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Psychopatologie et psychologie clinique de l’enfant

I) La découverte freudienne
1) D’une « clinique du regard » à « une clinique de l’écoute »

Freud a passé son activité à réajuster son positionnement d’analyste auprès des patients, ce qui a laissé place à la
conception de la clinique de l’écoute. En effet, il a pratiqué cette méthode et celle-ci a finalement mis en avant
l’inconscient de ses patients.

a) Les débuts de Freud à la Salpêtrière

Il nait en Moravie, où il passera la majeure partie de sa vie. Il est d’abord médecin, puis parcoure la neurochirurgie
avant d’arriver en psychiatrie. Pour l’époque, psychiatrie = maladie mentale = dysfonctionnement du cerveau =
neurologie. Il est chercheur en anatamo-physiologie et approfondit ses connaissances à la Salpêtrière chez Charcot,
qui, celui-ci sera une rencontre décisive pour Freud à partir de 1885 à Paris.

Charcot est anatomiste-neurologue et s’occupe du quartier des « convulsionnaires » (= hystériques et épileptiques)


de la Salpé. Une nouvelle classe nait : « l’hystérie » et Charcot prône l’observation des symptômes corporels pour
qualifier cette maladie. En effet, pour lui, l’hystérie résulte d’une « auto-suggestion » soit un traumatisme qui
provient d’une idée et agissant à l’occasion d’un évènement précis et déterminant le symptôme.

b) Une maladie légitime

Charcot s’efforce de montrer que l’hystérie est une maladie « légitime » qui provient du cortex cérébral. Pour
Charcot, la topographie des symptomes hystériques ne respecte pas le trajet du système nerveux car l’hystérie est
affective ; un drame personnel qui s’exprime et s’extériorise. Suite à cela, le médecin utiliseras l’électrothérapie : les
symptômes disparaissent mais réapparaissent de l’autre côté du corps.

Après l’électrothérapie, Charcot utiliseras l’hypnose, non pas comme traitement mais pour déclencher de grandes
crises d’hystérie afin de prouver que l’hystérie est due à la suggestion et non à une hystérie « naturelle ».

De retour à Vienne en 1886, Freud ouvre son cabinet et perfectionne sa technique de l’hypnose faisant un rapport à
la société des médecins sur son séjour à Paris et ses recherches aux côtés de Charcot. Il en conclue alors que
l’hystérie n’est pas exclusivement féminine. Malheureusement pour lui, les chefs de service le contredisent :
« l’hystérie vient du terme hysteron et signifie utérus. Comment donc un homme peut-il être hystérique ? Suite à
cette opposition il ne pourra donc enseigner à l’université ni accéder au laboratoire de Brücke. Il décide alors de se
retourner vers Breuer, rencontré en 1880 suite au cas incontournable d’Anna O, qu’il avait étudié.

Freud, désormais neurologue à Vienne, reçoit des patientes se plaignant de « maladies nerveuses » mais il réalise
que malgré toute ses connaissances du cerveau, il ne peut parvenir à les aider contrairement à Bernheim, à Nancy,
qui a découvert « de puissants processus psychiques qui toutefois restent cachés à la conscience de l’homme »
(premières trace de l’inconscient).

 C’est donc l’hystérie qui marquera Freud. Ses patientes sont surtout des femmes « qui souffrent des nerfs »,
c’est-à-dire de symptômes hystériques et d’une souffrance psychique.
Il distingue alors « les paralysies organiques » des « paralysies hystériques » :

Paralysies organiques Paralysies hystériques


Causées par des lésions Insoumises aux lois de
nerveuses l'anatomie
 Savoir  Le "corps", le
biographique "moi"
Séparation entre le sujet
Cause psychique
et son organisme
Refoulée à cause d'une
valeur affective = excès
de sensibilité

Rupture avec la
détermination langagière

  Biologie  Psychanalyse

2) Le cas d’Anna O et la « talking cure »


a) Un exemple de symptômes

Anna O est la seule patiente de Breuer traitée par la méthode cathartique, soit une cure par la parole qui permet de
mettre le patient sous hypnose afin de trouver la trace d’un traumatisme, de la faire « disparaître » de la mémoire et
d’obtenir une guérison = purification.

Freud doit donc cette méthode à Breuer, qui l’utilise auprès d’Anna O en 1880 et la qualifie de talking cure.

Breuer observe aussi que l’hystérique souffre de réminiscences qui sont tenues à l’écart par une dissociation : le
refoulement.

b) La conversion et le dégoût dans l’hystérie

Grâce à Anna O, Freud put conclure que les symptômes sont causés par une idée chargée d’affect et réprimée, c’est-
à-dire que le symptôme cède quand, sous hypnose, le patient remonte au moment de sa formation (ici la patiente ne
peut pas boire dans un verre à cause de dame de compagnie qui faisait boire son chien dans un verre =
hydrophobie). Selon Freud, Anna O refuse de satisfaire son moi, mais paradoxalement satisfait une autre forme de
pulsion : la pulsion sexuelle. En effet, cette pulsion se porte sur de nombreuses régions du corps, s’attachant à de
multiples objets érotisés mais qui n’est pas de l’ordre de la reproduction puisqu’on remarque alors que la bouche
n’assouvie pas le plaisir de boire, donc de vivre = une fore située au-dessus du besoin et de la nécessité =
mortification du corps/ arrêt du désir = se satisfait dans la souffrance mais ne vit plus.

En 1896, dans un article, Freud indique la « conversion hystérique » = processus de défense face à un excédent
sexuel intraduisible mais qui est en connexion avec une représentation et un affect = manifestation corporelle.

 Il conclue alors que la formation d’un symptôme se fait par la « force traumatique » et que « aucun
symptôme hystérique ne peut être issu uniquement d’une expérience réelle mais à chaque fois le souvenir
d’expériences antérieures, réveillées par association, concourt à la causation du symptôme de conversion ».

Après un second évènement dans la vie d’Anna O (vision d’un serpent noir sortant du mur et voulant attaquer son
père malade dont elle s’occupait), la patiente ressenti une profonde angoisse qui l’empêchait de manger et aboutit à
un profond dégoût. Pour Freud, le serpent = symbole phallique = état ambivalent où se bataille l’amour pour le père
mais pousse aussi à le repousser car c’est incestueux.
Suit à ces exemples dans le cas d’Anna O, Breuer parle « d’hystérie hypnoïde » (état pathologie des motions
refoulées) tandis que Freud parle de « névrose de défense » (conflit psychique).

 Si Breuer est ravi des résultats de l’hypnose en termes de « résolution de symptômes », il va être confronté à
ce qu’il n’avait pas prévu : le transfert.

