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Matériaux_de_construction Chapitre_4

Les Mortiers et Bétons


1.- Les mortiers
1.1. Définition
Le mortier est un mélange de liant, de sable, d’eau et éventuellement d’un adjuvant. Il se
distingue du béton par l’absence de gravillons. Le liant peut être du ciment, de la chaux ou les
deux combinés (mortier bâtard). Dans ce cas la chaux apporte la plasticité et le ciment la
résistance mécanique.

1.2. Fabrication et composition


Les mortiers sont préparés (sur prescriptions du maître d’œuvre) :

• Sur le chantier à partir de mortiers industriels secs pré-dosés (ajuster la quantité d’eau
nécessaire) ou en mélangeant les différents constituants ;
• A l’usine (ou la centrale), dans ce cas, nous avons des mortiers prêts à l’emploi avec un
temps d’utilisation supérieur à 24 heures.

Les matériaux qui entrent dans la fabrication des mortiers doivent être choisis convenablement.
Le liant le plus utilisé est le ciment. Il doit être en poudre (exempt de grumeaux). La quantité
de ciment est donnée en kg/m3 de mortier et varie selon l’usage de ce dernier

• 300 kg/m3 (CEM 32,5 ou 42,5) maçonnerie ou hourdage, enduits intérieur et extérieur
• 250 kg/m3 (CEM 32,5) chape ordinaire
• 750 kg/m3 (CEM 42,5) scellements

Le sable doit être exempt de matières végétales, d’argiles, de vases, … (Propreté mesurée avec
l’Equivalent de Sable). Les sables roulés sont préférés aux sables de carrières et la
granulométrie doit être limitée à 4 mm.
Sur le chantier, le sable contient un pourcentage d’eau pouvant aller jusqu’à 20% dont il faut
teneur compte pour éviter le foisonnement.

Les adjuvants sont utilisés selon les caractéristiques recherchées. Ils sont, soit des plastifiants,
des entraineurs d’air, des retardateurs ou accélérateurs de prise, des hydrofuges … et sont
employés en des quantités inférieures ou égales à 5% de la masse de ciment. Les adjuvants sont
classés en 3 grandes catégories suivant leur fonction principale (NF EN 934 – 2) :

• Les plastifiants – réducteurs d’eau, super-plastifiants (anciennement appelés


fluidifiants) qui modifient l’ouvrabilité du béton. Pour une même ouvrabilité, on note
avec ces adjuvants une augmentation de la résistance du béton (ou mortier) par une
diminution de la teneur en eau (de 10 à 35 l/m3) d’où une augmentation de la compacité
(réduction des vides dus à l’excès d’eau). Les plastifiants sont élaborés à partir de
lignosulfonates de sels d’acides organiques, de mélanines sulfonate, de naphtalène
sulfonate et dérivées de naphtalène ou mélanine et sont surtout utilisés dans la
préfabrication qui exige des bétons fermes. Les super-plastifiants, pratiquement
indispensables pour la réalisation de béton de hautes performances sont particulièrement

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utilisés pour la réalisation de fondations, dallages, radiers, sols industriels. Ils


provoquent un fort accroissement de l’ouvrabilité du béton ou mortier.
• Les accélérateurs de prise, accélérateurs de durcissement, retardateurs de prise qui
modifient la prise et le durcissement. Ils modifient les solubilités des différents
constituants des ciments et surtout leur vitesse de dissolution.
• Les adjuvants qui modifient certaines propriétés particulières : entraineurs d’air,
générateurs de gaz, hydrofuges de masse. Le béton qui durcit contient environ 2% en
volume d’air, les entraineurs d’air ont pour effet d’assurer la répartition uniforme de cet
air. Ce qui entraine une augmentation de la résistance au gel du béton. Les entraineurs
d’air sont utilisés pour les béton d’ouvrages hydrauliques (canaux, retenus d’eau, …) et
sont obligatoires pour les bétons routiers. Les hydrofuges diminuent l’absorption
capillaire et augmentent ainsi l’étanchéité des bétons.
A ceux-là on peut ajouter les produits de cure qui ne sont pas des adjuvants à proprement
parler et qui ont pour fonction de protéger le béton pendant son durcissement (NF P 18
– 370). Ces produits sont à base de résines, cires ou paraffines. Ils empêchent la
dessiccation du béton par évaporation trop rapide de l’eau (baisse de résistances
mécaniques, formations de fissures de retrait avant prise). Les produits de cure peuvent
être pulvérisés sur le béton frais (à éliminer avant d’appliquer un revêtement). Et sont
généralement utilisés pour les ouvrages pour lesquels le rapport surface/épaisseur est
grand (dallages, routes, …)

