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Le plan du compte rendu

Présentation de l'ouvrage
Biographie de l'auteure:
Structure de l’essai :

Compte rendu de TOME 1


Introduction
PREMIÈRE PARTIE : Destin
Chapitre I : Les données de la biologie
Chapitre II : le point de vue psychanalytique
Chapitre III : le point de vue du matérialisme historique
DEUXIEME PARTIE : HISTOIRE
1) L’ère préhistorique.
2) De l’ère chrétienne à la révolution de 1789
3) De la révolution de 1789 à 1949
TROISIEME PARTIE : MYTHES
Chapitre I 
Chapitre II
I. MONTHERLANT OU LE PAIN DU DÉGOÛT
II. D. H. LAWRENCE OU L’ORGUEIL PHALLIQUE
III. CLAUDEL ET LA SERVANTE DU SEIGNEUR
IV. STENDHAL OU LE ROMANESQUE DU VRAI
V.
Chapitre III
Compte rendu de TOME 2
Introduction
PREMIÈRE PARTIE : FROMATION DE LA FEMME
Chapitre I : Enfance
Chapitre II : La jeune fille
Chapitre III : L’initiation sexuelle
Chapitre IV : La lesbienne
DEUXIEME PARTIE : SITUATION DE LA FEMME
Chapitre V : La femme mariée
Chapitre VI : La mère
Chapitre VII : La vie de société
Chapitre VIII : Prostituées et hétaïres
Chapitre IX : De la maturité à la vieillesse
Chapitre X : Situation et caractère de la femme
TROISIEME PARTIE : JUSTIFICATIONS
Chapitre XI : La narcissiste
Chapitre XII : L’amoureuse
Chapitre XIII : La mystique
QUTRIEME PARTIE : DE L’OPPRESSION A LA LIBERATION
Chapitre XIV: La femme indépendante
Conclusion
La critique et la postérité du Deuxième Sexe

Présentation de l'ouvrage :
Le Deuxième Sexe est un essai existentialiste et féministe de Simone de Beauvoir,
paru en 1949. Cet essai est divisé en deux tomes. L'ouvrage s'inscrit dans un double
cadre philosophique, celui de l’existentialisme et celui de la phénoménologie. Ainsi,
son essai n’est pas un simple constat sur la situation des femmes après la Seconde
Guerre mondiale ; c’est une œuvre à teneur philosophique, un ouvrage scientifique
qui s’appuie sur de nombreuses lectures et fait référence aux travaux les plus
marquants dans le domaine des sciences naturelles, expérimentales et humaines
(biologie, physiologie, histoire, psychologie, sociologie, etc...).
l'ouvrage est violemment critiqué notamment par les intellectuels catholiques mais
également par les communistes. Le Deuxième Sexe s’est vendu à plusieurs millions
d'exemplaires dans le monde, traduit dans de nombreuses langues. Il reste à ce jour
une référence majeure de la philosophie féministe. C'est une analyse complète et
cohérente de la condition féminine à travers les âges et un procès du patriarcat, du
pouvoir mâle. En partant de quelques postulats fondamentaux, Simone de Beauvoir
accumule en 1 000 pages les faits les plus divers à l’appui d’une thèse qu’on peut
résumer ainsi : la majorité des femmes a toujours été tenue à l’écart de la marche du
monde, parce que les hommes, qui se posèrent d’emblée comme les seuls
responsables, leur refusèrent les possibilités d’une existence autonome.
Biographie de l’auteure :
Simone de Beauvoir née le 9 janvier 1908 dans le 6e arrondissement de Paris, ville où
elle est morte le 14 avril 1986, est une  philosophe,
romancière, mémorialiste et essayiste française. En 1954, après plusieurs romans
dont L'Invitée(1943) et Le Sang des autres (1945), elle obtient le prix
Goncourt pour Les Mandarins et devient l'une des auteures les plus lues dans le
monde. Souvent considérée comme une théoricienne importante du féminisme,
notamment grâce à son livre Le Deuxième Sexe publié en 1949, Simone de Beauvoir
a participé au mouvement de libération des femmes dans les années 1970. Elle a
partagé sa vie avec le philosophe Jean-Paul Sartre. Leurs philosophies, bien que très
proches, ne sauraient être confondues.
Structure de l’essai :
Le Deuxième sexe est divisé en deux tomes composés respectivement de trois et
quatre parties.
TOME I. Introduction / Première partie : « Destin » / Deuxième partie : « Histoire » /
Troisième partie : « Mythes ».
TOME II. Introduction / Première partie : « Formation » / Deuxième partie : «
Situation » / Troisième partie : « Justifications » / Quatrième partie : « Vers la
libération »
Conclusion

