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Séances 6 et 7 – Année universitaire 2023-24

PST002 Introduction à la psychologie clinique

PST 002 Introduction à la psychologie clinique

Séances 6 et 7

L’approche psychanalytique de Sigmund Freud (1856-1939)

1. Présentation de l’œuvre
• De l’hypnose à la méthode cathartique
• L’invention de la psychanalyse
• L’institution psychanalytique
• Extension de la psychanalyse
2. Carte de l’appareil psychique
• 1 topique
ère

• 2 Topique
ème

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Séances 6 et 7 – Année universitaire 2023-24
PST002 Introduction à la psychologie clinique

L’approche psychanalytique de Sigmund Freud (1856-1939)

1. Présentation de l’œuvre

Sigmund FREUD inventeur de la psychanalyse s’est intéressé à l’hystérie après avoir suivi les cours de Charcot. En
collaboration avec ce dernier il utilisa l’hypnose comme méthode de soin des troubles psychiques.

Parti d’une recherche sur l’étiologie des névroses, la théorie freudienne s’applique à l’homme normal comme au
sujet malade ; elle décrit l’organisation de l’appareil psychique en s’appuyant principalement sur la notion
d’inconscient.

Freud, devenu médecin, rencontra cette catégorie de malades qu’on appelait des « nerveux » et qui, vu leur
résistance remarquable à toutes les thérapeutiques, étaient pour les médecins un perpétuel sujet de
découragement. En effet, ceux-ci présentaient des troubles, accompagnés de réelles souffrances, mais sans
aucun lien avec une lésion organique observée.

Charcot se basant sur l’observation en tant que moteur de connaissances a dressé un tableau des symptômes
propres à l’hystérie en distinguant des nuances jusqu’alors inaperçues.

Pour observer correctement l’hystérique, on ne pouvait plus se contenter d’inventorier ses symptômes comme
s’ils étaient isolés du reste de la personne ; il fallait replacer toutes les expressions de la maladie dans
l’ensemble de l’existence du sujet, sans excepter les explications qu’il était peut-être à même de fournir sur son
histoire personnelle et la genèse de ses troubles. Dès l’instant que l’hystérique n’était plus un simulateur, il
fallait l’inciter à parler librement, puisque, après tout, il était mieux informé que quiconque des incidents ayant
compromis sa santé.

L’importance qui revenait désormais à l’expression verbale des troubles eut aussitôt pour conséquence des
changements techniques décisifs, car Freud, devenu attentif à ce qu’il entendait autant qu’aux symptômes
visibles, ouvert aussi à toutes les dispositions nouvelles dont ses malades prenaient l’initiative, amena les
hystériques à collaborer activement à l’élucidation de leur propre mal.
Freud ayant vu, à Paris, Charcot se servir de l’hypnose pour créer et supprimer des symptômes, il en avait déduit
logiquement que « l’hystérie se comporte dans ses paralysies et autres manifestations comme si l’anatomie
n’existait pas ou qu’elle n’en eût aucune connaissance ».

La technique des associations libres

Par la technique dite des associations libres, Freud compensa par le raisonnement déductif, les difficultés
d’observation directe, dues à la résistance des phénomènes inconscients.
L’hystérie vécue dans la cure menait régulièrement à des souvenirs oubliés ayant un lien avec l’origine des
symptômes. La psychanalyse commençait à s’affirmer comme une science indépendante. Freud vivant une crise
personnelle pris la décision de s’analyser lui-même en partant partir de ses rêves en s’attachant à la signification
cachée de ceux-ci – le contenu latent. Il s’agissait de trouver un sens à quelque chose qui n’en avait pas, le
raisonnement déductif ne suffisait plus à la connaissance du matériel observé ; il fallait le compléter, voire le
remplacer provisoirement par une forme de pensée purement analogique.

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Freud travaillera sur les observations – rêves, lapsus, actes manqués et symptomatiques, mots d’esprit, … Et se
lance dans l’interprétation au lieu de raisonner sur des données bien établies.

