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11-001-D-10
Canal
sodique
C
N
page 2
Cardiologie-Angéiologie PHYSIOLOGIE DE LA CONTRACTION CARDIAQUE 11-001-D-10
Tubule T
0,2 mN
Ca2+
Membrane plasmique
200 cps
Canal
1 seconde ryanodine
3 Mise en évidence du couplage excitation-contraction par la protéine bioluminescente
aequorine. Le tracé du haut représente la force de contraction d’une préparation de Ca2+
trabécules d’oreillettes de grenouille et le tracé du bas est le signal d’aequorine qui Ca2+ MF
augmente légèrement avant le développement de la force. Noter à droite l’augmentation
considérable du signal aequorine et de la force développée après addition d’isoprénaline
(d’après Allen [1] avec l’autorisation de l’éditeur). Réticulum Ca2+
sarcoplasmique Ca2+
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1 500 A
10
6 Relations force-
vitesse et force-longueur
S2 S1 (encart) de la contraction
du muscle papillaire.
Chaînes
Force (g)
L’augmentation de la pré-
Vitesse de raccourcissement
légères Force charge du muscle au re-
5 pos entraîne son allonge-
S1 activement
développée ment. Pour chacune des
précharges, le muscle dé-
veloppe une force active,
5 d’autant plus grande que
900 A 400 A 200 A Précharge la longueur initiale était
LMM HMM A elle-même plus impor-
0 1 2 tante. La vitesse de
contraction est plus impor-
Longueur
tante pour des charges to-
tales plus faibles. Lors-
que, pour une même
charge totale, on mesure
la vitesse de raccourcisse-
B ment pour des précharges
différentes, on obtient une
famille de courbes qui
convergent pour une vi-
429 A 0 5 10 tesse maximale Vmax ob-
Force tenue à charge nulle.
page 4
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e
1 Ces trois phénomènes de mémoire des contractions précédentes
s’accompagnent d’un déplacement de la surface et, ainsi, de la Vmax
1,1 indiquant bien un changement du degré d’activation qui n’est donc pas un
1,0 0,9 0,8 0,7
Longueur
paramètre fixe d’une préparation donnée.
L/ L max Il faut aussi noter différents points importants de la relation fondamentale
Force % force-vitesse-longueur et de Vmax.
– L’ensemble de ces relations n’est valable que pour des longueurs initiales
50 Courbe LT de repos du muscle comprises entre 95 et 87,5 % de Lmax (longueur permettant le
développement d’une force maximale au sommet de la courbe de Starling,
cf infra). En effet, pour des longueurs initiales plus courtes, il existe une
100 désactivation.
– Comme on le verra (cf infra), il a été suggéré que l’on puisse relier le
Variation de contractilité comportement musculaire pour différentes précharges à ce qui serait la base
Vitesse 3 de la relation de Frank-Starling : la longueur des sarcomères. Ainsi, Lmax
L max/s correspondrait à une longueur optimale des sarcomères de 2,2 mm alors que
la longueur des sarcomères serait plus courte pour des longueurs de muscles
2 Vitesse m inférieures. Néanmoins, l’activation du calcium myocardique est longueur
ax dépendante et il existe une désactivation due au raccourcissement lors de la
im
contraction. On ne peut donc plus considérer que la « précharge » et la
al
1
e
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Pression ventriculaire
FONCTION
Force MUSCLE mmHg
Épinéphrine Contrôle
Longueur 150
FS 2
OS FONCTION
100 3
Pression POMPE
OM
FM
50
Volume
4 1
0
Systole Diastole 0 vd 10 20 30
contract. Relaxation
Volume ventriculaire mL
CI ÉJECTION RI RR RL CA A
8 Diagramme schématique représentant un cycle cardiaque en considérant le cœur Pression ventriculaire
dans sa double nature de muscle et de pompe. Les tracés de force et de longueur d’une mmHg
contraction (contract.) avec postcharge observés dans le muscle cardiaque isolé en sé-
quence physiologique ont été synchronisés avec les tracés de pression et de volume
ventriculaires. La systole et la diastole sont divisées en différentes phases : contraction
isovolumique (CI) après la fermeture de la valve mitale (FM), éjection entre l’ouverture des 100
valvules sigmoïdes (OS) et la fermeture de valvules sigmoïdes (FS), relaxation isovolumi-
que avant l’ouverture de la mitrale (OM) suivie du remplissage rapide (RR), du remplissage
lent (RL) et de la contraction auriculaire (CA). Reproduit d’après Brutsaert et Paulus [10] avec
l’autorisation de l’éditeur.