3) Une clinique sous transfert et la naissance d’un nouveau dispositif


a) Le transfert, condition de l’analyse

C’est en effet suite à une séance d’hypnose que Freud est témoin d’un transfert via sa patiente qui se réveille de son
état hypnotique et se jette au cou du médecin. Il nomme ces transferts, en 1985, de « mésalliances » ou de « fausses
connexions » mais c’est finalement en 1920 que, Dora, nommera le transfert comme tel.

Freud découvre alors que c’est le transfert qui fait fonctionner l’hypnose tandis que tout le monde n’est pas réceptif
à la suggestion. Il en conclue que la seule cause de l’irruption du souvenir traumatique qui forme les symptômes est
le transfert.

Suite à cette découverte, Freud recoure simplement au moyen de la parole mais, malgré la collaboration de ses
patients, il réalise que des résistances interrompent la progression. L’obstacle s’avère être une représentation
insupportable des souvenirs pénibles, des vœux inavouables, qu’il faut surmonter lors des séances = recours au
transfert.

b) Par amour de transfert

Lacan considère que le but de l’expérience du transfert est de faire surgir un savoir que même le patient lui-même
ignorait = ambiguïté du rapport de l’individu à un savoir qui lui échappe mais qui agit pourtant sur lui.

Afin qu’une analyse aboutisse, le patient doit s’approprier le savoir qu’il croit être celui de l’analyste alors qu’il le
concerne intimement et pour cela, il n’y a pas d’autres choix que l’amour. « Amour de transfert » = réalité sexuelle
de l’inconscient.

Cet « amour de transfert » se révèlera entre Anna O et Breuer, que lui, ignorait ou déniait, et avait même affirmé
que la sexualité de sa patiente était en sommeil car elle n’en parlait pas, alors qu’elle ne cessait de le mettre en jeu
avec Breuer. Cet « amour de transfert » fera fuir Breuer fin au traitement (suite à la jalousie de sa femme à l’égard
de la patiente de son mari en juillet 1882. Tandis qu’il fut appelé par Anna O car elle avait les douleurs d’un
accouchement hystériques).

Freud en déduit alors que le traitement a porté ses fruits et que l’interruption du traitement avec Breuer a précédé
de quelques mois la guérison. Freud souligne que la méthode cathartique est « un procédé qui réussit, même dans le
cas d’hystérie grave, à empêcher de nouvelles productions de symptômes morbides ». Il pointe là une visée
prophylactique (= une prévention contre les symptômes morbides à venir).

 La méthode cathartique a pour but de révéler les symptômes dont la cause semble accessible et
« actualisable ».

L’étiologie sexuelle est « une réalité sexuelle de l’inconscient » que la patiente fait chercher par l’analyste mais ce
dernier ne doit pas être dupe de ce qui est en train de se jouer dans cette relation = la patiente est poussée à venir
par la médiation avec l’analyste.

Mais une question se pose alors : si Freud est l’inventeur de la psychanalyse, sur qui celui-ci a-t-il bien pu effectuer
un transfert ?
c) Freud et le « désir de l’analyste »
Le transfert à Fliess

Il n’y a pas d’analyse sans transfert. Si Freud a inventé la psychanalyse grâce à ses patients, il l’a également fait à
partir de son « auto-analyse », c’est pourquoi il faut déduire la présence d’un « idéal de savoir », et c’est Fliess.

Freud a toujours admiré Fliess à tel point qu’il le considérait comme « mon autre moi-même ». Il sera surtout
influant durant les fondements de la psychanalyse (1895-1901). Il l’admire à tel point qu’il ne tiendra pas compte des
incohérences de Fliess dans ses études, notamment sur le fait de vouloir soigner une sexualité déréglée de ses
patients, par la cocaïne.

C’est par cette admiration et cette collaboration que l’auto-analyse de Freud débutera en 1897.

L’auto-analyse de Freud

La vie de Freud est le matériel de son analyse. Il laissera seulement le témoignage du travail analytique qu’il a fait sur
lui : analyse des rêves, des souvenirs écrans, oublis, lapsus et actes manqués. Son auto-analyse n’est ni une
introspection, ni une confession mais une analyse au sens strict. Cette auto-analyse commence dans sa relation avec
Fliess qui engendrera une psychonévrose grave.

Il commence par analyser ses rêves dès 1895 et en fait constamment part à son ami. Il ne compte bientôt plus que
sur lui. Durant cette période de souffrance, Freud extrait 2 principes essentiels de la psychanalyse = l’inconscient et
la sexualité infantile (grâce à ses propres symptômes).

d) Association libre et règles fondamentale


L’association libre

Cette règle fondamentale consiste à écouter les dires du patient sans se préoccuper s’ils sont vrais ou faux. Le but est
que le patient dise tout ce qui lui passe par la tête = l’inconscient surgit de ces associations = des expériences
enfouies dans la mémoire font leur retour.

 Si l’inconscient existe, il ne s’affirme pas, il se déduit. La visée de la psychanalyse est de dégager au cas par
cas le savoir de l’inconscient insu du sujet. L’inconscient du sujet est structuré comme un langage et les
formations de l’inconscient l’attesteront.

La psychanalyse est une pratique mais aussi une théorie que Freud appellera « métapsychologie », cad une théorie
de l’inconscient. C’est la clinique qui enseigne à Freud et amène au remaniement perpétuel de la théorie et de ses
hypothèses.

La règle fondamentale

Lorsque Freud accueille ses patients, il doit se mettre à l’écoute du patient et au plus près du sujet. Mais sa position
d’écoute est dépendante d’une règle qu’il énonce au patient en début de séance, une « règle fondamentale » qui
incite le patient à se confier sans restriction = se libérer de toutes contraintes = ne pas rester soumis au bien dire ou
au bien faire.

 La position de l’analyste est de ne pas imposer ses préjugés, ses idées, ses suggestions, ne pas intervenir
sur sa vie ni de le conseiller. Il doit avoir une position de dirigiste.

Le sujet qui parle ne se fait pas sans cadre et sans conditions. Se méfier de comprendre car comprendre = faire
intervenir un jugement. Toute intervention, toute imposition, tout impératif influence les dires du patient qui
cherche alors à se conformer à l’autre, il cherche à se défendre = castration.
4) La théorie sexuelle des névroses
a) La question du « traumatisme » dans la clinique de l’hystérie

Un traumatisme ne date pas, il n’est pas repérable dans une chronologie temporelle mais touche à un « réel
inassimilable » = une logique inconsciente propre à tout sujet, différente d’une « logique de raison ».

Cas de Dora en 1899

Freud va interroger la nature sexuelle de ce qui a fait traumatisme pour le sujet. Il cherche encore à dater son propre
traumatisme sexuel qu’il découvre dans des « scènes de séduction » (16 ans). Pour Dora, c’est l’année de ses 14 ans
aussi qui suscite son dégoût = hystérie de la patiente. (L’incident traumatique dans la vie de Dora est qu’elle subit
des avances de la part de Mr K ; homme chez qui elle est gouvernante lors de ses 16 ans).

