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Avertissement au lecteur

Nothingness est un jeu de rôles imaginaire dans un Univers très


sombre qui peut choquer la sensibilité d'un public non averti.

Les personnages, lieux et systèmes politiques ou


religieux cités dans ce livre sont fictifs. Les moeurs,
idées et concepts développés sont imaginaires.

1
2
Grand Atlas de Weröl
edition Xii «bis»

Auteur : Xi

Contributeur : Deemoes

Illustrateurs :
Pascal Quidault (Couverture)
David Lecossu
Sébastien Mauroy
Julien Blanc
Leo Beker
Lohran
Deemoes

Maquettiste:
Amélia Avoine

Onqueboin mes seigneurs !


Cet Atlas est dédié à mon plus vieil ami, Christian, qui incarna
le premier des héros de Weröl (Hanzus de Tarsière) et la plus
grande Légende du jeu (la célèbre Cassandra l’Insoumise).
Cet Atlas renferme une carte secrète qu’un seul parviendra à
déchiffrer : celle d’une amitié...
XI

3
Prologue
La Découverte de Stupor Mundi

N ous avions cheminé toute la journée et progressivement mon esprit s’était enfermé dans une prière muette au
Pancreator. Je n’en pouvais plus de marcher, tête baissée, le visage emmitouflé dans ma longue pélerine pde
montagne pour protéger mes joues du froid mordant.

Sur les hauteurs des montagnes souffle un vent destructeur qui n’existe qu’ici. On le surnomme l’’espadon. J’ai
interrogé le hopin Bolkar à propos de ce bien surprenant patronyme et, mi figue, mi raisin, il m’a raconté que le
sentiment de souffrance qui irradiait mes joues devait à peu près être comparable à celui d’un pécheur (ou pêcheur
?) transpercé par l’appendice d’un tel poisson. J’ai hoché de la tête, en me demandant si les montagnards n’auraient
pas mieux fait d’appeler ce vent diabolique « l’Yguarnodon ».

Voilà six jours que nous n’avons croisé âme qui vive. Bolkar confère souvent avec son collègue guide, un elfe is-
landien qui répond au nom de Tandarïm pour décider de la route et éviter les mauvaises rencontres. Lorsque vient
le moment de s’arrêter pour la nuit, je m’affale pantelant sur les paillasses des refuges de montagne et m’endort
souvent sans même avoir dîné. C’est mon frère moine, Alderaban, qui prépare la tambouille avec Bolkar et qui me
réveille quand tout est prêt. Je soupe et plonge ensuite rapidement dans des rêves lourds où je revois les kilomètres
de piste que nous avons avalés depuis que j’ai débuté ma mission d’évangélisation des Bas-Royaumes.

(…)

4
Ce matin, Bolkar m’a réveillé avec un peu plus de brusquerie qu’à l’accoutumée : nous approchons de notre destina-
tion. Je n’ose encore accepter l’idée que je vais dormir demain soir dans un bon lit. Notre étape prochaine est une
cité gnome qui se prénomme Yukul-Ëlé, ce qui signifie en kalderen « Cité de Roc ». Bolkar me l’a décrite comme
très grande mais je ne sais quoi trop penser de cet adjectif. Peut-être m’arrêterai-je quelques semaines là bas pour
former quelques fidèles à la lumière bienveillante du Pancreator.

Mon souffle ce matin est plus soutenu, presque guilleret à l’idée du bain chaud qui m’attend. Mes ampoules ne me
font pas souffrir et le vent semble s’être arrêté. J’en ai profité pour entonner un chant de louange à Pancreator
mais Tandarïm m’a fait immédiatement taire : il y a des gnomes nisses dans les environs particulièrement agres-
sifs.

Nous avons atterri au bout de deux heures sur un chemin plus large, presque pierré, et croisé deux caravanes de
montagnards, pour l’essentiel des nains montés sur des échamiers. Ils ont confirmé à mes deux Guides que Yukul
était à quelques heures de marche.

Et puis, subitement, Alderaban qui marche devant moi s’est arrêté. Je l’ai rejoint et dépassé une arête rocheuse qui
me cachait le panorama de la vallée.
Je me suis immédiatement immobilisé tant la vision de Yukul m’a saisi. Imaginez une cité haute de plusieurs
centaines de toises enveloppant deux ou trois montagnes, et les assaillant de tout coté à grands renforts de mu-
railles, de ponts et d’artères pierrées. Partout, des grottes et des aqueducs. Ici, un palais gigantesque d’où coule
une énorme rivière dans les gorges de la vallée. Là bas, une énorme statue d’une Divinité gnome surplombant un
temple unicosmique.
Ma gorge s’est contractée, le souffle coupé. Je n’avais pas été préparé à telle beauté.

Une cité aussi immense devait au moins contenir des milliers, peut-être même des millions d’êtres. C’est alors que
les paroles d’un chant traditionnel Ounite m’ont spontanément traversé l’esprit et j’ai chanté dans le vent faible du
midi :

«Oui, telle beauté n’a jamais été vue d’yeux de mortel. Oui ce joyau n’a pu naître que de la volonté de Dieux. Cette
Perle des montagnes est la Merveille du Monde ! Stupor Mundi laudat Pancreatorem ! »

Récit des Voyages de Yul le missionnaire


(An -412 du calendrier Mulveyen)

5
Table des matières
Prologue – page 4
Table des matières – page 6

Présentation générale – page 11


1.Géographie 11

2. Myhtologie et Histoire 14

3. Cosmogonie 20

4. Langues et dialectes 25

5. Liste de quelques organisations 27

Première partie – Terra Mater– page 32


Carte de Terra Mater 34-35

Tableau des temps de trajets entre certaines cités de Terra Mater 36-39

Chronologie récapitulative 40

1.1. Le Ponant 47
1.1.1. Le Lisban 49

Annexe : la cité lacustre de Memneth 53

1.1.2. Le Bas-Ponant 58

Annexe : Port-Noir 61

Annexe : Marche d’Astence 65

Fragments de Weröl : un long jugement 68

1.1.3. Le Haut Ponant 70

Annexe : Eaugrise 73

Annexe : Khor, la cité des tempêtes 76

Fragments de Weröl : la lettre de dot 79

1.1.4. L’héritage paléo-aquilonnien 81

Légendes de Weröl : Hanzus de Tarsière 81

Annexe : Mô, la cité divisée 84

1.1.5. Requiem, la cité de l ’exode 88

Légendes de Weröl : Sint Gmorkh Kaddarak 92

Légendes de Weröl : Sint Kiwen 93

1.2. Les Royaumes du Nord. 94


1.2.1. L’Empire du Septentrion 94

Légendes de Weröl : Sint Apernyx Dorkanis 99

Annexe : la ville de Kalkabat 101

6
1.2.2. Les royaumes trolliques 107

1.2.3. Le Royaume des elfes nordiques 110

Fragments de Weröl : Si c’est un Elfe... 1114

1.2.4. La confédération naine 116

Légendes de Weröl : Grinch Barbe-Hurlante 121

1.2.5. La Sublime Porte 122

Légendes de Weröl : Cassandra l ’Insoumise 123

1.3. Le Centreterre et les grands lacs 124


1.3.1. Les grands lacs centraux 124

Légendes de Weröl : Sinta Machia’h Matreya Malebogé 127

Annexe : la cité de Kilkieran 128

1.3.2. Le royaume Dolman, 133

1.3.3. La Kyrelie 135

Légendes de Weröl : Maraï l ’Albinos 135

Annexe : Albionta, la porte d’Arknée 144

Légendes de Weröl : Astareilion Arguail 147

1.3.4. Le Centreterre 148

Annexe : Hauterive, capitale du centreterre 153

Fragments de Weröl : le jubilé du Roi Morvan 157

Annexe : Thalna, la cité de l ’ange 159

Annexe : Nostradia, la porte du centreterre 163

1.3.5. Le royaume des monts korils 167

1.4. Les Terrae Neanticae 169


1.4.1. Les terres libres et la cité du Dieu Fou 169

1.4.2. Le chancre néantique 173

1.5. Les Royaumes du Sud 180


1.5.1. Les principautés archidémoniques 180

Annexe : la ville de Vertigone 184

1.5.2. Le Saint Royaume de Faram 191

Fragments de Weröl : leçon inaugurale d’Aran El Poussir 199

Légendes de Weröl : Sint Al Khalim ad Apis Hucheini 201

1.5.3. Teufel, la cité de l ’oracle 202

1.5.4. L’anarchie de Theleb 206

7
Légendes de Weröl : Sint Azatoth 211

1.6. L’Orient 212


1.6.1. Les Bas-Royaumes 212

Annexe : Stupor Mundi, la perle de l ’Orient 220

1.6.2. L’Empire du Dragon 223

Légendes de Weröl : Phen Fao-Doï, la «mort noire» 225

Fragments de Weröl : le Héron & le Canari 235

1.6.3. Le Pur Empire des Sylphes du Nord 237

Deuxième partie – Le continent fabuleux d’Atlante – page 248


Carte d’Atlante 250

Présentation générale d’Atlante 251


Géographie 251

Tableau des temps de trajet entre les cités atlantes 253

Histoire 254

Légendes de Weröl : Shimrod le Magnifique 257

2.1. L’Empire d’Atlante 259


2.1.1. Organisation politique et administrative 259

2.1.2. Aspects civilisationnel 262

Annexe : Règles de l ’Orgamon 270

2.1.3. La magie 273

2.1.4. Guide des compagnies 275

Fragments de Weröl : compte-rendu de la Loge Artifex 281

Annexe : Atlantapolis, la cité impériale vers 1730 283

Annexe : Les autres cités d’Atlante 292

2.2. Les autres peuples d’Atlante 295


2.2.1. Les tribus wolfynx 295

2.2.2. Les trolls 297

2.2.3. Les nains 297

8
Troisième partie – Terra Negra, Le continent dévasté - page 298
Présentation générale de terra Negra 300
Histoire 300

Géographie 301

Tableau des distances et des temps de trajet 303

Carte de Terra Negra 304

3.1. Les terres des Primates 305


3.1.1. Les peuples primates 305

Carte des royaumes primates 308

3.1.2. Organisation politique des royaumes primates 309

Fragments de Weröl : le cadeau 319

3.2. Introduction à la civilisation abalonienne 321


(Abalone, Luna)
3.2.1. Histoire : grandeur & décadence de l ’Empire d’Abalone 321

3.2.2. Société, famille, valeurs 327

3.3. L’Empire d’Abalone 332


3.3.1. Présentation générale des îles 332

3.3.2. Organisation politique 336

3.3.3. La politique étrangère d’Abalone 338

3.3.4. Quelques autres organisations Abaloniennes 339

Légendes de Weröl : Sinta Justine Issandre-Cumperator 340

Annexe : Avalon, capitale de l ’Empire 343

Annexe : L’archipel d’Etoile 361

Annexe : l ’enclave de Pandernagor 364

3.4. Le Royaume chamanique de Luna 368


3.4.1. L’Eglise chamanique 368

3.4.2. Organisation politique 370

3.4.3. La sécurité extérieure 371

9
3.6. La Thébaïde 372

Annexe générale : Le monde de Luth - 373


Annexe générale : Tableau Récapitulatif des nations, populations, langues, monnaies, calen-
driers et armées - 375

10
Présentation générale

Géographie est désormais dominé par le royaume elfique de Kalk-


abat, mis sous la coupe réglée des elfes noirs qui sont
Weröl, le monde de Nothingness, est une planète que parvenus, durant la seconde guerre des pénitents, à ré-
l’on suppose sphérique majoritairement couverte par duire en partie en esclavage leurs voisins, les elfes nor-
des océans toxiques. Trois continents affleurent au des- diques.
sus des vagues, mais deux seulement sont d’une taille
réellement importante. Ils ont pour nom Terra Mater, Plus au cœur de Terra Mater, se situe l’Empire Néanti-
Terra Negra et Atlante. que, qui s’est séparé d’Aquilon vers – 500, lorsque cer-
tains nobles ont voulu adorer la Destruction et Titan en
Weröl est vaste et, même au début du cycle des Quatre toute liberté. L’Empire du Néant s’est rendu coupable
Fléaux, nul n’en a fait le tour. Vous ne trouverez donc de multiples attaques au cours du cycle Cassandrien
aucune carte du monde. Le seul continent de Terra Ma- et a porté un coup fatal à l’ancien monde en étendant
ter fait 13 400 km d’Est en Ouest et presqu’autant du un dôme de ténèbres sur le plan. Titan en est mort, as-
Nord au Sud. Terra Negra le second continent, fait 13 sassiné par son propre fils, mais le Theochrone, fils de
500 km d’Est en Ouest pour 13 000 km du Nord au l’Architecte des Plans, l’a remplacé dans le cœur des
Sud. Enfin, Atlante, le troisième et plus petit continent, néantiques. Après la seconde Création, les nations ont
fait à peine 1 500km d’Est en Ouest et 1 700 du Nord décidé d’établir un cordon sanitaire et d’empêcher par
au Sud. un blocus tout contact avec les adorateurs du Theo-
chrone. Une muraille gigantesque a été établie le long
Terra Mater de la frontière pour isoler totalement les adorateurs du
fils maudit de l’Architecte. L’Empire a toutefois payé
Le foyer de civilisation le plus peuplé de Weröl est Terra cher sa tentative de domination : un lien avec la Gehen-
Mater, nom récent qu’on lui a donné lorsque Terra Ne- ne s’est ouvert et les terres du Néant sont devenues un
gra a été découverte, vers 645. Auparavant, ses habitants gigantesque trou interdimensionnel que surplombent
disaient indistinctement « Weröl » ou « le monde » pour quelques cités rescapées : le chancre.
désigner l’énorme continent qui était leur seul horizon.
En réalité, chronologiquement, les civilisations se sont Au Nord du Ponant se trouve le Royaume des Elfes
d’abord développées sur Terra Negra, qui a été ravagée Nordiques, ou du moins ce qu’il est resté après les in-
par un conflit meurtier, provoquant l’exode d’une partie vasions elfes noires, et les régions polaires. La confédé-
de ses élites vers Atlante et Terra Mater, alors continents ration Naine jouxte les royaumes elfiques et les grands
quasiment vierges de tout peuplement. lacs qui occupent le centre du continent.

Le continent de Terra Mater peut lui-même être dé- A l’Est du continent, se trouve l’Empire Daï dirigé
composé en trois grandes masses. par un Dragon noir - Sharakaï. Au Sud, on trouve le
St Royaume de Faram, pays des Djinns, et l’Anarchie
La partie centrale et principale a longtemps été occu- de Theleb, dont les jungles sont le théâtre des affron-
pée par le gigantesque Haut-Royaume d’Aquilon, un tements entre les créatures reptiliennes enfantées par
des plus anciens royaumes de cette Terre. Au début l’ancien dieu Titan et Malevolyss.
du cycle des Quatre Fléaux, Aquilon a été ruinée par
la Seconde Guerre des Pénitents qui a vu s’affronter Au centre du continent, subsistent deux royaumes hu-
les armées du Néant et de la Création, et la civilisation mains qui ont traversé la Seconde Guerre des Pénitents
aquilonnienne s’est ainsi effondrée comme un château avec succès et qui ont conservé une civilisation avancée.
de cartes. Il s’agit en premier lieu du Royaume de Kyrelie et en-
suite de l’Empire de Morvan. A l’Est, se trouvent égale-
L’Ouest est devenu une terre dangereuse, ravagée par ment des confettis de royaumes, coincés entre Sharakaï
les conflits, et désormais dominée par trois royaumes et l’Anarchie de Theleb : les Bas-Royaumes.
qui se disputent l’héritage de l’antique Empire. Une
maladie mystérieuse – l’infex – a commencé également La troisième partie de Terra Mater est reliée au bloc
à faire son apparition et à véroler une partie des po- principal par une langue de terre, au Sud d’Aquilon,
pulations. Autrefois phare de la civilisation mondiale, occupée par les elfes Noirs. Il s’agit d’un partie encore
l’Ouest est devenu le Ponant rude et sauvage. Le Nord vierge et recouverte de forêts : la Cyprie. Enfin, à l’Est,

11
on compte dans Terra Mater 2 énormes îles occupées de leur traction réciproque). Le système des marées est
par les sylphes et les reptiliens. donc complètement déréglé. Atlante connaît 2 pério-
des : La Grande Marée, quand les deux cyclones sont
Le continent de Terra Mater va de la lisière du pôle agencés près des côtes et de telle manière que l’eau
Nord jusqu’à l’Equateur, qui frôle la Cyprie. Son cen- monte brusquement de 15-16 mètres, recouvrant tou-
tre est occupé par une gigantesque barre montagneuse tes les terres basses ; et la Période sèche où l’eau se
autrefois infranchissable mais que les Dieux dans leur retire complètement.
combat ont remodelée lors de la Guerre des Pénitents.
Une telle modification, d’ailleurs difficilement prévisi-
ble, remodèle complètement le paysage d’Atlante. Les
Cités sont construites dans les plaines à 20-30m en
hauteur sur de larges murs, afin d’être des ports en cas
de Grande Marée. Des murailles larges et hautes sillon-
nent le continent pour relier les villes. Les montagnes
deviennent des îles au moment de la Grande Marée.

Atlante n’abrite qu’un Royaume ainsi surélevé : l’Em-


pire d’Atlante, à la technologie bien supérieure à celle
Terra Negra des peuples de Terra Mater, et qui depuis la guerre du
portail, entretient une ambassade sur ce continent. Les
Le deuxième continent est le continent de Terra Negra, montagnes du Nord du Royaume sont quant à elles oc-
à 3 000 km à l’Est de Terra Mater, et historiquement le cupées par des tribus sauvages de wolfynx.
foyer des premiers peuples, les faës. 80% du continent
est désertique, recouvert d’une couche de poussière
grise. C’est le résultat d’une gigantesque guerre oppo- Les mers de Weröl
sant le Bien et le Mal qui a tout détruit au milieu du cy-
cle cassandrien (une période appelée «Âge de la Guer- La transformation de l’eau en Aigue-Sourgne a sans
re» sur ce continent). Le continent dévasté par Magie doute été l’élément le plus traumatisant pour les peu-
en déforme ses effets : tout sort y est démultiplié. Si ples de Weröl. En effet, si les lacs et cours d’eau inté-
l’on contourne, en venant de Terra Mater, Terra Negra, rieurs (eau douce) restent sous la protection de Juras
Mater, et sont donc utilisables, les océans, eux, sont
on parvient aux 20% qui n’ont pas été détruits. Cette inexorablement corrodés et remplis de ce liquide vio-
partie de la côte, protégée du désastre par d’imposantes let, acide, empoisonné et contaminé1.
montagnes, est occupée par des royaumes de primates,
les créatures de l’ancien Dieu Titan. Ces derniers sont Les mers de Weröl couvrent la grande majorité de la
technologiquement très avancés et maîtrisent la tech- superficie du globe. Les principales routes marchandes
nomagie. suivent la côte de Terra Mater, depuis Khor jusqu’à Ba-
lik. La plupart des marchandises transitent par Mem-
Au large de la masse ravagée, loin de la portée des pri- neth/Port-Noir en coupant par la terre, plutôt que de
mates, se sont développés des royaumes humoncules contourner la Cyprie. Quelque soit l’itinéraire, les pi-
qui se sont unis au VIIIème siècle. Abalone entretient rates de Cyprie ou les corsaires de Port-Noir prélèvent
leur part, de même que les galères sylphes qui contrô-
des relations ambigües avec les royaumes primates, en- lent les mers au Nord de Theleb. Il n’existe aucune rou-
tre haine et commerce, ainsi qu’avec les rescapés elfi- te maritime commerciale entre les continents, Atlante
ques du Grand Cataclysme qui a ravagé le continent. étant inaccessible et Terra Negra beaucoup trop loin.
Après 809, tout Terra Nega a connu une régression Voyager en mer est un risque permanent pour la vie
technologique, concomittante de la disparition de la des passagers car le naufrage est pratiquement tou-
Déesse Firloute (cf. Lectionnaire). jours mortel. Ceci oblige les bateaux à se ravitailler en
eau douce et ne pas compter sur le recyclage de l’eau
de mer pour survivre, mais également a un impact ex-
Atlante trêmement important sur les métiers de la marine :

- Les pêcheurs, depuis la seconde création, ont


Le troisième continent est, lui, à mi-chemin entre Terra
été confrontés à l’apparition de poissons mutants,
Mater et Terra Negra. Le « continent » d’Atlante est
étrangement agencé, coincé entre 2 gigantesque tour- porteurs de germes, voire extrêmement agressifs,
billons. Ces deux tourbillons se retiennent mutuelle- sans compter la multiplication des créatures mari-
ment depuis des siècles autour du continent et effec- nes monstrueuses. La conséquence logique a été la
tuent une rotation autour de lui (bougeant par la force 1 Les détails de l’Aigue-Sourgne sont disponibles dans
l’encyclopédie fantastique.

12
diminution du nombre de pêcheurs et l’obligation
de partir armés pour faire face à toute éventualité
;

- Les commerçants et marchands ont dû faire


face à un accroissement significatif des coûts :
près d’un marin sur quatre ne finit pas une tra-
versée, un naufrage ou même une simple tempête
peut provoquer la mort d’un équipage. Le prix
des denrées importées a logiquement bondi, les
voyages maritimes se sont espacés et raccourcis
en distance ;
- Les flottes de guerre ont évolué : les navires
à voile de contenance moyenne ont la préférence
des amiraux car les quantités d’eau à prendre à
bord sont proportionnellement plus faibles que
sur les grands navires et car les coups de tabac
font moins de dégâts que sur les navires à rames;

De manière plus générale, le bord des continents a lui


aussi été déserté, notamment à cause des pluies acides
causées par l’évaporation de l’Aigue-Sourgne. Si ces
pluies n’ont pas ou peu de germes ni de poisons, el-
les peuvent parfois être redoutables pour leurs effets
chaotiques et pour leur acidité. Suivant la force de Ju-
ras Mater, les climats, la luxuriance de la végétation et
la fréquence des pluies, l’arrière-pays côtier peut être
donc défiguré sur quelques kilomètres, ou plusieurs
dizaines de kilomètres. La plupart des îles d’Abalone
sont ainsi devenues inhabitables après le grand Théo-
locauste. Seules les cités-ports s’accrochent aux riva-
ges noircis de Weröl. Lorsque cela a été possible, on
a créé des ports à l’intérieur des terres, reliés par des
canaux à la mer.

Sur la rive orientale de Terra Mater, la période la plus


rude reste la mousson, qui frappe essentiellement
Theleb et les îles. Des typhons, des tempêtes, des
pluies torrentielles peuvent en effet s’abattre sur ces
régions, obligeant les habitants à se calfeutrer pour
survivre, ou même à fuir. Certains ne reviennent plus.

Pour lutter contre la sourgne, les populations se


sont progressivement adaptées. Après l’invention de
l’échelle de riquet, qui permet de détecter l’acidité de
la mer, sont apparues des toiles assez résistantes pour
supporter plusieurs semaines de voyage en mer, ainsi
que des lotions huileuses pour atténuer les effets de la
sourgne sur la peau. Si le VIIIème siècle a été terrible
pour les peuples de Weröl en termes de mortalité, les
espèces se sont adaptées : les survivants ont montré
des prédispositions de plus en plus évidente à résister
aux poisons et maladies.

13
Mythologie & Histoire Débuta alors un âge où les Immortels régnèrent sur
Weröl, plus précisément sur Terra Negra, seul conti-
Mythologie : Les cycles de Weröl nent véritablement habité.

D’où vient le monde ? Nul ne le sait exactement. Aucun Mais au fil du temps, les Dieux prirent une nouvelle
livre de Terra mater ne remonte à plus de 1000 avant fois l’habitude de descendre sur la Terre, sous formes
notre Ere (voir plus loin). Sur Terra Negra, premier d’avatars. En effet, privés désormais du savoir des Cy-
continent à avoir été peuplé, la mémoire remonte des clopes sur la fin de Weröl, et de la connaissance des
Thébains à - 8 000 années. Minotaures, les nouveaux Dieux voulaient accroître
leur puissance. En outre, plusieurs reliques titanides
L’Histoire du Monde s’est déroulée en quatre périodes, s’y trouvaient.
qui ne sont pas forcément perçues comme telles par les
peuples de Weröl mais qui permettent de schématiser Ils furent affectés en retour par les imperfections des
10 000 années d’histoire. humoncules (comme le prouve l’apparition des gnomes
et des nains, des interactions nombreuses se produisi-
Au début du «Cycle Titanide », le Dieu Ka, Architecte rent) et prirent certains de leurs traits.
de l’Univers, créa le monde et plusieurs peuples pour
le gouverner : les Dieux (qui ne portaient pas encore Contaminés par les mortels, les Dieux se disputèrent
ce nom), les Titans, les Cyclopes et les Minotaures. Les alors entre eux, notamment parce que l’un d’eux s’était
Dieux étaient les maîtres de la Nature ; les Minotaures uni en secret à une Titane lors du précédent cycle et
les gardiens du Savoir ; les Titans les maîtres du temps, avait dissimulé le fruit de cet amour. Le Dieu en ques-
de la mort et de la magie ; et les Cyclopes les forgerons tion fut débaptisé, appelé par dérision Titan, et le fruit
de la destruction. Puis, il s’endormit, non sans avoir de l’union défendue (une Divinité nommée Soledad)
expressément interdit aux premiers peuples de fouler fut emprisonné. Ce que les Divinités ignoraient, c’est
le monde qu’ils devaient protéger. que ce bâtard, du fait notamment de sa nature mi-
Dieu, mi-Titan, conservait en lui un fragment de Ka, la
Une guerre éclata néanmoins entre Dieux et Titans connaissance de l’équilibre des forces.
pour la maîtrise de ce monde. Les nouveaux maîtres de
Weröl créèrent depuis leurs cercles divins des suivants In fine, Titan fut mis au banc de la société des Dieux, et
pour les seconder dans la guerre qu’ils se livraient sur contraint de s’exiler dans la Gehenne. Cette déchirure
Weröl même : les êtres féériques (Djinns, Elfes, Sha- divine mit fin à ce second cycle vers - 1 000 avant notre
nashees (ancêtres des sylphes) et Lutins) à partir des Ere, car le Dieu décida alors d’utiliser Weröl pour pré-
quatre éléments pour les Dieux ; les chimères, les tan- parer sa vengeance. Les races titanides apparurent à ce
tales et les lycantropes pour les Titans. Les Cyclopes moment là sur les trois continents. Là où des servants
prirent le parti des Titans et les Minotaures celui des des Dieux existaient, comme sur Terra Negra, une guer-
Dieux. Les premiers peuples oublièrent l’interdit de re totale éclate entre Faës et Titanides. Le fait nouveau
Ka et finirent par s’affronter directement sur Weröl fut que ces derniers trouvèrent un large appui auprès
même. des humoncules, esclaves des Faës depuis cinq millé-
naires.
Ce conflit déboucha sur la défaite, puis l’exil des Titans
et leurs suivants1 et le déclin des Cyclopes (exilés égale- Le cycle des Faës fut en réalité la lente histoire de leur
ment) et des Minotaures (pervertis par la guerre). décadence, puisqu’il se conclut par la menace venue
d’autres peuples et la volonté des humoncules de trahir
L’exil des Titans n’a pas de datation précise car pour les leurs anciens maîtres.
Faës thébains (cf. Abalone) qui ont conservé le souvenir
de ce cycle, le temps a peu d’importance mais pour les
besoins de la chronologie indicative, on peut prendre Le «Cycle Cassandrien» (donné ainsi car il fut marqué
comme date de fin de ce cycle - 6 000 avant notre Ere. par les faits d’armes de la célèbre Cassandra l’Insou-
mise) couvrit le basculement de l’histoire du monde,
Lors du «cycle des Faës» (appelé «Age de la Source» avec la destruction de Terra Negra et l’essor de Terra
par les Thébains), les Dieux restèrent seuls maîtres de Mater, où étaient désormais réfugiés les peuples de We-
Weröl et remontèrent vers les cieux qu’ils n’auraient röl. Il marqua l’émergence des humoncules et le déclin
jamais dû quitter. Pour remercier les êtres féériques, ils relatif des Faës. Il concrétisa aussi le retour de Ka, sous
façonnèrent des humoncules (mortels) pour être leurs une forme amoindrie. La Déchirure entre Titan et les
servants. Dieux réveille en effet une partie de Ka.
1 Sur un plan d’existence qui s’appelle Moon.

14
Sur Terra Negra se déroula l’Age de la guerre qui vit manents, charger pour veiller au salut des mortels.
s’affronter les titanides primates et les Faës et leurs al-
liés humoncules. Il se termina en - 100 par la destruc- Ces Dieux n’étaient pas semblables aux premières Di-
tion quasi-totale de Terra Negra à l’aide d’un artefact vinités car elles provenaient d’autres plans d’existence.
nommé la Pierre de Nuit. Hélas, ils retombèrent vite dans les travers de leurs
aînés et les disputes reprirent.
Les Dieux, inconscients du danger, et de plus en plus
minés par leurs troubles, se déchirèrent à plusieurs re- Avec la mort de Soledad, Ka se dissocia en deux. Mul-
prises, toujours pour la maîtrise de Weröl. C’est ainsi veya partit quant à lui affronter pour l’éternité le Theo-
que leurs ennemis éternels, les Titans se libérèrent de chrone, esprit issu de Soledad (mort de la main de Mul-
leur geôle et que le monde fut envahi par les démons et veya au moment du grand Théolocauste): les deux «fils «
les eaux du Stryge, le fleuve infernal. (ou avatars, c’est selon) de Ka s’affrontent et un jour la
Création ou le Néant vaincra. Alors le Dieu Ka sera re-
Après le grand cataclysme de Terra Negra, Titan tourna créé une troisième fois, pour recréer ou pour détruire,
alors sa vengeance sur Terra Mater où se trouvaient les et alors le sort du Monde sera jeté.
derniers rescapés des créatures divines. Il tenta d’utili-
ser à nouveau la pierre de Nuit pour faire subir à Terra Durant ce Cycle, les Dieux tombent malades, conta-
Mater le même sort que Terra Negra, mais cette fois- minés par les Mantes, à commencer par Mulveya, et
ci il fut mis en échec par le réveil de l’Architecte des d’autres disparaissent des affaires du monde (Firloute),
Plans. ce qui entraîne une grande régression morale et intel-
lectuelle.
A partir du début du cycle cassandrien (plus exacte-
ment vers - 500, date à laquelle une prophétie du châ-
timent annonciatrice de catastrophes à venir circule),
la partie de Ka éveillée – qui possédait en son cœur la
Création – s’était animée pour sauver les hommes. Elle
prit la forme d’une nouvelle Déesse, nommée Veya, et
fonda une «nouvelle religion», monothéiste, en Faram
et en Kyrelie. Lors du nouvel affrontement entre les
Dieux et les Titans, elle se mit à la recherche des autres
fragments de Ka et se recréa sous la forme du Dieu
Mulveya, fruit de la fusion d’une Déesse (Veya) et d’un
Titan (Mul). Ne manquait plus que la troisième partie
de Ka, Soledad, pour que l’Architecte de l’Univers se
reconstitue totalement.

Néanmoins, le dieu Titan voulut utiliser Soledad, son


propre fils, comme fléau des Dieux. Celui-ci massacra
les Dieux et les Titans et le troisième Cycle de légende
se termina avec la mort du panthéon. Ce fut « le grand
Théolocauste » (Terra Mater) appelé «Grand Omégal-
phe» par les Atlantes et «Grand Nâvre» par les Abalo-
niens. La libération de Soledad eut cependant un as-
pect positif car Mulveya put fusionner avec lui un court
moment.

Le quatrième cycle – appelé «Cycle des Quatre Fléaux»


- naquit avec ce que les mortels ont appelé la Seconde
Création, en réalité une altération du monde de Weröl
par Ka (reconstitué le temps d’une fraction de temps)
que le grand Théolocauste avait commencé à ravager.
En substituant à l’apocalypse enclenchée par Titan,
une re-création partielle, Ka permit à Weröl de survivre,
quoique terriblement malade et atteinte par les fléaux
causés par la mort des Dieux. Ka, sous l’impulsion de
Mulveya, missionna un second Panthéon de dieux im-

15
Histoire du Cycle «Des Faës» (- 6 000 à - 800)
Le Premier Age d’Or
Durant ce premier âge, les peuples de Weröl sont es- Le nom a été donné a posteriori par les races mortelles
sentiellement rassemblés sur un seul continent, dont le de Terra Mater car ce sont deux siècles de stabilisation
nom originel s’est depuis perdu. Les races féériques, el- politique et de grandes avancées civilisatrices qui se
fes, sylphes, djinns et lutins, règnent sans partage alors sont succédé. Le Premier âge d’Or (qui donc en réalité
que les races mortelles – humains, gnomes, nains – les est le second si les peuples enfuis avaient gardé leur
servent et les craignent. La dispute qui éclate entre les mémoire des temps anciens) est arbitrairement com-
Divinités vers – 800 de notre ère a pour contrecoup mencé avec le sacre de Mac Ier, fondateur de l’Empire,
l’apparition de nouvelles races, dédiées au Dieu Titan : un gigantesque royaume unissant alors pratiquement
les primates, les reptiliens, les wolfynx. Sur le continent tout l’Ouest de Terra Mater. Mac Ier et sa dynastie vont
originel, un conflit généralisé éclate et se termine dans asseoir la supériorité des humains sur les autres races,
un gigantesque cataclysme vers – 100 de notre Ere. et pacifier cette partie du continent. A l’Est de Terra
Mater, coupé de la partie occidentale par des monta-
Lorsque éclate le cataclysme, sept siècles plus tard, la gnes infranchissables, des Empires se forment égale-
plus grande partie des peuples féeriques et mortels a ment, notamment chez les sylphes. Un prophète de
déjà quitté le continent pour échapper aux primates, Veya, Oun, évangélise la partie centrale du continent
les fils de Titan. Pour les elfes, il s’agit de l’Hégiriade. et une partie des peuples embrasse la religion de la
mystérieuse Déesse Veya. Enfin, de grands philosophes
Les deux autres continents se peuplent alors mais le théorisent les bases culturelles et civilisatrices, comme
brassage des peuples et l’éclatement des civilisations par exemple Kaï-Taï, le père du Bushido.
conduit à des métissages et surtout à un gigantesque
retour en arrière. Les elfes et les sylphes émigrés se La Période Sombre
mêlent aux humains et perdent leur immortalité. Le Premier Age d’Or se termine sur deux grands évè-
nements qui, à l’époque, passent inaperçus mais qui se
montreront extrêmement lourds de conséquences par
la suite. Le premier, survenu en 201, est la mort d’Oun,
premier prophète de Veya, mis à mort par les autorités
des royaumes centraux d’alors. Sa mort irrite la Déesse
Veya qui n’hésite pas à punir l’Empereur et les prê-
tres responsables. La mort d’Oun marque le début de
l’évangélisation sur une vaste échelle de la région. Le
second évènement est la mort de Mac XI sans descen-
dant et la première scission que l’Empire connaît. En
effet, trois nobles décident de se convertir à la religion
Histoire du cycle « Cassandrien » (-800 à +749) d’un Dieu jusque là méconnu : Titan, le responsable du
premier Cataclysme. L’Empire du Néant est né.
La préhistoire cassandrienne
Le désordre créé par la Déchirure entre Titan et les La Période Sombre est une période assez instable :
Dieux réveille la conscience de l’architecte des plans et l’Empire s’enferme dans une succession de crises poli-
apparaît une Déesse – Veya – qui annonce dès le VIème tiques qui l’affaiblissent lentement car la nouvelle Dy-
siècle avant notre ère la venue d’un châtiment. nastie venue du sud a peu de légitimité. Une guerre
éclate même en 237 avec le Royaume des elfes nordi-
Vers – 800, les premiers royaumes organisés apparais- ques tandis que l’Empire du Néant se prépare à accom-
sent sur Terra Mater et Atlante : l’Empire Atlante et le plir les volontés de Titan. Ce dernier, après avoir ravagé
Royaume des elfes Nordiques. Sur Atlante, moins peu- le continent originel, prévoit en effet de reproduire le
plé, les peuples ayant fui la folie de Titan parviennent cataclysme sur terra Mater.
à récupérer les sciences de leurs aînés alors que Terra
Mater se morcelle en petits clans, tribus et royaumes A l’Est également, l’instabilité s’accroît. Un grand Dra-
primitifs. Toutefois, les Exilés ont la mauvaise surprise gon Noir, Sharakaï, conquiert une très large partie de
de constater que les séides de Titan sont partout. Sur l’Orient et les elfes jaunes réduisent en esclavage la
Terra Mater commencent des invasions de races repti- plupart des peuples, à l’instar de ce qui se faisant du-
liennes et sur Atlante, les colons doivent faire face à des rant la période pré-Cassandrienne. La Guerre ravage
races lupines barbares. également les bas royaumes occidentaux (guerre des
fléaux) et les reptiliens combattent les elfes islandiens.

16
En 367, la période Sombre se conclut sur une guerre gon, tente de profiter de l’affaiblissement de Titan et des
généralisée – la Première guerre des Pénitents. Titan, sûr Dieux bons pour faire du plan mortel un plan infernal.
de son pouvoir, parvient à faire prisonnier les autres La Guerre du Portail dure une année seulement mais
Dieux pendant que ses armées ravagent le monde et porte un coup terrible à la démographie des royaumes.
s’attaquent à l’Empire qui chancelle puis s’effondre. Le Veya missionne une walkyrie, Cassandra l’Insoumise,
salut vient de la conscience de l’Architecte des Plans pour porter le lourd fardeau de guider celui qui doit
– la Déesse Veya – qui parvient à réunir une poignée vaincre Tobogobun jusqu’à la bataille finale. Cassandra
d’élus capables de délivrer les Dieux prisonniers. Titan y perdra la vie mais gagnera l’immortalité et la garde de
échoue mais n’est pas vaincu et ses armées se replient la porte du Mulveyad.
au bout de dix années de guerre stérile.
Les Dieux eux-mêmes se mêlent du conflit et affron-
tent les armées démoniaques lors de la bataille dite du
Le Second âge d’Or Stryge. En effet, l’un des portails s’est ouvert sur le fleu-
Il succède aux deux siècles d’instabilité et dure lui-mê- ve infernal et se déverse sur le plan mortel, obligeant
me plus longtemps que le premier âge d’or (environ 280 les Dieux à noyer une partie des terres pour diluer son
ans). Terra Mater retourne à la stabilité avec la fondation coté létal : les lacs centraux sont nés. Plusieurs Dieux
d’un Haut-Royaume d’Aquilon par un ancien général trouvent la mort dans les affrontements, d’autant que
de l’Empire, Solimane. Les Dieux bénissent Solimane leurs ennemis jurés, les titans, ont eux aussi été libérés
et sa descendance qui atteindront des âges canoniques involontairement de leur prison par Cassandra et ses
et pacifient l’Ouest. La guerre des pénitents s’étant amis.
traduite par la disparition des montagnes de brume
qui coupaient le continent de Terra Mater en deux, le Cette fois-ci, la Déesse Veya manque de mourir en plon-
commerce connaît une envolée foudroyante et tous les geant dans le Stryge et ne doit sa survie qu’à l’un des
royaumes s’enrichissent. titans, Mul, qui par amour pour elle fusionne avec elle
pour la sauver. Mulveya est né.
A l’est, les bas royaumes sont enfin pacifiés et le dragon
Sharakaï débute son long sommeil. Le centre également
s’organise en petites entités. Un autre Royaume enfin se Le Nouvel âge Sombre
créé dédié à Veya après que la Déesse soit apparue à Ha- Il clôt le Cycle Cassandrien. Terra Mater est à moitié
ran le Sabrance, un Djinn, qui se convertit et impose la dévastée et ses peuples choqués par la terrible Guerre
religion de Veya à tout le royaume de Faram. Ce dernier du Portail. Mulveya veut reconstituer l’Architecte des
se développe et de nouvelles cités apparaissent. Plans, Ka, en fusionnant avec Soledad, fils d’un Dieu
(Titan) et d’une Titane (Anima), mais qui hélas est re-
Alors que la confédération Naine unifie le Nord, les rep- tenu prisonnier par Titan dans sa Gehenne.
tiliens tentent d’envahir les terres des Bas-Royaumes
mais ils doivent se retirer en 453. Durant les dernières Les reptiliens étendent leur domination et éliminent les
années toutefois, les conflits se font de plus en plus fré- islandiens de leurs îles, tandis que l’Empire d’Atlante
quents. Sharakaï se réveille, la dynastie des Solimane établit des relations diplomatiques avec les royaumes
s’éteint, les djinns et les reptiliens se livrent une guerre de Terra Mater.
féroce qui coûte la vie à Haran le Sabrance.
Titan sent que la situation lui est favorable et joue le
Le second Age d’Or se termine par deux découvertes, tout pour le tout : il donne à la Sombre Eminence la
en 645 et 646 : celle des autres continents, rendue pos- pierre de Nuit, celle-là même qui a donne aux armées
sible grâce aux avancées en termes de navigation. Le primates la victoire décisive il y a 1 700 ans sur ce qui
continent dévasté que les bateaux de Terra Mater (ils est devenu Terra Negra. Grâce à la Pierre de Nuit, un
sont affrétés par les roi Morvan) accostent est baptisé « dôme de ténèbres recouvre peu à peu depuis l’Empire
Terra Negra ». du néant l’intégralité du continent. Parallèlement, les
néantiques se lancent dans une vaste guerre d’extermi-
En 666 se produit brutalement une seconde guerre gé- nation.
néralisée, contrecoup de la première guerre des péni-
tents. En effet, un des plus grands mages de l’histoire, En 701, les armées de Titan attaquent en masse : el-
Tobogobun, revient à la tête d’armées démoniaques fes noirs de Kalkabat, reptiliens, armées du Néant. Les
après qu’il a été fait prisonnier aux Enfers lors de la constructions mortelles s’effondrent, à commencer par
guerre des pénitents, bien décidé à se venger. Six por- le Haut-Royaume d’Aquilon, gouverné par un jeune roi
tails s’ouvrent alors et des armées démoniaques enva- Titan parvient également à semer la zizanie au sein de
hissent Terra Mater. La Déesse des Enfers d’alors, Gor- l’Eglise du Premier Prophète de Veya, qui s’effondre

17
sous le poids de ses dissensions internes. En 722, le des grands lacs. Abalone, pays composé d’îles, voit son
premier coup du grand Théolocauste retentit : Titan li- économie gravement perturbée.
bère en partie Soledad, son fils, et le contraint à abat-
tre une à une les divinités harmoniques et la plupart Le second fléau à apparaître au VIIIème siècle est
des chaotiques. le Chancre néantique : là où s’étendait l’Empire du
Néant, désormais se trouve un grand vide, qui n’est
Hélas, peu à peu ses plans échappent à Titan. Soledad autre qu’un portail gigantesque vers les cercles de la
est libéré par l’un des propres champions de Titan, Géhenne. De manière plus inquiétante, ce Chancre
Yoshimura Kurosawa. Avant que la grande œuvre de vomit de temps à autre des créatures néantiques et
Titan ne soit achevée, la Gehenne est dévastée par So- s’étend lentement, dissolvant année après année ses
ledad. Titan lui-même est vaincu. Lorsque le second franges.
coup du grand Théolocauste retentit, en 749, Mulveya
a envoyé 7 champions, représentant les Divinités qu’il Néanmoins, la paix s’instaure enfin sur Weröl : la
a élues pour gouverner Weröl, à l’assaut de la pierre Confédération Naine met fin à sa guerre civile, de
de nuit. Au moment où l’épée Mat, censée sonner même que la Kyrelie. Le Haut-Royaume d’Aquilon est
la fin du grand Théolocauste ouverte par sa jumelle, évacué par les armées du Septentrion et des royau-
Echec, retentit, il s’incarne en deux de ses champions, mes plus petits se disputent la couronne des anciens
Gmorkh le démolisseur puis Apernyx Mandarin par- Hauts-Rois. Le nouvel acteur fort reste l’Empire des
viennent à vaincre le champion de Soledad, Yoshimu- Elfes Noirs qui n’hésite pas à le prouver périodique-
ra Kurosawa. Puis Mulveya intervient directement et ment en faisant plier les armées aquilonniennes. La
fusionne avec Soledad le temps de recréer Ka, l’ar- recomposition des frontières dure pendant un siècle
chitecte des plans. Ka réinstalle des dieux immanents avec l’avènement du Centreterre moderne et des im-
mais Soledad meurt. Son âme se transforme en, fils de perectors réincarnés de Kyrelie.
Ka, et seigneur du Néant. Un combat s’engage alors
entre les deux fils de Ka. Ces bonnes nouvelles masquent néanmoins l’incu-
bation des autres fléaux nés du grand Théolocauste
(appelé Grand Omégalphe sur Atlante et Grand Nâvre
sur Abalone).

L’ordre Mandragui (cf. Lectionnaire) refait son appa-


rition en extrême-Orient, après plusieurs siècles de
clandestinité, et essaime en Empire Daï, puis en Em-
pire Sylphe. A peu près à la même époque, une se-
conde Mante, femelle, s’introduit sur Weröl et parasite
le culte de Mulveya Pancreator. Ceci va enflammer la
Kyrelie et la pousser à la croisade contre l’Empire Daï.
Histoire du Cycle «des quatre fléaux» Au-delà de l’antagonisme traditionnel entre les deux
(depuis l’an 750 : VIIIème, IXème et Xème siè- pays, c’est bien la haine des Mantes pour le mandra-
cles) guisme qui est au coeur du conflit : l’Empereur Shara-
kaï est suspecté d’être un ancien disciple du Mandrag
Après la destruction du dôme de ténèbres et la se- et il a accueilli sur ses terres un monastère mandragal
conde Création, Weröl est sauvée mais profondément qui tente de trouver un moyen de détruire la Mante
bouleversée par le Grand Théolocauste. femelle.

Les eaux ont été changées en aigue-sourgne, ce qui La jonction avec la seconde Mante - la Mante mâle
mine évidemment le commerce et renforce les na- - qui a parasité le culte impérial de Kasumo va pro-
tions continentales, notamment les pays du pourtour duire une série d’effets négatifs : la Mante mâle meurt,

18
dévorée par la Mante femelle et la disparition du para-
site entraîne aussitôt la disparition du parasité (l’Em-
pereur Kasumo VIII). Le Mandraguisme va en profiter
pour définitivement s’implanter dans le pur Empire des
Sylphes du Nord en s’intégrant à la religion officielle.
L’Empereur Kasumo IX se convertit lui-même à la phi-
losophie Mandragale, sans doute dans le secret espoir
d’être protégé de l’influence des Mantes.

La Mante femelle va se mêler, grâce aux relais kyreliens,


des affaires de Faram, provoquant malgré elle un schis-
me qui va amener ce vaste pays à adopter la religion
Aronite. Elle va néanmoins atteindre son objectif en dé-
truisant en 922 les derniers vrais disciples du Mandrag,
ceux de l’Empire daï, ne laissant plus que le Mandra-
guisme sylphe, relativement éloigné de l’enseignement
originel. Elle donne naissance à trois petites Mantes -
deux mâles et une femelle - qui, à l’aube du Xème siècle,
s’apprêtent à parasiter trois nouvelles divinités, en plus
de Mulveya.

Le parasitage du Pancreator va avoir avoir un impact sur


un troisième fléau : L’Infex fait son apparition en Aba-
lone dans les années 800 et dans les bas-royaumes à par-
tir des années 920. Il devient un fléau endémique dans
les vallées reculées ou certaines îles, et s’il devait gagner
des zones plus peuplées, l’impact pourrait être massif.

Une dernière mauvaise nouvelle est la disparition de la


Déesse Firloute qui survient dans les années 727-728 du
calendrier Abalonien, c’est à dire en 809 du calendrier
paléo-aquilonnien. La Déesse a voulu manipuler les
réalités pour trouver le secret de Ka mais a été démas-
quée par Mulveya et exilée sur Moon. A partir de cette
époque, une partie du monde de Weröl, essentiellement
Terra Negra, va être confronté à un mal grandissant : un
recul général des sciences, des techniques et des scien-
ces, couplé à une dissolution lente mais radicale des va-
leurs morales. Faut-il voir un cinquième fléau ?

A l’aube du Xème siècle, le monde de Weröl est donc


une nouvelle fois profondément en crise : certes, les
royaumes sont pour la plupart en paix si on met de
coté l’affrontement entre la Kyrelie et l’Empire Daï et la
guerre froide entre l’Empire d’Abalone et les puissants
royaumes primates, mais de nombreux nuages s’amon-
cellent : sur les 12 Dieux du panthéon, 1 manque à l’ap-
pel (Firloute), 1 est affaibli (Mulveya) et trois nouvelles
divinités vont être amenées à subir le même fléau, ce
qui ne pourra que conduire à des affrontements et des
troubles toujours plus nombreux.

Le Chancre et l’Infex progressent, et parallèlement, avec


le recul de la Science lié à la disparition de Firloute, les
mortels sont de moins en moins bien armés pour y faire
face.

Le Cycle des Quatre-Fléaux a débuté.

19
Cosmogonie Le Néant a fait de cette Lune son symbole, qui orne
toutes les armures sombres de ses armées. A l’origine,
Astres principaux les premiers êtres vivant étaient persuadés que la lune
Ils sont au nombre de trois. s’écraserait un jour sur leur terre, anéantissant tout au
passage, car durant sa révolution, la Lune néantique est
amenée à se rapprocher de Weröl et à apparaître plus
grosse. On pense que cette légende a été captée par le
Néant en référence à son objectif de destruction. Le
Theochrone est donc associé à cet astre.

La lune néantique a des effets chaotiques et les adeptes


de la magie grise peuvent voir leurs pouvoirs croître
lorsque la lune est pleine.

L’Astre fixe

Il s’agit d’un maigre soleil rouge qui marque invaria-


blement le Nord. Le jour, il disparaît une partie de la
journée, enveloppée dans la lumière plus vive du soleil
magnifique. La nuit, il illumine faiblement une partie
de la Lune Néantique, qui prend alors une inquiétante
teinte mauve.

L’origine de l’astre fixe est mystérieuse. Beaucoup


d’astronomes pensent que nous tournons autour de
lui mais ils ne parviennent pas à expliquer comment
il reste dans ce cas un point fixe dans le ciel. On pense
qu’il se trouve à très grande distance (au moins deux
fois celle du soleil) de Weröl.

Les adeptes de Mulveya (voir plus loin) en ont fait un


symbole de leur culte. « Il est l’éternité et le point de
bascule entre soleil et lune néantique» affirment-ils,
comme leur culte par rapport à ceux d’Elth et du Theo-
chrone. Dans certains textes, il est vu comme «l’oeil de
Mulveya», sans cesse braqué sur Weröl.

Le Soleil Magnifique ou petit soleil


Les Calendriers
Il s’agit d’une boule de taille moyenne et de couleur
jaune orangée. Il illumine de ses feux les journées du Les peuples de Weröl utilisent des calendriers diffé-
monde qui sont d’environ 24h. Weröl effectue un tour rents suivant les continents et les pays. Ils utilisent
complet autour du soleil en 216 jours. Ce dernier se des termes différents pour désigner le seul évènement
lève à l’est et se couche à l’ouest. Le Soleil Magnifi- commun qui leur soit arrivé : le grand Théolocauste (sur
que est associé au dieu Elth, divinité de la lumière. Terra Mater) est appelé «Grand Omégalphe» sur atlante
(c’est à dire littéralement «la Fin qui est un Début») ou
«Grand Nâvre» («grande tristesse», sur Terra Negra).
La Lune Néantique
Les points zéro des calendriers diffèrent également :
Gigantesque lune verte bleutée qui occupe les nuits de sacre de roi pour certains, cataclysmes pour d’autres.
Weröl. Parfois, il est possible de l’apercevoir grise. Elle
tourne autour de Weröl, alors qu’elle n’est qu’1,5 fois Enfin, les durées calendaires peuvent différer, suivant
plus petite et à une distance 5 fois plus proche que le qu’elles s’appuient sur la lune, le soleil ou des phéno-
soleil magnifique. mènes météorologiques distincts.

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Le calendrier paléo-aquilonnien Kul-Bazur), jour de la lune de grenat (Lunerousse), jour
du grand départ (Mortelune, jour dédié à l’Innom-
Le calendrier le plus usité est également le plus com- mé) ; jour de la lune de saphir (Lacrymales).
pliqué. Il s’agit du calendrier paléo- Aquilonnien dont
l’an 0 est le sacre de Mac Ier et la naissance de l’Em- Les jours de la semaine sont simplement numérotés.
pire, ancêtre du Haut-Royaume d’Aquilon, aujourd’hui Ex : Le 1er jour de la deuxième nona-
disparu. Le calendrier paléo-Aquilonnien est basé sur de des lacrymales, an 340 de la Nouvelle Ere.
la nonade, c’est à dire une semaine de 9 jours. L’année,
qui débute avec le 1er jour du printemps, compte 216
jours et est divisée en 8 mois de 27 lunes : Le calendrier Mulveyen

Quart-Temps de l’arbre d’émeraude (printemps) : Mois Le calendrier mulveyen (ou kyrelien) comporte lui
de l’Aube (dédié à Elth, le premier des Dieux), mois aussi 216 jours et est donc un calendrier solaire
des Brisailles (dédié à Juras Mater). Le premier jour
de l’année est consacré à Juras Mater, car il ouvre le Il est composé de semaines de 7 jours prénommé ainsi :
quart-temps de l’arbre d’émeraude. Les monothéistes Lindo, Mirdo, Mercredo, Jeido, Vendredo, Lemedo, Do-
ounites et les polythéistes duodécimains célèbrent éga- menche.
lement Mulveya car c’est le premier jour de l’année.
Les mois sont en revanche des mois lunaires et sont au
Quart-Temps du soleil d’Airain (été) : Mois de Verte- nombre de 12 : Jophel, Uriel, Kamuel (Hiver), Rafelim,
barbe (dédié à Hapoggaëddon) Mois de Longsol (dédié Gabrielim, Mikhëlim (Printemps), , Zadkial, Cassan-
à Fortunaë). Le premier jour du quart-temps du soleil dral, Baltal (Eté), Vitis, Haedis, Theochronis (Autom-
d’Airain est également dédié à Fortunaë à cause de son ne).
association avec l’élément Feu.
Chaque mois fait 18 lunes, c’est à dire le temps néces-
Quart-Temps de l’arbre de Jade (Automne) : Mois des saire à la Luna néantica pour devenir pleine.
Tempestueux (dédié à Kul-Bazur) ; Mois de Lune Rous-
se. (dédié à Kherk) Contrairement aux deux premiers Le point de départ du calendrier est la seconde Créa-
quart-temps, la fête de Kul-Bazur (1er jour de l’arbre tion, qui marque la suprématie du Dieu Mulveya (23ème
de Jade) tombe en son mois (Tempestueux), le jour des jour du mois des Brisailles, an 749 du calendrier pa-
Vendangides. léo-aquilonnien), plus exactement a été fixée arbitrai-
rement au premier jour de l’été (mois de Vertebarbe
Quart-Temps du Vent d’acier (Hiver) : Mois de Mortelu- aquilonnien), c’est à dire le 1er Zadkial. La fête de Mul-
ne (consacré à Firloute) ; Mois des Lacrymales (consa- veya coïncide avec le début de la nouvelle année
cré à Malevolyss). Le premier jour du Quart-Temps
est consacré à l’Innommé. Le dernier jour de l’année,
veille des aquanales, est souvent considéré comme une Le calendrier Daï
journée hantée par Theochrone, avant la renaissance
du cycle. Le calendrier Daï a pour point de départ le début du
règne du Grand Ver soit 301 du calendrier paleo-aqui-
Le calendrier est basé sur la révolution de Weröl autour lonnien (Cycle Cassandrien). L’année comprend 216
du petit soleil, révolution prend 216 jours. jours solaires, avec 12 mois lunaires de 18 jours : Be-
lion, Taurus, Gemini, Cancerus, Lion, Virga, Balancia,
Les premiers jours de chaque mois sont jours de Scorpio, Sagittarius, Capricorno, Versus et Pisci.
fête : jour des aquanales (1er jour du calendrier – Aube,
et consacré à Juras Mater ou à Mulveya), jour de la lune Les noms des jours sont les mêmes que dans le calen-
de diamant (Brisailles), jour du solstice (Vertebarbe, jour drier mulveyen.
consacré à Fortunaë), jour de la lune de Topaze (Long-
sol), jour des vendangides (Tempestueux, jour consacré à Le premier jour de l’année est en hiver (l’équivalent de

21
Mortelune ou de Jophel ). C’est l’an 0 de la nouvelle Le calendrier Abalonien
Ere Daï. Ensuite, le temps est rythmé par le cycle
du Dragon : Eveil, Grand Sommeil, Petit sommeil. Il est lui daté du Cataclysme de Terra Negra (- 100
L’Eveil a duré de 301 à 400 puis de 500 à 595 (envi- du calendrier paleo-aquilonnien). Ses habitants uti-
ron 100 ans), soit de 0 à 99 puis 199 à 294 en calen- lisent un système composé de semaines de dix jours
drier Daï. agencées en 9 mois de 30 jours (année de 270 jours).
Cette répartition n’est pas calée sur la révolution lu-
naire ou solaire mais sur la fréquence des tempêtes
Le calendrier Atlante tropicales. En effet, les saisons ne sont pas les mê-
mes que sur Terra Mater et ne durent pas autant.
Il marche par durées et ne connaît pas de saisons
comme les calendriers de Terra Mater. Il y a les Ces 9 mois portent les noms des neufs vents prin-
Grandes Marées et la Période sèche, chaque couple cipaux de Terra Negra : Mistrael (premier mois de
des deux étant compté comme une année. l’année), Brisailles, Bisaine, Alysea, Tempestueux,
Siroch, Tramontaine, Vandest et Vanduest.
Les années peuvent donc faire 50, 200 ou 100 jours
selon. Les jours sont comptés. Le point de départ
est la fondation de l’Empire d’Atlante (en – 4 00 du
Calendrier paleo-aquilonnien, cycle cassandrien).
Ce qui donne : le 8ème jour de la Grande Marée de
la 56ème année.

