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EP et Sport Scolaire

Le sport scolaire est pris dans une tension entre les acteurs qui défendent son caractère sportif, pour
en faire l’antichambre du sport civil ; et les acteurs qui valorisent sa dimension éducative ayant pour but
d’amplifier les buts assignés à l’EP

- l’OSSU est créée en 1931 par l’UNEF, association de lycéens. Ce sont eux qui la prennent en charge.
- l’OSSU devient l’OSU sous le régime de Vichy : reprise en charge du gouvernement pour en faire un
instrument de sa politique d’éducation par le sport
cela devient une association gérée par les profs, d’où un recrutement important d’enseignant à cette
période

1. 1945 -1962 : naissance d’un service public du sport

A la libération, l’Etat conforte le positionnement du sport scolaire :


. ordonnance de 45 : obligation d’une AS pour tous les établissements secondaire, présidée par le chef
d’établissement (conforte son rattachement aux valeurs éducatives de l’école)
. décret de mai 1950 : 3h d’EPS par semaine

Conséquence de cette institutionnalisation : fort engouement dans les AS.


On remarque que ce phénomène a devancé l’augmentation des pratiques civiles. On peut donc faire l’hypothèse
que le sport scolaire à contribuer à développer le sport civil.

De plus, suite à son institutionnalisation, l’EP scolaire n’a cessé de se sportiviser . on peut donc là encore
faire l’hypothèse que le sport scolaire a favorisé la sportivisation de l’EP.

Certains auteurs dans la revue EPS vont même plus loin en affirmant que le sport scolaire est amené à
disparaître avec l’EP tout sportif (cf. « au chevet du sport scolaire » revue EPS, 1954). Le sport scolaire
n’aurait donc que servi à sportiviser l’EP.

Cependant il subsiste tout de même deux différences entre EP scolaire et sport scolaire :
- l’un est obligatoire l’autre marche sur la base du volontariat
- l’AS nécessite des échanges entre établissements

Certaines expériences ont contribué à développer le sport scolaire mais également la sportivisation de
l’EP : les Républiques des sports (apparaissent dès 1955).
Leur mode d’organisation est calqué sur le mode du sport fédéral, mais on aperçoit un traitement
pédagogique puisque ce sont les élèves mêmes qui ont en charge l’organisation et la gestion des groupes.

Le sport scolaire a également certainement eu une influence sur la sportivisation des féminines dans la
société.

La fin de cette période est marquée par un conflit opposant Herzog à Flouret. Herzog est pour un sport
scolaire, antichambre du sport civil, détecteur de futur champion, alors que Flouret d défend la dimension
éducative du sport scolaire en lui fixant les buts assignés à l’école.
Herzog justifiera cet évincement en mettant en avant les divergences pédagogiques : « seule l’EPS
comptait à ses yeux et en réalité pour lui le sport était l’ennemi. »
On peut soupçonner ces affirmations fausses, masquant de véritables raison politique, du fait que Flouret
est lui-même un ancien sportif de haut niveau.
2. 1962 – 1981

Cette période est marquée par l’installation du sport en EP, du boom des républiques des sports.
La frontière entre le sport scolaire et le sport fédéral devient très ténue.
Le sport en EP, le sport en AS, le sport dans les clubs = CONFUSION
Cette confusion est d’autant plus mise en évidence par le fait que les E n’étaient même pas d’accord sur
l’organisation du sport scolaire :
- laisser les élèves s’autogérer et arbitrer
- prendre en charge l’arbitrage pour s’assurer de l’ordre

Ces questions à propose du sport scolaire sont exacerbée dans les année 70 où les politiques vont développés
des mesures d’économie budgétaires :
- diminution des horaires d’EP
- récupérations des horaires d’AS
- la circulaire de 69 : propose que les E prennent en vacation (heure supplémentaire qui coûte moins
cher) l’AS plutôt qu’en enseignement de 3h.
- Mazeaud fait la même proposition, mais d’après Ferret, cette proposition n’est pas trop suivie par les
E : 95% d’entre eux ont demandé à conserver leur forfait de 3h
- Plan Soisson, 78 : forfait d’AS de 2h (1h réinjectée dans l’enseignement obligatoire)

L’Etat a du mal à assurer la prise en charge de l’EP scolaire. La récupération des heures sur l’AS est un
moyen de combler ce déficit budgétaire.

