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Chapitre 2

Description et fonctionnement des couches et familles de


chaussées
2.1 - Description et fonctionnement des couches de chaussées

Les chaussées se présentent comme des structures multicouches (fig. 1.1.1.) mises en œuvre
sur un ensemble appelé plateforme support de chaussée constituée du sol terrassé (dit sol
support) surmonté généralement d'une couche de forme.

La couche de forme

Cette couche de transition entre le sol support et le corps de chaussée a une double fonction :

- pendant la phase de travaux, elle protège le sol support, elle établit une qualité de
nivellement et permet la circulation des engins pour l'approvisionnement des matériaux et la
construction des couches de chaussée,

- vis-à-vis du fonctionnement mécanique de la chaussée, elle permet de rendre plus


homogènes et éventuellement d'améliorer les caractéristiques dispersées des matériaux de
remblai ou du terrain en place ainsi que de les protéger du gel.

Le rôle des couches formant le corps de chaussée :

- les couches d'assise ; fondation et base,

- la couche de surface, peut être distinguée par leur apport aux fonctions que doit assurer la
chaussée.

Les couches d'assise

L'assise de chaussée est généralement constituée de deux couches, la couche de fondation


surmontée de la couche de base. Ces couches en matériaux élaborés (le plus souvent liés pour
les chaussées à trafic élevé) apportent à la chaussée la résistance mécanique aux charges
verticales induites par le trafic. Elles répartissent les pressions sur la plate-forme support afin
de maintenir les déformations à ce niveau dans des limites admissibles.
Pour les chaussées à faible trafic, le rôle de couche de fondation peut être, dans certains cas,
assuré par un traitement du sol en place.

La couche de surface

La couche de surface est constituée :

- de la couche de roulement, qui est la couche supérieure de la structure de chaussée sur


laquelle s'exercent directement les agressions conjuguées du trafic et du climat,

- et le cas échéant d'une couche de liaison, entre les couches d'assise et la couche de
roulement.

C'est à l'interface entre la couche de surface et la couche de base que l'on trouvera
éventuellement les dispositifs visant à ralentir la remontée des fissures des couches d'assises
traitées aux liants hydrauliques.

Des caractéristiques de surface de la couche de roulement dépendent pour une large part la
qualité d'usage de la chaussée. La couche de surface contribue en outre à la pérennité de la
structure de chaussée en particulier par la fonction d'étanchéité vis-à-vis de l'assise.

Les fonctions et les objectifs à considérer pour le choix de la couche de surface sont
développés dans la partie III.

2.2- Fonctionnement des différentes familles de chaussé et leurs modes


d’endommagement

Les chaussées évoluent et se dégradent sous l'effet généralement combiné de la répétition des
charges roulantes (trafic), des agents climatiques et du temps. La connaissance de la nature
des dégradations et de leurs modes d'évolution est essentielle pour ;

- comprendre le mode de fonctionnement des structures de chaussées,

- choisir le modèle de calcul adapté à la technique,

- ajuster enfin les résultats des calculs pour les aspects mal appréhendés par le modèle
mécanique utilisé pour le dimensionnement de la structure de chaussée.

Les dégradations les plus couramment rencontrées, selon la nature et la qualité des différentes
couches, sont décrites ci-après.

Couche de roulement

- usure due aux efforts tangentiels exercés par les charges roulantes,

- orniérage par fluage dans des conditions excessives de température et de sollicitations par le
trafic,

-fissuration de fatigue par suite d'une mauvaise adhérence de la couche de roulement


bitumineuse à l'assise,
- fissuration par remontée des fissures des couches d'assise de chaussée,

- fissuration par fatigue thermique suite à un vieillissement du bitume.

Couches d'assise traitées

- Fissuration de fatigue due à la répétition des efforts de traction par flexion au passage des
charges,

- fissuration de prise et de retrait thermique des graves traitées aux liants hydrauliques,

- fissuration due aux gradients thermiques des dalles de béton,

- pompage et décalage de dalles dans les couches présentant des fissures de retrait ou des
joints, du fait d'une mauvaise qualité du transfert de charge et de l'érodabilité du support.

