Comme il a été précisé auparavant, ce test ne permet en cas d’établir une relation numérique
entre la variable dépendante et les variables explicatives sélectionnées par ce test.

Toutefois, il permet d’identifier les variables candidates ayant un lien significatif avec la
variable dépendante.
II-4.2. Interrelations des variables explicatives de l’innovation commerciale

Le tableau ci-après présente les éventuelles interrelations entre les variables indépendantes. Il
est à noter que ces dernières ne sont pas fortement liées entre elles. Donc nous pouvons
considérer les six variables indépendantes dans notre modèle de régression logistique pour
modéliser l’innovation commerciale.

Tableau 49 : Matrice des corrélations entre les variables indépendantes pour le cas de
l’innovation de commercialisation

Corrélations

qua_main_
âge décentralisation exportation concurrence usage TIC oeuvr

Corrélation Coefficient 1,00


,292* -,303* ,164 -,158 ,296*
0

Sig. (2-tailed) . ,044 ,036 ,265 ,282 ,043


Âge

N 48 48 48 48 48 47

Corrélation Coefficient ,292


1,000 -,227 ,131 -,031 ,284
Décentralisation

*
Spearman's rho

Sig. (2-tailed) ,044 . ,118 ,370 ,834 ,050

N 48 49 49 49 49 48

Corrélation Coefficient -
,303 -,227 1,000 -,301* -,017 -,210
*
Con Exportation

Sig. (2-tailed) ,036 ,118 . ,036 ,909 ,151

N 48 49 49 49 49 48
curr

-,301*
enc

Corrélation Coefficient ,164 ,131 1,000 -,244 ,056


e

225
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Sig. (2-tailed) ,265 ,370 ,036 . ,091 ,707

N 48 49 49 49 49 48

Corrélation Coefficient -
-,031 -,017 -,244 1,000 -,326*
,158
usage TIC

Sig. (2-tailed) ,282 ,834 ,909 ,091 . ,024

N 48 49 49 49 49 48

Corrélation Coefficient ,296


,284 -,210 ,056 -,326* 1,000
qua_main_oeuvr

Sig. (2-tailed) ,043 ,050 ,151 ,707 ,024 .

N 47 48 48 48 48 48

*. Correlation is significant at the 0.05 level (2-tailed).

Les variables candidates à savoir l’âge, la décentralisation, la qualification de la main


d’œuvre, l’usage des TIC, la concurrence et les exportations seront toutes incluses dans le
modèle de régression logistique.
II-4.3. Régression logistique dans le cas de l’innovation commerciale
Le modèle de la régression logistique de l’innovation de commercialisation va nous permettre
de tester les hypothèses formulées auparavant concernant les variables qui expliquent le
mieux ce type d’innovation.

a) « No hypothesis model »
La variable dépendante est l’innovation commerciale. Elle prend la valeur 1 dans le cas
d’une innovation commerciale au sein de l’entreprise pharmaceutique au cours des 10
dernières années. Les variables explicatives sélectionnées dans les étapes précédentes,
comme illustré dans l’annexe 4, sont divisées en deux types à savoir des variables
explicatives nominales telles que l’usage des TIC et l’exportation et des variables
explicatives ordinales telles que l’âge, la qualification de la main d’œuvre, la concurrence et
la décentralisation.

Le logiciel SPSS fournit les résultats de la régression logistique sans l’introduction des
variables choisies. Ce modèle initial appelé « no hypothesis model » permet de montrer si
l’introduction des variables explicatives va permettre une amélioration des capacités
prédictives du modèle de la régression logistique. Le tableau ci-après montre que le modèle

226
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

initial permet une prédiction à hauteur de 74,5 % de la variable dépendante. Si le modèle


logistique incluant les variables candidates permet une amélioration de ce pourcentage, alors
le modèle est bon.

Tableau 50 : Table de classification pour l’innovation commerciale

Classification Tablea,b

Observed Predicted

inn_com Percentage Correct

non oui

Step 0 inn_com non 0 12 ,0

oui 0 35 100,0

Overall Percentage 74,5

a. Constant is included in the model.

b. The cut value is ,500

Le tableau présenté dans l’annexe 4 montre le degré de contribution de chacune des variables
indépendantes à l’explication de l’innovation commerciale sans la présence des autres
variables dans l’équation :

b) Modèle de régression logistique pour l’innovation commerciale

Le modèle de régression logistique de l’innovation de commercialisation montre que les


variables « âges », « usage TIC » et « concurrence » sont les variables qui concourent le plus
à l’explication du phénomène de l’innovation commerciale. Le tableau ci-après présente les
résultats de la régression logistique pour l’innovation commerciale.
Tableau 51 : Résultat de la régression logistique pour l’innovation commerciale

Coefficients Déviation Wald p.value OR I.C de l’OR


estimés standard

Age 7,396 ,025

âge(1) 4,417 1,683 6,887 ,009 82,807 3,059 2241,769

âge(2) 2,946 1,394 4,469 ,035 19,035 1,240 292,303

usage TIC 2,607 1,204 4,687 ,030 13,564 1,280 143,739

227
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Concurrence 7,156 ,028

concurrence(1) 3,561 1,626 4,794 ,029 35,205 1,453 853,161

concurrence(2) 4,298 1,648 6,802 ,009 73,587 2,910 1860,991

Constant -6,266 2,302 7,410 ,006 ,002

Les résultats de la régression logistique pour l’innovation commerciale montrent que la


concurrence a un impact positif sur l’innovation commerciale. En effet, les laboratoires
pharmaceutiques qui font face à plusieurs concurrents sur leurs principaux marchés, ont une
grande chance de développer des innovations commerciales. De même, l’usage des TIC au
sein de l’entreprise pharmaceutique influence positivement et significativement l’innovation
commerciale. Ce qui veut dire que plus le laboratoire pharmaceutique investit dans les TIC,
plus ses chances à développer des innovations commerciales sont grandes. Par contre, cette
variable n’a pas un impact significatif sur l’innovation de produit et de procédé. Nous allons
par la suite, présenter dans la partie discussion des résultats des explications et des
interprétations à ce résultat.

Ces résultats montrent également que le développement des innovations commerciales est lié
à l’âge de l’entreprise. Plus l’entreprise avance dans l’âge, plus sa probabilité à développer
des innovations commerciales est grande.

c) Validité du modèle

Le test des coefficients du model a donné un bon résultat. Le test de Chi-Square montre que
notre modèle est bon et pourra être adopté pour prédire l’innovation commerciale. La
significativité est largement inférieure de 0,05.
Tableau 52 : Tests de significativité du model de la régression logistique pour
l’innovation commerciale

Omnibus Tests of Model Coefficients

Chi-square df Sig.

Step 1 Step 32,061 10 ,000

Block 32,061 10 ,000

Model 32,061 10 ,000

228
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Step 2a Step -,241 2 ,886

Block 31,820 8 ,000

Model 31,820 8 ,000

Step 3a Step -,805 2 ,669

Block 31,015 6 ,000

Model 31,015 6 ,000

Step 4a Step -4,450 1 ,035

Block 26,565 5 ,000

Model 26,565 5 ,000

a. A negative Chi-squares value indicates that the Chi-squares value has decreased from the previous step.

Le deuxième critère qui permet de juger la pertinence du modèle est le test de « -2 Log
likelihood ». Plus le « Nagelkerke R Square » s’approche de la valeur « 1 », plus le modèle est
bon. La valeur de « Nagelkerke R Square » est égale à 0,636 :
Tableau 53 : Test de validité du modèle pour l’innovation commerciale

Model Summary

Step -2 Log likelihood Cox & Snell R Square Nagelkerke R Square

1 21,341a ,494 ,728

2 21,582a ,492 ,724

3 22,387a ,483 ,712

4 26,837b ,432 ,636

a. Estimation terminated at iteration number 7 because parameter estimates changed by less than ,001.

b. Estimation terminated at iteration number 6 because parameter estimates changed by less than ,001.

Le test de « Hosmer and Lemeshow » confirme également la justesse du modèle. La


significativité devrait être supérieure de 0.05 :

229
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Tableau 54 : Test de « Hosmer and Lemeshow » pour l’innovation de procédé

Hosmer and Lemeshow Test

Step Chi-square df Sig.

1 3,791 7 ,803

2 4,238 7 ,752

3 4,046 7 ,775

4 7,480 6 ,279

Le tableau de contingence présenté dans l’annexe 5 est également un critère qui permet de
juger la justesse du modèle. Au niveau de l’étape quatre la valeur observée et celle estimée
sont très proches.

Le cinquième critère est le tableau de classification. Ce dernier montre que le pourcentage


prédit est de 89,4%. Comparé avec le modèle initial « No hypothesis model », cette valeur est
passée de 74,5% à 89,4%. Ce qui confirme la justesse du modèle de régression.
Tableau 55 : Table de classification du pourcentage prédit pour l’innovation
commerciale

Classification Tablea

Observed Predicted

inn_com Percentage Correct

non Oui

Step 1 inn_com non 8 4 66,7

oui 1 34 97,1

Overall Percentage 89,4

Step 2 inn_com non 9 3 75,0

oui 1 34 97,1

Overall Percentage 91,5

Step 3 inn_com non 8 4 66,7

oui 1 34 97,1

230
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Overall Percentage 89,4

Step 4 inn_com non 8 4 66,7

oui 1 34 97,1

Overall Percentage 89,4

Source : élaboré a partir des resultats de la regression logistique du SPSS

d) Significativité des coefficients estimés et test d’hypothèse pour l’innovation


commerciale
Finalement le tableau présenté dans l’annexe 6 présente le modèle définitif en prenant en
considération que les variables qui ont une forte contribution à expliquer l’innovation
commerciale.

