Si l’infraction d’abstention de porter secours à autrui a pour objet de renforcer la solidarité humaine et garantir ainsi une protection de l’individu, l’application de l’article 431 présente plusieurs difficultés. D’une part, l’imprécision des termes utilisés au niveau de l’article 431 porte atteinte au principe de la légalité et celui de l’interprétation stricte de la loi (A). D’une autre part, d’autres délits d’abstention sont prévus par le code pénal, créant une confusion au moment de la qualification pour le juge (B). A. Une atteinte à la justice pénale Le droit pénal est soumis au principe de la légalité et celui de l’interprétation stricte de la loi afin de protéger les individus contre l’arbitraire du juge. Au niveau de l’article 431, la notion du péril n’a pas été précisée par le législateur pendant que le principe de la légalité exige que la règle pénale soit précise de manière à ne pas laisser au juge la possibilité de l’interpréter autrement. Donc, devant cette imprécision, le juge peut apprécier la notion du péril selon son intime conviction. Et si la doctrine dominante a associé le péril à une atteinte physique ou morale de la victime, il est possible également que le péril porte atteinte à ses biens si on se réfère aux droits constitutionnels tels que prévu par l’article 21 de la constitution. Aussi, il est muet concernant l’obligation de porter secours est-elle maintenue en présence d’un spécialiste, médecin, autorité publique …. Dans une autre perspective, l’infraction étant une infraction formelle, qui se constitue peu importe des conséquences ultérieures, et lorsque l’auteur n’est pas l’origine du dommage initial, est-il légitime d’accorder à la victime lésée le droit de demander réparation du dommage causé suite à un refus d’assistance. Les avis diffèrent dans cette situation, un courant refuse d’accorder ce droit partant du principe qu’il s’agit d’une infraction de moralisation générale et qui concerne directement l’ordre public et non pas les intérêts de la victime. D’autres supposent que l’abstention a aggravé le dommage initial et donc l’auteur est en partie responsable du dommage intégrale subi par la victime. Il convient donc de ventiler entre ce qui est la conséquence du fait principal et ce qui découle de l’abstention lors de l’évaluation de la réparation à accorder à la victime.