Couches d'assises non liées et support de chaussée

- déformations permanentes de la structure (affaissement, orniérage...) dues au cumul de


déformations plastiques.

Pour chaque type de structure de chaussée, il existe des défauts prépondérants traduisant des
modes de fonctionnement particuliers.

Les différents types de structures de chaussée

CHAUSSÉES SOUFLES

1. Couche de surface en matériaux bitumineux


2. Matériaux bitumineux d'assise (< 15 cm)
3. Matériaux granulaires non traités (20 à 50 cm)
4. Plate-forme support
CHAUSSÉES BTIUMINEUSES ÉPAISSES

1. Couche de surface en matériaux bitumineux


2. Matériaux bitumineux d'assise (15 à 40 cm)
3. Plate-forme support
CHAUSSÉES À ASSISE TRANTÉE AUX LIANTS
HYDRAULIQUES

1. Couche de surface en matériaux bitumineux (6 à 14 cm)


2. Matériaux traités aux liants hydrauliques (20 à 50 cm)
3. Plate-forme support
CHAUSSÉES À STRUCTURE MIXTE

1. Couche de surface en matériaux bitumineux


2. Matériaux bitumineux d'assise (10 à 20 cm)
3. Matériaux traités aux liants hydrauliques (20 à 40 cm)
4. Plate-forme support
CHAUSSÉES À STRUCTURE INVERSE

1. Couche de surface en matériaux bitumineux


2. Matériaux bitumineux d'assise (10 à 20 cm)
3. Matériaux granulaires non traités \p\ 2 cm)
4. Matériaux traités aux liants hydrauliques (15 à 50 cm)
5. Plate-forme support
CHAUSSÉES EN BÉTON DE CIMENT
Dalles non goujonnées avec fondation

1. Béton de ciment (20 à 28 cm)


2. Béton maigre (12 à 18 cm) ou matériaux traités aux liants
hydrauliques (15 à 20 cm)
3. Plate-forme support
Dalles goujonnées avec fondation

1. Béton de ciment (17 à 23 cm)


2. Béton maigre (14 à 22 cm)
3. Plate-forme support

Dalles sans fondation

1. Béton de ciment (28 à 39 cm)


2. Couche drainante (matériaux granulaires ou géotextile)
3. Plate-forme support

Béton arme continu (1)

1. Béton de ciment (16 à 24 cm)


2. Béton maigre (12 614 cm)
3. Plate-forme support
Béton armé continu (2)

1. Béton de ciment (18 à 24 cm)


2. Matériaux bitumineux d'assise (5 cm)
3. Sable traité aux liants hydrauliques (50 à 60 cm)
4. Plate-forme support
2.2.1 - LES FAMILLES DE STRUCTURES DE CHAUSSÉE

L'une des caractéristiques du réseau routier français est l'existence d'une grande diversité de
structures de chaussée, que l'on classe dons les familles suivantes :

- souples,
- bitumineuses épaisses,
- à assise traitée aux liants hydrauliques,
- à structure mixte,
- à structure inverse,
- en béton de ciment.
.
Dans le contexte français, ces différents groupes se caractérisent brièvement ainsi.

2.2.1.1 - Les chaussées souples

Ces structures comportent une couverture bitumineuse relativement mince (inférieure à 15


cm), parfois réduite à un enduit pour les chaussées à très faible trafic, reposant sur une ou
plusieurs couches de matériaux granulaires non traités. L'épaisseur globale de la chaussée est
généralement comprise entre 30 et 60 cm.

2.2.1.2 - Les chaussées bitumineuses épaisses

Ces structures se composent d'une couche de roulement bitumineuse sur un corps de chaussée
en matériaux traités aux liants hydrocarbonés, fait d'une ou deux couches (base et fondation).
L'épaisseur des couches d'assise est le plus souvent comprise entre 15 et 40 cm.