Compte rendu de TOME 1

Introduction
Dans une tradition purement existentielle, Simone de Bouvoir commence son essai
en s’interrogeant sur la soumission fatale du sexe féminin au sexe masculin,
constatant que l’essence de la femme est indéfinissable, sa valeur, son existence
dépend absurdement de l’homme tout en affirmant que (L’homme se pense sans la
femme, mais la femme ne se pense pas sans l’homme), elle se questionne sur cette
souveraineté masculine qui considère l’homme comme l’absolu, un sujet et la femme
un être relatif (l’autre) « L’humanité est mâle et l’homme définit la femme non en
soi mais relativement à lui » ; « elle est l’inessentiel en face de l’essentiel. Il est le
Sujet, il est l’Absolu : elle est l’Autre  » , selon l’auteure , la division des sexes est à
l’origine , et surtout les plans , est essentiellement une division d’un ordre biologique
et non un simple moment de l’histoire et pour justifier ce constat , elle a retracé tout
ce qui a été dit par les anciens pour expliquer cette absurde suprématie masculine et
pour qu’elle puisse notamment dans un autre temps déconstruire cette domination qui
se réfère aux donnés biologiques « La femelle est femelle en vertu d’un certain
manque de qualités », disait Aristote « Nous devons considérer le caractère des
femmes comme souffrant d’une défectuosité naturelle. » Et saint Thomas à sa suite
décrète que la femme est un « homme manqué », un être « occasionnel ». Elle se
questionne ensuite sur le fait que les femmes ne contestent pas cette souveraineté des
hommes, ainsi, Beauvoir accuse autant les femmes, dont elle dénonce la passivité, la
soumission et le manque d’ambition , considérant que la morale existentielle
implique l'entière responsabilité  humaine : « En effet, à côté de la prétention de tout
individu à s’affirmer comme sujet, qui est une prétention éthique, il y a aussi en lui la
tentation de fuir sa liberté et de se constituer en chose : c’est un chemin néfaste car
passif, aliéné, perdu, il est alors la proie de volontés étrangères, coupé de sa
transcendance, frustré de toute valeur. Mais c’est un chemin facile : on évite ainsi
l’angoisse et la tension de l’existence authentiquement assumée. L’homme qui
constitue la femme comme un Autre rencontrera donc en elle de profondes
complicités. Ainsi, la femme ne se revendique pas comme sujet parce qu’elle n’en a
pas les moyens concrets, parce qu’elle éprouve le lien nécessaire qui la rattache à
l’homme sans en poser la réciprocité, et parce que souvent elle se complaît dans son
rôle d’Autre ». Par la suite Bouvoir affirme que l’histoire des femmes a été faite par
les hommes, ils ont mis la philosophie, la théologie à leur service pour justifier la
condition subordonnée de la femme (légende de la création). la femme n’a pas
participé à l’élaboration de l’histoire humaine vu qu’elle a été exclue des champs de
la science et que cette histoire doit être mise en question , la philosophe évoque
Poulain de la Barre « Tout ce qui a été écrit par les hommes sur les femmes doit être
suspect, car ils sont à la fois juge et partie », « Ceux qui ont fait et compilé les lois
étant des hommes ont favorisé leur sexe, et les jurisconsultes ont tourné les lois en
principes », dit encore Poulain de la Barre.
Bouvoir a fini cette introduction forte agaçante par une série de question :
« Comment dans la condition féminine peut s’accomplir un être humain ? Quelles
voies lui sont ouvertes ? Lesquelles aboutissent à des impasses ? Comment retrouver
l’indépendance au sein de la dépendance ? Quelles circonstances limitent la liberté de
la femme et peut-elle les dépasser ? Ce sont là les questions fondamentales que nous
voudrions élucider. C’est dire que nous intéressant aux chances de l’individu »
PREMIÈRE PARTIE : Destin
Chapitre I : Les données de la biologie
Biologiquement parlant, l’homme et la femme sont égaux et symétriques. L’auteure
évoque les comportements différents des femelles chez certains animaux, comme
la mante religieuse, le mâle est au service de la femelle. Certes chez
les mammifères la femelle est soumise à la gestation et a moins de force et
d’indépendance que le mâle. Mais l’humanité n’est pas seulement une espèce, c’est
aussi une civilisation ou la biologie doit s’arrêter « le corps de la femme est un des
éléments essentiels de la situation qu’elle occupe en ce monde. Mais ce n’est pas non
plus lui qui suffit à la définir ; il n’a de réalité vécue qu’en tant qu’assumé par la
conscience à travers des actions et au sein d’une société ; la biologie ne suffit pas à
fournir une réponse à la question qui nous préoccupe : pourquoi la femme est-elle
l’Autre ? Il s’agit de savoir comment en elle la nature a été reprise au cours de
l’Histoire ; il s’agit de savoir ce que l’humanité a fait de la femelle humaine. »
Bouvoir refuse radicalement de définir la femme qu’à partir ses caractéristiques
biologiques et de lui confier des taches reproductives en raison de cet aspect
biologique « Il serait hardi de déduire d’une telle constatation que la place de la
femme est au foyer : mais il y a des gens hardis. Dans son livre, le Tempérament et le
Caractère, Alfred Fouillée prétendait naguère définir la femme tout entière à partir de
l’ovule, et l’homme à partir du spermatozoïde ; beaucoup de théories soi-disant
profondes reposent sur ce jeu de douteuses analogies. On ne sait trop à quelle
philosophie de la nature ces pseudo-pensées se réfèrent. Si l’on considère les lois de
l’hérédité, hommes et femmes sont également issus d’un spermatozoïde et d’un ovule
»
Elle retrace les évolutions des adolescents durant la puberté et souligne que celle de
la fille est plus douloureuse : « L’histoire de la femme est beaucoup plus complexe. »
Elle aborde notamment les cycles menstruels, une « instabilité des glandes » qui «
amène une fragilité nerveuse ». Ainsi, les femmes sont plus facilement nerveuses,
irritables et sensibles en raison de ces données biologiques. Puis la gestation et
l’allaitement, deux actes épuisants, diminuent physiquement les femmes et les
enferment dans un rôle qu’elles doivent tenir. L’écart entre les hommes et les femmes
est encore agrandi par la force musculaire supérieure des hommes .
Bouvoir conclut ce chapitre en affirmant que la société n’est pas une espèce « en elle
l’espèce se réalise comme existence ; elle se transcende vers le monde et vers l’avenir
; ses mœurs ne se déduisent pas de la biologie  » et que mâle et femelle sont deux
types qui se complètent «. Il faut les considérer d’un point de vue fonctionnel pour
saisir leur singularité. »
Chapitre II : le point de vue psychanalytique
Beauvoir observe que Freud a calqué sur la femme ses études portant sur l’homme,
« Freud ne s’est pas beaucoup soucié du destin de la femme ; il est clair qu’il en a
calqué la description sur celle du destin masculin dont il s’est borné à modifier
quelques traits », « il admet que la sexualité de la femme est aussi évoluée que celle
de l’homme ; mais il ne l’étudie guère en elle-même. Il écrit : « La libido est de façon
constante et régulière d’essence mâle, qu’elle apparaisse chez l’homme ou chez la
femme. » Il refuse de poser dans son originalité la libido féminine », selon elle, la
psychanalyse freudienne est fondée sur des postulats, comme
la souveraineté du père ou la valeur accordée au pénis, engendrant un déterminisme
chez l’homme et la femme. Il a conclu que la libido féminine était dérivée de la
masculine. Cette conception s’oppose à l’existentialisme, pour lequel l’homme
choisit son destin et ses valeurs. La fatalité est inapte à expliquer l’inégalité entre les
hommes et les femmes « Le psychanalyste nous décrit l’enfant et la jeune fille
sollicitée de s’identifier au père et à la mère, partagée entre des tendances « viriloïdes
» et « féminines » ; tandis que nous la concevons comme hésitant entre le rôle
d’objet, d’Autre qui lui est proposé, et la revendication de sa liberté ; ainsi arrivera-t-
il que nous tombions d’accord sur un certain nombre de faits : et en particulier quand
nous considérons les chemins de fuite inauthentique qui s’offrent aux femmes. Mais
nous ne leur accordons pas du tout la même signification que le freudien ou
l’adlérien. Pour nous la femme se définit comme un être humain en quête de valeurs
au sein d’un monde de valeurs, monde dont il est indispensable de connaître la
structure économique et sociale ; nous l’étudierons dans une perspective existentielle
à travers sa situation totale. »
Beauvoir évoque le complexe d’Electre et propose une analyse plus détaillée. Elle
relate les phases de l’enfance à l’adolescence chez les deux sexes. Les hommes ont un
pénis visible qui deviendra une sorte de fierté. Les femmes font un complexe
d’infériorité en raison de cette absence de pénis. Puis à l’adolescence elles doivent
évoluer du plaisir clitoridien au plaisir vaginal, ce qui constitue une transition bien
plus compliquée que celle du garçon. « on voit que l’ensemble du drame sexuel est
plus complexe pour la petite fille que pour ses frères : elle peut être tentée de réagir
au complexe de castration en refusant sa féminité, en s’entêtant à convoiter un pénis
et à s’identifier au père ; cette attitude la conduira à demeurer au stade clitoridien, à
devenir frigide ou à se tourner vers l’homosexualité. » la philosophe reproche à la
psychanalyse le fait qu’elle reprend le point de vue des hommes considérant comme
féminines les conduites d’aliénation, comme viriles celles où un sujet pose sa
transcendance « On pourra remarquer un certain parallélisme entre nos descriptions et
celle des psychanalystes. C’est que du point de vue des hommes – qui est celui
qu’adoptent les psychanalystes mâles et femelles – on considère comme féminines les
conduites d’aliénation, comme viriles celles où un sujet pose sa transcendance »
Chapitre III : le point de vue du matérialisme historique
Dans ce chapitre, la philosophe s’appuie sur l’approche matérialiste comme une
troisième approche qui n’est pas un donné naturel et comme paramètre qui
l’infériorisation de la femme dans l’histoire. Pour comprendre le point de vue
matérialiste sur la femme, elle évoque l’ouvrage de Friedrich Engels, L'Origine de la
famille, de la propriété privée et de l'État, qui considère que l’histoire de la femme
« dépendrait essentiellement de celle des techniques. » Ainsi, « le problème de la
femme se réduit à celui de sa capacité au travail. ». Elle observe que le grand
changement se situe avec les débuts de la propriété privée : « Il est impossible de
déduire de la propriété privée l’oppression de la femme. » elle trouve ces explications
brillantes mais n’en est pas tout à fait satisfaite, elle distingue trois étapes dans
l’histoire de la femme : l’âge de pierre où tout était mis en commun, où les hommes
et les femmes se partageaient leurs tâches ; l’ère de la propriété privée, où l’homme,
ayant besoin d’esclaves mit les femmes à sa disposition ; enfin le capitalisme, qui a
empêché l’égalité avec les hommes malgré l’apparition de la machine.
De plus Beauvoir est convaincue que la moindre force physique et les grossesses de
la femme ne sont pas un handicap à partir du moment où la société ne veut pas
qu’elles en soient un. L’auteur constate que la technique annule les différences
musculaires, mais les contraintes liées à la procréation amènent la femme à avoir un
rôle à la maison et à assurer le ménage : « La femme ne peut être émancipée que
lorsqu’elle peut prendre part dans une grande mesure sociale à la production et n’est
plus réclamée par le travail domestique que dans une mesure insignifiante. » Même
si la technique a permis de réduire les inégalités en matière de force musculaire, la
femme est contrainte par ses obligations de mère : « On ne saurait obliger
directement la femme à enfanter : tout ce qu’on peut faire c’est l’enfermer dans des
situations où la maternité est la seule issue , la loi ou les mœurs lui imposent le
mariage , on interdit les mesures anticonceptionnelles et l’avortement , on défend le
divorce . » De même que la psychanalyse ne voit que la sexualité, le matérialisme
historique ne voit que l’économie. Or, le lien entre la propriété privée et l’infériorité
de la femme ne peut être qu’arbitraire.
Beauvoir conclut que la biologie, la psychanalyse et le matérialisme apportent des
éclaircissements certes intéressants mais insuffisants sur la condition féminine.
L’existentialisme se présente dès lors comme un outil d’importance «  nous ne
refuserons pas certaines contributions de la biologie, de la psychanalyse, du
matérialisme historique : mais nous considérerons que le corps, la vie sexuelle, les
techniques n’existent concrètement pour l’homme qu’en tant qu’il les saisit dans la
perspective globale de son existence. La valeur de la force musculaire, du phallus, de
l’outil ne saurait se définir que dans un monde de valeurs : elle est commandée par le
projet fondamental de l’existant se transcendant vers l’être. »
DEUXIEME PARTIE : HISTOIRE

