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INTRODUCTION

La fiscalité ou droit fiscal est une branche du droit public qui trouve son fondement à
travers les quatre sources que sont :

- les lois adoptées par le pouvoir législatif (le parlement) et les conventions ratifiées ;
- les règlements du pouvoir exécutif : décrets présidentiels et arrêtés ministériels ;
- la doctrine administrative : circulaire ou réponses de l’administration fiscale ;
- et enfin la jurisprudence : les décisions des tribunaux.

Le droit fiscal, à travers l’impôt, se présente comme étant une des plus importantes
branches sur lesquelles se reposent l’Etat pour se doter de moyens devant lui permettre de
conduire la politique de la nation.

A première vue, l’impôt apparaît comme étant le principal moyen de financement des
dépenses de l’Etat. Mais il apparaît aussi comme un moyen d’expression d’une politique
économique et sociale.

L’impôt est défini comme étant une prestation pécuniaire, requise des particuliers par
voie d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie identifiable, en vue de couvrir les
charges publiques ou d’intervenir dans le domaine économique et social.

Le Code Général des Impôts classe en trois catégories les impôts en fonction des critères
suivants : le fait générateur, la base d’imposition, les personnes imposables et la
collectivité bénéficiaire. Il s’agit :
- des impôts directs et taxes assimilées ;
- des impôts indirects et taxes assimilées ;
- des droits d’enregistrement et taxes assimilées.

Les impôts directs sont assis et recouvrés par l’Administration fiscale ; il en est de même
que les impôts directs provenant d’un contrôle fiscal.

Les impôts directs peuvent être classés en deux grandes catégories en fonction du
bénéficiaire :
- les impôts directs d’État, établis au profit du budget de l’Etat
- les impôts locaux, perçus au profit des collectivités locales

Les impôts directs d’État sont destinés à financer le budget de l’État. Ils sont constitués
par :
- l’Impôt sur les Sociétés et autres personnes morales (IS)
- l’Impôt sur le Revenu des personnes physiques (IR)
- la Contribution Forfaitaire à la Charge des Employeurs (CFCE)

Les impôts locaux prévus par le CGI sont perçus au profit des collectivités locales et
comprennent :

 l’impôt du minimum fiscal ;


 la taxe représentative de l’impôt du minimum fiscal (TRIMF) ;
 les contributions foncières (CFPB, CFPNB, Surtaxe Immobilière);
 la contribution des patentes ;
 la contribution des licences ;
 la contribution économique locale (C.E.L)

Les impôts indirects sont des impôts sur les consommations de biens et de services. Ils
sont supportés par le consommateur final. On parle d’impôts indirects dans la mesure où
il existe un intermédiaire appelé redevable légal qui est chargé de collecter et de reverser
pour le compte de l’Etat, l’impôt dû par le consommateur final appelé redevable réel ou
contribuable effectif.

Les impôts indirects qui alimentent le budget de l’Etat sont classés en deux catégories par
le code général des impôts ; Il s’agit de :

 La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ;


 Et de la taxe sur les Activités financières (TAF)

Les autres impôts indirects (taxes spécifiques ou droits d’accises) qui sont perçues en
sus de la TVA sur des biens limitativement prévus par le Code Général des Impôts
comprennent :

 La taxe sur les boissons ;


 La taxe sur le café ;
 La taxe sur le thé ;
 La taxe sur les corps gras alimentaires ;
 La taxe sur les tabacs ;
 La taxe sur les véhicules de tourisme ;
 Taxe sur les produits cosmétiques ;
 La taxe sur les produits pétroliers.
Il faudra toutefois préciser que ces taxes spécifiques alimentent le budget des collectivités
locales.

A côté des impôts d’Etat et des impôts locaux, il y’a des impôts partagés entre l’Etat et les
collectivités locales ; il s’agit :

- de la contribution globale unique (60% des produits sont destinés aux collectivités
locales et 40% pour l’Etat) ;
- La taxe de plus- value immobilière (50% des produits aux collectivités locales et
50% pour l’Etat

Dans le cadre de ce module, nous étudierons :


- l’impôt sur les sociétés et autres personnes morales ;
- l’impôt sur le revenu des personnes physiques ;
- les impôts et taxes indirects.

CHAPITRE I : L’IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS ET AUTRES PERSONNES


MORALES (IS)

Au terme de la loi 2012-31 du 31 décembre 2012 portant Code Général des Impôts,
notamment à son article 2, il est établi au profit du budget général de l’Etat un impôt
annuel sur l’ensemble des bénéfices réalisés par les sociétés et autres personnes morales
visées à l’article 4. Cet impôt est désigné sous le nom d’impôt sur les sociétés.

Toutefois il convient de préciser que cet impôt ne concerne pas toutes les sociétés mais
seulement les sociétés par actions, les SARL t les sociétés de personnes qui ont opté pour
l’IS.

L’étude de l’impôt sur les sociétés portera sur :

- son champ d’application (section I) ;


- son assiette (section II) ;
- sa liquidation (section III
- et son recouvrement (section IV).

SECTION I : CHAMP D’APPLICATION DE L’IS

Le champ d’application de l’impôt sur les sociétés est défini à travers les articles 3, 4, 5 et
6 du CGI qui traitent des assujettis (§I), des exemptions (§II), et de la territorialité des
revenus imposables (§III).

§I. LES ASSUJETTIS


Sont passibles de l’impôt sur les sociétés :

- les sociétés par action et les SARL, quel que soit leur objet,
- les sociétés civiles quand elles se livrent à des opérations de nature industrielle,
commerciale, agricole, artisanale, forestière et minière. Toutefois, les sociétés
civiles se livrant à des opérations de nature agricole ou artisanale peuvent opter
pour l’imposition selon le régime des sociétés de personnes.

Sont également passibles de l’impôt sur les sociétés :


les sociétés coopératives de consommation lorsqu’elles possèdent des
- 1

établissements, boutiques ou magasins pour la vente ou la livraison de


denrées, produits ou marchandises ;
- les sociétés coopératives et unions de coopératives d’industriels, de
commerçants et d’artisans ;
- les sociétés coopératives de production ;
- les sociétés de crédit foncier ;
- les établissements publics, les organismes de l’Etat ou des collectivités
locales, à la condition qu’ils jouissent de l’autonomie financière et se livrent
à une activité à caractère industriel ou commercial ou à des opérations à
caractère lucratif ;
- les sociétés d’assurances et de réassurances y compris celles à forme
mutuelle ;
- les sociétés nationales ;
- les associations en participation, les syndicats financiers et les sociétés de
copropriétaires de navire pour la part des bénéfices correspondant aux droits
des associés dont les noms et adresses n’ont pas été indiqués à
l’administration
- toutes autres personnes morales se livrant à une exploitation ou à des
opérations à caractère lucratif ; et
- les personnes morales domiciliées à l’étranger lorsqu’elles sont bénéficiaires
de revenus fonciers au Sénégal ou réalisent des plus-values à la suite de
cessions de valeurs mobilières ou de droits sociaux détenus dans les
entreprises de droit sénégalais
A noter qu’à côté de ces assujettis de plein droit, certaines sociétés ou groupements
peuvent opter pour une imposition à l’I.S ; il s’agit :
 des sociétés en nom collectif (SNC) ;

1
Société civile ou commerciale dont les associés ont la qualité de salarié ou de client de cette société .lexique des termes
juridiques Dalloz treizième Edition 2001 page 515
 des sociétés en participation ;
 des sociétés de fait ;
 des groupements d’intérêt économique (GIE) ;
 des sociétés en commandite simple ;
 des SARL dont l’associé unique est une personne physique
 les sociétés civiles professionnelles

Cette option est définitive et irrévocable.

