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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

Introduction

o Communication :
- Existe sous des formes simples et de plus en plus complexes (art, littérature…).
- Se trouve à l’intérieur des organismes et entre eux. Il y a aussi des relations entre les
êtres vivants et les machines.

o Communication sociale :
- Les processus de traitement de l’information qui transforment, organisent ou
désorganisent les relations entre les groupes et les individus.

o Théorie :
- Trame explicative qui permet d’augmenter l’intelligibilité d’un phénomène, la
compréhension qu’on a face à tel événement. Elle repose sur plusieurs faits
observés par un regard propre, elle réduit la complexité du réel.
- Les théories ne peuvent pas être complètement sures et sont rarement causales.
- Systèmes d’idées qui donnent une façon de connaitre telle action ou telle
interprétation.
- Permet de donner du sens, sans pour autant certifier.
- Constructions mentales qui nous aident à mieux comprendre le monde autour de
nous afin d’en augmenter la clarté.

1. Communication dans le « sens commun » : transport et transmission

- Dans le sens commun et populaire, c’est transmettre un message.


- Fonction de transport et de transmission d’un émetteur à un récepteur grâce à un
support sur lequel s’articulent codes et signes.
- Le message voyage sous forme de sons, de vibrations sonores.
- Le langage est un outil qui sert à la manipulation de l’esprit d’autrui.
- Quand l’idée nous est inconnue, on la comprend autrement à nécessité de
partager un monde et un code commun. Il faut un outil efficace pour
communiquer.

2. Schéma de la communication de C. Shannon (1948)

Shannon cherchait à réduire le bruit dans les communications téléphoniques.

La source d’information encode son message dans un langage, transitant sur un signal
émis jusqu’à accusation de réception du récepteur, ensuite ce dernier décode.
Le message est décodé par nos oreilles car ce dernier est sonore.

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3. Le modèle de Shannon : un succès considérable

Le schéma étant un succès, il est adapté à la communication sociale humaine.


Boucle avec ajout du bruit qui empêche la transmission du message.

4. Schéma de la communication générale de R. Jakobson

5. Pourquoi ce succès ?

- Le schéma de Shannon réduit la complexité efficacement, en plus d’être en


accord avec la communication dans le sens commun.
- Avant le 19ème, la communication signifiait la mie en commun. Son second sens
était le transit d’informations, ce sens s’est imposé lorsque des voies de
communication physiques (voies ferroviaires, télégraphes…) ont été créés.

6. 3 erreurs des modèles télégraphiques de la communication

Confirmation scientifique du modèle de communication avec boucle, bien qu’il y ait un


bon nombre de présupposées problématiques.

1. Utopie d’une communication réussie.


- Impossible car l’émetteur est différent du récepteur.
- Il faut réduire et détruire le bruit.
- Il faut restreindre la liberté d’interprétation du récepteur.
- Pour se rapprocher de l’utopie, il faut contrôler la communication à se rapproche
d’une forme de manipulation.

2. Conception mécaniste de la communication.


(A à B à Aà B à…)
- On ne se renvoie pas toujours la balle.

3. Conception intentionnelle de la communication.


- La communication n’est pas toujours consciente ni volontaire.

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7. Conclusions

- La communication n’est pas un simple échange de mots entre 2 esprits, le modèle


n’est pas adéquat (on peut communiquer involontairement).
- Le bruit est inhérent à toute communication et ne peut être supprimé totalement
à il n’y a pas d’équivalence entre le message donné et le message reçu.
- Le véritable modèle de la communication est plutôt celui du malentendu.

à Il faut une conception plus large (pas que du langage), qui soit humaine (pas des
machines) et qui laisse place à l’indétermination (le bruit).

8. Approche sociale de la communication

- Propriété du vivant, communiquer c’est participer à la communication.


- Processus social et non individuel, la communication dépasse les individus.
- La communication est multicanale, ce sont des échanges de signaux qui se font à
plusieurs niveaux.
- Étude « naturaliste » : observer dans le milieu naturel.

Des chercheurs américains partageant la vision orchestrale se rassemblent et forment le


« Collège invisible », qui est informel.
Ils voient la communication comme :
- Une conception d’un processus social permanent.
- Une participation à la communication plutôt que d’en être l’auteur.
- Une interrogation sur les codes et la codification de la vie sociale.
- Recherche des descriptions des êtres humains en situation quand ils bougent,
émettent des sons, sont en groupe… (approche naturaliste).

Ils ont un intérêt pour la communication hors langage.

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Chapitre 1 : G. Bateson

G. Bateson (1904-1980) et M. Mead (1901-1978) – De Cambridge à Bali


1. Éléments de biographie

- Fils de W. Bateson, qui est biologise.


o W. Bateson a renforcé le terme « génétique ».
o W. Bateson et De Vries ont redécouvert les travaux de Mendel.
- G. Bateson a des valeurs très fortes : méfiance de l’application prématurée des
travaux scientifiques, amour de la science, respect de la « recherche pure » et il
était fasciné par les problèmes d’ordre et de symétrie.

2. Chercheur qui transgresse les frontières

G. Bateson s’est intéressé successivement à l’anthropologie, la psychiatrie, la


communication animale, l’évolution biologique et l’écologie.

3. Les structures qui relient

G. Bateson s’est intéressé aux « structures qui relient » : société, organisations biologiques…
Pour lui, la nature n’est pas complètement matérielle et il y aurait des relations et des
structures.

Il dit que notre pensée isole les choses en leurs attribuant des propriétés… Mais si nous
percevons ces propriétés, c’est que l’on est lié selon lui.

4. Mind and Nature

G. Bateson apporte des éléments réfutant la réalité matérialiste.


Pour lui, il y a de la pensée dans la nature qui relève de l’interdépendance entre les
éléments. Il fait des liens entre ses observations de la nature et de la société.

5. 1928-1930 et 1930-1932 : terrain chez les Iatmuls

- G. Bateson part aux Îles Galápagos et sera frappé par la diversité des cultures
humaines. Il voudra devenir anthropologue.
- 1925 : il s’installe en Nouvelle Guinée chez des gens Béning. Il veut étudier la
sensation de culture. Au début, il est maladroit et a l’impression de déranger, il
n’ose pas interroger. Il finit par rédiger un récit de voyage.
- 1930 : G. Bateson rédige sa Master Thesis dans laquelle il développe une analogie
entre organisme et société.
o Pour lui, la société est comme un organisme où les cellules changent, mais il
reste le même.
o Une société se maintient dans une stabilité alors que ses éléments changent
également.
- Il retourne chez les Iatmuls où il rencontre M. Mead (ethnologue1).
Ils tombent amoureux et sont tous deux fascinés par la méthodologie de l’autre à
complémentarité.

1 Science sociale qui étudie le comportement des différents peuples selon leurs origines,

leur histoire, leur migration, leurs terres et leur mélange.


L’ethnologie se situe entre l’anthropologie et la sociologie.

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5.1. « La cérémonie du Naven » : un classique inclassable (1936)

- G. Bateson rentre à Cambridge en 1933 où il rédige une nouvelle thèse dans


laquelle il raconte une cérémonie Iatmul.
- Livre très inhabituel car il n’a pas rédigé une monographie habituelle dans laquelle
on parlerait d’aspect politique, religieux… d’une société.
- G. Bateson parle d’un rituel. Selon lui, à partir de l’analyse d’un rituel, on peut
découvrir des processus qui sont plus généraux et qui ont beaucoup plus de
portée.
- G. Bateson cherche à mettre en formule l’organisation sociale des Itamuls en
s’inspirant de l’embryologie2.
- G. Bateson s’intéresse à la dynamique et à l’équilibre social. Il s’intéresse aux
processus de changement (changement de situation, pourquoi en est-on là…) ou
pourquoi ça ne change pas.

Le Naven : rituel de travestissement effectué à chaque fois qu’un enfant Iatmul commet
un acte considéré comme adulte.

5.2. La schismogenèse

- Concept qui décrit les conditions du changement social.


- Processus d’interaction par lequel un changement directionnel, déterminé se
produit dans un système qui apprend. Les deux parties changent de façon à
interagir avec l’autre (un changement dans une partie en entraine un autre dans
l’autre partie, etc.), on acquière des connaissances dans ce système d’interaction
(gendarme >< voleur).
- Au début, idée que les parties réagissent l’une à l’autre réciproquement.
- Pour G. Bateson, il y a une schismogenèse symétrique et complémentaire :
o Relation symétrique : de chaque côté de la relation, on répond à l’autre
par un comportement similaire (la violence n’engendre que la violence).
o Relation complémentaire : deux réactions différentes qui se complètent
(voyeur et exhibitionniste).

5.3. La notion de schismogenèse suppose un changement de nature dans l’explication

Changement dans la nature de l’explication du comportement humain.


On passe de la diachronie (à travers le temps, historique) à la synchronie (ce qui se passe
maintenant), le comportement est mieux compris dans les interactions présentes que par
des causes dans le passé à intuition pour la psychiatrie.

On parle aussi de causalité circulaire (>< causalité linéaire) = la boucle : les effets d’une
action agissent sur la cause, et les conséquences d’une action renforcent les éléments qui
en sont à l’origine. Comme la rétroaction (le feed-back).

2 Quand un groupe se sépare, soit l’un fait un village similaire, soit l’un fait un village opposé.

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5.4. Quelques autres notions importantes

L’Ethos :
- Organisation culturelle des sentiments, affects et instincts.
- Expression d’un système culturellement standardisé à propos d’une organisation
des instincts et des émotions d’un individu.

L’Eidos :
- Structure intellectuelle propre à une société (regard du monde propre à une
société).
- Ensemble organisé des idées à travers lequel la structure intellectuelle perçoit et
organise le monde.

En 1936, G. Bateson part à Bali avec M. Mead. Il a un projet sur l’incorporation de la culture.
G. Bateson prendra beaucoup de photos que M. Mead replacera dans un contexte en
documentant la situation.
En 1942, G. Bateson assiste à des conférences sur la cybernétique.

De la cybernétique à la schizophrénie (1942-1956)


1. 1942-1948 : les « conférences Macy » sur la cybernétique

Macy : chaine de magasins aux US qui financent des rencontres entre des chercheurs qui
sont d’horizons différents. Le but est de les faire réfléchir ensemble sur un problème
nouveau ou complexe.

Cybernétique : étude des similitudes entre les comportements des machines et ceux des
êtres humains, s’il y a une analogie entre ces deux types d’intelligence.