2.2.1.3 - Les chaussées o assise traitée aux liants hydrauliques

Ces structures sont qualifiées couramment de "semi-rigide". Elles comportent une couche de
surface bitumineuse sur une assise en matériaux traités aux liants hydrauliques disposés en
une ou deux couches (base et fondation) dont l'épaisseur totale est de l'ordre de 20 à 50 cm.

2.2.1.4 - Les chaussées à structure mixte

Ces structures comportent une couche de roulement et une couche de base en matériaux
bitumineux (épaisseur de la base : 10 à 20 cm) sur une couche de fondation en matériaux
traités aux liants hydrauliques (20 à 40 cm). Les structures qualifiées de mixtes sont telles que
le rapport de l'épaisseur de matériaux bitumineux à l'épaisseur totale de chaussée soit de
l'ordre de 1/2.

2.2.1.5 - Les chaussées à structure inverse

Ces structures sont formées de couches bitumineuses, d'une quinzaine de centimètres


d'épaisseur totale, sur une couche en grave non traitée (d'environ 12 cm) reposant elle- même
sur une couche de fondation en matériaux traités aux liants hydrauliques. L'épaisseur totale
atteint 60 à 80 cm.
2.2.1.6 - Les chaussées en béton de ciment

Ces structures comportent une couche de béton de ciment de 15 à 40 cm d'épaisseur


éventuellement recouverte d'une couche de roulement mince en matériaux bitumineux.

La couche de béton repose soit sur une couche de fondation (qui peut être en matériaux traités
aux liants hydrauliques, en béton de ciment, ou drainante non traitée), soit directement sur le
support de chaussée avec, dans ce cas, interposition fréquente d'une couche bitumineuse. La
dalle de béton peut être continue avec un renforcement longitudinal ("béton armé continu"),
ou discontinue avec ou sans éléments de liaison aux joints.

2.2.2 - FONCTIONNEMENT ET ENDOMMAGEMENT DES DIFFÉRENTES


FAMILLES DE STRUCTURES

Ce chapitre décrit les traits les plus caractéristiques de fonctionnement et d'endommagement


des différentes familles de structures. Cette brève description n'est pas exhaustive.

Elle ne couvre pas les cas pour lesquels il y a eu erreur ou inadaptation dans le choix des
constituants, dans la fabrication ou dans la mise en œuvre.

2.2.2.1 - Les chaussées souples

• sollicitations dues au trafic

Les matériaux granulaires non liés, qui constituent l'assise de ces chaussées, ont une faible
rigidité qui dépend de celle du sol et de leur épaisseur. Comme la couverture bitumineuse est
relativement mince, les efforts verticaux dus au trafic sont transmis au support avec une faible
diffusion latérale.

Les contraintes verticales élevées engendrent par leur répétition des déformations plastiques
du sol ou de la grave qui se répercutent en déformations permanentes en surface de la
chaussée. La couverture bitumineuse subit à sa base des efforts répétés de traction-flexion.

• Influence des conditions d'environnement

La faible rigidité de la structure rend ces chaussées particulièrement sensibles aux variations
d'état hydrique des sols supports. Ceci se manifeste notamment par les "effets de bord" :
réduction de portance en période humide pouvant conduire à des affaissements de rive et
fissuration de retrait hydrique en période de dessiccation.

Remarque : La réduction de portance associée aux variations d'état hydrique des sols supports
sensibles à l'eau est d'autant plus marquée (en saison pluvieuse et au dégel) que les conditions
de drainage et l'imperméabilité de la couche de surface sont mauvaises. Elle existe pour les
autres structures ; il n'en sera donc pas fait mention à chaque fois
• Évolution du mode d'endommagement

L'évolution la plus fréquente des chaussées souples se manifeste d'abord par l'apparition de
déformations permanentes du type orniérage à grand rayon, flaches et affaissements qui
détériorent les qualités du profil en travers et du profil en long.

Ces déformations croissent avec le trafic cumulé, en gravité (amplitude verticale) et en


étendue, selon la qualité moyenne de la structure et la dispersion des caractéristiques
mécaniques du corps de chaussée et du sol.