En moyenne une année fait 144 jours.

Calendriers comparatifs

Saison Mois Paléo-aqui- Mois Mulveyen Mois Daï Mois Atlante Mois Terra Negra
lonnien
(exemple) (exemple)
Quart-Temps du Vent Mortelune Jophel Belion* Grande Marée* Mistrael* - Mistrael
d’Acier Uriel Taurus n’est pas toujours
hivernal
Lacrymales
Kamuel Gemini Brisailles
Quart-Temps de Aube* Rafelim Cancerus
l’Arbre d’émeraude orangée Lion Période Sèche
Brisailles Bisaine
Mikhelim Virga
Quart-Temps du Vertebarbe Zadkial* Balancia Grande Marée*
Soleil d’Airain Cassandral Scorpio Alysea
Longsol
Baltal Sagittarius
Quart-temps de Tempestueux Vitis Capricorno
l’Arbre de Jade Haedis Versus Tempestueux
Lune Rousse
Theochronis Pisci Période Sèche Siroch…etc

* Début de l’année

22
Les correspondances entre calendriers zéro Atlante est l’an - 240 du calendrier Abalonien. Il
faut donc retrancher à ce nombre de jours 240 x 270
Afin de simplifier les calculs de correspondance en- = 64 800 jours. Une fois le nombre de jours obtenus
tre dates, le décalage existant sur le début de l’année depuis le point zéro Abalonien, il faut diviser ceci par
(printemps pour le paléo-aquilonnien, été pour le mul- 270 pour obtenir l’année.
veyen etc...) ne sont pas pris en compte. De même, le
calendrier Atlante est simplifié en prenant une base de Exemple 5 : 700 en calendrier atlante = (700 x 144) - 64 800
144 jours standard alors qu’en réalité chaque année = 36 000. 36 000 / 270 = 133 du calendrier Abalonien.
compte un nombre de jours différent.
En ses inverse (du calendrier Abalonien au calendrier
1/ Pour passer du calendrier paléo-aquilonnien au Atlante), il faut prendre l’année Abalonienne et mul-
calendrier atlante, il suffit de prendre l’année paléo- tiplier ceci par 270 jours, puis diviser par 144 pour ob-
aquilonnienne, de rajouter 400 ans, et de multiplier le tenir le nombre d’années standard Atlantes. Il faut en-
tout par le nombre de jours calendaires solaires (216). suite rebaser ce nombre d’années par rapport au point
Ceci donne le nombre de jours solaires écoulés depuis zéro du calendrier Atlante en rajoutant 450 ans.
la création d’Atlante. Pour connaître la date en calen-
drier Atlante, il faut diviser l’ensemble par 144. Exemple 6 : 700 en calendrier abalonien = (700 x 270)/144
= 1312. 1312 + 450 = 1 762 du calendrier Atlante.
Exemple 1 : 700 en calendrier paléo-aquilonnien = (700 +
400) x 216/144 =1650 du calendrier Atlante.
4/ Il est à noter que si l’on reprend la formule du 2/
En sens inverse (du calendrier Atlante au calendrier pour calculer en calendrier paléo-aquilonnien à quoi
paléo-aquilonnien), il faut prendre l’année Atlante, correspond l’an 133 du calendrier Abalonien (cf. exem-
multiplier par 144 jours, puis diviser par 216 jours, et ple 5), on obtient (133 x 270)/216 - 100 = 66,2 (à rappro-
enfin retrancher 400 ans. cher de l’an 67 calculé pour l’exemple 2, correspondant
à l’an 700 du calendrier atlante).
Exemple 2 : 700 en calendrier atlante = (700 x 144)/216 - 400 Si l’on reprend la formule du 1/ pour calculer en ca-
= 67 du calendrier paléo-aquilonnien. lendrier paléo-quilonnien à quoi correspond l’an 1 762
du calendrier Atlante (cf. exemple 6), on obtient (1762 x
2/ Pour passer du calendrier paléo-aquilonnien au 144)/216 - 400 = 774,6 (à rapprocher de l’an 775, calculé
calendrier abalonien, il suffit de prendre l’année pa- pour l’exemple 4, correspondant à l’an 700 du calen-
léo-aquilonnienne, de rajouter 100 ans, et de multiplier drier Abalonien).
le tout par 216 jours solaires avant de diviser le total
des jours solaires depuis le Grand Cataclysme par 270
jours abaloniens.

Exemple 3 : 700 en calendrier paléo-aquilonnien = (700 +


100) x 216/270 = 640 du calendrier Abalonien.

En ses inverse (du calendrier Abalonien au calendrier


paléo-aquilonnien), il faut prendre l’année Abalonien-
ne, multiplier par 270 jours, puis diviser par 216 jours,
et enfin retrancher 100 ans.

Exemple 4 : 700 en calendrier Abalonien = 700 x 270/216 -


100 = 775 du calendrier paléo-aquilonnien.

3/ Pour passer du calendrier Atlante au calendrier


Abalonien, il faut prendre l’année Atlante, multiplier
ceci par 144, On obtient alors un nombre de journées
standard depuis le point zéro Atlante. Il faut rebaser
ceci en calendrier Abalonien en sachant que le point

23
Correspondances entre les calendriers aquilonnien, atlante et de terra negra – conversion de quelques grandes
dates de l’histoire du monde :

Calendrier paléo-aquilonnien Calendrier Atlante Calendrier de Terra Negra

- 1000 : Arrivée d’humoncules blancs sur Terra Mater - 900 - 720 : Exil des humoncules blancs de Terra
en provenance de Terra Negra Negra suite à la grande Déchirure entre Titan et
les Dieux

- 800 : Arrivée des races faëriques sur Terra Mater - 600 : Naufrage de certains elfes sur Atlante - 560 : Exil des races faëriques de Terra Negra
(peuplement de l’île)
- 780  - 570 - 544 Peuplement des îles abaloniennes
- 740 - 510 : Naufrage de certains humains abalo- - 512 : Tentative d’exploration humaine de
niens sur Atlante l’Océan
- 650 - 375 : Fondation de Mont-César - 440
- 630 - 345 : Naufrage de nains à peau blanche de - 424 : Fuite de nains à peau blanche d’Abalone
Terra Negra sur Atlante suite à des persécutions raciales
- 552 : - 228 - 362 : Partition Empire/Gérousie d’Abalone
- 550/-545 - 225/-217 : Apparition de l’orgamon sur - 356
Atlante suite à un naufrage abalonien
- 485 à - 480 - 127 à -120 : Grande guerre avec les wolfynx - 308 à -304
- 400  An 0: Fondation de l’Empire Atlante - 240
- 387 : Expédition gnome vers l’Océan An 20 : Naufrage de gnomes à peau blanche - 229
sur Atlante
- 350  An 75: Charte Fondamentale d’Atlante - 200
- 215 à -212  An 279 à 285 - 92 à -90: Guerre de Réunification de l’Empire
abalonien
- 100 An 450 An 0 :Grand Cataclysme
0 : Sacre de Mac Ier An 600 An 80
Ans 367 – 377 : Guerre des Pénitents An 1150 à 1165 An 373 à 382
An 463 An 1295 An 450 : Fondation de Pandernagor
Ans 491-502  An 1336 à 1353 An 473 à 482: Révolution Abalonienne
An 500  An 1350: invention de l’arme à poudre An 480
Ans 505 à 518 Ans 1357 à 1377 Ans 484 à 494 : Etablissement des relations di-
plomatiques entre Abalone d’une part, et Tanza,
Teutonia et les Cités Crépusculaires d’autre part.
An 666 : Guerre du Portail An 1599 Guerre du Portail An 613
An 670 : Achat de l’île de Kilkieran par l’Empire An 1605 : Fondation de la cité de Kilkieran, An 616
Atlante sur Terra Mater (établissement des relations
diplomatiques entre Atlante et Terra Mater)
An 749 : Grand Théolocauste An 1723 : Grand Omégalphe An 679: Grand Nâvre
An 760 : Grand retour de certains elfes vers Terra An 1620 An 688 : Retour de certains elfes à la Thébaïde
Negra (dont Apernyx Dorkanis)
An 809 An 1813 An 727 : Chute de la Comète et Disparition de
Firloute
An 800 - 950 : époque actuelle An 1800 - 2025 An 720 - 930

24
Langues et Dialectes de Weröl extrêmement complexe en termes de grammaire, d’or-
thographe mais également très précise et très harmo-
Il existe 4 groupes linguistiques : les langues harmo- nieuse. Elle compte 300 000 mots de vocabulaire
niques, dérivées du Haut-Langage Divin ; les langues Son alphabet est le plus simple : A, B, C, D, etc…
néantiques, dérivées du Langage de Titan ; les langues
démoniques, et les langues faëriques, de conception Le Kyrelien était la langue officielle de l’Empire du
elfe et naine. même nom mais n’est plus utilisée aujourd’hui que
dans l’Eglise de Mulveya. Depuis 666, elle est redeve-
nue la langue officielle du Royaume Kyrieleisséen. Le
Kyrelien est la langue la plus mélodieuse qu’il soit, ex-
trêmement chantante et fluide, proche de l’aquilonnien
et du zelden.

Le Souisse est un dialecte parlé en Macheorc.

L’Abalonien est parlé sur Terra Negra jusqu’en Andale-


ria. Il s’agit d’une langue à la grammaire extrêmement
simple et au vocabulaire très développé. Les règles de
base sont très faciles à comprendre et certaines subti-
lités d’autres langues n’existent pas (notamment l’ab-
sence de vocabulaire de politesse). En revanche, la maî-
trise parfaite de cette langue requiert la connaissance
de milliers d’exceptions grammaticales et surtout un
mode d’accentuation des syllabes totalement différent.
Au Sud de Terra Negra, on parle le « bâtard », qui res-
semble au langage Atlante modifié.

L’Atlante est une langue très simple et très concise,


très mathématique. Il est possible de l’apprendre en
quelques jours.
Dérivé de l’Abalonien, l’Atlante accentue différem-
ment les syllabes et comporte moins d’exceptions que
Les Langages harmoniques ce langage originel.

Le Haut-Langage fut hérité des Dieux Harmoniques Le Thélébéen est la langue des reptiliens et des elfes
de la Première Création. Il s’agit d’un langage relati- islandiens. Il s’agit d’un dialecte sans réelle grammaire
vement simple et fluide, à l’alphabet cependant extrê- extrêmement sonore (deux thelebéens qui discutent
mement complexe. Aujourd’hui, le Haut-langage n’est ont souvent l’air de se disputer). Le thélébéen est une
plus pratiqué mais la plupart des langues en dérivent. langue gutturale et a beaucoup dérivé du Haut-langage
originel au point d’en devenir méconnaissable.
Le Faraméen est parlé au St Royaume de Faram et
dans l’Etat libre de Cypre. C’est une langue peu har- L’Esteren est la langue parlée à l’ouest des Bas-Royau-
monieuse à entendre car entrecoupée de sons durs et mes : Royaume sylmarin, Mortelune, etc…C’est une
de h brutalement inspirés. Lorsqu’elle est écrite, elle langue qui a peu recours aux sons ouverts (o, a) et qui
se lit de droite à gauche, à l’inverse des autres langues privilégient l’utilisation de consonnes. Chaque mot
du continent. Les textes sacrés sont écrits en Haut Fa- possède une déclinaison qui identifie sa place gram-
raméen, langage utilisé avant le Cataclysme de 277 (ca- maticale dans la phrase. Hormis ceci, la grammaire est
lendrier Faraméen), qui est resté très proche du Haut- extrêmement sommaire. Son origine est thélébéenne
langage, alors que les peuplades actuelles utilisent plus puis s’est trouvée enrichie de mot kyrelien.
volontiers le Bas Faraméen, plus argotique et plus rau-
que à la prononciation. Le Kalderen est la langue parlée à l’est des Bas-Royau-
mes. Il s’agit d’une langue proche de l’esteren, essen-
Le paléo-Aquilonnien est la langue la plus parlée sur tiellement caractérisée par un alphabet totalement ori-
Terra Mater. Elle est courante dans le Haut-Royaume ginal et un débit généralement beaucoup plus élevé
mais également usitée par le Royaume Elfe Noir, voire que pour les autres langues. Même origine que le kal-
même en Centreterre. L’aquilonnien est une langue deren.

25
Les langues faëriques ensuite été abâtardie par la plèbe qui peuple les villes
du Néant. On compte donc un Haut-Néantique et un
Le faërique qui est encore parlé par les dragons fut Bas-Néantique.
longtemps la langue des elfes et des nains, inventeurs
de ce langage sensible e délicat. A la simplification du
Haut-Langage, le faërique oppose sa subtilité, compor- Les langues démoniques
tant plusieurs catégories de déclinaisons pour les mots
de vocabulaire. Sa grammaire s’appuie sur ce système, Le Démonique est la langue des enfers et celle des
l’ordre des mots important peu. Le Faërique est la lan- principautés archidémones. C’est un langage extrême-
gue mère du nordicéen, du daï, du zelden, et du dol- ment perturbant, plein de sons rauques et de sensua-
man. lité, alternant de façon surprenante les phonèmes. La
grammaire est extrêmement simplifiée.
Le Dolman est parlé par les elfes de Dolmarur. Issu
du Faërique, il compte près de 2 millions de mots. Le Le Grotesque est une forme abâtardie de démonique
Dolman est une langue en voie de disparition mais est mise au point par les Princes Archidémons. Le nom de
celle qui s’est le moins écartée du faërique originel, du la langue vient des sons étranges et des grimaces qui
fait de l’isolation des elfes de Dolmarur. accompagnent toute conversation dans cet idiome. Le
grotesque est au surplus un langage magique : quicon-
Le Daï est la langue officielle de l’Empire Daï. Mais que écoute du grotesque, même s’il parle la langue, en-
c’est aussi une langue usitée par les sylphes du pur tendra une conversation totalement différente de celle
Empire du Nord. C’est une langue raffinée : 450 idéo- prononcée. Parler en grotesque est donc la meilleure
grammes, chacune pouvant être prononcée de 13 à 20 manière de ne pas être épié, puisque seuls les deux
fois différemment sont quelques lettres de cet alphabet. personnes qui se parlent directement se comprennent.
Le Daï n’a fait que remplacer les sons faëriques par des Verso de la médaille : aucune conversation à multiples
symboles à la prononciation changeante. Les règles de intervenants ne peut être tenue dans cette langue.
base restent très proches de celles du faërique.

Le Nordicéen est la langue parlée par les Elfes Nordi- Les langages à part
ques et la Confédération naine. Le nordicéen est une Le languessigne est un langage de gestes muet utilisé
langue gutturale assez simple d’accès mais très diffi- par les sourds et par certains marchands ou organisa-
cile à coucher par écrit, compte tenu de la profusion tions
de symboles et de phonèmes. Cousin pauvre du Daï, il
est issu d’une simplification extrêmement poussée du
faërique.

Le Zeldéen ou Zelden est la langue de la Zelde, Nos-


tradia et Thalna. C’est une langue rocailleuse et chau-
de, sonore, très proche de l’aquilonnien pour certains
pans entiers de vocabulaire mais qui dérive en réalité
du dolman. Le zelden est la seule langue qui descend à
la fois du faërique et du Haut-langage.

Le Franc-Parlois est un idiome parlé au bord des


grands lacs. Il emprunte une partie de sa grammaire
au paléo-aquilonnien et au kyrelien, et comprend de
nombreux mots zelden.

Les auttres langues

Les langues Néantiques


Le Néantique est parlée par l’Empire et les orcs, de
manière abâtardie. Il s’agit d’une langue extrêmement
gutturale à la grammaire simple mais très ordonnée,
toujours avec de nombreuses déclinaisons. Les mots
néantiques sont souvent très longs, car constitués en
additionnant d’autres mots. Langue religieuse, elle a

26
Liste de quelques organisations très strict et le célibat une obligation.
Parce que les compagnons sont appréciés de tous, ils
Ordre des Walkyries sont généralement épargnés, y compris par les voleurs
qui reconnaissent leur générosité et leur valeur.
Confrérie très peu organisée. Les Walkyries sont toutes La formation des compagnons s’effectue par coopta-
des femmes. Chaque guerrière choisit d’instruire qui tion d’un élève par son maître. Lorsqu’un compagnon
elle veut. Dès lors, il n’y a pas de numerus clausus et de est accusé d’avoir trahi son serment, ses pairs se réu-
statistiques fiables sur le nombre de guerrières faisant nissent dans la région (n’importe quel compagnon peut
partie de cet ordre. Les walkyries n’ont pas d’équipe- participer à la session) et statuent sur son sort.
ment standard mais généralement affectionne le petit
bouclier rond, le plastron et le casque métallique. La Confrérie des Tueurs de Dragons
On reconnaît les walkyries à leur chant de combat qui
trouble la concentration de leurs adversaires et à leurs Une des plus vieilles organisations qui soit. La Confré-
capacités d’équitation poussées. rie n’est ouverte qu’aux nains. On reconnaît les tueurs
Parmi les plus célèbres walkyries, citons Dakyra la Fon- de dragons à leur équipement spécial : triple-hache,
datrice, l’une des toutes premières walkyries (vers 500), épaulettes à pique, petit casque conique. Les tueurs de
Cassandra l’Insoumise ou Galina la Téméraire. dragons sont réputés pour leur bravoure mais égale-
ment leur mauvais caractère quasi légendaire.
Ordre Noir Le chef de la Confrérie est traditionnellement celui qui
a tué le plus gros dragon. En cas d’ex-aequo, on choisit
Société Secrète qui s’est éteinte avec la Guerre des Pé- celui qui a utilisé le moins de coéquipiers.
nitents. L’Ordre Noir comprenait de nombreux hauts
dirigeants de l’Empire du Tsar et poursuivait comme Les Chevaliers de l’Apocalypse
but secret le retour de Bel Akmir, fils de Gorgon, sur
Terre. La Guerre des Pénitents décima la plupart des Confrérie très peu nombreuse (une dizaine de mem-
membres. bres) existant vraisemblablement depuis près de 800
Aujourd’hui, l’Ordre Noir rassemble quelques centai- ans. Les chevaliers sont les seuls à utiliser la doublée
nes d’individus de par le monde qui n’ont plus qu’une épée et sont reconnaissables à leur casque en forme
très vague idée du but ancien de leur ordre. Ils se d’ailes de chauve souris. Certains sont mages, recon-
contentent de pratiquer des messes noires et des or- naissables à un anneau bicolore à leur main. Les Che-
gies secrètes. valiers avaient pour mission la défense de la Reine Fa-
labioël jusqu’à la guerre du portail. Depuis la chute des
Le Serpent/La fraternité d’Illyrian elfes blancs, ils sont devenus un ordre itinérant.
Leur méthode de combat est irritante car ils répètent
Puissant Ordre de Mage qui s’est établi sur l’Ile d’Illy- sans cesse la même chansonnette « Viens dans mon fi-
rian pour y pratiquer en toute tranquillité leurs expé- let, petit poisson/Tes écailles d’argent ne te protègeront
riences magiques. Sur le continent de Terra Mater, leur pas/Et ma lame te percera ». S’il meurt, le Chevalier
visage est celui du Serpent, une organisation qui recru- essaye toujours de prononcer la phrase rituelle « tu
te des aventuriers pour capturer des artefacts puissants mords petit poisson » avant de s’éteindre.
qui sont ensuite entreposés sur Illyrian.
Les membres du Serpent ne se connaissent pas et se Confrérie des Hachichins
téléportent directement sur Illyrian, masqués. Le Chef
du Masque est un homme appelé le Serpent, en réalité Dirigés par le Vieux de la Montagne, un djinn dont la
un mage-garou très puissant. L’Organisation a joué un naissance remonte à plus d’un millénaire, cette guilde
rôle trouble lors de la Guerre du Portail en 666. d’assassins a pour siège une montagne caverneuse au
Nord du St Royaume de Faram. Les victimes désignées
Les Guildes de Compagnons par le Vieux (sur commande) sont généralement déjà
mortes car les assassins sont des fanatiques qui ne re-
Ces guildes sont très respectées et ont leur siège dans culent devant rien.
la plupart des villes de Terra Mater. Les Compagnons Les Hachichins sont reconnaissables à leur turban noir
sont formés pour être d’honnêtes hommes et sont sou- et leur fil à étrangler. Ils absorbent une sorte de dro-
vent employés par les maisonnées nobles pour servir gue pour mieux ignorer la peur. Evidemment, aucun
d’aides de qualité aux jeunes gens désireux d’accom- cheik ou même sultan de Faram n’oserait s’attaquer à
plir des faits d’armes. Recrutés parmi la petite noblesse la Montagne, qui a une foi hérétique qui fait de Kul-
ou la bonne bourgeoisie, ils peuvent également servir Bazur, divinité du meurtre, l’avatar de Ka.
d’escorte ou de garde du corps. Le code de valeurs est

27
Les Guildes de Menestrels du pouvoir des rois du Ponant. Leurs commandeurs
bénéficient de l’immunité diplomatique et l’ordre est
Il en existe 6 qui ont droit de cité dans toutes les villes lui-même considéré désormais comme un pays. Les
de Terra Mater. A l’instar des compagnons, avec un sta- templiers sont reconnaissables à leur armure et leur
tut social moindre, ces amuseurs errants sont épargnés surcot blanc frappé de l’équerre, symbole d’Elth. Les
par les mécréants et ne doivent pas payer de taxes de templiers maîtrisent en partie la psychomagie (science
douane lorsqu’ils circulent. Les principales écoles sont de l’attaque à distance). Leur nombre est évalué à en-
disséminées sur le continent de Terra Mater. On y re- viron 15 000.
trouve l’Ecole de la Harpe, celle de la Flûte, celle de la Le Temple a son siège à Mô et des représentations dans
Mandoline, celle de la Cornemuse, celle du Tambour et toutes les cités du Ponant.
celle du Violon.
L’Ordre Itinérant de la parole de Hanesh
La Guilde des Troubadours
Ordre de chevalerie constitué par Mac Ier, qui l’a
Elle jouit d’un prestige bien plus grand que celle des consacré à Hanesh, Dieu désormais mort et membre
ménestrels. Son siège se trouve à Mô, à l’Ecole des Arts de la trinité déiste impériale. L’ordre recrutait autrefois
Musicaux, qui enseigne les plus belles techniques mu- parmi les moines du clergé de Hanesh. Désormais, l’or-
sicales et chantées du monde connu. D’autres guildes dre s’est laïcisé et est constitué pour la grande majorité
ont été créées dans les capitales de Weröl. de chevaliers bannis ou en exil. Recouvert d’un surcot
vert, ils font vœu de pauvreté et jurent de défendre la
La Confrérie du Hibou (le Zi-chiang) veuve et l’orphelin. En effet, l’Ordre Itinérant a obtenu
des trois monarques la grâce pour tout chevalier préfé-
Ordre secret rassemblant la plupart des ninjas de l’Em- rant rentrer dans l’ordre plutôt que de courir l’infamie
pire Daï. Chaque cité ou chaque province a sa branche d’une condamnation. L’Ordre ne comporte qu’un seul
qui ignore les activités de ses consoeurs. L’Ordre du siège, basé à Taur-Alkar pour des raisons historiques.
Hibou est dirigé par « le conclave », un conseil compre- Les chevaliers se déplacent toujours par deux et reçoi-
nant 12 ninjas expérimentés. Le conclave peut prendre vent généralement des instructions au siège sur les rè-
des décisions ou envoyer du renfort lorsque une bran- gles qui s’appliquent à leur vie quotidienne et qui sont
che est menacée. Nul ne peut rester chef de guilde sans inspirées de celle des moines. Cet ordre compte près
son accord, au moins tacite. de 26 500 chevaliers.

La Fraternité de la Chouette (le Ta-ta- L’Ordre missionnaire des Arcaniens


kiang)
Ordre fondé par Mac Ier, les arcaniens ont fait vœu de
A ne pas confondre avec la précédente, dont elle est la silence. Un heaume recouvre intégralement leur tête
rivale au sein de l’Empire Daï. Les ninjas de la chouet- et ils n’avaient pas le droit de se mettre au service de
te sont liés avec la maison noble Daï du même nom tel ou tel culte, fief ou individu. Leur allégeance n’était
(on soupçonne que le maître de la guilde soit un mem- qu’au Haut-Roi.
bre de la Chouette) et utilisent des méthodes bien plus Après la seconde Guerre des Pénitents, l’Ordre a péri-
subtiles que leurs rivaux : poison et corde à étrangler clité et failli disparaître jusqu’à ce que le Roi du Bas-Po-
plutôt que ninjato et shurikens. nant lui accorde une mission d’aide à l’évangélisation
hors des frontières. L’Ordre a connu alors un retour de
L’Ordre des Templiers du Ponant fortune particulièrement important, de nombreux no-
bles bas-ponantais faisant des dons importants pour la
Il s’agissait du plus prestigieux ordre de chevalerie réévangélisation de Weröl. Les Arcaniens se sont alors
aquilonnienne. L’Ordre des templiers fut fondé par répandus sur Weröl en accompagnant les missions me-
Elonik Ier, le premier tsar de la Dynastie des Vensick, nées par les temples divers, notamment en Faram et
afin de lutter contre les terribles horlas. Après la se- Theleb. L’Ordre a obtenu des souverains du Haut-Po-
conde Guerre des Pénitents, le Commandeur général nant et du Lisban la même reconnaissance de leur rôle
obtint des trois monarques l’autorisation d’assurer la dans la protection des pélerins et missionnaires.
sécurité de la capitale partitionnée de Mô, ainsi que Selon la légende, au moment de prononcer son vœu
celle de la muraille d’Haelion. L’Ordre changea de nom perpétuel, l’arcanien apprend un des secrets révélés
et devint celui des Templiers du Ponant. Ses maisons- par les Dieux aux hommes. Ceci explique son silence.
mères prirent le nom de « temples » et l’ordre fut dédié Les arcaniens peuvent communiquer entre eux et uti-
à Elth, seigneur de l’Ordre et de la Paix. lisent la magie harmonique. L’ordre compte 4 000 che-
Le Temple a su garder son indépendance à l’égard valiers.

28
Un quatrième ordre de chevalerie est né après la se- Guilde des Esclavagistes
conde guerre des pénitents et s’est installé dans les
trois royaumes du Ponant : Compagnie privée atlante exportant des esclaves wol-
fynx capturés, après les avoir achetés aux dresseurs.
L’Ordre du Doigt de Kherk
Compagnie du Nord
Après la défaite navale du Haut-Roi Enguerrand III, une
poignée de chevaliers a fondé cet Ordre pour préparer Compagnie elfe nordique fondée en –800 et dont le
la « reconquête de la souveraineté aquilonnienne », avec siège est à Betön. Cette société possède des représen-
la bénédiction du souverain. Très rapidement, les cheva- tations dans le monde entier et a le monopole des rela-
liers ont attiré à eux des guerriers et des nobles d’autres tions commerciales sur le nord du lac majeur.
contrées. La condition pour entrer dans l’Ordre est
en effet d’être chevalier de souche aquilonnienne. Le Société des Mers du Sud
Dieu-patron de l’Ordre est l’instable Kherk. Les cheva-
liers portent un surcot bleu et font le vœu de préparer Société islandienne basée sur le commerce des épices,
la reconquête des terres septentrionales, et notamment elle s’est progressivement enrichie de marchands hu-
la destruction de Kalkabat. mains, gnomes et thélébéens .
L’Ordre a pour siège la cité de Taur-Alkar, car le Haut-
Roi n’a pas voulu accueillir aussi visiblement dans sa Compagnie des épices
capitale un ordre de chevalerie aussi violemment anti-
elfe noir. L’Ordre compte 1 500 chevaliers et sa devise Guilde de la diaspora sylphe qui a gardé des liens ave
est « Aquilon Revient ! ». le Pur Empire. La Compagnie s’est originellement
créée pour l’importation d’épices mais aujourd’hui est
Ordre du Tsar le principal canal d’exportation du Pur Empire, par
exemple son aturkil ou son itaphir.
Ordre de chevalerie aquilonnien datant de la moitié du
IVème siècle. Il fut créé originellement par un grand Guilde des Géants
chambellan désireux de contrebalancer l’influence des
templiers. Habillés de noir, les chevaliers de cet ordre La Guilde des Géants a été fondée, sitôt la Guerre des
n’était pas tenu de passer des vœux comme pour les Fléaux terminée, par des gnomes désireux d’établir des
autres ordres et étaient recrutés parmi les mercenai- liens commerciaux entre l’Est et l’Ouest. Le nom fut
res de la pire extraction. Progressivement, l’ordre du choisi, non sans humour, par ces petits hommes qui éli-
tsar est devenu un ordre essentiellement honorifique, minèrent progressivement la concurrence. Aujourd’hui,
chargé de la protection de Mô. A la chute du Haut- 80% des marchands sont toujours des gnomes, qui ac-
Royaume, l’ordre a été dissout. cordent des autorisations spéciales et exceptionnelles
de commercer aux marchands non membres. Le siège
La Guilde des parcoureurs du monde de la Guilde est à Stupor Mundi.

Guilde constituée de marchands apatrides, généra- Compagnie des arpenteurs


lement fort peu appréciée par les guildes locales. Les
parcoureurs du monde sont nomades et vivent à l’écart. La Compagnie des Arpenteurs s’est créée pour escorter
Ils communiquent entre eux avec le languessigne. et guider les convois le long de la Chaussée des Géants.
Les arpenteurs savent où dormir, où s’abriter et quels
Guilde Impériale des Armes à poudre endroits éviter. De plus, ils sont également au courant
des us et coutumes des contrées traversées et connais-
Unique société atlante autorisée à exporter les mous- sent les dialectes locaux. Tous les arpenteurs voyagent
quets et fusils produits sur Atlante. Cette société, émi- par paire, sur le premier du binôme fondateur (Kache-
nemment riche, est basée à Kilkieran. bar le nain et Ulerion le sylvain) : un nain pour détecter
les pièges, les grottes où dormir et combattre et un elfe
Société Impériale de Kilkieran pour la chasse, la défense contre les animaux et la mé-
téorologie.
Compagnie publique atlante en charge de l’importa-
tion des denrées sur Atlante. La Société impériale est Congrégations de l’Eglise Ounite
une énorme machinerie bureaucratique.
Les quatre congrégations de moines sont dirigées par
des Grands maîtres, qui ont rang d’archisacerdos et

29
qui sont choisis par le Rector sur consultation de l’as- (ce fut la condition sine qua non imposée par les Imper
semblée de la Sacerdotalie (les principaux dirigeants rector Rex pour autoriser la mixité). Une parfaite égali-
de l’Eglise) parmi une liste de noms présentés par les té des sexes règne au sein de l’ordre et le Grand Maître
moines de l’ordre. Les moines savent manier la ma- appartient tantôt à l’ordre cassandrien authentique (les
gie créationniste mais sont également sensibilisés aux hommes), tantôt aux sœurs de l’éternelle indulgence.
autres essences, suivant leur congrégation. Porteurs de heaumes dont un ange stylisé orne le som-
La congrégation des moines Albions a été fondée par met, les Cassandriens manient l’épée et sont chargés
Lux, le premier disciple d’Oun. Elle a son chapitre à de la protection des diocèses hors de Kyrelie. Leur de-
Albionta et est en charge de la protection des croyants vise est « Cassandra ». Les Cassandriens mettent l’ac-
de la Basse-Kyrelie. Les Albions ont toujours été tra- cent dans leur croyances sur le caractère saint de la
ditionnellement le lien officieux entre la couronne et gardienne de la Porte, que d’aucuns considèrent même
l’Eglise. Les rangs de la congrégation ont pour cette comme une prophétesse. Les sœurs de l’éternelle in-
raison toujours comportés beaucoup d’espions et de dulgence ont des liens étroits avec l’inquisition.
diplomates. Les Albions, dont la devise est « Pax Fecunt
(Ils font la Paix) » portent de légères armures ouvragées Le Masque
or et blanches recouvertes d’un surcot blanc.
La congrégation des moines-chevaliers Romaex entre- Organisation atlante fondée en – 350 qui compte 50
tient une vieille rivalité avec le premier ordre, compte 000 a 100 000 membres. La fonction officielle du Mas-
tenu de son berceau : la Kyrelie du Nord, source origi- que est de garantir la paix dans les cités, par tous les
nelle de la civilisation kyrieleisseenne. Elle a été fondée moyens possibles.
par Joan, autre disciple d’Oun et sa devise est « Ad ul- Le Masque est dirigé par un cercle de 6 dignitaires qui
timum » (Jusqu’au dernier). Sa vocation est militaire. se cooptent depuis l’origine de la compagnie. Ces Di-
Fiers de protéger les lieux saints, les Romaex dont le gnitaires, dans le langage du Masque, sont appelles les
chapitre se trouve à Estereillian portent des armures Maestros, de manière officieuse. Les Maestros sont en
revêtues d’un tabard noir et blanc. Leurs heaumes règle générale d’anciens Arlequins…
n’ont pas de visière et ont la forme de tête de loups. Ils Les Masques perdent à vie leurs anneaux, leur his-
aiment plus généralement porter des heaumes extrê- toire, leur nom et changent de ville. Ils sont considé-
mement imposants et décorés de figures allégoriques. rés comme morts par leur ancienne famille. Chaque
Le rite qu’ils utilisent est une survivance du passé puis- Masque choisit un surnom et l’activité qu’il aura :
que leur liturgie date d’avant la seconde Création et Magie, Espionnage (spécial – Il faut avoir été désigné
qu’ils ont obtenu des rectors des exemptions. Ce sont par l’Empereur), Baladin, Exécuteur ou Régulateur.
également des Romaex qui participent à la défense du Les Mages ne sont pas très importants (environ 1 500).
mur érigé au nord de Kyrieleissa pour empêcher une Les espions n’appartiennent en fait au Masque que par
invasion Daï. Edit Impérial et n’obéissent qu’a lui. Les Arlequins
L’ordre des Sadducéens a son chapitre à Vo. Il fut fon- peuvent toutefois faire des réclamations au Conseil de
dé par le Rector Vitis après la Guerre du Portail, placé la Compagnie. Les espions ne sont qu’une poignée (1
sous le patronage de Sint Sutrin (bien que ce dernier 000). Les baladins sont chargés des activités distrayan-
n’ait jamais fondé d’ordre monastique) et sa devise est tes et théâtrales, fonction originelle du Masque. Ils sont
« Petrum Sumus » (Nous sommes la pierre). Habillés de environ 6 000 et peuvent bouger de loge en loge (ils se
robe de bure noire, les Sadducéens n’ont pas encore de placent sous l’autorité de l’Arlequin en charge de la
réelle culture d’ordre puisque leur création est récente. zone ou ils sont). Les régulateurs sont environ 4 000
Ils font vœu de simplicité, de pauvreté et de dévotion. et sont chargés de limiter les activités criminelles. Ils
Les Sadducéens est la seule congrégation qui ne porte distribuent notamment les autorisations de voler, tuer,
pas de casque et qui recouvre ses armures d’une robe etc…Chaque cité a à son sommet un Maestro en rela-
de bure lorsqu’ils doivent combattre. Ils célèbrent des tion avec les Arlequins. Cette loge est appelée «Loge
offices mais leur tradition est uniquement orale, un Royale» ou «Haute Loge» selon les villes.
choix destiné à se démarquer des liturgies pompeuses Officiellement, les 6 dignitaires et les Arlequins ne
des Romaex. peuvent être condamnés que par la Chambre des 444.
L’ordre des chevaliers-moines Cassandriens a son cha-
pitre à Thalna. Nommés ainsi en souvenir de la célèbre Le Heaume
Cassandra l’Insoumise qui défendit la ville de Kyrie-
leissa, les Cassandriens enduisent leurs armures d’un Il s’agit de l’organisation militaire chargée de la dé-
liquide phosphorescent qui leur permet de combattre fense de l’Empire Atlante contre les tribus sauvages de
dans la nuit sans problème. Leur principale caractéris- l’extérieur. Le Heaume est sous l’autorité du Strategos,
tique est d’être un ordre mixte : les hommes font vœu le deuxième personnage du royaume. Les soldats du
de célibat, tandis que les femmes font vœu de chasteté Heaume, dont le siège se trouve à Atlantapolis, la ca-

30
pitale de l’Empire, ont seuls le droit aux armes dites îles pour expliquer la science technomagique. L’ordre
« lourdes » : armures, hache, masses d’armes, glaive, compte environ 15 000 membres et dispose de plusieurs
etc… universités à l’étranger, dont une à Pandernagor.
Leur symbole est un heaume doré gravé sur leurs ar-
mes. Ils sont aussi les seuls à pouvoir toujours sortir L’ordre de Yodi tire son nom de Yodi le Magnificent,
de l’espace clos des murailles soit pour faire la guerre qui a codifié en 388 les règles des technomages. Les yo-
aux wolfynx soit pour d’autres missions. Dans les cités, dites étaient chargés autrefois de la sûreté et de la poli-
le Heaume est la police officielle mais elle est le plus ce. Habillés d’armures noires légères et munis d’épées
souvent déchargée de son travail par la Compagnie du technomagiques, ils étaient utilisés pour enquêter sur
Masque. Les Membres du Heaume dans les cités sont à les affaires d’espionnage technomagique (un grand
la fois police et juges. L’Empereur Tuléon en – 379 leur nombre de pays cherchant à dérober le secret aux itis).
a donné très tôt le pouvoir d’appliquer la sentence im- Contrairement aux Mojans, les Yodites ont toujours en-
médiatement. Il peut s’agir de prison ou bien de mise tretenu très peu de casernes ou de citadelles, et préfè-
à mort. rent circuler le plus souvent en solitaire, avec un garde
Au sein du Heaume, la hiérarchie est double. On dis- du corps personnel que l’on surnomme pretorian. Les
tingue les soldats normaux des soldats d’élites, appelés yodites ont essaimé bien au-delà de leurs fonctions
chevaliers Kadosh (Ils ne sont qu’une poignée affectée initiales et désormais occupent des fonctions uni-
aux missions les plus délicates). Enfin, au sein de ces quement politiques (ambassadeurs, représentants du
deux catégories, on trouve des officiers et des subalter- conseil des mages à l’étranger, etc...).
nes. Les charges sont données en fonction des victoires
à l’Orgamon. L’ordre des Mojans était chargé quant à lui de l’armée
de Kenl et de la protection du Conseil des mages. Les
L’Ordre des Hauts-Rêveurs de Sakaât mojans ont des tuniques amples de bure et sont mieux
armés que les yodites. Ils sont entièrement équipés
Ordre Abalonien, né sur l’île du même nom. Ses mem- d’armures technomagiques, parfois même en scaphan-
bres ne sont ni des mages, ni des prêtres, mais des il- dre pour les seigneurs immortels.
luminés. Ils utilisent une plante qui ne pousse que sur
l’île de Sakaât et qu’on appelle la fève des rêves pour
se plonger dans de longs sommeils profonds. Les
Hauts-Rêveurs semblent accéder, via cet expédient,
à des univers parallèles, même si à la différence des
mages, il ne peuvent choisir la durée de leur séjour,
ni l’univers dans lequel ils vont évoluer.

La Confrérie Astragalienne

Confrérie abalonienne qui a son siège sur l’île de


Nemosis, petite île au Nord de la Grande Ile. C’est
là que l’Université des Astres forme les Astragaliens,
tour à tour astronomes, astrologues et météorologues.
On retrouve beaucoup des leurs dans les entourages
de certains despotes locaux, voire on murmure que
les Negus y auraient recours, par superstition.

La Compagnie Abalonienne des Iles et


Guilde Abalonienne des Iles

La première est la plus importante guilde privée


pour le transport de marchandises entre les îles. A
ne pas confondre avec la Guilde Abalonienne des
Iles qui s’occupe de transport de personnes.

Ordres technomagiques d’Abalone

Il y en a trois. Les technomages proprement dits,


chargés de la recherche fondamentale. Ils sont par-
fois détachés par Kenl auprès des souverains des

31
Première partie
Le Continent de Terra Mater
« Berceau aux cents couleurs, aux mille cicatrices
Nos royaumes mortels ont lacéré ta peau
De frontières belliqueuses et d’étendards royaux,
Et tu vois défiler nos folies destructrices
Muette et Désolée, c’est dans ta propre chair
Que tu sens bourgeonner nos batailles et nos guerres »

Lucius Crambion (622 – 665) – extrait de « Ode à la Terre » (663)

32
33
34
35
Tableau des temps de trajet entre quelques cité

Nom Betön Valdor Memneth Vertigone Taur-Alkar Mô

Betön - 35 jours 48 jours 65 jours Par Khor : Par Valdor : 85


(6 000 km) 62 jours jours

Valdor 35 jours - 15 jours 30 jours 55 jours 50 jours


(6 000 km)

Memneth 48 jours 15 jours - 15 jours Par Valdor : 70 jours 50 jours


Par Mô : 100 jours

Vertigone 65 jours 30 jours 15 jours - Par Valdor : 85 jours Par Memneth :


65 jours

Taur-Alkar Par Khor : 62 jours 55 jours Par Valdor : 70 jours Par Valdor : 85 jours - 50 jours
Par Mô : 100 jours

Mô Par Valdor : 85 jours 55 jours 50 jours Par Memneth : 65 jours 50 jours -

Telkamet Par Memneth : 73 Par Memneth : 40 jours 25 jours Par Herial : 30 jours 88 jours 38 jours
jours
Port-Noir Par Memneth : 106 jours Par Memneth : 73 jours 58 jours Par Herial, Telkamet : 63 jours Par Mô, Telkamet : 71 jours
121 jours

Eaugrise Par Krakilian : 54 jours (en été Par Taur-Alkar : 88 jours Par Mô : 75 jours Par Telkamet : 110 jours 33 jours 25 jours
seulement) Par Valdor : 118 jours

Krakilian 33 jours Par Eaugrise : 109 jours Par Mô, Eaugrise : 96 Par Betön : 98 jours Par Eaugrise : 54 Par Eaugrise :
(en été seulement) jours (en été seuleent) jours (l’été seule- 46 jours (l’été
Par Betön : 68 jours Par Betön : 83 jours. ment) seulement)
Par la terre : 105
jours

Dalwin Par Krakilian : 83 jours Par Beton, Krakilian (en Par Betön, Krakilian (en Par Betön, Krakilian : 138 jours Par Eaugrise, Kraki- Par Eaugrise,
été) : 118 jours été) : 133 jours lian (été seulement) : Sangor : 104
Par Eaugrise, Sangor : Par Eaugrise, Sangor : 104 jours (l’été seu- jours
167 jours 154 jours lement)

La notion de distance n’a pas en soi grand intérêt. En effet, certains trajets sont plus rapides (car fait en mer), d’autres plu
été calculés en prenant pour base des trajets en mer sur des caravelles (10 km/h soit 5 noeuds), sachant que la vitesse glob
(60km/jour en plaine) ou à pied (montagnes, forêts : de l’ordre de 40 km/jour). La navigation sur le lac majeur ou mineur e

36
és de Terra Mater (Ponant, Grands Lacs)

Telkamet Port Noir Eaugrise Krakilian Dalwin

Par Memneth : 73 Par Memneth : 106 jours Par Krakilian : 54 jours (en été seu- 33 jours Par Krakilian : 83 jours
jours lement)

Par Memneth : 40 jours Par Memneth : 73 jours Par Taur-Alkar : 88 jours Par Eaugrise : 109 jours (en été seule- Par Beton, Krakilian (en été) : 118 jours
ment) Par Eaugrise, Sangor : 167 jours
Par Betön : 68 jours

25 jours 58 jours Par Mô : 75 jours Par Mô, Eaugrise : 96 jours (en été seu- Par Betön, Krakilian (en été) : 133 jours
leent) Par Eaugrise, Sangor : 154 jours
Par Betön : 83 jours.

Par Herial : 30 jours Par Herial, Telkamet : 63 Par Telkamet : 110 jours Par Betön : 98 jours Par Betön, Krakilian : 138 jours
jours Par Valdor : 118 jours

88 jours Par Mô, Telkamet : 121 33 jours Par Eaugrise : 54 jours (l’été seulement) Par Eaugrise, Krakilian (été seulement) : 104 jours
jours Par la terre : 105 jours (l’été seulement)

38 jours 71 jours 25 jours Par Eaugrise : 46 jours (l’été seulement) Par Eaugrise, Sangor : 104 jours

- 33 jours 63 jours Par Eaugrise : 86 jours (l’été seulement) Par Eaugrise, Sangor : 144 jours

33 jours - Par Mô : 96 jours Par Eaugrise : 119 jours Par Eaugrise, Sangor : 177 jours

63 jours Par Mô : 96 jours - 21 jours (été seulement) Par Sangor : 58 jours

Par Eaugrise : 86 jours ar Eaugrise : 119 jours 21 jours (été seulement) - 50 jours
(l’été seulement)

Par Eaugrise, Sangor : 144 Par Eaugrise, Sangor : 177 Par Sangor : 58 jours 50 jours -
jours jours

us longs car il faut contourner certaines régions très dangereuses ou infranchissables. Les temps de trajet donnés ici ont
bale est de facto ralentie par le fait qu’il faut perpétuellement éviter les zones les plus sourgneuses, et à terre à cheval
est bien plus rapide qu’en mer : une caravelle parcourt 170 km par jour en mer, et 240 sur un lac.

37
Tableau des temps de trajet entre quelques

Eaugrise Port-Noir Zelde Port-Sanctus Kyrieleissa Stupor Mundi


Eaugrise - Par Mô : 96 jours Par Port-Sanctus, Nos- 8 jours Par Port-Sanctus : 33 jours Par Port-Sanctus, Nostra-
tradia : 41 jours dia : 80 jours

Port-Noir Par Mô : 96 jours - Par la chaussée des Par Eaugrise : 104 Par Eaugrise, Port-Sanctus Par Tuxxet : 97 jours
géants ou par Eaugrise jours ou par la chaussée des
: 130 à 140 jours Géants : 130 jours à 140
jours

Zelde Par Port-Sanctus, Nostra- Par la chaussée des géants - 33 jours 35 jours 40 jours
dia : 41 jours ou par Eaugrise : 130 à
140 jours
Port-Sanctus 8 jours Par Eaugrise : 104 jours 33 jours - 25 jours 72 jours

Kyrieleissa Par Port-Sanctus : 33 jours Par Eaugrise, Port-Sanctus 35 jours 25 jours - 70 jours
ou par la chaussée des
Géants : 130 jours à 140
jours
Stupor Mundi Par Port-Sanctus, Nostra- Par Tuxxet : 97 jours 40 jours 72 jours 70 jours -
dia : 80 jours

Faram Par Port-Noir, Wiluna : 230 Par Wiluna : 135 jours Par Astence : 183 Par Astence, la Zelde, Par Astence, la Zelde, Nos- Par Wiluna, Tuxxet : 155
jours jours Nostradia : 220 jours tradia : 220 jours jours
Par Wiluna, Tuxxet :
192 jours
Tuxxet (bas-royau- Par Port-Sanctus, Nostra- 47 jours 80 jours 112 jours 110 jours 40 jours
mes) dia, le Chaussée des géants
: 91 jours
Kilab Par Port-Sanctus, Thalna : 59 jours Par Thalna : 96 jours Par Thalna : 100 jours Par Thalna : 98 jours 52 jours
110 jours Par Tuxxet : 124 jours Par Tuxet : 122 jours
Cité Célestre Par Port-Sanctus, Thalna : Par Kilab : 79 jours Par Thalna : 78 jours Par Thalna : 80 jours Par Thalna : 78 jours Par Tuxxet, Kilab : 72 jours
90 jours
Osiren Par Port Sanctus : 150 94 jours 110 jours 142 jours 140 jours 70 jours
jours
Moché Par Port-Sanctus, Thalna, 90 jours (l’été seulement) Par Kilab : 124 jours Par Tuxxet : 152 jours Par Tuxxet : 150 jours (l’été Par Tuxxet : 80 jours (l’été
Kilab : 140 jours (lété seu- (l’été seulement) (l’été seulement) seulement) seulement)
lement) Par Thalna, Kilab : 128 Par Thalna, Kilab : 124
jours (l’été seulement) jours (l’ét& seulement)

38
s cités de Terra Mater (Orient, Sud)

Faram Tuxxet (Bas-Royaumes) Kilab Cité Céleste Osiren Moché


Par Port-Noir, Wiluna : 230 Par Port-Sanctus, Nostra- Par Port-Sanctus, Thalna : Par Port-Sanctus, Thalna : Par Port Sanctus : 150 Par Port-Sanctus, Thalna, Kilab : 140
jours dia, le Chaussée des géants 110 jours. 90 jours jours jours (lété seulement)
: 91 jours
Par Wiluna : 135 jours 47 jours 59 jours Par Kilab : 79 jours 94 jours 90 jours (l’été seulement)

Par Astence : 183 jours 80 jours Par Thalna : 96 jours Par Thalna : 78 jours 110 jours Par Kilab : 124 jours (l’été seule-
Par Wiluna, Tuxxet : 192 ment)
jours
Par Astence, la Zelde, Nos- 112 jours Par Thalna : 100 jours Par Thalna : 80 jours 142 jours Par Tuxxet : 152 jours (l’été seule-
tradia : 220 jours Par Tuxxet : 124 jours ment)
Par Thalna, Kilab : 128 jours (l’été
seulement)
Par Astence, la Zelde, Nos- 110 jours Par Thalna : 98 jours Par Thalna : 78 jours 140 jours Par Tuxxet : 150 jours (l’été seule-
tradia : 220 jours Par Tuxet : 122 jours ment)
Par Thalna, Kilab : 124 jours (l’ét&
seulement)
Par Wiluna, Tuxxet : 155 40 jours 52 jours Par Tuxxet, Kilab : 72 jours 70 jours Par Tuxxet : 80 jours (l’été seule-
jours ment)

- Par Wiluna : 115 jours Par Wiluna : 130 jours Par Wiluna, Kilab : 150 200 jours Par Wiluna : 165 jours (l’été seule-
jours ment)

Par Wiluna : 115 jours - 12 jours Par Kilab : 32 jours 30 jours 40 jours (l’été seulement)

Par Wiluna : 130 jours 12 jours - 20 jours Aucune liaison directe 28 jours (l’été seulement)

Par Wiluna, Kilab : 150 Par Kilab : 32 jours 20 jours - Aucune liaison directe Par Kilab : 48 jours (été seulement)
jours
200 jours 30 jours Aucune liaison directe Aucune liaison directe - 47 jours (lété seulement)

Par Wiluna : 165 jours (l’été 40 jours (l’été seulement) 28 jours (été seulement) Par Kilab : 48 jours (été 47 jours (l’été seule- -
seulement) seulement) ment)

39
Chronologie récapitulative de l ’Histoire de Terra Mater
Légende :
513 : événement ayant lieu à l’ouest des montagnes, en Aquilon
513 : événement ayant lieu en Centreterre ou à la Zelde (à l’Est des Montagnes)
513 : événement ayant lieu en Orient (Empire Daï, Sylphe, Theleb et Bas-Royaumes)
513 : évènement ayant lieu sur Atlante ou Terra Negra

• 8 000 : L’Origine du Monde. Début de l’âge de la Source sur Terra Negra


• 6000 : Guerre entre les Dieux et les Titans.
• 5000 : Dispute entre Titan et Huracan
• 1000 : Grand Cataclysme sur Terra Negra. Exode des humoncules (humains, nains, gnomes) sur Terra Mater.
Fin de l’Âge de la Source et début de l’Âge de la Guerre.
1 000 à - 20 : Période sauvage et barbare. Des petites tribus et des royaumes minuscules se déchirent le terri-
toire à l’Ouest des montagnes infranchissables. A l’Est, formes de vie primitives. Les légendes parlent d’un grand
cataclysme (divin ?) réalisé autour de – 1000. On estime, toujours d’après les écritures religieuses, que jusque là
les Dieux sont en harmonie et vivent en osmose avec leurs créatures.
-800 : Premières traces d’occupation sylphe dans les archipels de l’Est. Arrivée des elfes islandiens sur Atlante.
Exode des faëries de Terra Negra : arrivée des djinns, des sylphes et des elfes sur Terra Mater.
• 780 : Fondation de l’Empire d’Abalone par les humoncules à peau noire. Début du siège d’Huracania.
• 740 : Arrivée des humains sur Atlante, en provenance de Terra Negra
• 650 : Fondation de Mont-César
• 650 à 640 : Fondation du royaume des elfes nordiques par Othon Ier le Nomade
• 645 : Fondation de Saranzara
• 630 : Arrivée des nains sur Atlante, en provenance d’Abalone
• 610 : Fondation d’Atlantapolis
• 570 : Fondation de Grisance
• 530 à 504 : Guerre entre Saranzara et Grisance

En – 513, une prophétie curieuse est énoncée en Oracle. Elle est surnommée prophétie du Châtiment et on
peut penser que l’Unique en est l’auteur, inquiet de l’état d’avancement du Monde.

• 485 : Fondation d’Uranion


• 400 : Fondation de l’Empire d’Atlante – Dynastie des Xénides
• 393 : Mort d’Othon Ier le Nomade, montée sur le trône d’Othon II le grand
• 387 : Arrivée des gnomes sur Atlante
• 379 : Edit de Tuléon – création du Heaume
• 350 : Naissance du philosophe sylphe O’Raz, fondateur de la Tâna. Querelle des cités et Chartes fondamentales,
création du Masque. Fin de la Dynastie des Xénides. Dynastie des Hamanides. Arrivée de Mandrago sur Weröl (en
Theleb), avec à ses trousses la première Mante mâle.
• 280 : Fondation du royaume de la Kyrelie par Axis
• 300 : Mort d’O’raz
• 280 : Le chef sylphe Kasumo prend le pouvoir dans le Pur Empire des Sylphes du Nord. Une Mante prend la forme d’un
sylphe et arrive à la tête du culte impérial, à la tête duquel elle reste en activité, sous des identités successives, jusqu’à sa
mort en 920 ;
• 250 : Invasion de la péninsule Thélébéenne par Varul le Grand (draconide)
• 250 : Unification du pur Empire des Sylphes par Kasumo Ier.
• 164 : Fin de la Dynastie des Hamanides. Dynastie des Praxides.
• 156 : Grande attaque des wolfynx – siège de Mont-César.
• 150 : Début de la construction de la première cité Mandragale (Theleb)
• 105 : Mort d’Othon II le grand. Montée sur le trône de Gwendolaï Ier
• 100 : Fin du siège d’Huracania et destruction de 80% du continent de Terra Negra. Fin de l’Age de la Guerre
• 96 : Début de la Guerre Fratricide entre darabouns et panzaaërs.
• 90 : Fondation de l’Empire Daraboun
• 20 à 5 : Un Chef de guerre, nommé Mac, unifie toute la partie Ouest du Continent. Il fonde l’Empire, prend

40
le titre de Tsar et en 0 se fait sacrer sous le nom de « Mac Ier ». Ce repère historique est considéré comme la
base du calendrier le plus couramment utilisé : le calendrier Aquilonnien.

