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APPROCHES : SHAININ
Laetitia AVRILLON - LLP/CESALP - ESIA - Université de Savoie - BP 806 - 74016 ANNECY France
Maurice PILLET- LLP/CESALP - ESIA - Université de Savoie - BP 806 - 74016 ANNECY France
SHAININ et SIX SIGMA sont deux méthodes américaines d’amélioration de la compétitivité, axées sur le
client et dont l’objectif est la maîtrise de la variabilité des produits. Elles proposent toutes deux une
méthodologie d’approche des problèmes qualité dont l’objectif est de converger plus rapidement vers la source
du problème et de fournir un guide d’utilisation des méthodes d’expérimentation et d’analyse de données.
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1.3 Stratégie de résolution de problèmes
Le but de cette stratégie est de trouver les causes racines aussi vite et efficacement que possible. Elle propose
donc de réduire les causes possibles par élimination de larges groupes de causes en une seule fois (séries de
recherches binaires).
Le Système SHAININ propose six phases pour partir à la recherche du Red X [SHAININ R. 1993]:
- Définir le problème
- Etablir un système de mesure adapté
- Générer des indices
- Isoler le Red X
- Etablir une cible et des tolérances
- Implémenter la maîtrise statistique des procédés
Pour chaque phase, un enchaînement d’outils est proposé. Ces outils se veulent statistiquement rigoureux,
simples et requièrent de petites tailles d’échantillons.
Action corrective
irréversible ? Certification de process – Certif. des opérateurs
Positrol
Maîtrise Statistique du
Precontrol
processus
Lot plotSM
Validation des résultats Experience plot SM
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Définir le problème
La première étape est de définir le problème en terme de caractéristique spécifique importante pour le client. Il
faut donc relier le problème – qui peut être un défaut spécifique à éliminer ou une caractéristique à améliorer – à
une caractéristique spécifique mesurable. [SHAININ R. 1993]
Outil proposé : [SHAININ P.D. and al 1997]
L’arbre de définition du problème part de la description de l’état du problème par la
management (ex : trop de rebut, coût trop élevé) pour aboutir à l’identification et à la mesure de
la caractéristique spécifique en question : le Green Y (ex : diamètre d’une pièce), Y parce que
c’est la réponse d’un système et vert parce que c’est la couleur des dollars ! ! Cet arbre se
termine par un graphe représentant la distribution actuelle et la distribution désirée du Green Y.
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Isoler le Red X
Pour identifier le Red X qui peut être une interaction, un plan d’expérience doit être utilisé.
Trois cas peuvent se présenter [SHAININ R. 1993] :
- Le nombre de causes suspectes est supérieur ou égal à 5 : Shainin propose d’utiliser sa propre version de
plans d’expériences : Recherche par inversion de variablesSM .
- Le nombre de causes suspectes est compris entre 2 et 4 : un plan complet peut être conduit.
- Une seule cause suspecte découle de la phase précédente : l’outil B versus CSM (Better versus Current) peut
être directement utilisé.
Outils proposés : [SHAININ R. 1993]
La Recherche par inversion de variablesSM est analogue à Recherche par inversion de
composantsSM sauf qu’à la place de paires de bons et mauvais composants ce sont deux niveaux
de chaque variable suspecte, un a priori meilleur et l’autre a priori pire, qui vont être permutés.
Recherche par inversion de variablesSM est l’outil SHAININ le plus critiqué. En effet, si on
compare cet outil avec les plans fractionnaires, son unique avantage est la première étape où
l’on s’assure que le Red X est effectivement capturé en répliquant en plus les essais. Mais de
nombreuses critiques négatives peuvent être établies [LEDOLTER and al 1997]. Il est préférable
d’utiliser des plans fractionnaires.
Le Plan complet consiste à réaliser toutes les combinaisons des niveaux des facteurs suspects.
C’est évidemment le plus précis des plans mais aussi le plus coûteux.
B versus CSM est un test non paramétrique utilisé pour confirmer que le nouveau niveau B donne
de meilleurs résultats que l’ancien niveau C.
Rank Order ANOVASM est une analyse de la variance non paramétrique proposée par Shainin
pour déterminer lesquels des effets ou interactions sont significatifs [SHAININ D. and al 1990].