1) L’ère préhistorique.
L’objectif de cette partie historique selon Simone de Beauvoir, c’est de se servir de
l’histoire, pour comprendre, mais aussi dénoncer l’oppression de l’histoire sur les
mentalités. Ce chapitre a commencé par les peuples primitifs ou l’époque qui précéda
celle de l’agriculture. Même si Simone de Beauvoir avoue que c’est difficile de
savoir exactement la situation de la femme dans cette époque, vu les  études
ethnologiques contradictoires sur la question. Dans cette époque, la condition
féminine a été influencée par le handicap de la maternité, puisqu’il n’y a pas de
périodes de stérilité chez la femme, elle porte des enfants, tant que sa vie sexuelle le
lui permet. Et cette charge, qui la maintient au foyer, l’empêche d’exercer un
quelconque pouvoir sur le monde. Par contre, le mâle, lui, soumet la nature à ses
désirs, chasse, invente, et se détache de son animalité, puis perfectionne les premiers
instruments et se désigne comme le chef.
L’avènement de la propriété privée n’a pas contribué au changement du statut de la
femme, au contraire elle est échangée comme n’importe quel bien appartenant à la
communauté ; elle est le jouet des transactions entre mâles. La femme a été
encouragée et sacralisée en tant que reproductrice. Ce qui a compliqué la situation
réelle de la femme, car plus la contrainte biologique s’ajoutait une oppression
métaphysique : aux femmes le royaume obscur de la vie, les ténèbres, la magie.  En
revanche, on a réservé aux hommes la transparente conquête du monde réel, la
logique, bientôt les sciences. Avec l’apparition de l’esclavage, la défaite de la femme
est confirmée, partout le maître trouve plus rentable d’employer un esclave qu’une
femme.
La société romaine accentue la dépendance économique de la femme, sous la
royauté, le père, le mari ou le tuteur lui interdisent la jouissance de ses biens et elle
est exclue des affaires publiques. Mais, au temps de l’oligarchie patricienne, la
femme acquiert des droits de plus en plus importants et accède à une plus grande
indépendance « L’État s’autorise de l’opposition du père et du mari pour restreindre
leurs droits : c’est le tribunal d’État qui jugera les cas d’adultère, de divorce, etc. »1 .
Et, de fait, la tutelle sur ses biens est supprimée, et la mère obtient la garde de ses
enfants en cas d’inconduite du mari.
2) De l’ère chrétienne à la révolution de 1789
Bien que le christianisme exalte la charité et l’amour du prochain, mais cela n’a pas
mis fin à l’inégalité entre les sexes et restauré entre eux les liens de dignité à cause de
la tradition juive, antiféministe, qui a joué au sein du christianisme un rôle de frein à
l’émancipation des femmes. Que ce soit sous la primauté du droit canon qui
n’admettait pas « d’autre régime matrimonial que le régime dotal qui rend la femme
incapable et impuissante »2 ou le droit civil qui ne lui est pas plus favorable, car les
empereurs sont influencés par les Pères de l’Église ; l’époux demeure le tuteur de
l’épouse, le divorce est interdit, et le mariage doit être un événement public.
Pendant le Moyen Âge, la condition de la femme reste incertaine. Sous les
Mérovingiens et les Carolingiens, la polygamie est instaurée, la répudiation est
admise, et l’homme dispose du droit de vie et de mort sur son épouse. La femme
n’est protégée que si elle est épouse et mère.
Le grand apport de la Renaissance est de promouvoir un certain nombre de femmes
au plus haut niveau de la vie sociale, des femmes qui sont de puissantes
souveraines, aventurières, artistes, courtisanes, philosophe, musicienne…. Rivalisent
d’influence avec les hommes.
Plus tard, au cours du XVIIe siècle, des femmes en vue ouvrent des salons et discutent
politique, science, philosophie. Mais il n’y a pas là proprement d’action, au sens
masculin du terme ». Au XVIII e siècle, le développement du rationalisme aurait dû
favoriser l’émancipation de la femme. Voltaire, Diderot et surtout Condorcet parlent
de l’avenir de la femme en termes de progrès. Mais la masse des femmes reste
inculte, et J.-J Rousseau, dont l’influence est grande, voue la femme à son mari et à la
maternité. « Toute l’éducation des femmes doit être relative aux hommes… La
femme est faite pour céder à l’homme et pour supporter ses injustices »3.
3) De la révolution de 1789 à 1949
La révolution bourgeoise de 1789 ne pouvait guère modifier le sort des femmes
malgré leur importante participation aux journées révolutionnaires à part quelques
insuffisantes conquêtes : comme la suppression du droit d’aînesse et loi sur le
divorce. Les premiers mouvements féministes voient le jour avec Olympe de Gouges
et Rose Lacombe. Mais L’ordre napoléonien retarde encore l’émancipation féminine.
De 1815 à 1830, la bourgeoisie libérale installe en France sa puissante machine
sociale. Des penseurs conservateurs fondent les bases éthiques de l’État bourgeois. La
famille et la hiérarchie sont exaltées. Mais la situation va soudain changer quand les
femmes vont entrer dans le monde du travail. Elles se découvrent une communauté
d’intérêts avec les travailleurs masculins, les changements matériels dans leur
existence n’ont pas laissé le choix aux femmes. C’est alors que se pose le grand
problème que la société du XXe siècle n’a toujours pas résolu, les rapports entre le
travail social et la vie domestique. Les conditions de travail sont pénibles : Salaires
1
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. I, Les faits et les mythes, Paris, Gallimard, 2000, P 154
2
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. I, Les faits et les mythes, Idem, p 159
3
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. I, Les faits et les mythes, Idem, p 187
misérables, horaires écrasants, hygiène inexistante, en plus le travail féminin, conçu
comme la source d’un salaire d’appoint, ne pousse pas les travailleuses à prendre les
responsabilités professionnelles qui leur auraient permis de faire progresser leur
cause.
Le marxisme, s’intéressa au sort des travailleuses, mais sans jamais admettre qu’il y
ait, à côté de l’exploitation de l’homme et de la femme dans la société capitaliste, une
oppression spécifique de la femme par l’homme.
L’autre fait marquant de l’histoire des femmes à cette époque est le suffrage féminin,
la lutte menée pour l’obtention du droit de vote féminin. Les Anglaises obtiennent le
droit de vote en 1918, les Allemandes en 1919, les Françaises en 21 avril 1944.
Simone de Beauvoir conclut son chapitre historique par le constat suivant : la
masse des femmes est toujours restée en marge de l’histoire. Il faut donc, pour
comprendre, inverser les données du raisonnement antiféministe : « Ce n’est pas
l’infériorité des femmes qui a déterminé leur insignifiance historique : c’est leur
insignifiance historique qui les a vouées à l’infériorité » 4
TROISIEME PARTIE : MYTHES
Chapitre I 
Selon Simone de Beauvoir Réfléchir sur le sens des mythes, c’est examiner quelle
image de la femme les hommes ont projetée dans les consciences, pour justifier leur
supériorité et servir leurs intérêts immédiats. Le mythe dénote une oppression plus
tenace encore que celle de l’histoire, par l’autorité incontestée dont il est chargé.
Le mythe de la Genèse : qui désigne cette infériorité comme une donnée naturelle.
C’est Adam qui a été créé le premier, et Ève ensuite, à partir de lui, c’est-à-dire
qu’elle a été privée d’emblée de son autonomie. C’est Ève qui a été rendue
responsable de la chute. Elle porte ainsi la tare de la faiblesse et de la vulnérabilité.
Le mythe du couple originel fournit à Simone de Beauvoir l’occasion d’un important
développement sur l’altérité. Pour que je prenne conscience de mon moi, il faut
qu’autrui existe, me regarde, me juge. L’homme lui faut un témoin qui lui ressemble