§II LES EXEMPTIONS

Elles sont contenues dans l’article 5 et 6 du CGI qui énumère les personnes morales qui
sont hors du champ d’application de l’IS à savoir :

- les groupements d’achats de consommation qui se bornent à réunir les


commandes de leurs adhérents et à distribuer dans leurs magasins de dépôt,
les denrées, produits et marchandises qui ont fait l’objet de ces commandes ;
- les caisses de crédit agricole mutuel ;
- les organismes coopératifs agricoles et leurs unions visés par la loi 83 – 07
du 28 janvier 1983 portant statut général des coopératives ;
- les sociétés d’assurances ou de réassurances mutuelles agricoles
fonctionnant conformément à leur objet, ainsi que les sociétés de statut
analogue ;
- les sociétés de secours mutuels ;
- les sociétés de développement et d’encadrement rural à condition que les
ressources de celles-ci soient constituées pour 80% au moins de subventions
publiques ;
- les associations ou organismes sans but lucratif ;
- les établissements publics à caractère administratif ou professionnel ;
- les sociétés coopératives d’habitat et les groupements dits castors qui
procèdent, sans but lucratif, au lotissement et à la construction de logements
au profit exclusif de leurs membres.

- les sociétés d’investissements pour la partie des bénéfices provenant des


produits nets de leur portefeuille ou des plus- values qu’elles réalisent sur la
vente des titres ou des parts sociales faisant partie de ce portefeuille (article 6-
1).
- les sociétés d’investissements à capital variable

§III. LA TERRITORIALITE DES BENEFICES

A. LE PRINCIPE.

Aux termes de l’article 3 du CGI, l’impôt sur les sociétés est dû à raison des bénéfices
réalisés au Sénégal, sous réserves des dispositions des conventions internationales
relatives aux doubles impositions.

Sont réputés réalisés au Sénégal, les bénéfices provenant des entreprises exploitées au
Sénégal, c’est à dire des entreprises qui sont installées sur le territoire du Sénégal.
Ainsi, ces entreprises, quelle que soit leur nationalité (sénégalaise ou étrangère), sont
soumises à l’IS uniquement sur les bénéfices réalisés au Sénégal.
Ce qui signifie que les résultats (bénéfices ou pertes) de leurs exploitations situées à
l’étranger ne sont pas compris dans leurs bénéfices imposables.

B. L’EXCEPTION.

Il s’agit des conventions internationales qui peuvent apporter des dérogations au principe
de la territorialité pour éviter les risques de double imposition notamment pour les
sociétés étrangères exerçant des activités au Sénégal.

Cette double imposition est évitée, soit par voie d’imputation sur les droits dus dans l’un
des Etats, des droits perçus dans l’autre Etat, soit par l’attribution exclusive du droit
d’imposer à l’un des deux Etats.

L’article 13 du CGI prévoit une autre exception qui concerne les dépenses d’étude, de
prospection et de fonctionnement supportées pendant les trois premiers exercices, en vue
de l’installation à l’étranger d’un établissement de vente, d’un bureau de renseignement
qui sont déductibles du bénéfice imposable d’entreprises situées au Sénégal alors qu’elles
concernent des établissements ou bureaux situés hors du Sénégal.
Les sommes déduites des bénéfices devront faire l’objet d’un relevé spécial détaillé,
annexé à la déclaration annuelle d’impôt sur les sociétés.
Mais cette déduction n’est pas définitive, car les sommes déduites seront rapportées par
fractions égales aux bénéfices imposables des trois exercices consécutifs à partir du
quatrième suivant celui de la création de l’établissement ou du bureau.

Ainsi, il ne s’agit pas d’une véritable exception, mais plutôt, d’une mesure destinée à
faciliter l’implantation des sociétés sénégalaises à l’étranger.
SECTION II. ASSIETTE DE L’IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS

L’assiette de l’impôt sur les sociétés est constituée du bénéfice fiscal déterminé à partir du
résultat comptable avant impôt.

Durant l’Exercice, les produits et les charges de l’Entreprise sont enregistrés suivant les
règles et principes comptables établis pour la détermination du résultat comptable.
Une fois le résultat comptable dégagé, on lui fera subir un retraitement pour tenir compte
des règles du droit fiscal.

Il s’agit pour le calcul du bénéfice imposable, de réintégrer les charges comptabilisées qui
du point de vue fiscale n’ouvrent pas droit à déduction.

De même, certains produits enregistrés en comptabilité ne sont pas imposables


fiscalement ou ne le sont que pour partie. Ces produits doivent faire l’objet d’une
déduction extra comptable pour le calcul du bénéfice imposable.

La correction du résultat comptable par le mécanisme des réintégrations de charges et de


déductions de produits permet d’obtenir un résultat fiscal bénéficiaire ou déficitaire. Si ce
dernier est bénéficiaire, il sera à son tour diminué éventuellement des déficits fiscaux
reportables et des amortissements réputés différés pour devenir le bénéfice fiscal définitif
où assiette de l’impôt sur les sociétés au cas où le solde restant est positif.

§I. LA RÉINTÉGRATION DES CHARGES COMPTABLES NON


DÉDUCTIBLES

Les charges comptables non déductibles sont celles qui ne respectent pas les conditions
générales de déductibilité ou qui font l’objet d’une exclusion expresse.

1. LES CONDITIONS GÉNÉRALES DE DÉDUCTIBILITÉ

Le bénéfice est établi sous déduction de toutes charges remplissant les conditions
suivantes :
- Etre exposées dans l’intérêt direct de l’entreprise ou se rattacher à la gestion
normale de la société.
- Correspondre à une charge effective et être appuyées de justifications
suffisantes.
- Se traduire par une diminution de l’actif net de la société.
- Être comprises dans les charges de l’exercice au cours duquel elles ont été
engagées.
- concourir à la formation d’un produit non exonéré d’impôt assis sur le bénéfice

2. LES EXCLUSIONS

Sont donc exclus des charges déductibles :

- les dépenses à caractère personnel ;


- les actes anormaux de gestion ;

Par ailleurs, certaines charges doivent figurer sur un relevé spécial, notamment les
amortissements et les provisions.

