Vous êtes sur la page 1sur 34

« La peur ne se fuit pas.

Elle se surmonte »

Simone Veil

1
Sommaire
Informations importantes et droits d’auteur ..................................................................................... 3
Brève introduction .............................................................................................................................................. 4
Partie 1 – Comprendre et accepter ........................................................................................................... 5
Bonjour la réalité… adieu le déni … ............................................................................................................ 5
Comprendre pour se libérer ......................................................................................................................... 5
Comprendre votre dépendance émotionnelle vis-à-vis de vos parents .......................... 8
Exercice : évaluation du degré d’emprise mentale ................................................................. 10
Apprendre à accepter .......................................................................................................................................11
Exercice : Comment savoir si j’ai totalement accepté les défaillances de mes
parents ? .............................................................................................................................................................. 13
Partie 2 – Faire le deuil de la relation que vous n’avez jamais eue.................................... 14
Faire le deuil, c’est quoi ? .............................................................................................................................. 14
Comment faire le deuil ? ............................................................................................................................... 15
Exercice : Parent imaginaire versus parent réel ........................................................................ 16
Les effets indésirables..................................................................................................................................... 18
A retenir............................................................................................................................................................... 19
Partie 3 – La transformation....................................................................................................................... 20
La compréhension de soi ............................................................................................................................ 20
Exercice – faire l’inventaire de ses croyances ............................................................................... 21
Exercice - Définir des actions concrètes......................................................................................... 23
Se réinventer ........................................................................................................................................................27
Autobiographie en cinq chapitres de Portia Nelson ............................................................. 29
Apprendre à mettre des limites .............................................................................................................. 30
À ne pas oublier… .............................................................................................................................................. 30
Et quelques mots pour finir… ..................................................................................................................... 32
Livres recommandés ................................................................................................................................. 33
Ressources citées .......................................................................................................................................... 33

2
Informations importantes et droits d’auteur
• Toute copie ou reproduction partielle ou intégrale du document est
interdite.
• Tout usage, en dehors d’une utilisation personnelle à des fins d’analyse et de
compréhension est interdit.
• Il est interdit de diffuser ce document sous n’importe quelle forme et via
n’importe quel canal.
• Toute diffusion publique de ce document sans l’autorisation explicite de
l’auteure (Randa BR) pourra donner lieu à des poursuites pour droits
d’auteurs.
• Ce document est partagé à titre gracieux dans un objectif de
compréhension. Il n’a pas pour prétention de se substituer à une thérapie.
• Cette publication ne peut être vendue.
• Si vous pensez que vous avez des symptômes de dépression ou de stress
post-traumatique, parlez-en à un professionnel de santé (Psychologue,
psychiatre, votre médecin traitant) qui saura vous orienter pour le traitement
de ces symptômes.

3
Brève introduction
Je suis honorée que vous ayez pris le temps de télécharger ce document qui vous
aidera à initier un changement et aller de l’avant.

Je sais que votre temps est votre ressource la plus précieuse. Alors je vais aller droit
au but.

Vous n'êtes pas seul. Vous faites partie des millions de personnes qui ont vécu des
expériences abusives au sein de leurs familles. Vous n’êtes pas fou !

Dans cette publication, je partage avec vous quelques réflexions sur le sujet des
familles toxiques en vous proposant une feuille de route pour vous libérer de
l’emprise familiale.

Ce guide de démarrage propose 3 parties à suivre pour emprunter le chemin de la


libération et commercer à vous sentir mieux. Vous y trouverez également plusieurs
exercices de réflexion.

Les idées proposées dans ce guide s’appuient sur une solide expérience
d’accompagnement de personnes victimes de violences psychologiques
intrafamiliales.

En revanche, ce n’est pas une pilule magique. Je ne vais pas vous mentir. Ce
processus requiert du temps et de la détermination. Mais la bonne nouvelle c’est
que c’est possible et que vous pouvez le faire !

Je crois en vous. Je suis convaincue que si vous mettez en pratique les idées
proposées, vous obtiendrez des résultats surprenants. Plus encore, vous
commencerez petit à petit à croire en vous et à développer une capacité
extraordinaire à transformer votre vie !

4
Partie 1 – Comprendre et accepter
Bonjour la réalité… adieu le déni …
Comprendre pour se libérer
Si vous êtes en train de lire ces lignes, cela signifie que vous avez déjà commencé à
chercher des informations sur le phénomène des familles toxiques, des parents
manipulateurs et de l’emprise familiale. Vous avez très probablement besoin de
vous documenter pour comprendre les manœuvres et les dynamiques d’emprise
et de manipulation dans les familles toxiques et les relations interpersonnelles afin
de vous en libérer et de vous reconstruire.

Comprendre ce phénomène est primordial afin de placer des mots sur les maux.
Faites des recherches ! Documentez-vous ! Tout en faisant preuve d’esprit critique,
collectez le maximum d’informations vous permettant de saisir toutes les subtilités
du phénomène.

La connaissance est la clé de la sagesse et de la liberté. Selon votre style


d'apprentissage et vos préférences, vous aurez peut-être une préférence pour les
formats vidéo ou audio plutôt que la lecture. Vous pouvez aussi rejoindre des
groupes de soutien en ligne ou participer à des ateliers animés par des
professionnels dans votre région. À la fin de ce document, vous trouverez ma
recommandation d’ouvrages qui pourront vous guider à vous libérer de cet
héritage familial.

Si vous suivez mes publications depuis un moment sur YouTube, vous avez
probablement écouté l’une de mes capsules sur les dynamiques d’emprise et de
manipulation dans les familles toxiques et dans les relations interpersonnelles. À
mon sens, il est primordial de bien saisir ces dynamiques afin d’éviter de retomber
dans les mêmes pièges.

Voici une liste (non exhaustive) de ces dynamiques avec description synthétique :

Dynamiques Description
• Fonctionnement similaire à celui d’une « secte ».
• Généralement, il y a une personne qui incarne
l’autorité : un dirigeant (statut de Leader – gourou –
par exemple l’un des parents ou l’un des grands
parents… etc.).
L’autorité
• Ce parent est « idéalisé » par les membres de la
famille.
• Sa parole n’est jamais remise en question et ne doit
pas être discutée.
• Devoir d’obéissance aveugle.

