Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Présentation de l'ouvrage
Biographie de l'auteure:
Structure de l’essai :
Présentation de l'ouvrage :
Le Deuxième Sexe est un essai existentialiste et féministe de Simone de Beauvoir,
paru en 1949. Cet essai est divisé en deux tomes. L'ouvrage s'inscrit dans un double
cadre philosophique, celui de l’existentialisme et celui de la phénoménologie. Ainsi,
son essai n’est pas un simple constat sur la situation des femmes après la Seconde
Guerre mondiale ; c’est une œuvre à teneur philosophique, un ouvrage scientifique
qui s’appuie sur de nombreuses lectures et fait référence aux travaux les plus
marquants dans le domaine des sciences naturelles, expérimentales et humaines
(biologie, physiologie, histoire, psychologie, sociologie, etc...).
l'ouvrage est violemment critiqué notamment par les intellectuels catholiques mais
également par les communistes. Le Deuxième Sexe s’est vendu à plusieurs millions
d'exemplaires dans le monde, traduit dans de nombreuses langues. Il reste à ce jour
une référence majeure de la philosophie féministe. C'est une analyse complète et
cohérente de la condition féminine à travers les âges et un procès du patriarcat, du
pouvoir mâle. En partant de quelques postulats fondamentaux, Simone de Beauvoir
accumule en 1 000 pages les faits les plus divers à l’appui d’une thèse qu’on peut
résumer ainsi : la majorité des femmes a toujours été tenue à l’écart de la marche du
monde, parce que les hommes, qui se posèrent d’emblée comme les seuls
responsables, leur refusèrent les possibilités d’une existence autonome.
Biographie de l’auteure :
Simone de Beauvoir née le 9 janvier 1908 dans le 6e arrondissement de Paris, ville où
elle est morte le 14 avril 1986, est une philosophe,
romancière, mémorialiste et essayiste française. En 1954, après plusieurs romans
dont L'Invitée(1943) et Le Sang des autres (1945), elle obtient le prix
Goncourt pour Les Mandarins et devient l'une des auteures les plus lues dans le
monde. Souvent considérée comme une théoricienne importante du féminisme,
notamment grâce à son livre Le Deuxième Sexe publié en 1949, Simone de Beauvoir
a participé au mouvement de libération des femmes dans les années 1970. Elle a
partagé sa vie avec le philosophe Jean-Paul Sartre. Leurs philosophies, bien que très
proches, ne sauraient être confondues.
Structure de l’essai :
Le Deuxième sexe est divisé en deux tomes composés respectivement de trois et
quatre parties.
TOME I. Introduction / Première partie : « Destin » / Deuxième partie : « Histoire » /
Troisième partie : « Mythes ».
TOME II. Introduction / Première partie : « Formation » / Deuxième partie : «
Situation » / Troisième partie : « Justifications » / Quatrième partie : « Vers la
libération »
Conclusion
Introduction
Dans une tradition purement existentielle, Simone de Bouvoir commence son essai
en s’interrogeant sur la soumission fatale du sexe féminin au sexe masculin,
constatant que l’essence de la femme est indéfinissable, sa valeur, son existence
dépend absurdement de l’homme tout en affirmant que (L’homme se pense sans la
femme, mais la femme ne se pense pas sans l’homme), elle se questionne sur cette
souveraineté masculine qui considère l’homme comme l’absolu, un sujet et la femme
un être relatif (l’autre) « L’humanité est mâle et l’homme définit la femme non en
soi mais relativement à lui » ; « elle est l’inessentiel en face de l’essentiel. Il est le
Sujet, il est l’Absolu : elle est l’Autre » , selon l’auteure , la division des sexes est à
l’origine , et surtout les plans , est essentiellement une division d’un ordre biologique
et non un simple moment de l’histoire et pour justifier ce constat , elle a retracé tout
ce qui a été dit par les anciens pour expliquer cette absurde suprématie masculine et
pour qu’elle puisse notamment dans un autre temps déconstruire cette domination qui
se réfère aux donnés biologiques « La femelle est femelle en vertu d’un certain
manque de qualités », disait Aristote « Nous devons considérer le caractère des
femmes comme souffrant d’une défectuosité naturelle. » Et saint Thomas à sa suite
décrète que la femme est un « homme manqué », un être « occasionnel ». Elle se
questionne ensuite sur le fait que les femmes ne contestent pas cette souveraineté des
hommes, ainsi, Beauvoir accuse autant les femmes, dont elle dénonce la passivité, la
soumission et le manque d’ambition , considérant que la morale existentielle
implique l'entière responsabilité humaine : « En effet, à côté de la prétention de tout
individu à s’affirmer comme sujet, qui est une prétention éthique, il y a aussi en lui la
tentation de fuir sa liberté et de se constituer en chose : c’est un chemin néfaste car
passif, aliéné, perdu, il est alors la proie de volontés étrangères, coupé de sa
transcendance, frustré de toute valeur. Mais c’est un chemin facile : on évite ainsi
l’angoisse et la tension de l’existence authentiquement assumée. L’homme qui
constitue la femme comme un Autre rencontrera donc en elle de profondes
complicités. Ainsi, la femme ne se revendique pas comme sujet parce qu’elle n’en a
pas les moyens concrets, parce qu’elle éprouve le lien nécessaire qui la rattache à
l’homme sans en poser la réciprocité, et parce que souvent elle se complaît dans son
rôle d’Autre ». Par la suite Bouvoir affirme que l’histoire des femmes a été faite par
les hommes, ils ont mis la philosophie, la théologie à leur service pour justifier la
condition subordonnée de la femme (légende de la création). la femme n’a pas
participé à l’élaboration de l’histoire humaine vu qu’elle a été exclue des champs de
la science et que cette histoire doit être mise en question , la philosophe évoque
Poulain de la Barre « Tout ce qui a été écrit par les hommes sur les femmes doit être
suspect, car ils sont à la fois juge et partie », « Ceux qui ont fait et compilé les lois
étant des hommes ont favorisé leur sexe, et les jurisconsultes ont tourné les lois en
principes », dit encore Poulain de la Barre.