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1.4 Implémentation et déploiement
Le management doit sélectionner judicieusement les projets à traiter. Chaque entreprise a ses propres priorités
mais il peut être proposé l’ordre suivant : les rebuts chez les clients, les rebuts dans l’entreprise, l’élimination
d’opérations de production (réduction des coûts) et l’amélioration de la performance du produit. [SHAININ P.D.
1993]
Le management doit sélectionner les cinq problèmes les plus importants (PARETO) pour chaque unité et
assigner des ingénieurs à travailler exclusivement sur ces problèmes, et non pas diviser le nombre de problèmes
par le nombre d’ingénieurs disponibles pour les répartir. Cette liste des cinq problèmes doit être publiée par la
direction et circuler à travers toute l’entreprise pour que tous comprennent ces priorités. Seule la direction de
l’unité peut correctement sélectionner ce « Top 5 » et elle seule doit avoir le pouvoir de modifier cette liste ou
l’assignation des équipes. [SHAININ P.D. and al 1997]
Pour chaque projet, il faut ensuite constituer une équipe. L’équipe idéale selon Shainin est constituée de trois
personnes seulement représentant les départements Ingénierie produit, Production et Qualité [SHAININ P.D.
1993]. Chaque projet doit aussi avoir un Sponsor : c’est une personne élevée hiérarchiquement dont le rôle est de
fournir à l’équipe les ressources nécessaires et de la protéger des attaques éventuelles de l’extérieur [SHAININ
P.D. and al 1997]. En effet, la résolution de problèmes requièrent de nombreuses ressources : personnes,
produits, équipements de mesure, temps de la ligne de fabrication… Une charte de l’équipe doit donc être établie
pour définir l’objectif de l’équipe et préciser les ressources qui lui sont allouées. Cette charte doit être signée par
la direction. [SHAININ P.D. 1993]
A la fin de chaque projet, coûts et gains doivent être calculés et toute connaissance importante développée par
l’équipe doit être capitalisée. Shainin propose de rentrer toutes ces informations dans une base de données afin
qu’elles soient accessibles par tous sur réseau. [SHAININ P.D. 1993]
2.1 Introduction
SIX SIGMA est une méthode d’amélioration de la qualité et de la profitabilité reposant sur la maîtrise statistique
des procédés. C’est aussi un mode de management qui repose sur une organisation très encadrée dédiée à la
conduite de projet. SIX SIGMA est souvent utilisé pour concilier plusieurs objectifs : doter l’organisation
d’actions mesurables et efficaces, réduire les pertes et coûts de la qualité et améliorer l’image de marque du
groupe. [BERGER 2002]
SIX SIGMA est une approche par processus contrairement à SHAININ, fondée sur le fait que les clients
évoluent à travers l’entreprise via une série de processus, et non en suivant ses fonctions ou services. Tout
processus doit donc mesurer son efficacité et son efficience. [ECKES 2001]
Les principes de SIX SIGMA s’appliquent à tout type d’entreprise quelles que soient sa taille et son activité.
Cette méthode ne concerne pas seulement les processus industriels, elle s’utilise pour tous les processus de
l’entreprise : design de produit, ingénierie de produit, processus commercial… [HARRY and al 2000].
S’il ne fallait retenir qu’un mot de SIX SIGMA ce serait la mesure. Sans mesure de ses processus, l’entreprise ne
peut ni situer où elle est ni où elle va. [HARRY and al 2000].
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Une approche Top-down
Les « Champions » de SIX SIGMA sont choisis parmi les hauts responsables hiérarchiques. Ils sont responsables
de la réussite de l’implémentation de SIX SIGMA dans leurs propres zones d’influence. [HAHN and al 2000]
SHAININ est aussi une approche Top-down. La direction de chaque unité a pour rôle de sélectionner les
problèmes les plus importants et d’assigner à chacun de ces problèmes une équipe [SHAININ P.D. and al 1997].
Le « Sponsor » de SHANIN s’apparente au « Champion » de SIX SIGMA dans le sens où il sélectionne les
projets et est en charge des ressources attribuées à ceux-ci.
