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Docteur
de l’Institut National des Postes et Télécommunications
Ilham BENALI
Mme. ZAOUI Imane Chef de division de la veille stratégique au Ministère délégué Invitée
auprès du Chef du Gouvernement chargé de l’Investissement, de la
Convergence et de l’Evaluation des Politiques publiques
Je dédie ce travail
Je remercie également Monsieur Nawfal Acha pour son aide, son encadrement
et ses précieux conseils.
Mon travail de recherche ne serait pas accompli sans l’aide de mon amie
Bouchra. Sa présence à mes côtés et son expertise dans le domaine
pharmaceutique m’ont beaucoup aidé.
Je remercie également mon amie Imane pour ses encouragements. A chaque fois
que je baissais les bras, elle me relançait pour continuer le chemin que j’ai
commencé.
Résumé
Les laboratoires pharmaceutiques dans les Pays à Revenu moyen ou faible (PRMF)
envisagent des difficultés liées, entre autres, aux coûts de Recherche et Développement
(R&D) qui ne cessent d’augmenter, à la réglementation en vigueur, à la concurrence des
médicaments génériques et à l'expiration de brevets. De ce fait, L’innovation est devenue une
urgence pour anticiper ces changements structurels et constitue un outil principal pour leur
survie et évolution. Par ailleurs, les recherches examinant l'innovation dans un contexte
similaire au notre sont rares. Nous accomplissons la présente recherche pour remédier à cette
insuffisance et pour fournir aux managers et décideurs les outils qui leurs permettent
d’inscrire leurs laboratoires dans la dynamique de l’innovation. Ce travail de recherche est
également une contribution modeste à enrichir la recherche académique dédiée aux économies
moyennes.
The main interest of this paper is to present the different dimensions of pharmaceutical
innovation and to identify the main factors that promote it. Relying on the existing literature
and on the convergence of the results related to the driving factors of innovation, we have
formulated several hypotheses that will be tested in the present research. A pre-survey study
was conducted and revealed relevant elements which helped to frame the present research.
Based on a quantitative survey carried out with pharmaceutical firms operating in Morocco
and an econometric analysis using logistic regression, we have found that Research and
Development activities are the main factor of technological innovation. Decentralisation has a
positive and a significant impact on product innovation and export influence positively
process innovation. However, the age and size of the firm do not significantly influence these
two types of innovation.
أمام هذه الصعوبات ،يعتبر اإلبتكار هو الحل المناسب الستمرار و تطور هذه المختبرات .تجدر اإلشارة
كذلك إلى أن البحوث التي تعالج اإلبتكار في سياق مشابه لسياق بحثنا هذا ،تبقى جد نادرة الوجود .لذا فإن
الهدف من هذا البحث العلمي أساسا هو تزويد المسيرين وصناع القرار بالوسائل التي تسمح لهم بجعل
دينامية اإلختراع جزءا أساسيا من مهامهم و تطلعاتهم .كما يعتبر هذا العمل أيضا مساهمة متواضعة
إلثراء البحث األكاديمي المخصص لإلقتصادات المتوسطة الحجم مثل اإلقتصاد المغربي و اإلقصادات
المشابهة له.
يعتبر هذا العمل تحليال قطاعيا يدرس العوامل التي تعزز اإلبتكار وثقافة الريادة عند مختبرات األدوية
ب المغرب .كما يندرج هذا البحث ضمن المنهج الكمي لكونه يعتمد على طريقة اإلنحدار اللوجستي نظرا
لطبيعة المتغيرات المدروسة.
قبل القيام بإرسال اإلستبيانات إلى أهم الفاعلين بالقطاع موضوع الدراسة من أجل ملء البيانات ،قمنا
بمجموعة من المقابالت مع صناع القرار بهذا القطاع من أجل تأطير هذا البحت و اكتشاف العناصر
المؤثرة في هذا الميدان و التي يمكنها أن تقربنا بشكل أوضح من الواقع.
تبين النتائج المحصل عليها من خالل هذا البحث أن البحث و التطوير هو محرك رئيسي لإلبتكار
التكنلوجي .كذلك تؤثر ال مركزية القرارات داخل المختبر بشكل إيجابي على ابتكار المنتجات .من ناحية
أخرى تأثر أنشطة التصدير إيجابيا على ابتكار العمليات على عكس عمر الشركة و حجمها اللذان
اليؤثران على هذين النوعين من اإلبتكار.
من بين النتائج األخرى التي توصلنا إليها خالل هذا البحث ،تأثير اإلسثمار في تكنلوجيا المعلومات و
اإلتصاالت بشكل إيجابي و كبير على اإلبتكار الغير التكنلوجي ،أي اإلبتكارات المتعلقة بطريقة تنظيم
العمل :اإلبتكارات التنظيمية و كذلك اإلبتكارات التسويقية .إضافة إلى ذلك فإن تأهيل القوى العاملة و
كذلك المنافسة في السوق لهما تأثير إيجابي على اإلبتكارات التنظيمية و التسويقية على التوالي.
الكلمات الرئيسية :اإلبتكار الصيدالني ،اإلبتكار التكنولوجي ،اإلبتكار الغير تكنولوجي ،البحث
والتطوير ،اإلنحدار اللوجستي.
Glossairé dés siglés ét d’acronymés
AMIP : Association Marocaine de l’Industrie Pharmaceutique
AMO : Assurance Maladie Obligatoire
AMM : Autorisation de mise sur le marché
BO : Bulletin Officiel
CDM : Model de Crépon, Duguet, et Mairesse
CA : Chiffre d’affaires
CC : Conseil de la Concurrence
CESI : Centre des Etudes Supérieures Industrielles
CIP : Commission Interministérielle des Prix
CIS : Capacité à innover et Stratégie
CE : Commission Européenne
CNOP : Conseil National de l’Ordre des Pharmacie du Maroc
DMP : Direction des Médicaments et de la Pharmacie
DT : Design Thinking
ECI : Enquête Communautaire sur l’Innovation
FDA : Food and Drug Agency
FNIM : Fédération Nationale de l’Information Médicale
INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
INT : Innovation Technologique
INNT : Innovation Non Technologique
KBV : Knowledge-Based- View
LEMM : Les Entreprises du Médicament au Maroc
LNCM : Laboratoire National du Contrôle des Médicaments
MMC : Méthode des Moindres Carrés
MMV : Méthode de Maximum de Vraisemblance
NME : New Molecule Entry
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement économiques
OMPIC : Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale
OMS : Organisation Mondiale de Santé
OR : Odds Ratio
PE : Parlement Européen
OPFR : Ordre des Pharmaciens Fabricants et Répartiteurs
PFHT : Prix Fabricant Hors Taxe
PRMF : Pays à Revenu Moyen ou Faible
PIB : Produit Intérieur Brut
PPM : Prix du Médicament au Maroc
RAMED : Régime d’Assistance Médicale
R&D : Recherche et Développement
RBV : Ressource-Based-View
SO : Structure Organisationnelle
SNI : Système National d’Innovation
TIC : Technologies de l’Information et des Télécommunications
Listé dés tabléaux
Tableau 1 : Chiffre d’affaires des 10 premières multinationales pharmaceutiques en 2019 . 117
Tableau 2 : évolution du CA du secteur pharmaceutique au Maroc ...................................... 119
Tableau 3 : Part de marché des laboratoires selon les principales classes thérapeutiques ..... 120
Tableau 4 : Marges des pharmaciens d’officines ................................................................... 125
Tableau 5 : Formation des prix des médicaments génériques ................................................ 125
Tableau 6 : Entités visitées pré-enquête ................................................................................. 129
Tableau 7 : Items et échelles de mesures pour les quatre types d’innovation ........................ 165
Tableau 8 : Items et échelles de mesure pour les facteurs favorisant l’innovation ................ 166
Tableau 9 : Descriptions et codage des variables dépendantes et indépendantes .................. 176
Tableau 10 : Pourcentage des laboratoires pharmaceutiques innovateurs ............................. 184
Tableau 11 : Fréquence des types d’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques... 185
Tableau 12 : Fréquence de l’innovation par rapport à chaque type de laboratoire ................ 186
Tableau 13 : Croisement de l’innovation avec la taille du laboratoire ................................... 188
Tableau 14 : Croisement de l’innovation avec l’âge du laboratoire ...................................... 189
Tableau 15 : Croisement innovation et unité R&D ................................................................ 190
Tableau 16 : Croisement de la variable qualification de la main d’œuvre et la variable
filiale_ou_national .................................................................................................................. 191
Tableau 17 : Croisement de la variable qualification de la main d’œuvre avec l’innovation 192
Tableau 18 : Croisement de la variable innovation et la variable décentralisation ............... 193
Tableau 19 : Croisement de la variable dépenses en TIC avec chaque type d’innovation .... 194
Tableau 20 : Croisement de la variable concurrence avec les quatre types d’innovation ...... 195
Tableau 21 : Croisement de la variable exportation avec les quatre types d’innovation ....... 196
Tableau 22 : Test de Chi-deux pour l’innovation de produit ................................................. 198
Tableau 23 : Test Chi-deux entre variables explicatives de l’innovation de produit ............. 199
Tableau 24 : Matrice des corrélations non paramétriques entre les variables indépendantes
pour le cas de l’innovation de produit (coefficient de Spearman) ......................................... 200
Tableau 25 : Table de classification pour l’innovation de produit ......................................... 202
Tableau 26: Résultat de la régression logistique pour l’innovation de produit ...................... 203
Tableau 27 : Tests de significativité du model ....................................................................... 204
Tableau 28 : Test de validité du modèle pour l’innovation de produit .................................. 204
Tableau 29 : Test de « Hosmer and Lemeshow » pour l’innovation de produit .................... 205
Tableau 30 : Table de classification ....................................................................................... 205
Tableau 31 : Test de Chi-deux pour l’innovation de procédé ................................................ 207
Tableau 32 : Test du Chi-deux entre variables explicatives de l’innovation de procédé ....... 208
Tableau 33 : Matrice des corrélations non paramétriques entre variables indépendantes pour le
cas de l’innovation de procédé ............................................................................................... 209
Tableau 34: Table de classification pour l’innovation de procédé ......................................... 211
Tableau 35 : Résultat de la régression logistique pour l’innovation de procédé .................... 212
Tableau 36 : Tests de significativité du modèle de la régression logistique pour l’innovation
de procédé .............................................................................................................................. 213
Tableau 37 : Test validité du modèle pour l’innovation de procédé ...................................... 213
Tableau 38 : Test de « Hosmer and Lemeshow » pour l’innovation de procédé ................... 214
Tableau 39 : Table de classification du pourcentage prédit pour l’innovation de procédé .... 214
Tableau 40 : Test de Chi-deux pour l’innovation organisationnelle ...................................... 216
Tableau 41 : Matrice des interrelations entre les variables explicatives de l’innovation
organisationnelle .................................................................................................................... 218
Tableau 42 : Table de classification pour l’innovation organisationnelle.............................. 219
Tableau 43 : Résultat de la régression logistique pour l’innovation d’organisation .............. 220
Tableau 44 : Tests de significativité du model de la régression logistique pour l’innovation
organisationnelle .................................................................................................................... 221
Tableau 45 : Test validité du modèle pour l’innovation organisationnelle ............................ 221
Tableau 46 : Test de « Hosmer and Lemeshow » pour l’innovation organisationnelle ......... 222
Tableau 47 : Table de classification pour l’innovation organisationnelle.............................. 222
Tableau 48 : Test de Chi-deux pour l’innovation commerciale ............................................. 224
Tableau 49 : Matrice des corrélations entre les variables indépendantes pour le cas de
l’innovation de commercialisation ......................................................................................... 225
Tableau 50 : Table de classification pour l’innovation commerciale .................................... 227
Tableau 51 : Résultat de la régression logistique pour l’innovation commerciale ................ 227
Tableau 52 : Tests de significativité du model de la régression logistique pour l’innovation
commerciale ........................................................................................................................... 228
Tableau 53 : Test de validité du modèle pour l’innovation commerciale .............................. 229
Tableau 54 : Test de « Hosmer and Lemeshow » pour l’innovation de procédé ................... 230
Tableau 55 : Table de classification du pourcentage prédit pour l’innovation commerciale . 230
Tableau 56 : Résultats du test d’hypothèses........................................................................... 241
Listé dés schémas
Schéma 1 : Paradigme Structure-Comportement-Performance ............................................... 16
Schéma 2 : Les cinq forces de la concurrence.......................................................................... 18
Schéma 3 : Boite noire de l’innovation .................................................................................... 25
Schéma 4 : Modèle linéaire de l’innovation ............................................................................. 26
Schéma 5 : Modèle de liaison en chaine .................................................................................. 27
Schéma 6 : Modèle de liaison en chaine et flux d’information ................................................ 28
Schéma 7 : Modèle de spirale du savoir ................................................................................... 31
Schéma 8 : Processus de l’innovation selon Tidd et ses collaborateurs (2006) ....................... 33
Schéma 9 : Modèle de Crépon, Duguet, et Mairesse ............................................................... 34
Schéma 10 : Design Thinking .................................................................................................. 37
Schéma 11 : Processus du Design Thinking ............................................................................ 38
Schéma 12 : Phases du Design Thinking ................................................................................. 39
Schéma 13 : U-presencing........................................................................................................ 40
Schéma 14 : Etape Precensing ................................................................................................. 41
Schéma 15 : Types d’innovation selon le Manuel d’Oslo ....................................................... 43
Schéma 16 : Impact innovation ................................................................................................ 48
Schéma 17 : Cycle de vie du médicament................................................................................ 49
Schéma 18 : Trajectoire de l’innovation pharmaceutique ........................................................ 54
Schéma 19 : Phases de R&D .................................................................................................... 69
Schéma 20 : Conception de l’hypothèse H1 ............................................................................ 72
Schéma 21 : Conception des hypothèses II et III ..................................................................... 77
Schéma 22 : Conception de l’hypothèse H4 ............................................................................ 84
Schéma 23 : Conception de l’hypothèse H5 ............................................................................ 92
Schéma 24 : Etapes de l‘approche hypothético-déductive ..................................................... 112
Schéma 25 : Modes de raisonnement scientifique ................................................................. 113
Schéma 26 : Comparaison entre le médicament Princeps et Générique ................................ 121
Schéma 27 : Circuit de distribution des médicaments au Maroc ........................................... 122
Schéma 28 : Unités de contrôle de la qualité du médicament ................................................ 126
Schéma 29 : Répercussion des activités de R&D sur les filiales des multinationales ........... 154
Listé dés graphiqués
Graphique 1 : Cas d’expiration de brevets de certains médicaments et perte en CA............... 51
Graphique 2 : Médicaments issus de la biotechnologie par rapport à l’ensemble des
médicaments disponibles sur le marché américain .................................................................. 56
Graphique 3 : Evolution des dépenses de R&D dans l’industrie pharmaceutique ................... 67
Graphique 4 : Comparaison par secteur des investissements en R&D .................................... 68
Graphique 5 : Chiffre d'affaires du marché pharmaceutique mondial de 2001 à 2017 .......... 117
Graphique 6 : Evolution de la consommation par habitant .................................................... 122
Graphique 7 : Répartition de l’innovation par type d’entreprise ........................................... 187
Tablé dés matiérés
Dédicace
Remerciements
Résumé
Glossaire des sigles et d’acronymes
Liste des tableaux
Liste des schémas
Liste des graphiques
Introduction Générale .......................................................................................................... 1
Première Partie : Déterminants de l’innovation : étude théorique ................................... 10
Introduction de la première partie ..................................................................................... 11
Chapitre I : Approches théoriques de l’innovation : cas du secteur pharmaceutique. 14
Introduction ....................................................................................................................... 15
Section I : Approches théoriques pour l’étude de l’innovation ........................................ 16
I-1. Paradigme Structure-Comportement-Performance (SCP) ...................................... 16
I-1.1. Première version du paradigme SCP ............................................................... 16
I-1.2. Prolongements du paradigme SCP................................................................... 17
I-1.3. Représentation de Porter .................................................................................. 17
I-2. L’approche évolutionniste ...................................................................................... 19
I-2.1. Apport de l’approche évolutionniste ................................................................ 20
I-2.2. L’approche ressources ..................................................................................... 20
I-2.3. Théorie des capacités dynamiques ................................................................... 22
I-3. Vers une approche intégrative ................................................................................ 23
Section II : Théories de l’innovation................................................................................. 24
II-1. Approche structuraliste de l’innovation ................................................................ 24
II-1.1. L’innovation comme un résultat ..................................................................... 24
II-1.2. L’innovation comme un processus ................................................................. 26
II-2. Approche évolutionniste de l’innovation .............................................................. 29
II-2.1. L’innovation en tant que flux de connaissances ............................................. 29
II-2.2. L’innovation en tant que processus social ...................................................... 31
II-2.3. Model de Crépon, Duguet, et Mairesse (CDM) ............................................. 33
II-2.4. Extensions du modèle de Crépon, Duguet, et Mairesse (CDM) .................... 34
II-3. Nouvelles approches de l’innovation .................................................................... 36
II-3.1. Le Design Thinking ........................................................................................ 36
II-3.2. Le Processus du Design Thinking .................................................................. 37
II-3.3. U-presencing ................................................................................................... 40
Section III : Types d’innovation ....................................................................................... 42
III-1. Distinction entre l’innovation technologique et non technologique .................... 42
III-2. Innovation selon le degré et l’intensité ................................................................ 44
III-2.1. Innovation radicale ........................................................................................ 45
III-2.2. Innovation incrémentale ................................................................................ 46
III-2.3. Portefeuille d’innovation ............................................................................... 47
III-3. Innovation pharmaceutique .................................................................................. 48
III-3.1. Cycle de vie du médicament ......................................................................... 48
III-3.2. Place du brevet dans le secteur pharmaceutique ........................................... 50
III-3.3. Médicament innovant .................................................................................... 52
III-4. Changement du paradigme technologique : de la chimie à la biotechnologie ..... 54
Conclusion ........................................................................................................................ 59
Chapitre II : Effet des déterminants de l’innovation sur les types d’innovation ......... 60
Introduction ....................................................................................................................... 61
Section I : Taille et âge de l’entreprise, activités de R&D et innovation .......................... 63
I-1. Effet de la taille de l’entreprise sur l’innovation .................................................... 63
I-2. Effet de l’âge de l’entreprise sur l’innovation ........................................................ 64
I-3. Effet des activités de R&D sur l’innovation ........................................................... 66
I-3.1. Dimensions de R&D ........................................................................................ 66
I-3.2. R&D dans le secteur pharmaceutique .............................................................. 67
I-3.3. Activités de R&D et innovation ....................................................................... 69
Section II : Structure Organisationnelle, usage des TIC, qualification de la main d’œuvre
et innovation...................................................................................................................... 72
II-1. Structure organisationnelle et innovation .............................................................. 73
II-1.1. Définition de la Structure Organisationnelle (SO) ......................................... 73
II-1.2. Décentralisation des décisions ........................................................................ 74
II-1.3. Formalisation .................................................................................................. 75
II-2. Usage des TIC et innovation ................................................................................. 78
II-2.1. Adoption des TIC aux PRMF : état des lieux ................................................. 78
II-2.2. Usage des TIC dans le secteur pharmaceutique : état des lieux ..................... 79
II-2.3. Relation entre le niveau d’usage des TIC et innovation ................................. 80
II-3. Qualification de la main d’œuvre et innovation : .................................................. 84
Section III : Accords de partenariats, pression concurrentielle, activités d’exportation et
innovation ......................................................................................................................... 85
III-1. Accords de partenariats et innovation .................................................................. 86
III-1.1. Importance des accords de partenariat .......................................................... 86
III-1.2. Spécificités des accords de partenariat dans le secteur pharmaceutique ....... 87
III-1.3. Accords de licence ........................................................................................ 89
III-2. Pression concurrentielle et innovation ................................................................. 93
III-3. Activités d’exportation et innovation ................................................................... 95
Conclusion ........................................................................................................................ 97
Conclusion de la première partie ...................................................................................... 98
Partie II : Cadre épistémologique, analyse des données et discussion des résultats ...... 100
Introduction de la deuxième partie ................................................................................. 101
Chapitre III : Paradigme épistémologique et recueil de données ................................ 104
Introduction ..................................................................................................................... 105
Section I : Cadre épistémologique .................................................................................. 107
I-1. Type de recherche et choix de posture épistémologique ...................................... 107
I-1.1. Paradigme positiviste ..................................................................................... 107
I-1.2. Paradigmes Constructiviste et Interprétativiste ............................................. 109
I-1.3. Choix de la posture épistémologique ............................................................. 111
I-2. Posture méthodologique adoptée .......................................................................... 111
I-2.1. Approche hypothético déductive ................................................................... 111
I-2.2. Enquête quantitative : les enquêtes sur l’innovation...................................... 113
Section II : Monographie du secteur pharmaceutique au Maroc .................................... 116
II-1. Aperçu sur le marché pharmaceutique mondial .................................................. 116
II-2. Industrie pharmaceutique marocaine................................................................... 118
II-2.1. Structure de l’offre et de la demande ............................................................ 118
II-2.2. Cadre légal et institutionnel .......................................................................... 123
Section III : Etude pré-enquête ....................................................................................... 127
III-1. Etude documentaire............................................................................................ 127
III-2. Entretiens avec les experts du secteur ................................................................ 128
III-2.1. Echantillon de la recherche ......................................................................... 128
III-2.2. Méthodologie de l’entretien ........................................................................ 129
III-2.3. Présentation des fiches d’entretiens ............................................................ 130
III-3. Analyse des résultats de la phase pré-enquête ................................................... 152
III-3.1. Filiales des multinationales ......................................................................... 153
III-3.2. Laboratoires nationaux ................................................................................ 155
III-3.3. Des éléments valables pour les filiales et pour les laboratoires nationaux . 157
Section IV : Recueil de données et méthode statistique utilisée ..................................... 159
IV-1. Objectif du questionnaire et échelle de mesure ................................................. 159
IV-1.1. Caractéristiques du questionnaire élaboré dans le cadre du présent travail 159
IV-1.2. Types de variables et échelle de mesure ..................................................... 161
IV-2. Variables dépendantes et indépendantes............................................................ 163
IV-2.1. Les quatres types d’innovation en tant que variables dépendantes ............. 163
IV-2.2. Variables explicatives de l’innovation ........................................................ 166
IV-3. Conception et administration du questionnaire ................................................. 168
IV-3.1. Outil de conception ..................................................................................... 168
IV-3.2. Administration du questionnaire ................................................................. 170
IV-4. Méthode statistique utilisée : régression logistique ........................................... 173
IV-4.1. Modèle de la régression logistique.............................................................. 173
IV-4.2. Estimation des paramètres .......................................................................... 174
IV-4.3. Odds Ratio................................................................................................... 175
IV-4.4. Description et codage des variables ............................................................ 176
IV-5. Logiciel utilisé pour l’analyse statistique .......................................................... 178
Conclusion ...................................................................................................................... 180
Chapitre IV : Modèle de la régression logistique pour chaque type d’innovation ..... 182
Introduction ..................................................................................................................... 183
Section I : Croisement des variables explicatives avec les quatre types d’innovation ... 184
I-1. Profil des laboratoires pharmaceutiques en termes d’innovation ......................... 184
I-2. Caractéristiques des laboratoires innovateurs ....................................................... 187
I-2.1. Impact de la taille et l’âge du laboratoire sur l’innovation ............................ 187
I-2.2. R&D au sein des laboratoires innovateurs ..................................................... 189
I-2.3. Qualification de la main d’œuvre au sein des laboratoires innovateurs ........ 190
I-2.4. Décentralisation des décisions au sein des laboratoires innovateurs ............. 193
I-2.5. TIC au sein des laboratoires innovateurs ....................................................... 194
I-3. Pression concurrentielle et innovation .................................................................. 195
I-3.1. Concurrence et innovation ............................................................................. 195
I-3.2. Exportation et innovation ............................................................................... 196
Section II : Résultats de la régression logistique ............................................................ 196
II-1. Résultat de la régression logistique pour l’innovation de produit ....................... 197
II-1.1. Variables candidates pour expliquer l’innovation de produit ....................... 197
II-1.2. Interrelations entre variables explicatives de l’innovation de produit .......... 198
II-1.3. Modèle de la régression logistique pour l’innovation de produit ................. 201
II-2. Résultat de la régression logistique pour l’innovation de procédé ...................... 207
II-2.1. Variables candidates pour expliquer l’innovation de procédé ...................... 207
II-2.2. Interrelations entre les variables explicatives de l’innovation de procédé ... 208
II-2.3. Modèle de régression logistique pour l’innovation de procédé .................... 210
II-3. Résultat de la régression logistique pour l’innovation organisationnelle ........... 216
II-3.1. Variables candidates pour expliquer l’innovation organisationnelle ........... 216
II-3.2. Interrelations des variables explicatives de l’innovation d’organisation ...... 217
II-3.3. Modèle de la régression logistique pour l’innovation d’organisation .......... 219
II-4. Résultat de la régression logistique pour l’innovation commerciale .................. 223
II-4.1. Variables candidates pour expliquer l’innovation commerciale .................. 224
II-4.2. Interrelations des variables explicatives de l’innovation commerciale ........ 225
II-4.3. Régression logistique dans le cas de l’innovation commerciale .................. 226
Section III : Discussion et perspectives .......................................................................... 231
III-1. Place de l’activité de R&D au sein des laboratoires pharmaceutiques .............. 232
III-2. Impact de la décentralisation des décisions sur l’innovation ............................. 233
III-3. Fabrication sous licence ..................................................................................... 233
III-4. Accords de R&D et échange d’information technique ...................................... 234
III-5. Taille et Age ....................................................................................................... 234
III-6. Qualification de la main d’œuvre....................................................................... 236
III-7. Usage des TIC .................................................................................................... 237
III-8. Concurrence ....................................................................................................... 239
III-9. Activités d’exportation....................................................................................... 240
Conclusion ...................................................................................................................... 241
Conclusion de la deuxième partie ................................................................................... 244
Conclusion Générale......................................................................................................... 246
Références .......................................................................................................................... 252
Annexes .............................................................................................................................. 272
Annexe 1 : Guide d’entretien de la phase pré-enquête ................................................... 273
Annexe 2 : Questionnaire sur l’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques au
Maroc .............................................................................................................................. 277
Annexe 3 : Codage des variables explicatives catégorielles ........................................... 288
Annexe 4 : Contribution des variables indépendantes à l’explication de chaque type
d’innovation .................................................................................................................... 289
Annexe 5 : Table de contingence de « Hosmer and Lemeshow” pour les quatre types
d’innovation .................................................................................................................... 292
Annexe 6 : Tableau de la régression logistique descendante pour les quatre types de
l’innovation ..................................................................................................................... 298
INTRODUCTION GENERALE
1
INTRODUCTION GENERALE
L’innovation pharmaceutique est aujourd’hui fortement sollicitée pour faire face à des
situations d'urgence de santé publique. Un exemple vigoureux de ces situations d’urgence est
la pandémie de COVID-19 qui a fait que les stratégies de travail des laboratoires
pharmaceutiques doivent être modifiées en fonction de la propagation rapide de la maladie.
En effet, l’émergence de la pandémie COVID-19 a perturbé l’existence des Hommes, des
politiciens ainsi que celle des laboratoires de recherches qui devraient tous explorer de
nouvelles façons de travail. En plus de l’accélération de projets de Recherche et
Développement (R&D) pour le développement de vaccins et de traitements efficaces contre
ce virus, les laboratoires pharmaceutiques à côté des gouvernements sont appelés à
approvisionner les hôpitaux par des tests efficaces, des dispositifs médicaux nécessaires ainsi
que des traitements adéquats.
L’activité courante des laboratoires pharmaceutiques n’est plus limitée à la fabrication des
médicaments pour répondre aux besoins des patients. Avec cette pandémie qui a refaçonné la
société dans sa globalité, le besoin de l’innovation pharmaceutique est devenu de plus en plus
accru. À mesure que le COVID-19 continue de se répandre à l’échelle mondiale, les appels
aux projets de R&D augmentent et les synergies entre grands groupes pharmaceutiques et
startups de biotechnologie ne cessent de se multiplier.
Cette crise sanitaire n’est qu’un exemple des contraintes que les laboratoires pharmaceutiques
subissent. Ces derniers opèrent dans un secteur qui connait des changements permanents
nécessitant une réactivité ainsi que de nouvelles méthodes de gestion pour conserver leurs
équilibres financiers et leurs positions sur le marché. Il s’agit, entre autres :
• Des brevets qui ne cessent de tomber dans le domaine public provoquant un manque à
gagner pour une partie des industriels et une opportunité pour d’autres.
• Des coûts de la Recherche et Développement (R&D) qui ne cessent d’augmenter. Ils
sont passés de 800 millions d'euros en 2004 à 1,3 milliards d’euro en 2010 (Dimasi,
2003 ; Dimasi, 2016).
• Des grands risques d’échec, il est constaté, en effet qu'une seule molécule sur 10 000
molécules criblées, passe toutes les étapes du processus de R&D jusqu'à sa mise sur le
marché.
• Du retour sur investissement qui n’est pas toujours garanti vu que seulement trois
nouveaux médicaments sur 10, lancés sur le marché, rentabilisent leurs
investissements de R&D (Lemoine, 2004).
1
INTRODUCTION GENERALE
L’adoption de ce nouveau « paradigme technologie » n’est pas sans impact sur le cycle de vie
du médicament puisque la migration vers la fabrication des médicaments biotechnologiques
exige d’autres méthodes de R&D et d’autres normes pour conduire des tests précliniques et
pour l’obtention des autorisations de mise sur le marché. Les méthodes de management ainsi
que la gestion de l’information dégagées dans chaque phase du cycle de vie du médicament
n’ont pas cessé d’évoluer et de changer (Henry Grabowski, 2011).
Face à ces contraintes structurelles, les laboratoires du secteur se sont trouvés dans
l’obligation de changer leurs stratégies de gestion pour pouvoir assurer au minimum leur
survie et dans les meilleures conditions leurs croissances et leurs pérennités. L’innovation
devient leur principal enjeu de survie et d'évolution (Schmid E. F. et Smith D. A., 2005). Elle
revêt une importance particulière dans ce secteur. En plus de son apport thérapeutique et de
ses effets sur la santé publique, l'innovation pharmaceutique est considérée comme un facteur
de croissance économique et une source d'avantage concurrentiel pour les firmes du secteur.
Elle leur permet de grandir, de se positionner stratégiquement sur le marché et de résister aux
changements structurels cités ci-haut.
Les pays à revenu moyen ou faible (PRMF) ne sont pas épargnés des changements qui
affectent le secteur pharmaceutique dans le monde. Cela est dû, entre autres, à la forte
présence d'entreprises étrangères sur ces marchés, qui sont généralement concentrés dans les
industries technologiques (TIC, electronique, …). En outre, les économies de ces pays sont
connectées aux multinationales à travers la conclusion des accords de partenariat qui
impliquent, entre autres, un transfert de technologie et de nouvelles pratiques
organisationnelles qui normalement favorisent l’innovation (Guadalupe M. et al., 2012).
2
INTRODUCTION GENERALE
Le marché marocain des médicaments est parfaitement lié au marché mondial via la présence
des leaders mondiaux sur son territoire. Il est caractérisé par la présence des producteurs
nationaux et des multinationales. Toutefois, il est largement dominé par les filiales de
multinationales telles que Sanofis Aventis Maroc, Cooper Maroc et Pfizer.
Les laboratoires pharmaceutiques présents au Maroc sont également inscrits dans cette
dynamique de changement et d’innovation. Le Royaume s’attèle depuis des années à mettre
en place des politiques économiques et industrielles ayant pour objectif le renforcement de ses
capacités d’innovation. Un contrat programme a été conclu, en février 2013, entre le
gouvernement et les industriels pharmaceutiques, visant le développement de l'industrie
pharmaceutique ainsi que des activités de R&D.
Après avoir suivi de près la course à l’innovation pharmaceutique et son impact sur la santé
publique, nous avons décidé à chercher davantage le degré d’implication des laboratoires
pharmaceutiques au Maroc dans ce processus d’innovation.
A l’instar d'autres secteurs innovants tels que l'électronique, la fibre optique ou les semi-
conducteurs, le secteur pharmaceutique est couramment étudié dans le contexte de
l'innovation (Sorescu, 2003). Néanmoins, ces études sont principalement concentrées dans les
pays à revenu élevé connus par des activités de Recherche et Développement (R&D)
3
INTRODUCTION GENERALE
intensives, des structures de marché spécifiques, une demande massive, des systèmes de
remboursement différents et un pouvoir d'achat élevé par rapport aux pays à revenu moyen ou
faible (PRMF) (Benali et al., 2019).
Les recherches qui ont étudié l'innovation dans les Pays à Revenu Moyen ou Faible (PRMF)
se concentrent davantage sur le système national d'innovation, les obstacles à l'innovation, les
systèmes d'innovation sectoriels ou les canaux de transfert de technologie plutôt que
l'innovation au sein des entreprises (Schrempf et al., 2013 ; Casadella et al.2015 ; Slimane et
Ramadan 2017). Ils sont rares les travaux académiques qui examinent le phénomène de
l’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques au Maroc. Pour remédier à ce gap et
participer modestement à enrichir la recherche académique dédiée aux économies moyennes
comme la nôtre, nous avons décidé de mener le présent travail de recherche. Et delà, la
première question qui se pose et à laquelle nous allons répondre dans ce travail de recherche
est de situer les laboratoires pharmaceutiques par rapport à l’innovation :
Etant donné que le marché marocain des médicaments n’est pas épargné des contraintes et des
difficultés rencontrées à l’échelle internationale, notre objectif est également de chercher :
Comment les contraintes structurelles et environnementales affectent l’innovation
pharmaceutique au Maroc ?
Toutefois, les facteurs environnementaux et structurels sont imposés d’une façon similaire à
tous les laboratoires du secteur ou au moins à ceux qui opèrent sur le même marché. Les
laboratoires qui fabriquent les médicaments princeps, par exemple, affrontent tous
l’augmentation des coûts de la R&D et sont tous soumis à une réglementation identique en
matière de brevet ou de prix. De même, les fabricants des génériques sont tous soumis aux
mêmes règles quant aux autorisations de mise sur le marché.
Le comportement des entreprises par rapport à l’innovation n’est pas homogène pour tous les
secteurs d’activité ni pour toutes les entreprises du même secteur. Il dépend en plus de
l’environnement de l’entreprise et de la structure de l’industrie, d’autres paramètres tels que la
taille de l’entreprise et son engagement dans les activités de Recherche et Développement, ses
ressources internes, sa stratégie, son mode organisationnel et sa culture. Ce qui nous amène à
la question de recherche suivante :
4
INTRODUCTION GENERALE
Quels sont les mécanismes internes qui font que le comportement de l’innovation n’est
pas identique au niveau des firmes pharmaceutiques ?
Toutefois, notre intérêt porte sur l’analyse des mécanismes de l’innovation dans le contexte
des PRMF. Les caractéristiques de ce contexte confèrent aux laboratoires pharmaceutiques et
à leur environnement un certain nombre de spécificités et font que ces mêmes variables
« traditionnelles » explicatives de l’innovation auront peut-être une perception différente dans
le cas des PRMF et delà la question qui se pose est :
A titre d’exemple les activités et les partenariats de R&D sont plus concentrés dans les
économies industrialisées qui consacrent d'importants fonds à cette activité.
Les accords de licence, par exemple, acquièrent une importance particulière dans le secteur
pharmaceutique et spécialement au niveau des laboratoires pharmaceutiques localisées dans
les PRMF. Ces entreprises préfèrent adopter ce genre d’accords pour accroître leur part de
marché sans investir des budgets importants dans un long processus de R&D qui n’est pas
toujours aboutissant.
D’une part leurs capacités financières ne le permettent pas et d’autre part elles n’ont pas
toutes les compétences nécessaires pour lancer ce genre de projet. Il serait éventuellement
5
INTRODUCTION GENERALE
Existe-il des facteurs spécifiques au contexte étudié qui favorisent l’innovation dans les
laboratoires pharmaceutiques ?
Par ailleurs, les activités de l’innovation dans le secteur pharmaceutique sont généralement
axées sur la découverte de nouvelles molécules, fruits des années de recherche et
développement. L’activité de fabrication acquiert une place moins importante dans le secteur
de l’industrie pharmaceutique. Les budgets affectés à la fabrication sont marginaux par
rapport aux sommes d’argent dédiés à la recherche et au développement d'une nouvelle
molécule.
En s’appuyant sur les travaux antérieurs (Griffith et al., 2006 ; Acosta et al., 1015 ; Peters et
al., 2018) ainsi que sur les directives du manuel d’Oslo1 (Manuel d’Oslo, 2005), nous avons
mesuré l’output d’innovation par quatre variables dichotomiques indiquant si l’entreprise a
fait une innovation en produit, en procédé, en organisation ou en marketing. Les deux
premiers types d’innovation sont considérés comme des innovations technologiques. Par
contre, les innovations organisationnelles et les innovations de commercialisation sont
considérées comme des innovations non technologiques.