Les exclusions expresses concernent les charges suivantes dont la déduction fait l’objet
d’une réglementation particulière.

2.1. Les loyers et charges locatives

Les loyers et charges locatives comprennent les loyers des locaux professionnels et du
matériel et les loyers des locaux à usage d’habitation.
Les loyers des locaux professionnels et du matériel sont déductibles intégralement, tandis
que
les loyers des locaux à usage d’habitation sont déductibles dans les limites hors taxes et
charges locatives suivantes :
- 100 000 F par mois pour les locaux d’une pièce principale ;
- 200 000 F par mois pour les locaux de deux pièces principales ;
- 300 000 F par mois pour les locaux de trois pièces principales ;
- 400 000 F par mois pour les locaux de quatre pièces principales et
plus.
Ainsi, les loyers qui dépassent les limites de déductions autorisées, devront faire l’objet
de réintégration pour le calcul de l’IS.

Exemple : la société ALPHA S.A a payé au titre de l’exercice 2021 un loyer annuel de
7.200.000 FCFA pour la villa à 4 pièces principales de son DG.
Quel est le traitement fiscal à donner à cette opération ?

2.2. Les cadeaux, dons, subventions et libéralités


En principe, les cadeaux ne constituent pas des charges déductibles à moins d’avoir un
caractère publicitaire en portant les marques et sigles distinctifs de la société, effectués
pour promouvoir l’image de marque de la société.
Les dons ne sont également pas déductibles pour la détermination de l’assiette de l’impôt
sur les sociétés à moins d’être effectués au profit des œuvres ou organismes d’intérêt
général à caractère philanthropique, éducatif, scientifique, social ou familial reconnus
d’utilité publique ci-après :
- La Fondation Nationale d’Action Sociale du Sénégal (FNASS) ;
- L’Association Sénégalaise d’Assistance aux Lépreux (ASAL) ;
- CARITAS Sénégal ;
- La Croix Rouge Sénégalaise ;
- l’Union Nationale des Aveugles du Sénégal (UNAS) ;
- L’Association Sénégalaise pour les Nations Unies (ASNU) ;
- La fondation << Servir le Sénégal >> ;
- La fondation << Marie-Louise MIMRAN >>

Ces dons sont considérés comme des charges déductibles dans la limite de 5‰ du chiffre
d’affaires.

Les dons englobent les parrainages publicitaires (sponsorings) qui sont considérés comme
des dépenses de publicité. Ils sont déductibles au même titre que les frais de publicité sauf
lorsque le parrainage est motivé par des considérations personnelles des dirigeants de
l’Entreprise (exemple : on finance l’équipe de football du DG ou une activité à la laquelle
il est impliqué).

Les dons comprennent également les abandons de créances qui peuvent être assimilés à
des libéralités car il s’agit d’une renonciation à une créance.

Pour l’administration fiscale, la solution constante est que l’abandon de créance n’est
fiscalement déductible que lorsqu’il a été consenti dans l’intérêt social, c'est-à-dire
lorsque des liens juridiques existent entre les sociétés concernées.

Exemple : AZIZA S.A au capital de 5.000.000 de FCFA et au chiffre d’affaire de


200.000.000 a effectué au cours de l’exercice clos au 31 décembre de l’année N les dons
et libéralités suivants :
- Croix Rouge Sénégalaise………………………750.000
- Comité National de lutte contre le sida………….50.000
- CARITAS………………………………………500.000
- Cadeaux d’entreprises (gadgets publicitaires)…300.000
- Parrainage des activités de la Fédération Sénégalaise de
lutte..250.000
- Parrainage des activités de la Fédération Sénégalaise de Cyclisme
(dont le président est le directeur de la
société)……………………200.000
- Cadeaux aux enfants du Personnel………………..………500.000
- Rotary Club (œuvres sociales) …………………..100.000
- UNAS……………………………………………200.000

Calculer le montant des dons non déductibles pour le calcul de l’IS.

Pour la résolution de cet exercice d’application, il convient de voir les dons qui :
 Sont déductibles intégralement (dons faits dans l’intérêt de l’entreprise ou du
personnel et les parrainages publicitaires faits en considération de motivations
propres à l’entreprise)
 Sont déductibles partiellement (dons faits aux œuvres et organismes agrées dans la
limite de 0,5% du chiffre d’affaires
 Ne sont pas déductibles les dons qui ne sont faits ni dans l’intérêt de l’entreprise ou
du personnel, ni aux œuvres et organismes agrées et le sponsoring fait pour des
motivants personnels des dirigeants.

2.3. Les amendes et pénalités.

Le principe de la non déductibilité des amendes et pénalités est posé par l’article 9 alinéa
9 du CGI qui dispose que les transactions, amendes, confiscations, pénalités de toute
nature, notamment, celles mises à la charge des contrevenants à la réglementation
régissant les prix, le contrôle des changes, ainsi que l’assiette, la liquidation et le
recouvrement des impôts, contributions, taxes et tous droits d’entrée, de sortie, de
circulation ou de consommation, ne sont pas admises en déduction des bénéfices soumis à
l’impôt.

2.4. Les impôts et taxes

Selon l’article 9 alinéa 7 du CGI, les impôts à la charge de l’entreprise mis en


recouvrement au cours de l’exercice sont déductibles à l’exception de :
- l’impôt sur les sociétés ;
- l’impôt minimum forfaitaire sur les sociétés ;
- l’impôt sur le revenu prévu aux articles 47 et 258 du CGI (rémunérations
occultes) ;
- la taxe sur les voitures particulières des personnes morales.
2.5. Intérêts excédentaires sur comptes - courants associés

La déductibilité de ces intérêts est réglementée par la loi.

En effet, le nouvel article 9 alinéa 2 dispose que le taux des intérêts servis aux sommes
mises à la disposition de la société en sus du capital initial, par un ou plusieurs associés
des sociétés autres que les sociétés de fait, sera limité à trois points au-dessus du taux des
avances à terme fixe sur effets publics de l’institut d’émission.

Les intérêts visés ci-dessus ne sont déductibles qu’à condition que le capital soit
entièrement libéré.

En outre, la déduction des intérêts versés à des personnes physiques est limitée à la
rémunération des sommes mises à disposition par lesdites personnes qui n’excède pas le
montant du capital social.

De même, les intérêts versés à des personnes morales ne sont pas admis en déduction à
hauteur de leur montant qui :
 rémunère les sommes mises à disposition qui excèdent une fois et demi le capital
social et ;
 excède simultanément 15% du résultat des activités ordinaires majoré desdits
intérêts, amortissements et provisions pris en compte pour la détermination de ce
même résultat.

