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CENTRE EUCHARISTIQUE ET MARIAL SPIRI-MARIA PÈRE STÉPHANE GAM ACHE

Sam edi et dim anche 27 et 28 avril 2013

GRIGNION DE MONTFORT: PROPHÈTE DE MARIE

Jean-Paul II le Grand, le Pape de Marie, n’a jamais caché


l’origine monfortaine de sa devise pontificale: «Totus tuus». Le
13 octobre 2000, au cours d’une audience, il racontait ce qui suit:

«Saint Louis-Marie Grignion de Montfort constitue pour moi


une figure de référence significative, qui m’a illuminé dans les
moments importants de la vie. Alors que j’étais séminariste
clandestin..., mon directeur spirituel me conseilla de méditer sur le
Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge. J’ai lu et relu plusieurs
fois avec un grand intérêt spirituel ce précieux petit livre ascétique.
En plaçant la Mère du Christ en relation avec le mystère trinitaire,
Monfort m’a aidé à comprendre que la Vierge appartient au plan du
salut par la volonté du Père, en tant que Mère du Verbe incarné,
qu’Elle a conçu par l’oeuvre de l’Esprit Saint. [...] Je compris alors
que je ne pouvais pas exclure la Mère du Seigneur de ma vie sans
désobéir à la volonté de Dieu-Trinité, qui a voulu “commencer et
accomplir” les grands mystères de l’histoire du salut avec la
collaboration responsable et fidèle de l’humble Servante de Nazareth.»

Comme le souligne Jean-Paul II, ce qui ressort des écrits de


Montfort, c’est que sa dévotion mariale est ancrée non seulement
dans son profond amour filial pour la Sainte Vierge, mais aussi que
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cette dévotion est très solidement ancrée dans la Révélation divine,


et plus particulièrement dans le Mystère de l’Incarnation du Verbe.

Tous ces mystères dans le mystère de l’Incarnation


Saint Raoul-Marie, prophète marial et eschatologique, a voulu
donner comme titre à un de ses ouvrages: Tous ces mystères dans
le Mystère de Marie. Saint Louis-Marie, lui aussi prophète marial et
eschatologique, s’il avait vécu plus longtemps, aurait peut-être donné
un titre semblable à un de ses ouvrages. Et ce titre aurait été: «Tous
ces mystères dans le mystère de l’Incarnation». Ce mystère de
l’Incarnation, mystère à la fois christique et marial, est celui, en effet,
qui fonde toute la pensée de saint Louis-Marie.

L’incarnation, c’est le Créateur qui entre dans la création, c’est


l’Éternité qui entre dans le temps, c’est l’Esprit qui entre dans la
matière, c’est Dieu qui se fait homme, pour que l’homme devienne
Dieu.

L’Incarnation est le grand chef-d’oeuvre de Dieu. Et du fait


qu’elle est le chef-d’oeuvre de Dieu, l’Incarnation revêt une valeur
définitive. Le Mystère de l’Incarnation est perçu par Montfort comme
un programme, dans le sens qu’on y trouve la manière constante de
l’agir divin dans l’histoire du salut. Or, puisque c’est par l’action
conjointe de l’Esprit Saint et de Marie, que le Christ s’est incarné,
nous pouvons conclure que «chaque fois qu’il s’agira de l’avènement
du Christ ou d’oeuvres merveilleuses dans le domaine de la sainteté,
Marie et l’Esprit seront toujours à l’oeuvre». (S. De Fiores-Dict.Spiritualité
Monfortaine-Article: «Derniers temps»)
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L’Incarnation, nous dit Montfort, est «le premier mystère de


Jésus-Christ, le plus caché, le plus relevé et le moins connu. […] Ce
mystère est un abrégé de tous les mystères, qui renferme la volonté
et la grâce de tous». (Cf. VD, # 248)

Dans le mystère de l’Incarnation sont contenus tous les


mystères de la vie du Christ, par l’acceptation qu’Il en fit: «Me voici,
mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté» (He 10, 7). De même y
sont contenus tous les mystères de la vie de Marie par le «Fiat»
qu’Elle prononça: «Voici la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait
selon ta Parole» (Lc 1, 38). Le mystère du glaive transperçant son
Coeur y est contenu. Le mystère de l’apôtre Jean qui Lui fut confié
au pied de la Croix, à l’origine de la vraie dévotion et de la
consécration à Marie, y est également contenu.

