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Chapitre 9 : Histoire des pratiques physiques au 19ème siècle

1889 - 1918
Une période de formation du sport moderne

Cette période de formation accompagne d’une institutionnalisation du sport, càd la mise en place
de tout un ensemble d’administrations, de groupements qui vont imposer des règles.

Thomas ARNOLD :
Anglais, proviseur d’une public school (= école de la noblesse, de l’aristocratie) de la ville de Rugby. Il
fait le constat que la jeunesse de l’aristocratie n’est pas assez formée moralement et physiquement à
exercer sa fonction
Il va proposer, expérimenter une nouvelle forme d’éducation : elle s’appuie sur le sport, on parle
d’éducation sportive. Le but est de développer la volonté, la moralité, l’éducation des corps de cette
jeunesse aristocratique il s’appuie sur des pratiques sportives.
Il va éduquer sportivement cette jeunesse.

Cette éducation sportive repose sur un sport basé sur 4 valeurs


• Le sport est associé à l’idée d’un effort physique intense et sans limite, elle permet à
l’homme de repousser ses limites physiques, morales. Elle pousse à l’excès, permet de se
surpasser.
Dans cette valeur on a une valeur discriminante : certains groupes, certaines personnes et
certaines institutions vont être mises à l’écart. Les jeunes, les femmes ne peuvent pas y
accéder, on va les rendre fou (moral) et les rendre mal (physique)
• Le sport c’est l’esprit d’initiative, l’esprit du self-government, càd que le sport est
émancipateur, permet d’accéder à la liberté. Il est associé à l’idée du self-made-man,
l’homme se construit seul. Par le sport, on va apprendre à gérer sa liberté. On a encore une
discrimination : seule la noblesse a l’éducation pour gérer cette liberté l’homme se construit
seul.
Les femmes et enfants sont exclus, ils n’ont pas la capacité d’être libres.
• Le sport c’est l’esprit d’émulation : C’est se dépasser par l’effort dans la compétition, la
confrontation aux autres et à l’environnement
Cette émulation n’est pas accessible à l’ensemble de la population
• Le sport c’est l’éducation du contrôle de soi, il apporte une force de caractère et la
volonté dans le respect des règles et les autres.
Derrière le contrôle de soi on a l’émergence de l’idée du fair-play : seule l’aristocratie a de
manière innée cette capacité à se contrôler.
Les femmes, les enfants, les personnes de la classe populaire n’ont pas ce contrôle
Cette éducation sportive va se développer en s’appuyant sur ce système de valeurs, il va être
ségrégatif et limité la diffusion du sport en France
Ces 4 valeurs vont structurer le développement du sport moderne, mais de manière
discriminante puisqu’on s’adresse ici qu’à une seule partie de la population.
Xéno philo phobie : s’inspirer de ce dont on a peur, on hait. Ex : anglais => ennemis héréditaires
(guerre de 100 ans) mais on va s’en servir pour éduquer les populations
Ex : haine vis-à-vis des Allemands et pourtant on s’inspire des idées sportives des Allemands

En 1887 : USFCP : union des sociétés françaises de course à pied

Quand le sport en France va se développer à la fin du 19ème siècle, l’aristocratie française va mettre
en place une organisation, une structure pour contrôler le développement de ces sports athlétiques
en France
En 1890 : création de l’USFSA, l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques. Cette
union a pour but de contrôler le développement du sport en France et en particulier assurer sa
diffusion en respectant les valeurs de l’éducation sportive
Fondateur : Pierre de Coubertin
Cette union va répondre aux enjeux de cette 3ème république et y participer

Leur devise est « ludus pro patria » : des jeux pour la patrie, témoigne de cette volonté de respecter
la culture républicaine
Il assure le développement du sport en diffusant un règlement identique pour chaque pratique
sportive.

Le deuxième enjeu est de préserver les valeurs du sport, il est interdit d’utiliser le sport pour gagner
sa vie ou de l’argent.
Cette union vise à organiser et contrôler les différentes compétitions sportives
Cette Union est gérée par l’élite sociale : des aristocrates, des personnes importantes et influentes.
L’inscription est payante : 20 francs est une somme relativement importante.
Pour préserver les valeurs du sport, l’UFSA va défendre le principe d’amateurisme.
Principe de l’amateurisme : Le sport ne doit pas être lucratif, il est là pour se dépasser et
s’éduquer.
On n’a pas le droit de gagner de l’argent ou de courir avec des pros en étant amateur.
On ne peut pas gagner sa vie en tant que professeur ou moniteur d’exercice physique

« est amateur toute personnes qui n’a jamais pris part à une courses publique ou à un concours ou à
une réunion ouverte au tout venant, ni concouru pour un prix en espèce ou pour de l’argent
provenant des admissions sur le terrain , ou avec des professionnels , ou qui n’a jamais été à aucune
période de sa vie professeur ou moniteur salarié d’exercice physique »

L’USFSA va structurer des commissions pour chacune des disciplines sportives, en particulier pour
l’athlétisme, le football-rugby et le football association (soccer)

En 1894, elle va créer 19 comités régionaux qui ont pour but de suivre l’organisation localement les
compétitions.