sans lui être tout à fait identique. C’est alors que la femme devient nécessaire à
l’homme.
Les mythes de la fécondité : Ils ont répandu l’idée que c’est le principe mâle qui est
le véritable créateur, le principe femelle n’ayant qu’un rôle passif. Certes, la femelle
est féconde, mais c’est le mâle qui vient l’ensemencer. Innombrables sont les mythes
qui assimilent la femme à la terre et l’homme à la charrue. Le mythe ne fait pas autre
chose que ramener la femme à la nature, en l’immobilisant dans une fonction
immuable et répétitive. Quant à l’activité sexuelle masculine, elle est toujours un
retour aux sources. 
Les mythes de la virginité : Ils révèlent la dualité de sentiments que l’homme
éprouve à l’égard de la femme : peur et désir. La femme, comme la montagne, sont
des obstacles qu’il veut être le seul à saisir. La femme, comme la montagne, sont des
obstacles qu’il veut être le seul à saisir. La virginité est à la fois fascinante c’est
pourquoi dans certaines communautés primitives, la défloration est exigée dès la
puberté et aussi inquiétante, de nos jours, la même méfiance à l’égard de la femme
4
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. I, Les faits et les mythes, Idem, p229
restée vierge par sacrifice ou par délaissement (thème de la vieille fille)le tabou
sexuel :
Le mythe de Marie, mère et servante : Celui-ci indique à la femme que pour
accéder à Dieu, il lui faut renier sa chair. Simone de Beauvoir relève ce paradoxe du
christianisme qui consiste à élever et rabaisser en même temps la créature féminine.
Par sa fonction de mère. La mère est la seule forme de féminité que l’homme puisse
accepter, parce que la renier serait se renier soi-même. Mais la mère de Dieu est aussi
la servante du Seigneur, celle qui en s’abaissant s’est sauvée et en confirmant la mère
dans sa fonction de servante, les hommes donnaient à cette fonction des bases
prétendument naturelles ; et en élevant le service à la dignité d’un noble dessein, ils
voulaient fonder la légitimité de leur domination.
Le mythe de la passivité féminine : Sexuellement, moralement, intellectuellement,
le mari prétend « former » son épouse, et pour asseoir définitivement sa supériorité, il
répand le mythe de la passivité féminine. Simone de Beauvoir considère que la mode
la parfaite l’illustration de ce mythe puisqu’ une poignée d’hommes imposent à des
millions de femmes leur propre vision de la féminité et fixent, à toutes les époques,
leur idéal de la beauté féminine.
Le mystère féminin : Un terme revient souvent dans la description des mythes par
Simone de Beauvoir ; c’est celui d’opacité du moi féminin. Dans la relation moi-l
’autre, déjà évoquée, on a vu que c’est la femme qui fait les frais de la confrontation
des deux libertés. Elle renonce finalement à se penser comme l’essentiel, son moi
devient « opaque », elle « s’englue » dans le trouble de l’essence, retourne dans les
ténèbres de l’immanence. On connaît ce vieux raisonnement antiféministe : en
s’émancipant, la femme perdra son charme, son mystère. À la vérité, on ne laisse pas
échapper des privilèges si chèrement acquis...
Chapitre
Chapitre II
I. MONTHERLANT OU LE PAIN DU DÉGOÛT
Dans cette partie Henry de Montherlant, qui est un écrivain misogyne, adopte une
vision négative envers les femmes et il ne leur n’accorde pas une seule qualité, il
considère que  la sottise et la bassesse des hommes d’aujourd’hui qui ont prêté une
figure positive aux déficiences féminines ; la femme est inessentielle, inférieure elle
est définitivement chair ; la femme est selon lui un être incomplet, voué à
l’esclavage, elle est donc femme par défaut de virilité, son corps est méprisable .
Cependant, elle est dangereuse à l’homme. Si elle est mère, amante ou épouse, son
objectif c’est de nuire l’homme. Malgré cela, l’homme a besoin d’elle, surtout il a
besoin de sa conscience, pour se mettre sur son piédestal viril.
II. D. H. LAWRENCE OU L’ORGUEIL PHALLIQUE
Lawrence se situe aux antipodes d’un Montherlant. Et considère que la femme n’est
ni divertissement, ni proie, ni un objet en face d’un sujet, mais un pôle nécessaire à
l’existence du pôle de signe opposé.et il affirme que les hommes qui ont méconnu
cette vérité, ce sont des ratés. Et que l’acte sexuel est sans annexion, sans reddition
d’aucun des partenaires. Tout cela ne veut pas dire que Lawrence est avec l’égalité
des sexes puisqu’il croit passionnément à la suprématie mâle. Le mot même de «
mariage phallique », l’équivalence qu’il établit entre sexuel et phallique le prouvent
assez pour Lawrence l’homme incarne la transcendance, tandis que la femme est
passive, enfermée, immanente. Sous couvert d’abolir la pensée et les disparités de
caractère et d’éducation, Lawrence refuse à ses personnages féminins un rôle de
premier plan ou équivalent à celui joué par les hommes.
III. CLAUDEL ET LA SERVANTE DU SEIGNEUR
Cet essayiste a une vision peu émancipatrice de la femme et considère que la femme
a sa place dans l’harmonie de l’univers ; mais ce n’est pas une place quelconque Les
femmes sont étroitement liées à Dieu, qui les instrumentalismes dans le but d’éveiller
les hommes à leur âme, cet éveil dit-il passer par des rapports sexuels.
Ce rôle de salut est à double tranchant : Les femmes sont priées de ne pas se vouloir
égales aux hommes qu’elles réveillent et qu’elles aiment. Elles ne doivent pas plus
exiger un rachat par les hommes.
IV. BRETON OU LA POÉSIE
« Malgré l’abîme qui sépare le monde religieux de Claudel de l’univers poétique de
Breton, il y a une analogie dans le rôle qu’ils assignent à la femme : elle est un
élément de perturbation ; elle arrache l’homme au sommeil de l’immanence … »5 La
femme est mystère, révélation, poésie, magie. Elle est l’essence de la beauté et du
monde, grâce à laquelle l’homme peut se sauver. Mais elle est toujours autre qu’elle-
même, car elle n’est vue que poétiquement.
V. STENDHAL OU LE ROMANESQUE DU VRAI
Stendhal qui a été explicitement féministe, refuse d’envisager les femmes comme des
altérités naturelles qui conserveraient des contenus immuables à l’intérieur d’elles-
mêmes, Il a bien compris que l’infériorisation de la femme était due à son éducation.
Stendhal est aussi loué d’être parvenu à faire d’une faiblesse politique une force : «
(…) elles ne sont en soi ni inférieures ni supérieures à l’homme ; mais par un curieux
renversement, leur situation malheureuse les favorise. »6  En revanche Stendhal aime
l’authenticité des femmes qui, étant moins instruites, sont exemptes d’« esprit de
sérieux », généreuses, vraies ; jamais elles ne s’aliènent dans des affaires
prétendument importantes. Elles sont libres de tout préjugé, de toutes valeurs
bourgeoises.
VI.
Dans cette partie, fait le bilan de ses recherches et résume ce qu’elle a dit
auparavant : l’homme est la référence unique de chaque moment et de chaque chose
de notre monde et que les écrivains analysés cherchent en la femme un autre par
lequel ils pourront se révéler à eux-mêmes.
Chapitre III
Dans ce chapitre, Simone de Beauvoir déduit que si la femme n’existait pas les
hommes l’auraient inventée. Les mythes féminins ont été forgés par les hommes,
5
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. I, Les faits et les mythes, Idem, p 367
6
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. I, Les faits et les mythes, Idem, p 371
pour les hommes, qui ont fait de la femme, aux diverses époques, ce qu’ils voulaient
qu’elle fût. Dénoncer ces mythes contradictoires, c’est frayer la voie au changement
dans les rapports entre hommes et femmes, en modifiant la structure même des
mentalités. Cela n’ira pas sans difficulté ; il faut que l’homme s’attende à être de plus
en plus contesté dans ses prétentions ontologiques et morales.