Il y aura, à ces conférences, des mathématiciens, anthropologues, psychologues,


ingénieurs… On se demande les points communs et les différences entre l’ordinateur et le
cerveau humain.
Ces conférences font naître la cybernétique grâce à la publication de Cybernétique de
N. Wiener.

2. Naissance de la cybernétique

Certaines machines ont des comportements intelligents et parfois :


- Elles atteignent des buts de façon autonome.
- Elles développent certains types de pathologie en entrant dans des oscillations
infinies.

Ils vont tenter de dégager des analogies avec ces 2 caractéristiques.


Ils vont établir une théorie générale mettant en lien le cerveau humain et les machines.
N. Wiener met sur pied la notion fondamentale de rétroaction (feed-back).

Pour lui, la cybernétique est la science du contrôle et de la communication chez l’animal


et la machine.

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2.1. Notion de feed-back

N. Wiener travaille pendant la guerre dans la défense anti-aérienne, en s’attelant à la


construction de machines intelligentes.
Il s’est intéressé aux canons anti-aériens dont l’ajustement du canon est difficile. Il doit
créer un système où la machine envoie des informations qu’elle a en retour sur ses propres
actions. La machine s’autocorrige car l’information (qu’elle a raté la cible) revient dans le
système.

2.2. Principe du « feed-back »

Le feed-back nourrit la machine en retour.

À partir de cette notion, on fera des analogies entre les machines et les comportements
humains. Le feed-back permet à la machine d’être parfois intelligente.

2.3. Rétroaction positive : l’accroissement des divergences

Agrandissement de l’écart.

2.4. Rétroaction négative : la convergence vers un but

Rétroactions successives qui permettent la convergence vers le but. Au fur et à mesure


des ajustements, l’écart diminue jusqu’à atteindre l’objectif.

Explosion
Situation
de départ

Équilibre
Situation de
départ
Situation
de départ

Blocage

Temps Temps

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2.5. La cybernétique et les théories de la communication

Marqué par ces conférences, G. Bateson découvre une analogie entre sa notion de
schismogenèse et la notion de feed-back de N. Wiener.
Pour lui, la rétroaction et la cybernétique permettent de formaliser les processus de
changement et la stabilité des systèmes humains.

G. Bateson fait le lien avec le problème d’esprit dans la nature. Il y a une réunion des
processus humains et naturels dans un même et unique langage.

G. Bateson donne une définition de l’information : différence de quelque part qui crée
une différence ailleurs ou bien, les nouvelles d’une différence.
Signifie que quand un milieu connait quelque chose de différent de d’habitude, notre
système perceptif s’appuie sur cette différence introduite dans ce milieu.

à L’information est une différence se passant ailleurs et perceptible, qui provoque une
différence ailleurs, dans notre cerveau, quand on la perçoit.
La différence n’a pas de dimension, elle est immatérielle, bien qu’elle produise des effets.

G. Bateson distinguera 2 mondes :

o Le monde de la creatura
- Monde des processus mentaux qui est régi par l’information

o Le monde du pleroma
- Monde de la physique qui est régi par l’énergie.

G. Bateson essaie de ramener la notion d’esprit à la nature.

2.6. Les caractéristiques « mentales » d’une machine à vapeur

- Carburant : entrée d’énergie


- Cylindre
- Volant
- Régulateur : plus la machine tourne vite, plus les bras du régulateur s’écartent.

à L’appareil va plus vite, donc plus de carburant, le cylindre tourne plus vite, le volant et
le régulateur aussi. Et inversement.

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Rétroaction négative car on cherche une convergence entre les éléments, décidée par
l’humain qui décide du rythme de la machine.

C’est la circulation d’informations qui permet de comprendre comment fonctionne la


machine, formant son unité mentale, régulé par un système de rétroaction.

3. 1948 : début des recherches de Bateson sur la communication

En 1948, G. Bateson quitte New York pour San Francisco afin d’étudier la communication
et les pathologies avec J. Ruesch, psychiatre jusqu’en 1956.

G. Bateson est en même temps engagé comme ethnologue au Veterans Hospital.


Question de si x patient est psychotique ou appartient à une culture très intégrative.

En 1951, G. Bateson publie Communication : la matrice sociale de la psychiatrie


(communication et société) avec J. Ruesch. Pourquoi la société crée de la maladie
mentale ? On cherche à appliquer les idées de la cybernétique à la communication
humaine.
Idée que la communication est structurée en niveaux logiques différents (certains
systèmes entrent dans des oscillation infinies) afin de comprendre certains paradoxes.

3.1. Exemple d’oscillation infinie et décomposition du cycle en séquences causales : le


circuit électrique d’une sonnette.

L’interrupteur A ouvre ou ferme le circuit + électro-


aimant à droite.
Quand on appuie sur A, le courant circule dans le
circuit et l’aimant fonctionne. Une fois que l’aimant est
en activité, le contact en A se coupe. Si le contact en
A est coupé, l’aimant ne fonctionne pas, le contact
est établi.
Contact coupé à contact établi à contact coupé…
C’est un système à oscillations.

3.2. De la causalité physique à la logique

- Si le contact est coupé ou établi, alors le contact est établi (Si P alors non P).
- Si quelque chose est vrai, alors c’est faux et inversement, et ainsi de suite. Il y a
donc un paradoxe (oscillations permanentes entre 2 positions qui entrainent une
chose et son contraire).

« Si je mens, est-ce que je dis la vérité ? » à Si je suis un menteur, alors je dis la vérité ; si je
ne suis pas un menteur, je mens.

3.3. La théorie des types logiques de Russel et Whitehead

Solution aux paradoxe proposée par 2 mathématiciens et philosophes : Russel et


Whitehead, ils proposent une solution mathématique. Ils basent leur raisonnement sur
l’idée d’une structuration en niveaux hiérarchiques : les types/catégories logiques.

Dans le monde, il y a des choses que l’on peut regrouper en ensembles, catégories qu’ils
appellent « classes ».

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On regroupe les chats dans la classe des chats.


On peut aussi faire la classe des concepts à des choses abstraites

Est-ce que la classe fait partie d’elle-même ?


Non, pour la classe des chats car la classe n’est pas un chat, donc elle ne fait pas partie
d’elle-même.
Dans le cas de la classe des concepts, oui. La classe des concepts est un concept donc
oui.

Ensuite, ils créent deux classes :


- Classes qui sont membres d’elles-mêmes
- Classes qui ne sont pas membres d’elles-mêmes

Est-ce que la classe des «classes qui sont membres d’elles-mêmes» est-elle membre d’elle-
même ? Oui.

La classe des « classes qui ne sont pas membres d’elles-mêmes » est-elle membre d’elle-
même ? Elle peut être membre d’elle-même si elle n’est pas membre d’elle- même ; elle
n’est pas membre d’elle-même si elle est membre d’elle-même.

C’est un paradoxe. Il survient parce qu’une classe peut être membre d’elle-même.

Ils disent que pour éviter les paradoxes, il faut interdire qu’une classe soit membre d’elle-
même. Il y a confusion de niveaux logiques, de types logiques car on assemble des
niveaux logiques différents.

3.4. Conclusion

Ils concluent qu’il y a des propositions contradictoires situées à des niveaux logiques
différents. Le paradoxe intervient quand 2 niveaux logiques différents sont confondus.
C’est l’autoréférence.

La théorie des types logiques et la cybernétique seront au fondement de la réflexion sur


la communication de G. Bateson.

4. Le jeu et la « métacommunication »

G. Bateson fera des recherches sur le jeu, il découvrira la « métacommunication ».


Au départ, il ne savait pas si une poursuite, une morsure relevait du jeu ou de la bagarre
chez les loutres.

Pour lui, les animaux doivent disposer de messages pouvant indiquer si c’est un jeu ou une
bagarre.

Métacommunication : messages qui qualifient des comportements ou des messages.


Niveau logique différent du jeu et du message qui explique que c’est un jeu. La
communication est hiérarchisée.

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5. L’équipe du « Projet Bateson » (1952-1956)

Projet de recherche sur les paradoxes. Son idée : si la communication humaine est
effectivement hiérarchisée en niveaux logiques différents, que se passe-t-il quand ces
niveaux logiques sont confondus ? Y a-t-il des paradoxes dans la communication
humaine ?

5.1. Du jeu à la théorie de la double contrainte

Ils étudieront le jeu et la maladie mentale : le paradoxe provoque-t-il la pathologie ?


1956 : Vers une théorie de la schizophrénie. Porte principalement sur la schizophrénie car
une partie des chercheurs est psychiatre et car ils travaillent dans un hôpital.

Ils s’intéressent à la communication sous diverses formes.

Schizophrénie : trouble profond dans le rapport au réel. Se manifeste par des


hallucinations visuelles, auditives… Considérée comme incurable, on peut cependant
avoir des rémissions. Les médicaments peuvent réduire les délires.

5.2. La théorie de la double contrainte (« double bind »)

Leur idée est que la schizophrénie est une adaptation à une situation de communication
pathologique, comportant de nombreux paradoxes.

Considérer la maladie par une adaptation = révolutionnaire car ce serait un effort du


patient pour s’habituer à une situation de paradoxes. Ils vont mettre en lien la situation de
communication paradoxale des schizophrènes avec « l’illumination ».

« Illumination » :
- Résultat d’un type d’apprentissage des moines, bouddhistes… qui perçoivent la
réalité autrement.
- Consiste en la perte de la capacité à classifier les messages : perte de la capacité
de distinction des niveaux logiques de communication (confondre un reproche et
la joie).

Il y a une confusion dans le langage : confondre la métaphore et le style littéral.

Les chercheurs identifieront le principe de la double contrainte menant ou pouvant mener


à la schizophrénie à double contrainte est un paradoxe.

5.3. Les symptômes de la schizophrénie

- Confusion du métaphorique et du littéral, confusion des niveaux de logique


- Délire d’interprétation, recherche infinie d’informations pour comprendre de quoi
il s’agit
- Utilisation de métaphores « non répertoriées », on ne sait pas comment les
interpréter ou si on doit la prendre littéralement
- Hallucinations, des pensées perçues comme des perceptions, confusion entre le
langage intérieur et la perception.

à Perte généralisée de la fonction qui permet de classifier les messages, les informations
(au niveau mental ou du système nerveux).

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5.4. Structure de la double contrainte

1. Une injonction négative primaire : « ne fais pas ceci ou tu seras puni »

2. Une injonction négative secondaire portant sur la primaire : commentaire sur la


première (niveau logique différent) : « tu seras puni si tu comprends correctement
le premier message »).