Toutefois, les intérêts non déduits du fait de la limite par rapport au deuxième point ci-
dessus peuvent être reportés sur une période de 5 ans.

Exemple : ABSA Sarl au capital de 50.000.000 a rémunéré les comptes courants associés
personnes physiques au taux de 10%. Au cours de l’exercice n, les comptes courants ont
connu les évolutions suivantes :
75.000.000 du 1e janvier au 31 mars
40.000.000 du 1e avril au 31 août
90.000.000 du 1e septembre au 31 décembre
Le taux de la BCEAO a connu également les évolutions suivantes :
5% du 1e janvier au 30 juin
7% du 1e juillet au 31 octobre
9% du 1e novembre au 31 décembre
Calculer le montant des intérêts non déductibles
2.6 Commissions, courtages, honoraires non déclarées au 31 janvier

Ils sont enregistrés dans le compte 632


L’article 191du CGI fait obligation aux entreprises de déclarer au plus tard le 31 janvier
les commissions, courtages, ristournes, honoraires et gratifications versés à des tiers ne
faisant pas partie de leur personnel salarié lorsque ces sommes dépassent 300.000 F par
an et pour une même personne. Cette obligation est également applicable aux loyers des
locaux pris à bail par des contribuables ainsi qu’aux loyers payés par des agences
immobilières, des gérants de biens ou des sociétés civiles immobilières.

Les infractions relatives aux déclarations visées à l’article 191 du CGI entraînent une
amende de 5% des sommes non déclarées (article 669-2e).
Le contribuable est tenu de procéder à la régularisation dans les 20 jours à compter de la
réception du PV de carence, à défaut, ces sommes seront réintégrées à l’assiette de l’I.S.

2.7. Quote part des frais de siège

Pour éviter les transferts de bénéfices, le CGI notamment en son article 9-5e dispose que
pour les entreprises qui exercent leur activité au Sénégal et dont le siège social est situé à
l’étranger, la quote-part de frais de siège déductible est calculée sous réserve des
conventions internationales au prorata du chiffre d’affaires global de ces mêmes
entreprises, sans pouvoir excéder 20% du bénéfice comptable réalisé au Sénégal avant
déduction de la quote-part des frais de siège.

Exemple :
Les sociétés A, B et C dont le siège se trouve à l’étranger ont réalisé respectivement les
chiffres d’affaires ci-après : 800 millions, 500 millions et 700 millions.

La société B a réalisé un bénéfice comptable de 60 millions

TAF :
Calculer la quote part des frais de siège non déductible pour la société B, sachant que les
frais de siège répartis proportionnellement aux chiffres d’affaires s’élèvent à 100 000 000.

2.8. Provisions congés payés


Dans les travaux de fin d’exercice, la société évalue les indemnités de congés qui
constituent pour les salariés une créance certaine dans son principe et dans son montant
mais n’est pas encore exigible, ce qui fait que la société, en vertu du principe de la
séparation des exercices, porte ces sommes dans un compte de charges à payer.

Mais le droit fiscal n’admet la déductibilité de ces montants constitués en vue de faire
face au versement des indemnités de congés payés qu’au titre de l’exercice de paiement
effectif.

En conséquence, une provision « congés payés » constituée pour l’exercice N ne sera pas
déductible au titre dudit exercice et fera l’objet de réintégration extracomptable car elle
sera payée en N+1, année où elle pourra être déduite des résultats imposables de N+1.

Le même traitement est prévu pour les provisions constituées pour gratifications ou
allocations pour départ à la retraite des membres du personnel et qui sont payables à
l’exercice N+1.

.2.9. Les primes d’assurances

Les primes d’assurances comprennent les assurances dommages et responsabilité et les


assurances vie.

2.9.1 Assurances dommages et responsabilité

Les primes d’assurances qui couvrent des risques pouvant entraîner une diminution
d’actif net (incendie, responsabilité civile, etc.), sont considérées comme des charges
d’exploitation déductibles pour le calcul de l’IS à condition, qu’elles soient versées dans
le cadre d’assurance dommages et responsabilité contractée au profit de l’entreprise elle-
même.

2.9.2. Assurance -vie

L’assurance vie est un contrat par lequel, en échange d’une prime, l’assureur s’engage à
verser au souscripteur ou à un tiers désigné par lui, un capital en cas de réalisation du
risque (mort de la personne assurée ou de survie à une période déterminée.

En ce qui concerne l’assurance vie, il convient de faire la distinction entre les assurances
contractées au profit de l’entreprise, celles contractées en garantie du remboursement d’un
emprunt et celles contractées au profit des tiers.

2.9.2.1. Assurances sur la tête des dirigeants au profit de l’entreprise elle-


même
Les assurances contractées au profit de l’entreprise elle-même sur la tête d’un des
dirigeants ou principaux collaborateurs sont destinées à compenser le préjudice qui
découlerait du décès de l’assuré mais, elles n’entraînent pas une diminution de l’actif net.
De telles primes sont considérées comme des placements de fonds et ne sont déductibles
globalement qu’au titre de l’exercice de l’exécution ou de l’expiration du contrat.

2.9.2.2 Assurance sur la tête des dirigeants en garantie du remboursement


d’un prêt.

Les modalités de déduction des primes d’assurances sur la tête d’un des dirigeants en
garantie du remboursement d’un prêt varient suivant que le contrat a été librement
souscrit par l’entreprise où constitue une conditionnalité du prêt.

- Police d’assurance librement souscrite par l’entreprise

Les primes versées sont considérées comme des placements de fonds et sont déductibles
uniquement des résultats de l’exercice de réalisation du risque (décès du dirigeant) ou de
l’expiration du contrat.

- Police d’assurance imposée par le prêteur à l’entreprise

Les primes sont considérées comme des frais accessoires à l’emprunt au même titre que
les intérêts. Elles sont intégralement déductibles.

2.9.2.3. Assurances contractées au profit d’un tiers

Les primes d’assurances contractées au profit d’un tiers constituent un acte anormal de
gestion et sont en principe non déductibles

Toutefois, par exception le CGI admet en charges déductibles les primes d’assurance
versées à des compagnies d’assurance, en vue de couvrir des indemnités légales de fin de
carrière, de décès ou de départ à la retraite, à condition qu’elles soient acquises en cours
d’exercice et que lesdites compagnies soient agréées et établies au Sénégal.

Il est également admis en déduction, les cotisations relatives à l’assurance-maladie, à


l’assurance-décès et à l’assurance retraite complémentaire versées à des compagnies
d’assurance, à condition que lesdites cotisations bénéficient à l’ensemble du Personnel ou
à une ou plusieurs catégories du Personnel.