5
Dynamiques Description
• Toute tentative d’émancipation ou de prise
d’indépendance est perçue comme une menace
pour son autorité.
• Le leader gouverne la famille en imposant sa vision
du monde, ses modèles de pensée et ses règles de
conduite.
Endoctrinement et • Forte influence « morale ».
contrôle coercitif • Le parent « leader » exerce la contrainte (directe ou
indirecte) pour forcer les autres membres de la
famille à agir dans un sens donné afin d’instaurer la
discipline qui convient à ses convictions.
• Calomnie, diffamation, triangulation…
• Division au sein d’une fratrie…
Diviser pour mieux
• Différents rôles attribués en fonction de la
régner
personnalité de chacun : enfant sacré (ou prodige),
mouton noir/bouc émissaire et enfant invisible 1.
• Les efforts sont canalisés pour préserver l’image
parfaite de la famille.
Mensonges et • Dans certains cas, des secrets de famille existent et
déformation de la sont passés d’une génération à l’autre. Personne
réalité n’est autorisé à en parler. Ces secrets se
transforment en source de honte pour les enfants.
• L’image parfaite de la famille doit être préservée.
• Forcer un enfant à endosser un rôle d’adulte.
• Par exemple : l’enfant est dans l’obligation de
s’occuper des besoins de sa mère (ou d’autres
membres de la famille).
• L’enfant joue le rôle de psychologue.
• L’enfant est l’adulte de la famille.
Confusion des
• Dans certains cas, on peut parler d’inceste
rôles
émotionnel (Jacobson, 2001) (ou l’inceste
psychologique). Ce phénomène se produit lorsque
le parent impose un rapport émotionnel avec
l’enfant qui est similaire à celui qu’il aurait eu avec
son conjoint.
• Les besoins de l'enfant sont alors ignorés pour laisser
place aux besoins du parent.
• Les enfants sont considérés comme une extension
Absence de la famille. Ils n’ont pas le droit à leur individualité.
d’individualité Ils doivent se conformer aux standards imposés par
les parents.

1
J’ai réalisé plusieurs vidéos pour expliquer ces rôles ainsi que leur dynamique complexe de fonctionnement

6
Dynamiques Description
• Certains parents considèrent leurs enfants comme
des trophées à exhiber en société (obligation de faire
des études dans un domaine précis, de suivre une
carrière imposée par la famille, d’épouser une
personne ayant un certain standard social… etc.).
• Absence d’intimité psychique et parfois physique
L’intrusion • La mère (ou le père) se mêle de tout
psychique • Par exemple : une mère qui s’approprie les amis de
son enfant.
• La manipulation prend plusieurs formes.
• Souvent, il s’agit d’alterner des phases d’idéalisation
et des phases de dénigrement  alterner le chaud
et le froid/l’ascenseur émotionnel.
• Le parent dominateur (le leader) encourage son
La manipulation
enfant à être vulnérable pour se confier. Ensuite il
retourne la situation contre lui.
• La culpabilisation est souvent déployée dans les
familles toxiques pour manipuler les émotions et les
sentiments des enfants  les garder sous contrôle.
• Remise en question permanente de votre
perception de la réalité.
• Arguments fallacieux qui n’ont rien à voir avec la
Le gaslighting (ou réalité.
le détournement • Manipulation des éléments de l’environnement.
cognitif) • Fabrication d’une autre réalité qui n’a rien de vrai.
• Discours en spirale qui n’ont pas de structure
cohérente (pas de sujet, pas d’objet…).
• Discours confus et amphigouriques.
• Communication difficile, voire, impossible.
• Le parent toxique est souvent autocentré.
• Manque d’écoute pour l’enfant.
Difficultés de • Manque d’intérêt pour les vrais besoins émotionnels
communication de l’enfant.
• Manque de sensibilité aux états émotionnels de
l’enfant.
• Le parent toxique provoque la colère chez l’enfant.

Comprendre chacun de ces termes est essentiel afin de cesser de remettre en


question votre perception de la réalité et en déduire ainsi que vous n’avez rien à
reprocher à votre santé mentale. En d’autres mots, vous n’êtes pas fou !

Si vous avez déjà commencé l’exploration du sujet, vous avez peut-être eu cette
impression d’être passé dans univers parallèle. Votre réalité est sur le point de
changer d’une manière que vous n’auriez jamais imaginée !

7
Pendant cette phase, vous vous instruisez afin de pouvoir « étiqueter » les
comportements toxiques et de comprendre ce qui vous est arrivé. Plusieurs
professionnels s’opposent à l’utilisation des « étiquettes ». Je ne suis pas du tout
d’accord avec cette position rigide qui nous maintient dans le même cercle vicieux
de l’aliénation. Il est très important de pouvoir mettre des mots pour sortir de la
confusion et activer la partie cognitive du cerveau. Il ne s’agit pas de juger mais
d’apprendre à discerner afin d’apprendre à changer de comportement.

La compréhension de ces dynamiques et « l’étiquetage » des comportements


toxiques génère un énorme sentiment de soulagement - malgré la douleur
concomitante. Lorsque vous réalisez que « vous n’êtes pas fou », vous serez en
mesure de faire baisser la violence des ruminations et cogitations mentales. Vous
serez capable de réduire l’intensité de la culpabilité et commencer à libérer votre
mental et vos émotions pour vous focaliser sur les prochaines étapes.

Comprendre votre dépendance émotionnelle vis-à-vis


de vos parents
Chez l’être humain, le besoin d’un lien parental ou d’un attachement est un instinct
biologique primitif. On n’a pas le choix. Ceci est dû à la vulnérabilité du tout-petit et
son incapacité à subvenir à ses besoins pendant plusieurs longues années. Son
immaturité biologique et cognitive crée une dépendance vis-à-vis de sa figure
parentale. Il émerge alors le besoin d’un lien émotionnellement sécurisant avec le
parent pour son développement biologique et psychologique.

Selon la théorie de l’attachement, qui a été proposée par le psychiatre John Bowlby
dans les années 1950 (Bowlby, 1951), l’enfant a besoin de développer une relation
sécurisante avec une personne – au minimum – qui subvient à ses besoins pour
que son développement émotionnel et social se déroule normalement.

Le comportement instinctif du nourrisson est la recherche d’un lien sécurisant


parce qu’il est incapable, d’un côté de gérer ses besoins, et de l’autre côté de gérer
des situations stressantes en raison de son immaturité cérébrale. En effet, les
fonctions de régulation du stress chez l’enfant ne sont pas fonctionnelles à la
naissance. De ce fait, il est tout à fait normal d’être dépendant de la figure parentale
appelée aussi la figure d’attachement.