Le modèle proposé pour modéliser l’innovation d’organisation permet de valider les


hypothèses suivantes :

- L’usage des TIC a un impact positif et significatif sur l’innovation commerciale,


- La concurrence a un effet positif et significatif sur l’innovation commerciale,
- Plus l’entreprise est ancienne, plus elle ses chances de développer des innovations
commerciales sont grandes.
Les variables « exportation » et « qualification de la main d’œuvre » ont un effet positif sur
l’innovation commerciale sauf que la présence d’autres variables plus importantes a diminué
leurs effets sur l’innovation commerciale. D’où l’impact insignifiant de la variable
exportation et de la variable qualification de la main d’œuvre sur l’innovation commerciale.
Pour cela, elles ont été retirées par la méthode « Backward Stepwise (Wald) »

De même, malgré l’impact positif de la décentralisation sur l’innovation commerciale, cette


variable n’a pas été sélectionnée dans le modèle vu la présence d’autres variables explicatives
plus importantes (âge, concurrence et usage des TIC).
Section III : Discussion et perspectives
Les résultats trouvés sont révélateurs de nouvelles informations et interprétations qui feront
l’objet de discussion au cours de cette section. Nous allons principalement expliquer comment
la taille et l’âge du laboratoire pharmaceutique, les activités de R&D, la décentralisation des
décisions, la fabrication sous licence, la qualification de la main d’œuvre et l’usage des TIC

231
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

influencent le développement des innovations technologiques et non technologiques au sein


des laboratoires pharmaceutiques au Maroc.

III-1. Place de l’activité de R&D au sein des laboratoires pharmaceutiques


Les résultats de cette étude confirment, entre autres, que les activités de R&D au sein des
laboratoires pharmaceutiques au Maroc ont un impact positif et significatif aussi bien sur
l'innovation de produit que sur l’innovation de procédé. La probabilité pour les laboratoires
qui ont une unité de R&D de développer des innovations de produit ou des innovations de
procédé est plus grande que celles qui ne l’ont pas. Ce résultat confirme l'hypothèse (H1.2) et
reste en concordance avec les recherches précédentes, notamment celles menées dans les
économies émergentes (Pamukçu et Cincera, 2001 ; Gabsi et al, 2008 ; Khiyari et Ben Rejeb,
2015 ; Sedkaoui, 2016).

Il est également à noter, qu’environ 30% des laboratoires pharmaceutiques objet de l’étude
ont une unité de R&D. Sur ces 30% des laboratoires, plus de 95% sont des laboratoires
nationaux. En effet, pour les filiales des multinationales, ces activités se réalisent
généralement au niveau de la maison mère. La filiale se concentre plus sur la
commercialisation des nouveaux produits importés de la maison mère. Les filiales investissent
plus dans tout ce qui est activité commerciale pour trouver des débouchés aux produits
généralement importés. L’expérience en marketing et en étude de marché est une exigence
pour ces laboratoires.

Il est important de noter que même si le pourcentage des laboratoires pharmaceutiques ayant
une unité de R&D est d’environ 30%, la découverte d’une nouvelle molécule reste une
exception. Les laboratoires pharmaceutiques au Maroc se focalisent plus sur le
développement des nouvelles extensions que sur la découverte d’une nouvelle molécule. Elles
sont plus placées dans le « développement » que dans « la recherche ». Ceci est dû, entre
autres, comme nous l’avons expliqué auparavant, au fait que le coût de la R&D est très élevé
et que les laboratoires nationaux n’ont pas tous les capacités financières ni les compétences
nécessaires pour s’aventurer dans un long chemin de recherche couteux et incertain. Ce coût
est estimé a environ 1, 3 milliards de dollars en 2013 (DiMasi, J. et al, 2016).

Le développement des extensions à des molécules déjà existantes est possible et faisable.
Environ 50% des laboratoires pharmaceutiques au Maroc ont pu développer des extensions de
forme, de dosage ou d’indication. Ces dernières sont considérées comme des améliorations à

232
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

la première molécule princeps et présentent des innovations incrémentales dans le secteur


pharmaceutique.

Concernant les innovations non technologiques, nous n’avons pas trouvé de lien statistique
entre la présence d’unité de R&D et les innovations commerciales ou organisationnelles. Le
test de Khi-deux ainsi que le modèle logistique montrent que la mise en place de ce genre
d’innovations dépend plus de la qualification de la main d’œuvre, de la concurrence et de
l’âge de l’entreprise que de la présence ou pas d’une unité de R&D au sein des laboratoires
objet de l’étude. Finalement, les activités de R&D n’influencent pas significativement les
innovations commerciales et organisationnelles au niveau des laboratoires pharmaceutique au
Maroc.

III-2. Impact de la décentralisation des décisions sur l’innovation


Les résultats de notre travail de recherche confirment que la décentralisation des décisions au
sein des firmes pharmaceutiques a un impact positif et significatif sur l'innovation de produit.
Ceci confirme l'hypothèse (H2.1).

De nombreux auteurs confirment cette relation positive entre la décentralisation des décisions
au sein de l’entreprise et le développement des innovations (Khandwalla, 1977 ; Mazzanti et
al., 2006 ; Bocquet et al., 2013).

Toutefois, cette variable n'a pas été sélectionnée dans le modèle logistique comme variable
explicative de l'innovation de procédé. Son impact sur l'innovation de procédé est positif mais
non significatif. Cela peut s'expliquer par l'existence d'autres variables plus importantes à côté
de la décentralisation qui sont sélectionnées dans le modèle. Une autre explication de ce
résultat vient du fait que, par définition l’innovation de processus consiste en
l’implémentation d’un nouvel équipement, ou méthode…software…Ce genre de décisions est
généralement pris au niveau central.

III-3. Fabrication sous licence


Selon les résultats obtenus, les contrats de licence dans le contexte actuel ne favorisent pas
l'innovation de produit et de procédé. Plus l'entreprise fait de la fabrication sous licence,
moins est la probabilité de développer des innovations de produit ou de procédé. Cela signifie
que les hypothèses H4.1 et H4.2 sont confirmées.

233
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Le même résultat est attesté dans le contexte tunisien où Gabsi et al. (2008) soulignent que
l’existence des clauses restrictives dans les contrats de licence empêchent le transfert de la
connaissance et de la technologie aux entreprises locales : “The lack of positive impact comes
from restrictive clauses contained in these technology licenses”. Ces auteurs expliquent
également que les entreprises dans les pays émergents se contentent d'exploiter localement les
technologies étrangères.

D'autres auteurs expliquent ce résultat par l'échec des politiques publiques qui n'ont pas pu
promouvoir l'apprentissage par l'éducation et n'ont pas pu développer les capacités
d'absorption de leur pays (De Cervantes et Marshall, 2016).
Une recherche dans le secteur aéronautique compare les entreprises ayant conclu des contrats
de licence avec celles qui ne l'ont pas fait et montre que les entreprises qui n'ont pas conclu
des contrats de licence ont pu mieux progresser que celles qui ont bénéficié de ce type de
contrat. Les auteurs expliquent ce résultat par le fait que les premières entreprises ont procédé
par étapes ; basées sur des essais et erreurs leur permettant d'évoluer progressivement et avec
des pas sûrs et mesurés (Mulotte et al., 2012).

Par ailleurs, les résultats de ce travail de recherche montrent qu’il n’existe pas de relation
significative entre la fabrication sous licence et la mise en place des innovations commerciales
ou organisationnelles.
III-4. Accords de R&D et échange d’information technique
Un autre résultat important de notre travail de recherche montre que la conclusion de
partenariats de R&D et également ceux d'échange d'informations techniques n'a pas d'impact
significatif sur le développement des innovations technologiques.
Cela peut s’expliquer par le fait que les laboratoires pharmaceutiques marocains n’ont pas
suffisamment développé leurs capacités d’absorption pour tirer profit de ce genre de
partenariats. Il est également important de mentionner que selon les résultats de la phase pré-
enquête, même si de nombreux laboratoires pharmaceutiques ont des unités de R&D, elles se
limitent à tout ce qui est « Développement » et non pas la « Recherche » fondamentale. De ce
fait, la limitation des activités de R&D en tout ce qui est développement des extensions, se
répercute également sur la nature et la modestie des partenariats conclus par ces laboratoires.
III-5. Taille et Age
Les résultats de cette recherche montrent également que l'âge et la taille du laboratoire n'ont
pas d'impact significatif sur l'innovation de produit ou de procédé. Dans la revue de littérature

234
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

consultée, nous n’avons pas trouvé de consensus sur l’orientation de la relation entre ces deux
facteurs et l’innovation.

De nombreux auteurs soulignent que les grandes entreprises sont généralement caractérisées
par une bureaucratie et des structures centralisées qui ne facilitent pas la circulation de
l'information et la suggestion de nouvelles idées, considérées comme source de l'innovation
(Pamukçu and Cincera, 2001).

D’autres soulignent que la relation entre la taille de l'entreprise et l'innovation est également
influencée par le contexte et le secteur dans lequel ces entreprises opèrent. Elle est positive
dans le cas des pays industrialisés (Evangelista et al., 1998) mais elle a la forme d'un « U
inversé » pour les « nouveaux pays industrialisés » comme la Turquie (Pamukçu et Cincera,
2001 ; Rahmouni et Yildizoglu, 2011). De même, nos résultats montrent que le facteur « âge
de l’entreprise » n'a pas d'impact significatif sur l'innovation de produit et celle de procédé.