3. Interdiction d’expliciter la situation de la part de l’énonciateur à l’enfant

à L’exemple de l’enfant et du père alcoolique :


Le père rentre violent du travail et l’enfant a peur. L’enfant voit que son père est violent.
Si l’enfant a peur, c’est parce que son père veut le violenter, l’enfant a subi un
apprentissage.
La double contrainte survient quand le père punit l’enfant parce qu’il a peur de lui, parce
qu’il a identifié correctement le comportement de son père.
La solution que trouve l’enfant est de s’enfuir dans une illusion hallucinatoire en voyant son
père comme un « monstre poilu ». L’enfant en parle devant la thérapeute de façon
métaphorique. L’enfant quitte, cependant, le réel ordinaire pour rejoindre une réalité
personne qui lui sert d’égide.

5.5. Définition générale de la double contrainte

Double contrainte : punition pour avoir correctement identifié un message. La solution est
de devenir incapable d’interpréter les messages. Peut parfois amener à la créativité (le
dauphin créatif).

5.6. La théorie fera l’objet de plusieurs aménagements et reformulations

G. Bateson reviendra souvent sur sa définition de la double contrainte.


Au départ, il présentait un bourreau contre une victime.
Ensuite, il modifie ça en 2 individus pris dans un filet relationnel où la santé mentale de
chacun est en danger.

La double contrainte :
- Peut déboucher sur l’humour
- N’est pas quelque chose qui existe en soi
- Tout autant une construction qu’une réalité
- Existe dans la mesure où nous y croyons.

5.7. L’hypothèse de la double contrainte

L’hypothèse de la double contrainte change la façon d’envisager le comportement


humain.
Cette idée a été le début de « l’approche interactionnelle » du comportement : le
comportement serait lié au système interactif dans lequel nous sommes, plutôt que son
intériorité (à rechercher dans la situation de communication plutôt que dans la
psychologie individuelle).

L’approche interactionnelle inspire de nombreux chercheurs. La manière dont ces


chercheurs perçoivent la double contrainte est problématique.

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6. 1959 : Fondation du Mental Research Institute

- Jackson fonde le MRI qui propagera la théorie de l’approche interactionnelle.


- Institut de recherches sur les troubles de la communication et les pathologies
mentales.
- G. Bateson ne participe au MRI mais part aux Îles Vierges en 1961 afin d’étudier les
cétacés.

7. Positions théoriques sur la communication

7.1. 1956 : « Histoire naturelle sur la communication »

Recherche extrêmement célèbre car elle est empirique sur la communication


interpersonnelle.
Les chercheurs sont G. Bateson, F. Fromm-Reichman (psychologue), H. Brosen,
N. McQuown, C. Hockett (linguiste) et R. Birdwhistell.

Recherches dans toutes les sciences humaines de l’époque pour s’en servir afin de fonder
méthodologiquement, scientifiquement une méthodologie de la communication.

7.2. Réaménagement de prémisses freudiennes

G. Bateson va voir du côté de la psychologie : en 1956, la psychanalyse domine.


Il réaménage 4 prémisses freudiennes pour étudier la communication.

1. L’inconscient
- L’inconscience est nécessaire car les niveaux supérieurs ne peuvent pas être
conscients de tout ce qui se passe en inférieur.
- L’inconscience porte en particulier sur la perception et les processus de
perception : on n’est pas forcément conscient de comment notre cerveau produit
des images.
- Pour la communication, une grande partie des signaux ne sont pas perçus. On est
aussi inconscient de la façon dont on comprend les messages, dont on les
interprète… Il n’y a qu’une partie des messages qui accède à la conscience.
Ex : les illusions d’optique ne peuvent pas être contrôlées par la conscience.

2. Le déterminisme
- Dans la théorie freudienne, signifie que tout a du sens (rêves…) car c’est déterminé,
car il y a une cause à déterminisme intrapsychique.
- G. Bateson préfère regarder le déterminisme de manière interpersonnelle : les
structures de communication déterminent les structures interpersonnelles. Tout peut
jouer un rôle dans l’échange : l’intonation, un mouvement…

3. Le processus primaire
- Relève du rêve, de l’imaginaire, de l’art, ce sont des processus irrationnels et ils
s’opposent au langage, au raisonnement, à la logique… Certains messages,
transmissions ne relèvent pas toujours du rationnel.

4. Le transfert
- On vit un modèle de relation, qu’on a eu avec une personne importante (ex : père)
avec une autre personne.
- G. Bateson dit que quand on entre en communication avec quelqu'un, on se dit
que l’interlocuteur ressemble à un autre du passé.

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7.3. Psychologie des formes (« Gestalt »)

Dit que notre expérience est ponctuée. On est en permanence soumis à des flux
informationnels, mais on ne les perçoit pas et on perçoit plutôt des événements. On en
arrive à une distinction entre la figure et le fond : pour distinguer des objets, on distingue
la figure du fond.

On opère aussi une distinction objet et fond. Il arrive que le fond se caractérise par
l’absence de message. L’absence de message est un message. Le message peut être ce
qui est dit et ce qui n’est pas dit.

Il y a aussi une ponctuation des événement interpersonnels dans ce flux informationnel


permanent : on perçoit des événements car on y met un début et une fin.

7.4. Les événements interpersonnels sont structurés

Si le flux communicationnel est divisé en éléments, ça veut dire qu’on peut le découper
pour l’analyser.

Il y a également des sous-découpages pour faire des études macroscopiques3 ou


microscopiques4.

Beaucoup d’analyses sont possibles mais G. Bateson coupe la situation selon une histoire
naturelle de l’organisme.
Il y a donc plusieurs façons de découper un message, ce qui signifie qu’un message est
équivoque et que le sens dépend du niveau d’interprétation.

7.5. La signification

Question compliquée en communication : les chercheurs veulent savoir en quoi la


signification d’un message varie en fonction du contexte dans lequel le message est
énoncé.
Émerge en fonction de la réduction de la signification du message, ce qui réduit son
ambiguïté.
Il y a plus de sens dans une vidéo que dans un énoncé lexical. Est-ce que x geste aurait
une signification différents s’il était inséré dans un autre contexte ?

7.6. L’interaction

- Chimère poétique qu’il faut rendre scientifiquement réelle.


- Élaboration permanente, faite d’autant de comportements observables que
d’imaginaire car les messages sont composés d’indéterminations.
- Compliquée à étudier.
- Le travail de la communication est d’accorder un sens au message énoncé par
l’interlocuteur, les participants définissent des règles pour définir les messages. Il
peut y avoir des malentendus, une distorsion dans le code. Notre réaction
détermine en partie le message.

3 Étude des grands événements qui ont des conséquences significatives


4 Plus petites unités, position de la tête, des mains…

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7.7. Théorie de l’apprentissage : comment la rendre pertinente pour l’analyse des


échanges de signaux entre personnes ?

G. Bateson veut faire le lien entre des pathologies fonctionnelles de la psychiatrie et des
pathologies de la communication.
Il se sert du conditionnement pavlonien.

7.8. Apprentissages 1 et 2

- Apprentissage de niveau 1 : l’animal répond par rapport à des signaux reçus.


- Apprentissage de niveau 2 : l’animal apprend à répondre.

Ces apprentissages modèlent la personnalité, on apprend à découper les événements.

7.9. L’apprentissage secondaire

- Des structures d’interaction particulières peuvent mener à des insensibilités


émotionnelles.
- La « structure » du caractère d’un individu et son interprétation de l’expérience
sont conditionnés par ce qu’il apprend, mais aussi par la méthode
d’apprentissage.
- Structuré en niveaux logiques.

7.10 Conclusion

Une analyse de la communication repose sur plusieurs éléments fondamentaux :


- Inconscience
- Déterminisme interpersonnel
- Processus primaire
- Transfert
- Distinction forme-fond
- Ponctuation de l’expérience
- Structure hiérarchique du flux communicationnel
- Interaction est composée de formel et d’imaginaire
- Apprentissage secondaire comme contexte d’apprentissage

L’hypothèse que le microscopique reflète le macroscopique est émise. L’analyse de


petites séquences permettrait des aperçus sur les rapports humains.

Enfin, le but ultime est la présentation des processus par lesquels s’agencent les rapports
entre les êtres humains.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

Chapitre 2 : la systémique, hier et aujourd'hui

Des systèmes homéostatiques aux théories de la complexité


1. Les origines du mouvement systémique se confondent avec la cybernétique

Les origines du mouvement systémique se confondent avec la cybernétique. Il y a


plusieurs idées similaires, surtout l’analogie des systèmes techniques et des êtres vivants.

Le principe est qu’il y a une recherche de similitudes à travers des disciplines différentes
que l’on cherche à fédérer dans un projet commun.

2. Une date à retenir : 1968

Ce biologiste s’intéresse à la notion de « système ouvert » dans les organismes vivants qui
échangent constamment des informations avec leur environnement, ce qui est
nécessaire à leur survie.

En 1954, il fonde une « société pour l’étude des systèmes généraux ».


Le but est de rechercher des isomorphismes5 au niveau de concepts, de lois, de
modèles… dans différents domaines.

Est-ce que la notion de société est-elle isomorphique à une société d’insectes ou un


système nerveux ? On recherche dans des structures communes dans diverses disciplines.

Théorie générale des systèmes, Von Bertalanffy, 1968. Il crée une théorie pouvant
s’appliquer à tous les systèmes.

3. « Il y a des systèmes partout »

Il déclare d’ailleurs « On peut observer et reconnaitre partout des objets possédant les
caractéristiques des systèmes. C’est-à-dire : une totalité́, un tout qui existe en tant que tel,
mais cette totalité est formée d’éléments en interaction permanente. Ces éléments en
interaction forment des ensembles qui ne peuvent être réduits à la somme des parties. »
La totalité est plus que la somme des éléments.

« Vision stupéfiante » : vision unitaire du monde qui n’est plus fractionnée en plusieurs
éléments.

Principes généraux semblables émergent de chaque chose.

4. Théorie générale des systèmes

Apporte un langage commun pour penser des objets très différents. Elle est transversale,
transdisciplinaire…

Parfois appelée « macroscopique » (>< microscopique) permettant de voir ce qui est trop
grand à l’œil nu, c’est-à-dire les systèmes. Ce n’est pas toujours à notre échelle. On peut
mieux voir des objets complexes organisés.

5 Quelque chose qui a la même forme

16
Bahia Benahmedi – Synthèse TC

4.1. Qu’est-ce qu’un système ?

Ensemble d’éléments en interaction dynamique, formant une totalité organisée en


fonction d’un but.