C’est grâce à cet attachement que l’enfant apprendra à explorer le monde,


construire son identité et à développer des interactions sociales. C’est la qualité du
lien avec la figure parentale qui va déterminer la carte du monde ou le « GPS »
émotionnel de l’individu à l’âge adulte.

L’existence d’un attachement sécurisant permet à l’enfant de se séparer


momentanément du parent pour jouer et explorer le monde extérieur tout en
ayant l’assurance de pouvoir revenir vers la figure parentale, une base sûre lieu

8
émotionnel dans lequel il se sent en sécurité. C’est comme si on se disait, oui je
peux aller vers l’autre, je peux aller voir ce qui se passe dehors parce que je sais que
je peux revenir. Je n’ai pas peur du monde extérieur tant que je sais qu’il y aura
maman ou papa qui sera toujours là pour me soutenir et m’envelopper de son
amour. Bien sûr, aucun enfant ne pourrait le penser d’une façon explicite et
consciente. Mais, ce que je viens de dire est simplement la traduction de ce qui se
passe au niveau émotionnel.

L'anxiété, le stress, le chagrin et la détresse émotionnelle expérimentés d’une façon


chronique par l’enfant vont conduire au développement d’un attachement
dysfonctionnel. En d’autres mots, le modèle d’attachement n’est pas sécurisant.
Le lien de base vis-à-vis de la figure parentale ne procure pas le réconfort et le
soutien émotionnel suffisants pour le développement normal de la personnalité de
l’enfant.

La façon avec laquelle les parents répondent à ce besoin vital de lien chez l’enfant
va conduire à la modélisation de l’attachement. Plus tard, à l’âge adulte, c’est ce
modèle d’attachement qui va déterminer les pensées, les choix et les attentes de
l’individu dans ses relations.

Comprendre ce point me semble fondamental pour pouvoir se libérer de l’emprise.


En effet, les adultes issus de familles toxiques maintiennent inconsciemment une
dépendance émotionnelle vis-à-vis de leurs parents qui est le résultat de cet
attachement dysfonctionnel. Malgré votre indépendance et votre autonomie
financière, vous êtes peut-être encore dépendant émotionnellement de
l’approbation et de la validation parentale.

« Ma mère est décédée il y a 10 ans. Mais je n’arrive pas à me libérer de sa voix


qui me hante. J’ai l’impression qu’elle est toujours là quelque part pour me
dénigrer et me rabaisser. J’ai l’impression qu’elle habite dans ma tête. Je
n’arrive pas à prendre une seule décision sans devoir me soucier de ce qu’elle
aurait pensé de mes choix. »
Isabelle – 65 ans

Comme le démontre ce témoignage, la séparation physique n’est pas suffisante


pour se libérer de ce lien dysfonctionnel. La libération passe par la transformation
des croyances et des comportements associés venant du passé. Dans la
dernière partie de ce guide, je vous proposerai quelques pistes de réflexion pour
initier cette transformation.

9
Exercice : évaluation du degré d’emprise mentale
Pour l’instant, concentrez-vous sur la compréhension. Le tableau suivant, librement
adapté de Forward (2009), vous permet de comprendre le degré de dépendance
émotionnelle/affective vis-à-vis des parents toxiques. Je préfère l’utilisation du
terme « emprise ». Vous pouvez vous servir de ces points comme une grille de
lecture ou un plan de travail à mettre à jour régulièrement pour évaluer votre
progression dans le temps. N'hésitez pas à rajouter tout autre élément qui vous
semble pertinent à cette liste :

Choix de réponse : Jamais / Rarement / Occasionnellement / Souvent / Toujours


Question Réponse
1. Je me sens coupable si je ne suis pas à la hauteur des ambitions de mes
parents
2. Je me sens coupable quand je fais quelque chose qui les contrarie
3. Je me sens coupable quand je vais à l’encontre de leurs conseils
4. Je me sens coupable quand je me mets en colère contre eux
5. Je me sens coupable quand je déçois mes parents ou quand je leur fais de la
peine
6. Je me sens coupable quand je ne fais pas tout ce qu’ils me demandent de
faire
7. Je me sens coupable lorsque je leur dis non
8. J’ai peur quand mes parents crient contre moi
9. J’ai peur quand ils sont furieux contre moi
10. J’ai peur quand je suis furieux contre eux
11. J’ai peur quand je dois leur dire quelque chose qu’ils ne voudraient pas
entendre
12. J’ai peur quand ils menacent de me retirer leur amour
13. J’ai peur quand je ne suis pas d’accord avec eux
14. J’ai peur quand j’essaie de leur tenir tête
15. Je me sens triste quand mes parents sont malheureux
16. Je me sens triste quand je sais que j’ai laissé tomber mes parents
17. Je me sens triste quand je n’arrive pas à améliorer leur existence
18. Je me sens triste quand mes parents me disent que je leur ai gâché leur vie
19. Je me sens triste quand je fais ce que j’ai envie de faire tout en sachant que
cela fait de la peine à mes parents
20. Je me sens triste si mes parents n’aiment pas ma femme (ou mon mari, mon
compagnon, mes amis…)
21. Je me sens furieux quand mes parents essaient de me contrôler
22. Je me sens furieux quand mes parents me critiquent
23. Je me sens furieux quand ils me disent comment vivre ma vie
24. Je me sens furieux quand ils me disent ce que je dois penser ou ressentir,
comment je dois me comporter
25. Je me sens furieux quand ils veulent me forcer à faire certaines choses
26. Je me sens furieux quand ils essaient de vivre leur vie à travers moi
27. Je me sens furieux quand ils attendent de moi que je m’occupe d’eux
28. Je me sens furieux quand ils me rejettent

Résultats : Plus vous répondez « souvent » ou « toujours » à ces questions, plus le


degré d’emprise mentale est fort.

10
Apprendre à accepter
Vous rendre à l’évidence des carences affectives et des lacunes de vos propres
parents est une réalité choquante. Si vous vous êtes déjà autorisé à éprouver des
doutes auparavant, vous avez très probablement refusé de l’accepter. En effet, il est
universellement supposé que les parents soient une source infaillible d’amour, de
réconfort, de soutien et d’empathie envers leurs enfants.

Nous étions jeunes et vulnérables. Nous avions besoin de ce lien sécurisant. Nous
avions besoin d’eux pour grandir et nous développer. Comment peut-on accepter
d’avoir été trahi par ses propres parents ?