Un traumatisme de nature sexuelle

Si cet évènement faisait traumatisme, Dora aurait dû manifester des symptômes qu’à partir de ce moment-là , or
Freud remarque que les symptômes étaient présents bien avant ses 16 ans : cet évènement n’a fait que révéler
quelque chose de déjà présent. La théorie change alors : cette scène est-elle le déclenchant de l’hystérie ? Mais il
n’existe pas de lien logique entre le traumatisme et les symptômes puisque Dora souffre de toux et d’aphonie avant
cette scène «traumatique ».

 Freud quitte alors la théorie du traumatisme pour arriver à celle du fantasme. Le traumatisme serait donc
en rapport avec des scènes antérieures. Mais où situer le traumatisme : quand et comment ?

Durant la cure, Freud doit conserver la théorie du traumatisme car il est en quête du traumatisme et est amené à
remonter dans la vie passée du patient pour trouver les évènements traumatiques explicatifs. Selon lui, le moment
traumatique est un évènement agissant comme « traumatisme sexuel ».

Ici, Dora ressent du dégoût lorsque Mr K fait ressentir une excitation sexuelle pour elle qu’elle avoue à 16 ans lors de
sa cure = aveu = réactivation de la scène traumatique. Mais à force de faire du forcing et preuve de curiosité, Freud
crée un nouveau traumatisme…

Durant la consultation et le traitement l’année de ses 18 ans, Dora fait le récit de ses scènes antérieures poussée par
la curiosité de Freud. Il note alors que certains symptômes remontent à l’époque de ses 8 ans.

 Dans sa quête de la formation de l’hystérie, Freud cherche à dater le traumatisme, à en rechercher la


nature sexuelle afin d’expliquer les symptômes somatiques et psychiques.

Breuer et la « dissociation de la conscience »

Freud et Breuer expliquent dans leurs études sur l’hystérie qu’il existerait chez les hystériques une « dissociation du
conscient », soit que l’hystérie se composerait d’une conscience « normale » et une conscience « hypnoïde ».
L’hystérie était donc dans « hypnoïde ». Ce qui réunit état hypnoïde et hypnose, serait les représentations intenses
« coupées du reste du contenu conscient » : le mécanisme du refoulement sera alors pris comme une opération
d’isolement volontaire de l’idée gênante.

Freud : de la « défense » au « conflit psychique »

Freud pense que le sujet ne veut pas savoir ce qui le dérange (défense), contrairement à Breuer. Freud questionne
l’hystérique pour aboutir à une recherche de type chronologique pour pouvoir dater le moment où le « traumatisme
causal » est intervenu.

1ere topique freudienne (1895-1920)


L’inconscient freudien est le lieu où s’enracinent les pensées et représentations qui, du fait de leur contenu sexuel,
deviennent intolérables pour la conscience = mécanisme de refoulement.

 Il propose alors une topique de l’appareil psychique = Conscient, Préconscient, Inconscient.

Conscient – Préconscient- Inconscient

C’est bien le refoulement qui permet de distinguer les termes de la 1ere topique :

Conscient Préconscient Inconscient

Pas encore
présent à la

conscience Jamais
parviennent
mais remémoré,
éventuellemen
susceptible jamais
t les rejetons
d'y venir et interprété
du refoulé
de fournir le
matériel du
refoulement

Le refoulement est à la fois un mécanisme et un pivot car il fait de l’inconscient en particulier et de l’appareil
psychique, ce lieu où se déroulent les conflits. Les premiers désirs inconscients sont les désirs œdipiens (désir de
prendre la place d’un parent pour être avec l’autre).

Selon Freud, le mécanisme psychique se décrit par :

 Topique : le lieu
 Dynamique : refoulement et résistance
 Economique : énergique
 Libido freudienne

 « Le symptôme hystérique est une formation substitutive entre un désir attaché à la valeur affective et
une défense contre ce désir ».

L’interprétation psychanalytique agit sur les symptômes parce qu’elle est faite de 2 mécanismes psychiques :

- La condensation : un élément du symptôme représente plusieurs éléments du conflit.


- Le déplacement : un élément du symptôme représente un élément du conflit par un trait commun.

Ces mécanismes seront explicités dans la note du travail du rêve, car Freud demande à l’hystérique de se souvenir =
« le sujet sait tout sans le savoir » = insu = inconscient.

2nde topique ( à partir de 1920) : Moi – Surmoi – Ca

b) Du traumatisme au fantasme

Le passage de la théorie traumatique à la théorie fantasmatique est corrélatif au changement d’appréhension de la


vie psychique, soit le passage de l’hypnose à l’association libre et au transfert.

La pratique cathartique

En 1924 Freud proclame que le « procédé cathartique » de Breuer est une phase préliminaire de la psychanalyse.
Freud s’intéresse donc à cette découverte : les symptômes des hystériques se rattachent à des scènes de leur vie
(traumatisme) qui après les avoir fortement impressionné, sont tombé dans l’oubli.
Le principe consiste donc à évoquer sous hypnose, le souvenir de ces scènes et à en provoquer la reproduction
(catharsis).

 Les symptômes résulteraient d’une utilisation anormale de quantités d’excitation non-libérées


(conversion).

Ils appliquèrent donc ce procédé et réalisent qu’en remontant de plus en plus en arrière dans les souvenirs des
malades, en général, jusqu’à la puberté. Mais certaines lacunes poussèrent l’analyse à poursuivre la régression
jusqu’à l’enfance, jusqu’ici, encore, inaccessibles.

Suite à l’analyse du rêve de Dora, les axes de Freud et Breuer divergent : Breuer pense que la dissociation psychique
a pour cause l’absence de communication différente des états de conscience qui feraient irruption dans la
« conscience éveillée, alors que Freud pense que c’est un processus de défense, de refoulement.

 Le transfert sexuel s’observant au cours du traitement des névroses, est pour Freud la preuve irréfutable
de l’origine sexuelle des forces impulsives de névrose.

Du « traumatisme sexuel » à la « sexualité infantile »

Freud passe du procédé cathartique à la psychanalyse grâce à :

 La théorie du refoulement et de la résistance


 L’interprétation des rêves de 1900 et leur connaissance de l’inconscient
 La conception de la sexualité infantile (1905)
 La théorie du refoulement va devenir le pilier sur lequel repose la psychanalyse.

Freud relate que les hystériques rattachent leurs symptômes à des traumatismes inventés et que ces fantaisies
étaient destinées à dissimuler l’activité auto-érotique de la première enfance. Ses dires ont pu être confirmés par
l’observation et l’analyse directe d’enfants très jeunes. Mais ce dernier fera et avouera quelques erreurs plus tard.