L’eau de gâchage
Nécessaire à l’hydratation du ciment, l’eau facilite aussi la mise en œuvre du béton ou mortier
(effet lubrifiant), néanmoins la qualité de l’eau de gâchage peut avoir une influence sur le temps
de prise, le développement des résistances du béton et la protection des armatures contre la
corrosion.
La norme NF P 18 – 303 spécifie les prescriptions pour l’eau convenant à la production de
béton et décrit les méthodes permettant d’apprécier son aptitude à l’emploi.
L’eau doit être propre et ne pas contenir d’impuretés nuisibles (matières organiques, alcalis).
L’eau potable convient toujours. Le gâchage à l’eau de mer ou à l’eau saumâtre est à éviter
surtout pour le béton armé et le béton précontraint. En effet pour le béton contenant des
armatures en acier, la teneur totale tolérée en chlorures est le facteur déterminant.
Les eaux de lavage provenant des installations de recyclages des industries du béton, les eaux
provenant de la nappe phréatique, les eaux de ruissellement et les eaux des rejets industriels
peuvent convenir si elles satisfont aux exigences de la présente norme.
Les eaux usées ne conviennent pas.
Les essais d’aptitude de l’eau de gâchage comprennent un contrôle préliminaire, des essais
chimiques et mécaniques.

• Le contrôle préliminaire porte sur les graisses, les huiles, les détergents, la couleur, les
matières en suspension, les odeurs et les matières humiques. Le contrôle est réalisé avec
un volume de 80 ml d’eau à l’aide d’une éprouvette de 100 ml. Le tableau 1 donne les
valeurs admissibles pour certaines substances

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Tableau 1. – Limites admissibles des substances subissant un contrôle préliminaire

Substances Limite admissible


Huiles et graisses Ne dépassant pas les traces visibles
Détergents Disparition de la mousse en moins de 2
mn
Couleurs Jaune pâle
Matières en suspension Sédiment maximal de 4 ml
Odeur Aucune odeur et notamment absence
totale d'odeur de sulfure d'hydrogène
avant ou après l'addition d'acide
chlorhydrique.
Acides pH  4
Matières humiques Couleur brun jaunâtre ou plus pâle, après
addition de NaOH

• Les essais chimiques concernent :


o Les chlorures
La teneur en Cl- ne doit pas dépasser les valeurs suivantes

Teneur en Chlorures (mg/l)


Béton précontraint ou coulis 500
Béton armé 1 000
Béton non armé 4 500

o La teneur en sulfates exprimée en SO42- ne doit pas dépasser 2000 mg/l

o Alcalins
Lorsqu'il est prévu d'utiliser des granulats sensibles aux alcalins, la teneur en
alcalins de l'eau, exprimée en équivalent de Na2O, ne doit pas dépasser 1 500 mg/l.

o Substances nocives

Substances Concentration maximale (mg/l)


Sucres 100
Phosphates, exprimés en P2O5 100
Nitrates, exprimés en NO-3 500
Plomb, exprimé en Pb2+ 100
Zinc, exprimé en Zn2+ 100

• Temps de prise et résistance


Le temps de début de prise, obtenu sur des éprouvettes avec l’eau essayée, ne doit pas
être inférieur à 1 h et ne doit pas s’écarter de plus de 25% de celui obtenu avec des
éprouvettes préparées avec de l’eau distillée ou de l’eau dé-ionisée.
Le temps de fin de prise ne doit pas être supérieur à 12 h.

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La résistance moyenne à la compression à sept jours des éprouvettes de béton ou de


mortier préparées avec de l’eau essayée, doit atteindre au moins 90% de la résistance
moyenne des éprouvettes correspondantes préparées avec de l’eau distillée ou dé-
ionisée.