1
Manuel d’Oslo : c’est un manuel publié par l’OCDE en 2005, composé de l’ensemble des principes directeurs
pour l’administration des enquêtes communautaires sur l’innovation, effectuées par les États de la Communauté
Européenne tous les deux années. Dans sa troisième version, ce manuel a également inclus des directives sur la
collecte de l’information sur l’innovation non technologique.
6
INTRODUCTION GENERALE
Après avoir soulevé la question sur les déterminants de l’innovation de produit au sein des
laboratoires pharmaceutiques, il est également important d’examiner les facteurs influençant
les autres types d’innovation :
La première partie présente les différentes théories qui examinent l’innovation ainsi que les
différentes approches de l’innovation. Il s’agit principalement de l’approche structuraliste qui
se focalise sur la structure de l’industrie et de l’approche évolutionniste qui donne plus
d’importance aux capacités dynamiques existantes au sein de l’entreprise. Cette partie
présente également la revue de littérature consacrée aux facteurs influençant l’innovation ainsi
que les principaux résultats des études conduites dans un contexte pareil au notre. Ce premier
volet sert à conceptualiser l’impact des activités de R&D, de la licence, de l’usage des TIC, de
la décentralisation, de la formalisation sur chaque type d’innovation. Toutefois dans un
contexte similaire au notre l’impact de la taille, l’âge, la qualification de la main d’œuvre et la
concurrence sur l’innovation reste ambigüe. Il n’existe pas un consensus sur la direction de la
relation de ces variables avec l’innovation. Ces apports théoriques ont permis la formulation
de cinq principales hypothèses autour desquelles tourne le présent travail de recherche :
H1 : les activités de R&D ont une influence positive et significative sur l’innovation
technologique au sein des laboratoires pharmaceutiques installées au Maroc.
7
INTRODUCTION GENERALE
Afin de faciliter l'accès à l'information, nous avons envoyé des lettres officielles aux
principales associations du secteur à savoir l’association « Les Entreprises du Médicament au
Maroc » et au conseil de « l’Ordre des Pharmaciens Fabricants et Répartiteurs » sollicitant
leur collaboration et soutien pour réussir la phase de collecte de données. Nous avons
également fait appel à des cadres du secteur, aux médecins et aux pharmaciens pour nous
indiquer les personnes adéquates à solliciter au sein des laboratoires objet de l’enquête afin de
renseigner le questionnaire. En effet, le questionnaire fait appel à plusieurs connaissances et
données existantes dans différents départements au sein de la même entreprise. Pour cela,
nous avons pensé à identifier un point focal dans chaque entreprise dont la mission est de
recueillir les informations requises auprès des différents services dans l’entreprise ou il
8
INTRODUCTION GENERALE
travaille, puis de renseigner le questionnaire. De nombreuses discussions ont été menées avec
le point focal afin de lui expliquer l'objet, le contenu et les nouveaux concepts du
questionnaire. Le questionnaire a été administré en janvier 2019 et n’a été achevé qu’au mois
de décembre 2019. Il a fallu une année complète pour pouvoir atteindre presque la totalité des
laboratoires ciblés par l’enquête.
La seconde partie présente également les principaux résultats de la présente recherche. Ces
résultats nous ont permis de tester les hypothèses développées et de montrer le degré
d’implication des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc dans le processus de
l’innovation.
9
10
Introduction de la première partie
L’objet de la première partie est de présenter, dans un premier lieu, le cadre théorique de
l’innovation. Nous allons ainsi présenter les paradigmes sur lesquels nous nous sommes basés
lors de ce travail de recherche. Il s’agit de deux principaux paradigmes : le paradigme
structuraliste et le paradigme évolutionniste. Le premier est très populaire dans l’économie
industrielle et permet de diagnostiquer les interconnexions entre l’environnement de
l’entreprise, sa vision de développement et sa performance. Ce Paradigme est passé par
plusieurs prolongements dont la première version stipule qu’il existe une relation de causalité
univoque entre l’environnement et le comportement de l’entreprise, puis entre ce dernier et la
performance de l’entreprise. La seconde version se focalise plutôt sur les comportements en
tant que déterminant des structures des marchés. D’autres prolongements ont eu lieu à savoir,
entre autres, la représentation de Porter qui qualifie le comportement de l’entreprise par trois
types de stratégies, notamment la stratégie de domination par les coûts, la stratégie de
différentiation et la stratégie dite de « niche ». Ces stratégies permettent, selon Porter, à
l’entreprise d’acquérir son avantage concurrentiel.
11
Nous allons ensuite examiner les différentes théories de l’innovation. Il s’agit entre autres de
l’approche qui caractérise l’innovation comme étant un résultat basé sur la poussée de la
recherche fondamentale, puis l’approche qui la considère comme un processus de flux et de
connaissance puis en tant que processus social. Nous allons également présenter les nouvelles
théories de l’innovation à savoir le Design Thinking (DT) et le U- pressencing.
Par la suite, nous allons présenter les différentes typologies de l’innovation. Certains auteurs
classifient l’innovation selon le degré et distinguent entre l’innovation radicale et
incrémentale. D’autres s‘intéressent à la distinction entre l’innovation technologique et non
technologiques. Certains auteurs proposent une vision plus élargie de l’innovation en
considérant non seulement la nouveauté où le degré de nouveauté de produit pour le marché
ou pour l’entreprise mais également les aspects organisationnels et commerciaux de
l’innovation, vu leur impact sur la performance de l’entreprise.
Au sein de cette partie, nous allons également tenter de fournir une définition de l’innovation
pharmaceutique en se basant sur les définitions de l’FDA et sur les définitions citées dans le
manuel d’Oslo. Dans ce sens, l’innovation radicale de produit concerne le développement
d’une nouvelle molécule tandis que les innovations incrémentales de produit couvrent le
développement des extensions des médicaments déjà existants sur le marché puisqu’ils
répondent à un besoin donné mieux qu'auparavant.
Cette partie présente, dans un deuxième lieu, les facteurs qui favorisent l’innovation au sein
des laboratoires pharmaceutiques. Le phénomène de l’innovation est étudié dans ses
différentes formes à savoir l’innovation de produit, l’innovation de procédé, l’innovation
d’organisation et l’innovation de commercialisation. Nous cherchons, ensuite, les facteurs les
plus significatifs qui l’influencent. Il s’agit entre autres des facteurs dits « traditionnels » tels
que la taille et l’âge de l’entreprise, les activités de R&D, la structure organisationnelle, la
qualification de la main d’œuvre et les accords de partenariat avec les laboratoires étrangers.
12
outre, le système national d’innovation dans notre contexte diffère de celui des pays
industrialisés et son apport à l’innovation reste très limité.
En présentant une revue de littérature sur les différents facteurs influençant l’innovation dans
un contexte pareil au notre, nous allons pouvoir formuler des hypothèses de travail qui seront
testées dans la deuxième partie du présent travail de recherche.
13
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
14
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Introduction
L’objet de ce chapitre est de présenter les définitions de l’innovation telles que dévoilées dans
la littérature consultée. Nous commençons par les théories de l’innovation qui présentent
l’innovation en tant que boite noire (J. Schumpeter, 1912). Ensuite, nous présentons les
théories qui la définissent en tant que processus linéaire puis en tant que liaison en chaines
(Kline S-J., Rosenberg N. ,1986). Par la suite nous mettons en exergue les théories qui lient
l’innovation aux flux de connaissance et aux routines existantes au sein de l’entreprise
(Nelson, 2009). Finalement nous présentons les théories qui la définit en tant que processus
social (Nonaka et Takeuchi, 1995).
A la fin de ce chapitre, nous allons montrer comment les changements permanents que
connait l’environnement des laboratoires pharmaceutiques ont poussé ces dernières à franchir
de nouvelles frontières et à investir dans de nouveaux domaines pour amener des solutions
révolutionnaires à des pathologies non traitées.
15
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Joe Bain (1959), a poursuit le travail d’Edward Mason et a développé, en 1959, le paradigme
Structure Comportement Performance (SCP) (Bas, A. et al, 2013). Ce paradigme montre
comment les caractéristiques de l’environnement orientent le comportement des entreprises et
par la suite impactent leurs performances :
Le Schéma 1 ci-haut, présente la première version du paradigme SCP et stipule qu’il existe
une relation de causalité univoque entre l’environnement et le comportement de l’entreprise,
puis entre ce dernier et la performance de l’entreprise.
16
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
- La Structure : est l’ensemble des facteurs institutionnels et environnementaux tels que les
normes et les réglementations en vigueur, l’offre, la demande, l’intensité concurrentielle et
les barrières à l’entrée.
- Le Comportement : reflète la manière dont les entreprises exécutent leurs stratégies de
positionnement sur le marché, de la R&D, des prix, du marketing…etc.
- La Performance : présente généralement, la rentabilité de l’entreprise, son progrès
technique ainsi que son degré de croissance.
Un renouveau théorique du paradigme SCP a eu lieu dans les années soixante-dix avec
l’approche de Chicago qui, à l’inverse des premières approches, se focalise sur les
comportements en tant que déterminant des structures des marchés.
Friedman et ses co-auteurs, par exemple, ont montré qu’il n’est pas nécessaire que le marché
soit concentré pour que le jeu de la concurrence soit faussé car même avec un nombre
important d’entreprises sur le marché, des ententes sur les prix pourraient avoir lieu
(Friedman, James W. et al. 1980)
17
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Ainsi les cinq forces de la concurrence introduites par cet auteur ne sont qu’une représentation
de la composante « structure » dans le modèle SCP. En effet, l’intensité concurrentielle sur un
marché dépend du pouvoir de négociation des fournisseurs, du pouvoir de négociation des
clients, des nouveaux entrants, des produits de remplacement et de la rivalité entre les
entreprises (Porter, 1980).
- La stratégie de domination par les coûts : il existe différents moyens qui permettent à
l’entreprise de réduire ses coûts de revient au maximum afin d’influencer les prix dans son
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
secteur. Il s’agit, entre autres, d’un accès préférentiel aux matières premières, de la
technologie utilisée ou des économies d’échelle.
- La stratégie de différentiation : consiste à mettre en place une offre dont les
caractéristiques sont différentes de ce qui existe sur le marché. Des prix plus élevés sont
proposés pour positionner cette offre par rapport à ses concurrents.
- La stratégie dite de « niche » : consiste soit à une domination par les coûts ou à une
différentiation mais sur un segment étroit de produit.
Par ailleurs, le paradigme SCP permet l’analyse des structures d’une industrie ainsi que son
évolution. Mais l’analyse du phénomène de l’innovation, objet de la présente recherche,
nécessite l’étude des caractéristiques internes de l’entreprise ainsi que les différences qui
existent entre ces dernières et qui ont fait qu’une entreprise est plus innovatrice qu’une autre.
Le paradigme SCP, ne prend pas, à lui seul, en considération ces différences et n’étudie pas
les facteurs clés du changement de stratégies au niveau des entreprises.
19
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
outre, pour des secteurs nécessitant beaucoup de Recherche et Développement (R&D) et qui
sont en changement permanent du paradigme technologique, l’approche évolutionniste se
positionne comme le maillon manquant pour approfondir notre analyse.
D’où l’intérêt de considérer l’approche par les ressources pour étudier le processus de
développement et de transformation d’une firme et pour savoir comment l’interaction entre
les ressources peut mener à l’innovation.
20
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Wernerfelt, B. (1984), définit par la suite, les ressources comme des actifs tangibles et
intangibles qui sont liés à l’entreprise d’une façon semi-permanente.
L’approche ressources a continué son enrichissement au fil du temps. Barney, J.B. (1991) a
lié le maintien de l’avantage concurrentiel à la présence de quatre caractéristiques des
ressources à savoir :
- La valeur qu’elles apportent à l’entreprise en lui permettant de répondre aux exigences de
son environnement ;
- La rareté ;
- La difficulté de les imiter ;
- La non-substituabilité.
L’approche ressource se focalise sur les dimensions internes de l’entreprise, mais elle ne
permet pas d’expliquer comment les activités quotidiennes de l’entreprise forment la stratégie.
Toutefois, elle se trouve à l’origine de différents courants en management stratégique, à savoir
la théorie des compétences, la théorie fondée sur les connaissances, la théorie des capacités
dynamiques et l’approche relationnelle (F. Prévot et al, 2010).
La théorie de management stratégique des compétences, par exemple, a émergé pour montrer
que ce sont les compétences qui permettent la coordination et l’accumulation des ressources
pour en créer des nouvelles (Arrègle, 1995).
Cette compétence est considérée comme une source de l’avantage concurrentiel et un moteur
de l’innovation car elle crée de la valeur en fédérant les différentes compétences individuelles
et unités au sein de l’entreprise. Par ailleurs, l’approche par les ressources ou celle par les
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
En parallèle avec les différentes approches présentées ci-haut, il convient de citer l’approche
fondée sur les connaissances, appelée « Knowledge Based View » (KBV). Elle permet
d’expliquer comment à partir de l’intégration et de la coordination des connaissances
existantes, une entreprise évolue et se lance dans un processus de l’innovation. L’approche
basée sur la connaissance, fait du capital immatériel et de sa gestion le centre de
préoccupation de l’entreprise.
Pour Spender J.-C. et Grant R.M (1996), le rôle de la connaissance pour une organisation a
été pris en considération dans les travaux de nombreux auteurs tels que Penrose et Arrow ainsi
que dans les travaux de certains économistes évolutionnistes tels que Nelson. La théorie
« KBV » est une synthèse de ces différents travaux. Spender (1996) considère l’entreprise
comme un organe dont la connaissance est reconstituée à travers ses propres créations. Il
2
Version originale: « We define dynamic capabilities as the firm's ability to integrate, build,
and reconfigure internal and external competences to address rapidly changing
environments”. (Teece et al, 1997)
22
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
23
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
De même, l’approche RBV est fondamentale pour l’analyse des laboratoires pharmaceutiques
dont la croissance et le positionnement sur le marché est nécessairement relié aux
compétences et aux capacités qui caractérisent chacune d’elles.
Poh-Lui et Kendall Roth (1999) ont développé un modèle qui se base sur l’application de
l’approche RBV dans le secteur pharmaceutique. L’objectif de ce modèle est de montrer
quelles sont les ressources et les capacités de l’entreprise pharmaceutique qui permettent
l’acquisition d’un avantage compétitif durable. Les résultats de ce travail expliquent que les
compétences technologiques ainsi que les compétences marketing « sales force expenditure »
représentent les ressources les plus importantes dans le secteur pharmaceutique qui permettent
la création d’un avantage durable pour l’entreprise. Ils ajoutent que les ressources marketing
sont encore plus durables parce que la possibilité de les capter et de les imiter par d’autres
concurrents est très limitée. Concernant les capacités de l’entreprise pharmaceutique, elles ont
été opérationnalisées par ces deux auteurs à travers, les efforts internes en R&D et la
concentration de l’entreprise sur un nombre limité de classes thérapeutiques. D’une part les
efforts en R&D permettent le développement ou l’acquisition de nouvelles technologies et
d’autre part la concentration sur certains segments permet d’éviter les coûts élevés que
pourraient engendrer le transfert d’une classe thérapeutique à une autre en matière des efforts
en R&D et de force de vente.
24
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
création des nouveaux produits, procédés ou marchés en supprimant ceux qui existaient
auparavant et qui sont devenus obsolètes (Schumpeter, 1942).
Cette destruction créatrice est liée au phénomène des cycles économiques développé par le
même auteur, expliquant la non-stationnarité du modèle capitalistique. La durée de vie de
chaque cycle est liée au degré de l’innovation. En effet, les innovations de ruptures permettent
un cycle long d’une durée de vie qui dépasse les quarante d’années. Les innovations
mineures, à leur tour, sont liées à des cycles courts dont la durée s’étale entre six et onze
années.
Toutefois, Schumpeter ainsi que d’autres auteurs (Schmookler, J., 1966) ont approché
l’innovation comme un résultat basé sur la poussée de la recherche fondamentale. Du progrès
technique jusqu’au marché, le processus n’a pas été explicité. Il passe par une boite noire. Ce
qui compte, c’est le résultat obtenu :
Inventions
Innovations
Source : reproduit de « Petite histoire des modèles d'innovation », par Forest, J. (2014),
(No. hal-00972671), page 4.
Les inventions sont réputées exogènes mais la présence d’un agent particulier à savoir
« l’entrepreneur » qui saisit les opportunités et sait combiner les facteurs de productions
permettra de transformer les inventions en innovations. Toutefois, cette fonction de
25
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
transformation n’a pas été développée dans ce modèle. Les concepteurs sont restés focalisés
sur les résultats de l’innovation et leurs répercussions sur le développement économique.
Ce n’est que lors des travaux postérieurs de J. Schumpeter (1942) que ce dernier a lié
l’innovation à des centres structurés de R&D, financés par les grandes entreprises. Cette
nouvelle conception de l’innovation, comme résultat d’un travail collégial et routinier de
groupes de chercheurs qui se déroule dans des centres dédiés à la R&D, se substitue à celle de
« l’entrepreneur-innovateur ». Cette approche soutient le fait que la taille de l’entreprise est
déterminante et que l’innovation est une spécificité des grandes entreprises ayant une assise
financière importante pour la financer. En outre, cette approche ne tient pas compte du
caractère cumulatif et interactif de l’innovation (Sander, A., 2005).
Research
Developement
Production
Marketing
Ce modèle se base sur des séquences ordonnées et non itératives entre elles. C’est un modèle
nommé linéaire et hiérarchique car la sortie d’une étape représente une entrée pour la
prochaine étape. Plusieurs critiques ont été formulées à propos de ce modèle (Sander, 2005 ;
Tomala, F. ,2001). Il s’agit, entre autres, des points suivants :
- Les actions du processus ne peuvent être menées en parallèle ;
- La rétroaction entre les étapes n’est pas prévue ;
26
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
- Chaque étape dans ce processus linéaire est considérée comme une boite noire ;
- Seule l’innovation technologique est considérée dans ce modèle.
- La recherche scientifique est la source unique de l’innovation. Différentes études ont
montré que les sources de l’innovation sont multiples (savoirs pratiques, coopération…)
A l’opposé du modèle linéaire, un nouveau modèle a émergé. Il est appelé « The Chain
Linked Model » (modèle de liaison en chaine), développé par Kline et Rosenberg (Kline S-J.,
Rosenberg N. ,1986) et considère l’innovation comme une série de boucles itératives.
Schéma 5 : Modèle de liaison en chaine
27
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Laboratoires de
recherche
Département de la Département de la
commercialisation fabrication
Clients
28
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
- une circulation fluide de l'information en interne : qui nécessite des outils de gestion
performants ainsi que la capacité des salariés à communiquer et à comprendre les besoins des
autres salariés ;
- une ouverture sur les sources externes de compétences.
Par ailleurs, le lien entre la connaissance et l’innovation a été largement étudié dans la
littérature. Nelson (2009), créateur de la théorie des routines, renvoient l’innovation aux flux
de connaissances qui circulent dans l’entreprise et qui forment ce qu’ils ont appelé
« routines » de l’entreprise. Selon ce même auteur, ces routines sont basées en grande partie
sur les connaissances tacites présentes dans l’entreprise : « Tout d'abord, l'innovation nait
fréquemment de la simple routine, des activités routinières de gestion face aux crises que
rencontrent l'organisation suite aux changements dans l'environnement. Elle utilise aussi
souvent comme composants élémentaires les routines existantes ; elle les agence
différemment ; elle les recombine » (Nelson, 2009).
29
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Selon ces deux auteurs, ce sont ces routines qui canalisent le comportement des individus et
de l’entreprise et constituent la mémoire ou le « Génotype » de l’organisation. En effet,
l’entreprise développe cette mémoire à force d’être confrontée à plusieurs reprises à une série
fixe de décisions. Davila, Tony et al. (2006) considèrent que la collecte systématique des
actifs de connaissances organisationnelles contribue à développer une mémoire
institutionnelle qui permet à son tour de générer de la valeur et de créer un environnement
propice pour l’innovation. Cette gestion de connaissances est un antécédent de l’innovation.
Budros (2000) souligne également qu’une gestion de l’innovation nécessite une gestion
efficace de connaissances. Toujours à propos de la relation entre la gestion de la connaissance
et l’innovation Popadiuk et Choo, (2006) ajoutent que pour que l’entreprise soit capable
d’innover d’une façon permanente, il faut qu’elle mette en place un système efficace de
gestion de la connaissance qui lui permet la création de connaissances administratives, de
connaissances en marketing et surtout la création de la technologie. En s’inspirant des travaux
de Nonaka et Takeuchi (1995) qui seront détaillés dans le paragraphe suivant, Esterhuizen et
al. (2012) ont développé un cadre théorique qui présente les lignes directrices de l'utilisation
de la gestion des connaissances comme véhicule pour accroître la capacité de l'innovation.
L’application de ces lignes directrices dépend des conditions organisationnelles et
commerciales mises en place par l’entreprise pour soutenir l’innovation.
Marina du Plessis (2007) souligne que l’innovation est extrêmement liée à la disponibilité des
connaissances au sein de l’organisation. La richesse des connaissances et l’accès à ces
dernières crée une certaine complexité qui devrait être reconnue et gérée pour garantir la
réussite de l’innovation. Elle ajoute que « Les connaissances et la gestion des connaissances
remplissent une myriade de fonctions dans le domaine de l'innovation ». Le rôle majeur que
joue la gestion des connaissances dans l'innovation est de permettre le partage et la
codification des connaissances tacites. Elle joue également un rôle important lié aux
connaissances explicites même si ces dernières ne jouent pas un rôle aussi important que les
connaissances tacites en raison du fait qu’elles sont facilement accessibles aux concurrents.
La gestion de la connaissance est aussi primordiale pour faciliter la coopération entre clients,
fournisseurs et employés. Finalement, selon le même auteur, la gestion de connaissances
requiert la mise en place d’un dispositif qui permet l’intégration des connaissances au sein de
l’organisation et qui comprend la gestion des phases de création, de collecte, de partage et de
valorisation des connaissances.
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
L’approche des firmes japonaises telle qu’elle est présentée par Nonaka et Takeuchi (1995),
dans leur ouvrage intitulé « Knowledge creating company », accorde une importance
particulière à ce genre de savoir. Les entreprises japonaises considèrent que le savoir est lié à
une conviction et à une attitude particulière. Ce dernier émerge d’une vision subjective de
l’individu. Le savoir existe dans notre vécu sauf qu’il n’est pas toujours explicite et formalisé.
Il se base plus sur des observations et des convictions « justified beliefs » que sur des vérités
« truthfulness ». D’autres auteurs ont également mis l’accent sur l’importance des pratiques
héritées « inherited practices » pour la création de la connaissance (Michael Polanyi,
1958,1967).
Nonaka et Takeuchi ont défini un processus spiral qui permet de décrire comment la
connaissance peut être transformée et passée d’une dimension individuelle à une dimension
plus élargie. Le schéma 7 les cinq éléments de cette spiral :
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
La transformation des connaissances tacites à des connaissances explicites ainsi que son
ordonnancement avec d’autres connaissances existantes permet la genèse de nouvelles
connaissances et des innovations. Ce processus de transformation, selon les mêmes auteurs,
fait de l’innovation « un processus social ». L’essor de l’innovation passe par la bonne gestion
des processus sociaux. Et de la se pose la question sur le rôle de l’organisation et du mode de
management dans ce processus social.
Dans le même sens Grillot (2000) ajoute que : « Innover c’est repérer une invention, la
socialiser et lui trouver un marché » (Groff, 2004). Dans son travail de recherche Arnaud
Groff (2004) considère l’innovation au sein de l’entreprise comme une « capacité à créer de
la valeur en apportant quelque chose de nouveau dans un domaine donné tout en s’assurant
que l’appropriation de cette nouveauté se fasse de manière optimale. »
Cette perception de l’innovation en tant que processus social nous incite également à analyser
l’innovation dans un cadre plus large qui ne se limite pas uniquement au produit mais aussi à
d’autres dimensions telles que le design organisationnel, la stratégie de l’organisation, les
méthodes de commercialisation utilisées. Ces dimensions seront développées dans les
paragraphes qui suivent.
Toujours dans l’approche qui perçoit l’innovation en tant que processus social, Tidd et ses
collaborateurs ont défini les phases qui constituent le processus de l’innovation. Ils ont mis
l’accent sur l’exploration de l’environnement externe de l’entreprise comme une étape
préliminaire pour relever les déclencheurs de l’innovation. Toutefois, ces déclencheurs captés
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Mobilisation des
ressources et des
compétences internes
Innovation
Exploration de
l'environnement externe +
Flux des connaissances
Pour expliquer le phénomène de l’innovation, ils se sont focalisés sur trois principaux facteurs
qu’ils ont nommé « inputs de l’innovation » à savoir la R&D interne, l’impulsion par la
demande et de la poussée technologique comme le montre le schéma 9.
33
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Le schéma relatif au Modèle de Crépon, Duguet et Mairesse est composé de trois blocs pour
expliquer la productivité de l’entreprise. Le premier bloc présente les facteurs agissant sur la
probabilité d’investir en R&D. Le deuxième concerne les déterminants de l’innovation et le
dernier explique la productivité. Il est à noter que dans le modèle CDM, chaque partie
détermine la partie qui suit et que la R&D est endogène dans les équations de l’innovation et
l’innovation est endogène dans l’équation de productivité. L’output de l’innovation est relié
au nombre de brevets et à la part des ventes des produits nouveaux dans le chiffre d’affaires.
Le modèle CDM constitue un fondement théorique pour la majorité des travaux menés sur
l’innovation et la productivité. Ces derniers diffèrent dans le choix des variables endogènes et
explicatives et dans le choix de la méthode d’estimation.
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
D’autres auteurs ont pris également en considération la composante R&D externe ainsi que
les accords de partenariat comme input de l’innovation.
A l’opposé des études précédentes qui se sont basées sur le nombre de brevets et la part des
ventes de produits nouveaux pour mesurer l’output d’innovation, des études récentes utilisent
de plus en plus des données qualitatives pour mesurer l’output d’innovation. Pamukçu, T., et
Cincera, M. (2001) ont utilisé une mesure directe de l’output de l’innovation provenant d’une
enquête d’innovation. Ils critiquent également l’unité de mesure de R&D en tant qu’indicateur
de résultat des activités d’innovation.
Liouville, J. (2006) souligne également que le fait d’utiliser les brevets en tant que mesure de
l’innovation peut fausser l’analyse parce qu’il existe des brevets qui n’ont pas été exploitées
ou qui n’ont pas été réussis pour passer aux prochaines étapes de développement du produit
fini. Tidd (2000) précise qu’il existe des secteurs ou nous constatons la présence de plusieurs
brevets qui ont été déposé pour bloquer les innovations chez les concurrents, ou qui n’ont pas
été réussis pour passer aux prochaines étapes de tests et de développement. Ces derniers
soulignent que, lier le degré de la nouveauté à l’obtention d’un brevet risque de fausser
l’analyse puisqu’il y a possibilité pour certaines entreprises qui ont développé une innovation
brevetable d’adopter la stratégie de secret.
Les outputs de l’innovation ont également connu une extension pour inclure également les
innovations organisationnelles et commerciales. Griffith et al. (2006) ont par exemple mesuré
l’output d’innovation par deux variables dichotomiques indiquant si l’entreprise a fait une
innovation en produit ou en procédé. Acosta et al (2015) ont également utilisé des variables
qualitatives pour caractériser l’innovation au sein des entreprises. En plus des innovations de
produits et de procédé, ils ont inclus également les innovations organisationnelles. Peters et al.
(2018) ont ajouté en plus de ces trois outputs de l’innovation, l’output nouveauté pour le
marché.
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Notre démarche s’inscrit dans cette approche dans la mesure où notre travail de recherche ne
va pas se limiter à l’examen des innovations de produit et de procédé mais également
l’examen des innovations d’organisation et de commercialisation.
II-3. Nouvelles approches de l’innovation
Des nouvelles méthodes sont apparues et ont permis de revoir le processus de l’innovation en
passant d’un processus axé sur le produit à un processus participatif qui se base sur la
confrontation des nouvelles idées, conçues dans le cadre des groupes de brainstorming, avec
des interprétations divergentes des utilisateurs. Il s’agit, entre autres, des méthodes du Design
Thinking et d’U-Presencing qui présentent des nouvelles façons de résoudre les problèmes en
puisant dans les différentes expériences des utilisateurs pour trouver une solution idéale et
convenable aux besoins identifiés.
En 2008, Tim Brown, PDG de IDEO donne une définition officielle du design thinking et
l’appréhende comme « une discipline qui utilise la sensibilité, les outils et méthodes des
designers pour permettre à des équipes multidisciplinaires d’innover en mettant en
correspondance attentes des utilisateurs, faisabilité technologique et viabilité économique »
(Brown et Katz, 2019).
Cette définition montre que la solution idéale et innovante se trouve à la croisée des attentes
des utilisateurs, de la faisabilité technique et de la viabilité économique pour le meneur de
projet. Le schéma 10 montre ces trois sphères.
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Innovation
Ce qui est
Ce qui est possible économiquement
avec la technologie viable
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
La seconde phase est dédiée à la synthétisation et le repérage des idées susceptibles de donner
des solutions adaptées et acceptées par les personnes pour lesquelles nous cherchons à
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
innover. Il est primordial d’adopter une pensée divergente dans cette phase et de travailler au
sein des équipes multidisciplinaires.
La dernière phase est l’implémentation durant laquelle les idées sélectionnées et développées
sont concrétisées et testées sur un échantillon pour procéder par la suite aux corrections
possibles.
Il est à noter que les trois phases se chevauchent entre elles et fonctionnent en boucles itératifs
les unes des autres :
Toujours dans l’approche moderne de l’innovation, le paragraphe suivant est dédié à l’analyse
de la théorie U-Presencing et son apport à l’innovation.
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
II-3.3. U-presencing
La théorie U a été développée la première fois en 2009 par le théoricien allemand, Otto
Scharmer. Ce dernier a souligné que la clé de la réussite d’un changement est la connexion
profonde avec l’entourage et avec soi-même. La représentation que l’auteur a donné à cette
théorie est sous forme de U, où le haut à gauche présente le début du changement, le creux
présente la phase déterminante du changement et le haut à droite présente la fin du
changement :
Schéma 13 : U-presencing
La théorie U se base sur un mutuel apprentissage du passé et du futur émergent. Cette dernière
forme d’apprentissage n’est possible qu’avec une ouverture d’esprit, du cœur et de la volonté
pour pouvoir sentir le futur et le réaliser. Cinq principales étapes forment cette théorie :
- Co-initier : cette étape consiste en l’identification des expériences et des solutions établies
dans le passé et de voir si elles sont toujours valables pour faire face aux défis que nous
vivons actuellement. Toutefois, les modèles et les schémas du passé ne devraient pas
empêcher la personne à avoir une « vision claire » de la réalité. La réussite du démarrage
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
d’un projet d’innovation dépend fortement de la capacité à surmonter les obstacles qui
encerclent la réalité.
- Co-sentir : il s’agit d’un pas en avance vers le creux. L’analyse des solutions, des modèles
et procédures déjà existants et les modifier de telles manières qu’elles soient adaptées aux
défis actuels. Cette étape est très efficace puisqu’elle n’est pas rigide et elle ne nécessite
pas un grand effort cognitif.
- Presencing : c’est l’étape essentielle du processus de l’innovation car elle puise dans les
ressources internes de la personne pour permettre à la connaissance intérieure d’émerger :
- Co-créer : cette phase consiste à explorer le futur par l’action « Doing futur » en testant
des nouvelles expériences et des nouvelles solutions à petite échelle.
- Co-évoluer : c’est une étape qui permet d’évaluer les résultats de l’étape précédente et de
retenir les solutions qui permettent d’évoluer vers le futur recherché avec confiance et
satisfaction.
Toutes les phases décrites ci-dessus sont menées d’une façon collective dès le lancement du
changement. Elles représentent une intention commune et une visualisation collective des
futurs émergents. La théorie U renforce l’approche de l’intelligence collective qui selon Peter
Senge (2006) excède l’intelligence individuelle.
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
En effet, le processus d'innovation mobilise l'ensemble des fonctions de l'entreprise pour tirer
profit du présent et pour se préparer pour l’avenir (Mothe et Thi, 2010 ; Dubouloz, 2013).
Jacques Liouville (2006) appuie cette idée et recommande d’abandonner la vision
"dichotomique" qui distingue l’innovation incrémentale de l’innovation radicale et
d’envisager d’autres dimensions telles que la nouveauté pour le marché, pour l’entreprise et
pour les pratiques de gestion au sein de l’entreprise. D'autres auteurs partagent la même vision
et recommandent à l'entreprise d'adopter simultanément les innovations technologiques et non
technologiques (Peris-Ortiz et Hervás-Oliver, 2014).
En se référant toujours aux définitions citées dans le manuel d’Oslo (Manuel d’Oslo, 2005), il
existe quatre types d’innovation à savoir :
42
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
43
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Il est à noter que selon les définitions citées dans le manuel d’Oslo, les deux premiers types
d’innovation à savoir l’innovation de produit et l’innovation de procédé sont considérées
comme des innovations technologiques. Par contre, les innovations organisationnelles et les
innovations de commercialisation sont considérées comme des innovations non
technologiques (manuel d’Oslo, 2005) :“Product innovations and process innovations are
closely related to the concept of technological product innovation and technological process
innovation”
Dans le même ordre d’idées et en référence à l’étude de Schmidt et Rammer (2007) sur les
innovations technologiques et non technologiques, nous appelons les innovations de produits
et de procédés des innovations « technologiques » car les deux types « sont souvent associés
au développement ou à l'application de nouvelles technologies » (Schmidt and Rammer,
2007). Étant donné que le secteur pharmaceutique est basé sur la technologie, les innovations
de produits et de procédés sont des innovations technologiques qui ne peuvent pas être
réalisées sans une amélioration significative des « spécifications techniques » (Benali et al.,
2021).
Tidd et ses collaborateurs (2020) distinguent également quatre types d’innovation qu’ils ont
intitulées : innovation de produit, innovation de procédé, innovation de « position » et
innovation de « paradigm ». En effet, l’innovation nommée de position est liée changements
dans le contexte dans lequel les produits / services sont introduits et reflète ce que nous avons
définie comme une innovation commerciale. Ces auteurs donnent l’exemple d’un produit à
base de glucose qui a été au début lancé pour aider les enfants en convalescence. Ce même
produit a été relancé en tant que boisson destinée au marché du fitness comme aide à faire de
l’exercice sain, vu que ce dernier est en plein croissance. S’agissant de l’innovation
« paradigam », elle est définit comme étant les changements dans les modèles mentaux sous-
jacents qui encadrent ce fait l'organisation notamment le changement de méthode de travail et
l’établissement de relations avec l’extérieur.
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Des exemples révélateurs sont également à citer pour illustrer les changements discontinus
qui ont permis l’émergence de l’innovation radicale, en remettant en question les règles de jeu
ainsi que les anciens modèles. Il s’agit, entre autres du téléphone mobile qui n'a pas
simplement amélioré le téléphone fixe, mais a radicalement changé la manière de téléphoner
en offrant plus de confort à son utilisateur. C’est le cas également des Smartphones qui ont
métamorphosés la vie des consommateurs ces dernières années. Le secteur de l’édition est à
son tour un autre exemple où la technologie a révolutionné les méthodes de travail :
« l’impression était passée du métal chaud à un procédé largement numérique » (Tidd, page
20, 2006)
L’innovation de rupture n’est pas nécessairement une rupture technologique. Elle peut
concerner également un changement du modèle d’affaires pour une entreprise. Nespresso est
une innovation radicale développée par Nestlé suite à la mise en place d’un nouveau modèle
d’affaires qui a fait que Nestlé est passée du vendeur de sachets de café au grand public à la
conception de machines à café et vendeur de capsules compatibles avec ces machines dans
des magasins propres à elle. Ce nouveau modèle d’affaires est différent du premier et a permis
de réinventer la manière dont le café est consommé.
45
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Un autre exemple d’innovation de rupture qui n’est pas nécessairement liée à une rupture
technologique est la voiture électrique « Tesla ». La mise en place de cette voiture a nécessité
l’usage des technologies de motorisation électrique déjà connues, sauf que ces technologies
ont été utilisées dans un contexte différent permettant l’accès des clients à une voiture de luxe
qui paraissait hors de portée.
Par ailleurs, l’innovation radicale n’est pas régulière dans l’entreprise et la durée entre la
réalisation d’une innovation et une autre est imprédictible. Elle pourrait être courte comme
elle pourrait prendre des années (Koberg, 2003). Dans ce sens, il importe de souligner que
l’innovation a un caractère incertain et que « la période entre deux innovations radicales est
aléatoire » (Amable, 1996)
En se référant aux travaux de Herbig (1994), Koberg et al. (2003) définissent l’innovation
incrémentale comme une amélioration ayant un faible impact sur le marché ou sur
l’entreprise. Elle peut être sous forme :
- D’une innovation continue : introduction d’un produit modifié (par exemple, extensions
de ligne de produits) ;
- D’une innovation modifiée : innovations légèrement plus perturbatrices telles que
l’introduction d’une technologie remplissant les mêmes fonctions de base (par exemple,
crayon électrique) ;
- D’une innovation de procédé ou amélioration de la manière dont les produits existants
sont fabriqués.