« Premier Age d’Or » (5 –200)


La fondation des Empires

• 0 : Sacre de Mac Ier


• 5 à 200 : La Dynastie des Mac règne dans la paix 200 ans. 11 Mac se succèdent à la tête de l’Empire. La dis-
pute originelle entre les Dieux à propos de Soledad doit vraisemblablement survenir pendant cette période.
• 25 : Fin du Grand Empire du Nord, coup d’Etat du général origil Barbanegra.
• 26 : Fondation des royaume de Teutonia et de Tanza
• 30 à 100 : Fondation par les itis des cités crépusculaires
• 40 : Fondation de Tsaran
• 70 : Fondation de la cité d’Albionta
• 100 : Fondation du Royaume de Faram. Terra Negra est ravagée.
• 120 : Fondation de Port-Graal
• 125-145:Règne du 3me Empereur sylphe, Naiiri Kasumo
• 125-150 : Invasions barbares en Arknée
• 140 : Naiiri Kasumo proclame que l’Empereur est divin
• 150: Naissance du philosophe Kaï-Taï
• 160 : Fin de la IIIème Dynastie des Praxides. Dynastie des Karasses.
• 167 : Mort de Gwendolaï Ier, montée sur le trône d’Othon III le guerrier
• 190 : Kaï-Taï rédige le livre du bushido.
• 200 : Premiers signes discrets de la Nouvelle Religion à l’Est des montagnes. Oun évangélise la Kyrelie..Mort
de Mac XI, sans enfant. Période de trouble.
• 200 : Fondation de la ville de Thalna par l’Empire Zeldeïen alors en pleine expansion.

41
« Période Sombre » (201-380) :
La mort d’Oun, les conquêtes de Sharakaï, la guerre des Fléaux, la scission de l’Empire, les
invasions draconides, la guerre des Pénitents
• 201 : Mort d’Oun, crucifié par l’Empereur de Kyrelie Atexis. Point de repère du calendrier Ounite
• 204 : Scission de l’Empire du Néant de l’Empire des Mac par les comtes de Saint-Gral, de Gion et les ducs
d’Elziboth. Heblain de Saint-Gral devint « L’Eminence Ecarlate » et prend le titre d’Empereur.
• 205 – 360 : Empire Kyrelien. Conversion d’Arknée à la nouvelle Religion.
• 205 : Elonik I monte sur le trône de l’Empire. Ce Duc du Sud fonde ainsi la dynastie des Vensick
• 210 : Fondation de la cité de Stupor Mundi
• 214 : Mort du philosophe daï Kaï-Taï
• 205 – 367 : Se succèdent sur le trône d’Aquilon une série de monarques faibles et peu intelligents :
Gnüvocksick II, Bucksveckik I, Robert de la Courtellière, Gnüvocksick II, Elonik II, Stockvenik IV, Elonik III,
Bucksveckik II, Elonik IV, Elonik V, Gnüvocksick IV.
• 235 : Fondation de la Cité Naine de Darümbir dans les Bas-Royaumes
• 237 à 257 : Guerre entre l’Empire des Tsars et le Royaume des Elfes Nordiques
• 245 : Chute de la première capitale du Mandraguisme (Theleb)
• 285 : Miku Miko Shisho, ,artiste sylphe ramène de son voyage à la cour du roi daï Te-Kia-Ho l’alphabet daï et le livre du
Bushido de Kaï-Taï qui devient le livre du « Boshu ».. Le 4ème Empereur Arkamo Kasumo décide d’adopter ce langage.
• 290 : L’Eminence Noire succède à l’Eminence Ecarlate à la tête de l’Empire du Néant. Vème Dynastie des
Braxiliens sur Atlante.
• 301 : Attaque du grand Ver Sharakaï (Disciple de Mandrago) et renversement du roi daï Te-Kia-Ho. Prise du pouvoir
par Sharakaï dans les terres Daï. Point de départ du calendrier Daï
• 321 : Création de l’Académie de Sombrelune à Haute-Rive
• 340 : Siège d’Albionta par les armées de Thalna. Indépendance d’Albionta
• 340 – 390 : Guerre des Fléaux dans les Bas-Royaumes qui voit s’affronter les trolls alliés aux nains et les gnomes alliés
aux elfes.
• 345: Invention de la poudre à canon par les elfes daïs.
• 350 : Fondation de la cité de Nostradia. Valdik, roi saurial de Theleb soumet les 5 nations.
• 350 – 385: Premier Kari-Kol Thélébéen: annexion de Kelt et d’une partie des terres islandiennes.
• 354 : L’Empire du Néant capture par surprise Teufel aux draconides.
• 360-400 : Première vague d’invasion de Sharakaï qui soumet le Semarto, le Tang-She et le Kyotang, puis l’Ung-Te,
Spyrne, Hong-Phe, Ping-To, Pang-Mang, etc…
• 367 : La Sombre Eminence, Empereur du Néant, envahit l’Empire sous l’ordre de l’avatar de Titan. Les
Dieux ne répondent plus aux appels des prières. La prophétie du Châtiment semble se réaliser. La guerre
prend le nom de Guerre des Pénitents, en référence aux hommes abandonnés des Dieux et punis.
• 369 : Apparition du culte de Veya à l’Ouest des montagnes et fondation de la Cité du Dieu Fou par Elianor.
• 371 : La Bataille du Tombeau des Princes, devant Tsaran, capitale de l’Empire, se solde par une défaite cui-
sante du Tsar et de la noblesse qui est massacrée avec l’armée impériale. Le Néant envahit l’Empire, à l’ex-
ception de 2 régions. La première est défendue par le général Solimane et une partie de l’armée impériale.
La seconde est défendue par le Duc de Tasbaroth.
• 372 : La prophétie du Châtiment s’accomplit. Des élus parviennent à briser le sceptre qui retenait prison-
nier les Dieux bons et à tuer l’avatar de Titan.
• 377 : Après 10 ans de guerre des Pénitents, l’armée du Néant se retire d’elle-même. Les Dieux restant s’af-
frontent pendant un an sur Terre et un cataclysme a lieu. La chaîne de montagnes infranchissables de l’Est
est notamment affaissée et le continent est totalement remodelé. L’Empire du Néant s’installe 500km plus à
l’Est.
• 379 : Solimane élimine le Duc de Tasbaroth qui voulait se faire sacrer Tsar et gouverner à l’aide d’une mys-
térieuse organisation clandestine, l’Ordre Noir.

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« Nouvel Age d’Or » (380-666)
Les trois Solimane, les 2 sommeils du grand Ver, la fin de la guerre des Fléaux, la conver-
sion de Faram, l’évangélisation du monde, les grandes découvertes, la Guerre du Portail
• 380 : Solimane se fait sacrer Haut-Roi et nomme le nouvel Empire du nom d’Aquilon. Le changement de
termes est volontaire, afin de marquer la rupture avec l’ancien monde. S’ouvre un Nouvel Age d ‘or. 380 –
461 : Règne de Solimane I le Fondateur qui réorganise Aquilon. Il meurt à 101 ans.
• 384 : Unification du royaume d’Arknée par Jean d’Arknée
• 385 : Mort de Valdik premier roi de Theleb.
• 389 : Destruction par Sharakaï de la ville de Balik. Koyouki Kasumo, 6ème Empereur décide de nommer Sarayo Tsi-
rikuu seigneur de guerre pour faire face à la menace. Début de la perte d’influence politique de l’Empereur des Sylphes.
• 390 : Charte des races qui met fin à la guerre des Fléaux dans les Bas-Royaumes. La Déesse Veya apparaît à Haran le
Sabrance au Royaume de Faram puis disparaît après avoir plongé dans les eaux de Zarama. Sabrance assiège Alhambra
pour délivrer le Prophète Balt et fonde le Saint Royaume de Faram.Règne : 390 – 491.
• 391 : Transformation du Royaume des pas perdus en désert suite à un accident magique.
• 392 : Fondation de la ville Faraméenne de Bekab
• 392 : Fondation de la ville Faraméenne de Wiluna
• 400 – 500 : Sommeil du Grand Ver Sharakaï
• 401 : Fondation officielle de la Confédération Naine
• 412 : 2ème Kari-Kol décidé par le Ksar-Ksar Kelingil.
• 423 : Invasion des Bas-Royaumes par les reptiliens de Theleb menés par le Ksar-Ksar Kelingil.
• 423 – 453 : Guerre des Bas-Royaumes. Les humains alliés aux thélébéens attaquent les trolls, les gnomes, les nains et les
elfes.426 : Mort de Kelingil Ier, 453 : mort de Kelingil III et retrait des Thélébéens.
• 450 : Mort du Prophète Balt – construction du Mausolée à Bekab. Mort d’Othon III le guerrier. Montée sur le trône
de Melindaë la Sage.
• 456 : Invasion de la Nurturia par Karion IV le destructeur, roi de Sirtiria.
• 461 –525 : Règne du petit neveu de Solimane I, Solimane II le Bâtisseur qui entreprend le pavement
d’Aquilon et surtout la construction d’une nouvelle capitale : Mô, au lieu et place de Tsaran en 463. Soli-
mane II meurt à 84 ans.
• 490 : Le Guide Haran le Sabrance déclare la guerre sainte contre Theleb.
• 491 : Mort du Guide Haran le Sabrance lors de la guerre sainte contre Theleb. Règne de Beka le Sapience (491 – 524)
• 500 : Réveil du Grand Ver. Invention des armes à feu sur Atlante.
• 505 : Création du pays des 4 contrées
• 512 : Mort prématurée de Melindaë la Sage. Montée sur le trône de Gwendolaï II.
• 520-580 : Conquête du Sud par l’Empire Daï
• 524 : Mort du 2ème Guide de Faram, Beka le Sapience. Règne d’Hassan le Doré (524-540).
• 525-630 : Règne de l’arrière petit-fils de Solimane II, Solimane III le Conquérant qui vécut 110 ans. Ce
dernier annexa une partie des royaumes de l’Est, en guerroyant notamment contre l’Empire Zeldeïen.
• 540 : Naissance du Monarquat de la Zelde, après la chute de l’Empire Zeldeïen. Indépendance de Nostradia et
de Thalna.
• 560 : Indépendance de Stupor-Mundi. Vième Dynastie des Brugus sur Atlante.
• 570 – 600 : Evangélisation des Bas-Royaumes par les missionnaires Ounites venus d’Arknée.
• 590 : Vème Guide de Faram, Mohemed de Zarama. La Sombre Eminence succède à l’Eminence Noire à la tête
de l’Empire du Néant.
• 591-592 : Après 11 années d’arrêt, Sharakaï reprend ses conquêtes.
• 595-664: « Petit » Sommeil du Grand Ver SharakaÏ.
• 597 : Fondation de la Ligue du Sud contre la menace Daï
• 598 : Adhésion de la forteresse gnome d’Alzibar à la Ligue du Sud
• 598- 608 : Guerre Thalna – Nostradia
• 600 : Adhésion à la ligue du Sud du Grand Duché du Mont des Aigles
• 601 : Adhésion à la même ligue du Canton d’Hunzen
• 604 : IIème République de Thalna
• 617 : Guerilla de Thalna avec l’Empire Daï.
• 630 –670 : Règne de Dimotran le Sage, élu parmi la noblesse compte tenu de la mort sans enfants du der-
nier Solimane.

43
• 640 : Election du Vième Guide, Hassoud le Saint.
• 645 : Découverte du Continent de Terra Negra
• 646 : Découverte d’Atlante
• 650 : Invasion de l’Arknée par les armées daïs.
• 664 : Réveil du dragon Sharakaï. Défaite de Maraï et des armées Daï devant Kyrieleissa.
• 666 : Guerre du Portail – Ouverture des 6 portes. En début d’année a lieu la bataille du Stryge (600 000
combattants) qui voit l’inondation de la marche de Macheorc et la naissance des lacs majeurs et mineurs, la
destruction des elfes de Falabioël et enfin la mort de nombreux Dieux et Titans. Quelques semaines après Tobo-
gobun est vaincu à la bataille de la Faille (près d’Illyrian) où une coalition internationale menée par Cassandra l’Insou-
mise affronte les armées démoniaques.

Nouvel âge Sombre (667-722)


La Guerre de la grande nuit, la seconde Guerre des Pénitents ou guerre du Djihad, la
guerre du Loup et du renard, la guerre civile en Kyrelie, effondrement d’Aquilon

• 667- 669 : Conquête des terres islandiennes par les draconides.


• 667 – 675 : Guerre de la Grande Nuit (royaumes trolliques)
• 670 : Fondation de la cité de Kilkieran, siège de l’ambassade Atlante
• 670 : Mort de Dimotran Ier le Sage. Montée sur le trône de Behlir Ier
• 675 : Fondation de Vertigone
• 680 : Edit interdisant l’immigration depuis Atlante sur Kilkieran
• 684 : une muraille est bâtie pour séparer la Kyrelie de l’Arknée asservie
• 692 : Mort de Belhir Ier et régence de la reine Hispadia pour le compte du jeune Belhir II, né en 690
• 695 : Coup d’Etat d’Eros d’Hernani à Kalkabat
• 699 : Le Rector Vitis crée le nouvel ordre Ounite des Saduccéens et des Cassandriens
• 701 : Invasion de la marche de Sangor par les troupes elfes noires. Occupation du royaume des elfes nordi-
ques. Début de la seconde guerre des pénitents ou « guerre du Djihad ».
• 703 : Parution du Manifeste d’Astareilion le Candide prônant la séparation des Eglises et de la magie
• 704 : Election du Rector Argus. Expulsion totale des sylphes de Kyrelie L’armée aquilonnienne chasse les elfes
noirs de Sangor.
• 703-705 : Guerre de Kyrelie et d’Aquilon contre les Grands Orcs de l’Est. Eradication de ces derniers et instal-
lation des korrigans.
• 706 : Belhir II envoie son host chatier Eros d’Hernani. Aucun des 150 000 soldats ne revient vivant.
• 708 : Accession au trône de Belhir II et signature d’un armistice entre l’Empereur Eros et le Haut-Roi.
• 709 : Mort suspecte de Kariol V. Kariol VI accuse le rector Argus et prend sa capitale, Kyrieleissa. Exil du Rec-
tor et guerre civile.
• 710 : L’Empire du Néant lance ses troupes à l’assaut d’Astence.
• 712 : Dalwin XXV et Baden XXII font assassiner les autres rois nains lors d’un banquet à Dalwin. Guerre
civile au sein de la Confédération naine.

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Le Grand Théolocauste
(Le dôme de Ténèbres, la mort des Dieux, la Seconde création)

• 722 : Attaque de la Cité Céleste par une cité volante, Requiem, qui n’est autre que la cité atlante de Saranzara volée par
les wolfynx. Grande Crise mystique. Partout, les prêtres des Dieux Harmoniques perdent leurs pouvoirs. Des
émeutes ont lieu un peu partout. Un dôme de ténèbres apparaît autour de l’Empire du Néant et commence à
s’étendre inexorablement. C’est le « Grand Théolocauste » ou, pour les Atlantes «Grand Omégalphe» (722-
749)
• 728 : Accord (de neutralité bienveillante) dit « des Deux-Empereurs » entre Eros et Karabrugus III le san-
glant.
• 730 : Invasion d’Aquilon par les armées d’Eros via l’Elarian.
• 731 : Les armées atlantes débarquent près d’Eaugrise. La flotte elfe noire coule la flotte aquilonnienne au
prix de lourdes pertes.
• 735 : Mort de Kariol VI et retour du Rector Argus.
• 736 : La Cité de Dalwin capitule après que Dalwin XXV ait été déposé.
• 738 : La cité de Taur-Alkar est prise d’assaut par les troupes d’Eros après trois années de siège. Les elfes
noirs perdent 15 000 des leurs mais 24 000 aquilonniens périssent dans l’assaut.
• 740 : Mort de Belhir II. Accession au trône du jeune Dimotran II, son petit-fils. La marche de Dolmarur se
révolte et obtient son indépendance. Mort du Rector Argus.
• 741 : Prise d’Eaugrise par les troupes d’Atlante après 10 années de siège. La cité est complètement brûlée
sur ordre de Meliakus, chef de la légion spéciale.
• 742 : Le Rector Armae lance le Djihad contre le Néant. Kariol VII prend la tête d’une coalition.
• 744 : Mort de Kariol VII.
• 745 : Kariol VIII fait arrêter le Rector Armae et détruit une partie de Kyrieleissa. ; Mô tombe devant les armées
elfes noires et atlantes combinées. Dimontran II se réfugie chez les princes de Telkamet. Valdor est prise sans
coup férir alors que la marine aquilonnienne a déclenché une mutinerie. Subitement, les prêtres du Néant
perdent leurs pouvoirs. Les morts reviennent à la vie.
• 748 : Coup d’Etat contre Karabrugus III, Empereur d’Atlante. Maliakus, chef de la Légion spéciale, prend
le titre d’Empereur. Karabrugus III est tué, ainsi que son invité, l’Empereur Eros d’Hernani, venu célébrer les
20 années d’amitié. Kaos d’Hernani succède à son père et déclare la guerre à Maliakus. Début de la Guerre du
Loup et du Renard (ou « guerre des Deux Empereurs »)
• 749 : Destruction du grand dôme de ténèbres et de la Pierre de Nuit. Mort de la Sombre Eminence. Second
coup du grand Théolocauste le 23 brisailles 749 et seconde Création. De nouveaux Dieux apparaissent.

45
Les premiers temps de l’Age des Quatre Fléaux (749-…)

• 750 : La terre du Néant se dissout et au centre de Weröl apparaît un passage vers la Géhenne : le Chancre
néantique. La superficie s’élargit, grignotant petit à petit le cœur de Terra Mater. Une maladie – l’infex – se
répand..
• 755 : Mort du Rector Armae de Kyrelie, en geôle
• 756 : Prise de la cité de Baden et fin de la guerre civile naine.
• 757 : mort en exil de Dimotran II, dernier Haut-Roi d’Aquilon. Extinction de la dynastie royale d’Aquilon.
• 759 : Arrêt de la guerre des Deux empereurs après la victoire des elfes noirs sur Atlante. Retrait unilatéral
des terres aquilonniennes décidé par Kaos d’Hernani, Empereur du Septentrion.
• 760 : Le conclave parvient à élire un nouveau Rector, Cassus, partisan de Kariol VIII. Aussitôt, les prélats hos-
tiles élisent un autre Rector, Kamène. Fondation du Monastère Mandragal de la Loge Occidentale (Empire Daï) après
400 ans d’éclipse / Renouveau du Mandraguisme.
• 762 : Mort de Kariol VIII sans enfant. 2ème Guerre civile dans le royaume kyrieleisseen.
• 770 : Accord entre Kaos et les derniers rebelles nordiques. Création du royaume des elfes nordiques, vassal
du Septentrion.
• 771 : Partage d’Aquilon (Traité de Mô). Kamène défait Cassus et monte sur le trône du royaume Kyrieleisseen.
• 775 : Mort de Sint Mazil, prophète fondateur de la Seconde Eglise Kyrelienne.
• 778 : Guerre entre le Septentrion et le Haut-Ponant.
• 779 : Traité de kilkieran reconnaissant la vassalité du roi du haut-Ponant envers l’Empereur Kaos.
• 780 : Second Traité de Mô
• 805 : Rattachement de Malienda à la Zelde. Création du royaume du Centreterre.
• 809 : La Déesse Firloute répond de plus en plus épisodiquement à ses fidèles. La transmission de la
connaissance en est affectée, notamment sur Terra Negra.
• 820 : Un groupe de moines chevaliers kyreliens pénètre dans la Chapelle de la nuit de la Sagesse (en Kyrelie)
et active par mégarde un portail entre deux mondes. La déchirure attire une deuxième mante (femelle). Celle-ci
prend la forme de l’Esprit du Monde, un puissant esprit gardien de l’héritage de Sint Mazil, et le tue. La Mante
corrompt Adjidjandra, l’un des serviteurs de l’Esprit.
• 850 : Sharakaï s’endort.
• 851 : L’Eglise du Second Prophète décide de porter à sa tête un Imper Rector réincarnation d’un de ses 9
derniers souverains. L’Esprit du Monde (Mante femelle) devient le conseiller des Imper Rector.
• 884 : La Montagne des Hachichins est attaquée et le Vieux de la Montagne est tué. Il est remplacé par Adjidjandra, un
Djinn proche des idées kyréliennes qui est en réalité une mante.
• 885 : Le Sultan de Bekab se convertit à l’Aronisme.
• 906 : Le Sultan de Wiluna se convertit à l’Aronisme.
• 910 : Disparition du Guide Al Khalim Huchemi. Hakaon Ali Babik Sacheimi prend le pouvoir en Faram et la religion
Aronite devient religion majoritaire. Schisme avec l’Eglise de Kyrelie.
• 919 : Un Maître Mandragi du nom de Chorgal prend pied en Empire Sylphe et y importe l’enseignement mandragal.
• 920 : Un accord entre la Kyrelie et le Pur Empire des Sylphes du Nord est conclu grâce à l’action des deux
Mantes, lesquelles conseillent les deux parties. L’accord prévoit une alliance pour écraser l’Empire Daï et Shara-
kaï et Uguche. Les deux mantes copulent et la Mante femelle tombe enceinte. La Mante mâle meurt, mangée par
la femelle : sa proie « divine » (l’Empereur Kasumo IX) meurt aussitôt).
• 921: Croisade décrétée par la Kyrelie contre l’Empire Daï afin de détruire les derniers serviteurs du Mandra-
guisme. Victoire de la Kyrelie et du Centreterre dans les plaines Mécambraïques, victoire de l’attaque daï sur le
mur de Kyrelie et siège de Kyrieleissa. Réveil de Sharakaï. Début d’une pandémie d’infex dans les Bas-Royaumes et
apparition des Divinités à Stupor Mundi pour détruire l’un des avatars de la Mante femelle.
• 922. La Mante Femelle survivante parvient à tromper les derniers disciples du Mandraguisme qui sont tous massacrés.
Seul Sharakaï, l’Empereur Daï, garde les secrets. La Mante Femelle accouche de trois mantes qui parasitent à leur tour
d’autres divinités.

46
1.1. Les Royaumes du Ponant

Histoire commune des trois royaumes du dentales du continent. Il reçut l’allégeance de ce qui
Ponant restait de l’ancienne flotte navale aquilonnienne mais
en échange renonça au titre de Haut-Roi. Au Nord, le
La fin du cycle Cassandrien a été marquée par la chute prince d’Eaugrise se proclama héritier légitime des
du plus puissant des Empires, un des plus anciens en Hauts-Rois et prit ce titre alors que ce dernier aurait
tous les cas : Aquilon. En effet, les Haut-rois d’Aquilon dû échoir aux princes de Telkamet, dont l’ancienneté
périrent lors de l’invasion des troupes néantiques, ne de la famille était plus avérée. Ces derniers reçurent
laissant derrière eux aucun héritier (757). en échange de l’abandon du titre l’essentiel du trésor
royal, et notamment les instruments de sacre qu’ils re-
La Seconde guerre des pénitents fut le théâtre de com- fusèrent de laisser aux Hauts-Rois d’Eaugrise. Ceux-ci
bats sanglants pour la reconquête des terres aquilon- nommèrent leur royaume Royaume du Haut-Ponant
niennes mais aucun prétendant ne fit l’unanimité pour après une autre dispute avec leurs voisins du Sud qui
ceindre sur sa tête la couronne des Hauts-Rois. récusaient leur proposition initiale de « Haut-Royau-
me du Ponant ». Après avoir obtenu gain de cause, les
Par le traité de Mô de 771, les trois principaux prin- princes de Telkamet nommèrent leur royaume « Bas-
ces réchappés de la grande guerre partitionnèrent Ponant ».
l’ancien Haut-Royaume. Le gouverneur de Memneth,
Karl de Lisban, cousin éloigné du Haut-Roi Belhir II Mô, l’ancienne capitale dévastée, ne voulut être cédée
fit reconnaître son bon droit et fonda le Royaume qui par personne. Chacun accepta donc sa partition, en
porte aujourd’hui son nom sur les rives les plus occi- plein cœur du terrible désert magique engendré par

47
les destructions des armées elfes noires.

Sitôt ces accords passés, une guerre éclata entre le


Haut-Ponant et le Bas-Ponant d’une part, et le Lisban
de l’autre, qui aboutit à le priver de ses territoires les
plus au Nord et au Sud. Pour les royaumes de l’Est,
il s’agissait de gagner un accès à l’Océan Aquilon-
nien : Khor pour le Haut-Ponant et Herial pour le
Bas-Ponant. Puis le Lisban parvint à s’unir au Bas-
Ponant et la guerre s’enlisa. En 780, un second traité
de Mô amena la paix et la stabilité des frontières du
Ponant.

En 778, une courte guerre navale a opposé le Septen-


trion et le Haut-Ponant. Ce dernier l’a perdue et du
signer le honteux traité de Kilkieran (779) prévoyant
notamment la vassalité du Haut-Roi à l’Empereur
Elfe noir, la limitation de la flotte navale, et enfin un
tribut annuel de plusieurs milliers d’écus or.

48
1.1.1. Le Royaume de Lisban neth la capitale, Valdor, et Mô-Lisban – dominent ce
gigantesque espace, séparée chacune par près de 3 000
kilomètres, où vivent en liberté klaptors, chevaux et
korribolds. Pour cette raison, l’essentiel des commu-
nications s’effectue par voie maritime, c’est-à-dire par
cabotage, vu le caractère létal des océans.

Curieusement, le Royaume de Lisban a assez peu


souffert des conséquences du changement climatique,
principalement en raison de sa géographie extrême-
ment diversifiée. Malgré les mers empoisonnées et les
pluies parfois acides, le commerce demeure la princi-
pale force du royaume. Toutefois, d’importantes réor-
Carte d identité : ganisations ont dû être opérées.

Capitale : Memneth, la Cité lacustre En premier lieu, un certain nombre d’habitants ont
Langue : Aquilonnien quitté les côtes (infestées de bubons de sourgne et de
Dimensions maximales : 4 000 km du Nord au Sud, 2 champignons marins) pour se réfugier à l’intérieur des
200km d’Est en Ouest terres qui bénéficient de la protection des montagnes.
Population : 10 millions d’habitants au total (Les lisba- Avant le grand Théolocauste, sa population était très
nais). 65% d’humains, 10% de demi-elfes, 25% d’étran- bien répartie sur l’ensemble du territoire, à l’exception
gers (sylphes, elfes nordiques, elfes islandiens, gno- des terres proches du désert et des montagnes. 60% de
mes) la population était cependant concentrée sur la côte.
Armée : 60 000 hommes Depuis le Grand Théolocauste, les villes de Memneth
Flotte : Environ 9 000 marins, une centaine de navires et de Valdor, ainsi que les nombreux villages qui par-
de guerre : vaisseaux et frégates (Valdor) sèment la côte, ont énormément perdu en population,
Villes principales : Memneth (80 000 habitants), Valdor au profit de Mô-Lisban qui devrait, à terme, devenir la
(100 000 d’habitants), Mô-Lisban (25 000 âmes) première ville du royaume.
Dynastie Régnante : Les de Lisban. Karl Ier (fondateur)
– (771-802). Titre : Roi. Les étrangers ont été les premiers à fuir les pluies aci-
Blason : Un poisson orné de deux couronnes qui se des. Après avoir vainement tenté d’imposer des nor-
reflètent, sur fond blanc et gris. Le poisson représenté mes de sécurité pour lutter contre les effets dévasta-
sur le blason symbolise Memneth, le principal port et teurs des pluies et des empoisonnements par noyades,
capitale du Lisban. Les deux couronnes symbolisent ceux-ci ont laissé la place aux humains. Dotés d’une
les deux autres royaume du Ponant que la Dynastie des constitution robuste et peu enclins au changement, ces
Lisban, injustement privé du titre royal et d’une partie derniers ont fini par occuper toute la côte. On constate
de ses terres, récupèrera. Il y a une allusion à la mer toutefois une recrudescence des mutations, et notam-
avec le reflet des deux couronnes, et un hommage dis- ment une augmentation spectaculaire du nombre de
cret à la vocation maritime du royaume. cas de calvitie dans la région. En outre, les pêcheurs et
Religion : Polythéiste manichéen. Trinité Bénéfique (re- les marins sont reconnaissables entre tous à leur peau
ligion royale officielle), Happogaëddon. grêlée.
Calendrier : paléo-aquilonnien
Parallèlement, plusieurs villes de moyenne importance
Géographie, climat, démographie ont été fondées sur les flancs orientaux des monta-
gnes.
Le Royaume du Lisban est un grand pays sans hin-
terland, assez allongé. Sa côte occidentale est balayée
par les vents et les pluies et donc bénéficie d’un climat Le Lisban est un pays relativement épargné sur la terre
océanique doux et humide, quoique pollué par les eaux ferme par les monstruosités issues de la seconde Créa-
évidemment infectées de l’Océan aquilonnien. tion. La paix règne depuis la fin du conflit ayant opposé
le Lisban à ses deux autres voisins et l’autorité royale
L’intérieur des terres est beaucoup plus sec : le royau- forte permet d’arbitrer les conflits entre les gigantes-
me est barré en deux par une chaîne de montagnes (les ques fiefs qui maillent le territoire.
monts marins) et des forêts de conifères réputées pour
la qualité de leur bois. A son extrémité Est, le Lisban
bute sur le grand Désert central. Trois villes – Mem-

49
• Les Kraks sont les fiefs les plus avancés et les
plus dangereux, longeant le désert central ou les
frontières avec les deux autres royaumes du po-
nant. Ce sont des fiefs particuliers, dont les alloca-
taires sont à la fois nobles (chevaliers) et intégrés
dans l’armée. Ces kraks protègent les baronnies ou
les voies les plus fréquentées. Leur lien de vassalité
va aux ducs et aux barons, jamais aux comtes.

• Les fiefs sont inclus dans les baronnies, les du-


chés et les comtés. Ils sont de petite taille et distri-
bués aux chevaliers vassaux.

Le lien de vassalité et la centralisation lisbanaise sont


les deux caractéristiques principales de l’organisation
du royaume. L’armée régulière est composée de 60 000
hommes placés sous les ordres de la noblesse. Les por-
teurs de charge sont donc à la fois soldats et nobles.
Au sein de l’armée, les Ducs ont statut de généraux ou
amiraux des armées du Roi, les barons celui de com-
mandant et les chevaliers de krak forment les officiers.
Les autres chevaliers détenteurs de fief sont mobili-
sables dans la cavalerie du royaume avec le statut de
sous-officier. L’armée régulière est composée de gens
de petite noblesse (artillerie notamment) ou du peuple
(infanterie), encadrés par les fils puynés des grandes fa-
milles du royaume en temps de paix. Le Roi lui-même

 est Général en Chef des armées.
Organisation politique, Défense , Justice,
Loi, Religion La justice est assurée par le Grand Chancelier, nommé
par le Roi parmi ses proches. Le Grand Chancelier est
Les rois du Lisban sont théoriquement vassaux du également le deuxième personnage du royaume mais
Haut-Roi d’Eaugrise mais refusent dans la pratique de est déchargé des obligations militaires. La justice lis-
prêter serment à Mô. banaise est caractérisée par un goût de la procédure et
du droit, ainsi que par une très grande complexité d’or-
Le royaume est divisé lui-même en une multitude de ganisation, qui contraste avec la réputation frustre de
fiefs de taille variable : ses habitants. En effet, les Lisbanais détestent perdre
• Les duchés sont les fiefs les plus grands et dis- la face et aiment ergoter. Chaque fief possède sa pro-
tribués aux grands du Royaume. L’obtention d’un pre cour de justice, présidée par le suzerain du fief. Des
fief est héréditaire et en cas de mort sans héritier, cours d’appel existent, devant les parlements des nobles
revient à la couronne. A titre personnel, tous les de Haut-Rang vers qui convergent les liens de vassalité
membres de la Dynastie régnante ont des duchés. (Ducs, Barons, Comtes). Une Cour Royale enfin existe,
Le Duc de Valdor est par tradition frère du souve- présidée par le Grand Chancelier, mais elle ne traite
rain et Grand Amiral de la Flotte. Le Duc de Mô- que ls affaires intéressant le Roi ou le Royaume.
Lisban est généralement aussi Grand Chancelier.
La religion officielle du Lisban est polythéiste mani-
• Les comtés et les baronnies sont des ensembles chéenne, sous la protection de la Trinité Bénéfique. Les
plus petits non inclus dans les précédents, distri- grands prêtres des trois ordres concélèbrent tous les
bués aux nobles qui servent le royaume (charges). offices royaux (mariages, baptêmes, enterrement). Le
Leur propriété peut être à tout moment reprise, clergé a son propre ordre de juridiction (tribunaux éc-
quoique dans la pratique, ils se transmettent de clésiastiques) dirigés par les clercs de Fortunaë mais un
façon héréditaire également. Les barons occupent représentant du Roi, le Curator, est chargé de donner
les marches du Royaume et ont également un gra- son avis sur les affaires et peut émettre un véto sur la
de militaire dans l’armée du Royaume. Ils ont ainsi sentence.
sous leurs ordres des soldats du Roi.
De manière générale, les Lisbanais sont très religieux

50
et la Dynastie Régnante très pieuse. Le clergé édicte Duc Urtur du Plesquirt
un certain nombre de préceptes qui ont valeur de loi Duc Urundel d’Essinquirt
commune. Les édits du Roi l’emportent toutefois sur Duc Ussiez du Pimpogne
les lois simples, qu’il s’agisse de celles publiées par les Duc Burthelit du Bellefris
prêtres ou par les nobles. La magie y est tolérée mais Duc Nuguet du Sint Vulfrun
mal vue, certaines disciplines étant formellement inter- Baron del Alburthos du Mintfurt
dites comme le kabbalisme. Baron del Albusire
Baron del Chourette du Li Centris
Le Lisban s’est au départ ému de l’apparition d’une cité Baron del Chungores du Breuil
indépendante - Requiem - dans l’archipel Khorennien Baron del Cunhin Feugerilles
mais une fois sa nature sainte dévoilée (cf. description
de cette cité), les Lisbanais «de la rue» en ont pris leur Commerce, Economie, monnaie
parti. Très fiers de cette proximité, ils sont nombreux à Le Lisban est renommé pour ses vignes, ses alcools, ses
réaliser un pélerinage là bas (au temple unicosmique chantiers navals, ses céréales, ses productions textiles
de Sint Alaric principalement) et sont encore plus à et l’aturkil, qu’il collecte sur ses rives à marée basse. La
proposer aux pélerins leurs esquifs pour la traversée... monnaie usitée est l’écu lisbanais, qui a la même valeur
La tolérance du Roi est cependant plus limitée et cer- que l’ancien écu or aquilonnien.
tains cultes présents sur Requiem dérangent les hautes
autorités religieuses du Lisban. Le Lisban a toujours possédé un atout : les deux ports
les plus importants de la côté occidentale, ce qui lui
Les autres cultes non-officiels sont tolérés dans le permettait avant le grand Théolocauste d’importer et
royaume, mais sont essentiellement présents dans les d’exporter des marchandises pour tout la Kyrelie et
grandes villes. Il s’agit notamment du culte d’Happo- donc d’en tirer une source substantielle de richesse.
gaëddon et de l’Innommé.
Cet atout est devenu aujourd’hui très relatif : plus
aucun bateau ne prend le risque d’une traversée très
Quelques grands noms du Royaume longue par la Cyprie, ce qui a considérablement enrichi
Duc Hurtur del Velmiz (Mô-Lisban) Port-Noir, et donc affaibli les ports de la côte. Les vais-

51
seaux ne s’aventurent jamais trop longtemps en mer. que d’élégance proverbial : il est mal vu d’étaler sa ri-
Subsiste à Memneth une activité de construction na- chesse. Leur seule entorse à cette étiquette est le port
vale, très prospère car les bateaux s’usent rapidement du pompon, une curieuse coutume nationale : colorés
ou parfois disparaissent en mer. Le Lisban est réputé ou noirs, ces pompons peuvent être attachés aux man-
pour la qualité de ses frégates et de ses caravelles, ainsi ches ou sur les calottes des Lisbanais. Il s’agit d’une
que de son bois qu’il fait venir de l’arrière-pays. antique superstition de marins qui s’est conservée
jusqu’à nos jours.
Un temps déstabilisé par la nouvelle donne écologi-
que née du grand Théolocauste, le commerce lisbanais Ils apprécient les langues, les cultures, le commerce, la
est rapidement retombé sur ses pieds. Si les ports ne guerre et sont dévôts sans être fanatiques. Les lisbanais
rapportent plus autant qu’auparavant, le commerce de entretiennent un esprit de revanche à l’égard des deux
poissons rares et étranges demeure extrêmement lu- autres puissances du Ponant qui leur a enlevé une par-
cratif, ce qui fait aujourd’hui de Valdor un haut lieu tie de leurs terres par la Guerre de 771-780.
de la contrebande régionale. Les vins et les alcools en
provenance de la région côtière ont la réputation d’être Au niveau gastronomique, les spécialités lisbanaises
hallucinogènes, ce qui a paradoxalement accru leurs sont la rascassade (de la viande de poisson poilu qu’on
attraits. cuit à la vapeur et qu’on mange avec du pain au gruau
et des pommes de terres), la brougne (une soupe de
En outre, plusieurs mines de sel ont été ouvertes dans poisson très salée) et la bière des sept goûts, brassée
les monts marins, ce qui permet à Lisban de faire en- dans l’arrière pays. Les amateurs de bière disent qu’en
trer un grand nombre de devises dans ses coffres. En la goûtant sept fois de suite, elle dégage sept notes dif-
effet, depuis que le sel de l’océan est devenu inutilisa- férentes. Dans l’ordre, il s’agit de l’orge, de l’eau, de
ble, cette ressource est recherchée et appréciée. l’alcool pur, de l’encens, des fruits des bois, de l’amer
et enfin de la sourgne. Néanmoins, il s’agit plus d’une
La Culture Lisbanaise légende de comptoir destinée à faire peur aux étran-
gers que d’une réalité.
Les lisbanais sont traditionnellement qualifiés par les
durs voisins du Ponant de peuple agricole et marin,
sans imagination, aimant l’ordre et la mer. Il est vrai
que l’océan occupe une grande place dans la vie des
lisbanais, ne serait ce que parce que sa domination leur
offre un horizon beaucoup plus intéressant que les
possibilités d’extension sur le continent proprement
dit.

L’esprit de conquête et d’aventure des marins lisbanais


n’est plus à prouver. Leur connaissance de la mer leur
confère une supériorité navale que même le Septen-
trion ne se risquerait à affronter si le Lisban parvenait
jusqu’au lac majeur. La flotte lisbanaise est en effet plus
réduite (environ 80 frégates et 20 vaisseaux de guerre)
mais l’expérience de ses marins extrêmement pointue.

Depuis le grand Théolocauste, cette expérience est


devenue un atout incommensurable : avoir des mate-
lots lisbanais est un atout de plus pour qui veut garder
de bonnes chances de revenir vivant d’une traversée.
Les lisbanais savent éviter les tempêtes mortelles et
connaissent les créatures monstrueuses qui peuplent
les profondeurs.

La culture lisbanaise est assez frustre en elle-même,


très imprégnée par l’héritage de l’ancienne marine du
Haut-Roi qui leur échut. Les lisbanais se distinguent
par leurs habits généralement noirs ou foncés, leurs
calottes caractéristiques posées sur la tête et leur man-

52
Annexe : Memneth, la cité lacustre

Organisation administra- merciale du Ponant sur la côte de l’océan aquilonnien.


tive Son blason est un poisson sur fond blanc. Un liseret re-
présente à droite des fonds sous marins et trois étoiles
La cité de Memneth est une an- bleues symbolisent la navigation en mer.
cienne ville franche du Haut-
Roi, à l’instar d’Herial, de Khor Avant le grand Théolocauste, elle comptait 80 000 habi-
et Port-Noir. C’est à dire qu’au tants dont près de 75% n’étaient pas lisbanais de sou-
lieu de relever de l’autorité du che mais étrangers. En effet, non seulement les guildes
seigneur sur le territoire duquel commerçantes du monde entier se pressaient à Mem-
ces cités sont sises, Memneth et neth, plaque tournante du commerce du Ponant, mais
ses conseurs bénéficiaient d’un en plus de nombreux pays y entretenaient des ambas-
statut spécial, sous l’autorité di- sades. Depuis que les eaux se sont révélées infectées,
recte du Haut-Roi. la cité a perdu beaucoup de son attractivité et la popu-
lation a diminué de moitié. Les étrangers permanents
Après la Seconde Guerre des Pénitents, les Rois du ne représentent plus que 20% de la population. En re-
Lisban y ont établi leur capitale. A l’époque, le Lisban vanche, la proximité de Requiem (cf. Atlas) a accru le
s’étendait plus au Sud, et notamment englobait Herial. nombre de pèlerins en partance pour cette île.
Mais la guerre menée par le Bas-Ponant pour gagner
un accès à la mer conduisit à l’amputation des parties La ville est sous l’autorité d’un Duc-gouverneur.
les plus au Sud, ce qui fait de la capitale du Lisban
quasiment une ville frontière.

La ville de Memneth est la plus importante cité com-

53
Description se déverser au milieu des ruelles lorsqu’il pleut trop.
Les bords des toits se touchant presque du fait de cette
La ville de Memneth était à l’origine un gros bourg au curieuse configuration, les cités côtières semblent com-
débouché d’un des bras du Grand Fleuve. Après la se- me agglomérées, et offrent un aspect étrange pour ceux
conde guerre des pénitents, la ville a considérablement qui n’y sont pas habitués.
grossi, notamment avec l’arrivée de nouvelles popu-
lations étrangères. Depuis le grand Théolocauste, une Le Vieux Quartier et le port sont tout ce qui reste de
partie de la population a déserté car les conditions de l’ancien village de Memneth, avec une partie de l’actuel
vie sont détestables : la moindre chute dans un canal centre. Construit de manière à être légèrement surélevé
peut être fatale. Les maladies sont légions et beaucoup par rapport au fleuve, c’est également la seule partie
d’habitants cachent leurs difformités sous des masques. de la ville qui est asséchée, été comme hiver. Le port
Avec l’effondrement du commerce naval, la ville s’est peut accueillir plus de 200 caravelles en même temps.
peuplée de couches sociales défavorisées, de pirates et La plupart du temps, il est aux trois-quarts vide, essen-
contrebandiers, et la sécurité dans la cité est devenue tiellement occupé par les bateaux en partance pour Re-
une gageure. Régulièrement, des épidémies frappent quiem. Du coup des chantiers navals se sont installés
les quartiers et déciment les plus démunis. là et propèrent du fait de la grande qualité des navires
construits. Le bois descend des scieries qui se trouve
La cité est caractéristique du style architectural dit en amont du Grand fleuve grâce à de longues péniches
«paléo-aquilonnien», né sur les côtes de l’ancien Haut- de transport.
Royaume, notamment au Lisban, pour protéger au
maximum les édifices des pluies sourgneuses : les toîts Tout navire nouveau qui rentre au port doit d’inscrire
des maisons sont très pentus et se terminent à leur base à la capitainerie de Memneth. Aucun navire militaire
en «U», c’est à dire remontent vers le haut. Ce système n’y est autorisé, la flotte étant concentrée à Valdor, plus
fait que l’eau acide ne dégouline pas directement sur au Nord. Essentiellement occupé par des memiens (les
les passants mais est retenue un moment dans la gout- habitants de Memneth) de souche et des tavernes, c’est
tière naturelle que représente le bord du toît, avant de une zone de la ville particulièrement animée. L’une des

54
deux milices de la ville, qui sont financées par les guil- financée par la Compagnie. En effet, les elfes aiment à
des de marchands (mais dont les chef sont nommés par descendre dans le vieux quartier, toujours très animé.
le gouverneur), y a installé son quartier général et sa La Compagnie du Nord est dirigée par un consul, qui
prison. Il s’agit de la milice de basse-mer, reconnais- est à la fois payé par les marchands et par la couronne
sable à sa livrée rouge et or, chargée de peser et taxer pour s’occuper de la communauté immigrée et dialo-
les marchandises. Les miliciens sont tous psychomages guer en leur nom avec le gouverneur. Les elfes étaient
à des degrés divers. Les bagarres n’étant pas peu fré- autrefois près de 12 000 à vivre dans ce quartier : ils ne
quentes dans cette zone, leurs interventions sont nom- sont plus que 5 000. Leur nombre a explosé après le
breuses. Toute la côte sud est protégée par des rem- grand exode ayant suivi l’invasion par les elfes noirs, au
parts, destinée notamment à prévenir une attaque du début du VIIIème siècle, avant de s’effondrer après le
Bas-Ponant. grand Théolocauste.

Le Vieux-quartier est dominé par des bandes rivales et Bâti sur une colline, le quartier du Jour est relativement
la milice n’assure qu’un ordre très théorique. En effet, à sec. C’est là que se trouve la caserne des miliciens en
la perspective de vivre à Memneth étant moyennement charge de la circulation à marée haute, dite « milice
encourageante, les ducs recrutent dans la lie de la so- de haute-mer ». Ces derniers, en vert et or, circulent la
ciété, souvent des anciens marins. moitié de la journée en pirogue pour faire respecter
un semblant d’ordre dans les canaux embouteillés de
Le Centre est partiellement à sec. En effet, Memneth la ville marchande. Trois guildes humaines locales ont
est construite en dessous du niveau de la mer, sauf leur siège dans le quartier du jour, qui est très bien
pour le bourg ancien. A chaque marée, l’eau envahit protégé et très sûr. Les meilleures auberges (les plus
les canaux creusés à la place des rues et la circulation chères également) se trouvent aussi dans cette zone.
dans la cité n’est plus possible qu’en pirogue. En réa-
lité, toutes les maisons sont construites sur 2 niveaux Le Haut Quartier est séparé du quartier du centre par
: un rez-de-chaussée au fond du canal sommairement le canal solimane au moment où celui ce se divise. L’île
aménagé. Lorsque la mer envahit les canaux, les éta- au milieu du bras du fleuve abrite le palais du gouver-
ges du bas sont sous les eaux. Les marchandises sont neur, une bâtisse rococco rachetée à un marchand en
transportées en pirogue et stockées au premier étage, à faillite. Le Haut-Quartier est le plus huppé de la ville.
sec. A marée basse, c’est au tour des chevaux d’envahir La circulation commerciale y est interdite, obligeant
les rues. Les marchandises sont alors descendues au les marchands à contourner par le Nord ou par le Sud.
rez-de-chaussée et chargées sur les charrettes. Chaque La classe dirigeante de la cité y vit mais les bruits qui
période dure 6 heures. Evidemment, depuis le Grand courent sur elle ne sont guère encourageants. On dit
Théolocauste, chaque période de marée haute est une que les difformités causées par les maladies ont fini par
véritable plaie car la mer laisse derrière elle quantité de altérer la santé mentale de certains grands bourgeois
bactéries, monstres marins et cadavres. de la ville et que les pires débauches y règnent. Le tem-
ple manischismique de la Trinité bénéfique s’y trouve,
Au centre du quartier du centre se trouve ce que les et les trois patriarches du culte y résident.
memiens appelent « la baignoire ». Il s’agit d’une gigan-
tesque place profonde, envahie par les eaux en période Le Quartier du Nord est peuplé par les soldats de
haute, au centre de laquelle se trouve une statue de l’armée royale, compte tenu de sa position stratégique.
Ordrew Olakos, un ancien gouverneur de la cité. Les Près de 7 000 hommes sont placés sous l’autorité du
pirogues utilisent cette place pour tourner. On y trouve Duc-gouverneur de Memneth. Il a pu arriver par le
également l’hopital des Fontaines, tenu par des clercs passé que des heurts éclatent entre les miliciens payés
de Juras Mater, et le temple d’Happogaëddon déesse par les marchands et les soldats. Aussi, traditionnelle-
tutélaire de la cité (un état de fait qui déplaît souverai- ment la police dans ce quartier est de facto confiée aux
nement aux patriarches de la Trinité bénéfique). Pour militaires. Les assignements à Memneth sont limités à
sa fête (1er jour de Vertebarbe), les quartiers à sec du trois mois et sont généralement décidés en guise de
Centre sont inondés et des naumachies organisées. sanction disciplinaire. Les templiers du Ponant y ont
installé leur temple.
Le quartier de Pomarj est un quartier à dominante
émigrée. Il s’agit surtout d’elfes nordiques, qui ont ins- Le cul de sac porte ce nom en raison de son éloigne-
tallé d’ailleurs leur guilde (la Compagnie du Nord) dans ment géographique. C’était avant un village indépen-
ce quartier. Batailleurs, hostiles à toute présence étran- dant. Aujourd’hui on y trouve beaucoup d’échoppes
gère dans « leur » quartier malgré leur déclin évident artisanales, des tailleurs de gemmes, des forgerons, des
en termes de population, les marins elfes nordiques potiers. Beaucoup de gnomes (ressortissants de Balne)
donnent du fil à retordre à la milice, pourtant en partie y vivaient, la circulation moins dense permettant une

55
certaine tranquillité. Une épidémie de scléroselle en et aucune milice n’y met les pieds. Dans le dindaenel,
780 a quasiment décimé la communauté, qui ne s’en on trouve une maison qui aurait été la demeure du cé-
est jamais vraiment remise. lèbre Riquefond, inventeur de l’échelle du même nom
(qui permet de mesurer les effets de l’Aigue-sourgne).
L’Alkinaar est un quartier récent au Nord Ouest de la Le quartier Sud est progressivement réhabilité car
ville. Humains, mais également demi-elfes, elfes islan- c’est là que les pélerins en transit pour Requiem s’ar-
diens, djinns, thélébéens y vivent. Toutes ces commu- rêtent quelques jours en attendant un navire. Plusieurs
nautés tentent de coexister. Beaucoup travaillent pour auberges nouvelles, tenues par des demi-elfes, ont vu le
les compagnies memiennes, qui les payent à la journée. jour, et un temple unicosmique d’Elth a été fondé par
L’Alkinaar est également le quartier où la plupart des une petite mission permanente de requiemites qui or-
ambassades se sont construites, notamment l’ambas- ganisent le passage vers l’île sainte (une autre pomme
sade Daï. L’Alkinaar est devenu un lieu où se multi- de discorde avec les autorités religieuses du pays qui
plient les tavernes de jeux et où les bandes de malfrats sont en désaccord avec les enseignements de ce temple
n’hésitent pas à s’affronter en pleine rue. Un vrai coupe par rapport à la foi officielle, polythéiste manichéenne
gorge, qui a ses lois et ses propres codes. orthodoxe).

Montsanne porte le nom d’un ancien village humain En face de Memneth se trouve l’île de la faute et le
sis sur une colline. Autrefois, il s’agissait du quartier phare des faillis. Sur la pierre dure du phare sont en
sylphe, et surtout de la puissante Compagnie des épi- effet gravés les noms des faillis. Un marchand désho-
ces, la guilde unifiant les marchands sylphes. Depuis noré à Memneth ne peut donc pas revenir plusieurs an-
le grand Théolocauste, les échanges avec la cote Est de nées après sans changer de nom, car le phare conserve
Terra Mater sont devenus extrêmement rares et beau- la mémoire de ceux qui ont manqué d’honneur.
coup de sylphes ont donc déserté les lieux. Les rares qui
sont restés font des bénéfices appréciables moyennant A l’Est de Memneth se trouve l’ancien Palais Royal
des risques inouis puisqu’ils commercent essentielle- des Rois du Lisban et la Cour. Une route y mène sur
ment avec leurs homologues de Port-Noir et d’Osiren, plusieurs dizaines de kilomètres. En effet, Karl Ier avait
faisant venir des étoffes, de l’itaphir et de l’aturkil de estimé que Memneth pouvait se transformer aisément
l’orient et réexpédiant du bois, du sel ou des métaux en souricière. Ainsi s’était développée une seconde
inconnus dans l’Empire Sylphe. Très tranquille, Mont- ville de près de 30 000 habitants, essentiellement des
sanne entend le rester. Aussi, les sylphes ont-ils leur fonctionnaires et des courtisans. Les pluies acides,
propre police officieuse, qui intervient si la milice n’est les maladies et le climat éprouvant ont eu raison de
pas assez rapide. ce grand projet. Officiellement, la cour n’a pas déserté
Memneth, mais la moitié de l’année, au moment des
Le Quartier des runes, peuplé majoritairement de de- tempêtes, elle se replie derrière les montagnes, à l’abri.
mi-elfes, est le siège de la très vénérable Ecole d’En- Le palais royal est donc entretenu par une poignée de
seignement Magique. Par autorisation spéciale du serviteurs et n’est utilisé que pour des grandes récep-
gouverneur, tous les arts y sont enseignés, et donc la tions officielles.
sorcellerie et la kabbale également, du moins pour les
bases magiques. Un grand nombre de mages sont venus Population
s’installer à Memneth car leurs services sont très cou-
rus pour soigner ou protéger les classes les plus aisées La ville de Memneth compte 40 000 habitants, dont 7
de la cité des malheurs de l’Océan. L’Ecole a été fon- 000 soldats (humains). La communauté nordique ras-
dée en 450 mais est spécialisée surtout en magie de la semble 5 000 âmes, la communauté sylphique 1 000 et
création. Depuis peu, une cathédrale de Mulveya a été les elfes islandiens sont 1 500. Le reste est peuplé pour
ouverte dans ce quartier. La communauté de croyants les trois-quarts d’humains (24 000 environ, 31 000 avec
va en augmentant chaque année. La Guilde des Com- les soldats) et pour le reste d’autres minorités (djinns,
pagnons du Lisban y a enfin son siège. korrigans, lutins, gnomes, etc…)

Les quartiers ouest, sud, de dindaenel et de naecevie Depuis quelques dizaines d’années, la cité prospère
sont peuplés de façon mixte entre humains et elfes is- grâce aux flux de pélerins en partance pour Requiem.
landiens (faible minorité). Ces derniers possèdent quel- Aux alentours de l’an 800, le nombre de pélerins pré-
ques guildes d’importante, comme la Société des Mers sents dans la cité est de l’ordre de 15 000.
du Sud, qui néanmoins connaît régulièrement de gros
problèmes financiers. Là aussi, la misère est palpable :
les édifices ne sont pas entretenus, de larges parties de
ces quartiers ont été désertés, les trafics se multiplient

56
Taxes et lois spéciales

L’utilisation de la magie est autorisée à Memneth


mais il est interdit de toucher à l’or ou à l’eau : c’est le
décret des « deux o ». En effet, le gouverneur a estimé
que tout sortilège affectant l’eau de Memneth (crue,
acidification, gel etc…) pouvait durablement plomber
l’économie locale, a fortiori depuis que l’eau est de-
venue empoisonnée. A la demande des marchands, il
a été ajouté que tout mage pris en train de fabriquer
ou de trafiquer de l’or serait pendu.

Une taxe est appliquée à l’entrée de la ville pour les


marchandises mais pas les individus. De plus, l’utili-
sation de pirogues en ville est soumise à autorisation
du gouverneur

57
1.1.2. Le Royaume du Bas-Ponant bolds sauteurs, communiquent avec les terres des dra-
gons d’airain et ne sont guère sûres. De nombreuses
tribus nomades y vivent. Les Ponantais y montent des
expéditions pour recueillir de l’urganit.

Tout à l’Est se trouve l’ancienne marche d’Astence, ra-


vagée par la Seconde Guerre des Pénitents. Les ruines
de la cité d’O-Kan rappellent la chute d’Aquilon.. Une
gigantesque muraille – le Mur d’Haelion (en honneur
du fondateur du Bas-Ponant) a été établie tout au long
de la frontière avec ce que les ponantais appellent « les
terres libres » : d’anciennes terres aquilonniennes, pour
Carte d identité : certaines fertiles, abandonnées. Le pari fait par les po-
nantais est que les populations qui s’installeraient là
Capitale : Telkamet protègeraient ces terres et serviraient de « coussin de
Langue : Aquilonnien sécurité » en cas d’attaque. Il arrive que des créatures
Dimensions maximales : 5 000 km du Nord au Sud, 6 néantiques parviennent à s’infiltrer dans le Bas-Ponant,
000 km d’Est en Ouest et ce malgré la muraille, qui est gardé par l’Ordre des
Population : 35 millions d’habitants au total (Les bas- Templiers du Ponant.
ponantais). 70% d’humains, 10% de demi-elfes, 20%
d’étrangers (sylphes, elfes nordiques, elfes islandiens, Au Nord Ouest se trouve le grenier à céréales du royau-
gnomes, djinns) me, au temps froid et sec.
Armée : 75 000 hommes
Flotte : Environ 9 000 marins. Une centaine de navires La population du Bas-Ponant est concentrée sur la côte
de guerre (frégates et vaisseaux) divisée en 2 flottes (He- occidentale et les régions fertiles du Sud. 20 millions
rial, Port-Noir) de personnes y vivent. La partie Nord-Ouest est moins
Villes principales : Port-Noir (180 000 habitants), Telk- peuplée (8 millions d’habitants). La région d’Elcath et
amet, 100 000 habitants), Eiol (100 000 habitants), He- d’Astence est quasiment désertique (7 millions de per-
rial (30 0000 habitants), Salammo (25 000 habitants), sonnes, dont 130 000 dans les trois cités de la zone).
Elcath (20 000 habitants), Mô-Bas-Ponant (2 000 âmes),
Astence (15 000) Organisation politique, défense, justice,
Dynastie Régnante : da Telkamet. Haelion Ier (fonda- lois
teur) – (771-787). Titre : Roi.
Blason : Violet et or, avec les deux lions ailés de l’an- Les Rois de Telkamet ont gardé l’organisation de l’an-
tique Aquilon tenant une grappe de raisin (allusion à tique Aquilon, afin de mieux assurer la symbolique de
la vocation agricole et marchande). Les épées croisées la filiation, quand bien même le titre leur a échappé.
symbolisent la dévotion à Elth, protecteur du Royau- L’ancienne province d’Azurian est devenu domaine
me. Royal, protégé par l’armée du Roi. Elle est cependant
Religion : Polythéiste manichéen. Trinité Bénéfique (re- amputée à l’Est par la Principauté de Port-Noir qui oc-
ligion royale officielle), Happogaëddon. cupe les deux rives du fleuve Aquilon. A l’ouest, Herial
Calendrier : paléo-aquilonnien a également été tranformé en Duché. Enfin au sud, la
frontière avec les principautés archidémones a été dé-
Géographie, climat, démographie coupée en baronnies ou marches.