1.3. Usages des mortiers


• Hourdage de maçonnerie
Les mortiers sont utilisés pour assembler les blocs de bétons, pierres de tailles, briques,
etc.
• Enduits
L’essentiel des mortiers est destiné à la réalisation d’enduits.
• Chapes
Elles ont pour fonction d’assurer la mise à niveau du dallage et la régularité de sa surface
• Scellements et calages
Réalisés surtout avec des mortiers industriels, résistants

2.- Les bétons


Le béton est un matériau de construction usuel, qui s’apparente à une pierre artificielle. Ses
constituants essentiels sont :

• Un mélange granulaire de Sable et Graviers formant le squelette du matériau ;


• Un liant hydraulique, le Ciment, assurant la cohésion entre les différents grains du
squelette ;
• L’Eau est le réactif chimique provoquant la prise du ciment (hydratation) ;
• Eventuellement, et en faible quantité, des produits d’addition, les Adjuvants, influençant
certaines propriétés ou comportement du matériau béton.

A faible quantité, le béton peut être fabriqué manuellement sur le chantier. Pour de grandes
quantités, il est fait appel à l’emploi de bétonnières.
Les dosages courants sont de l’ordre de 150 kg/m3 (béton de propreté), 250 kg/m3 (gros béton
de fondation), 350 kg/m3 (béton armé).
La composition du béton a une profonde influence sur ses caractéristiques. L’obtention de ces
caractéristiques passe impérativement par l’adoption et l’optimisation de la formulation aux
exigences appropriées à l’ouvrage et à son environnement.

2.1. Méthodes de formulations


L’objectif est de déterminer la nature et les quantités de matériaux nécessaires à la confection
d’un m3 de béton (Eau E, Ciment C, Sable S, gravillon g et Graviers G) en fonction des critères
de maniabilité et de résistance définis par le cahier des charges.
2.1.1. Caractéristiques recherchées pour un béton

• A l’état frais : la principale caractéristique est la maniabilité. Elle est indispensable pour
permettre la mise en œuvre du béton dans les moules ou coffrages, dont les formes sont
parfois complexes
• A l’état durci nous avons la porosité qui conditionne la résistance à la compression et
la durabilité

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2.1.2. Méthode simplifiée de « Dreux Gorisse »


La méthode simplifiée convient pour les ouvrages courants réalisés avec des moyens limités
(dosage volumétrique). La méthode utilise des abaques simples et permet de formuler le béton
à partir de :

• La dimension maximale des granulats Dmax


• La maniabilité mesurée au cône d’Abrams
• La résistance à la compression à 28 jours.

Au niveau des abaques utilisés, le ratio C/E (dosage en ciment/dosage en eau) est calculé à
partir de
Rb 28  G  Rc (C / E  0,5)
Expression simplifiée, inspirée de la formule de Féret
Rb28 est la résistance à la compression du béton à 28 jours
Rc est la résistance réelle du ciment
G est un coefficient compris entre 0,35 et 0,65
Pour l’établissement des abaques les classes granulaires suivantes ont été utilisées

• Sable 0/5
• Trois graviers : D = 12,5 ; D = 20 ; et D =40 mm
• Le ciment choisi est de classe 32,5

2.1.2.1. Maniabilité du béton


En fonction des caractéristiques de l’ouvrages et des moyens de chantier (moyens de vibration),
on fixe pour le béton une maniabilité caractérisée par sa consistance et mesurée par l’essai au
cône d’Abrams
La norme NF EN 206 – 1 définit les classes de consistances suivantes (tableau 2).

Tableau 2. – Classes de consistances en fonction du type d’ouvrage

Classe de Affaissement en Plasticité Désignation Vibration Usages fréquents


consistance cm conseillée
S1 0à4 Ferme F Puissante Bétons extrudés
Bétons de VRD
S2 Génie civil
5à9 Plastique P Normale Ouvrages d’art
Bétons de masse
S3 10 à 15 Très TP Faible Ouvrages courants
plastique
S4 16 Fluide Fl Léger Fondations profondes
piquage Dalles et voiles minces

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2.1.2.2. Résistance du béton


Le domaine d’application des abaques est celui des bétons courants présentant une résistance à
28 jours, comprise entre 15 MPa et 40 MPa.
Le béton doit être formulé pour qu’à 28 jour sa résistance moyenne en compression atteigne la
valeur caractéristique ’28.
Cette valeur doit, par mesure de sécurité, être supérieure de 15 % à la résistance minimale en
compression fc28 nécessaire à la stabilité de l’ouvrage.