« Si ma propre mère est incapable de m’aimer, personne d’autre ne pourrait


le faire. Je sens que je ne suis pas digne d’amour. »
Marie – 36 ans

Accepter cette réalité incontestable est une épreuve difficile et douloureuse pour
tous « les enfants adultes » de parents toxiques.

« Tout ce que je voulais c’était d’avoir une mère normale… qui ne tente pas
de séduire mon copain, qui ne se met pas en compétition avec moi et qui est
juste là pour m’aimer telle que je suis. […] Je ne me suis jamais sentie à la
hauteur. […] De plus, il fallait qu’elle me vole ma vie. »
Laura – 45 ans

Après tout, nous sommes en train de parler de nos parents, les personnes de qui
notre survie dépendait et qui étaient le centre de notre existence pendant plusieurs
années. Comment peut-on se résigner à l’idée d’avoir été « abandonné » par les
mêmes personnes qui étaient censées nous protéger ?

Le système familial dans lequel vous avez grandi a forgé toute votre réalité pendant
de nombreuses années.

Depuis que j’ai commencé mon activité sur YouTube, je reçois régulièrement des
questionnements sur l’éventuel changement des parents. Beaucoup de personnes
espèrent pouvoir réussir à changer leurs parents toxiques un jour. Entretenir cette
croyance n’est pas seulement une source d’attentes irréalistes, mais cela vous incite
à revenir en arrière pour démultiplier les tentatives infructueuses et récolter les
déceptions et les échecs. Cela vous maintient dans un cercle vicieux et un état de
captivité mentale.

Vouloir changer vos parents – souvent à un âge assez avancé – est une mission
perdue d’avance. Essayez de demander à un enfant âgé de trois ans de résoudre
une équation mathématique du second degré. N’ayant pas les compétences, ni le
niveau cognitif requis, cet enfant ne pourra jamais résoudre cette équation. Il n’est

11
même pas en mesure de saisir les concepts de « mathématiques », « équation » et
« résolution ».

Tel est le cas pour les parents toxiques qu’on peut qualifier de « parents
émotionnellement immatures » (Gibson, 2015). En d’autres termes, ils n’ont pas le
niveau de maturité et d’intelligence émotionnelle requis pour comprendre la
problématique à laquelle vous faites face. La première étape pour se libérer de leur
emprise est donc d’accepter leurs lacunes et carences affectives, intellectuelles et
émotionnelles.

L’acceptation est tout à fait l’inverse du déni de la réalité. Le déni est considéré
comme une stratégie d’adaptation dans la littérature psychologique scientifique
(Chabrol, 2005). Il s’agit d’une forme de désaveu ou de refus d’une évidence lorsqu’il
s’agit d’une réalité douloureuse et traumatisante.

Le déni existe, à des degrés variables, en chacun de nous. Face à un choc


émotionnel par exemple, tel que la perte d’un proche, le déni est une mesure de
protection inconsciente permettant de faire face temporairement à un choc
émotionnel. Il joue alors le rôle d’amortisseur pour atténuer le choc et nous
préparer à faire face à la réalité et à mieux supporter la douleur psychique qui en
découle.

Lorsque le désaveu de la réalité prend une forme absolue et catégorique –


pathologique – on peut parler d’un mécanisme « mal-adaptatif ». En d’autres mots,
il s’agit d’une forme de surajustement à une situation douloureuse et un refus
inconscient total de voir la réalité en face. La sur-adaptation nous rend insensible
et glacial face à la douleur. Elle agit comme une forme d’anesthésie. Mais cela ne
résout pas le problème. Au contraire ! Placer un pansement sur une plaie infectée
se limite à cacher la blessure mais ne la soigne pas.

Pour initier un vrai changement, vous avez d’abord besoin de faire face à cette
réalité douloureuse et accepter les limites et les défaillances de vos parents. Ainsi,
accepter revient, entre autres, à abandonner tout espoir de pouvoir les transformer
un jour.

En revanche, vous avez le pouvoir de changer votre perception et votre attitude


face à cette réalité. Vous ne pouvez pas contrôler les émotions et les attitudes
d’autres personnes. Mais vous pouvez leur enseigner à vous respecter en imposant
vos limites et en vous focalisant uniquement sur votre attitude.

Les défaillances de vos parents ne sont pas représentatives de votre personne.


Lorsque votre mère vous rabaisse avec des remarques insidieuses, ses insultes ne
représentent en rien la réalité de qui vous êtes. Ses paroles et attitudes sont
simplement des projections de ses propres insécurités et de son immaturité
psychique.

12
C’est le rôle presque divin et exempt d’erreurs accordé aux parents qui nous
empêche de les voir simplement comme de simples êtres humains susceptibles de
commettre des erreurs et des maladresses comme les autres. Pour accepter leurs
imperfections, il est nécessaire de les faire descendre de ce piédestal invisible et les
mettre au même niveau qu’une personne normale. Leur retirer cette place divine
c’est leur redonner le droit à leur humanité imparfaite.

Exercice : Comment savoir si j’ai totalement accepté les défaillances de


mes parents ?
Afin de savoir où vous en êtes dans le processus d’acceptation, je vous propose de
répondre à cette grille de questions en veillant à la mise à jour régulière de vos
réponses 2.

Choix de réponse : Jamais / Rarement / Occasionnellement / Souvent / Toujours


Question Réponse
1. Je continue d’espérer que ma mère (ou mon père) sera différente à chaque
fois que je lui parle.
2. Je continue d’avoir des attentes de la part de ma mère (ou de mon père).
3. Je n’arrive toujours pas à accepter ma mère (ou mon père) pour qui elle est
réellement.
4. J’essaie toujours de me justifier lorsque je parle à ma mère (ou mon père).
5. Lorsque je parle à ma mère (ou mon père), j’essaie toujours de lui faire changer
d’avis.
6. J’espère toujours avoir une place et une légitimité aux yeux de ma mère (ou
mon père)
7. J’espère pourvoir un jour avoir une vraie relation sincère et authentique avec
ma mère (ou mon père)
8. J’espère toujours que ma mère (ou mon père) comprenne ses défaillances
9. J’essaie vainement de lui faire prendre conscience des schémas
dysfonctionnels des familles toxiques.
10. Je crains toujours les réactions de ma mère (ou de mon père) lorsque je fais
des choix qui vont à l’encontre de ses convictions
11. Lorsque je reçois un appel ou un message de ma mère (ou de mon père), je
ressens une angoisse insupportable au point de somatiser le stress (par
exemple l’estomac noué, une boule ventre, la gorge sèche…etc.)
12. J’appréhende toujours les rencontres familiales
13. Je ressens toujours une profonde injustice et une envie de revanche par
rapport à tout ce que j’ai subi de leur part.
14. J'attends de quelqu'un d'autre (mon conjoint ou mes enfants par exemple) de
remplir mes besoins insatisfaits de l’enfance parce que j'ai fait une abstraction
totale de ma mère (ou mon père).
15. Je suis à la recherche d’un conjoint pour remplacer mes parents

Résultats : Plus vous répondez « souvent » ou « toujours » à ces questions, plus vous
avez des difficultés à accepter les défaillances de vos parents.