Une multitude d’exemples se présentent pour ce type d’innovation dont l’impact est modeste
sur les habitudes des clients ou sur les compétences de l’entreprise qui la développe. Il s’agit,
entre autres, des yogourts avec des nouvelles saveurs, de l’IPhone11 qui n’est qu’une
amélioration de l’IPhone X, et de la société Microsoft qui malgré le fait de ne pas introduire
une innovation de rupture, elle a pu faire des petites améliorations sur ses produits notamment
Microsoft Office.
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Clayton Christensen (2013) dans son livre « the innovator’s dilemma » explique le dilemme
pour l’entreprise entre se lancer à la conquête de nouveaux clients sachant que cela présente
un risque pour l’entreprise en engageant des ressources coûteuses pour des résultats non
garantis ou se concentrer uniquement sur ses clients les plus rentables.
47
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Par ailleurs, Bruno Amable (1996) a mis l’accent sur le fait que l’innovation radicale n’est pas
nécessairement une accumulation des innovations incrémentales. Il a souligné que : « Les
changements radicaux ne sont pas réductibles à une cumulation de changements
incrémentaux. Selon une formule, maintenant célèbre, de Schumpeter ‘Vous pouvez
additionner autant de diligences que vous voulez, vous n'obtiendrez ainsi jamais le chemin de
fer ».
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
• Phase des tests précliniques et de la recherche clinique : C’est une phase obligatoire et
systématique lors de développement d’un médicament. Elle consiste à tester l’impact et
l’efficacité du médicament chez l’homme. Ces tests sont conduits sur plusieurs milliers de
patients et visent à démontrer l’intérêt thérapeutique du médicament. Les phases de test
cliniques sont contrôlées par un organisme de la tutelle et la réglementation qui les régit
est très rigoureuse.
• Procédures administratives : cette phase englobe les étapes de dépôt de l’Autorisation
de Mise sur le Marché (AMM) et la fixation des prix s’il s’agit d’un système qui
réglemente les prix des médicaments.
Au Maroc, l’octroi des autorisations de mise sur le marché est conforme aux règles
internationales communément admises dans le domaine de l'enregistrement des
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
médicaments, en vue de leur commercialisation. Selon les dispositions de la loi 17-04 (BO
n°5480 du 7 Décembre 2006), portant code du médicament, l’AMM est une étape décisive
dans la commercialisation de ce dernier. Le décret n° 2-14-481 (BO n°6388 du 20 Août
2015) définit les modalités de son octroi, de son transfert, de sa suspension et de son
retrait.
Dans le secteur du médicament, le brevet acquiert une place primordiale. Selon la loi 17/97
(BO n°4778 du 16 Mars 2000) telle que modifiée et complétée par la loi 31-05 (BO n°5400
du 14 février 2006) qui régit la protection de la propriété industrielle au Maroc, le brevet
confère à une nouvelle molécule une période d’exclusivité d’environ 20 ans à partir de la date
de dépôt de dossier de brevet. Cette période peut être prolongée de 5 années si l’entreprise
concernée présente un certificat complémentaire de prolongement (Cenci, 2008). Une fois le
brevet protégeant cette nouvelle molécule tombe dans le domaine public, la fabrication et la
commercialisation du médicament générique est permise.
Le système du brevet garantit aux firmes innovatrices une exclusivité, un retour sur
investissement et une rentabilité qui leur permet de s’engager à nouveau dans le processus de
R&D. Toutefois, cette protection et cette exclusivité est limitée dans le temps puisque une fois
50
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
le brevet tombe dans le domaine public, l’accès au marché du médicament générique sera
possible. Les « blockbusters »3, constituent une meilleure illustration de perte d’avantage
concurrentiel dès l’expiration de brevet (Yacoub et Laperche, 2010). Le graphique 1 est une
illustration de cette tendance.
En plus du cadre juridique que le brevet offre à son détenteur, la pertinence de ce dernier
réside dans les stratégies organisationnelles adoptées par les entreprises pour le valoriser et le
rendre plus rentable. Il s’agit à titre d’exemple de la fabrication des produits dérivés, de la
recherche des nouveaux segments du marché et de l’exploitation de nouveaux territoires
(Ayerbe et Mitkova, 2005). A cet effet, plusieurs laboratoires pharmaceutiques procèdent à
des extensions (Cenci, 2008). Il s’agit entre autres des :
3
Blockbusters: des médicaments à grand usage et qui rapportent beaucoup d’argent au laboratoire qui les
fabriquent.
51
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
- Extensions de gamme : « Les extensions de gammes d'un médicament sont des spécialités
contenant le même principe actif, mais dont le dosage et/ou la forme galénique sont
différents » ;
- Extensions d’indication: « Les extensions d'indications d'un médicament sont les
indications supplémentaires homologuées postérieurement à la première délivrance
d'AMM d'un principe actif » ;
- Ou des novelles associations pour maintenir une situation acquise : « Une association fixe
avec un deuxième principe actif, tombé ou non dans le domaine public constitue une
nouvelle spécialité à part entière».
Ces extensions permettent une amélioration de la molécule initiale mais ne génèrent pas une
innovation radicale en sens du terme.
Il est vrai que le brevet est un instrument utilisé par les pouvoirs publics pour accorder à une
molécule révolutionnaire un droit d’exclusivité pour une durée limitée, mais cette exclusivité
n’est pas automatique puisqu’il existe d’autres facteurs liés aux prix et à la concurrence qui
peuvent contraindre la firme innovatrice à s’attribuer une partie de la valeur crée par son
innovation. En effet, les firmes concurrentes peuvent mener des recherches similaires pour
trouver non pas une nouvelle innovation mais des améliorations aux molécules existantes sur
le marché ou d’autres techniques pour traiter la même maladie (Biggar, D. R., 2001).
Le secteur du médicament princeps fonctionne avec un risque d'échec élevé et nécessite des
investissements importants en R&D avant de trouver la molécule cible (DiMasi et al. 2003 ;
Dimasi et al 2016; Adams & Brantner 2006). En outre, la durée de son cycle de
développement est longue. Elle prend plus d’une dizaine d’années et rend le coût de
développement d'un médicament plus élevé (DiMasi, 2016 ; Grabowski, 2007). A partir de 10
000 molécules criblées, seulement une molécule pourrait être commercialisée (Poh-LIN et
Kndall Roth, 1999).
Le secteur des médicaments génériques produit des médicaments une fois leurs brevets sont
tombés dans le domaine public. Il ne nécessite pas de ressources pour la R&D et le risque
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
d'échec d'un nouveau produit est très faible. Selon Dubey et Dubey (2009), le secteur des
génériques se concentre sur « le re-engineering des produits pharmaceutiques princeps ».
Dans le même ordre d'idées et en appliquant au secteur pharmaceutique les mêmes définitions
développées auparavant, une « NME » et un « Update » sont considérés comme des
innovations de produit puisqu’elles répondent à un besoin donné mieux qu'auparavant. En se
référant aux travaux de recherche de Mary E. Schramm (2011, page 6), le « NME » est
généralement considéré comme le produit le plus innovant, tandis que le « Update » est
considéré comme un produit moins innovant ou une innovation incrémentale.
Par ailleurs, il est clair que le médicament générique, vu ses caractéristiques, ne comporte
aucune nouveauté par rapport aux anciennes molécules et il est bien loin d’être considéré
comme une innovation. Toutefois, il existe des médicaments pour lesquels on trouve des
médicaments génériques sous des formes ou indications nouvelles, qui n’existaient pas
auparavant dans le médicament princeps. Dans ce cas, ils sont considérés comme des
innovations car ils répondent à un nouveau besoin thérapeutique ou ils améliorent le mode
d’administration pour un médicament déjà existant.
Poh-LIN et Kndall Roth, 1999 ont pris « une nouvelle entité chimique » comme une variable
proxy de l’innovation radicale. Sorescu et all. (2003) sont parvenus à une opérationnalisation
importante de l'innovation dans le secteur pharmaceutique. Selon ces auteurs, NME et Update
répondent mieux qu'avant à un besoin thérapeutique. Cependant, le premier est considéré
comme une rupture et le second comme une innovation incrémentale.
Mary E. Schramm, (2011) confirme ce propos et utilise le « NME » et les « Update» comme
des substituts pour une innovation radicale et une innovation progressive.
53
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Plus récemment, Bravetti, P. (2013) souligne qu’il est considéré comme une innovation un
médicament qui apporte une amélioration dans la prise en charge d'une pathologie par rapport
aux traitements existants. Ceci peut être réalisé grâce au développement d'une nouvelle
molécule, forme, dosage ou indication.
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CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Généralement, les médicaments issus de la biotechnologie sont destinés à traiter des maladies
rares ou des maladies dont la recherche n’a pas encore trouvé une solution. Selon Tisserand-
Bedri et al. (2006) : « La majorité des recherches menées dans le secteur des biotechnologies
concerne le développement de médicaments pour des maladies jusqu’ici incurables ou mal
traitées. Ces développements constituent une source d’innovation majeure pour l’industrie
pharmaceutique à la recherche d’un second souffle » (Tisserand-Bedri et al., 2006).
55
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Malebra (2004) souligne que la demande est également un élément clé du changement et de
l'évolution du secteur. Dans le même sens Philippe Abecassis et Nathalie Coutinet, (2006)
précisent que « La demande par l’intermédiaire des associations a, par ailleurs, un impact
sur les choix de classes thérapeutiques sur lesquelles portent les recherches des firmes. Elles
ont ainsi orienté les firmes vers des pathologies telles que le sida ou certaines maladies
orphelines en multipliant les relations avec les laboratoires pharmaceutiques et,
parallèlement, en finançant de plus en plus de programmes de recherche » (Abecassis et
Coutinet, 2006)
D’autres auteurs expliquent ce changement de paradigme par le fait que la majorité des
innovations couvraient la plupart des besoins thérapeutiques et que la recherche de nouvelles
molécules dans les domaines de recherche déjà explorés est devenue plus complexe et plus
56
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Sous un autre angle, certains auteurs ont constaté l’influence de la biotechnologie sur
l’organisation du secteur lui-même puisque les biotechnologies sont des produits
multidisciplinaires et leur développement nécessite des synergies entre plusieurs compétences
(Ghabowski et Vernon, 1994).
57
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
À titre d’illustration, nous pouvons citer le partenariat conclu entre la Verily, une
organisation appartenant à Alphabet (GOOGLE) et GlaxoSmithKline, Sanofi, Novartis et
Johnson & Johnson afin de « mettre en place de nouvelles technologies dans des domaines
allant de la gestion du diabète à la chirurgie robotique » (ZDNet, 2017).
Un autre exemple des rapprochements entre « bio » et « info » est l’annonce en juin 2017, de
l’engagement de Google avec la société suisse Novartis pour investir dans un fonds de 300
millions de dollars, consacré à la fabrication de nouveaux médicaments (ZDNet, 2017).
« Le nouveau fonds appuiera les entreprises privées et publiques dont les produits qui ont
déjà atteint le développement clinique de phase II, leur fournissant une nouvelle source de
capital pour croître. Ce mouvement reflète également la refonte des frontières de l'industrie
traditionnelle : les entreprises technologiques jouent désormais un rôle pratique dans
l'innovation en matière de santé. » (ZDNet, 2017)
58
CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUES DE L’INNOVATION : CAS DU
SECTEUR PHARMACEUTIQUE
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons présenté les différentes théories de l’innovation ainsi que les
différentes classifications de l’innovation. Nous avons adopté la définition de l’innovation
fournie dans le manuel d’Oslo, qui souscrit l’innovation dans une perception
multidimensionnelle et permet également de distinguer entre l’innovation technologique et
l’innovation non technologique.
Nous avons aussi considéré que le fait d’isoler l’innovation technologique dans le cadre du
présent travail ne permet pas d’avoir un travail exhaustif sur ce phénomène. L'analyse de ce
phénomène ne devrait pas se limiter à la nouveauté du produit ou du procédé mais englober
également d’autres aspects tels que les pratiques organisationnelles et de marketing.
Au cours de ce chapitre, nous avons également présenté le processus de R&D dans le secteur
pharmaceutique ainsi que le cycle de vie du médicament. Ensuite et en se basant sur la
littérature consacrée au secteur pharmaceutique nous avons tenté de fournir une définition de
l’innovation pharmaceutique.
Après avoir présenté les différentes théories de l’innovation ainsi que sa perception dans le
domaine pharmaceutique et aussi avoir relaté les différents changements qu’envisage ce
secteur, nous allons dans le chapitre suivant examiner les différents facteurs encourageant
l’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques.
59
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
60
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Introduction
L’objet de ce chapitre est de déterminer les principaux facteurs qui favorisent l’innovation.
Nous avons choisi comme secteur d’étude, le secteur pharmaceutique puisqu’il présente un
secteur à forte intensité technologique et à forte valeur ajoutée dans le contexte marocain.
En effet, nous prenons le phénomène de l’innovation dans ses différentes formes et nous
cherchons les facteurs les plus significatifs qui l’influencent. Il s’agit entre autres des facteurs
qui sont dits « traditionnels » tels que la taille et l’âge de l’entreprise, les activités de R&D, la
structure organisationnelle, la qualification de la main d’œuvre et les accords de partenariat
avec les entreprises étrangères. Toutefois, ces mêmes facteurs dits « traditionnels » ont une
perception différente dans le contexte des économies à revenu intermédiaire. Les entreprises
présentes dans ces économies manquent, entre autres, d’assises financières qui leur permettent
de s’aventurer dans des projets risqués et de longues durées de R&D. Généralement, elles sont
limitées dans tout ce qui est « Développement » et appropriation des nouvelles technologies.
Il leur manque également la présence d’un système national d’innovation performant et riche
comparé à ceux qui existent dans les pays industrialisés. Les infrastructures de l’économie de
connaissance et les ressources technologiques sont également manquantes. Choses qui
empêchent l’absorption et l’exploitation de technologies extérieures.
De même, les accords de partenariat avec les entreprises étrangères sont loin de concerner les
activités de R&D. La nature de ces partenariats et sur quoi elles se focalisent le plus sera
détaillé dans les parties qui suivent.
La taille et l’âge de l’entreprise sont également cités comme déterminants de l’innovation sauf
qu’il n’existe pas dans la littérature consultée un consensus sur la nature de l’impact de ces
deux facteurs sur l’innovation. De nombreux auteurs soulignent que les grandes entreprises
sont généralement caractérisées par une bureaucratie et ont des structures centralisées qui ne
61
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
facilitent pas l'innovation. D’autres auteurs soutiennent l’idée de son effet positif et
expliquent que les grandes entreprises ont une grande capacité d'autofinancement des activités
de R&D ainsi que la possibilité d'accéder aux marchés de capitaux et aussi la possibilité
d'offrir des salaires attractifs à des ressources humaines qualifiés.
62
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
En outre, les entreprises de grandes tailles bénéficient d’une présence géographique étendue,
d’un large réseau de distribution et d’un large nombre de produits sur le marché, choses qui
leur permettent d’exploiter largement les résultats de leurs activités de R&D et de rentabiliser
les investissements alloués à ces activités. Les grandes entreprises ont également la possibilité
d’offrir des salaires attrayants pour attirer la main d’œuvre qualifiée. Chose qui n’est pas
toujours possible pour les petites et moyennes entreprises (Pamukçu, T. et Cincera, M., 2001 ;
Kremp et Tessier, 2006, Jegede and al., 2016).
D’autres auteurs ont montré que l’effet des variables structurelles sur l’innovation dépend de
la taille de l’entreprise. Ils soulignent que dans le modèle américain, l’innovation se
développe plus dans des petites structures, peu formalisées. Par contre dans le modèle
japonais, le degré d’innovation est élevé dans les grandes entreprises qui sont plus formalisées
(Hoyt, J., Liles, D., et Rogers, K. J., 1997).
Toutefois, cette relation positive entre la taille de l’entreprise et l’innovation n’est pas
systématique puisque les grandes entreprises ont généralement des structures
organisationnelles centralisées et une bureaucratie qui ne favorise pas la circulation de
63
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Dans le même sens, d’autres auteurs indiquent que la distribution de la taille des entreprises
innovantes connait une dispersion intersectorielle très forte (Pavitt, 1987 ; Rahmouni et
Yildizoglu, 2011).
Adeyeye et al. (2016) ont montré que la taille de l'entreprise n'a pas d'impact significatif sur
l'innovation avec toutes ses formes au sein des entreprises nigérianes. Gabsi et al. (2008)
expliquent que les grandes entreprises dans les pays à revenu intermédiaire et moyen préfèrent
rester dans leurs modèles classiques de production et d’accroître leurs bénéfices au lieu
d'investir d’énormes budgets pour financer l'innovation.
De ce fait, il est à constater que les effets de la taille sur l’innovation vont dans des directions
opposées « Il n’existe pas vraiment de consensus sur la nature de la relation générale qui
existe entre la taille de l’entreprise et de son activité d’innovation » (Rahmouni et Yildizoglu,
2011).
I-2. Effet de l’âge de l’entreprise sur l’innovation
Ils sont nombreux les auteurs qui supportent l’hypothèse qui soutient l’effet négatif de l’âge
de l’entreprise sur l’innovation. Ils considèrent que plus l’organisation est ancienne, plus le
système bureaucratique est ancré en elle et moins elle est sensible à l’innovation : « age is
seen as inhibitive of innovation behavior » (Pierce et Delbecq, 1976 ; Balasubramanian et
Lee, 2008).
Freel (2003) a démontré que plus l’entreprise est ancienne, plus elle établit des procédures et
des routines qui à leur tour forment une certaine résistance et une barrière à l’innovation
(Becheikh et al. , 2005). Plus récemment et dans le contexte des pays à revenu intermédiaire
ou faible, Abdu et Jibir (2018) ont montré que l’âge de l’entreprise a un impact négatif sur
l’innovation au sein des entreprises nigériennes.
Par ailleurs, Sørensen et Stuart (2000) ont également montré à travers un travail empirique
mené sur deux secteurs industriels à savoir le secteur des semi-conducteurs et le secteur de la
biotechnologie que plus l’entreprise est ancienne, plus elle a une forte habilité à innover et son
64
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
degré d’innovation est plus élevé. De même, d’autres auteurs ont souligné que l’innovation au
sein de l’entreprise est liée à « son apprentissage passé » et que plus l’entreprise avance dans
l’âge, plus son stock de connaissance croit, et ce grâce au cumul des expériences passées
(Rahmouni et Yildizoglu, 2011).
Selon Mintzberg (2010), plus une organisation est grande, plus son comportement est
formalisé, sa structure est élaborée, ses taches sont spécialisées, ses unités sont différenciées
et sa composante administrative est mieux élaborée. En outre, selon le même auteur, plus une
organisation est ancienne, plus son comportement est formalisé. La taille et l’âge à leur tour
ont un rapport positif avec l’innovation.
D’autres auteurs étudient l’âge et son impact sur le réseautage que détient l’entreprise et
soulignent que l’âge de l’organisation est lié à son réseau préétabli et aux relations de
partenariat qui à leur tour influencent le processus de l’innovation au sein de cette dernière
(Fonrouge, 2007). Plus une entreprise avance dans l’âge, plus son réseau externe devient
mature et ses relations avec ses fournisseurs et ses clients connaissent un rapprochement
cognitif qui lui permet de déceler les nouveaux besoins de ces derniers et d’investir dedans.
La revue de littérature ne permet pas d’élaborer des hypothèses sur l’impact des variables
« taille » et « âge » sur le développement des innovations dans le secteur pharmaceutique. En
effet, elle révèle que les effets de ces deux variables sur l’innovation vont dans des directions
opposées et que les résultats des travaux empiriques sur l’impact de ces deux variables sur
l’innovation restent ambigus.
Dans le même sens, cette littérature montre que la relation entre la taille et l’âge et
l’innovation change selon le secteur et que l’impact de la taille sur l’innovation diffère d’un
type d’innovation à un autre.
Concernant l’innovation non technologique, l’impact des variables taille et âge est rarement
abordé et testé dans la revue de littérature. En outre, le secteur pharmaceutique et le contexte
marocain sont spécifiques. Le premier est caractérisé par la présence des innovations
technologiques développées par des startups et le deuxième est connu par la présence de plus
de 70 % des petites et moyennes entreprises.
Toutefois même s’il n’est pas possible d’élaborer des hypothèses qui permettent de tester
l’impact des deux variables âge et taille sur l’innovation dans le secteur pharmaceutiques au
65
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Maroc, il serait intéressant de les inclure dans notre modèle et d’étudier leur impact à côtés
d’autres variables significatives ayant une influence sur l’innovation.
La définition qui est largement adoptée est celle inscrite dans le manuel de Frascati, rapport
de l’OCDE de 2002 : « La recherche et le développement expérimental (R-D) englobent les
travaux de création entrepris de façon systématique en vue d’accroître la somme des
connaissances, y compris la connaissance de l’homme, de la culture et de la société, ainsi que
l’utilisation de cette somme de connaissances pour de nouvelles applications. » (OCDE,
Manuel de Frascati, 2002, Alinéa 63, page 34).
Cette définition met en exergue trois éléments fondamentaux dans la définition de la R&D, à
savoir la production de connaissances, le caractère systématique faisant de l’activité de R&D
« une activité intentionnelle et organisée » et finalement le critère de la nouveauté permettant
de démarquer les activités de R&D des autres activités connexes (Djellal et al. , 2001).
Dans l’alinéa 64 du manuel de Frascati (OCDE, 2002), il est précisé que l’activité de la R&D
incorpore trois composantes à savoir :
- La recherche fondamentale : « consiste en des travaux expérimentaux ou théoriques
entrepris principalement en vue d’acquérir de nouvelles connaissances sur les
fondements des phénomènes et des faits observables, sans envisager une application
ou une utilisation particulière »,
- La recherche appliquée : « consiste également en des travaux originaux entrepris en
vue d’acquérir des connaissances nouvelles. Cependant, elle est surtout dirigée vers
un but ou un objectif pratique déterminé. »,
- Le développement expérimental : « consiste en des travaux systématiques fondés sur
des connaissances existantes obtenues par la recherche et/ou l’expérience pratique,
66
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Il est également à noter que l’industrie pharmaceutique est parmi les industries qui
investissent le plus dans la R&D. Le graphique 4 ci-après présente une comparaison des
investissements en R&D par secteur pour les pays développés.
67
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
À ce titre, il est à noter que l’évolution vers une nouvelle génération de médicaments
biotechnologiques telle que développée dans le premier chapitre, est organisée. En effet :
« Avec l’avènement des patients virtuels, il sera possible d’analyser les candidats
médicaments dans une représentation digitale du corps humain, qui pourra être ajustée afin
de refléter les variations génétiques et les caractéristiques de la maladie les plus courantes,
telles qu’un système cardiovasculaire affaibli » (Pharma 2020, 2007).
Le cycle de la R&D à son tour a tendance à être réduit. Les laboratoires privilégient de suivre
des séquences en parallèle au lieu d’une séquence linéaire :
68
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Cohen et Levinthal (1989) ont démontré que l’investissement en R&D joue un double rôle.
D’une part, il permet le développement des produits et des processus innovants et d’autres
part, il participe à développer les capacités d’assimilation et d’exploitation des connaissances
et des résultats réalisés par d’autres organisations.
Freel (2002) a démontré à travers une modélisation de l’innovation, que parmi les facteurs qui
influencent le développement d’un produit ou d’un processus innovant, il y a les dépenses en
R&D, exprimées en pourcentage par rapport aux chiffres d’affaire, ainsi que la présence
d’employés caractérisés par une compétence technique. Ces deux variables sont positivement
69
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
liées à l’introduction d’un produit ou d’un processus innovant (Freel, 2002). Ce même auteur
souligne que l’innovation provient des interactions entre collaborateurs et départements au
sein d’une même organisation, comme elle peut provenir et occasionnellement des
coopérations externes avec d’autres organisations et institutions.
Love et Mansury (2007) ont montré que la R&D interne est un facteur déterminant de la
probabilité d’innovation des entreprises et qu’elle est positivement associée à l’intensité
d’innovation des entreprises.
D’autres auteurs ont également montré que l’engagement dans des activités de la R&D
permet d’accroitre les capacités absorptives de l’entreprise et pourraient influencer d’autres
pratiques de gestion au niveau de l’entreprise (Chen et al., 2014 ; Zahra et Hayton, 2008).
Dans la revue de littérature développée par Benchikh (2005) et ses collaborateurs, consacrée à
l’étude de l’innovation dans le secteur manufacturier, ces auteurs confirment que, plus que la
moitié des études menées sur l’innovation introduisent la R&D comme une variable
explicative de ce phénomène et qu’environ 80% de ses études ont démontré le lien positif
entre cette dernière et l’innovation. Mieux encore, ces auteurs confirment, à l’instar des
auteurs cités dans le paragraphe précèdent, la multitude des effets que la « in house » R&D
exerce sur d’autres volets qui concernent l’entreprise. Elle permet de créer, d’exploiter et de
transformer les nouvelles connaissances, d’absorber les nouvelles technologies apparaissant
sur le marché et d’attirer des partenaires extérieurs. Toujours en se référant à ce même travail,
les auteurs soulignent que c’est le lien qualifié de positif entre la R&D et l’innovation qui est
à la base du développement de l’approche « Technology puch innovation ».
Plus récemment, Baumann et al. (2016) soutiennent que les activités de R&D favorisent
l'innovation et la productivité au sein des petites et des grandes entreprises. Audretsch et
Belitski (2020) montrent également, à travers une étude empirique, que la R&D est fortement
associée à l'innovation. Ils soulignent que les investissements en R&D augmentent la
probabilité de faire de l'innovation plutôt que de copier la nouveauté des concurrents.
Pour le cas des pays à économie intermédiaire, certains auteurs ont démontré que la
composante R&D est l’une des variables qui affecte le plus l’innovation en Tunisie (Gabsi,
2008 et al ; Sedkaoui, 2016). Pour ces auteurs, l’innovation technologique est directement liée
aux activités de R&D.
70
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Khiyari et Ben Rejeb (2015) ont également souligné l’importance de la composante R&D
pour l’innovation technologique en Tunisie. Selon ces deux auteurs, les entreprises qui
réussissent sont celles qui investissent plus en R&D : « Successful companies are those that
spend more in R&D ». Adeyeye et al. (2016) démontrent que l'investissement dans la R&D
interne est le moteur le plus important de l'innovation de produits et de procédés au sein des
entreprises nigérianes.
Partant du constat qu’il existe un consensus sur l’influence positive des activités de la R&D
sur l’innovation technologique, nous pouvons élaborer les premières hypothèses suivantes :
H1 : les activités de R&D ont une influence positive et significative sur l’innovation
technologique au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc
H1.1 : les activités de R&D ont une influence positive et significative sur l’innovation de
produit au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.
H1.2 : les activités de R&D ont une influence positive et significative sur l’innovation de
procédé au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.
Il est à noter que les activités de la R&D peuvent se dérouler en interne via la mise en place
d’une unité de R&D ainsi que des équipes dédiées à la R&D comme elles peuvent se dérouler
en externe via la conclusion des accords de partenariats où carrément la délocalisation de cette
fonction de l’entreprise. Dans le présent travail de recherche, la variable R&D concerne
uniquement le volet « in house ». Par contre, les activités de la R&D qui résultent des accords
de partenariat en R&D avec des organismes externes est prise en considération en
l’introduisant dans la variable « partenariat » qui est également considérée dans notre modèle.
Cette dernière englobe, les partenariats en R&D mais aussi d’autres partenariats à savoir les
contrats de licence pour la fabrication des médicaments, les partenariats en force de vente, en
formation, …etc.
71
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Hecke et Grant (2013) montrent que bien que les activités de R&D sont incontournables pour
stimuler l’innovation, elles sont moins importantes quand il s’agit des innovations non
technologiques. Les résultats de ces deux auteurs ont été confirmés par Michelle, M. dans une
étude publiée en 2013 sur les déterminants de l’innovation : « l’investissement dans des
activités de R&D influence particulièrement l’innovation technologique. D’autres variables
telles que la formation et la publicité influencent l’innovation non technologique » (Mongo,
2013).
Les recherches menées sur l’innovation en Tunisie que nous avons pu consulter ont examiné,
entre autres autres, l’impact des activités de R&D sur l’innovation technologique (Gabsi,
2008 ; Khiyari et Ben Rejeb, 2015)
72
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Damanpour (1991) postule que la structure organisationnelle est la façon dont les gens sont
organisés, l'autorité et les responsabilités sont attribuées et les procédures de travail sont
accomplies.
Plus récemment, Tran et Tian (2013) soulignent que chaque organisation peut concevoir sa
propre structure en identifiant des activités, déléguant des pouvoirs et en fournissant des
règles et des procédures. Ces règles encouragent entre autres, le travail autonome et la
créativité et promeuvent les valeurs culturelles qui sont en accords avec son business
stratégique.
73
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Parmi les caractéristiques structurelles dont les effets sur l’innovation ont été étudiées et
testées dans les recherches antérieures, il y a la décentralisation, la formalisation, la
spécialisation et la différenciation verticale et horizontale (Kim, 1981 ; Damanpoor, 1991;
Becheikh et al., 2005; Damanpou et Aravind, 2012; Dubouloz, 2013). Toutefois, les
paramètres les plus cités et analysés sont la décentralisation et la formalisation :
“Organizational structure indicates an enduring configuration of tasks and activities. A most
studied dimension is centralization” (Skivington et Daft, 1991 ; Rapert et Wren, 1998; Chen
et al., 2010; Liao et al., 2011; Dubouloz, 2013).
Ce sont ces deux paramètres qui sont retenus dans le cadre de la présente recherche pour
caractériser les effets de la structure interne sur l’innovation.
74
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Damanour (1991) ainsi que d’autres auteurs ajoutent que la décentralisation facilite le succès
de la gestion des connaissances (Deal et Kennedy, 1982). Une centralisation élevée empêche
les interactions entre les membres de l'organisation (Gold et al. 2001), réduit les chances du
développement individuels et ne favorise pas des solutions imaginatives aux problèmes (Deal
et Kennedy, 1982 ; Kennedy, 1993).
À partir d'un échantillon d'entreprises situées au Vietnam, Tran, Q. et Tian, Y. (2013) mettent
en évidence le rôle majeur que joue la décentralisation dans la structure organisationnelle. Des
recherches supplémentaires montrent que la décentralisation et la formalisation influencent
positivement l'innovation technologique (Mazzanti et al, 2006 ; Bocquet et al., 2013).
Dans la même lignée, Cosh et al. (2012) confirment que « les entreprises qui ont choisi une
structure décentralisée, mais formelle, ont une tendance nettement plus grande que n'importe
quelle autre forme à avoir introduit une innovation ces dernières années ». Plus récemment,
Saddique et al (2013) affirment à travers une étude empirique menée au Pakistan que la
formalisation et la décentralisation sont positivement liées à l'innovation produit.
II-1.3. Formalisation
La formalisation, à son tour, est définie par Kim Linsu comme suit : “The formalization of an
organization refers to (1) the degree of codification specifying who is to do what, where, and
when, and (2) the degree of diligence exerted in enforcing these rules” (Kim, L., 1980).
Subramanian et Nilakanta, (1996) restent en harmonie avec la définition précédente et
stipulent que: “Formalization refers to the existence of formal job descriptions, policies and
procedures for an organization's personnel”. Pour opérationnaliser la variable
“formalisation”, ces deux auteurs ont utilisé deux items à savoir l’utilisation des fiches de
poste pour toutes les catégories d'employés et l'utilisation des procédures écrites et ce à
travers un questionnaire adressé aux cadres du secteur bancaire.
Pour le cas des petites et moyennes entreprises, Becheikh et al. (2005) présentent à travers
une revue de littérature systémique le rôle que joue la formalisation en permettant de
promouvoir l’efficience et d’accroitre l’innovation au niveau des PME par une clarification
des rôles et une réduction des confusions.
La question qui se pose est de savoir si la décentralisation et la formalisation exercent le
même effet sur l’innovation non technologique à savoir les innovations organisationnelle et
commerciale.
75
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Parmi les premiers auteurs, Kim (1981) propose d’étudier l’impact de la formalisation à
l’étape ou est arrivé le processus de l’innovation. Peut-être qu’elle est négative pour la
génération des idées mais elle favorise l’implémentation de l’innovation : « Organizational
structure is related differently to the different stages of the innovation process...Formalization
is negatively related to initiation but positively related to implementation.”. Subramanian, A
et Nilakanta, S (1996) ont essayé d’apporter une réponse à cette question en démontrant que
- Des niveaux élevés de centralisation et de formalisation sont associés à des niveaux
élevés de l’innovation non technique.
- De faibles niveaux de centralisation et de formalisation sont associés à des niveaux
élevés de l’innovation technique.
Les résultats de ces deux auteurs ont fait objet de plusieurs critiques car ils ignorent la relation
potentielle entre l’innovation technologique et l’innovation non technologique, et leurs
résultats pourraient souffrir d’un biais d'endogénéité (Bocquet, R. et al. 2013).
Des études plus récentes corrigent les résultats des anciennes études et montrent que
l’innovation non technologique et l’innovation technologique sont conduites par les mêmes
déterminants internes de l’entreprise à savoir ses caractéristiques structurelles (formalisation,
décentralisation, diversification…) ainsi que par les mêmes déterminants externes à savoir la
concurrence, la concentration du marché, le degré d’absorption du transfert
technologique…etc. (Bocquet et al.,2013, page 317).
76
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
H2.4 : La décentralisation des décisions a une influence significative positive sur l’innovation
commerciale au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.
77
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Deltour, F. et al., (2016) ainsi que d’autres auteurs ont souligné que l'adoption et l'utilisation
des TIC constituent une base fondamentale pour la survie des petites et moyennes entreprises
(Parker, C. et Castelman, T. ,2007 ; Tarutė, A., & Gatautis, R. ,2014 ; Deltour, F. et al., 2016).
Plus récemment, Navarro et al. , (2017) stipulent que les TIC sont l’un des moyens les plus
appropriés pour se rapprocher de l’environnement et acquérir des connaissances sur les
différents agents qui en font partie. En effet, l’entreprise qui implémente ces technologies
accède rapidement, facilement et à moindre coût à une vaste quantité d’informations
pertinentes et actualisées.
S’agissant de la liaison entre l’usage des TIC et l’innovation, de nombreux les auteurs ont
montré l’importance de l’usage de ces dernières dans la promotion de l’innovation
(Koellinger, 2008 ; Higón, 2012 ; Martine et Nguyen-Thi, 2015). Toutefois cette relation n’est
pas systématique puisqu’elle varie entre les entreprises, les secteurs et pays (Bertschek et
Fryges, 2002).
Afin d’identifier le lien existant entre l’usage des TIC et chaque type d’innovation dans le
secteur pharmaceutique au Maroc, nous allons analyser, pour le cas des pays à revenu faible
ou intermédiaire, le contexte général du développement et d’adoption des TIC, ensuite le
degré d’usage des TIC dans le secteur pharmaceutique et finalement nous allons examiner
d’une part l’apport des TIC aux innovations de produits et de processus et d’autre part son
apport à la structure organisationnelle et à la promotion de l’innovation d’organisation et de
commercialisation.
78
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
informatiques chez les employés et chez les utilisateurs (Mahfoudhi, S. et Mann, J., 2004).
Ces obstacles rendent difficile, pour le cas du secteur pharmaceutique, l’implémentation des
technologies sophistiquées en informatique pour l’automatisation des processus où la
fabrication des médicaments biotechnologiques.
Dans le même sens Lippert, S. et Volkmar, J. (2007) soulignent que l’efficacité des TIC est
liée aux différences culturelles entre les utilisateurs.
Touray, A., et al. (2013) soulignent que dans les pays en voie de développement l’accès aux
TIC est entravé par la situation socio-économique du pays, l’infrastructure, la volonté
politique ainsi que par le déficit du système légal qui régissent ce secteur.
Plus récemment, Bahrini, R., et Qaffas, A. A. (2019) soulignent que les pays en voie de
développement ont besoin de stimuler la diffusion des TIC dans le secteur privé pour
promouvoir l’innovation et ce notamment par la réduction des taxes, l’octroi des subventions,
la promotion du commerce électronique et le développement de partenariat public-privé pour
le développement des infrastructures de télécommunication.
