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Littérature générale et comparée

Question du programme : Le pouvoir en scène


Œuvre : Cinna de Corneille
Commentaire composé de la scène 3 Acte 4
Travail encadré par Monsieur : Abdelouahed OUMAKI

La tragédie dite classique est avant tout un discours, texte dit et non action
représentée1, tous passe par la parole dans la mesure où ‘dire c’est faire’, et la
force de toute scène réside dans l’éloquence. Certes l’intérêt est soutenu par la
parole. Toutefois le plaisir du public vient d’abord du déroulement, et en général
la tragédie met en relief une crise où le héros est condamné au malheur, victime
des ravages causés par la politique ou par l’amour. Corneille dans Cinna met en
scène la crise en trois phases dégagées : le complot ; la mise en échec de ce
dernier ou la trahison ; et finalement le châtiment ou le pardon. La question alors
qui interpelle d’avantage le spectateur est celle de la crise qui peut se fermer ou
non, ceci permet de créer une tension dramatique sachant que cette dernière est
« produite par l’anticipation, plus au moins angoissée, de la fin. En anticipant la
suite des événements, le spectateur crée un suspense : il imagine le pire et se
sent lui-même très « tendu »2. Dans le même contexte, la scène 3 de l’acte 4 de
Cinna s’inscrit dans cette perspective cornélienne, elle se situe après la
découverte de la trahison d’Auguste par Cinna et Emilie précisément après le
monologue de l’empereur qui dévoile ce qui le caractérise « la lassitude » et
« l’irrésolution ». Opportunément, l’acte quatre s’inscrit dans le genre
délibératif : Euphorbe, de la part de Maxime, a découvert à Auguste la
conjuration. Resté seul, l’empereur traverse une terrible crise de conscience :
doit-il encore punir ? Sa femme Livie lui présente la clémence comme un calcul
habile. Dès lors on se demande comment à travers une mise en scène d’un
discours délibératif dont le propos est « la clémence » Corneille crée-t-il un
impact ironique profond de la dramaturgie du conseil ?
Pour mener une réflexion sur ce projet qui jalonne la troisième scène de
l’acte quatre de Cinna, nous essayerons d’abord de montrer que la femme a un
rôle au pouvoir. Ensuite, nous envisagerons de mettre l’accent sur le rejet du
conseil de la clémence et le rôle de cette décision dans la mise en exergue de
l’héroïsme d’Auguste. En fin, nous déduisons que le dramaturge vise une ironie
profonde de la dramaturgie du conseil.
I. La clémence : un conseil au féminin
La clémence est une vertu, de la part de qui dispose d’une autorité, à
pardonner les offenses et à adoucir les châtiments tel est l’objectif de Livie,
l’épouse de l’empereur, qui en posture de conseillère essaye de convaincre
Auguste trahi par des amis déloyaux à opter pour une clémence pragmatique. Le
choix dramaturgique de la figure féminine suscite une réflexion. Aussi la

1
Christine Biet, La tragédie, édition cursus lettres, paris 2010, page 97
2
Patrice PAVIS, Dictionnaire du théâtre, édition Armand COLIN, page 352

1
Littérature générale et comparée
Question du programme : Le pouvoir en scène
Œuvre : Cinna de Corneille
Commentaire composé de la scène 3 Acte 4
Travail encadré par Monsieur : Abdelouahed OUMAKI