 ' 28  1,15  f c 28

Pour tenir compte de l’apport d’eau dû au degré d’humidité des granulats, les abaques
introduisent un correctif défini dans le tableau 3.

Tableau 3. – Correctifs dépendants du degré d’humidité des granulats

Degrés d’humidité des granulats


Sec Humide Mouillé Trempé
Brillant L’eau ruissèle
Mat Très humide
Légère sur les
Aspect Un peu Dépôt d’eau
adhérence sur granulats qui
poussiéreux sur la main
la main sont saturés
% Sables 0 à 3% 4 à 7% 8 à 11% 12 à 15%
d’eau Gravillons 1% 3% 5% 6%

Ces indications ne restent qu’approximatives, et seule une mesure d’affaissement au cône est
susceptible de préciser le dosage en eau à adopter.
La réduction d’eau procurée par l’emploi d’un adjuvant dépend aussi du type de plastifiant et
de son dosage.

2.1.2.3. Utilisation des Abaques

• Sur l'abaque correspondant à la valeur de D adoptée (12,5 - 20 ou 40 mm), on part Tracer


verticalement un trait de la plasticité désirée jusqu'au croisement de la droite de
résistance souhaitée en R.
• De R, tracer horizontalement un trait vers la droite jusqu'au au point C correspondant
au dosage en ciment (en kg/m3) sur l'échelle verticale.
• En poursuivant cette horizontale on détermine les point GI et G2 à l'intersection avec
les droites de granulats (sable, gravier ...)
• En descendant verticalement à partir de GI et G2 (et G3 éventuellement) on trouve, sur
l'échelle horizontale, les volumes en litres de ces granulats.
• Quant au dosage en eau, on l’obtient en partant du point D à l'intersection de la première
verticale avec la droite « dosage en eau » en traçant une horizontale vers la droite
jusqu'au point E, à l'intersection de la verticale correspondant au degré d'humidité
apparent des matériaux. Le dosage en eau à ajouter se lit sur le réseau de droites
inclinées.

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• Dans le cas où l'horizontale issue de R coupe l'échelle de ciment au-dessus de la valeur


400 km/m3 il est conseillé, plutôt que d'augmenter le dosage en ciment au-delà de 400,
de prévoir un adjuvant (plastifiant ou fluidifiant), et dans ce cas le point D est à
remplacer par le point D'pour déterminer le dosage de l'eau à ajouter.

Remarques
En matière de composition de bétons, il est important de faire les constats suivants :

• Si l'on désire augmenter la plasticité, le dosage en eau s'en trouve augmenté (pour un
même degré d'humidité des granulats),
• Si le dosage en eau est augmenté (pour augmenter la plasticité), il faudra, si l'on veut
conserver la même résistance, augmenter le dosage en ciment ; si l'on maintient le même
dosage en ciment, la résistance sera plus faible,
• Si le dosage en ciment augmente, on a tendance, ce qui est normal, à mettre moins de
sable et plus de graviers (et vice versa),
• Si l'humidité des granulats augmente, la quantité d'eau à ajouter diminue,
• Si l'on passe d'un abaque à l'autre on constate que, pour une plasticité équivalente et
pour la même résistance, on mettra un peu moins de ciment et un peu moins d'eau si les
granulats sont plus gros

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2.1.3. Méthode complète de « Dreux Gorisse »


Outre la maniabilité et la résistance du béton, la nature du ciment et le type de granulat doivent
être définis.