Parallèlement, à partir de 1890, l’Union va créer une double revue les Sports Athlétiques et la
Revue Athlétique.
Au bout de la deuxième année, elles fusionnent
Cette revue est publiée chaque samedi, le but est d’informer sur le déroulement et le programme
des matchs du dimanche, elle sert aussi de convocation : on a la composition des différentes équipes.
Elles vont aussi informer et donner les différents règlements des pratiques mais aussi apporter des
informations techniques sur les différents sports athlétiques

En 1894, on peut comptabiliser 70 sociétés qui composent l’USFSA, qui regroupent environ 4000 à
5000 membres (en 1890 est de 38 millions d’habitants à cette époque en France, donc ce
phénomène reste minoritaire bien que ça soit une pratique dominante).
En 1914, l’USFSA va regrouper 1800 sociétés pour 200 000 licenciés : augmentation relativement
importante de l’influence du sport dans la société.
L’USFSA va participer au développement du sport en France en le limitant à une élite sociale et
physique
Parallèlement et par l’intermédiaire de Pierre de Coubertin, L’USFSA va participer à la
rénovation de l’Olympisme.
En 1892, Pierre de Coubertin à la Sorbonne à l’occasion du 3ème anniversaire de l’USFSA, il va
proposer le rétablissement des jeux olympiques
Les jeux olympiques doivent être rétablis pour permettre l’internationalisation du sport, on
diffuse le sport mais en contrôlant l’accès pour certaines personnes.
Ces sports athlétiquement permettent d’unifier la pratique des sports athlétiques
En 1894 est actée le rétablissement des JO et donc est créé en 1894 un Comité
International Olympique (CIO), qui a pour but d’assurer et de développer le sport sur
un plan international, rétablissement des Jeux Olympiques.

En 1896 sont organisés les premiers JO de l’ère moderne à Athènes.


Cet événement regroupe 285 participants sur 13 nations et les jeux olympiques s’organisent
autour de 42 épreuves
L’histoire oublie souvent que les Grecs au milieu du 19ème siècle vont tenter de rénover les
jeux Antiques
Tentatives de rénovations 1859, 1870 et 1875
Ces Jeux font débat car les vainqueurs reçoivent des récompenses financières (contraire au
principe d’amateurisme)

En 1875, après la 3ème édition, ces jeux vont disparaître


Les sports athlétiques vont se développer par l’intermédiaire des Jeux Olympiques mais il y
a des conflits entre différents acteurs
Le développement du sport va être le produit et le processus de rivalités entre différents
acteurs.
Il y a 3 personnes qui vont s’opposer pour développer le sport en France : Pierre de Coubertin,
Pascal Grousset, et Philippe Tissié.
Cette opposition va aboutir à 3 formes d’institutionnalisation du sport et des exercices
physiques en 1888

Juin 1888 : Pierre de Coubertin crée le Comité de Propagande des Exercices


Physiques. Il est le promoteur du développement des pratiques sportives anglosaxonnes en
France, il est le premier arbitre de la première finale de championnat football-rugby L’objectif est de
promouvoir les sports athlétiques pour rénover l’enseignement secondaire français.
Circulaire de Léon Bourgeois : va obliger tous les lycées à créer des associations sportives qui
vont se regrouper au sein de l’UGSEL (union général sportive de l’enseignement libre) en
1911. Dans l’enseignement publique, ces associations vont se regrouper en 1931 au sein de
l’OSU (office du sport universitaire).

Octobre 1888 : Pascal Grousset va créer la Ligue Française d’Education Physique


Il considère que la pratique sportive est importante cependant on ne doit pas s’appuyer sur
la culture anglaise, il faut s’appuyer sur les jeux traditionnels française
- Le jeu de paume doit être préféré au tennis
- Le canoe doit être préféré à l’aviron
- La savate doit être préféré à la boxe anglaise
Sa volonté est de privilégier la culture française
Sa ligue est composée de Clémenceau, de Jean MACE, Alexandre Dumas, Jules Vernes
Elle développe des concours entre les différentes écoles pour juger de la condition physique
de la jeunesse française. L’influence de cette Ligue se situe sur Paris
Décembre 1888 : création de la Ligue Girondine d’Education Physique par Philippe
Tissié
C’est un médecin, il travaille sur l’effort physique
Elle va développer sur Bordeaux, dans le Sud-Ouest :
Cette ligue a pour but d’organiser des compétitions de Jeux de plein air entre les élèves.
Elles prennent la forme des lendits ce sont des compétitions où les élèves vont devoir tout
à la fois présenter des mouvements gymniques collectifs mais ils vont aussi disputer des jeux
issus de la culture française
- Tir à la corde
- Barrettes (jeu de rugby à toucher, sans plaquage)
Elle participe au développement de la gymnastique suédoise en particulier dans les Écoles
Normales où l’on forme les instituteurs et institutrices.