Il est vrai que de nombreux auteurs mettent l'accent sur l'impact positif de l'âge sur
l'innovation (Sørensen, J. B., et Stuart, T. E., 2000 ; Rahmouni et Yildizoglu, 2011), mais ce
résultat n'est pas partagé par tous les auteurs. Freel, M.S. (2003) a démontré par exemple, que
plus l'entreprise est âgée, plus elle établit des procédures et des routines qui à leur tour
forment une résistance et un obstacle à l'innovation (Becheikh et al., 2005). De même, d'autres
études montrent que les innovations généralement radicales proviennent de jeunes entreprises
(Sørensen, J. B., et Stuart, T. E. (2000)). De ce fait, il n'y a donc pas de consensus sur la façon
dont l'âge de l'entreprise influe sur l'innovation. La startup allemande Bionthech est une bonne
illustration des jeunes entreprises qui ont pu développer une innovation radicale, notamment
le vaccin contre le Covid-19.

Par rapport aux innovations non technologiques, nos résultats montrent que le facteur âge a un
impact positif et significatif sur l’innovation commerciale. En effet, plus l’entreprise avance
dans l’âge, plus ses canaux de distribution se renforcent. Dans le secteur pharmaceutique,
comme déjà mentionné, le patient ne choisit pas son médicament. C’est le prescripteur du
médicament qui détient ce pouvoir. Généralement quand un prescripteur de médicaments est
fidélisé par rapport à un médicament qui a déjà donné ses preuves en termes d’efficacité
thérapeutique, il est difficile pour ce dernier de le changer par un autre. La communication et
la promotion au niveau des prescripteurs du médicament jouent un rôle important dans le

235
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

processus de fidélisation de ce dernier. Cette communication entre l’entreprise


pharmaceutique et le prescripteur du médicament, qui se construit au fils du temps pourrait
être un facteur encourageant de l’innovation commerciale.

Dans ce sens, Moreira et Silva (2014) montrent qu’une coopération et une bonne
communication entre les clients et l’entreprise est un facteur déterminant de la mise en place
des innovations commerciales.

En outre, le modèle commercial développé par chaque entreprise dépend des données
disponibles sur les patients ainsi que sur la connaissance des dynamiques du marché. La
fréquence des rachats est élevée pour certaines spécialités de médicaments (cholestérol,
hypertension…) comparées à d’autres marchés tels que l’électroménager. Ces achats répétés
peuvent aider les spécialistes du marketing à comprendre les nouveaux besoins des patients et
à proposer de nouvelles présentations.

Par exemple au lieu d’une boite de 10 unités, proposer une boite de 20 unités. Cette
expérience en termes de connaissance des dynamiques de la demande pourrait également les
inciter à mettre en place de nouvelles techniques de promotion au niveau des prescripteurs et
proposer de nouveaux prix plus attractifs.
III-6. Qualification de la main d’œuvre
La qualification du capital humain a été exclue en tant que facteur influençant l'innovation de
produit ou de processus. Même si ce résultat n'est pas en accord avec la théorie mais il est
conforme aux résultats obtenus dans les pays voisins.

Sedkaoui (2016) souligne que le lien entre le développement de l'innovation et les ressources
technologiques et humaines n'est pas significatif au sein des laboratoires pharmaceutiques en
Algérie. De plus, Gabsi et al. (2008), suggèrent que l'indicateur du niveau de compétences des
travailleurs n'est pas significatif pour expliquer l'innovation au sein des entreprises
tunisiennes.

Nous avons constaté à travers l’analyse descriptive effectuée dans le cadre de ce travail de
recherche que le pourcentage de la main d’œuvre qualifiée est plus important au niveau des
filiales des multinationales où le développement des innovations de produit et de procédé est
rare.

236
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

D’après le croisement des données concernant la qualification de la main d’œuvre et les types
d’innovation, nous avons trouvé que le recrutement des employés qualifiés ayant un diplôme
supérieur n’est pas lié aux innovations de produit et de procédé mais plutôt lié aux
innovations commerciales et organisationnelles.

Le modèle logistique développé dans le cadre de cette recherche montre que le recrutement
des personnes ayant un diplôme supérieur impacte positivement et significativement la mise
en place des innovations organisationnelles. Ce résultat est en accord avec les recherches
antécédentes. Cohen et Levinthal (1990, p.132) soulignent que pour avoir des innovations
organisationnelles « le personnel doit avoir un niveau de connaissance suffisant et pertinent ».
D’autres auteurs soulignent également que le niveau de formation des employés compte pour
la réalisation des innovations organisationnelles (Escribano et al., 2009 ; Kostopolous et al.
2011).
III-7. Usage des TIC

Les résultats de notre travail de recherche confirment l’impact positif et significatif de l’usage
des TIC sur la mise en place des innovations commerciales et organisationnelles. Ce qui
confirme les hypothèses H5.1 et H5.2. Ce résultat reste en concordance avec la littérature
existante dans la mesure où il a été largement démontré que les TIC jouent un rôle important
en facilitant l'apprentissage organisationnel et en renforçant une forte capacité d'absorption au
sein de l'organisation (Batazzi-Alexis, 2002 ; Aldebert, B. 2006). Il a été également démontré
que l’usage des TIC renforce la force de vente des entreprises et leur permet d’acquérir un
avantage concurrentiel via l’acquisition et la production d’information pertinentes sur le
marché (Tzokas, N. et Saren, M., 1997 ; Argyres, N.S., 1999). Le même résultat a été
démontré dans le cas du secteur de tourisme ou Divisekera, S et Nguyen, V. K. (2018)
stipulent qu’« une adoption accrue des TIC est positivement liée à une probabilité élevée de
développer des innovations commerciales ».

Par ailleurs, les résultats du présent travail de recherche montrent que ce facteur est
négligeable et n’impacte pas le développement de nouvelles molécules ou la mise en place
des nouveaux procédés de fabrication.

Il est vrai que l’investissement en TIC est important pour développer des innovations
radicales telle que de nouvelles molécules issues de de la biotechnologie ou la digitalisation

237
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

des processus de fabrication (Hamdouch et Perrochon, 2002 ; Tormay, P., 2015). Cependant,
au Maroc, la nature des innovations développées est limitée à la mise en place des extensions
à des molécules déjà existantes qui ne nécessitent pas des investissements importants pour la
mise en place des outils sophistiqués de TIC. Nous avons trouvé que sur les 50% des
laboratoires pharmaceutiques qui ont développé des extensions, presque la moitié n’a pas
investi en TIC. Ceci est dû principalement au fait que les pays à revenu faible ou moyen n'ont
pas encore discerné comment tirer parti du développement des TIC :

“African countries have not been able yet to exploit their comparative advantages, such as
proximity to the EU market and the availability of a multi-lingual and young population, to
become integrated into the global value chains of different IT products and
services”(European Parliament Report, 2015).

Plusieurs raisons expliquant la lenteur de l'adoption des TIC au niveau de l'entreprise sont
énumérées dans le rapport dédié à l’étude de l’usage des TIC en Afrique publié par le
Parlement Européen (2015). Elles comprennent, entre autres, le cadre contraignant du
politique et de l'environnement, les faiblesses des infrastructures, la rareté de l'éducation en
particulier dans les zones rurales et l'accès aux TIC à des coûts plus élevés.

Oyelaran (2007) développe des arguments similaires dans son article sur les TIC et le
développement industriel (Oyelaran-Oyeyinka, B., 2007). Le secteur de la santé, en général et
l'industrie pharmaceutique en particulier, ne sortent pas de ce schéma.

Dans notre contexte, l’usage des TIC est plus bénéfique pour fluidifier la communication
interne et la communication externe, principalement avec les prescripteurs du médicament.
Cet usage est moins important pour le développement des innovations technologiques telles
que la découverte des nouvelles molécules biotechnologiques ou l’automatisation des
processus de fabrication.

En effet, il permet, entre autres, d’améliorer l’organisation interne du travail, de faciliter la


circulation de l’information entre les collaborateurs et permet de réduire le temps et le coût de
la réalisation des projets. Il est également utilisé comme un moyen pour mettre en place des
dispositifs informatiques qui facilitent la communication avec les prescripteurs du
médicament.

238
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Comme constaté lors de la phase pré-enquête, les laboratoires déploient un staff important de
délégués médicaux outillés par des dispositifs informatiques qui permettent une
communication rapide et efficace avec leurs laboratoires. Les feedbacks sur les visites des
prescripteurs sont reportés aux cellules concernées en temps réel afin de prendre les mesures
nécessaires pour encourager la vente du médicament.

Comme expliqué précédemment, étant donné que le modèle de fabrication des laboratoires
pharmaceutiques au Maroc est basé essentiellement sur un modèle de fabrication sous licence
et que l’innovation est lancée généralement au niveau de la société mère, les entreprises dans
les pays en développement se focalisent plus sur le champ de la commercialisation des
produits qu'elles importent ou qu'elles fabriquent sous licence.

En outre, le management de l’innovation dans le secteur pharmaceutique repose


principalement sur l’information relatée par des patients et par des médecins pour repérer de
nouveaux besoins ou améliorer ses produits existants. La collaboration avec les prescripteurs
et avec les patients est une exigence pour développer des innovations. C’est ce qui explique la
digitalisation de la relation avec les clients, pour que la réponse aux besoins spécifiés par ces
derniers soit rapide et efficace.

Par conséquence, l'utilisation des TIC est très utile et bénéfique dans le domaine de la
commercialisation afin d'augmenter la part de marché et se positionner sur le marché
intérieur. Toutefois, son élargissement pour inclure les activités de R&D ainsi que la
digitalisation des processus de production reste très limité.
III-8. Concurrence
La concurrence n'a pas d'impact significatif sur l’innovation de produit ou de procédé au sein
des laboratoires pharmaceutiques installées au Maroc. Cela peut être dû à la protection par des
brevets qui dure en moyenne 10 ans à compter de la date de sa commercialisation mondiale.