2.1.3.1. Choix du ciment


Le ciment est choisi en fonction de la valeur de sa classe vraie ’c et des critères de mise en
œuvre (vitesse de prise et de durcissement, chaleur d’hydratation, etc…). La classe vraie du
ciment est la résistance moyenne en compression obtenue à 28 jours sur des éprouvettes de
mortier normalisé. Le cimentier garantit une valeur minimale atteinte par au moins 95 % des
échantillons (dénomination normalisée spécifiée sur le sac de ciment). La correspondance entre
classe vraie du liant et valeur minimale garantie par le fabriquant est donnée dans le tableau 4

Tableau 4. - Correspondance entre classe vraie et dénomination normalisée des ciments

Dénomination 32,5 MPa 42,5 MPa 52,5 MPa


normalisée
Classe vraie 45 MPa 55 MPa > 60 MPa
’c

2.1.3.2. Choix des granulats


Les granulats à utiliser dans la fabrication du béton doivent permettre la réalisation d'un
squelette granulaire à minimum de vides. Il faut en conséquence utiliser des granulats de toutes
tailles pour que les plus petits éléments viennent combler les vides laissés par les plus gros.
La taille du plus gros granulat Dmax doit permettre le déplacement des grains entre les
armatures. Dmax est choisi en fonction de la densité du ferraillage, des dimensions de la pièce
à réaliser et de la valeur de l’enrobage (tableau 5).

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Tableau 5. - Détermination de Dmax en fonction du ferraillage et de l’enrobage.

Caractéristiques de la pièce à bétonner Dmax

eh Espacement horizontal entre armatures horizontales ≤ eh / 1,5

ev Espacement vertical entre lits d’armatures horizontales ev

Enrobages des armatures :


Ambiance très agressive  5 cm <c
c Ambiance moyennement agressive  3 cm
Ambiance peu agressive  3 cm
Ambiance non agressive  1 cm
Rayon moyen du ferraillage

≤ 1,4 r
≤ 1,2 r

hm Hauteur ou épaisseur minimale ≤ hm / 5

Le sable a une influence prépondérante :


• Sa propreté sera vérifiée à l’ES
• Son module de finesse (Mf) sera calculé. Il est souhaitable d’avoir un Mf compris entre
2,2 et 2,8
• Sa courbe granulométrique sera comparée avec le fuseau optimal

Correction éventuelle du Mf du sable


On pourra utiliser la règle d’Abrams : supposons par exemple que l’on dispose d’un sable S1 de
module de finesse trop fort Mf1 et que l’on désire y ajouter un sable fin S2 de module de finesse
Mf2 afin d’obtenir un mélange dont le module de finesse serait Mf. Les proportions des deux
sables devront être les suivantes :
Mf  Mf 2 Mf1  Mf
S1  et S 2 
Mf1  Mf 2 Mf1  Mf 2

2.1.3.3. Formulation proprement dite


Plusieurs étapes de calcul successives sont nécessaires à l’obtention de la formulation théorique
de béton :

• Détermination du rapport C/E


• Détermination de C et E
• Détermination du mélange optimal à minimum de vides
• Détermination de la compacité du béton

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• Détermination des masses de granulats

2.1.3.3.1. Détermination du rapport C/E


Le rapport C / E est calculé grâce à la formule de Bolomey :

 ' 28  G   ' c  (C / E  0,5)


’28 = Résistance moyenne en compression du béton à 28 jours en MPa
’c = Classe vraie du ciment à 28 jours en MPa
C = Dosage en ciment en kg par m3 de béton
E = Dosage en eau total sur matériau sec en litre par m3 de béton
G = Coefficient granulaire est fonction de la qualité et de la dimension maximale des granulats.

Tableau 6. - Coefficient granulaire G’ en fonction de la qualité et de la taille maximale des


granulats Dmax.
Dimension Dmax des granulats
Qualité des
granulats Fins Moyens Gros
Dmax < 12,5 mm 20 < Dmax < 31,5 Dmax > 50 mm
Excellente 0,55 0,60 0,65
Bonne, courante 0,45 0,50 0,55
Passable 0,35 0,40 0,45

NB - Ces valeurs supposent que le serrage du béton sera effectué dans de bonnes conditions
(par vibration en principe)

2.1.3.3.2. Détermination de C
La valeur de C est déterminée grâce à l’abaque de la figure 1 en fonction des valeurs de C/E et
de l’affaissement au cône d’Abrams.

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Fig. 1. - Abaque permettant la détermination de Copt.

Pour cela, il suffit de positionner sur l’abaque (figure 1) les valeurs de C/E et de l’affaissement
au cône recherchées. Le point ainsi obtenu doit être ramené parallèlement aux courbes de
l’abaque pour déterminer la valeur optimale de Copt. Au-delà de 400 kg de ciment par m3 de
béton, on préférera à un surdosage en ciment, l’usage d’un fluidifiant (Fluid.).