50
0
0 vd 10 20 30
Volume ventriculaire mL
B
10 Représentation des courbes pression-volume obtenues sur cœur isolé de chien. Les
points télésystoliques indiqués ont été obtenus en conditions contrôles (ronds noirs) et lors
d’une augmentation de contractilité obtenue par perfusion d’épinéphrine (triangles noirs).
Les points télésystoliques obtenus en condition contrôle s’alignent quelles que soient les
conditions de précharge et de postcharge. Lorsque la contractilité est augmentée, la droite
9 Représentation schématique devient plus pentue en conservant la même abscisse à l’origine. (Reproduit d’après Suga et
de la forme ellipsoïdale du ventricule al [50] avec l’autorisation de l’éditeur).
gauche et de l’orientation des fibres à
l’intérieur de la paroi ventriculaire
gauche. L’angle des fibres est op-
gauche prendront en compte soit des dimensions segmentaires afin de
posé dans les zones sous- caractériser les différences régionales de la contraction, soit le volume
endocardiques et sous-épicardi- ventriculaire global en considérant la fonction moyenne des différentes zones
ques. Les fibres sont pratiquement myocardiques.
circonférentielles dans la zone mé-
sopariétale du ventricule gauche
(d’après Streeter et Hanna [48] avec Élastance ventriculaire [39, 50]
l’autorisation de l’éditeur).
Une méthode pour analyser la fonction ventriculaire gauche est de considérer
le cœur comme une pompe dont l’élastance, c’est-à-dire le rapport
est donnée dans la figure 8. À côté de celle représentée ici, on peut citer celle pression/volume correspondant à l’inverse d’une résistance, est variable au
qui identifie la systole à la contraction isovolumique et à l’éjection, la cours de la contraction pour atteindre un maximum en fin de systole.
relaxation à la phase de relaxation isovolumique et au remplissage rapide, la L’élastance en fonction du temps E(t) est alors définie comme :
définition de la diastole étant la même. E(t)= P(t) / [V(t) – Vd]
Hétérogénéité de la structure et de la contraction ventriculaires [48] où P(t) est la pression instantanée, V(t) le volume instantané et Vd une
constante. E(t) passe par un maximum en fin de systole, et cette valeur appelée
Contrairement au muscle papillaire, qui a une forme allongée avec des fibres Emax est indépendante de la longueur initiale des fibres, ne dépendant que de
à peu près parallèles, le ventricule gauche est, en première approximation, un la postcharge et de la contractilité. Ainsi, si on trace, pour une contractilité
ellipsoïde de révolution tronqué, c’est-à-dire une ellipse ayant le grand axe donnée, une relation entre la postcharge et la pression télésystolique, on
pour axe de symétrie (fig 9). obtient une relation linéaire et, en théorie, indépendante de la précharge. La
Au sein de ce muscle, les fibres ont des orientations différentes de l’endocarde pente de la relation télésystolique augmente pour des augmentations de
à l’épicarde, les fibres mésopariétales étant à peu près circonférentielles contractilité induites par des agents inotropes (fig 10).
(fig 9). En outre, les contraintes pariétales ainsi que les longueurs des L’avantage principal de cette analyse est qu’elle étudie le cœur entier comme
sarcomères ne sont pas uniformes mais sont maximales dans la région sous- un système muscle-pompe et que la relation pression-volume télésystolique
endocardique en diastole. En systole, la longueur des sarcomères est la plus définissant l’état inotrope du ventricule est indépendante de la précharge et
courte dans cette même région alors que c’est la zone où les contraintes sont inclut la postcharge.
les plus fortes [45]. Cependant, des études récentes ont montré que la relation n’est pas
Cette hétérogénéité de structure du ventricule entraîne une hétérogénéité de complètement linéaire [26]. Elle est en effet influencée par de nombreux
sa contraction qui est plus importante à la pointe du ventricule gauche qu’à sa facteurs : l’impédance du circuit d’éjection, la fréquence cardiaque,
base et plus importante dans la région mésopariétale qu’épicardique [31]. De l’interaction ventriculaire, la perfusion coronaire et les contrôles réflexes. En
nombreux facteurs peuvent accentuer cette hétérogénéité de la contraction. outre, une curvilinéarité de la relation a aussi été montrée, avec en particulier
Dans les conditions physiologiques, la séquence d’activation (par le faisceau un effet de la précharge [49] soit par désactivation pour des longueurs
de His ou par stimulation directe d’un ventricule) modifie le raccourcissement musculaires importantes, soit par allongement des éléments élastiques.
