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Pour une philosophie
de la traduction
La traduction est un « point aveugle » pour les philosophes. Elle revient à une
« profanation » des grands Textes de la tradition, à tel point qu'il n'y a plus de textes
originaux. La réflexion théorique sur la traduction se présente d'abord comme une
« traductologie » d'ordre apparemment linguistique, mais profondément philoso-
phique. Une typologie de la traduction fait place à la spécificité de la traduction
philosophique. L'« epistemologie de la traduction » débusque ses impensés métaphy-
siques.
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Jean-René Ladmiral
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Pour une philosophie de la traduction
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Jean-René Ladmirál
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Pour une philosophie de la traduction
II
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Jean-René Ladmiral
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Pour une philosophie de la traduction
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Jean-René Ladmiral
10. Cf. Theodor W. Adorno, Karl R. Popper et alii, De Vienne à Francfort. La querelle
allemande des sciences sociales, trad. C. Bastyns, I. Stengers et alii, Bruxelles,
Complexe, 1979.
11. Dans le domaine « linguistico-traductologique », voir mutatis mutandis: Jean-
René Ladmiral/ Henri Meschonnic, « Poétique de. ../Théorèmes pour... la traduction »
in Langue française, n° 51, septembre 1981, p. 3-18.
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Pour une philosophie de la traduction
12. C'est un point que nous avons fréquemment développé : cf. par exemple,
« Technique et esthétique de la traduction : Quelle théorie pour la pratique tradui-
sante ? » in Encrages, n° 17, Printemps 1987, p. 193.
13. Ajoutons-y le livre où nous avons développé l'essentiel de notre théorie de la
traduction : Jean-René Ladmiral, Traduire : théorèmes pour la traduction, Paris, Payot,
1979 (Petite Bibliothèque Payot, n° 366).
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Jean-René Ladmiral
du philosophe » à travers les sciences sociales 14. Sans doute est-ce, plus
généralement, l'occasion de thématiser ce « continent » des sciences
humaines comme une troisième culture, qui ne se confond ni avec la
culture traditionnelle, ni avec les sciences (exactes). On sait que, pour
C.P. Snow, il y a « deux cultures » : à côté de ce qu'on appelle
traditionnellement la culture, il existe une culture scientifique, qui est un
élément fondamental de la culture ; et, à l'en croire, on n'est pas
vraiment cultivé si on ne connaît pas le second principe de la
thermodynamique... 15 N'est-ce pas au travers des grilles que lui fournis-
sent les sciences humaines, dès lors promues à leur tour au rang de
« troisième culture », que l'homme moderne s'essaye à déchiffrer ce qu'il
est ? Ne nous « supposons »-nous pas un inconscient, tel que l'a
diagnostiqué la psychanalyse, derrière notre difficulté d'être ? Ne lisons-
nous pas toute relation aux autres aussi dans les termes socio-
économiques de rapports de production ? et aussi dans les termes
psychosociologiques de la dynamique de groupe ? Ne « voyons »-nous
pas le complexe d'Œdipe dans le regard de nos enfants ? quand ce n'est
pas dans notre propre histoire infantile ? etc.
N'y a-t-il pas là des enjeux essentiels à la philosophie, dont c'est ainsi
le prolongement ? Il y a un projet philosophique implicite à toute
science humaine. En posant sur nouveaux frais l'antique question
« Qu'est-ce que l'homme ? », les sciences humaines sont, elles aussi, à la
« recherche de la sagesse » avec les moyens qui sont les leurs - quand
bien même on voudrait n'y voir qu'une usurpation.
Ces dites sciences humaines semblent répéter le même rapport de
filiation qui a fait qu'historiquement, déjà, c'est à partir de la « philoso-
phie » que se sont autonomisées les sciences exactes. Mais, beaucoup
plus que les sciences exactes, les sciences humaines sont substantiel-
lement nourries de l'héritage philosophique qui continue à y tirer les
ficelles comme le « nain bossu » de Benjamin, en dépit de leurs
éventuelles dénégations à ce propos et de leurs protestations de foi
méthodologiques plus ou moins positivistes, qui ne font que souligner
leur « contre-dépendance » intellectuelle par rapport à l'aima mater
philosophique ; et elles retournent à la philosophie qu'à certains égards,
elles ambitionnent de remplacer comme ont pu le montrer les modalités
« impérialistes » de ladite « troisième culture » que sont les divers
psychologismes, sociologismes, économismes... et autres « psychana-
14. Dans notre préface aux Profils philosophiques et politiques, trad. F. Dastur, Marc
B. de Launay et J.-R. Ladmiral, Paris, Gallimard, 1974 (coll. Les Essais, n° CXCI -
réédition récente en « TEL »), p. 18.
15. C.P. Snow, The Two Cultures... (1959), Londres, Cambridge University Press, 1969.
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Pour une philosophie de la traduction
III
16. On aura noté que les philosophes, comme Jacques Derrida ou Michel Serres,
s'intéressent de plus en plus à la traduction. De même, on voit se multiplier les
publications à caractère philosophique consacrées à la traduction, comme la présente
livraison de la Revue de Métaphysique et de Morale, le Cahier du Collège international
de philosophie déjà cité, le numéro 12 de la Revue d'esthétique, le volume intitulé Les
Tours de Babel qu'a publié Gérard Granel (Editions Trans-Europ-Repress), etc.