2
Questions librement adaptées de (McBride, 2008)

13
Partie 2 – Faire le deuil de la relation
que vous n’avez jamais eue
Faire le deuil, c’est quoi ?
Lorsque vous aurez terminé avec succès l’étape d’acceptation, vous réaliserez que
personne ne pourrait remplacer votre mère (ou votre père) aujourd’hui afin de
combler vos besoins affectifs non assouvis pendant l’enfance. Vous pouvez
uniquement compter sur vous-même et votre volonté afin de répondre à ces
besoins.

Si vous avez la chance d’avoir un conjoint compréhensif (ou des enfants, des amis…
etc.), vous pouvez certes compter sur sa compassion et sa compréhension pour
vous tenir la main pendant ces moments difficiles. Mais il ne pourra pas remplacer
votre mère (ou votre père) défaillante.

La deuxième étape consiste à apprendre à faire le deuil. C’est une étape délicate en
raison des émotions qui peuvent refaire surface. Vous serez peut-être découragé
de savoir que vous allez éprouver des émotions telles que la tristesse ou la colère.
La volonté et la détermination sont des ingrédients fondamentaux pour la réussite
de ce processus de libération. Alors, je vous invite à vous octroyer la permission de
ressentir vos émotions.

Grandir dans une dynamique familiale toxique est similaire à une aventure dans un
terrain miné. Chaque faux pas est un risque de faire exploser une bombe. Pouvez-
vous vous rendre compte à ce stade que vous n’étiez jamais autorisé à vous
exprimer pleinement ?

Dans de telles familles, toute expression émotionnelle, qui ne concorde pas avec les
désirs et les caprices du parent dominateur, est réprimandée par des carences
affectives (ou toute autre forme de punition directe ou subtile selon le style de
parentalité). Par conséquent, vous avez probablement appris à remettre en
question vos émotions et vos sentiments. Vous avez peut-être appris que la
répression de vos émotions était plus sûre pour votre survie que leur expression
authentique.

Dans cette étape, vous allez apprendre à accueillir vos émotions et à les
ressentir.

Beaucoup de personnes me posent la question suivante : « Mais comment faire le


deuil ? En quoi ça consiste concrètement ? ».

Soyons d’accord ! Ici il s’agit d’un deuil « fictif ». C’est le deuil de la relation dont il est
question et non pas le deuil de la personne (la mère ou le père).

14
Pour comprendre en quoi consiste le deuil, voici quelques exemples. Faire le deuil
c’est :

• Accepter les limites et les défaillances des parents toxiques


• Abandonner l’espoir de changer vos parents ou de leur faire prendre
conscience de leurs limites
• Faire le deuil de l’idée fantasmée de la mère (ou du père) parfaite que vous
n’avez jamais eue et que vous n’aurez jamais
• Abandonner l’illusion fantasmée de la relation maternelle (ou paternelle) que
vous n’avez jamais eue et que vous n’aurez jamais
• Abandonner l’espoir d’être compris ou écouté par votre mère (ou votre père)
• Abandonner le besoin d’approbation de vos choix et décision
• Abandonner l’idée de pouvoir un jour arriver à la hauteur de leur projection
• Se libérer des attentes irréalistes que vous avez de vos propres parents
• Accepter le sentiment d’orphelinat qui peut ressurgir lors de cette phase
• Abandonner l’idée de réussir un jour à avoir la place que vous rêvez d’avoir
au sein de votre famille

Comment faire le deuil ?


Pour faire le deuil, vous allez avoir besoin d’espace mental et physique. En fonction
de votre situation familiale, vous pouvez prévenir vos proches (personnes de
confiance et bienveillantes). Vous n’êtes pas obligé de partager tous les détails. Mais
il est important de communiquer votre besoin de distance temporairement. La
communication bienveillante permet à votre entourage d’anticiper et de vous
apporter le soutien moral nécessaire pour traverser cette période. Cela leur permet
aussi de comprendre ce que vous traversez et éviter les zones de flou ainsi que les
interprétations erronées.

Vous allez éprouver le besoin de ressentir vos émotions. En fonction de votre


personnalité, les flots de larmes pourraient être de la partie. Vous allez très
probablement avoir besoin de vous enfermer quelques jours et laisser sortir ces
émotions refoulées. Je suis consciente de la douleur que cela puisse générer. Mais
c’est puissamment libérateur.

Faites ce qui vous semble juste et nécessaire pour libérer ces émotions. Peut-être
que vous auriez besoin de fermer les volets, d’envoyer les enfants à l’école et de
vous enrouler sous la couette pour pleurer pendant quelques heures. D’autres
personnes préfèreraient taper dans des coussins ou se mettre la tête dans un
oreiller et crier de toutes forces pour libérer la colère.

Attention ! Toutes ces pratiques ne sont pas miraculeuses. Mais elles permettent
néanmoins de prendre conscience qu’une lourde page est sur le point d’être
définitivement tournée.

15
J’avais suggéré dans l’une de mes vidéos de réaliser une cérémonie de deuil
symbolique. En fonction de vos croyances et vos préférences, vous pouvez par
exemple enterrer des cailloux ou de vieux objets avec l’intention d’enterrer la
relation imaginaire avec les parents que vous n’aurez jamais. Une autre idée serait
d’envoyer des fleurs d’une manière symbolique dans une rivière ou dans la mer
avec l’intention de se libérer de ce lien émotionnel avec les parents « imaginaires ».

Toutes les idées que je propose sont des pistes de réflexion. Faites ce qui vous
semble juste.

Exercice : Parent imaginaire versus parent réel


Voici un exercice que vous pouvez ajouter à votre boîte à outils.