Bouvoir a fini cette introduction forte agaçante par une série de question :
« Comment dans la condition féminine peut s’accomplir un être humain ? Quelles
voies lui sont ouvertes ? Lesquelles aboutissent à des impasses ? Comment retrouver
l’indépendance au sein de la dépendance ? Quelles circonstances limitent la liberté de
la femme et peut-elle les dépasser ? Ce sont là les questions fondamentales que nous
voudrions élucider. C’est dire que nous intéressant aux chances de l’individu »
PREMIÈRE PARTIE : Destin
Chapitre I : Les données de la biologie
Biologiquement parlant, l’homme et la femme sont égaux et symétriques. L’auteure
évoque les comportements différents des femelles chez certains animaux, comme
la mante religieuse, le mâle est au service de la femelle. Certes chez
les mammifères la femelle est soumise à la gestation et a moins de force et
d’indépendance que le mâle. Mais l’humanité n’est pas seulement une espèce, c’est
aussi une civilisation ou la biologie doit s’arrêter « le corps de la femme est un des
éléments essentiels de la situation qu’elle occupe en ce monde. Mais ce n’est pas non
plus lui qui suffit à la définir ; il n’a de réalité vécue qu’en tant qu’assumé par la
conscience à travers des actions et au sein d’une société ; la biologie ne suffit pas à
fournir une réponse à la question qui nous préoccupe : pourquoi la femme est-elle
l’Autre ? Il s’agit de savoir comment en elle la nature a été reprise au cours de
l’Histoire ; il s’agit de savoir ce que l’humanité a fait de la femelle humaine. »
Bouvoir refuse radicalement de définir la femme qu’à partir ses caractéristiques
biologiques et de lui confier des taches reproductives en raison de cet aspect
biologique « Il serait hardi de déduire d’une telle constatation que la place de la
femme est au foyer : mais il y a des gens hardis. Dans son livre, le Tempérament et le
Caractère, Alfred Fouillée prétendait naguère définir la femme tout entière à partir de
l’ovule, et l’homme à partir du spermatozoïde ; beaucoup de théories soi-disant
profondes reposent sur ce jeu de douteuses analogies. On ne sait trop à quelle
philosophie de la nature ces pseudo-pensées se réfèrent. Si l’on considère les lois de
l’hérédité, hommes et femmes sont également issus d’un spermatozoïde et d’un ovule
»
Elle retrace les évolutions des adolescents durant la puberté et souligne que celle de
la fille est plus douloureuse : « L’histoire de la femme est beaucoup plus complexe. »
Elle aborde notamment les cycles menstruels, une « instabilité des glandes » qui «
amène une fragilité nerveuse ». Ainsi, les femmes sont plus facilement nerveuses,
irritables et sensibles en raison de ces données biologiques. Puis la gestation et
l’allaitement, deux actes épuisants, diminuent physiquement les femmes et les
enferment dans un rôle qu’elles doivent tenir. L’écart entre les hommes et les femmes
est encore agrandi par la force musculaire supérieure des hommes .