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Jean-René Letamimi
17. Nous ne pouvons ici que renvoyer à nos « Eléments de traduction philoso-
phique » in Jean-René Ladmiral & Henri Meschonnic (sous la dir. de), numéro
consacré «La Traduction» de la revue Langue française, n°51, septembre 1981,
p. 19-34 ; voir aussi, sous le titre « La traduction, philosophique » (avec une virgule),
notre contribution au volume d'Hommages à Jean-Marie Zemb (sous presse).
18. C'est à traiter en détail de cette vaste problématique « Traduction et con-
notation » que nous avons consacré tout le quatrième chapitre de notre livre :
Traduire..., op. cit., p. 115-248.
19. « Philosophie de la traduction... », loc. cit., p. 21 sq.
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Pour une philosophie de la traduction
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Jean-René Ladmiral
IV
Dans l'esprit d'une telle distinction qui, comme il vient d'être dit, tient
à la méthodologie des approches traductives et non pas à un simple
démarquage des réalités empiriques du matériau textuel, il nous
apparaît que la traduction philosophique ressortit à une Logique de la
traduction, alors que c'est d'une Esthétique de la traduction que relève la
traduction littéraire. En d'autres termes, plus classiquement traductolo-
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Pour une philosophie de la traduction
22. Martin Heidegger, Die Frage nach dem Ding. Zu Kants Lehre von den transzen-
dentalen Grundsätzen, Tübingen, Niemeyer, 1962, p. 51.
23. A ce propos, mais aussi d'une façon plus générale, nous renvoyons à notre
numéro « Traduction » de la Revue d'esthétique, n° 12 (1987 - paru en décembre 1988),
p. 5.
24. Jürgen Habermas, Vorstudien und Ergänzungen zur Theorie des kommunikativen
Handelns, Francfort s/M., Suhrkamp, 1984.
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Jean-René Ladmiral
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Pour une philosophie de la traduction
de langue originaire. La langue est éclatée en mots en soi, qui font l'objet
d'une essentialisation. On débouche sur une métaphysique de la
traduction qui tend à s'abstraire des aléas anthropologiques de la
pratique traduisante réelle. On glisse rapidement d'Henri Meschonnic et
d'Antoine Berman à Walter Benjamin, voire à Martin Heidegger (ces
deux derniers penseurs se rejoignant, paradoxalement). Philosophi-
quement, on n'est pas loin de ce que nous appellerons une ontologie du
signifiant. Et sans doute convient-il même d'aller jusqu'à l'idée d'une
théologie de la traduction : comme si, en dépit de toutes les séculari-
sations et de toutes les laïcisations qu'on voudra, il restait en nous tous
quelque chose que nous nous risquerions personnellement volontiers à
appeler un « inconscient théologique », qui investit la langue « originale,
originaire » du texte-source comme langue particulièrement eminente,
en un mot : comme la langue de Dieu. C'est comme s'il se faisait là un
retour du refoulé théologique de la modernité.
Sans pécher par « angélisme » philosophique, qui n'est qu'un autre
nom de l'idéalisme, l'alternative serait à chercher du côté d'une reprise
rationnelle des acquis culturels, et religieux, de la tradition. Cette
dernière devient alors un vivier où l'imaginaire heuristique de la
connaissance peut bien éventuellement puiser certaines ressources
intellectuelles, mais non sans les faire passer par le crible critique de la
raison épistémique. Tel serait la tâche d'une traductologie « cibliste »,
c'est-à-dire tout simplement rationnelle...
Mais si la traduction est un objet philosophique, ce n'est pas
seulement parce que ce dispositif interlinguistique apparemment sans
surprise qu'est la traduction recèle, donc, des impensés métaphysiques ;
c'est aussi parce que la traduction peut fonctionner comme un para-
digme philosophique. S'il est vrai que, comme il a été dit plus haut, la
traduction est un cas particulier, et même un cas remarquable de la
communication, on peut aussi renverser la proposition. En fait, c'est la
communication qui est elle-même une forme de traduction : la commu-
nication ne prend son sens plein qu'interprétée à la lumière du
paradigme de la traduction. Il y a là un renversement de perspective un
peu analogue à la révolution copernicienne opérée par Kant, ou à ce qui
se joue entre sémiologie et linguistique chez Ferdinand de Saussure.
C'est ainsi que je ne reçois jamais du message-source qui m'est adressé
que le texte-cible, sensiblement différent parfois, de ce que mes limites
multiples me permettent d'en comprendre, en y ajoutant une part
notable de ce qui fait que je suis ce que je suis. Ce qui est vrai des
rapports de communication verbale l'est aussi des autres modes de
rapports entre les hommes, plus ou moins interprétables eux-mêmes en
termes de communication. Ainsi Jacques Lacan allait-il jusqu'à dire : il
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Jean-René Ladmiral
Jean-René Ladmiral
Université de Paris- X-Nanterre
CE.RT. *
27. Cf. György Markus, Langage et production, préf. S. Naïr, trad. J. Cohen, Chr.
Legrand et S. Naïr, Paris, Denoël/ Gonthier, 1982.
* Centre d'Etudes et de Recherches en Traduction.
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