Ces 3 Ligues visent à développer la pratique sportive mais elle va s’opposer à l’importance
de la gymnastique militaire en France.
En 1882, les bataillons scolaires sont mis en place, on vise une préparation militaire (et non
des jeux en plein air), le but est la formation militaire des jeunes élèves.
Ils s’entraînent au tir dans les établissements scolaires par exemple.
Les bataillons scolaires sont supprimés en 1892
Pour autant la gymnastique reste la culture dominante de la population Française
Exemple : Saint-Eloi d’Hazebrouck
C’est un moyen de développer les valeurs républicaines

On voit une évolution importante du nombre de sociétés et donc une importance


déterminante de ces sociétés entre 1873 et 1898

Cette gymnastique se développe dans les écoles mais aussi dans la société, elle prend
différentes formes.
Notamment la forme de Gymnastique de Plancher : développé par Hyppolyte Triat, athlète
de foire qui est capable de soulever avec sa machoire des chevaux, cette gymnastique
s’effectue au sol. Il développe une gymnastique qui se déroule prioritairement au sol.
Elle vise la régénération de l’Homme. C’est une gymnastique commerciale, il utilise cette
gymnastique pour gagner de l’argent.
En 1854, il crée un premier gymnase à Paris, dans ce gymnase, on y enseigne des arts
académiques de l’escrime, de cordes mais la gymnastique de plancher est prioritairement
une gymnastique à base d’haltères.
On retrouve l’héritage de cette gymnastique de plancher dans les salles de fitness, « les
haltères avec des boules »
Cette gymnastique s’intéresse, s’adresse prioritairement à la bourgeoisie, la leçon de
gymnastique coûte 30 francs et par rapport à ce coût le prix du pain au kg est de 0,40 franc
Elle s’adresse également aux femmes.
C’est une gymnastique basé sur la force
Au cours du 20ème siècle, cette gymnastique va être diffusé auprès des classes populaires,
elle devient une pratique populaire : elle devient le culturisme en particulier développé par
Edmond Desbonnets. Il va être un des précurseurs, un des développeurs du culturisme.

La gymnastique se développe par l’intermédiaire des sociétés de gymnastique mais aussi par
l’intermédiaire de la gymnastique de plancher

Parallèlement, les pratiques sportives vont se développer dans une dynamique de rivalités,
d’opposition.

La première rivalité : Entre une pratique amatrice et une pratique professionnelle

1868 : première course de vélo Paris-Rouen => création de vélodrome. 1er en 1885 à Bordeaux
1881 : création de l’UVF (union vélocipédique de France) => organiser les événements de cyclisme,
réglementer les récompenses des courses, va accepter le principe de professionnalisme
ð Est professionnel celui qui cours pour de l’argent, celui qui cours avec un professionnel, celui
qui fait des tours d’adresses en public pour de l’argent
1896 : course Paris-Roubaix, arrivée dans le vélodrome à Roubaix. Premier vainqueur : Joseph
Fischer en 9h pour 280km
Création d’une presse sportive spécialisée, en 1891 Pierre Giffard crée un journal quotidien sur le
vélo, on y raconte les exploits des cyclistes.

Le cyclisme est significatif de cette rivalité. En effet, au départ le cyclisme est une pratique
aristocratique, de distinction qui progressivement va être organisé sous la forme d’un
spectacle.
En effet, des épreuves cyclistes sur route sont organisées mais aussi progressivement des
épreuves sur piste qui vont être organisées dans des vélodromes.
Les vélodromes comme les hippodromes sont des lieux de sociabilité.
Pour développer ces spectacles sur routes ou dans des vélodromes vont être développés des
journaux
1891, Quotidien qui paraît chaque jour Le Vélo crée par Pierre Giffard
C’est un organisateur de courses cyclistes qui va être opposé à Henri Desgrange

En 1900, Henri Desgranges crée le journal l’Auto (ancêtre de lEquipe)

Ils vont organiser des compétitions pour augmenter le tirage nombre de leurs lecteurs
Ils vont créer des courses sous la forme de feuilletons

Création de la course à étape : en 1903, création du premier tour de France cycliste qui
comporte 6 étapes par l’Auto, il dure 20 jours pour une distance de 2428 km
Lors de ce premier Tour de France, 60 participants pour seulement 21 cyclistes qui
terminent la course

Maurice GARIN est le premier vainqueur du Tour de France, en 94h, le dernier participant
arrive 65 heures après, il n’y a pas les impératifs médiatiques qui font que ceux qui
dépassent une certaine limite horaire sont éliminés.