Certains de ses élèves se démarqueront de lui sur la façon d’interpréter la libido, qui sous-tendait
maintenant toute la théorie. Pour Freud, en effet, la libido ou énergie sexuelle était un fait à la fois
biologique et psychique, quelque chose, donc, qui ne se manifestait pas seulement à travers des
symboles interprétables, mais aussi, comme toute énergie, à travers des phénomènes concrets
susceptibles d’observation et de mesure (il parlait de quantités, de charges, de décharges, etc.). Or
cette conception fut le point de départ de graves dissensions, les uns (Adler) ôtant à la libido son
caractère sexuel pour ne lui laisser qu’un sens agressif, tandis que les autres (Jung) l’élargissaient
d’emblée aux proportions d’une énergie universelle, ce qui revenait encore à la désexualiser et à ruiner
la base même de l’édifice théorique.

1ère phase (1883-1893) : de l'hypnose à la méthode cathartique

Catharsis : méthode psychothérapique reposant sur la décharge émotionnelle liée à l’extériorisation du souvenir
d’évènements traumatisants et refoulés.

Le champ des névroses commence à être distingué du champ des maladies avec lésions et de la simulation : il
existe des troubles fonctionnels sans lésion, mais provoquant une réelle douleur psychique pour le patient.

Quelle est l’origine de ces troubles névrotiques et du plus exemplaire d’entre eux, le plus spectaculaire aussi,
l’hystérie ? Freud, en recherchant l’origine des troubles névrotiques donc le plus spectaculaire l’hystérie se
tourne vers Charcot.

L’hypnose permet à Charcot et ses disciples de l'École de la Salpêtrière de démontrer que les troubles
hystériques ne sont pas lésionnels, puisqu'ils disparaissent sous hypnose. Bernheim essaye d’utiliser celle-ci
pour soigner, en énonçant que l’hystérie est un trouble psychologique. Mais l’hypnose n’est pas toujours
efficace et les théories n’expliquent pas son fonctionnement. Hippolyte Bernheim théorise la suggestion comme
explication de l’origine du trouble et comme moyen thérapeutique. Freud conduit une de ses patientes Emmy
von N. chez Bernheim pour traiter son hystérie ; c'est un échec, confirmé par la patiente, qui demande alors à
Freud de cesser toute hypnose et toute suggestion, mais de l’écouter.

Le cas d'Emmy Von N. permet à Freud de poser d'une part l’hypothèse que l’hystérie est la conséquence d’un
traumatisme sexuel subi pendant l’enfance et, d’autre part, qu'en faciliter l’évocation consciente permet de
guérir les symptômes hystériques. Aucun des prédécesseurs de Freud n’avait émis cette hypothèse et n’en avait
tiré une pratique thérapeutique reproductible, sans hypnose, sans suggestion, par l’évocation des
traumatismes sexuels infantiles grâce à la parole et à la prise de conscience.

Deuxième phase (1893-1905) : l'invention de la psychanalyse

Les thérapies engagées par Freud sur la base de ces hypothèses le conduisent à découvrir que tous ses patients
n’ont pas subi de réels traumatismes sexuels dans leur enfance : ils évoquent des fantasmes, un roman familial
auxquels ils croient. Simultanément, il découvre que certains patients ne souhaitent pas vraiment guérir. Ils
résistent et transposent des sentiments anciens vers leur thérapeute : c’est ce que Freud appellera le transfert.
Freud crée alors le terme de psychanalyse pour désigner tout son champ de pratiques thérapeutiques et
d’études théoriques.

Freud se lance dans la description d’un appareil psychique qui, par son fonctionnement, peut rendre compte de
ces faits. L’inconscient apparaît alors comme la racine commune à ces phénomènes. Le pré conscient joue le
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rôle d'interface entre conscient et inconscient. Il permet aux événements inconscients de venir à la conscience –
par le travail thérapeutique, mais également au travers des rêves, les lapsus, actes manqués. … ou d’être
refoulés dans l’inconscient et produire de parfois effets à long terme, sous forme de symptômes. La vie mentale
prend ainsi une forme plus complète où Freud articule la dualité des pulsions sexuelles, qui tendent à la
conservation de l’espèce, et des pulsions du moi, qui tendent à la conservation de l’individu.

L’appareil psychique a pour fonction la réduction des tensions (concept d’économie de l’énergie psychique, que
Freud utilise régulièrement), en particulier celles qui sont déplaisantes (par décharge ou par refoulement dans
un processus de défense). Le conscient n’est plus qu’une partie de cet appareil psychique dont la partie
inconsciente, les tendances refoulées, se fraye un chemin dans les rêves ou les symptômes de la névrose.