II-2.2. Usage des TIC dans le secteur pharmaceutique : état des lieux
Nous avons montré dans le premier chapitre du présent travail que l’usage des TIC est crucial
dans le secteur pharmaceutique. La fabrication des médicaments issus de la biotechnologie
nécessite un recours extrême au savoir et aux savoir-faire en biologie et en technologie de
l’information et de télécommunication. Ces technologies permettent la transmission et
l’analyse de l’information génétique contenue dans le mécanisme vivant et son utilisation
permet la fabrication des molécules personnalisées et sophistiquées. Les chercheurs ont
besoin, dans ce domaine, d’avoir de plus en plus accès à l’information contenue dans les
cellules de l’organisme vivant : « for the development of new powerful and selective drugs
search has to penetrate deeply into the human organism to unravel the biochemical
79
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Par ailleurs, ce sont les pays industrialisés qui ont un recours extrême à l’usage des TIC pour
la fabrication des médicaments issus de la biotechnologie et l’amélioration de la collecte des
informations pertinentes stockées dans le corps humain. Les laboratoires pharmaceutiques
dans les pays en développement sont encore loin de ce stade. Leurs business modèles se
limitent à la fabrication de médicaments sous licence ou au façonnage des médicaments.
Un autre travail de recherche mené sur le secteur pharmaceutique tunisien montre que faute
de développer des capacités d’absorption qui permettent l’assimilation des technologies
nouvelles et leur intégration dans le « capital savoir », les entreprises pharmaceutiques
tunisiennes sont restées « imitatrices nettes » au lieu de « innovatrices nettes » (Yacoub,
2012). Plus récemment Sedkaoui (2016) a montré que pour le cas du secteur pharmaceutique
algérien, il n’existe pas de lien significatif entre le développement des innovations et la
présence de ressources technologique.
L’usage des TIC influence également le sucés des stratégies de E-health auxquelles est inscrit
le Maroc ainsi que beaucoup de pays à revenu faible ou intermédiaires. Ces stratégies
facilitent la collaboration entre les laboratoires pharmaceutiques, le monde médical et les
patients, ce qui promeut également l’innovation pharmaceutique. Or les pays africains ainsi
que d’autres pays aux économies similaires aux nôtres sont toujours en retard dans la mise en
place d’un tel dispositif. Ceci est dû, entre autres, à l’insuffisance du personnel de santé
qualifié, au manque de systèmes d'information sanitaire ou de technologie d’information, à la
pénurie de médicaments et aux contraintes financières (Ariani et al. 2017 ; Omotosho, 2019).
L’usage des TIC dans le secteur pharmaceutique est nécessairement lié à l’environnement
général du développement des TIC dans un pays. Cet environnement, comme présenté dans le
paragraphe (III-1) diffère de celui des pays développés à de nombreux égards.
80
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
organisationnelles qui à son tour favorise les activités d'innovation au sein des entreprises.
Dans le même sens, Koellinger, P. (2008), a constaté que les technologies du commerce
électronique constituent un important catalyseur d'innovation, qui permet, entre autres,
d’améliorer les processus et d'offrir de nouveaux produits ou services.
Par ailleurs, Higón, D.A. (2012) confirme que l’impact des TIC sur l’innovation dépend de la
nature des TIC utilisées et de la nature de l’activité de l’innovation développée. Certains
usages des TIC favorisent plus l’innovation processus tandis que d’autres sont plus liées à
l’innovation produit ou de commercialisation.
Dans le même sens et plus récemment, Martine L. et Nguyen-Thi, T. U. (2015) soulignent que
l’impact de l’usage des TIC sur l’innovation dépend principalement de la nature des TIC
utilisés. Ils ont montré par exemple que les TIC dédiées à la communication interne ne
présentent aucun lien significatif avec l’innovation de produit ou de procédé. Par contre, les
TIC dédiées à la communication externe favorisent l’innovation de procédé ainsi que celle
d’organisation.
Plus récemment Aboal (2015) souligne que le niveau d’investissement en TIC tend à être plus
important pour promouvoir le capital humain que pour accélérer le processus d’innovation
avec ses différentes formes. Il ajoute que les investissements en TIC sont déterminés par les
économies d’échelle puisque la majorité des investissements en TIC prennent la forme du
coût fixe. Un nouveau logiciel acheté pour développer un nouveau produit est également
utilisé pour le développement et la fabrication d’autres produits.
Spiezia (2011) souligne également qu’il n’existe pas de résultats solides qui permettent de
confirmer une relation positive entre le niveau d’usage des TIC et l’innovation in house de
produit ou de procédé.
Martin, L., & Nguyen-Thi, T. U. (2015) soulignent qu’une augmentation des investissements
en TIC ne se traduit pas nécessairement par une augmentation équivalente des capacités
d’innovation. Encore plus dans des pays ou même le développement et l’adoption des TIC
restent très limités pour les raisons développées ci-haut, il ne faudrait pas s’attendre à avoir un
lien explicatif entre l’usage des TIC et le développement des innovations pharmaceutiques.
Dans le même sens Attouch et al. (2017) ont souligné que malgré l’usage important des TIC
dans le secteur de la chimie et de parachimie au Maroc, les raisons de son utilisation restent
81
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Les arguments développés ci- haut ne permettent pas de développer des hypothèses sur la
nature de l’impact de l’usage des TIC sur le développement d’un nouveau produit ou de
procédé pharmaceutique dans un contexte pareil au contexte marocain. Toutefois, nous allons
analyser par la suite un éventuel impact positif de l’usage des TIC sur la gestion
organisationnelle ainsi que sur les techniques de commercialisation au sein des laboratoires
pharmaceutiques au Maroc.
La structure de l’organisation est également influencée par l’implémentation des TIC car elles
permettent la formalisation des règles et des procédures à l’intérieur des entreprises et
facilitent la décentralisation du pouvoir décisionnel. Certains auteurs montrent l’intérêt de
l’utilisation des TIC en tant que source d’acquisition et de production d’informations sur les
marchés permettant à l’entreprise de mieux maitriser son environnement et de constituer son
82
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
avantage concurrentiel (Tzokas, N. et Saren, M.,1997 ; Argyres, N.S., 1999 ; Navarro et al.
,2017 ; Hawash, R., et Lang, G. 2020).
L’innovation pharmaceutique, elle aussi a besoin des TIC pour mieux cerner le cycle de vie
des molécules développées. Il est à préciser que le développent d’une nouvelle molécule fait
appel à des équipes de plusieurs disciplines. Une collaboration réussie entre ces équipes
nécessite la mise en place d’un dispositif d’outils informatiques qui rassemble d’une manière
intelligente l’information provenant de multiples sources, l’organise et la présente
correctement aux membres de l'équipe de la R&D.
Dans le même sens, le secteur pharmaceutique est un secteur connu par la rigueur des
procédures d’enregistrement et de mise sur le marché. Il serait bénéfique pour une entreprise
de disposer d'une source unique fournissant des références exhaustives concernant les
références réglementaires, ainsi que des conseils procéduraux pour réduire la complication
des procédures administratives (Goodman, E. et Riddell, J., 2014).
Au cours du cycle de vie des produits pharmaceutiques, il est utile de mentionner qu’après les
activités de la R&D, les activités d’accès au marché et de vente deviennent une priorité
(Kesič, D. et Bertoncelj, A., 2008). D’énormes budgets sont consacrés au soutien de la force
de vente et à la consolidation de la part de marché de l’entreprise (Jommi, C., et al. ,2012 ;
Swanson, A., 2015).
Le transfert d’information et de connaissances entre les laboratoires et les médecins peut faire
la différence dans le choix des médicaments et donc impacter les volumes de vente et inciter
les entreprises à développer de nouvelles méthodes de commercialisation. Les entreprises
peuvent aussi tirer profit des premiers retours d'informations sur les résultats de l'utilisation de
leurs médicaments dans la pratique médicale et de procéder aux améliorations nécessaires
pour assurer une large distribution du produit développé. L’usage des TIC permet de capturer,
stocker dans des bases de données, puis organiser, partager, et diffuser les informations
pertinentes. Ce qui aide l’entreprise pharmaceutique à innover d’avantage et à renforcer son
positionnement sur le marché.
Pour le cas des multinationales, ces dernières assurent le transfert des pratiques
d’apprentissage organisationnel et de marketing aux filiales des entreprises étrangères. Ces
dernières, à leur tour, investissent davantage dans leurs stratégies de marketing et de
promotion afin de faciliter l'accès au marché des nouveaux produits pharmaceutiques
83
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
importés de la société mère. En outre, les filiales sont dans l’obligation de s’aligner sur la
stratégie globale de la société mère. D’où la formulation des hypothèses suivantes :
H4.1 : l’usage des TIC a un impact positif et significatif sur l’innovation organisationnelle au
sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.
Yeoh et Roth (1999) ont développé un modèle basé sur l'application de l'approche « Research
Based View (RBV) » dans le secteur pharmaceutique et examinent les ressources et les
capacités de l'entreprise pharmaceutique qui permettent l'acquisition d'un avantage
concurrentiel durable. Les résultats de ces travaux expliquent que les compétences
technologiques ainsi que les compétences en marketing présentent les ressources les plus
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CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
importantes du secteur pharmaceutique. Ils permettent la création d'un avantage durable pour
l'entreprise.
Des recherches supplémentaires et plus récentes font valoir que le diplôme des employés est
positivement corrélé à l'innovation de produit et de procédé (Jegede et al., 2016).
Par ailleurs, l’examen de la revue de littérature dédiée aux contextes similaires au notre ne
nous a pas permis de révéler des résultats sur la nature de la relation entre le capital humain et
l’innovation. A titre exceptionnel, nous pouvons citer l’auteur algérien Sedkaoui (2016). Ce
dernier a montré que le lien entre le développement de l'innovation et les ressources
technologiques et humaines n'est pas significatif au sein des firmes pharmaceutiques en
Algérie.
Toujours dans le contexte des économies intermédiaires, Gabsi et al. (2008) ont démontré que
l'indicateur du niveau de compétences des employés n'est pas significatif pour expliquer
significativement l'innovation au sein des entreprises tunisiennes.
Van Uden et al., (2017) ont étudié l'impact du capital humain sur l'innovation dans les pays
subsahariens. Ils ont montré que le niveau du diplôme de l'employé a une influence négative
sur l'innovation. Dans le même sens, ils ont montré que la composante formation continue n’a
pas d’impact significatif sur le développement des innovations au sein de ces entreprises.
Etant donné que la littérature consultée ne présente pas d’arguments et des résultats solides
suffisants qui montrent la nature de l’impact de la qualification de la main d’œuvre sur
l’innovation dans des contextes similaires au notre, nous ne pouvons pas construire des
hypothèses qui attestent la nature de la relation entre cette variable et le phénomène étudiée.
85
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
capital technologique, nous allons se focaliser dans un deuxième lieu sur les accords de
licence puisqu’ils sont les plus dominants dans le secteur étudié.
Par la suite nous allons étudier l’impact de la pression concurrentielle ainsi que les activités
d’exportation sur le développement des innovations au sein des laboratoires pharmaceutiques.
Par ailleurs, la majorité des recherches antérieures soulignent que l’effet des accords de
partenariat sur l’innovation n’est pas systématique et n’est pas direct (Kostopoulos et al.,
2011 ; Clausen, 2013). Kostopoulos et ses collaborateurs à titre d’exemple, montrent que la
capacité d’absorption de l’entreprise joue un rôle modérateur entre les connaissances externes
et l’innovation (Kostopoulos et al., 2011).
86
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Dubouloz (2014) (page 291) souligne que cette relation dépend essentiellement de certains
mécanismes internes mis en place par l’entreprise à savoir :
- la mise en place, des structures organisationnelles adéquates et des unités de R&D pour
l’assimilation et l’exploitation des connaissances disponibles ainsi que le recrutement du
personnel qualifié et la mise en place d’un système de motivation individuel.
- l’application de ces nouvelles connaissances via leur réutilisation et leur appropriation par
les sources internes à l’organisation.
Mothe et Quelin (2004) considèrent que « la coopération possède trois attributs : un moyen
de combiner des compétences tacites ou complémentaires (Hennart, 1988) ; un dispositif
organisationnel pour les acquérir ou échanger sans engagement irréversible (Doz, 1992) ; un
choix pour créer de la valeur et accélérer l'adaptation d'une firme à son environnement (Doz,
1992). ».
A partir de ce qui précède, il est à noter que l’impact de la coopération sur l’innovation est
positif mais elle n’est pas systématique. Il dépend, entre autres, des caractéristiques de
l’entreprise et de son degré d’engagement dans le processus d’apprentissage et d’assimilation
des connaissances qui circulent soit en interne ou en externe.
Par ailleurs, dans le cas du secteur pharmaceutique et dans un contexte tel que le nôtre, la
variable « accord de partenariat » n’a pas beaucoup d’importance car comme il sera
développé ci-après, la conclusion des accords de partenariats entres les entreprises dépend du
niveau de l’économie du pays ainsi que de son capital technologique. Généralement les
accords de partenariats entre les entreprises se font entre les pays à fortes économies et qui
sont matures technologiquement.
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CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
est très élevé dans l’innovation pharmaceutique. A titre d’exemple, Veugelers et Cassiman
(2005) montrent à travers une étude empirique sur le marché belge, que les grandes
entreprises des secteurs de la chimie et de la pharmacie sont plus susceptibles de participer
activement aux accords de partenariat : « Our analysis confirms that large firms and firms in
the chemical and pharmaceutical industry are more likely to be actively involved in industry
science links. »
Un autre exemple montrant l’importance des accords de coopération conclus dans le secteur
pharmaceutique est celui des sociétés biotechnologiques qui s’investissent énormément à
développer une technologie puis céder la licence d’exploitation à une multinationale
pharmaceutique qui, soit l’incorpore dans ses produits, soit se chargera de la commercialiser
(Nicolas et Pénin, 2014). Un exemple récent de cette pratique est l’accord de partenariat
conclu entre la startup allemande « BioNtech » et le groupe américain « Pfizer » en août 2018
pour développer un vaccin contre la grippe et en mars 2020 contre le COVID19.
Hamdouch, A. et Perrochon, D (2000) ajoutent que les accords de partenariat dans le secteur
pharmaceutique sont très répandus et que les formes d’engagement dans le processus de R&D
prennent plusieurs configurations qui induisent des trajectoires d’interaction variés et
évolutifs entre les entreprises car ils dépendent « du positionnement de la firme au moment de
l’engagement, c’est-à-dire principalement des compétences et des ressources financières dont
elle dispose » (Hamdouch, A. et Perrochon, D , 2000).
Par ailleurs, il existe plusieurs types d’accords de coopération qui sont spécifiques à chaque
secteur et qui dépendent du niveau de l’économie du pays où les entreprises sont localisées.
Les accords de partenariat en R&D sont plus concentrés dans les économies industrialisées
ayant un revenu élevé et qui consacrent des budgets importants à cette activité. A titre
d’exemple, les projets « Eurika » sont développés entre les pays riches et aux économies
similaires. Angué, K. et Mayrhofer, U. (2010) soutiennent que « l’environnement économique
et la disponibilité des ressources jouant un rôle essentiel dans le domaine de la R&D, il est
permis de supposer que les entreprises collaboreront de préférence avec des partenaires dont
l’environnement économique est similaire à celui de leur pays d’origine ».
88
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
effet, les entreprises cherchent à conclure des accords avec des partenaires ayant des
compétences technologiques similaires (Morwery et al., 1998). Dans le même sens, les
résultats de la recherche empirique menée par Angué et Mayrhofer (2010) sur un échantillon
de 1.502 partenariats en R&D conclus par des entreprises européennes de biotechnologie
montrent que « les entreprises européennes s’engageront en priorité avec des acteurs
académiques ou industriels évoluant dans des environnements proches en matière de
recherche et d’activité dans les biotechnologies ».
C’est ce qui explique que dans un contexte pareil au notre, l’activité de R&D ainsi que le
développement d’une nouvelle molécule se font généralement dans les sociétés mères ou dans
le cadre d’un partenariat entre ces dernières et des laboratoires de recherche externes. Les
laboratoires marocains ou les filiales des multinationales installées au Maroc se limitent
généralement à la fabrication des médicaments sous licence, à la fabrication des génériques où
à l’importation de la majorité des médicaments princeps. Le transfert de technologie et de
connaissances par les multinationales aux filiales n'est pas systématique. Il dépend, entre
autres, du coût de ce transfert, de la capacité d'absorption de la filiale et de l'écosystème
d'innovation du pays d'accueil (Mothe et Thuc, 2010 ; Slimane et Ramadan, 2017). Dans le
même ordre d'idées, il a été démontré que le processus de ce transfert dépend également du
degré d'implication des filiales dans ce processus et de la motivation réelle des
multinationales derrière la création de ces filiales. Est-ce une entité technologiquement
autonome ou juste un moyen de pénétration des marchés (Dahlman et al., 1987).
Toutefois, ces laboratoires présents sur le territoire national peuvent dans certains cas
procéder à de petites améliorations des molécules existantes en développant des extensions de
forme, de dosage ou de présentation qui peuvent être considérées comme des innovations.
Il est à noter également que parmi les points essentiels soulevés lors de la phase pré-enquête
qui sera détaillée dans la deuxième partie de ce rapport, il y a les accords de fabrication sous
licence qui sont très répondus dans le secteur pharmaceutique et surtout spécifiques aux
contextes similaires aux nôtres.
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CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
l’impact des accords de R&D sur l’innovation, il est important de se focaliser sur les accords
de fabrication sous licence et d’étudier son impact sur le développement des innovations.
La production sous licence est la production d'un bien par une entreprise ayant acheté la
licence de l'entreprise qui possède le brevet originel. L'entreprise productrice verse ainsi une
rémunération au possesseur du brevet en échange d'une production sur un marché. Les
laboratoires pharmaceutiques au Maroc, aussi bien les laboratoires nationaux que les filiales
des multinationales, préfèrent adopter ce mode de fabrication sous licence pour élargir leurs
parts de marchés sans investir des budgets importants dans de longs travaux de R&D.
En effet, les actifs financiers des laboratoires pharmaceutiques dans les pays à revenu moyen
où faible sont insuffisants pour investir dans la R & D et pour prendre des risques d'échec,
comparés à ceux des multinationales qui s’engagent dans la recherche de nouvelles molécules
couteuses et incertaines (Rahmouni et Yildizoglu, 2011 ; Yacoub, 2012 ; Sedkaoui, 2016).
Cela est également dû aux politiques de rattrapage technologique lancées par ces pays après
leur décolonisation et à leur volonté de récupérer les technologies pour les intégrer à leurs
activités de production (Bell et Pavitt, 1997 ; Teece, D. J, 1997 ; Casadella et al. 2015).
Les accords de fabrication sous licence créent une sorte de lien entre les laboratoires
nationaux et les laboratoires occidentaux, ce qui peut probablement permettre un transfert de
technologie, en raison de l'information stratégique incluse dans ces accords, ou de
connaissances en matière de gestion et de marketing (Guadalupe et al., 2012). Par ailleurs, ce
processus n'est pas systématique car ces accords peuvent contenir des clauses restrictives qui
peuvent limiter le transfert de technologie. En outre, ces accords peuvent créer un type de
dépendance au sein des laboratoires nationaux, désireuses de se concentrer plus sur le
lancement de l'activité sans prendre soin d’améliorer leur production (Pamukçu et Cincera,
2001).
Dans le même sens, Mulotte et al. (2012) ont montré qu’une licence n’est pas nécessairement
un transfert de technologie où de compétence puisque c’est une reproduction à l’identique et
ajoutent que les laboratoires qui fabriquent sous licence ont généralement tendance à
surestimer leurs propres ressources, ce qui peut les encourager à s’engager dans des choix
techniques qu’ils ne peuvent pas assurer par la suite. En menant une recherche sur le secteur
aéronautique et en comparant les entreprises qui sont passées par la conclusion des contrats de
licence avec ceux qui ne l’ont pas fait, ces auteurs ont montré que les entreprises qui n’ont pas
90
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
conclu des licences ont pu progresser mieux que celles qui ont bénéficié de ce type de contrat.
Ils expliquent que ce résultat est dû au fait que les premières ont procédé par des étapes basées
sur des essais- erreurs leur permettant d‘évoluer progressivement et avec des pas sûrs et
mesurés : « Licensees are likely to overemphasize the value of their own contributions and
downplay those of the licensor in the performance of the licensed product, thus driving them
to hold unfounded beliefs about their own abilities’’.
Zahra et al (2002, 2005) ont également montré que la conclusion des contrats de licence
impact l’autonomie et l’indépendance des activités de l’entreprise dans le futur surtout quand
l’accès aux informations techniques contenues dans le document de licence est restreint pour
l’entreprise bénéficiaire de la licence.
Gabsi, F. et al. (2008) et ses co-auteurs ont introduit la variable « licence » dans leur modèle
économétrique afin de mesurer l’intensité du transfert technologique. Ils ont argumenté ceci
par le fait que les pays émergents ne développent pas des nouvelles technologies. Les
entreprises dans ces pays se contentent de l’exploitation de ces technologies à l’échelle locale
et même s’il y aura lieu des innovations, elles sont généralement mineures. Ceci est dû
principalement à l’échec des politiques publiques qui n’ont pas pu favoriser l’apprentissage
par l’éducation et n’ont pas pu développer les capacités absorptives de leurs pays (De
Cervantes et Marshall, 2016).
91
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Par ailleurs, l’impact organisationnel de la conclusion de ces accords sur les laboratoires
locaux n’est pas à sous-estimer. La conclusion de ce type d’accords exige, entre autres, la
maitrise des procédés de fabrication, la présence d’une main d’œuvre qualifiée, des
équipements de haute technologie, de la technologie et des modes de management
innovateurs. La fabrication sous licence permet d’établir des liens entre les laboratoires
occidentaux et les laboratoires locaux. Ces liens permettent à leur tour la transmission de la
connaissance technique, managerielle, commerciales, …etc.
Il est à noter que les accords de partenariat peuvent avoir lieu entre entreprises ou entre
entreprises et institutions tels que les instituts de recherches publics ou les universités. Des
études menées sur le marché allemand et sur le marché suédois montrent que la collaboration
entre les entreprises et les universités a un impact positif sur le développement des
innovations au sein des entreprises (Aschhoff et Schmidt, 2008 ; Lööf et Broström, 2008).
Dans le même sens Miotti et Sachwald (2003) ont conclu que la coopération avec des instituts
de recherche a une influence positive sur « les outputs » de l'innovation, tels que les brevets
(Miotti et Sachwald, 2003). D’autres auteurs ont souligné que la coopération avec les
universités et les centres de recherche a été identifiée comme un facteur essentiel pour le
92
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Dans le cas des pays en développement, De Cervantes et Marshall (2016) soulignent que le
système éducatif ainsi que le manque de coordination entre l’industrie et l’université n’y
permettent pas de développer des innovations. Slimane et Ramadan (2017) confirment ce
point et mettent l’accent sur l’absence d’un écosystème qui favorise l’innovation dans ces
pays.
En outre, les résultats de la phase exploratoire détaillée ci-après montrent que les laboratoires
pharmaceutiques qui développent des relations de partenariats avec les universités sont rares
et présentent une exception. De ce fait, il n’est pas important d’élaborer des hypothèses sur
l’impact de ce type de partenariat sur l’innovation puisque le terrain ne permettra pas de les
tester.
Dans le même sens, Michelle (2013) souligne que quel que soit le secteur d’activité de
l’entreprise, la concurrence joue un rôle incitatif à l’innovation. Bocquet, R. et al, 2007
stipulent également que l’innovation avec toutes ses dimensions est liée à la concurrence à
condition de ne pas dépasser un certain seuil.
Zaiar (2015) souligne qu’« une pression concurrentielle accrue force les entreprises à
innover pour survivre (Porter [1979]). ». Dans une vision un peu différente, la concurrence
est bénéfique dans le cas du modèle « de création non destructive » qui permet la non-
disparition d’une firme en retard technologique : « L’existence d'un retard technologique
pouvait être une incitation forte à l'accroissement de l'effort d'innovation lorsque la pression
concurrentielle sur le marché des produits est élevée. » (Encaoua et Ulph, 2000).
93
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Rahmouni et Yildizoglu (2011) considèrent que : « Pour faire face à la concurrence des
autres firmes et à celle des entrants potentiels, la firme cherchera à innover, soit pour vendre
le bien actuel moins cher que ses concurrents (innovations de procédés), soit pour ouvrir de
nouvelles niches, en différenciant son produit de celui des concurrents (innovations de
produit). ». Toutefois, ces mêmes auteurs montrent que la relation entre l’innovation et la
concurrence n’est pas indépendante des spécificités du secteur pris pour l’étude et du
développement des technologies dans ce secteur. D’autres travaux empiriques montrent
l’existence d’une relation en U inversée entre la concurrence et l’innovation (Aghion et al.
2005 ; Gaffard, 2007 ; Beneito et al., 2017).
Dans le même sens Cincera et al. (2019) démontrent la présence d’une relation U-inversé
entre la concurrence et l'innovation pour les PME opérantes dans les secteurs manufacturiers
de moyenne et haute technologie alors qu’ils n’observent pas cet impact pour celles opérantes
dans les secteurs manufacturiers de moindre technologie ni dans les secteurs des services. En
effet, plus il y a de la concurrence, plus les entreprises participent à la course au brevet.
Toutefois et à un certain moment les entreprises deviennent identiques, ce qui se traduit par
une décroissance de ces dernières et l’incitation à l’innovation diminue.
Gaffard (2007) montre que la relation entre l’innovation et la concurrence est croissante tant
que cette dernière se situe à des faibles niveaux. Elle devient décroissante, une fois la
concurrence dépasse un certain degré. Cet auteur a mesuré le degré de concurrence par
l’opposé de l’indice de Lerner, c’est-à-dire du taux de marge, et l’intensité des innovations par
un indice des brevets pondéré par les citations.
94
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Ganter et Hecker (2013) montrent également en utilisant un model « Probit » multivarié sur
un échantillon de 2789 entreprises allemandes qu’il existe une très forte association positive
entre l’intensité de la concurrence et l’innovation organisationnelle.
Toutefois, le travail de recherche mené sur les entreprises nigériennes par Abdu et Jibir
(2018), montre que l’impact de la pression concurrentielle sur les quatre types d’innovation
est insignifiant. Etant donné que le lien entre la concurrence et l’innovation technologique
reste ambigu et qu’il n’existe pas un consensus sur la direction de cette relation, il serait
difficile d’établir des hypothèses affirmant un tel lien entre ces deux variables. Il serait encore
plus difficile de tester ces hypothèses puisque nous ne disposons pas de moyen pour calculer
les taux de marge ou l’indice des brevets pour savoir jusqu’à quel niveau la concurrence
pourrait influencer l’innovation technologique.
95
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
profit de l’innovation (Salomon et Jin, 2010 ; Ito, 2012). D’autres confirment que ce sont les
entreprises les moins avancées technologiquement qui tirent le plus profit de l’exportation
(Martins et Yang, 2009).
Khiari et Ben Rejeb (2015) montrent dans une étude menée sur le marché tunisien que la
probabilité qu'une entreprise exportatrice développe des activités d'innovation est supérieure à
celle d'une entreprise qui n'exporte pas. Dans le même sens Pamukçu et Cincera (2015)
montrent que le degré d’implication dans le développement des innovations dépend
sensiblement des différentes propensions à exporter.
Par contre Gabsi et al. (2008) montrent que l’impact des exportations sur l’innovation en
Tunisie est insignifiant. Selon ces auteurs, ceci est dû principalement à la nature des
exportations dans les pays en voie de développement qui se limitent à des produits non
technologiques tels que les produits de textile et quelques produits agricoles : « Exports of
Tunisian firms have no significant impact on the decision to innovate. This confirms the
results of univariate analysis. In fact, the nature of Tunisian exports explains this result
because in Tunisia, the bulk of exports is low-tech (textiles, olive oils…).»
Dans le même sens, les exportations du médicament du Maroc vers d’autres pays sont
majoritairement des médicaments génériques dont le processus de fabrication ne fait pas appel
à de fortes technologies et qui, comme nous l’avons cité précédemment, est basé
généralement sur le « reengineering ».
L’absence d’un consensus sur l’impact positif de la pression concurrentielle ainsi que celui
des activités d’exportation sur l’innovation ne nous permet pas de construire des hypothèses
sur la nature de la relation entre ces deux variables sur chaque type d’innovation. Toutefois,
nous pouvons les inclure dans notre modèle de régression logistique et d’étudier leur impact
sur l’innovation dans le cas de notre contexte.
96
CHAPITRE II : EFFET DES DETERMINANTS DE L’INNOVATION SUR LES
TYPES D’INNOVATION
Conclusion
La littérature montre qu’il existe plusieurs déterminants de l’innovation au sein des
entreprises. Il s’agit, entre autres, de la taille et de l’âge de l’entreprise, des activités de R&D,
de l’organisation structurelle, de l’usage des TIC, de la qualification de la main d’œuvre ainsi
que des accords de partenariat. Nous avons essayé d’examiner au cours de ce chapitre si ces
facteurs ont la même perception au niveau des entreprises qui se trouvent dans les pays à
revenu moyen ou faible.
Par ailleurs, il n’existe pas un consensus dans la revue de littérature sur la direction de la
relation entre la taille et l’âge de l’entreprise et l’innovation. Cette relation change selon le
secteur et diffère d’un type d’innovation à un autre. Par contre, la majorité des études menées
sur l’innovation introduisent la R&D comme une variable explicative de ce phénomène. De
même, pour le cas des pays à revenus moyen ou faible, plusieurs auteurs ont démontré que la
composante R&D est l’une des variables qui affecte le plus l’innovation au sein des
entreprises.
La littérature sur la relation entre l’usage des TIC et l’innovation de produit ou de procédé
n’est pas tout à fait satisfaisante. L’adoption des TIC par les entreprises dépend du niveau de
développement et d’adoption des TIC dans le contexte étudié. De ce fait, nous ne pouvons pas
adopter les résultats trouvés pour le cas des pays industrialisés et élaborer des hypothèses pour
le cas de notre contexte.
L’examen de la relation entre les accords de partenariat et l’innovation au sein des
laboratoires pharmaceutiques au Maroc nous a conduit à se focaliser plus sur les accords de
licence puisqu’elles s’accaparent une place primordiale dans le portefeuille des accords
conclus par ces dernières. Les résultats des travaux menés sur des contextes pareils au notre,
montrent que ce genre d’accords n’a pas d’impact positif sur l’innovation puisque les
politiques publiques dans les pays à revenu faible ou moyen n’ont pas encore pu développer
les capacités absorptives de leurs pays (De Cervantes, et Marshall, 2016).
97
Conclusion de la première partie
Nous avons présenté au cours de cette partie les principaux paradigmes sur lesquels nous nous
sommes basés lors du présent travail de recherche à savoir, le paradigme structuraliste et ses
prolongements ainsi que le paradigme évolutionniste. Nous avons également montré que
l’analyse du comportement des entreprises à partir des caractéristiques sectorielles ou de
l’environnement externe devrait être complétée par un examen profond des véritables facteurs
derrière le comportement adaptatif et anticipatif de l’entreprise.
Au cours de cette partie nous avons pu identifier les principaux facteurs qui favorisent
l’innovation et ce en s’inspirant des enquêtes communautaires sur l’innovation. Toutefois
nous avons introduit d’autres imputs de l’innovation tels que l’organisation structurelle,
l’usage des TIC et la coopération externe ainsi que d’autres outputs de l’innovation à savoir
l’innovation organisationnelle et l’innovation commerciale. Il est vrai que les facteurs
identifiés sont considérés comme « traditionnels » mais leurs perceptions diffèrent d’un
contexte à un autre.
A titre d’exemple, les infrastructures de R&D ainsi que son financement dans les pays
industrialisés sont différentes de ceux existants dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Il manque dans ces derniers un système national d’innovation fiable ainsi que les
infrastructures de l’économie de connaissance et les ressources technologiques.
98
Dans le même ordre d’idées, même si généralement l’impact des accords de partenariat sur
l’innovation est positif, ce dernier n’est pas systématique. En effet, les accords de partenariat
avec les laboratoires étrangers sont loin de concerner les activités de R&D. La nature de ces
partenariats dans les pays à revenu faible ou moyen se limitent généralement aux accords de
licence. L’impact de ces accords dépend, entre autres, des caractéristiques de l’entreprise et de
son degré d’engagement dans le processus d’apprentissage et d’assimilation des
connaissances qui circulent soit en interne ou en externe, du niveau de l’économie du pays
ainsi que de son capital technologique. De ce fait, puisque le contexte du présent travail de
recherche est spécifique et concerne une économie à revenu faible ou moyen, il est important
de tenir en considération les caractéristiques de ce contexte et au lieu d’étudier l’impact des
accords de R&D sur l’innovation, il est important de se focaliser sur les accords de fabrication
sous licence, puisque ces derniers acquièrent une place primordiale dans le secteur
pharmaceutique et d’étudier leur impact sur le développement des innovations au sein des
laboratoires pharmaceutiques.
A la fin nous avons pu formuler les hypothèses fondamentales de ce travail de recherche qui
feront l’objet de test et du travail empirique présenté dans la deuxième partie de ce rapport de
thèse.
99
100
Introduction de la deuxième partie
Lors de ce travail de recherche, nous allons adopter le paradigme positiviste. Ce dernier
permet, entre autres, une distanciation par rapport à l’objet étudié, rejette la métaphysique et
se base sur l’expérimentation scientifique pour expliquer des phénomènes et définir les lois
qui les régissent. Notre travail de recherche s’inscrit au cœur de cette approche dans la mesure
où notre objectif est d’expliquer objectivement le phénomène de l’innovation ainsi que les
facteurs qui le favorisent au niveau des laboratoires pharmaceutiques. Une distance par
rapport à l’objet de recherche est également revendiquée. En s’inspirant de l’approche
hypothético déductive, nous allons essayer de quantifier le phénomène de l’innovation et
d’identifier les principaux facteurs qui le favorisent.
L’analyse de la revue de littérature a permis de révéler des résultats déjà prouvés concernant
les facteurs influençant le phénomène étudié tels que les activités de R&D, la structure
organisationnelle, les accords de partenariats…etc. et le phénomène lui-même. La
convergence de ces résultats a permis de formuler les hypothèses que nous allons tester dans
le cadre du présent projet de recherche. A travers l’approche hypothético déductive nous
allons essayer de confirmer ou d’infirmer ces hypothèses de travail. Une étude pré-enquête a
été menée afin de connecter le modèle développé au contexte de l’étude et de faire émerger
d’autres éléments et variables utiles. Des entretiens ont été menés avec des experts de
l’industrie pharmaceutique de différentes organisations et de différentes spécialisations et
profils. La confrontation des avis de ces experts a permis d’enrichir la réflexion sur la
problématique de la recherche.
Nous allons par la suite utiliser l’enquête quantitative pour la collecte de données mesurables
par un questionnaire administré face à face ou par téléphone ou envoyés par e-mail. Nous
nous sommes inspirés des enquêtes sur l’innovation qui sont très courantes dans les pays
faisant partie de l’Union Européenne ainsi que d’autres pays tels que la Suisse, la Norvège,
l’Islande…etc. Ces enquêtes sont organisées dans le cadre des Enquêtes Communautaires sur
l’Innovation (ECI) lancées par la Commission Européenne (CE). L’ensemble des « principes
directeurs proposés pour le recueil et l'interprétation des données sur l'innovation sont
présentées dans le manuel d’Oslo, élaboré dans le cadre des travaux menés par l’Organisation
de Coopération et de Développement Economique (OCDE). A partir de 2005, les enquêtes sur
l’innovation ne se limitaient pas uniquement aux innovations technologiques au sein des
entreprises innovatrices mais englobaient également les innovations organisationnelles et les
innovations de commercialisation.
101
Il est à noter que notre enquête concerne la totalité de la population cible car le nombre des
laboratoires pharmaceutiques qui se trouvent sur le territoire marocain est 49 laboratoires.
Nous n’avons pas procédé par échantillonnage car ce dernier n’a pas de sens statistique dans
notre cas. Nous avons conçu un questionnaire constitué d’échelles de mesure afin de
déterminer le modèle sous-jacent à la réalité et de déterminer les facteurs qui sont derrière le
développement du phénomène étudié à savoir l’innovation. Ce dernier fait appel à plusieurs
connaissances et données existantes dans différents départements au sein d’une même
entreprise, nous avons identifié un point focal dans chaque entreprise dont la mission est de
recueillir les informations requisses auprès des différents services dans l’entreprise ou il
travaille puis renseigner le questionnaire.
Nous avons également mené une étude pré-enquête afin de connecter le modèle développé au
contexte de l’étude et de faire émerger d’autres éléments et variables utiles. Des entretiens ont
été menés avec des experts de l’industrie pharmaceutique de différentes organisations et de
différentes spécialisations et profils. Cette phase a été nécessaire et utile pour la conception de
notre questionnaire. La confrontation des avis des experts a permis d’enrichir la réflexion sur
la problématique de la recherche et d’adapter nos questions au contexte de l’étude.