Mais le fondement premier de la consécration à Marie, se


trouve, en fait, dans le mystère de l’Incarnation. Dans l’Incarnation, en
effet, Dieu Lui-même a voulu s’enfermer dans le sein de Marie, et se
faire totalement dépendant de Marie, pour y devenir le Dieu-Homme.
La vraie dévotion à Marie, enseignée par Montfort, n’est rien d’autre
que l’imitation de ce mode d’action de Dieu Lui-même, en nous
faisant, à notre tour, dépendants de Marie, en nous enfermant dans
le sein de Marie, pour que se prolonge en nous l’Incarnation de son
Fils Jésus.

Dans ce mystère de l’Incarnation, nous dit Montfort, Jésus et


Marie sont inséparables: «On ne peut voir Jésus-Christ qu’en Marie,
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et incarné dans son sein... L’un est tout dans l’autre: Jésus est tout
en Marie, et Marie toute en Jésus... On séparerait plutôt la lumière du
Soleil, que Marie de Jésus» (VD, # 246-247).

Montfort tente de soulever davantage le voile sur ce grand


mystère quand il affirme: «Tandis que [Jésus] ce nouvel Adam est
demeuré dans ce vrai paradis terrestre [Marie], Il y a opéré tant de
merveilles en cachette que ni les anges, ni les hommes ne les
comprennent point» (VD # 248). Et Il ajoute que le sein de Marie est
la «[chambre] des secrets de Dieu», où Jésus, le nouvel Adam, «a
choisi tous les élus» (VD # 248).

On peut donc dire que dans le mystère de l’Incarnation, est


également contenu le mystère de la Prédestination des saints et
saintes, ainsi que tous les mystères de la vie de l’Église depuis sa
fondation jusqu’à son accomplissement final. Le mystère de
l’Incarnation, contient donc et éclaire les mystères de l’eschatologie.
C’est bien ce qu’affirme notre saint au # 22 du Traité: «La conduite
que les trois personnes de la très sainte Trinité ont tenue dans
l’Incarnation et le premier avènement de Jésus-Christ, Elles la gardent
tous les jours, d’une manière invisible, dans la Sainte Église, et la
garderont jusqu’à la consommation des siècles, dans le dernier
avènement de Jésus-Christ.»

C’est donc dire que le mystère de l’Incarnation contient aussi


en germe le mystère de la Co-Rédemption que nous vivons en cette
fin des temps. Pour Montfort, Jésus, le nouvel Adam, nous a tous
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aimés et choisis dès ce moment de l’Incarnation dans le sein de


Marie. C’est donc là également, en ce «vrai paradis terrestre», que le
nouvel Adam a choisi la Nouvelle-Ève-Co-Rédemptrice qui allait venir,
à l’heure de Dieu, pour compléter l’Oeuvre de la Rédemption, et faire
entrer l’humanité dans une ère nouvelle.

Et le mystère de la Co-Rédemption ainsi que l’ère nouvelle


qu’elle prépare, n’échappent point à la manière constante d’agir que
Dieu s’est fixé dans l’Incarnation: nous y trouvons encore, en effet,
l’action spéciale de Marie et de l’Esprit Saint.

Vers une ère nouvelle


Dans une prière fervente à la Trinité qu’il a composée, et
qu’on appelle à juste titre «Prière embrasée», saint Louis-Marie
exprime les saintes préoccupations qui habitent son âme. En
s’adressant à Dieu-le-Père, il se plaint (# 5): «Votre divine loi est
transgressée, votre Évangile est abandonné, les torrents d’iniquité
inondent toute la terre et entraînent jusqu’à vos serviteurs, toute la
terre est désolée, l’impiété est sur le trône, votre sanctuaire est
profané et l’abomination est jusque dans le lieu saint. Laisserez-vous
tout ainsi à l’abandon, juste Seigneur, Dieu des vengeances? Tout
deviendra-t-il à la fin comme Sodome et Gomorrhe? Vous tairez-vous
toujours? Souffrirez-vous toujours?»

Pourquoi un regard si pessimiste en ce début de XVIIIe siècle?


Si saint Louis-Marie est tellement préoccupé, c’est que déjà il voit
dans quelle direction s’achemine l’histoire. De plus en plus, l’homme
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se détourne de Dieu, pour construire un monde fondé sur la science


et sur la raison. De plus en plus, au nom de la liberté, l’homme se
révolte contre Dieu et l’autorité légitime. Tout se met en place pour
la future Révolution française avec ses terribles conséquences. Déjà
à son époque, saint Louis-Marie perçoit qu’en se détournant du
Dieu-Lumière, le monde va s’engouffrer de plus en plus dans les
ténèbres. Et ces lugubres ténèbres, il les voit pénétrer jusqu’au coeur
de l’Église.