La source profonde des névroses est à trouver dans la situation œdipienne (amour pour le parent de sexe
opposé et rivalité avec le parent de même sexe). Le conflit œdipien est plus ou moins dépassé au cours du
développement de l'enfant. S'il ne l'est pas, il va perdurer sous forme de complexe, le complexe d’Œdipe

Cette période se conclut par la publication des Trois essais sur la théorie sexuelle (1905) qui rassemble les
hypothèses de Freud sur la place de la sexualité et son devenir dans le développement de la personnalité, et par
le Cas Dora qui introduit de manière détaillée et illustre le concept de transfert. Ce transfert, par lequel le
patient crée une névrose (la névrose de transfert) dans la relation établie avec son thérapeute, en quelque sorte
« expérimentale », est à analyser. C’est en analysant cette névrose que les origines de la névrose initiale se
trouvent dévoilées, voire les causes dénouées.

Troisième phase (1905-1920) : l'institution psychanalytique

Freud s’interroge pendant toute cette période sur la pratique de la cure, ses indications, sa conduite, ses limites,
sa fin et sur les conduites de l’enseignement et de la formation des psychanalystes.

En 1915, il se lance dans la rédaction d’une nouvelle description de l’appareil psychique dont il ne conservera
que quelques chapitres. Ce qu’il prépare est en fait une nouvelle rupture dans sa conception de l’appareil
psychique : en 1920 il commence à rédiger « Au-delà du principe de plaisir » qui introduit les pulsions
agressives, nécessaires pour expliquer certains conflits intrapsychiques.

Quatrième phase (1920-1939) : extension de la psychanalyse

Cette période s’inaugure par l’élaboration de ce qui a été appelé la seconde topique, composée du Moi, du Ça
et du Surmoi. La seconde topique se substitue et se superpose à la première (inconscient, préconscient,
conscient).

Le développement de la personnalité et la dynamique des conflits sont alors interprétés en tant que défenses
du Moi contre des pulsions et des émotions.

L’ambivalence et la haine étaient perçues dans la première topique comme consécutive de la frustration et
subordonnées à la sexualité. Cette nouvelle conception évoque la lutte active entre pulsions de vie (sexualité,
libido, Éros) et pulsions de mort et d’agression (Thanatos). Plus fondamentales que les pulsions de vie, les
pulsions de mort tendent à la réduction des tensions (retour à l’inorganique, répétition qui atténue la tension)
et ne sont perceptibles que par leur projection au-dehors (paranoïa) ou leur fusion avec les pulsions libidinales
(sadisme, masochisme) ou leur retournement contre le Moi (mélancolie). Encore une fois il défend une vision
dualiste de l'esprit.

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La censure qui provoquait le refoulement dans la première topique agit de manière inconsciente. L’inconscient
n’est donc pas composé uniquement de refoulé.

Cette seconde topique induit des conséquences importantes sur la pratique de la cure : l’interprétation des
conflits, qui ne sont pas des conflits actuels, ne sont pas non plus des conflits de pulsions, mais des défenses du
Moi contre des pulsions. Les pulsions sont des pulsions sexuelles et des pulsions agressives.

Sources :
https://www.psychaanalyse.com
http://www.psychanalyse-en-ligne.org/

2. Carte de l’appareil psychique

1 topique
ère

Sigmund Freud créa les topiques comme un schéma explicatif du fonctionnement de l'esprit humain. Ces
modèles emploient une désignation spatiale que l'on peut décrire comme rendant compte du conflit psychique.

Première topique (1900)

Dans la théorie psychanalytique, la première topique définit trois systèmes : l'Inconscient, le Préconscient et le
Conscient ayant chacun sa fonction et son type de processus

Elle définit trois pôles, que sont l'inconscient, le préconscient et le conscient. Freud précise que l'innovation
réside dans la présentation d'une mémoire présente plusieurs fois, se composant de différents signes
(Laplanche et Pontalis traduisent eux par trace mnésique) :

- L’inconscient

Par inconscient, Freud entend à la fois un certain nombre de données, d'informations, de désirs tenus hors de
la conscience, mais il entend aussi l'ensemble des processus qui empêchent certaines données d'arriver à la
conscience et permettent aux autres d'y accéder, comme le refoulement, le principe de réalité, le principe de
plaisir, la pulsion de mort.