Compte rendu du TOME 2


Introduction
Dans le deuxième tome du deuxième sexe, Simone de Beauvoir cherche à
reconstituer l’évolution physiologique et psychologique de la femme, de l’enfance à
la vieillesse; peindre sa situation; étudier les justifications de certaines femmes qui
tentent de se libérer : la narcissiste, l’amoureuse, la mystique; pour examiner à la fin
de l’œuvre les possibilités qu’a la femme pour forger un nouvel avenir de libération.
PREMIÈRE PARTIE : FROMATION DE LA FEMME
Chapitre I : Enfance
Simone de Beauvoir ouvre ce tome par sa fameuse formule « On ne naît pas femme:
on le devient.» pour montrer que l’oppression de la femme n’est pas une donnée
biologique, mais un construit socioculturel, c’est l’effet de l’apprentissage et de
l’éducation qui commence dès l’enfance. Celle-ci est une phase capitale dans la
formation de la fille. A cet égard la philosophe étudie trois aspects importants de cette
phase: le sevrage, la répartition sexuelle d’un point de vue conventionnel et le rapport
aux parents.
 Le sevrage est une expérience identique pour les nourrissons des deux sexes
jusqu’à 3-4 ans. Tous les deux ont la même jalousie en cas d’un nouveau né, les
mêmes capacités intellectuelles, la même attitude: les garçons et les filles tentent
de perpétuer l’heureux état qui précède le sevrage. C’est l’intervention d’autrui
dans la vie de l’enfant qui va créer progressivement la différence entre les sexes: «
c’est aux garçons surtout qu’on refuse peu à peu baisers et caresses; quant à la
fillette, on continue à la cajoler. » p 17.
 la répartition sexuelle d’un point de vue conventionnel : pour comprendre
comment une fille devient une femme, il faut mettre en évidence deux causes
principales:
- la valorisation du pénis liée à l’éducation et non à la nature biologique «
c’est à cause de la supériorité des garçons qu’il leur est demandé davantage; pour
l’encourager dans le chemin difficile qui est le sien, on lui insuffle l’orgueil de sa
virilité, cette notion abstraite revêt pour lui une figure concrète: elle s’incarne dans
le pénis» p18. Le sort de la fillette est différent, on n’attire pas son attention à cet
organe secret « en un sens, elle n’a pas de sexe ». C’est le complexe de castration
féminin selon les psychanalystes. Résultat: le garçon se recherche dans le pénis en
tant que sujet autonome et la fillette sera encouragée à s’aliéner dans sa personne
toute entière.
- la préparation de la petite fille pour le rôle de la maternité. En aliénant son
moi dans une chose passive, la poupée, la fillette se prépare à la maternité. Les
femmes s’attachent à transformer la petite fille à une femme semblable à elles, «
une vraie femme » : on lui donne comme amies d’autres filles, on la confie à des
professeurs femmes, on lui choisit les livres et les jeux qui les initient à sa
destinée..
 le rapport aux parents, c’est la tradition et les mœurs qui poussent les parents à
maintenir cette différence entre les sexes. Ils développent chez la fille des vertus
féminines en lui refusant une éducation virile, tandis qu’ils éduquent le garçon
pour être un sujet libre et autonome. En découvrant sa mère comme victime
passive, la fillette va se retourner vers son père car elle s’apercevra la souveraineté
des hommes qui est un fait d’ordre social.
Chapitre II : La jeune fille
 Dans son enfance, la fille « ne faisait que rêver sa future passivité » p88 ; mais
dans l’adolescence, la passivité devient réalité concrète. C’est pourquoi « sa
jeunesse se consume dans l’attente. Elle attend l’homme »: le prince charmant.
 Elle est toujours convaincue de la supériorité virile qui a des bases économiques et
sociales. Dans ce sens l’infériorité de la femme n’est pas donnée, elle a sa source
dans la société qui l’entoure et qui lui impose son avenir : « vouée à la docilité, à
la résignation, elle ne peut qu’accepter dans la société une place toute faite. Elle
prend l’ordre des choses comme donnée. ».p89.
 La puberté transforme le corps de la jeune fille et renforce son infériorité : «la
force musculaire, l’endurance, l’agilité de la femme sont inférieures à celle de
l’homme »p. 90 et la servitude menstruelle constitue un lourd handicap pour elle.
 L’éducation de la fille et les mœurs lui rendent l’indépendance difficile : « on
respecte l’effort que fait l’adolescent pour devenir un homme et déjà on lui
reconnaît une grande liberté. On exige de la jeune fille qu’elle reste à la maison, on
surveille ses sorties. »p.96..
 L’ambivalence de la jeune fille : « Avec la puberté, elle a appris la honte; et la
honte demeure mêlée à sa coquetterie et à sa vanité; les regards des mâles la
flattent et la blessent à la fois. »p 118; «elle souhaite « avoir » un homme, elle
répugne à être sa proie. Et derrière chaque peur se dissimule un désir. » p120
 La contestation de l’adolescente s’exprime par le ricanement, le rire et l’usage d’un
langage obscène. Et les pratiques masochistes sont à la fois une anticipation de
l’expérience sexuelle et une révolte contre elle.
 Contrairement au garçon qui s’adonne à des activités positives, les violences de
l’adolescente contre elle-même ou contre l’univers qui l’entoure ont toujours un
caractère négatif
 La situation de l’adolescente est difficile. se savoir passive et dépendante à l’âge
de l’espoir et de l’ambition constitue la pénible condition de la jeune fille, son
avenir dépend du bon plaisir des hommes, ses aspirations sur le plan social comme
sur le plan sexuel sont condamnées de rester inassouvies. Ainsi sa crise réside-t-
elle dans une sorte de deuil parce qu’elle enterre l’autonomie de l’enfance pour
entrer avec soumission dans l’existence adulte. Elle abandonne les études et la
carrière dès qu’elle trouve un mari. La pression sociale l’invite à trouver une
position sociale dans le mariage.
Chapitre III : L’initiation sexuelle
L’expérience érotique :
 L’érotisme de la jeune fille constitue un événement neuf qui crée une rupture avec
le passé. Elle ne devient un centre érotique que par l’intervention du mâle. Celle-ci
constitue une violence qui la change de fille en femme: la défloration. Pour
l’homme, le passage de la sexualité infantile à la maturité est simple, il ya une
objectivation du plaisir sexuel.
 L’acte sexuel normal met la femme en situation de dépendance du mâle et de
l’espèce. « Elle peut toujours être prise par l’homme, tandis que lui ne peut la
prendre que s’il est en état d’érection ».p. 148
 L’effet de la civilisation patriarcale :
 le destin anatomique de l’homme et de la femme est différent. Leur situation
morale et sociale est aussi différente parce que la société, les mythes, l’histoire ont
voué la femme à la chasteté et ont reconnu à l’homme le droit d’assouvir ses désirs
sexuels. Il est un sujet, une transcendance; tandis que la femme est immanence
dans son confinement dans le travail ménager. Pour elle l’acte sexuel est une faute,
une défaite et une faiblesse. Depuis les civilisations primitives, le lit était pour la
femme un « service » dont le mâle la remercie par des cadeaux.
 Le langage traduit le rapport de supériorité dans l’acte sexuel:
- « Le vocabulaire érotique des mâles s’inspire du vocabulaire militaire(… ) il
parle d’attaque, d’assaut, de victoire » p. 150. L’homme est conquérant; la femme
est une chose conquise.
- Le langage désigne l’homme comme activité, une transcendance. Pour dire
qu’il a couché avec une femme, l’homme dit qu’il l’a possédé.
 L’acte sexuel comporte la pollution d’un être par un autre. Ce qui impose une
certaine fierté au polluant, et quelque humiliation au pollué.
 L’intégration du rôle biologique agressif de l’homme à sa fonction sociale de chef,
de maître renforce sa situation privilégiée. Pourtant la femme n’est qu’un objet «
on dira d’elle qu’elle est chaude ou froide, c’est-à-dire qu’elle ne pourra jamais
manifester que des qualités passives » p 151.
 L’initiation sexuelle se résume dans « la nuit de noces »
 Devenir femme c’est rompre avec le passé, c’est un passage dramatique qui
arrache la jeune fille au monde imaginaire et la jette dans le monde réel.
 Le destin anatomique et les mœurs confèrent à l’homme le rôle de l’initiateur parce
que la jeune fille a besoin de lui pour que son propre corps lui soit révélé.
 L’aliénation par le regard
 Existentialiste, Simone De Beauvoir considère que les hommes et les femmes
connaissent tous la honte de leur chair inerte qui les transforment en objet. C’est
pourquoi les hommes ne supportent pas se montrer nus à une femme autrement
qu’en érection; pourtant l’état normal de la chair féminine est passive. L’amant est
un juge qui, à travers le regard, la révèle à elle même dans sa vérité.
 Le jugement masculin est décisif; il peut donner à la jeune fille confiance en soi ou
faire naître en elle un complexe d’infériorité. Même si la première pénétration est
toujours un viol.
 L’expérience sexuelle confirme l’asymétrie entre les sexes parce que le sexe
masculin est un mouvement volontaire, c’est l’homme qui décide, tandis que la
femme pénétrée se sent concrètement aliénée, dominée, soumise et vaincue.
 Les traumatismes des premiers coïts :
 C’est la brutalité du partenaire ou la soudaineté de l’événement qui détermine
traumatisme ou dégoût de la femme.
 Les résistances morales de la jeune fille entravent l’apparition du plaisir. D’où la
naissance d’une rancune qui la dispose mal à une expérience plus heureuse. A
l’agressivité et la négligence de l’homme, la femme répond avec vengeance de lui
et d’elle-même.
 Après le coït, la femme ne demeure sujet que par l’union; tandis que l’homme
voudrait la séparation par laquelle il cherche la domination, à être le seul sujet et
que la femme se sente humiliée et possédée. Ce qui suscite sa rancune contre
l’amant qui s’écarte d’elle brusquement, c’est un arrachement douloureux qui
constitue un nouveau sevrage.
 Le masochisme est une caractéristique de la femme « parce qu’en elle plaisir et
douleur seraient liés à travers défloration et accouchement, et parce qu’elle
consentirait à son rôle passif. »p.182. Mais Simone de Beauvoir réfute cette idée en
affirmant qu’à la douleur de la défloration, il ne s’accompagne pas de plaisir et que
toutes les femmes redoutent les souffrances de l’accouchement. Selon Sartre, le
masochisme est une assomption de culpabilité « La jeune fille s’estime coupable
de livrer son moi à autrui et elle s’en punit en redoublant volontairement
humiliation et servitude. »
 Contraste entre le rêve et la réalité: la jeune fille accepte la domination d’un mâle
dans l’imaginaire, mais elle n’est pas disposée « à subir dans la réalité l’expression
charnelle de cette autorité ».
Chapitre IV : La lesbienne
L’homosexualité féminine est entourée des préjugés défavorables. La virilité de la
femme « serait une anomalie traduisant un déséquilibre hormonal. » P 190. Pour
Simone de Beauvoir, cette opinion est erronée parce que les psychanalystes voient
dans l’inversion de la femme un phénomène psychique et non organique
 L’homosexualité pour Simone de Beauvoir est pour la femme une manière de fuir
sa condition ou de l’assumer, «l’homosexualité de la femme est une tentative
parmi d’autres pour concilier son autonomie et la passivité de sa chair. » p 193
 Simone de Beauvoir réfute le rangement des lesbiennes en deux catégories
tranchées: les unes viriles par leur volonté d’imiter l’homme et les autres
féminines par leur peur de l’homme car ce rangement incarne la représentation
sociale du masculin et du féminin « En effet l’homme représente aujourd’hui le
positif et le neutre, c’est-à-dire le mâle est l’être humain, tandis que la femme est
seulement le négatif, la femelle. Chaque fois qu’elle se conduit en être humain, on
déclare qu’elle. s’identifie au mâle. Ses activités sportives, politiques,
intellectuelles sont interprétées comme une « protestation virile ».» En effet la
femme se fait lesbienne parce qu’elle refuse la domination mâle.
 La civilisation impose à la femme de réaliser un idéal: une femme féminine,
docile, coquette. Selon Simone de Beauvoir la lesbienne ne respecte pas les
consignes de la féminité car celles-ci diminuent la femme, c’est pourquoi la
lesbienne « choisit d’être un individu complet, un sujet et une liberté devant qui
s’ouvrent le monde et l’avenir: si ce choix se confond avec celui de la virilité,
c’est dans la mesure où la féminité signifie aujourd’hui mutilation ».P 196
 Ce qui conduit la femme à l’homosexualité n’est pas seulement le refus de se
faire objet mais aussi la recherche à s’approprier les trésors de sa féminité: «
entre femmes, l’amour est contemplation; les caresses sont destinées moins à
s’approprier l’autre qu’à se recréer lentement à travers elle; la séparation est
abolie, il n’ya ni lutte, ni victoire, ni défaite; dans une exacte réciprocité chacune
à la fois le sujet et l’objet, la souveraine et l’esclave; La dualité est complicité. »p
205. les lesbiennes peuvent s’aimer dans l’égalité. Mais elles réussissent mal à
s’intégrer à la société.
 L’homosexualité selon Simone de Beauvoir n’est ni une perversion, ni un vice
mais une attitude choisie en situation Elle constitue « pour la femme une manière
parmi d’autres pour résoudre les problèmes posées par sa condition en général,
par sa situation érotique en particulier. ». P 215