des différentes régions lorsque l’on fait varier l’origine de la stimulation. La relation a donc probablement un intérêt plus limité pour son utilisation en
En pathologie, le facteur le plus connu d’hétérogénéité de la contraction explorations fonctionnelles pour caractériser la contractilité ventriculaire que
ventriculaire gauche est l’ischémie mais, lors de l’hypertrophie par surcharge, ce que l’on pensait il y a quelques années, mais l’utilisation de la relation
les dilatations et épaississements ventriculaires se font aussi de façons pression-volume tout entière apporte une caractérisation de la performance
différentes suivant les zones. Ainsi, les études de fonction ventriculaire de la pompe qui permet de séparer les facteurs de charge des propriétés
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50
Normal
ss ug
A
40 m
b en
ta
VCF A ti o
C nd
11
Volume d'éjection
Adaptation intrinsèque : loi de Starling du cœur – Nous avons vu, dans le chapitre sur la contraction du muscle isolé, que la
contractilité n’est pas un paramètre fixe. C’est encore plus vrai au niveau du
Cœur entier cœur entier où, outre des réflexes liés à la stimulation sympa-
thoparasympathique mis en jeu par des modifications de charge, un certain
Starling [47] a résumé en ces termes les résultats de ses études en 1918 : « Dans nombre de facteurs vont modifier les courbes de fonction ventriculaire lorsque
des limites physiologiques, plus le volume du cœur est grand, plus l’énergie l’on produit des variations aiguës de la charge : le réflexe de Bainbridge
de sa contraction et les modifications chimiques sont importantes à chaque (augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle en réponse
contraction. » Depuis cette description initiale, les courbes de Starling ont été à la perfusion d’un soluté physiologique), l’effet Anrep (restauration partielle
tracées de trois façons différentes. progressive du volume d’éjection après une augmentation brutale de la
La première lie la pression ou le volume télédiastolique aux valeurs pression systolique) qui a été attribué à la récupération d’une ischémie sous-
télésystoliques dans une contraction isovolumique. Cette représentation est endocardique transitoire, l’effet Bowditch (variation de la force contractile en
analogue à celle de la relation entre la longueur initiale et la longueur fonction de différentes fréquences cardiaques) [24], l’interaction cœur-poumon
télésystolique du muscle papillaire isolé. Dans la deuxième représentation, et l’interaction interventriculaire [7].
l’abscisse est le volume télédiastolique alors que l’ordonnée est le travail
externe du ventricule gauche pour diverses postcharges représentées par la Muscles et cellules isolés
pression aortique moyenne. La troisième approche est celle de Guyton [20] qui
relie le débit cardiaque à la pression veineuse moyenne ou à la pression La base ultrastructurale de la loi de Starling est la théorie des filaments
auriculaire gauche. glissants élaborée en 1966 par le laboratoire d’Huxley (fig 13) [22, 23]. Selon
cette hypothèse, la tension est générée par les ponts qui se forment entre les
C’est Sarnoff [40] qui a le premier testé l’hypothèse d’une famille de courbes filaments épais et fins et la tension développée est d’autant plus forte que la
de Starling lors de diverses influences neurohormonales qui entraînent des position relative de l’actine par rapport à la myosine est meilleure. Cette
variations de contractilité, comme celle induite par stimulation du ganglion relation entre l’ultrastructure et la contraction avait été proposée avec des
stellaire (fig 11). arguments importants dans le muscle squelettique et elle a été retrouvée en
Ross [37] a énoncé le concept de réserve de précharge et de la désadaptation à partie dans le cœur [45]. Cependant il est apparu, dès les années 1970, que
la postcharge. Ce concept, décrit dans la figure 12, est une autre représentation l’activation du cardiomyocyte est en grande partie longueur dépendante,
de la loi de Starling du cœur entier. Malgré l’importance de ces diverses c’est-à-dire que toutes les conditions expérimentales étant inchangées par
