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Novembre: Mois du Folklore Haitien"


Citation de la semaine

9200.- B RÈVE
PRÉSENTATION DE LA
MUSIQUE HAÏTIENNE

S PORTS ET LOISIRS

Origine de la musique haitienne:

Si les esclaves importés d’Afrique ont


été dépouillés de leur dignité et
humanité, leur mémoire de la terre
ancestrale demeura pourtant
intouchable et intacte. Ainsi ont-ils pu
s’accrocher à leurs croyances et leurs
traditions et y trouver, à l’occasion, un
certain confort en se réfugiant derrière
leurs souvenirs.

La musique leur offrit l’opportunité de


non seulement exprimer ces croyances
et traditions, mais aussi de vivre au jour
le jour leur nouvelle réalité faite de durs
labeurs, de misère, d’humiliations. Ils
ont pu réinventer leurs instruments en
utilisant les produits agricoles à leur
portée (tambour, vaksine etc). Quand
l’occasion se présenta pour s’affirmer
face aux maîtres despotes, leur musique
se transforma en chant de ralliement.
Ainsi prit naissance la musique
haïtienne qui puisa son inspiration dans
les chants et dans la musique de
l’Afrique ancestrale, de la dure réalité de
l »esclavage, et quelquefois de l’héritage
légué par les colons européens. Elle est
et restera une musique dansante portée
par la voix en prenant quelquefois le ton
de révolte.

Après l’indépendance dans un souci de


s’identifier avec la civilisation
européenne, nos élites ont essayé de
faire taire cette musique en la reléguant
dans les hauteurs des montagnes et aux
fins fonds des plaines. Cette musique
qui devrait révéler notre identité de
peuple libéré devint suspecte comme
elle l’a été parmi les colons.

Fanfare et musique militaire:

Ainsi, tout au long du 19ème siècle,


pour se divertir, nous nous sommes
tournés vers l’extérieur. La musique
telle que jouée devant le grand public se
réduisit à l’établissement et aux
performances de fanfares militaires qui
devinrent, pour les musiciens
professionnels, les seules sources d’un
revenu stable. Ces fanfares s’étaient
établies dans les principales villes et
offraient des concerts dominicaux. Leur
répertoire comprenait des quadrilles à
la mode, des marches et des valses
d’origine européenne. Plus tard, aux
normes européennes seront intégrées
subtilement certaines caractéristiques
locales. Cette période a vu surgir des
musiciens Haïtiens comme Occide
Jeanty (1860-1936), chef de bande de la
Musique du Palais national qui produisit
des œuvres avec une dimension
politique, comme son « 1804 »
commémorant l’indépendance d’Haïti.
La musique des ancêtres à laquelle on
avait essayé de nier l’existence resta
vivante dans les campagnes. Elle ajouta
même à son répertoire les « contes
chantés ».

L’occupation américaine (1915-1934)


réveilla la conscience nationaliste chez
la majorité des Haïtiens. Elle les obligea
à jeter un nouveau regard sur ce qui
constituait notre essence comme
peuple. Au niveau de la musique, elle
aboutit à une plus grande importance
accordée aux éléments de la musique
ancestrale avec des compositeurs tels
que Ludovic Lamothe (1882-1953),
Justin Elie (1883-1931), Franck
Lassègue (1890-1940), et Werner
Jaegerhuber (1900-53), tous formés en
Europe.

A la fin et après l’occupation, les élites


Haïtiennes se sont à nouveau tournés
vers l’extérieur, plus précisément vers
les pays de la Caraïbe d’expression
espagnole en privilégiant la musique
afro-cubaine. Ainsi seront créés des
groupes musicaux dont la plupart
portèrent des noms avec les préfixes
« Trio », « Quinteto », « Sexteto » qui
traduisirent le nombre de musiciens
dans ces groupes. Le plus fameux fut
« Les Gais Troubadours », un groupe
créé dans les années 30 sous le nom de
Quinteto Estudiantino Haitiano, pour se
rebaptiser Sexteto Estudianto Haitiano,
pour enfin devenir Les Gais
Troubadours dans les années 40.

Cette décade sera celle du retour aux


sources avec la création de plusieurs
orchestres dont la musique se distancia
peu à peu du rythme hispano-caraibéen.
S’inspirant alors du Jazz américain, les
musiciens de cette période intégrèrent
sans préjugés et à profusion les
éléments de la musique ancestrale. Issa
El Saieh Et Son Orchestre, l’Orchestre
Jazz des Jeunes auront été les plus
populaires de l’époque et les musiciens
qui tinrent par la suite le haut du pavé
firent leurs premières armes dans ces
deux groupes dont le fameux Nemours
Jean-Baptiste (1918-1985) qui créa le
rythme konpa.

Musique Konpa :

Le Konpa est un genre musical qui a pris


naissance en Haïti en 1955 sous
l’impulsion de Nemours Jean-Baptiste.
Musique dansante, elle encore reste
aujourd’hui à l’avant-garde de la scène
musicale haïtienne, tant en Haïti que
dans la diaspora haïtienne.