DEUXIEME PARTIE : SITUATION DE LA FEMME


Chapitre V : La femme mariée
 Simone de Beauvoir condamne sévèrement l’institution du mariage parce qu’il
traduit l’inégalité entre les sexes, l’homme est un individu autonome et
complet, il joue le rôle protecteur ; tandis que la femme est condamnée dans le
rôle reproducteur et domestique,  elle est « donnée en mariage par ses parents.
Les garçons se marient, ils prennent femme. Ils cherchent dans le mariage une
expansion, une confirmation de leur existence (…) c’est une charge qu’ils
assument librement » p 223.
 Il incarne la passivité féminine « Ainsi la jeune fille apparaît-elle comme
absolument passive »p.223. Elle est un objet d’échange que les hommes se
donnent les uns aux autres «  la femme a toujours été donnée en mariage à
certains mâles par d’autres mâles. »p 221
 Il constitue la seule destinée imposée à la femme par la société, sa carrière. La
femme seule est un être incomplet. Elle ne conquière l’intégrale dignité d’une
personne qu’à travers le mariage.
 Cette union permet à la femme d’être intégrée à la collectivité. La loi et les
mœurs confèrent à l’homme une grande autorité, il incarne la transcendance et
se confirme en soi-même ; tandis que la femme est vouée à l’immanence
(maintien de l’espèce et entretien du foyer).
 L’acte amoureux est un service que la femme rend à l’homme, en retour il doit
en échange une compensation.
 Pour Simone de Beauvoir, l’amour conjugal est une absence d’amour parce
que le mariage et l’amour n’ont rien à voir ensemble : «  réconcilier le mariage
et l’amour est un tel tour de force qu’il ne fait pas moins d’une intervention
divine pour le réussir. »p 239. C'est-à-dire que le mariage supprime la vie
érotique de la femme.
 Dans la nuit de noces, le coït survient comme un choc et la défloration a
souvent le caractère d’un viol.
 L’amour conjugale est un « mélange complexe d’attachement de rancune, de
haine, de consigne, de résignation, de paresse, d’hypocrisie, appelé amour
conjugal » p308. Mais la consigne de l’amour conjugal entraine les
refoulements et les mensonges et tue l’amour.
 La femme mariée est voué au confinement dans la communauté conjugale.
C’est pourquoi elle tente de changer cette prison en un royaume à travers le
travail domestique «  le foyer devient le centre du monde et même son unique
vérité. »p259. La femme réalise l’appropriation de son nid par le travail
ménager. Mais celui-ci la voue à la répétition et à la routine.
 l’esclavage conjugal « est plus profond pour la femme » p 324 car elle
intériorise sa dépendance et son esclavage,  la dialectique du maître et de
l’esclave trouve dans le mariage son application la plus concrète.
 Le mariage est une institution vouée à l’échec parce qu’il est un effort pour se
compléter l’un par l’autre, ce qui suppose une mutilation au lieu d’une mise en
commun de deux existences autonomes ; l’homme et la femme. Mais « ce n’est
pas les individus qui sont responsables de l’échec du mariage, c’est (…)
l’institution elle-même qui est originellement pervertie »p.321. Unir deux
personnes qui ne se sont pas choisies engendre hypocrisie, mensonge, hostilité,
malheur et frustration.
 Le mariage continue à être une oppression malgré la modification de sa forme
traditionnelle puisque l’homme conserve la responsabilité économique et
garde la direction du couple dans les domaines intellectuels et politiques, C’est
pourquoi l’égalité entre les époux reste une apparence qui ne reflète pas la
réalité.