Mais scrutant les Écritures, Montfort y trouve une promesse,


une raison d’espérer. Dieu finira bien par régner, puisque Jésus nous
le fait demander dans le «Notre Père». En effet, «Montfort est
convaincu que le Règne de Dieu en Jésus-Christ ne doit pas être
projeté dans l’au-delà, mais doit se réaliser sur la terre, en ce
monde» (S. De Fiores-Derniers temps). C’est pourquoi il poursuit sa prière
embrasée, en demandant au Père éternel:

«Ne faut-il pas que votre volonté soit faite sur la terre
comme dans le ciel et que votre règne arrive? N’avez-vous pas
montré par avance à quelqu[es-]uns de vos amis une future
rénovation de votre Église? Les Juifs ne doivent-ils pas se convertir
à la vérité? N’est-ce pas ce que l’Église attend? Tous les saints du Ciel
ne vous crient-ils [pas] justice? Tous les justes de la terre ne vous
disent-ils pas: viens, Seigneur Jésus? Toutes les créatures, même les
plus insensibles, gémissent sous le poids des péchés innombrables de
Babylone et demandent votre venue pour rétablir toute chose.»
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Appuyé sur la grande promesse du «Notre Père», saint


Louis-Marie entrevoit donc, au-delà des ténèbres, la lumière du
Royaume terrestre. Montfort croit qu’après le temps du Père et le
temps du Fils, doit advenir une Nouvelle Pentecôte qu’il nomme le
«déluge de feu du pur amour», et qui marquera le début du temps
de l’Esprit et de Marie, ce temps béni du Royaume. «Envoyez,
implore-t-il, cet Esprit tout de feu sur la terre, pour y créer des
prêtres tout de feu, par le ministère desquels la face de la terre soit
renouvelée et votre Église réformée» (PE # 17).

Après le chant: «Ô noble et sainte Reine», nous commenterons


quelques points de ce que nous pouvons appeler l’Apocalypse
mariale de saint Louis-Marie Grignion de Montfort.

Une Apocalypse mariale


Quiconque a lu et relu les écrits de Grignion de Montfort, a
été frappé par l’importance qu’il accorde au règne et à la seconde
venue du Christ. La toute première phrase du Traité de la Vraie
Dévotion (# 1) indique clairement cette tension vers l’avenir: «C’est par
la Très Sainte Vierge Marie que Jésus-Christ est venu au monde, et
c’est aussi par Elle qu’Il doit régner dans le monde.»

Le saint revient à maintes occasions sur ce thème. Par


exemple, au # 158, il affirme: «Si mon aimable Jésus, dans la gloire,
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vient une seconde fois sur la terre (comme il est certain) pour y
régner, Il ne choisira point d’autre voie de son voyage que la divine
Marie, par laquelle Il est si sûrement et parfaitement venu la première.
La différence qu’il y aura entre sa première et dernière venue, c’est
que la première a été secrète et cachée, la seconde sera glorieuse et
éclatante; mais toutes deux parfaites, parce que toutes deux seront
par Marie.»

Pour notre saint, la vraie dévotion à Marie et le retour de


Jésus sont intimement liés: ces deux aspects de sa doctrine sont
indissociables. Pour Montfort, il est clair que la parousie S la seconde
venue de Jésus S doit être précédée par la présence de Marie. En
effet, nous dit-il: Marie «étant la voie par laquelle Jésus-Christ est
venu à nous la première fois, Elle le sera encore lorsqu’Il viendra la
seconde, quoique non pas de la même manière» (VD # 50, 4e).

«L’eschatologie catholique classique se borne normalement à


énumérer, parmi les signes qui précèdent la parousie, le
refroidissement de la foi (Lc 18, 8), l’apparition de l’antéchrist (2 Th 2,
3-11; Jn 2, 18-23), la prédication de l’évangile à toutes les nations (Mt 24,

14) et la conversion d’Israël (Rm 11, 25-26)» (S. De Fiores-Ibid.-Derniers

temps). En s’appuyant sur la constance de l’agir divin qu’il déduit du

mystère de l’Incarnation, Montfort n’hésite pas à ajouter, aux signes


traditionnels de la parousie, la présence et l’action spéciales de Marie
et de l’Esprit Saint. «Marie, écrit-il, a produit, avec le Saint-Esprit, la
plus grande chose qui ait été et sera jamais, qui est un Dieu-Homme,
et Elle produira conséquemment les plus grandes choses qui seront
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dans les derniers temps» (VD # 35). Une de ces «grandes choses qui
seront dans les derniers temps» est sans conteste la présence en ce
monde de «copies vivantes de Marie, pour aimer et glorifier
Jésus-Christ», comme le prophétise Montfort dans ce magnifique
extrait du Traité (VD # 217):