Ensuite nous allons essayer de modéliser chaque type d’innovation, qui sera considéré comme
une caractéristique dichotomique d'intérêt de réponse binaire en utilisant la régression
logistique. Cette méthode est utilisée dans plusieurs recherches consacrées à la modélisation
de l'innovation. Elle permet la transformation des données binomiales en linéarité. Elle donne
le modèle le mieux adapté qui incorpore la relation entre le phénomène étudié qui est
l'innovation dans notre cas et les variables explicatives sélectionnées pour être incluses dans
le modèle. Elle est reconnue comme une approche convenable pour obtenir des estimations
plus précises des paramètres à estimer.
Dans un premier lieu nous allons procéder par une sélection des variables indépendantes qui
sont statistiquement liées à la variable d’intérêt. Pour se faire, il existe plusieurs tests
statistiques qui le permettent à savoir : le test du chi-deux, le test de Spearman, le test de
Kendall et le test de Kruslal Wallis. Après nous allons examiner les interdépendances entre
les variables explicatives pour éliminer les variables dont la corrélation est forte. Et
finalement nous procédons à la régression logistique en utilisant le logiciel SPSS.
Pour valider le modèle de régression proposé, il est recommandé d’effectuer le test de
significativité, le test de « -2 Log likelihood » ainsi que le test de « Hosmer and Lemeshow ».
102
Ce dernier confirme également la justesse du modèle. Le tableau de contingence et le tableau
de classification seront également utilisés pour valider le modèle de régression.
Cette méthode permet non seulement de tester les hypothèses développées lors de la première
partie du présent travail de recherche mais également d’identifier la combinaison des
variables explicatives qui expliquent le mieux le phénomène étudier et dont la présence
simultanée de ces dernières permet de promouvoir l’innovation.
103
104
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Introduction
Les paradigmes épistémologiques existants perçoivent le rapport entre la réalité et le statut du
chercheur d’une manière différente. Le positivisme, par exemple, considère que cette réalité
est indépendante du chercheur. Le constructivisme et l’interprétativisme par contre, partagent
une vision contextuelle de la réalité et nient l’existence d’une réalité objective. Une chose est
primordiale lors du déroulement d’une recherche est de choisir l’une des approches et de s’y
tenir pour fournir des résultats qui expliquent les présupposés d’une recherche.
Le présent travail de recherche s’inscrit dans une approche positiviste parce que nous
essayons de quantifier le phénomène de l’innovation et d’examiner les principaux facteurs
que le favorisent. En outre, une distance par rapport à l’objet de recherche est revendiquée.
Notre démarche s’inscrit dans le cadre d’une recherche empirique en supposant qu’il existe
des relations de cause à effet que nous cherchons à déterminer. Pour cela, nous avons conçu
un questionnaire constitué d’échelles de mesure afin de déterminer le modèle sous-jacent à la
réalité et de déterminer les facteurs qui sont derrière le développement du phénomène étudié à
savoir l’innovation.
Une étude pré-enquête a été menée afin de connecter le modèle développé au contexte de
l’étude et de faire émerger d’autres éléments et variables utiles. Des entretiens ont été faits
avec des experts de l’industrie pharmaceutique de différentes organisations et de différentes
spécialisations et profils. La confrontation des avis de ces experts a permis d’enrichir la
réflexion sur la problématique de la recherche. Ensuite nous avons élaboré un questionnaire
pour la collecte des données quantitatives sur le phénomène étudié. Ce questionnaire est bâti
sur une progressivité qui implique d’aller du plus simple au plus compliqué. La personne
interviewée se familiarise au début avec les concepts clés qui font l’objet de notre sujet de
recherche à savoir l’innovation de produit, l’innovation de procédé, l’innovation
d’organisation et l’innovation de commercialisation. Puis nous avons enchainé sur des
questions qui permettent de percevoir le degré d’implication de chaque entreprise dans les
innovations technologiques et non technologiques. Nous avons également conçu des questions
qui permettent de mettre en exergue les facteurs les plus importants qui influencent le
développement des innovations au sein des laboratoires pharmaceutiques au Maroc.
Sachant que le questionnaire fait appel à plusieurs connaissances et données existantes dans
différents départements au sein d’une même entreprise, nous avons identifié un point focal
105
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
dans chaque entreprise dont la mission est de recueillir les informations requisses auprès des
différents services dans l’entreprise ou il travaille puis renseigner le questionnaire. De
nombreuses discussions ont été organisées avec le point focal afin de lui expliquer l'objet, le
contenu et les nouveaux concepts du questionnaire. Le questionnaire a été administré en
janvier 2019 et n’a pu être achevé qu’au mois de décembre 2019.
Afin de faciliter l'accès à l'information, nous avons envoyé des lettres officielles aux
principales associations du secteur à savoir l’association « Les Entreprises du Médicament au
Maroc » et au conseil de « l’Ordre des Pharmaciens Fabricants et Répartiteurs » sollicitant
leur collaboration et soutien. Des relances périodiques par e-mail et par téléphones ont été
effectuées afin d’expliquer aux points focaux l’intérêt de collaborer à une telle étude.
Après avoir rassemblé toutes les données, nous avons ensuite procédé à l'analyse des données
en utilisant le logiciel « SPSS » comme outil d’analyse statistique. Nous avons utilisé la
régression logistique pour trouver le meilleur modèle approprié décrivant la relation entre la
caractéristique dichotomique d'intérêt à savoir l’innovation et l’ensemble des variables
indépendantes. Cette méthode statistique est reconnue comme une approche convenable pour
obtenir des estimations plus précises des paramètres à estimer.
106
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
107
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
C'était au début du 20ème siècle que le positivisme a été formellement établi comme une
méthode scientifique dominante par des membres du Cercle de Vienne4. Le positivisme
s’inspire de la théorie cartésienne qui stipule que la raison est le meilleur moyen de générer
des connaissances sur la réalité. Le positivisme s’est inspiré de la méthode déductive de
Descartes (Descartes,1998) qui implique que les événements sont ordonnés et interconnectés,
et donc la réalité est ordonnée et déductible. Il s’est inspiré également de la théorie de David
Hume5 qui présente la réalité comme des évènements atomistiques et indépendants (Dow,
2002). Ce Philosophe pense que le raisonnement logique pourrait nous amener à discerner des
liens inexistants entre des événements se produisant simultanément.
Le paradigme positiviste cherche à expliquer une réalité qui existe. Il est basé sur
l’expérimentation pour arriver à des lois qui régissent un phénomène donné. Le Moigne
(1995), souligne que dans une posture positiviste, il existe deux hypothèses :
Nous présentons ci-après les principaux fondements du positivisme en se basant sur les
différentes contributions consultés (Ahmimid, 2018 ; Bebey et Léon, 2017 ; Quintin, 2012 ;
Velmuradova, 2004 ; Le Moigne, 1995 ; Hume, 1993). Ces principes sont les suivants :
- L’ontologie : La réalité existe. La loi de la nature fait que tout ce qui est découvert par
logique naturelle est vrai.
- L’objectivité : Le chercheur est indépendant de la réalité préétablie.
4
« Le Cercle de Vienne s'est constitué d'abord comme un mouvement de promotion de l’empirisme logique (ou
« positivisme logique »), et s'inscrit dans une double tradition philosophique, celle du rationalisme et celle de
l'empirisme. » Wikipédia consulté en juin 2019
5
David Hume (1711-1776) est un des plus importants penseurs des Lumières écossaises. Son œuvre le plus
connu est le « le traité de la nature humaine »
108
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
- L’univers câblé : Il existe des lois qui régissent les causalités entre les effets et les causes.
- L’expérimentation : elle est au cœur du paradigme Positiviste.
- La logique et la rationalité : Il existe des méthodes qui peuvent vérifier la connaissance à
travers trois règles cartésiennes à savoir l’analyse, la synthèse et le dénombrement.
- La description peut être exhaustive
Piaget (1976), précise que l’esprit humain ne peut pas séparer facilement le connu et le
connaissant. De ce fait, il n’existe pas une réalité unique mais des réalités multiples qui sont le
produit de différentes représentations mentales non figées puisqu’elles peuvent évoluer dans
le temps.
109
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Le rôle de l’enseignant est de penser à des situations et les faire vivre à l’élève. Ce sont ces
situations qui vont construire par la suite chez l’élève un bagage qui nécessite parfois d’être
complété par l’enseignant. L’erreur est perçue comme un point fort chez les constructivistes
car en essayant de la comprendre on pourra agir et donc accompagner le développement
cognitif de l’élève.
Toutefois, il existe des nuances à soulever. Dans une posture interprétativiste, le chercheur va
chercher dans les propos des individus la réalité d’un objet de recherche. Il construit son objet
à partir des entrevues menées (Raffin, 2018). Le chercheur précise dans sa recherche les
moments où il est intervenu pour influencer les personnes interviewées soit par sa présence ou
par ses questions. Dans le constructivisme, le chercheur s’investit dans sa recherche et pour
construire son objet de recherche, il influence les individus et même revendique son influence.
Dans les deux positionnements, le chercheur participe à la construction de son objet de
recherche, la différence est le niveau de participation et le degré de revendication de
l’influence du chercheur par lui-même.
En se référant aux différents auteurs dans le domaine (Raffin, M., 2018 ; Bebey, K. and Léon,
G., 2017 ; Neves, B. and Charles, F., 2016 ; Acha, N., 2015 ; Kerzil, J., 2009), les principes
essentiels du constructivisme et de l’interprétativisme sont :
110
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Notre démarche s’inscrit dans le cadre d’une recherche empirique. Nous supposons qu’il
existe des relations de cause à effet que nous cherchions à déterminer. Pour cela, nous avons
conçu un questionnaire constitué d’échelles de mesure afin de déterminer le modèle sous-
jacent à la réalité et de déterminer les facteurs qui sont derrières le développement d’une
innovation.
Nous allons nous baser sur des méthodes scientifiques et rationnelles pour tester les
hypothèses élaborées. Le test va permettre de mettre à l’épreuve la réalité de l’objet théorique
(Charrière et Durieux, 1999). D’après ce qui précède, la posture épistémologique adoptée
dans le cadre de ce travail est bien positiviste. Reste à définir la méthodologie suivie pour
répondre à la problématique et aux objectives cités précédemment.
111
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
L’approche hypothético-déductive peut concerner la théorie seule et dans ce cas on est dans
une approche abstraite telles que les mathématiques qui partent d’un ensemble d’axiomes
pour en déduire les conséquences logiques. Comme elle peut concerner les sciences
empiriques, et dans ce cas elle associe théorie et pratique dans une séquence bien définie
(Ahmimid, 2018 ; Bebey et Léon, 2017). Voir schéma ci-après :
Il est à noter qu’il existe différents raisonnements qui dépendent des possibilités de recherche
et qui présentent des sources de connaissances à savoir l’induction, l’abduction et la
déduction. Pour le raisonnement inductif, on commence par les faits et on remonte vers la
théorie. C’est le raisonnement « … à partir d’observations de faits particuliers en vue d’en
dégager des propositions générales » (Angers M., 2009). L’abduction est définie par Savall et
Zardet (2004), p 67, comme étant « la seule forme de raisonnement qui puisse générer des
idées nouvelles, la seule qui soit, en ce sens synthétique. L’abduction consiste donc en une
interprétation de la part de l’observateur de la situation étudiée, qui peut même être
112
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
113
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Etant donné que la généralisation des résultats est importante dans le cadre de notre travail de
recherche, la méthode d’échantillonnage non probabiliste est écartée.
L’enquête qualitative quant à elle, est une enquête qui cherche à comprendre ou à expliquer
les motivations des personnes enquêtées. Elle porte généralement sur la collecte de données
verbales non quantifiables et sur un échantillon de petite taille mais elle est conduite en
profondeur. Elle s’enracine dans les approches constructivistes et interprétativistes.
Les enquêtes sur l’innovation sont très courantes dans les pays faisant partie de l’Union
Européenne ainsi que d’autres pays tels que la Suisse, la Norvège, l’Islande…etc. Elles sont
organisées dans le cadre des Enquêtes Communautaires sur l’Innovation (ECI) lancées par la
Commission Européenne (CE) généralement à travers son département Eurostat6. Elles sont
obligatoires car elles dépendent d’un règlement européen.
Le manuel d’Oslo, élaboré dans le cadre des travaux menés par l’Organisation de Coopération
et de Développement Economique (OCDE), présente l’ensemble des « principes directeurs
proposés pour le recueil et l'interprétation des données sur l'innovation » (Manuel d’Oslo,
2005). La première enquête a été menée en 1993. Elle se réalisait toutes les quatre années
jusqu’à l’année 2005 puis tous les deux années (Insee, 2019).
Au début, les enquêtes sur l’innovation concernaient uniquement les entreprises innovatrices.
Par la suite le champ a été élargi même aux entreprises non innovatrices. En outre, elles
concernaient uniquement les innovations technologiques à savoir l’innovation produit et les
innovations de procédés. A partir de 2005, les enquêtes sur l’innovation englobaient
également les innovations organisationnelles et les innovations de commercialisation.
6
“Eurostat est une direction générale de la Commission européenne chargée de l'information statistique à
l'échelle communautaire »
114
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Un listing des enquêtes sur l’innovation menées par la Commission Européenne (CE) est
présenté sur le site de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (Insee).
Tous les détails sur la méthodologie de l’enquête, sur la présentation ainsi que le traitement
statistique sont fournis dans ladite source. L’institut de la statistique de Québec a publié des
exemples du questionnaire menés par la CE ainsi que d’autres exemples d’enquêtes menées
au Canada en 2017 (Institut de la Statistique Québec, 2017).
Nous sommes partis sur un terrain vierge car nous n’avions aucune base de données à laquelle
nous pourrons nous référer pour répondre aux questions soulevées dans le cadre de notre
problématique de recherche. La seule solution possible est la construction de nos propres
données à travers une enquête quantitative conduite au secteur objet de l’étude.
L’enquête quantitative est choisie dans le cadre du présent travail de recherche car elle permet
de collecter des données quantifiables sur une population donnée afin de trouver les causalités
existantes entre les variables dépendantes qui sont les différents types d’innovations à savoir
l’innovation produit, processus, organisationnelle et commerciales et les différentes variables
explicatives prises dans notre modèle conceptuel.
115
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Il est à rappeler que l’objet de notre thèse est la détermination des facteurs qui influencent le
phénomène de l’innovation pharmaceutique au Maroc. Notre population cible est l’ensemble
des laboratoires pharmaceutiques au Maroc. D’après l’Association Marocaine de l’Industrie
Pharmaceutique (AMIP), on dénombre 49 laboratoires pharmaceutiques au Maroc qui sont
concentrées dans la région Grand-Casablanca. On distingue les laboratoires nationaux qui
sont du nombre de 25 et les filiales des multinationales qui sont du nombre de 24.
Etant donné que la taille de la population cible est petite, il est indispensable de la prendre en
sa totalité et de ne pas procéder par échantillonnage car ce dernier n’a pas de sens statistique
dans ce cas. La définition d’un échantillon a du sens quand la population totale dépasse 100.
Nous nous sommes inspirés des questionnaires communautaires sur l’innovation pour
qualifier le comportement des laboratoires pharmaceutiques au Maroc par rapport à
l’innovation ou plus précisément par rapport à chaque type d’innovation. Ensuite nous allons
essayer de déterminer la fréquence de chaque type d’innovation et finalement en se basant sur
les recherches précédentes et sur l’étude exploratoire nous avons introduit dans notre
questionnaire des questions concernant les facteurs favorisant un tel ou tel type d’innovation.
Dans la section IV, paragraphe IV-3 de ce chapitre nous allons revenir en détail pour décrire
le questionnaire conçu dans le cadre de notre thèse ainsi que les échelles de mesures utilisées.
116
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
117
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
118
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Il est à noter que les importations sont soumises à une autorisation préalable du ministère de
la sante. L’industrie pharmaceutique capitalise 60 années de savoir-faire reconnu dans le
domaine et exporte 17% de sa production en médicaments soit, 1,3 Milliards de Dhs en 2019
(AMIP, 2019).
L’industrie pharmaceutique nationale est caractérisée par la présence des sociétés nationales
et des représentants des multinationales installés au Maroc tels que Sanofi Aventis, Bayer,
GSK, Roche et Bottu. Selon l’avis publie par le Conseil de la Concurrence (CC) en 2020
(Conseil de la Concurrence, 2020), l’offre du médicament n’est pas concentrée puisque le
premier laboratoire ne bénéficie que de 11% de part de marche et le deuxième et le troisième
de 8%. Toutefois, ces données sont à relativiser puisqu’une analyse des parts de marche selon
les classes thérapeutiques montre que le marché est oligopolistique sur certaines classes
thérapeutiques (Conseil de la Concurrence, 2020). Le tableau ci-après présente la part du
chiffre d’affaires des laboratoires pharmaceutiques dans les principales classes thérapeutiques.
119
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Tableau 3 : Part de marché des laboratoires selon les principales classes thérapeutiques
Médicaments génériques : c’est une « copie légale » d’un médicament princeps après
expiration du brevet qui le protège. L’article 2 de la loi n° 17-04 du code du médicament le
définit ainsi : « la spécialité générique d’une spécialité de référence qui est considérée comme
une spécialité qui a la même composition qualitative et quantitative en principes actifs et la
même forme pharmaceutique que la spécialité de référence, et dont la bioéquivalence avec
cette dernière a été démontrée par des études appropriées de biodisponibilité. La spécialité
120
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Le générique est avant tout un médicament qui doit répondre aux mêmes normes de qualité,
d’efficacité et d’innocuité que le princeps. Il doit théoriquement faire démonstration de sa
bioéquivalence avec le modèle et il doit, comme les autres médicaments, obtenir une
autorisation de mise sur le marché avant sa commercialisation. Pour pouvoir faire une copie
d’un médicament donné, il faut l’expiration de son brevet. Le schéma ci-après illustre une
comparaison entre ces deux types de médicaments.
c) Circuit de distribution
Par ailleurs, les laboratoires livrent directement près de 10% des produits aux pharmacies. La
même proportion est adressée aux cliniques semi-publiques et aux hôpitaux. Toutefois, des
brèches sont ouvertes au secteur informel, surtout dans les zones à haut risque de trafic et de
contrebande, notamment la zone de sud, les régions frontalières d’Oujda, de Ceuta et de
121
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Melilla. Ce qui peut avoir une incidence dramatique sur la santé publique vu la qualité des
produits contrefaits. Le schéma ci-après présente le circuit de distribution des médicaments au
Maroc.
122
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
La demande publique est représentée par les achats des institutions publics notamment les
Hôpitaux du Ministère de la Santé, CHU, et les Hôpitaux Militaires et passe par une
procédure organisée par le ministère de la santé. Les médicaments princeps représentent 20%
du volume des achats publics, équivalent à 39% en valeur et les médicaments génériques
représentent 79% en volume et 43% en valeur des achats.
L’Accès au médicament est influencé principalement par la couverture sociale qui ne dépasse
pas 69% de la population marocaine, comprenant les bénéficiaires de l’AMO et du RAMED.
31% de la population reste non couverte, ce qui rend son accès au médicament très
compliqué.
- La libéralisation du capital aussi bien dans la fabrication que dans la distribution, ce qui ne
manquera pas d’attirer les investissements nationaux et étrangers. En effet, l’ancien dahir
de 1960 stipule que 51% du capital doit appartenir à un ou plusieurs pharmaciens et 26%
au moins à des pharmaciens autorisés à exercer dans notre Royaume. Par contre avec le
code 17/04, les sociétés pharmaceutiques sont constituées de capitaux libres non
nécessairement pharmaceutiques sous les conditions suivantes :
✓ Le propriétaire doit être pharmacien,
✓ Un pharmacien doit être un des directeurs généraux, soit un des gérants,
✓ Les directeurs techniques et les directeurs commerciaux doivent être des pharmaciens
autorisés,
✓ L’autorisation est accordée après avis du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens
du Maroc (CNOP).
123
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Le prix hors taxe de la spécialité pharmaceutique est fixé sur la base d’une comparaison des
prix de chaque médicament dans un échantillon de 7 pays (Arabie Saoudite, Belgique,
Espagne, France, Portugal, Turquie et en plus le pays d’origine s’il est différents). Au prix
hors taxe fixé, s’ajoutent la marge du grossiste (11%) et celle du pharmacien, telles que
décrites dans le tableau ci-dessous et enfin la TVA.
124
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
✓ Les médicaments Princeps nouvellement introduits sur le marché : le prix fixé est
équivalent au prix fabricant le plus bas dans les pays du benchmark,
✓ Les médicaments génériques : le prix (prix maximum de référence) est fixé sur la base
du prix du médicament princeps réduits d’un taux de décrochage (variable en fonction
du niveau du prix).
Source : décret n° 2-13-852 du 18 décembre 2013, relatif aux conditions et aux modalités
de fixation du prix public de vente des médicaments fabriqués localement ou importés.
125
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Pour une révision du prix dans le cadre de la révision quinquennale de l’autorisation de mise
sur le marché du produit, le prix maximum est fixé comme suit :
✓ Pour les princeps : la moyenne des prix dans les pays du benchmark,
✓ Pour les génériques : la médiane des prix des médicaments commercialisés.
c) Contrôle de Qualité
Par soucis de garantir une bonne qualité du médicament, il y a eu lieu en 1969 de la création
du Laboratoire National du Contrôle des Médicaments (LNCM) par le décret n° 2-72-373 (
BO n° 3212 du 24 avril 1974) relatif à la création du laboratoire national de contrôle des
médicaments et des spécialités pharmaceutiques. Les années 80 sont connues par une
croissance des investissements dans le secteur du médicament (Conseil de la Concurrence,
2020).
126
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
c) Propriété industrielle
Pour ce qui de règlementation sur la propriété industrielle, nous avons déjà présenté les
éléments essentiels lors du chapitre premier (III-3-2) intitulé « place de brevet dans le secteur
pharmaceutique ».
A l’échelle nationale, il a été noté la présence de quelques rapports d’aspect général, qui
concernent la concurrence dans le secteur pharmaceutique et les prix des médicaments comme
le rapport élaboré par le Conseil de la Concurrence.
Par ailleurs, les professionnels du secteur, interrogés au cours de cette phase, ont souligné
qu’aucun rapport traitant le volet innovation dans le secteur pharmaceutique au Maroc
n’aurait été publié. S’agissant de la production académique scientifique qui analyse
l’innovation dans le secteur pharmaceutique au Maroc, d’après nos recherches, il n’y pas
suffisamment de travaux de recherche qui pourraient servir de référence au présent travail de
recherche. Les quelques rapports retrouvés sont cités ci-après :
- L’enquête sur les prix des médicaments réalisée par l'Organisation Mondiale de Santé
(OMS) en collaboration avec le Ministère de la Santé en 2004.
7
Bigpharma= ce sont les plus grands acteurs de l’industrie pharmaceutique comme AstraZeneca,
GlaxoSmithKline, Merck, Pfizer, Roche.
127
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Un guide ainsi qu’une fiche d’entretien ont été élaborés et ont été utilisés pour tous les
entretiens menés afin de capitaliser sur les informations et connaissances échangées pour
mieux les exploiter et pour enrichir le modèle théorique présenté précédemment.
Des experts du secteur publique ont, également été interrogés afin de marier les avis des
professionnels avec ceux des représentants de l’administration public, régulateurs du secteur.
Le tableau ci-après présente la nature des entités visitées ainsi que les profils des personnes
interrogées :
128
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Ministère de la Santé Direction des Dr. Bouchra Chef de service « Dix-huit années
Médicaments et de Benslaoui Activités
la Pharmacie économiques »
Santé. Casablanca
Ensuite, des questions ouvertes, ont été posées aux personnes interrogées afin de recueillir le
maximum d’information sur la pratique de l’innovation au sein des laboratoires
pharmaceutiques. Cette méthode permet de ne pas se limiter à des réponses prédéfinies. Les
129
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
questions posées concernent aussi bien la perception des experts à l’innovation et les
incitations à cette dernière, que les déterminants de l’innovation et les éventuels liens
existants entre ces déterminants et la pratique étudiée.
Cette méthode est utilisée dans l’objectif de tirer pleinement profit de l’expertise de
l’interlocuteur en l’incitant à donner le maximum d’information non seulement sur la question
posée mais à aborder des sujets qui s’y réfèrent. Cette méthode enrichit le contenu et soulève
des idées non prévues par le guide. Elle permet également de dépasser le guide et d’inviter
l’interlocuteur à une confrontation d’idées en exposant les idées développées par d’autres
interlocuteurs.
Les variables du modèle ont également figuré parmi les points discutés avec les experts
interrogés afin de pouvoir, en collaboration avec ces derniers, les contextualiser. Les
discussions menées sur les variables du modèle ont permis de savoir la signification que
donnent nos experts industriels aux variables du modèle ainsi que leurs pertinences. Chose qui
permet d’opérationnaliser les variables du modèle et d’anticiper les questions qui vont figurer
dans le prochain questionnaire, conçu pour recueillir des informations quantitatives, valables à
l’estimation du modèle économétrique développé pour déceler les déterminants de
l’innovation dans les laboratoires pharmaceutiques au Maroc.
a) Guide de l’entretien
Des questions sur le phénomène de l’innovation ainsi que sur les déterminants de ce
phénomène ont été préparées afin d’orienter les discussions menées avec les professionnels du
secteur vers la thématique de la recherche et de mieux cerner le contour de la problématique
de la recherche. L’élaboration de ces questions a permis également d’optimiser le temps
consacré par l’expert interrogé à l’entretien. Un exemple du guide d’entretien élaboré dans
cette phase est joint en annexe numéro 1.
b) Fiche de l’entretien
Des fiches d’entretien ont été conçues pour organiser les informations recueillies. Ces fiches
sont composées d’informations sur l’entité visitée, sur la personne interrogée, au cas où cette
dernière n’exige pas l’anonymat et les différents points échangés lors de l’entretien. Les
citations des personnes interrogées y sont également inscrites.
130
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Entretien numéro : 1
Après avoir demandé plus de détails et d’exemples sur les contraintes juridiques précitées,
la personne interrogée a précisé que l’environnement juridique n’est pas propice à
l’innovation dans la mesure où il n’existe pas un cadre prédéfini et opérationnel qui
permet à la multinationale de lancer des processus R&D en collaboration avec les
universités locales, tout en lui garantissant la transparence qu’il faudrait et un retour sur
investissement. L’engagement des sommes d’argent dans la mise en place des centres de
R&D au niveau des universités nécessite une confiance et un cadre transparent régi par
l’Etat.
Entre l’univers des chercheurs et l’industriel, la présence d’un médiateur qui assure le rôle
d’accompagnement, de fédération et d’orientation de la R&D est fondamental pour
transformer la science en innovation. Et c’est l’Etat qui, à l’instar des pays développés,
assure ce rôle de médiateur.
Les contraintes juridiques soulevées par notre interlocuteur, touchent également d’autres
131
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
aspects. Il s’agit entre autres, des textes qui régissent le secteur pharmaceutique en
général et les procédures d’enregistrement de nouvelles molécules en particulier pour que
celles-ci puissent être commercialisées au Maroc.
Dans ce sens, notre interlocuteur a cité comme exemple les textes qui régissent
l’autorisation de mise sur le marché (AMM). Le texte d’application relatif aux AMM a
pris du retard pour sa définitive mise en œuvre en 2015. Avant cette date, le dossier de
l’AMM prenait plusieurs mois avant d’être validé. Le manque de transparence dans le
traitement de ces dossiers fait que certains dossiers tardaient à être étudiés et pouvaient
même être refusés après plusieurs années d’attente, alors que d’autres prenaient beaucoup
moins de temps. Même chose pour ce qui est du décret relatif aux bio similaire
L’autre point soulevé concerne la diffusion des données épidémiologiques. Sachant que
les données épidémiologiques permettent aux laboratoires de construire des nouveaux
plans de R&D ou de conception de nouveaux médicaments, les professionnels se
plaignent du manque d’information disponible sur ce volet.
Toutes ces contraintes citées par notre interlocuteur, ne font que retarder l’accès du
patient marocain à l’innovation.
132
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
✓ Incitations à l’innovation
En plus de la mise en place d’un système national de l’innovation et de son
opérationnalisation, la personne interrogée a mis l’accent sur les procédures internes qui
favorisent l’innovation. Il s’agit principalement de la structure interne de l’entreprise qui
pourrait être favorable à l’innovation. Sur ce point, elle a précisé que la formation
constitue un axe stratégique pour l’entreprise. C’est un outil qui lui permet de créer un
avantage compétitif certain. Pour cela, des outils très développés ont vu le jour en matière
de déroulement des formations. Le e-learning est l’une des avancées importantes qu’a
connues l’activité de la formation. Il permet, entre autres, de dématérialiser le lieu de la
formation et d’en faciliter l’accès.
Pour ce qui est de la filiale visitée, elle a mis à la disposition de son personnel une offre
de formation variée et adaptée à leurs besoins. Dans ce sens, il existe au sein de la filiale,
des formations obligatoires pour tout le personnel avec un « Reminder » et des formations
optionnelles spécifiques, selon le besoin de chacun.
Une plateforme a été développée dans ce sens. La personne intéressée par une formation,
peut entrer et sélectionner les thèmes et les timings qui lui conviennent. Ce type de
formation a été développé dans le cadre de programme « help your self », pour permettre
à la personne de développer en permanence ses compétences.
✓ Types d’innovation
Sur ce point également, notre interlocuteur a préféré aborder les aspects de l’innovation et
non le degré de l’innovation puisque la R&D se fait ailleurs et les produits de haute
technologie sont importés via la filiale. Au Maroc, la filiale investit plus dans la force de
vente et dans la promotion. En effet, des avancées énormes ont vu le jour en matière de
digitalisation de la vente et de la promotion médicale.
Ce point a suscité en particulier notre attention pour enchainer sur la place que revêt les
Technologies de l’Information et des Télécommunications (TIC) dans ce secteur.
133
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
✓ Structure de l’entreprise
L’entrevue s’est terminée par une question sur la structure de la filiale. Sur cette question,
la personne interrogée a précisé qu’au sein de la filiale, il y a une structure mixte qui
combine les deux modes de fonctionnement, hiérarchique et fonctionnelle. Le rôle des
134
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Citations :
8
Task forces : les compétences qui sont couramment pertinents et complémentaires
135
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Entretien n°2
Sothema
Mme. Najla El Hany Maalal Directrice Innovation
« La raison d’être de l’entreprise » est de ramener des solutions aux patients marocains, et
l’innovation est le moyen qui nous permet d’atteindre cet objectif, telles sont les
déclarations des expertes interrogées. L’innovation est inscrite dans la stratégie globale de
l’entreprise et « nous cherchons toujours à présenter des produits différents à ce qui
existe sur le marché national » et à challenger la maladie quelle qu’elle soit sa complexité.
Les personnes interrogées ont précisé que leur démarche d’innovation s’inscrit dans des
136
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
modèles de rupture, pour « une ère thérapeutique nouvelle » tout en gardant les anciens
modèles qui se basent sur l’exploitation de l’existant. En effet, la société a pu fabriquer
localement des produits de hautes technologies et elle est même arrivée à les exporter.
Elle ne s’est pas contentée uniquement de l’importation des produits innovants. Mieux
encore, elle a réussi la fabrication de cette catégorie de produit sur le territoire national en
créant de la richesse et en participant à « l’endogénéisation » de l’industrie nationale.
Toutefois, des innovations incrémentales sont mises en place par la société. Ces
innovations trouvent leur source et découlent de l’innovation radicale, innovation mère,
qui leur ouvre la voie de l’amélioration de la découverte d’origine. De ce fait, le
portefeuille de Sothema contient également des produits classiques et des médicaments
génériques.
S’agissant des formes de l’innovation adoptées par l’entreprise, nos expertes ont souligné
que l’innovation ne s’est pas limitée uniquement au produit, elle a également concerné les
procédées de fabrication via l’automatisation des lignes de fabrication et l’utilisation des
technologies de pointe dans le processus de fabrication. Les méthodes de
commercialisation et les services client ont également été transformées et digitalisées
grâce à l’utilisation des TIC.
✓ R&D
Les expertes interrogées ont souligné que les TIC sont utilisées comme un moyen pour la
137
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
En plus des lignes de fabrication qui ont été automatisées et de la promotion et de la force
de vente qui ont été digitalisées, la formation a également connu un ajustement en
adoptant la transformation digitale. En effet, le digital et les TIC présentent des outils
pour l’entreprise pour former plus vite et plus massivement.
La société se sert également des réseaux sociaux pour extraire les informations
stratégiques pour ses politiques de commercialisation et pour analyser les feedbacks du
corps médical.
✓ Déterminants de l’innovation
Les expertes interrogées ont mis l’accent sur trois facteurs fondamentaux pour favoriser
l’innovation dans leur entreprise :
138
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Toutefois, il a été signalé que la majorité des laboratoires internationaux qui détiennent
les produits innovants, refusent de conclure des contrats de transfert de technologie pour
la fabrication des médicaments innovants au niveau local puisqu’ils tablent sur ces
derniers pour maximiser leurs profits et pour se positionner sur le marché mondial. Au cas
où un laboratoire national réussit à signer avec un laboratoire international un accord de
transfert de technologie et de compétences techniques pour la fabrication d’un
médicament au Maroc, le contrat contient généralement des dispositions qui limitent
l’exportation du médicament concerné sur uniquement quelques marchés.
Il est à signaler que dans ce cas, le produit n’appartient pas à Sothema. Cette dernière
exploite sa capacité de fabrication et son savoir-faire pour fabriquer le médicament et
l’exporter au donneur d’ordre.
Toutefois, Sothema exporte ses propres produits qui sont généralement des médicaments
génériques aux pays d’Afrique et aux pays du Golf.
Un accord de partenariat est en cours d’élaboration pour la création d’une cellule R&D au
sein d’une université marocaine. Cet accord consiste en la mise en place d’un dispositif de
formation dans différents domaines liés à la santé humaine.
Un accord de partenariat est conclu a été 2012 avec l’école ESCA pour la formation des
pharmaciens. Le contenu de la formation s’articule autours des volets gestion de la
pharmacie, comptabilité et finance.
139
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Sur le volet formation, le capital humain bénéficie d’une part des formations déployées
par le commettant et qui touchent tous les intervenants du cycle de vie du produit. Ces
formations consistent en le transfert de technologie et du savoir-faire technique. D’autre
part, la société Sothema met à la disposition de son personnel un plan de formation annuel
qui est en concordance avec les projets menés au sein de l’entreprise.
Toujours dans le volet des déterminants de l’innovation, une autre question a été
soulevée. Elle concerne les processus mis en œuvre pour capitaliser sur les connaissances
existantes pour en faire un apprentissage organisationnel. Les personnes interrogées ont
expliqué qu’en plus des cellules de veille mises en place et des procédures utilisées pour
le traitement et l’exploitation des informations recueillis, il y a lieu de souligner que la
formation est l’un des meilleurs outils utilisés pour consolider la mémoire de l’entreprise.
4- Structure de l’entreprise
Les expertes interrogées ont souligné que la structure de l’entreprise est hiérarchique avec
la présence de comités spécialisés dans différents domaines. Il s’agit entre autres, du
comité gouvernance, du comité de gestion et du comité opérationnel. Plusieurs
interactions existent entre les différents pôles et comités.
En plus des pôles et des comités, des équipes projets sont constituées à chaque fois que de
nouveaux projets sont identifiés.
Selon les experts interrogés, la société Sothema a bénéficié à deux reprises des
140
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
- « Nous cherchons toujours à présenter des produits différents à ce qui existe sur le
marché national »
141
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Entretien n°3
Par ailleurs, il existe des laboratoires nationaux qui ont pu développer leurs propres
molécules. Il y en a même ceux qui sont en cours de fabrication des médicaments issus de
la biotechlogie grâce à des accords de partenariat conclus avec des laboratoires
internationaux.
En outre, la personne interrogée a souligné que la décision d’innover ou pas est liée au
financement. La découverte et le développement d’une nouvelle molécule nécessite des
montants colossaux dont les laboratoires nationaux ne sont généralement pas en mesure
d’assurer. C’est pour cela qu’ils sont plus présents dans le segment des médicaments
génériques.
142
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
l’une des stratégies de ces laboratoires pour financer leurs innovations : « Si vous
constatiez des rapprochements entre laboratoires pharmaceutiques à l’échelle mondiale,
c’est pour financer leurs innovations ». L’industrie nationale est également impactée par
ces rapprochements vu la présence des filiales des multinationales sur le territoire
national.
Il a été rappelé que le gouvernement marocain a entamé une série de baisse de prix des
médicaments que les industriels ne cessent de manifester son impact sur leurs trésoreries
et sur l’accès au marché marocains de nouvelles spécialités pharmaceutiques. Cette baisse
a concerné, jusqu’à la date du présent entretien, environ 1600 médicaments.