rhétorique calculée de cette dernier joue-t-elle un rôle dans la compréhension


des enjeux dramaturgiques.
1. La femme conseillère : un choix dramaturgique pragmatique
La figure féminine adjuvante est une allusion du dramaturge pour mettre
l’accent sur les coulisses du pouvoir, le théâtre semble dévoilé au spectateur
ébloui les secrets des rois. Livie un personnage féminin, la femme d’Auguste,
elle participe pleinement au pouvoir de son mari, elle tient le rôle de confidente
privilégiée d’après le 1er hémistiche de la première réplique d’Auguste vers
1193« Madame, on me trahit », systématiquement consultée avant les décisions
importantes, c’est elle qui va l’influencer pour le faire sortir de la logique de
violence. Emerveillée par la grandeur du pouvoir, Livie avec une grande
précaution interpelle L’empereur pour le conseiller de pardonner (vers 1198) de
la 1ère réplique de Livie « Mais écouteriez-vous les conseils d’une femme ? ». Très
éloquente (le choix du conditionnel de politesse, le style soutenu, le
vouvoiement et l’inversion de sujet), elle parait digne de son rôle.
2. La proposition de la clémence à travers une rhétorique calculée
Livie sème l’idée de clémence dans l’esprit d’Auguste en suivant une
rhétorique calculée. L’organisation de son discours comporte quatre étapes :
D’abord, l’exorde, à travers une captatio benevolentiae3, Livie procède par une
question totale, dans une formule polie, en attirant la sympathie d’Auguste, elle
propose un conseil, l’importance de la proposition est soutenue par le champ
lexical de ce terme, en effet le mot générique ‘conseil’ est plusieurs fois répété
(v°1257,1219 « avis», 1245…), ce conseil associé à la femme (‘conseil d’une
femme’) montre que Livie prend des précautions et adouci sa parole. Elle finit
quand même par dire que ce sont des conseils importants (‘conseil salutaire’
v°1257) mais il faut attendre la fin du texte. Ensuite, La narration 4  dans la
première tirade de Livie, dans laquelle ce personnage féminin montre une
habileté. L’objectif de cette étape est de transmettre une nouvelle idée alors pour
convaincre Auguste elle utilise des arguments politiques : Rappel de la violence du
pouvoir d’Auguste (‘sévérité’ v°1199). Dans une antithèse, elle dit que la sévérité
d’Auguste fait beaucoup de bruit pour rien ‘beaucoup de bruit’/ ‘aucun fruit’ outre cela son
argumentation se base sur des exemplas de ceux qui voulaient tuer Auguste par une
énumération qui crée un effet d’accumulation (vers 1203 – 1205). Elle constate que la
répression mène à l’échec (vers 1208-1209) ; elle se pragmatique, elle propose donc autre
chose : la clémence : systématiquement quand elle parle de pouvoir elle parle aussi de
clémence. Elle veut persuader par les sentiments (peur « effaroucher », compassion « vos
3
« recherche de la bienveillance technique oratoire cherchant à s’attirer les bonnes grâces )
4
cette séquence a deux caractéristiques, la longueur et l’introduction d’une chronologie
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bontés ») (V 1215- 1216). En outre, la confirmation 5 se manifeste dans le choix des


arguments, leur ordre, la manière de les présenter et de les lier. Et finalement la
péroraison réside dans le fait d’essayer la clémence « la vertu la plus digne des
roi » vers 1244. Porte-parole « du monarchisme théocratique »6 Livie se révèle
réellémént l’incarnation de la conscience d’Auguste.
3. Eloquence délibérative ou « combat d’esprit »
Livie est une incarnation de la conscience cachée d’Auguste, ce dernier
est en dilemme, il est tendu entre punir ou pardonner, le rejet des propositions de
Livie dévoile cette situation qui nécessite un choix entre deux solutions
contradictoires( vers 1937- Vers 1238) les deux vers ont la même construction
syntaxique, une reprise anaphorique, un parallélisme et une antithèse
(quitter/garder), dans un tempo rapide et un rythme binaire cela dit l’alternative
est paradoxale et se passe dans l’esprit tel un monologue intérieur : le châtiment
ou la clémence ; et même et en choisissant la clémence le dilemme continue à
hanter Auguste serait-elle un acte « magnanime » ou une « faiblesse » (vers
1242 ) sixième réplique d’Auguste. L’empereur rejette fermement les « conseils
d’une femme » (vers 1245) et s’arc-boute7 sur l’idée, omniprésente dans les
traités politiques, que le crime de lèse-majesté est impardonnable. Toutefois les
sources indiquent qu’Auguste était bien aise de trouver en sa femme une avocate
de son humeur et de ses désirs. 8En rejetant radicalement l’avis si intéressant de
l’impératrice : « j’ai trop par vos avis consultés là-dessus ;/Ne m’en parlez
jamais, je ne consulte plus » (vers 1219-1220) page 94 Corneille crée un suspens
quant à la décision de l’empereur. La tension et le dilemme paraissait un combat
de l’esprit en quête d’un héroïsme éternel et universel.
II. L ’héroïsme une motivation pour la clémence
1. La clémence est un désir de la gloire 
Pour Dobrovsky, la clémence d’Auguste est motivée par le désir de gloire.
En effet, le choix de la grandeur morale (la clémence) plutôt que l’intérêt
personnel aura un impact qui sera gravé dans la mémoire collective du peuple à
savoir « la grandeur d’âme d’un monarque», cette dernière se manifestera en une
renommée brillante, universelle et durable (Vers 1214) page 94 «  son pardon
5
Est la partie du discours dans laquelle l’orateur prouve le contenu de sa proposition , et qui consiste dans la
discussion des épreuves : elle comprend 4 parties : le choix des épreuves , leur ordre, la maière de les traiter et
leur liaison
6
Véronique Lochert et Al., Atlande le pouvoir en scène , édition Héléna O’James,2018, page 160./Le
monarchisme théocratique est une forme de gouvernement dans le quel le pouvoir , considéré comme émanant
de Dieu, est exercé par ceux qui sont investis de l’autorité religieuse ou par un souverain considéré comme le
représentant de Dieu sur la terre ou comme un Dieu incarné.
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Prendre un appui ferme pour fournir un effort de poussée ou de résistance.
8
Op.cit.
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peut servir à votre « Renommée » autrement dit Auguste en optant pour le