Le système inconscient fonctionne sur le mode du processus primaire : l'énergie libidinale, libre, ne
s'emmagasine pas mais essaie de s'écouler librement.

Dans ce système, les pulsions sont rattachées à des représentations de choses : le réinvestissement de
l'expérience de satisfaction décrit le système inconscient comme trace de la perception : il y a bien des
représentations, mais adhérant au réel, des représentations sensorielles.

Le système inconscient ne se développe pas comme le reste de la personnalité ; il reste figé et n'évolue pas.

Freud précisera également la formation du système inconscient - à son origine est le refoulement originaire. Par
la suite, ce système plus ou moins fermé au reste du psychisme, qui influence en secret, attirera à lui d'autres
représentations, provoquant à nouveau refoulement.

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Le préconscient/ le conscient

Le système décrit la conscience ainsi que la mémoire. Pour Freud, une représentation du système
préconscient/conscient préconscient peut être rendue consciente. Il fonctionne sur le mode du
processus secondaire : l'énergie libidinale, liée, peut être accumulée et investit des objets. La capacité
de retenir la pulsion, permet la mise en place de l'attention, de la mémoire : sont mises en place les
grandes fonctions de l'esprit.

Dans ce système, les représentations de chose sont rattachées à des représentations de mots. Les traces
mnésiques sensorielles, souvenirs factuels, sont reliées à des mots et forment des concepts, des objets pouvant
être investis. Le langage, la symbolisation, seraient donc propriétés de la conscience.

Le système préconscient/conscient est aussi celui de l'affect, qui est la traduction qualitative d'une
dynamique énergétique (pulsionnelle), quantitative. Dans l'inconscient, il n'y a que quantité d'énergie -
la pulsion n’a qu’une délégation psychique, soit la représentation de chose. Mais dans le système
conscient, la pulsion a deux délégations, soit la représentation (à la fois de chose et de mot) et l'affect.
La quantité pulsionnelle, la virulence de l'énergie, l'importance de l'investissement seront traduites
qualitativement, d'où la naissance d'émotions.

Freud maintient donc une vision de la conscience comme siège du langage, de l'attention, de la mémoire, des
émotions. Le conscient est simplement à la merci de l'inconscient.

2 Topique (1920)
ème

Freud aborde dans une deuxième topique les rapports entre les 3 instances que sont le ça (pôle pulsionnel), le
Moi (intérêt de la totalité de la personne, raison + narcissisme) et le Surmoi (agent critique, intériorisation des
interdits et des exigences).
Pour expliquer l'ensemble des processus mentaux, il en viendra à rajouter l'Idéal du Moi (modèle de référence
très investi narcissiquement, et que la personne espère égaler). Il pourra alors décrire les principaux
phénomènes psychiques en termes de conflits.

La deuxième topique révèle mieux la façon dont le sujet se construit, et se perçoit. Dans l’ambivalence par
exemple, il y a un conflit créé par la dualité pulsionnelle à l'intérieur d'un même système, le ça. L'Œdipe est un
conflit qui oppose le ça et le Surmoi.
La sublimation quant à elle permet à la fois la satisfaction du Moi et la satisfaction des revendications
pulsionnelles du ça... etc.

Le ça
Présent dès la naissance, il s’agit de manifestations somatiques (agressives, sexuelles ; aspect instinctif et animal).
Si le Ça est inaccessible à la conscience, les symptômes de maladie psychique et les rêves permettent d’en avoir
un aperçu. Le Ça obéit au principe de plaisir et recherche la satisfaction immédiate, c’est une sorte de marmite
où bouillonnent tous nos désirs refoulés, soit nos pulsions de vie et de mort.
C’est le pôle pulsionnel de la personnalité, la partie la plus chaotique et la plus obscure. C’est entièrement le
domaine de l’instinctif, du biologique qui ne connaît ni règle de temps ou d’espace, ni
interdit. Totalement inconscient, il est régi et dirigé par le seul principe de plaisir. De ce fait, les choses les plus
contradictoires peuvent y exister.
Deux aspects le caractérisent : l’héréditaire (sexualité et agressivité propres à l’espèce), et l’acquis
(formes que prendront cette agressivité et cette sexualité).