✓ Investissement en R&D
Pour enchainer sur la question des prix des médicaments, une question a été posée sur
l’impact de ces baisses ou généralement de la politique des prix des médicaments au
Maroc sur l’attractivité du marché national par rapport aux investissements,
spécifiquement en R&D. La personne interrogée a souligné que le prix joue évidement un
rôle important pour l’incitation à l’investissement en R&D mais il y a également la
capacité du marché qu’il ne faut pas négliger. La taille du marché national est petite,
comparée à l’Egypte ou des pays de l’Afrique, chose qui impacte et les investissements en
R&D.
Ce facteur « taille », incite les laboratoires nationaux à chercher d’autres débouchés où ils
143
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
peuvent commercialiser leurs produits. Plusieurs, parmi eux exportent des médicaments
vers l’Afrique et certains pays de Golf.
✓ Incitations à l’innovation
Une question a été posée sur les mesures entreprises par le gouvernement marocain pour
encourager l’investissement dans ce secteur. La personne interrogée a souligné que ce
dernier a mis en place un plan d’accompagnement financier dédié aux investissements
industriels. Il concerne la prise en charge partielle de certains frais de mise en place de
l’investissement. Les laboratoires pharmaceutiques sont parmi les bénéficiaires de ce
programme. La personne interrogée a proposé de consulter sur ce point un responsable du
Ministère de l’Industrie pour avoir plus de détail.
Pour l’octroi de l’AMM, l’industriel doit déposer un dossier comportant des informations
sur la qualité, l’efficacité et la sécurité pharmaceutique du produit. La préparation de ce
dossier par l’industriel nécessite la présence d’une personne ressource compétente dans
les procédures administratives et juridiques. Même constat a été fait pour la préparation
du « dossier prix » pour la fixation ou l’homologation du prix du médicament et
également pour la préparation du « dossier de remboursement ».
Par ailleurs, le secteur est menacé par la concurrence des importations surtout avec l’essor
des médicaments issus de la biotechnologie et l’apparition de nouvelles maladies dont les
144
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Toujours pour évaluer la concurrence dans le secteur, une question a été posée à propos
de la présence de certains médicaments jouissant d’une situation de monopole. La
personne interrogée a signalé qu’il existe sur le marché national des médicaments qui
bénéficient d’une situation de monopole surtout concernant certaines classes
thérapeutiques telles que la cancérologie et le psychotrope.
145
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Entretien n°4
Toutefois, il est à noter que l’industrie locale a réalisé une grande avancée par rapport au
pays voisins. En effet, la production locale couvre plus de 60% de la demande nationale et
elle a même développé un potentiel pour l’exportation.
146
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
le budget alloué à la recherche est presque équivalent au PIB d’un pays comme le nôtre.
Par contre, il existe un champ que les laboratoires nationaux pourront occuper en
fournissant davantage d’efforts en la matière. Il concerne les essais cliniques. En effet, la
R&D dans le cadre des essais cliniques est un domaine très demandé par les
multinationales qui cherchent à le délocaliser. Le Maroc pourrait très bien se positionner
sur ce créneau.
Un autre créneau où le Maroc pourrait également exceller est le domaine des plantes
médicinales. C’est un marché émergent et représente une nouvelle tendance de la
demande. L’Afrique en général et le Maroc en particulier ont le potentiel nécessaire pour
percer ce domaine.
Un autre élément qui influence également l’innovation a été soulevé, consiste au rôle que
joue la structure de l’entreprise dans l’encouragement de l’innovation. A défaut de
moyen, les laboratoires nationaux sont malheureusement restés axés sur des fonctions
classiques telles que la fabrication, les essais cliniques et le contrôle. Mettre en place des
unités de R&D au sein de ces laboratoires et les renforcer par des compétences
technologiques et humaines permettrait d’identifier de nouveaux chantiers à explorer et de
développer des innovations, pas nécessairement de rupture mais qui pourraient avoir un
apport thérapeutique important.
147
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Entretien n°5
Le marché national était dominé par les médicaments princeps. Le début des années 90
verra un important assaut des médicaments génériques et l’installation des premiers
génériqueurs ( à part les laboratoires Laprophan qui avaient introduit les premiers
génériques dès les années 70 à côté de quelques rares génériques introduits par quelques
multinationales). En effet, le Maroc ne sort pas du schéma international car l’accès au
marché des génériques n’est devenu facile qu’à partir des années quatre-vingt et surtout
quatre-vingt-dix avec l’adoption de la loi américaine « Hatch- waxman ».
A partir de l’année 1992, des laboratoires nationaux vont se construire pour la fabrication
des médicaments génériques. Toutefois, le marché des génériques est resté limité à
certains rares segments (appareil digestif, antibiotiques, antalgiques et antiinflammatoires
148
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Le marché des spécialités cardiologiques est resté épargné jusqu’aux années deux milles.
Les derniers segments qui ce sont mis aux génériques sont le psychotrope et la
cancérologie et l’hépatologie.
Il existe des médicaments qui bénéficient d’une situation de monopole au Maroc. Ceci est
dû au fait que la majorité de ces médicaments sont des médicaments issus de la
biotechnologie. C’est le cas aussi de certains médicaments princeps chimiques encore
couverts par un brevet.
L’expert interrogé a promis de partager la liste de ces médicaments au cas où l’intérêt sera
porté, dans une phase ultérieure du présent travail de recherche sur l’analyse
concurrentielle du marché
149
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Les laboratoires pharmaceutiques au Maroc sont bien avancés sur tout ce qui est
innovation marketing et tout ce qui concerne implémentation des TIC dans ce domaine.
L’informatique et la constitution des bases de données rassemblant des informations
détaillées sur les prescripteurs et sur les consommations des médicaments permettent de
conserver ou d’améliorer leurs positions sur leurs marchés cibles.
Le segment des plantes médicinales est un axe porteur pour l’extraction de nouveaux
principes actifs, mais les industriels marocains préfèrent rester sur les formules et les
molécules chimiques et semblent dédaigner ces marchés.
Cela dit, la culture de l’entrepreneur dans ce secteur fait que ce dernier ne croit pas que
son entreprise peut faire de la recherche. « C’est une culture de fatalisme qui s’intéresse
plus aux résultats financiers qu’à l’innovation ».
Même quand il y a un surplus d’argent, ils préfèrent l’éjecter dans des fondations
caritatives au lieu de financer des travaux de R&D au niveau des universités.
150
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
✓ R&D
Plusieurs laboratoires pharmaceutiques ont mis en place, à leur niveau, des unités de
R&D. Toutefois, ils se limitent à tout ce qui est « Développement » et amélioration
galénique mais certainement pas la « Recherche pharmaceutique » dans le véritable sens
du terme.
Cependant, au niveau des universités les chercheurs marocains arrivent, dans certains cas
à faire des « inventions ou innovations » qu’ils n’arrivent malheureusement pas à breveter
vu les coûts élevés mais aussi par ignorance des notions de propriété industrielle et
commerciale.
Seules les grandes structures peuvent supporter ces coûts. Le manque d’un système qui
protège les innovations au niveau des centres de recherche installés au niveau des
universités fait que les étudiants marocains se font souvent voler leurs innovations par
d’autres entités le plus souvent étrangères.
L’absence des investisseurs particuliers appelés « capital risqueur » qui parrainent les
chercheurs au niveau des universités est un autre facteur qui ralentit le processus de
l’innovation. C’est ce genre de mécanismes qui permettent la transformation de
l’invention à l’innovation via la création des Start up.
Le chercheur marocain travaille en isolation et ils sont très rares les cas où son invention
se concrétise et soit commercialisable. Malheureusement, il n’existe pas de véritables
ponts entre l’université et l’industrie. L’industrie ne s’intéresse pas aux recherches en
sciences fondamentales et les chercheurs n’ont pas toujours une vision pratique et
pragmatique de la finalité de leurs recherches.
151
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
✓ Environnement juridique
L’environnement juridique n’est pas clair et les textes réglementaires ne sont pas
explicites. Les décrets pharmaceutiques produits au cours de ces dernières années
présentent souvent d’importantes failles et sont souvent totalement inapplicables.
Le texte sur les bio similaires en est une simple illustration de ce constat et le cas du
décret sur la bioéquivalence est encore plus grave. Ce dernier ne contient aucune
disposition qui précise où le laboratoire doit certifier les tests de bio équivalence. Ce
manque de clarté est un frein à l’innovation.
Les laboratoires pharmaceutiques ont tous des entités de veille spécialisées dans la veille
concurrentielle. Ce qui leur permet d’accéder à l’information disponible dans leur
environnement et d’être à jour. Ils investissent également dans la veille scientifique et
médicale qui leur permet d’avoir un retour sur expérience du patient.
En outre, l’utilisation accélérée des TIC a permis des innovations dans la promotion et
dans le domaine du marketing. La digitalisation a apporté des choses extraordinaires dans
ce secteur. On arrive maintenant à déceler les centres d’intérêt des prescripteurs et
analyser leurs personnalités, choses qui facilitent leur fidélisation et renforcent la force de
vente.
152
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
recherche. Ces éléments ont été développés dans les fiches des entretiens présentées
précédemment et sont synthétisés dans la présente partie.
L’étude des fiches des entretiens, montre qu’il serait intéressant de séparer dans notre analyse
du secteur pharmaceutique entre les filiales des multinationales et les laboratoires marocains,
puisqu’elles ont différents caractéristiques et objectifs.
a) Activités de R&D
L’activité R&D ainsi que le développement d’une nouvelle molécule se réalisent
généralement dans les sociétés mères ou dans le cadre d’un partenariat entre ces dernières et
des laboratoires de recherche externes. Les filiales des multinationales présentes au Maroc se
limitent généralement à des processus de fabrication classiques de médicament ou à la
commercialisation des produits importés de la société mère. Toutefois, ces filiales investissent
plus dans leurs politiques de commercialisation et de promotion pour se positionner sur le
marché local. Elles investissent également dans la structure interne de la filiale pour qu’elle
s’aligne sur la stratégie globale de l’entreprise mère et pour faciliter l’accès au marché des
nouveaux produits lancés par cette dernière.
Par ailleurs, même si les innovations produites chez les filiales des multinationales se font au
niveau central, ce type d’innovations nécessite d’être accompagnés par des changements
organisationnels pour s’adapter aux nouveaux processus de fabrication qui, dans certains cas,
se déroule au niveau local. Des changements dans le processus de commercialisation sont
également imposés à la filiale pour permettre aux produits importés ou fabriqués localement
de se positionner sur le marché national.
153
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Schéma 29 : Répercussion des activités de R&D sur les filiales des multinationales
Pour cela l’accent a été mis par nos interlocuteurs sur le traitement du phénomène de
l’innovation en termes d’aspects à savoir innovation produit, innovation procédé, innovation
organisationnelle et innovation de commercialisation plutôt qu’en termes de degré de
l’innovation.
Les efforts des filiales en innovation concernent généralement la force de vente, la maitrise
des procédures administratives et l’investissement aux compétences internes.
b) Environnement juridique
L’environnement juridique est perçu par les multinationales comme instable et imprévisible.
Il présente un blocage à l’innovation pour ces dernières. La distance qui sépare l’industrie des
universités est très grande et les relations entre universités, gouvernement et industrie ne sont
pas bien définies pour former un système national d’innovation.
154
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Un benchmark avec d’autres pays, montre que ces derniers ont pu mettre en place un système
appelé « Triple hélice » qui définit et modélise les relations entre universités, gouvernement
local et industrie. Le concept de triple hélice consiste à amener l’université à « jouer un rôle
économique majeur parce qu’il leur est demandé à la fois de créer un « contexte industriel »,
de jouer un rôle de quasi-gouvernement en indiquant les opportunités scientifiques ou
technologiques à exploiter, de jouer le rôle d’un organisateur local ou régional de milieux
innovateurs lorsque ce n’est pas celui d’une tête de réseau national de réseaux d’innovation »
(Drobot et al., 2010). Ce modèle est encore à ses débuts début au Maroc.
a) Activité de la R&D
Les laboratoires marocains se limitent généralement, à la fabrication des médicaments sous
licence, au façonnage des médicaments ou à la fabrication des médicaments génériques. Le
développement d’une nouvelle molécule relève de l’exception et ne concerne que quelques
laboratoires. Ensuite ces nouvelles molécules développées, constituent une base pour le
développement d’autres molécules qui sont généralement des extensions ou des améliorations
apportées à l’ancienne molécule qualifiée de « révolutionnaire ». Ces améliorations revêtent,
entre autres, la forme d’une nouvelle indication, une nouvelle forme ou un nouveau dosage.
C’est-à-dire que l’entreprise concernée par cette innovation reste dans une logique
d’optimisation de son investissement initial avec une faible probabilité de se lancer dans des
nouveaux projets d’innovation.
Toutefois, la fabrication des médicaments princeps sous licence n’est pas à sous-estimer. Elle
exige, entre autres, la maitrise des procédés de fabrication, la présence d’une main d’œuvre
qualifiée, des équipements de haute technologie, de la technologie et des modes de
management innovants.
Les entrevues avec les experts du secteur nous ont permis de constater que les industriels du
secteur ont pu développer des compétences techniques et managerielles qui permettent
l’augmentation des capacités de production et d’optimisation des coûts. Ils ont pu, également
mettre en place des nouvelles techniques et d’installer des technologies qui ont permis un
155
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Les laboratoires nationaux ont su, dans certains cas saisir des opportunités à l’échelle
internationale pour développer des molécules innovantes au Maroc. Il est à citer comme
exemple les deux laboratoires marocains Sothema et Pharma 5 qui ont permis aux patients
marocains d’accéder à l’innovation à des prix compétitifs.
L’analyse de la phase exploratoire fait également ressortir un autre élément important qui
consiste en le rapport entre la fabrication des génériques et l’innovation. En effet, parmi les
experts interrogés, il y a ceux qui perçoivent la fabrication de certains génériques comme une
« innovation relative ». Les fabricants des médicaments génériques procèdent à des
améliorations galéniques importantes et arrivent dans certains cas à mettre sur le marché des
médicaments sous des nouvelles formes qui n’existaient pas auparavant dans le médicament
princeps. D’où l’intérêt d’étendre l’analyse du phénomène de l’innovation aussi bien aux
princeps qu’aux génériques.
Les partenariats pour la fabrication sous licence sont également très importants dans ce
secteur. Elles permettent d’établir des liens entre les multinationales et les laboratoires locaux.
Ces liens permettent à leur tour la transmission de la connaissance technique, managerielle,
commerciale, …etc.
Des contrats de façonnage peuvent être également conclut avec les laboratoires
internationaux. Ce type de partenariat pourrait permettre un transfert de savoir et de
connaissance qui, une fois capitalisé pourrait donner lieu à des innovations de produit dans
d’autres domaines. Il pourrait également avoir un effet positif sur l’organisation de
l’entreprise en l’aidant à s’aligner et à se mettre à jour avec les standards internationaux les
plus récents.
156
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
c) Aides publiques
Le gouvernement marocain a signé un contrat programme avec les industriels
pharmaceutiques dont l’objectif est le développement de cette industrie tout en travaillant sur
deux aspects à savoir la fabrication et l’activité R&D dans ce secteur (contrat programme
pour le développement du secteur de l’industrie pharmaceutique, 2013).
En effet, selon les dispositions de ce contrat programme, le Maroc aspire à mettre en place
une plateforme pour l’accueil et le développement des activités R&D qui seront en mesure de
satisfaire la demande des laboratoires internationaux qui ne cessent d’externaliser ces
activités.
Il a été affirmé lors des entretiens menés que certains laboratoires marocains bénéficient des
aides de l’Etat pour lancer des nouveaux investissements, chose qui pourrait impacter leur
degré d’engagement dans des projets de R&D et d’innovation.
III-3.3. Des éléments valables pour les filiales et pour les laboratoires nationaux
Lors de l’analyse des fiches d’entretien, nous avons fait une distinction entre les laboratoires
nationaux et les filiales des multinationales. Toutefois, nous avons constaté l’existence des
éléments communs et des observations qui sont valables pour les deux.
a) La perception de l’innovation
Les entretiens menés lors de la phase exploratoire ont permis d’orienter l’analyse du
phénomène de l’innovation dans le secteur pharmaceutique au Maroc vers les différents
aspects et formes de l’innovation et non vers le degré de l’innovation.
Par ailleurs, et comme il a été déjà signalé, bien que le positionnement des laboratoires
pharmaceutiques au Maroc en termes d’innovations technologiques reste timide, ces derniers
ont pu développer des innovations organisationnelles et de commercialisation pour répondre
157
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
aux prérequis exigés par les laboratoires internationaux lors de la conclusion des accords de
partenariat.
Le manque de moyens financiers ainsi que l’absence de compétences technologiques ont fait
que la fonction marketing a pris le dessus sur les autres formes d’innovation dans l’industrie
pharmaceutique au Maroc. C’est un constat identique pour tous les laboratoires
pharmaceutiques nationaux opérants dans les pays à revenu intermédiaire.
b) La structure de l’organisation
Les entretiens menés montrent que sortir du schéma hiérarchique favorise l’innovation. Les
équipes projets au sein des laboratoires nationaux ou les « Task force » constituées au sein de
certaines filiales aident à stimuler la force de proposition et à challenger l’environnement en
ramenant de nouvelles méthodes de fabrication, de gestion et de commercialisation.
c) La formation
L’accent a été mis sur la composante formation par la majorité des experts consultés. Ces
derniers estiment qu’elle joue un rôle fondamental pour stimuler l’innovation que ce soit pour
les laboratoires nationaux ou pour les filiales des multinationales. Pour ces dernières, elle est
plus orientée vers les méthodes de commercialisation et de la force de vente.
En outre, comme il a été développé dans les précédentes parties, la dépendance des
biotechnologies de l’informatique fait que les laboratoires nationaux qui commencent à être
initiés à la fabrication des médicaments issus de la biotechnologie, feront de plus en plus
appel aux TIC.
La phase exploratoire vient pour contextualiser le modèle et les hypothèses formulées. Elle a
montré la pertinence des variables choisies et des items relatifs à ces variables. Comme nous
l’avons développée avant, la phase exploratoire a également permis de relater d’autres
variables latentes et de finaliser le modèle développé.
158
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Des outils de collecte de données seront utilisés (dans notre cas un questionnaire) pour
permettre une évaluation effective et authentique des relations qui pourraient exister entre le
phénomène étudié (variable dépendante) et les facteurs qui le favorisent (variables
explicatives). L’analyse et les tests statistiques permettront par la suite de confirmer les liens
existants entre les variables explicatives et la variable dépendante et de valider le modèle
théorique établi. Si, au contraire les résultats infirmeront ces liens, alors le modèle est à revoir
de telle façon qu’il pourra expliquer un grand nombre de situations particulières.
159
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Partant d’hypothèses, notre questionnaire tente de dégager des relations de cause à effet ayant
trait au phénomène étudié ainsi que des données quantitatives qui seront traitées par la suite
par des outils statistiques afin de confirmer ou infirmer les relations supposées entre les
variables.
Notre questionnaire est bâti sur une progressivité qui implique d’aller du plus simple au plus
compliqué. La personne interviewée se familiarise au début avec les concepts clés qui font
l’objet de notre sujet de recherche à savoir l’innovation, l’innovation produit, l’innovation
procédé, l’innovation d’organisation et l’innovation de commercialisation puis nous
enchainons sur des questions qui permettent de percevoir le degré d’implication de chaque
entreprise dans chaque type d’innovation.
Notre questionnaire respecte également une succession logique des questions en commençant
par la perception du phénomène étudié à savoir l’innovation pharmaceutique avec ses
différents types puis la recherche des facteurs qui influencent ce phénomène.
La rédaction du questionnaire s’est faite en se basant sur les points abordés dans le guide
d’entretien élaboré lors de la phase pré-enquête. Sauf que ce dernier est constitué des
questions ouvertes afin de comprendre la perception des experts interviewés du phénomène
étudié et des facteurs qui l’influencent alors que l’objet du questionnaire est la collecte de
données quantitatives qui permettent de confirmer ou d’infirmer les hypothèses développées.
Il est constitué de deux grandes parties. Une partie concerne la collecte de donnée relatives
aux variables dépendantes à savoir l’innovation de produit, l’innovation de procédé,
l’innovation commerciale et l’innovation d’organisation. En s’inspirant des questionnaires
communautaires de l’innovation et des directives du Manuel d’Oslo, nous avons conçu des
questions qui permettent de savoir si l’entreprise a pu développer un tel ou tel type
d’innovation et avec quel degré de fréquence.
160
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Pour avoir une idée sur les obstacles de l’innovation dans un contexte pareil au notre, nous
avons terminé notre questionnaire par une question qui concerne la détermination des
principaux obstacles de l’innovation.
Binaires
Qualitatives Nominales
Types de Ordinales
variables
Discretes
Quantitatives
Continues
Les variables à expliquer dans le modèle de régression logistique sont qualitatives à savoir
l’innovation produit, l’innovation procédée, l’innovation organisationnelle et l’innovation de
commercialisation. Les variables explicatives utilisées sont majoritairement qualitatives dont
les échelles de mesures sont soient nominales ou ordinales.
161
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
L’analyse des variables qualitatives diffèrent de celle des variables quantitatives. Pour mettre
en évidence les liens existants entre les variables quantitatives il existe de nombreux tests
paramétriques tels que le test de khi deux et ses dérivés. Pour étudier les corrélations entre
variables quantitatives, nous utilisons le test de corrélation de Pearson qui est un test
paramétrique qui sert à croiser deux variables quantitatives discrètes ou continues. Cette
corrélation est exprimée par un coefficient qui varie entre -1 et 1 et qui indique le sens et
l’intensité de cette liaison.
Pour les variables qualitatives où les modalités sont dénombrables et ordonnées, nous
utilisons le tableau de contingence comme outil d’analyse des éventuelles associations entre
les variables. Ce dernier permet de croiser les modalités de deux variables et sert à étudier la
dépendance entre deux caractères. Les données du tableau de contingence sont présentées
comme suit :
(nl.) et (n.c) sont les effectifs marginaux. « n.. » = n est l’effectif total
Les profils lignes sont définit comme suit nlc /nl.. De même, les profils colonnes sont définis
par le rapport nlc/n.c. on est à la présence des variables qualitatives indépendants si les profils
lignes identiques. L’indépendance entre X et Y se traduit par : (n.c* nl.)/n= nlc
L’évaluation de l’écart entre (n.c* nl.)/n et nlc permet de mesurer l’indépendance des caractères
X et Y.
162
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Dans son ancienne version, le cadre conceptuel présenté par ce manuel a montré ces limites
dans la mesure où d’un côté, il est plus focalisé sur l’industrie, sans traiter les innovations de
service et de l’autre côté présente uniquement les innovations technologiques en ignorant les
autres formes de l’innovation.
En outre, la mesure de l’innovation se basait sur deux principaux indicateurs, à savoir les
dépenses de R&D et les brevets. Ces deux types de mesures ont été abandonnées vu leurs
limites et que d’autres façons de faire ont été mise en place pour la mesure de l’innovation.
163
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
En effet, les dépenses en R&D ne peuvent pas être assimilées à l’innovation car elles
représentent un input aux activités de l’innovation et peuvent ne pas aboutir à des innovations
qui peuvent être utilisées et commercialisées (Manuel d’Oslo, 2005 ; Pamukçu et Michele,
2001).
Pamukçu, T, Michele C (2001) soulignent que les dépenses de R&D ne peuvent pas être
confondues aux dépenses des activités de l’innovation car « ces dépenses ne constituent pas la
principale partie des dépenses consacrées aux activités d’innovation ».
Dans le même sens, d’autres auteurs mettent l’accent sur la limite d’utiliser le brevet comme
instrument de mesure de l’innovation. Tidd (2000), explique que le fait de considérer le brevet
comme moyen de mesure risque de fausser l’analyse car il existe beaucoup d’entreprises qui
ont développé des innovations et qui ont préféré d’adopter une stratégie de secret. En outre,
ces deux auteurs expliquent qu’il existe beaucoup de brevets qui ont été déposés mais qui
n’ont pas atteint les stades de test et de développement.
Dans sa version récente apparue au cours des années 2005, le manuel d’Oslo présente des
principes directeurs pour le recueil et l’interprétation des données relatives à l’innovation. Il
couvre les innovations technologiques et les innovations non technologiques à savoir les
innovations organisationnelles et les innovations commerciales. Il couvre également les
industries manufacturières, le secteur primaire et les services. Par contre, les innovations dans
le secteur public n’ont pas été abordées vu la non-maitrise des processus d’innovation
(Manuel d’Oslo, 2005).
Le manuel d’Oslo a permis d’abandonner les anciens indicateurs pris pour la mesure de
l’innovation et propose une mesure de l’innovation en tant qu’output. En effet, ils sont
considérés comme des innovations, les nouveautés de produit, de procédé, d’organisation et
de commercialisation qui ont été mise en œuvre par une entreprise. Ces dernières présentent
les variables dépendantes dans le modèle utilisé :
164
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
165
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Pourcentage
Structure - Utilisation des fiches de poste écrites, Ordinale
organisationnelle
pour toutes les catégories d'employés au
sein de l’entreprise
- Utilisation de politiques et procédures
Ordinale
écrites pour guider les actions des
employés
- Décisions prises à quel niveau : top
Ordinale
management, département concerne ou
équipe concernée
166
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
167
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
D’autres questions sont fournies dans le questionnaire qui concernent les caractéristiques de
l’entreprise et qui portent sur la nature de l’entreprise (une filiale ou laboratoire national), le
chiffre d’affaires, la fonction de la personne interviewée …ces données seront utiles dans
l’analyse descriptive des résultats.
Ce logiciel est constitué de quatre principales parties à savoir la partie dédiée au design du
questionnaire, la partie distribution et collecte de données qui permet de choisir le mode
d’administration du questionnaire, la partie Data qui permet le paramétrage des données et la
168
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
présentation des réponses codifiées et finalement la partie analyses qui permet de fournir
certaines méthodes d’analyse statistiques à savoir l’analyse multi variée ou l’analyse en
composante principale :
Partie design
169
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Partie Data :
L’intérêt de ce logiciel est la simplification de la gestion des données via la saisie des
réponses en ligne et la présentation et l’analyse des résultats.
Afin de faciliter l'accès à l'information, notre unité de recherche a envoyé des lettres
officielles aux principales associations du secteur à savoir l’association « Les Entreprises du
Médicament au Maroc » et au conseil de « l’Ordre des Pharmaciens Fabricants et
170
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Sachant que le questionnaire fait appel à plusieurs connaissances et données existantes dans
différents départements au sein de la même entreprise, nous avons pensé à identifier un point
focal dans chaque entreprise dont la mission est de recueillir les informations requises auprès
des différents services dans l’entreprise ou il travaille puis renseigner le questionnaire. De
nombreuses discussions ont été menées avec le point focal afin de lui expliquer l'objet, le
contenu et les nouveaux concepts du questionnaire. Le questionnaire a été administré en
janvier 2019 et n’a été achevé qu’au mois de décembre 2019. Il fallait une année complète
pour pouvoir atteindre presque la totalité des laboratoires ciblés par l’enquête.
Des relances périodiques par e-mail et par téléphones ont été effectuées afin d’encourager et
de réexpliquer aux points focaux l’intérêt de collaborer à une telle étude. Une minorité a
refusé de répondre au questionnaire mais nous avons pu contourner le contact direct avec
l’entreprise et de faire appel à des personnes du secteur qui connaissent l’entreprise et qu’ils
ont les compétences nécessaires pour répondre à la majorité des questions sauf par exemple
celles qui ont un lien au budget allouée aux dépenses dans la R&D, ou à l’organisation du
travail interne.
Après avoir rassemblé toutes les données, nous avons ensuite procédé à l'analyse des données
en utilisant le logiciel « SPSS » comme outil d’analyse statistique.
Il est à noter que notre souhait était d’avoir beaucoup d’informations importantes sur le
secteur pharmaceutique au Maroc. En plus des items présentés ci-haut, notre questionnaire
contient d’autres questions qui ne seront pas nécessairement utilisées dans l’analyse
statistique ou le model utilisé mais qui seront très utiles pour l’interprétation des résultats et
pour les projets futurs de publications.
A titre d’exemple, notre questionnaire comportait entre autres, des questions qui consistent à
évaluer les facteurs qui pèsent sur l’innovation pharmaceutique au Maroc. Ce type de données
171
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
collectées va nous permettre de savoir si les freins à l’innovation sont l’envers des facteurs qui
la promeut ou existe-t-il d’autres freins à identifier.
Un autre élément très important à signaler concerne la variable « formalisation ». Telle que
nous l’avons présenté dans le tableau numéro 3, les items utilisés pour cette variable sont les
suivantes :
- L'utilisation des fiches de poste écrites, pour toutes les catégories d'employés au sein
de l’entreprise
- L'utilisation de politiques et procédures écrites pour guider les actions des employés
La question est d’évaluer le degré d’importance pour chacun des items proposés. Toutefois,
les réponses fournies soulignent toutes que l’utilisation des fiches écrites est importante dans
notre entreprise et qu’également l’utilisation des politiques et procédures écrites pour guider
les actions des employés est importante. Ce qui se traduit statistiquement par un problème de
colinéarité de la variable « formalisation ». Cette variable n’a pas été sélectionnée comme une
172
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
éventuelle variable explicative de l’innovation pour que le modèle de la régression ne soit pas
baisé. De ce fait nous n’avons pas pu tester l’hypothèse IV.
173
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Xi= {x1i…xni} est le vecteur des variables explicatives décrites dans le tableau ci-après et
α= {α1… αn} est le vecteur des paramètres à estimer.
L’interprétation du vecteur des paramètres est comme suit :
- Si αj >0, la probabilité de développer une innovation de produit P [Yi =1|xi] augmente
si xi j croît et que la valeur de toutes les autres variables de xi demeure inchangée.
- Si αj < 0, la probabilité de développer une innovation de produit diminue lorsque xij
augmente et que la valeur de toutes les autres variables de xi reste inchangée.
- Si αj = 0, alors la variable xij n’a aucun effet sur la probabilité de succès.
IV-4.2. Estimation des paramètres
À l’inverse de la régression linéaire ou nous utilisons la méthode des moindres carrés (MMC)
pour estimer les paramètres αj, nous utilisons dans le cas de la régression logistique, la
méthode du Maximum de Vraisemblance (MMV). La vraisemblance est la probabilité
d’observer un échantillon. Cette méthode permet un ensemble de paramètres qui donne le
meilleur ajustement pour la probabilité d’innover :
L = P (Y1 = y1, Y2 = y2, … , Yn = yn)
L = P ({Y1 = y1} ∩ {Y2 = y2 } ∩… ∩{Yn = yn}) = ⋂𝑛𝑖=1 P (Yi = yi )
Etant donné que les observations sont indépendantes entre elles alors :
𝑛
𝑛
⋂ P (Yi = yi ) = ∏ P (Yi = yi )
𝑖=1
𝑖=1
Donc
𝑛 eα0 +∑j αjXji yi
eα0 +∑j αjXji
max 𝐿 = max ∏ ( ) ⌊1 − ( )1−yi ⌋
𝛼𝑖 𝛼𝑖 𝑖=1 1 + eα0 +∑j αjXji 1 + eα0 +∑j αjXji
174
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
𝜕𝐿
Et pour trouver les 𝛼𝑖
̂ nous avons recours aux dérivés partielles : 𝜕𝛼𝑖
- Si OR >1 alors la chance de développer un tel type d’innovation est plus grande chez
les laboratoires qui ont mis en place un tel facteur.
- Si OR <1 alors la chance de développer un tel type d’innovation est inferieure chez les
laboratoires qui ont mis en place un tel facteur.
- Si OR=1 alors la chance de développer un tel type d’innovation est la même pour les
laboratoires ayant mis en place le facteur concerné et pour celles qui ne l’ont pas mis.
L’exponentiel du coefficient peut être interprété comme un Odd ratio (OR) qui est le rapport
des côtes et non par la cote : 𝑂𝑅 = 𝑒 𝛼𝑖
La démarche suivie consiste dans un premier temps en la recherche des variables
indépendantes retenues pour la régression logistique. Pour cela, il existe deux méthodes :
- La méthode ascendante ou dite pas à pas : consiste en l’ajout une à une des variables
significatives en se basant sur le test de Maximum de Vraisemblance.
- La méthode descendante : consiste en la prise en compte dans un premier lieu de
toutes les variables explicatives puis éliminer les variables non significatives par la
suite.
Tels que décris sur la table « description des variables », il existe plus de douze variables
explicatives qui pourraient être incluses dans le modèle de régression logistique. Avant la
mise en œuvre de la régression logistique, il est conseillé (Legrand et al, 2007) de procéder
par une sélection des variables indépendantes qui sont statistiquement liées à la variable
d’intérêt. Pour se faire, il existe plusieurs tests statistiques qui le permettent à savoir le test du
chi-deux, le test de Spearman, le test de Kendall et le test de Kruslal Wallis. Toutefois, la
significativité du test khi-deux ne permet pas de conclure qu’il existe une relation numérique
entre les deux variables objet du test. Ce test permet uniquement de montrer les variables qui
ont un lien significatif avec la variable dépendante. La majorité des logiciels statistiques
fournissent ce type de test. Le logiciel SPSS, par exemple, utilisé dans le cadre de notre étude
le permet également.
175
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Après cette phase de sélection des variables liées statistiquement à la variable d’intérêt dites
variables candidates, vient la phase d’examen des interdépendances entre les variables
explicatives. Les variables dont la corrélation est forte seront éliminées.
IV-4.4. Description et codage des variables
Ci-après la table qui présente une description de l’ensemble des variables concourant au
modèle logistique ainsi que leurs valeurs :
Tableau 9 : Descriptions et codage des variables dépendantes et indépendantes
176
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
177
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
178
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
179
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Conclusion
La phase pré-enquête a permis d’identifier des éléments pertinents permettant d’enrichir et de
cadrer le présent travail de recherche. Ces éléments ont été synthétisés dans des fiches
d’entretiens. L’accent a été mis sur la nécessite de séparer dans notre analyse entre les filiales
des multinationales et les laboratoires marocains.
A titre d’exemple, les filiales des multinationales présentes au Maroc se limitent généralement
à des processus classiques de fabrication de médicaments ou à la commercialisation des
produits importés de la société mère. L’activité de R&D ainsi que le développement d’une
nouvelle molécule se réalisent généralement au niveau des sociétés mères.
Toutefois, les laboratoires nationaux ont pu développer des innovations de produits mineures
mais importantes dans la mesure où elles présentent une nouveauté pour l’entreprise et pour le
marché local. Il s’agit à titre d’exemple du laboratoire « Sothema » qui s’est engagé dans la
fabrication des bio-similaires et du laboratoire national « Pharma 5 » qui a pu mettre sur le
marché, pour la première fois au Maroc, un médicament qui traite « l’hépatite C » dans un
délai de 3 mois. De ce fait, la phase de pré-enquête montre, entre autres, que les innovations
incrémentales ou mineures sont très importantes au niveau des laboratoires pharmaceutiques
marocains.
La phase pré-enquête montre également que la fabrication des médicaments princeps sous
licence n’est pas à sous-estimer. Elle exige, entre autres, la maitrise des procédés de
fabrication, la présence d’une main d’œuvre qualifiée, des équipements de haute technologie,
de la technologie et des modes de management innovants. L’analyse de la phase pré-enquête
montre également qu’il existe des génériques qui peuvent être considérés comme une
innovation dans la mesure où ils présentent une nouvelle forme qui n’existait pas auparavant
dans le médicament princeps. D’où l’intérêt d’étendre l’analyse du phénomène de
l’innovation aussi bien aux princeps qu’aux génériques.
En se basant sur les directives du manuel d’Oslo et sur les enquêtes communautaires dédiées à
l’analyse de l’innovation au sein des entreprises, nous avons considéré l’innovation en tant
qui output. Il s’agit d’un phénomène multidimensionnel qui englobe quartes formes
différentes à savoir : l’innovation produit, l’innovation procédé, l’innovation organisationnelle
et l’innovation de commercialisation.
180
CHAPITRE III : PARADIGME EPISTEMOLOGIQUE ET RECUEIL DE
DONNEES
Les réponses fournies lors de l’enquête qualitative renseignent à 90% les questions élaborées
dans le questionnaire. Une exception est à faire par rapport aux questions concernant les
dépenses dédiées à la R&D ou le pourcentage du chiffre d’affaires dédié à la R&D. Les
laboratoires pharmaceutiques refusent généralement de répondre. Pour cela, nous avons prévu
d’autres questions dont les réponses étaient possibles et qui peuvent nous renseigner sur les
activités de R&D. il s’agit par exemple de l’existence ou pas d’une unité de R&D au sein de
l’entreprise, du personnel dédié à la R&D et des accords de partenariat en R&D.
Un autre élément très important à signaler concerne la variable « formalisation », nous avons
proposé deux items pour mesurer cette variable à savoir :
- L'utilisation des fiches de poste écrites pour toutes les catégories d'employés au sein
de l’entreprise,
- L'utilisation de politiques et procédures écrites pour guider les actions des employés.
