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LOI FIXANT LES REGLES RELATIVES A
L’ACTIVITE DE LA MICROFINANCE EN
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
EXPOSE DES MOTIFS
En effet, l’environnement économique de notre pays a été caractérisé depuis longtemps par :
- le manque d’intégration du secteur informel dans l’économie réelle ;
- l’existence du secteur financier très peu développé et mal lotis qui se traduit, entre autres,
par une bancarisation très faible, concentrée du reste, dans quelques grandes villes du
pays ;
- l’intermédiation déficiente ;
- l’absence d’investissement dans les infrastructures financières de proximité;
- la fiscalité inappropriée à l’émergence des Institutions de Microfinance ;
- le développement désordonné du secteur informel ;
- la quasi absence de la monnaie scripturale dans les échanges ; et
- l’utilisation généralisée des monnaies étrangères dans l’économie.
Ces contraintes ont des conséquences défavorables évidentes sur le cadre macroéconomique
à la base d’un taux d’inflation élevé avec comme corollaire une paupérisation à la fois
généralisée et persistante de la majorité de la population. Elles sont aussi à l’origine d’un
grand taux de thésaurisation de la monnaie au détriment de la part drainée dans les circuits
financiers officiels.
En conséquence, les ménages à faibles revenus, les petites et moyennes entreprises ou
industries ne peuvent pas avoir un accès conséquent aux services financiers de base.
Pourtant, il s’avère qu’à travers le monde, les services financiers d’épargne et/ou de crédit au
bénéfice des populations vulnérables ont permis à ces dernières de franchir les barrières de
l’exclusion et d’améliorer de manière significative leur qualité de vie et d’inciter le pays au
développement.
La Microfinance peut devenir, dès lors, l’un des leviers déterminants du développement et de
la lutte contre la pauvreté en contribuant entre autres à l’amélioration du cadre
macroéconomique à travers notamment :
- la baisse du taux de la thésaurisation de la monnaie ;
- l’accès au système d’épargne et de crédit par les couches sociales les plus pauvres ;
- la déconcentration et l’extension géographique de la bancarisation ;
- le drainage de la quasi-totalité de la monnaie dans le circuit bancaire alors qu’à ce jour,
près de 30% seulement y passent ;
- l’accroissement et la diversification des investissements sur l’ensemble du territoire
national à la faveur du crédit qui deviendra plus accessible à tous ;
- l’augmentation du Produit Intérieur Brut par l’accroissement et la diversification des
investissements ;
- la maîtrise et le raffermissement du taux de change de la monnaie nationale et
l’augmentation induite du pouvoir d’achat de la population ;
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- l’appui indispensable à la décentralisation politico-administrative à la suite de la
déconcentration financière que devra susciter la promotion de la Microfinance ;
- l’amélioration des recettes de l’Etat conséquente à l’augmentation du Produit Intérieur
Brut.
Pour toutes ces raisons, la République Démocratique du Congo qui ne pouvait plus se
permettre d’ignorer cette réalité, a initié depuis l’année 2000 une reforme du secteur de la
Microfinance.
Cette reforme vise notamment la mise en place d’un cadre légal spécifique suffisamment clair,
flexible, innovant et structurel pouvant permettre le développement, la professionnalisation et
l’assainissement du secteur de la Microfinance et surtout favoriser la bancarisation de masses,
dans la perspective de la mise en place d’un système financier inclusif opérant, à terme, en
temps réel.
L’activité de Microfinance est ouverte à toute personne sans discrimination notamment à la
femme, conformément aux prescrits de l’article 14 de la Constitution.
Enfin, les articulations essentielles de la présente loi comprennent quatre titres ci-après :
Article 1er
Article 2
Article 3
Article 4
Les associations sans but lucratif ne sont pas autorisées à réaliser les
opérations de Microfinance.
Article 5
Article 6
Article 7
Dans les conditions définies par la Banque Centrale du Congo, les Institutions
de Microfinance effectuent les opérations spécifiques ci – après :
1. les opérations de crédit-bail ;
2. toute autre activité ou opération autorisée par la Banque Centrale du
Congo.
1. la location de coffre-fort ;
2. les actions de formation et de conseil à leur clientèle ;
3. le transfert de fonds et la distribution de la monnaie électronique ;
.
La Banque Centrale du Congo limite l’importance de ces opérations et
services par rapport à l’ensemble des activités de collecte de l’épargne et/ou
d’octroi de micro-crédit.
Article 8
Chaque Institution d’épargne et de crédit doit avoir en son sein une structure
de formation financière pour informer la population et les clients en
connaissance de cause.