Selon une étude réalisée par le Conseil Marocain de la Concurrence, la majorité des
laboratoires qui détiennent une protection de leur brevet tenteront d'empêcher ou du moins de
retarder l'entrée sur le marché de copies génériques (Conseil de la concurrence, 2011). De
nombreux auteurs insistent sur ce point et expliquent que l'impact de la concurrence sur
l'innovation dépend entre autres de l'intensité de la concurrence et de la spécificité du secteur
(Bocquet et al, 2007 ; Rahmouni et Yildizoglu, 2011).

239
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Par rapport à l’innovation commerciale, les résultats de notre travail montrent qu’il existe un
impact positif et significatif de la concurrence sur l’innovation commerciale. Divisekera, S et
Nguyen, V. K. (2018) ont mené un travail de recherche sur l’innovation dans le secteur de
tourisme en Australie et ils ont montré que la probabilité de mise en place des innovations de
marketing augmente avec l’accroissement du nombre des concurrents : « Market competition
and industry variables were found to be significant to the marketing innovation.”

Toutefois ce résultat n’est pas général pour toutes les recherches menées. Powers, T. L. et
Bowers, M. R. (2015) montrent par exemple que les dynamiques de l’environnement
influencent positivement et significativement les innovations organisationnelles et
commerciales. Par contre l’impact du nombre des concurrents sur ces innovations reste
insignifiant.
III-9. Activités d’exportation

D’après notre enquête, les activités d'exportation n'ont aucun impact sur l'innovation de
produit. Cela peut s'expliquer par le fait que la majorité des exportations marocaines sont des
génériques ou des produits fabriqués sous licence et que la principale destination de ces
médicaments est les pays africains. Il semble que le pouvoir d'achat des patients existant dans
ces pays n'encourage pas les laboratoires à rechercher de nouvelles molécules très couteuses.

Cela peut également s'expliquer par le fait que les laboratoires qui bénéficient de l'exportation
sont celles technologiquement assez matures pour le faire. De nombreux auteurs soutiennent
l'idée que les entreprises avancées en termes de technologie et dotées de grandes capacités
d'absorption sont celles qui bénéficient le plus de l'innovation (Salomon et Jin, 2010 ; Ito,
2012).

De plus, nous retrouvons le même résultat dans l'étude menée sur le marché tunisien. Gabsi et
al. (2008) expliquent que cela est principalement dû à la nature des exportations des pays à
revenu moyen ou faible, qui sont généralement limitées aux produits non technologiques tels
que les textiles et certains produits agricoles.

Par ailleurs, les résultats de ce travail montrent que les activités de l’exportation impactent
positivement et significativement les innovations organisationnelles.

240
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

Conclusion
Le chapitre IV présente les résultats de l’analyse descriptive des données recueillies ainsi que
les résultats de la régression logistique de l’innovation de produit, de procédé, d’organisation
et de commercialisation. Ces résultats confirment la majorité des hypothèses développées. Le
tableau 51 récapitule les résultats des tests d’hypothèses.

Tableau 56 : Résultats du test d’hypothèses

Hypothèses Contenu Résultat

H1 Les activités de R&D ont une influence positive et significative sur Validée
l’innovation technologique au sein des laboratoires
pharmaceutiques installés au Maroc

H1.1 Les activités de R&D ont une influence positive et significative sur Validée
l’innovation de produit au sein des laboratoires pharmaceutiques
installés au Maroc.

H1.2 Les activités de R&D ont une influence positive et significative sur Validée
l’innovation de procédé au sein des laboratoires pharmaceutiques
installés au Maroc.

H2 La décentralisation a une influence positive et significative sur


l’innovation technologique et sur l’innovation non technologique
au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc

H2.1 La décentralisation a une influence positive et significative sur Validée


l’innovation de produit au sein des laboratoires pharmaceutiques
installés au Maroc

H2.2 La décentralisation a une influence positive et significative sur Validée


l’innovation de procédée au sein des laboratoires pharmaceutiques
installés au Maroc

H2.3 La décentralisation a une influence positive et significative sur Non


validée
l’innovation organisationnelle au sein des laboratoires
pharmaceutiques installés au Maroc.

241
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

H2.4 La décentralisation a une influence significative positive sur Non


validée
l’innovation commerciale au sein des laboratoires pharmaceutiques
installés au Maroc.

H3 La formalisation a une influence significative positive sur Non testée


(Problème
l’innovation technologique et sur l’innovation non technologique de
colinéarité)
au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc

H4 L’usage des TIC influence positivement et significativement Validée


l’innovation organisationnelle et commerciale au sein des
laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc

H4.1 L’usage des TIC a un impact positif et significatif sur l’innovation Validée
organisationnelle au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au
Maroc

H4.2 L’usage des TIC a un impact positif et significatif sur l’innovation de Validée
commercialisation au sein des laboratoires pharmaceutiques installés
au Maroc.

H5 Plus les laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc font de Validée


la fabrication sous licence moins l’innovation technologique est
importante.

H5.1 Plus les laboratoires pharmaceutiques installées au Maroc font de la Validée


fabrication sous licence moins l’innovation produit est importante.

H5.2 Plus les laboratoires pharmaceutiques installées au Maroc font de la Validée


fabrication sous licence moins l’innovation de procédé est importante.

Ces résultats présentent une contribution dans la littérature dédiée aux déterminants de
l’innovation au sein des industries localisées dans les pays à revenu moyen ou faible. En plus
du test d’hypothèse dans les résultats sont affiches ci-haut, l’analyse statistique des données
montre, entre autres, que les innovations non technologiques sont très répandues au niveau

242
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION

des entreprises pharmaceutiques et que les déterminants de l’innovation diffèrent selon le type
d’innovation. L’usage des TIC, la qualification de la main d’œuvre et l’exportation des
médicaments sont les principaux facteurs qui favorisent la mise en place des innovations
d’organisation. Par contre, plus l’entreprise est ancienne, plus ses chances de développer des
innovations commerciales sont grandes. La concurrence et l’usage des TIC à leur tour jouent
en faveur de l’innovation commerciale.

243
Conclusion de la deuxième partie
La deuxième partie de ce travail de recherche a permis de tester les hypothèses développées
au cours de la première partie. Nous avons dans un premier lieu présenté la monographie du
secteur pharmaceutique au Maroc pour mettre en lumière les caractéristiques du marché, objet
de notre travail empirique. Cette section montre que le secteur pharmaceutique est à la pointe
des sciences et de la technologie et qu’il est au cœur de l’innovation. Le chiffre d’affaires
atteint 15 milliards de dirham et représente 1,5% du PIB global et 5,2 du secteur del’industrie.
C’est un secteur qui est extrêmement règlementé et régulé. La production locale satisfait
environ 60% de la demande et les 40% restant sont importés. L’offre du médicament est
concentrée pour certaines classes thérapeutiques, notamment les anti-inflammatoires,
l’ophtalmologie et les antalgiques. La demande est influencée principalement par la
couverture sociale qui ne dépasse pas les 69%.

La population ciblée par notre enquête est les 49 laboratoires existant au Maroc et englobant
les laboratoires nationaux et les filiales des multinationales. Nous avons pris la totalité de la
population car le nombre de ces laboratoires est petit et l’échantillonnage ne donne pas dans
ce cas des résultats performants. Nous avons également réalisé une étude pré-enquête qui
montre que la perception du phénomène de l’innovation dans le secteur pharmaceutique au
Maroc devrait être orientée vers les différents aspects et formes de l’innovation et non vers le
degré de l’innovation. Cette étude pré-enquête montre aussi que les laboratoires
pharmaceutiques au Maroc n’ont pas pu se positionner en termes d’innovations
technologiques qui restent timide par rapport à ce qui se fait à l’échelle mondial. Mais ces
laboratoires ont pu développer des innovations organisationnelles et de commercialisation
pour répondre aux prérequis exigés par les laboratoires internationaux lors de la conclusion
des accords de partenariat.

L’activité R&D quant à elle, elle n’est pas importante au sein des filiales des multinationales
puisqu’elle est faite généralement au niveau des sociétés mères ou dans le cadre d’un
partenariat entre ces dernières et des laboratoires de recherche externes. Les filiales présentes
au Maroc se focalisent surtout sur la commercialisation des produits importés de la société
mère et dans certains cas se limitent à des processus de fabrication classiques de médicament.
Toutefois, ces innovations de rupture développées ailleurs nécessitent être accompagnées par
des changements dans le processus de commercialisation ou organisationnel au sein des
filiales existantes au niveau local. L’environnement juridique quant à lui ne favorise pas
l’innovation selon les filiales des multinationales. Les laboratoires nationaux sont

244
généralement limités à la fabrication sous licence ou des génériques. Dans certains cas, il y a
lieu de développement des extensions en se basant sur des innovations incrémentales.

Les entrevues de l’étude pré-enquête ont également montré que les partenariats pour la
fabrication sous licence sont également très importants dans ce secteur. Ces partenariats
pourraient permettre un transfert de savoir et de connaissance comme ils pourraient avoir un
effet positif sur l’organisation de l’entreprise en l’aidant à s’aligner et à se mettre à jour avec
les standards internationaux les plus récents. L’usage des TIC est également perçu comme
élément important par les personnes interviewées dans la mesure où il est très présent dans les
stratégies de la promotion et de la vente. Pour certains laboratoires nationaux, leur
implémentation a facilité l’automatisation des processus de fabrication.