Tour de France de 1904, vainqueur : Henri Cornet. Lors de ce tour de France les spectateurs
jettent des projectiles sur des cyclistes pour avantager d’autres cyclistes. Le vainqueur est
normalement Maurice Garin, les 2 autres sont ses partenaires, ils vont être disqualifiés pour
triche donc C’est Henri Cornet qui est déclaré vainqueur.
ð En 1905 on réduit la distance et durée des étapes => on passe de 6 à 12 étapes. r

Le cyclisme va très rapidement devenir une pratique sportive professionnel avec la création
de l’UVF en 1881, Union Vélocipédique de France qui va autoriser le
professionnalisme des cyclistes

Le sport va également se développer entre sport catholique et sport républicain


Face à l’UFSA (1890) va être créé en 1898 la FSCF, Fédération Sportive et Culturelle
de France qui deviendra en 1903 la FGSPF, Fédération Gymnique et Sportive des
Patronages de France. La devise de la FGSPF est « A Dieu et à la patrie »
Cette fédération est développée en particulier par Paul Michaux qui est un médecin.
Il propose une conception hygiénique et eugénique (conception d’amélioration de la race
française) de la pratique gymnique et sportive, le but est d’améliorer les Français (force)
Cette fédération s’adresse surtout à la jeunesse ouvrière pour montrer la force et la virilité
de cette jeunesse.

Cette fédération s‘oppose à l’USFSA en particulier en créant des compétitions, elle choisit le
football comme pratique de référence, comme activité dite première.
Elle va créer le Comité Français Interfédérale en 1907 qui va être l’ancêtre de
Fédération Française de football (FFF)

Le sport va développer dans un conflit entre le sport ouvrier et le sport patronale

Alors que certaines entreprises comme les usines Michelin à Clermont-Ferrand ou Peugeot à
Sochaux vont créer des clubs corporatistes, des clubs d’entreprises.

Des partis politiques vont eux créer des Fédérations


1907 : FSAS, Fédération Sportive Athlétique Socialiste
Puis elle devient
1934 : FSGT, Fédération Sportive et Gymnique du Travail
Cette fédération a pour but de développer la pratique du sport pour tous les travailleurs.
Parallèlement, le mouvement ouvrier va créer en 1925 les Jeux Olympiques Ouvriers à
Francfort qui veulent concurrencer l’organisation des Jeux Olympiques de Paris de
1924
L’hymne joué est l’hymne international, le drapeau est le drapeau rouge (et non celui des JO)

La dernière opposition : sport féminin et sport masculin

La pratique physique féminine est interdite ou autorisé avec beaucoup de précautions


Napoléon Laisné va proposer en 1854 la Gymnastique des Demoiselles
Docteur Fonssagrives rédige en 1869 L’éducation physique des jeunes filles
Idée : femme = maternité c’est le but de sa vie, distinction entre gymnastique et des garçons

Dès 1903, Course des Midinettes, cette course oppose des jeunes ouvrières issues du
monde de la culture et de la mode, le but n’est pas de faire une superbe performance
(habits) elles sont sous le contrôle des Hommes
La gagnante est Jeanne Cheminel va courir 12 km en 1H10, c’est une jeune modiste de 24
ans
En 1906 à Lyon, Les Ondines sont créées, première société de natations féminines, la
natation était pratiquée dans les Fleuves.

En 1912, Feminas Sport

En 1916 est créé la Fédération Sportive Féminine de France dont la présidente est
Alice Millat
Cette fédération considère que la pratique sportive féminine doit être identique à la
pratique sportive masculine

En 1921, création de la Fédération Française Féminine de Gymnastique et


d’Education Physique, cette fédération vise à développer la pratique physique
participant au développement physique sain et harmonieux de la jeune fille : il s’agit d’une
conception hygiénique de la pratique féminine, pas un modèle sportif

En 1921, création de la Fédération Sportive Féminine internationale


En 1922, cette fédération organise les Premiers jeux Mondiaux à Paris

Conclusion :
Le début du 20ème siècle marque une institutionnalisation du mouvement sportif qui va
reflétait des divisions sociales, politiques et culturelles. Ces divisions, ces logiques de
concurrence vont être cependant bénéfique pour le développement du sport en France.

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