Les réponses fournies soulignent toutes que l’utilisation des fiches écrites est importante dans
l’entreprise et que l’utilisation des politiques et procédures écrites pour guider les actions des
employés est importante. Ce qui se traduit statistiquement par un problème de colinéarité de la
variable « formalisation ».
181
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
182
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Introduction
Le présent chapitre présente les étapes suivies lors de l’analyse statistique ainsi que les
résultats de la régression logistique pour chaque type d’innovation. Dans un premier temps,
nous allons effectuer une analyse descriptive permettant le croisement des variables
explicatives avec chacune des variables d’intérêt à savoir l’innovation de produit, l’innovation
de procédé, l’innovation d’organisation et l’innovation de commercialisation. Cette analyse
permet de mettre en exergue les caractéristiques des laboratoires pharmaceutiques qui ont pu
innover.
Ensuite, nous allons procéder par la régression logistique pour estimer les paramètres des
variables explicatives. Cette méthode exige le respect de certaines étapes. Dans premier lieu,
nous effectuons le test de chi-deux pour identifier les variables candidates qui peuvent être
incluses dans notre modèle. Ce dernier teste une éventuelle indépendance entre la variable
dépendante à savoir l’innovation de produit et chacune des variables explicatives. Après nous
examinons les éventuelles interdépendances entre les variables explicatives. Les variables
dont la corrélation est forte seront éliminées pour ne pas biaiser notre modèle. Et finalement
nous procédons à la régression logistique en utilisant le logiciel SPSS.
Finalement cette analyse statistique permettra de tester les hypothèses développées dans le
cadre de la présente recherche. Nous clôturons le présent chapitre par une discussion des
résultats obtenus tout en mettant l’accent sur les nouveautés trouvées et sur leurs apports à
l’industrie pharmaceutique et aux prochaines recherches académiques.
183
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Section I : Croisement des variables explicatives avec les quatre types d’innovation
Au cours de la présente section, nous allons tout d’abord identifier les laboratoires
pharmaceutiques qui ont pu développer des innovations, que ce soit des nouvelles molécules
ou l’amélioration des molécules existantes. Ensuite, nous allons examiner le profil de ces
laboratoires en mettant en exergue leurs caractéristiques notamment, leurs âges, tailles,
organisation interne de travail, engagement en R&D…Pour cela, nous allons procéder par un
croisement de chacune de ces caractéristiques (ou variables) avec la variable innovation.
Cases
184
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Réponses Percent of
Cases
N Percent
Concernant la place qu’acquiert chaque type d’innovation par rapport aux autres types
d’innovation, nous constatons que l’innovation commerciale et l’innovation organisationnelle
présente chacune environ 30% et que l’innovation de procédé prend le deuxième rang avec un
pourcentage d’environ 22% et finalement l’innovation de produit avec un pourcentage
d’environ 18%.
185
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
pourcentage des laboratoires nationaux ainsi que celui des filiales par rapport à chaque type
d’innovation. S’agissant de l’innovation de produit, nous avons sur un pourcentage de 51,1%
des laboratoires qui ont mis en place ce type d’innovation, 44,4% sont des laboratoires
nationaux et 6,7% sont des filiales des multinationales. De même, sur 62,2% des laboratoires
qui ont mis en place des innovations de procédés, 48,9% sont des laboratoires nationaux et
13,3% sont des filiales des multinationales.
multinationales
Laboratoires
Filiales des
nationaux
fréquence de Innovation produit Count 20 3 23
l'innovation ou amélioration
% of Total 44,4% 6,7% 51,1%
Innovation Count 19 17 36
commerciale
% of Total 42,2% 37,8% 80,0%
Innovation Count 18 18 36
organisationnelle
% of Total 40,0% 40,0% 80,0%
Total Count 23 22 45
C’est au niveau des innovations commerciales et organisationnelles que les filiales des
multinationales sont plus actives. En effet, environ la moitié des entreprises qui ont mis en
place des innovations commerciales et organisationnelles, sont des filiales des
multinationales. Une présentation graphique des données du graphique numéro 7 est ci-après.
186
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
187
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Par contre, environ 50% des laboratoires qui ont mis en place des innovations commerciales
ou organisationnelles ont un nombre d’employés inférieur à 250 personnes. C’est ce qui
ressort du tableau numéro 13.
Taille Total
<=250 >250
Innovation Count 20 15 35
commerciale
% of Total 45,5% 34,1% 79,5%
Innovation Count 22 14 36
organisationnelle
% of Total 50,0% 31,8% 81,8%
Total Count 28 16 44
188
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Crée avant
après 2010
2000-2010
2000
Fréquence Innovation produit Count 15 6 2 23
innovation ou amélioration
% of Total 34,1% 13,6% 4,5% 52,3%
Innovation Count 22 10 4 36
commerciale
% of Total 50,0% 22,7% 9,1% 81,8%
Innovation Count 22 8 5 35
organisationnelle
% of Total 50,0% 18,2% 11,4% 79,5%
Total Count 24 11 9 44
189
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Non oui
Innovation Count 23 12 35
organisationnelle
% of Total 52,3% 27,3% 79,5%
Total Count 30 14 44
190
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
nationaux
Laboratoires
Filiales
% of Total
Qualification_main_oeuvre > 50% 22,9% 33,3% 56,3%
Case Summary
Cases
191
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
D’après le tableau ci-dessus, quatre entreprises n’ont développé aucun type d’innovation. En
outre une valeur manque pour la variable Qualification de la main d’œuvre.
Qualification-main-œuvre Total
(nombre d’employés ayant un
diplôme supérieur)
Innovation Count 16 10 1 27
procédé ou
% of Total 36,4% 22,7% 2,3% 61,4%
amélioration
Innovation Count 24 10 1 35
commerciale
% of Total 54,5% 22,7% 2,3% 79,5%
Innovation Count 26 8 1 35
organisationne
% of Total 59,1% 18,2% 2,3% 79,5%
lle
Total Count 27 15 2 44
192
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Par définition une structure est centralisée « … quand tous les pouvoirs de décision se situent
à un seul point dans l’organisation – à la limite dans les mains d’un seul individu ; nous dirons
que la structure est décentralisée lorsque le pouvoir est dispersé entre de nombreuses
personnes. » (H. Mintzberg, 2010). Afin d’examiner le niveau de décentralisation des
décisions au niveau des laboratoires qui ont pu développer des innovations, nous croisons la
variable « fréquence innovation » qui prend la valeur « 1» à chaque fois qu’il existe une
entreprise qui a développé l’un des quatre types d’innovation et la variable décentralisation.
Les résultats sont présentés au tableau numéro 18.
Assez décentralisé
Total
Peu décentralisé
Décentralisé
amélioration
% of Total 22,2% 28,9% 11,1% 62,2%
Innovation Count 10 20 6 36
organisationnelle
% of Total 22,2% 44,4% 13,3% 80,0%
Total Count 11 24 10 45
Nous constatons que la décentralisation des décisions est importante au niveau des
laboratoires qui ont développé des innovations de produit et de procédé. Elle est moins
193
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
importante au niveau des laboratoires qui ont mis en place des innovations commerciales ou
organisationnelles.
I-2.5. TIC au sein des laboratoires innovateurs
Pour étudier l’importance de la variable « dépenses en TIC » au niveau des laboratoires
innovateurs, nous avons également croisé la variable « dépenses TIC » avec la variable
« fréquence innovation », comme le montre le tableau suivant.
Tableau 19 : Croisement de la variable dépenses en TIC avec chaque type d’innovation
Non Oui
Innovation Count 11 17 28
procédé
% of Total 24,4% 37,8% 62,2%
Innovation Count 7 29 36
commerciale
% of Total 15,6% 64,4% 80,0%
Innovation Count 6 30 36
organisationnelle
% of Total 13,3% 66,7% 80,0%
Total Count 12 33 45
194
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Concurrence
Total
concurrent
concurrent
Important
important
important
(Plus de 5
Assez
(3 à 5
Peu
s)
s)
Innovation Count 15 11 2 28
procédé ou
% of Total 33,3% 24,4% 4,4% 62,2%
amélioration
Innovation Count 16 18 2 36
commerciale
% of Total 35,6% 40,0% 4,4% 80,0%
Innovation Count 17 17 2 36
organisationnelle
% of Total 37,8% 37,8% 4,4% 80,0%
Total Count 20 22 3 45
195
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Exportation Total
Non Oui
Total Count 26 19 45
Nous constatons globalement qu’environ 50% des laboratoires pharmaceutiques qui ont
développé des innovations exportent des médicaments. Sur 62,2% des laboratoires qui ont mis
en place des innovations de procédé, 33,3% sont des laboratoires qui exportent des
médicaments.
Section II : Résultats de la régression logistique
Nous allons présenter les résultats de la régression logistique pour les quatre types
d’innovation, à savoir l’innovation de produit, l’innovation de procédé, l’innovation
d’organisation et l’innovation de commercialisation.
Dans un premier nous allons utiliser le test de Chi-deux pour identifier les variables
candidates à expliquer chacune des innovations développées. Ensuite nous allons examiner les
relations qui existent entre ces variables sélectionnées et finalement présenter le modèle de
régression logistique correspondant à chaque type d’innovation.
196
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Comme nous l’avons développé dans le paragraphe IV-2 de ce chapitre consacré à la méthode
statistique utilisée, le test Chi-Square permet d’identifier les variables candidates qui peuvent
être incluses dans notre modèle. Il teste une éventuelle indépendance entre la variable
dépendante à savoir l’innovation de produit et chacune des variables explicatives. Le tableau
ci-après présente les résultats de ce test :
197
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Il ressort de ce tableau que parmi les variables sélectionnées, huit variables explicatives sont
liées à l’innovation de produit à savoir « taille », « filiale d’une multinationale ou pas »,
« unité R&D », « concurrence », « décentralisation », « fabrication sous licence » et « accords
de R&D ».
Les variables, « âge », « qualification de la main d’œuvre », « usage des TIC », « accords
échange information technique » et « exportation » n’ont pas de relation significative avec
l’innovation de produit et de ce fait elles seront éliminées.
Comme il a été précisé auparavant, ce test ne permet en cas d’établir une relation numérique
entre la variable dépendante et les variables explicatives sélectionnées par ce test. Toutefois, il
permet d’identifier les variables candidates ayant un lien significatif avec la variable
dépendante.
II-1.2. Interrelations entre variables explicatives de l’innovation de produit
Lors de cette étape, nous examinons les éventuelles interrelations existantes entre les variables
explicatives présélectionnées dans le tableau de Chi-deux. Une forte liaison entre les variables
198
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
explicatives pourrait biaiser le modèle et diminuer ses capacités prédictives. Pour étudier la
force de la relation entre les variables explicatives, nous utilisons dans un premier lieu les
tableaux de contingence ainsi que le test de Chi-deux, comme il est montré dans le tableau 23.
Décentralisation 10,413
(0,034)
Afin d’affiner le choix des variables explicatives, nous construisons la matrice de dépendance
permettent de mettre en évidence les variables fortement liées en calculons le coefficient de
corrélation des rangs de Spearman, comme indiqué au le tableau 24 ci-après.
199
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Corrélations
Décentralisation
Filiale_ou_non
Accord_R_D
Concurrence
Unite_R_D
Taille
Unité _R_D Coef. Corrélation 1,000 ,245 -,724 -,584 -,138 -,355
N 48 47 46 48 48 48
N 47 48 46 48 48 48
Accord _R_D Coeff. Corrélation -,724 -,273 1,000 ,513 ,039 ,198
N 46 46 47 47 47 47
Filiale _ou_ non Coeff. Corrélation -,584 -,305 ,513 1,000 ,145 ,350
N 48 48 47 49 49 49
N 48 48 47 49 49 49
N 48 48 47 49 49 49
La matrice des interrelations montre qu’il existe une forte liaison entre la variable « filiale
d’une multinationale » et la variable « unité de R&D ». Ce qui semble logique puisque pour le
200
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
cas des filiales des multinationales, les innovations produits se développent au niveau de la
maison mère et que la majorité des filiales des multinationales n’ont pas des unités de R&D
au Maroc. Maintenir les deux variables dans le modèle pourrait le biaiser. Il est préférable de
garder l’une des deux variables. Dans notre cas, nous avons gardé la variable « unité de
R&D » car c’est une variable qui sera utilisée par la suite pour tester nos hypothèses.
Il existe également une forte liaison entre les deux variables « unité de R&D » et « accords de
R&D ». Nous allons procéder à l’élimination de cette dernière puisqu’il n’existe que huit
laboratoires parmi 49 qui ont signalé que ce type d’accords est important dans leur
portefeuille des accords de partenariat.
En conclusion, nous allons considérer dans le modèle de régression logistique considéré pour
la modélisation de l’innovation de produit les variables candidates suivantes : « la taille »,
« unité R&D », « la concurrence », « la décentralisation » « fabrication sous licence ».
II-1.3. Modèle de la régression logistique pour l’innovation de produit
Dans un premier lieu, nous allons effectuer une régression logistique préliminaire sans
l’introduction des variables explicatives pour pouvoir identifier l’impact de l’introduction de
ces dernières sur l’amélioration du modèle. Ensuite nous allons procéder par des tests de
validité du modèle.
La variable dépendante est l’innovation de produit. Elle prend la valeur 1 dans le cas de
développement d’une nouvelle molécule ou bien des nouvelles extensions des molécules
existantes déjà sur le marché au cours des 10 dernières années.
Les variables explicatives sélectionnées dans les étapes précédentes sont divisées en deux
types à savoir, des variables explicatives nominales telles « la taille » et « unité de R&D » et
des variables explicatives ordinales telles que « la concurrence », « la décentralisation », et
« la fabrication sous licence ». Le tableau présenté dans l’annexe 3 présente le codage de
chacune des variables ordinales.
201
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
montre que le modèle initial a une force de prédiction de 55,3%. Le modèle logistique est
considéré bon s’il permet une amélioration de ce pourcentage.
Classification Tablea,b
Observed Predicted
Innov_pdt_amelio Percentage
Correct
Non Oui
Oui 21 0 ,0
Le tableau présenté dans l’annexe 4 montre le degré de contribution de chacune des variables
sélectionnées à l’explication de la variable dépendante sans la présence des autres variables
dans l’équation.
Le modèle de régression logistique de l’innovation produit montre que les variables « R&D »,
« décentralisation » et « fabrication sous licence » sont les variables qui concourent le plus à
l’explication du phénomène de l’innovation de produit. Ce qui ressort du tableau ci-après :
202
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Les variables « décentralisation » et « unité de R&D » ont une relation positive avec
l’innovation produit. Ce qui signifie que les activités de R&D et la décentralisation des
décisions influencent positivement et significativement l’innovation de produit. Toutefois, il y
a lieu de prêter attention aux variables ordinales lors de l’interprétation des résultats. Le
coefficient représentant la variable décentralisation (1) signifie que le passage d’une
décentralisation peu importante à une décentralisation importante impacte positivement et
significativement l’innovation. Autrement dit, plus l’entreprise s’inscrit dans une démarche de
décentralisation des décisions, plus sa probabilité à innover en produit est grande. En outre, la
statistique de wald est significative pour les deux variables et l’intervalle de confiance de
l’Odd ration ne couvre pas la valeur « 1 ».
Par contre les variables fab_s_licence (1) et fab_s_licence (2) ont une relation négative avec
l’innovation produit. Ce qui signifie que plus l’entreprise s’engage dans la fabrication sous
licence moins est la probabilité d’innover en produit. La variable fab_s_licence (1) présente le
passage d’une fabrication sous licence peu importante a une fabrication importante. Cette
variable détient une relation négative et significative avec la probabilité d’innover. Toutefois
le passage d’une fabrication sous licence peu importante à une fabrication assez importante
n’influence pas significativement la probabilité d’innover.
203
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
c) Validité du modèle
Le test de Chi-deux du modèle montre que notre modèle est bon et pourra être adopté pour
prédire l’innovation de produit. La significativité est largement inférieure de 0,05, comme le
montre le tableau 27 ci-après.
Chi-square df Sig.
a. A negative Chi-squares value indicates that the Chi-squares value has decreased from the previous step.
Le deuxième critère qui permet de juger la pertinence du modèle est le test de « -2 Log
likelihood ». Le tableau 23 ci-après illustre les résultats de ce test.
Tableau 28 : Test de validité du modèle pour l’innovation de produit
Model Summary
204
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Plus le « Nagelkerke R Square » s’approche de la valeur « 1 » plus le modèle est bon. Dans ce
cas, la valeur de « Nagelkerke R Square » est égale à 0,596.
1 6,440 7 ,489
2 3,849 7 ,797
3 2,705 7 ,911
Le tableau de contingence est également un critère qui permet de juger la justesse du modèle.
Ce tableau est illustré dans l’annexe 5. Au niveau de l’étape trois, la valeur observée et celle
estimée sont très proches.
Classification Tablea
Observed Predicted
innov_pdt_amelio
oui 5 16 76,2
oui 6 15 71,4
205
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
oui 3 18 85,7
Nous observons sur le tableau présenté dans l’annexe 6 qu’à l’étape 3, tous les coefficients
sont significatifs et que les variables non significatives ont été exclues du modèle. Nous
rejetons donc pour chaque variable la probabilité nulle des coefficients. Par conséquent,
chacune des variables retenues contribue à l’amélioration du modèle. Le sens positif ou bien
négatif des coefficients B indique le sens de la relation entre la variable explicative et
l’innovation produit.
Comme présenté au début de la section 2 de ce chapitre, les variables qui expliquent le plus
l’innovation de produit sont les suivantes : « R&D », « décentralisation » et « fabrication sous
licence ». La variable concurrence a un effet positif sur la probabilité d’innover en produit
sauf que la présence d’autres variables plus importantes a diminué son effet. D’où l’impact
insignifiant de la variable concurrence sur l’innovation produit qui a été retirée par la méthode
« Backward Stepwise (Wald) ».
Finalement, le modèle proposé pour modéliser l’innovation de produit permet de valider les
hypothèses suivantes :
206
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Le tableau ci-après présente le test de Chi-Square et permet d’identifier les variables liées
statistiquement à la variable dépendante notamment l’innovation de procédé.
Tableau 31 : Test de Chi-deux pour l’innovation de procédé
207
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Il ressort du tableau ci-haut qu’il existe huit variables explicatives qui sont liées à l’innovation
de procédé à savoir « taille », « âge », « filiale d’une multinationale ou pas », « unité R&D »,
« exportation », « décentralisation », « fabrication sous licence » et « accords de R&D ». Les
variables « usage des TIC », « qualification de la main d’œuvre », « accords d’échange
d’information technique » et « concurrence » n’ont pas de relation significative avec
l’innovation de procédé.
II-2.2. Interrelations entre les variables explicatives de l’innovation de procédé
A l’instar de l’analyse des interrelations entre les variables explicatives faite pour le cas de
l’innovation de produit, le tableau 32 présente les résultats du test du Chi-deux et le tableau 28
présente la matrice de corrélation des rangs de Spearman :
Décentralisation 10,413
(0,034)
208
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Nous calculons par la suite, comme illustré au tableau 33 le coefficient de corrélation des
rangs de Spearman pour identifier les variables qui fortement liées.
Corrélations
décentralisatio
filiale_ou_non
fab_s_licence
accord_R_D
exportation
unite_R_D
Taille
âge
n
Spearman's Taille Corrélation - -
1,000 **
,245 -,273 ,382** -,305* ,416**
rho Coefficient ,473 ,336*
N 48 47 47 46 48 48 48 48
Age Corrélation - -
**
1,000 -,158 ,324* -,135 ,292* ,183
Coefficient ,473 ,303*
N 47 48 47 46 48 48 48 48
unite_R_D Corrélation - - -
,245 -,158 1,000 **
,166 * **
,128
Coefficient ,724 ,355 ,584
N 47 47 48 46 48 48 48 48
accord_R_D Corrélation -
-,273 ,324* **
1,000 -,258 ,198 ,513** -,075
Coefficient ,724
N 46 46 46 47 47 47 47 47
fab_s_licence Corrélation
,382** -,135 ,166 -,258 1,000 -,108 -,265 ,115
Coefficient
N 48 48 48 47 49 49 49 49
209
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
décentralisation Corrélation
-,336* ,292* -,355* ,198 -,108 1,000 ,350* -,227
Coefficient
N 48 48 48 47 49 49 49 49
filiale_ou_non Correlation -
-,305* ,183 **
,513** -,265 ,350* 1,000 -,277
Coefficient ,584
N 48 48 48 47 49 49 49 49
exportation Corrélation
,416** -,303* ,128 -,075 ,115 -,227 -,277 1,000
Coefficient
N 48 48 48 47 49 49 49 49
Il existe également une corrélation relativement forte entre la variable « unité de R&D » et la
variable « accords de R&D ». Considérant les mêmes arguments qui ont été présentés pour le
cas de l’innovation de produit, les variables « filiale ou pas » et « accords de R&D » seront
éliminées.
En conclusion, nous allons considérer dans le modèle de régression logistique pour le cas de
l’innovation de procédé les variables candidates suivantes : « taille », « âge », « unité R&D »,
« exportation », « décentralisation » et « fabrication sous licence ».
II-2.3. Modèle de régression logistique pour l’innovation de procédé
Nous allons modéliser l’innovation de procédé en fonction des variables explicatives
sélectionnées à partir du test Chi-deux, puis examiner la validité du modèle qui résulte par la
régression logistique.
210
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
La variable dépendante est l’innovation de procédé. Elle prend la valeur 1 s’il y a lieu d’une
innovation de procédé au sein de l’entreprise pharmaceutique au cours des 10 dernières
années.
Les variables explicatives sélectionnées dans les étapes précédentes sont divisées en deux
types à savoir des variables explicatives nominales telles « taille », « exportation » et « unité
de R&D » et des variables explicatives ordinales telles que « décentralisation », « âge » et
« fabrication sous licence ». Le tableau affiché dans l’annexe 3 présente le codage de
chacune.
Le tableau ci-après montre que le modèle initial a une force de prédiction de 56,5%. Le
modèle logistique est considéré bon s’il permet une amélioration de ce pourcentage.
Classification Tablea,b
Observed Predicted
non oui
Oui 0 26 100,0
Le tableau présenté dans l’annexe 4 montre le degré de contribution de chacune des variables
sélectionnées à l’explication de l’innovation de procédé sans la présence des autres variables
dans l’équation.
211
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Les variables « unité de R&D » et « exportation » ont une relation positive et significative
avec l’innovation de procédé. Ce qui signifie que les activités de la R&D influencent
positivement et significativement l’innovation de procédé et que les laboratoires qui exportent
des médicaments ont plus de probabilité pour mettre en place des innovations de procédé.
Par contre les variables fab_s_licence (1) et fab_s_licence (2) ont une relation négative avec
l’innovation produit. Ce qui signifie que plus l’entreprise s’engage dans la fabrication sous
licence moins est la probabilité qu’elle innove en produit. La variable fab_s_licence (1)
présente le passage d’une fabrication sous licence peu importante à une fabrication
importante. Cette variable détient une relation négative et significative avec la probabilité
qu’elle innove.
c) Validité du modèle
Le test de Chi-deux du modèle montre que notre modèle est bon et pourra être adopté pour
prédire l’innovation de procédé, comme le montre le tableau 36.
212
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Chi-square df Sig.
a. A negative Chi-squares value indicates that the Chi-squares value has decreased from the previous step.
Les résultats du test de « -2 Log likelihood » sont présentés dans le tableau 37. La valeur de
« Nagelkerke R Square » est égale à 0,691.
Tableau 37 : Test validité du modèle pour l’innovation de procédé
Model Summary
a. Estimation terminated at iteration number 7 because parameter estimates changed by less than ,001.
213
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
1 5,510 7 ,598
2 3,554 7 ,829
3 10,669 7 ,154
4 5,794 6 ,447
Le tableau de classification montre que le pourcentage prédit est de 87%. Comparé avec le
modèle initial « No hypothesis model », cette valeur est passée de 56,5% à 87%. Ce qui
confirme la justesse du modèle de régression.
Tableau 39 : Table de classification du pourcentage prédit pour l’innovation de procédé
Classification Tablea
Observed Predicted
non Oui
Oui 3 23 88,5
Oui 3 23 88,5
Oui 3 23 88,5
214
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Oui 2 24 92,3
Nous observons qu’à l’étape quatre les variables dont l’influence sur l’innovation est non
significative ont été exclus du modèle. Il reste quatre principales variables à savoir « unité de
R&D », « fab_s_licence » et « exportation ». Nous rejetons donc pour chacune de ces
variables l’hypothèse qui stipule la nullité du coefficient. Par conséquent, chacune de ces
dernières contribue à l’amélioration du modèle.
Le sens de la relation avec la probabilité d’innover en procédé diffère d’une variable à une
autre. Il est positif pour les variables « unité de R&D » et « exportation ». Par contre, il est
négatif pour le cas de la variable « fab_s_licence ».
Il est vrai que la majorité des exportations marocaines de médicaments destinées à l’Afrique,
l’Europe ou le Moyen Orient sont des génériques, c’est ce qui explique d’ailleurs le fait que
les exportations n’influencent pas les innovations de produit, mais ça n’empêche pas que ces
laboratoires innovent en procédé pour optimiser leur production et devenir compétitives à
l’échelle mondiale.
Par ailleurs, d’après les résultats fournis par le modèle construit, plus l’entreprise
pharmaceutique fait de la fabrication sous licence, moins sont les chances de développer des
innovations de procédés.
Les variables « décentralisation » et « âge » ont une influence sur la probabilité d’innover en
procédé sauf que cette influence s’est affaiblie lors de l’introduction d’autres variables plus
215
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
pertinentes telles que la présence d’une unité de R&D, la fabrication sous licence et
l’exportation.
Le test Chi-deux permet de tester une éventuelle indépendance entre la variable dépendante à
savoir l’innovation organisationnelle et chacune des variables explicatives. Le tableau ci-après
présente les résultats de ce test :
Tableau 40 : Test de Chi-deux pour l’innovation organisationnelle
contingence
216
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
d’œuvre
d’information technique
Le tableau ci-dessus montre que parmi les variables sélectionnées, six variables explicatives
sont liées à l’innovation commerciale à savoir l’âge, la décentralisation, l’usage des TIC, la
qualification de la main d’œuvre, la concurrence et l’exportation.
Par contre les variables « unité R&D », « filiale ou pas » n’ont pas de relation avec
l’innovation d’organisation. De même les résultats montrent que la fabrication sous licence
ainsi que la taille de l’entreprise ne sont pas liées à l’innovation d’organisation.
II-3.2. Interrelations des variables explicatives de l’innovation d’organisation
D’après le tableau des interrelations, il existe des liaisons entre âge et décentralisation et entre
âge et exportation. De même, il existe une liaison entre les deux variables exportation et
concurrence. Toutefois, ces interrelations ne sont pas considérées fortes. Il en demeure que
lors de mise en œuvre de la régression logistique, nous allons garder dans l’esprit ces
corrélations au cas où le modèle construit ne fournira pas de bon résultat. Le tableau 36
présenté la matrice des interrelations des variables explicatives avec l’innovation
d’organisation.
217
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Corrélations
Qua_main_oeuvr
Décentralisation
Concurrence
Exportation
Usage TIC
Âge
Sig. (2-
. ,044 ,036 ,265 ,282 ,043
tailed)
Âge
N 48 48 48 48 48 47
Corrélation -
,292* 1,000 -,227 ,131 ,284
Décentralisation
Coefficient ,031
N 48 49 49 49 49 48
Corrélation - -
*
-,227 1,000 -,301* -,210
Coefficient ,303 ,017
Exportation
N 48 49 49 49 49 48
Corrélation -
,164 ,131 -,301* 1,000 ,056
Coefficient ,244
Concurrence
N 48 49 49 49 49 48
Corrélation 1,00
-,158 -,031 -,017 -,244 -,326*
Coefficient 0
Qua_m Usage TIC
N 48 49 49 49 49 48
ain_oeu
Corrélation -
,296* ,284 -,210 ,056 1,000
Coefficient ,326*
vr
218
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
N 47 48 48 48 48 48
Nous pouvons alors considérer toutes les variables candidates à savoir l’âge, la
décentralisation, l’usage des TIC, la qualification de la main d’œuvre, la concurrence et les
exportations dans le modèle de régression logistique.
II-3.3. Modèle de la régression logistique pour l’innovation d’organisation
Après avoir identifié les variables candidates pour expliquer l’innovation d’organisation, nous
allons voir lesquelles parmi elles seront retenues dans le modèle de la régression logistique.
a) « No hypothesis model »
La variable dépendante est l’innovation organisationnelle. Elle prend la valeur 1 dans le cas
d’une innovation d’organisation au sein de l’entreprise pharmaceutique au cours des 10
dernières années. Les variables explicatives sélectionnées, comme présenté dans l’annexe 4,
dans les étapes précédentes sont divisées en deux types à savoir des variables explicatives
nominales telles que l’usage des TIC et l’exportation et des variables explicatives ordinales
telles que l’âge, la qualification de la main d’œuvre, la concurrence et la décentralisation.
Le tableau ci-après montre que le modèle initial permet une prédiction à hauteur de 72,3% de
la variable dépendante. Si le modèle logistique incluant les variables candidates permet une
amélioration de ce pourcentage, alors le modèle est bon.
Classification Tablea,b
Observed Predicted
Non oui
oui 0 34 100,0
219
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Le tableau présenté dans l’annexe 4 montre le degré de contribution de chacune des variables
candidates à l’explication de l’innovation d’organisation sans la présence des autres variables
dans l’équation.
c) Validité du modèle
Le test des coefficients du model a donné un bon résultat. Le test de Chi-Square montre que
notre modèle est bon et pourra être adopté pour prédire l’innovation organisationnelle. La
significativité est largement inférieure de 0,05.
220
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Chi-square df Sig.
Le deuxième critère qui permet de juger la pertinence du modèle est le test de « -2 Log
likelihood ». Plus le « Nagelkerke R Square » s’approche de la valeur « 1 », plus le modèle est
bon. Il est de l’ordre de 0,678.
Tableau 45 : Test validité du modèle pour l’innovation organisationnelle
Model Summary
a. Estimation terminated at iteration number 7 because parameter estimates changed by less than ,001.
221
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
1 2,767 7 ,906
2 3,668 7 ,817
3 8,510 8 ,385
4 3,755 5 ,585
Le tableau de contingence, présenté dans l’annexe 5, est également un critère qui permet de
juger la justesse du modèle. Au niveau de l’étape 4, la valeur observée et celle estime
deviennent très proches.
Classification Tablea
Observed Predicted
non oui
oui 3 31 91,2
oui 2 32 94,1
222
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
oui 2 32 94,1
oui 3 31 91,2
223
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
contingence
d’information technique
Il ressort de ce tableau que parmi les variables proposées, six variables explicatives sont
statistiquement liées à l’innovation commerciale à savoir : « âge », « décentralisation »,
« qualification de la main d’œuvre », « usage des TIC », « concurrence » et « exportation ».
224
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Comme il a été précisé auparavant, ce test ne permet en cas d’établir une relation numérique
entre la variable dépendante et les variables explicatives sélectionnées par ce test.
Toutefois, il permet d’identifier les variables candidates ayant un lien significatif avec la
variable dépendante.
II-4.2. Interrelations des variables explicatives de l’innovation commerciale
Le tableau ci-après présente les éventuelles interrelations entre les variables indépendantes. Il
est à noter que ces dernières ne sont pas fortement liées entre elles. Donc nous pouvons
considérer les six variables indépendantes dans notre modèle de régression logistique pour
modéliser l’innovation commerciale.
Tableau 49 : Matrice des corrélations entre les variables indépendantes pour le cas de
l’innovation de commercialisation
Corrélations
qua_main_
âge décentralisation exportation concurrence usage TIC oeuvr
N 48 48 48 48 48 47
*
Spearman's rho
N 48 49 49 49 49 48
Corrélation Coefficient -
,303 -,227 1,000 -,301* -,017 -,210
*
Con Exportation
N 48 49 49 49 49 48
curr
-,301*
enc
225
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
N 48 49 49 49 49 48
Corrélation Coefficient -
-,031 -,017 -,244 1,000 -,326*
,158
usage TIC
N 48 49 49 49 49 48
N 47 48 48 48 48 48
a) « No hypothesis model »
La variable dépendante est l’innovation commerciale. Elle prend la valeur 1 dans le cas
d’une innovation commerciale au sein de l’entreprise pharmaceutique au cours des 10
dernières années. Les variables explicatives sélectionnées dans les étapes précédentes,
comme illustré dans l’annexe 4, sont divisées en deux types à savoir des variables
explicatives nominales telles que l’usage des TIC et l’exportation et des variables
explicatives ordinales telles que l’âge, la qualification de la main d’œuvre, la concurrence et
la décentralisation.
Le logiciel SPSS fournit les résultats de la régression logistique sans l’introduction des
variables choisies. Ce modèle initial appelé « no hypothesis model » permet de montrer si
l’introduction des variables explicatives va permettre une amélioration des capacités
prédictives du modèle de la régression logistique. Le tableau ci-après montre que le modèle
226
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Classification Tablea,b
Observed Predicted
non oui
oui 0 35 100,0
Le tableau présenté dans l’annexe 4 montre le degré de contribution de chacune des variables
indépendantes à l’explication de l’innovation commerciale sans la présence des autres
variables dans l’équation :
227
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Ces résultats montrent également que le développement des innovations commerciales est lié
à l’âge de l’entreprise. Plus l’entreprise avance dans l’âge, plus sa probabilité à développer
des innovations commerciales est grande.
c) Validité du modèle
Le test des coefficients du model a donné un bon résultat. Le test de Chi-Square montre que
notre modèle est bon et pourra être adopté pour prédire l’innovation commerciale. La
significativité est largement inférieure de 0,05.
Tableau 52 : Tests de significativité du model de la régression logistique pour
l’innovation commerciale
Chi-square df Sig.
228
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
a. A negative Chi-squares value indicates that the Chi-squares value has decreased from the previous step.
Le deuxième critère qui permet de juger la pertinence du modèle est le test de « -2 Log
likelihood ». Plus le « Nagelkerke R Square » s’approche de la valeur « 1 », plus le modèle est
bon. La valeur de « Nagelkerke R Square » est égale à 0,636 :
Tableau 53 : Test de validité du modèle pour l’innovation commerciale
Model Summary
a. Estimation terminated at iteration number 7 because parameter estimates changed by less than ,001.
b. Estimation terminated at iteration number 6 because parameter estimates changed by less than ,001.
229
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
1 3,791 7 ,803
2 4,238 7 ,752
3 4,046 7 ,775
4 7,480 6 ,279
Le tableau de contingence présenté dans l’annexe 5 est également un critère qui permet de
juger la justesse du modèle. Au niveau de l’étape quatre la valeur observée et celle estimée
sont très proches.
Classification Tablea
Observed Predicted
non Oui
oui 1 34 97,1
oui 1 34 97,1
oui 1 34 97,1
230
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
oui 1 34 97,1
231
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Il est également à noter, qu’environ 30% des laboratoires pharmaceutiques objet de l’étude
ont une unité de R&D. Sur ces 30% des laboratoires, plus de 95% sont des laboratoires
nationaux. En effet, pour les filiales des multinationales, ces activités se réalisent
généralement au niveau de la maison mère. La filiale se concentre plus sur la
commercialisation des nouveaux produits importés de la maison mère. Les filiales investissent
plus dans tout ce qui est activité commerciale pour trouver des débouchés aux produits
généralement importés. L’expérience en marketing et en étude de marché est une exigence
pour ces laboratoires.
Il est important de noter que même si le pourcentage des laboratoires pharmaceutiques ayant
une unité de R&D est d’environ 30%, la découverte d’une nouvelle molécule reste une
exception. Les laboratoires pharmaceutiques au Maroc se focalisent plus sur le
développement des nouvelles extensions que sur la découverte d’une nouvelle molécule. Elles
sont plus placées dans le « développement » que dans « la recherche ». Ceci est dû, entre
autres, comme nous l’avons expliqué auparavant, au fait que le coût de la R&D est très élevé
et que les laboratoires nationaux n’ont pas tous les capacités financières ni les compétences
nécessaires pour s’aventurer dans un long chemin de recherche couteux et incertain. Ce coût
est estimé a environ 1, 3 milliards de dollars en 2013 (DiMasi, J. et al, 2016).
Le développement des extensions à des molécules déjà existantes est possible et faisable.
Environ 50% des laboratoires pharmaceutiques au Maroc ont pu développer des extensions de
forme, de dosage ou d’indication. Ces dernières sont considérées comme des améliorations à
232
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Concernant les innovations non technologiques, nous n’avons pas trouvé de lien statistique
entre la présence d’unité de R&D et les innovations commerciales ou organisationnelles. Le
test de Khi-deux ainsi que le modèle logistique montrent que la mise en place de ce genre
d’innovations dépend plus de la qualification de la main d’œuvre, de la concurrence et de
l’âge de l’entreprise que de la présence ou pas d’une unité de R&D au sein des laboratoires
objet de l’étude. Finalement, les activités de R&D n’influencent pas significativement les
innovations commerciales et organisationnelles au niveau des laboratoires pharmaceutique au
Maroc.