Il existe deux théories sur les


inspirations du Konpa. Certains pensent
qu’il n’est qu’une adaptation du
merengue típico de la région de Cibao
en République Dominicaine. D’autres
pensent trouver ses racines dans la
musique folklorique haïtienne avec une
adaptation de la contredanse, du
quadrille, et de certains rythmes vodou
comme le rada, le kongo , le petwo, tous
d’origine africaine.

Le premier ensemble qui joua ce


rythme, l’Orchestre aux Calebasses qui
devint plus tard l’Ensemble Nemours
Jean-Baptiste comprenait
généralement un saxophone, un
accordéon, une guitare acoustique, des
cordes, des tambours et autres
instruments de percussion. À partir des
années 1960, on y introduisit des
instruments électroniques (guitare,
basse, et synthétiseurs). A la fin de cette
décade, avec l’avènement des « mini-
jazz » qui adoptèrent le rythme konpa,
les orchestres traditionnels (Nemours
Jean-Baptiste et Webert Sicot)
ajoutèrent dans leur
« instrumentarum » des trompettes, des
trombones. Les thèmes développés par
les musiciens konpa sont multiples, ils
vont de l’amour (vécu dans le bonheur),
de ses affres (rejeté ou trahi) à la
critique politique et sociale en passant
par l’éloge de la dictature de François
Duvalier.

Aujourd’hui La musique Konpa se laisse


influencer par plusieurs genres venant
de l’extérieur dont le reggae jamaïcain,
le R & B américain et le zouk
martiniquais, mais il n’a jamais trahi,
dans son essence, ce qui fit et fait
encore son originalité, quoique les
groupes les plus populaires, avec des
rares exceptions, se soient expatriés.

L’Orchestre Septentrional d’Haiti formé


en 1948 au Cap-Haïtien fut et restera
un des deux groupes musicaux à
embrasser sans aucun complexe tous les
genres musicaux adoptés ou créés par
les Haïtiens. Son répertoire comprend
aussi bien de la musique konpa que des
boléros et des méringues. Un autre
orchestre, Le Tropicana d’Haiti,
également formé au Cap-Haïtien et qui
a eu son premier bal en 1963 suit les
sillons de son aîné. Aujourd’hui, ils sont
les plus anciens groupes musicaux
d’Haiti et n’ont jamais déçu leurs
fanatiques et supporteurs.

Musique Racine :

On peut dire que la musique rasin


(racine en français) remonte aux années
40 avec « l’introduction plus ou moins
directe ou allusive de la musique
[ancestrale] » dans les villes. La musique
ancestrale, ignorée, méprisée même par
les élites a été reléguée dans les
endroits très des campagnes. La
musique racine popularisée dans les
années 80, se distingue cependant du
mouvement des années 40. Elle est
beaucoup plus engagée et quelquefois
même politique avec une tournure
nettement partisane. Elle expose
d’abord les nombreuses contradictions
sociales du pays et se présente comme
comme la projection de la vision du pays
telle que perçue par les paysans. Ces
derniers en effet assimilent la politique
à un champs miné par des cyniques et
ou fleurissent et s’épanouissent des
exploiteurs, des profiteurs basés à Port-
au-Prince.

Les musiciens qui ont adopté ce rythme


se sont ainsi démarqués des musiciens
konpa. Ils introduisent dans leurs
œuvres le rock-reggae sur un fonds de
rara avec l’incontournable rythme kata.

Boukman Eksperyans fut le premier


groupe de tendance purement racine a
jouir d’un rayonnement national et
international. Créé par Théodore
Beaubrun (un des enfants du comédien
Languichatte Débordus) et son épouse
Mimerose, il a servi de modèle pour les
groupes créés par la suite et adoptant
ce genre dont Tokay, Ram, Azor, Boukan
ginen, Koudjay etc.

Jazz:

Le jazz en Haiti remonte à l’occupation


américaine et se diffusa alors par le
biais de deux sources: La musique de
Jazz diffusée à la la radio et le retour
des fils de l’élite qui ont vécu pendant un
temps à Paris et qui se sont laissés
séduire par ce genre musical. De cette
époque, on peut citer les orchestre
Louis Scott, Guignand (le premier
groupe haïtien à enregistrer un disque),
les Jacobins. Ces groupes n’ont pas fait
long feu, emportés par l »esprit
indigéniste des années 40. Certains
musiciens ne sont pas laissés
découragés et continuaient à produire,
enregistrant de temps en temps un
disque.

Depuis les années 90, on a toutefois


remarqué un certain intérêt pour ce
genre. Des groupes se forment et
évoluent aussi bien en Haiti qu’à
l’étranger. Ils adoptent alors le genre
afro-jazz de la Nouvelle Orléans en y
incorporant des éléments de la musique
du terroir (konpa, ou musique
traditionnelle). Parmi les musiciens de
Jazz les plus connus, il faut citer Joël
Widmaïer, Fabrice Rouzier, BelO,
Beethova Obas et parmi les groupes,
Mozayik.