Toutefois pour être déductible, le cumul des primes et cotisations ne peut excéder 10% du
salaire brut imposable par employé.
2.10. Les indemnités pour frais d’emploi des dirigeants et
Cadres

Il y a frais d’emploi lorsqu’un dirigeant ou cadre engage des frais pour le compte de son
entreprise (frais de déplacement, frais de restauration, frais d’hébergement, frais de
réception, etc.). On peut lui rembourser le montant exact des frais sur présentation des
pièces justificatives (frais réels) ou lui attribuer un montant forfaitaire. Ces
remboursements sont déductibles s’ils ne sont pas exagérés, s’ils couvrent des frais
inhérents à la fonction ou à l’emploi et, s’ils sont utilisés conformément à leur objet.
Le CGI interdit le cumul des frais réels et des frais forfaitaires de même nature ; aussi le
dirigeant bénéficiaire doit faire une option valable pour l’année entière et pour les années
suivantes tant qu’elle n’est pas dénoncée.
En cas de cumul, la société doit réintégrer les frais forfaitaires. En effet les allocations
forfaitaires ne sont déductibles que lorsqu’elles ne se cumulent pas avec les frais réels.
La règle du non cumul ne s’applique pas lorsque les allocations réelles et les allocations
forfaitaires ne couvrent pas des frais de même nature.

2.11. Les amortissements.

L’amortissement est la constatation comptable de la perte subie sur la valeur des


immobilisations. Il concerne les immobilisations corporelles figurant à l’actif du bilan qui
se déprécient avec l’usage et le temps.
Le CGI à travers l’article 10 prévoit les systèmes d’amortissement suivants :

 Le système linéaire qui constitue le droit commun :


Les amortissements des biens d’équipement réellement effectués sont déductibles dans la
limite de ceux généralement admis d’après les usages de chaque nature d’industrie, de
commerce ou d’exploitation.

 Le système accéléré

Peuvent faire l’objet de l’amortissement accéléré, les matériels et outillages neufs qui
remplissent à la fois la double condition d’être :
- utilisés exclusivement pour les opérations industrielles de
fabrication, de manutention, de transport, de tourisme, de pêche,
d’élevage et d’exploitation agricole, ou de remplir une fonction
anti-polluante (sous réserve d’un agrément ministériel) ;
- normalement utilisables pendant au moins cinq ans,
L’annuité d’amortissement est calculée d’après la durée normale d’utilisation du bien. Le
montant de la première annuité est doublé et la durée totale de l’amortissement est réduite
d’une année.

 Le système dégressif

Il concerne les biens d’équipement autres que les immeubles d’habitation, les chantiers et
les locaux servant à l’exercice de la profession, acquis ou fabriqués depuis le 1e janvier
1987.
Seules les entreprises industrielles ont le droit de pratiquer l’amortissement dégressif.

Les amortissements ne sont pas déductibles lorsqu’ils concernent les cas suivants :
- Amortissements irréguliers : il s’agit d’amortissements qui ne respectent pas
les conditions de déductibilité posées par la loi (exemple : amortissement d’un
bien qui ne fait pas l’objet de dépréciation irréversible).
- Amortissement excessif : l’amortissement est excessif lorsque le taux utilisé
est manifestement exagéré eu égard aux usages propres à chaque nature
d’industrie, de commerce ou d’exploitation.
A NOTER
Les taux usuels d’amortissement sont les suivants :
- immeubles bâtis 3 à 5 % ;
- mobilier 10% ;
- matériel 10 à 15% ;
- matériel roulant utilisé en ville 20 à 25%.
- matériel roulant utilisé en brousse 33%.

- Amortissements irrégulièrement différés : lorsque l’entreprise utilise le


système dégressif, elle a la possibilité de différer régulièrement les
amortissements en passant une dotation minimum qui correspond à celle du
système linéaire. Le non-respect de cette obligation entraîne pour le
contribuable la perte du droit de déduire la fraction des amortissements, qui a
été ainsi différée.

Exemple : La SNR a acquis un matériel d’exploitation en janvier de l’année 2005 pour


5.000.000 HT amortissable sur 5 ans suivant le système dégressif. Les annuités de 2006 et
2007 n’ont pas été comptabilisées en raison des déficits accusés.
Calculer les amortissements différés régulièrement et irrégulièrement et la déduction à
opérer au titre de l’exercice 2008 qui est bénéficiaire.
2.12. Les dotations aux provisions

La déduction des provisions obéit à des conditions de fond et de forme :

- Conditions de forme : la provision doit avoir été effectivement constatée dans


les écritures de l’exercice et avoir figuré sur le relevé des provisions annexé à la
déclaration IS. Ce relevé précise le montant de chaque provision et son objet.
- Conditions de fonds : il faut que :
-
* la provision ait un objet nettement précisé,
* les évènements en cours rendent probables la perte ou la charge (absence
d’adresse du client, faillite du débiteur etc...)
* la perte ou la charge ait son origine dans l’exercice en cours,
* la perte ou la charge envisagée soit déductible.

Les provisions ci-après ne sont pas déductibles :

- Les provisions irrégulières : ce sont les provisions qui ne respectent pas les
conditions de déductibilité posées par la loi.
- Les provisions sans objet et les provisions dont l’emploi n’est pas conforme à
leur destination.
- Les provisions qui se rapportent à des charges non déductibles.
- Les provisions constituées en vue de faire face au versement de congés payés,
de gratifications ou d’allocation en raison de départ à la retraite des membres
du personnel.
- Les provisions qui trouvent leur origine dans un événement ayant pris naissance
après la clôture de l’exercice.

§II. LA DÉDUCTION DES PRODUITS COMPTABLES NON


IMPOSABLES

1. LES PLUS-VALUES DE CESSION EN COURS


D’EXPLOITATION

En principe, les plus-values de cession réalisées en cours d’exploitation sur la cession


d’éléments de l’actif immobilisé sont imposables intégralement.

Toutefois, l’article 19 du CGI dispose que les plus-values provenant de la cession en


cours d’exploitation des éléments de l’actif immobilisé ne sont pas comprises dans le
bénéfice imposable de l’exercice au cours duquel elles ont été réalisées si le contribuable
prend l’engagement de réinvestir en immobilisations, dans les entreprises installées au
Sénégal dont il a la propriété avant l’expiration d’un délai de trois ans à partir de la
clôture de cet exercice, une somme égale au montant de ces plus-values augmentées du
prix de revient des éléments cédés.
Cet engagement de réinvestir doit être annexé à la déclaration des résultats de l’exercice
au cours duquel les plus-values ont été réalisées.