De nombreux auteurs confirment cette relation positive entre la décentralisation des décisions
au sein de l’entreprise et le développement des innovations (Khandwalla, 1977 ; Mazzanti et
al., 2006 ; Bocquet et al., 2013).
Toutefois, cette variable n'a pas été sélectionnée dans le modèle logistique comme variable
explicative de l'innovation de procédé. Son impact sur l'innovation de procédé est positif mais
non significatif. Cela peut s'expliquer par l'existence d'autres variables plus importantes à côté
de la décentralisation qui sont sélectionnées dans le modèle. Une autre explication de ce
résultat vient du fait que, par définition l’innovation de processus consiste en
l’implémentation d’un nouvel équipement, ou méthode…software…Ce genre de décisions est
généralement pris au niveau central.
233
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Le même résultat est attesté dans le contexte tunisien où Gabsi et al. (2008) soulignent que
l’existence des clauses restrictives dans les contrats de licence empêchent le transfert de la
connaissance et de la technologie aux entreprises locales : “The lack of positive impact comes
from restrictive clauses contained in these technology licenses”. Ces auteurs expliquent
également que les entreprises dans les pays émergents se contentent d'exploiter localement les
technologies étrangères.
D'autres auteurs expliquent ce résultat par l'échec des politiques publiques qui n'ont pas pu
promouvoir l'apprentissage par l'éducation et n'ont pas pu développer les capacités
d'absorption de leur pays (De Cervantes et Marshall, 2016).
Une recherche dans le secteur aéronautique compare les entreprises ayant conclu des contrats
de licence avec celles qui ne l'ont pas fait et montre que les entreprises qui n'ont pas conclu
des contrats de licence ont pu mieux progresser que celles qui ont bénéficié de ce type de
contrat. Les auteurs expliquent ce résultat par le fait que les premières entreprises ont procédé
par étapes ; basées sur des essais et erreurs leur permettant d'évoluer progressivement et avec
des pas sûrs et mesurés (Mulotte et al., 2012).
Par ailleurs, les résultats de ce travail de recherche montrent qu’il n’existe pas de relation
significative entre la fabrication sous licence et la mise en place des innovations commerciales
ou organisationnelles.
III-4. Accords de R&D et échange d’information technique
Un autre résultat important de notre travail de recherche montre que la conclusion de
partenariats de R&D et également ceux d'échange d'informations techniques n'a pas d'impact
significatif sur le développement des innovations technologiques.
Cela peut s’expliquer par le fait que les laboratoires pharmaceutiques marocains n’ont pas
suffisamment développé leurs capacités d’absorption pour tirer profit de ce genre de
partenariats. Il est également important de mentionner que selon les résultats de la phase pré-
enquête, même si de nombreux laboratoires pharmaceutiques ont des unités de R&D, elles se
limitent à tout ce qui est « Développement » et non pas la « Recherche » fondamentale. De ce
fait, la limitation des activités de R&D en tout ce qui est développement des extensions, se
répercute également sur la nature et la modestie des partenariats conclus par ces laboratoires.
III-5. Taille et Age
Les résultats de cette recherche montrent également que l'âge et la taille du laboratoire n'ont
pas d'impact significatif sur l'innovation de produit ou de procédé. Dans la revue de littérature
234
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
consultée, nous n’avons pas trouvé de consensus sur l’orientation de la relation entre ces deux
facteurs et l’innovation.
De nombreux auteurs soulignent que les grandes entreprises sont généralement caractérisées
par une bureaucratie et des structures centralisées qui ne facilitent pas la circulation de
l'information et la suggestion de nouvelles idées, considérées comme source de l'innovation
(Pamukçu and Cincera, 2001).
D’autres soulignent que la relation entre la taille de l'entreprise et l'innovation est également
influencée par le contexte et le secteur dans lequel ces entreprises opèrent. Elle est positive
dans le cas des pays industrialisés (Evangelista et al., 1998) mais elle a la forme d'un « U
inversé » pour les « nouveaux pays industrialisés » comme la Turquie (Pamukçu et Cincera,
2001 ; Rahmouni et Yildizoglu, 2011). De même, nos résultats montrent que le facteur « âge
de l’entreprise » n'a pas d'impact significatif sur l'innovation de produit et celle de procédé.
Il est vrai que de nombreux auteurs mettent l'accent sur l'impact positif de l'âge sur
l'innovation (Sørensen, J. B., et Stuart, T. E., 2000 ; Rahmouni et Yildizoglu, 2011), mais ce
résultat n'est pas partagé par tous les auteurs. Freel, M.S. (2003) a démontré par exemple, que
plus l'entreprise est âgée, plus elle établit des procédures et des routines qui à leur tour
forment une résistance et un obstacle à l'innovation (Becheikh et al., 2005). De même, d'autres
études montrent que les innovations généralement radicales proviennent de jeunes entreprises
(Sørensen, J. B., et Stuart, T. E. (2000)). De ce fait, il n'y a donc pas de consensus sur la façon
dont l'âge de l'entreprise influe sur l'innovation. La startup allemande Bionthech est une bonne
illustration des jeunes entreprises qui ont pu développer une innovation radicale, notamment
le vaccin contre le Covid-19.
Par rapport aux innovations non technologiques, nos résultats montrent que le facteur âge a un
impact positif et significatif sur l’innovation commerciale. En effet, plus l’entreprise avance
dans l’âge, plus ses canaux de distribution se renforcent. Dans le secteur pharmaceutique,
comme déjà mentionné, le patient ne choisit pas son médicament. C’est le prescripteur du
médicament qui détient ce pouvoir. Généralement quand un prescripteur de médicaments est
fidélisé par rapport à un médicament qui a déjà donné ses preuves en termes d’efficacité
thérapeutique, il est difficile pour ce dernier de le changer par un autre. La communication et
la promotion au niveau des prescripteurs du médicament jouent un rôle important dans le
235
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Dans ce sens, Moreira et Silva (2014) montrent qu’une coopération et une bonne
communication entre les clients et l’entreprise est un facteur déterminant de la mise en place
des innovations commerciales.
En outre, le modèle commercial développé par chaque entreprise dépend des données
disponibles sur les patients ainsi que sur la connaissance des dynamiques du marché. La
fréquence des rachats est élevée pour certaines spécialités de médicaments (cholestérol,
hypertension…) comparées à d’autres marchés tels que l’électroménager. Ces achats répétés
peuvent aider les spécialistes du marketing à comprendre les nouveaux besoins des patients et
à proposer de nouvelles présentations.
Par exemple au lieu d’une boite de 10 unités, proposer une boite de 20 unités. Cette
expérience en termes de connaissance des dynamiques de la demande pourrait également les
inciter à mettre en place de nouvelles techniques de promotion au niveau des prescripteurs et
proposer de nouveaux prix plus attractifs.
III-6. Qualification de la main d’œuvre
La qualification du capital humain a été exclue en tant que facteur influençant l'innovation de
produit ou de processus. Même si ce résultat n'est pas en accord avec la théorie mais il est
conforme aux résultats obtenus dans les pays voisins.
Sedkaoui (2016) souligne que le lien entre le développement de l'innovation et les ressources
technologiques et humaines n'est pas significatif au sein des laboratoires pharmaceutiques en
Algérie. De plus, Gabsi et al. (2008), suggèrent que l'indicateur du niveau de compétences des
travailleurs n'est pas significatif pour expliquer l'innovation au sein des entreprises
tunisiennes.
Nous avons constaté à travers l’analyse descriptive effectuée dans le cadre de ce travail de
recherche que le pourcentage de la main d’œuvre qualifiée est plus important au niveau des
filiales des multinationales où le développement des innovations de produit et de procédé est
rare.
236
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
D’après le croisement des données concernant la qualification de la main d’œuvre et les types
d’innovation, nous avons trouvé que le recrutement des employés qualifiés ayant un diplôme
supérieur n’est pas lié aux innovations de produit et de procédé mais plutôt lié aux
innovations commerciales et organisationnelles.
Le modèle logistique développé dans le cadre de cette recherche montre que le recrutement
des personnes ayant un diplôme supérieur impacte positivement et significativement la mise
en place des innovations organisationnelles. Ce résultat est en accord avec les recherches
antécédentes. Cohen et Levinthal (1990, p.132) soulignent que pour avoir des innovations
organisationnelles « le personnel doit avoir un niveau de connaissance suffisant et pertinent ».
D’autres auteurs soulignent également que le niveau de formation des employés compte pour
la réalisation des innovations organisationnelles (Escribano et al., 2009 ; Kostopolous et al.
2011).
III-7. Usage des TIC
Les résultats de notre travail de recherche confirment l’impact positif et significatif de l’usage
des TIC sur la mise en place des innovations commerciales et organisationnelles. Ce qui
confirme les hypothèses H5.1 et H5.2. Ce résultat reste en concordance avec la littérature
existante dans la mesure où il a été largement démontré que les TIC jouent un rôle important
en facilitant l'apprentissage organisationnel et en renforçant une forte capacité d'absorption au
sein de l'organisation (Batazzi-Alexis, 2002 ; Aldebert, B. 2006). Il a été également démontré
que l’usage des TIC renforce la force de vente des entreprises et leur permet d’acquérir un
avantage concurrentiel via l’acquisition et la production d’information pertinentes sur le
marché (Tzokas, N. et Saren, M., 1997 ; Argyres, N.S., 1999). Le même résultat a été
démontré dans le cas du secteur de tourisme ou Divisekera, S et Nguyen, V. K. (2018)
stipulent qu’« une adoption accrue des TIC est positivement liée à une probabilité élevée de
développer des innovations commerciales ».
Par ailleurs, les résultats du présent travail de recherche montrent que ce facteur est
négligeable et n’impacte pas le développement de nouvelles molécules ou la mise en place
des nouveaux procédés de fabrication.
Il est vrai que l’investissement en TIC est important pour développer des innovations
radicales telle que de nouvelles molécules issues de de la biotechnologie ou la digitalisation
237
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
des processus de fabrication (Hamdouch et Perrochon, 2002 ; Tormay, P., 2015). Cependant,
au Maroc, la nature des innovations développées est limitée à la mise en place des extensions
à des molécules déjà existantes qui ne nécessitent pas des investissements importants pour la
mise en place des outils sophistiqués de TIC. Nous avons trouvé que sur les 50% des
laboratoires pharmaceutiques qui ont développé des extensions, presque la moitié n’a pas
investi en TIC. Ceci est dû principalement au fait que les pays à revenu faible ou moyen n'ont
pas encore discerné comment tirer parti du développement des TIC :
“African countries have not been able yet to exploit their comparative advantages, such as
proximity to the EU market and the availability of a multi-lingual and young population, to
become integrated into the global value chains of different IT products and
services”(European Parliament Report, 2015).
Plusieurs raisons expliquant la lenteur de l'adoption des TIC au niveau de l'entreprise sont
énumérées dans le rapport dédié à l’étude de l’usage des TIC en Afrique publié par le
Parlement Européen (2015). Elles comprennent, entre autres, le cadre contraignant du
politique et de l'environnement, les faiblesses des infrastructures, la rareté de l'éducation en
particulier dans les zones rurales et l'accès aux TIC à des coûts plus élevés.
Oyelaran (2007) développe des arguments similaires dans son article sur les TIC et le
développement industriel (Oyelaran-Oyeyinka, B., 2007). Le secteur de la santé, en général et
l'industrie pharmaceutique en particulier, ne sortent pas de ce schéma.
Dans notre contexte, l’usage des TIC est plus bénéfique pour fluidifier la communication
interne et la communication externe, principalement avec les prescripteurs du médicament.
Cet usage est moins important pour le développement des innovations technologiques telles
que la découverte des nouvelles molécules biotechnologiques ou l’automatisation des
processus de fabrication.
238
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Comme constaté lors de la phase pré-enquête, les laboratoires déploient un staff important de
délégués médicaux outillés par des dispositifs informatiques qui permettent une
communication rapide et efficace avec leurs laboratoires. Les feedbacks sur les visites des
prescripteurs sont reportés aux cellules concernées en temps réel afin de prendre les mesures
nécessaires pour encourager la vente du médicament.
Comme expliqué précédemment, étant donné que le modèle de fabrication des laboratoires
pharmaceutiques au Maroc est basé essentiellement sur un modèle de fabrication sous licence
et que l’innovation est lancée généralement au niveau de la société mère, les entreprises dans
les pays en développement se focalisent plus sur le champ de la commercialisation des
produits qu'elles importent ou qu'elles fabriquent sous licence.
Par conséquence, l'utilisation des TIC est très utile et bénéfique dans le domaine de la
commercialisation afin d'augmenter la part de marché et se positionner sur le marché
intérieur. Toutefois, son élargissement pour inclure les activités de R&D ainsi que la
digitalisation des processus de production reste très limité.
III-8. Concurrence
La concurrence n'a pas d'impact significatif sur l’innovation de produit ou de procédé au sein
des laboratoires pharmaceutiques installées au Maroc. Cela peut être dû à la protection par des
brevets qui dure en moyenne 10 ans à compter de la date de sa commercialisation mondiale.
Selon une étude réalisée par le Conseil Marocain de la Concurrence, la majorité des
laboratoires qui détiennent une protection de leur brevet tenteront d'empêcher ou du moins de
retarder l'entrée sur le marché de copies génériques (Conseil de la concurrence, 2011). De
nombreux auteurs insistent sur ce point et expliquent que l'impact de la concurrence sur
l'innovation dépend entre autres de l'intensité de la concurrence et de la spécificité du secteur
(Bocquet et al, 2007 ; Rahmouni et Yildizoglu, 2011).
239
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Par rapport à l’innovation commerciale, les résultats de notre travail montrent qu’il existe un
impact positif et significatif de la concurrence sur l’innovation commerciale. Divisekera, S et
Nguyen, V. K. (2018) ont mené un travail de recherche sur l’innovation dans le secteur de
tourisme en Australie et ils ont montré que la probabilité de mise en place des innovations de
marketing augmente avec l’accroissement du nombre des concurrents : « Market competition
and industry variables were found to be significant to the marketing innovation.”
Toutefois ce résultat n’est pas général pour toutes les recherches menées. Powers, T. L. et
Bowers, M. R. (2015) montrent par exemple que les dynamiques de l’environnement
influencent positivement et significativement les innovations organisationnelles et
commerciales. Par contre l’impact du nombre des concurrents sur ces innovations reste
insignifiant.
III-9. Activités d’exportation
D’après notre enquête, les activités d'exportation n'ont aucun impact sur l'innovation de
produit. Cela peut s'expliquer par le fait que la majorité des exportations marocaines sont des
génériques ou des produits fabriqués sous licence et que la principale destination de ces
médicaments est les pays africains. Il semble que le pouvoir d'achat des patients existant dans
ces pays n'encourage pas les laboratoires à rechercher de nouvelles molécules très couteuses.
Cela peut également s'expliquer par le fait que les laboratoires qui bénéficient de l'exportation
sont celles technologiquement assez matures pour le faire. De nombreux auteurs soutiennent
l'idée que les entreprises avancées en termes de technologie et dotées de grandes capacités
d'absorption sont celles qui bénéficient le plus de l'innovation (Salomon et Jin, 2010 ; Ito,
2012).
De plus, nous retrouvons le même résultat dans l'étude menée sur le marché tunisien. Gabsi et
al. (2008) expliquent que cela est principalement dû à la nature des exportations des pays à
revenu moyen ou faible, qui sont généralement limitées aux produits non technologiques tels
que les textiles et certains produits agricoles.
Par ailleurs, les résultats de ce travail montrent que les activités de l’exportation impactent
positivement et significativement les innovations organisationnelles.
240
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
Conclusion
Le chapitre IV présente les résultats de l’analyse descriptive des données recueillies ainsi que
les résultats de la régression logistique de l’innovation de produit, de procédé, d’organisation
et de commercialisation. Ces résultats confirment la majorité des hypothèses développées. Le
tableau 51 récapitule les résultats des tests d’hypothèses.
H1 Les activités de R&D ont une influence positive et significative sur Validée
l’innovation technologique au sein des laboratoires
pharmaceutiques installés au Maroc
H1.1 Les activités de R&D ont une influence positive et significative sur Validée
l’innovation de produit au sein des laboratoires pharmaceutiques
installés au Maroc.
H1.2 Les activités de R&D ont une influence positive et significative sur Validée
l’innovation de procédé au sein des laboratoires pharmaceutiques
installés au Maroc.
241
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
H4.1 L’usage des TIC a un impact positif et significatif sur l’innovation Validée
organisationnelle au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au
Maroc
H4.2 L’usage des TIC a un impact positif et significatif sur l’innovation de Validée
commercialisation au sein des laboratoires pharmaceutiques installés
au Maroc.
Ces résultats présentent une contribution dans la littérature dédiée aux déterminants de
l’innovation au sein des industries localisées dans les pays à revenu moyen ou faible. En plus
du test d’hypothèse dans les résultats sont affiches ci-haut, l’analyse statistique des données
montre, entre autres, que les innovations non technologiques sont très répandues au niveau
242
CHAPITRE IV : MODELE DE LA REGRESSION LOGISTIQUE POUR CHAQUE
TYPE D’INNOVATION
des entreprises pharmaceutiques et que les déterminants de l’innovation diffèrent selon le type
d’innovation. L’usage des TIC, la qualification de la main d’œuvre et l’exportation des
médicaments sont les principaux facteurs qui favorisent la mise en place des innovations
d’organisation. Par contre, plus l’entreprise est ancienne, plus ses chances de développer des
innovations commerciales sont grandes. La concurrence et l’usage des TIC à leur tour jouent
en faveur de l’innovation commerciale.
243
Conclusion de la deuxième partie
La deuxième partie de ce travail de recherche a permis de tester les hypothèses développées
au cours de la première partie. Nous avons dans un premier lieu présenté la monographie du
secteur pharmaceutique au Maroc pour mettre en lumière les caractéristiques du marché, objet
de notre travail empirique. Cette section montre que le secteur pharmaceutique est à la pointe
des sciences et de la technologie et qu’il est au cœur de l’innovation. Le chiffre d’affaires
atteint 15 milliards de dirham et représente 1,5% du PIB global et 5,2 du secteur del’industrie.
C’est un secteur qui est extrêmement règlementé et régulé. La production locale satisfait
environ 60% de la demande et les 40% restant sont importés. L’offre du médicament est
concentrée pour certaines classes thérapeutiques, notamment les anti-inflammatoires,
l’ophtalmologie et les antalgiques. La demande est influencée principalement par la
couverture sociale qui ne dépasse pas les 69%.
La population ciblée par notre enquête est les 49 laboratoires existant au Maroc et englobant
les laboratoires nationaux et les filiales des multinationales. Nous avons pris la totalité de la
population car le nombre de ces laboratoires est petit et l’échantillonnage ne donne pas dans
ce cas des résultats performants. Nous avons également réalisé une étude pré-enquête qui
montre que la perception du phénomène de l’innovation dans le secteur pharmaceutique au
Maroc devrait être orientée vers les différents aspects et formes de l’innovation et non vers le
degré de l’innovation. Cette étude pré-enquête montre aussi que les laboratoires
pharmaceutiques au Maroc n’ont pas pu se positionner en termes d’innovations
technologiques qui restent timide par rapport à ce qui se fait à l’échelle mondial. Mais ces
laboratoires ont pu développer des innovations organisationnelles et de commercialisation
pour répondre aux prérequis exigés par les laboratoires internationaux lors de la conclusion
des accords de partenariat.
L’activité R&D quant à elle, elle n’est pas importante au sein des filiales des multinationales
puisqu’elle est faite généralement au niveau des sociétés mères ou dans le cadre d’un
partenariat entre ces dernières et des laboratoires de recherche externes. Les filiales présentes
au Maroc se focalisent surtout sur la commercialisation des produits importés de la société
mère et dans certains cas se limitent à des processus de fabrication classiques de médicament.
Toutefois, ces innovations de rupture développées ailleurs nécessitent être accompagnées par
des changements dans le processus de commercialisation ou organisationnel au sein des
filiales existantes au niveau local. L’environnement juridique quant à lui ne favorise pas
l’innovation selon les filiales des multinationales. Les laboratoires nationaux sont
244
généralement limités à la fabrication sous licence ou des génériques. Dans certains cas, il y a
lieu de développement des extensions en se basant sur des innovations incrémentales.
Les entrevues de l’étude pré-enquête ont également montré que les partenariats pour la
fabrication sous licence sont également très importants dans ce secteur. Ces partenariats
pourraient permettre un transfert de savoir et de connaissance comme ils pourraient avoir un
effet positif sur l’organisation de l’entreprise en l’aidant à s’aligner et à se mettre à jour avec
les standards internationaux les plus récents. L’usage des TIC est également perçu comme
élément important par les personnes interviewées dans la mesure où il est très présent dans les
stratégies de la promotion et de la vente. Pour certains laboratoires nationaux, leur
implémentation a facilité l’automatisation des processus de fabrication.
Sur la base des points relatés lors de la phase pré-enquête, nous avons ensuite élaboré notre
questionnaire pour permettre une évaluation effective des relations qui pourraient exister entre
l’innovation et les facteurs qui la favorisent. Après avoir collecté les données nécessaires,
nous avons procédé à l’analyse statistique en utilisant la régression logistique, reconnue
comme méthode qui donne le modèle le mieux adapté qui incorpore la relation entre
l’innovation et les facteurs explicatives sélectionnés.
Les résultats de la régression logistique dévoilent que les innovations non technologiques sont
très répandues au niveau des laboratoires pharmaceutiques et que les déterminants de
l’innovation diffèrent selon le type d’innovation. Parmi les variables sélectionnées par cette
méthode, nous citons les activités de R&D qui ont une influence positive et significative sur
l’innovation technologique au sein des laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc.
Nous avons pareillement trouvé que plus les laboratoires pharmaceutiques installés au Maroc
font de la fabrication sous licence moins l’innovation technologique est importante. Ceci est
dû, entre autres, au fait que les laboratoires n’ont pas pu encore développer les capacités
absorptives nécessaires pour la mise en place des innovations technologiques.
245
246
CONCLUSION GENERALE
Conclusion Générale
L’industrie pharmaceutique est un secteur qui connait des changements permanents suite,
entre autres, au changement du paradigme technologique en passant de la chimie à la
biotechnologie, au cout de la R&D qui ne cesse d’augmenter, au grand risque d’échec et aux
brevets qui tombent dans le domaine public. Face à ces changements, les laboratoires
pharmaceutiques sont contraints à changer leurs stratégies de gestion et de faire appel à
l’innovation pour garantir leur profit et leur évolution. Les premières questions qui ont été
soulevées et traitées au cours de ce travail de recherche sont de situer les laboratoires
pharmaceutiques installés au Maroc par rapport à l’innovation et d’examiner comment les
changements cités en haut influencent l’innovation. En outre, nous avons également soulevé
la question sur les mécanismes qui favorisent l’innovation et nous avons examiné si les
facteurs traditionnels révélés dans la revue de littérature (la taille et l’âge de l’entreprise, la
R&D, les accords de partenariat, l’usage des TIC…) agissent de la même manière sur
l’innovation au sein des laboratoires pharmaceutiques au Maroc.
Pour examiner les facteurs qui favorisent l’innovation au sein des laboratoires
pharmaceutiques au Maroc, nous avons adopté une démarche multidimensionnelle en
distinguant entre l’innovation technologique (INT) et l’innovation non technologique (INNT).
En effet, l'analyse de ce phénomène ne devrait pas se limiter à la nouveauté du produit ou du
procédé mais englober également d’autres aspects tels que les pratiques organisationnelles et
de marketing. La posture épistémologique adoptée est positiviste et s’inscrit dans le cadre
d’une recherche empirique. Nous avons élaboré un questionnaire pour déterminer le modèle
sous-jacent a la réalité et identifier les facteurs qui favorisent le plus l’innovation
technologique et non technologique au sein des laboratoires pharmaceutique au Maroc.
Selon les résultats trouvés, il existe plusieurs déterminants de l’innovation au sein des
entreprises, à savoir, de la taille et de l’âge de l’entreprise, des activités de R&D, de
l’organisation structurelle, de l’usage des TIC, de la qualification de la main d’œuvre ainsi
que des accords de partenariat. Toutefois, ces facteurs n’ont pas la même perception ni le
même impact au niveau des entreprises localisées dans les pays à revenu moyen ou faible.
L’usage des TIC, par exemple, a un rôle important dans la révolution technologique qu’a
connu le secteur pharmaceutique dans le monde. Toutefois, son impact sur l’innovation
247
CONCLUSION GENERALE
technologique au sein des laboratoires pharmaceutiques localisés dans les pays à revenu
moyen ou faible reste insignifiant. Ces derniers investissent dans les TIC pour renforcer leur
force de vente et pour fluidifier la communication interne et la communication externe,
principalement avec les prescripteurs du médicament. Cet usage est moins important pour le
développement des innovations technologiques telles que la découverte de nouvelles
molécules biotechnologiques ou l’automatisation des processus de fabrication. La lenteur de
l'adoption des TIC au niveau des entreprises localisées dans les pays en voie de
développement et le modèle de fabrication des laboratoires, basé essentiellement sur une
fabrication sous licence sont parmi les raisons qui expliquent ce résultat. L’innovation est
généralement lancée au niveau de la société mère. Les laboratoires pharmaceutiques dans les
pays en développement se focalisent généralement plus sur la commercialisation des produits
qu'ils importent ou qu'ils fabriquent sous licence.
Notre travail de recherche montre également qu’à l’inverse des pays industrialisés, la
conclusion des accords de partenariats de R&D et également ceux d'échange d'informations
techniques n'a pas d'impact significatif sur le développement des innovations technologiques.
Cela peut s’expliquer par le fait que les laboratoires pharmaceutiques marocains n’ont pas
248
CONCLUSION GENERALE
Dans le même sens, le présent travail de recherche montre que dans notre contexte les contrats
de licence ne favorisent pas l'innovation de produit et de procédé. Plus l'entreprise fait de la
fabrication sous licence, moins est la probabilité de développer des innovations de produit ou
de procédé. Ces résultats sont similaires à ceux des travaux menés dans des contextes comme
le nôtre et ont été expliqué entre autres, par l’existence des clauses restrictives dans les
contrats de licence empêchant le transfert de la connaissance et de la technologie aux
entreprises locales (Gabsi et al., 2008). D'autres auteurs expliquent ce résultat par l'échec des
politiques publiques qui n'ont pas pu promouvoir l'apprentissage par l'éducation et n'ont pas
pu développer les capacités d'absorption de leur pays (De Cervantes et Marshall, 2016).
Il est à noter que les résultats de notre travail de recherche montrent qu’il n’existe pas de
facteurs communs pour tous les types d’innovations. Chaque type a ses propres déterminants.
En outre, les variables explicatives de l’innovation technologique ne sont pas toujours
identiques à celles de l’innovation non technologique. Dans le cadre de notre travail de
recherche, nous avons montré que les déterminants des innovations technologiques sont plus
liés aux activités de R&D et à la décentralisation du processus de décision au sein de
l’entreprise. Par contre, les variables qui impactent l’innovation non technologique ont plus
un lien avec la qualification de la main d’œuvre, l’usage des TIC et l’âge de l’entreprise.
Michelle Mango (2013) montre que les activités de R&D et le recours aux sources
d’informations externes influencent davantage les innovations technologiques que les
innovations non technologiques. Elle montre également que les subventions publiques
influencent plus les innovations technologiques par contre la coopération avec les clients
influence plus les innovations non technologiques.
Zaier Olfa Hajjem (2015) prouve également que les facteurs qui influencent les quatre types
d’innovation sont différents. Elle montre également que même si la R&D interne a un effet
positif et significatif sur les quatre types d’innovation, il n’en est pas de même pour les
activités de R&D externe dont l’impact est négatif sur les innovations de procédé et de
commercialisation et insignifiant sur les deux autres types d’innovation. Elle a également
montré que la taille influence positivement et significativement l’innovation organisationnelle
249
CONCLUSION GENERALE
Encore plus, même au sein des innovations technologiques, les facteurs qui influencent
significativement l’innovation de produit diffèrent de ceux qui influencent l’innovation de
procédé. Plusieurs études ont souligné que même s’il existe un lien étroit entre les innovations
de produit et celles de procédé, les innovations de produit et de procédé suivent des processus
différents et n'ont pas nécessairement les mêmes déterminants (Freel, 2003 ; Gopalakrishnan
et al., 1999 ; Lager and Ho¨rte, 2002; Michie and Sheehan, 2003; Papadakis and Bourantas,
1998; Sternberg and Arndt, 2001).
Il est également intéressant de souligner que pour tirer avantage des partenariats et des
accords de licence, les laboratoires pharmaceutiques devraient améliorer leurs capacités à
assimiler et à exploiter les connaissances et les résultats obtenus par d'autres organisations au
lieu de suivre un modèle de production simple et classique qui garantira un bénéfice stable.
Oser de nouvelles perspectives et chercher des partenariats avec des investisseurs « capital-
risque» pour financer les activités de R&D est une alternative parmi d'autres qui permet à nos
laboratoires de se lancer dans la recherche de nouvelles molécules, issues notamment des
plantes médicinales qui présentent un levier pour le Maroc.
Le présent travail de recherche est loin d’être exhaustif ou complet. Malgré le fait de prendre
l’ensemble des laboratoires pharmaceutiques existant au Maroc, leur nombre reste limité pour
mener une analyse statistique parlante. Il est communément admis que plus la taille de
l’échantillon de l’étude est grande, plus les résultats sont extrapolables. Dans notre cas, nous
n’avons pas fait recours à l’usage des techniques d’échantillonnage car nous avons pris la
population totale. Toutefois, il serait plus intéressant d'étendre cette étude à un plus grand
nombre laboratoires pharmaceutiques qui se trouvent dans des pays similaires au nôtre,
notamment la Tunisie, l'Algérie et la Jordanie.
250
CONCLUSION GENERALE
Il serait également important d’enchainer sur le présent travail de recherche pour étudier des
éventuelles interdépendances entre les types d’innovation. Cela pourrait faire l’objet d’un
éventuel futur travail de recherche pour compléter ce qui a été déjà réalisé. Plusieurs auteurs
soulignent que les quatre types d’innovation ne sont pas indépendants. Mohieddine et
Yildizoglu (2011) soulignent que « Les innovations de procédé ont souvent des répercussions
significatives sur les produits et inversement, les innovations de produit peuvent nécessiter
des améliorations dans les procédés de fabrication ». De même, Zaier Olfa Hajjem (2015) a
démontré qu’il existe une interdépendance et simultanéité entre les innovations
technologiques et non technologiques. Elle a montré, entre autres, que le lancement des
activités de R&D est accompagné par la modernisation des pratiques organisationnelles.
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✓ Phénomène de l’Innovation :
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✓ Investissement en R&D
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✓ Contrat programme
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ANNEXES
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ANNEXES
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ANNEXES
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ANNEXES
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ANNEXES
282
ANNEXES
283
ANNEXES
284
ANNEXES
285
ANNEXES
286
ANNEXES
287
ANNEXES
(1) (2)
288
ANNEXES
Score df Sig.
Innovation de procédé :
Score df Sig.
289
ANNEXES
Innovation organisationnelle :
Score df Sig.
Innovation commerciale :
290
ANNEXES
Score df Sig.
291
ANNEXES
Annexe 5 : Table de contingence de « Hosmer and Lemeshow” pour les quatre types
d’innovation
Innovation de produit :
2 5 5,720 1 ,280 6
3 5 4,484 0 ,516 5
4 3 4,005 2 ,995 5
5 3 3,128 2 1,872 5
6 4 2,397 1 2,603 5
7 1 ,823 4 4,177 5
8 0 ,340 5 4,660 5
9 0 ,132 6 5,868 6
2 5 5,691 1 ,309 6
3 5 4,521 0 ,479 5
4 4 4,037 1 ,963 5
5 3 3,488 3 2,512 6
6 3 1,985 1 2,015 4
292
ANNEXES
7 1 ,882 5 5,118 6
8 0 ,330 6 5,670 6
9 0 ,094 4 3,906 4
2 4 3,870 0 ,130 4
3 6 6,444 1 ,556 7
4 5 5,259 2 1,741 7
5 3 2,064 1 1,936 4
6 3 2,831 4 4,169 7
7 1 ,654 2 2,346 3
8 0 ,567 6 5,433 6
9 0 ,333 5 4,667 5
Innovation de procédé :
2 5 4,678 0 ,322 5
3 3 3,917 2 1,083 5
4 5 3,855 1 2,145 6
5 0 1,196 5 3,804 5
6 1 ,326 4 4,674 5
293
ANNEXES
7 0 ,088 6 5,912 6
8 0 ,004 5 4,996 5
9 0 ,000 3 3,000 3
2 5 4,684 0 ,316 5
3 4 3,827 1 1,173 5
4 4 3,877 2 2,123 6
5 0 1,246 5 3,754 5
6 1 ,341 4 4,659 5
7 0 ,079 6 5,921 6
8 0 ,005 5 4,995 5
9 0 ,001 3 2,999 3
2 5 4,808 0 ,192 5
3 6 4,925 0 1,075 6
4 3 4,032 3 1,968 6
5 1 1,778 5 4,222 6
6 0 ,351 5 4,649 5
7 1 ,109 4 4,891 5
8 0 ,016 4 3,984 4
9 0 ,003 5 4,997 5
2 3 2,442 0 ,558 3
3 5 4,341 1 1,659 6
4 3 4,443 6 4,557 9
5 0 ,643 7 6,357 7
6 1 ,214 5 5,786 6
7 0 ,015 4 3,985 4
294
ANNEXES
8 0 ,004 3 2,996 3
Innovation organisationnelle :
2 4 4,067 1 ,933 5
3 2 2,478 3 2,522 5
4 1 1,028 4 3,972 5
5 1 ,259 5 5,741 6
6 0 ,149 5 4,851 5
7 0 ,070 5 4,930 5
8 0 ,033 6 5,967 6
9 0 ,007 5 4,993 5
2 5 4,539 1 1,461 6
3 1 1,986 3 2,014 4
4 1 1,005 4 3,995 5
5 1 ,264 4 4,736 5
6 0 ,177 6 5,823 6
7 0 ,064 5 4,936 5
8 0 ,022 5 4,978 5
9 0 ,008 6 5,992 6
2 4 3,806 1 1,194 5
3 2 2,174 2 1,826 4
4 1 1,592 4 3,408 5
295
ANNEXES
5 0 ,233 4 3,767 4
6 1 ,109 2 2,891 3
7 0 ,168 8 7,832 8
8 0 ,025 5 4,975 5
9 0 ,008 5 4,992 5
10 0 ,001 3 2,999 3
2 2 2,800 3 2,200 5
3 2 2,413 4 3,587 6
4 2 ,777 3 4,223 5
5 0 ,117 3 2,883 3
6 0 ,272 13 12,728 13
7 0 ,016 8 7,984 8
Innovation commerciale :
2 4 3,658 1 1,342 5
3 2 1,991 3 3,009 5
4 0 ,878 5 4,122 5
5 1 ,255 4 4,745 5
6 0 ,147 6 5,853 6
7 0 ,080 5 4,920 5
8 0 ,027 5 4,973 5
9 0 ,006 6 5,994 6
296
ANNEXES
2 4 3,653 2 2,347 6
3 1 1,623 4 3,377 5
4 0 ,443 5 4,557 5
5 1 ,215 5 5,785 6
6 0 ,110 5 4,890 5
7 0 ,073 5 4,927 5
8 0 ,012 6 5,988 6
9 0 ,002 3 2,998 3
2 4 4,041 2 1,959 6
3 2 1,986 3 3,014 5
4 0 ,575 5 4,425 5
5 1 ,216 4 4,784 5
6 0 ,183 6 5,817 6
7 0 ,098 6 5,902 6
8 0 ,013 6 5,987 6
9 0 ,001 3 2,999 3
2 3 2,923 1 1,077 4
3 2 1,726 3 3,274 5
4 1 1,730 5 4,270 6
5 0 ,465 4 3,535 4
6 0 ,272 7 6,728 7
7 1 ,131 9 9,869 10
8 0 ,038 6 5,962 6
297
ANNEXES
Lower Upper
298
ANNEXES
Innovation de procédé :
Lower Upper
299
ANNEXES
300
ANNEXES
Innovation organisationnelle :
Lower Upper
Step Usage TIC 2,734 1,573 3,021 1 ,082 15,393 ,705 335,913
a
1
qua_main_oeuvr 4,439 2 ,109
301
ANNEXES
Step Usage TIC 3,168 1,464 4,685 1 ,030 23,765 1,349 418,671
a
3
qua_main_oeuvr 5,681 2 ,058
Step Usage TIC 2,984 1,248 5,713 1 ,017 19,767 1,711 228,343
a
4
qua_main_oeuvr 7,375 2 ,025
302
ANNEXES
Innovation commerciale
Lower Upper
303
ANNEXES
304