Pour Freud, les premières années d’enfance est une période précoce de la vie qui laisse des traces indélébiles. Il est
conscient que cette découverte de la sexualité infantile contredit les valeurs de l’époque.

Suite au refus général et aux indignations de ses conclusions, Freud fut contraint de renoncer à certaines de ses
convictions, cad son inclusion dans le fantasme même du patient = c’est la réalité sexuelle de l’inconscient qui se
joue et qui est parfois mise en scène.

A partir de 1897, Freud doute autant de sa théorie que de sa pratique. Dans une de ses lettres adressée à Fliess en
1925, il fait de la séduction hystérique la plus précoce des 3 types causant les 3 névroses de défense :

1) L’hystérie : De 0 à 4 ans
2) La névrose obsessionnelle : De 4 à 8 ans
3) La paranoïa : De 8 à 14/15 ans

L’apparition des symptômes se fait après-coup d’une association entre une première scène (infantile) et une
seconde (réactivation) : Ex de Dora.

Suite à quoi, le symptôme disparait quand on réussit à rendre conscient le souvenir traumatique et l’affect qui lui est
lié.

 Le symptôme se substitue au souvenir traumatique.

Quelques temps après, Freud substitue à ce supposé traumatisme : le fantasme. Le symptôme n’est que l’expression
déguisée de la réalisation d’un désir qui correspond au fantasme inconscient, ainsi le fantasme alimente le
symptôme et le symptôme recouvre le fantasme.
Freud découvre que son implication personnelle dans la cure de ses patients aurait interférée sur le déroulement du
travail d’élucidation des fantasmes : l’association libre n’est pas vraiment libre car le patient reste soumis à
l’influence de la situation analytique.

 Il n’existe pas qu’une résistance au retour de motion refoulé mais aussi une résistance au transfert.

II) Les formations de l’inconscient


Les formations de l’inconscient sont des actes psychiques qui viennent surprendre dans notre quotidien : rêves,
oublies, lapsus, actes manqués, jeux de mots, symptômes. Le sens de ces manifestations est à déchiffrer et
interpréter. Ce que fera Freud avec ses patients lors des cures mais aussi dans son auto-analyse.

Freud va être confronté aux limites de l’hypnose : si la catharsis fait disparaitre les symptômes, pourquoi ces
symptômes réapparaissent quelques temps après et sous une autre forme ? L’hystérie atteste que le symptôme
n’est certainement pas celui dont il se plaint ; il est autre : le transfert.

Les tentatives de réhabilitation de l’hypnose n’ont pu aboutir car celle-ci possède une antinomie (= contradiction).

 L’abandon de la suggestion au profit de l’association libre est un principe directeur lors des cures.

En 1892, la patiente Emmy von N ordonne à Freud, lors de son analyse, de se taire et de cesser d’intervenir dans le
cours de ses pensées et de la laisser parler librement = passage d’une association forcée par suggestion où le
médecin sait à peu près ce qu’il cherche et veut y conduire son patient, à une association libre. La libre association
permet aussi aux patients de relater leurs rêves.

Le rêve est un « format de l’inconscient » dont le langage permet le déchiffrage et la reconnaissance par un sujet de
son désir. Pour Freud, l’interprétation des rêves est la voie royale qui conduit à la traiter comme un texte sacré.
Freud rapproche le rêve au symptôme névrotique ; le rêve déplace donc la frontière entre le « normal » et le
« pathologique ».

1) Le rêve, « voie royale de l’inconscient »

Freud chercher à approcher le rêve à partir des questions qui ont pu se poser à lui afin d’en cerner, point par point,
les particularités. Pour finalement en conclure, démonstration à l’appui, que le rêve n’est pas une production
neurologique, mais une création psychique inédite.

a) Relation du rêve avec la veille

Le rêve est en rapport avec notre expérience vécue, tandis que les éléments qui le composent, restent énigmatiques.
Nous sommes alors tenté de croire à une activité créatrice indépendante jusqu’à ce que nous retrouvions alors la
trace d’un souvenir ancien. Il y a aussi des rêves qui reproduisent ce que l’on a fait dans la journée.

b) Pourquoi oublie-t-on nos rêves au réveil ?

Le rêve se dissipe au matin mais on peut se le rappeler. Nous savons que nous avons rêvé mais nous ne savons pas
de quoi et admettons que cela est normal. Certains rêves pourtant persistent et ne perdent rien de leur fraîcheur
même après plusieurs années.

Selon Strumpelle, il a plusieurs causes à l’oubli :

 Dû à la faiblesse des sensations et des perceptions des images


 Dû au fait que la plupart des images apparaissent qu’une fois
 L’isolement de certaines images et leur manque de clarté selon la composition des rêves
 Dû au peu d’intérêt que l’on porte à nos rêves car c’est le désir de se souvenir qui provoque son maintien

c) Les particularités psychologiques de rêve : l’interprétation

Le rêve possède sa logique propre et est régi par des processus inconscients et psychiques précis. Les théories
scientifiques ne laissent aucune place à l’interprétation ; elles ne s’intéressent qu’au rapport de causes à effets, sans
se soucier de la cause.

Tandis que Freud dit qu’il est possible d’interpréter les rêves, de leur donner un sens et de remplacer son matériel
par du sens pour lui donner une signification. Mais pour cela, il faut savoir comment s’est opérée la substitution
entre le matériel caché inconnu et celui qui apparaît au réveil.

2 méthodes sont utilisées pour l’interprétation du rêve :


a) Cette méthode sert à substituer un contenu intelligible : c’est une interprétation symbolique qui sert à
rendre au rêve sa dimension subjective.
b) La seconde méthode est une méthode de déchiffrage. Le rêve n’apparaît pas ici comme une formation de
l’inconscient mais comme une production universelle traduisible dans une langue fixe qui méconnaît le désir
qui est à l’œuvre.

Les récits de rêve des patients apprennent, au contraire à Freud, que celui-ci peut être inséré dans la suite des états
psychiques que l’on retrouve dans nos souvenirs en partant de l’idée pathologique. Le rêve est à traiter de la même
façon que le symptôme.

 Selon Freud, chaque fragment du rêve sera relié aux pensées propres du rêveur. L’analyse porte sur des
détails et non sur une masse. Les rêves de Freud constituent la majeure partie du matériel clinique de la
Traumdeutung où il se livre à l’analyse et l’interprétation des rêves.

Méthode d’interprétation

Analyser un récit préliminaire qui permet d’éclairer les pensées inconscientes du rêve révélées ensuite grâce à son
déchiffrage. La signification du rêve apparaît dans une certaine angoisse et après analyse, le rêve expose les faits tels
qu’il aurait souhaité qu’il se passe. Son contenu est l’accomplissement d’un désir.