Sur la base des points relatés lors de la phase pré-enquête, nous avons ensuite élaboré notre
questionnaire pour permettre une évaluation effective des relations qui pourraient exister entre
l’innovation et les facteurs qui la favorisent. Après avoir collecté les données nécessaires,
nous avons procédé à l’analyse statistique en utilisant la régression logistique, reconnue
comme méthode qui donne le modèle le mieux adapté qui incorpore la relation entre
l’innovation et les facteurs explicatives sélectionnés.

Les résultats de la régression logistique dévoilent que les innovations non technologiques sont
très répandues au niveau des laboratoires pharmaceutiques et que les déterminants de
l’innovation diffèrent selon le type d’innovation. Parmi les variables sélectionnées par cette
méthode, nous citons les activités de R&D qui ont une influence positive et significative sur
l’innovation technologique au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.

La décentralisation a aussi une influence positive et significative sur l’innovation


technologique. L’usage des TIC influence positivement et significativement l’innovation
organisationnelle et commerciale au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.
Nous n’avons pas trouvé de lien entre cette variable et l’innovation technologique car la
nature des innovations développées est limitée à la mise en place des extensions à des
molécules déjà existantes qui ne nécessitent pas des investissements importants pour la mise
en place des outils sophistiqués de TIC.

Nous avons pareillement trouvé que plus les laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc
font de la fabrication sous licence moins l’innovation technologique est importante. Ceci est
dû, entre autres, au fait que les laboratoires n’ont pas pu encore développer les capacités
absorptives nécessaires pour la mise en place des innovations technologiques.

245
246
CONCLUSION GENERALE

Conclusion Générale

L’industrie pharmaceutique est un secteur qui connait des changements permanents suite,
entre autres, au changement du paradigme technologique en passant de la chimie à la
biotechnologie, au cout de la R&D qui ne cesse d’augmenter, au grand risque d’échec et aux
brevets qui tombent dans le domaine public. Face à ces changements, les laboratoires
pharmaceutiques sont contraints à changer leurs stratégies de gestion et de faire appel à
l’innovation pour garantir leur profit et leur évolution. Les premières questions qui ont été
soulevées et traitées au cours de ce travail de recherche sont de situer les laboratoires
pharmaceutiques installés au Maroc par rapport à l’innovation et d’examiner comment les
changements cités en haut influencent l’innovation. En outre, nous avons également soulevé
la question sur les mécanismes qui favorisent l’innovation et nous avons examiné si les
facteurs traditionnels révélés dans la revue de littérature (la taille et l’âge de l’entreprise, la
R&D, les accords de partenariat, l’usage des TIC…) agissent de la même manière sur
l’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques au Maroc.

Pour examiner les facteurs qui favorisent l’innovation au sein des laboratoires
pharmaceutiques au Maroc, nous avons adopté une démarche multidimensionnelle en
distinguant entre l’innovation technologique (INT) et l’innovation non technologique (INNT).
En effet, l'analyse de ce phénomène ne devrait pas se limiter à la nouveauté du produit ou du
procédé mais englober également d’autres aspects tels que les pratiques organisationnelles et
de marketing. La posture épistémologique adoptée est positiviste et s’inscrit dans le cadre
d’une recherche empirique. Nous avons élaboré un questionnaire pour déterminer le modèle
sous-jacent a la réalité et identifier les facteurs qui favorisent le plus l’innovation
technologique et non technologique au sein des laboratoires pharmaceutique au Maroc.

Selon les résultats trouvés, il existe plusieurs déterminants de l’innovation au sein des
entreprises, à savoir, de la taille et de l’âge de l’entreprise, des activités de R&D, de
l’organisation structurelle, de l’usage des TIC, de la qualification de la main d’œuvre ainsi
que des accords de partenariat. Toutefois, ces facteurs n’ont pas la même perception ni le
même impact au niveau des entreprises localisées dans les pays à revenu moyen ou faible.

L’usage des TIC, par exemple, a un rôle important dans la révolution technologique qu’a
connu le secteur pharmaceutique dans le monde. Toutefois, son impact sur l’innovation

247
CONCLUSION GENERALE

technologique au sein des laboratoires pharmaceutiques localisés dans les pays à revenu
moyen ou faible reste insignifiant. Ces derniers investissent dans les TIC pour renforcer leur
force de vente et pour fluidifier la communication interne et la communication externe,
principalement avec les prescripteurs du médicament. Cet usage est moins important pour le
développement des innovations technologiques telles que la découverte de nouvelles
molécules biotechnologiques ou l’automatisation des processus de fabrication. La lenteur de
l'adoption des TIC au niveau des entreprises localisées dans les pays en voie de
développement et le modèle de fabrication des laboratoires, basé essentiellement sur une
fabrication sous licence sont parmi les raisons qui expliquent ce résultat. L’innovation est
généralement lancée au niveau de la société mère. Les laboratoires pharmaceutiques dans les
pays en développement se focalisent généralement plus sur la commercialisation des produits
qu'ils importent ou qu'ils fabriquent sous licence.

De même, le facteur « qualification de la main d’œuvre » qui normalement influence


positivement l’innovation technologique au sein des entreprises a été exclu dans notre cas.
Même si ce résultat n'est pas en accord avec la théorie, il est conforme aux résultats obtenus
dans les pays voisins. D’après le croisement des données concernant la qualification de la
main d’œuvre et les types d’innovation, nous avons trouvé que le recrutement des employés
qualifiés ayant un diplôme supérieur n’est pas lié aux innovations de produit et de procédé
mais plutôt aux innovations commerciales et organisationnelles.

Concernant la place qu’acquièrent les activités de R&D au sein des laboratoires


pharmaceutiques au Maroc, malgré le fait que le pourcentage des laboratoires ayant une unité
de R&D est d’environ 30%, la découverte d’une nouvelle molécule reste une exception. Les
laboratoires pharmaceutiques au Maroc se focalisent plus sur le développement des nouvelles
extensions que sur la découverte d’une nouvelle molécule. Elles sont placées plus dans le
« développement » que dans « la recherche fondamentale ». Ceci est dû, entre autres, comme
déjà expliqué auparavant, au fait que le coût de la R&D est très élevé et que les laboratoires
nationaux n’ont pas tous les capacités financières ni les compétences nécessaires pour
s’aventurer dans un long chemin de recherche couteux et incertain.

Notre travail de recherche montre également qu’à l’inverse des pays industrialisés, la
conclusion des accords de partenariats de R&D et également ceux d'échange d'informations
techniques n'a pas d'impact significatif sur le développement des innovations technologiques.
Cela peut s’expliquer par le fait que les laboratoires pharmaceutiques marocains n’ont pas

248
CONCLUSION GENERALE

suffisamment développé leurs capacités d’absorption pour tirer profit de ce genre de


partenariats. En outre, la limitation des activités de R&D en tout ce qui est développement des
extensions de dosage, de forme ou d’indication, se répercute également sur la nature et la
modestie des partenariats conclus par ces laboratoires.

Dans le même sens, le présent travail de recherche montre que dans notre contexte les contrats
de licence ne favorisent pas l'innovation de produit et de procédé. Plus l'entreprise fait de la
fabrication sous licence, moins est la probabilité de développer des innovations de produit ou
de procédé. Ces résultats sont similaires à ceux des travaux menés dans des contextes comme
le nôtre et ont été expliqué entre autres, par l’existence des clauses restrictives dans les
contrats de licence empêchant le transfert de la connaissance et de la technologie aux
entreprises locales (Gabsi et al., 2008). D'autres auteurs expliquent ce résultat par l'échec des
politiques publiques qui n'ont pas pu promouvoir l'apprentissage par l'éducation et n'ont pas
pu développer les capacités d'absorption de leur pays (De Cervantes et Marshall, 2016).

Il est à noter que les résultats de notre travail de recherche montrent qu’il n’existe pas de
facteurs communs pour tous les types d’innovations. Chaque type a ses propres déterminants.
En outre, les variables explicatives de l’innovation technologique ne sont pas toujours
identiques à celles de l’innovation non technologique. Dans le cadre de notre travail de
recherche, nous avons montré que les déterminants des innovations technologiques sont plus
liés aux activités de R&D et à la décentralisation du processus de décision au sein de
l’entreprise. Par contre, les variables qui impactent l’innovation non technologique ont plus
un lien avec la qualification de la main d’œuvre, l’usage des TIC et l’âge de l’entreprise.
Michelle Mango (2013) montre que les activités de R&D et le recours aux sources
d’informations externes influencent davantage les innovations technologiques que les
innovations non technologiques. Elle montre également que les subventions publiques
influencent plus les innovations technologiques par contre la coopération avec les clients
influence plus les innovations non technologiques.

Zaier Olfa Hajjem (2015) prouve également que les facteurs qui influencent les quatre types
d’innovation sont différents. Elle montre également que même si la R&D interne a un effet
positif et significatif sur les quatre types d’innovation, il n’en est pas de même pour les
activités de R&D externe dont l’impact est négatif sur les innovations de procédé et de
commercialisation et insignifiant sur les deux autres types d’innovation. Elle a également
montré que la taille influence positivement et significativement l’innovation organisationnelle

249
CONCLUSION GENERALE

et que l’innovation de commercialisation est favorisée par l’adoption de moyens de protection


formelle.

Encore plus, même au sein des innovations technologiques, les facteurs qui influencent
significativement l’innovation de produit diffèrent de ceux qui influencent l’innovation de
procédé. Plusieurs études ont souligné que même s’il existe un lien étroit entre les innovations
de produit et celles de procédé, les innovations de produit et de procédé suivent des processus
différents et n'ont pas nécessairement les mêmes déterminants (Freel, 2003 ; Gopalakrishnan
et al., 1999 ; Lager and Ho¨rte, 2002; Michie and Sheehan, 2003; Papadakis and Bourantas,
1998; Sternberg and Arndt, 2001).