relations et malgré le fait que la loi de Starling du cœur demeure une loi ailleurs, une augmentation brutale de longueur du muscle modifie
fondamentale de la fonction ventriculaire du cœur in situ, un certain nombre brutalement la force de contraction (fig 14) selon un mécanisme qui peut
d’observations méritent d’être faites. correspondre à la théorie des filaments glissants, mais il existe ensuite une
– La « réserve de précharge », c’est-à-dire la capacité du cœur à se dilater, est augmentation de la force de contraction qui est liée à un changement de
probablement limitée sur le cœur in situ, car plusieurs études récentes ont l’activation du muscle [35]. Le caractère longueur-dépendant de l’activation a
montré que le cœur in situ fonctionne près de la partie verticale de la relation été largement confirmé après sa description initiale [28]. Parmi les mécanismes
passive pression-volume télédiastolique lorsque le thorax est fermé, cellulaires responsables de ce phénomène, il faut citer [14] un changement
contrairement à ce qui existe à thorax ouvert où la « réserve de précharge » est d’affinité des protéines contractiles pour le calcium et des variations du
très grande car le cœur est beaucoup plus petit. calcium activateur apparaissant soit directement, soit par l’intermédiaire de
5 4 3 2 1
2,20 – 2,25 µ m (b + c)
1
C B
Tension (% du maximum)
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A BC D
Membrane
Force (g)
cellulaire
10
Hs Rs
5 Gs GDP
αs β
αs GTP
0
C
ATP
Temps (min)
Gi GTP
αi β
Force (g) αs GDP
12
Hi Ri
D
8 C
A
4 AMPc
B
Protéine Protéine
0 kinase A kinase A
inactive active
Augmentation
0 200 400 600 800 de la
glycogénolyse
14 Démonstration princeps du caractère longueur dépendant de l’activation d’un muscle
papillaire qui se contracte en isotonie. On voit en haut de la figure que la force est diminuée
brutalement par une chute brutale de la précharge (A), ce qui est suivi d’une diminution
progressive supplémentaire de la force. L’inverse est vrai avec une brusque augmentation Phosphorylation Phosphorylation Phosphorylation de
de la précharge (points C et D). Les tracés du bas montrent les courbes longueur-force du canal calcique Ca2+ -ATPase la troponine I
correspondant à ces quatre points. (Reproduit d’après Parmley et Chuck [35] avec l’autori- et phospholamban
sation de l’éditeur). du RS
16 Schéma de l’activation de la chaîne récepteur β-protéine G-adénylate cyclase. La
liaison du ligand (Hs) avec le récepteur β-adrénergique (RS) entraîne l’activation de la
protéine Gs qui transforme le GTP en GDP. La protéine activée active elle-même l’adénylate
Étirement cyclase qui transforme l’ATP en AMPc. Noter que l’adénylate cyclase est couplée négati-
vement (Ri-Gi) à un système inhibiteur similaire représenté par exemple par les récepteurs
muscariniques ou de l’adénosine. L’AMPc active la protéine kinase A qui phosphoryle et
active de nombreux substats.
R P C
RE A G L G A Régulation extrinsèque
T C E Hormones et seconds messagers intracellulaires
long sarcomère
Ca2+ K+ AT
Bêtarécepteurs et AMPc 1 [30]
R IP3 PIP2 La stimulation β-adrénergique par les catécholamines représente un
R DAG mécanisme de contrôle clef qui régule les performances métabolique,
Réticulum sarcoplasmique
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Cardiologie-Angéiologie PHYSIOLOGIE DE LA CONTRACTION CARDIAQUE 11-001-D-10
• Effecteur du récepteur β-adrénergique : adénylate cyclase l’antagoniste, soit le courant calcique n’a pas varié avant que l’on stimule à
L’unité catalytique de l’adénylate cyclase, à cause de son instabilité et des nouveau la préparation mais diminuera au fur et à mesure que l’on poursuivra
difficultés rencontrées pour son isolation et sa purification, a été le dernier la stimulation, c’est le phénomène de use-dependence, produit par le
élément cloné du système β-adrénergique. vérapamil par exemple, qui agit sur le canal ouvert ; soit le courant calcique
est totalement inhibé d’emblée : il n’y a pas de use-dependence (nifédipine).