2) Le rêve, l’accomplissement d’un désir


a) Le rêve de facilité

Dans certains rêves, le caractère de désir prend la signification du besoin et il apparaît de façon très claire. Ainsi,
dans les rêves de «commodité » la sensation de soif fait naître le désir de boire, et le rêve montre ce désir réalisé.
Freud, lui, est rare qu’il soit réveillé par un besoin. Mais s’il réussit à apaiser sa soif dans le rêve, il n’a donc plus à se
réveiller pour boire réellement.

 Le rêve remplace l’action.

b) Les rêves des jeunes enfants (ex du rêve d’Anna Freud)

Le rêve des jeunes enfants s’appuie sur une réalisation naïve de désirs, sans énigmes. Freud mentionne alors celui de
sa fille, Anna, âgée de 19 mois et il souligne que les mots dits par les enfants durant leur sommeil fait partie
intégrante du rêve.

Anna avait été mise à la diète la veille suite à des vomissements pour avoir mangé trop de fraises. La nuit qui suivi
elle cria « F.eud, f.ises, g.osses, f.aises, flan, bouillie ».
Nous remarquons qu’il manque le R dans chaque mot. Ce manque indique la privation à laquelle elle a été contrainte
et son refus d’y obtempérer. Le rêve est une réponse de refus, d’opposition. Pour autant, il faut un manque pour
désirer et c’est ce qui anime le rêve dont le désir est celui aussi de retrouver l’objet perdu, ici la fraise = c’est un rêve
contraire au bonheur de l’enfance.

 Freud admet alors que les enfants commencent assez tôt à avoir des rêves plus compliqués, moins clairs
car nous retrouvons aussi chez l’enfant, les cauchemars. Il se demande alors si les rêves pénibles chargés
d’angoisse sont, eux aussi, des rêves d’accomplissement de désir, puisqu’à première vue ils paraissent en
contradiction avec les rêves.

c) La déformation du rêve

Après interprétation, les cauchemars s’avèrent être des rêves d’accomplissement de désir. La déformation du rêve
rend compte de cette inaccessibilité de désir énoncé dans le rêve car les pensées du rêve peuvent subir des
déformations pour dissimuler ce qui est réellement en jeu = tendance à résister de la part du rêveur.

D’où vient cette déformation ?

Freud y répond en prenant pour exemple un de ses rêves et parle de sacrifice personnel que d’étaler sa vie intime. Il
explique que la déformation est voulue, elle est un procédé de dissimulation. Ici, l’injure est remplacée par l’opposé ;
la tendresse.

 Ainsi, là où l’accomplissement du désir est méconnaissable, déguisé, on peut affirmer qu’il y a une
tendance à se défendre contre lui : il n’a pu s’exprimer que déformé. Plus la censure sera sévère, plus le
déguisement sera complet, plus les moyens de faire saisir le sens caché au lecteur seront ingénieux.  

d) « Le rêve est la réalisation inconsciente d’un désir refoulé  »

Ex. du rêve de la belle bouchère

« Vous dites toujours, déclare une spirituelle malade, que le rêve est un désir réalisé. Je vais vous raconter un rêve qui
est tout le contraire d’un désir réalisé. Comment accorderez-vous cela avec votre théorie ? Voici le rêve : Je veux
donner un dîner, mais je n’ai pour toutes provisions qu’un peu de saumon fumé. « Je voudrais aller faire des achats,
mais je me rappelle que c’est dimanche après-midi et que toutes les boutiques sont fermées. Je veux téléphoner à
quelques fournisseurs, mais le téléphone est détraqué. Je dois donc renoncer au désir de donner un dîner. »

Pour analyser son rêve, Freud se sert des éléments que sa patiente a confiés lors de ses cures :

- Son mari souhaiterait un sandwich de caviar tous les matins, ce qu’elle refuse afin de le taquiner
- La jalousie qu’elle éprouve pour une de ses amies dont son mari dit toujours du bien et qu’elle ne veut pas
recevoir ni engraisser pour ne pas la rendre plus attractive aux yeux de son mari.
 Au terme de cette analyse, comme le précise Lacan, le caviar est le signifiant d’un désir insatisfait. Freud
peut légitimement conclure que sa patiente « s’est donné dans la vie réelle un désir qu’elle se refuse de
combler ».

Freud note au long de son œuvre, la difficulté du sujet à se remémorer et à formuler ce qi constitue le travail de
l’inconscient. L’absurdité du rêve est, selon lui, un obstacle à la remémoration, puisque le rêve apparaî souvent sous
forme absurde et énigmatique.
 2 chaînes d’association obéissant à 2 logiques différentes :
- Téléscopage d’une chaîne refoulée = « latente »
- Téléscopage d’une chaîne actuelle = « manifeste »

Deux temporalités : diachronique et synchronique

 Temporalité diachronique : caractérise la logique consciente et ordonnée. Cela se retrouve dans le contenu
manifeste du rêve, lorsque le rêveur cherche à associer les signifiants entre eux, à comprendre et à formuler
le contenu de son rêve.
 Temporalité synchronique : caractérise la logique inconsciente. Les associations signifiantes se font par
similitude, assonance. Elle correspond au contenu latent des pensées inconscientes du rêve.

 Le moteur de ces déplacements et condensation est le « wunsch » (le vœu), qui s’appuie sur un manque
fondamental et grâce auquel le sujet peut maintenir son désir de dormir = « le gardien du sommeil ».

En travaillant sur les défenses, ou résistances, la psychanalyse vient faire émerger par la parole, les associations
inconscientes qui sont à l’origine des symptômes.

3) Le travail du rêve

Selon Freud, le rêve n’est pas la simple mémoire des évènements d’une journée mais une structuration psychique
issue d’une lutte entre des éléments « refoulés » et la conscience du sujet = expressions d’un désir refoulé de
l’inconscient.

a) Le matériel du rêve

Si le rêve est l’expression d’un désir refoulé, le matériel utilisé et qui va lui donner un contenu, touche aux souvenirs.
D’une part, des expressions récentes et indifférentes et d’autre part des souvenirs d’enfance.

L’évènement récent et les souvenirs anciens sont donc liés entre eux par une chaîne d’association. Ainsi, l rêve
provoqué par quelque évènement récent, se nourrit à notre insu d’éléments de n’importe quelle époque de notre
vie pourvue qu’une chaîne d’idées les relie aux évènements du jour du rêve = libre association.

Mais ce qui surprend toujours le rêveur, c’est l’importance majeure qu’un petit évènement du quotidien qui
paraissait anodin. Ce qui lui donne une telle ampleur est bien sûr l’affect qui s’y rattache. En effet, le désir demeure
toujours actif chez un sujet, même s’il est inconscient et cherche en permanence à se réaliser : mais il ne va pas
surgir d’un coup. Ce désir va prendre toutes sortes de formes dot celle du rêve et va saisir toutes les occasions pour
rappeler sa présence.