Les sollicitations répétées de flexion alternée dans la couverture bitumineuse entraînent une
dégradation par fatigue, sous la forme de fissures d'abord isolées puis évoluant peu 6 peu vers
un faïençage à maille de faibles dimensions.

L'eau s'infiltrant alors plus facilement provoque une accélération des phénomènes : épaufrures
aux lèvres des fissures avec départ de matériaux, puis formation de nids de poule.

Si la chaussée était alors laissée sans entretien, elle évoluerait très rapidement vers une
destruction complète.

2.2.2.2 - Les chaussées bitumineuses épaisses

• sollicitations dues au trafic

La rigidité et la résistance en traction des couches d'assise en matériaux bitumineux


permettent de diffuser en les atténuant fortement les contraintes verticales transmises au
support. En contrepartie, les efforts induits par les charges roulantes sont repris en traction-
flexion dans les couches liées.

Ces chaussées comportent en général plusieurs couches. Lorsque celles-ci sont collées, les
allongements maximaux se produisent à la base de la couche la plus profonde. Mais, si les
couches sont décollées, chacune d'elles se trouvera sollicitée en traction et pourra se rompre
par fatigue. La qualité des interfaces a donc une grande incidence sur le comportement de ces
chaussées.

Quant aux efforts sur le support, ils sont généralement suffisamment faibles pour ne pas
entraîner en surface des déformations permanentes avant l'endommagement par fatigue des
couches bitumineuses liées.

• Influence des conditions d'environnement

Elle est semblable à celle décrite pour les chaussées souples. L'orniérage par fluage, favorisé
par des températures élevées et un trafic lourd lent, n'affecte en général que la couche de
surface. Il tient à des choix inadaptés de nature de matériaux et de formulation.

• Evolution du mode d'endommagement

Sans entretien, le processus de dégradation des chaussées bitumineuses épaisses se développe


ainsi jusqu'à la ruine.
Du fait du dimensionnement en fatigue retenu en France, l'apparition de fissures
longitudinales de fatigue dans les traces de roues est généralement postérieure aux
dégradations de surface. Les fissures longitudinales se transforment progressivement en
faïençage dont la dimension des mailles se réduit peu à peu. Cette transformation s'amorce
dans les zones de plus faible qualité (portance du support, caractéristiques du matériau lié,
zone de décollement de la couche de roulement).

La dégradation des fissures accélère le processus avec l'infiltration de l'eau à travers le corps
de chaussée. Ceci favorise en retour l'attrition des lèvres de fissures, le départ de matériaux et
la formation de nids de poule. A ce stade de désorganisation des couches liées, le mode de
fonctionnement de la chaussée est profondément modifié, les blocs réagissant isolément sous
les charges.

Avec le dimensionnement et les matériaux retenus en France pour ces chaussées, on n'observe
pas ou peu de déformations permanentes dues à une sollicitation excessive du sol, sauf cas
exceptionnels (circulation intense après un hiver très rigoureux, défaut d'exécution par
exemple).

2.2.2.3 - Les chaussées à assise traitée aux liants hydrauliques

• sollicitations dues au trafic

Compte tenu de la grande rigidité des matériaux traités aux liants hydrauliques, les contraintes
verticales transmises au support de chaussée sont faibles. En revanche, l'assise traitée subit
des contraintes de traction-flexion qui s'avèrent déterminantes pour le dimensionnement de ce
type de chaussée.

Ces structures se comportent souvent une couche de base et une couche de fondation. Lorsque
l'adhérence entre ces couches assure la continuité des déplacements, la contrainte maximale
de traction est observée à la base de la couche de fondation. Dans le cas contraire (où il se
produit un glissement relatif), les couches travaillent toutes deux en traction à leur base.

L'interface couche de surface bitumineuse-couche de base est aussi une zone sensible car :

- elle est soumise à des contraintes normales et de cisaillement horizontal,

- les quelques centimètres supérieurs de l'assise traitée sont souvent de plus faible résistance.

• Influence des conditions d'environnement

Les assises traitées aux liants hydrauliques sont sujettes aux retraits thermiques et de prise.