Il est également intéressant de souligner que pour tirer avantage des partenariats et des
accords de licence, les laboratoires pharmaceutiques devraient améliorer leurs capacités à
assimiler et à exploiter les connaissances et les résultats obtenus par d'autres organisations au
lieu de suivre un modèle de production simple et classique qui garantira un bénéfice stable.
Oser de nouvelles perspectives et chercher des partenariats avec des investisseurs « capital-
risque» pour financer les activités de R&D est une alternative parmi d'autres qui permet à nos
laboratoires de se lancer dans la recherche de nouvelles molécules, issues notamment des
plantes médicinales qui présentent un levier pour le Maroc.

Il est également intéressant de souligner que la présence d'un écosystème d'innovation


efficace pourrait favoriser une réelle collaboration entre l'université et l'industrie et aidera les
chercheurs dans les universités à développer une vision pragmatique de la finalité de leur
recherche. Cependant, les universités devraient avoir une maturité suffisante qui leur
permettra de s'associer aux projets de R&D menés par les firmes pharmaceutiques.

Le présent travail de recherche est loin d’être exhaustif ou complet. Malgré le fait de prendre
l’ensemble des laboratoires pharmaceutiques existant au Maroc, leur nombre reste limité pour
mener une analyse statistique parlante. Il est communément admis que plus la taille de
l’échantillon de l’étude est grande, plus les résultats sont extrapolables. Dans notre cas, nous
n’avons pas fait recours à l’usage des techniques d’échantillonnage car nous avons pris la
population totale. Toutefois, il serait plus intéressant d'étendre cette étude à un plus grand
nombre laboratoires pharmaceutiques qui se trouvent dans des pays similaires au nôtre,
notamment la Tunisie, l'Algérie et la Jordanie.

250
CONCLUSION GENERALE

Il serait également important d’enchainer sur le présent travail de recherche pour étudier des
éventuelles interdépendances entre les types d’innovation. Cela pourrait faire l’objet d’un
éventuel futur travail de recherche pour compléter ce qui a été déjà réalisé. Plusieurs auteurs
soulignent que les quatre types d’innovation ne sont pas indépendants. Mohieddine et
Yildizoglu (2011) soulignent que « Les innovations de procédé ont souvent des répercussions
significatives sur les produits et inversement, les innovations de produit peuvent nécessiter
des améliorations dans les procédés de fabrication ». De même, Zaier Olfa Hajjem (2015) a
démontré qu’il existe une interdépendance et simultanéité entre les innovations
technologiques et non technologiques. Elle a montré, entre autres, que le lancement des
activités de R&D est accompagné par la modernisation des pratiques organisationnelles.

Ce travail de recherche souligne également l’importance des innovations incrémentales au


sein des laboratoires pharmaceutiques au Maroc. La mise en place de ces dernières ne
demande pas des grands investissements dans la R&D et leurs apports à la santé publique et
au patient sont de grande ampleur.

Le présent travail de recherche est une participation modeste à l’enrichissement de la


recherche académique dédiée au secteur pharmaceutique et principalement aux pays à revenu
moyen ou faible. Il permet également de fournir aux managers des laboratoires
pharmaceutiques des outils de gestion et un guide permettant d’identifier les principaux
facteurs sur lesquels il faut agir pour favoriser d’une part l’innovation technologique et
d’autre part l’innovation non technologique.

251
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Loi n°31-05 (BO n°5400 du 14 février 2006) relative à la protection de la propriété


industrielle au Maroc

Décret n° 2-14-481 (BO n°6388 du 20 Août 2015) relatif à l’autorisation de mise sur le
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Décret n° 2-13-852 (BO n°6214 du 18 décembre 2013) relatif aux conditions et aux modalités
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271
272
ANNEXES

Annexe 1 : Guide d’entretien de la phase pré-enquête


Présentation de l’objet de l’entretien
Présentation de la problématique
Anonymat : oui ou non
✓ Un descriptif du secteur

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

✓ Situation de la concurrence sur le marché :

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

✓ Phénomène de l’Innovation :

- Votre évaluation du système de l’innovation au Maroc ?

………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
……………

- L’innovation dans le secteur pharmaceutique ?

………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………

273
ANNEXES

………………………………………………………………………………………………
……………

L’innovation pharmaceutique au Maroc ? Nouvelles molécules ?des Extensions?

………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………..

✓ Facteurs favorisants l’innovation

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

- Rôle de la structure organisationnelle

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

- Rôle de l’usage des TIC

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

✓ Investissement en R&D

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

274
ANNEXES

✓ Efforts fournis par le Gouvernement ?

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

✓ Contrat programme

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

✓ Accompagnement dans le domaine de l’innovation :

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

✓ Des stratégies préétablies pour l’innovation

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

✓ Partenariats constatés dans le domaine de R&D et de l’innovation

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

275
ANNEXES

✓ Etude ou rapports qui ont déjà traité ce sujet

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………

276
ANNEXES

Annexe 2 : Questionnaire sur l’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques au


Maroc

277
ANNEXES

278
ANNEXES

279
ANNEXES

280
ANNEXES

281
ANNEXES

282
ANNEXES

283
ANNEXES

284
ANNEXES

285
ANNEXES

286
ANNEXES

287
ANNEXES

Annexe 3 : Codage des variables explicatives catégorielles


Fréquence Parameter coding

(1) (2)

fab_s_licence Important 12 1,000 ,000

assez important 18 ,000 1,000

peu important 17 ,000 ,000

décentralisation déc. 11 1,000 ,000

assez déc. 24 ,000 1,000

peu déc. 12 ,000 ,000

Age avant 2000 24 1,000 ,000

2000-2010 13 ,000 1,000

après 2010 10 ,000 ,000

concurrence Important 18 1,000 ,000

assez important 22 ,000 1,000

peu important 7 ,000 ,000

qua_main_oeuvr > 50% 26 1,000 ,000

30-50% 16 ,000 1,000

<30% 5 ,000 ,000

288
ANNEXES

Annexe 4 : Contribution des variables indépendantes à l’explication de chaque type


d’innovation
Innovation produit :

Variables not in the Equation

Score df Sig.

Step 0 Variables concurrence 5,609 2 ,061

concurrence(1) 4,405 1 ,036

concurrence(2) ,666 1 ,414

decentralisation 12,565 2 ,002

decentralisation(1) 8,013 1 ,005

decentralisation(2) ,026 1 ,871

unite_R_D 11,119 1 ,001

Taille 7,232 1 ,007

fab_s_licence 9,378 2 ,009

fab_s_licence(1) 8,613 1 ,003

fab_s_licence(2) ,334 1 ,563

Overall Statistics 24,235 8 ,002

Innovation de procédé :

Variables not in the Equation

Score df Sig.

Step 0 Variables décentralisation 7,527 2 ,023

décentralisation(1) 6,957 1 ,008

décentralisation(2) ,869 1 ,351

Unité _R_D 12,274 1 ,000

Taille 11,036 1 ,001

fab_s_licence 15,461 2 ,000

fab_s_licence(1) 15,341 1 ,000

289
ANNEXES

fab_s_licence(2) 2,171 1 ,141

Exportation 6,105 1 ,013

Age 7,444 2 ,024

âge(1) 4,182 1 ,041

âge(2) ,022 1 ,883

Overall Statistics 26,764 9 ,002

Innovation organisationnelle :

Variables not in the Equation

Score df Sig.

Step 0 Variables Usage TIC 11,516 1 ,001

qua_main_oeuvr 18,205 2 ,000

qua_main_oeuvr(1) 16,492 1 ,000

qua_main_oeuvr(2) 6,051 1 ,014

Concurrence 8,057 2 ,018

concurrence(1) 1,762 1 ,184

concurrence(2) ,503 1 ,478

décentralisation 8,097 2 ,017

décentralisation(1) 2,475 1 ,116

décentralisation(2) 1,142 1 ,285

Age 6,009 2 ,050

âge(1) 5,633 1 ,018

âge(2) 1,048 1 ,306

Exportation 3,363 1 ,067

Overall Statistics 28,041 10 ,002

Innovation commerciale :

Variables not in the Equation

290
ANNEXES

Score df Sig.

Step 0 Variables Age 8,434 2 ,015

âge(1) 4,381 1 ,036

âge(2) ,057 1 ,811

décentralisation 5,621 2 ,060

décentralisation(1) 2,042 1 ,153

décentralisation(2) ,569 1 ,450

qua_main_oeuvr 13,359 2 ,001

qua_main_oeuvr(1) 9,740 1 ,002

qua_main_oeuvr(2) 1,827 1 ,176

Usage TIC 8,956 1 ,003

Exportation 5,409 1 ,020

Concurrence 9,125 2 ,010

concurrence(1) 1,206 1 ,272

concurrence(2) 1,175 1 ,278

Overall Statistics 26,514 10 ,003

291
ANNEXES

Annexe 5 : Table de contingence de « Hosmer and Lemeshow” pour les quatre types
d’innovation
Innovation de produit :

Contingency Table for Hosmer and Lemeshow Test

innov_pdt_amelio = non innov_pdt_amelio = oui Total

Observed Expected Observed Expected

Step 1 1 5 4,971 0 ,029 5

2 5 5,720 1 ,280 6

3 5 4,484 0 ,516 5

4 3 4,005 2 ,995 5

5 3 3,128 2 1,872 5

6 4 2,397 1 2,603 5

7 1 ,823 4 4,177 5

8 0 ,340 5 4,660 5

9 0 ,132 6 5,868 6

Step 2 1 5 4,972 0 ,028 5

2 5 5,691 1 ,309 6

3 5 4,521 0 ,479 5

4 4 4,037 1 ,963 5

5 3 3,488 3 2,512 6

6 3 1,985 1 2,015 4

292
ANNEXES

7 1 ,882 5 5,118 6

8 0 ,330 6 5,670 6

9 0 ,094 4 3,906 4

Step 3 1 4 3,977 0 ,023 4

2 4 3,870 0 ,130 4

3 6 6,444 1 ,556 7

4 5 5,259 2 1,741 7

5 3 2,064 1 1,936 4

6 3 2,831 4 4,169 7

7 1 ,654 2 2,346 3

8 0 ,567 6 5,433 6

9 0 ,333 5 4,667 5

Innovation de procédé :