Bouvoir conclut ce chapitre en affirmant que la société n’est pas une espèce « en elle
l’espèce se réalise comme existence ; elle se transcende vers le monde et vers l’avenir
; ses mœurs ne se déduisent pas de la biologie » et que mâle et femelle sont deux
types qui se complètent «. Il faut les considérer d’un point de vue fonctionnel pour
saisir leur singularité. »
Chapitre II : le point de vue psychanalytique
Beauvoir observe que Freud a calqué sur la femme ses études portant sur l’homme,
« Freud ne s’est pas beaucoup soucié du destin de la femme ; il est clair qu’il en a
calqué la description sur celle du destin masculin dont il s’est borné à modifier
quelques traits », « il admet que la sexualité de la femme est aussi évoluée que celle
de l’homme ; mais il ne l’étudie guère en elle-même. Il écrit : « La libido est de façon
constante et régulière d’essence mâle, qu’elle apparaisse chez l’homme ou chez la
femme. » Il refuse de poser dans son originalité la libido féminine », selon elle, la
psychanalyse freudienne est fondée sur des postulats, comme
la souveraineté du père ou la valeur accordée au pénis, engendrant un déterminisme
chez l’homme et la femme. Il a conclu que la libido féminine était dérivée de la
masculine. Cette conception s’oppose à l’existentialisme, pour lequel l’homme
choisit son destin et ses valeurs. La fatalité est inapte à expliquer l’inégalité entre les
hommes et les femmes « Le psychanalyste nous décrit l’enfant et la jeune fille
sollicitée de s’identifier au père et à la mère, partagée entre des tendances « viriloïdes
» et « féminines » ; tandis que nous la concevons comme hésitant entre le rôle
d’objet, d’Autre qui lui est proposé, et la revendication de sa liberté ; ainsi arrivera-t-
il que nous tombions d’accord sur un certain nombre de faits : et en particulier quand
nous considérons les chemins de fuite inauthentique qui s’offrent aux femmes. Mais
nous ne leur accordons pas du tout la même signification que le freudien ou
l’adlérien. Pour nous la femme se définit comme un être humain en quête de valeurs
au sein d’un monde de valeurs, monde dont il est indispensable de connaître la
structure économique et sociale ; nous l’étudierons dans une perspective existentielle
à travers sa situation totale. »
Beauvoir évoque le complexe d’Electre et propose une analyse plus détaillée. Elle
relate les phases de l’enfance à l’adolescence chez les deux sexes. Les hommes ont un
pénis visible qui deviendra une sorte de fierté. Les femmes font un complexe
d’infériorité en raison de cette absence de pénis. Puis à l’adolescence elles doivent
évoluer du plaisir clitoridien au plaisir vaginal, ce qui constitue une transition bien
plus compliquée que celle du garçon. « on voit que l’ensemble du drame sexuel est
plus complexe pour la petite fille que pour ses frères : elle peut être tentée de réagir
au complexe de castration en refusant sa féminité, en s’entêtant à convoiter un pénis
et à s’identifier au père ; cette attitude la conduira à demeurer au stade clitoridien, à
devenir frigide ou à se tourner vers l’homosexualité. » la philosophe reproche à la
psychanalyse le fait qu’elle reprend le point de vue des hommes considérant comme
féminines les conduites d’aliénation, comme viriles celles où un sujet pose sa
transcendance « On pourra remarquer un certain parallélisme entre nos descriptions et
celle des psychanalystes. C’est que du point de vue des hommes – qui est celui
qu’adoptent les psychanalystes mâles et femelles – on considère comme féminines les
conduites d’aliénation, comme viriles celles où un sujet pose sa transcendance »
Chapitre III : le point de vue du matérialisme historique
Dans ce chapitre, la philosophe s’appuie sur l’approche matérialiste comme une
troisième approche qui n’est pas un donné naturel et comme paramètre qui
l’infériorisation de la femme dans l’histoire. Pour comprendre le point de vue
matérialiste sur la femme, elle évoque l’ouvrage de Friedrich Engels, L'Origine de la
famille, de la propriété privée et de l'État, qui considère que l’histoire de la femme
« dépendrait essentiellement de celle des techniques. » Ainsi, « le problème de la
femme se réduit à celui de sa capacité au travail. ». Elle observe que le grand
changement se situe avec les débuts de la propriété privée : « Il est impossible de
déduire de la propriété privée l’oppression de la femme. » elle trouve ces explications
brillantes mais n’en est pas tout à fait satisfaite, elle distingue trois étapes dans
l’histoire de la femme : l’âge de pierre où tout était mis en commun, où les hommes
et les femmes se partageaient leurs tâches ; l’ère de la propriété privée, où l’homme,
ayant besoin d’esclaves mit les femmes à sa disposition ; enfin le capitalisme, qui a
empêché l’égalité avec les hommes malgré l’apparition de la machine.
De plus Beauvoir est convaincue que la moindre force physique et les grossesses de
la femme ne sont pas un handicap à partir du moment où la société ne veut pas
qu’elles en soient un. L’auteur constate que la technique annule les différences
musculaires, mais les contraintes liées à la procréation amènent la femme à avoir un
rôle à la maison et à assurer le ménage : « La femme ne peut être émancipée que
lorsqu’elle peut prendre part dans une grande mesure sociale à la production et n’est
plus réclamée par le travail domestique que dans une mesure insignifiante. » Même
si la technique a permis de réduire les inégalités en matière de force musculaire, la
femme est contrainte par ses obligations de mère : « On ne saurait obliger
directement la femme à enfanter : tout ce qu’on peut faire c’est l’enfermer dans des
situations où la maternité est la seule issue , la loi ou les mœurs lui imposent le
mariage , on interdit les mesures anticonceptionnelles et l’avortement , on défend le
divorce . » De même que la psychanalyse ne voit que la sexualité, le matérialisme
historique ne voit que l’économie. Or, le lien entre la propriété privée et l’infériorité
de la femme ne peut être qu’arbitraire.