Les structures de formation comprendront des experts en matière bancaire et
financière.
Article 9
Toute personne a, selon ses capacités, accès aux prestations fournies par les
Institutions de microfinance sans discrimination aucune.
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Article 10
Article 11
Article 12
Article 13
Article 14
Article 15
Article 16
Article 17
Article 18
Article 19
Article 20
Article 21
Section 3 : De la gouvernance
Article 22
Article 23
Article 24
Le cumul des fonctions de gestion et de contrôle par une même personne est
interdit.
Article 25
Article 26
Article 27
L’organe chargé de l’administration délègue, dans les limites fixées par les
statuts, les pouvoirs nécessaires pour assurer la gestion de l’Institution de
microfinance.
Article 28
Article 29
Article 30
Article 31
Article 32
Les commissaires aux comptes sont agréés par la Banque Centrale du Congo.
Ils sont choisis par les Institutions de microfinance sur une liste publiée par la
Banque Centrale du Congo.
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L’Institution de microfinance informe la Banque Centrale du Congo, par écrit
et avec accusé de réception dans un délai de 48 heures, de la cessation des
fonctions d’un commissaire aux comptes.
Paragraphe 2 : De la supervision
Article 33
Article 34
1. lui adresser une mise en garde, après avoir mis ses dirigeants en
demeure de présenter leurs explications endéans un délai raisonnable ;
2. lui adresser une injonction à l’effet notamment de prendre, dans un
délai déterminé, toutes mesures correctives appropriées ;
3. prendre toute mesure de sauvegarde jugée nécessaire, notamment la
désignation, pour une durée n’excédant pas six mois, d’un représentant
provisoire ;
4. mettre sous gestion administrative de la Banque Centrale du Congo ;
5. lui retirer l’agrément.
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Article 35
Article 36
Article 37
Article 38
Les comptes des Institutions de microfinance sont tenus selon les règles
fixées par un plan comptable spécifique. Ces règles doivent être conformes
aux normes nationales et internationales.
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Article 39
Les dispositions relatives aux comptes annuels prévues par la loi bancaire
s’appliquent mutatis mutandis aux Institutions de microfinance.
Article 40
Article 41
Article 42
Article 43
Sans préjudice des dispositions de la loi portant régime général des biens,
régime foncier et immobilier et régime des sûretés, telle que modifiée et
complétée à ce jour, les prêts accordés par les Institutions de microfinance à
leurs clients peuvent être garantis par les sûretés ci-après :
1. la solidarité ;
2. le droit de rétention ;
3. le nantissement du matériel professionnel.
Article 44
Article 45
Article 46
Article 47
Article 48
Article 49
Le matériel faisant partie d’un fonds de commerce peut être nanti en même
temps que les autres éléments du fonds ou séparément.
Article 50
Article 51
Article 52
Toute cession du matériel nanti sans un tel accord ou une telle autorisation
rend la dette immédiatement exigible.
Lorsque la dette n’est pas payée, le débiteur est soumis, selon le cas, à la
procédure de faillite ou de déconfiture.
Article 53
Article 54
Les Institutions de microfinance sont soumises au régime fiscal du droit
commun.
Toutefois, les intérêts et commissions perçus par elle pour les services de
microfinance rendus à leurs clients sont exemptés de l’impôt sur le chiffre
d’affaires.
Article 55
Article 56
Article 57
Article 58
Article 59
Article 60
Article 61
Article 62
Article 63
Article 64
Est passible d’une peine de servitude pénale d’un an à deux ans et d’une
amende de 500.000 à 5.000.000 de Francs congolais ou de l’une de ces
peines seulement :
Article 65
En cas de condamnation pour infraction à la présente loi, s’il est établi que le
condamné a détourné l’épargne des clients, le juge prononcera en outre :
1. la confiscation des fonds détournés et/ou des biens appartenant
directement ou indirectement sans préjudice aux droits des tiers,
au condamné à hauteur de l’enrichissement réalisé par lui depuis la
date du plus ancien des faits justifiant sa condamnation, à moins
qu’il ne soit établi l’absence de lien entre l’enrichissement et
l’infraction ;
2. l’expulsion définitive du territoire de la République Démocratique
du Congo après l’exécution de la peine, si le condamné n’est pas
congolais.
Article 66
Article 67
Article 68
Article 69
Elles disposent néanmoins d’un délai d’un an, à dater de l’entrée en vigueur
de la présente loi, pour se conformer à ses dispositions.
Article 70
La présente loi abroge toutes les dispositions antérieures qui lui sont
contraires.
Elle entre en vigueur à la date de sa promulgation.