 Les rêves se ramènent tous à des souvenirs et à des désirs infantiles aujourd’hui refoulés mais qui
continuent à agir dans notre inconscient.

b) Le travail du rêve proprement dit

Pour échapper à la censure du système conscient, l’inconscient du rêveur doit reformer l’expression du désir dont
est porteur le rêveur ; il doit déformer son vrai contenu. Le contenu est au plus près de l’inconscient (processus
primaire = 2eme topique).

Ce que Freud nomme le processus secondaire caractérise plutôt le système de la 1ere topique : les éléments, les
associations subissent le poids des concepts et de la pensée raisonnée.
L’oublie du rêve se fait par le décalage effectué au passage du contenu latent au contenu manifeste. D’où
l’importance que le contenu manifeste du rêve soit interprétée par l’analyste afin d’avoir accès au contenu latent,
cad au désir qui a présidé la constitution du rêve.

 Selon Lacan, l’interprétation des rêves est une « voie royale » pour comprendre le fonctionnement de
l’inconscient qui est, pour lui, « structuré comme un langage ».

c) La censure

L’inconscient est constitué d’une multitude de pensées, de sentiments et d’affects refoulés par l’opération d’une
censure = mettre à l’écart de sa conscience ce qui touche à l’impensable, à l’inassimilable, et au fond, à l’inavouable.
Mais même malgré la censure, ces éléments restent actif et réapparaissent à la conscience.

 Cette motion refoulée de réapparaitre déguisée lors de son affaiblissement durant le sommeil. Quand le
rêve est affectivement chargé, il peut apparaître de manière crue dans le rêves = « rêves d’angoisse ou
cauchemar ».

4) La grammaire du rêve

Freud repère 4 mécanismes qui constituent une véritable « syntaxe de l’inconscient » = condensation, déplacement,
figurabilité et élaboration secondaire.

Condensation et déplacement sont utilisés pour travestir le désir inconscient. Ces 2 mécanismes sont spécifiques au
processus primaire et s’apparentent à 2 modalités linguistiques que sont la métaphore et métonymie.

a) Condensation et métaphore

Le travail du rêve a toujours pour but de former une image unique et donc, une représentation peut condenser de
différentes manières : par omission, par fusion, par néologisme (= mot nouveau ou détourné de sa langue d’origine).

Le processus primaire (l’inconscient) tend à retrouver des perceptions par des représentations nodales (= qui est le
point essentiel d’une question). Par exemple, la condensation dans l’approche de certains symptômes  : « le
couteau » qui déclenche une réaction phobique peut aussi condenser les significations de pénétration, de meurtre et
de castration.

 Certains organes du corps ou mots qui les désignent, peuvent condenser différentes significations.

Le processus secondaire (le souvenir du rêve) est un condensé des pensées latentes « censurées ». Ce mécanisme
de condensation se repère d’une façon générale dans les formations inconscientes (rêves, lapsus, symptômes).

 La condensation semble plus appropriée que d’autres mécanismes à faire émerger le désir inconscient en
déjouant la censure même si elle rend plus difficile la lecture du récit manifeste du rêve.

Pour Lacan, la condensation s’apparente à ce que la linguistique nomme métaphore ce qui consiste à désigner une
chose ou une personne par une autre qui lui ressemble ou partage avec elle une qualité essentielle = substitution
d’un signifiant à un autre, ou un transfert de dénomination.

b) Déplacement et métonymie
L’autre mécanisme de déformation du rêve est le déplacement qui tend à renverser les valeurs, travestir le sens,
rendre obscure au niveau manifeste, ce qui était signifiant au niveau latent.

Cette notion est apparue devant la nécessité clinique de prendre en compte une certaine dissociation entre :

- Les facteurs quantitatifs, les affects


- Les facteurs qualitatifs, les représentations psychiques
- La formation d’un symptôme
- La formation du rêve
- La force affective attachée au rêve
 La notion de déplacement s’apparente à ce que la linguistique nomme la métonymie (remplacer un mot
par un autre tout en désignant une partie de ce qu’il signifie. Ex : « la ville » à la place « des habitants de la
ville »). Dans les rêves, un déplacement de sens opère : l’accent est mis sur l’accessoire au lieu de
l’essentiel.

c) Entre métonymie et métaphore

Lacan s’est servi de ce parallèle en donnant un véritable statut psychanalytique à la métonymie et la métaphore.
C’est le glissement du signifié sous le signifiant qui conditionne la transposition. Ainsi il n’y a pas de symbolisme.
Comme un langage de l’inconscient par la métaphore et la métonymie. Chaque image dans ces rébus doit être
déchiffrés par une syllabe ou un mot, être lue comme une lettre pour donner sens au texte et déchiffrer «  la langue
perdue ».

d) La figurabilité

La « mise en scène «  = le rêve exprime les moyens dont le travail du rêve dispose pour indiquer les relations entre
les pensées : la simultanéité, les relations causales, l’alternative, l’opposition, la contradiction ; expliquent d’autres
signes et en sont les indices.

« L’image » est la loi d’expression du rêve. Freud fait l’hypothèse que la dominance visuelle des souvenirs d’enfance
se trouvait dans le primat du visuel du rêve, comme si la scène infantile ne trouvant pas à se rejouer, se transposait
dan l’actuel de la scène du rêve.

 Le rêve donne prise à tes interprétations d’images qui ne sont pas seulement visuelles. Une parole ou un
mot, dans le rêve n’auront pas leur sens verbal mais d’abord une signification d’image par rapport aux
autres images. La condensation et l’élaboration secondaire participent à une dramatisation qui est à la fois
une scénarisation et une « mise en image ».

e) L’élaboration secondaire

L’élaboration secondaire est un remaniement des éléments, une réécriture ou une « scénarisation secondaire » qui
permet le souvenir du rêve et du récit.

Elle signe une présence de la censure dans le moment du rêve, intervenant d’emblée sur le déplacement, la
condensation et la mise en images.

Nos rêves ne sont pas tous interprétables, un nœud de pensées que l’on ne peut défaire rattache le sujet à l’inconnu.

Freud remarque la difficulté de ses patients à raconter leurs rêves. Une censure opère dans le rêve et une résistance
opère après le rêve. Ce sont les associations d’idées données par le patient qui guident l’interprétation. Et c’est à ce
niveau que nous repérons la résistance : le patient n’associe pas ou oublie certains fragments du rêve. Les blancs se
font bien sûr là où les choses sont les plus importantes. La manière dont « ça rate » est significative.