Chapitre VI: La mère
La maternité n’est pas une vocation pour la femme ; elle ne constitue pas
non plus forcément un épanouissement. « Depuis un siècle, dit-elle, la fonction
reproductrice n’est plus commandée par le seul hasard biologique, elle est contrôlée
par des volontés »(P. 330) En explorant cet aspect de la condition féminine, Simone
de Beauvoir ébranle bien des croyances, dénonce bien des mystifications. Pour
l’avortement, par exemple, manifeste l’hypocrisie de la société patriarcale et
bourgeoise. Pour la société bourgeoise « l’avortement est un crime répugnant auquel
il est indécent de faire allusion. Qu’un écrivain décrive les joies et les souffrances
d’une accouchée, c’est parfait ; qu’il parle d’une avortée, on l’accuse de se vautrer
dans l’ordure et de décrire l’humanité sous un jour abject »(P.331). Mais, Il est
remarquable aussi que l’Eglise autorise à l’occasion le meurtre des hommes faits :
dans les guerres, ou quand il s’agit de condamnés à mort ; elle réserve pour le fœtus
un humanitarisme intransigeant »(P .333). Pour la grossesse, Simone de Beauvoir
estime que «la grossesse est un drame qui se joue chez la femme entre soi et soi ; elle
la ressent à la fois comme un enrichissement et comme une mutilation… ce qu’il y a
de singulier chez la femme enceinte, c’est qu’au moment même oû son corps se
transcende il est saisi comme immanent : il se replie sur lui-même dans les nausées et
les malaises ; il cesse d’exister pour lui seul et c’est alors qu’il devient plus
volumineux qu’il n’a jamais été. »(P.349-350). Beaucoup d’exemples selon de
Beauvoir suffisent « à montrer qu’il n’existe pas ‘‘d’instinct’’ maternel : le mot ne
s’applique en aucun cas à l’espèce humaine. L’attitude de la mère est définie par
l’ensemble de sa situation et par la manière dont elle l’assume »P.369. Le rapport de
la mère avec ses enfants se définit au sein de la forme globale qu’est sa vie ; il dépend
de ses relations avec son mari, avec son passé, avec ses occupations, avec soi-même.
Il est criminel, remarque de Beauvoir, « de conseiller l’enfant comme remède à des
mélancoliques ou à des névrosées ; c’est faire le malheur de la femme et de l’enfant.
La femme équilibrée, saine, consciente de ses responsabilités est seule capable de
devenir une « bonne mère ».P.384-385. Une telle obligation n’a rien de naturel : la
nature ne saurait jamais dicter de choix moral ; celui-ci implique un engagement.
Enfanter, c’est prendre un engagement ; si la mère ensuite s’y dérobe, elle commet
une faute contre une existence humaine, contre une liberté ; mais personne ne peut le
lui imposer…Un second préjugé c’est que l’enfant trouve un sûr bonheur dans les
bras maternels. Il n’y a pas de mère ‘‘dénaturée’’ puisque l’amour maternel n’a rien
de naturel : mais, à cause de cela, il y a de mauvaises mères. »(P.386. bref,

Chapitre VII : La vie en société


Pour de Beauvoir « La famille n’est pas une communauté fermée sur soi »,
elle n’est pas séparée de la toute société, mais elle établit « des communications avec
d’autres cellules sociales »; ainsi le foyer n’est pas seulement un ‘‘intérieur’’ dans
lequel se confine le couple ; il exprime le standard de vie du couple, de sa fortune, de
son goût : il doit être exhibé aux yeux d’autrui. C’est essentiellement la femme qui
ordonna cette vie mondaine. L’homme est relié à la collectivité, en tant que
producteur et citoyen, par les liens d’une solidarité organique fondée sur la division
du travail » ; ainsi, « le couple est une personne sociale, défini par la famille, la
classe, le milieu, la race. Mais pour la femme, contre le mari, « il faut qu’elle se
représente soi-même ; à la maison, vaquant à ses occupations, elle est seulement
vêtue : pour sortir, pour recevoir, elle ‘‘s’habille’’. La toilette a un double caractère :
elle est destinée à manifester la dignité sociale de la femme (son standard de vie, sa
fortune, le milieu auquel elle appartient) mais, en même temps, elle concrétisera le
narcissisme féminin ; elle est une livrée et une parure ; à travers elle, la femme qui
souffre de ne rien faire croire exprimer son être »(P.392-393). De toute façon,
l’adultère, amitiés, vie mondaine, aux yeux de de Beauvoir, « ne constituent dans la
vie conjugale que des divertissements : ils peuvent aider à en supporter les contraintes
mais ne les brisent pas. Ce ne sont là que de fausses évasions qui ne permettent
aucunement à la femme de reprendre authentiquement en main sa destinée ».

Chapitre VIII: Prostituées et hétaires


Selon de Beauvoir deux facteurs expliquent la prostitution : le facteur
économique et le facteur psychologique. La prostitution est soumise aux règles
classiques du marché ; économiquement, elle est le corollaire exact du mariage ; seuls
diffèrent « le prix et la durée du contrat ». Deux conditions sont donc nécessaires
pour que la prostitution disparaisse : assurer d’abord à toutes les femmes désireuses
de gagner leur vie un métier convenable ; et ensuite dissocier l’érotisme du mariage,
c’est-à-dire permettre l’union libre.
Il y a divers degrés dans la prostitution. Simone de Beauvoir examine
longuement le cas où la prostitution prétend s’associer à l’art.« de la basse prostituée
à la grande hétaire, il y a quantités d’échelons. La différence essentielle, c’est que la
première fait commerce de sa pure généralité, si bien que la concurrence la maintient
à un niveau de sa vie misérable, tandis que la seconde s’efforce de se faire
reconnaitre dans sa singularité : si elle y réussit, elle peut aspirer à de hautes
destinées…la dernière incarnation de l’hétaire, c’est la star… Elle livre la Femme aux
rêves des hommes qui lui donnent en échange fortune et gloire ».P.445 Sa liberté
n’est qu’une illusion, sa vie n’est qu’une parade.
Chapitre IX : De la maturité à la vieillesse
Avec un ton pathétique de Beauvoir consacre tout ce chapitre à un sujet très
délicat dans la vie de la femme. Elle dit que « L’histoire de la femme- du fait que
celle-ci est encore enfermée dans ses fonctions de femelle-dépend beaucoup plus que
celle de l’homme de son destin physiologique ; et la courbe de ce destin est plus
heurté, plus discontinue que la courbe masculine. Chaque période de la vie féminine
est étale et monotone : mais les passages d’un stade à un autre sont d’une dangereuse
brutalité…Contre l’homme, « la femme est brusquement dépouillée de sa
féminité»(PP.456-457). Un des traits les plus accusés chez la femme vieillissante,
c’est « un sentiment de dépersonnalisation qui lui fait perdre tous repères
objectifs. »P.462. le résultat d’un tel sentiment de frustration « beaucoup de femmes
cherchent du secours auprès de Dieu ; c’est au moment de la ménopause que la
coquette, l’amoureuse, la dissipée, se fait dévote ; les vagues idées de destinée, de
secret, de personnalité incomprise que caresse la femme au bord de son automne
trouvent dans la religion une unité rationnelle. »(P. 463). On touche là à la lamentable
tragédie de la femme âgée : elle se sait inutile »(P.477) « Elle met son expérience au
service de tous ceux qui ne la lui demandent pas ».

Chapitre X : Situation et caractère de la femme


Le plus courant c’est qu’on oppose le ‘‘ monde féminin’’ à l’univers
masculin, « mais il faut souligner encore une fois que les femmes n’ont jamais
constitué une société autonome et fermée ; elles sont intégrées à la collectivité
gouvernée par les mâles et où elles occupent une place subordonnée ; elles sont unies
seulement en tant qu’elles sont des semblables »…la femme elle-même reconnait que
l’univers dans son ensemble est masculin, son lot est « l’obéissance et le
respect. » (P. 484). Mais il existe beaucoup des défauts qu’on reproche à la
femme : « la médiocrité, la petitesse, la timidité, la mesquinerie, la paresse, la
frivolité, la servilité »,ces qualificatifs expriment simplement le fait que l’horizon
devant la femme « est barré.»(P. 491).Le corps, par exemple, pour la femme devient
« un fardeau : rongé par l’espèce, signant chaque mois, proliférant passivement, il
n’est pas pour elle le pur instrument de sa prise sur le monde mais une présence
opaque ». Et, cependant, il est aussi son double merveilleux, « elle le contemple avec
éblouissement dans le miroir…Quand elle se sourit dans la glace elle oublie sa
contingence charnelle»(II, P. 511)

TROISIEME PARTIE : JUSTIFICATIONS

Chapitre XI : La narcissiste


De Beauvoir commence le chapitre par la constatation suivante, qui est un
prétendu savoir concernant la nature de la femme qu’on dit que le narcissisme était
l’attitude fondamentale de toute femme…En fait, le narcissisme est un processus
d’aliénation bien défini : le moi est posé comme une fin absolue et le sujet se fuit en
lui. » (P. 525). L’expérience du « miroir, quoique privilégié, n’est pas le seul
instrument de dédoublement. Dans le dialogue intérieur, chacun peut tenter de se
créer un frère jumeau. Etant seule la plus grande partie du jour, s’ennuyant aux tâches
ménagères, la femme a le loisir de façonner en rêve sa propre figure ». on sait, entre
autres, « combien les femmes sont attachées à leurs souvenirs d’enfance ; la
littérature féminine en fait foi».