pardon il aura une doxa valorisante dans l’opinion publique car la décision qui
sera prise est le résultat de la maitrise des impulsions selon son libre
consentement c’est-à-dire au moment où Auguste possède tout le pouvoir et la
légitimité de mettre fin à la vie des conjurés, il choisira le pardon dans la force ,
cela dit que l’empereur à une prédisposition vers le bien, et peut conformer
( adapter)les actions au sens de l’honneur et c’est cette tendance vers le bien qui
définit la grandeur des âmes et rendrait Auguste un vrai monarque « la
clémence est la plus belle marque/Qui fasse à l’univers connaître un vrai
Monarque » (vers 1265-1266 ). De ce fait, nous pouvons déduire que la
clémence est un choix vertueux.
2. La clémence est un choix vertueux
La clémence, selon Sénèque, est la vertu qui marque le mieux le triomphe
qu’obtient le sage stoïcien sur la tyrannie des passions . Elle est, à ce titre, la
vertu des rois « pratiquer la vertu la plus digne des Rois » vers 1244 page 95, en
effet celui qui a la prétention de gouverner doit d’abord savoir gouverner sois -
même, exige de soi le renoncement à la colère et à la vengeance. La décision qui
sera prise est le résultat de la maitrise des impulsions selon son libre
consentement. Vertu morale, la clémence est aussi une nécessité stratégique pour
conserver le pouvoir en se faisant aimer de son peuple plutôt qu’en faisant peur
à son peuple. Toutefois, Auguste dans son discours délibératif avec l’impératrice
en refusant aves vigueur ses conseil (IV ,3, vers 1199-1216) il refuse
implicitement la maxime de la conduite stoïcienne que lui propose Livie de
suivre « c’est régner sur vous-même et par un noble choix » (vers 1243) ; le
souci de corneille ici est de créer une tension chez le spectateur concernant la
décision d’Auguste. Car c’est cette décision qui rendra Auguste universel ou
plonge sa renommée dans l’oubli.
3. La clémence d’Auguste offrirait une leçon à l’H istoire (le pouvoir
est éphémère)
Livie affirme dans les deux derniers vers de la scène que « la clémence est
la plus belle marque/Qui fasse à l’univers connaître un vrai Monarque » (vers
1265-1266). En effet, l’emploi du superlatif « la plus » pour qualifier la
clémence reflète la grandeur de ce geste magnanime autrement dit l’honneur qui
auriole (donne du prestige) le geste d’Auguste offrirait enfin une leçon à
l’Histoire, un modèle fortement souhaitable dans le même ordre d’idées
Corneille met l’accent sur cette ambition d’Auguste d’accéder à l’immortalité
par un geste extraordinaire (vers 1670-1700) troisième scène de l’acte Cinq

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Travail encadré par Monsieur : Abdelouahed OUMAKI

P115. En effet, si le renoncement de Sylla de tous les pouvoirs parait une leçon
de l’Histoire qui interpelle Auguste face à la conjuration et dans laquelle il
revendique son bonheur La clémence est beaucoup plus vertueuse, prestigieuse
et peut engendrer un bonheur éternel (la fin heureuse).

III. Une ironie profonde de la dramaturgie du conseil


Les interprétations du conseil sont multiples et cette richesse dans
l’interprétation ne relève pas d’une anomalie ou d’un vertige dramaturgique au
contraire elles attribuent une force au dénouement, l’anticipation hétérogène de
la clausule et la tension créée par le dramaturge dévoile une ironie profonde de
la part de Corneille qui veut faire comprendre que la souveraineté véritable
s’acquiert sans maximes, sans exemples et sans raisonnement.
1. La clémence est-elle machiavélienne ?
La conduite du héros ne saurait être dictée chez Corneille par « la
politique », terme toujours péjoratif sous sa plume et désignant les maximes et
les calculs du machiavélisme9. Certes, il est difficile de ne pas céder à l’illusion
dramatique et ne pas se lancer dans une interprétation subjective du personnage
mais la spécificité du théâtre cornélien offre une interprétation liée aux volontés
et non aux passions, Corneille ne vise pas montrer les personnages tels qu’ils
sont il vise montrer comment doivent-ils être, son objectif est d’assurer une
évolution morale du personnage d’Auguste. Cette évolution se fait d’un acte à
un autre, et dans cette scène la « remontrance » de Livie qui reproche à Auguste
« sa sévérité » pour le convertir à la « bénéficence et [la] largesse » 10, en lui
montrant que « la crainte se peut bien acquérir par force, mais l’amitié ne se peut
s’acquérir que par persuasion » cela dévoile la volonté du dramaturge de faire
évoluer moralement son protagoniste donc la clémence ne parait pas
machiavélienne. Cette vision se construit d’avantage à travers une panoplie
d’interprétations.
2. Le conseil de la clémence manifeste une multiple interprétation
Lors de la délibération autour de la clémence, l’argumentation nous a
offert plusieurs possibilités d’interprétation autrement dit « la clémence » est
d’abord, un calcul politique pragmatique (Vers 1210-1212) « Essayez sur Cinna
ce que peut la clémence/Faites son châtiment de sa confusion /Cherchez le plus
utile en cette occasion ». Ensuite un prestige vertueux (vers 1244) « Pratiquer la
vertu la plus digne des Rois ». En outre, un héroïsme morale sublime (vers
9
La clémence et la grâce p 126
10
Bonté et générosité
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1266) « qui fasse à l’univers connaitre un vrai monarque ». De surcroît, un