Le dosage effectif de ciment C à retenir doit être supérieur ou égal à Copt., et aux valeurs
minimales Cmin données par les formules 1 à 3 pour les bétons non normalisés (formule 1
lorsque le béton est en milieu non exposé, formule 2 pour un milieu exposé sans agressivité
particulière et formule 3 pour un milieu agressif).

(1). - Milieu non exposé avec : ’28 en MPa et Dmax en mm.

250  10 ' 28


C min (kg / m ) 
3
5 1,25Dmax
(2). - Milieu exposé sans agressivité particulière

 250  10 ' 28 550 


Cmin (kg / m )  Max 
3
, 
 5 1,25Dmax 5 1,25Dmax 

(3). - Milieu agressif

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 250  10 ' 28 700 


Cmin (kg / m )  Max 
3
, 
 5 1,25Dmax 5 1,25Dmax 

2.1.3.3.3. Détermination de E
La quantité d’eau E nécessaire à la confection du béton se calcule grâce aux valeurs de C/E et
de C.
Corrections sur le dosage en eau E
Lorsque la dimension maximale des granulats Dmax est différente de 20 mm, une correction sur
la quantité d’eau est nécessaire à l’obtention de la maniabilité souhaitée. Le tableau 7 donne les
corrections à apporter sur la quantité d’eau (le rapport C/E reste inchangé).

Tableau 7. - Correction sur le dosage en eau en fonction de Dmax.

Dimension maximale des 5 8 à 10 12,5 à 16 20 à 25 31,5 à 40 50 à 63,5 80 à 100


granulats (Dmax en mm)

Correction sur le + 15 +9 +4 0 -4 -8 - 12
dosage en eau E (en %)

2.1.3.3.4. Détermination du mélange optimal à minimum de vides (tracé de


la courbe granulaire de référence)
Il s'agit de déterminer les pourcentages de sable, de gravillons et de cailloux qui vont permettre
la réalisation d'un squelette granulaire à minimum de vides. Les quantités des matériaux de
chaque classe granulaire doivent être judicieuses pour que les plus petits éléments viennent
combler les vides laissés par les plus gros. La courbe granulométrique théorique d'un matériau
à minimum de vides peut être schématisée par une droite brisée. La démarche proposée par
Dreux pour déterminer le mélange optimum à minimum de vides est la suivante :

• Tracé de la droite brisée de référence


• Détermination des pourcentages en volumes absolus de matériaux

2.1.3.3.5. Tracé de la droite de référence de Dreux


La droite de référence de Dreux représente la courbe idéale d’un matériau à minimum de vides.
C’est une droite brisée (OAB)dont le point de brisure (A)est défini par son abscisse XA et son
ordonnée YA :
• En abscisse :
Si Dmax ≤ 20 mm alors XA = Dmax / 2
Si Dmax > 20 mm alors Module(XA) = (Module(Dmax)+38) / 2
• En ordonnée :
YA  50  Dmax  K ' où K '  K  K s  K p

K est un terme correcteur qui dépend du dosage en ciment, de l’efficacité du serrage, de


la forme des granulats, roulées ou concassées (en particulier de la forme du sable).
Ks et Kp sont des correctifs supplémentaires définis par :

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Ks (correction supplémentaire fonction de la granularité du sable) :


Ks = 6 Mfs– 15 si Mf est différent de 2,5
Kp (correction supplémentaire si le béton est pompable)
Kp = +5 à +10 selon le degré de plasticité désiré.

Tableau 8. - K en fonction de la forme des granulats, du mode de vibration et du


dosage en ciment.

Vibration Faible Normale Puissante


Forme des granulats Roulé Concassé Roulé Concassé Roulé Concassé
(du sable en particulier)
400 + Fluid -2 0 -4 -2 -6 -4
400 0 +2 -2 0 -4 -2
Dosage

Ciment

350 +2 +4 0 +2 -2 0
en

300 +4 +6 +2 +4 0 +2
250 +6 +8 +4 +6 +2 +4
200 +8 + 10 +6 +8 +4 +6

La droite de Dreux a pour origine le point 0 origine du graphe et pour extrémité le point Dmax
(B) caractéristique des plus gros granulats.