• D’abord, assurez-vous d’être dans un espace confortable. Ne faites pas cet


exercice dans le métro ou dans le train. Je vous conseille de le faire dans le
confort de votre domicile.
• Faites un tableau à deux colonnes comme l’exemple fourni ci-dessous.
• Dans la première, dressez la liste de toutes les caractéristiques du parent
idéal que vous auriez souhaité avoir (le parent imaginaire)
• Regardez bien cette liste et imprégnez-vous de ces caractéristiques.
• Dans la 2ème colonne listez toutes les caractéristiques du parent réel.
• Ensuite écrivez votre ressenti (par exemple : le sentiment de vide
émotionnel, manque de soutien, sentiment d'orphelinat, d'abandon, etc.)

Voici un extrait fourni à juste titre pour vous aider à initier cette liste. Vous pouvez
imprimer le document et compléter les espaces laissés vides à cet effet.

Parent imaginaire Parent réel


 Toujours à l’écoute  Ne m’écoute jamais
 Ne me juge jamais  Jugements et reproches incessants
 Je peux lui confier tous mes secrets  Je ne peux jamais me confier
 Respecte mon intimité  Ne respecte jamais mon intimité
 … etc.  … etc.

16
Parent imaginaire Parent réel

17
Cet exercice vous permet de prendre conscience de vos émotions enfouies et de
leur permettre d’émerger. C’est une première étape dans le processus de libération.
Mais c’est insuffisant. En fonction de votre état et des conséquences du stress sur
votre état de santé psychologique et physique, vous aurez peut-être besoin d’un
accompagnement par un professionnel. Il existe plusieurs thérapies permettant de
traiter les traumatismes psychologiques. Je peux citer à titre d’exemple la
technique de l’EMDR (Van der Kolk, 2015) (Eye Movement Desensitization and
Reprocessing ou désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires),
ou encore l’ICV (Intégration du Cycle de la Vie) (Smith, 2017).

Les effets indésirables

Le deuil est douloureux… Le deuil est un voyage… Le deuil est compliqué…


Le deuil… Bref… des fluctuations et des vacillations entre le soulagement, la
tristesse et la colère…

Le deuil d’une personne décédée est certes très éprouvant pour la plupart d’entre
nous. C’est tout à fait humain. Cependant, faire le deuil d’un parent vivant est
encore plus difficile. Le fait de savoir que la personne est toujours en vie rend cette
étape particulièrement compliquée.

Tout au long de ce processus, il est possible d’éprouver des sentiments intenses tels
que :

• La solitude
• La tristesse
• La confusion mentale
• La culpabilité
• La colère
• La honte
• … etc.

Il est également possible d’avoir ce type de pensées :

• Ce sont mes parents. Malgré nos différends, je dois leur tendre la main. Je
dois les aider malgré tout.
• Je me sens coupable de ne pas être là pour eux à leur âge.
• J’exagère peut-être… Ils ont peut-être changé…
• Ils me manquent tellement. Pourquoi me manquent-ils alors qu’ils m’ont fait
tellement de mal ?
• Pourquoi ne suis-je pas encore remis de tout cela ?

Le regard des autres pourrait également compliquer davantage les choses. En


effet, plusieurs personnes de votre entourage pourraient remettre en question

18
votre choix et votre décision de vous détacher ou de couper les ponts. Vous pouvez
alors éprouver énormément de culpabilité et de solitude. Si vous êtes dans une telle
situation, demandez l’aide d’un professionnel. Un thérapeute saura vous écouter et
vous aider à traverser cette période.

Quelle que soit votre situation, rappelez-vous que cette étape est un passage
transitoire.
Le deuil n’est pas éternel.

A retenir
• On ne peut pas changer le passé
• On peut changer notre perception du passé
• Faire le deuil est une étape temporaire
• Le deuil nous permet de tourner la page
• Faire le deuil nous permet de nous libérer des attentes irréalistes de la part
des parents

Vous avez le droit de nommer les choses et de mettre toutes les étiquettes dont
vous avez besoin pour faire face à la réalité et vous libérer du passé. On peut
assimiler cette étape à une phase de « nettoyage » similaire à la préparation d’un
terrain préalablement aux nouvelles semailles. Pour refaire un jardin, nous avons
d’abord besoin de défricher le terrain et de désherber avant de pouvoir cultiver de
nouvelles graines.

Ce n’est pas le passé que vous êtes en train de changer mais votre avenir.

19
Partie 3 – La transformation
La compréhension de soi
Après des années de soumission et d’obédience forcées à des parents dominateurs
et dysfonctionnels, il est temps maintenant de tourner la page et de mettre en
place des actions concrètes pour vivre enfin votre propre vie, sortir du rôle qui vous
a été attribué et redéfinir ce qui est important pour vous.

Les dynamiques familiales décrites dans la première partie sont à l’origine d’une
fracture interne. Dans de telles familles, les enfants sont considérés comme une
simple extension et non pas comme des individus à part entière. Ils ne sont pas
écoutés. Leurs besoins émotionnels ne sont pas approuvés par les adultes. Ils
apprennent alors que leurs besoins ne sont pas importants. L’affection est
conditionnelle et dépend du degré de servitude et d’asservissement aux caprices
des parents.

A cette étape, il est important de prendre conscience de vos croyances, celles qui
ont été implantées dans votre esprit et qui constituent aujourd’hui la base de votre
sens de l’identité.

Par exemple lorsqu’on se préoccupe d’une façon persistante de l’avis d’autrui ou


lorsqu’on a besoin « de plaire » ou d’être « utile » aux autres afin de se donner un
sens de la légitimité, cela signifie qu’on n’a pas appris à se focaliser sur soi, ses
besoins, ses désirs et ses objectifs.

Ce type de croyances engendre un besoin excessif d’approbation, un manque


d’estime de soi et un comportement motivé uniquement par ce qui se passe dans
le monde extérieur à soi – versus le monde intérieur.

Il est temps de faire le ménage et de se focaliser sur soi-même. Il est temps de se


défaire de ces croyances obsolètes et de les remplacer par les valeurs et les
principes qui sont en accord avec votre personnalité et votre identité.

20
Exercice – faire l’inventaire de ses croyances
Faire l’inventaire de ses croyances peut s’avérer compliqué lorsqu’on part de
zéro. La confusion et les émotions qui débordent peuvent vous empêcher
de penser clairement. Je vous propose de remplir le tableau suivant à l’instar
de l’exemple proposé (page suivante).