Exemple : Ndiaye et Associés a acquis le 2 avril 2004 un matériel de bureau pour


10.000.000 HT. Le 31/12/2005, le bien est cédé pour un montant de 9.800.000 F. La
durée de vie est de 5 ans. La société s’engage à réinvestir la plus-value dans les conditions
légales.
Calculer le résultat sur cession et passer les écritures comptables compte tenu de
l’engagement de réinvestir.
Envisager l’hypothèse d’un réinvestissement partiel et d’un non réinvestissement.

2. LES PLUS-VALUES DE FUSION, D’APPORTS PARTIELS


D’ACTIF

L’article 20 du CGI dispose que les plus-values autres que celles réalisées sur les
marchandises résultant de l’attribution d’actions ou de parts sociales (parts de capital) à la
suite de fusion de sociétés anonymes ou à responsabilité limitée sont exonérées de l’impôt
sur les sociétés.

Il en est de même des plus-values d’apports partiels d’actif si les conditions suivantes sont
remplies :
- la société bénéficiaire de l’apport doit avoir son siège social au Sénégal ;
- l’apport doit se présenter sous la forme d’une fusion, d’un apport partiel ou
d’une scission de société.

En outre, l’acte de fusion ou d’apport doit constater l’engagement de la société


bénéficiaire de l’apport, de calculer les amortissements des biens apportés ainsi que les
plus-values ultérieures, d’après leur valeur nette comptable inscrite dans le bilan de la
société apporteuse ;

3. LES PLUS-VALUES DE CESSION RÉALISÉES EN FIN


D’EXPLOITATION

Les plus-values provenant de la cession d’éléments d’actif immobilisé en fin


d’exploitation ou en cas de cession partielle d’entreprise et les indemnités reçues en
contrepartie de la cessation de l’exercice de la profession ou du transfert d’une clientèle,
sont imposables pour le tiers de leur montant (Cf.art.259 CGI).

Toutefois, lorsque la cession, le transfert ou la cessation intervient moins de cinq ans


après la création, ou l’achat du fonds, de l’office ou de la clientèle la plus-value est
imposable pour la moitié de son montant.

Exemple d’application :
Une SARL a réalisé sur ses opérations de liquidation d’actifs immobilisés des plus-values
d’un montant de 90 000 000 et des moins –values de 20 000 000.

TAF
Calculer le résultat imposable sachant que le résultat comptable de l’exercice de
liquidation s’élève à 100 000 000 et que les plus-values et moins-values sont intégrées
dans le résultat de l’exercice de liquidation.

Solution :
1er cas :
la cession intervient moins de cinq ans après la création de la SARL.
La plus-value est taxée pour la moitié de son montant d’où une déduction extracomptable
de 50%

Assiette = 100 000 000 – (90 000 000 x ½)


= 55 000 000

2éme cas :
la cession intervient plus de 5ans après la création de la SARL.
La plus-value est taxée pour le tiers de son montant d’où une déduction extracomptable
des 2/3 de son montant.

Assiette = 100 000 000 – (90 000 000x 2/3)


= 40 000 000

4. LES PRODUITS VISÉS À L’ARTICLE 105 DU CGI

L’article 12 du CGI exonère de l’impôt sur les sociétés, les produits visés à l’article 105
qui sont :
- les intérêts, arrérages et tous autres produits de titres d’emprunt émis par l’État,
les communes et les collectivités locales ;
- les intérêts, arrérages et tous autres produits des comptes de dépôts ouverts dans
les écritures de la Banque de l’Habitat du Sénégal ainsi que des prêts et avances
quelle que soit leur forme, consentis à cet établissement ;
- les intérêts des prêts consentis aux coopératives ou unions de coopératives
créées et fonctionnant conformément à la législation en vigueur ou des prêts
qu’elles consentent ;
- les intérêts des prêts consentis par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de
l’Ouest et l’Agence Française de Développement.
- les intérêts des prêts consentis à la Caisse Nationale de Crédit Agricole du
Sénégal ;
- les intérêts, arrérages et tous autres produits des prêts et avances quelle que soit
leur forme, consentis aux sociétés d’économie mixte qui ont pour objet la
promotion et le développement de la petite et moyenne entreprise industrielle,
commerciale ou artisanale ;
- les intérêts, arrérages et tous autres produits des emprunts contractés par la
SNHLM, les sociétés d’économie mixte fondées en vue de l’amélioration de
l’habitat et toutes autres sociétés qui se consacrent, avec l’agrément et sous le
contrôle de l’Etat, au développement de l’habitat, dans la mesure où les prêts
sont contractés ou consentis en vue de l’amélioration de l’habitat ou du
développement des habitations économiques ;
- les intérêts des valeurs d’Etat ;
- les lots ainsi que les primes de remboursement rattachés aux bons et obligations
lorsqu’ils sont expressément exonérés.

5. LES SUBVENTIONS D’ÉQUIPEMENT

Les subventions d’équipement ou subventions d’investissement sont exonérées d’impôt


sur les sociétés c’est pourquoi elles sont
inscrites dans un compte de bilan (Cf. Syscoa révisé).

Mais en réalité, il ne s’agit pas d’une exonération mais plutôt d’une imposition différée,
étalée sur la durée d’amortissement ou sur la durée d’inaliénabilité ou sur dix ans s’il
s’agit d’immobilisations non amortissables.
En effet, la subvention fait l’objet d’une reprise étalée sur la durée ci-dessus.

Exemple : la Sarl DIOP et Associés a obtenu de l’Etat une subvention de 25.000.000 de


FCFA pour l’achat d’un matériel d’exploitation qui est acquis le 2 janvier N à 40.000.000
de FCFA HT. Le matériel est amorti sur 10 ans.
Passer les écritures comptables
6. LES INTERETS DES OBLIGATIONS :

 À ÉCHÉANCE D’AU MOINS EGALE A 5 ANS

Les revenus des obligations émises au Sénégal remboursables avec un différé égal ou
supérieur à 5 ans subissent une retenue à la source au taux de 6%. Cette retenue est
libératoire de tous impôts (article 203-3e du CGI).

 À ÉCHÉANCE AU PLUS EGALE A 5 ANS

Les intérêts et autres produits des obligations à échéance de remboursement inférieure à


cinq ans subissent une retenue à la source de 13% qui constitue un crédit d’impôt
imputable sur le montant de l’impôt dû ; elle n’est donc pas libératoire de tous impôts.

Exemple :
Moussa et associés SARL a perçu au cours de l’exercice N les revenus d’obligations ci-
après.
- Obligations remboursables avec un différé de 3 ans, montant net perçu 870 000.
- Obligations remboursables avec un différé de 7 ans, montant net perçue
940 000.