L’approche SHAININ propose un autre découpage en six phases [SHAININ R. 93] mais dans lequel on peut
retrouver le DMAIC de SIX SIGMA avec une particularité supplémentaire qui constitue le cœur et l’originalité
de SHAININ : la génération d’indices :
- Définir le problème Définir
- Etablir un système de mesure adapté Mesurer
- Générer des indices
- Isoler le Red X Analyser
- Etablir une cible et des tolérances Améliorer
- Implémenter la maîtrise statistique des procédés Contrôler
L’approche SHAININ rejoint exactement ce principe et va même plus loin en rejetant tout outil faisant intervenir
le jugement des personnes comme les diagrammes en arêtes de poisson. SHAININ propose ses propres outils (ou
assimilés comme !) qui présentent l’avantage d’être statistiquement rigoureux, simples et requièrent de petites
tailles d’échantillons [SHAININ R. 93].
Le principe phare de SHAININ est de « faire parler les pièces » pour générer des indices. Cette approche parle
d’ « ingénierie statistique ». [SHAININ P.D. and al 1997].
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2.3 Comparaison de la stratégie de résolution de problèmes
Les outils proposés par SIX SIGMA sont connus de longue date : ce sont les outils classiques de résolution de
problèmes et de statistiques. Le plus de cette méthode est d’avoir « fait des casiers » dans cette boîte à outils : à
chaque étape du DMAIC correspond une liste d’outils utilisables.
Nous avons vu précédemment que, même si le nombre de phases n’est pas le même, on peut retrouver le même
découpage entre SIX SIGMA et SHAININ. Reprenons chacune des phases pour étudier les similitudes et les
différences.
Définir
SIX SIGMA et SHAININ s’accordent sur le fait que la définition du problème doit aboutir à une caractéristique
mesurable et qu’une charte de l’équipe doit être établie.
Mais SIX SIGMA va plus loin en s’appuyant sur une approche processus pour définir le projet : une cartographie
du processus est à établir ainsi que la liste des acteurs, des clients du processus, leurs besoins, leurs exigences …
Mesurer
Cette étape de SIX SIGMA regroupe en fait deux sous-étapes qui correspondent aux phases « établir un système
de mesure adapté » et « générer des indices » de SHAININ.
Pour établir un système de mesure adapté, SIX SIGMA est plus complet. Outre le fait de vérifier la capabilité du
moyen de mesure, un plan de collecte des données est établi contenant le qui, le quoi, le où et le quand du
mesurage du projet. [ECKES 2001]
La deuxième sous-étape de SIX SIGMA est beaucoup plus pauvre. Elle indique seulement que le recueil des
informations se focalise sur les données les plus pertinentes afin d’identifier les variables qui participent au
processus et d’en comprendre le fonctionnement [BERGER 2002] mais ne dit pas comment ! On ne retrouve pas
du tout l’idée de génération d’indices chère à SHAININ et qui évite de se baser seulement sur des intuitions.
Analyser
L’objectif de cette étape est pour SIX SIGMA comme pour SHAININ de déterminer et de valider les causes
premières du problème étudié par l’équipe de projet en s’appuyant sur des preuves statistiques et non des
intuitions.
Le grand point fort de SIX SIGMA est la puissance statistique des outils proposés. Mais, devant cette panoplie
d’outils dont certains sont de plus très complexes, les utilisateurs risquent d’être perdus, de ne pas savoir lequel
choisir.
SHAININ, en revanche, guide l’utilisateur à travers des outils simples dans son « entonnoir à X ». Il le conduit
dans sa démarche de détective et l’oriente vers tel ou tel outil en fonction de ses résultats. C’est la grande force
de la méthodologie SHAININ.
SIX SIGMA propose par ailleurs une analyse du processus lui-même, surtout si l’équipe a pour but
l’amélioration de l’efficience, qui commence par une cartographie des sous-processus [ECKES 2001] qu’on ne
retrouve pas dans SHAININ.
Améliorer
L’optimisation des interactions est aussi importante pour SHAININ que pour SIX SIGMA, les outils utilisés sont
d’ailleurs très similaires.