Le désir refoulé est le résultat d’une lutte entre, d’une part l’inconscient, qui pousse les motions refoulées à
s’exprimer pour sa propre satisfaction et d’autre part, le conscient qui lui ne veut rien savoir de ces motions.

f) Le rêve freudien de l’injection à Irma

1900 : Le premier rêve à être déchiffré, est pour Freud celui de l’injection d’Irma, rêve personnel de Freud et analysé
par lui. Il marque en cela le début de l’auto-analyse de Freud :

Irma est une malade, amie de la famille avec qui il a des difficultés puisqu’elle va mieux mais est certainement
améliorée par le « traitement » de Freud mais qui conserve certains symptômes (notamment une tendance aux
vomissements).

En 1895, Freud considère comme un grand succès d’avoir pût expliquer ce rêve dans tous ses détails, par le désir de
se décharger de sa responsabilité dans l’échec du traitement d’Irma. Si Freud insiste sur ce rêve, c’est qu’il tire de
l’analyse de ce rêve, cette vérité qu’il pose comme première, que le rêve est toujours la réalisation d’un désir, d’un
souhait.

 Le contenu du rêve est donc « l’accomplissement d’un désir », son motif est un désir. Après complète
interprétation, tout rêve se révèle comme l’accomplissement d’un désir.

5) Psychopathologie de la vie quotidienne


a) Les actes manqués

L’ouvrage de Psychopathologie de la vie quotidienne révèle la signification symptomatique de manifestations


apparemment anodines du quotidien, de façon à montrer que ces « ratés », à priori insignifiants et fortuits, relèvent
de cette logique de l’inconscient et du refoulement, à l’œuvre dans d’autres productions psychiques.

Dès 1898-1899, Freud avait révélé, à travers de mécanisme psychique de l’oubli et le fonctionnement des souvenirs-
écran, souvent anodins mais ayant pour fonction de recouvrir des traces mnésiques signifiantes, le travail secret du
refoulement. Freud repère des manifestations dont le refoulement est la motivation ultime. Ces manifestations ont
une causalité « psychiqueé et, non un déterminisme qui ne prend pas en compte la part de responsabilité du sujet.

L’acte manqué met en jeu des signifiants qui sont propres au sujet, aussi ne pouvons-nous pas en généraliser
l’interprétation.

Le moteur du lapsus, c’est le désir, la pulsion sexuelle. Néanmoins ces deux termes, bien que présentant une
homophonie, ne résout pas le lapsus au niveau du choix du mot. Le désir du sujet s’y révèle à son insu, mettant à
jour la division subjective entre conscient et inconscient. Le lapsus utilise les similitudes entre les éléments
condensés ou déplacés ; il n’y a pas e cause entre eux.

 C’est dans les phonèmes que l’inconscient se saisit.


b) L’oubli

Le sujet de l’oubli

L’oubli dont il est question n’est pas à confondre avec le « trou de mémoire ». Ce manque dans le procès de la
remémoration revendique un sens propre qui ôte le droit de l’oubli. En effet, l’oubli a une cause  : le sujet inconscient
est tel qu’il oublie en connaissance de cause, même si c’est à son insu. A la question du pourquoi  ? Nous sommes
renvoyés au refoulement. La psychanalyse ne cesse d’attester cependant qu’il existe bel et bien un « sujet » à cet
oubli ; et tout en mettant une part de soi-même hors-jeu, il se met par là en jeu. Disons qu’on oublie de manière
significative.

L’objet de l’oubli

L’oubli se donne comme un véritable défi. Freud travaille à cette tache de cohérence. «  Souvenirs » et « oubli »
doivent être pensés comme deux faces d’un phénomène. L’oubli n’est certes pas la s  »simple privation de
souvenir ». L’oubli est un moment de vérité du souvenir. Freud s’appuie sur la théorie des rêves pour l’attester  : ce
qui a été oublié fait retour sur la scène de la conscience toujours sous les aspects de la surprise, de manière
inopinée.

c) Faus souvenirs ou souvenirs écrans

Le faux souvenir est bien plus qu’un souvenir imparfait, c’est un souvenir erroné produit par le sujet. Cette fausse
réminiscence suit l’oubli comme son ombre. Cette illusion entretenue par le faux souvenir culmine dans ce
phénomène du déjà raconté qui surgit au cours du traitement psychanalytique.

Il n’est pas très important que ce souvenir se rapporte ou non à un évènement réel de l’enfance. Mais il y a quelque
chose de significatif dans le fait qu’un tableau qui est construit comme un rêve et où le désir joue un rôle, renvoie à
l’enfance.

Trouble mnésique ou déni remarquable ?

Le sujet s’est créé de toute pièce un « souvenir de récit » dont il défend la véracité de manière symptomatique. Ce
déjà raconté peut-être rapproché du déjà vu ou du déjà su. Avoir oublié ou avoir déjà raconté relève de la même
logique et trouve son origine dans l’inconscient. Ces formations révèlent la logique du sujet inconscient qui est aux
prises avec une temporalité qu’il dénie. Les lois de la conservation des souvenirs de la petite enfance se révélaient
surprenantes des évènements importants et frappants souvent ne laissent aucune trace, tandis que d’autres
souvenirs dont l’insignifiance étonne, sont remémorés mais plus encore avec une ultra-clarté.

Freud avance que « dans la vie psychique, ce qui a été formé peut guérit ». Les représentations ne sont pas plus ou
moins oubliées ou plus ou moins maintenues.

 Freud parle donc d’un véritable principe de conservation de matière psychique. En conséquence, « si tout
demeure conservé d’une façon ou d’une autre », cela signifie que tout est susceptible « de réapparaitre
dans certaines conditions appropriées ». L’oubli est inversé en mettant le sujet face à justement ce qu’il
avait oublié.

La technique du mot d’esprit (néologisme)

Le néologisme ainsi formé est issu du mélange de deux composantes : ex. avec les mots FAMILIERE et MILLIONNAIRE
= (fa)MILLI(onn)aire.

Il s’opère une condensation entre « familière et millionnaire » qui fait surgir un signifiant nouveau = le mot d’esprit.
Ce sont les éléments verbaux qui sont considérés grâce à la présence d’une syllabe identique (mill) dans les mots
« famille » et « millionnaire ». Le jeu de mots suggère un sens assez aisé à repérer, quelque peu ironique voir
cynique.

 « C’est la fabrication d’un mot inconscient, incompréhensible en lui-même, mais instantanément compris
et identifié comme un mot plein de sens dès qu’il apparait dans son contexte ».
d) La « sanction » du mot d’esprit par l’Autre

Freud dégage deux cas :

- Dans le plus simple des deux, la satisfaction de la tendance se heurte à un obstacle extérieur qui se trouve
contourné par le mot d’esprit.
- Il en va autrement lorsque ce ne sont pas des facteurs extérieurs mais un obstacle d’ordre interne qui
empêche la réalisation directe de la tendance, cad lorsque c’est une motion interne qui s’y oppose.