3 composantes essentielles :
1. Une frontière : le système se distingue de son environnement. La frontière n’est pas
spécialement matérielle, elle peut être symbolique.
2. Des éléments
3. Un réseau de relations, de transport, de communication : interactions permanentes
entre les éléments.

C’est un « tout organisé » qui ne peut pas être compris par une pure approche analytique.

On le décompose en général, c’est l’approche traditionnelle. Si on approche les éléments


individuellement, on détruit le système. Un système s’étudie dans sa totalité, d’où
l’approche systémique.

4.2. Les systèmes sont fermés ou ouverts

- Système fermé : n’interagit pas avec son environnement, est « au repos ».


Ex : une pierre sur un mur

- Système ouvert : structure qui dépend d’une alimentation extérieure (énergie,


matière, information si système vivant).
Ex : la flamme d’une bougie ou d’une cellule vivante.

4.3. Propriétés spécifiques du système ouvert

- Équilibre dynamique
Besoin d’apport énergétique, d’informations, de matière pour survivre. Besoin d’interagir
avec le milieu.

- Équifinalité
Certaine complexité car plusieurs opérations sont réalisées. Le but est d’obtenir un même
résultat.
Cependant, on peut obtenir un même résultat suivant des processus différents (manger
des aliments différents, le processus de digestion est différent mais on survit). Peut aboutir
à la résilience d’un système : peut changer, s’adapter aux changements du milieu
extérieur à plus il est diversifié, plus il sait se maintenir.

- Totalité
Les éléments sont interconnectés. Quand on en change un, ça entraîne des
changements dans plusieurs éléments, voire le système entier. Le changement se
propage.

- Émergence ( non sommativité)


Un système est plus que la somme de ses parties.
Le système possède des propriétés propres à lui-même et uniques, qui ne se trouvent dans
aucun des éléments pris à part (ex : le cerveau, la conscience, la sensation, le système
économique…).

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

4.4. État stable vs homéostasie

Deux façons permettent au système d’être en équilibre dynamique :

1. État stable

Le déséquilibre thermodynamique constant de la bougie.

2. Homéostasie

- Processus plus complexe qui régule les systèmes vivants par feedbacks négatifs (la
température corporelle qui se régule). Plus complexe car il y a des boucles de
régulation.
- Si l’organisme homéostatique cesse de fonctionner, c’est la mort à doit
fonctionner en permanence.
- Sorte de « loi du vivant ». Il y a un déséquilibre permanent à l’intérieur du système
qui est rattrapé en permanence par son propre travail, par l’homéostasie.

4.5. Tous les systèmes sont confrontés aux même difficultés

- Maitriser en permanence les interactions avec l’environnement


- Conserver leurs identités
- Rester structurés (organisés)
- Besoin de variété dans leur comportement pour qu’ils s’adaptent aux variations de
l’environnement (résilience).
- Être capable d’évoluer afin de continuer à exister, ils doivent savoir changer pour
s’adapter.

4.6. L’auto-organisation

- Capacité d’un système à s’auto-organiser, sans un plan extérieur, grâce aux


interactions entre ses éléments constitutifs.
- Pas d’intentionnalité

Ex : Les constructions de nids chez les insectes sociaux (fourmi).


- Construction régulière. Pourtant les fourmis n’ont pas de plans et ne reçoivent pas
d’instructions.
- Structure qui résulte de la coopération décentralisée d’unités autonomes
distribuées dans l’environnement. Elles ne savent pas qu’elles construisent quelque
chose.
- Travail de l’insecte guidé par son activité antérieure, système récursif. Est au départ
le fruit d’interaction entre des individus. Pas de structure individuelle globale.
- La fondation est enduite d’une substance qui attire ses congénères, ainsi qu’elle-
même pour revenir à son lieu de construction. Plus les structure sont grandes, plus
elles sont attirées par celles-ci et délaissent les plus petites car les grandes sont
davantage enduites de phéromones.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

4.7. L’autopoïèse

Capacité d’un système à se créer lui-même, en permanence et en interaction avec


l’environnement. Il peut aussi maintenir sa structure malgré le changement de
composants.

Comment un système peut-il se créer à partir de rien ?


Varela, biologiste prend l’exemple de la cellule vivante. Elle émerge de la soupe
moléculaire en érigeant une frontière qui la sépare des autres.

Cependant, spécifier la frontière se fait grâce à la production de molécules mais ces


dernières ne peuvent se faire qu’en présence de cette frontière (pour rester dans ses
propriétés). Molécule ßà frontière. Spécification mutuelle des transformations chimiques
et des frontières.

À partir de ce processus, la vie se spécifie elle-même et elle acquiert de l’autonomie par


rapport à son environnement.

5. Disciplines les plus intéressées par la systémique :

- Management et théorie des organisations : prédire le comportement de leurs


employeurs
- Thérapie systémique familiale
- Sciences de la vie : neurobiologie, écologie et réseaux moléculaires
- Systèmes et intelligence artificiels et sciences de l’ingénieur

6. Nouveau paradigme ?

L’approche systémique se présente comme un nouveau paradigme dès sa naissance car


elle s’oppose à l’analyse vu qu’on ne peut séparer les éléments.

7. Penser la complexité (E. Morin)

La pensée complexe est comme une étape suivante de la systémique. Elle veut prédire
ce que le système fera, alors que la pensée complexe reconnait qu’il y a des phénomènes
trop complexes pour être prédits à introduction du hasard et de la contradiction.

Le hasard n’est plus ce qui échappe mais on reconnait que ça fait partie de la réalité. On
doit développer de nouvelles stratégies d’action. On peut partir d’un contexte
d’incertitude et envisager plusieurs scénarios.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

Chapitre 3 : Penser la communication et la famille en tant que système

La systémique et l’école de Palo Alto

1. La systémique, la famille et la pathologie mentale

La théorie des systèmes est appliquée au modèle de la famille.


En 1953, la théorie n’est pas encore publiée mais l’idée de systèmes existe déjà, elle
circule.

Jackson va donner une conférence au Veterans Hospital sur l’« homéostasie familiale ».
Le groupe de G. Bateson y assiste et seront intéressés au point d’engager Jackson.

Jackson voit la famille comme un système à rétroactions négatives, dont l’équilibre repose
sur la pathologie d’un de ses membres. Il s’intéresse aux familles de patients psychiatriques.
Les familles semblent parvenir à maintenir un équilibre grâce à la pathologie du membre
en question. Alors qu’il n’y a aucune intention à maintenir le patient dans sa maladie.

Souvent, quand le patient va mieux, cela crée des réactions chez les autres membres de
la famille, qui ont pour conséquence la non-amélioration de l’état du patient. Il est
ramené à l’état antérieur.
L’équilibre relationnel repose sur la pathologie du patient. S’il est soigné, un autre membre
de la famille peut tomber malade.

Pour permettre au patient de s’améliorer, il faut modifier les relations au sein du système.
Ne pas s’occuper que du patient et penser à la famille à naissance des thérapies
familiales systémiques.
Les dysfonctionnements dans la famille se manifestent chez le patient malade, c’est lui
porte les symptômes. Idée du « patient désigné » qui fait reposer le dysfonctionnement sur
lui. Cependant, c’est la famille qu’il faut contrôler et observer.

Pourquoi la famille est un système ?


- Elle a une frontière symbolique. Ce qui se passe à l’intérieur ressemble aux autres
familles mais ça reste différent. Elle est séparée d’autres groupes sociaux.
- Elle se compose d’éléments en interactions étroites. Elle est organisée et elle a pour
but de se maintenir comme unité de vie autonome.
- Elle a les propriétés d’un système ouvert : équifinalité, totalité, émergence et
homéostasie.
- La communication est ce qui organise les relations entre les membres de la famille.

Le Mental Research Institute a été fondé afin de mettre en corrélation les structures de
communication et les troubles mentaux.
Plusieurs centres de recherches ont une même conclusion : il est difficile d’identifier des
structures qui expliquent des troubles mentaux.

Des recherches sur la communication se développent : Pragmatics of Human


Communication (une logique de la communication), Watzlawick, Jackson et Beavin.
Ils essaient de poser les bases scientifiques d’une structure de la communication
interpersonnelle.

Ouvrage très inspiré de G. Bateson qui le prendra assez mal car il n’aime pas le fait que sa
pensée complexe ait été vulgarisée.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

2. Les 5 axiomes de la communication systémique

1. On ne peut pas ne pas communiquer

- Dès que l’on est en présence de quelqu'un, on ne peut pas ne pas communiquer,
qu’on le veuille ou non (même pour signaler notre volonté, nous devons
communiquer en écoutant de la musique par exemple). On ne peut pas se
soustraire de la communication.
- Une non-réponse est une réponse.
- Le schizophrène aimerait s’échapper de la communication mais il doit le
communiquer à paradoxe.

2. La communication se structure en contenu et relation

- Tout message contient un contenu et une relation.


- La relation permet d’interpréter le contenu (ex : demande d’aide).
- La définition de la relation dépend de la réponse.
- La relation s’apparente à la métacommunication dans la mesure où elle permet
de comprendre, d’interpréter le contenu.
- On est attentif à l’un aspect ou l’autre, rarement les 2 en même temps.

3. La communication se divise en digitale et analogique

Originaire de G. Bateson avec des types de codage

• Communication digitale
- Ordre du langage, du contenu
- Elle tient du codage à arbitraire.
- Se rapproche du cerveau gauche car analytique.

• Communication analogique
- Ordre de la relation, de la métacommunication, du non-verbal.
- Quelque chose de continu, moins arbitraire, communications qui ne sont pas
vraiment digitales.
- Se rapproche du cerveau droit car elle est iconique

4. Les interactions sont symétriques ou complémentaires

- Originaire de G. Bateson avec la schismogenèse


- Distinction dans tous les types de relations des interactions symétriques (agression
par l’agression) et complémentaires (l’agression et la soumission).

5. La communication est ponctuée

- Les flux de communication ne sont pas permanents, ils sont entrecoupés selon G.
Bateson.
- Idée précise dans le fait que la communication aurait un début et une fin. Chaque
individu de l’interaction découpe différemment.
- Continuum d’interactions dans un groupe, chaque personne met un début et une
fin à l’interaction, provoquant des visions différentes.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

2.1. Les conséquences de la ponctuation

- Découpage de B : B écoute A, ce dernier lui répond (1er découpage). A réagit par


rapport à la réponse et B va réagir sur la réaction de A (2nd découpage).
- Découpage de A : B parle à A, ce dernier lui répond (1er découpage). B réagit par
rapport à la réponse et A va réagir sur la réaction de B (2nd découpage).