SHAININ marque incontestablement un point en insistant sur l’importance des tolérances qui doivent être
établies avec preuves pour être correctes. [SHAININ P.D. 1993]
En effet, être « à six sigma » n’a de sens que si les tolérances ont été fixées correctement !
SIX SIGMA s’attache en plus au choix des solutions destinées à éliminer, atténuer ou bloquer les causes
premières validées à la fin du volet Analyser. Le principal outil utilisé pour dégager et choisir des solutions est
un diagramme d’affinités. Puis des critères de choix et de décision sont déterminés. L’équipe de projet conduit
ensuite une analyse des parties prenantes pour déterminer le degré d’acceptation des solutions par ceux qui
seront appelés à les mettre en œuvre, ou par ceux qu’elles affecteront. [ECKES 2001]
Contrôler
Les résultats obtenus sont contrôlés et évalués.
SIX SIGMA propose beaucoup plus de cartes afin de s’adapter au mieux à différents cas de figure : par exemple
les cartes EWMA pour détecter les petites dérives. [PIZDEK 2001].
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2.4 Comparaison de l’implémentation et du déploiement
Tout effort d’amélioration de la qualité doit impliquer l’encadrement. Pour cela, l’effort de qualité selon SIX
SIGMA doit être perçu comme un moyen en vue d’atteindre les objectifs opérationnels de l’entreprise. Les
projets d’amélioration de la qualité à sélectionner sont ceux qui exercent l’effet le plus fort sur les objectifs
opérationnels de l’entreprise. [ECKES 2001]
On peut remarquer que sur ces deux principes, l’implication de la direction et le choix des projets à traiter,
SHAININ et SIX SIGMA se rejoignent parfaitement.
En revanche, SIX SIGMA propose une organisation dédiée - pilier de cette méthode – dont aucun équivalent
aussi cadré existe dans SHAININ. Celle-ci s’articulent suivant des rôles parfaitement définis [HARRY and al
2000] :
- Les Champions mènent l'initialisation, le déploiement et l’implémentation de SIX SIGMA à travers des
organisations. Ce sont ceux qui choisissent les projets spécifiques à réaliser. Les théories, principes et
pratiques de SIX SIGMA leur sont familières. Les Champions sont choisis parmi les dirigeants exécutifs.
- Les Masters Black Belts (MBB) sont les « experts maison » de la méthode. Ils consacrent 100% de leur
temps à la démarche. Les MBB sont choisis par les Champions avec lesquels ils travaillent pour coordonner
la sélection des projets et la formation.
- Les Black Belts (BB) pilotent des projets spécifiques. Comme les MBB, ils ont donc de solides
connaissances en techniques statistiques comme en management et travaillent à 100% de leur temps sur ces
projets. Chaque BB travaille sous la responsabilité d’un MBB.
- Les Green Belts (GB) pilotent des projets de plus petite envergure qui ont trait à leur travail quotidien ou
jouent un rôle de support pour un projet d’un BB. Ils aident aussi au déploiement des techniques SIX
SIGMA. Ils consacrent une partie de leur temps à ces projets.
N. HARRY et R. SCHROEDER ont énoncé les principes de réussite de l’implémentation de SIX SIGMA
[HARRY and al 2000] dont deux sont supplémentaires à SHAININ :
- La présentation de « success stories » pour montrer les résultats obtenus
- Des benchmarking internes et externes des organisations, des produits, des process et des services
Ces deux propositions permettent de diffuser les améliorations obtenues sur un processus particulier : toute
l’entreprise bénéficie ainsi du travail réalisé par l’équipe de projet.
2.5 Conclusion
SHAININ et SIX SIGMA sont deux méthodes ayant exactement la même philosophie : il faut se baser sur des
faits, des preuves, des données et étendre ce mode de pensée à toute l’entreprise pour créer ainsi une véritable
culture d’entreprise : la formation doit couvrir tous les niveaux.
Les deux points forts de SIX SIGMA résident avant tout dans son organisation très cadrée et la puissance
statistique de ses outils.
Quant à SHAININ, bien que moins populaire que SIX SIGMA, son avantage majeur reste ses outils originaux,
simples et basés sur le bon sens ainsi que le guide d’enchaînement de ceux-ci.
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BIBLIOGRAPHIE
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