«Ah! s’écrit notre saint, quand viendra cet heureux temps où


la divine Marie sera établie maîtresse et souveraine dans les coeurs,
pour les soumettre pleinement à l’empire de son grand et unique
Jésus? Quand est-ce que les âmes respireront autant Marie que les
corps respirent l’air? Pour lors, des choses merveilleuses arriveront
dans ces bas lieux, où le Saint-Esprit, trouvant sa chère Épouse
comme reproduite dans les âmes, y surviendra abondamment et les
remplira de ses dons, et particulièrement du don de sa sagesse, pour
opérer des merveilles de grâces. Mon cher frère, quand viendront ce
temps heureux et ce siècle de Marie, où plusieurs âmes choisies et
obtenues du Très-Haut par Marie, se perdant elles-mêmes dans
l’abîme de son intérieur, deviendront des copies vivantes de Marie,
pour aimer et glorifier Jésus-Christ? Ce temps ne viendra que quand
on connaîtra et on pratiquera la dévotion que j’enseigne» (VD # 217).

Nous voyons clairement, en ces lignes, que le but de la vraie


dévotion, enseignée par Montfort et que les chevaliers de l’Armée de
Marie veulent mettre en pratique, dépasse largement le cadre de la
sanctification personnelle. Pour Montfort, quand elle sera vécue à
large échelle, la vraie dévotion embaumera la terre du parfum de la
sainteté de Marie, attirera comme jamais auparavant les dons du
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Saint-Esprit, et invitera le Roi des Cieux à venir prendre possession


de son Royaume terrestre.

Ce temps de préparation au retour glorieux du Christ, nous


pouvons aujourd’hui l’identifier avec le Millénaire du Royaume,
pendant lequel la sanctification de l’humanité sera confiée
spécialement à l’Esprit Saint et à Marie.

Mais pour entrer en ce Millénaire lumineux du Royaume,


l’Église et l’humanité doivent d’abord traverser un temps de combat
entre la Lumière et les ténèbres, entre la Femme et le Dragon, tel
qu’il est prédit dans la Genèse (Gn 3, 15) et qu’il est décrit dans
l’Apocalypse (Ap 12, 1). Dans la Genèse, nous lisons, en effet, que Dieu
dit au Serpent: «Je mettrai une inimitié entre toi et la Femme, entre
ta descendance et sa descendance. Elle t’écrasera la tête, et tu
l’atteindras au talon» (Gn 3, 15).

Ce texte sacré, notre saint y fait référence en maints endroits.


Voici ce qu’il écrit dans sa prière embrasée (PE # 13): «Il est vrai,
grand Dieu, que le démon mettra, comme vous avez prédit, de
grandes embûches au talon de cette femme mystérieuse, c’est-à-dire
à cette petite compagnie de ses enfants qui viendront sur la fin du
monde, et qu’il y aura de grandes inimitiés entre cette bienheureuse
postérité de Marie et la race maudite de Satan. […] Mais ces
combats et ces persécutions, que les enfants et la race de Bélial
livreront à la race de votre sainte Mère, ne serviront qu’à faire
davantage éclater la puissance de votre grâce, le courage de leur
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vertu et l’autorité de votre Mère; puisque vous Lui avez, dès le


commencement du monde, donné la commission d’écraser cet
orgueilleux par l’humilité de son coeur et de son talon.»

Montfort fait encore référence à ce texte sacré, au # 114 du


Traité, où il prophétise le combat que Satan livrera contre le Traité,
contre lui-même, et contre tous les consacrés à Marie: «Je prévois,
écrit-il, bien des bêtes frémissantes qui viennent en furie pour déchirer
avec leurs dents diaboliques ce petit écrit et celui dont le Saint-Esprit
s’est servi pour l’écrire, ou du moins pour l’envelopper dans les
ténèbres et le silence d’un coffre, afin qu’il ne paraisse point; ils
attaqueront même et persécuteront ceux et celles qui le liront et
[mettront] en pratique. Mais n’importe! mais tant mieux! Cette vue
m’encourage et me fait espérer un grand succès, c’est-à-dire un grand
escadron de braves et vaillants soldats de Jésus et de Marie, de l’un
et l’autre sexe, pour combattre le monde, le diable et la nature
corrompue, dans les temps périlleux qui vont arriver plus que jamais.»