Les conséquences de la ponctuation font que chaque partenaire occupe un découpage


différent, chaque partenaire aura une position différente dans l’interaction.
Il n’y a pas de vision objective de la relation, pas de partenaire plus conscient que l’autre.
Beaucoup de problèmes viennent de cette croyance naïve que notre propre perception
de la réalité interpersonnelle est la seule exacte, et que l’autre doit être fou ou méchant.
On peut être d’accord sur les propriétés d’un objet, mais pas sur celles d’une relation.

3. Au-delà de la double contrainte : les structures de la communication


psychotique

• Disqualification

A disqualifie le message ou la personne de B. On anéantit les paroles de la personne en


question, du moins leur porté.

- Disqualification du message
Il existe une règle implicite de la communication qui dit que tout message de B répond au
message qui l’a précédé.
Ex : « Regarde maman le ver de terre ! »
« Va laver ces mains sales ! »
Disqualification du message de A quand le réponse de B est sans rapport avec le message
qui l’a précédé.

- Disqualification de la personne
On présente l’autre comme fou, incohérent… on anéantit l’auteur.
Ex : « Tu radotes ».

Dans tous les cas, la disqualification permet de ne pas entendre ce qui a été dit tout en
anéantissant le message.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

• Mystification

A nie les perceptions de B.


B décrit les choses telles qu’il les voit, les sent et A lui décrit comment sont vraiment les
choses. On essaie de convaincre l’autre de son point de vue, on dit comment il faut
penser.

Très fréquent dans les communications interpersonnelles.

Ex : on torture un prisonnier politique en disant qu’on le fait pour son bien à lavage de
cerveau, mystification politique.

Quand la mystification est étendue à la conscience de mystification, le fait qu’on essaie


de croire qu’on n’essaie pas de changer sa vision des choses, la personne ne peut plus
échapper à la mystification.

Choix entre son intégrité personnelle, faire confiance en ses propres perceptions ou garder
une relation importante.

• Injonctions paradoxales

« Sois toi-même » : la personne est déjà elle-même, donc il faut qu’elle se contredise pour
qu’on pense qu’elle est elle-même. Paradoxe entre le contenu et la relation.

3.1. Exemples tirés du film Family Life

- Illustre l’homéostasie familiale car on voit que la famille est un système tendant à
résister au changement.
- Quand il y a des changements du côté de Janice, ça entraine des effets sur les
membres de la famille qui rétroagissent sur son envie d’indépendance.
- L’équilibre du couple, du système repose sur l’équilibre que provoque la maladie
de Janice.

Exemple de double contrainte :


- Séance de thérapie de groupe avec le psychanalyste de la parole : une patiente
dit que pour être bonne, elle doit dire qu’elle est mauvaise.

Exemple de paradoxe :
- Fils électriques quand elle est en crise. Elle veut dire qu’on essaie de diriger sa
pensée, de la corriger (mystification) mais elle essaie de présenter les choses
comme si c’était réel. Confusion entre la métaphore et le rationnel. La métaphore
sera prise au pied de la lettre par l’infirmière.

4. Création du Brief Therapy Center (BTC)

- À Palo Alto par Watzlawick, Weakland et Fisch.


- Se demandent quelles sont les circonstances qui amènent les gens à changer ?
Vont observer notamment Erickson et Jackson.
- Vont aussi s’intéresser aux changements inattendus, imprévisibles et de façon
irrationnelle. Les anecdotes bizarres.
- Vont tenter de systématiser ce qui se produit dans ces situations bizarres, où la
logique n’est pas le meilleur moyen. Ils vont favoriser des solutions créatives.
- Ils insistent sur le fait que beaucoup de problèmes sont insolubles si on reste dans le
cadre imposé par ce même problème. Il faut donc sortir de ce cadre.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

- Ils vont développer un modèle d’intervention originale pour faire intervenir le plus
rapidement possible le changement : la thérapie brève stratégique.

5. La thérapie brève stratégique

• Protocole d’intervention très particulier

- Ils se fixent d’amener un changement chez la personne en moins de 10 séances.


- Ils établissent un dispositif particulier : miroir sans tain derrière lequel se tiennent 2-3
thérapeutes qui peuvent intervenir en permanence, à l’aide d’un parlophone,
pour renforcer l’efficacité de l’intervention.
- Ils sont attentifs aux processus de communication tout en se servant des 5 axiomes
pour analyser les séquences interactives.

• Approche interactionnelle des troubles mentaux

- Les troubles psychologiques sont le résultat de situations interactives, de la


pragmatique de la communication.
- La pragmatique de la communication ne concerne pas que le contenu, le
message mais il y a la relation définie à travers ce message.
- On utilise donc la communication pour produire des changements :
o Injonctions paradoxales : paradoxe à des fins thérapeutiques qui coince la
personne, qui la fait changer dans le sens souhaité. Le psychologue a un
patient paranoïaque : « méfiez-vous de moi », ils font alliance et il y a
confiance.
o Prescriptions et symptômes : quelqu'un bégaie et essaie d’y remédier de lui-
même en se contrôlant. Le thérapeute lui demande de bégayer pour voir
l’effet que ça provoque sur les autres. Il devra bégayer exprès et voir l’effet
que ça provoque. Il n’y parvient pas car le bégaiement ne se contrôle pas.
Il a été acteur au lieu de le subir, donc amélioration et plus de contrôle.

- On coince le patient vers une direction voulue.


- Les approches interactionnelles signifient aussi des interventions de type
systémique avec le principe de totalité : éléments interconnectés qui fait qu’un
changement sur l’un engendre des changements sur les autres.
à on travaille avec les parents pour changer le comportement d’un enfant.
Changer le comportement de la mère peut changer celui de l’enfant.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

• Développement d’une série de notions utiles au changement

- Réalité de 1er et de 2ème ordre

1er ordre : réalité qu’on perçoit, sur laquelle on peut tomber d’accord. Existence des objets
matériels.

2ème ordre : concerne les valeurs qu’on assigne à celle de premier ordre. Les significations
qu’on lui apporte. Il y a plusieurs réalités de 2ème ordre, pas qu’une façon de voir le monde.

Elles sont élaborées par les processus de communication.

Lié à la philosophie de constructivisme : on vit dans le monde que nous construisons


mentalement. Nous acquérons des savoirs sur nos expériences, donc nous vivons dans une
création que nous élaborons.
« L’Homme vit en fonction de propositions donc la validité dépend de sa croyance ».

- Recadrage

On attribue un nouveau cadre à un événement de manière à lui donner une nouvelle


signification. Les significations qu’on accord aux choses dépendent de leur cadre.
Un mensonge peut être immoral mais peut être considéré comme une preuve de
faiblesse, un appel à l’aide.

à Un symptôme n’a pas de signification intrinsèque, mais si on change le cadre autour,


on change sa signification.
Ex : on peut dire à une mère que le comportement de son enfant n’est pas mauvais, mais
qu’il a besoin d’elle. On recadre la signification du comportement perçu comme mauvais.
On change la réalité de 2ème ordre.

- Langage du patient

- Solution teintée (ou tentative de solution)

Si les problèmes persistent, c’est que les solutions sont inadéquates, au point de renforcer
les problèmes.
Il peut y avoir une circularité de schismogenèse au point de créer une escalade. On
rassure l’enfant qui ne veut pas aller à l’école par peut d’être séparé de sa mère. On le
rassure, on le rassure et ça empire.
à Nouvelle approche de la résolution de problèmes. Il faut briser les tentatives de solutions
et confronter la personne à sa peur. Il faut arriver à trouver les tentatives de solution.
Les chercheurs prescriront une tâche destinée à modifier la construction de la réalité. La
perception est intimement liée à l’action.

6. Conclusions

- Les recherches sur la communication et sur la famille en tant que système ont
conduit à une nouvelle approche des troubles mentaux et des souffrances
psychologiques.
- On s’appuie sur la pragmatique de la communication pour produire des
changements.
- On comprend que les humains sont intimement connectés entre eux et que les
changements en un point produisent des effets à un autre.
- La logique et la rationalité ne sont pas les meilleurs leviers de changement.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

Chapitre 4 : Étude du corps en mouvement

R. Birdwhistell et l’école de Philadelphie


1. Les débuts

- Étude de la communication non-verbale


- Chef de file : R. Birdwhistell
- R. Birdwhistell fait partie du groupe de Philadelphie et partage des points communs
avec Palo Alto. Il est anthropologue et se trouve au croisement de la sociologie,
de la linguistique et de la quête batesonienne sur la communication.
- Introduit par M. Mead dans le groupe de L’histoire naturelle d’un entretien afin
d’étudier la communication de façon transdisciplinaire.

- 1944 : R. Birdwhistell étudie le rituel amoureux des adolescents.


+ étude avec M. Mead sur le même sujet mais entre les Anglaises et les Américains.
Leurs rituels amoureux sont composés des mêmes éléments mais dans un ordre ≠.
- Le corps amoureux est régi par des règles, il n’est pas la simple expression du
sentiment amoureux. Codification sociale et culturelle qui varie dans l’espace.
- R. Birdwhistell va s’intéresser aux travaux d’E. Sapir (anthropologue et linguiste), qui
cherche à énoncer une théorie de la culture qui pourrait parler des
comportements individuels.

- R. Birdwhistell veut se détacher de différentes sphères. Il veut étudier l’individu à


travers sa culture. Il considère que tout comportement peut être étudié sous l’angle
de la culture.
- R. Birdwhistell pense qu’il y a un code au niveau de la gestualité, quelque chose
qui n’est pas écrit mais que tout le monde connait car on sait l’utiliser quand on
bouge, on sait le lire quand on observe quelqu'un.
- R. Birdwhistell veut comprendre le rapport du corps à la société.
- Le corps n’est pas seulement régi de l’intérieur, mais il y a également des règles
proprement culturelles.
- Liens entre le langage verbal et non-verbal ? Pourquoi la gestualité change avec
le langage ?

2. 2 grandes traditions

• Dictionnaire du corps

- Découpe les gestes qui traduiraient les propriétés de l’individu.


Ex : Nez aplati = insensibilité.
- On croyait que chaque partie du corps humain avait une signification intrinsèque.
Ce sont des études faussement scientifiques.

• Gestes quasi-linguistiques

- Signification selon une convention.