Les enseignants inventent à cette période la « formule-a » ou « district masse » qui correspond à une
organisation décentralisée des activités. Cela permet un recentrage fort entre activité du sport scolaire et
du cycle d’EP.

On passe de 300 000 licenciés en 70 à 1 000 000 en 77.

Parallèlement le SNEP se mobilise contre le plan Soisson, en disant qu’il faut sauver le sport scolaire et
rétablir le forfait à 3h. L’argument défendu par le SNEP est l’ancrage éducatif du sport scolaire et sa
contribution à l’épanouissement, à la démocratisation de l’accès à la culture, à la formation du futur citoyen.
Le retour au 3h intervient un moment de la bascule politique en 1981.

3. 1981 à nos jours

. décret de 84 : confirme l’obligation d’une AS dans chaque établissement public


. décret de 86 : confirme la présidence de l’AS par le chef d’établissement

Le sport scolaire est alors rétablit dans ses droits.

Création des AGREG en 82, ceux-ci ont également un forfait de 3h d’AS mais ont moins d’heures d’EP
obligatoire que les certifiés. = pourcentage plus important du temps accordé à l’AS pour les agrégés.

A la fin des années 80, le nouveau cadre conceptuel pour penser l’EP en domaine d’action développé par
Pineau place le sport scolaire dans une position délicate. Ses effectifs diminuent. La diminution du
caractère culturel de l’EP peut jouer un rôle dans la baisse d’intérêt des élèves pour les pratiques sportives.
En effet on ne peut avoir un sport scolaire fort que si l’EP diffuse une pratique culturelle forte.
Pour Fouquet il ne s’agit pas uniquement de cela. Il s’agit d’un mouvement général d’individualisme, de
recherche de liberté et d’autonomie qui invitent à pratiquer les jeunes dans des cadres non institutionnels.
Dans cette logique paraît le rapport Leblanc : fait une critique des AS, du fait de son faible nombre
de pratiquant et du nombre important d’E qui lui sont assignés.
Il propose d’abandonner la direction de l’AS par le chef d’Etablissement et de laisser son choix
d’implantation au conseil d’Administration.
Cela s’inscrit dans une logique de décentralisation, une autonomie plus forte. Mais cela témoigne
également de forte résistance auprès des E car c’est rarement les élèves qui dirigent et gèrent l’AS.

Sous la pression du SNEP, le rapport Leblanc ne sera pas appliqué dès 2002 ;
En réaction, le tout dernier programme : programmation sportive de l’UNSS, 2004-2008, met l’accent sur la
prise en charge de l’activité par les élèves afin de valoriser le rôle socialisateur et de formation du
futur citoyen de l’AS.

Dans cette période le sport scolaire est remis en question, d’où un recentrage sur des objectifs de
formation à la citoyenneté.
Ce recentrage sur les objectifs de l’école et de l’EPS ne suffit probablement pas puisque de Robien est en
train de publier un nouveau texte qui vise à récupérer des heures de service :
- existence d’une AS plus obligatoire
- conseil d’Etablissement, sur la base du projet qui décide de l’existence d’une AS.
Cela risque d’aboutir à une diminution importante du nombre d’AS, et donc d’une forte récupération d’heure.

Conclusion :

Le sport scolaire apparaît comme étant tiraillé entre des intentions divergentes, mais aussi sous la
pression de réaliser des économies budgétaires. Le sport scolaire est apparu comme un réservoir à heures
dans lequel il était possible de puiser. Pour éviter sa déstructuration, les enseignants ont toujours avancés
l’argument de son rôle éducatif.

L’existence d’une AS intégrée dans les heures d’enseignement des profs d’EP semble être une
exception française. Dans les autres pays européens, cela se fait sous forme d’heure supplémentaire ou bien
de pur bénévolat.

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