Grâce au mot d’esprit, la résistance apparue se trouve surmontée, la censure est contournée, l’inhibition levée. Le
plaisir procuré s’en trouve dès lors bien plus élevée. Autrement dit, je peux m’autoriser à dire ce qu’il en est de mon
désir mais à la condition que cela soit dit avec esprit.

 C’est dans la rétroaction que le plaisir se transforme en jouissance : l’Autre sert à vérifier et à authentifier
la pertinence de la production inconsciente. Il fait écho comme si, via l’Autre, mon propre plaisir
rétroagissait.

III) Le symptôme
1) L’infantile et la structuration du désir

Freud considère que la sexualité humaine se passe en 2 temps :

- Une première poussée qui a lieu lors de la toute première enfance


- Une seconde au moment de l’adolescence

Entre ces 2 temps, il y a une période dite « latente » où les pulsions sexuelles font silence.

Il y a donc 3 grandes périodes dans la sexualité :

- L’enfance (à la sortie du complexe d’Œdipe)


- Latente (qui se termine à la puberté)
- Puberté

a) Complexe d’Œdipe et complexe de castration

Le phallus

A la sortie du stade dit « anal », le sujet entre dans le stade phallique. Les pulsions s’unifient sur la région génitale,
on ne parle que du phallus car le sexe féminin n’est pas représentable dans l’inconscient. Pour l’enfant, la mère
comme le père ont un pénis = C’est « le primat du phallus » (1920)

La petite fille ignore l’existence du vagin, même si elle ressent du plaisir à cet endroit, elle pense que son clitoris est
un petit pénis qu’elle espère voir pousser.

 Lors de la phase Œdipe/ castration, l’enfant perçoit la petite différence entre la fille et le garçon et le couple
« actif/passif » se transforme en « phallique/châtré ».

Chez la fille

La fille change d’objet du moment de l’Œdipe, de la mère elle passe au père alors que le garçon garde la mère. C’est
en 1923 que Freud propose une distinction essentielle qui se base sur le complexe de castration : Le premier objet
d’amour de la fille, tout comme le garçon, est sa mère mais arrivé au stade phallique, celle-ci découvre que l’enfant
qu’elle souhaite faire à sa mère n’est pas réalisable et en veut à sa mère de l’avoir châtré.

Après cela, la fille va désirer le pénis dont elle est dépourvue et se tourne alors vers son père qui le possède = mise
en place à la castratrice et découverte de la mère comme castrée = entrée dans le complexe d’Œdipe. L’envie de
pénis entraîne alors le désir d’un enfant du père puisqu’elle ne possède pas de phallus. L’enfant porte alors la
marque de la perte, de la castration.

Après cette phase, la fille est toujours en demande de la part de sa mère, dont elle est couvent déçue et reportera
donc son amour sur son mari. Lacan nomme cette phase « l’au-delà d’Œdipe ».

Chez le garçon

La sortie de l’Œdipe se fait par castration et disparait même car le garçon à la crainte, inimaginable, que le père
puisse se venger de son désir sexuel par sa mère et pourrait le priver de son organe viril. Il oublie alors sa mère et
s’identifie à son père qui représente l’idéal (nécessaire pour la construction du surmoi).

b) Le petit Hans et son symptôme

Pour illustrer la recherche de l’enfant, à l’arrivée d’un nouveau-né.

Dans un premier temps, le sujet est angoissé sans savoir pourquoi (temps fécond). Il faut alors que l’enfant trouve un
objet afin de calmer ses interrogations, la marque de tendresse de sa mère, et le sexe féminin.

Selon Freud, les angoisses sont liées au refoulement qui a eu raison des aspirations libidinales qui empêchent
l’angoisse et de reconvertir en libido, pour Hans = angoisse de castration.

Dans un second temps, le déclenchement de la phobie car l’angoisse est parvenue à se localiser sur un objet
déterminé. Désormais, le sujet n’affrontera ses angoisses que s’il rentre en contact avec cet objet. Mais pour Freud,
ces angoisses laissent le sujet en vigilance permanente, puisqu’une rencontre avec ledit objet redéclenche une
angoisse ce qui ne permet pas la disparition totale de l’angoisse (pour Hans, son angoisse sont les chevaux).

2) Le sens du symptôme

En médecine et en psychiatrie, le symptôme se définit comme un trouble significatif d’un état morbide :

- En médecine : signe d’un dysfonctionnement


- En psychanalyse : expression d’un conflit psychologique

La visée ne sera certainement pas d’annuler le symptôme mais bien de le repérer et interpréter son sens (médecine
différent de la psycho).

(Exemple de la femme qui reproduit chaque jour la scène, significative de la nuit de noces avec son mari impuissant,
draps, encre rouge et la bonne).

Selon Freud, le symptôme peut être « verbalisé » grâce à l’association corps/paroles qu’il arrive à déchiffrer, il va
apprendre de la bouche de l’hystérique que le corps est articulé comme un langage (ex. d’Anna O).

 Si l’interprétation psychanalytique faite de mots, agit sur le symptôme, c’est qu’ils ont la même structure.

En 1897, Freud avance que les fantasmes sont élaborés à l’aide d’un matériel constitué à partir de choses entendues
et utilisées après-coup.

Quelques mois plus tard, il énonce une découverte décisive : la première force motivante dans la formation des
symptômes s’avère être la libido, cad que les scènes traumatiques auxquelles les hystériques attribuent leurs
symptômes, sont en fait des scènes fantasmes en rapport avec une réalité psychique différente de la réalité.
A partir de 1899, le but pour Freud n’est plus de remonter dans le passé vers un évènement traumatique mais
d’entendre le désir, le fantasme. D’où la nouvelle technique de la libre association.

a) Le symptôme est une métaphore

Le signifiant (S1) devient l’emblème de la terreur. Et les signifiants (S2, Sn). Ils ont reliés par une série
d’enchainement que Freud désigne de chaîne associative et Lacan la nommera « chaîne signifiante » :

Ecriture de la métaphore : S1/ S2, S3, Sn…

b) Le symptôme, entre sens et jouissance

Freud s’est interrogé sur la répétition : en effet, les patients répètent des expériences qui ne s’inscrivent pas du côté
du plaisir. Pour Freud, la répétition ente à la fois d’annuler « ce qui fait traumatisme » pour le sujet et de le maîtriser.

Pour Lacan, ce phénomène va être conceptualisé sous le terme de « réel » = ce qui est impossible à dire, à
symboliser.

Pour Freud, le symptôme va rapidement prendre 3 valeurs :

1) Le message adressé à l’autre, un « signe »


2) La métaphore du sujet
3) Le mode de jouissance pour le sujet

 Ces 3 valeurs vont définitivement sortir le symptôme du champ médical, de la clinique du regard. A travers
le symptôme, le sujet s’adresse à l’Autre mais se fait aussi représenter en tant que le sujet auprès d’un
autre signifiant.

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