Le retrait, empêché par le frottement de la couche d'assise sur son support, provoque une
fissuration transversale. Sans disposition constructive particulière, ces fissures remontent à
travers la couche de roulement. Elles apparaissent en surface de la chaussée avec un
espacement assez régulier (entre 5 et 15 m). Leur ouverture varie avec la température entre
quelques dixièmes de mm et quelques mm. Souvent franches lors de leur apparition en
surface, les fissures de retrait tendent à se dédoubler et se ramifier sous l'effet du trafic.
Du point de vue mécanique, ces discontinuités créent, à leur proximité au passage des
véhicules, une augmentation de la contrainte transversale par rapport à la valeur observée
pour un milieu continu. Cet accroissement de contrainte est fonction inverse de la qualité du
transfert de charge entre les deux bords de la fissure. En outre, si le transfert est faible, la
pression sur le support augmente fortement sous la charge.

La fissuration de retrait favorise la pénétration de l'eau, ce qui o des conséquences :

- aux interfaces, avec une diminution de la qualité du collage et de la partie supérieure de


l'assise, une augmentation de l'allongement à la base de la couverture bitumineuse, un
accroissement des contraintes de traction à la base des couches traitées ainsi que la
modification des conditions d'appui sur le support de chaussée,

- sur le transfert de charge entre les lèvres de la fissure avec une attrition favorisée, une
augmentation de la contrainte transversale de traction à la base des couches traitées, et de la
contrainte verticale sur le support de chaussée.

• Évolution du mode d'endommagement

La couverture bitumineuse des premières assises traitées réalisées dans les années 60 était de
faible épaisseur (5 cm) et souvent perméable. La surface de l'assise, mal protégée, et à la
réalisation de laquelle on n'apportait pas un soin suffisant (faible compacité et feuilletage,
dessiccation par inefficacité de l'enduit de cure), se dégradait rapidement par attrition avec la
pénétration de l'eau (par les fissures de retrait thermique ou dans les zones d'enrobés
perméables). Ceci entraînait l'apparition de remontées de boues en surface en période humide.
Ces dégradations évoluaient rapidement en floches avec des faïençages puis en nids de poule.

Pour les chaussées construites après 1975, la plus grande attention portée à la qualité de la
surface de l'assise, une meilleure protection par augmentation de l'épaisseur de la couverture
bitumineuse, et un scellement des fissures de retrait ont rendu ces phénomènes de remontées
de boues très peu fréquents.

Par ailleurs, un certain nombre de procédés ont été mis au point pour contrôler la fissuration
de retrait (préfissuration des couches d'assise) et limiter ou ralentir la remontée des fissures à
travers la couche de roulement (complexes "anti-fissures").

Des réalisations anciennes, sous trafic modéré et dont l'interface roulement-base était de
qualité, ont montré que l'accroissement de la fissuration longitudinale de fatigue dons les
bandes de roulement conduisait, à terme, à la formation de petites dalles rectangulaires entre
les fissures de retrait, avec localement des décalages par modification des conditions d'appui.
A ce stade, le mode de fonctionnement de la chaussée est modifié avec une assise formée
d'éléments discontinus. En pratique, on ne laisse pas les chaussées évoluer jusqu’a ce stade,
les opérations d'entretien structurel étant généralement déclenchées à l'apparition des
premières fissures de fatigue.
2.2.2.4 - Les chaussées à structure mixte

Les différentes couches des structures mixtes ont un rôle fonctionnel distinct. La couche de
matériau traité aux liants hydrauliques placée en fondation diffuse et atténue, du fait de sa
raideur élevée, les efforts transmis ou sol support. Cette couche constitue par ailleurs un
support de faible déformabilité pour les couches bitumineuses supérieures.

Les couches bitumineuses (dont l'une est généralement constituée de grave-bitume) ont
plusieurs rôles. Elles assurent les qualités d'uni et de continuité que ce type de matériau
permet ; grâce à leur épaisseur, elles servent à ralentir la remontée des fissures transversales
de la couche de matériaux traités aux liants hydrauliques et réduisent les contraintes de
flexion à la base de la couche de fondation,

• sollicitations dues au trafic

En première phase, les différentes couches restent adhérentes. La couche bitumineuse est
alors peu sollicitée en traction (à l'exception toutefois des zones proches des fissures
transversales présentes dans la couche traitée aux liants hydrauliques). C'est en revanche la
base de la couche traitée aux liants hydrauliques qui est sollicitée en fatigue par flexion.