Ce «grand escadron de braves et vaillants soldats de Jésus


et de Marie, de l’un et l’autre sexe», Montfort les nomme au # 58 du
Traité. Ce sont: les «apôtres des derniers temps».

Les apôtres des derniers temps


Avant Montfort, ces nouveaux apôtres avaient déjà été
annoncés par «un saint François de Paule (+1507), un saint Vincent
Ferrier (+1419), une sainte Catherine de Sienne (+1380), et à tant
d’autres grandes âmes» (PE # 2). Après Montfort, on retrouve ces
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nouveaux apôtres dans les visions de la Bienheureuse Anne-Catherine


Emmerich (+1824), ainsi que dans le message de Marie à la Salette
(1846). Plus près de nous, Marie-Paule a elle aussi reçu des lumières
concernant les apôtres des derniers temps.

Concernant l’expression de la Dame de tous les Peuples «ce


temps-ci est notre temps», Marie-Paule écrivait en Vie d’Amour (VA II,
241): «“Ce temps-ci est notre temps.” Oui, c’est le temps où vont se

réaliser les révélations faites par les prophètes concernant la “fin des
temps”, dont Grignion de Montfort est peut-être le plus grand et le
plus inspiré. Relisons ses chapitres merveilleux concernant l’Oeuvre
mariale qui se prépare, avec les apôtres des derniers temps, que
Marie façonne d’une façon bien spéciale.» Et elle ajoute: «Tout ce qui
fut prédit pour la fin des temps parviendra à sa complète réalisation
d’ici 2033, année de la fin des temps qui, précise-t-elle, n’est pas la
même chose que la fin du monde.»

En 1964, alors que l’Armée de Marie n’est pas encore fondée,


elle «entend» (VA II, 370): «Cette Armée de Marie se répandra partout,
sans or ni argent, dans une grande humilité, une belle charité. Ce
seront de véritables apôtres qui prêcheront l’Évangile, non pas selon
les maximes du monde... sans épargner personne...» Marie-Paule y
reconnaît immédiatement les paroles de Grignion de Montfort dans le
Traité (# 55-59).

En juin 1971, Marie-Paule apprend que tous les membres de


l’Équipe mariale «porteront en mains le Crucifix et le Chapelet», ce
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qui correspond encore à la description de Grignion de Montfort. Et il


lui est indiqué intérieurement: «Vous êtes précisément ce groupe des
apôtres des derniers temps» (VA VII, 451-452).

Grignion de Montfort trace le portrait de ces nouveaux


apôtres. Il les décrit comme de «grands saints» (VD # 47); de «grandes
âmes, pleines de grâce et de zèle» (VD # 48); portant «l’or de l’amour
divin dans le coeur, l’encens de l’oraison dans l’esprit et la myrrhe de
la mortification dans le corps» (VD # 56); libres de tout lien humain
(PE # 7); et allant «avec la pure intention de la gloire de Dieu et du

salut des âmes, [partout] où le Saint-Esprit les appellera» (VD # 58).


Ces «vrais enfants [et] vrais serviteurs de la Sainte Vierge» (PE 11, 12),
il les appelle aussi: «vaillants soldats et fidèles serviteurs de
Jésus-Christ» (VD # 50.6). Ce sont «des flèches aiguës dans la main de
la puissante Marie pour percer ses ennemis» (VD # 56), et ils sont «si
fortement appuyés du secours divin, qu’avec l’humilité de leur talon,
en union de Marie, ils écraseront la tête du diable et feront triompher
Jésus-Christ» (VD # 54).

Tout cela, si nous ne le sommes pas encore, il nous faudra


le devenir. C’est en vivant pleinement notre consécration mariale,
selon l’enseignement de Grignion de Montfort, que nous atteindrons
cet idéal. N’ayons pas peur de nous mettre à l’école de Marie, même
si nous savons que Marie nous forme à l’école de la Croix. En parlant
de cette formation mariale, Grignion de Montfort écrivait: «La
formation et l’éducation des grands saints qui seront sur la fin du
monde Lui sont réservées; car il n’y a que cette Vierge singulière et
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miraculeuse qui peut produire, en union du Saint-Esprit, les choses


singulières et extraordinaires» (VD # 35).

Notre manuel de formation, c’est tout particulièrement Vie


d’Amour, «l’Évangile de Marie», et l’Oeuvre d’amour en notre temps
pour l’éclosion et le rayonnement de l’ère mariale, dont nous parle
saint Louis-Marie Grignion de Montfort, ce Prophète de Marie pour
notre temps.

Père Stéphane Gamache

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