- Signes arbitraires, un geste est égal à un mot.
- La signification d’un geste varie, mais elle se cristallise dans un contexte précis.
- Il doit donc fonder la discipline de la lecture du corps en mouvement.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

3. Le rapport entre culture et langage du corps

- D. Efron aurait pu intéresser R. Birdwhistell mais il n’a pas trouvé ses travaux.
- D. Efron travaille dans les années 30- début 40 sur la gestualité d’immigrés juifs et
italiens aux US.
- D. Efron compare les mouvements d’un Juif et d’un Italien. Le Juif fait des gestes
plus éloignés du corps que l’Italien. Les mouvements des mains sont également ≠.

- Cette différence s’amenuise dans les immigrés italiens de la 2ème génération, la


culture s’altère pour laisser place à une gestualité plus américaine.
à Phénomène d’acculturation6.
- D. Efron publie Gesture and Environment en 1942. Moment où le nazisme fait croire
que le geste se fait en fonction de la race et serait donc inné.
- Pas d’idéologie raciale de la gestualité mais elle se fait en fonction de la culture.

4. « Notre corps révèle nos secrets… »

- Tradition ancienne venant des dictionnaires du corps, idéologiquement chargée


mais non scientifique.
- Superstitions locales liant gestes, visages et intériorité.
- Se voit déjà chez les Grecs qui pensaient traduire les paroles de l’âme dans les
gestes du corps. Faux mais il y a des liens.
- À l’opposé de l’approche culturaliste d’Efron et Birdwhistell.

4.1. Traité de physiognomonie de J.K. Lavater

En 1777, J.K. Lavater publie répand la physiognomonie7 avec Traité de Physiognomonie.


L’intériorité se lie à l’extériorité.

« L’absolue diversité des corps humains manifeste l’absolue diversité des âmes ».

Il y a encore beaucoup d’imposture scientifiques semblables aujourd'hui.


Ex : la morphopsychologie.

4.2. La morphopsychologie

Tout ce qui se passe à l’intérieur s’exprime sur l’extérieur du corps. Surtout la tête car c’est
le lieu de concentration.

Se revendique de connaître le caractère, l’intelligence de chacun à partir de la forme du


visage, des yeux…

- Naturel nutrition : prédominance du système nutritif, tête large, caractère calme et


sens pratique et économique développé.

- Naturel mouvement : quelqu'un qui réfléchit peu, hyperactif, aime les travaux durs.

- Naturel inharmonie : les criminels, inverse du naturel sensibilité.

- Naturel sensibilité : quelqu'un de doux, de sensible…

6Modification de la culture d’origine vers la culture du pays d’accueil


7Art de connaître les hommes à partir de leur apparence. « Art de connaitre les hommes à
coup sûr ».

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

4.3. L’anthropologie criminelle

- Médecin C. Lombroso qui publie L’homme criminel en 1887.


- Prétend que les criminels sont des humains portant des traits ataviques8.
- Impression que chez les criminels, il y a l’apparition de traits simiens9

4.4. La phrénologie

- F.J. Gall
- Avait été frappé par le fait que chez ses étudiants, certains du premier rang avaient
une mémoire phénoménale et avaient des yeux exorbités. Il se demande si ce
n’était pas parce que la mémoire était derrière les yeux que plus elle était grosse,
plus elle sortait.
- Prétendait être capable, en palpant le crâne, en sentant les bosses, qu’il pouvait
savoir en quoi la personne était douée.

4.5. Les « idéologies scientifiques »

Idéologie scientifique : théorie qui est profondément idéologique en prenant l’apparence


d’un discours scientifique.

Elles considèrent :
- La gestualité ou la physionomie traduisent l’intériorité
- Elles ne mentent pas
- La biologie détermine la gestualité ou les mouvements corporels
- Chaque geste, expression faciale, mouvement corporel a une signification unique
et universelle.

On doit se rappeler les travaux d’Efron et de Birdwhistell pour démentir ce que disent ces
idéologies scientifiques.
La gestuelle, la physionomie… ne sont pas univoques.

Dans les idéologies scientifiques, il y a un désir de contrôle.


Le gène de la religiosité, du tabagisme, du courage… relèvent de l’idéologie scientifique.

5. La kinésique

Birdwhistell est marqué par la linguistique structurale, Trager et Smith l’ont inspiré. Ils ont
écrit un système pour traduire la dimension paralinguistique du langage.

La linguistique s’occupe du code de la langue, de sa structure interne. Étudie aussi la


façon dont on parle : pause, accentuation… à paralinguistique.

Trager et Smith ont développé un système de notations permettant de décrire cette


dimension paralinguistique.

En 1952, Birdwhistell les rencontre. Ils vont l’inviter à étudier le corps en mouvement comme
ayant un ordre lui-même.

Birdwhistell fera l’hypothèse que la gestualité est structurée comme un langage, c’est la
kinésique.

8 Traits anciens dans l’ancêtre de l’espèce (singe), qui réapparaissent chez certains individus.
9 Appartenant au singe

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

Kinésique :
- Construit sur le même modèle que celui de « linguistique », discipline qui lui sera
analogue en s’appliquant au mouvement. `

Au milieu du 20ème, la linguistique découvre la double articulation du langage : idée qu’au


départ, il y a une série de sons.

Le nombre de sons est limité et toutes les langues n’utilisent pas les mêmes registres de
sons.
L’appareil phonatoire retient en général une trentaine de sons alors qu’il peut en produire
plusieurs. Ces sons s’appellent les « phones ».

Les phonèmes sont des unités « discrètes », pas de continuité. Juste l’addition de sons sans
lien entre eux.

Allophone : variations dans la prononciation des sons.


L’ensemble d’allophones forment les phonèmes.
Ex : « vide » et « vite ».

Monème : variations pouvant être regroupées en catégories concernant le même son.

Phonème : son dépourvu de significations mais qui est retenu par une langue. Unités
minimales du langage.
Ils se regroupent en morphèmes, qui sont des unités pourvues de sens.

à Double articulation :
- Phonème + phonème = morphème
- Morphème + morphème= phrase.

Ce principe fait le succès de la linguistique.

Hypothèse de Birdwhistell : la gestualité est structurée comme un langage, reposant aussi


sur un système de double articulation.

Équivalence des phones et phonèmes en kines, kinème.


Chaque culture retiendrait un certain nombre de kinèmes, formant le répertoire de base
de la culture.
Kinème : plus petite unité de mouvement, dépourvue de sens. Ex : fermer l’œil.

Les kinèmes entre eux forment des kinémorphèmes qui sont dotés de signification.
Les kinémorphèmes se combinent pour former des constructions kinémorphiques.

Double articulation : la culture sélectionne quelques kinèmes, parmi une infinité de


mouvements possibles, comme pour les sons.

Birdwhistell entreprendra de chercher ces fameux kinèmes et leur grammaire. Il analysera


des bouts de films muets.
Il travaille comme un anthropologue.
Il est assez critique vis-à-vis de la kinésique et préfère travailler avec le langage.
Il lui semble que le mouvement est affecté par le fait de parler.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

6. Histoire naturelle d’un entretien

En 1956, on lui propose de participer à la recherche de l’Histoire naturelle d’un entretien


car c’est une recherche interdisciplinaire : anthropologues, linguistes et psychologues.
Cette recherche a pour but de développer une syntaxe générale du comportement
interactionnel. On cherche toujours le code secret d’E. Sapir.

Il y a triple analyse de la « Scène de la cigarette » :


- Linguistique : ce qui est dit et comment
- Kinésique : gestualité
- Psychologique : comprendre les effets que ça a et dimension émotionnelle

On veut comprendre comment l’interaction non verbale a un effet psychologique.


Flux de communication permanent qui ne passe pas par le langage mais qui y est relié.
Le comportement interactionnel est au-delà de la kinésique selon Birdwhistell.

Joncteurs : modification de la hauteur de la voix qui signale qu’on est à la fin d’une
proposition, enchaînant avec la suivante. Permet de lier la fin d’une proposition et le début
d’une nouvelle.

Birdwhistell s’intéresse à ces joncteurs au niveau de la kinésique. Il y aurait des


changements dans l’étendue du mouvement, la vitesse… qui font le lien entre 2 courants
de comportements, à l’instar de joncteurs.

Joncteur de maintien : visible quand on voit les gens en mouvement. Il les identifie quand
il y a une situation discursive complexe : quand on parle à quelqu'un et que quelqu'un
d’autre nous parle.
Une partie de notre corps reste dans une même position, l’autre partie du corps s’adresse
à l’autre personne. Quand la complexité discursive cesse, nous revenons à notre position
de départ. Ça aide à structurer l’ensemble du discours.

Ça permet de voir des courants comportementaux repérables par les mouvements du


corps.
Birdwhistell s’intéresse aux kinèmes d’accentuation.
Il fait une analyse kinésique pour essayer de produire une analyse complète du
comportement communicationnel (combinaison de la kinésie et de la linguistique).
Il s’intéresse aussi au comportement interactionnel qui est important dans la régulation de
l’interaction.
Il a l’impression d’étudier la gestualité et le langage en même temps.
Les joncteurs servent de ponctuation dans la communication.
Le comportement corporel n’est pas subordonné au langage. Le comportement interactif
ne dépend pas que du langage, il y a une interdépendance avec d’autres éléments.
Révolution car la linguistique et la communication faisaient succès et n’étaient basées
que sur le langage, le paralangage…

L’échange est structuré et le langage n’est qu’une partie de l’interaction. Le contexte est
aussi donné par le corps en mouvement.
Les chercheurs aboutissent à de grands tableaux supposés décrire la totalité du
comportement interactif, ce sont des sortes de partition. Le corps en mouvement disparaît
de la partition, on ne peut le produire.
Paradoxal car le travail de Birdwhistell était intégratif de la communication.
Trop empirique.
Le corps en mouvement ne se laisse pas cartographier comme l’échange verbal.
Birdwhistell continue de travailler sur la kinésique à fin des années 1960.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

6.1. Synchronie
Pour Birdwhistell, la communication est une trame qui nous permet de nous mouvoir dans
nos vies.
Dans L’histoire naturelle d’un entretien, une séquence de 18 sec, l’échange avait
certaines propriétés, une dimension temporelle particulière car il y a une sorte de danse
interactive entre Birdwhistell et Doris à synchronie interactionnelle.

W. Condon a observé les mouvements d’un bébé soumis au langage de l’adulte.


Le bébé est déjà en mouvement et des adultes parlent près de lui. Ses mouvements vont
se synchroniser avec le rythme de la parole des adultes. Son corps s’adapte à la rythmicité
du langage.

W. Condon va se lancer dans une recherche originale sur l’organisation temporelle,


surtout rythmique de l’interaction.
Ses travaux mettront en évidence l’existence d’un rythme de base dans l’organisation du
comportement. W. Condon pense que c’est un domaine biologique fondamental, en lien
avec le comportement.