Par suite des mouvements de dilatation différentielle entre la grave-bitume et la grave traitée
aux liants hydrauliques, et de l'action du trafic, l'adhérence de ces couches peut finir par se
rompre dons certaines zones. Ceci entraîne une forte augmentation des contraintes de traction
dans la couche de grave-bitume qui peut alors périr par fatigue à son tour.

• Influence des conditions d'environnement la couche traitée aux liants hydrauliques est
sujette au retrait, la couche bitumineuse assurant cependant une atténuation des gradients
thermiques journaliers. Les écarts de température journaliers participent avec l'effet du trafic à
la propagation de la fissuration à travers la couche bitumineuse (l'épaisseur de cette couche
réduisant les facteurs d'intensité de contraintes).

• Evolution du mode d'endommagement

Pour les structures construites selon les règles du Catalogue des structures types de chaussées
neuves de 1977 [2], on constate dans l'ensemble un comportement satisfaisant. La fissuration,
rare sinon exceptionnelle dans les régions de climat océanique, a été observée dans des
climats plus continentaux avec des matériaux employant des granulats à fort coefficient de
dilatation. Les fissures transversales des couches bitumineuses, peu denses et fines,
nécessitent cependant un entretien pour éviter l'accélération par les entrées d'eau des
phénomènes de détérioration.

Sur des sols de mauvaise portance et lorsque l'épaisseur et la qualité des graves traitées aux
liants hydrauliques était insuffisante, on a pu constater des floches de grandes dimensions
conduisant à un faïençage des couches bitumineuses.
2.2.2.5 - Les chaussées à structure inverse

Les chaussées à structure inverse sont des structures composées de trois couches ayant
chacune un rôle fonctionnel spécifique.

La couche de fondation en matériaux traités aux liants hydrauliques a pour objet d'atténuer les
contraintes sur le sol et d'assurer par ailleurs aux couches supérieures un support de faible
déformabilité. C'est, dans certains cas et sous certaines conditions, la couche de forme traitée
qui tient lieu de couche de fondation.

La couche granulaire, relativement déformable dons le sens horizontal, a pour fonction


d'éviter la remontée des fissures consécutives aux phénomènes de retrait et aux mouvements
d'origine thermique de la couche en matériaux traités aux liants hydrauliques.

La couverture bitumineuse assure les qualités d'uni et d'étanchéité.

• sollicitations dues au trafic

La couche traitée aux liants hydrauliques assure une grande partie de la rigidité en flexion de
la structure.

La couche bitumineuse travaille également en traction à la base de la couche, l'amplitude des


allongements étant fonction de l'épaisseur et de la rigidité du support granulaire.

La couche granulaire, de faible épaisseur, est confinée par les couches liées. Reposant sur un
support rigide, elle subit des contraintes relativement élevées. Le grave concassé est choisi
pour résister à l'attrition et avoir un module intrinsèque élevé afin de limiter la déformation de
la couche bitumineuse. L'épaisseur de la couche granulaire est en général voisine de 12 cm
pour obtenir une compacité élevée.

• Influence des conditions d'environnement

Les effets thermiques sur le développement de la fissuration de retrait des couches traitées aux
liants hydrauliques et sur la déformabilité des couches bitumineuses, déjà signalés pour les
autres structures de chaussée, se manifestent aussi sur les structures inverses.