pardon presque chrétien annonçant le triomphe de la providence ( vers 1268-
1269) « Le ciel m’inspirera ce qu’ici je dois faire. /Adieu, nous perdons temps ».
A travers ces indices textuels qui offre plusieurs lectures de ce conseil de
clémence, le dramaturge nous invite à s’interroger sur ce discours qui aboutira à
un dénouement démarcatif et qui est en lui-même une critique en acte, car peu
importe la décision d’Auguste, la décision finale n’est que la manifestation de la
force agissante la providence divine invisible « Le ciel m’inspirera ce qu’ici je
dois faire/Adieu, nous perdons temps » (vers 1258-1259).
3. La conception providentialiste
Selon cette conception, théorisée par saint Augustin, Dieu est maître de
l’histoire dont il dirige le cours . La providence préside à la naissance et à la
mort des empires, règle leur succession et donne à chaque pays et époque ce qui
lui convient. L’histoire appartient à la volonté divine et à son plan providentiel.
De ce fait, le drame d’Auguste débouche sur le sacré : la monarchie n’est pas
seulement absolue et humainement légitime, elle est de droit divin : la scène du
conseil toute entière parait rationnelle, ordinaire, sublime voire machiavélienne
mais derrière le conseil la providence divine agit et caractérise la souveraineté
véritable11 pour dévoiler une ironie profonde de la part du dramaturge.
En anticipant le dénouement, toute la pièce met en avant le rôle de la
Providence : l’emploi du mot « Ciel » à vingt-huit reprises vient souligner
l’existence d’une Providence réglant le sort de Rome : c’est le Ciel qui a voulu
que la conspiration échoue et qui inspire à Auguste de pardonner, rendant
inutiles les raisonnements humains.
Forestier trouve inutile de se demander pourquoi ni quand Auguste
pardonne, car la motivation de Corneille est uniquement dramaturgique : si
Auguste est plus héroïque que les rois Fernand (dans le Cid) et Tulle (dans
Horace), qui font grâce au héros coupable, c’est parce qu’il est touché de plus
près par une conspiration attentant à sa vie et ourdie 12par sa fille adoptive.
Corneille a multiplié les raisons qui auraient poussé un homme ordinaire à
se venger, pour rendre son acte plus héroïque, et créer un renversement
paradoxal d’une démarche attendue. Donc, il est vain de se demander à quel
moment il se décide à pardonner ; de degré en degré, il est de plus en plus acculé
(poussé) à punir, afin que son geste soit plus spectaculaire. Le seul but de
Corneille est de créer l’effet de surprise maximal.
11
La clémence de la grâce page 130
12
Littairaire : disposer des éléments d’une intrigue, d’une machination, plus ou moins secrètement
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Commentaire composé de la scène 3 Acte 4
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En guise de synthèse, et compte tenu de ce qui précède, à travers cette


scène se dévoile une ironie profonde de la dramaturgie du conseil. A ce propos,
dans un premier temps nous avons vu que le choix d’une conseillère éloquente
dévoile les coulisses du pouvoir féminin, la rhétorique calculée de cette dernière
s’inscrit dans le règles du théâtre classique fondé sur le trio : tragédie, poésie et
éloquence .Une réflexion plus profonde sur le discours délibératif inaugural de
la scène présente la possibilité d’une polyphonie représentative du dilemme
cornélien : Livie est l’incarnation d’Auguste tendu entre le châtiment et le
pardon . Ce combat d’esprit est une quête de l’héroïsme dont la motivation est la
gloire qui se réalise à travers un choix vertueux « la clémence ». Les lectures
multiples du conseil de la clémence fournies par les indices textuels reflètent une
critique implicite du dramaturge qui propose une interprétation providentielle
qui exclut tous calcul.

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