Le Royaume du Bas-Ponant bénéficie d’un climat beau- L’ancienne province d’Elarian a été découpée en une
coup plus sec que les deux autres royaumes du Ponant. principauté, autour de Eïol, et un Duché, à Elcath.
Sur la côte occidentale, le climat est chaud et sec en Astence est un Duché, sauf le long du mur d’Haelion
été, doux et humide en hiver. On y cultive l’olivier, la (baronnies). L’organisation est la même que pour Mô-
vigne, et certains produits exotiques comme les dattes. bas-Ponant et Salammo (Duchés et baronnies aux fron-
La partie orientale est désertique, le Golfe des Epices tières). Les principautés, baronnies et duchés peuvent
étant une mer assez calme, sans embruns ni vent du eux-mêmes être découpés en fiefs donnés aux cheva-
large, ni, donc, pluies. liers. Le titre de comte n’existe plus. Il n’y a pas de
lien de vassalité, hormis celui des chevaliers à leur su-
Au Nord, le royaume se fait plus montagneux et moins zerain.
favorable à l’agriculture. Les grandes étendues déserti-
ques au sud d’Elcath, peuplées de klaptors et de korri- L’armée du Bas-Ponant est constituée d’une armée

58
royale régulière et d’armées des vassaux du Roi. Les
grades militaires sont indépendants des charges de Le Roi a un statut de pair avec ses homologues no-
noblesse. Le Roi de Telkamet a une armée de 20 000 bles, qui sont notamment chargés d’élire les régents et
hommes et ses vassaux des forces combinées qui attei- de choisir un successeur en cas de décès. Les femmes
gnent 55 000 hommes. Toutefois, un vassal a l’interdic- peuvent accéder au trône. Lorsque le Roi meurt sans
tion d’entretenir plus d’hommes que la moitié de son laisser d’héritier, ou s’il est reconnu incapable d’assu-
suzerain, ce qui limite les princes, ducs et barons à 10 rer sa fonction, le Haut-Conseil du Roi en élit un autre
000 soldats. Les tribus nomades – les voltigeurs – de parmi les nobles.
l’Est donnent beaucoup de fil à retordre à l’autorité du
Roi car elles refusent d’acquitter l’impôt. Au sein de ce Haut-Conseil, les Princes ont chacun 10
voix, les Ducs 5, et les barons 2 voix. Les Grands Prê-
La Justice est rendue par des cours autonomes. Les ju- tres de la trinité royale (Elth, Juras Mater, Fortunaë) ont
ges sont élus localement, généralement avec l’accord chacun 7 voix. Un habitant de Mô est choisi au hasard
du suzerain qui peut exercer un droit de véto sur n’im- par tirage au sort pour représenter le peuple. Il a une
porte quelle décision de justice. Dans ce cas, le seul voix.
recours est le Roi, qui examine discrétionnairement les
requêtes. La loi est écrite par les maîtres des fiefs, seul
un oukaze du Roi pouvant briser ces lois.

59
de fer que le royaume exploite dans les montagnes de
Cultes et religion l’Est.

La religion d’Etat est la trinité bénéfique (poly- Port-Noir est le siège d’une intense vie culturelle, au
théisme manichéen) et certains cultes sont inter- confluent du Ponant et de l’Orient. La monnaie utilisée
dits (Malevolyss, Theochrone). Le culte d’Hap- est l’écu ponantais, dont la valeur est identique à l’an-
poggaëddon est cependant autorisé et reste très cien écu aquilonnien. Toutefois, la devise n’est accep-
populaire, notamment dans les cités côtières. tée qu’en Bas-Ponant.

Les clergés ont leurs propres tribunaux et ne ren- Au Nord, l’économie est beaucoup plus rurale, voire
dent compte à personne de leur organisation. Ils quasi-absente dans le Grand Désert des dragons ou
sont un Etat dans l’Etat. Les trois grands prêtres parti- Astence. Les créatures en maraude sont nombreuses
cipent même au Conseil du Roi que ce dernier réunit et les voyages peu sûrs lorsqu’on s’approche trop des
autour de lui pour mener le royaume. Ils ont égale- frontières.
ment un droit de vote en cas d’élection d’un souverain.

La Culture Bas-Ponantaise
Quelques grands noms du Royaume
L’étendue des terres du Bas-Ponant empêche de confé-
Prince da Baltzar da Tanquolléon (Eîol) rer un caractère unitaire à la culture de ce pays, et l’in-
Prince Bacharon da Bossoldi (Port-Noir) formation ne transite que grâce aux aurochs qui sont
Prince dalla Poëza d’Harambora massivement utilisés par la poste royale et les émissai-
Duc da Chabannas La Palica (Mô-Bas-Ponant) res des nobles. Les bas-ponantais sont plus hâlés et
Duc da Chabot (Astence) plus petits que leurs cousins du Nord et arborent des
Duc da Chabo da Tramacort (Herial) tenues recherchées, et colorées, qui souvent donne un
Duc Davol da Chambordon (Elcath) indice sur leur provenance. Le port de la barbe, de la
Duc da Dianoos da La Parrotina (Salammô) queue de cheval ou de la moustache contraste avec les
Baron Dibard da la Villatana lisbanais qui se rasent volontiers et gardent des cheveux
Baron Gaotiar da Charnicacé très courts. Les bas-ponantais affectionnent également
Baron da Gaotiar da Savignal l’élevage de chevaux : l’équitation est une seconde na-
Baron dalla Plancha da Rullé ture pour la classe noble et marchande.
Baron dalla Pomélia
Baron da Martin do Tyrac da Marcallos L’idéal Bas-Ponantais, vanté dans la littérature et la
Baron Martinat peinture, est le héros bien mis et surtout bien instruit.
Baron da Martrin Donos Les classes aisées marchandes et nobles se piquent de
Baron da Vion da Gaillon faire donner une éducation complète à leur progénitu-
Baron da Viriao re : maniement de diverses armes, sculpture, peinture,
Baron Vitton da Payrois danse, etc.

L’un des sports les plus typiques du Bas-Ponant est la


Commerce, Economie, monnaie corrida. Elle voit s’affronter un toreador épéiste, accom-
pagné d’une équipe de picadores munis de lances. De
Le Bas-Ponant a basé sa prospérité sur les deux rou- l’autre coté, on met généralement un monstre (souvent
tes commerciales qui le parcourent. En effet, un grand un lion cornu, courant dans les steppes du Bas-Ponant)
nombre de marchandises de Faram arrive via le Port de dont on a préalablement crevé les yeux. L’objectif pour
Port-Noir et ensuite remontent vers Elcath ou Mem- le toreador et ses équipes est de tuer la bête tout en
neth. Certains marchands nordiques préfèrent accos- esquivant ses coups mortels.
ter en Herial et traverser le Bas-ponant plutôt que de se
risquer autour des principautés archidémoniques où Au niveau culinaire, les Bas-Ponantais accommodent la
les attaques sont nombreuses, puis près de la Cyprie, viande de taureau à toutes les sauces. Le plat national
terre de pirates. Herial est également le port attitré de est le massirlouin, des abats de jeune taureau cuit avec
ceux qui veulent se rendre à Vertigone. des dattes et des oranges. Le massirlouin est souvent
accompagné du vin épicé de Sambrie, une région du
Le Bas-Ponant exporte des dattes, du vin, des olives, Bas-Ponant au Sud de Salammô.
des oranges. Telkamet est également connue pour ses
armureries et la finesse de ses lames, grâce aux mines Au Nord, la culture se fait plus frustre. Le niveau de

60
vie se dégrade et on y trouve des tribus itinéran-
tes généralement xénophobes et agressives. Ces
tribus n’hésitent pas à traverser les frontières pour
commercer directement avec Faram ou le Centre-
terre. Le Roi incite à la recolonisation des terres dé-
vastées, protégées derrière le mur d’Haelion mais
néanmoins très dangereuses.

Les esprits les plus pionniers y trouvent un eldorado


: loin de Telkamet, l’autorité du Roi est toute théo-
rique et il est courant que des mini-guerres civiles
éclatent pour la conquête de tel ou tel domaine.

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Annexe : Port-Noir trouve à Port-Noir, qui y a vu la naissance de l’ordre,
du temps de l’ancien Empire des Tsars d’Aquilon. Les
Organisation administrative arcaniens sont mis à la disposition du Prince, et ce au
nom du Roi. Ils assurent sa protection, ainsi que celle
de l’administration, tout en prêtant main-forte en cas
de rebellion dans tel ou tel faubourg.
Comme Memneth, Port-Noir est une cité dominée par
les marchands qui gèrent la cité dans ses aspects autres
que d’ordre public. Le conseil des quartiers regroupe
les représentants de chaque quartier, issus de race dif-
férente compte tenu de la nature hétéroclite de la po-
pulation. Chaque quartier élit son représentant mais
bien souvent, il s’agit d’un candidat sélectionné par
les guildes les plus puissantes. Le Conseil comprend
9 membres : le Patriarche des sylphes, le consul nor-
Port-Noir est la plus importante cité commerciale du dique, le dirigeant de la Société des Mers du Sud, le
Bas-Ponant et même de toute la région. Par le passé, prince, trois représentants pour les quartiers humains
elle bénéficiait d’un statut de ville franche ce qui l’exo- de l’Ouest, un représentant de la communauté djinne,
nèrait de l’autorité des princes de Telkamet. Depuis la un représentant du temple unicosmique d’Happo-
Seconde Guerre des Pénitents, Port-Noir est une Prin- gaëddon pour le quartier du Temple, un représentant
cipauté, dirigée par la lignée des Princes Bacharon da des guildes des muses. Port-Noir bénéficie d’une lé-
Bossoldi. gislation très libérale. Ses faubourgs sont peuplés de
corsaires tolérés par le prince (une opération militaire
Port-Noir possède une milice princière chargée de la serait extrêmement coûteuse voire inutile) et des cultes
police mais est également défendue par les troupes interdits ailleurs sont autorisés, comme le culte de Ma-
royales (5 000 hommes) en raison de son caractère stra- levolyss. En effet, il aurait été dur de revenir sur une
tégique. De plus, le chapître général des arcaniens se tradition multi-séculaire de pluralisme religieux et de
diversité culturelle.

62
Détail des quartiers landienne a quant à elle grossi démesurément après
l’invasion thélébéenne et se chiffre désormais à 38 000
Le Port est le cœur de la cité. Il se divise en un port âmes. Au milieu du quartier se trouve une construc-
marchand, capable d’accueillir 300 navires (des ca- tion monumentale, l’ancien temple de Gorgon, devenu
ravelles pour la plupart), et un port militaire plus au temple unicosmique des Enfers de la Déesse Fortunaë
Nord, où se trouve la flotte dite orientale (près de 50 et du Dieu Malevolyss. Toutes les divinités infernales y
navires et quelques milliers de marins, sous l’autorité sont en effet adorées. Les prêtresses de Malevolyss évi-
de l’amiral d’orient). Des arsenaux royaux fabriquent tent les incidents avec les autorités de la ville (assez peu
chaque année des vaisseaux de guerre et des frégates favorables au culte comme on l’imagine) mais de fait, le
de combat. temple ne désemplit pas : de nombreux aquilonniens
qui pendant l’année doivent dissimuler leurs convic-
S’agissant du commerce, les marchandises sont immé- tions viennent en effet en pèlerinage à Port-Noir.
diatement inspectées à la Porte du Levant, un marché Le siège de la principale guilde islandienne – la société
à ciel ouvert où se rencontrent acheteurs et vendeurs. des mers du Sud – se trouve dans ce quartier, de même
Les taxes sont appliquées au sein de cette enceinte qu’une petite commanderie de Templiers du Ponant.
(l’entrée de marchandises est libre de taxe, mais pas
la vente en son sein). La Porte du Levant est le cœur Le Quartier du Temple, qui jouxte le quartier du sa-
économique de Port-Noir. Véritable bazar à ciel ouvert, bre est quant à lui occupé par le temple unicosmique
sans cesse encombré d’étoffes et de jarres d’épices, il d’Happogaëddon, divinité tutélaire des elfes nordiques.
ne s’arrête véritablement que quelques heures la nuit, Le temple d’Happoggaëddon a entièrement été financé
jusqu’à l’aube. On y trouve également un très célèbre par la communauté émigrée, du temps où il servait de
marché aux aurochs. Sa protection est assurée par la lieu de culte pour le défunt Dieu Oyin. Les frictions en-
garde. Une artère très commerciale mène de la Porte tre les deux cultes maléfiques sont curieusement assez
au château du prince, en faisant un coude à la Com- nombreuses et la milice a pour habitude de patrouiller
manderie : la rue noire. Très animée, la rue noire re- en face des édifices religieux, au cas où. Le quartier
groupe bon nombre d’échoppes, de tavernes et surtout du Temple abrite également la Grande Bibliothèque
de boutiques d’usuriers. Une guilde des compagnons adossée aux bâtiments de l’Université. Cette dernière
du Bas-Ponant y a son siège. La rue noire sépare éga- compte 5 départements : magie, géographie, alchimie,
lement les quartiers. Les pugilats entre marins y sont médecine et théologie. Le dernier édifice d’importance
nombreux. est le château du cap, hérissé de canons, qui est chargé
de protéger la côte. L’armée royale occupe ce château
Le quartier du sabre jouxte la Porte du Levant, au Sud. (environ 5 000 hommes), qui fait également office de
Ce quartier, entouré de vieilles murailles de brique, est prison.
réservé aux elfes nordiques. La Compagnie du Nord y
a son siège, de même que le consul, représentant du Le Quartier des muses est le quartier architecturale-
roi des elfes nordiques. A Port-Noir, les fonctions de ment le plus beau de la ville. Des petits maisons co-
consul et de chef de guilde sont cependant séparées quettes colorées se pressent autour de places ornées
tant les tâches sont lourdes. La concession a été ouver- de fontaines. La Guilde des marchands de Port Noir y
te il y a trois siècles seulement mais déjà près de 34 000 a son siège mais ce sont surtout les puissantes corpora-
elfes nordiques vivent Port-Noir. Ils entretiennent leur tions d’artisans qui « tiennent » ce quartier : joailliers,
propre milice, ce qui techniquement est illégal mais armuriers, bijoutiers, poudriers, tisserands. C’est là
qui dans la pratique est accepté par la garde officielle. également qu’on peut trouver les meilleurs forgerons
Celle-ci évite d’ailleurs de trop patrouiller dans cette du royaume, presqu’aussi cotés que ceux de la capitale,
aire là. Les elfes nordiques sont des guerriers accom- capables de créer des lames très belles et très résistan-
plis tandis que les miliciens sont trop souvent des hu- tes.
mains en fin de carrière. Une importante communauté djinne (1 000 âmes) s’y
est installée. On peut y acheter des gerboises du dé-
Au Nord de la porte du Levant, et de manière totale- sert.
ment symétrique, se trouve le quartier islandien, répu- On y trouve un temple manischismique de Juras Mater
té pour ses parfumeries et ses tailleurs. C’est là que l’on et un autre de Fortunaë, dont les ancillae professent
trouve certains des plus fameux tailleurs de pourpoints un enseignement radicalement différent du temple
du Haut-Royaume ou Arus l’elfe, le grand parfumeur. unicosmique des Enfers.
L’académie des arts de Port-Noir y est installée égale-
ment avec ses trois artisans les plus renommés : Nora Le Quartier des Senteurs abrite la plus vieille com-
Colombe, Takezo Niushi (un daï) et Kadioëlle Nemi- munauté sylphe du Ponant, installée depuis près de 4
lomé. Les délais d’attente pour obtenir un pourpoint siècles ici. Les sylphes – essentiellement disciples du
peuvent être de plusieurs mois. La communauté is- Yon - seraient les descendants de nobles exilés lors de

63
la montée en puissance du shogun Sarayo Tsirikuu, au Le jour de la lune de topaze (1er jour de Longsol) est
temps de l’Empereur Koyouki Kasumo, 6ème Empe- l’occasion pour le temple des Enfers de célébrer tou-
reur. Le quartier des senteurs est dirigé par le Patriar- tes les divinités infernales. Cette fête ne donne lieu à
che, c’est à dire le doyen de la communauté, en parte- aucune manifestation extérieure.
nariat avec les marchands de la Compagnie des épices.
Les sylphes ont les moyens de faire respecter leur tran- La fête d’Happoggaëddon (premier jour du mois de
quillité, au besoin en recourant à des assassins. Vertebarbe) est quant à elle célébrée avec autant de
faste par les elfes nordiques. Ce jour là, les cornes de
Tout autour du minuscule château du prince, siège brume emplissent les rues de la cité et des taureaux
de la garde princière (environ 2 500 hommes), et de la blancs auxquels on a crevé les tympans (une tradition
commanderie des arcaniens, le long du canal qui sépa- qui remonte au culte d’Oyin, qui était sourd) sont lâ-
re la ville de Montmusard, se trouvent les quartiers ma- chés dans le quartier du sabre et dans celui du temple
joritairement occupés par les bas-ponantais. Un temple et les elfes tentent de les capturer. Le sport est particu-
manischismique d’Elth, siège du Patriarche, et un tem- lièrement sanglant et dangereux. La fête coïncide avec
ple unicosmique de Bazur sont construits à proximité. celle des sylphes, d’où des tensions en ville.
La coexistence entre les deux religions, manichéenne Les marins aquilonniens ont également leurs propres
et symbiotique, née de l’histoire particulière de la cité, fêtes, même si aucun ne raterait la fête d’Hapoggaëd-
est assez difficile. Officiellement, le temple de Bazur est don, déesse de la mer. Chaque nouveau bateau construit
uniquement dédié au Dieu du Vent et n’abrite pas de par les arsenaux royaux est ainsi dignement fêté.
kulistes.
Population
Hors les murailles, se trouve le quartier de Montmu-
sard, qui échappe à l’autorité du prince. Bâti sur une Port-Noir compte 180 000 habitants dont 12 500 soldats
colline, Montmusard est dirigé par un vice-roi, élu (2 500 gardes princiers, 5 000 hommes de troupe,5 000
par les fripouilles, les mendiants et les corsaires qui marins). La population est composée pour 2/3 d’étran-
grouillent dans ces faubourgs. Toutes les races et tous gers avec les 3 plus grandes communautés, islandienne
les cultes y sont autorisés. On y trouve bon nombre (38 000), nordique (34 000) et sylphe (31 000), et pour le
de demi-elfes, qui généralement ont du mal à se faire reste des ponantais (environ 70 000)
accepter par l’une ou l’autre des communautés. Les
corsaires aiment parfois même s’attaquer à quelques
navires de Port-Noir, mais sans jamais lancer de raid
massif : il est arrivé que des amiraux excédés assiègent
Montmusard par le passé et affament jusqu’à la mort
une grande partie de sa population. Les vrais ennemis
des corsaires de Montmusard (et la raison pour laquel-
le on tolère leur présence ici) sont les pirates de Cypre
qui contrôlent le golfe des Epices à bord de leurs re-
doutables heliogalions (navires volants).

Fêtes locales

Chaque année, les sylphes célèbrent la fête du Départ,


qui commémore leur arrivée à Port Noir (jour du sols-
tice, premier jour du mois de Vertebarbe). Ce jour là,
le quartier des senteurs se couvre de guirlandes et des
processions dans la ville sont organisées, bloquant la
rue noire. C’est également le seul jour férié que les syl-
phes s’accordent.

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Annexe : La marche d’Astence commandant qui dirige à la fois le corps d’acier et le
bataillon de fer. La main invisible est dirigée directe-
Organisation administrative et nobiliaire ment par le Duc.

La marche d’Astence est la marche la plus exposée du En plus de ces milices, il faut rajouter le fief des tem-
Royaume du Bas-Ponant. En effet, de l’autre coté de la pliers, près de 3 000 chevaliers dans cette marche. Ces
frontière s’étendent les terres libres et plus loin, l’ho- derniers sont chargés de la défense du Mur de Haelion,
rizon est barré par les hautes montagnes qui marquent une construction de 3 000 km de long, haute de 7 mè-
le territoire du Néant. tres dans ses endroits les plus hauts, partiellement de
bois, partiellement de pierre. Les chevaliers ne sont pas
En cas d’invasion, Astence a toujours été en première assez nombreux pour tout surveiller (la défense du mur
ligne et lors de la seconde guerre des pénitents elle occupe déjà 20% des effectifs de l’ordre) et sont regrou-
en a payé le prix : sa capitale a été ravagée et O-Kan pés dans des forts qui surplombent le mur.
est désormais une cité morte, perdue dans le désert.
Une gigantesque muraille – le mur d’Haelion – a été Enfin il faut rajouter à ce dispositif les troupes des ba-
bâtie au milieu de l’ancienne marche, laissant plusieurs ronnies qui occupent l’immédiat hinterland du mur
centaines de kilomètres libres entre le Néant et le Bas- d’Haelion et qui sont le plus confrontées aux infiltra-
Ponant. Des fermiers, des nomades, des pionniers, des tions, qu’il s’agisse de bandes échappées des terres li-
repris de justice ont tour à tour été convaincus, encou- bres ou bien de créatures néantiques. Les troupes des
ragés, forcés à aller s’installer là. Les terres libres sont baronnies (il y en a une vingtaine) toutes réunies repré-
devenues un dangereux no man’s land, une jungle féo- sentent près de 15 000 hommes.
dale, qui permet aux bas-ponantais de se protéger de
l’incursion des créatures néantiques. Impôts et taxes

En Astence, qui compte environ 3 millions d’habitants Le Duc da Chabot perçoit un impôt de résidence de 10
dont 15 000 à sa capitale (Astence), les Ducs da Cha- écus or/personne/an. Néanmoins, les guerriers ne doi-
bot font régner la loi martiale. L’ordre est assuré par vent s’acquitter que de 50% de cette somme. Les mages
trois corps de miliciens redoutables : le « corps d’acier » en revanche payent 25 écus or.
(environ 5 00 hommes) habille ses soldats de vert som- Les droits de péage aux frontières des terres du Duc
bre. Le visage des hommes est toujours caché par un sont de 2 écus argent/jambe. Les baronnies elles-mê-
heaume afin d’éviter d’éventuelles représailles contre mes ont leurs propres taxes.
leurs familles. Ces miliciens s’occupent en effet de la
sécurité intérieure sur les terres du Duc. Ils ont droit Lois d’Astence
de vie et mort sur tous les habitants et peuvent décider
seuls de l’exécution. Les magiciens, les joueurs, les voleurs ne sont pas très
appréciés car on juge leurs occupations futiles. Les en-
Le second corps est prénommé « Bataillon de Fer » (400 fants dès l’âge de 9 ans apprennent le maniement des
hommes). Les miliciens sont chargés des douanes, im- armes. Ils sont mobilisables à 13. Chacun en Astence
pôts et de la sécurité extérieure. Habillés de rouge, ils porte une arme, voire deux, et la principale punition
repèrent les espions, les traquent et les exécutent. Ils qui puisse être infligée est le retrait de l’arme. En effet,
s’occupent également de traquer les créatures néanti- les non-combattants sont dédaignés, questionnés, em-
ques en maraude. bêtés, l’arme faisant foi.

Le dernier corps est surnommé « la Main invisible ». Astence est également réputée pour la dureté de ses
C’est un corps secret qui est chargé d’espionner la po- lois. Un assassin sera mis à mort, mais toute sa famille
pulation. Ses membres sont fondus dans la population voire ses amis également. Les voleurs ont les mains cou-
et sont les « oreilles » du Duc. pées s’il s’agit d’un petit délit et sont pendus si cela est
plus grave. La magie est tolérée mais les mages ne sont
Le Duc da Chabot pour sa part habite la forteresse du pas les bienvenus. Les races petites (gnomes, korrigans,
Nid de Fer, bâtie à 5000m d’altitude sur les pentes du lutins, sylphes) sont également réputées « inférieures »
mont de l’extrême (lui-même culminant à près de 10 pour les lois d’Astence et leurs droits ne sont pas iden-
000 mètres, ce qui fait de lui le pic le plus haut du Po- tiques. 90% de la population est composée d’humains.
nant). Le Duc ne communique avec ses relais que par Les combats de rue sont autorisés mais la mise à mort
pigeons voyageurs. La forteresse est protégée par 1 50 ne peut se faire qu’avec l’assentiment d’un membre de
hommes du corps d’acier tandis que la ville d’Astence la milice, en charge d’arbîtrer le duel. Dans l’esprit des
proprement dite, en contrebas est administrée par un Astençais, il s’agit d’endurcir la population.

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L’espionnage (hors Main Invisible , évidemment) est Dans les baronnies, les lois diffèrent et peuvent être
puni de mort, de même que la traîtrise : les victimes plus ou moins lâches.
sont ébouillantées, castrées puis démembrées. L’alcoo-
lisme, le démon du jeu ou tout handicap physique est Le Nid de Fer
un motif d’exil.
Il est interdit d’approcher du Nid à moins de 30 kilomè-
Dans les campagnes, la loi se fait plus lâche. Les habi- tres. Ceci correspond en réalité à la forêt qui entoure
tations sont moins nombreuses et les « inférieurs » sont le Mont de l’extrême. La citadelle qui y a été construite
plus courants qu’en ville. Des barrages sur les routes est réputée imprenable, et a pu résister à plusieurs di-
sont chargés de filtrer les voyageurs : tout négociant zaines d’années de siège pendant la seconde guerre des
doit avoir une autorisation de commercer pour circuler pénitents. En effet, aucune route n’y mène : seule la
à l’intérieur de la marche. voie des airs permet d’y accéder. Les Ducs dea Chabot
sont des fins militaires et leur château est une merveille
La nuit, un couvre-feu est instauré à 10.30. Il est extrê- d’ingéniosité tactique dans sa disposition.
mement bien appliqué dans les villes : toute personne
dans les rues après cette heure reçoit de 15 à 100 coups Chaque année, un recrutement a lieu pour la fête de
de bâton. Kherk. Les jeunes de 13 ans qui sont sélectionnés sont
formés dans le nid pour devenir miliciens. C’est un
Chaque semaine ont lieu les exécutions capitales à As- honneur dans cette marche que d’être choisi pour in-
tence, la capitale. Tous les hommes de la cité de plus de tégrer la garde du Nid de Fer, un honneur équivalent
15 ans sont censés s’y rendre, au risque de recevoir des à celui d’être adoubé chevalier ailleurs. La forêt entou-
coups de bâton. rant le Mont de l’Extrême sert de camp d’entraînement
et est truffée de pièges.

Géographie d’Astence

La forêt ducale est épargnée par le côté militaire de la


Marche. Beaucoup de brigands y vivent ou plutôt s’y
terrent car ils sortent rarement de leur cachette de peur
d’être arrêté. La voie qui traverse la forêt est remarqua-
blement sûre car les patrouilles sont nombreuses.

Les collines à l’ouest ont mauvaise réputation et les


humains y vont peu. On parle en effet beaucoup de
sorcellerie et de dragons. Certains disent avoir vu dans
le lac de curieuses créatures. D’autres affirment qu’un
royaume féérique est établi là-bas. Certains courageux
y exploitent cependant des mines de fer, qui permet-
tent ensuite d’approvisionner les armureries de Telka-
met ou de Port-Noir.

Les villages d’Astence regroupent généralement en-


tre 200 et 6 000 habitants. Il existe des gros bourgs qui
tournent autour de 10 000 habitants, notamment dans
les chefs-lieues de baronnies. Ainsi, le seul bourg des
routes, petit village accroché aux montagnes, dépasse
Mô-Bas-Ponant en population !

Le bourg de Giverne, proche du mur d’Haelion, est ren-


tré dans la légende en ayant été le théâtre d’exactions
commises par des lycodrons, depuis appelés «lycodrons
de Giverne». En effet, certaines parties d’Astence sont
encore parcourues par des créatures néantiques.

66
Us et coutumes

La Marche ne tolère pas des activités qui pourraient


être nuisibles à sa fonction de bouclier du royaume.
Mais les fêtes ne sont pas absentes de cette « terre d’acier
». Lors du mois de Lunerousse, consacré à Kherk, des
arènes de bois sont dressées dans toute la Marche et
des combats ont lieu toute la journée, en hommage
à Kherk. Ce jour-là, les mises à mort sont autorisées
sans arbîtrage par un milicien. Les habitants règlent
leurs comptes, et la fête sert de soupape de sécurité.
Les miliciens du corps d’acier n’échappent d’ailleurs
pas aux duels ce jour là (les autres miliciens ne peu-
vent en revanche être défiés).

Le jour de la lune de Grenat, c’est la fête ducale : les


péages sont gratuits et les condamnés à mort graciés.
L’armée et la milice défilent à Astence. Le Duc paraît
à cette occasion et un grand banquet est générale-
ment organisé Le Duc invite généralement tous les
barons de la marche .

67
Fragments de Weröl
un long jugement
Je m’en souviens comme si c’était hier : nous étions le troisième jour de la seconde nonade des Tempestueux, en
cet an de grâce 787 après Mac Ier. Notre Roi, Haelion Ier le Fondateur, se mourrait et la cité de Telkamet se pré-
parait avec résignation à l’inévitable. On murmurait dans les hôtels particuliers de la capitale qu’une lutte sourde
opposait son fils, Jandirez, à son oncle, le puissant Prince Ferdripaz.

Depuis cinq années, j’étais employé par mon ordre au service du Chevalier Bosco da Medusal, en tant que Com-
pagnon. Je dois dire que vivre auprès d’un tel personnage, aussi loin de la capitale, me pesait. Moi qui m’était
engagé dans l’ordre des Compagnons du Bas-Ponant pour voyager dans le vaste monde et pour approcher la
noblesse, je passais mon temps à servir de palefrenier ou, pire, de valet.

Bosco était un ivrogne pervers qui avait engagé un Compagnon pour en faire son souffre-douleur, et non pas
pour une quelconque mission d’envergure. Les disputes avec mon puissant donneur d’ordres se multipliaient,
d’autant qu’il s’était mis en tête de me faire rompre mon voeu de célibat en m’envoyant chaque soir une servante
apeurée dans mes appartements.

Aussi, lorsque mon Maître Compagnon Andrar m’avertit par lettre qu’il était mis fin à mon contrat, je poussai
un soupir de soulagement. Sans doute, l’Ordre avait il voulu tester la sincérité de mes engagements en m’exilant
à dix journées de cheval de la capitale, dans un fief qui se limitait en tout et pour tout à un hameau, un manoir
squelettique et un grand bois propice à la venaison.

J’étais content de renouer avec celui qui m’avait formé pendant deux ans aux valeurs de l’ordre, et qui m’avait
remis de ses mains le collier distinctif de notre charge : Andrar Cuellon, l’un des maîtres Compagnons les plus
respectés du Bas-Ponant.

Je rentrai donc à Telkamet. Quelle ne fut pas ma joie en revoyant la cité rose : ses toîts colorés, ses façades en gra-
nit rose et en marbre blanc, et ses rues ornées de palmiers m’avaient manqué plus que je ne voulais l’imaginer. La
capitale bourdonnait comme une ruche, encombrée de cavaliers élégants habillés à la dernière mode dans leurs
capes légères bordées d’hermine, de serviteurs affairés et de marchands occupés à décharger leurs cargaisons.
Ici ou là, on apercevait quelques estrangers qui faisaient tâche dans cet écrin coloré : ici un chevalier lisbanais,
en armure sombre, calot sur la tête, sur un cheval à la crinière ornée de pompons ; là une caravane de djinns en
djellabah marron, juchés sur leurs dorgans, traversant la cité en direction du Sud.

Le siège des compagnons se trouvait non loin du palais royal. C’était un bel édifice de granit rose, qui avait
autrefois appartenu à un favori des Princes de Telkmet, du temps du grand-père d’Haelion. Son porche était en
pierre blanche, sculpté par un disciple du célèbre Alessandrion da Copolla, et représentait un femme tenant une
balance dans sa main droite. Il permettait d’entrer dans un patio ombragé, orné d’une fontaine, que les Compa-
gnons utilisaient comme cour d’honneur.

Sitôt descendu de mon alezan, je fus averti par un Compagnon envoyé à ma rencontre par Andrar que mon cas
allait être entendu dans la nonade qui s’ensuivrait, devant mes pairs réunis à cet effet : le chevalier Bosco s’était
en effet plaint de mon service, et avait écrit - dans mon dos - cela s’entend une longue lettre de doléances qui
avait justifié mon rappel.

Le troisième jour de la seconde nonade des Tempestueux, donc, se déroula mon audition devant l’assemblée des
pairs. La quasi-totalité des maîtres étaient là, vieillards chenus, si dignes dans leur habit cérémoniel de pourpre
et d’or, leur collier de compagnon discrètement ajusté autour de leurs fraises. Quelques jeunes Compagnons
avaient fait également le déplacement, comme ils en avaient d’ailleurs le droit : ce n’était pas tous les jours qu’un
Compagnon était jugé par les siens sur la base de l’accusation d’un noble.

Andrar, qui était mon maître dans l’ordre, ouvrit la séance et fit lecture de la longue lettre du chevalier Bosco,
en présence de celui-ci. Avachi sur un trône de bois que les Compagnons avaient spécialement disposé à son
attention, Bosco me regardait d’un air goguenard, persuadé que la procédure se terminerait par mon exclusion de
l’ordre. Après tout, c’était sa parole contre la mienne, et Bosco n’avait pas l’habitude qu’on le contredise : avant
d’intégrer l’ordre, j’étais le fils d’un bibliothécaire de sa majesté, c’est à dire un simple roturier. Bosco régnait sur
ses terres en tyran et ses oukases lui permettaient de légitimer ce qui n’était autre que du vol ou du rapt.

Lorsque l’on me donna la parole, j’exprimai pour ma part sans détours ni artifices les conditions de vie auxquel-
les chevalier Bosco m’avait contraint, pointant notamment les violations du code d’honneur que mon précédent
employeur m’avait encouragé à perpétrer. Bosco se contenta de chiquer, confortablement assis sur son siège, cra-
chant de temps à autre dans une bassine amenée spécialement à cet effet. La mode du tabac à chiquer n’en était
qu’à ses débuts, en ce temps-là, et consommer en public ce produit rare, importé de Theleb, était perçu comme

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un quasi-privilège pour la classe noble du royaume qui raffolait de ces produits exotiques et coûteux.

Une fois ma défense achevée, les maîtres Compagnons se levèrent alors un à un et interrogèrent le chevalier
Bosco sur les violations alléguées. Il s’agissait tantôt de faire préciser sur quel ton et quelles expressions j’avais
utilisé pour m’opposer à lui ; tantôt pour demander au chevalier des compléments sur les circonstances dans
lesquels les actes offensants avaient été accomplis. Lorsque Bosco n’était pas assez précis, les maîtres insis-
taient, voire utilisaient certaines réponses précédentes pour pointer des contradictions.

Cela dura des heures. Il se défendit d’abord avec détachement, puis bascula dans l’agacement, et enfin dans
la hargne, offusqué qu’on puisse se permettre de questionner un chevalier, et mettre ainsi en doute sa bonne
foi.

Chaque fois que le chevalier Bosco manifestait (en crescendo) sa mauvaise humeur, Andrar reprenait la parole,
et murmurait avec une voix douce : «Vous comprenez messire que toutes ces questions visent bien évidemment
à étayer les très lourdes accusations que vous portez contre l’un des nôtres. Nous comprenons votre impa-
tience, mais vous conviendrez avec moi que la situation est suffisamment grave pour que nous y consacrions
du temps.».

Finalement, au bout du troisième jour d’audience, le chevalier Bosco da Medusal n’en put plus. Il pénétra avec
deux de ses hommes au siège de la Guilde et, bousculant les maîtres, tonna en pleine salle capitulaire : «Vos
procédures sont trop longues et vos arguties inutiles : cet homme a bafoué mon nom sur mes terres, et je vais
donc le juger suivant ma justice !». Aucun Compagnon ne fit un geste pour l’empêcher de se saisir de moi, et je
fus traîné par ses deux gardes jusqu’à la porte des Chevaux de Telkamet, où l’attendaient deux de ses proches
serviteurs, Escobal dit «la loutre», un demi-elfe muet, et Zanchez, un hoppin qui tenait plus du tueur à gages
que du valet.

Le retour au fief fut un supplice : tous les soirs, le chevalier Bosco m’attachait à un arbre, pour m’empêcher de
m’enfuir, et me promettait une justice implacable, décrivant par le menu les chatiments qui allaient s’abattre
sur moi. Souvent, il éructait autour de moi, bouteille de Sambrie à la main, avec pour seul public Escobal et
Zanchez qui s’échauffaient l’un l’autre à imaginer un châtiment toujours plus sadique pour votre serviteur.
Seule la présence des deux hommes de la milice du fief empêchait le chevalier de me torturer et de me tuer.

Bosco était complètement fou et j’étais devenu le point focal de sa déraison : ma mort serait pour lui un souve-
nir agréable qui l’accompagnerait lors des longues soirées du Quart Temps de l’Arbre d’Acier. Il voulait cepen-
dant que cela passe pour une punition légitime.

J’en venais à prier la toute-puissante Trinité de m’envoyer une troupe de Voltigeurs en maraude pour hâter mon
trépas. Hélas, le voyage se déroula sans anicroche, si l’on excepte un lion cornu que l’escorte du chevalier n’eut
aucun mal à faire déguerpir à coups de carreaux d’arbalètes.

Arrivé à son fief, le chevalier Bosco eut cependant une mauvaise surprise : son suzerain, le Baron Henraïque
da Martin do Tyrac da Marcallos, l’attendait au chateau, avec vingt de ses meilleurs hommes, et il ne venait pas
pour une partie de chasse.

Je n’assistai pas à la scène - Bosco s’était empressé de me faire mettre aux oubliettes - mais un serviteur me
la raconta : sitôt l’enlèvement opéré, les maîtres compagnons étaient allés se plaindre au Prince Ferdripaz de
l’attitude du chevalier, invoquant une liste longue comme le bras de coutumes violées par Bosco. Ne désirant
pas se mettre l’ordre à dos à un moment aussi crucial que la prochaine mort d’Haelion, Ferdripaz ordonna à
son vassal, le Baron Henraïque de retirer au chevalier son fief par ordre du roi.

Ce jour là, je compris que l’ordre des compagnons avait bien plus de puissance qu’il n’en arborait officiellement.
Bosco avait oublié qu’Andrar, mon maître, avait été le confident de Ferdripaz pendant 15 longues années...

Extrait des mémoires du Maître-Compagnon Oviedo,


parues après sa mort, en l’an 845.

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d’étrangers (sylphes, elfes nordiques, elfes islandiens,
1.1.3. Le Royaume du Haut Ponant gnomes, humains non-aquilonniens)
Armée : 100 000 hommes
Carte d identité : Flotte : une centaine de navires de guerre (frégates) di-
visée en 3 flottes (Khor, Eaugrise, Kheop )
Villes principales : Eaugrise (2 millions d’habitants),
Kilkenny (130 000 habitants), Kheop (120 000 habi-
tants), Taur-Alkar (70 000 âmes), Khor (45 000 âmes),
Kheu (80 000 âmes),
Dynastie Régnante : Les Penfentenyo de Cheffontoue-
nes d’Eaugrise. Enguerrand Ier (fondateur) – (771-773),
Enguerrand II (773-776), Enguerrand III (776-803). Ti-
tre : Haut-Roi.
Blason : L’Hydre à 6 têtes sur fond bleu. En dessous, le
Capitale : Eaugrise (couronnement) lac est représenté de manière stylisée. L’Hydre repré-
Langue : Aquilonnien sente les 6 têtes couronnées du Haut-Ponant.
Dimensions maximales : 3 500 km du Nord au Sud, 6 Religion : Polythéiste manichéen. Trinité Bénéfique (re-
000km d’Est en Ouest ligion royale officielle). Certains cultes autorisés (Hap-
Population : 25 millions d’habitants au total (Les haut- pogaëddon)
ponantais). 60% d’humains, 20% de demi-elfes, 20% Calendrier : paléo-aquilonnien


Géographie, climat, démographie en maraude qui rendent difficile les communications et
dangereux les voyages. Toutes les terres à l’Est du fleu-
Le Royaume du Haut-Ponant est écartelé puisqu’il en- ve Aquilon sont balafrées par un désert magique né des
jambe le lac majeur et le lac mineur. Sa géographie di- combats furieux de la guerre du Portail. La côte du lac
verse et sa très grande variété de climats sont la consé- bénéficie d’un climat montagnard mais plus clément et
quence de cette singularité territoriale. la population y est beaucoup plus dense.

A l’ouest, le Royaume du Haut-Ponant bute sur le De l’autre coté des lacs se trouvent les anciennes mar-
royaume gnome de Balne et y a son port de débouché ches de Sangor et de Macheorc, partiellement amputée
sur l’Océan : Khor. C’est une région pluvieuse et froide, puisque le Royaume Kyrielien a étendu ses frontières
tourmentée au niveau géologique avec des montagnes plus à l’ouest et conquis la partie la plus au sud de la
et des forêts impénétrables. A mesure que l’on s’en- marche de Macheorc (Rinmir et Vo). Ces deux marches
fonce vers l’Est, le climat se fait de plus en plus sec sont en altitude et le climat y est frais. La végétation est
mais également plus dur, notamment en hiver. Depuis essentiellement composée de forêts de sapins et/ou de
le Nord du continent arrivent toutes sortes de créatures grands plateaux secs.

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pour Kilkenny et l’armée de l’Ouest pour Taur-Alkar.
La population du Haut-Ponant est concentrée autour La loi est directement édictée par chaque roi dans ses
du lac et également sur la côte occidentale. La région terres (qui peuvent être d’importance et de population
de Taur-Alkar est peu habitée, les populations ayant fui variable).
sans revenir au moment de l’occupation par les armées
elfes noires (730-759) lorsque la cité avait été rebaptisée Le Duché-Royaume de Khor est connu pour ses lois
Eros-ville. Le Haut-Ponant est plus homogène que ses accueillantes et ses tribunaux compréhensifs. En effet,
deux voisins car son ouverture sur les mers est réduite les Ducs-rois de Khor tentent s’attirer de nouvelles po-
à l’Ouest et inexistante à l’Est. pulations dans des terres réputées difficiles.

Organisation politique, défense, justice, Il en est de même pour le Prince-Roi de Taur-Alkar où


lois, religion la loi qui s’applique est celle du plus fort. La cité de
Taur-Alkar a été le théâtre d’un siège sanglant pendant
Les princes d’Eaugrise sont sortis vivants de la seconde la seconde guerre des pénitents, qui a causé la mort
Guerre des Pénitents avec en tête une explication cen- de 24 000 aquilonniens en quelques heures. Depuis,
trale de la chute de l’ancien Haut-Royaume : celui-ci l’enseignement guerrier est une tradition. Taur-Alkar
était trop vaste pour défendre ses frontières. Lorsque possède un palladium de Kherk2 au siège de l’ordre des
la tête (le Roi) est mort ou s’est enfui, le royaume s’est chevaliers du doigt de Kherk.
effondré.
L’Est est plus complexe : Eaugrise est connue pour
Aussi, le Haut-Ponant n’est-il pas dirigé par un mais ses règlements incessants et notamment ses tribunaux
six rois. La ligne de succession au trône est fixée ainsi : commerciaux. Kheu, Kheop et Kilkenny ont des systè-
Roi d’Eaugrise, Roi de Kilkenny, Roi de Kheop, Roi de mes juridiques assez proches, frustres et martiaux, où
Taur-Alkar, Roi de Khor, Roi de Kheu1. La symbolique la magie n’est que tolérée, et en tous les cas mal consi-
royale du Haut-ponant fait que le Haut-Roi ne meurt dérée.
jamais et se perpétue à travers ses six composantes. Au
moment du couronnement d’un monarque, chaque roi A cet éclectisme s’oppose une grande unité religieuse
vient remettre symbolique sa couronne sur la tête du puisque, si la Trinité Bénéfique est la religion officielle,
Haut-Roi du haut-Ponant. le Haut-Ponant est relativement œcuménique (c’est
une des obligations du traité de 779 imposé par le Sep-
En temps normal, l’on distingue le Haut-Roi et les rois, tenrion). Les cultes de Happoggaëddon et de Kul-Ba-
c’est à dire les successeurs désignés au trône. Chacun zur sont ainsi également très implantés sur les côtes ou
de ces derniers porte ce titre accolé à sa fonction ter- près des lacs.
ritoriale sauf s’il gouverne le royaume. Ainsi, les 6 à se
partager le trône sont l’Amiral-Roi d’Eaugrise, le Gé- Quelques grands noms du Royaume
néral-Roi de Kilkenny, le Grand Duc-Roi de Keop, le
Prince-Roi de Taur-Alkar et les Ducs-rois de Khor et de Haut-Roi (Eaugrise) de Penfentenyo de Cheffontoue-
Kheu. La capitale officielle est Mô-Haut-Ponant, où on nes
lieu les couronnements, mais la cité du roi élu devient Général-Roi (Kilkenny) - Oncel de Chouffourdon
la nouvelle capitale. Depuis la fondation du royaume Duc-Roi (Kheop) - d’Oncel de Lou Boutel
toutefois, la lignée des Rois d’Eaugrise a régné sans Duc-Roi (Khor) Le Bourroes d’Orgevoul
discontinuer. Après la défaite de 779 face au Septen- Prince-Roi (Taur-Alkar) Le Bous de Bouclouns
trion, le Haut-Roi Enguerrand III a dû prêter serment Duc-Roi (Kheu) de Voucher de Sount Géroun
de vassalité personnelle à l’Empereur (en temps que roi Pair de Lou Tousche d’Uvregny – Mô-Haut-ponant
d’Eaugrise) et autoriser des cultes autrefois interdits. Pair de Lou Trémoïlle
Pair de Lou Trebouelle
Les vassaux des rois portent des charges nobles qui Pair de Médrouno
sont associées à leurs fiefs. Par ordre de croissance du Pair Moufret de Serelly d’Etegny
fief, on distingue les pairs, puis les seigneurs. Pair de Méhérenc de Sount Perré
Pair de Penfentenyo de Kervéréguen
D’un point de vue de la Défense et de la Justice, l’émiet-
tement prédomine. Chaque roi est responsable d’une 2 Le Palladium est une statue de Kherk existe en trois
partie des armées : la flotte occidentale pour Khor, la exemplaires. D’après les légendes, chaque statue est tombée du ciel
flotte centrale pour Eaugrise, la flotte orientale pour et a été offerte par le Dieu Kherk aux mortels. Une cité qui possède
Kheop, l’armée du Nord pour Kheu, l’armée de l’Est un Palladium de Kherk est, d’après les croyances, invincible. Nul
1 capitale de la marche de Sangor. La marche de Macheorc est adversaire ne peut parvenir à mettre la main sur le Palladium par la
divisée en deux : Kilkenny et Kheop. force.

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Pair de Perfen jeu là les plus favorisées.
Pair de Perfy
Pair de Scey Montbéleourd L’un des exemples les plus illustratifs de cette diversité
Pair de Schounburf culturelle réside dans la gastronomie, chaque région
Pair Reoult de Neuvelle ayant ses spécialités culinaires : les oeufs noirs de smi-
Pair Reoust des Velles rène (Khor), le porc gris de Sangor (accommodé avec
Pair Oudrens de Lourgentouye les patates douces qui sont cultivées dans cette mar-
Pair Vouchon d’Ouger (de) che), le brouille (spécialité à base de gras et de fromage
Pair Voul (du) de la région de Kilkenny), la tourme (un fromage qui
Pair Voul de Bonnevoul (du) se mange dans un état de moisissure avancé et qui se
fabrique dans les marches), le ragout de cerf ou de san-
Commerce, Economie, monnaie glier de Taur-Alkar (une spécialité à base de vin lourd),
la truite au beurre et au safran (inventée sur les bords
Le Haut-Ponant paye un tribut à l’Empire du Septen- du lac à Eaugrise), les tortillamini (des pates longues et
trion et le royaume d’Eaugrise ne peut avoir de flotte sucrées qui sont une spécialité du Sud du royaume).
supérieure à la moitié de celle du grand Empire du
Nord. La construction de vaisseaux de guerre lui est in- Les Haut-Ponantais sont des bons-vivants, où la gas-
terdite. Ces termes ont été fixés après la courte bataille tronomie (notamment l’art d’accommoder le poisson)
navale qui a opposé les deux pays en 778. Cet impôt est un art de vivre. Cela n’empêche pas le Bas-Ponant
grève énormément les finances du royaume et diver- de disputer également la prétention d’être le pays du
tissent l’essentiel de l’activité des lacs vers le Septen- «bien-vivre».
trion.
Depuis 951, une autre culture s’est également dissémi-
Le Haut-Ponant voit transiter beaucoup de ses mar- née : celle du suzerain septentrionnal. Les nobles ont
chandises via son escale d’Aratreo (près de Kheu) ou pris l’habitude de prendre à leur service des bardes
de Kheop. Eaugrise est une plaque tournante commer- nordiques afin de se concilier leurs bonnes grâces. La
ciale pour les vins, les olives, les céréales du ponant, culture septentrionnale, beaucoup plus violente, bru-
comme pour le sel rouge daï ou les épices du Couchant. tale et réaliste est devenu un art semi-officiel contre
Elle fixe aussi le prix du fer enchanté. Le Haut-Ponant lequel chacun tente de faire contre fortune bon cœur.
lui-même exporte beaucoup de bois venu des régions Des émissaires de l’Empereur auprès des six rois sur-
khorréennes vers le Centreterre. veillent que l’art septentrionnal soit en bonne place
dans les festins et célébrations.
Les montagnes de l’Ouest sont exploitées pour leurs
gisements d’or, d’argent, et de métaux rares. Au niveau populaire toutefois, l’on reste attaché aux va-
leurs aquilonniennes d’antan (chants traditionnels, mu-
La monnaie usitée est l’écu aquilonnien qui n’a ni siques typiques, etc…). Les particularismes locaux sont
changé de nom, ni de valeur. nombreux : la province de Macheorc est par exemple
peuplée pour partie d’une minorité qui parle son pro-
pre dialecte, le souisse, et qui a gardé ses traditions.
La Culture Haut-Ponantaise

On brocarde beaucoup la culture du Haut-Ponant, as-


similée hâtivement à un ramassis de bûcherons et de
trappeurs isolés, dompteurs de lions des plaines (l’ani-
mal fétiche de la noblesse Haut-Ponantaise, comme
l’Auroch et le cheval pour le Bas-Ponant).

En réalité, si le Royaume a connu un profond déclin


culturel après la chute d’Aquilon, ses cités restent en-
core le foyer d’une culture antique et raffinée. Chaque
roi s’ingénie en effet à attirer les meilleurs artistes afin
d’embellir sa capitale et de d’accroître son influence
culturelle. Eaugrise, Taur-Alkar et Kilkenny sont à ce

72
Annexe : Eaugrise la tentaculaire un blocus des elfes noirs ayant empêché tout mouve-
ment entre les deux lacs, puis a conduit au sac et à la
destruction de la cité.
La ville d’Eaugrise est devenue A la fin de la guerre, la Cité avait entièrement brûlé et
la capitale de la province d’Ela- seuls quelques dizaines de milliers d’habitants y survi-
rian après la destruction de Kie- vaient encore.
ran lors de la guerre du portail,
en 666. Il s’agissait alors d’un Le prince Enguerrand Penfentenyo de Cheffontoue-
duché comptant trois villages, nes (futur Enguerrand Ier) décide de rebâtir la cité
autour duquel s’était rassemblée dès la fin des hostilités en 771. Alors que la guerre avec
une foule de réfugiés. Comptant les autres prétendants au trône de Mô s’envenime, le
près de 600 000 âmes au début prince fait puissamment renforcer les murailles et la
de la seconde guerre des Péni- population, fuyant les combats, vient s’y réfugier. En
tents, Eaugrise était alors une cité en plein essor qui quelques années, la population dixtuple, obligeant le
recevait des afflux de marchandises depuis les quatre prince à réaliser sur ses deniers personnels des travaux
coins du royaume. Des caravanes de marchands la re- d’aménagement afin de garantir la salubrité.
liaient en effet à Mô et Taur-Alkar tandis que les ba-
teaux remontant le fleuve majeur assuraient la liaison En 772, le Prince prit le titre de Haut-Roi mais il mou-
avec l’océan aquilonnien (Memneth) et le Golfe des rut en 773, alors qu’il avait relancé la guerre contre le
épices (Port-Noir). Une flotte importante de plusieurs Lisban. Son fils, Enguerrand II, surnommé la Vipère
centaines de navires résidait également à Eaugrise, grise, mena à bien la conquête de Khor et préleva un
même si la proximité de Kilkieran incitait les marins à tribut qui lui permit d’améliorer la cité de son père.
beaucoup de retenue. C’est lui qui légua à la ville ses armoiries, une tête de
vipère sur fond noir et gris.
La seconde Guerre des Pénitents a progressivement as-
phyxié le cœur commercial d’Aquilon, notamment avec Il mourut à son tour en 776, quatre années avant la
fin du conflit. Jusqu’en 800, Eaugrise, la cité a vu sa

73
population grossir démesurément, au point de rapide- loppent des guildes spécialisées dans la gestion de tel
ment frôler la surcapacité avec le million d’habitants. ou tel problème et qui fait son miel des difficultés de
La guerre contre le Septentrion a elle aussi accéléré un la cité : trouver à manger, obtenir un certificat, ou un
mouvement d’exode vers la capitale, faisant d’Eaugrise jugement rapide : les guildes s’occupent de tout. La
une cité surpeuplée, pleine à craquer, où des familles milice est dérisoire pour la cité (6 00 hommes) et bon
entières se tassent dans des logis minuscules. D’après nombre de quartiers ne sont pas sûrs. Aussi certaines
le dernier recensement de 860, la population serait guildes d’escorte suppléent ce manque. La seule force
d’environ 2 millions d’âmes. armée d’envergure se trouve être le petit contingent
royal marin de 2 500 hommes mais elle ne s’occupe
Organisation administrative que des docks, des ports et du château.

Eaugrise est la capitale du Haut-Ponant, siège des cou- Le Haut-Roi entretient toute une cour qui fait écran
ronnements, et plaque-tournante du commerce des entre l’administration et le monarque. Lorsqu’une de-
grands lacs. Sa population énorme rend toute organi- mande veut être relayée en haut lieu, il est nécessaire
sation forcément démentielle en grandeurs mobilisées d’obtenir l’appui de tel ou tel pair, ou seigneur. Ces
et impossible en termes pratiques. La cité se gère donc derniers vivent au palais ou, à défaut, dans des hotels
comme elle le peut : tout ou presque est délégué à des particuliers minuscules accrochés à ce dernier. Tous ne
responsables royaux locaux – les maître-faix - char- sont pas nobles et ne doivent leurs rentes qu’à la géné-
gés de trancher les différends, encaisser les droits de rosité du Haut-Roi.
douane, délivrer les certificats administratifs, gérer la
police. La demande est telle que l’administration royale La vie à Eaugrise
ne suffit pas et la corruption est généralisée.
La vie à Eaugrise est une jungle permanente. La chose
A coté de l’administration proprement dite se déve- essentielle est tout d’abord d’obtenir un emploi. Les
plus chanceux auront une charge payée par l’adminis-
tration royale et arrondirront grassement leurs fins de
mois grâce à la corruption ambiante : soldats, maîtres-
faix, bureaucrates, etc… Les autres, la plus grande ma-
jorité, vivront des guildes, qu’il s’agisse de vraies guil-
des marchandes spécialistes de l’import-export, ou de
fausses-guildes spécialisées dans un domaine d’activité
déficient de la cité. Le travail pour les guildes est ha-
rassant : une dizaine d’heures de travail pour un salaire
peu élevé, journalier ou hebdomadaire. Chacun est ré-
vocable d’un jour à l’autre et cette précarité fait partie
du lot quotidien.