Pour mettre en évidence le rythme de base, il enregistre les mouvements et la parole


d’une personne qui prononce une phrase d’une durée d’une seconde.

Niveaux hiérarchiques du rythme qui reposent sur un rythme de base :


- Bras du sujet est coordonné avec le modèle de fréquence thêta
- Clignement des yeux en synchronie avec le modèle de fréquence bêta
- Parole en synchronie avec le modèle de fréquence alpha

Le comportement d’une personne est structuré dqns un rythme : auto-synchronie.

Hétéro-synchronie : deux personnes en interaction peuvent partager un même rythme


dans l’organisation de leur propre comportement.

Celui qui écoute organise le même rythme de base que celui du locuteur. Mouvement
mutuel qui ajuste le rythme, chacun y a sa part d’activité.

Le fait de bouger en synchronie donne un sentiment de confiance, d’être compris, de


partager la même trame interactive.
Ça a intéressé les marchands qui essayaient de s’adapter au rythme de leur client. Mais
ça ne doit pas être conscient. Étude faite aussi sur la relation entre la mère et le bébé.

6.2. L’analyse de contexte

Birdwhistell n’a pas réussi à trouver les kinèmes, kinémorphèmes…


Néanmoins, L’histoire naturelle d’un entretien a montré que l’interaction est structurée.

À la fin de sa vie, il met au point l’analyse de contexte, c’est-à-dire ne pas étudier le


comportement individuel mais c’est l’interaction qui doit être analysée, ce qui se passe
entre 2 personnes.

La gestualité doit être approchée par l’étude du comportement interactionnel et la


manière dont ses unités s’organisent. Il faut utiliser une focale différente.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

7. Conception forte de la communication comme modèle

Birdwhistell propose quelques conceptions de la communication.


Processus multicanal permanent, qui joue un rôle important dans la régulation de
l’interaction. Quand l’un s’éteint, l’autre prend le relais. Il y a une continuité du processus
de communication dans l’interaction.

Birdwhistell insiste sur la communication comme l’aspect visible de la structure sociale et


des relations.
Il propose de voir la communication comme un processus intégrateur, permettant la
régularité et la prévisibilité au sein des systèmes humains. Système de contraintes
organisant les relations.

Un système de communication dépend du système de communication appartenant aux


individus d’une société humaine ou animale.
Un système dans lequel les individus s’engagent.
Système global, aussi vaste que la culture.

La communication a précédé les homos sapiens de plusieurs années. Dès qu’il y a une
société animale, il y a communication.
La communication est perçue comme l’aspect visible de la structure sociale.

Birdwhistell distingue la communication intégrative et un nouveau contenu informationnel


- Communication intégrative :
o Partie la plus importante du processus.
o Communication qui sert à maintenir le système interactif en fonctionnement

- Nouveau contenu informationnel :


o Faible quantité d’informations dans l’échange entre personne, trop de
prévisibilité.
o On communique moins pour échanger des information que pour participer
à l’interaction.

L’étude de la communication est l’étude de la « culture en acte »


Birdwhistell tire plusieurs conclusions pour le rapport entre culture et communication :
- Au départ, idée que la communication verbale était fondamentalement culturelle
et que la communication non-verbale entretenait un rapport avec la culture.

8. Culture et communication

Conclusions de Birdwhistell :
- Pas trouvé un geste corporel ayant la même signification dans toutes les cultures.
- Pas de transparence dans le comportement non-verbal.
- La façon dont les cultures organisent les comportements communicatifs varie
d’une à l’autre. Il y a autant de façon de communiquer qu’il y a de langage.
- Définition de la communication : système dans lequel on s’inscrit permettant
d’établir une continuité et une prédictibilité dans nos vies.
- La structure dynamique maintient l’ordre (régularité, prévisibilité) et la créativité
(nouveauté, invention) dans l’interaction.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

Chapitre 5 : L’analyse de contexte par A. Scheflen

1. Les principes de base

- A. Scheflen, psychiatre.
- A réussi là où Birdwhistell a échoué. A. Scheflen met à jour la grammaire corporelle
qui part de l’essaie de la kinésique.
- A. Scheflen s’intéresse, non pas aux gestes, mais aux unités créant le
comportement interactionnel et comment elles s’organisent.
- On se centre sur l’interaction.
- Se décentrer de l’intérêt que l’on pour l’individu.
- « Analyse de contexte » : on se concentre sur les structures qui rendent la
communication possible et pas sur le contenu à communication intégrative.
- Retour à l’ethnographie.

Quels sont les principes de base ?

- L’analyse ne porte pas sur le contenu mais sur le système qui a rendu l’échange
possible.
- Les mouvements corporels sont considérés dans le contexte de l’interaction, on les
comprend en vis-à-vis du contexte interactif. Il n’y a pas une signification univoque
pour un seul geste, le mouvement fait partie d’un tout plus vaste.
- Le comportement humain est organisé et systématique. Scheflen fait l’hypothèse
qu’en fait le comportement interactif est fait d’unités, de parties, de séquences
organisées selon certaines règles. L’organisation de l’interaction est hiérarchique. Il
développe 3 notions qui permettent d’identifier ces séquences : le point, la position
et la présentation.

• Point
Posture qu’adopte la personne, en interaction pendant l’exposé, l’audition lors d’un point
fait sur le sujet par l’interlocuteur.
Répertoire de 3 à 5 points, qui surviennent consécutivement dans l’interaction, ce qui
ponctue les différents sujets d’une conversation.

• Position (plusieurs points)


Série de points qui s’intègrent dans une position. Elle dure longtemps.
Elle reflète l’état de la relation entre les deux interlocuteurs. Les changements de position
impliquent au moins un changement de la moitié du corps, et ça provoque un
réaménagement de l’interaction.

• Présentation (plusieurs positions)


Série de positions, séquence interactive.

Ces 3 notions correspondent à des séquences et il y a une hiérarchie.

Point à position à présentation.


On voit qu’il y a l’organisation temporelle de l’interaction, provoquant des ajustements de
l’une à l’autre position, et qu’après avoir terminé un cycle, le cycle de comportement
redémarre.

Scheflen étendra la notion de programmation à la vie sociale, rejoignant les sociologue.


Scheflen essaie d’identifier les différents types de programme.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

2. Les « quasi-courtship behaviors » (comportements de pseudo-séduction)

Article de A. Scheflen.

Il observe dans ses séances de psychothérapies qu’en comparant ses observations avec
des psychanalystes, des thérapeutes comportementaux… Il y a certains échanges qui
semblent être organisés de la même façon avec n’importe quel type de thérapeute.

Il est persuadé que la façon de bouger, s’habiller… est aussi importante que ce qui est dit.
Qu’importe l’orientation théorique du thérapeute, certains échanges sont effectués de la
même façon.

2.1. Rituels de séduction

Dans la psychanalyse, il y a le « transfert » : le patient va se comporter à l’égard de son


thérapeute comme si celui-ci était son père, sa mère, son amoureux…
Au cours d’une psychanalyse, le patient va tenter de séduire son thérapeute, et il ne
répond pas aux invitations.
Or, dans des séquences filmées, le thérapeute manifeste aussi de la séduction.
Le rituel apparait dans les interaction quotidiennes et est trop présent et généralisé que
pour être véritablement sexuel ou une drague pure et simple.

2.2. Comment Scheflen va-t-il procéder pour savoir ?

Il va essayer d’isoler précisément les unités kinésiques et les identifier.


Une fois l’identification faite et l’agencement explicité, il essaiera de comprendre ce
qu’elles font dans l’interaction.
Sa démarche est structurale, il veut savoir comment les unités sont en relation les unes
avec les autres et les voir dans un système plus large.
Il repère donc les éléments kinésiques en observant dans quel contexte elles sont
présentes.

2.3. Les composants se regroupent en 3 catégories

Il classe les éléments kinésiques en 3 catégories :

• Disponibilité à la cour amoureuse


Choses qui ont à voir avec le tonus corporel de base.
La disparition des poches sous les yeux, le renforcement du tonus : on rentre le ventre, on
relève la tête… Façon dont l’individu se tient qui fait partie des indices de la disponibilité
amoureuse.

• Positionnement pour la cour amoureuse


Les positionnements sont fortement a priori.
Corps tournés l’un vers l’autre, regard accessible, distance rapprochée, positionnement
qui exclut l’extérieur pour créer un espace intérieur, face-à-face, tête-à-tête…

• Actions d’attraction et d’invitation


On capte le regard, on va le garder plus longtemps que la norme culturelle.
Ces actions engagent la réciprocité, l’invitent : rouler des hanches, pencher la tête de
côté, exhiber ses poignets et paumes…

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

2.4. Le complexe « semblant de drague »

Les éléments peuvent être combinés de manière quasi infinie, il n’y a pas de séquences
types et combinaisons nombreuses.

La « pseudo » cour se distingue de la vraie par :

- Son contexte d’apparition : travail, thérapie… et pas dans un lieu de drague


- Sa progression : résultats différents, on ne repart pas ensemble après la thérapie
- Elle survient dans une situation où les partenaires se connaissent et sont engagés
dans un but commun : dans un bistrot et pas un lieu de travail.
- Se produit entre personnes de sexes différents et homosexuels
- L’intensité est variable

Ces pseudos parades amoureuses s’accompagnent de qualificateurs qui qualifient la


parade amoureuse pour dire que ce n’est pas une vraie cour. C’est une sorte de
métacommunication qui désigne la cour comme étant un semblant.

2.5. Les qualificateurs

Signaux qui indiquent le comportement de la cour qui n’est pas sérieuse et qui viennent
qualifier et affecter toute la tonalité affective, émotionnelle de l’interaction.
- Ils sont présents dans le contexte
- Il y a référence au contexte inapproprié : remarque qui dit qu’on est en situation
de travail, mauvais endroit, regard vers les autres…
- Implication posturo-kinésique incomplète : il y a un manque d’éléments favorisant
la séduction. Il peut manquer une voix tonifiée dans la séquence, o une partie du
corps mal tournée… Posture incomplète.
- Omission de comportements-clé : pas d’actions d’invitation par exemple, que des
comportements posturaux et tonus de base…
- Démentis verbaux : on indique verbalement qu’on n’est pas en train de draguer
- Exécution bizarre ou burlesque : façon de dire que ce n’est pas une cour sérieuse.

2.6. Séquences de pseudo cour dans la thérapie

Exemple : séance de la thérapie avec une patiente, 2 thérapeutes et une jolie


technicienne

- A : la technicienne passe et le thérapeute de gauche (G) la regarde.