La structure déduite du séquençage de son ADN complémentaire en fait une Les antagonistes calciques agissent aussi d’une façon qui peut dépendre de la
protéine à 12 passages transmembranaires, les deux extrémités NH2 et COOH fréquence de stimulation (fréquence dépendance) et du niveau de potentiel
terminales étant intracytoplasmiques. C’est probablement un long domaine membranaire (voltage dépendance), ce qui est important en clinique car toutes
de 43 kDa, intracytoplasmique, qui contient une séquence liant l’ATP et le les cellules ne sont pas forcément au même potentiel de repos (par exemple le
convertissant en AMPc. myocarde normal et le myocarde ischémique). À l’opposé des antagonistes
• Protéines effectrices du système β-adrénergique calciques, il existe des substances qui peuvent activer le canal lent comme le
BAY-K8644 qui a donc une potentialité inotrope positive, mais l’entrée du
L’AMPc a été appelé second messager intracellulaire des processus calcium sera aussi augmentée dans les cellules musculaires lisses
d’activation du système β-adrénergique. périphériques, entraînant une vasoconstriction et une augmentation de la
La dernière étape est l’activation de la protéine kinase A qui a de nombreux pression artérielle qui empêche son utilisation en clinique.
substrats. Un des principaux est le canal calcique lent qu’elle phosphoryle,
augmentant l’influx de calcium par l’ouverture des canaux calciques lents. Protéines contractiles
Cette augmentation de Ca2+ intracellulaire augmente la libération de Ca2+ par La régulation de la contractilité ou des protéines contractiles peut se faire par
le réticulum sarcoplasmique. La relaxation est aussi accélérée par le recaptage différents mécanismes.
de calcium qui est augmenté par la phosphorylation de la Ca2+-ATPase et du
phospholamban du réticulum sarcoplasmique (cf supra) et par la L’affinité des protéines contractiles pour le calcium peut être modifiée. De
phosphorylation de la troponine I. La protéine kinase A agit aussi en nombreux facteurs peuvent modifier la relation liant la force de contraction à
augmentant la glycogénolyse. la concentration intracellulaire en Ca2+. Le plus connu est le pH, l’acidose
diminuant la sensibilité au calcium des protéines contractiles en déplaçant la
La limitation de la réaction se fait par deux mécanismes principaux. courbe vers la droite, la courbe liant la force contractile à la concentration de
• Phosphorylation du récepteur par la « beta-adrenoreceptor kinase» calcium [18]. Un autre exemple est celui de la variation de la constante
(BARK) d’affinité de la troponine pour le calcium en fonction de la longueur initiale
qui est un des mécanismes de la loi de Starling [2].
Lorsque le récepteur bêta est phosphorylé, il est désensibilisé, c’est-à-dire Les protéines contractiles peuvent se modifier, comme par exemple la
qu’il est découplé de l’adénylate cyclase. La production d’AMPc est donc réexpression de l’isoforme lente de la myosine chez le rat lors des surcharges
autorégulée mais, une fois désensibilisé, le récepteur bêta peut être barométriques [51].
déphosphorylé et retrouver ainsi sa fonction. Il peut aussi pénétrer à l’intérieur
de la membrane (internalisation) et être détruit. •
• Hydrolyse de l’AMPc • •
On connaît trois types d’hydrolyse de l’AMPc par les phosphodiestérases Lorsque l’on se replace dans une perspective historique, la régulation
(I, II, III) ; seul le type III est spécifique de l’AMPc. de la contraction cardiaque a été expliquée d’abord par les variations
On peut agir pharmacologiquement sur ce système par deux mécanismes de la longueur des fibres cardiaques en télédiastole (loi de Starling).
essentiels : soit en agissant directement sur les récepteurs β-1-adrénergiques par Au milieu des années 1950, ce sont surtout les régulations
des agonistes ou, inversement, par des antagonistes bêta ; soit en inhibant la biochimiques de la cellule cardiaque et les modifications du couplage
phosphodiestérase (fraction III), ce qui empêche l’hydrolyse de l’AMPc excitation-contraction qui étaient étudiées. Avec le développement de
produite. Les inhibiteurs les plus connus de la phosphodiestérase sont la biologie moléculaire, on s’intéresse maintenant à la régulation du
l’amrinone et la milrinone, qui ont donc des effets inotropes positifs importants. travail cardiaque par les modifications de l’expression des gènes.