Il existe même une fondation de Jazz en


Haïtien qui organise chaque et ce,
depuis 2007, un festival annuel à Port-
au-Prince avec des invités venus de
l’extérieur.

La musique dans les écoles :

A la suite du Concordat signé en 1860


entre Haiti et le Vatican, plusieurs
congrégations de religieux et de prêtres
catholiques vinrent établir des écoles.
Ils intégrèrent des cours de musique
dans leur curriculum. Les lycées
suivirent l’exemple des écoles
congréganistes. Ainsi naquirent les
fanfares scolaires dont la plupart ont
été prises à charge par le
gouvernement. Dans les années 1960, à
la suite de la tentative du gouvernement
d’utiliser les fanfares scolaires à des fins
politiques faisant de leur présence dans
les manifestations pro-
gouvernementales et les parades une
obligation, les cours de musique seront
éliminés des écoles congréganistes.

En 1955, le Conservatoire National a


été créé. Disparu pendant le régime des
Duvalier, elle refit son apparition en
1987 sous le nom d’ENARTS (École
Nationale des Arts). Dépendant
aujourd’hui du ministère de la Culture,
elle compte un département de
musique. Elle forme donc des musiciens
au niveau supérieur.

L’École Sainte Trinité de Port-au-Prince,


une institution de l’Église épiscopale,
est l’institution pédagogique la plus
importante où les élèves ont eu et ont
encore la chance d’apprendre la
musique et de jouer un instrument, et ce
depuis 1956. Au début des années 70,
les meilleurs élèves furent alors invités
à intégrer l’Orchestre Philharmonique
qui porte le nom de l’école. Avec
l’inauguration le 22 novembre 1979 de
la Salle Sainte Cécile, la seule salle de
concert d’Haïti, le grand public a pu
découvrir les jeunes talents formés à
l’École Sainte Trinité.Le tremblement de
terre de 2010 a sérieusement
endommagé la majorité des écoles.
L’École Sainte Trinité perdit la plupart
de ces instruments et la seule salle de
concert d’Haïti, la Salle Sainte Cécile.
Elle fut toutefois rétablie à Pétion-Ville.

Conclusion:

En Haïti la musique est diffusée partout


et parfois à un volume capable de vous
creuser le tympan. Les sons arrivent des
tap-taps, des magasins de quincaillerie,
des vendeurs ambulants et des voitures
privées souvent pilotées par des
jeunes.Un signe que les Haïtiens aiment
leur musique.

Les fêtes champêtres et la saison


carnavalesque avec ses dimanches de
préparation exposent dans les rues et
sur les places publiques cet
enthousiasme.

S OURCES :

Averill, Gage. A day for the hunter, a day


for the prey : popular music and power
in Haiti. Chicago, Ill. : University of
Chicago Press, 1997.
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1915-1970: Class, Race, and
Authenticity ». Latin American Music
Review / Revista de Música
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Averill ,Gage ; Bouyssou, Rachel.
« ‘Dechoukaj’ en musique: La chute de la
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Comhaire-Sylvain, Suzanne. « La
chanson haitienne ». Présence Africaine,
No. 12 (1951), pp. 61-87.
Dauphin, Claude. « Le conte-chanté
comme lieu d’accumulation d’un savoir
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Eldridge, Lauren. « (Re)membering Haiti
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Haitian Studies, Vol. 21, No. 1 (Spring
2015), pp. 186-194
Grenier, Robert. « La Mélodie Vaudoo.
Voodoo Art Songs: The Genesis of a
Nationalist Music in the Republic of
Haiti ». Black Music Research Journal,
Vol. 21, No. 1 (Spring, 2001), pp. 29-74.
Lara, Oruno D. « influence de la
Révolution haïtienne dans son
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(2004), pp. 89-103.
Largey, Michael. « Ethnographic
Transcription and Music Ideology in
Haiti: The Music of Werner A.
Jaegerhuber ». Latin American Music
Review / Revista de Música
Latinoamericana, Vol. 25, No. 1 (Spring
– Summer, 2004), pp. 1-31.
Largey, Michael. Vodou nation : Haitian
art music and cultural nationalism.
Chicago : University of Chicago Press,
2006.
Munro, Martin. « Music, Vodou, and
Rhythm in Nineteenth-Century Haiti ».
Journal of Haitian Studies, Vol. 14, No. 2
(Fall 2008), pp. 52-70.
Scott-Lemoine, Jacqueline. « Musique
en Haïti ». Présence Africaine, Nouvelle
série, No. 169 (2004), pp. 157-166.

«« 9150.- Autres Sports pratiqués en


Haiti

Date de création: 16 mai 2001


Date de révision : 26 avril 2022

9210.- Groupes musicaux »»

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