Beauvoir conclut que la biologie, la psychanalyse et le matérialisme apportent des
éclaircissements certes intéressants mais insuffisants sur la condition féminine.
L’existentialisme se présente dès lors comme un outil d’importance « nous ne
refuserons pas certaines contributions de la biologie, de la psychanalyse, du
matérialisme historique : mais nous considérerons que le corps, la vie sexuelle, les
techniques n’existent concrètement pour l’homme qu’en tant qu’il les saisit dans la
perspective globale de son existence. La valeur de la force musculaire, du phallus, de
l’outil ne saurait se définir que dans un monde de valeurs : elle est commandée par le
projet fondamental de l’existant se transcendant vers l’être. »
DEUXIEME PARTIE : HISTOIRE
1) L’ère préhistorique.
L’objectif de cette partie historique selon Simone de Beauvoir, c’est de se servir de
l’histoire, pour comprendre, mais aussi dénoncer l’oppression de l’histoire sur les
mentalités. Ce chapitre a commencé par les peuples primitifs ou l’époque qui précéda
celle de l’agriculture. Même si Simone de Beauvoir avoue que c’est difficile de
savoir exactement la situation de la femme dans cette époque, vu les études
ethnologiques contradictoires sur la question. Dans cette époque, la condition
féminine a été influencée par le handicap de la maternité, puisqu’il n’y a pas de
périodes de stérilité chez la femme, elle porte des enfants, tant que sa vie sexuelle le
lui permet. Et cette charge, qui la maintient au foyer, l’empêche d’exercer un
quelconque pouvoir sur le monde. Par contre, le mâle, lui, soumet la nature à ses
désirs, chasse, invente, et se détache de son animalité, puis perfectionne les premiers
instruments et se désigne comme le chef.
L’avènement de la propriété privée n’a pas contribué au changement du statut de la
femme, au contraire elle est échangée comme n’importe quel bien appartenant à la
communauté ; elle est le jouet des transactions entre mâles. La femme a été
encouragée et sacralisée en tant que reproductrice. Ce qui a compliqué la situation
réelle de la femme, car plus la contrainte biologique s’ajoutait une oppression
métaphysique : aux femmes le royaume obscur de la vie, les ténèbres, la magie. En
revanche, on a réservé aux hommes la transparente conquête du monde réel, la
logique, bientôt les sciences. Avec l’apparition de l’esclavage, la défaite de la femme
est confirmée, partout le maître trouve plus rentable d’employer un esclave qu’une
femme.
La société romaine accentue la dépendance économique de la femme, sous la
royauté, le père, le mari ou le tuteur lui interdisent la jouissance de ses biens et elle
est exclue des affaires publiques. Mais, au temps de l’oligarchie patricienne, la
femme acquiert des droits de plus en plus importants et accède à une plus grande
indépendance « L’État s’autorise de l’opposition du père et du mari pour restreindre
leurs droits : c’est le tribunal d’État qui jugera les cas d’adultère, de divorce, etc. »1 .
Et, de fait, la tutelle sur ses biens est supprimée, et la mère obtient la garde de ses
enfants en cas d’inconduite du mari.
2) De l’ère chrétienne à la révolution de 1789
Bien que le christianisme exalte la charité et l’amour du prochain, mais cela n’a pas
mis fin à l’inégalité entre les sexes et restauré entre eux les liens de dignité à cause de
la tradition juive, antiféministe, qui a joué au sein du christianisme un rôle de frein à
l’émancipation des femmes. Que ce soit sous la primauté du droit canon qui
n’admettait pas « d’autre régime matrimonial que le régime dotal qui rend la femme
incapable et impuissante »2 ou le droit civil qui ne lui est pas plus favorable, car les
empereurs sont influencés par les Pères de l’Église ; l’époux demeure le tuteur de
l’épouse, le divorce est interdit, et le mariage doit être un événement public.
Pendant le Moyen Âge, la condition de la femme reste incertaine. Sous les
Mérovingiens et les Carolingiens, la polygamie est instaurée, la répudiation est
admise, et l’homme dispose du droit de vie et de mort sur son épouse. La femme
n’est protégée que si elle est épouse et mère.
Le grand apport de la Renaissance est de promouvoir un certain nombre de femmes
au plus haut niveau de la vie sociale, des femmes qui sont de puissantes
souveraines, aventurières, artistes, courtisanes, philosophe, musicienne…. Rivalisent
d’influence avec les hommes.