Contingency Table for Hosmer and Lemeshow Test

innov_prc_amelio = non innov_prc_amelio = oui Total

Observed Expected Observed Expected

Step 1 1 6 5,937 0 ,063 6

2 5 4,678 0 ,322 5

3 3 3,917 2 1,083 5

4 5 3,855 1 2,145 6

5 0 1,196 5 3,804 5

6 1 ,326 4 4,674 5

293
ANNEXES

7 0 ,088 6 5,912 6

8 0 ,004 5 4,996 5

9 0 ,000 3 3,000 3

Step 2 1 6 5,940 0 ,060 6

2 5 4,684 0 ,316 5

3 4 3,827 1 1,173 5

4 4 3,877 2 2,123 6

5 0 1,246 5 3,754 5

6 1 ,341 4 4,659 5

7 0 ,079 6 5,921 6

8 0 ,005 5 4,995 5

9 0 ,001 3 2,999 3

Step 3 1 4 3,979 0 ,021 4

2 5 4,808 0 ,192 5

3 6 4,925 0 1,075 6

4 3 4,032 3 1,968 6

5 1 1,778 5 4,222 6

6 0 ,351 5 4,649 5

7 1 ,109 4 4,891 5

8 0 ,016 4 3,984 4

9 0 ,003 5 4,997 5

Step 4 1 8 7,896 0 ,104 8

2 3 2,442 0 ,558 3

3 5 4,341 1 1,659 6

4 3 4,443 6 4,557 9

5 0 ,643 7 6,357 7

6 1 ,214 5 5,786 6

7 0 ,015 4 3,985 4

294
ANNEXES

8 0 ,004 3 2,996 3

Innovation organisationnelle :

Contingency Table for Hosmer and Lemeshow Test

innov_org = non innov_org = oui Total

Observed Expected Observed Expected

Step 1 1 5 4,910 0 ,090 5

2 4 4,067 1 ,933 5

3 2 2,478 3 2,522 5

4 1 1,028 4 3,972 5

5 1 ,259 5 5,741 6

6 0 ,149 5 4,851 5

7 0 ,070 5 4,930 5

8 0 ,033 6 5,967 6

9 0 ,007 5 4,993 5

Step 2 1 5 4,934 0 ,066 5

2 5 4,539 1 1,461 6

3 1 1,986 3 2,014 4

4 1 1,005 4 3,995 5

5 1 ,264 4 4,736 5

6 0 ,177 6 5,823 6

7 0 ,064 5 4,936 5

8 0 ,022 5 4,978 5

9 0 ,008 6 5,992 6

Step 3 1 5 4,884 0 ,116 5

2 4 3,806 1 1,194 5

3 2 2,174 2 1,826 4

4 1 1,592 4 3,408 5

295
ANNEXES

5 0 ,233 4 3,767 4

6 1 ,109 2 2,891 3

7 0 ,168 8 7,832 8

8 0 ,025 5 4,975 5

9 0 ,008 5 4,992 5

10 0 ,001 3 2,999 3

Step 4 1 7 6,605 0 ,395 7

2 2 2,800 3 2,200 5

3 2 2,413 4 3,587 6

4 2 ,777 3 4,223 5

5 0 ,117 3 2,883 3

6 0 ,272 13 12,728 13

7 0 ,016 8 7,984 8

Innovation commerciale :

Contingency Table for Hosmer and Lemeshow Test

inn_com = non inn_com = oui Total

Observed Expected Observed Expected

Step 1 1 5 4,957 0 ,043 5

2 4 3,658 1 1,342 5

3 2 1,991 3 3,009 5

4 0 ,878 5 4,122 5

5 1 ,255 4 4,745 5

6 0 ,147 6 5,853 6

7 0 ,080 5 4,920 5

8 0 ,027 5 4,973 5

9 0 ,006 6 5,994 6

Step 2 1 6 5,869 0 ,131 6

296
ANNEXES

2 4 3,653 2 2,347 6

3 1 1,623 4 3,377 5

4 0 ,443 5 4,557 5

5 1 ,215 5 5,785 6

6 0 ,110 5 4,890 5

7 0 ,073 5 4,927 5

8 0 ,012 6 5,988 6

9 0 ,002 3 2,998 3

Step 3 1 5 4,886 0 ,114 5

2 4 4,041 2 1,959 6

3 2 1,986 3 3,014 5

4 0 ,575 5 4,425 5

5 1 ,216 4 4,784 5

6 0 ,183 6 5,817 6

7 0 ,098 6 5,902 6

8 0 ,013 6 5,987 6

9 0 ,001 3 2,999 3

Step 4 1 5 4,715 0 ,285 5

2 3 2,923 1 1,077 4

3 2 1,726 3 3,274 5

4 1 1,730 5 4,270 6

5 0 ,465 4 3,535 4

6 0 ,272 7 6,728 7

7 1 ,131 9 9,869 10

8 0 ,038 6 5,962 6

297
ANNEXES

Annexe 6 : Tableau de la régression logistique descendante pour les quatre types de


l’innovation
Innovation de produit

Variables in the Equation

B S.E. Wald df Sig. Exp(B) 95% C.I.for


EXP(B)

Lower Upper

Step Concurrence 3,347 2 ,188


a
1
concurrence(1) 3,001 1,741 2,971 1 ,085 20,110 ,663 610,296

concurrence(2) 1,717 1,696 1,025 1 ,311 5,569 ,200 154,763

décentralisation 5,388 2 ,068

décentralisation(1) 3,594 1,579 5,183 1 ,023 36,387 1,649 803,012

décentralisation(2) 2,219 1,322 2,819 1 ,093 9,196 ,690 122,613

unite_R_D 2,194 1,116 3,865 1 ,049 8,971 1,007 79,941

taille ,690 1,097 ,396 1 ,529 1,995 ,232 17,114

fab_s_licence 4,064 2 ,131

fab_s_licence(1) -2,723 1,404 3,764 1 ,052 ,066 ,004 1,028

fab_s_licence(2) -1,397 1,188 1,383 1 ,240 ,247 ,024 2,537

Constant -4,175 1,854 5,073 1 ,024 ,015

Step concurrence 3,510 2 ,173


a
2
concurrence(1) 2,798 1,661 2,838 1 ,092 16,405 ,633 425,196

concurrence(2) 1,299 1,544 ,708 1 ,400 3,667 ,178 75,663

décentralisation 6,225 2 ,044

décentralisation(1) 3,818 1,548 6,084 1 ,014 45,512 2,191 945,547

décentralisation(2) 2,335 1,329 3,088 1 ,079 10,330 ,764 139,687

unite_R_D 2,259 1,125 4,034 1 ,045 9,578 1,056 86,861

fab_s_licence 4,893 2 ,087

fab_s_licence(1) - 1,392 4,289 1 ,038 ,056 ,004 ,857


2,883

298
ANNEXES

fab_s_licence(2) -1,586 1,135 1,953 1 ,162 ,205 ,022 1,894

Constant -3,665 1,632 5,046 1 ,025 ,026

Step décentralisation 5,829 2 ,054


a
3
décentralisation(1) 3,527 1,487 5,624 1 ,018 34,034 1,844 627,993

décentralisation(2) 2,715 1,361 3,977 1 ,046 15,108 1,048 217,809

unite_R_D 2,130 ,982 4,707 1 ,030 8,411 1,228 57,592

fab_s_licence 4,968 2 ,083

fab_s_licence(1) -2,836 1,319 4,623 1 ,032 ,059 ,004 ,778

fab_s_licence(2) -1,069 ,944 1,282 1 ,258 ,343 ,054 2,184

Constant - 1,340 3,021 1 ,082 ,097


2,328

a. Variable(s) entered on step 1: concurrence, décentralisation, unite_R_D, taille, fab_s_licence.