Chapitre XII : L’amoureuse


Le mot « «amour n’a pas du tout le même sens pour l’un et l’autre sexe et
c’est là une source des graves malentendus qui les séparent. Byron a dit justement
que l’amour n’est dans la vie de l’homme qu’une occupation, tandis qu’il est la vie
même de la femme ». En vérité, ce n’est pas d’une loi de la nature qu’il s’agit. C’est
la différence de leur situation qui se reflète dans la conception que l’homme et la
femme se font de l’amour. (P.547). Le bonheur suprême de la femme
amoureuse « c’est d’être reconnue par l’homme aimé comme une partie de lui-
même ; quand il dit « nous », elle est associée et identifiée à lui, elle partage son
prestige et règne avec lui le reste du monde. ».Pourtant, de Beauvoir défend un amour
fort, « Le jour où il sera possible à la femme, dit-elle, d’aimer dans sa force, non dans
sa faiblesse, non pour se fuir, mais pour se trouver, non pour se démettre, mais pour
s’affirmer, alors l’amour deviendra pour elle comme pour l’homme source de vie et
non mortel danger ».
Chapitre XIII : La mystique
Pourquoi les femmes choisissent, notamment, après des moments de crises
d’être des mystiques, mais « On prétend parfois avec pitié que la pauvreté du langage
oblige la mystique à emprunter ce vocabulaire érotique ; mais elle ne dispose aussi
que d’un seul corps, et elle emprunte à l’amour terrestre non seulement des mots mais
des attitudes physiques ; elle a pour s’offrir à Dieu les mêmes conduites que
lorsqu’elle s’offre à un homme»(P.586). La plupart des mystiques ne se contentent
pas de s’abandonner passivement à Dieu : elles s’appliquent activement à s’anéantir
par la destruction de leur chair, comme sainte Thérèse, Jeanne d’Arc, sainte
Catherine. Mais la ferveur mystique , l’amour et le narcissisme comme étant des
efforts de salut individuel ne sauraient aboutir, selon de Beauvoir, qu’à des échecs ;
ou la femme se met en rapport avec un irréel : son double, ou Dieu ; ou elle crée un
irréel rapport avec un être réel ; elle n’a en tout cas pas de prise sur le monde ; elle ne
s’évade pas de sa subjectivité ; sa liberté demeure mystifiée ; il n’est qu’une manière
de l’accomplir authentiquement : c’est de la projeter par une action positive dans la
société humaine»(P. 593).

QUTRIEME PARTIE : DE L’OPPRESSION A LA LIBERATION

Chapitre XIV : La femme indépendante

De Beauvoir tente ici de dissiper une illusion assez répondue chez les
hommes et les femmes aussi, « que la simple juxtaposition du droit de vote et d’un
métier soit une parfaite libération : le travail aujourd’hui n’est la liberté. C’est
seulement dans un monde socialiste que la femme en accédant à l’un s’assurerait
l’autre »(P.598). De Beauvoir constate également que « le privilège que l’homme
détient et qui se fait sentir dès son enfance, c’est que sa vocation d’être humain ne
contrarie pas sa destinée de mâle. Par l’assimilation du phallus et de transcendance, il
se trouve que ses réussites sociales ou spirituelles le douent d’un prestige viril. Il
n’est pas divisé. Tandis qu’il est demandé à la femme pour accomplir sa féminité de
se faire objet et proie, c’est-à-dire de renoncer à ses revendications de sujet souverain.
C’est ce conflit qui caractérise singulièrement la situation de la femme
affranchie»(P.601). La femme indépendante est aujourd’hui divisée entre « ses
intérêts professionnels et les soucis de sa vocation sexuelle ; elle a peine à trouver son
équilibre ; si elle l’assure c’est au prix de concessions, de sacrifices, d’acrobaties qui
exigent d’elle une perpétuelle tension »(P.619). Quand enfin il sera possible à tout
être humain de placer son orgueil par-delà la différentiation sexuelle, dans la difficile
gloire de sa libre existence, alors seulement la femme pourra confondre son histoire,
ses problème, ses doutes, ses espoirs, avec ceux de l’humanité ». Tant qu’elle a
encore à lutter pour devenir un être humain, elle ne saurait être une créatrice. Encore
une fois, pour expliquer ses limites c’est donc sa situation qu’il faut invoquer et non
une mystérieuse essence : l’avenir demeure largement ouvert.
Conclusion

De Beauvoir insiste ici aussi, qu’en dépit des légendes, des mythes et des
préjugés « aucun destin physiologique n’impose au Mâle et à la Femelle comme tels
une éternelle hostilité »(P.643). La dispute durera tant que les hommes et les femmes
ne se reconnaîtront pas comme des semblables, c’est-à-dire tant que se perpétuera la
féminité en tant que telle »(P.647). A la fin, de Beauvoir s’interroge s’il « suffit-il de
changer les lois, les institutions, les mœurs, l’opinion et tout le contexte social pour
que les femmes et hommes deviennent vraiment des semblables ? ». Il faut encore
une fois répéter que dans la collectivité humaine rien n’est naturel et qu’entre autres
la femme est un produit élaboré par la civilisation. « La femme n’est définie ni par
ses hormones ni par de mystérieux instincts mais par la manière dont elle ressaisit, à
travers les consciences étrangères, son corps et son rapport au monde »(P.654).
La critique et la postérité du Deuxième Sexe
« Si mon livre a aidé les femmes, c’est qu’il les exprimait, et réciproquement elles lui
ont conféré sa vérité…on m’aurait surprise et même irritée, à trente ans, si on
m’avait dit que je m’occuperais des problèmes féminins et que mo public serait des
femmes. Je ne le regrette pas. Divisées, déchirées, désavantagées, pour elles plus
que pour les hommes il existe des enjeux, des victoires, des défaites » Simone de
Beauvoir, La force des choses.

- Selon Benoîte Groult, de Beauvoir avait songé à appeler son livre « L’Autre».
Mais ce qui surprend, c’est que ce livre fondateur n’est le manifeste d’aucun
mouvement et ne fait partie d’aucune vague féministe. Sa publication a précédé
de vingt ans la naissance le mouvement de la libération des femmes en France et
de plus de dix ans la parution aux Etats-Unis de la deuxième œuvre féministe
d’importance au XXe siècle : La Femme mystifiée de Betty Friedan. (B.Groult,
Le combat pour les femmes, in Le magazine littéraire N° 471, Janvier 2008 :
Simone de Beauvoir, la passion de la liberté).

- Pour la consécration du Deuxième Sexe comme bible du féminisme, la réception


aux Etats-Unis était indispensable. Des féministes comme Betty Friedan et Kate
Millett se précipitent sur l’ouvrage. Chez Freidan, l’emprunt est indirect dans la
mesure ou elle adapte considérablement ce qu’elle trouve chez de Beauvoir aux
besoins d’un lectorat américain. Quant à Kate Millett, qui quiconque connait la
structure du livre de de Beauvoir la retrouve immédiatement dans La politique du
mâle.
- A l’opposé de cette interprétation féministe un peu rapide se trouvent les
différentialistes et les poststructuralistes qui utilisent au contraire de Beauvoir
comme repoussoir. Elles l’accusent d’avoir érigé sa théorie de la libération des
femmes sur un phallogocentrisme particulièrement prononcé dont elles attribuent
la paternité à Sartre. Ce courant, auquel on associe les noms d’Hélène Cixous, de
Luce Iriragay et de Julia Kristeva, s’est constitué dans les années 1980 aux
Etats-Unis oû il passait pour le French Feminism tout court.
- Judith Butler, longtemps méconnue en France, montre qu’en concevant le corps
comme situation de Beauvoir n’était pas loin de déconstruire (comme elle-même)
l’opposition entre sexe et genre, entre nature et culture. (Cf, Ingred Galster, La
consécration américaine, in Le magazine littéraire, Op.cit.

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