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Le nourrisson a une vie mentale et somatique très proche du pulsionnel, c’est à dire commandée presque
exclusivement par les besoins primaires. Sa vie psychique est dominée par le principe de plaisir qui régit le
fonctionnement du ça, et est donc soumise au principe de toute puissance et au désir de satisfaction immédiate
et illimitée. Du monde qui l’entoure et le domine n’existe que ce dont il a besoin. Tout ce qu’il croit et ressent
existe, car il ne fait pas la part du réel et de l’imaginaire.

Le ça entre ensuite en conflit avec le Moi et le Surmoi. Réservoir de la libido et de l'énergie psychique, ses contenus
sont d’une part héréditaires puis d'autre part refoulés et acquis. Les pulsions (pulsion de vie et pulsion de mort)
sont contenues dans le ça :
La pulsion de vie (ou d’autoconservation, ou sexuelle) : les pulsions qui en découlent ont pour fonction
de lier les énergies et de maintenir la vie.
La pulsion de mort : elle fait tendre l'organisme vers un état zéro et comprend la destruction (principe
d'agressivité), la répétition et la régression.

Le Surmoi
Depuis la naissance l’enfant hérite de l’instance parentale, groupale et sociale, il emmagasine quantité de règles
de savoir-vivre à respecter. Dans les sociétés judéo-chrétiennes, en intériorisant les règles morales ou sociétales
de ses parents et du groupe, l’enfant, puis l'adulte pratiquent le refoulement. En effet, le Surmoi punit le Moi
pour ses écarts par le truchement du remords et de la culpabilité. Il apparaît donc, comme un policier interne.

Avec la résolution du conflit œdipien, une partie de la personnalité de l'enfant va assumer les interdits du
parricide et de l'inceste, ainsi que l'identification au Parent du même sexe que lui. C'est l'intériorisation des
interdits et des exigences parentales et sociales, le censeur du futur adulte. Une fois formé, le Surmoi va
remplacer les parents dans la vie sociale. Il rentrera continuellement en conflit avec les pulsions, et entraînera
la culpabilité.

Le Surmoi est l'instance refoulante, le support de tous les interdits et des contraintes sociales et culturelles. Son
activité est partiellement inconsciente. Héritier du complexe d'Œdipe, il se constitue par intériorisation des
exigences et interdits Parentaux. L'Enfant renonce au désir incestueux grâce à la fonction séparatrice du Père,
puis la découverte des règles sociales sous la pression de l'instance refoulante : le Surmoi.

Le Moi

= Expression utilisée en psychanalyse pour désigner une instance psychique.


C'est en 1923 que Freud, dans l'article Le Moi et le Ça, présente une organisation de l'appareil psychique qui se
divise en trois instances : le ça, le moi et le surmoi. Ce dernier comprend l'idéal du moi. Dans cet article, Freud
n'établit pas de nette distinction entre l'idéal du moi et le surmoi. Toutefois, la fonction de l'idéal du moi avait
été détaillée antérieurement dans l'article Pour introduire le narcissisme (1914) ; qui plus est, le statut de l'idéal
du moi dans la formation d'une foule avait fait l'objet d'un autre article : Psychologie des foules et analyse du
moi (1921).

L'organisation de 1923, appelée « seconde topique », apporte un regard très fécond pour la perspective
clinique. Elle fait une large place aux relations objectales - c'est-à-dire aux relations à autrui - comme fondement
du moi : « le caractère du moi résulte de la sédimentation des investissements d'objets abandonnés » (Le Moi et
le Ça). Les processus d'identification sont au centre de la compréhension de l'histoire d'un sujet. Ainsi l'idéal du
moi d'un sujet est un conglomérat de modèles pris à l'extérieur, dans le milieu familial d'abord, dans
l'environnement socio-culturel ensuite. L'idéal du moi se construit à partir de relations d'objets, c'est-àdire de
personnes aimées. Par identification à celles-ci s'élabore dans le moi une forme à réaliser. Suivant Le Moi et le
Ça, « les effets des premières identifications, qui ont lieu au tout premier âge, garderont un caractère général et
durable. Cela nous amène à la naissance de l'idéal du moi, car derrière se cache la première et la plus
importante identification de l'individu : l'identification au père de la préhistoire personnelle. »
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Deux voies distinctes de recherche ont amené Freud à l'élaboration de l'idéal du moi. La première est le
narcissisme. Le moi propre se prend pour objet d'amour. Freud découvre qu'il s'exerce un constant va-et-vient
entre libido d'objet et libido narcissique : l'objet aimé contribue à la formation de l'idéal du moi et,
réciproquement, le moi, qui tend à acquérir les qualités de l'idéal, renforce son narcissisme. La distinction entre
idéal du moi et surmoi peut se comprendre ainsi : le surmoi se forme à partir d'interdits intériorisés (« tu ne
dois pas être comme... ») et l'idéal du moi à partir d’exigences interiorisées (« tu dois être comme... »). Un trop
grand écart entre le moi et l'idéal du moi provoque un sentiment de honte, alors que le sentiment de culpabilité
est le résultat d'une transgression, imaginaire ou réelle, des interdits intériorisés. Freud assigne trois fonctions à
l'idéal du moi et au surmoi : celle d’auto-observation, celle de censure et celle de conscience morale.