On peut considérer avec Katz [26] que ces trois mécanismes de la
Phosphotidyl-inositides et diacylglycérol [6] régulation de la contraction cardiaque agissent avec des bases de
temps différentes. La régulation de Starling intervient sur une base de
Les agonistes comme les agonistes α-1-adrénergiques, muscariniques ou réponse de contraction à contraction, permettant des ajustements
cholinergiques sont aussi couplés - mais négativement - à l’adénylate cyclase, hémodynamiques immédiats lors de variations de conditions de
diminuant donc la production d’AMPc (fig 16). En outre, ils sont couplés à la charge. Les modifications du couplage excitation-contraction et de la
phospholipase C par l’intermédiaire d’une protéine G. La phospholipase C contractilité cardiaque sont, elles, des réponses à court terme du cœur
hydrolyse les phospho-inositides et produit deux seconds messagers : lors des interventions physiologiques et pharmacologiques comme
l’inositol triphosphate (IP3) et le diacylglycérol. L’IP3 fourni favorise la celles induites par les neurotransmetteurs et les agents
libération du calcium par les vésicules du réticulum sarcoplasmique. Le pharmacologiques. La régulation par altération de l’expression des
diacylglycérol active la protéine kinase C (PKC) qui phosphoryle un certain gènes (biologie moléculaire) est une adaptation à long terme des
nombre de protéines dont principalement le canal ainsi que les protéines cellules lors de modifications chroniques des conditions de charge, lors
contractiles avec une augmentation de la sensibilité au calcium. des endocrinopathies et lors du vieillissement.
Médicaments On connaît maintenant le potentiel remarquable à la diversité des
protéines des cellules myocardiques et la plasticité de l’expression des
Nous avons vu, lors de la description rapide des différents canaux et pompes, différentes isoformes des protéines clefs. Deux mécanismes
les agents qui altèrent leur fonction. Nous décrivons ici un peu plus en détail moléculaires principaux permettent l’adaptation de la cellule cardiaque
les principaux agents pharmacologiques actuellement disponibles qui à des modifications de l’expression des gènes : une adaptation
modifient la concentration calcique intracellulaire : les digitaliques et les quantitative par stimulation ou inhibition de l’expression des gènes (par
agents agissant sur le canal calcique. exemple stimulation de l’expression des gènes de la myosine, ce qui
permet l’hypertrophie) ou down-regulation (la Ca 2+ -ATPase du
Digitaliques [42, 44] réticulum sarcoplasmique par exemple) et adaptation qualitative avec
réexpression des gènes du génome fœtal comme par exemple chez le
L’ouabaïne, digitalique de référence, se fixe sur la Na+-K+-ATPase et bloque rat, l’expression de l’isoforme lente de la myosine.
les transports de Na + et K+. Le Na+ ne peut plus sortir de la cellule et
s’accumule sous la membrane. Ainsi, le gradient de concentration entre Na+ Cet exposé était centré sur la contraction du cœur isolé et sur les
extracellulaire et intracellulaire diminue, ralentissant l’échange Na+/Ca2+, et mécanismes cellulaires et moléculaires permettant la contraction. Sur
entraînant ainsi une accumulation de calcium sous-membranaire. Ce dernier le cœur in situ, outre les modulations que nous venons de décrire, il
agit directement sur la libération de Ca2+ par le réticulum sarcoplasmique et existe de très nombreux facteurs qui peuvent modifier la performance
augmentera l’entrée de Ca2+ par le canal calcique lent. Le bilan sera donc une ventriculaire, principalement l’interaction entre le cœur et la circulation
augmentation du Ca 2+ intracellulaire mis à la disposition du système périphérique, l’interaction entre le ventricule droit et le ventricule
contractile, d’où un effet inotrope positif. gauche, l’effet du péricarde, des influences neurohormonales
perpétuellement changeantes, etc. Il est donc complètement illusoire,
Agonistes et antagonistes du canal calcique même si on l’étudie sur l’animal éveillé (puisque l’anesthésie modifie la
contractilité et les réflexes [52]), de vouloir caractériser la fonction
Les antagonistes calciques agissent en bloquant l’entrée du calcium ventriculaire par un index unique, aussi sophistiqué soit-il. C’est plutôt
intracellulaire par le canal calcique lent. Lorsque l’on ajoute un antagoniste par une analyse soigneuse des performances ventriculaires, dans
calcique sur une préparation de patch-clamp, deux modes de réponse sont différentes situations de charge et de « contractilité », qu’il faut aborder
possibles. Lors de la première stimulation 3 minutes après l’addition de l’étude de la performance cardiaque.
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