L’insécurité règne dans les rues de la cité et après le


crépuscule, on ne peut pas y croiser beaucoup de per-
sonnes recommandables. Enfin, Eaugrise est réputée
comme étant truffée d’espions de l’Empereur du Sep-
tentrion.

Les jours chômés sont nombreux car Eaugrise fête


scrupuleusement toutes les fêtes religieuses plus les fê-
tes nationales, y compris l’anniversaire de l’Empereur
du Septentrion. Ces jours-là, la vie économique s’ar-
rête et le Haut-Roi fait distribuer de la nourriture dans
la cité pour célébrer les Dieux.

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Détail des quartiers Au cœur du chaos urbain d’Eaugrise, un croise-
ment émerge : celui de la rue de l’argent, qui abrite
La cité est en forme de cône pénétrant dans les eaux les guildes non commerciales, (notamment celle des
cristallines du grand Lac, orientée vers le Nord. Elle compagnons du Haut-Ponant) et de la rue des vigi-
s’étend sur 12 kilomètres de côte et fait 7,5 kilomètres lants sur laquelle est postée la milice de la cité. On
du Nord au Sud contre 5 environ d’Est en Ouest. peut notamment citer le marché des minerais, qui est
Grosso-modo, la capitale du Haut-Ponant est divisée l’un des plus importants de Terra Mater. C’est à Eau-
en deux. grise que se négocie le fer enchanté récoté dans les
Grands Lacs, mais aussi l’or, l’argent des montagnes
Au sud se trouve la cité royale d’Eaugrise, dominée de l’Ouest.
par la statue gigantesque d’Elth Harmonicor (60 mè-
tres de haut) qui occupe la grande cour du temple de Plusieurs communautés étrangères sont présentes à
la Trinité Bénéfique devenu, sous la contrainte depuis Eaugrise : elfes nordiques réfugiés de la guerre des pé-
779, temple oecuménique (élargi à d’autres Divinités nitents (environ 130 000), elfes islandiens atlantes (10
comme Hapoggaëddon notamment). 000), kyrielesseens et centreterriens (200 000), nains
(70 000), sylphes (80 000). Ces diverses communautés
Juste en face du temple se trouve la garnison royale, ne sont pas regroupées en ghettos car Enguerrand II
chargée de la protection de ce quartier et l’amphi- l’avait empêché au moment de leur installation, au
théâtre où ont lieu les jeux. Le palais royal est en pro- juste titre que sinon ces dernières constitueraient des
portion beaucoup plus petit que le grand temple (qui baronnies à l’intérieur de la cité. La langue la plus
fait 1 kilomètre 500 de long sur presque autant de usitée est le franc-parlois.
large) et est négligemment adossé à la muraille ouest
de ce dernier. Il jouxte la commanderie des Templiers
du Ponant (qui porte également le nom de Temple).
L’administration royale a quant à elle son siège à un
kilomètre de là. Les grandes guildes commerciales se
disputent les terrains constructibles avec les courti-
sans : Compagnie du Nord, Société des Mers du Sud,
Compagnie des épices, Guilde Impériale Atlante des
Armes à Poudre, Société Impériale de Kilkieran,
Guilde Atlante des Esclavagistes .

Au Nord se trouve le dédale des quartiers qui forme


le quotidien des milliers d’habitants d’Eaugrise. Les
bâtiments sont étriqués et plusieurs fois réhaussés. Il
n’est pas rare qu’un pan s’effondre sous son propre
poids de temps en temps. Les quais de l’Est de la
cité sont réservés aux flottes militaires mais en réa-
lité assez dépeuplés puisqu’ils ne comptent chacun
qu’une poignée de navires (une trentaine de fréga-
tes en tout). Les quais du Nord au contraire servent
à l’activité marchande et sont bordés de tavernes où
l’on sert la célèbre truite au beurre et au safran qui a
fait la renommée de la cité. La capitainerie-douane se
trouve à l’extrémité nord, près du phare de la cité. A
noter que l’ambassade de Septentrion se trouve dans
ce quartier et non pas dans les quartiers sud. Les
Patriarches de la Trinité bénéfique ont fait ériger un
nouveau temple dédié aux trois Divinités bonnes et
aux trois Dieux ambivalents, et préfèrent désormais
y célébrer leurs offices. Les vitupérations sont nom-
breuses contre le sort réservé au temple de la cité
royale, et au fait que désormais des clercs étrangers
de cultes autrefois interdits y célèbrent des sacrifices
païens.

75
Annexe : Khor, la Cité des Tempêtes la compagnie et la communauté de nordiques (10 000
âmes).
Le Pair de la cité a un rôle beaucoup plus militaire
que marchand puisqu’une partie de la flotte de guerre
du royaume (30 navires) et des troupes royales (30 000
hommes) sont stationnées dans la cité pour veiller sur
la frontière Nord.

La police de Khor est surnommée « la veuve » car elle


est entièrement habillée de noir mais son autorité est
faible dans la ville compte tenu du peu d’intérêt que le
gouverneur lui accorde et de ses maigres effectifs. Une
Organisation administrative autre compagnie d’ordre public existe à Khor : la com-
pagnie des mers, dont le métier est de guider les navi-
Khor est la plus grosse cité de la marche khorenienne ress, de secourir les naufragés et de réparer les bateaux.
mais pas sa capitale, qui est Aquil. Les Ducs-Roi Le Son travail est unanimement reconnu à Khor.
Bourroes d’Orgevoul résident donc dans cette dernière
cité. Ville moins prospère que Memneth ou Port-Noir, La vie à Khor
avec lesquelles elle partageait autrefois un statut spé-
cial, Khor est également plus petite en taille (environ Au Nord du Haut-Royaume, le climat devient très ri-
45 000 habitants). goureux : un mois sur deux, la température descend
Les guildes marchandes ont une importance moins en effet en dessous de zéro degré. La vie des marins
grande que dans les autres anciennes villes franches. (presque 75% des habitants de Khor vivent directement
La plus puissante de toutes est la Compagnie des épi- ou indirectement de la mer) y est donc très dure et c’est
ces, entièrement sylphique, dont la direction est col- à l’intérieur des auberges que la vie bat son plein. Les
légiale. On trouve également à Khor la Compagnie du coups de tabac étant extrêmement fréquents, certains
Nord, dont Khor fut le premier comptoir à l’étranger espaces non protégés sont d’ailleurs continuellement
il y a plus de 5 siècles. Un consul elfe nordique dirige exposés au vent et à la pluie.

76
76
C’est pour cette raison que l’espérance de vie des khor- a son siège non loin. A noter que la rue principale de
reniens est la plus faible du royaume et que la ville est l’île du Sud est réputée pour les voleurs qui proposent
réputée pour compter 1 auberge pour 20 habitants ! ouvertement leurs services. La Justice de Khor est en
effet très libérale.

Détail des quartiers On trouvera enfin sur l’île de Bibendar plusieurs com-
pagnies qui assurent le transit avec l’île sainte de Re-
Iles de Bibendar. Il s’agit du centre historique de la quiem.
cité. On y trouve pratiquement la totalité des gnomes
vivant à Khor (soit près de 15 000 gnomes) et 50% des Le quartier des ventes. C’est ici que sont vendues les
tavernes de la ville (plus d’une centaine !) où l’on sort marchandises débarquées des caravelles marchandes,
le plat le plus connu de la région : les oeufs noirs de dans les halles commerçantes prêtées gracieusement
smirène (un poisson d’eau douce qui se reproduit dans par le gouverneur. Les murailles sont peu hautes ; aussi
les lacs du Nord pendant le quart-temps de l’arbre de en cas de grain, les navires préfèrent débarquer plus au
Jade). Une telle concentration s’explique par la proxi- Nord. La nuit ce quartier est désert. Un phare construit
mité des chantiers navals et du port de guerre. Une par- au sommet d’une des halles se voit à plus de 100km
tie de l’île la plus au Sud est occupée par la forteresse au large. La compagnie des mers s’occupe du phare.
de Bibendar, siège de la Veuve et du Pair-gouverneur. Le quartier des ventes comprend une forte minorité de
On la prétend inattaquable bien que ses souterrains demi-elfes. La guilde des compagnons du Haut-Ponant
soient réputés pour être connectés avec les égouts de y a une maison.
la ville. L’île la plus au Nord abrite également la « Mai-
son des Côtiers », une association dont les membres Les quartiers sylphes. Ils abritent le siège de la Com-
conservent l’anonymat vis à vis de l’extérieur et qui pagnie des épices. Les relations entre sylphes et nor-
comportent beaucoup de guildiens. diques se passent plutôt bien dans le sens où les deux
peuples ne se concurrencent pas sur les mêmes cré-
Les côtiers jurent de s’entraider en cas de détresse, de neaux commerciaux (les sylphes importent de l’itaphir
prendre soin des veuves et des orphelins des naufra- d’Orient et des étoffes, ainsi que des épices rares). La
ges et de faire front commun contre la piraterie et la Compagnie entretient cependant une police privée…
cupidité de certaines guildes. La compagnie des mers au cas où. Le quartier sylphique est très agréable car

77
très aéré et propre, à la différence de Bibendar. De
plus, les sylphes interdisent que des tripots s’y ins-
tallent. Population sylphe : environ 8 000.

Le port de guerre. Construit en profondeur, protégé


par 2 forteresses qui abritent chacune 5 000 hommes
(marine royale), il peut accueillir jusqu’à 100 navires
dont 5 vaisseaux de guerre maximum. Actuellement,
il est en partie vide : seules 40 frégates y sont à quai,
ainsi qu’une cinquantaine de caravelles armées (la
construction de tels bateaux est autorisée par le
Septentrion). Toute la zone est peuplée par des bar-
raques de soldats et leurs familles. Ils sont 10 000
soldats de pied et 5 000 marins à résider de façon
permanente à Khor, placés sous l’autorité du Pair-
gouverneur (par délégation du Duc-Roi de Khor qui
est également amiral de la flotte d’Occident).

Les quartiers humains. On les appelle ainsi par


comparaison avec le quartier sylphique et le quar-
tier nordique. On y trouve un temple unicosmique
de Kul Bazur, un temple manischismique de Kherk
et un temple manischismique de Juras Mater. Il
existe également un Temple du Ponant (ordre de
chevalerie).

Le quartier nordique. Il s’agit d’une enclave, proté-


gée par des murailles, sous l’autorité du consul. La
concession a été octroyée il y a près de 5 siècles aux
nordiques en même temps que le droit de commer-
cer à Khor. La Veuve n’a pas le droit de patrouiller
dans cette zone, qui est protégée par un corps spécial
appelé « l’escouade ». Cette dernière est financée par
la Compagnie du Nord. Un temple unicosmique d’
Hapoggaëddon domine cette zone.

A l’arrière du quartier des ventes se trouve un autre


quartier appelé quartier du cirque car c’est là que se
trouve l’amphithéâtre bâti par Solimane II. Le quar-
tier abrite les familles de capitaines et les demeures
les plus huppées de Khor. Le cirque accueille, au
moment où la mer est trop démontée (généralement
au quart-temps de l’arbre d’acier), des matches de
Mangeballe ou des combats de gladiateurs afin de
distraire la population. Il s’agit souvent de l’occasion
pour les quartiers (et les compagnies) de s’affronter
pacifiquement. Une des compétitions les plus pri-
sées reste la course de chevaux, où aucune règle
n’existe pour gagner. Généralement, les gnomes de
Bibendar, les nordiques, les sylphes, les humains, la
veuve, et même la marine ont un cheval qui repré-
sente leur couleur

78
Fragments de Weröl
L a lettre de dot
Pont-de-Pierre, le 4ème jour de Vertebarbe
De l’an de grâce 777,

Messire,

J’ai été bien aise de recevoir votre courrier et je m’excuse d’avoir mis deux mois à vous répondre : je n’ai guère
l’habitude de l’écrit et lorsque je le fais, je maîtrise mieux le Souisse que le Franc-parlois. J’ai donc préféré attendre
le retour de mon fils Hunro, qui était parti en Kyrelie négocier l’acquisition d’une importante cargaison, pour vous
envoyer cette missive.

Je vous confirme donc mon accord sur le mariage de nos deux tourtereaux pour la date du 7 Lacrymales. Ma fille
Tova est impatiente de connaître son futur époux et vous sait gré de lui avoir envoyé ce charmant portrait d’icelui,
qui me rappelle, par la fraîcheur de ses traits, mon défunt frère, que la Déesse Rouge veille sur lui.

Ma femme Olga ne pourra pas se joindre à la cérémonie car le trajet en bateau lui fait peur. Elle n’est venue qu’une
seule fois à Eaugrise il y a 15 ans, et la traversée avait été marquée par des diableries surnaturelles qui lui avait
retourné l’âme. Pour cette raison, nous serons ravis d’accueillir votre fils après le mariage, afin que ma mie puisse
connaître son nouveau gendre et le recevoir comme un fils.

Je viendrai donc seul avec Tova, mais accompagné cependant de mes deux associés, Rubart Poutchoun et Giulin
Castelnodun. En effet, nous voudrions vous proposer une petite affaire qui pourrait se montrer fort lucrative.
Comme cela fait quasiment 5 ans que nous ne nous sommes pas vus ( depuis cette fameuse livraison de sel rouge
: j’ai cru qu’on n’en sortirait jamais !), je me suis dit qu’on pourrait en profiter pour débattre librement «roues et
fromages». Je n’en dis pas plus dans la lettre, sur recommandation d’Hunro qui me signale bien à propos que la
compagnie de messagerie maritime est truffée d’espions.

Sur les détails de la cérémonie, je n’ai moi-même pas trop d’avis sur la question, aussi j’ai demandé son avis à Olga,
avis que je reproduis ici.

Nous sommes bien évidemment heureux d’apprendre que la Grande Prêtresse de Juras Mater d’Eaugrise célèbrera
elle-même, en personne, le mariage. Voilà qui ne peut qu’attirer la protection de la Muette sur le ventre fécond de
ma fille. Néanmoins, nous nous demandions si, du même coup, cela n’allait pas attirer des frais supplémentaires et
s’il ne faudra pas verser une obole plus importante que ce que nous avions prévu ma femme et moi.

Je vous dis cela, parce maintenant que nos deux familles sont comme qui dirait unies par des liens sacrés, nous
devons réfléchir comme le feraient deux compagnies qui créeraient une guilde commune.

Or, depuis quelques mois, des rumeurs me sont venues disant qu’un conflit pourrait éclater avec les oreilles noires.
Cela n’est pas bien perçu ici, d’autant que la guerre de Khor s’est achevée depuis peu : cette fois-ci, c’est tout le
trafic des grands lacs qui risque d’être immobilisé.

Je me suis dit que, vu votre proximité avec son Altesse royale, vous en sauriez plus que moi, d’autant que mes in-
formations ont un mois d’ancienneté. Quoiqu’il en soit, ce n’est peut-être pas le moment de vider nos bas-de-laine
respectifs, surtout qu’un conflit porterait sans doute un coup très dur au commerce du fer enchanté.

Sur le lieu, évidemment nous vous laissons seul maître. Woltir me dit qu’il est déjà passé une fois dans la grande
Halle du marché des minerais et que c’est un endroit magnifique. Evidemment, c’est un lieu un peu surprenant
pour un banquet mais pour des marchands comme nous, c’est assez bien trouvé.

Sur le menu, je n’ai aucune objection, sinon que ça manque un peu de viande. Quatre plats, j’ai peur que nos
convives restent un peu sur leur faim : au mariage des Pomme-rousse, il y avait 6 plats me dit-on. J’ai donc une idée
: ne pourrait-on pas intercaler entre votre saumon et votre truite, un peu de fromage ? Dans la tradition Souisse,
on sert aux mariés une grosse marmite de fromage fondu, avec dissimulé dedans un anneau en or. Si les mariés
arrivent à trouver l’anneau, c’est signe que les Dieux bénissent l’union. Cela pourrait être un intermède un peu
sympathique, d’autant que mon propre père, Gustin, était lui-même producteur de roquefrire et de pointembert.

Dans le même ordre d’idée, je compte venir avec une compagnie de troubadours Souisse qui joue de la lombarde-
à-bec, un soufflant traditionnel. Vous verrez, c’est très festif, comme ambiance. Et puis, cela alternera très bien avec
votre Barde Juckilius (Est-ce le même Juckilius qui a opéré au mariage Gonfalden l’an dernier à Kilkenny ?).

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Entre mes associés, leurs familles, mes troubadours et mes fils, nous serons une petite quinzaine. Rudolf, mon
courtier, m’a loué une grande maison proche du front-de-lac et m’a assuré que c’était à deux pas du centre. Je vous
remercie de m’avoir offert l’hospitalité mais je ne veux pas trop vous déranger : vous avez déjà beaucoup fait.

Reste le dernier point : la dot. Ce n’est pas quelque chose de très courant chez nous, mais je m’y plie avec bonne
grâce, vu qu’en plus vous ne nous avez pas demandé un écu pour l’organisation de la cérémonie.

Ma Tova est la prunelle de mes yeux, mon aîné, ma plus belle réussite. Je suis très heureux qu’elle épouse l’héritier
d’une aussi noble famille de navigateurs, d’autant que vous n’êtes pas seulement un fournisseur, mais aussi un
ami. Depuis plus de vingt ans que nous faisons commerce ensemble, nous avons appris à nous connaître, à nous
apprécier même et je me souviens avec quelle facilité vous avez d’emblée accepté que nous marions nos enfants
en rapports d’âge.

C’est donc à l’ami, et non au marchand que je parle : après avoir bien réfléchi, j’ai décidé finalement de modifier
la composition de la dot de Tova, notamment en ne lui transférant pas mes parts de la compagnie d’importation de
fer enchanté.

Certes, comme vous le soulignez avec bon sens dans votre courrier, cela complèterait fort à propos les activités
d’exploitation de ce même métal que vous comptez léguer à votre fils, et cela permettrait de créer sans nul doute
une compagnie bien plus puissante que celles qui existent aujourd’hui. Je sais à quel point votre implantation sur
ce marché est ancienne, et repose sur des liens d’amitié jamais démentis avec les marchands nains notamment.

Néanmoins, comme je vous le disais, avec la guerre qui approche, le risque est grand que ce marché se ferme ra-
pidement. Or, je vous le demande : quel père serais-je pour oser doter ma fille d’activités en déclin ? Je ne me le
pardonnerais pas.

Je préfèrerais donc laisser à Hunro le soin de gérer cette compagnie avec mes deux associés actuels : c’est un gar-
çon travailleur et intrépide et, même si la guerre plonge la compagnie dans le coma, il aura de quoi patienter le
temps que les activités reprennent, grâce à nos fromageries.

En revanche, je souhaite doter ma fille d’un beau capital, qui permettra à votre fils d’assurer sa subsistance. Je
crois savoir par exemple que deux de vos navires ont malencontreusement coulé il y a un mois dans le lac majeur,
alors qu’ils transportaient de précieuses cargaisons. Je pourrais vous donner en guise de dot ma caravelle «la Gou-
leyante», qui renforcera la dimension opérationnelle de votre compagnie d’exploitation de fer enchanté, bien à la
peine sans doute depuis qu’elle est privée de navires.

Sur la somme d’argent, nous avions parlé de 500 écus émeraude. Néanmoins compte-tenu de la situation - la perte
de vos navires qui vous affaiblit si cruellement est belle et bien la preuve que notre commerce va devenir de plus en
plus risqué - j’ai révisé ma position. J’évalue mes parts dans le transport de fer enchanté à 700 écus émeraude, pas
plus, compte-tenu des incertitudes liées à un conflit. Ma caravelle vaut bien bien plus. Dès lors, outre cette caravelle,
je ferai finalement don à votre fils d’une somme de 2 00 écus émeraude.
Evidemment, si l’obole au temple de Juras Mater devenait trop gourmande, je devrai peut-être revoir cette somme
à due proportion. Néanmoins, cette somme pourrait être utilisée à bon escient, par exemple pour armer la Gou-
leyante.

J’espère que ma proposition vous trouvera dans les meilleures dispositions. Je sais que ce mariage sera pour vous
un rayon de soleil après tous les malheurs qui ont frappé vos affaires.

Je vous dis à bientôt.


Que le Premier vous garde,

Olracht Gremmental

80
1.1.4. L’héritage paléo-aquilonnien
Au-delà de la division politique en trois royaumes, le Légendes de Weröl
Ponant a gardé une unité culturelle, et de grands liens
unissent ces gigantesques entités humaines. Hanzus de Tarsière
Les Ordres de Chevalerie Race : humain
Classe : Templier
Il existait du temps d’Aquilon quatre ordres de che- Dates : vers 220-250
valerie « intégrés », par opposition aux chevaliers so-
litaires qui mettaient leur épée au service de tel ou tel Prénommé à l’origine Hanzo, Hanzus de Tar-
fief. Trois de ces ordres de chevalerie ont subsisté1 et sière fut anobli par le tsar Robert de la Cour-
forment des structures transnationales. Un quatrième a tellière.
été créé par la suite. Il se distingua en partant à la recherche du ci-
metière des lunarks, race qui s’éteignit aux en-
L’Ordre des Templiers du Ponant virons de 240. Après une longue et périlleuse
expédition, il finit par découvrir le fameux ci-
metière, où les derniers membres de la race lu-
nark venaient mourir, gardé par un jeune mais
puissant archimage, un homme nommé Tobo-
gobun.

S’étant par la suite lié d’amitié avec un prince


de sang, cousin du tsar, Robert de la Courtel-
lière, il permit à ce dernier d’accéder à la charge
de Tsar à la mort sans enfant de Bucksveckik I.
Robert le remercia en l’anoblissant (son nou-
veau nom reflète la décision du tsar, tarsière
étant une déformation de tsar) et en le nom-
Il s’agissait du plus prestigieux ordre de chevalerie mant templier.
aquilonnien. L’Ordre des templiers fut fondé par Elo-
nik Ier, le premier tsar de la Dynastie des Vensick, afin Hanzus de Tarsière disparut dans des condi-
de lutter contre les terribles horlas. Après la seconde tions mystérieuses, alors qu’il était parti à la
Guerre des Pénitents, le Commandeur général obtint recherche de la source de la vie éternelle. On
des trois monarques l’autorisation d’assurer la sécurité raconte qu’il mourut, tué par les seigneurs ti-
de la capitale partitionnée de Mô, ainsi que celle de la gres gardiens de la
muraille d’Haelion. L’Ordre changea de nom et devint source.
celui des Templiers du Ponant. Ses maisons-mères pri-
rent le nom de « temples » et l’ordre fut dédié à Elth,
seigneur de l’Ordre et de la Paix.

Le Temple a su garder son indépendance à l’égard du


pouvoir des rois du Ponant. Leurs commandeurs bé-
néficient de l’immunité diplomatique et l’ordre est lui-
même considéré désormais comme un pays. Les tem-
pliers sont reconnaissables à leur armure et leur surcot
blanc frappé des lames en équerre et du petit soleil,
symboles d’Elth. Les templiers maîtrisent en partie
la psychomagie (science de l’attaque à distance). Leur
nombre est évalué à environ 15 000.

Le Temple a son siège à Mô et des représentations dans


toutes les cités du Ponant.

1 L’ordre disparu était l’ordre des chevaliers du Tsar, vêtu de noir.

81
L’Ordre Itinérant de la parole de Hanesh Ponant lui accorde une mission d’aide à l’évangélisation
hors des frontières. L’Ordre a connu alors un retour de
fortune particulièrement important, de nombreux no-
bles bas-ponantais faisant des dons importants pour
la réévangélisation de Weröl. Les Arcaniens se sont
alors répandus sur le continent en accompagnant les
missions menées par les cultes divers, notamment en
Faram et Theleb. L’Ordre a obtenu des souverains du
Haut-Ponant et du Lisban la même reconnaissance de
leur rôle dans la protection des pélerins et missionnai-
res.

Selon la légende, au moment de prononcer son vœu


perpétuel, l’arcanien apprend un des secrets révélés par
Ordre de chevalerie constitué par Mac Ier, qui l’a consa- les Dieux aux hommes. Ceci explique son silence. Les
cré à Hanesh, Dieu désormais mort et membre de la arcaniens peuvent communiquer entre eux et utilisent
trinité impériale. L’ordre recrutait autrefois parmi les la magie harmonique. L’ordre compte 4 000 chevaliers.
moines du clergé de Hanesh. Désormais, l’ordre s’est
laïcisé et est constitué pour la grande majorité de che- Un quatrième ordre de chevalerie est né après la secon-
valiers bannis ou en exil. Recouvert d’un surcot vert, ils de guerre des pénitents et s’est installé dans les trois
font vœu de pauvreté et jurent de défendre la veuve et royaumes du Ponant :
l’orphelin. En effet, l’Ordre Itinérant a obtenu des trois
monarques la grâce pour tout chevalier préférant ren-
trer dans l’ordre plutôt que de courir l’infâmie d’une L’Ordre du Doigt de Kherk
condamnation. L’Ordre ne comporte qu’un seul siège,
basé à Taur-Alkar pour des raisons historiques.

Les chevaliers se déplacent toujours par deux et reçoi-


vent généralement des instructions au siège sur les rè-
gles qui s’appliquent à leur vie quotidienne et qui sont
inspirées de celle des moines. Cet ordre compte près de
26 000 chevaliers.

L’Ordre missionnaire des Arcaniens

Après la défaite navale du Haut-Roi Enguerrand III, une


poignée de chevaliers a fondé cet Ordre pour préparer
la « reconquête de la souveraineté aquilonnienne », avec
la bénédiction du souverain. Très rapidement, les cheva-
liers ont attiré à eux des guerriers et des nobles d’autres
contrées. La condition pour entrer dans l’Ordre est
en effet d’être chevalier de souche aquilonnienne. Le
Dieu-patron de l’Ordre est l’instable Kherk. Les cheva-
liers portent un surcot bleu et font le vœu de préparer
la reconquête des terres septentrionales, et notamment
la destruction de Kalkabat.
Ordre fondé par Mac Ier, les arcaniens ont fait vœu de
silence. Un heaume recouvre intégralement leur tête. L’Ordre a pour siège la cité de Taur-Alkar, car le Haut-
Dès leur origine, les arcaniens n’avaient pas le droit de Roi n’a pas voulu accueillir aussi visiblement dans sa
se mettre au service de tel ou tel culte, fief ou individu. capitale un ordre de chevalerie aussi violemment anti-
Leur allégeance n’était qu’au Haut-Roi. elfe noir. L’Ordre compte 1 500 chevaliers et sa devise
est « Aquilon Revient ! »
Après la seconde Guerre des Pénitents, l’Ordre a péri-
clité et failli disparaître jusqu’à ce que le Roi du Bas-

82
Langue, calendrier et monnaie quelque soit le pays concerné (Bas ou Haut-Ponant,
Lisban).
Le langage parlé en Aquilon est l’aquilonnien, adopté
par la plupart des royaumes humains du monde. L’aqui- Les trois royaumes ont conservé le calendrier dit « pa-
lonnien est la langue la plus parlée sur Terra Mater. Elle léo-aquilonnien » daté de la venue sur le trône de Mac
est courante dans le Haut-Royaume mais également Ier, fondateur du premier Empire.
usitée au delà de ses frontières, jusqu’au Centreterre.
L’aquilonnien est une langue extrêmement complexe
en termes de grammaire, d’orthographe mais égale-
ment très précise et très harmonieuse.

La monnaie usitée est l’écu or, valable au delà des


frontières pour la plupart des royaumes humains car
la valeur des pièces correspond à leur poids de métal.
Le ducat ou écu d’émeraude vaut 10 écus d’or. Un écu
d’or 100 écus d’argent. La monnaie est frappée à Mô,

83
Annexe : Mô la cité divisée un ravissement visuel en même temps que le symbole
du redressement du royaume.

Par la suite, les Hauts-Rois successifs ont rajouté des élé-


ments militaires, notamment Solimane III le Conqué-
rant, peu rassuré à l’idée d’être vulnérable dans une si
grande cité de marbre.
Lors de la Seconde Guerre des Pénitents, les Hauts-
Rois d’Aquilon durent fuir après l’anéantissement de
leur armée. La cité fut totalement abandonnée, au mi-
lieu du désert de destructions causé par les armées el-
fes noires.
En 771 la cité devient le siège du traité de partition qui
Historique règle la succession d’Aquilon. Les Rois du Ponant ne
veulent pas céder sur sa propriété et la cité est parti-
Capitale du Haut-Royaume d’Aquilon, Mô fut fondée à tionnée en trois. En 780, elle est de nouveau le siège du
quelques lieues des ruines de Tsaran, l’ancienne capi- traité faisant du Lisban le grand perdant des guerres
tale des tsars, détruite lors de la Guerre des Pénitents. pour le contrôle des côtes.
Ce fut Solimane II le Bâtisseur qui décida de doter son La cité a été placée sous la protection du Temple du
royaume d’une capitale d’envergure, en 462. Les tra- Ponant et les souverains ont pris grand soin à peupler
vaux durèrent 70 ans. Mô fut entièrement bâtie avec du la partie de la cité leur revenant, dans l’optique d’une
marbre blanc, extrêmement coûteux, importé à grands refondation possible de l’ancien Haut-Royaume. Les
frais via le Grand Fleuve Aquilon depuis Port-Noir. faubourgs de l’antique Mô sont ainsi devenus trois ci-
Œuvre à laquelle le Haut-Roi a pratiquement dédié tés distinctes, tandis que l’ancienne mô est un centre
toute sa vie, Mô se devait d’être non pas une place-forte historique désert où seuls les templiers ont le droit de
mais l’âme du royaume, la plus belle cité de l’Empire, patrouiller.

84
Description géographique cupent l’Ouest et l’Est de la ville, de part et d’autre de
l’avenue des Hauts-rois. Le petit quartier des temples
La cité a été bâtie à l’origine au bord d’un bras du regroupait les trois temples majeurs (Y-Aelin, Orius, Ha-
Fleuve Aquilon, ce qui lui permet d’être au cœur des nesh) plus un temple de la trinité impériale (regroupant
échanges entre le Nord et le Sud du Haut-Royaume. les 3 déités) où le Haut-Roi était couronné. D’autres
De plus, elle se situe à relative équidistance de l’océan temples beaucoup plus petits existaient. Aujourd’hui,
aquilonnien et des grands lacs. ces temples manischismiques ont été reconvertis pour
accueillir les nouvelles divinités : Elth, Fortunaë, Juras
Construite dans la plaine, Mô est surélevée de quelques Mater. Le quartier des temples abritait l’Ecole des Arts
mètres car sous ses pieds se trouve une butte de terre Musicaux de Mô, qui formait des troubadours extrême-
artificielle. La ville proprement dite est cernée de mu- ment réputés mais celle-ci a fui la ville lors de la se-
railles blanches massives de 7 mètres de haut, décorées conde guerre des pénitents.
en surface de marbre, et ornée de 5 tours défensives
construites en pierre et peintes en blanc. L’Ouest de la cité antique était occupé majoritairement
par les demeures des nobles que le Haut-Roi retenait
La Cité Antique parfois de longs mois à sa cour. Aujourd’hui, seuls
On peut accéder à Mô par 2 portes. La Porte Nord don- les templiers les occupent. En face de la forteresse se
ne sur un pont enjambant l’affluent du Fleuve Aquilon. trouve la place des fous. Le nom de cette place tient au
En réalité cette porte se trouve au Nord/’Est mais l’ap- fait que chaque jour, le Haut-Roi venait sur un balcon
pelation est restée, on ne sait trop pourquoi. La Porte donnant sur cette place, afin d’entendre les éventuelles
Nord est ornée d’une grande cloche d’or qui n’était doléances ou demandes qui lui était adressées. La place
utilisée que lorsque le Haut-Roi quittait ou revenait à est généralement noire de monde. Certains bardes ou
Mô. Gardée par les chevaliers de l’Ordre du Tsar, cette troubadours tentaient de se faire remarquer du souve-
porte était autrefois l’endroit où le tri s’opèrait. En ef- rain en jouant le meilleur de leur répertoire, tandis que
fet, seule une poignée de privilégiés pouvaient entrer certains hommes venus de loin imploraient la justice
dans la ville : nobles, prêtres des nombreux temples de royale. Vue du balcon, cette scène chaotique donnait
la cité, invités du Haut-Roi et étudiants des écoles pres- l’impression que des centaines de fous avaient subite-
tigieuses de la ville. Un habitant de la cité devait venir ment envahi la cité. Lorsqu’un chansonnier avait l’heur
à la Porte Nord pour chercher son invité et s’en porter de plaire au Haut-Roi, il était immédiatement invité au
garant. La Porte Sud était réservée aux marchandises. palais. Pour les autres, il leur était le plus souvent in-
timé l’ordre de quitter la cité dans l’heure.
Aujourd’hui, l’antique Mô est partiellement en ruine.
Les templiers ont la garde des murailles blanches et Mô-Lisban
ne laissent entre personne, en vertu du second traité Il s’agit du faubourg de la cité qui se dresse à l’ouest
de Mô. Il s’agit d’éviter une éventuelle tentative de re- de la Cité antique. Mô-Lisban est de superficie inter-
conquête de la légitimité symbolique par un souverain médiaire par rapport aux deux cités qui bordent Mô.
désireux de recréer l’Empire. Elle compte 25 000 âmes vers l’an 900 et est adminis-
trée par la famille des Ducs Hurtur del Velmiz qui par
La cité antique, qui est désormais vide mais qui pouvait ailleurs occupent la charge de Grands Chanceliers du
accueillir autrefois jusqu’à 30 000 habitants, a pour cen- Royaume. Le château (4) des Ducs de Mô-Lisban a été
tre la Forteresse d’Aquilon (2) construite par Solimane construit près de la sortie de la ville car les lisbanais
III le Conquérant, un château médiéval aux puissan- ont toujours craint une invasion ou pire un siège de la
tes murailles blanches (elles sont peintes pour ne pas cité. Pour la même raison, les 2 ponts qui mènent à Mô-
trancher avec la cité) adossé à la caserne (3), siège des Bas Ponant font l’objet d’une garde très scrupuleuse
Templiers et de l’Ordre du Tsar. L’avenue des Hauts- du coté lisbanais. Une centaine d’hommes en armes
Rois permet au visiteur de gagner depuis la Porte Nord gardent ces ponts. Cette impressionant déploiement de
la citadelle sans trop de difficulté en passant par l’am- forces n’empêche pas le commerce puisque le passage
phithéâtre de Belhir II (1) qui a été transformé par les des ponts est entièrement gratuit pour les commer-
templiers en caserne. Cette avenue était ornée de 7 sta- çants, un moyen d’accroître la puissance commerciale
tues en or des différents Hauts-Rois (Solimane I, II, III, du Lisban. En tout, 5 000 hommes protègent la cité,
Dimotran I, Belhir I et II, Dimotran II) mais elles ont sans compter les kraks de chevaliers vassaux du Duc
disparu lors des nombreux pillages de la cité pendant qui hérissent la frontière entre le Lisban et ses deux
la guerre. voisins.

Les deux principaux quartiers de la ville antique sont La cité en elle-même a été construite avec des briques
le quartier des ambassades et celui des temples qui oc- rouges et ocre qui lui donnent un coté méridional as-

85
sez curieux dans cette région. Mô-Lisban est connue viennent se faire sacrer. Théoriquement, les nobles du
pour ses écoles de théâtre et de musique. De nombreux bas-Ponant et du Lisban devraient venir prêter ser-
spectacles y sont donnés, une habitude encouragée par ment de vassalité à cette occasion mais évidemment les
la famille des Urtur de Li Vimis qui sont connus pour familles nobles de ces deux pays refusent de traverser
être de grands mécènes. .Le plus grand bâtiment de la à cette occasion la frontière. Toutefois, leurs sièges sont
cité est d’ailleurs le palais des arts, dont les murailles laissés vacants avec leur nom pour que le Haut-Roi se
surplombent le fleuve Aquilon. Celui-ci sert de bourse souvienne de sa suzeraineté théorique sur leurs terres.
de négociation tout au long de l’année mais plusieurs
fois par an est réquisitionné pour un grand festival bar- La Cité de Mô-Haut-Ponant a été construite dans un
dique. souci de reproduire la cité antique, interdite d’accès.
Aussi, la forteresse d’Aquilon a été reconstruite en mo-
Mô-Haut-ponant dèle réduit (6) et les bâtiments peints en blanc. Le mar-
La cité est accolée au Nord de l’affluent et est plus pe- bre a été massivement utilisé dans la décoration de la
tite que Mô-Lisban. Sa population est d’environ 2 000 cité. Les couronnements ont lieu dans la forteresse, qui
âmes et deux ponts lui permettent de rejoindre la cité sert de siège aux pairs de la cité.
antique, via la Porte Nord, et Mô Bas-Ponant (mais elle
est isolée du Lisban). Mô-Bas-Ponant
La cité est la plus grande en superficie mais est aussi la
Contrairement à Mô-Lisban, Mô-Haut-Ponant n’est pas moins densément peuplée puisqu’elle ne compte que 2
le fief d’une grande famille du royaume. Elle est admi- 000 âmes. Par ailleurs, elle est la seule cité à être reliée
nistrée par la famille des pairs de Lou Tousche d’Uvre- aux trois autres (cité antique, Mô-Lisban, Mô-Haut-Po-
gny, qui portent la charge d’officiers du couronnement. nant), ce qui en fait un carrefour commercial de grande
En effet, c’est à Mô Haut-Ponant que les Hauts-Rois ampleur. Le passage des ponts est payant pour toute

86
personne souhaitant se rendre dans le Bas-Ponant
uniquement pour transit. La condition à accomplir
pour ne pas être assimilé à un voyageur de passage est
de résider au moins trois nuits dans le Bas-Ponant.

La cité est administrée par les ducs da Chabannas La


Palica et est essentiellement occupée par une garni-
son de 1 500 soldats. C’est également de là que les
espions de la couronne Bas-Ponantaise ont souvent
leur base, dont ils s’élancent pour ramener des infor-
mations sur les autres royaumes aquilonniens. A l’ori-
gine, Mô-Bas-Ponant a été construite sur les ruines
de l’ancien quartier militaire, qui abritait du temps
du cycle cassandrien près de 50 000 soldats royaux
dans des barraquements de fortune. La petite cité de
marbre ne pouvait en effet pas accueillir autant de
soldats. Les barraquements de bois s’étaient au fil des
ans transformés en maisons de pierre individuelle.
Des échoppes multiples s’étaient ouvertes tout le
long de la voie très large reliant la porte Sud au Port
Royal. Le quartier général des armées royales (5) se
trouvait également dans ce quartier de fortune, très
animé de jour comme de nuit. Aujourd’hui, il est de-
venu le siège du Duc.

La cité accueille sur son sol les ambassades des deux


autres royaumes, le Haut-Ponant et le Lisban n’ayant
toujours pas rétabli de relations diplomatiques depuis
la guerre ayant suivi le premier traité de Mô.

87
1.1.5. La Sainte Cité de Requiem : la Cité de Requiem atteignit la rive occidentale d’Aquilon. Les
représentants de Requiem descendirent à terre et se
l’Exode rendirent même à Mô où ils visitèrent le Haut-Roi Bel-
hir II et empêchèrent un complot contre ce dernier,
Histoire ourdi par des espions thélébéens.

En 721, le courroux de Y-Aelin s’abattit sur la Cité


après que des disputes entre les dirigeants de Requiem
eurent abouti à des exécutions et des meurtres. Seule
l’intervention de Mulveya Pancreator permit de sauver
la cité des catastrophes déchaînées par le Dieu en co-
lère. Quasiment tous les hommes valides – nains, elfes
et wolfynx – de la cité furent ainsi massacrés. Y-Aelin
abandonna alors la cité à son sort et Pancreator devint
le nouveau protecteur des requiemites.
La cité de Requiem a une histoire plus que millénaire. En 722, Gmorkh accomplit la volonté de Pancreator en
Construite par les elfes Thébains (actuel continent de allant quérir, au cœur de la cité jumelle de Requiem,
Terra Negra) pour fuir l’avancée des armées néantiques la cité céleste de l’Empereur Sharakaï, la 6ème des 7
un millénaire avant notre ère, Requiem était l’une des pierres de couleur données par Pancreator aux elfes
deux cités volantes qui devait porter le peuple fééri- pour lutter contre la pierre de nuit de Titan. En effet,
que dans son Hégiriade (terme sacré elfique pour désigner Pancreator estimait que les jours de Terra Mater étaient
l’exode des elfes). La Cité atterrit dans l’actuel Empire comptés si un arc de lumière magique n’était constitué
Daï mais, au bout de deux centaines années, le roi des pour la protéger. Cette opération risquée se termina
exilés, Gnoséon, refusant le brassage des peuples féé- par la disparition de plusieurs valeureux requiemites
riques et mortels, décida de rebrousser chemin vers ainsi que de la dragonne d’airain qui protégea la fuite
Terra Negra. C’est en chemin que la cité dut se poser de la cité en allant affronter Sharakaï. Sans le savoir,
en catastrophe, sur le troisième continent d’Atlante, en Gmorkh provoqua le début du grand Théolocauste, son
– 800. La cité, très endommagée, fut fortifiée dans les épée « Echec » étant magiquement actionnée au pa-
montagnes d’Atlante et prit le nom de Saranzara. roxysme du combat sur un coup particulièrement bien
ajusté contre le champion du Dieu Titan, la samouraï
En 718, la cité de Saranzara fut prise à son tour d’assaut sorcière Phen Fao-Doï.
par des wolfynx guidés par Gmorkh, un prêtre de Y-Ae-
lin conseillé par des étrangers venus de Terra Mater. Ce Pour sauver Requiem et les 6 pierres de couleur, Pan-
dieu bon, aujourd’hui disparu, souhaitait en effet que creator téléporta la cité et ses rescapés sur un plan en-
le péché de l’Hégiriade (le refus de Gnoséon d’obéir chanteur mais leur interdit pendant 20 ans de mettre
aux Dieux) soit effacé par un nouvel Exode. Les vain- pied à terre, c’est-à-dire jusqu’à ce que le dernier wol-
queurs de Saranzara (les wolfynx) et les vaincus (les el- fynx mâle ayant participé au bain de sang de Saranzara
fes) devraient s’envoler ensemble et chercher une terre en 718 soit mort de vieillesse. Seul Gmorkh, immortel
promise. Ce que Gnoséon avait refusé de faire plus de du fait de son épée, ne connut pas ce sort mais le Dieu
1500 années auparavant, Gmorkh devrait le réussir. Les lui interdit de descendre, même après 742.
wolfynx, assiégés par les armées atlantes, parvinrent à
rentrer en contact avec Gnoséon et à refaire voler la Après cette date en effet, le Pancreator autorisa la jeune
cité, notamment grâce aux spectres de ceux qui étaient génération de la cité à fouler la terre enchanteresse en
morts durant l’assaut. Le cataconaute, c’est-à-dire la contre bas en leur confiant une tâche : le grand Théo-
personne donnant les ordres à l’esprit de la cité, fut locauste amorçait le crépuscule des anciens Dieux et
le barde elfe nordique Apernyx Dorkanis, un ami de le monde de Weröl avait besoin de divinités. Les jeu-
Gmorkh. nes requiemites devraient partir explorer ce plan pour
y trouver les nombreuses portes dimensionnelles qui
La Cité se drapa de noir par la volonté de Y-Aelin et leur permettaient de gagner des mondes lointains où
les spectres permirent aux assiégés de fuir Atlante vers se trouvaient des Dieux en exil, isolés ou abandonnés,
l’Est. Saranzara devînt Requiem. Néanmoins, Gmorkh afin de les convaincre de rejoindre Weröl.
interpréta mal la volonté de Y-Aelin et laissa croupir les
otages elfes en prison. Sur sa route, il récupéra un peu- C’est ainsi que gagnèrent la cité des humains marau-
ple de nains noirs adorateurs d’une dragonne d’airain, deurs d’une ville lointaine appelé Etynx1, dirigés par
cette dernière et ses quatre petits et les autorisa à vivre
avec les wolfynx. Finalement, après une année d’exode, 1 Tous les plans cités ici sont décrits dans le Grimoire.

88
Kiwen, avatar du dieu Kul-Bazur ; des reptiliens du Population, langue, religion, culture
plan de Zeltek adeptes de Malevolyss ; Kodarum le
champion de Hapoggaëddon venant du lointain plan Le seul et unique recensement opéré, en 745, donnait
de Koldronne ; Sint Alaric, un requiemite converti à une population relativement déséquilibrée : plus de
Elth. Ces hommes devaient devenir les champions por- 2000 elfes islandiens, environ 1 000 humains, plus de 2
000 reptiliens, près de 1300 wolfynx et à peine 150 nains.
teurs de pierre qui permirent en 749 le sauvetage de Le ratio hommes/femmes était lui-même déséquilibré
Terra Mater et la seconde création. puisque on comptait à peine 450 hommes pour 3 000
femmes hors reptiliens et humains, où la proportion
Gmorkh mourut lors d’un duel contre un champion était de 50/50. Les guerres, les punitions divines et l’er-
Rex en 745, alors que les troubles entre les races pré- rance du peuple avaient en effet durablement marqué
sentes se multipliaient. Il fut ressuscité mais quitta la pyramide démographique. Le taux de natalité était
immédiatement la cité, comme possédé par une âme bas pour les elfes mais élevé pour les autres nations,
étrangère, afin de trouver un moyen d’apaiser son tour- d’où une évolution vers le rééquilibrage des peuples.
ment. Il se convertit plus tard à Firloute.
Par la suite, Requiem est devenue une cité florissante
Peu après, la Cité de Requiem fut enfin re-téléportée (cf. pélerinages). En l’an 810, elle comptait environ 4
sur le plan de Weröl et fut la graine du renouveau spi- 000 elfes, presqu’autant d’humains et 2 500 reptiliens.
rituel de ce monde en envoyant ses fils évangéliser au Les wolfynx – non représentés au conseil restreint–
nom des anciens dieux. Elle se posa définitivement sur sont quant à eux près de 1000. Les étrangers (péle-
une île de l’archipel khorrennien. Gmorkh n’y revint rins, commerçants) pesaient pour leur part près de 10
qu’en 749 pour y mourir, après avoir aidé à la destruc- 000 personnes... Et ceci sans compter les spectres qui
tion du dôme de ténèbres. continuent à hanter la ville.

La Cité elle-même est divisée en trois quartiers d’im-


Organisation politique portance inégale, plus ou moins bien entretenus, où
sont massées les populations par ethnie.
Le blason de Requiem représente une cité sur un nua-
ge encadrée de deux éclairs. Il est noir, à l’image de la Au Nord se situe l’Etynx, le quartier humain, où se
cité. Requiem est administrée par un conseil représen- trouve la tombe de Sint Kiwen. Tous les environs du
tant les principaux peuples et cultes de la ville. tombeau sont occupés par le Dôme, l’Ecole fondée par
le Sint (cf. plus loin), qui recrute et forme les meilleurs
Il a été dirigé jusqu’à sa mort en 745 par (Sint) Gmorkh assassins du ponant. Les assassins reçoivent une for-
Kaddarak, un wolfynx rendu immortel du fait de son mation religieuse également. On y trouve également le
épée magique, Echec. Ensuite, cette charge est revenue premier temple unicosmique de Malevolyss construit
à Sint Apernyx Dorkanis le barde, un elfe nordique au monde où réside le dragon d’airain Durafnar.
représentant symboliquement les elfes islandiens des-
cendants du peuple de Saranzara capturé. Ce dernier a L’Etynx sépare le Gmorkh, le quartier wolfynx - où se
quitté la cité en 750 pour rejoindre la Thébaïde, le ber- trouve la tombe de Sint Gmorkh - du Dorkanis. L’en-
ceau des elfes (cf. Terra Negra), et c’est Sint Kiwen, un droit est là aussi envahi par les pélerins qui veulent
humain, qui lui a succédé avec le titre de Kaïd jusqu’en rendre un hommage au sint : adorateurs de Firoute, de
790. Pancreator ou tout simplement wolfynx de la cité qui
le considèrent comme le plus grand des wolfynx ayant
Le Conseil a pu comporter un nombre de membres jamais existé, le libérateur du peuple wolfynx.
variables au fil des années mais jamais moins de 3. Gé-
néralement les membres du Conseil étaient porteurs Le Dorkanis est le quartier des elfes. Outre l’Ecole du
d’une des pierres elfiques de couleur. De nombreux Tambour fondée par Sint Apernyx, on y trouve le pre-
débats ont d’ailleurs eu lieu par le passé sur la nature mier temple unicosmique d’Elth, construit par Sint
et la composition du conseil : fallait-il que les wolfynx, Alaric. Certains elfes vont même se recueillir à la sortie
le peuple conquérant, dirige la cité ou qu’il partage le de la cité sur le ponton d’où serait parti Sint Apernyx
pouvoir ? Fallait-il une adéquation entre les porteurs pour rejoindre la Thebaïde, en 750.
de pierre de couleur et les membres du Conseil ?
Par tradition, les nains – extrêmement minoritaires -
En Requiem, après la fin du grand Théolocauste, se ont été interposés entre les elfes et les wolfynx et sont
trouvent les pierres de Gmorkh, et Kiwen (Esmerald chargés de la police au jour le jour. Autour de la cité
et Sang-Vif), les trésors les plus précieux de la cité. De- ont été développées des plantations afin de nourrir les
puis la mort de Gmorkh, siègent au conseil un repré- requiemites mais aucun système monéraire n’a vu le
sentant du peuple reptilien, un représentant humain jour. Requiem admet à peu près toutes les monnaies
(le Kaid), et un représentant elfe. du monde, avec une préférence pour celles du ponant
et du Septentrion.

La cité n’a pas d’unité et plusieurs langues y cohabi-

89
taient à l’origine : l’atlante et l’atlante abâtardi pour les Article 1er. La ville de Requiem est composée de citoyens li-
elfes et les wolfynx, le m’bala, un dialecte frustre pour bres et de citoyens communautaires.
les nains. Progressivement, le m’bala a disparu pour Article 2. Les communautés sont composées de groupe de ci-
devenir une langue uniquement utilisée par la police, toyens qui se reconnaissent une appartenance commune à la
et l’atlante s’est imposé. communauté.
D’un point de vue religieux, c’est également la disper-
sion mais globalement la cité est tolérante et symbio- Article 3. La ville est administrée par un haut-conseil. Le
tique : Les humains adorent en grande majorité Bazur, haut Conseil délibère des affaires intéressant la cité. Il éla-
décrété saint patron de requiem par le Kaid Sint kiwen bore et promulgue les lois de la cité. Le haut Conseil est
(et certains sont des zélotes manichéens hétérodoxes composé du cataconaute, et des membres fondateurs de la
de Kul-Bazur). Certains wolfynx continuent à adorer cité, chacun avec droit de veto ; des représentants religieux,
Y-Aelin, pourtant une divinité disparue, qui les a mené avec droit de veto sur les affaires intéressant strictement
à la victoire contre Saranzara, même si une majorité a leur culte ; des représentants des communautés ; des repré-
adopté Elth, tandis que d’autres adorent le Pancréa- sentants des citoyens libres.
teur, la religion prônée par Gmorkh.

Les nains continuent à révérer le Déesse Dragonne et Article 4. Assistent au Haut Conseil : le sénéchal de la cité,
par association d’idée vouent un culte à Malevolyss, le prévôt des marchants, le directeur de l’école bardique, les
produisant un rite syncrétique très particulier. directeurs des académies, les représentants des autorités mi-
litaires, les champions des dieux sous réserve d’être désar-
Dans les profondeurs de la cité, les reptiliens rendent més et pacifiques. Ils possèdent un droit de vote pour les lois
également un culte à Malevolyss dont les dragons fils d’assemblée.
d’Alazir sont les avatars.
Article 5. Les communautés s’administrent librement selon
Les elfes enfin perpétuent la religion de leurs ancêtres leurs coutumes et appliquent les lois de la cité. En cas de dé-
et vouent un culte large à tous les dieux, sauf le pan- faut d’administration, des sanctions pourront être portées
créateur qui est jugé trop « wolfynx » selon leur point
de vue. par la cité contre une communauté ou ses représentants.

L’omniprésence des spectres a contribué à l’essor d’un Article 6. Chaque communauté peut élaborer trois lois, dites
culte discret de l’Innommé. lois de la communauté. Seule une loi d’assemblée de la cité
peut contrarier une loi de communauté. Les lois de commu-
Les seules institutions viables de la cité sont l’Académie nauté ne peuvent porter atteinte à l’intérêt général.
Bardique mise en place par Apernyx et qui accueille
surtout des elfes et l’Académie de Magie où sont en- Article 7. Tout crime, délit ou offense d’un citoyen envers un
seignées la sorcellerie et la psychomagie par un mage autre membre de la cité est puni par la coutume de la com-
lutin compagnon de Gmorkh et d’Apernyx. Sint Kiwen munauté d’origine du fautif. Si l’action a porté préjudice à
a également fondé une école religieuse réputée où l’art
de l’assassinat est enseigné sous toutes ses formes. Cet- un membre d’une autre communauté, le fautif est en outre
te école porte le nom du Dôme, du fait du bâtiment où puni selon la coutume de cette autre communauté, sans pré-
l’enseignement est prodigué. judice dans ce cas d’une sanction par la cité.

Requiem est enfin célèbre pour ses singes noirs qui Article 8. Les conflits entre communautés sont arbitrés par
se baladent en toute liberté dans la cité. Les habitants les autorités de la cité. Les citoyens qui ne relèvent pas d’une
en ont fait leur mascotte et les considèrent comme communauté doivent se faire enregistrer comme libres d’ap-
des réceptacles possibles pour les spectres de la cité. partenance. Il sont directement administrés par la cité.
L’origine des singes vient du naufrage d’un navire qui
en contenait une dizaine de cages. Les singes rescapés Article 9. La cité favorise les entreprises communes aux
envahirent alors Requiem et personne n’osa les en dé-
loger. membres de plusieurs communautés

Article 10. Tout citoyen arrivé en âge de se reproduire est


libre de demander son rattachement à la communauté qu’il
Les lois de Requiem souhaite. Cette dernière délibère sur l’adhésion selon sa
coutume. L’adhésion à la catégorie des citoyens libres est de
Le code régissant la cité de Requiem fut publié en 745 droit pour tous ceux qui ont réalisé trois actions de renom en
par Apernyx le cataconaute. En voici le texte intégral : faveur de la cité de Requiem.
Telles sont les lois de la cité libre de Requiem qu’à nul être
qu’ennemi elles porteront dommage. Article 11. En cas de blocage institutionnel ou de troubles
graves, le cataconaute dispose de tous les pouvoirs néces-

90
saires à la restauration d’un fonctionnement normal de la
cité.

Cette constitution a ensuite été amendée pour suppri-


mer le titre de cataconaute au profit de Kaid et créer
un « directoire » de 3 personnes, chargé de gérer les
affaires courantes.

Relations avec l’extérieur

La Cité de Requiem, posée sur un îlot de l’archipel


khorrenien, n’est évidemment pas passé inaperçu du
royaume du Lisban, une fois que ce dernier a eu fini
de disputer le littoral à ses voisins. A plusieurs repri-
ses, une délégation lisbanaise a été envoyée afin de né-
gocier la sujétion de Requiem à l’impôt et des mena-
ces de guerre ont été évoquées. Toutefois, la position
de la cité la rend relativement imprenable, sauf par
blocus, ce qui porterait du même coup atteinte aux
intérêts des compagnies lisbanaises, qui font escale à
Requiem.

Le Roi de Khor a également des revendications terri-


toriales sur l’archipel et a lui aussi fait pression pour
que la cité se déclare Haut-Ponantaise.