TAF
Procéder au traitement comptable et fiscal de ces produits

7. INTÉRÊTS DES BONS DE CAISSE

L’article 208 du CGI dispose, qu’en ce qui concerne les intérêts des bons de caisse,
nominatifs ou au porteur, la retenue à la source fixée à 20% est libératoire de tous impôts.
Le caractère libératoire concerne aussi bien les personnes physiques que les personnes
morales

8. LES DIVIDENDES PERÇUS PAR LES SOCIÉTÉS MÈRES

Les dividendes bruts perçus par une société mère en provenance de sa filiale sont
retranchés du bénéfice net total, déduction faite d’une quote-part représentative des frais
et charges fixées à 5% du montant total des dividendes perçus (Cf. article 21 CGI).

Le bénéfice de ce régime de faveur est soumis aux conditions suivantes :


- la société mère doit avoir son siège social au Sénégal et être passible de l’impôt
sur les sociétés ;
- les actions ou parts d’intérêts possédées par la société mère doivent représenter
au moins 10% du capital de la société filiale ;
- les actions ou parts sociales doivent être souscrites ou attribuées à l’émission et
inscrites au nom de la société ou que celle-ci s’engage à les conserver pendant
deux années consécutives au moins sous la forme nominative. La lettre portant
cet engagement doit être annexée à la déclaration des résultats (article 22-4e du
CGI) .

Exemple1 :

La société SANDI SARL a réalisé au cours de l’exercice N un bénéfice comptable de


270 000 000 dont 5 000 000 de frais de gestion des titres et 200 000 000 de dividendes
bruts provenant d’une filiale et bénéficiant du régime de faveur des sociétés mères et
filiales.
TAF
Procéder au traitement fiscal et comptable de cette opération.

Lorsque les produits de participations ne sont pas éligibles au régime des sociétés mères
et filiales, la société participante n’est soumise à l’impôt sur les sociétés sur les dits
produits que sur une quote-part représentative de 40% du produit brut des participations.
En conséquence, il convient de procéder à une déduction extra comptable de 60% du
dividende brut.

Exemple 2 :
La société KANDI SARL a réalisé au cours de l’exercice N un bénéfice comptable de
270 000 000 dont 200 000 000 de dividendes bruts non admis au régime des sociétés
mères et filiales.
TAF
Procéder au traitement fiscal et comptable de cette opération.

§III. LES AUTRES DEDUCTIONS

les autres déductions concernent les déficits ordinaires (déficits fiscaux) et les
amortissements réputés différés en période déficitaire qui permettent de passer du
bénéfice fiscal provisoire au bénéfice fiscal définitif.

1 LES DÉFICITS ORDINAIRES (DÉFICITS FISCAUX)


Il y’a déficit fiscal lorsque le résultat comptable avant impôt augmenté des réintégrations
extra comptables et diminués des déductions extra comptables est inférieur à 0

En cas de déficit subi pendant un exercice, ce déficit est déduit du bénéfice réalisé
pendant l’exercice suivant. Si ce bénéfice n’est pas suffisant pour que la déduction puisse
être intégralement opérée, l’excédent du déficit est reporté successivement sur les
exercices suivants jusqu’au troisième exercice qui suit l’exercice déficitaire.

En conséquence, tout déficit non reporté dans les trois ans est définitivement perdu ; d’où
la nécessité d’imputer les déficits par ordre d’ancienneté.

Exemple :
Une entreprise a réalisé les résultats ci-après.
- N déficit fiscal de 12 000 000
- N+1 déficit fiscal de 7 000 000
- N+2 déficit fiscal de 5 000 000
- N+3 bénéfice fiscal de 4000 000
- N+4 bénéfice fiscal de 5 000 000
- N+5 bénéfice fiscal de 2 000 000
- N+6 bénéfice fiscal de 15 000 000

Procéder à l’imputation des déficits sur les bénéfices.

2. LES AMORTISSEMENTS RÉPUTÉS DIFFÉRÉS EN PÉRIODE


DÉFICITAIRE

L’entreprise a la possibilité, en période de déficit fiscal, de réputer différés les


amortissements comptabilisés durant l’exercice en les réintégrant de façon
extracomptable ce qui permet de changer un déficit ordinaire reportable sur 3 ans en un
amortissement réputé différé reportable sans limitation. En effet, l’article 16 alinéa 1 du
CGI précise que la limitation du délai de report ne s’applique pas aux amortissements
comptabilisés en période déficitaire.

NB : le caractère déficitaire d’un exercice doit s’apprécier par référence au résultat fiscal,
abstraction faite des déficits reportables des exercices antérieurs.

SECTION III : LA LIQUIDATION DE L’IMPOT SUR LES SOCIETES

Elle passe par la procédure de l’imposition et le calcul de l’impôt.

1) La procédure de l’imposition :
Elle s’appuie sur la déclaration du contribuable qui fera l’objet d’un contrôle par un agent
des services d’assiette aux fins de déterminer une base d’imposition.
Il faudra toutefois signaler que la déclaration doit être produite au plus tard le 30 avril de
l’année d’imposition.

Les sociétés dont le siège social est situé hors du Sénégal remettent en outre un
exemplaire de leur bilan général.

2) Le calcul de l’impôt

On applique un taux de 30% sur la base imposable à l’impôt sur les sociétés. La base doit
être arrondie aux mille francs inférieurs.

SECTION IV - LE RECOUVREMENT DE L’IMPÔT

Le taux de l’impôt sur les sociétés est de 30% (article 36 du CGI loi n° 2012-31 du 31
décembre 2012). Il s’applique au bénéfice imposable arrondi le cas échéant au millier de
francs inférieur pour donner un impôt brut. Pour les entreprises franches d’exportation,
l’impôt sur les sociétés est perçu au taux de 15%.

L’IS doit être versé au Chef du bureau du recouvrement territorialement compétent sans
attendre la réception d’un avertissement. Le paiement s’effectue selon le système des
acomptes et en cas de défaillance, des pénalités sont prévues par la loi.

Les acomptes provisionnels sont exigibles dans les 15 premiers jours des mois de février
pour le 1er acompte et au plus tard le 30 avril pour le deuxième acompte. Le solde de
l’impôt, le cas échéant est acquitté le 15 juin au plus tard (article 214 du CGI).
Le premier acompte se confond avec l’impôt minimum forfaitaire sur les sociétés (IMF)
lorsqu’il lui est inférieur ou égal, ce qui nous conduit à étudier l’IMF et les modalités de
son imputation sur les acomptes.

1. L’IMPÔT MINIMUM FORFAITAIRE SUR LES SOCIÉTÉS : IMF

L’IMF est dû par toutes les sociétés et personnes morales passibles de l’IS qui sont
déficitaires ou dont le résultat fiscal ne permet pas de générer un impôt sur les sociétés
supérieur au montant de l’IMF (article 38 du CGI loi n° 2012-31 du 31 décembre 2012).