• 1ère colonne : faite la liste des comportements (ou attitudes) que vous
n’aimez pas chez vous aujourd’hui ou que vous souhaitez changer.
• 2ème colonne : comment chacun de ces comportements affecte
votre vie ?
• 3ème colonne : quels sont les sentiments et les émotions associés ?
• 4ème colonne : quelle est la croyance associée à ce comportement ?
• 5ème colonne : selon vous, quels sont les évènements qui auraient pu
être à l’origine de cette croyance ?
• 6ème colonne : que puis-je faire aujourd’hui pour changer ?

21
Comment cela Évènements à
Émotions et Que puis-je faire pour
Comportements affecte ma vie Croyances associées l’origine de la
sentiments associés changer ?
aujourd’hui croyance
 Je suis incapable
de prendre les  J’accepte de
 Lorsque j’étais
 Je procrastine bonnes décisions prendre des
 Frustration jeune, ma mère
 J’ai du mal à définir pour moi décisions même
 Colère contre moi remettait en
 J’ai toujours une mes priorités  Je n’ai pas le droit lorsqu’elles ne sont
 Colère contre les question sans
difficulté à prendre des  Cela m’encombre de décider pour pas parfaites
autres cesse tous mes
décisions l’esprit moi  « Je remplace le
 Insatisfaction choix. Elle me
 Je passe à côté de  J’ai toujours besoin besoin de
permanente ridiculisait et
belles opportunités d’avoir une perfection par le
m’humiliait.
approbation plaisir d’avancer »
extérieure

22
Exercice - Définir des actions concrètes
En vous basant sur le tableau précédent, vous pouvez définir des actions concrètes
et réalisables à court terme pour vous mettre « en mouvement » et avancer
progressivement.

Pour chaque élément que vous avez écrit dans la 6ème colonne du tableau ci-haut,
répondez aux questions suivantes (vous pouvez imprimer plusieurs copies de ces
pages en fonction du nombre des changements souhaités).

Changement n°1 :

• Quelles sont vos peurs (ou les blocages/les obstacles) qui vous
empêcheraient de réaliser ce changement dans votre vie ?

• Quelles sont les ressources dont vous disposez aujourd’hui pour réaliser ce
changement (ou qu’est-ce qui vous permet/vous facilite de réaliser ce
changement) ?

• De quoi avez-vous besoin pour réaliser ce changement et dépasser vos


peurs ?

23
• Qu’est-ce que vous êtes prêt(e) à mettre en place immédiatement pour
concrétiser ce changement ?

• Que pourrait vous apporter ce changement ?

24
Changement n°2 :

• Quelles sont vos peurs (ou les blocages/les obstacles) qui vous
empêcheraient de réaliser ce changement dans votre vie ?

• Quelles sont les ressources dont vous disposez aujourd’hui pour réaliser ce
changement (ou qu’est-ce qui vous permet/vous facilite de réaliser ce
changement) ?

• De quoi avez-vous besoin pour réaliser ce changement et dépasser vos


peurs ?

25
• Qu’est-ce que vous êtes prêt(e) à mettre en place immédiatement pour
concrétiser ce changement ?

• Que pourrait vous apporter ce changement ?

26
Se réinventer
L’enfant vient au monde avec des besoins universels. En plus des besoins physiques
fondamentaux, chaque être humain a des besoins psychologiques et émotionnels
– besoin de reconnaissance, d’écoute, de respect, de sécurité émotionnelle… etc.
Ainsi, dans une dynamique saine et lorsque ces besoins sont comblés, l’enfant
intègre les messages suivants :

• Je suis aimé tel que je suis


• J’ai de la valeur
• Je peux compter sur les autres en cas de besoin
• Je connais mes besoins et je peux les exprimer
• Je sais ce qui est bon pour moi
• Je sais me faire respecter et je respecte les autres
• Je peux contrôler mes réactions et gérer mes émotions
• Je sais reconnaître mes émotions je suis capable de les exprimer d’une façon
saine et équilibrée

En revanche, dans une dynamique familiale toxique, les besoins d’amour,


d’attention, de sécurité et d’indépendance ne sont ni reconnus, ni satisfaits.
L’enfant ignore que ce qu’il vit n’est pas « normal ». Il ignore que ses besoins
universels ne sont pas respectés. Il n’a aucune connaissance préalable de
l’existence de ces derniers. Nous ne venons pas au monde munis d’un « manuel
utilisateur » permettant de savoir à quoi nous attendre. Il n’y a pas de « service
après-vente ! ».

Adultes, nous interprétons la réalité à travers ces conditionnements du passé. Nous


développons des automatismes comportementaux et cognitifs pour gérer notre
monde. Par exemple, l’expérience d’une maltraitance psychologique peut
engendrer une émotion de tristesse. N’ayant pas appris à recevoir de l’approbation
parentale, la tristesse pourrait déclencher une forme d’inhibition pour faire baisser
l’intensité émotionnelle. Des pensées telles que : « je le mérite » ou encore « tout est
ma faute de toutes les façons » pourraient surgir.

Sans une réelle prise de conscience, on aura tendance à retomber dans les mêmes
schémas. Lorsque nos automatismes sont inadaptés, nos réactions le seront
forcément aussi.

Toutes les expériences positives que nous pouvons créer à l’âge adulte nous
permettent de modifier ces schémas. Mais attention ! « On s’autorise à se tromper
hein ! » Tout ne sera pas parfait dès le début. Vous êtes comme un enfant qui
apprend à faire ses petits pas. Attendez-vous à trébucher au début. Mais ne vous
découragez pas. Petit à petit, vous allez trouver votre équilibre.

27
On ne peut pas désapprendre un comportement. Mais, on peut apprendre un
nouveau comportement. Tout comme on ne peut pas désapprendre à faire du vélo.
Mais on peut délaisser le vélo pour apprendre à patiner avec des « rollers » 3.

Vous allez progressivement apprendre à identifier les automatismes mal-adaptatifs


et les remplacer par de nouveaux comportements.

3
Patins à roulettes

28
Autobiographie en cinq chapitres de Portia Nelson

Chapitre 1
Je marche dans la rue.
Sur le trottoir, il y a un grand trou.
Je tombe dans le trou.
Je suis perdu … désespéré.
Ce n’est pas ma faute.
Cela me prend une éternité pour en sortir.

Chapitre 2
Je marche dans la même rue.
Sur le trottoir, il y a un grand trou.
Je prétends que je ne le vois pas.
Je retombe encore dedans.
Je n’arrive pas à croire que je me retrouve de nouveau dans ce trou.
Mais ce n’est pas ma faute.
Et de nouveau, cela me prend longtemps pour en sortir.