Plus tard, au cours du XVIIe siècle, des femmes en vue ouvrent des salons et discutent
politique, science, philosophie. Mais il n’y a pas là proprement d’action, au sens
masculin du terme ». Au XVIII e siècle, le développement du rationalisme aurait dû
favoriser l’émancipation de la femme. Voltaire, Diderot et surtout Condorcet parlent
de l’avenir de la femme en termes de progrès. Mais la masse des femmes reste
inculte, et J.-J Rousseau, dont l’influence est grande, voue la femme à son mari et à la
maternité. « Toute l’éducation des femmes doit être relative aux hommes… La
femme est faite pour céder à l’homme et pour supporter ses injustices »3.
3) De la révolution de 1789 à 1949
La révolution bourgeoise de 1789 ne pouvait guère modifier le sort des femmes
malgré leur importante participation aux journées révolutionnaires à part quelques
insuffisantes conquêtes : comme la suppression du droit d’aînesse et loi sur le
divorce. Les premiers mouvements féministes voient le jour avec Olympe de Gouges
et Rose Lacombe. Mais L’ordre napoléonien retarde encore l’émancipation féminine.
De 1815 à 1830, la bourgeoisie libérale installe en France sa puissante machine
sociale. Des penseurs conservateurs fondent les bases éthiques de l’État bourgeois. La
famille et la hiérarchie sont exaltées. Mais la situation va soudain changer quand les
femmes vont entrer dans le monde du travail. Elles se découvrent une communauté
d’intérêts avec les travailleurs masculins, les changements matériels dans leur
existence n’ont pas laissé le choix aux femmes. C’est alors que se pose le grand
problème que la société du XXe siècle n’a toujours pas résolu, les rapports entre le
travail social et la vie domestique. Les conditions de travail sont pénibles : Salaires
1
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. I, Les faits et les mythes, Paris, Gallimard, 2000, P 154
2
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. I, Les faits et les mythes, Idem, p 159
3
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. I, Les faits et les mythes, Idem, p 187
misérables, horaires écrasants, hygiène inexistante, en plus le travail féminin, conçu
comme la source d’un salaire d’appoint, ne pousse pas les travailleuses à prendre les
responsabilités professionnelles qui leur auraient permis de faire progresser leur
cause.
Le marxisme, s’intéressa au sort des travailleuses, mais sans jamais admettre qu’il y
ait, à côté de l’exploitation de l’homme et de la femme dans la société capitaliste, une
oppression spécifique de la femme par l’homme.
L’autre fait marquant de l’histoire des femmes à cette époque est le suffrage féminin,
la lutte menée pour l’obtention du droit de vote féminin. Les Anglaises obtiennent le
droit de vote en 1918, les Allemandes en 1919, les Françaises en 21 avril 1944.
Simone de Beauvoir conclut son chapitre historique par le constat suivant : la
masse des femmes est toujours restée en marge de l’histoire. Il faut donc, pour
comprendre, inverser les données du raisonnement antiféministe : « Ce n’est pas
l’infériorité des femmes qui a déterminé leur insignifiance historique : c’est leur
insignifiance historique qui les a vouées à l’infériorité » 4
TROISIEME PARTIE : MYTHES
Chapitre I
Selon Simone de Beauvoir Réfléchir sur le sens des mythes, c’est examiner quelle
image de la femme les hommes ont projetée dans les consciences, pour justifier leur
supériorité et servir leurs intérêts immédiats. Le mythe dénote une oppression plus
tenace encore que celle de l’histoire, par l’autorité incontestée dont il est chargé.
Le mythe de la Genèse : qui désigne cette infériorité comme une donnée naturelle.
C’est Adam qui a été créé le premier, et Ève ensuite, à partir de lui, c’est-à-dire
qu’elle a été privée d’emblée de son autonomie. C’est Ève qui a été rendue
responsable de la chute. Elle porte ainsi la tare de la faiblesse et de la vulnérabilité.
Le mythe du couple originel fournit à Simone de Beauvoir l’occasion d’un important
développement sur l’altérité. Pour que je prenne conscience de mon moi, il faut
qu’autrui existe, me regarde, me juge. L’homme lui faut un témoin qui lui ressemble
sans lui être tout à fait identique. C’est alors que la femme devient nécessaire à
l’homme.
Les mythes de la fécondité : Ils ont répandu l’idée que c’est le principe mâle qui est
le véritable créateur, le principe femelle n’ayant qu’un rôle passif. Certes, la femelle
est féconde, mais c’est le mâle qui vient l’ensemencer. Innombrables sont les mythes
qui assimilent la femme à la terre et l’homme à la charrue. Le mythe ne fait pas autre
chose que ramener la femme à la nature, en l’immobilisant dans une fonction
immuable et répétitive. Quant à l’activité sexuelle masculine, elle est toujours un
retour aux sources.