2.1.3.3.6. Détermination des pourcentages en volumes absolus des


matériaux
Le pourcentage en volumes des granulats est déterminé en reliant deux à deux les courbes
granulométriques des matériaux du mélange
Les droites de liaison sont définies par 5 % de refus pour le matériau à faible granularité et par
5 % de passant pour le matériau à forte granularité. L’intersection des droites ainsi tracées avec
la droite brisée de Dreux permet, par prolongement sur l’axe des ordonnées, de déterminer les
pourcentages en volumes absolus de chaque matériau (figure 2).

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Fig. 2. - Détermination des pourcentages en volumes absolus de matériau.

2.1.3.3.7. Coefficient de compacité du béton (γ)


C’est le rapport à un mètre cube du volume absolu des matières solides (ciment et granulats)
contenues dans 1 m3 de béton frais en œuvre. La valeur approximative de γ est choisie dans le
tableau 9

Vg  Vs  Vc
  (en litres )
1000

C
Vc  (volume absolu du ciment )
3,1

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Tableau 9. - Compacité du béton en fonction de Dmax, de la consistance et du serrage.

Consistance Serrage Coefficient de compacité (γ)

Dmax= 5 Dmax= 8 Dmax=12,5 Dmax = 20 Dmax=31,5 Dmax = 50 Dmax = 80

Piquage 0,750 0,780 0,795 0,805 0,810 0,815 0,820


Molle
(TP-Fl) Vibration 0,755 0,785 0,800 0,810 0,815 0,820 0,825
faible

Vibration 0,760 0,790 0,805 0,815 0,820 0,825 0,830


normale

Piquage 0,760 0,790 0,805 0,815 0,820 0,825 0,830


Plastique
(P)
Vibration 0,765 0,795 0,810 0,820 0,825 0,830 0,835
faible

Vibration 0,770 0,800 0,815 0,825 0,830 0,835 0,840


normale

Vibration 0,775 0,805 0,820 0,830 0,835 0,840 0,845


puissante

Vibration 0,775 0,805 0,820 0,830 0,835 0,840 0,845


Ferme faible
(F)
Vibration 0,780 0,810 0,825 0,835 0,840 0,845 0,850
normale

Vibration 0,785 0,815 0,830 0,840 0,845 0,850 0,855


puissante

Nota
Ces valeurs sont convenables pour des granulats roulés sinon il conviendra d’apporter les corrections suivantes :
• Sable roulé et gravier concassé (c1 = - 0,01)
• Sable et gravier concassé (c2 = - 0,03)
• Pour un dosage en ciment C ≠ 350 kg/m3 on apportera le terme correctif suivant : (c 3 = (C – 350) / 5000)

2.1.3.3.8. Détermination des masses de granulats


Connaissant le volume total absolu des granulats (V) et les pourcentages en volume absolue de
sable (S %), de gravillon (g %) et de gravier (G %), il est alors possible de déterminer les
volumes de sable (Vs) de gravillon (Vg) et de gravier (VG) ainsi que leurs masses respectives
(S, g et G) :
Partant de
Vg  Vs  Vc C
  et Vc 
1000 3,1
On a V  1000  Vc
Ainsi les volumes absolus des granulats sont
• Sable

V (Sable)  S  V
• Gravillon

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Matériaux_de_construction Chapitre_4

V ( gravillon)  g  V
• Gravier

V (Gravier)  G  V

Si les masses spécifiques de chacun de ces granulats sont ρ1, ρ2 et ρ3 ; les masses de chacun
d’eux seront :
m1  1  V1 , m2   2  V2 et m3   3  V3
A défaut d’indications sur les valeurs de ρ1, ρ2 et ρ3, on prendra
1   2   3  2,6 t / m 3

2.1.3.3.9. Obtention de la formulation théorique de béton


La formulation théorique de béton recherchée est définie par les quantités d'eau E, de sable S,
de gravillon g et de gravier G. La masse totale d’un mètre cube de béton Δo=(E+C+S+g+G) est
pour un béton courant comprise entre 2,3 t/m3 et 2,5 t/m3. La formulation obtenue reste
théorique et il convient de la tester et de la corriger par des essais de laboratoire avant d’être
utilisée.

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