• Evolution du mode d'endommagement

Les premières réalisations datent de 1975. Les essais effectués sur le manège de fatigue du
LCPC ont mis en évidence les modes de dégradation potentiels : un léger orniérage
attribuable à la couche granulaire et une fissuration transversale de fatigue des couches
bitumineuses survenant après un grand nombre de cycles. Cette fissuration n'était pas très
dense et les fissures sont restées fines. Il a par ailleurs été constaté que le pas des fissures
n'était pas systématiquement relié à l'état de fissuration de la couche de matériaux traités aux
liants hydrauliques, ce qui tend à établir l'efficacité de la couche granulaire vis-à-vis de la
remontée des fissures. Dans le cas d'exécution imparfaite, on a relevé des détériorations
rapides lorsque l'eau pouvait pénétrer et s'accumuler dans la couche granulaire.
2.2.2.6 - Les chaussées en béton de ciment

• sollicitations dues au trafic

Du fait du module d'élasticité élevé du béton de ciment, les efforts induits par le trafic sont
essentiellement repris en flexion par la couche de béton. Les contraintes de compression
transmises au sol sont faibles. Comme pour les chaussées à assise traitée aux liants
hydrauliques, la sollicitation déterminante est la contrainte de traction par flexion à la base.

Lors de la prise et des cycles thermiques, le béton subit des phases de retrait. La fissuration
correspondante est généralement contrôlée, soit par la réalisation de joints transversaux, soit
par la mise en place d'armatures continues longitudinales destinées à répartir par adhérence
les déformations de retrait en créant de nombreuses fissures fines.

L'accroissement des contraintes transversales sous trafic en bord de dalles est d'autant plus
important que le transfert de charge entre dalles est faible. La finesse des fissures du béton
armé continu permet d'assurer une quasi continuité de la structure. Pour les structures en
béton goujonné, le transfert de charge est assuré par des pièces d'acier situées au droit des
joints transversaux.

• Influence des conditions d'environnement

Pour ces structures, les sollicitations créées par les variations des conditions d'environnement
peuvent être nettement supérieures à celles dues au trafic. C'est cependant la combinaison des
sollicitations dues aux charges et au gradient thermique qui provoque l'endommagement par
fatigue.

Les variations saisonnières de température entraînent des variations de longueur des dalles
contrariées par le frottement sur le support. Les contraintes de traction (phase de retrait) qui
en résultent sont d'autant plus faibles que la désolidarisation entre la dalle et son support est
efficace, et que les dalles sont courtes.

Les variations journalières de la température ambiante créent dons les dalles des gradients
thermiques. Les dalles ont alors tendance à se déformer. Il s'ensuit une modification des
conditions d'appui sur le support conduisant à majorer l'effet du trafic.

• Evolution du mode d'endommagement

Pour les chaussées en béton classiques à dalles discontinues, la fissuration créée par des
contraintes de traction par flexion excessives à la base des dalles est l'un des deux modes
principaux de dégradation. Les dispositions constructives employées en France : surlargeur de
chaussée et liaison des bandes longitudinales permettent de différer et de limiter l'apparition
de fissures transversales et des cassures de coin de dalle.

Le second mode principal de dégradation tient à l'évolution des conditions d'appui au


voisinage des joints et des fissures ; il s'agit des phénomènes de pompage. Cette évolution est
essentiellement due à la présence d'eau à l'interface dalle-fondation dont l'effet se conjugue :
- à l'érodabilité du support,

- aux chargements transitoires répétés du trafic,

- à de faibles transferts de charges entre dalles, se traduisant par une dissymétrie des efforts et
des déplacements de part et d'autre de ces discontinuités.

L'emploi de matériaux peu érodables en couche de fondation, et un drainage convenable aux


interfaces (entre la dalle et son support, entre la dalle et l'accotement), sont des dispositions
constructives, maintenant régulièrement adoptées en France, qui permettent d'éviter la
dégradation des chaussées en béton par pompage puis décalage des dalles.

Le mode de dégradation des chaussées en béton armé continu reste encore mol connu. Les
premières réalisations de ce type de structures sur le réseau français datent de 1983. Pour la
fissuration, on peut penser que le processus d'initialisation des dégradations est comparable à
celui des autres structures. Les discontinuités transversales possèdent en revanche, du fait des
aciers et de la finesse des fissures, une qualité de transfert de charge pratiquement identique à
celle obtenue au droit des joints longitudinaux.

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