La seconde voie est la tentative de compréhension des liens unissant entre eux les membres d'une foule. En effet,
Freud fournit une explication à cette étonnante modification du comportement individuel : les membres d'une
foule ont subitement, et d'une façon le plus souvent éphémère, le même idéal. Ils ont en réalité échangé leur
idéal du moi propre pour l'idéal du moi incarné par le meneur ou par une idéologie. C'est le rapprochement entre
cet idéal du moi collectif et le moi (réalisations potentielles et effectives de la foule) qui engendre ce sentiment
de toute-puissance et cette absence d'esprit critique pouvant conduire dans les pires cas à des actes de fanatisme.
Cette substitution aux idéaux individuels d'un idéal collectif s'accompagne nécessairement d'une identification
des membres les uns aux autres, par amour du meneur. Pour Freud, le meneur représente le père de la horde
primitive. Et le premier homme à franchir le pas de l'individualité serait le poète épique, auteur du mythe
héroïque. Le héros qui supplante ainsi le père devient le premier idéal du moi. C'est donc dans l'intériorisation
authentique d'un idéal que se situe l'essence de l'individualité.

C'est un modèle auquel le sujet cherche à se conformer, résultat de l'identification aux parents idéalisés. L'idéal
du Moi est une instance qui accompagne le processus de socialisation, tout au long de la formation de la
personnalité. C'est aussi le substitut de la toute-puissance de l'enfant (de "je peux tout" à "je voudrais tout
pouvoir") pour la construction de son Moi. Le Moi se compare et se construit par rapport à un idéal, à une
référence permettant au sujet de se dépasser. Cet idéal personnel se forme progressivement au cours de
l'enfance par identification aux personnes proches (souvent les Parents) aimées et admirées. Cette instance
psychique est consécutive à l'identification œdipienne.

Ne pas confondre avec le "Moi idéal", qui n'est pas le substitut mais l'idéal d'une toute puissance narcissique,
avec identification à des personnages fabuleux ou prestigieux. Le Moi idéal ne propose pas de modèle accessible
pour le processus de socialisation.

C'est la partie de la personnalité la plus consciente, en contact avec la réalité extérieure, il est le reflet de ce que
nous sommes en société, il cherche à éviter les tensions trop fortes du monde extérieur, à éviter les souffrances
grâce, notamment, aux mécanismes de défense (refoulement, régression, rationalisation, etc.) se trouvant dans
la partie inconsciente de cette instance. Le Moi est l’entité qui rend la vie sociale possible. Il suit le principe de
réalité. Il a un rôle de régulateur et de médiateur.

Le Moi s'efforce de faire régner l'influence du monde extérieur sur le ça. Soumis au principe de réalité. Ses
opérations sont inconscientes (mécanismes de défense). Il est issu du ça confronté à la réalité extérieure et se
forme à partir d'identifications et de gratifications successives. Le refoulement par exemple, est un des
mécanismes de défense du Moi. Il se manifeste lorsque le désir et les pulsions ne peuvent être acceptés et
doivent être dérivés de leur objet.

Sources https://www.psychaanalyse.com
Pour aller plus loin : « Les 100 mots de la psychanalyse » Jacques André, Editions PUF, 2021 accessible via
ENF/ressources documentaires

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