Requiem a acquis également une réputation de ville


sainte et bon nombre de temples la considèrent com-
me la mère de tous les cultes dans la religion poly-
théiste symbiotique, ce qui n’est pas sans provoquer
l’ire du clergé du Ponant. On y vient de loin pour
se recueillir sur la tombe de Sint Gmorkh (Culte de
Pancreator, Culte de Firloute), admirer l’école de Sint
Apernyx, prier dans le premier temple de Malevolyss
du monde, s’entraîner à l’école de Sint Kiwen et se re-
cueillir sur sa tombe, contempler le temple construit
par Sint Alaric, etc…

91
Légendes de Weröl
( Sint ) Gmorkh Kaddarak « Esmerald » dit « le Démolisseur »
Race : wolfynx
Classe : prêtre de Y-Aelin puis de Mulveya puis de Firloute
Dates : 666 - 749

Célèbre pour sa crinière blanche, Gmorkh fut décou-


vert tout bébé, après la grande éclipse qui eut lieu en
666, par Kroll, Kaargar de la Tribu des Dents-Bri-
sées, et fut adopté par ce dernier. Son nom signifie
« Fureur meurtrière » et également « Celui qui va
jusqu’au bout » mais il manifesta très tôt une intelli-
gence exceptionnelle et un refus de la violence. Parce
qu’à l’âge de 11 ans, Gmorkh refusa de mettre à mort
Korkan, le fils du chef de la Tribu, dans un duel rituel,
il fut ostracisé. Quelques années après, il fut capturé
par le Heaume lors d’une campagne de chasse et ven-
du comme esclave au Masque.
En 701, il accompagna son maître, un lutin du nom
de Hanz, à l’extérieur d’Atlante et découvrit alors le
vaste monde. Le but de leur expédition était de se
renseigner sur un anneau magique mystérieux – le
gin aring. En effet, des espions elfes noirs avaient été
pris furetant à Kilkieran à la recherche de cet arte-
fact. Gmorkh fit alors la connaissance d’aquilonniens
qui oeuvraient pour la défaite d’Eros d’Hernani, le
seigneur des elfes noirs. Or, il apparut bientôt que le
gin aring permettrait d’annuler les pouvoirs du doril
aring, l’anneau d’Eros. Après la mort de Hanz, tué par
des elfes noirs, Gmorkh devint libre et s’attacha aux
pas des aquilonniens. Il découvrit ainsi que la nuit et
le Néant menaçaient le continent et que pour vaincre,
il leur faudrait mettre la main sur 7 pierres de couleur
elfiques. Gmorkh rencontra à cette occasion le Pa-
triarche Blanc, ancêtre de tous les elfes de Terra Mater
et tenta de dérober – sans succès – aux nains le enta
ring, l’anneau pouvant détruire les deux premiers.
C’est alors que Gmorkh découvrit des prophéties le
concernant, lui demandant de libérer son peuple. En
705, il reprit la direction d’Atlante mais fut capturé
par le Masque, puis emprisonné. En geôle pendant 7 ans, il ne parvint finalement à quitter la prison Mamertime
de Saranzara qu’en faisant la promesse de participer aux jeux impériaux. Il les gagna, et affronta notamment
Korkan, qu’il occit.
Relâché avec certains de ses compagnons aquilonniens, Gmorkh accomplit alors son destin en rejoignant sa
tribu, en la fédérant et en battant les cohortes du Heaume. Désormais Chaman, il découvrit que les expéditions
atlantes avaient ravagé les rangs des wolfynx. C’est alors qu’il prit la tête d’une petite partie de sa tribu et dé-
marcha tous les autres clans pour les fédérer. En 718, Gmorkh rentrera dans la légende en prenant la cité de
Saranzara. 18 000 civils et 6 000 soldats atlantes y trouveront la mort.
Entre temps, Gmorkh aura rencontré Muveya et l’un de ses amis, un chevalier aquilonnien du nom de Gonzague
Brie, reçut l’épée Echec, qui devait annoncer le Grand Théolocauste avec sa jumelle, l’épée Mat.
Gmorkh parvint à échapper aux griffes des Atlantes en faisant s’envoler la cité de Saranzara, ayant découvert
que celle-ci était une cité datant de l’Hégiriade (cf. la Thébaïde, in «Abalone») et du patriarche blanc. La Cité
fut rebaptisée Requiem et les esprits des morts dirigèrent la cité vers l’Est. Hélas, Gmorkh interpréta mal les
volontés de Y-Aelin qui voulait que Requiem rachetât les péchés de l’Hégiriade et la ségrégation des races par
un second exode. En effet, le wolfynx laissa croupir la population elfe prisonnière dans la prison Mamertime et
ce n’est qu’en 721, après qu’Y-Aelin eût violemment manifesté son courroux en tuant quasiment tous les adultes
mâles de la cité, que les elfes furent autorisés à vivre à l’air libre. Le Dieu Mulveya intervint et tua l’avatar de
Y-Aelin. Gmorkh se convertit alors à Lui et hérita d’Echec, après la mort de Gonzague Brie.
En 722, le premier coup du grand Théolocauste fut annoncé par Echec alors que Gmorkh attaquait l’autre cité
volante de l’Hégiriade, la cité de Sharakaï, pour récupérer la pierre rouge. Mulveya sauva Requiem des griffes de
l’Empereur en la téléportant sur un plan enchanteur communiquant avec des milliers de monde. Alors débuta
l’exil.
Pendant 20 ans, les requiemites durent attendre pour descendre sur cette terre enchanteresse, jusqu’à ce que le
dernier wolfynx ayant péché contre la Création en massacrant les habitants de Saranzara soient morts. Gmorkh,

92 92
immortel grâce à Echec, fut interdit de descente mais il envoya la jeune génération à partir de 742 pour aller
quérir l’aide de Dieux extraplanaires. En effet, Mulveya l’avait averti que depuis le grand Théolocauste, le cré-
puscule des Dieux avait débuté. C’est ainsi que des représentants des futures religions du Monde parvinrent
jusqu’à Requiem : Sint Kiwen, Sint Kodarum, Sint Alaric notamment.
Il était dit néanmoins que Gmorkh avait trop péché contre le Créateur et qu’il ne verrait pas la fin de l’Exil.
En 745, il mourut en cherchant à récupérer des mains de reptiliens son épée, Echec, qui lui avait été volée, en
affrontant le Champion de Malevolyss. Quelques heures plus tard, l’Exil prit fin car les reptiliens rapatrièrent la
cité sur Terra Mater en ouvrant un portail dimensionnel, conformément à la volonté de leur Dieu.
Néanmoins un troisième destin lui fut alors donné : Gmorkh fut en effet ressuscité par Matreya Malébogé (cf.
Légendes de Weröl), une disciple de Fortunaë qui y implanta l’âme errante d’un samouraï du nom de Yoshimura
Kurosawa. Ce dernier était disciple de Fortunaë, avait été vampire, puis détruit par le soleil, et aspirait à retrou-
ver un corps. Une bataille s’engagea alors entre les deux âmes pour la propriété du corps du wolfynx. Gmorkh
aux deux âmes se convertit tout naturellement au culte de la déesse Firloute, qui accepta d’arbitrer le duel des
âmes. C’est dans ces conditions que Gmorkh participa en 749 à l’épopée des 7 porteurs de pierre, en tant que
champion de Firloute.
L’âme de Yoshimura était profondément chaotique et le samouraï avait été auparavant disciple de Titan et por-
teur de l’épée Mat. Son âme prit peu à peu le dessus sur celle du vrai Gmorkh jusqu’à ce qu’aux alentours du
23 brisailles 749, il fasse chanter l’épée Mat, annonçant la fin du grand Théolocauste. Les deux âmes contenues
en Gmorkh furent alors choisies pour représenter Mulveya et Soledad (Yoshimura avait en effet été célui qui
avait libéré le Dieu). Gmorkh fut vaincu mais Mulveya s’incarna en Apernyx qui parvint à détruire le champion
de Soledad.
Après ces évènements, Gmorkh retrouva la pleine maîtrise de son corps, participa à la destruction du dôme de
Ténèbres, puis mourut quelques jours après de vieillesse, les 2 épées Echec et Mat étant désormais dans les
mains de Mulveya et Theochrone, à l’âge canonique de 83 ans.
Surnommé de son vivant « le Démolisseur », Gmorkh eut une destinée incroyable puisqu’il renversa les pou-
voirs en place et délia les entraves de son peuple. Toutefois, lorsque les Dieux lui demandèrent de construire
et de réparer ses fautes, son coté destructeur, hérité de son éducation wolfynx, refit surface et le prophète ne
parvint pas à comprendre la volonté du Tout-Puissant. Il y perdit son corps et le combat final contre l’avatar de
Soledad. Dans la religion de Mulveya, Gmorkh est sint et incarne la force du Pancreator.

(Sint) Kiwen

Race : Humain
Classe : Pilleur
Dates : 732-790
Kiwen est né sur un plan lointain, en une cité nommé Etynx
dont seuls les habitants étaient enfants. Délivrés et rame-
nés à Requiem en 744, Kiwen s’impose comme le chef de
la communauté humaine, aidé en cela par le Dieu du Vent
Bazur dont il devient l’avatar. Il créé notamment le premier
ordre d’assassins religieux, les kulistes.
C’est parce qu’il dirige et représente la communauté hu-
maine, qu’il est choisi par les autorités de Requiem pour
porter la pierre rouge – SangVif – et participer à la destruc-
tion du dôme de ténèbres. Malgré le fait que son Dieu se
soit détaché de son corps, il s’illustrera notamment par deux
épisodes relatés dans les évangiles : l’assassinat de la cham-
pionne de Fortunaë, ce qui provoquera la punition de Bazur
par Elth et le basculement du Dieu vers les divinités mau-
vaises, puis sa désignation comme champion des champions
pour affronter le porteur de la pierre de Nuit, la Sombre
Eminence.
De retour à Requiem, Kiwen prend le titre de Kaïd de la cité
après la mort de Gmorkh. S’imposant comme le chef de
toutes les communautés, il parvient à fédérer et à dévelop-
per la cité. Il meurt de vieillesse en 790, non sans avoir écrit
l’évangile qui porte son nom en 758.

93
93
1.2. Les Royaumes du Nord

1.2.1. L’Empire du Septentrion l’ouest.


Population : 6 millions d’habitants au total : 90% d’elfes
nordiques, 5% d’elfes noirs, 5% d’étrangers
Carte d identité : Armée régulière: 70 000 hommes
Flotte : Plus de 300 galères quinquérèmes et trirèmes
(Krakilian), 15 000 marins, 65 000 galériens
Villes principales : Kalkabat (120 000), Krakilian (700
000), Kourt (750 000)
Dynastie Régnante : Les d’Hernani. Eros (695-748),
Kaos (748-…)
Blason : L’araignée de Kalkabat entourée de 3 cités
représentant Kalkabat (en haut), Krakilian et Kourt, sur
fond noir.
Capitale : Kalkabat Religion : Symbiotique (Polythéisme pur). Prédomi-
Langue : Nordicéen nance des cultes de Kul-Bazur, Happoggaëddon, Male-
Dimensions maximales du cœur de l’Empire: 3 250 km volyss, Theochrone, Elth et Kherk.
du Nord au Sud, 2 500km d’Est en Ouest Calendrier : paléo-aquilonnien
Note : souveraineté reconnue sur le royaume des elfes
nordiques, le royaume de Balne, le royaume du haut-
Ponant (royaume d’Eaugrise), et les tribus trolles de

94
Géographie, climat, démographie vivaient autrefois en ces régions, et ils mènent la vie
dure à l’occupant.
L’Empire du Septentrion s’enfonce dans les profon-
deurs du nord et jouxte la mer de glace et le pôle blanc. La population de l’Empire est dispersée sur ce vaste
Quatre mois sur huit, le nord de l’Empire est plongé territoire mais essentiellement concentrée dans les
dans la nuit noire et, même à Krakilian ou à Kalkabat, la cités (1,5 millions d’habitants) ou dans les terres les
nuit occupe deux mois de l’année. Bordant le Nord du plus fertiles qui s’étendent entre le désert et la forêt, à
lac majeur, Septentrion est coupé du monde pendant l’ouest de Krakilian. C’est là que vivent près de 4 mil-
les deux mois d’hiver car à ce moment là, les eaux du lions d’habitants.
lac sont gelées. Sur sa bordure occidentale, le Septen-
trion communique avec le Haut-ponant via un désert Organisation politique, défense, justice,
magique causé par les affrontements de la Guerre du lois, religions
Portail. La citadelle noire, qui abrite une partie de l’ar-
mée de l’Empire surveille ces terres arides mais égale- L’Empire du Septentrion se compose de l’Empire
ment les royaumes vassaux de l’Empire, qui lui versent proprement dit et de royaumes vassaux : Balne (1 mil-
un tribut : le royaume gnome de Balne et le royaume lion d’habitants), le royaume des elfes nordiques (2
des elfes nordiques. millions), le royaume d’Eaugrise (environ 10 millions
De l’autre coté du lac, à la frontière avec la confédéra- d’habitants), et les clans de trolls poilus qui peuplent
tion naine, se trouve la capitale de l’Empire, Kalkabat, l’ouest des royaumes trolliques (1,5 millions). En tout,
cité mère des elfes noirs, enfouie dans les profondeurs l’Empire pèse donc près de 20,5 millions d’habitants
des montagnes. qui lui versent un tribut.
Au Nord de l’Empire se trouve la grande forêt du Nord
qui couvre des milliers de kilomètres et qui enveloppe L’Empire est dominé par les elfes noirs de Kalkabat.
l’ancienne capitale du royaume des elfes nordiques, Après la conquête du royaume des elfes nordiques, le
Kourt. La grande forêt, plongée dans l’obscurité, est roi de Kalkabat Eros d’Hernani a pris le titre d’Em-
réputée pour sa dangerosité, car elle communique avec pereur et refondé la hiérarchie nobiliaire : toutes les
les forêts des clans trolls. Une partie est magique et familles nobles nordiques ont vu leurs jeunes femmes
sacrée et les elfes noirs l’évitent : il s’agit de la partie mariées de force à des membres de la petite noblesse
de la forêt peuplée des nûnes. Il s’agit pour l’essentiel de Kalkabat. Les héritiers mâles des lignées nordiques
d’arbres pensants descendants des elfes nordiques qui ont été systématiquement éliminés.

95
Aujourd’hui, la noblesse est donc duale : Sur les terres quelques hommes et plusieurs centaines de soldats. De
les plus ingrates est implantée une noblesse métissée nombreuses familles nobles toutefois préfèrent résider
– les Junkers, fruit des mariages forcés entre nordiques à la capitale et ne laisser que des intendants dans leurs
et elfes noirs, méprisée par les dukers à la fois pour domaines. Seuls les trois clans les plus importants, pré-
l’impureté de leur sang et leur basse extraction d’ori- cités, ont l’obligation de laisser leur matrone sur place.
gine. Les junkers n’ont pas le droit d’avoir des armées
personnelles elfes noires mais le recours à des milices L’Empire dispose d’une armée régulière de 70 000 hom-
d’elfes nordiques, com- mes, en sus de 15
posées de guerriers, est 000 marins. De-
possible. puis la conquête
du royaume des
Les grandes familles elfes nordiques,
elfes noires de sang Eros d’Hernani
pur administrent de a réformé l’or-
gigantesques domaines ganisation de
qu’elles ont reçus de l’armée, et no-
l’Empereur en échange tamment sa hé-
de leur loyauté. Elles rarchie interne.
ont le droit d’entretenir
des armées de clans et Les grades mi-
portent désormais un litaires sont très
titre spécial : les Dukers. précisément dé-
Parmi les clans dukers, finis, avec par
trois sont particulière- ordre d’impor-
ment importants : les tance : Weld-
Koururgar, les Vraudel markall (Géné-
et les Nuromni. ral)/ Zeamarkall
(Amiral), Obeurmarkall (Colonel), Rittmaïster (Com-
La cité de Krakilian, fleuron du commerce et de la ma- mandant), Haupleute (Capitaine), Doberleutnant
rine de l’Empire, est devenu le fief de la famille Kour- (Lieutenant), Watchmaïster (Sergent). Seul le grade
gurar. Krakilian abrite également une des plus fameu- de Watchmaïster peut être occupé par un non-elfe noir
ses écoles de combat où l’on apprend le combat à la et chaque grade militaire nécessite une certaine pureté
manière septentrionnale. Les Dukers Koururgar entre- de sang elfe noir : 2 degrés pour Doberleutnant, 4 pour
tiennent une armée de clan qui protège la cité et qui Haupleute, 8 pour Rittmaïster, 12 pour Obeurmarkall
est d’environ 15 000 hommes. Les Dukers occupent par et 13 pour Weldmarkall.
ailleurs la fonction militaire de Zeamarkall (amiral), ce
qui leur donne autorité sur la flotte et ses 15 000 ma- L’unité de base de l’armée impériale est le peloton de
rins, ainsi qu’environ 60 000 galériens rameurs. 10 soldats, commandés par un Doberleutnant assisté
d’un Watchmaïster. Une compagnie compte 5 pelotons,
La citadelle noire, verrou stratégique du Ponant, est le soit 50 hommes, et est sous l’autorité d’un Haupleute.
fief des Dukers Nuromni. Les Dukers entretiennent Une division, sous l’autorité d’un Rittmaïster, compte
une armée personnelle de 5 000 soldats mais ont un 5 compagnies (250 hommes). Un Obeurmarkall dirige
grade de Weldmarkall dans l’armée impériale et com- une phalange divisionnaire, soit 4 divisions (1 000 hom-
mandent ainsi à 20 000 soldats de garnison. mes). Une armée se compose de 15 à 20 phalanges : 15
pour l’armée de l’Ouest, 20 pour l’armée du Nord, 21
La cité de Kourt est le fief des Dukers Vraudel. Ce der- et 18 pour les deux armées dites du Sud et de l’Est qui
nier clan, qui vit retiré et loin des autres clans, possède gardent Kalkabat.
une armée personnelle de 5 000 hommes et, en temps
que Weldmarkall, commande l’armée du nord (environ Outre cette armée régulière, les clans entretiennent des
15 000 soldats). On raconte que les Vraudel ont acquis armées personnelles uniquement composées d’elfes
l’immortalité en se faisant vampires et que tous les ju- noirs (pour le clan impérial et les dukers). Ces armées
nkers du nord sont plus ou moins du même clan de portent le nom de corps-purs et regroupent environ
sang… 45 000 guerriers elfes noirs. Les junkers ont également
des milices composées d’elfes nordiques, dont le nom-
Les clans mineurs de Junker sont environ une centaine bre est d’environ 130 000 guerriers. Les cavaleries ont
et commandent des milices dont la taille varie entre recours aux puissants kamonosaures.

96
Mallorden (Junker)
La Justice impériale est rendue par les Dukers et les Piéja de Montgone (Junker)
Junkers qui ont tout pouvoir de vie et de mort sur les Machiel (Junker)
non-elfes noirs. Pour les elfes noirs en revanche, leur Molkentine (Junker)
cas ne peut être entendu que par un tribunal composé Mizael (Junker)
de trois clans étrangers à l’affaire, et dont le degré de Sandallaril (Junker)
pureté est supérieur à celui du plaignant et de l’accusé. Mirzaï (Junker)
Toute affaire dépassant le 13ème degré de noblesse doit
cependant être porté devanr le Kaizerprinzip, le tribu- Commerce, Economie, monnaie
nal spécial impérial, qui siège à Kalkabat. Les cultes
n’ont pas l’autorisation d’avoir leur propre justice et L’Empire du Septentrion est très vaste mais peu fer-
s’en remettent donc à la justice séculaire. tile. Son seul territoire viable longe le lac sur sa côte
La loi appliquée est uniforme dans tout l’Empire. Il occidentale. Le reste n’est que forêt et montagnes.
s’agit des commandements impériaux, pris par l’Empe- L’essentiel du commerce normal du Septentrion passe
reur lui-même. Localement, les Dukers et les Junkers par l’exportation de bois, de minéraux (or, argent, fer,
ont la possibilité de prendre des décrets qui viennent mithrane ), et d’artisanat nordique (tolklin). L’Empire
faciliter ou préciser la mise en œuvre des commande- en revanche importe tout ce qu’il n’arrive pas à produi-
ments. re : aliments, tissus, produits manufacturés. L’Empire
draine à lui une large partie des productions, notam-
S’agissant de la religion, l’Empire autorise la libre ment parce qu’il ponctionne ses pays vassaux soit via
adoration de tous les cultes, y compris celui du Theo- un tribut monétaire (Eaugrise), soit en nature (Balne,
chrone. Toutefois, certains cultes sont plus populaires Elfes nordiques).
que d’autres. Tout dépend des peuples. Les cultes offi- Depuis l’arrivée d’Eros d’hernani, le Septentrion s’est
ciels elfes noirs sont ceux de Malevolyss, Kul-Bazur, et doté d’une nouvelle monnaie : la pistole septème. Une
Elth (en tant que symbole de l’ordre impérial et de la pistole septentrionnale vaut environ 7 écus émeraude.
tyrannie). Les clans elfes noirs ont généralement une Elle se divise en 7 pistoles septèmes, chacune valant 1
affiliation à tel ou tel culte. Ainsi, les d’Hernani adorent écu émeraude. Une pistole septème se divise chacune
Elth le Tyran, maître de l’absolu et de l’immobilisme. en 700 pistoles septimes (1 pistole septime = 1,4 écus
Elth est présenté comme le bras vengeur de l’ordre. argent environ).
Les Koururgar vouent une vénération traditionnelle à
Malevolyss et au Theochrone, et les Nuromni à Kherk La Culture Impériale
et Kul-Bazur. Les elfes nordiques adorent en très large
majorité Happoggaëddon.. Enfin, le culte de Kherk L’établissement de l’Empire a coïncidé avec l’expan-
a été popularisé par les tribus trolles mercenaires et sion des elfes noirs sur les terres autrefois gouvernées
repris par plusieurs peuplades de l’Empire. Les tem- par les elfes nordiques. Les premiers ont amené avec
ples sont chargés de l’éducation des jeunes elfes noirs. eux une culture qui s’était développée dans les profon-
Certains clans soutiennent ouvertement tel ou tel mais deurs des souterrains de Kalkabat, une culture d’enfer-
beaucoup préfèrent se diversifier et investir plusieurs mement, très complexe et très cruelle, adaptée à leur
cultes en plaçant ses membres dans la hiérarchie clé- ancien environnement. La découverte de l’ « aisance
ricale. En effet, la Druidesse Grise, maîtresse impériale » spatiale a évidemment modifié la culture elfe noire,
des Cultes, chargée du sacre de l’Empereur notamment, qui s’est elle-même mélangée aux traditions et folklo-
est choisie parmi les druides, c’est-à-dire les hauts-di- res nordiques. Alors que la capitale Kalkabat n’a pas
gnitaires de chaque culte (cf. Kalkabat). changé, les elfes noirs d’outrekal (c’est ainsi qu’on ap-
pelle les clans ayant quitté la capitale pour conquérir la
terre) ont quant à eux expérimenté de grands change-
Quelques grands noms du Royaume ments culturels et leurs mœurs se sont adoucies.

D’Hernani (Lignée impériale) – obédience Elth Au sein du Septentrion coexistent donc trois cultures :
Koururgar (Duker) - obédience Malevolyss & Theo- • Celle des elfes noirs purs, celle de Kalkabat. Il
chrone s’agit d’une culture essentiellement basée sur l’ap-
Vraudel (Duker) - obédience Malevolyss et Fortunaë pât du pouvoir, quoique le plus haut poste ne soit
Nuromni (Duker) – obédience Kherk et Kul-Bazur pas l’enjeu des luttes entre clans. Eros, puis Kaos
Karapteor (Duker) – obédience Elth et Kul-Bazur sont parvenus à domestiquer les clans et à en faire
Ombreterre (Duker) – obédience Kul-Bazur des courtisans. Les matrones complotent toujours
Kraust (Duker) – obédience Theochrone pour conquérir des postes et des titres, mais dans
Malifoy (Junker) le strict respect de la personne impériale. Les ven-

97
dettas – les mains noires (cf. Kalkabat) – sont tou- ou de mariage. Surtout, les clans junkers qui n’ont
jours aussi violentes mais le clan impérial est épar- pas l’obligation d’avoir leur matrone sur place, se
gné par ces luttes. sont affranchis de la pesante domination mater-
nelle et ont plutôt embrassé la culture nordique où
• Celle des nordiques. L’occupant elfe noir n’a l’homme et le guerrier dominent. Ces clans se sont
finalement que très peu touché à l’organisation du montrés de plus en plus indisciplinés, rompant
peuple vaincu. Sa noblesse a été décimée et ses avec les traditions elfes noires et certains mêmes
armées intégrées à celle des clans de junkers mais suspectés de comploter contre l’Empereur.
l’Empereur
n’a pas voulu Les elfes ont tou-
se préocupper tefois un héritage
de l’alphabé- commun qui re-
tisation d’un monte à fort lointain
peuple essen- et que l’unification
tiellement vu de l’Empire a per-
comme primi- mis de revaloriser.
tif et stupide, Ainsi, les premiers
guerrier et elfes avaient pour
violent, inapte habitude d’ensevelir
à l’organisa- leurs morts dans des
tion sociale. pyramides construi-
Les villages tes en pierre, après
nordiques ont les avoir déposés
donc conservé dans des sarcopha-
leurs bardes, ges sculptés. Chez
leurs tournois, les Elfes noirs, cette
leurs drakkars tradition s’était quel-
s’il y a lieu, que peu transformée
leurs croyan- du fait que la civili-
ces en Hap- sation soit devenue
poggaëddon. souterraine : les py-
ramides mortuaires
• Celle des ont été progressi-
outrekals. Les vement creusées
clans dukers dans le sol, mais à
et junkers l’envers, pointe vers
présents sur le le bas. Chez les elfes
territoire ont peu à peu rivalisé pour accroître leur nordiques, la science pyramidale s’était quant à elle peu
puissance à partir du territoire qui leur était don- à peu perdue et les édifices mortuaires s’étaient pro-
né. Certains ont beaucoup fortifié, bâti, construit gressivement réduits à des caïrns constitués de blocs
des monuments qui s’inspirent de l’architecture de pierre, sur lesquels un arbre était planté. Depuis la
écrasée de la capitale, mais avec la taille et les constitution de l’Empire du Septentrion, la science ar-
matériaux nordiques. Les bardes nordiques ont chitecturale des elfes noirs a été partagée avec les clans
également été priés d’écrire et surtout de réécrire nordiques et les deux peuples ont coutume d’enterrer
l’histoire de la guerre, présentant ainsi sous leur leurs morts dans des mausolées-pyramides de pierre,
meilleur jour les elfes noirs sur leurs araignées et de glace, ou de terre.
le terrible anneau magique impérial (le doril aring)
capable de détruire des armées entières. La dis-
tance géographique a adouci la rivalité entre clans
mais pas leurs méthodes : l’assassinat – chose dés-
honorante pour un nordique – est ainsi devenu un
mode courant de régler un problème de frontière

98
Légendes de Weröl
(Sint) Apernyx Dorkanis « Mandarin »

Race : elfe nordique


Classe : Mage palangon-barde
Dates : 681-…
Né dans une famille très pauvre dans un villa-
ge reculé de la région de Sternifjord, Apernyx
dût abandonner provisoirement son clan (Ce-
lui du hérisson) après avoir approché de trop
près la femme du chef de village. Il fit pour ces
raisons ses études à l’école scaldique de Ster-
nifjord, ce qui lui sauva la vie car entre temps
son village avait été rasé par une invasion de
trolls noirs, prémices des invasions elfes noires
qui allaient suivre C’est à cette époque qu’il
part vivre en 701 vers le sud du royaume des
elfes nordiques, en la marche aquilonnienne
de Sangor. `

Apernyx, formé au violon, trouve une place


de ménestrel auprès du Duc de Kheu et fait la
connaissance d’Astareilion le philosophe (cf.
Légendes de Weröl), qui sera assassiné deux
ans plus tard, et du fils naturel d’Eros d’Her-
nani, nouveau maître de Kalkabat, un certain
Denether. La même année, le royaume des el-
fes nordiques est écrasé par les armées elfes
noires et Apernyx comprend que tout retour sur ses terres d’enfance est chimérique. Chargé par le Duc de

Kheu d’accompagner ses représentants officiels enquêter sur les troubles qui secouent la marche de Sangor au
Nord, Apernyx assiste à l’invasion de la marche par un corps expéditionnaire elfe noir et suit ces mêmes repré-
sentants (Astareilion et le chevalier Archanzor de Malgorne notamment) demander de l’aide au Duc de Rinmir.
C’est d’ailleurs dans cette ville qu’Apernyx fait la connaissance d’un esclave wolfynx, Gmorkh (cf. Légendes de
Weröl), avec lequel il se liera d’une amitié durable.

L’ambassade du Duc de Kheu rejoint ensuite Eaugrise pour demander de l’aide au Prince et Apernyx l’accom-
pagne. Le barde participera à la bataille navale qui permettra de détruire le blocus des lacs imposé par les elfes
noirs, même si in fine la marche de Sangor sera détruite par l’armée elfe noire. Apernyx apprend alors qu’un
forgeron blanc immortel vivant à Dolmarur détient le moyen de stopper Eros d’Hernani, celui-ci ayant mis la
main sur un anneau elfe, le doril aring, doté de grands pouvoirs de destruction. Les atlantes étant également
inquiets de l’avancée d’Eros, une expédition conjointe est montée et Apernyx part pour Dolmarur en l’an 703.

Cette expédition allait changer la vie du barde, propulsé au cœur d’un affrontement général entre les forces de
la création et du néant. En trouvant dans les souterrains du temple de Y-Aelin à Dolmarur une pierre orange,
Apernyx sera en effet le premier à découvrir l’une des 7 pierres de couleur permettant de contrer la destruc-
tion de Terra Mater : mandarin. Apernyx fera ensuite la rencontre du « forgeron blanc », en réalité Alamal le
« patriarche », un elfe immortel venu il y a plusieurs centaines d’années à la tête des premiers colons elfes,
fuyant la destruction d’un autre continent (« l’Hégiriade » - cf. la Thébaïde in «Abalone»). Le Patriarche fera
comprendre à Apernyx que retrouver les 7 pierres de couleur est une priorité, au-delà même de la collecte des
anneaux frères du doril aring permettant d’annihiler sa puissance, car sinon Terra Mater risque de connaître le
même sort que le continent originel des elfes.

Apernyx part alors vers l’Est à la recherche d’autres pierres et découvre une prophétie sibylline dans les caves

99
de Kyrieleissa annonçant la fin du monde. En 704, il commet l’erreur de partir à la recherche du gin aring, un an-
neau légendaire, frère du doril aring, susceptible de stopper le pouvoir temporel de l’Empereur Eros, qui lui apparaît
comme une menace beaucoup plus crédible que celle d’une hypothétique fin des temps. Apernyx est capturé par les
nains de Dalwin, corrompus par le Néant. Libéré quelques années après, en 710, le barde entreprend de convaincre
ses anciens compagnons de la nécessité de se mettre à la recherche des pierres.

Retrouvant leurs traces en Kilkieran, il accompagne le wolfynx Gmorkh dans sa quête religieuse et participe à la
prise de Saranzara. Apernyx découvre alors que cette antique cité elfique n’était autre qu’une des deux cités volantes
ayant permis l’Hégiriade, c’est-à-dire l’exode des elfes – menés par le Patriarche Blanc – vers Terra Mater. Devenu le
cataconaute, c’est-à-dire le pilote de la cité volante, Apernyx, après 719, guide la cité, rebaptisée Requiem, dans un
nouvel exode censé racheter les fautes commises par les elfes durant l’Hégiriade.

Il sera notamment aux commandes lorsque le peuple de Requiem décidera d’attaquer la cité céleste de Sharakaï
pour récupérer la pierre rouge, Sang-Vif, en possession de l’Empereur Dragon. C’est durant cette bataille, alors que
les envoyés du Patriarche Blanc tentent de récupérer la 6ème pierre, que Gmorkh tenant Echec sonnera le premier
coup du grand Théolocauste. A partir de ce moment, la pierre de nuit s’active et un dôme de ténèbres commence à
croître autour des terres du Néant. Les prophéties sont en train de s’accomplir et les Dieux deviennent muets : leur
crépuscule a sonné.

Apernyx, en exil sur un plan enchanteur avec le reste de la cité de Requiem, en profite pour fonder entre 722 et 742
une école du tambour qui le rendra célèbre. En 748, il est nommé par le Patriarche Blanc (qui s’est déplacé en Re-
quiem lorsque le Dieu Mulveya a réintégré la cité au monde (745)) comme le chef du clan de lumière censé défaire le
dôme de ténèbres qui depuis vingt six ans enfle jusqu’à tuer toute vie sous sa coupe ténébreuse.

L’ancien Cataconaute conduit alors les 6 autres porteurs de pierre vers le dôme, apprenant à se déjouer des rivalités
inhérentes aux pierres magiques et aux haines pouvant exister entre les Divinités que représentent les champions. Il
apprend également à surmonter sa peur phobique des lézards, alors que l’un des 7 porteurs est un Rex.

Lorsque le grand Théolocauste se termine, aux alentours du 23 brisailles 749, Apernyx est choisi par Mulveya comme
avatar pour affronter le champion de Soledad après que Gmorkh le démolisseur a été vaincu. Les évangiles racontent
que le barde sut vaincre là où le guerrier avait échoué. Sint Apernyx conduisit alors les porteurs de pierre au cœur
de l’Empire du Néant. Sa récompense fut de rejoindre le Patriarche Blanc vers les anciennes terres des elfes, loin à
l’Est, à la recherche de la Thébaïde.

100
Annexe : La Ville de Kalkabat elfes noires : certains voulaient rentrer aux côtés de
Tobogobun dans la guerre, d’autres mirent en avant
Histoire l’intérêt d’une alliance avec les Titans. Ce furent ces
derniers qui finalement obtinrent l’appui de Kalkabat
en échange d’une créature quasiment mythique pour
les elfes noirs : une tantale.

Créée à partir de l’œuf de Bangalore, cette tantale


écrasa le peuple des elfes sylvains proche et ravagea
le Nord d’Aquilon. Sa mort obligea ultérieurement les
elfes noirs à une retraite précipitée. La ville fut murée
pour résister au déluge du fleuve infernal qui noya les
La ville de Kalkabat fut fondée en 210 par une expédi- vallées en contrebas. La destruction de l’œuf de Banga-
tion venue de l’Empire du Néant. Il s’agissait d’établir lore – dont il ne resta que quelques coquilles – affecta
une base alliée au Nord de l’Empire des Tsars afin de durablement les elfes noirs, qui se sentirent désormais
préparer la revanche du Grand Obscur. L’expédition extrêmement vulnérables sans leur relique.
était à l’origine composée d’une dizaine d’elfes noirs,
des elfes marqués par l’influence corruptrice du Néant, En 695, un coup d’Etat fomenté par un descendant de
mais aussi de titans, de horlas, etc… L’expédition ame- la lignée royale de Kalkabat, Eros d’Hernani, exilé de-
nait avec elle un objet de très grande puissance, une puis plusieurs centaines d’années, réussit, avec l’appui
relique surnommée l’œuf de Bangalore. Il s’agissait des familles dévouées au Néant. L’opération coûta à la
en réalité d’un œuf de Tantale, créature monstrueuse cité la moitié de son armée mais Eros, porteur d’un an-
datant de l’affrontement entre les Dieux et les Titans, neau magique – le doril aring – parvint à l’aide d’une
perverti par la magie Néantique. Grâce à sa puissance, petite armée à écraser en l’an 701 l’énorme armée du
les prêtres du Néant purent bâtir une cité souterraine voisin nordique. Eros envoya également des soldats en
en moins d’un an. Aquilon pour trouver des esclaves humains et paraly-
ser le commerce sur les grands lacs en instaurant un
Lors de la guerre du Portail, la blocus naval.
ville de Kalkabat, dirigée par
les grands prêtres du Néant, Lorsqu’en 705,
envoya ses armées sur Tsa- le Haut-Roi
ran. En 150 ans, la cité s’était Belhir II dé-
développée, l’œuf ayant une cida d’envoyer
influence extrêmement posi- son host royal
tive sur le taux de fertilité des pour punir
elfes noirs. La ville de Tsaran Eros, ce der-
fut rasée par les troupes el- nier n’avait pas
fes noires après la victoire du encore recons-
Tombeau des Princes où tou- titué les pertes
te la noblesse de l’Empire fut enregistrées
décimée. Néanmoins, après la au moment du
mort de l’avatar de Titan, les bain de sang de
généraux elfes noirs décidè- son arrivée au
rent de se replier sur Kalka- pouvoir. Tou-
bat pour y subir un siège, et tefois, grâce à
ce malgré les ordres directs son anneau,
en sens contraire des princes du Néant. Les elfes noirs Eros parvint à éradiquer l’host royal de 150 000 soldats,

massacrèrent tous les princes qui dirigeaient autrefois obligeant Belhir à négocier une paix en 708.
la cité. Ce fut ainsi que Kalkabat fêta sa déclaration
d’indépendance. Alors qu’Aquilon devait faire face à la menace Néanti-
que, Eros consolida son Empire et son pouvoir. En 730,
Durant le Second Âge d’Or, la cité se dota d’un régime il fut en mesure de lancer une attaque contre Aquilon
politique nouveau, la triarchie (cf. plus loin) et surtout après s’être préalablement assuré de la neutralité d’At-
rompit avec l’alliance inconditionnelle d’antan avec lante (Accord des Deux Empereurs en 728). Ses armées
l’Empire du Néant. Au moment de la Guerre du Por- ravagèrent et pillèrent le nord du pays, et notamment
tail, une quasi-guerre civile éclata entre les familles Mô, la capitale, qui fut conquise (745) puis perdue à

101
plusieurs reprises au moment où Atlante et Kalkabat
furent en guerre ouverte (voir plus loin). En 740, la
mort de Belhir II et l’accession au trône de Dimotran
II, un incapable, permit à Eros de porter des coups fa-
tals à Aquilon qui s’effondra. Le Haut-Roi prit la fuite
après la chute de Mô.

En 748, la mort d’Eros, assassiné avec l’Empereur


Karabrugus III alors qu’il assistait en compagnie de
ce dernier à des jeux en l’honneur de l’amitié entre
les deux peuples, provoqua l’accession au trône de
Kaos, son fils. La guerre en Aquilon était devenue un
bourbier : de multiples armées sillonnaient la terre,
l’économie était exsangue et cette guerre de trente ans
coûtait chère en armement comme en hommes. Kaos
commença par déclarer la guerre au nouvel Empereur
atlante, Maliakus, qu’il soupçonnait d’être l’auteur du
complot ayant causé la mort de son père. Le Loup (les
elfes noirs) et le Renard (atlante) se déchirent alors
dans une guerre eponyme. Après la destruction d’une
grande partie de l’armée atlante, Kaos décida le retrait
des troupes d’Aquilon en 759. Il s’agissait à l’époque de
préparer un plan d’invasion de l’Empire d’Atlante, pro-
jet ambitieux qui fut abandonné peu de temps après.
De même, il conclut en 770 un accord avec les nobles
nordiques de l’ouest, acceptant de leur redonner des
terres libres en échange de leur vassalité.
En effet, depuis la création de la cité, Kalkabat a ac-
Le Septentrion se renforça, abandonnant sa fidélité cueilli bon nombre d’elfes noirs rescapés de la déroute
originelle à Titan juste avant la fin du cycle cassandrien. de l’Empire et les mixages ont été nombreux. Aussi,
En 745, la perte de leurs pouvoirs porta en effet un coup une ascendance parfaite est extrêmement rare, et la
terrible à l’ascendant du clergé de Titan. Kaos veilla à généalogie un passage obligé pour tout habitant de la
ce que le grand empire d’Aquilon ne se reforme pas et cité. Chacun doit être capable de donner le nom et l’
encouragea la création de 3 royaumes rivaux (771). Le ascendance de ses aïeux, et ce, sur 4 générations (entre
Septentrion utilisa sa diplomatie agressive pour obte- 210 et 900, 6 générations d’elfes se sont succédées).
nir la vassalité du petit royaume de Balne (775) et des
tribus trolles poilues (810). En 778, une courte guerre Le sommet de la hiérarchie est occupé par l’Empereur
navale a opposé le Septentrion et le Haut-Ponant. Ce de Kalkabat et du Septentrion. Il s’agit d’une lignée, la
dernier l’a perdue et du signer le traité de Kilkieran dynastie des d’Hernani, fondée en 695 par Eros d’Her-
(779) prévoyant notamment la vassalité du Haut-Roi en nani (cf. image). Seuls les individus masculins peuvent
temps que roi d’Eaugrise à l’Empereur Elfe noir, la li- prétendre au trône. L’Empereur est considéré comme
mitation de la flotte navale, et enfin un tribut annuel de pur, quelque soit son degré réel de noblesse. Autrefois,
plusieurs milliers d’écus or. du temps des rois, la théorie et la pratique convergaient
puisqu’originellement, il s’agissait de l’elfe noir possé-
dant la plus grande pureté de sang dans la cité. Puis,
La Triarchie à partir des années 450, plus aucune famille ne fut en
mesure de prouver une ascendance parfaite et la charge
La cité de Kalkabat est une cité au principe aristocra- royale était donc devenue vacante, pour être occupée
tique : les familles elfes noires se distinguent par la par celle de prince. En effet, l’ensemble de la lignée
pureté du sang, qui remonte à la fondation de la cité. royale avait été massacré lors d’un banquet donné en
Chaque individu possède donc entre 1 et 16 degrés leur honneur par le clan des Malifoy (447).
de pureté. Avoir 16 degrés signifie que chacun des 16
ascendants de l’individu était « pur » c’est à dire des- Le retour d’Eros d’Hernani en 695 a rétabli la mo-
cendant d’un des premiers colons, au nombre d’une narchie. Toutefois, le roi étant sans épouse « pure », ses
poignée (environ 500). enfants – et notamment son successeur Kaos d’Herna-
ni – ne sont pas des 16ème de sang. C’est alors qu’Eros

102
a imposé le concept de « pureté irréfragable » du roi,
quelque soit son degré de noblesse, avec le principe de
« sang royal purifie tout » : il suffit d’être roi pour être
pur.

Pendant l’intermède où des princes ont gouverné Kal-


kabat, le régime politique avait en effet basculé dans
l’instabilité : alors que la charge royale était naturelle-
ment héréditaire (puisque le fils d’un roi a une ascen-
dance parfaite), il n’en était pas de même pour celle de
prince : toute personne a l’ascendance plus noble pou-
vait en effet prétendre à ce titre. Or, la généalogie est
une science quelque fois inexacte et il arrivait que deux
ou trois personnes eussent le même degré de noblesse
le jour où la place de prince se libérait. Par conséquent,
l’assassinat était devenu monnaie courante à Kalka-
bat, afin d’accélérer l’accession de tel ou tel au titre de
prince. Seuls les mâles adultes (âgés de plus de 50 ans)
pouvaient prétendre à ce titre de prince. Pour mettre à
l’abri sa lignée, le roi Eros, devenu Empereur, a donc
recouru à un subterfuge juridique. Il a en outre inter-
dit le meurtre... à l’exception de la Main Noire (cf. plus
loin).

Le second membre de la triarchie est la Druidesse


Grise, obligatoirement une femme. Autrefois en charge
de la garde de l’œuf de Bangalore, à savoir l’oeuf d’une Dieux, par l’Empereur. Son ascendance doit être évi-
Tantale, les Druidesses successives sont désormais demment la plus parfaite possible.
vouée à rechercher comment remplacer la relique per-
due en trouvant un autre oeuf, ce dernier ayant éclos
Les familles Elfes noires
lors de la Guerre du Portail.

Autrefois, chaque Druidesse choisissait de son vivant La société des elfes noirs tourne autour des familles,
son successeur parmi les clercs - une profession réser- chacune tentant de se hisser dans la Triarchie par des
vée aux femmes - des cultes de Kalkabat. Aujourd’hui, alliances, mariages, meurtres légaux (Main noire) ou
c’est l’Empereur qui désigne parmi les femmes res- moins légaux ... et complots divers. Pour cette raison,
ponsables des cultes celle qui sera la grande prêtresse il est dans la tradition d’avoir un grand nombre d’en-
impériale, notamment chargée de son couronnement. fants afin de permette la survie de la familles. Toutes les
Lors de son intronisation, une Druidesse Grise doit grandes familles nobles (une centaine) descendent des
avaler quelques grammes de coquille de l’œuf de Ban- premiers colons. Certaines ont été décimées, comme
galore. Ces quelques grammes lui donnent une puis- notamment la famille royale de Kalkabat, nommée ainsi
sance magique néantique considérable. La charge de du fait de son ascendance parfaite, dont les différentes
Druidesse Grise est devenue largement symbolique branches ont tour à tour été victimes du machiavélisme
depuis l’accession de Kaos au trône. de la cité au fur et à mesure de leur accession au trône.
Le dernier roi s’étant éteint en 447, il a fallu attendre
Le dernier membre de la triarchie est le Dragon. C’est 695 pour que son héritier caché se révèle. Eros d’Her-
le titre conféré au Weldmarkall Major, commandant en nani a pris toutes les précautions pour que sa lignée ne
chef des armées elfes noires, qui a plus particulièrement s’éteigne pas, notamment en punissant par l’éradica-
sous ses ordres les deux armées postées à Kalkabat, l’ar- tion totale et définitive tout clan complotant contre sa
mée du Sud et l’armée de l’Est (En tout 39 phalanges). personne. Son fils, l’Empereur Kaos, a continué cette
Ce poste est donné au mérite : seul un Weldmarkall de politique.
l’armée de Kalkabat peut y être nommé. Le poste de
Dragon est le plus souvent vacant ou honorifique, sauf Le mariage est au cœur des alliances mais ces maria-
en temps de guerre ou de risque de conflit. Le Dra- ges sont décidés par la famille de la femme. Les femel-
gon est nommé après que la Druidesse ait interrogé les les donnent en effet leur nom au clan, à l’inverse des
autres civilisations. Pour cette raison, les filles sont pré-

103
férées aux garçons au sein des familles. La matrone de La Religion
la famille (la femme dont le degré de pureté est le plus
élevé) règle les détails du mariage (qui est toujours po- La ville de Kalkabat a une forte tradition polythéiste
litique) avec la belle-famille. L’objet du mariage est évi- symbiotique, avec de nombreux cultes sous une auto-
demment d’obtenir un descendant plus pur en quar- rité unique.
tiers de noblesse en scellant une alliance.
Le temple unicosmique d’Elth est théoriquement le
Certaines familles dédient toujours l’une des filles aux plus puissant depuis que Kaos a choisi ce Dieu pour
différents cultes de la cité, afin de pouvoir peser dans protéger sa dynastie. Elth est présenté comme le Dieu
le choix de la Druidesse Grise. Généralement, la Drui- de la Tyrannie, de l’ordre, de la bureaucratie. On y for-
desse en place est choisie par l’Empereur dans le culte me les elfes noirs à l’exercice de la loyauté envers l’Em-
dont était issue l’ancienne Druidesse. Ce culte est donc pereur, et la Druidesse Grise a plusieurs fois été choisie
particulièrement choyé par les familles. Une famille parmi ses membres. Toutefois, au sein des clans elfes
ou un groupe de familles qui est parvenu à verrouiller noirs, beaucoup contestent ce choix estimant qu’Elth
l’accès à un tel temple serait est une divinité peu
en mesure de s’assurer une conforme à la tradition
mainmise totale sur le poste de Kalkabat.
très convoité de Druidesse.
Les meurtres de Druidesse ne Le temple unicosmi-
sont évidemment pas rares, la que de Theochrone est
concurrence des temples se l’édifice le plus grand et
superposant à celle des fa- le plus impressionnant
milles. Trois courants existent de la ville. Construit
au sein des familles elfes noi- en 215 (il s’agissait
res : un courant légitimiste, alors du temple de Ti-
fidèle à la vieille alliance avec tan), il peut accueillir
le Néant et au culte de Theo- pratiquement toute la
chrone; un courant moder- population de la cité.
niste attaché aux cultes dia- Conformément à la
boliques ; et enfin un courant tradition de la cité, les
neutre tenté par le culte de clercs sont toutes des
l’Innommé. Le culte d’Elth prêtresses, appelées
ne fait guère recette, même s’il par les elfes noirs « les
est le symbole de l’obéissance à l’Empereur. oscurae ». Depuis la Guerre du Portail, le temple de
Theochrone lutte pour retrouver sa prééminence mais
Une famille typique elfe noire peut se composer d’une la charge de la Druidesse Grise lui est sévèrement dis-
centaine d’individus sur 3 générations. Ce sont les fem- putée par les autres cultes. Il a fini par la perdre avec
mes, et en premier lieu la doyenne (la matronne) qui le choix de Kaos de consacrer sa dynastie à Elth le Ty-
décide des mariages et des carrières des membres de ran, alors que sous son père, Eros, la religion néantique
la famille. L’éducation est fournie par les temples uni- était la seule et unique religion de la cité. Le temple de
cosmiques, chaque elfe noir ayant droit à suivre l’en- Theochrone est chargé d’enseignement religieux. Les
seignement d’un d’entre eux. Certaines familles n’hési- aînés des grandes familles ont l’obligation d’y suivre
tent pas à supprimer l’un des leurs s’il gêne l’ascension leur formation, chose que Kaos n’a pas changée.
sociale du clan. Entre la guerre du Portail et celle des
Pénitents, la charge princière a été disputée entre la fa- Le temple unicosmique de Kul-Bazur s’est également
mille Kourgurar et la famille Malorden (tous deux à 15 particulièrement développé, notamment en raison de
degrés), ce qui s’est soldée par le rétablissement de la la fréquence avec laquelle les elfes noirs ont recours à
monarchie et la chute des Malorden. Ces derniers ont l’art du meurtre. Adossé au temple se trouve une école
vus leurs prétentions s’évanouir lorsque l’Empereur les d’assassinat et de contre-assassinat, où la plupart des fa-
a forcé à dissoudre leur sang dans celui des nordiques. milles elfes noires envoient leurs rejetons, afin de maxi-
Le clan malorden est désormais un clan de junker. miser leurs chances d’accéder à la triarchie. Le temple
forme également les redoutables castrateurs. Ces elfes
noirs habillés de cuir noir sont maîtres dans l’art de
la souffrance et de la torture. Les castrateurs sont au
service de l’Empereur et chargés très souvent de faire
avouer tel ou tel complot. Leur marque de fabrique est

104
la castration des organes génitaux, symbole infâmant à Titan. Le temple unicosmique de Fortunaë est resté
de leur pouvoir. Leur utilité a permis au temple de ga- autorisé mais était surveillé. Le temple est également
gner une certaine audience au sein de la Trirarchie. chargé de l’enseignement religieux pour les cultes in-
fernaux. Avec l’arrivée de Kaos au pouvoir, le culte a
Le temple unicosmique de Kherk est récent mais en retrouvé une plus grande liberté
plein développement. Les prêtresses de Kherk ont
pour fonction d’enseigner les arts militaires aux jeu- Le temple unicosmique de Malevolyss est lui-aussi
nes elfes noirs. Elles en profitent également pour peser extrêmement fréquenté. Les prêtresses de Malevolyss
sur la désignation du Dragon et sur la formation des savent enseigner l’art du discours et de la tromperie.

militaires, qui généralement sont surtout favorables au Excellents conseillères, on retrouve les prêtresses der-
culte Néantique. rière la plupart des retournements d’alliances entre
familles.
Le culte de Fortunaë est devenu extrêmement populaire
après la Guerre du Portail, certaines familles oeuvrant Le culte unicosmique de l’Innommé se tient quelque
de concert pour évincer les néantiques de la Triarchie. peu à part des querelles religieuses et les familles les
Le poste de Druidesse Grise a plusieurs fois été occupé plus en faveur de la paix ou de la neutralité y envoient
par des « cornues », le surnom des prêtresses, mais les leurs descendants. Il s’agit du culte le moins puissant
vieilles familles néantiques sont parvenues à briser la parmi les huit.
chaîne de succession grâce au meurtre et à des maria-
ges. La tendance s’est renversée avec l’arrivée d’Eros Les offices religieux sont l’occasion pour les temples de
d’Hernani et la proclamation de la dédication de la cité montrer leur puissance. Capter la descendance d’une

105
famille prestigieuse a en effet généralement un effet milles est mise sur la place publique, obligeant chaque
d’entraînement sur les familles plus petites. famille à prendre position. Le terme vient du fait que
la main d’un des membres de la famille adverse lui était
Population et armée expédiée en signe de déclaration de guerre. La famille
adverse a 7 jours pour répliquer de la même façon, afin
La population de Kalkabat est proliférante malgré les que la vendetta soit officialisée. Si elle ne le fait pas, elle
lourdes pertes essuyées lors des conflits, mais surtout doit s’exiler.
déséquilibrée. Le coup d’Etat d’Eros a lui seul a dégé-
néré en guerre civile, causant 30 000 morts. Sur 150 000 Officiellement, le meutre entre elfes noirs a été inter-
habitants recensés en 930, la cité ne compte que 25 000 dit par l’Empereur Kaos. Néanmoins, il est très diffi-
femmes. Les matrones et les prêtresses sont beaucoup cile d’arrêter plusieurs siècles de violence en quelques
plus exposées que les mâles dans les querelles de pou- années. Certaines familles, pour se couvrir, préfèrent
voir, d’où un taux de mortalité extrêmement élevé. Une recourir à la Main noire. D’autres tuent sans vergogne.
femelle elfe noire sur 3 arrive à peine à l’âge de 100 ans, Il arrive que l’Empereur fasse un exemple en arrêtant
une sur 10 à la fin de sa vie. un noble un peu trop remuant pour le châtier.

L’armée se compose quant à elle de 39 000 soldats,


chargés de protéger les territoires alentours, la capi-
tale des elfes noirs étant proche de la frontière et donc
vulnérable. La puissance des elfes noirs est fondée sur
l’intimidation. Les rapts sont monnaie courante, afin
d’enrichir la cité. Malgré leur faible armée, les elfes de
Kalkabat possèdent une arme terrible qui les protège
: leurs terribles araignées cuirassées géantes. Les elfes
noirs ont découvert cette espèce extrêmement agres-
sive à l’état sauvage dans les souterrains de leur cité.
Ils utilisent la soie produite pour piéger certaines en-
trées de la cité ou pour faire des tissus. Les araignées
gardent également les profondeurs et donc protègent
les elfes noirs d’éventuelles créatures surnaturelles ou
qui seraient (par on ne sait quel miracle) plus vicieuses
qu’eux.

Langues, coutumes

Le symbole de Kalkabat est une araignée noire sur fond


jaune avec pour devise « Je suis la Force ». Les portes
de Kalkabat sont toutes magiquement enchantées et
seul le mot de passe en néantique permet de les ouvrir.
Les elfes noirs ont pour habitude de ne pas laisser de
gardes à l’entrée de leur cité mais ils considèrent que
tout intrus est un ennemi potentiel. Il ne sera respecté
que s’il vient à bout des nombreux pièges et poisons
(flammefer, nitheldil, baxter, ) que les elfes noirs met-
tront sur sa route. La civilisation des elfes noirs est vio-
lemment perverse mais celui qui sait lui faire face a le
droit de vivre en paix : les règles de l’hospitalité elfe
noire sont quelque peu particulières.

La langue des elfes noirs est celle de l’Empire : le nor-


dicéen.

Un terme à connaître est celui de « main noire ». Parfois


deux familles peuvent décider une vendetta jusqu’à
l’anhiliation de l’une d’elles. Contrairement aux com-
plots, qui restent supposément anonymes, la main
noire est une opération par laquelle la rivalité des 2 fa-

106
1.2.2. Les Royaumes Trolliques cité troglodyte qui servait de cité aux trolls sombres, et
le miracle s’accomplit : les trolls sombres retrouvèrent
Historique leur peau noire, gage de protection vis-à-vis du soleil.

