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Maroc : ce que va coûter la monarchie à l’État en 2023

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Comme chaque année, le budget consacré au roi du Maroc, à sa famille et aux centaines de
personnes qui travaillent pour la cour a été présenté au Parlement dans le cadre du vote de
la loi de finances. S'il reste public, le montant de ce budget ne fait pas l'objet d'un débat
classique des parlementaires, mais est approuvé par "consentement tacite". À 280 millions
d'euros (2,8 milliards de dirhams), est-il raisonnable ? Trop élevé ? Il a, en tout cas, très peu
augmenté depuis une dizaine d'années et s'il peut être considéré comme important en
comparaison avec, par exemple, le budget que le Royaume-Uni consacre à sa famille
régnante, il faut aussi noter que Mohammed VI est un roi qui gouverne effectivement.
Analyse du détail des sommes allouées au monarque et à son entourage. 

Politique

Maroc : ce que va coûter la monarchie à l’État en 2023


Par Fadwa Islah

Au Maroc, le budget consacré à la Maison royale, ainsi que le salaire du roi Mohammed VI
sont publics. Ils font l’objet chaque année de rubriques spécifiques dans la loi de finances,
laquelle vient tout juste d’être dévoilée pour 2023.

Le 20 octobre, la ministre marocaine de l’Économie et des Finances Nadia Fettah Alaoui


Alaoui présentait au Parlement, à Rabat, le Projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2023.
Santé, éducation, protection sociale, fiscalité… Tous les sujets y sont abordés, y compris le
budget consacré aux dépenses du roi Mohammed VI et de la cour royale. Une pratique qui
n’est pas nouvelle, puisqu’elle a été mise en place en 1984, sous le règne du roi Hassan II.
 
Selon les éléments communiqués par le ministère des Finances, ces dépenses sont
réparties entre une première rubrique intitulée « Sa Majesté le roi » et une seconde nommée
« Cour royale ».
 
À (re)lire - Maroc : Makhzen, mode d’emploi… Les confidences exclusives d’Abdelhak El
Merini, porte-parole du Palais
 
Sur les 543,4 millions de dirhams (l’équivalent de 50 millions d’euros) alloués à « Sa Majesté
le roi », 26,2 millions sont destinés au poste dit « personnel » (également appelé « les listes
civiles du roi ») – qui correspond au salaire du monarque et des membres de sa proche
famille, auxquels viennent s’ajouter les pensions destinées aux membres de la dynastie
alaouite –, et 517 millions de dirhams consacrés au « matériel et dépenses diverses », qui
couvrent aussi bien le parc automobile royal que les réceptions officielles organisées en
l’honneur d’invités de marque (tels que monarques, princes, présidents…) ou encore les
trophées et les grand prix portant le nom du souverain ou celui des membres de la famille
royale.
 
Budget stable
 
« Ces sommes n’ont quasiment pas augmenté depuis plus de dix ans malgré
l’agrandissement de la famille royale et l’inflation galopante, commente un économiste
marocain. C’est à croire que la monarchie marocaine, à l’instar de celles en place au
Royaume-Uni ou encore en Espagne, a à coeur de faire montre d’une certaine sobriété dans
ce contexte de crise. »
 
Quant aux 2,2 milliards de dirhams de la rubrique « Cour royale », ils se répartissent en trois
postes : 577 millions de dirhams pour les dépenses de « personnel » (ce qui correspond au
salaire des conseillers royaux, ainsi que la rémunération de l’ensemble des personnes qui
travaillent au cabinet royal et au ministère de la Maison royale), 1,5 milliard de dirhams pour
le « matériel et dépenses diverses » (l’entretien des palais et les frais de fonctionnement
des diverses institutions au cœur de la monarchie comme le cabinet royal) et 131 millions
dirhams consacrés à l’investissement.
 
À (re)lire - Maroc : la très originale Rolls-Royce Camargue du roi Hassan II a enfin trouvé
preneur
 
« La Cour est un gros employeur avec plus de 1 100 postes budgétaires [dont au moins 300
permanents au cabinet royal], estime ce même économiste. Cela implique une masse
salariale et des frais de fonctionnement non négligeables, malgré le fait que les
rémunérations des conseillers royaux restent raisonnables puisqu’elles sont alignées sur
celles des membres du gouvernement. »

Un budget de 1,6 milliard de dirhams a par ailleurs été consacré au chef du gouvernement,
Aziz Akhannouch, soit l’équivalent de près de trois fois celui du roi Mohammed VI.
 
Consentement tacite
 
Ces dépenses royales sont votées chaque année « par consentement tacite », c’est-à-dire
sans qu’elles soient discutées au Parlement, et encore moins contestées, la grande majorité
des Marocains estimant que la monarchie alaouite, en tant que garante de la stabilité et de
l’unité du royaume, les vaut bien…
 
« Si on additionne le budget de Sa Majesté à celui de la Cour royale, on est sur un montant
de 2,8 milliards de dirhams. L’équivalent de 280 millions d’euros. Certains peuvent trouver
ce montant élevé, surtout lorsqu’on le compare à celui de la famille royale britannique,
environ 120 millions d’euros. Mais un budget ne se lit pas à travers les chiffres absolus et, à
la différence de ce qui se passe au Royaume-Uni, il faut souligner que la monarchie
marocaine est, elle, exécutive. Face à ce montant de 2,8 milliards, il faut donc voir aussi ce
qu’apporte la monarchie au pays en termes de stabilité politique et institutionnelle, de
ciment entre les différentes couches de la population, de garantie de pérennité de l’État,
d’arbitrage suprême entre les institutions, de pilotage stratégique des grands chantiers de
réforme, de prestige à l’international… Et tout cela n’a pas de prix », estime notre
économiste.

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