Les mythes de la virginité : Ils révèlent la dualité de sentiments que l’homme
éprouve à l’égard de la femme : peur et désir. La femme, comme la montagne, sont
des obstacles qu’il veut être le seul à saisir. La femme, comme la montagne, sont des
obstacles qu’il veut être le seul à saisir. La virginité est à la fois fascinante c’est
pourquoi dans certaines communautés primitives, la défloration est exigée dès la
puberté et aussi inquiétante, de nos jours, la même méfiance à l’égard de la femme
4
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. I, Les faits et les mythes, Idem, p229
restée vierge par sacrifice ou par délaissement (thème de la vieille fille)le tabou
sexuel :
Le mythe de Marie, mère et servante : Celui-ci indique à la femme que pour
accéder à Dieu, il lui faut renier sa chair. Simone de Beauvoir relève ce paradoxe du
christianisme qui consiste à élever et rabaisser en même temps la créature féminine.
Par sa fonction de mère. La mère est la seule forme de féminité que l’homme puisse
accepter, parce que la renier serait se renier soi-même. Mais la mère de Dieu est aussi
la servante du Seigneur, celle qui en s’abaissant s’est sauvée et en confirmant la mère
dans sa fonction de servante, les hommes donnaient à cette fonction des bases
prétendument naturelles ; et en élevant le service à la dignité d’un noble dessein, ils
voulaient fonder la légitimité de leur domination.
Le mythe de la passivité féminine : Sexuellement, moralement, intellectuellement,
le mari prétend « former » son épouse, et pour asseoir définitivement sa supériorité, il
répand le mythe de la passivité féminine. Simone de Beauvoir considère que la mode
la parfaite l’illustration de ce mythe puisqu’ une poignée d’hommes imposent à des
millions de femmes leur propre vision de la féminité et fixent, à toutes les époques,
leur idéal de la beauté féminine.
Le mystère féminin : Un terme revient souvent dans la description des mythes par
Simone de Beauvoir ; c’est celui d’opacité du moi féminin. Dans la relation moi-l
’autre, déjà évoquée, on a vu que c’est la femme qui fait les frais de la confrontation
des deux libertés. Elle renonce finalement à se penser comme l’essentiel, son moi
devient « opaque », elle « s’englue » dans le trouble de l’essence, retourne dans les
ténèbres de l’immanence. On connaît ce vieux raisonnement antiféministe : en
s’émancipant, la femme perdra son charme, son mystère. À la vérité, on ne laisse pas
échapper des privilèges si chèrement acquis...
Chapitre
Chapitre II
I. MONTHERLANT OU LE PAIN DU DÉGOÛT
Dans cette partie Henry de Montherlant, qui est un écrivain misogyne, adopte une
vision négative envers les femmes et il ne leur n’accorde pas une seule qualité, il
considère que la sottise et la bassesse des hommes d’aujourd’hui qui ont prêté une
figure positive aux déficiences féminines ; la femme est inessentielle, inférieure elle
est définitivement chair ; la femme est selon lui un être incomplet, voué à
l’esclavage, elle est donc femme par défaut de virilité, son corps est méprisable .
Cependant, elle est dangereuse à l’homme. Si elle est mère, amante ou épouse, son
objectif c’est de nuire l’homme. Malgré cela, l’homme a besoin d’elle, surtout il a
besoin de sa conscience, pour se mettre sur son piédestal viril.
II. D. H. LAWRENCE OU L’ORGUEIL PHALLIQUE
Lawrence se situe aux antipodes d’un Montherlant. Et considère que la femme n’est
ni divertissement, ni proie, ni un objet en face d’un sujet, mais un pôle nécessaire à
l’existence du pôle de signe opposé.et il affirme que les hommes qui ont méconnu
cette vérité, ce sont des ratés. Et que l’acte sexuel est sans annexion, sans reddition
d’aucun des partenaires. Tout cela ne veut pas dire que Lawrence est avec l’égalité
des sexes puisqu’il croit passionnément à la suprématie mâle. Le mot même de «
mariage phallique », l’équivalence qu’il établit entre sexuel et phallique le prouvent
assez pour Lawrence l’homme incarne la transcendance, tandis que la femme est
passive, enfermée, immanente. Sous couvert d’abolir la pensée et les disparités de
caractère et d’éducation, Lawrence refuse à ses personnages féminins un rôle de
premier plan ou équivalent à celui joué par les hommes.
III. CLAUDEL ET LA SERVANTE DU SEIGNEUR
Cet essayiste a une vision peu émancipatrice de la femme et considère que la femme
a sa place dans l’harmonie de l’univers ; mais ce n’est pas une place quelconque Les
femmes sont étroitement liées à Dieu, qui les instrumentalismes dans le but d’éveiller
les hommes à leur âme, cet éveil dit-il passer par des rapports sexuels.