L’histoire des royaumes trolliques est récente puisqu’ils En l’an 900, la géographie des royaumes trolliques est
furent fondés après la Guerre du Portail. Originelle- encore compliquée car mouvante. L’Est est occupé par
ment, les grands espaces désertiques du Nord de l’Em- le royaume des trolls sombres, qui ont fait de Pancréa-
pire Daï étaient des territoires sauvages et inhabités. tor leur Dieu tutélaire. En revanche, l’ouest est peuplé
Néanmoins, le dieu Mulveya désira protéger la Sublime de petits territoires ou domaines dominés par le clan
Porte contre les quémandeurs intempestifs et déplaça des trolls poilus, qui eux ont fait allégeance à Kherk
lui-même des milliers de trolls dans cette région. - grâce auquel ils ont obtenu le don de domptage des
terribles arachnides - ou par les clans fidèles à Juras
Jusqu’ici peu de royaumes trolls avaient existé, hormis Mater, la déesse harmonique de la fécondité. Des créa-
le trollyand des bas-royaumes. A dater de 666, plusieurs tures extrêmement puissantes comme les charognards
millions de trolls magiquement installés sur ces terres ont fait leur apparition au plus profond de certaines
hostiles eurent la difficile tâche de s’organiser. La pre- galeries troglodytes et des colonies de ces créatures ont
mière chose que firent les clans fut de guerroyer. Les essaimé un peu partout. Au Sud, l’Empire Daï est sur
combats incessants qui se déroulèrent de 666 jusqu’à le qui-vive tandis qu’à l’ouest, l’Empire du Septentrion
675 firent près d’un million de victimes, ce qui est resté a étendu son influence : de nombreux clans de trolls
dans les mémoires trolles comme la guerre de la Grande poilus le servent et lui payent tribut. Les mercenaires
Nuit. trolls ont déjà répondu à l’appel lorsque le Septentrion
s’était lancé à l’attaque d’Aquilon : plusieurs dizaines
En 675, un chef de guerre troll nommé Hard, d’une de milliers de trolls poilus s’étaient joints aux armées
race particulière et inconnue jusqu’alors parmi les des elfes nordiques et aux elfes noirs.
trolls parvint à unifier tous les clans. Son clan était
celui des « trolls sombres » et son pouvoir s’asseyait La confédération naine voit d’un mauvais oeil les guer-
sur sa conversion à la religion de Mulveya. Le Dieu lui- res incessantes entre trolls et l’influence grandissante
même avait en effet décidé d’intervenir dans le conflit, du Septentrion.
en échange de la conversion du clan de Hard, et donné
une arme décisive sur les autres clans : la possibilité de Géographie et population
résister à la lumière du jour. Leur peau noire était le
signe de ce don. Les royaumes trolliques occupent surtout un espace
de toundra désertique au nord du continent. La tem-
Devenu Roi de tous les trolls, Hard sombra toutefois pérature n’y est jamais supérieure à 15 degrés en sai-
rapidement dans la mégalomanie et rompit la promes- son chaude et peut descendre jusqu’à – 40 la nuit ou à
se qu’il avait faite au Dieu Pancréator en massacrant proximité de la Sublime Porte, cernée par les glaces.
les missionnaires qui l’avaient aidé à prendre le pou-
voir. Les trolls sombres perdirent leur protection au Le sud des royaumes est ssentiellement un désert de
jour et le royaume se désagrégea. En 680, un autre clan rocaille où rien ne pousse, qui marque la frontière
concurrença les trolls sombres : le clan des trolls poi- entre l’Empire Daï et les royaumes trolliques. Peu de
lus, en référence à leur pilosité impressionnante. Gui- clans ont élu domicile sur ces terres, d’autant qu’elles
dés par un chef de guerre nommé Ko, croyants en le sont parcourues par les terribles arachnides. L’Est du
Dieu Moloch et en la Déesse Meya, divinités désormais pays, en contact direct avec la mer, est la partie la plus
disparues, les trolls poilus assassinèrent le roi Hard et verdoyante et la plus agréable. Le climat y est un peu
découpèrent en 5 morceaux sa dépouille afin de mon- plus chaud. A l’ouest on trouve une immense forêt qui
trer que le roi troll était vaincu. Les guerres reprirent donne directement sur le royaume des elfes nordiques.
aussitôt Hard tué. Le clan des trolls poilus vit dans cette forêt et lance
des raids réguliers depuis leur base sur Kourt et les
Le fils aîné de Hard, Brulk le sournois, implora alors alentours.
Mulveya de lui venir en aide. La réponse vint sous la
forme d’un oracle : la paix ne reviendrait que lorsque Près de 6 millions de trolls vivent dans les territoires
les reliques de Hard seraient réunies et consacrées à désertiques, la plupart dans des constructions troglo-
Pancréator, en réparation de sa trahison. Brulk partit dytes qui les protègent du soleil. Seuls les trolls som-
lui-même à la recherche des reliques qu’il parvint à ex- bres ont bâti des cités au sein de leur royaume. La po-
torquer aux cinq clans qui se les étaient appropriées. Un pulation est surtout élevée parmi les trolls sombres (2
temple ounite fut construit au sommet de la modeste millions de trolls) et les clans protégés par Juras Mater

107

(2 ,5 millions).
La forêt des trolls poilus
Il fait nuit 4 mois sur huit dans les régions trolliques,
voire six mois sur huit à proximité du pôle blanc. Elle s’étend au Nord-Ouest des royaumes et est peu-
plée des trolls poilus. Le commandement est exercé par
Organisation politique du royaume de l’est les trollesses qui élisent parmi elles une chamane. Cette
dernière commande aux armées trolls en cas de guerre
Le royaume de Brulk est encore récent mais repose ou de raid. Les trolls poilus ont reçu du Dieu Kherk
sur quelques bases simples. Des églises de Mulveya ont la possibilité de dompter les terribles arachnides, ces
essaimé au sein des villes récemment construites. Les araignées cuirassées géantes qui systématiquement ra-
prêtres sont notamment chargés de conserver les reli- vagent le nord des marches de l’Empire Daï. Les trolls
ques du roi fondateur, Hard. Près d’une quarantaine de poilus, qui en nordicéen se nomment « ourougouai »,
clans se sont soumis à la religion du Pancréator et ont ont également fort à faire avec les colonies de Charo-
eux-aussi gagné la capacité à s’affranchir de la menace gnards qui pullulent dans les montagnes à l’ouest du
du soleil. Le corps momifié de Hard a été découpé et royaume. Ces montagnes sont également peuplées de
distribué aux clans, comme gage de puissance. Chaque korrigans, avec qui les trolls sont périodiquement en
clan a hérité de trois morceaux : un pour le chef tribal, guerre.
un pour le mage ou le barde, et un pour le prêtre de
Mulveya. Les autres royaumes

Brulk a annoncé qu’à sa mort, les porteurs de reliques Ils occupent l’espace central des royaumes trolliques,
se réuniraient à sa capitale, Moché, construite sur la sont les plus vulnérables aux attaques d’arachnides et
péninsule de Hard au Nord-Est, pour élire le nouveau de charognards et régulièrement repoussent les incur-
roi des trolls. Excepté cette décision, le royaume reste sions daï. Parfois, une tribu plus audacieuse qu’une
encore très peu cohérent : la défense des frontières est autre décide une razzia sur le shogunat d’Halbur mais
confié aux clans, le système monétaire est très récent généralement ces équipées sont écourtées très rapide-
(des pièces en étain et en bronze frappées du symbole ment en raison de la forte présence militaire Daï (15
de Brulk) et coexiste avec le troc qui le concurrence légions soit environ 100 000 d’hommes sont en effet
fortement. Seul Moché, qui rassemble 40 000 habitants, postées tout au long de la frontière).
est une cité à peu près digne de ce nom.
De leur Déesse tutélaire Juras Mater, les trolls ont hé-
Les trolls sombres sont appelés par leurs congénères à rité une fécondité prodigieuse qui leur permet d’avoir
peau verte les « drakaraï » (ou « trolls noirs »). la plus forte population des royaumes trolliques (2 mil-
lions 5) malgré les attaques incessantes. Les trolls sont
dominés par les trollesses, chacune possédant son clan

108
particulier. Certains clans sont réputés pour être can- res Ounites pour contempler la Sublime Porte sont
nibales. une source de revenus non négligeables pour les clans
trolls. Les clans non-croyants ne se gênent pas en effet
Langue, culture, monnaie pour dévaliser et massacrer ces pauvres hères.

Les trolls parlent tous le même langage, le nordicéen. 4 à 5 mois par an, la nuit éternelle enveloppe le nord
Certains drakkaraï parlent également curieusement le des royaumes. Cette époque est la plus chargée en
kyrelien, en raison des missionnaires qui se sont succé- guerres trolliques ( avec des affrontements titanesques
dés auprès des trolls. La culture trolle est relativement entre les cavaleries trolles qui ont recours à des mam-
frustre et tourne autour de la domination des mâles mouths blancs domestiqués) puisque les trolls ne sont
par les femelles (généralement plus intelligentes), sauf plus sensibles au soleil magnifique.
pour le royaume de l’Est où la parité est à peu près
respectée.

Hormis ceci, les trolls vivent surtout de chasse et leur


civilisation est primaire : utilisation du feu, cités tro-
glodytes ou mobiles (tentes de peau). La monnaie est
extrêment peu répandue, à l’exception des royaumes
de l’Est. Les pélerinages entrepris par les missionai-

109
1.2.3. Le Royaume des Elfes Nordiques Son fils, Othon le Grand, fut celui qui demanda aux
bardes elfes de partir au travers du vaste monde pour
reconstituer l’héritage elfique de son peuple. Les bardes
allèrent à la rencontre de leurs frères elfes et entrepri-
rent de coucher par écrit les rites, coutumes, légendes
du peuple elfe. La civilisation des Nordiques s’adou-
cit considérablement sous son règne, avec notamment
la disparition de l’habitat nomade et la fondation des
premiers villages, la constitution d’un début d’armée
régulière et même quelques rudiments d’instruction
donnés aux jeunes elfes.

Carte d identité : Gwendolaï, roi faible et presque fou, n’assuma hélas


pas cet héritage. Le roi nordique notamment fut inca-
Capitale : Betön pable de freiner l’ascension du futur tsar Mac Ier, cou-
Langue : Nordicéen ronné en l’an 0.
Dimensions maximales du Royaume: 2 000 km du Nord
au Sud, 2 200km d’Est en Ouest Son fils, Othon III, entreprit par conséquent une œuvre
Population : 2 millions d’habitants au total : 75% d’elfes inverse en déclarant la guerre à l’Empire des Tsars, sous
nordiques, 25% de gnomes et d’humains. la seconde dynastie, bien plus affaiblie que la dynastie
Armée régulière: 20 000 hommes des Mac. Après une série de succès, les elfes décidèrent
Flotte : 500 Drakkars néanmoins d’arrêter car il n’entrait pas dans leurs dé-
Villes principales : Betön (300 000) sirs d’intégrer des humains dans leur royaume.
Dynastie Régnante : Mordoninaë, vassal de l’Empe-
reur du Septentrion Un traité de paix fut signé et des accords commerciaux
Blason : Rouge et blanc, orné d’une tête de sanglier, conclus. La Compagnie du Nord, principale compagnie
l’animal le plus courant dans ces régions. Le sanglier nordique, obtint des enclaves dans les villes franches
pleure, symbole de la tristesse due à la déchéance de ce de l’Empire d’alors (la première fut Khor, puis Herial,
royaume autrefois puissant. Le rond rouge représente Port-Noir et Memneth suivirent).
une larme de sang sur le pôle blanc.
Religion : Polythéiste symbiotique (avec prédominance La reine Melindaë, sœur d’Othon III qui était mort
du culte d’Hapoggaëddon) sans héritier, fonda Kourt, la capitale, et les premières
Calendrier : paléo-aquilonnien grandes cités nordiques firent leur apparition, accom-
pagnant notamment un développement foudroyant du
commerce. Le nordicéen fut imposé comme langue offi-
Histoire cielle, au détriment du faërique, langue inusitée depuis
des siècles. Melindaë enfin ouvrit son pays au monde,
Le royaume des Elfes nordiques est le plus ancien et transforma sa nouvelle capitale en refuge pour artis-
royaume de Terra Mater puisqu’il fut fondé entre – 650 tes, penseurs et philosophes. Sa mort fut quelque peu
et – 640 par une tribu nomade elfe venue du sud (l’ac- prématurée et a cependant stoppé cette évolution.
tuel Aquilon). 5 rois et reines se sont ensuite succédés
à la tête du Royaume, sans qu’il n’y ait eu en près Sous Gwendolaï II, le royaume s’était quelque peu re-
de 1 000 années d’existence aucune coupure ou in- plié sur lui-même, restant à l’écart des évènements, et
terrègne : Othon le Nomade (-640 à –393), Othon II le notamment de la Guerre du Portail. La création du Lac
Grand (-393 à -105), Gwendolaï (-105 à 167), Othon III majeur avait cependant modifié cette situation, entraî-
le guerrier (167 à 450), Melindaë la Sage (450 à 512), nant le développement de la cité de Krakilian. Gwen-
Gwendolaï II (512-.701). La dynastie a ensuite été fau- dolaï II, voulant s’inspirer de l’exemple de son oncle,
chée par la Seconde Guerre des Pénitents. avait fait construire en Krakilian une importante flotte
de guerre, composée de près de 5 000 drakkars (300 000
Sous l’influence des 5 premiers monarques, le Royau- guerriers).
me des Elfes Nordiques avait peu à peu acquis une cer-
taine stabilité, notamment en s’étendant à l’Est après
la Guerre des pénitents. Othon le Nomade était un roi
barbare elfe, vraisemblablement cannibale et inspiré
par le Dieu Oyin, aujourd’hui disparu. Il fut à l’origine
du système politique elfique qui garde les caractéristi-
ques des anciens clans barbares (confère partie II).

110

Lorsqu’en l’an 701, la petite armée elfe noire de Kalka- Organisation politique
bat (environ 15 000 hommes) fondit sur les villages nor-
diques, la reine Gwendolaï crut que ses cousins étaient Les clans nordiques ont repris quasiment à l’identique
devenus fous et envoya une petite armée de guerriers les règles de succession au trône. Le roi est héréditaire
qui fut balayée en quelques jours : le souverain des el- mais les femmes aînées peuvent hériter de la couronne.
fes noirs, Eros d’Hernani, possédait un anneau d’or, le En revanche, le rite d’accession à la royauté implique
doril aring, capable de renverser le cours d’une bataille. que le futur monarque, le jour de ses 30 ans (date de
La reine envoya alors la quasi-totalité de son armée – la majorité) accomplisse les trois rites elfiques qui font
près de 150 000 hommes – à la rencontre des elfes noirs de lui un guerrier de la tribu : tuer à mains nues un
et ce fut un carnage. La reine et le grand prêtre d’Oyin sanglier sauvage, nager sur près de 30 kilomètres dans
furent tués dans la prise de Kourt et la fille unique de les eaux glacées de la mer nordique, et enfin passer
la reine traquée dans son exil dans la marche de San- une nuit entière en prière dans le temple unicosmi-
gor. La traque de l’héritière unique précipita les plans que d’Happoggaëddon, la Déesse qui a repris dans les
d’Eros qui se retrouva rapidement avec une guerre avec cœurs des elfes la place qu’occupait Oyin.
les aquilonniens. La descendante de Gwendolaï périt
néanmoins et avec elle les généraux nordiques enfuis. Le second personnage du royaume est le grand prê-
tre du culte d’Hapoggaëddon, la Déesse Nationale. Ce
En 770, Kaos d’Hernani, comprenant qu’une occupa- dernier est choisi en fonction d’un grand combat qui a
tion militaire du royaume pourrait lui coûter très cher lieu entre les prétendants. Le combat n’est pas à mort
négocia la création d’un petit royaume nordique, vassal (pratique abolie par Melindaë la Sage). La charge est
de l’Empire, où il autorisa les nobles nordiques les plus occupée à vie et en cas de vacances du trône, le grand
rebelles à se replier. prêtre d’Hapoggaëddon est considéré comme succes-
seur automatique du roi.
L’assemblée des clans nordiques élut un nouveau sou-
verain : Mordoninaë. Les deux autres piliers de l’autorité royale, avec la re-
ligion, sont les bardes (ou scaldes) qui occupent une

111
fonction essentielle de conseillers auprès des puissants compose d’une flotte de drakkars à Betön (15 000 ma-
en temps que gardiens des mythes, et les kaerns, qui rins) et d’une armée de terre recrutée parmi les armées
sont les seigneurs des clans. La civilisation nordique des clans d’environ 20 000 hommes.
marche encore en effet suivant un système complexe
de territoires claniques, chacun d’entre eux ayant héri-
té ses terres de ses ancêtres. La mémoire des elfes étant Culture, monnaie, calendrier
beaucoup plus vivace que celle des humains, ces survi-
vances du passé n’ont pas disparu. Les Kaerns portent La civilisation des nordiques est principalement adap-
encore, même déplacés, leurs titres anciens : Duc du tée pour faire face à l’environnement rigoureux dans
Lac, prince de Krakilian, grand Amiral de Betön... laquelle elle s’épanouit. Du fait des distances, de nom-
breux clans pratiquent de manière intensive l’équita-
Population tion sur des échamiers. Lors des beaux jours, c’est le
drakkar – une invention elfique – qui est le moyen de
Le royaume des elfes nordiques compte environ 2 transport le plus utilisé, du moins pour le million de
millions d’habitants, dont 300 000 habitent à Betön, la personnes qui vit sur les côtes. `
nouvelle capitale. Le reste des elfes est organisée par
tribus, pour l’essentiel dans les forêts du Nord. Sur Les échanges avec le reste du continent s’étaient in-
les 2 millions d’habitants, seulement 1,5 est d’origine tensifiés après 666, essentiellement par voie navale
elfiques. On compte en effet beaucoup d’humains, de du fait du gigantesque désert qui occupait le sud du
demi-elfes et de gnomes. royaume depuis les ravages causés par les tantales lors
de la Guerre du Portail. Toutefois, la pollution des mers
L’armée des elfes est limitée par le traité de 770. Elle se a considérablement handicapé ce commerce et désor-

112
mais la culture Nordique se tourne de plus en plus vers Le dégel et le retour du jour sont généralement signe de
les terres que vers le grand large : les cotes notamment reprise d’activité : guerres, commerce (notamment les
ont été désertées car elles sont invivables, hormis Khor. objets d’alkazar, dont les efles ont conservé le secret) ,
Dans l’arrière pays, débute la grande forêt qui commu- voyages. La monnaie utilisée par les nordiques a pour
nique avec le Septentrion, et qui est magique, antre de unité de base le florin, lui même valant 15 couronnes.
nombreux nûnes. Une couronne équivaut à 5 écus d’argent.

La culture elfique, outre le commerce et la guerre, en-


tretient une très forte relation à la tradition orale, aux
légendes et aux traditions ancestrales, conservées par E c u s Ecus d’or Ecus d’argent
les Scaldes. Les dragons sont ainsi révérés, notamment d’éme-
les grands dragons majeurs (dragons de glace) qui pul- raude
lulent sur la côte nord (en revanche, les larvedrakes sont 1 florin 0,075 0,75 75
chassés). Une tradition guerrière célèbre également le
jour des dragons, le jour des éclipses totales de soleil, 1 couron- 0,005 0,05 5
journée où ceux qui parviennent à ramener la tête d’un ne
dragon mineur (Nordiques à collerette, nordiques à mu-
seau court, ou Drakkars à pointes qui ont donné leur
nom aux embarcations nordiques) peuvent choisir au
sein du clan la femme qu’ils désirent. Florin Couronne

Les elfes nordiques sont également connus pour leurs 1 écu émeraude 13 200
élevages de mygales nordiques, qui est l’animal de com- 1 écu d’or 1,3 20
pagnie le plus répandu. La mygale nordique résiste au
grand froid et un jeune elfon rentre souvent dans l’âge 1 écu d’argent 0,013 0,2
adulte en adoptant sa première mygale.

L’année des elfes est coupée en deux. Pendant 4 mois de


l’année (calendrier aquilonnien), la nuit éternelle em-
brasse le pays à la latitude de de Kourt (Tempestueux,
Mortelune, Lacrymales, Aube). Ceci coïncide générale-
ment avec la prise dans les glaces de betön et de kraki-
lian. Le commerce tourne au ralenti et les températures
peuvent descendre jusqu’à – 40°. Les elfes généralement
préfèrent s’immobiliser dans leurs clans ou bien rentrer
dans les villes. Le jour du solstice, premier jour du mois
des Vertebarbe, est la fête nationale, au tout début du
Quart-temps du soleil d’Airain. Elle est l’occasion de
donner le coup d’envoi de la saison estivale, et de fê-
ter Hapoggaëddon, la Déesse colérique, en soufflant sa
gloire dans les trompes de brume, en partant à la chasse
aux akatars des neiges.

113
Fragments de Weröl
« Si c’e st un Elfe ...
La neige tombait à grands flocons, en cette sombre nuit des lacrymales, sur le village de Nev-Y-Vamor. Un
personnage longiligne, vêtu d’un simple tartan et d’un grand bonnet, se hâtait dans les rues enneigées, in-
sensible au froid mordant. Il finit par déboucher sur la grand place du village, en face d’un bâtiment large et
haut au toît très pentu. Aranaëx Odirion, scalde du clan Y-vamor, pénétra dans le palais de bois qui abritait
le Kaern de son clan. Dans la grand’salle du palais, ornée de cornes de taureaux et de défenses de sangliers,
l’attendait Oblivion Vik Y-vamor, chef du village, ainsi que ses deux fils, Olaë et Aërion.

Le grand feu qui réchauffait le palais au centre de la salle du trône était en train de s’éteindre doucement.
Le visage du Kaern était impassible. Ses longs cheveux blonds retombaient en cascade sur ses épaules
puissantes et il portait sa coiffe cérémonielle, une couronne de glace magique qui lui enserrait le haut du
front. Sur son tartan aux couleurs de son clan, il avait revêtu son armure préférée, celle en alkazar, laquelle
reflétait les braises rougies du foyer. Sa double-hache était posée à coté de lui.

La voix du Kaern résonna dès qu’Aranaëx se fut suffisamment approchée :


« Bienvenue à toi, Grand Scalde, et merci d’avoir répondu si vite à mon appel. Désires-tu que je te fasse
porter quelque chose à manger ? à boire ? Tu dois avoir faim, ou soif. »

Sans attendre la réponse d’Aranaëx, Oblivion manda d’un geste une servante qui s’empressa d’aller en cui-
sine découper un morceau de sanglier. Le Scalde s’assit sur le siège qui lui était traditionnellement réservé,
à la droite d’Oblivion, un trône de bois peint qui représentait une corne de brume vomissant un dragon. Il
regarda plus attentivement Olaë et Aërion et vit qu’ils étaient manifestement contrariés. De plus, les deux
fils étaient armés pour la guerre.

Le silence s’installa. La servante finit par revenir avec un grand plat doré et un pied en bronze en forme de
pied griffu, qu’elle disposa proche de l’accoudoir du siège scaldique. Une autre servante apporta à Aranaëx
une corne évidée, remplie d’une bière noire. Le feu crépita dans l’âtre.

Le Kaern reprit, en faërique cette fois : «Nous avons un problème. Un messager est arrivé il y a quelques
heures. Il précède une petite escorte qui vient du Septentrion, et à la tête de laquelle se trouve un noble elfe
noir, un certain Ademasias Vraudel. C’est le fils du Duker Vraudel, l’usurpateur de Kourt.»

Le Scalde rongeait délicatement la viande qui enrobait l’os de sanglier en réfléchissant à vive allure. Le
Kaern avait raison de parler d’usurpateur car les Y-Vamor, chassés de Kourt il y a un siècle et demi, en
avaient été les maîtres légitimes, en tant que grands chanceliers de la couronne et prévôts de la cité. Ils
continuaient d’ailleurs dans les cérémonies du clan de proclamer le titre de Chancelier de Kourt, accolé à
celui de Kaern de Nev-Y-Vamor. Il jeta un coup d’oeil vers les étendards du clan qui étaient suspendus au
plafond de la grand’Salle et reconnut rapidement celui de la très-regrettée cité. Son attention se reporta
sur ce que disait son chef de clan.

«Ademasias est accompagné d’une dizaine de soldats et de quelques officiers de l’armée impériale. Il est en
route pour Betön mais aurait été surpris par une tempête de neige. Il a détourné sa course vers notre cité,
en demandant l’hospitalité, au nom de l’Empereur. Il devrait être là avant l’aube.»

Aranaëx n’avait pas besoin de demander plus d’explications : il savait pourquoi le Kaern l’avait fait mander.
Ne pas accueillir le Vraudel risquait de mécontenter une famille très influente, très proche de l’Empereur
Kaos et pouvait même dégénerer en représailles armées. A l’inverse, il n’y avait pas un habitant de la cité
qui ignorait ce que le Septentrion avait causé comme souffrances au clan Y-vamor lors de la prise de Kourt
: non seulement la famille royale avait été en partie massacrée, mais les Y-vamor, en tant que prévôts de la
cité avaient refusé de se rendre, périssant quasiment jusqu’au dernier. Oblivion avait été laissé pour mort, et
évacué par sa garde personnelle, ce qui avait fait de lui l’héritier du titre de Kaern. Les Vraudel avaient été
les plus sanguinaires parmi les assaillants, ce qui leur avait valu d’Eros la garde de ce fief.

Le Scalde crut bon de prendre la parole :

«Vous me questionnez légitimement sur la marche à suivre, mon Kaern, et je sens que votre âme brûle à
l’idée de venger nos pères et nos frères, morts lors de la grande bataille. Ma hache est à votre service pour
être l’instrument de cette vengeance, car comme vous le savez, j’ai moi aussi perdu toute ma famille lors de
cette guerre fratricide avec nos cousins à la peau sombre. Il vous suffit d’un mot, et je serai à votre coté.

Néanmoins, j’entrevois clairement vos hésitations, et vous avez raison. Nous ne nous comportons pas comme
nos frères elfes noirs et ne tuons pas nos adversaires dans leur dos. Ce serait violer toutes nos coutumes que
d’assassiner ces étrangers, à partir du moment où ils ont eux-mêmes demandé l’hospitalité du clan. Même

114
si en tant qu’Elfe du clan Y-Vamor, je souhaiterais qu’il en soit autrement, le Scalde que je suis ne peux vous
faire une autre réponse que celle-ci : sauf à insulter les Dieux, nous ne pouvons nous venger cette nuit.»

Aranaëx savait que son Kaern attendait cette réponse. Le visage d’Oblivion se détendit, comme soulagé. Ce
dernier avait sans doute été bousculé par le jeune Aërion, qui voulait probablement attaquer sans attendre le
convoi des Elfes noirs, avant qu’il n’arrive à Nev-Y-Vamor. Sa face contrariée prouvait que le Kaern avait sans
doute usé de toute son autorité paternelle pour mander le Scalde.

Aërion interrogea directement Aranaëx : « Par la Pesteuse, Aranaëx, n’existe-t-il pas dans nos lois, une cou-
tume plus juste qui nous autoriserait à nous venger d’un meurtrier ? L’hospitalité nordique s’étend-t-elle aux
criminels les plus vils ? Et pourquoi ne fermerions-nous pas nos portes en laissant la tempête décider du sort
de ce Vraudel ?».
- Jeune Aërion, ce serait un crime. Bien que cette tempête ne me semble pas suffisamment puissante pour
tuer une escorte de guerriers, nous savons que les Elfes noirs n’ont pas notre résistance aux éléments. Et s’ils
demandent notre aide, c’est qu’ils doivent être en bien fâcheuse posture. Fermer nos portes, c’est prendre
le risque qu’ils périssent et alors notre responsabilité sera aussi flagrante que si nous les avions occis de nos
mains. Mon Kaen, je vous en conjure : quoique ces êtres aient pu faire, ils restent des Elfes et le sang d’un
Elfe est bien trop précieux pour être versé en vaines vengeances. Ne faisons pas à nos frères ce qu’ils nous ont
fait, et reprenons un jour sur le champ de bataille ce qui fut volé, si Kherk nous en donne la force.»

Oblivion réfléchit quelques minutes puis parla ainsi : «Tu as raison, Aranaëx. Je ne me mettrai pas au niveau
d’Eros et de ses sbires. Préparons-nous à exercer l’hospitalité nordique à l’égard de ces égarés, et que la gran-
deur de mon accueil puisse susciter les remords de ces elfes souterrains.»

Trois heures plus tard, les portes de l’enceinte de Nev-Y-Vamor, balayées par des bourrasques de neige,
s’ouvrirent pour laisser passer une troupe juchée sur des échamiers. Les bêtes à cornes n’avaient pas l’air
trop épuisées.
Le fils du Duker Vraudel était un Elfe noir de petite taille, sanglé dans un uniforme sombre de l’armée du
Septentrion. Son visage était très pâle, quoique de couleur propre à sa race, et l’on pouvait quasiment voir les
vaisseaux sanguins qui irriguaient ses joues, ce qui lui donnait un air inquiétant. Il se montra d’une cordialité
onctueuse à l’égard du Kaern et de ses fils, mais prétexta une très grande fatigue avant d’aller se retirer dans
la Homstërn, la maison des hôtes du village, tandis que ses hommes participaient au banquet organisé par
le Kaern. Oblivion ne parut pas se formaliser outre-mesure de cet affront, et Aranaëx l’interpréta comme un
aveu de faiblesse : le Vraudel ne se sentait pas assez fort pour affronter les yeux dans les yeux ceux qu’il avait
tenté d’assassiner à peine un siècle et demi plus tôt.

Le dîner dura toute la nuit et les hommes du seigneur Vraudel rentrèrent au Homstërn, dont ils assurèrent
la garde. A la grande surprise du Scalde, la délégation ne reprit pas la route en début d’après-midi comme il
l’avait imaginé, et ce alors que la tempête de neige s’était définitivement arrêtée.

Ademasias ne parut qu’au banquet donné le lendemain soir : il arriva sitôt la nuit tombée, et s’installa en si-
lence parmi ses hommes. Il ne toucha pas à la nourriture, et le Scalde comprit que le Vraudel craignait d’être
empoisonné. Aranaëx observa en silence le manège des fils d’Oblivion, qui ne quittaient pas des yeux l’Elfe
noir, tout en se murmurant l’un à l’autre ce qui sonnait comme des imprécations. Le Vraudel ne releva pas, et
annonça qu’il repartirait sitôt le repas achevé. Aranaëx poussa intérieurement un soupir de soulagement.

Ce n’est que deux heures après le départ du convoi des Vraudel que l’on s’aperçut de la disparition d’Aërion.
Aranaëx craignit immédiatement le pire : que le fils du Kaern ait décidé seul d’une action agressive contre le
Vraudel, une fois celui-ci parti. Le Kaern et son autre fils soufflèrent la corne de brume et tout le village se
rassembla pour partir sur les traces des Elfes noirs.

Hélas, contrairement aux Elfes noirs, les Nordiques ne bénéficient pas d’une perception accrue la nuit, et ce
n’est que bien après le lever du jour que fut retrouvé le cadavre d’Aërion, à un kilomètre du village. Aucune
trace de lame n’ensanglantait son corps, il semblait être mort de froid, peut-être en voulant poursuivre les
elfes noirs. Le Kaern en fut profondément affecté.

Sur la route de Betön, Ademasias Vraudel, lui, se remémorait avec délice les cris étouffés du fils d’Oblivion
lorsqu’il lui avait lentement retiré la vie en lui plantant ses canines effilées dans la jugulaire. Ce petit imbécile
avait été difficile à isoler mais il était arrivé à ses fins, sans que le meurtre ne puisse lui être attribué : cela
valait bien un petit détour, et quelques mensonges, mais déguster le sang d’un Y-Vamor était un plaisir de fin
gourmet qui valait bien quelques sacrifices....

115
1.2.4. La Confédération Naine Si la légende a peut-être quelque peu enjolivé les ex-
ploits de Theolf, le personnage a vraisemblablement
existé puisque son armure mythique fut retrouvée juste
avant la guerre des Pénitents par le célèbre Grinch Bar-
be-Hurlante, ami de Cassandra l’Insoumise. L’armure
disparut corps et âme avec Grinch dans la bataille de
la Faille.

Pendant la seconde guerre des Pénitents, la confédéra-


tion a été agitée de crises. En effet, les Cités de Dalwin
et de Baden tombèrent sous la coupe du Néant, leurs
Carte d identité : souverains ayant été envoûtés par des sorciers. Dalwin
et Baden consentirent notamment à laisser passer sur
Capitale : pas de capitale politique. Dalwin est la cité le territoire de la confédération les troupes d’Eros
gardienne du traité de la Confédération. d’Hernani, permettant ainsi l’invasion de Sangor.
Langue : Nordicéen
Dimensions maximales du Royaume: 1 500 km du Nord Lorsque les autres souverains de la Confédération
au Sud, 1 200km d’Est en Ouest voulurent sauver Dalwin XXV et Baden XXII de la
Population : 2,4 millions déchéance, ces derniers les convièrent à une réunion
Armée régulière: pas d’armée régulière. Environ 500 de crise et les firent tous assassiner. Ce geste odieux,
000 nains capables de prendre les armes commis en 712, causa l’éruption d’une guerre civile qui
Flotte : trentaine de Drakkars (Dalwin) dura quarante ans et se conclut par la chute de Dalwin
Villes principales : Galnur (550 000), Hautefond (600 (736) puis la prise de Baden (752). Entre temps, hé-
000), Dalwin (400 000), Thorin (650 000) las, Eros d’Hernani et l’Empire Néantique avaient déjà
Dynastie Régnante : Lignée de Theolf mis à genoux Aquilon et, pour les nains, il était trop
Blason : Une pioche (symbole de l’industrie des gem- tard pour réellement porter secours à quiconque. Le
mes) et une hache (symbole de la guerre) entrecroisées, royaume était d’ailleurs exsangue et Bâden ne fut pas
avec 5 couronnes. La couronne noire rappelle la chute reconstruite.
de Bâden.
Religion : Polythéiste symbiotique avec prédominance
Juras Mater, Elth, Hapoggaëddon, Kherk et Mulveya. Organisation politique : les royaumes nains
Calendrier : paléo-aquilonnien
La confédération naine repose sur un système comple-
Histoire xe, fruit d’alliances traditionnelles, de liens familiaux
très lointains et d’un héritage légendaire parfois très
L’origine du peuplement nain est quasiment inconnue. lourd à assumer. Les 5 rois nains ont juré, lors de l’éta-
Il semblerait en effet que les nains aient habité dans blissement de la confédération, en 401, de ne pas se
les montagnes depuis les origines du globe mais que faire la guerre. Cette promesse a été rompue lors de
jusqu’à la première guerre des pénitents et l’abatte- la seconde guerre des pénitents, qui a fait 2 millions
ment des terres de brume ils n’aient eu presque aucun de morts.
contact avec l’extérieur. Certaines légendes disent que
ces montagnes furent le refuge des Nazirat, les pre- La cité du roi Galnur a été gouvernée depuis sa fonda-
miers Nains, qui s’y installèrent pour mieux méditer, en tion par Galnur Ier, fils de Theolf, par une succession
ermites, sur le sens de la vie. ininterrompue de rois nains. Galnur est la cité la plus
Nordique, la plus isolée et la plus sauvage. Les rois de
La Confédération Naine commença à faire parler d’elle Galnur (le nom de la cité est celui que traditionnel-
au lendemain de la guerre des Pénitents, avec l’appari- lement les rois prennent) doivent sans cesse arbîtrer
tion de royaumes nains clairement identifiés : la cité du les guerres que se livrent trolls poilus, elfes nordiques
roi Galnur, la cité de Hautefond, la forteresse de Bâden, et elfes noirs qui pullulent dans cette région. La cité
la cité de Dalwin et la cité de Thorin. Les cinq royau- compte près de 550 000 nains gn’allis et est donc la
mes prétendent descendre tous d’un seul et même moins peuplée des cinq royaumes, compte tenu de
nain, le légendaire Theolf le Fondateur, qui chassa et l’hostilité des lieux. Les nains ont pour habitude de
tua les 5 dragons majeurs qui habitaient les lieux, puis maîtrise les passes stratégiques qui garantissent une
qui ouvrit les 5 portes permettant aux nains de sortir certaine sécurité aux chemins tortueux des montagnes
des tréfonds des abysses. du sud. Prise dans les glaces 3 mois sur 8, Galnur est
également confrontée depuis des temps ancestraux à la

116
prolifération des dragons (essentiellement des drakkars basse altitude que les autres, elle se piquait, depuis la
à pointe et des nordiques à museau court, sans comp- création des lacs, de se doter d’une flotte mais les drak-
ter quelques dragons argentés que les nains se gardent kars des nordiques avaient réussi à torpiller tout projet
bien d’attaquer). Pour cette raison, c’est la maison de d’envergure. Les rois de Bâden commirent l’irréparable
Galnur qui est à l’origine de la fondation de l’ordre des en signant un traité d’alliance avec l’ennemi héréditaire
tueurs de dragons. Elle connaît le secret de forge de –les elfes noirs de Kalkabat – qui par ailleurs fournis-
l’acier enchanté. sent en armes les trolls et les orcs. Ils soutinrent Da-
lwin dans son projet d’assassiner les autres souverains
La Cité de Hautefond se trouve à l’extrémité Est de et la forteresse prit part à la gigantesque guerre civile
la confédération, au contact direct avec les trolls, mais qui déchira la confédération. La forteresse, contami-
possède l’avantage d’avoir été construite bien plus haut née par le Néant, résista jusqu’en 752 et ne tomba que
que Galnur (d’où son nom), ce qui la met à l’abri de parce que le dernier de ses habitants était mort de faim.
toute attaque. Près de 600 000 nains vivent à Haute- La forteresse ne fut pas réhabitée : ses portes furent
fond sous l’autorité des roi Cuivrefeu, descendant scellées et elle resta comme le souvenir de la grande
d’Harold Cuivrefeu, fils cadet de Theolf. Hautefond guerre fratricide. Elle grouille encore de spectres et de
s’est fait une spécialité du domptage des aigles géants créatures néantiques, d’après les légendes.
et des aurochs et la plupart de ses guerriers savent pour
cette raison voler sur ce type d’animaux. Le problème La Cité de Dalwin est la cité la plus ancienne et cel-
principal d’Hautefond se trouve être les charognards le dont les ramifications descendent le plus profond
dont les creusements ont fini par fragiliser les soubas- dans la terre. Cité la plus méridionale, elle comportait
sements de la cité, voire à rejoindre les tunnels les plus environ 700 000 habitants avant la seconde guerre. 24
profonds. Depuis une trentaine d’années, les armées années de guerre dont 10 de siège ont laissé des tra-
ces profondes. La population n’est plus que de 400 000
habitant. La cité a été épargnée du fait de son histoire :
son roi est le gardien du traité de la confédération. La
cité n’a pu être prise que parce que le fils de Dalwin
XXV a organisé un coup d’Etat contre son père. Ce
geste a permis de sauver la cité de Dalwin, qui n’a pas
connu le même sort que Bâden.

Les forgerons les plus illustres viennent de Dalwin, où


l’on sait forger le mithrane (la cité est construite sur une
importante poche), l’alliage noir, le lamefeu blanc, et le
gaëdron (mais pas l’acier enchanté, spécialité de Gal-
nur). Les rois de Dalwin ont préséance honorifique sur
leurs cousins, puisque Dalwin était fils aîné de Théolf.
La prospérité de Dalwin remonte à des siècles, même
si les incursions de gnomes hurleurs et d’elfes noirs
rendent parfois dangereux le commerce. La fortune de
Dalwin est symbolisée par les énormes montants d’or
qui seraient contenus dans le temple des rois, lequel
abriterait également le corps de Theolf.

La Cité de Thorin compte quant à elle 650 000 habi-


tants, contre 1 million d’habitants avant la guerre, et
contrôle la passe stratégique de Sigfrid, qui commu-
nique avec les montagnes des grands orcs de l’Est,
aujourd’hui peuplées de korrigans. Dans cette région,
les aigles géants pullulent et il faut veiller au grain

 lorsqu’on arpente les sentiers de montagne qui mènent
d’Hautefond sont obligées de condamner certains tun- à Thorin. Thorin est la cité des héros et a notamment
nels ou de nettoyer des nids. vu naître Mime, héros nain dont l’âme fut absorbé par
la célèbre épée Nothung ; Borgor, le célèbre tueur de
La forteresse abandonnée de Bâden était autrefois dragons ; Argur Mille-Mains qui défia le chef orc Morg
considérée par les nains comme la plus achevée des ci- et le tua en haut de la passe de Sigfrid ; Gorund l’aven-
tés et comportait alors près de 900 000 habitants. A plus turier, et enfin Theolf lui-même !

117
La culture naine deux peuples (un lieu commun qui tient plus de la lé-
gende que de la réalité), mais elle s’explique avant tout
De la sociabilité naine par une différence d’habitat : alors que les elfes ont
de tout temps préféré la conquête des grands espaces,
De manière générale, les Nains ont la particularité les nains n’ont découvert la surface que trop tard. Les
d’être à la fois asociaux et tribaux. Les cités naines sont royaumes étaient déjà constitués, et ils se sont donc
donc caractérisées par un réseau souterrain et assez lâ- cantonnés aux espaces les plus hostiles du continent,
che de vastes habitats individuels, chacun étant le foyer dans des massifs montagneux et rocheux pouvant at-
d’un ou plusieurs Nains. Les Nains vivent la plupart teindre plusieurs milliers de mètres, cernés de trolls,
en autarcie et se préoccupent très peu des sujets d’in- d’orcs et de gnomes hurleurs. Par le passé, les Nains
térêt général. Les cités Naines sont donc déplorables ont en outre eu à connaître des vélléités conquérantes
en termes d’hygiène, de salubrité, ou d’organisation de leurs voisins Elfes : Daïs, Elfes noirs et Nordiques.
collective : chaque Nain s’installe là où il le souhaite.
Comme il existe 1 Naine pour 10 Nains, environ, les De la vie naine
familles sont assez rares et la plupart des Nains vivent
en solitaire. Les seuls endroits de vie sont les grandes Parce que la vie en cité naine est rude, l’enfant nain
halles ou cavernes principales, où de temps en temps le apprend très tôt à se défendre contre les dangers de la
peuple Nain se rassemble pour des fêtes mémorables. montagne, qu’il s’agisse de dangers naturels (éboule-
ments, coups de grisou) ou des monstres qui y pullu-
La culture naine est très différente de ses voisins im- lent (et notamment les charognards). En règle générale,
médiats, et particulièrement celle des elfes. On a beau- les familles naines, lorsqu’elles existent, sont peu nom-
coup glosé sur les traditionnelles inimitiés entre les breuses (2 à 3 enfants en moyenne par couple contre 7

118
Chant traditionnel nain
« Ce n’est qu’un nain »

« Qui donc est roi de la montagne, si ce n’est Dalwin le grand ?


Sa descendance est plus nombreuse que les poils d’un mammouth blanc !

Sa force est légendaire, mes frères, il est le plus fort des nains
Il peut vider un tonneau d’bière sans risquer son lendemain

Qui donc est roi de la montagne, si ce n’est Dalwin le grand ?


Sa descendance est plus nombreuse que les poils d’un mammouth blanc !

Sa sagesse est légendaire, mes frères, il parle même aux oreilles pointues
Il sait écouter leurs beaux discours et s’il l’faut leur mettre un pied au cul !

Qui donc est roi de la montagne, si ce n’est Dalwin le grand ?


Sa descendance est plus nombreuse que les poils d’un mammouth blanc !

Son trésor est légendaire, mes frères, il pourrait acheter le Destin


Dalwin ne le fait pas, mon frère, sa richesse c’est ses frères nains !

Qui donc est roi de la montagne, si ce n’est Dalwin le grand ?


Sa descendance est plus nombreuse que les poils d’un mammouth blanc !

ou 8 pour les humains) mais très soudées. montagnes communiquant avec des tunnels cachés.
Chaque cité comprend en règle général 4 à 5 ouver-
A l’âge de 10 ans, le jeune nain doit intégrer une guilde tures magiques. Il n’existe pas de centre à proprement
de la cité : ramasseurs de gemmes, tailleurs de gemmes, parler : les guildes et les familles se regroupent par ca-
chasseurs de dragons, pisteurs, éclaireurs, forgerons, verne ou groupe de cavernes.
guerriers, mineurs (fer enchanté, minthrane). La ma-
jorité est atteinte lorsque la barbe devient grise, entre De la guerre naine
35 et 40 ans. L’événement se fête avec une orgie que
les nains appellent « trou noir » : le nouvel adulte est En cas de guerre, tous les individus mâles et femelles
rasé de près (une initiative qui ne survient qu’une fois capables de manier une arme sont mobilisables. Les
dans sa vie) et les mèches de sa toison sont tressées guerres surviennent très régulièrement – contre les el-
et conservées. Il est ensuite exilé pendant 1 an de la fes, les gobelins, les trolls, les charognards, les dragons,
cité et doit survivre, seul, dans les montagnes. Ce n’est les korrigan – et drainent en partie la vitalité démogra-
qu’une fois qu’il a montré sa valeur qu’il est réintégré. phique naine. La seconde guerre des pénitents a de ce
Cette épreuve, destinée à endurcir les nains, est appe- point de vue été catastrophique pour la confédération.
lée « l’année vide ». Le combat fratricide a coûté la vie à un nain sur deux
et durablement traumatisé les cités.
Les nains en règle générale n’aiment guère sortir de
leurs cités, sauf pour le commerce, qui leur permet no- Depuis, les nains ont une attitude extrêmement pacifi-
tamment de s’approvisionner en nourriture. Les cités que et cherchent à éviter qu’une conflit de ce genre se
n’entretiennent pas d’ambassade, hormis sur Kilkie- reproduise à nouveau.
ran, mais se réunissent entre elles 5 fois dans l’année
(chaque cité accueille les délégations des autres villes)
pour la fête de Juras Mater, la fête d’Etlth, la fête d’Ha-
poggaëddon, la fête de Kherk et l’anniversaire de la
mort de Theolf.

Des cités naines

L’architecture naine conditionne la vie dans les ci-


tés : toutes sont plus ou moins construites sur le
même modèle, creusées sous le roc d’une ou plusieurs

119
Religion, calendrier et monnaie

Les nains sont polythéïstes purs et adorent plus par-


ticulièrement 5 dieux : Juras Mater, Elth, Hapoggaëd-
don, Kherk et Mulveya. Les nains ont suffisamment
d’ennemis extérieurs sans avoir à se préoccuper en plus
des querelles religieuses. En règle générale, il est rare
d’ailleurs que des disputes théologiques éclatent. Il n’y
a pas de culte pour chaque Dieu mais un clergé unique
officiant indifféremment, avec généralement une spé-
cialisation relative.

Le calendrier utilisé est le calendrier paléo-aquilonnien.


La monnaie en cours est la pépite d’or, de même que
l’émeraude et le saphir. 1 émeraude de 100g = 2 saphirs
de même poids. 1 saphir de 100g = 3 pépites de 100g.
Notons que le rubis vaut 0,5 saphir et le diamant 1,5 fois
l’émeraude.

1 écu 1 écu d’or 1 écu


d’éme- d’argent
raude
1 éme- 20 200 20 000
raude de
100g
1 saphir 10 100 10 000
de 100g
1 pépite 3,3 33 3 300
d’or de
100g
1 pépite 0,033 0,33 33
d’or d’1g

120
Légendes de Weröl

Grinch Barbe Hurlante le miraculé

Race : nain
Classe : marshall
Dates : 620 - 666
Marshall de Cornebrume, Grinch joignit le groupe
composé de Maraï et de Phen vers 640. Lui-aussi
était envoyé à la recherche d’un remède destiné à
soigner le sommeil mystérieux du fils de son roi,
empoisonné avec la céleste douleur, tout comme
l’Empereur Sharakaï, par le culte d’Isis. Parti
à travers les plans avec les elfes jaunes avec qui
il accepta de faire cause commune par réalisme,
Grinch parvint à en revenir et à soigner le fils du
roi. Ayant lié d’amitié avec les samouraïs, il parti-
cipa au réveil de Sharakaï. Le dragon le remercia
en donnant la liberté à tous les esclaves nains de
l’Empire et en leur donnant la terre d’Arknée.
Pour cette raison, Grinch partit avec le général
Maraï à la conquête de Kyrieleissa. La Déesse Veya
ne le foudroya pas mais le rendit aveugle, lui an-
nonçant qu’il ne recouvrerait la vue que quand « il
ouvrirait les yeux ».
Grinch se convertit au culte de Veya et retrouva
la vue lorsque sa foi en la Déesse fut assez forte
pour accompagner Cassandra l’Insoumise dans
sa quête. Grinch notamment découvrit l’armure
de Théolf le Fondateur, père de la Confédération
Naine.
Vaillant guerrier, Grinch ne vit jamais la bataille
du mont des prophètes puisqu’il fut victime d’un
accident quelques heures avant de débarquer sur
l’île, coulant à pic au fond des eaux sombres de
l’océan.

121
121
1.2.5. La Sublime Porte en raison des icebergs qui hérissent la mer nordique et
d’autre part car la Gardienne commande aux dragons
Apparue en 667, la Sublime Porte mène directement de glace qui vivent sur ces icebergs. Seuls les âmes ont
au Mulveyad, le cercle divin du Dieu Pancréator, Mul- la possibilité d’approcher de la Porte. Cassandra choisit
veya. La Porte est gardée par la célèbre Sinta Cassandra alors de les laisser entrer ou non.
l’Insoumise. La légende voudrait que la walkyrie ait été
condamnée à ne jamais entrer au Mulveyad pour s’être Tout autour de la cité, la température approche les
suicidée sur l’île d’Illyrian, afin de permettre à Orphéo, –60 degrés. Le froid magique qui y règne grippe les
l’élu, de vaincre le mage maléfique Tobogobun. Le Dieu meilleures armures et décourage les aventuriers trop
Mulveya, conscient que ce sacrifice avait permis la vic- curieux. Ceci n’empêche que chaque années des mil-
toire, lui promit que « ce qui lui avait été ôté serait sien liers de pèlerins tentent d’approcher au péril de leur
à jamais » et en récompense lui conféra la vie éternelle. vie, notamment en traversant les étendues trolles.
La walkyrie ne vit jamais les terres vertes du Mulveyad
- le seul et vrai sacrifice pour une croyante comme elle - Jusqu’ici, la Gardienne n’a jamais laissé un mortel ar-
mais obtint une récompense prestigieuse : la défense river jusqu’à la Porte. On raconte que certains abords
de sa Sublime Porte. des cotes les plus nordiques seraient couverts de sinis-
tres ossements, des fous ayant cru que leur foi suffirait
A quelques kilomètres du pôle blanc, la Sublime Porte à leur ouvrir les portes du Mulveyad.
est sise dans une cité de nuage et de glace flottante dont
les seuls habitants sont Cassandra et les seraphims qui
la servent.
Aucun navire ne peut approcher de la Porte, d’abord

122
Légendes de Weröl
Cassandra l ’Insoumise

Race : humaine
Classe : walkyrie
Dates : 580 – 666

La très célèbre walkyrie


naquit à Thalna, une pe-
tite cité du Centreterre.
Choisie par la Déesse Veya
comme l’un de ses cham-
pions pour aller quérir
la toison d’or, Cassandra
mourut en chemin, assas-
sinée par des hachichins.

Elle fut libérée des Enfers


près de dix ans plus tard
par un groupe d’aventu-
riers descendu aux Enfers 
étant parvenu à mettre le
feu à la bibliothèque des
âmes.

Guidée par sa Déesse,


Cassandra accomplit alors
de nombreux hauts-faits
et découvre notamment
une relique  : l’armure de
lumière. Durant quelques
années, elle porte même
des ailes d’ange dans le
dos à la suite d’un souhait, et est également mordue par un vampire, devenant vampire à son tour (elle sera
libérée de cet envoûtement quelques années après et également rajeunie). Elle devient consul de Thalna en
642 puis princesse régnante après avoir épousé Morgan de la Zelde, qui l’aide à se maintenir au pouvoir après
une tentative de révolte des citoyens.

Choisie pour être le Guide d’Orphéo, l’enfant destiné à stopper le mage Tobogobun perverti, Cassandra lance
une expédition sur Atlante pour le trouver en 645. Sans le vouloir, la walkyrie provoque alors l’auto-réali-
sation de la prophétie et ouvre les portes de l’Enfer en s’enfuyant avec l’enfant à travers les plans. A cette
occasion, elle rencontre Maraï, Grinch, et Phen (cf. ces légendes de Weröl) et libère de leur prison les Titans,
ennemis des Dieux (cf. mythes et histoire de Weröl).
De retour sur Terra Mater quinze ans après être partie, Cassandra ne sait pas que son enfant – Morgane – qui
a grandi en son absence est en réalité une succube, son mari ayant été interchangé avant son départ avec un
démon.

Alors que Cassandra, loin de Thalna, aide Aquilon à se défendre contre les tantales, des créatures monstrueu-
ses créées par les Titans pour se venger des Dieux, l’Histoire s’accélère. Les armées de Tobogobun déferlent
en 666 par 6 portails et Cassandra coalitionne les armées des nations. Cassandra mène la première bataille du
Stryge qui se termine par l’inondation d’une partie des terres par le Fleuve du Stryge et l’intervention des
Dieux. Certains d’entre eux mourront d’ailleurs.
Cassandra meurt en 666 en menant sa dernière bataille, celle du mont des prophètes. Elle choisit de se sacri-
fier pour protéger Orphéo et meurt de la main de sa propre fille, Morgane, déclenchant la colère vengeresse
de l’Elu.

Veya, devenue Mulveya à la suite de sa fusion avec Mul, seigneur des Titans, énonce alors que sa prophétie
s’est accomplie : Cassandra a perdu la vie, et en échange, la vie éternelle lui sera donnée. Le Mulveyad lui sera
interdit car elle s’est suicidée mais la Déesse lui donnera la garde de sa Porte, le Sublime Porte.

123 123
1.3. Le Centreterre et les grands lacs

1.3.1. Les Grands lacs centraux des Dieux harmoniques qui vinrent attaquer les Titans
et les armées démoniaques affluant en macheorc. La
Historique grande bataille du Stryge causa la mort de nombreux
Dieux, au premier rang desquels Huracan, le roi des
Les lacs centraux se sont formés lors de la guerre du Dieux, et Anima, le titan de la magie. La mort du ti-
Portail, en l’an 666, envahissant une partie du royau- tan de la magie, plongé dans les eaux ténébreuses du
me d’Aquilon (Nord de la Haute-Province, marche Stryge, provoqua une onde de choc qui dissocia toute
d’Erymanthe, une partie de la marche de macheorc), du forme de magie, faisant notamment éclater toutes les
royaume de la reine Falabioël1, et du royaume sylvain. protections magiques de la capitale de Falabioël.

En effet, l’un des portails ouverts par Tobogobun s’était Les Dieux harmoniques rescapés décidèrent de diluer
ouvert dans les montagnes des orcs, et communiquait l’eau du Stryge en faisant pleuvoir averse et ce fut la
avec le Stryge. Le fleuve des enfers, en se répandant naissance des deux lacs. L’Innommé, un titan, décida
sur la terre, tua une partie des armées mortelles qui quant à lui de se réfugier dans la capitale émergée du
affrontaient les troupes des titans dans la marche de royaume de la reine Falabioël avec les lambeaux de
macheorc. L’utilisation du Stryge pour faire du plan l’armée des Titans. Les magiciennes elfes qui y étaient
de Terra Mater un plan démoniaque provoqua l’ire restées furent décimées et l’île porta le nom de Noir-
Valon.
1 Royaume elfique mythique, peuplé d’Elfes blancs maîtres de la
magie. Ce Royaume se trouvait dans les vallées aujourd’hui noyées et Noir- Après la grande catastrophe, les puissances riveraines
Valon était leur capitale.

124
durent s’adapter à la nouvelle situation géographique les Etats se sont enrichis grâce au commerce, au détri-
qui encouragea le commerce. Le Haut-Royaume fonda ment des pays proches de la Sourgne. Un langage pro-
Eaugrise, et le royaume kyrielleisseen développa des pre aux lacs - le franc-parlois - s’est progressivement
comptoirs, à quelques encablures de Noir-Valon. En- créé pour accompagner le commerce.
fin, l’Empire Atlante décida d’acheter à Aquilon l’île de
Kilkieran pour y bâtir une ambassade permanente. Une Lors de la seconde guerre des pénitents, les lacs ont
porte dimensionnelle fut ainsi érigée sur Kilkieran, per- été le théâtre d’effrontements violents. Les navires el-
mettant des échanges avec Atlante. Rapidement, toutes fes noirs et nordiques ont en effet provoqué un blocus
les puissances du continent, sans exception, installè- commercial dans les premières années de la guerre.
rent des ambassades sur Kilkieran, devenu le carrefour Lorsque Eros a lancé ses armées à l’assaut d’Aquilon,
du lac majeur. la frappe navale a été de grande ampleur et des batailles
rangées mêlant des milliers de bateaux ont eu lieu. Pour
Depuis cette époque, c’est autour des grands lacs que cette raison, les fonds des deux lacs sont réputés cacher
s’est construite la vie économique des deux continents. des trésors, de nombreux navires de commerce ou em-
80% du trafic de marchandises transite par ces rives et portant des nobles exilés ayant coulé.

Le lac majeur
En réalité, seules quatre cités ont des ports accédant
Long de 5 500 kilomètres sur une largeur de 1 3000km, directement sur le lac : Eaugrise, Kilkieran, Krakilian
le lac majeur communique avec le lac mineur par un et Kalkabat.
étroit détroit. Il est la seule étendue d’eau qui ne soit
pas corrompue par l’influence du Stryge ou d’Hapog- La ville d’Eaugrise est devenue la capitale de la pro-
gaëddon. La confédération naine, le Royaume du Haut- vince d’Elarian après la destruction de Kieran lors de
Ponant, l’Empire du Septentrion, le Royaume dolman la guerre du portail puis la capitale du haut-Royaume
et l’Empire Atlante sont les puissances riveraines. après la partition de l’ancien empire aquilonnien.