- B : la patiente (P) fait de l’auto-lustrage
- C : G fait de l’auto-lustrage en même temps qu’il se tourne vers P
- D : il remonte ses chaussettes
- E : il met fin à la séquence en regardant ailleurs

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

2.7. Ce que disent ces séquences

La signification de ces unités ne se trouve pas dans les qualités psychologiques


individuelles mais plutôt dans l’interaction.

Mettre son bras devant soi n’a pas de sens quand on est isolé mais a du sens une fois dans
un contexte.
Il faut se demander quelles sont les circonstances ou les conséquences dans lesquelles les
séquences apparaissent.

2.8. Dans quelle situation et avec quels effets ?

Semblant de drague est utilisé quand il y a un retrait ou exclusion d’un participant.


Est comme un mécanisme pour solliciter le retour à la participation, réaligne l’interaction
car tous les participants redeviennent membres.

Ça augmente la disponibilité à entrer en relation dans tout le groupe. Tout le groupe est
remobilisé, devient plus animé, se réengage dans l’interaction.

Suite à cette pseudo parade, le groupe devient plus cohésif mais aussi plus collectif, le
système est maintenu en opération, comme Birdwhistell le disait à sorte de mécanisme
social et régulateur (quand il y a diminution de la participation, ou exclusion, ça remobilise
les gens).

Le semblant de drague régule également l’engagement émotionnel.


Peut se faire à l’inverse. Si le groupe est trop animé, s’il y a trop d’engagement affectif
(tout le monde rigole), il y a l’inverse de la cour amoureuse : diminution du tonus, de la
posture… qui diminue l’engagement émotionnel.

2.9. Conclusions

Le semblant de cour amoureuse est un dispositif qui maintient le système : quand il y a


insuffisance de la sociabilité ou de l’attention. Et inversement quand il y en a trop.

Ça désigne un état fondamental de l’organisation humaine qu’on appelle l’attractivité,


la sociabilité, la disponibilité à entrer en interaction… Tout être humain a ce dispositif.

à Quand il y a cour, il y a aussi « dé-cour ».

3. Les analyses structurales

Permet de repérer l’organisation de l’interaction.

Est peu pratiquée car elle n’a pas de visée pratique (on veut juste comprendre), elle ne
se rattache pas à une théorie générale de l’activité humaine (donc isolée) et elle coûte
en temps.

Dans une culture donnée, les individus apprennent à interagir en utilisant des séquences
standards, afin que leur comportement soit mutuellement reconnaissable et prévisible.
L’interaction est organisée autour de ces unités.

Il reste à les reconnaître par l’analyse contextuelle.

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Chapitre 6 : E.T. Hall et la proxémique

Anthropologue qui a travaillé au ministère des affaires étrangères aux US.


A été confronté au choc culturel.

1. Le choc culturel

Choc que l’on ressent quand on est confronté à une culture différente. Peut être plus ou
moins intense et profond.
Résulte du fait que quand on est immergé dans une autre culture, on perd tous ses repères.
Les gens ne pensent pas comme nous, ils n’ont pas les mêmes repères et la vie est
organisée différemment.

E.T. Hall va s’intéresser à la gestion du temps et de l’espace dans les différentes cultures.
Il sera frappé par les récits d’Outre-Mer racontant que les Africains du Nord sont grossiers.
E.T. Hall va essayer de comprendre ce ressenti américain par rapport à l’Afrique.

Il sera amené à penser et à se rendre compte qu’il y a une variable importante dans la
détermination de ces ressentis : l’espace, la façon dont les gens aménagent leur espace.

Il créera la proxémique qui va s’intéresser à la territorialité en tant qu’elle existe en-dehors


du champ de la conscience, qu’elle est inscrite dans notre comportement, notre ressenti
et inscrite inconsciemment.

2. L’inspiration de l’hypothèse Sapir-Whorf

E.T. Hall s’inspire des travaux d’E. Sapir : le code des gestes, étude de la culture en
observant le comportement individuel…

Il va se situer par rapport à une hypothèse forte de la linguistique anthropologique :


l’hypothèse d’E. Sapir et B.L. Whorf.
Hypothèse qui suppose que la langue que l’on parle organise notre pensée. Elle offre des
rapports entre des concepts.

Les deux chercheurs vont plus loin en disant que la langue que l’on parle, nos concepts
organisent notre perception, les catégories perceptives.
Telle la perception de la couleur : il n’y a pas le même nombre ni les mêmes catégories
pour les couleurs. Le turquoise peut être plutôt vert ou plutôt bleu selon la culture.

3. La grammaire de l’espace ou la proxémique

E.T. Hall applique l’hypothèse Sapir-Whorf à la gestion de l’espace. Pour lui, les cultures
différentes voient l’espace différemment et l’expérimentent différemment.

Ça pose question au niveau de la possibilité de partager l’expérience de l’espace


d’autrui.

Il parvient à cette hypothèse en se demandant comment nous expérimentons l’espace


(de la maison, du salon…) et comment est-ce qu’on vit cette disposition spatiale ?

Il va encore chercher la grammaire, le code qui permet à une culture de s’organiser


spatialement. Recherche de la structure sous-jacente, des dimensions qui servent aux
cultures pour aménager leur espace, de façon inconsciente.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

4. La méthode de recherche photographique

E.T. Hall va multiplier les méthodes d’observation en utilisant beaucoup la photographie.


Il va découvrir que le photographe doit faire partie de la communauté qu’il étudie pour
parvenir à la saisir correctement.

La façon dont les gens organisent l’interaction est culturellement variable à nécessité
d’appartenir à la culture qu’on observe.

E.T. Hall utilise aussi l’entretien, l’expérience (disposition de petites pièces et il demande si
elles sont éloignées ou proches…), visite de maisons, plans…
Il s’inspirera de la territorialité animale durant ses recherches et du travail d’H. Hediger.

5. H. Hediger et ses recherches sur la territorialité animale

Le territoire n’est pas homogène et cet espace est subjectivement organisé.


Il y a des lieux de retraite en cas de danger, un abri principal au centre du territoire où
l’animal se sent en sécurité. Il y a des zones régulièrement visitées pour la nourriture.
Le territoire est un espace vécu et subjectif.

Les animaux d’un zoo ont leurs habitudes et n’aiment pas les imprévus à insécurité.
Ils recréent leur territoire dans lequel ils créent des repères, des habitudes suivies
scrupuleusement à il y a une vie réglée à l’intérieure du territoire.

Plus l’animal approche des frontières, moins il se sent en sécurité.


Les frontières ne sont pas définitives car les territoires peuvent être négociés. Les frontières
sont le produit d’une négociation entre 2 animaux insécurisés.

5.1. Les différents types d’espèces

• Espèces de type de contact

Aimant le contact avec leurs congénères. Ne sont pas gênées par le contact corporel.
Ex : les perroquets, les ratons-laveurs et les suricates qui apprécient être dans un terrier.

• Espèces de type distant

Il y a une distance individuelle extrêmement fixe, régulière, elle ne varie presque pas. Cette
distance individuelle symbolise le fait que l’espèce est confortable.
Ex : le pigeon.

5.2. Le concept des distances

• Distance sociale

Distance en deçà de laquelle l’individu se sent membre du groupe, il se sent en sécurité


(primates). Maintien d’une relation avec les congénères : l’espèce voit ses gestes, ses
déplacements…

Au-delà de cette distance, c’est l’insécurité et on recherche son congénère.


La distance sociale peut être parfois importante et être réglée vocalement. Des animaux
crient pour maintenir le lien social, le groupe.

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

• Distance de fuite

Distance à laquelle un animal autorise un prédateur à s’approcher. Si le prédateur la


dépasse, l’animal fuit (ex : l’antilope et la lionne).
La distance de fuite peut être diminuée en apprivoisant l’animal.
Cette distance est extrêmement précise.

Cette distance organise la vie sociale des animaux, la façon dont ils s’organisent en
groupe, dont ils se rapprochent ou s’éloignent…

• Distance critique

Distance qui fait que, si elle est franchie, l’animal attaque.


Lorsqu’un animal ne peut pas fuir et n’a d’autre choix que d’attaquer.
Cette distance peut aussi être manipulée.

6. Concept des distances appliqué à la proxémique

E.T. Hall va s’inspirer du travailler d’H. Hediger pour penser la façon dont les humains
organisent leur espace, du fait qu’ils fonctionneraient en termes de distances.
4 types de distances :

• Distance intime

- Mode proche :
Au contact d’autrui. Distance des relations intimes et de l’agression.

- Mode éloigné (14-40 cm) :


On peut se toucher facilement, on a accès à la totalité du corps de l’autre. Mais pas de
contact important. Distance des confidences, de la confiance, du réconfort…

• Distance personnelle

- Mode proche (40-75 cm) :


On ne se touche plus, on est à distance. Confortable pour une relation de personne à
personne, discussion informelle entre personnes qui se connaissent.

- Mode lointain (75 à 125 cm) :


Reste une distance à laquelle on peut garder une relation personnelle. Il y a quelque
chose qui concerne la personne avec ses ressentis.

• Distance sociale

- Mode proche (125 à 210 cm) :


Distance du travail.

- Mode lointain (210 à 360 cm)


On ne peut pas être importuné par autrui. On l’entend, il est présent mais sa présence ne
nous envahit pas. On peut tout de même être en relation, le lien social n’est pas rompu.

• Distance publique (360 à 750 cm) :

Distance à laquelle on ne se sent pas personnellement engagé avec l’orateur. Difficulté


d’interagir. Distance pour les conférences…

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Bahia Benahmedi – Synthèse TC

7. Conséquences des distances

Chacune de ces distance induit une certaine catégorie d’émotions, de ressentis, de


relation.

Ces distances s’ouvrent vers l’avant et moins sur les côtés.


L’odorat, le toucher, l’ouïe… sont concernés par la distance entre les individus. Ces
éléments concourent à ressentir cette distance, cette relation particulière.

E.T. Hall a découvert ces distances et les à nommer en l’honneur d’H. Hediger.
Ces distances varient d’une culture à l’autre (ici, culture américaine).

8. Deux types d’espace

E.T. Hall s’intéresse donc à la façon dont on organise les espaces :

• Espace sociofuge :

- La façon dont l’espace est organisé décourage l’interaction sociale.


- Les gens sont disposés les uns à côté des autres, il y a peu d’interaction.

• Espace sociopète :

- La façon dont l’espace est organisé favorise l’interaction sociale.

L’aménagement de l’espace est aussi une question de culture.


Pour certaines cultures, le mobilier doit être fixe.

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