Innovation de procédé :

Variables in the Equation

B S.E. Wald df Sig. Exp(B) 95% C.I.for


EXP(B)

Lower Upper

Step decentralisation 1,005 2 ,605


1a
decentralisation(1) 1,964 1,961 1,003 1 ,316 7,128 ,153 332,536

decentralisation(2) ,583 1,455 ,161 1 ,689 1,791 ,104 30,990

unite_R_D 4,761 2,116 5,062 1 ,024 116,903 1,847 7398,007

taille ,796 1,807 ,194 1 ,660 2,216 ,064 76,527

fab_s_licence 5,278 2 ,071

fab_s_licence(1) -4,254 2,058 4,272 1 ,039 ,014 ,000 ,802

fab_s_licence(2) -,744 1,883 ,156 1 ,693 ,475 ,012 19,041

exportation 2,124 1,785 1,416 1 ,234 8,361 ,253 276,414

age 1,844 2 ,398

age(1) 1,030 1,736 ,352 1 ,553 2,801 ,093 84,169

299
ANNEXES

age(2) -1,179 2,000 ,348 1 ,555 ,307 ,006 15,505

Constant -,920 1,372 ,449 1 ,503 ,399

Step decentralisation ,955 2 ,620


a
2
decentralisation(1) 1,893 1,937 ,955 1 ,328 6,639 ,149 295,868

decentralisation(2) ,475 1,405 ,114 1 ,735 1,608 ,103 25,236

unite_R_D 4,759 2,112 5,078 1 ,024 116,609 1,858 7316,830

fab_s_licence 6,635 2 ,036

fab_s_licence(1) - 1,840 6,549 1 ,010 ,009 ,000 ,332


4,709

fab_s_licence(2) - 1,466 ,736 1 ,391 ,284 ,016 5,027


1,258

exportation 2,451 1,645 2,220 1 ,136 11,596 ,462 291,335

age 2,554 2 ,279

age(1) 1,535 1,325 1,342 1 ,247 4,641 ,346 62,287

age(2) -,767 1,734 ,196 1 ,658 ,464 ,016 13,889

Constant -,756 1,296 ,341 1 ,559 ,469

Step unite_R_D 4,504 2,004 5,051 1 ,025 90,366 1,779 4589,961


a
3
fab_s_licence 7,686 2 ,021

fab_s_licence(1) - 1,728 7,360 1 ,007 ,009 ,000 ,272


4,688

fab_s_licence(2) - 1,204 ,790 1 ,374 ,343 ,032 3,630


1,070

exportation 2,258 1,476 2,341 1 ,126 9,562 ,530 172,376

age 3,392 2 ,183

age(1) 1,933 1,276 2,297 1 ,130 6,912 ,567 84,218

age(2) -,311 1,524 ,042 1 ,839 ,733 ,037 14,538

Constant -,538 1,046 ,265 1 ,607 ,584

Step unite_R_D 3,663 1,585 5,344 1 ,021 38,984 1,746 870,304


a
4
fab_s_licence 7,719 2 ,021

300
ANNEXES

fab_s_licence(1) - 1,602 7,691 1 ,006 ,012 ,001 ,272


4,443

fab_s_licence(2) - 1,046 1,049 1 ,306 ,343 ,044 2,660


1,071

exportation 2,858 1,351 4,471 1 ,034 17,418 1,232 246,221

Constant ,109 ,683 ,026 1 ,873 1,115

a. Variable(s) entered on step 1: decentralisation, unite_R_D, taille, fab_s_licence, exportation, age.

Innovation organisationnelle :

Variables in the Equation

B S.E. Wald df Sig. Exp(B) 95% C.I.for EXP(B)

Lower Upper

Step Usage TIC 2,734 1,573 3,021 1 ,082 15,393 ,705 335,913
a
1
qua_main_oeuvr 4,439 2 ,109

qua_main_oeuvr(1) 3,982 2,960 1,810 1 ,179 53,602 ,162 17724,832

qua_main_oeuvr(2) ,832 2,796 ,089 1 ,766 2,298 ,010 550,812

concurrence ,691 2 ,708

concurrence(1) 2,341 2,892 ,656 1 ,418 10,394 ,036 3007,332

concurrence(2) 1,625 2,769 ,344 1 ,557 5,079 ,022 1154,863

décentralisation ,653 2 ,721

décentralisation(1) 1,813 2,265 ,641 1 ,424 6,129 ,072 519,537

décentralisation(2) ,310 1,641 ,036 1 ,850 1,363 ,055 33,971

âge ,270 2 ,874

âge(1) ,748 1,950 ,147 1 ,701 2,113 ,046 96,607

âge(2) -,138 1,580 ,008 1 ,931 ,871 ,039 19,268

exportation 1,673 1,796 ,867 1 ,352 5,326 ,158 179,959

Constant - 3,532 2,341 1 ,126 ,004


5,404

Step usageTIC 2,937 1,533 3,669 1 ,055 18,859 ,934 380,852


a
2
qua_main_oeuvr 5,887 2 ,053

301
ANNEXES

qua_main_oeuvr(1) 4,304 2,815 2,338 1 ,126 73,998 ,297 18414,758

qua_main_oeuvr(2) ,878 2,701 ,106 1 ,745 2,406 ,012 479,562

concurrence ,814 2 ,666

concurrence(1) 2,140 2,717 ,621 1 ,431 8,501 ,041 1744,966

concurrence(2) 1,124 2,534 ,197 1 ,658 3,076 ,021 441,749

décentralisation 1,233 2 ,540

décentralisation(1) 2,208 1,998 1,221 1 ,269 9,095 ,181 456,823

décentralisation(2) ,434 1,405 ,095 1 ,757 1,543 ,098 24,250

exportation 2,001 1,720 1,353 1 ,245 7,397 ,254 215,496

Constant - 3,072 2,982 1 ,084 ,005


5,305

Step Usage TIC 3,168 1,464 4,685 1 ,030 23,765 1,349 418,671
a
3
qua_main_oeuvr 5,681 2 ,058

qua_main_oeuvr(1) 4,446 2,232 3,968 1 ,046 85,292 1,074 6772,355

qua_main_oeuvr(2) 1,268 1,967 ,415 1 ,519 3,552 ,075 167,802

décentralisation 2,516 2 ,284

décentralisation(1) 2,747 1,812 2,299 1 ,129 15,598 ,448 543,602

décentralisation(2) ,934 1,224 ,582 1 ,445 2,545 ,231 28,026

exportation 2,615 1,659 2,485 1 ,115 13,668 ,529 353,007

Constant - 2,374 3,935 1 ,047 ,009


4,709

Step Usage TIC 2,984 1,248 5,713 1 ,017 19,767 1,711 228,343
a
4
qua_main_oeuvr 7,375 2 ,025

qua_main_oeuvr(1) 4,078 1,771 5,300 1 ,021 58,999 1,833 1898,860

qua_main_oeuvr(2) ,629 1,487 ,179 1 ,672 1,875 ,102 34,545

exportation 2,341 1,408 2,766 1 ,096 10,394 ,658 164,107

Constant - 1,641 3,843 1 ,050 ,040


3,216

a. Variable(s) entered on step 1: usageTIC, qua_main_oeuvr, concurrence, decentralisation, age, exportation.

302
ANNEXES

Innovation commerciale

Variables in the Equation

B S.E. Wald df Sig. Exp(B) 95% C.I.for EXP(B)

Lower Upper

Step âge 4,177 2 ,124


1a
âge(1) 3,377 1,968 2,944 1 ,086 29,285 ,618 1386,649

âge(2) 3,198 1,734 3,401 1 ,065 24,491 ,818 733,007

décentralisation ,228 2 ,892

décentralisation(1) ,401 2,085 ,037 1 ,848 1,493 ,025 88,912

décentralisation(2) -,605 1,581 ,147 1 ,702 ,546 ,025 12,093

qua_main_oeuvr ,890 2 ,641

qua_main_oeuvr(1) 2,682 2,878 ,868 1 ,351 14,611 ,052 4117,074

qua_main_oeuvr(2) 2,004 2,707 ,548 1 ,459 7,421 ,037 1493,754

Usage TIC 3,832 1,972 3,776 1 ,052 46,176 ,968 2203,675

exportation 3,164 2,181 2,105 1 ,147 23,656 ,329 1698,749

concurrence 1,595 2 ,450

concurrence(1) 2,585 2,529 1,045 1 ,307 13,260 ,093 1883,272

concurrence(2) 3,169 2,521 1,580 1 ,209 23,785 ,170 3328,419

Constant -8,630 3,917 4,855 1 ,028 ,000

Step âge 4,837 2 ,089


2a
âge(1) 3,673 1,817 4,088 1 ,043 39,385 1,119 1385,923

âge(2) 3,217 1,719 3,502 1 ,061 24,946 ,859 724,814

qua_main_oeuvr ,821 2 ,663

qua_main_oeuvr(1) 2,024 2,252 ,807 1 ,369 7,567 ,092 625,317

qua_main_oeuvr(2) 1,538 2,290 ,451 1 ,502 4,653 ,052 414,370

Usage TIC 3,439 1,649 4,347 1 ,037 31,140 1,229 789,159

exportation 3,104 2,101 2,183 1 ,140 22,293 ,363 1369,663

concurrence 2,819 2 ,244

303
ANNEXES

concurrence(1) 2,444 1,951 1,569 1 ,210 11,515 ,252 526,872

concurrence(2) 3,369 2,022 2,775 1 ,096 29,057 ,552 1530,128

Constant -8,156 3,529 5,341 1 ,021 ,000

Step âge 6,658 2 ,036


3a
âge(1) 4,036 1,649 5,988 1 ,014 56,604 2,233 1434,738

âge(2) 3,076 1,499 4,214 1 ,040 21,681 1,149 409,017

Usage TIC 3,445 1,492 5,330 1 ,021 31,331 1,683 583,384

exportation 3,273 2,064 2,515 1 ,113 26,390 ,462 1506,889

concurrence 5,268 2 ,072

concurrence(1) 2,777 1,836 2,288 1 ,130 16,070 ,440 587,061

concurrence(2) 4,156 1,811 5,266 1 ,022 63,836 1,834 2222,382

Constant -7,160 2,675 7,166 1 ,007 ,001

Step âge 7,396 2 ,025


4a
âge(1) 4,417 1,683 6,887 1 ,009 82,807 3,059 2241,769

âge(2) 2,946 1,394 4,469 1 ,035 19,035 1,240 292,303

usage TIC 2,607 1,204 4,687 1 ,030 13,564 1,280 143,739

concurrence 7,156 2 ,028

concurrence(1) 3,561 1,626 4,794 1 ,029 35,205 1,453 853,161

concurrence(2) 4,298 1,648 6,802 1 ,009 73,587 2,910 1860,991

Constant -6,266 2,302 7,410 1 ,006 ,002

a. Variable(s) entered on step 1: age, decentralisation, qua_main_oeuvr, usageTIC, exportation, concurrence.

304

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