Ce rôle de salut est à double tranchant : Les femmes sont priées de ne pas se vouloir
égales aux hommes qu’elles réveillent et qu’elles aiment. Elles ne doivent pas plus
exiger un rachat par les hommes.
IV. BRETON OU LA POÉSIE
« Malgré l’abîme qui sépare le monde religieux de Claudel de l’univers poétique de
Breton, il y a une analogie dans le rôle qu’ils assignent à la femme : elle est un
élément de perturbation ; elle arrache l’homme au sommeil de l’immanence … »5 La
femme est mystère, révélation, poésie, magie. Elle est l’essence de la beauté et du
monde, grâce à laquelle l’homme peut se sauver. Mais elle est toujours autre qu’elle-
même, car elle n’est vue que poétiquement.
V. STENDHAL OU LE ROMANESQUE DU VRAI
Stendhal qui a été explicitement féministe, refuse d’envisager les femmes comme des
altérités naturelles qui conserveraient des contenus immuables à l’intérieur d’elles-
mêmes, Il a bien compris que l’infériorisation de la femme était due à son éducation.
Stendhal est aussi loué d’être parvenu à faire d’une faiblesse politique une force : «
(…) elles ne sont en soi ni inférieures ni supérieures à l’homme ; mais par un curieux
renversement, leur situation malheureuse les favorise. »6 En revanche Stendhal aime
l’authenticité des femmes qui, étant moins instruites, sont exemptes d’« esprit de
sérieux », généreuses, vraies ; jamais elles ne s’aliènent dans des affaires
prétendument importantes. Elles sont libres de tout préjugé, de toutes valeurs
bourgeoises.
VI.
Dans cette partie, fait le bilan de ses recherches et résume ce qu’elle a dit
auparavant : l’homme est la référence unique de chaque moment et de chaque chose
de notre monde et que les écrivains analysés cherchent en la femme un autre par
lequel ils pourront se révéler à eux-mêmes.
Chapitre III
Dans ce chapitre, Simone de Beauvoir déduit que si la femme n’existait pas les
hommes l’auraient inventée. Les mythes féminins ont été forgés par les hommes,
5
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. I, Les faits et les mythes, Idem, p 367
6
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. I, Les faits et les mythes, Idem, p 371
pour les hommes, qui ont fait de la femme, aux diverses époques, ce qu’ils voulaient
qu’elle fût. Dénoncer ces mythes contradictoires, c’est frayer la voie au changement
dans les rapports entre hommes et femmes, en modifiant la structure même des
mentalités. Cela n’ira pas sans difficulté ; il faut que l’homme s’attende à être de plus
en plus contesté dans ses prétentions ontologiques et morales.
Chapitre VI: La mère
La maternité n’est pas une vocation pour la femme ; elle ne constitue pas
non plus forcément un épanouissement. « Depuis un siècle, dit-elle, la fonction
reproductrice n’est plus commandée par le seul hasard biologique, elle est contrôlée
par des volontés »(P. 330) En explorant cet aspect de la condition féminine, Simone
de Beauvoir ébranle bien des croyances, dénonce bien des mystifications. Pour
l’avortement, par exemple, manifeste l’hypocrisie de la société patriarcale et
bourgeoise. Pour la société bourgeoise « l’avortement est un crime répugnant auquel
il est indécent de faire allusion. Qu’un écrivain décrive les joies et les souffrances
d’une accouchée, c’est parfait ; qu’il parle d’une avortée, on l’accuse de se vautrer
dans l’ordure et de décrire l’humanité sous un jour abject »(P.331). Mais, Il est
remarquable aussi que l’Eglise autorise à l’occasion le meurtre des hommes faits :
dans les guerres, ou quand il s’agit de condamnés à mort ; elle réserve pour le fœtus
un humanitarisme intransigeant »(P .333). Pour la grossesse, Simone de Beauvoir
estime que «la grossesse est un drame qui se joue chez la femme entre soi et soi ; elle
la ressent à la fois comme un enrichissement et comme une mutilation… ce qu’il y a
de singulier chez la femme enceinte, c’est qu’au moment même oû son corps se
transcende il est saisi comme immanent : il se replie sur lui-même dans les nausées et
les malaises ; il cesse d’exister pour lui seul et c’est alors qu’il devient plus
volumineux qu’il n’a jamais été. »(P.349-350). Beaucoup d’exemples selon de
Beauvoir suffisent « à montrer qu’il n’existe pas ‘‘d’instinct’’ maternel : le mot ne
s’applique en aucun cas à l’espèce humaine. L’attitude de la mère est définie par
l’ensemble de sa situation et par la manière dont elle l’assume »P.369. Le rapport de
la mère avec ses enfants se définit au sein de la forme globale qu’est sa vie ; il dépend
de ses relations avec son mari, avec son passé, avec ses occupations, avec soi-même.