Chapitre3
Je marche dans la même rue.
Sur le trottoir, il y a un grand trou.
Je vois le trou.
Je tombe encore dedans. C’est devenu une habitude.
Mes yeux sont grands ouverts.
Je sais très bien où je suis.
C’est ma faute.
J’en sors rapidement.

Chapitre 4
Je marche dans la même rue.
Sur le trottoir, il y a un grand trou.
Je le contourne.

Chapitre5
Je marche dans une autre rue.

29
Apprendre à mettre des limites
L’absence ou la fragilité des limites personnelles est un constat récurrent chez les
adultes issus de familles toxiques. Ceci n’est pas étonnant lorsqu’on considère les
dynamiques familiales décrites dans la première partie, notamment l’intrusion
psychique et la coercition.

Par peur d’être rejeté et par envie d’être accepté et de recevoir l’attention parentale,
on apprend la soumission et l’impuissance face à leur autorité. Dire « non » ne fait
pas partie du champ lexical de nombreuses personnes issues de ce type de familles.

Avoir des limites est pourtant un paramètre essentiel, voire vital, pour construire
des relations saines et durables (relations de couple, avec les enfants, avec les amis,
au travail… etc.).

Apprendre cette compétence est fondamental pour la suite


du parcours de libération de l’emprise familiale.

Construire des limites signifie définir et reconnaître vos frontières personnelles. En


d’autres mots, il s’agit de déterminer votre propre espace de confort personnel. Ces
frontières constituent le fondement de base pour l’estime et le respect de soi. C’est
également une façon à travers laquelle nous pouvons exprimer notre authenticité
et notre vérité. Ainsi, nous sommes sincères vis-à-vis de nous-même et vis-à-vis des
autres. Les limites personnelles sont essentielles pour assurer notre intégrité
psychique.

C’est important de souligner à ce niveau que les limites sont différentes d’une
personne à l’autre en fonction des besoins et de la singularité de chaque personne.

Vous êtes le seul gardien de vos limites personnelles.


Vous êtes la seule personne qui décide où vos limites s’arrêtent.

Mais attention ! Définir des limites robustes et claires requiert du temps. C’est un
chemin fait de tâtonnements et d’erreurs. L’ajustement se fera progressivement.

À ne pas oublier…
Vous avez pris le chemin de la transformation pour un avenir plus serein. Je vous
félicite pour votre courage. J’aimerais simplement attirer votre attention sur la
possibilité des manifestations possibles de résistances psychologiques. Il y aura
probablement des moments de rechute lors de votre parcours. Ne vous
découragez pas. Ce changement aussi profond peut bouleverser une vie. Le
changement est une source d’inconfort pour le cerveau et l’organisme.

30
Faites un petit pas à la fois. Avancez doucement et autorisez-vous à faire des
erreurs.

Ainsi, puis-je me permettre de vous suggérer de prendre soin de vous ? Voici une
liste (non exhaustive) de recommandations issues de mon expérience personnelle :

• Prendre soin de son corps


o Adopter une alimentation saine et équilibrée
o Pratiquer une activité physique régulière
o Avoir un sommeil suffisant (pas d’écrans le soir)
o Aérer régulièrement les pièces de vie
o Dormir dans un environnement propre
o Respecter les besoins de repos
o Éviter autant que possible les environnements bruyants non
essentiels (les soirées, les rassemblements… etc.)
• S’aménager un environnement de vie confortable et paisible (lorsque c’est
possible)
• Écrire quotidiennement (ne serait-ce qu’un paragraphe)
• Prendre le temps de réfléchir (au lieu de réagir)
• Oser dire non et tant pis si cela vexe certaines personnes !
• Éteindre le téléphone lorsqu’on a envie de se reposer
• Lire plus de livres
• Faire ce que j’aime plus souvent (par exemple dessiner, créer, faire de la
peinture… etc.)
• Se créer des relations saines (je sais que c’est difficile mais ce n’est pas
impossible)
• Se rappeler tous les jours le parcours extraordinaire et le courage dont on a
fait preuve (valoriser son parcours au lieu de se discréditer)
• Célébrer les petites (et les grandes) victoires
• Passer plus de temps dans la nature – faire des randonnées et des balades
(même courtes)

31
Et quelques mots pour finir…
J'espère que ce guide vous a aidé à voir plus clair et vous donne le courage et la
motivation pour emprunter l'autoroute de la guérison.

Je sais qu'il est très difficile de se remettre sur pied après autant d’années d’abus
psychologique et de maltraitance. Mais cela vaut l'effort que vous investissez dans
votre parcours de libération.

Au cours de ce processus, vous découvrirez à quel point vous êtes fort(e),


résilient(e) et étonnement courageux(se) !

Mes pensées affectueuses,

32
Livres recommandés 4

�Parents toxiques : Comment échapper à leur emprise - Susan Forward :


https://amzn.to/2BhIRxZ

�Ces mères qui ne savent pas aimer - Susan Forward : https://amzn.to/3d5tLsL

�Les prisons familiales - d'Anne-Laure Buffet : https://amzn.to/30POEFQ

�À la rencontre de son bébé intérieur - Joanna Smith : https://amzn.to/2Cdghyt

�Vos parents ne sont plus vos parents : https://amzn.to/3zmvd6O

Ressources citées
Bowlby, J. (1951). Maternal care and mental health. World Health Organization

Chabrol, H. (2005). Les mécanismes de défense. Recherche En Soins Infirmiers, N° 82(3), 31.

Forward, S. (2009). Toxic parents: Overcoming their hurtful legacy and reclaiming your life. Bantman
Books

Gibson, L. (2015). Adult Children of Emotionally Immature Parents: How to Heal from Distant,
Rejecting, Or Self-involved Parents. New Harbinger publications.

Jacobson, M. (2001). Child sexual abuse and the multidisciplinary team approach: Contradictions in
practice. Childhood, 8(2), 231–250.

McBride, K. (2008). Will I ever be good enough?: Healing the daughters of narcissistic mothers. Atria
Paperback.

Smith, J. (2017). Applications cliniques de l’ICV. Dunod.

Van der Kolk, B. (2015). The body keeps the score: Brain, mind, and body in the healing of trauma.
VIKING.

4
Les liens indiqués sont des liens affiliés Amazon. Si vous commandez un livre à partir de ce lien, vous
me permettez de gagner une commission symbolique. Le prix ne change pas pour vous. Ces
commissions contribuent au financement des frais fixes courants comme les frais relatifs à
l’hébergement de mon site web et aux services de mailing.

33

Vous aimerez peut-être aussi