Toutefois, l’article 39 du CGI exonère de l’IMF les sociétés suivantes :


- les sociétés ayant commencé leurs premières opérations dans le courant de
l’année précédant celle de l’imposition et les sociétés ayant clos leur premier
bilan au cours ou à la fin de ladite année, à la condition, dans ce cas, que
l’exercice ne soit pas d’une durée supérieure à douze mois ;
- les sociétés ayant pour objet exclusif l’édition, l’impression ou la vente de
publications périodiques ;
- les sociétés ayant cessé toute activité professionnelle antérieurement au 1er
janvier de l’année d’imposition et non assujettie à la contribution économique
locale dans les rôles de l’année en cours.
- les titulaires de permis d’exploitation ou de concession minière ou pétrolière,
pendant une période de 3 ans, à compter de la date de délivrance du titre
d’exploitation.
- les entreprises nouvelles qui ne relèvent pas du service en charge des grandes
entreprises sont exonérées pendant une période de 3 ans à compter de leur date
de création.

Aux termes de l’article 40 du CGI, le montant annuel de l’IMF est fixé à 0,5% du chiffre
d’affaires hors taxes réalisé l’année précédant celle de l’imposition.

En aucun cas, le montant dû ne peut être supérieur à 5 000 000 de francs (loi de finances
du 20 décembre 2019).

2. LES ACOMPTES DE L’IS ET L’IMF

Aux termes de l’article 215 du CGI, le premier acompte ne peut être inférieur au montant
de l’impôt minimum forfaitaire. Il se confond avec l’impôt minimum forfaitaire à
concurrence du montant de cet impôt qui constitue un minimum de perception.

Le deuxième acompte est égal au tiers de l’impôt dû au titre de l’année précédente si le


premier acompte était lui-même égal ou supérieur au montant de l’IMF.

Toutefois, la société peut s’abstenir du paiement du 2e acompte lorsque le premier


acompte versé au titre de l’exercice est supérieur ou égal au montant de l’IS dû sur les
résultats de l’exercice précédent.

De même, le contribuable qui estime que le montant du 2e acompte est supérieur au solde
de l’impôt dû après imputation du 1e acompte, peut se dispenser d’effectuer le versement
supplémentaire

Il faudra dans ces cas-là, envoyer au Chef du bureau du recouvrement territorialement


compétent une demande de dispense motivée par lettre datée et signée au plus tard le 30
avril (art.217 CGI).
Les contribuables sont tenus de payer les acomptes aux échéances fixées. Lorsqu’ils ne
reçoivent pas les avis d’appels nominatifs, ils sont tenus de calculer eux-mêmes, le
montant de chaque acompte et de le verser spontanément au Chef du bureau du
recouvrement. Ce dernier, leur délivre une quittance dont une copie sera annexée à la
déclaration annuelle des résultats.

L’inobservation de cette formalité est sanctionnée par une amende de 200 000 F
recouvrée par fiche de paiement par anticipation.

Les acomptes versés s’imputent sur le montant total de l’IS dû au titre de la même
année :
- si l’impôt est supérieur au montant des acomptes versés, l’excédent ou solde est
versé le 15 Juin par le contribuable ;
- si l’impôt est inférieur au montant des acomptes versés, l’excédent versé est :
 soit imputé sur les exercices suivants.
 soit remboursé si le contribuable cesse son activité ou s’il quitte le Sénégal
ou si l’exploitation est restée déficitaire pendant deux exercices consécutifs
d’au moins 12 mois chacun.

Cet excédent peut également, à la demande du contribuable être utilisé pour le paiement
de tout autre impôt direct et taxes assimilées dont il est par ailleurs redevable.

Exemple1 : SENI SARL a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 600.000.000 et un


bénéfice imposable de 100.000.000.
L’impôt payé en 2012 au titre de l’exercice 2011 est de 24.000.000.

Procéder à la liquidation de l’IS de l’exercice 2012.

Exemple2
La société KANDI a réalisé au cours de l’exercice 2012 un chiffre d’affaires de
800 000 000 et a fait un bénéfice imposable de 18.000 000 FCFA. L’impôt payé en N au
titre de N-1 est de 1 200 000.

TAF
Procéder à la liquidation de l’IS de l’exercice N

3. LES SANCTIONS FISCALES

Au terme des dispositions des articles 665 à 671du CGI, il est prévu le paiement d’un
intérêt de retard, d’une amende ou d’une pénalité pour sanctionner les infractions relatives
aux règles d’assiette, de dépôt ou de paiement d’un impôt.
a) Intérêt de retard (article 665)

Tout contribuable qui n’a pas payé dans les délais légaux les impôts, droits, taxes,
redevances exigibles, doit verser un intérêt de retard simple de 5% liquidé sur le solde
impayé. Chaque mois ou fraction de mois de retard supplémentaire donne lieu au
versement d’un intérêt complémentaire de 0,5%. La même sanction est prévue aux
déclarations rectificatives ou complémentaires.

b) Amendes (article 666 à 670)

Les amendes sont constatées par l’établissement d’un procès-verbal. En effet, tout
manquement aux obligations prévues par le présent code donne lieu à une amende égale à
200 000 francs. Lorsque le manquement porte sur des documents ou des renseignements à
fournir, l’amende est due autant de fois qu’il y a de documents ou renseignements
demandés et non produits, incomplets ou inexacts. Toutefois, le montant de l’amende
constaté dans un procès-verbal ne peut dépasser 1 000 000 de francs.

Par exception aux dispositions de l’article 667, l’amende peut être portée à 5 000 000 de
francs pour certaines infractions (Cf article 668) ou être égale à 5% ou 25% selon les cas
prévus aux articles 669 et 670 du CGI.

c) Pénalités (article 671)

Outre les sanctions prévues aux articles 665 à 670, les manquements aux obligations de
déclarations de l’assiette ou de paiement de tout ou partie d’un impôt, d’un droit, d’une
taxe ou d’une redevance donnent lieu à l’application d’une pénalité égale à 25% des droits
éludés.

La pénalité est portée à 50% des droits dus en cas de :


 Défaut de reversement d’impôts, de droits, de taxes ou de redevances
collectés ou retenus
 De dissimulation de prix, manœuvres ou mauvaise foi dans la
déclaration, le paiement ou le reversement de tous impôts, taxes et
redevances

La pénalité est portée à 100% en cas de récidive ou d’exercice d’activités non déclarées.

Exemple d’application : La SARL Diop et Frères a payé au cours de l’exercice 2012 un


impôt sur les sociétés de 57.000.000 FCFA au titre de l’exercice 2011. En 2012, la SARL
a réalisé un chiffre d’affaires de 950.000.000 et un bénéfice fiscal de 240.000.000.
Le comptable vous informe des dates de versement des acomptes 2012 et du solde qui
sont les suivantes :
1e acompte payé le 15 avril 2013
2e acompte payé le 30 mai 2013
Solde payé le 15 août 2013

Calculer les pénalités relatives à la liquidation de l’IS 2012

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