Il est criminel, remarque de Beauvoir, « de conseiller l’enfant comme remède à des
mélancoliques ou à des névrosées ; c’est faire le malheur de la femme et de l’enfant.
La femme équilibrée, saine, consciente de ses responsabilités est seule capable de
devenir une « bonne mère ».P.384-385. Une telle obligation n’a rien de naturel : la
nature ne saurait jamais dicter de choix moral ; celui-ci implique un engagement.
Enfanter, c’est prendre un engagement ; si la mère ensuite s’y dérobe, elle commet
une faute contre une existence humaine, contre une liberté ; mais personne ne peut le
lui imposer…Un second préjugé c’est que l’enfant trouve un sûr bonheur dans les
bras maternels. Il n’y a pas de mère ‘‘dénaturée’’ puisque l’amour maternel n’a rien
de naturel : mais, à cause de cela, il y a de mauvaises mères. »(P.386. bref,
De Beauvoir tente ici de dissiper une illusion assez répondue chez les
hommes et les femmes aussi, « que la simple juxtaposition du droit de vote et d’un
métier soit une parfaite libération : le travail aujourd’hui n’est la liberté. C’est
seulement dans un monde socialiste que la femme en accédant à l’un s’assurerait
l’autre »(P.598). De Beauvoir constate également que « le privilège que l’homme
détient et qui se fait sentir dès son enfance, c’est que sa vocation d’être humain ne
contrarie pas sa destinée de mâle. Par l’assimilation du phallus et de transcendance, il
se trouve que ses réussites sociales ou spirituelles le douent d’un prestige viril. Il
n’est pas divisé. Tandis qu’il est demandé à la femme pour accomplir sa féminité de
se faire objet et proie, c’est-à-dire de renoncer à ses revendications de sujet souverain.
C’est ce conflit qui caractérise singulièrement la situation de la femme
affranchie»(P.601). La femme indépendante est aujourd’hui divisée entre « ses
intérêts professionnels et les soucis de sa vocation sexuelle ; elle a peine à trouver son
équilibre ; si elle l’assure c’est au prix de concessions, de sacrifices, d’acrobaties qui
exigent d’elle une perpétuelle tension »(P.619). Quand enfin il sera possible à tout
être humain de placer son orgueil par-delà la différentiation sexuelle, dans la difficile
gloire de sa libre existence, alors seulement la femme pourra confondre son histoire,
ses problème, ses doutes, ses espoirs, avec ceux de l’humanité ». Tant qu’elle a
encore à lutter pour devenir un être humain, elle ne saurait être une créatrice. Encore
une fois, pour expliquer ses limites c’est donc sa situation qu’il faut invoquer et non
une mystérieuse essence : l’avenir demeure largement ouvert.
Conclusion
De Beauvoir insiste ici aussi, qu’en dépit des légendes, des mythes et des
préjugés « aucun destin physiologique n’impose au Mâle et à la Femelle comme tels
une éternelle hostilité »(P.643). La dispute durera tant que les hommes et les femmes
ne se reconnaîtront pas comme des semblables, c’est-à-dire tant que se perpétuera la
féminité en tant que telle »(P.647). A la fin, de Beauvoir s’interroge s’il « suffit-il de
changer les lois, les institutions, les mœurs, l’opinion et tout le contexte social pour
que les femmes et hommes deviennent vraiment des semblables ? ». Il faut encore
une fois répéter que dans la collectivité humaine rien n’est naturel et qu’entre autres
la femme est un produit élaboré par la civilisation. « La femme n’est définie ni par
ses hormones ni par de mystérieux instincts mais par la manière dont elle ressaisit, à
travers les consciences étrangères, son corps et son rapport au monde »(P.654).
La critique et la postérité du Deuxième Sexe
« Si mon livre a aidé les femmes, c’est qu’il les exprimait, et réciproquement elles lui
ont conféré sa vérité…on m’aurait surprise et même irritée, à trente ans, si on
m’avait dit que je m’occuperais des problèmes féminins et que mo public serait des
femmes. Je ne le regrette pas. Divisées, déchirées, désavantagées, pour elles plus
que pour les hommes il existe des enjeux, des victoires, des défaites » Simone de
Beauvoir, La force des choses.
- Selon Benoîte Groult, de Beauvoir avait songé à appeler son livre « L’Autre».
Mais ce qui surprend, c’est que ce livre fondateur n’est le manifeste d’aucun
mouvement et ne fait partie d’aucune vague féministe. Sa publication a précédé
de vingt ans la naissance le mouvement de la libération des femmes en France et
de plus de dix ans la parution aux Etats-Unis de la deuxième œuvre féministe
d’importance au XXe siècle : La Femme mystifiée de Betty Friedan. (B.Groult,
Le combat pour les femmes, in Le magazine littéraire N° 471, Janvier 2008 :
Simone de Beauvoir, la passion de la liberté).