125
Comptant près de 600 000 âmes avant la guerre des pé- la porte d’accès. L’Empire Atlante depuis la seconde
nitents, Eaugrise en compte désormais 2 millions. La guerre des Pénitents entretient une petite flotte de
cité est en plein essor et reçoit des afflux de marchan- guerre d’une centaine de navires (frégates), construits
dises depuis les quatre coins du royaume. Des carava- dans les chantiers aquilonniens.
nes de marchands la relient à Mô et Taur-Alkar tandis
que les bateaux remontant le fleuve aquilon assurent
la liaison avec l’océan aquilonnien (Memneth) et le Le lac mineur
Golfe des épices (Port-Noir). Une flotte maigrichonne
d’une trentaine de frégates de guerre réside également Le lac mineur est beaucoup plus petit, d’où son nom,
à Eaugrise, de quoi empêcher de faire de l’ombre au que le lac majeur : 1 500 kilomètres de long sur 1000
Septentrion. kilomètres de large.

La grande rivale commerciale d’Eaugrise est Krakilian, L’eau du lac mineur contient une très grande partie de
port fondé en 668. Krakilian est un point d’entrée com- l’eau du Stryge diluée et s’y baigner est donc mortel à
mercial majeur pour qui veut faire commerce dans le court terme. La coque des bateaux elle-même pourrit
royaume septentrionnal, notamment à Kourt ou Betön très rapidement : au bout d’un an, le bateau est inuti-
(qui est la capitale du royaume vassal des elfes nordi- lisable. Le commerce et la navigation sur le lac mineur
ques). Sa population avoisine les 700 000 habitants. La sont donc beaucoup plus limités, d’autant que seu-
liaison de caravanes Betön/Krakilian est un axe majeur, les les ports commerciaux sont d’ampleur plus petite
même si il reste moins actif que le triangle Memneth/ : Rinmir, Aratreo, Kheop, Port-Sanctus, villes nichées
Port-Noir/Eaugrise. En effet, le port de Krakilian est dans les montagnes. Les rives sont connues pour être
pris dans les glaces une partie de l’année, ce qui limite couvertes de sinna, une plante qui sert à confectionner
les échanges. Le royaume nordique entretient une très des poisons.
importante flotte (300 galères) qui règne sans contesta-
tion sur la partie Nord du lac. La présence, au sud du lac mineur, de Noir-Valon a éga-
lement un effet corrosif : approcher à moins de trente
Autre cité devenue port, Kalkabat. Cette cité autrefois kilomètres de l’île provoque un vieillissement accéléré.
montagneuse est désormais à 30 kilomètres de la mer et Pour cette raison, les navires préfèrent généralement
a créé un port artificiel. Les elfes noirs de Kalkabat se commercer par le Nord du lac, vers le royaume kyrie-
méfient néanmoins de cette façade maritime, possible leisseen. Après la création des lacs, une grande partie
plage d’invasion, et se tiennent prêts à tout mouvement des populations des terres immergées se sont en effet
suspect. La capitale du Septentrion évite d’utiliser di- déplacées plus à l’est pour chercher refuge. Le royaume
rectement son port et oblige les navires étrangers à ac- kyrieleissen entretient une flotte de 200 navires (carra-
coster à Krakilian. Il n’y a pas de port militaire à Kalka- ques et corvettes ) dans cette zone qui patrouille pour
bat, la flotte étant concentrée également à Krakilian. assurer la sécurité du commerce.

La ville de Kilkieran est le carrefour du commerce des Les eaux du lac mineur, fournies en mantacongres, kra-
deux lacs, les nations se pressant pour conclure des kens et quamènes, sont réputées pour être très traîtres
contrats avec les puissants Atlantes. Ces derniers expor- : d’une part, les profondeurs renferment le souvenir
tent notamment des esclaves wolfynx et des armes à feu de villes englouties, comme Sardiunalat, ainsi que les
en échange de métal et de provisions. Kilkieran abrite cadavres de nombreux dieux, déesses, titans, démons
une représentation de tous les peuples de Terra Mater, recouverts par les flots après la bataille du Stryge. Le
y compris du Néant. L’île est protégée par le Heaume et Titan de la magie a fortement teinté de sa mort ces
placée sous la responsabilité d’un gouverneur élu par eaux. Sur les rives, pullulent les chimères, attirées par
la population des colons. L’activité diplomatique est au la présence du dernier des Titans.
cœur de celle de la cité qui bruisse de mille diplomaties
secrètes. L’île a connu un afflux de colons atlantes sans
précédent qui a porté sa population à 200 000 d’habi-
tants, soit près de la moitié de la population de l’Empire
en 666. L’Empire Atlante, menacé de se vider, a décrété
par la suite l’interruption de l’immigration en 680. De-
puis cette date, la population atlante a connu, grâce à
la fécondité extrêmemment forte, un envol (280 000 ha-
bitants en l’an 700). La population d’origine étrangère
est quant à elle de 50 000 habitants. Le heaume à lui
seul entretient 20 000 hommes de troupe pour protéger

126
Légendes de Weröl
(Sinta) Machia’h Maitreya Malebogé


Race : Gnome
Dates : naissance vers 700 – mort inconnue

Née en Centreterre, Sinta Machia’h eut une apparition de sa déesse, Fortunaë, qui lui commanda d’aller ressus-
citer son héros, un certain Yoshimura. Cette quête amena Machia’h à cotoyer Shimrod (cf. Légendes de Weröl),
le grand mage Atlante, puis à réimplanter l’âme du samouraï dans le corps de Gmorkh (cf. Légendes de Weröl)
en 745, provoquant par là-même sa dualité d‘âmes.

Choisie par le patriarche blanc pour porter Ardent, la pierre jaune, Machia’h participa à la quête des champions
où elle connut la mort à plusieurs reprises, notamment du fait d’une tentative d’assassinat par Sint Kiwen.

Après la fin du grand Théolocauste, Sinta Machia’h est revenue quelques temps à Requiem avant de partir de
par le monde, vraisemblablement chassée par son ancien meurtrier. Avant cela, elle légua à l’humanité un évan-
gile (751). Elle évangélisa de nombreuses contrées puis les historiens perdent sa trace à partir de 780.

127
Annexe : La ville de Kilkieran primer les libertés politiques de Kilkieran de peur que
la cité ne fasse sécession.
La ville de Kilkieran est le carrefour du commerce des
deux lacs, les nations se pressant pour conclure des Le troisième grand parti d’envergure est le parti de
contrats avec les puissants Atlantes. Ville du Portail, elle Kilkieran, financé et surtout dominé par les grandes
a pour symbole une porte stylisée sur la mer et pour guildes marchandes atlantes ou étrangères. Le parti se
devise « Je veille». Ville des golems de guerre qui protè- veut populaire mais défend surtout les intérêts de la
gent ses murailles, Kilkieran est une cité qui a à peine bourgeoisie marchande de Kilkieran.
200 années d’existence mais qui déjà est peuplée d’une
population extrêmement composite et marchande. Depuis la fondation de la ville, les partis se sont mis
globalement d’accord pour le choix de gouverneurs,
Organisation politique même si les élections ont tantôt fait le fruit d’une al-
liance entre le parti de Kilkieran et le parti militaire,
tantôt entre le parti militaire et la société philosophi-
que. Le Masque est réputé avoir ses espions partout,
et sans doute a son mot à dire mais il est difficile de
savoir son impact réel. Son champ d’action est quasi-
nul au sein du parti militaire mais très influent pour
les 2 autres.

Seuls les atlantes citoyens de Kilkieran ont le droit de


voter aux élections renouvelant le mandat du gouver-
neur, sois près de 180 000 votants si l’on met de coté les
membres du Masque et les mineurs. Son mandat est
de 10 ans. Le gouverneur est chargé des affaires civiles,
mais n’a aucune autorité sur les forces du Heaume ou
du Masque. Le vote ne se réalise pas à bulletins secrets
mais par acclamation : chaque candidat convoque sur
la place impériale ses votants et est élu au nombre.

Il existe des partis politiques en nombre limité à Kilk-


ieran, chose quasiment inconnue par ailleurs. Chaque
parti a son organe indépendant de presse, imprimé
généralement sur du mauvais papier, et un cercle de
réflexion comme point central. Le parti militaire tourne
autour du cercle militaire du Heaume qui réunit les
officiers. Tous les 10 ans, le parti militaire essaye de
proposer un candidat qui soit inféodé au Heaume ou
de faire valoir aux candidats en présence tout l’intérêt
d’être réceptifs aux intérêts du Heaume (plus de 10%
du corps électoral).

Un parti rival du parti militaire est la société philosophi-


que de Kilkieran, qui réunit joueurs de l’Orgamon, pen-
seurs, artistes et philosophes, mais également nombre
d’administrateurs impériaux et de professeurs. Le parti
philosophique est un parti essentiellement d’élites, ex-
trêmement influent dans les hautes sphères du pou-
voir. Il se réunit la plupart du temps dans des salons
privés des notables de la ville et utilise son aura pour
influer sur les choix des électeurs (domestiques, élèves,
publications, mécénat). Le parti est très surveillé par les
espions de l’Empereur Maliakus qui n’a pas osé sup-

128
La Défense extérieure
La cité de Kilkieran a été pendant la seconde guerre
Parce qu’elle est la seule cité qui communique avec des pénitents le siège de tractations importantes. Tout
l’Empire, Kilkieran fait l’objet d’une protection ex- d’abord, le Haut-Roi Belhir II y a signé un armistice
trêmement élevée. Le portail en lui-même se trouve avec le Roi Eros d’Hernani (708) puis la ville a été éga-
dans la citadelle du Heaume qui sépare le quartier lement le lieu de l’alliance entre l’Empire Atlante et
d’Eaubrume du quartier du port. 20 000 soldats du l’Empire du Septentrion (Accord dit des Deux Empe-
heaume sont stationnés à Kilkieran et protègent l’île reurs, 728). En 779 y a été signé le traité de Kilkieran
des incursions. Tous les bateaux débarquant à port reconnaissant la vassalité du roi du haut-Ponant envers
sont d’abord contrôlés au port militaire (où se trouvent l’Empereur Kaos.
les quelques frégates de l’Empire, une centaine) avant
d’être expédiées au port commerçant. Les lecteurs du
Masque surveillent les interrogatoires très précis qui
sont infligés à tous les arrivants. L’immigration comme
l’émigration est interdite et les espions systématique-
ment éliminés. La flotte Atlante patrouille le long des
côtes mais généralement ne va pas au delà.

Au Nord, se trouve l’enceinte des golems. Il s’agit d’une


enceinte de pierre de 5 mètres de haut, épaisse comme
3 trolls, où ont été aménagées pas moins de 3 000 ca-
vités. Chacune d’elle contient un golem de guerre. En
cas d’invasion par la mer ou par la terre, ces golems
seraient susceptibles d’être magiquement animés pour
défendre la cité. Le bijou de l’enceinte est le golem ma-
jeur, statue de près de 8m de haut qui serait capable de
pourfendre les bateaux en mer.

129

Géographie et description des quartiers
A l’ouest de neuve-fontain se trouve l’anneau, siège de
La ville de Kilkieran occupe environ 1/3 de la superfi- la plupart des grandes ambassades (Aquilon, Néant,
cie de l’île elle-même et compte 300 000 habitants (sur Elfes du Nord notamment). Le Heaume y patrouille
les 330 000 de l’île). Elle s’étend le long du golfe de en permanence et les espions du Masque sont légions
kilkieran, rebaptisée « port de Karabrugus » c’est à dire dans les auberges de la zone. Le quartier étant récent,
sur près de 10 kilomètres de criques, de falaises et de il a été construit en angle droit et en équerre, avec de
rochers, et a même rattrapé les 2 villages voisins autre- belles avenues cernées de platanes.
fois indépendants.
Le Quartier militaire coupe en deux la péninsule
Première ville bâtie sans contrainte de marée, Kilkie- d’eaubrume où se trouve le village du même nom. Il
ran est un modèle d’architecture Atlante. Son centre regroupe le port militaire mais également les bâtiments
est évidemment le port, qui peut abriter plus de 18 000 de l’administration du gouverneur et la caserne du
navires. Les 3 guildes les plus puissantes du quartier commodore en chef de l’île. Près de 10 000 hommes y
du port sont la Guilde Impériale des Armes à Poudre, dorment chaque nuit, soit la moitié de l’effectif total. La
la Société Impériale de Kilkieran (qui importe du métal porte vers Atlante est ouverte en permanence, protégée
et de la nourriture pour le compte de la couronne, mais par des glyphes magiques et une centaine d’hommes
vend de l’aturkil en retour), et la Guilde des Esclavagis- en armes chaque nuit. Les armes du Heaume sont el-
tes (qui fournit en esclaves wolfynx). Chacune d’elle a à les-mêmes conservées à l’abri des puissantes murailles
sa tête un administrateur nommé par l’Empereur, issu de la caserne.
de l’administration impériale et chargé de vérifier que
le commerce va dans le sens du bien de l’Empire. Le Le Quartier d’eaubrume était à l’origine un village
quartier du port est le quartier le plus ancien, bâti un de pêcheurs qui a peu à peu été englouti par la ville
peu à la va-vite, sans architecture d’ensemble. Ses rues de Kilkieran – en moins de 10 ans plus exactement.
fourmillent de petites échoppes et d’auberges contrô- Aujourd’hui, il s’agit du quartier le plus huppé de la
lées par le Masque plus ou moins directement. ville où seuls les dignitaires de la ville ont le niveau so-
cial qui leur permet d’acheter une villa. Il s’agit égale-
Au Nord, le quartier du port est séparé par le quar- ment d’un quartier exposé à la mer, mais il est protégé
tier de neuve-fontain par la gigantesque place impé- des attaques de pirates par les canons qui parsèment
riale qui fait 1 kilomètre de long. Le quartier lui-même la côte, les falaises et surtout la forteresse du gouver-
jouxte les faubourgs et l’espace encore non occupé par neur qui est une véritable montagne imprenable. La
des constructions entre la ville et les murailles des go- forteresse sert d’ailleurs également de geôle. Le quar-
lems. Neuv-Fontain est un quartier résidentiel atlante tier abrite également le grand tournoi des Dieux qui se
très côté, car il permet à quelques maisons d’avoir des déroule tous les 5 ans. Y sont invités tous les combat-
jardinets, un trésor pour les atlantes. Ce quartier est tants désirant démontrer la supériorité de leur foi par
également réservé aux ambassades mineures. Le Mas- les armes. Les combats se déroulent à l’arène de la ville,
que a son siège dans ce même quartier, et ce n’est pas devant un public trié sur le volet. Les règles du tour-
une coïncidence. noi sont simples : le combat se déroule sur 4 semaines.
Chaque combattant peut défier n’importe quel autre
La place impériale est le lieu de tous les grands ras- combattant. La magie n’est pas admise, sauf quelques
semblements festifs, et notamment de l’élection du sorts de défense ou d’attaque mais ces derniers doivent
gouverneur. Le Quartier de NeuvFontain est clos à l’est être préalablement homologués par les arbitres. La li-
par le sanctuaire qui réunit les temples unicosmiques mite est fixée de toute façon à 5 sortilèges et 2 armes.
de toutes les obédiences, à l’exception du culte de Mul- Les armes de jet ne sont pas admises, de même que les
veya et du culte de l’Innommé qui ne sont pas repré- animaux de combat. Les combats ont lieu 1 fois/jour
sentés. En effet, les Atlantes adorent tous les Dieux, seulement à midi, d’où la longueur du tournoi. Chaque
sans aucune exception ou presque. Un chemin fermé victoire est généralement fêtée comme il se doit dans
au public passe à travers le parc sacré pour aller au les auberges et les temples. La tradition est que les ar-
mausolée à la gloire des Empereurs d’Atlante. Le parc mes du vaincu reviennent au vainqueur. Normalement,
abrite également la Pierre Verte, dont l’origine est mys- le combat n’est pas à mort, sauf si les deux adversaires
térieuse. Il s’agirait d’une météorite présente sur le site en conviennent.
depuis des siècles. Elle a la réputation de soigner les
maladies, les affectations et les handicaps de ceux qui Le grand prix est généralement un artefact ou une re-
s’y frottent. La Pierre est gardée jour et nuit par des lique très puissant. Il est remis par l’Empereur lui-mê-
membres du Heaume mais libre d’accès. me. Il n’est pas rare que la cour profite du tournoi pour
venir passer plusieurs semaines à Kilkieran.

130
Le Quartier du Pied-de-Fosse occupe l’extrémité de la
Le quartier du bord doré jouxte le quartier de l’an- péninsule ouest, en face du château du gouverneur. Il
neau. Essentiellement occupé par des échoppes d’arti- est occupé par les populations pauvres, le plus souvent
sans ou des guildes de magie, l’endroit a une très forte également vivant de rapines et de vol. Le Heaume y
densité de population, à l’égal du quartier du port. effectue des incursions quotidiennes mais c’est le mas-
Auparavant, les premiers atlantes auraient trouvé sur que qui est le mieux implanté. La proportion d’étran-
ce bord de l’île des pépites, d’où le nom du quartier. Le gers avoisine les 70% dans ce quartier, qui compte près
Bord Doré concentre les auberges au meilleur marché de 70 000 habitants. Le Pied-de-Fosse est également
de la ville, moins bruyantes que celles du port et moins l’endroit où l’on trouve les meilleurs cuisiniers du por-
chères que celles de neuve-fontain. Un bac permet de cinet farci, spécialité de l’île que l’implantation Atlante
traverser la hanse du port Karabrugus. On y trouve en- n’a pas fait disparaître. La flotte de pêche qui se niche
fin le siège de la Guilde des compagnons de Kilkieran. dans les criques ravitaille chaque jour les habitants de
la cité.

131
Population
Ecu éme- Ecu or Ecu ar-
La ville qui compte 300 000 habitants est composée raude gent
d’environ 90 000 elfes islandiens, 100 000 humains d’at- Ecu impérial 17 170 17 000
lante, 10 000 wolfynx, 40 000 gnomes, 12 000 humains, 7 d’or
000 elfes nordiques et 15 000 nains. Le reste se subdi-
vise en micro-communautés. La coexistence est parfois Ecu impérial 0,24 2,4 243
extrêmement tendue entre les populations citoyennes d’argent
d’atlante (280 000 sur l’île) et les étrangers, les règles
les plus élémentaires de l’Empire apparaissant extrê- Ecu impérial de 0,00034 0,0034 0,03
mement bizarres à ces derniers. Le terme utilisé par les cuivre
atlantes est celui « youkigin » pour désigner ceux qui
viennent d’outremer. La vie est extrêmement chère pour un étranger sur Kil-
kieran : une choppe de bière coûte ainsi 400 E.I.C
Le nom des atlantes nés à kilkieran inclut obligatoire- soit 0,5 EIA (1,2 écus or, près de 30 fois le prix sur
ment le segment « kil » quelque part. Cette coutume Aquilon !) En règle générale tous les prix sont au
n’est pas respectée par les étrangers, un moyen de dif- moins multipliés par 20.
férencier les uns des autres. De plus, la pratique de la Outre le grand tournoi des Dieux, Kilkieran organise
monnaie est différente suivant les citoyens. Les atlantes chaque année des compétitions nautiques dont les at-
n’utilisent pas la monnaie frappée par les guildes pour lantes sont friands, et fête scrupuleusement en début
commercer avec l’étranger – l’écu impérial – car cela de mois les fêtes des différents Dieux. Chaque année,
est considéré comme vulgaire. le gouverneur fixe une semaine qui peut être différente
suivant les époques, réservées à la célébration de l’Em-
La règle tacite existant parmi les familles atlantes est pereur et de la fondation de la ville.
d’envoyer au moins un fils dans le heaume pour une
période limitée. Ceci est en effet considéré comme une
preuve de patriotisme. Pour cette raison, le « parti mi-
litaire » est très influent parmi toutes les couches de la
population.

Les youkigin ont leur propre société décalée, à part,


limitée à certains quartiers de l’ouest.

Coutumes, monnaie, fêtes locales

Kilkieran a dû se doter d’une monnaie pour pouvoir


commercer. L’écu impérial se subdivise en écu d’or, écu
d’argent et écu de cuivre. L’écu impérial d’or vaut en-
viron 17 écus émeraude aquilonnien. Il se subdivise en
70 écus d’argent, chaque écu d’argent valant 800 écus
de cuivre.

Ecu im- Ecu impérial Ecu impérial


périal or argent cuivre

Ecu éme- 0,0588 4,118 3294,11


raude
Ecu or 0,0059 0,412 329,41
Ecu ar- 0,000059 0,00412 3,29
gent

132
1.3.2. Le Royaume Dolman
Organisation politique, Défense , Justice, Loi,
Carte d identité : Religion

Capitale : Dolmarur Entre 600 et 740, le royaume de Dolmarur fut occupé


Langue : Dolman, aquilonnien par les troupes aquilonniennes. Le Haut-Roi Solimane
Dimensions maximales : 4 250 km III, grand conquérant, était en effet parvenu à faire plier
du Nord au Sud, 3 750km d’Est en la résistance des elfes blancs. L’occupation se solda par
Ouest une guérilla féroce entre les elfes retranchés dans les
Population : 280 000 habitants forêts et les aquilonniens. Les elfes blancs, qui vivaient
dont 250 000 elfes sur ces terres depuis leur arrivée lors de l’Hégiriade (-
Armée : Pas d’armée officielle - 8000) ne supportaient pas que leurs chênes centenaires et
guerriers leurs sapins soient coupés par l’occupant pour bâtir des
Flotte : une dizaine de nefs elfi- cités laides et permettre l’agriculture.
ques (Port-Dolmarur)
Villes principales : Sanuten (capitale, 20 000 habitants), A la mort de Malchus II, ses deux enfants résistèrent à
), Dolmarur (10 000 habitants), Valérian (5 000 habi- leur façon. Sa fille Maëva la Tigresse se lança dans une
tants), Mayan (5 000 habitants), Port-Dolman (15 000 guerre sans concession contre les ducs de Dolmarur.
habitants) Son frère, Anvil Tête de Chêne choisit le « splendide
Dynastie Régnante : Anvil tête-de-chêne. Dynastie des isolement ». Lorsque la guerre des pénitents obligea
Dolmans : Alamal Ier, Malchus Ier, Kaziora, Alamal II, l’autorité royale à dégarnir ses forts, Maëva lança une
Malchus II, Anvil Ier. guerre de libération. Elle fit quelques milliers de morts,
Blason : Blanc et Vert, ornés d’un sapin, l’arbre le plus dont Maëva elle-même. Anvil négocia alors le départ
répandu dans le royaume, avec la devise « pinheira » des troupes aquilonniennes et renvoya le dernier Duc
qui en dolman se traduit par « planté ». de Dolmarur à la cour en l’an 740, profitant de la vacan-
Religion : Polythéiste manichéen, Juras Mater ce du pouvoir après la mort de Belhir II. Le jeune Di-
Calendrier : paléo-aquilonnien motran II timoré et peu formé à l’exercice du pouvoir
ne voulut pas se lancer dans une guerre de reconquête
Géographie, climat, démographie et accepta le fait accompli. A la partition d’Aquilon, le
haut-Roi d’Eaugrise tenta d’envoyer des troupes mais
Le royaume de Dolmarur s’étend dans une gigantesque Anvil les défit aisément. Le Royaume Kyrieleisseen
dépression fertile, cernée de montagnes, frontalière annexa lui-même une partie de l’ancienne marche de
des deux lacs et du centreterre. Le royaume bénéficie Macheorc.
d’un climat tempéré frais, relativement épargné par les
bouleversements métérologiques. Elle est entièrement Le Royaume est placé sous l’autorité d’Anvil Tête de
couverte par des forêts de sapins centenaires dont une Chêne, qui s’est réinstallé à Sanuten, l’antique capitale,
grande partie est magique : les nûnes, anciens elfes ar- pour un temps fief de Maëva. Le mode de succession
rivés au terme de leur vie faërique, y sont très nom- au trône est héréditaire, et parfaitement égalitaire entre
breux. Le nord du royaume a été dévasté par des com- les sexes. Le Royaume ne comporte pas d’administra-
bats magiques et est interdite aux voyageurs. Au-delà se tion proprement dite. Chaque village – une quarantai-
cache le bois sacré, autrefois siège du Patriarche Blanc, ne en tout – est administrée de manière autonome par
père de tous les elfes. un chef de village élu. Le royaume n’a pas d’armée à
proprement parler. Chaque village a sa propre milice
La démographie du royaume est extrêmement basse : d’éclaireurs et est chargé de prospecter son territoire.
les dolmans ont lutté pour recouvrer leur liberté, qu’ils En cas de danger, les villages expédient leurs meilleurs
ont fini par obtenir à la faveur de l’éclatement du guerriers pour rejoindre l’armée du roi. Dans ce cas,
Haut-Royaume d’Aquilon. De la période d’occupation Anvil peut compter sur environ 4 000 guerriers, aux-
subsistent les cités à moitié désertes des humains où quels il faut rajouter les mages elfes. Chaque elfe, s’il
s’accrochent quelques milliers d’humains ignorés su- n’est pas guerrier, est entraîné au combat et surtout au
perbement par les elfes. Les humains n’ont pas le droit maniement de l’arc.
de pénétrer dans la forêt et les arbres ont recouvré leur
caractère sacré. Les nûnes se chargent de faire respec- La Justice est rendue par les doyens du village et échap-
ter ceci. pe au roi lui-même. Le collège des anciens de chaque
cité ou village décide librement. Il peut décider de
trois peines : la réparation, l’exil ou le combat pour que
les Dieux tranchent le différend (en cas de doute). La
loi qui est appliquée est en grande partie coutumière.

133

Chaque village se réfère aux décisions antérieures des
anciens et chaque village a donc ses propres lois. Les
villages humains sont également autonomes.
Les elfes ne sont guère religieux mais vouent un culte
plus particulier à la Déesse de la Nature. Chaque village
a ses druides.

Commerce, Economie, monnaie

Le Royaume de Dolmarur vit quasiment en autarcie.


Par Port-Dolman transitent essentiellement des den-
rées de première nécessité inconnues en Dolmarur
(certains fruits, épices, …) tandis que dans le sens in-
verse quelques marchands exportent de l’artisanat elfi-
que, des instruments de musique et des armes forgées
dans les villages dolmans. Les Dolmans sont égale-
ment passés maîtres dans l’art de récolter et d’utiliser
la résine pour fabriquer des protections plus légères
(mais moins résistantes). Certaines de ses oeuvres sont
échangées avec les peuples riverains.
Les Dolmans procèdent par troc et la monnaie n’a pas
cours chez eux. Le concept d’enrichissement leur est
étranger et il est très difficile de faire affaire avec eux
car les conceptions temporelles ne sont pas les mêmes.
La réalisation d’un objet elfique peut ainsi prendre
plusieurs dizaines d’années !

La Culture Dolmane

Elle est celle qui est restée le plus proche de la culture


des premiers elfes, du fait notamment de l’autarcie la
plus totale dans laquelle est resté le royaume pendant
des milliers d’années. La langue Dolmane, extrême-
ment riche et complexe, est le ciment d’une civilisa-
tion amoureuse de la nature, assez méfiante à l’égard
de l’extérieur et qui, du fait de 140 années d’occupation
militaire est devenue plus guerrière qu’elle ne l’était
auparavant. Les elfes toutefois évitent de mettre à mort
leurs ennemis et préfèrent l’exil.

134
1.3.3. Le Royaume Kyrieleisseen (ou Kyrelie)

Légendes de Weröl
Maraï l ’albinos

Race : elfe jaune


Classe : samouraï
Dates : 624 – 664

Maraï Kelth, du clan de la Colombe, était le fils de


Carte d identité :
l’aîné du shogun, exilé à la suite d’un complot mené
par son cadet et qui avait causé la mort du shogun.
Capitale : Kyrieleissa, cité sainte
Son père dut commettre un seppuku rituel pour
Langue : Kyrelien (off.), aquilonnien, franc-parlois
laver l’affront. Envoyé avec le reste dans sa famille
Dimensions maximales : 2250km d’Est en Ouest, 3250km
dans les terres hostiles de l’ouest de l’Empire sur
du Nord au Sud.
décision d’un des seigneurs de l’Empire, Maraï dé-
Population : 4 millions d’habitants dont 50% de souche
couvrit fortuitement un complot contre l’Empereur
arknéenne
Sharakaï, ourdi par le même seigneur responsable
Armée : 40 000 soldats, 15 000 moines-chevaliers
de la perte de son père. Parti à la recherche d’un
Flotte : 200 navires (Port-Sanctus essentiellement) : 40
remède capable de réveiller l’Empereur endormi,
carraques et 160 corvettes (8 000 marins)
Maraï dut quitter le plan de Weröl à la recherche
Villes principales : Kyrieleissa (200 000 habitants), Este-
des ingrédients. Maraï parvint à réveiller l’Empe-
reillian (170 000 habitants), Albionta (160 000 habitants),
reur et fut nommé généralissime des armées daï
Rinmir (100 000 habitants), Vo (60 000 habitants), Port-
en récompense.
Sanctus (25 000 habitants)
A la tête de 80 000 hommes, Maraï fut envoyé quel-
Dynastie Régnante (Trône de la Réincarnation) : Rectors
ques temps après assiéger la ville Arknéeienne de
de l’Eglise (élus) – Imperector Rex : Pax Fecit (771-780),
Kyrieleissa, protégée par Cassandra l’Insoumise.
Lux Est (780-786), Intra in Esperanza (786-810), Ducis
La défense de la cité fut si féroce que Maraï per-
in Lux (810-813), Unus Sumus (813-820), Deus Vox (820-
dit l’intégralité de ses troupes. Plutôt que subir le
825), Gaudi Ecclesiae (825-851), Illuminate (851).
déshonneur, Maraï décida de faire raser la cité par
A partir du milieu du IXème siècle, les Rectors ne sont
des moyens magiques mais la déesse Veya intervint
plus élus mais sont considérés comme la réincarnation
elle-même pour foudroyer le blasphémateur.
de Sint Mazil ou d’un des huit premiers Imper rector
Rex : Intra in Esperanza II (851-872), Unus Sumus II
(872-878), Pax Fecit II (878-888), Deus Vox II (889-899),
Lux Est II (899 - …)
Blason : L’arbre blanc, symbole de l’Eglise et de la pu-
reté, sur fond vert (l’espérance de la Réincarnation).
Religion : Mulveya, Innommé
Calendrier : Kyrelien

Historique

Compliquée est l’histoire du royaume kyrieleisseen. Il fut


fondé à l’origine en – 280 par un chef de guerre humain
nommé Axis. Despote éclairé, celui-ci et sa descendance
présida à la création d’un royaume civilisé qui s’effondra
néanmoins en 125 sous la pression de barbares venus
des plaines du nord, sachant forger l’acier. Le royaume
fut pendant près de 25 ans accolé à ses voisins du Nord,
à l’époque peuplé de semi-elfes, et à l’Arknée, un pe-
tit royaume humain. En 150, l’Arknée et le royaume
elfe unirent leurs forces pour repousser les barbares ; le
royaume kyrieleisseen en profita pour recouvrer sa puis-
sance et son indépendance.

135

Les souverains successifs mirent à profit les techniques de Kyireleissa (664). Finalement en 665, la conquête de
barbares pour perfectionner leur armement et en 200 l’Arknée, de l’Harmari (le royaume elfe) et des marches
entamèrent à leur tour une conquête du Nord, peuplé fut acquise, au prix de plusieurs centaines de milliers
des trois royaumes (elfe, humain, barbare) vus précé- de morts. Les armées d’Arknée se replièrent sur la Ky-
demment. L’Empire qu’ils fondèrent devint florissant, relie et parvinrent à repousser l’envahisseur. L’Empe-
mais connut au même moment un choc religieux avec reur Sharakaï fut ensuite trop occupé par la guerre du
l’évangélisation de ses terres par le prophète Oun au portail et la conquête des territoires nordiques pour
nom de la Déesse unique, Veya. Le premier Empereur anéantir le petit royaume kyrelien.
fit pendre le prophète en 201 mais la foudre du ciel
tombée miraculeusement sur l’arbre de pendaison Ce-dernier était pourtant promis à un grand avenir. Le
convainquit le peuple de son erreur. Devenue religion royaume d’Arknée comptait avant l’invasion 900 000
officielle, la religion de Veya fut ainsi imposée aux peu- âmes. Les guerres, les fléaux puis la guerre du portail
ples vaincus jusqu’en 360, date de sa chute. L’Empire réduisit cette population à 300 000, dont 150 000 en
étendit au faîte de sa puissance ses frontières des mar- Arknée proprement dit et 150 000 en Kyrelie. La ville
ches barbares jusqu’à la ville d’Albionta (de 295 à 340). d’Albionta, où avait trouvé refuge les chefs de guerre
Vingt-quatre années ans après la chute de l’Empire, le Arknéens fut désignée, en raison de son éloignement
roi Kan d’Arknée conquit à son tour le royaume Kyrie- par rapport à la frontière avec l’Empire, capitale du
leisseen, convertit les barbares, et s’allia militairement nouveau royaume. Les troupes d’Arknée, sans chef, se
avec le roi Harmarien ( semi-elfes). Il fondit le royaume placèrent en effet sous l’autorité du roi d’Albionta, Ke-
d’Arknée. riol III. Le petit royaume d’environ 220 000 habitants
grossit en raison de trois facteurs.
La Kyrelie subsista à l’état de province jusqu’à ce qu’en
650 le royaume d’Arknée soit envahi par les puissantes Le premier fut l’afflux de réfugiés qui survint depuis
armées de l’Empire Daï. La guerre d’Arknée, décidée les territoires désormais inondés de la marche de ma-
pendant le sommeil du Grand Ver par ses rejetons, fut cheorc. Près de 700 000 humains souisses et nains émi-
un désastre pour l’Empire qui perdit de nombreuses grèrent en effet à l’est pour s’établir dans les monta-
troupes. Notamment le grand général Daï Maraï Kelth gnes et dans le centreterre. Les armées d’Albionta et
l’albinos fut foudroyé par la Déesse Veya elle-même d’Arknée décidèrent d’établir des camps et des villes
après avoir tenté de détruire par la magie la ville sainte militaires dans ces montagnes peuplées d’orcs pour

136
éviter la création anarchique d’un Etat sur ce qui res- monarque conduisait une opération militaire contre
tait de l’ancien royaume de la reine Falabioël. De plus les grands orcs de l’Est, expédition qui se conclut par
50 000 arknéens du Nord échappèrent à la domination l’éradication de cette espèce.
Daï en émigrant vers le sud.
Le rector Argus entra rapidement en conflit avec le roi
En second lieu, le Rector Arimis, pontife de l’Eglise Kariol, accusant notamment ce dernier d’avoir péché
de Veya, décida que la religion était en danger compte contre le Créateur en exterminant une de ses espè-
tenu de la faiblesse démographique du royaume et en ces. Le Roi, en décidant d’expulser quelques prélats
l’an 675 lança un appel aux croyants pour qu’ils « se ouvertement comploteurs et en désarmant les milices
multiplient » afin que le de l’Eglise, ouvrit un
nouveau royaume sur-
vive. Cet appel fut suivi
Les Mantes en Kyrelie conflit avec le Rector
qui s’enferma dans
très largement par les La Kyrelie a eu le malheureux privilège d’être le point d’en- Kyrieleissa et se dé-
arknéens de souche et trée d’une mante femelle, attirée là par des moines ounites, clara assiégé…Le roi
la taille moyenne des fa- en l’an 820 du calendrier paléo-aquilonnien. Ces derniers Kariol V mourut dans
milles tripla. En 700, soit avaient en effet activé un portail dimensionnel gardé par d’étranges conditions
une génération après l’Esprit-qui-garde-le-Monde, un esprit incarné dans un cube alors que le conflit
la guerre, la population forgé par Sint Mazil. était à son point culmi-
de souche Arknéeienne nant (709).
avait ainsi triplé et passé En faisant irruption dans notre univers, la Mante femelle par-
de 200 000 à 600 000. vint à contaminer cette relique, ainsi qu’un de ses serviteurs, Son fils aîné, Kariol
un Djinn nommé Adjidjandra. Elle mit la main également sur VI, accusa l’Eglise
Le troisième facteur de une autre relique léguée par Sint Mazil : un traçeur d’âmes. d’avoir éliminé son
puissance fut le formi- Le testament du refondateur de l’Eglise de Kyrelie avait en père et donna l’assaut
dable positionnement effet indiqué : « Ceci est le fruit de mes recherches pour détecter contre Kyrieleissa. Le
stratégique du royaume les âmes réincarnées. Quiconque priera toute une nuit avec ce cube Rector Argus s’enfuit
qui reçut depuis le lac dans la main y inscrira son âme. J’ai moi-même activé ce cube avec à l’étranger et une
mineur l’intégralité des la mienne, où seule ma trace subsiste, et légué à mon successeur un guerre civile déchira
échanges commerciaux, cube similaire avec pour instruction de veiller la première nuit de le pays.
d’où le développement son élection avec ce cube. Seuls ceux qui auront spontanément prié
de villes sur la côte du auront lié leur âme à l’autre cube, et mériteront dès lors qu’on cher- Il fallut attendre la
lac et l’installation de che à les retrouver « mort de Kariol VI en
colons venus tenter leur 735 pour que le Rector
fortune. Par ailleurs, le A partir de cette époque, la Mante femelle n’eut de cesse de Argus accepte de re-
grand fleuve , sur lequel se rapprocher de l’Imperector de Kyrelie, chose qu’elle mit venir. Le fils de Kariol
est sise Estereillian, est près de 30 années à accomplir. L’Esprit-qui-garde-le-Monde, VI, Kariol VII prêta
devenu un axe important légitimé par ses origines saintes, acquit une grande influence serment d’allégeance
de commerce Nord/Sud. à la cour de Kyrieleissa. Elle diligenta certaines parties d’el- au vieux Rector qui
les-mêmes en Faram pour retrouver la trace du second tra- s’éteignit en 740.
Après la guerre du por- çeur créé par Sint Mazil. Grâce au cube, l’Esprit permit que
tail, le royaume a cepen- soit désigné comme Imperector les âmes réincarnées des Le nouveau Rector élu,
dant été agité de trou- premiers successeurs de Sint Mazil. Armae, sut manœu-
bles. A la mort du Rector vrer le roi Kariol VII,
Vitis, assassiné dans des Mais l’objectif n°1 de la Mante femelle était de s’accoupler faible et incompé-
conditions mystérieuses, avec un mâle, qu’elle finit par détecter en Empire Sylphe. : tent, et le convaincre
un Rector de choc, Ar- le grand prêtre du culte impéril. Prétextant le danger daï, la de lancer une guerre
gus, lui a succédé (704). Mante parvint à organiser une rencontre diplomatique avec sainte contre le Néant,
Ce dernier a mené une le représentant des sylphes. L’accouplement avec le mâle pro- le Djihad.
politique extrêmement voqua sa mort et un terrible accident diplomatique. L’Empe-
intolérante à l’égard des reur Kasumo, dominé par la mante mâle, périt le même jour. Une coalition se mit
communautés sylphes, en branle vers le sud
qu’il accusait de saper La Mante femelle, enceinte de trois mantons, se préocuppa en 742 mais fut ba-
les bases de la religion, alors de détruire le monastère mandragal (les mandraguis layée par les troupes
et obtenu du roi d’alors, sont des chasseurs de mantes) présent sur l’Empire Daï... néantiques. Le souve-
Kariol V, leur expulsion. rain connut une mort
Pendant ce temps, le atroce et son frère, Ka-

137
riol VIII, décida de reprendre en main le royaume. Le Population
rector Armae fut arrêté et la cité sainte mise à sac par
les troupes royales. Armae mourut en prison en 755 et En raison de ses nombreux apports migratoires, le
l’Eglise de Mulveya fut dans l’incapacité de se décider royaume kyrieleisseen est fondamentalement diffé-
pour élire un nouveau Rector, malgré les pressions de rent de ses prédecesseurs. Sa population en l’an 900
Kariol VIII. était proche de de 4 millions, un nombre jamais atteint
même au temps de l’apogée de l’Arknée.
En 760, après cinq années de débat, un nouveau Rec- 50% de cette population est de souche arknéenne et de
tor fut élu, Cassus, le candidat de Kariol. Aussitôt, les confession Mulveyenne. L’autre moitié, implantée plus
électeurs hostiles au roi (pour l’essentiel représentant à l’ouest, est d’origine aquilonnienne ou diverse et de
les églises hors du royaume) se réunirent en conclave confession ancienne (polythéiste).
pour élire un autre Rector, Kamène. Les deux Rectors
se menèrent une guerre théologique puis bien réelle,
avec des affrontements réguliers en plein royaume. Organisation administrative

La mort de Kariol VIII de maladie foudroyante en 762 Le royaume kyrieleisseen a pour capitale la ville sainte
ajouta à la zizanie, car il n’avait pas d’héritier direct. La de Kyrieleissa, reconstruite par deux fois après les sacs
guerre civile s’installa et dura près de vingt années. Fi- commis sous Kariol VI et Kariol VIII. La cité compte
nalement, en 771, le Rector Kamène aidé du prophète aujourd’hui 200 000 habitants. Toutefois, le royaume
Mazil, envoyé de Dieu, parvint à défaire son rival à la compte d’autres villes de tailles conséquentes comme
bataille de Rinmir, où il s’était réfu- Estereillian, l’ancienne capitale de
gié. En effet, la famille des Keriloën Kyrelie (170 000 habitants), Albionta,
était cousine par alliance de la fa- ancienne capitale des Eriolën (160
mille ducale de la cité de Rinmir et 000 habitants), Rinmir (100 000 habi-
les ducs espéraient hériter du trône tants) et Vo (60 000 habitants) ancien-
laissé vacant en soutenant Cassus. nes cités aquilonniennes. Sa côte sur
Kamène monta sur le trône et fonda le lac mineur est couverte de petits
le royaume actuel, à la double sou- ports marchands sauvages dont la
veraineté temporelle et spirituelle. taille peut varier entre 5 000 et 20 000
Il prit le nom de Pax Fecit (Celui qui habitants. Port-Sanctus, le principal
fait la Paix en kyrelien) et proclama port, compte 25 000 habitants.
la refondation de l’Eglise qui prit le
nom d’Eglise du Second Prophète. L’édit de Kariol III avait découpé le
royaume en trois provinces, dirigées
D’abords élus, les Imper Rector Rex chacune par un gouverneur : la Hau-
furent, à partir du milieu du IXème te-Kyrelie (autour de d’Estereillian,
siècle, choisis par la Sacerdotalie 1 700 000 habitants), la Basse-Kyre-
comme étant la réincarnation de lie (autour d’Albionta 1 700 000 ha-
Sint Mazil ou d’un des huit premiers bitants) et la province de Vo (autour
Imper rector Rex (cf. encadré sur les de la garnison militaire proche de Vo,
Mantes). Chaque réincarnation re- 600 000 habitants).
prend le nom qui était le sien, mais,
comme pour les souverains, on les Si le pouvoir des monarques albion-
numérote. Intra in Esperanza II était tais est absolu en théorie, le pouvoir
donc la 2ème réincarnation d’Intra in religieux est désormais également
Esperanza. confondu avec le pouvoir politique.
Le Rector est également Rex, d’où
C’est Lux Est II qui prit la responsa- son titre officiel : Imperector-Rex.
bilité d’appeler à la croisade contre
l’Empire daï alors que le Grand Ver
était endormi. Cette décision, qu’on a attribué par la
suite à l’influence d’une mante, provoqua, grâce à l’al-
liance avec le Centreterre, la grande victoire des plaines
Mécambraïques et surtout, la défaite du mur d’Arknée.
Le siège de Kyrieleissa par les armées daïs provoqua la
stupeur parmi les ounites et l’Empire Daï fut confronté
à des soulèvements et des sabotages sur ses propres
terres menés par l’église clandestine ounite.

138
Forces militaires Géographie

La menace essentielle pour le royaume Kyrieleisseen Le nord du royaume Kyrieleisseen se situe au dessus du
vient des 10 légions Daï (60 000 hommes) continuel- grand fleuve, sur lequel est sise la ville d’Estereillian.
lement postées en Arknée (à peine 100 000 habitants). C’est une zone de plaine extrêmement fertile où une
Un autre problème est le voisinage de l’île de Noir-Va- grande partie des paysans arknéens s’est réfugiée après
lon et du caractère corrupteur des eaux du lac mineur, la défaite. Les fermes, villages, hameaux y sont relati-
qui oblige l’Eglise du Second Prophète à maintenir ses vement nombreux. Les villes comme Kyrieleissa et Es-
prêtres dans les ports de l’ouest pour lutter contre l’in- tereillian célèbrent le passé glorieux du puissant Em-
fluence du Theochrone, toujours susceptible de fleurir pire Kyrieleisseen que le nouveau royaume est en passe
là où la dévastation s’épanouit. La Kyrelie y entretient d’égaler. A l’est de ces plaines se trouve une zone de
une flotte de carraques et de corvettes. marais et plus au nord les lacs atrins. Alliés tradition-
Les armées de Kyrelie comptent 40 000 hommes, dont nels d’Arknée, les nomades des plaines atrins ont été
une bonne moitié protège la muraille édifiée par les décimés et se sont repliés depuis la défaite sur leurs
rois d’Albionta pour prévenir toute invasion par le plaines. Une muraille bâtie en 684 tranche l’horizon,
Nord. L’Eglise du Second Prophète entretient, au ti- gardée par une division spéciale des troupes kyrielien-
tre de sa défense spirituelle, quatre congrégations de ne : la garde solitaire (le vœu de célibat est la principal
moines combattants qui représentent environ 15 000 caractéristique de ses soldats qui à l’origine étaient des
soldats (cavaliers montés sur chevaux). Ces ordres sont moines Romaex et qui ont conservé, à l’inverse de leur
affectés à la protection de la cité sainte, des lieux de chapître d’origine, cette tradition).
culte et des hauts-responsables de l’Eglise.
La province de Basse-Kyrelie occupe les terres autour
de l’ancienne capitale, Albionta, et une partie de l’an-

139
cien royaume de la Reine Falabioël. C’est dans cette Après les évènements de la guerre du portail, l’Eglise
province restreinte que la densité de population est la s’est réformée et réaffirmé sa foi envers sa déesse, fu-
plus forte. L’herbe y est plus verte et les productions sionnée avec le Titan Mul pour donner le Dieu uni-
encore plus importantes que dans la Haute-Kyrelie. que, Mulveya. Son symbole reste l’arbre d’Oun et elle
On y fabrique notamment le meilleur vin du conti- a décidé de garder son siège à Kyrieleissa, malgré la
nent. proximité des légions Daï. Depuis la seconde guerre
des pénitents, l’Eglise et le pouvoir temporel se re-
La province de Vo occupe une partie de l’ancien coupent, le Rector étant Rex (Imperector Rex)
royaume de la reine Falabioël, détruit par les dieux
lors de la guerre du portail, et également une partie L’Eglise est dirigée par un Rector qui était originel-
de l’ancienne province aquilonnienne de Macheorc. lement élu à vie par l’assemblée de tous les hauts
S’enrichissant des flux commerciaux, cette province dignitaires de l’Eglise (jusqu’en 851) c’est à dire par
est cependant encore extrêmement sauvage et dange- importance les archisacerdos et les vicaires. Les ar-
reuse. La côte est très urbanisée, mais de façon anar- chisacerdos dirigent des diocèses alors que les vicai-
chique et peu cultivable compte tenu de l’influence de res s’occupent de communautés dans les villes ou
noir-valon, tandis que les terres entre la basse-Kyrelie servent de confesseurs aux rois et aux nobles.Depuis
et les côtes restent sillonées de créatures néantiques. le Rector Pax fecit, il est de coutume pour les rectors
Les villages pionniers sont de plus en plus nombreux. de prendre un nom en kyrelien qui symbolise l’orien-
La capitale administrative est la ville de Vo, seule ville tation qu’ils souhaitent donner à leur action. Le Rec-
sauvée des eaux, autrefois la ville des prophètes. La tor est appelé « Le Répétiteur » puisqu’à l’origine le
cité antique est désormais déserte et les kyrieliens se Rector était celui qui récitait par coeur les textes sa-
sont contentés d’en sceller les portes. Les légendes crés lors des cérémonies.
les plus folles courent évidemment sur la cité fermée. Depuis 851, le Rector est la réincarnation de l’un des
Une ville militaire s’est développée juste à coté. 9 premiers guides, c’est-à-dire Oun ou l’un des huit
premiers Imper Rector. Pour désigner le Pouvoir
Religion : l’Eglise de Kyrelie politique on parle du Siège de la Réincarnation ou
du Sacré Trône Réincarné. L’Eglise a en effet trouvé
Le royaume Kyrieleisseen n’est plus à 99% croyant en le moyen de pister les âmes réincarnées, du moins
Mulveya comme il pouvait l’être avant la guerre du jusqu’à ce qu’elles n’entrent au Mulveyad. La croyan-
portail, et ce malgré les miracles faits par Veya pour ce est que lorsque le 9ème des gardiens aura atteint
sauver Kyrieleissa et les diatribes du prophète Mazil. la perfection et traversé le Portail de Sinta Cassandra,
Les habitants de la côte sont majoritairement poly- le temps de la troisième création et du troisième Pro-
théistes, fidèles de l’Innommé, le Titan de la mort, qui phète sera venu.
vit à quelques dizaines de kilomètres de là, au milieu
du lac mineur. Sa puissance considérable a en effet L’Eglise du Second Prophète a également en son sein
durablement marqué la côte kyrelienne, où aucun vé- des congrégations de moines, fondées par les 2 pre-
gétal ne peut pousser. miers disciples de Oun puis par des sints célèbres de
l’Eglise.
Au contraire, les provinces originelles restent fon-
cièrement croyantes en Mazil et Mulveya. Mazil était Les quatre congrégations de moines sont dirigées par
un djinn prophète de la Nouvelle Religion venu de des Grands maîtres, qui ont rang d’archisacerdos et
Faram pour prévenir la Kyrelie des malheurs qui l’at- qui sont choisis par le Rector sur consultation de l’as-
tendaient. En cela, il était le second prophète, après semblée de la Sacerdotalie (les principaux dirigeants
Oun, foundateur de la première Eglise. de l’Eglise) parmi une liste de noms présentés par les
moines de l’ordre. Les moines savent manier la ma-
Le premier Empereur de Kyrelie, Atexis, avait fait gie créationniste mais sont également sensibilisés aux
mettre à mort le prophète Oun, poussé par le clergé autres essences, suivant leur congrégation.
adepte d’Orius. Oun fut pendu à Estereillian sur un
arbre. Or, au moment où il poussait son dernier sou- La congrégation des moines Albions a été fondée
pir, un météorite frappa l’arbre et un incendie se dé- par Lux, le premier disciple d’Oun. Elle a son cha-
clara dans la ville. La population y vit un signe divin pitre à Albionta et est en charge de la protection des
et massacra le clergé d’Orius. Peu à peu, c’est tout la croyants de la Basse-Kyrelie. Les Albions ont tou-
Kyrelie qui se convertit à la Nouvelle Religion. Veya jours été traditionnellement le lien officieux entre la
devint le Dieu Impérial et Oun fut appelé « Fils de couronne et l’Eglise. Les rangs de la congrégation ont
Dieu ». pour cette raison toujours comporté beaucoup d’es-
pions et de diplomates. Les Albions, dont la devise est

140
« Pax Fecunt (Ils font la Paix) » portent de légères armu- Leurs heaumes n’ont pas de visière et ont la forme de
res ouvragées or et blanches recouvertes d’un surcot tête de loups. Ils aiment plus généralement porter des
blanc, ainsi qu’une casque enveloppant . Ils affection- heaumes extrêmement imposants et décorés de figu-
nent un type particulier d’épée, l’épée albionaise, rela- res allégoriques. Leur arme de prédilection est le glaive
tivement effilée puisqu’elle frappe d’estoc, mais dont lourd. Les Romaex ont la réputation d’être un ordre
ils se servent peu. On dit les albions assez secrets sur traditionnellement plus pur ou plus dévôt que les Al-
leur politique, parfois très à la marge de ce que la Sa- bions et pour cause : ils sont au cœur de l’Eglise et ont
cerdotalie permettrait. Les moines sont plus politiques en charge la protection de la Sacerdotalie. Le rite qu’ils
que religieux, et cette tradition de corps leur est restée. utilisent est d’ailleurs une survivance du passé puis-
La magie grise est enseignée aux 3 premiers niveaux, que leur liturgie date d’avant la seconde Création et
en plus de la magie créationniste. qu’ils ont obtenu des rectors des exemptions. Ce sont
également des Romaex qui participent à la défense du
La congrégation des moines-chevaliers Romaex entre- mur érigé au nord de Kyrieleissa pour empêcher une
tient une vieille rivalité avec le premier ordre, compte invasion Daï.
tenu de son berceau : la Kyrelie du Nord, source origi-
nelle de la civilisation kyrieleisseenne. Elle a été fondée L’ordre des Sadducéens a son chapitre à Vo. Il fut fon-
par Joan, autre disciple d’Oun et sa devise est « Ad ul- dé par le Rector Vitis après la Guerre du Portail, placé
timum » (Jusqu’au dernier). Sa vocation est militaire. sous le patronage de Sint Sutrin (bien que ce dernier
Fiers de protéger les lieux saints, les Romaex dont le n’ait jamais fondé d’ordre monastique) et sa devise est
chapitre se trouve à Estereillian portent des armu- « Petrum Sumus » (Nous sommes la pierre). Habillés
res revêtues d’un tabard à rayures noires et blanches. de robe de bure noire, les Sadducéens n’ont pas en-

141
core de réelle culture d’ordre puisque leur création La Sacerdotalie de l’Eglise compte 23 archisacerdos :
est récente. Ils font vœu de simplicité, de pauvreté et un archisacerdos à Estereillian, un archisacerdos à Al-
de dévotion. Néanmoins recrutés pour la plupart dans bionta, un archisacerdos à Vo, un archisacerdos à Thal-
les montagnes sauvages, on les dit rustres. Les Sad- na (pour le royaume du Centreterre), un archisacerdos
ducéens est la seule congrégation qui ne porte pas pour le royaume de la nouvelle alliance, un archisacer-
de casque et qui recouvre ses armures d’une robe de dos pour les 4 contrées, un archisacerdos pour Stupor
bure lorsqu’ils doivent combattre. Ils célèbrent des mundi, le archisacerdos des 3 comtés, l’archisacerdos
offices mais leur tradition est uniquement orale, un d’Arknée clandestin, l’archisacerdos de l’Empire Daï
choix destiné à se démarquer des liturgies pompeuses hors Arknée clandestin, 4 Grands maîtres, un archi-
des Romaex. Enfin, les Sadducéens pratiquent beau- sacerdos en charge des tribunaux écclésiastiques de
coup le jeûne et les châtiments corporels, qui sont vus Kyrelie, un archisacerdos pour la région de Macheorc
comme des moyens d’endurcir l’âme et le corps. à Kilkenny, un archisacerdos en charge de l’inquisi-
tion, 7 archisacerdos-ministres sans affectation auprès
L’ordre des chevaliers-moines Cassandriens a son du Rector en charge des affaires du royaume (com-
chapitre à Thalna. Nommés ainsi en souvenir de la cé- merce, armées, police, finances, renseignement, affai-
lèbre Cassandra l’Insoumise qui défendit la ville de res étrangères, administration de l’Eglise). Elle com-
Kyrieleissa, les Cassandriens enduisent leurs armures prend également 53 vicaires : 4 vicaires sous l’autorité
de guerre d’un liquide phosphorescent qui leur per- de l’Archisacerdos d’Estereillian (dont 1 pour la cité),
met de combattre dans la nuit sans problème. Leur 4 sous celle de l’archisacerdos de Vo (dont 1 à Rinmir
principale caractéristique est d’être un ordre mixte : et 1 à Port-Sanctus), 4 sous celle de l’Archisacerdos
les hommes font vœu de célibat, tandis que les fem- d’Albionta (1 à Albionta même), un vicaire à Nostra-
mes font vœu de chasteté (ce fut la condition sine qua dia, 15 vicaires délégués aux affaires du royaume sous
non imposée par les Imper rector Rex pour autoriser l’autorité des archisacerdos-ministres, un vicaire pour
la mixité). la Zelde, un vicaire pour Haute-Rive , 3 vicaires pour
la province d’Arknée (clandestins), un vicaire à Ada-
Une parfaite égalité des sexes règne au sein de l’ordre meus (4 contrées), un vicaire à Babel (4 contrées) un
et le Grand Maître appartient tantôt à l’ordre cassan- vicaire à Erymanthe (4 contrées), un vicaire du royau-
drien authentique (les hommes), tantôt aux sœurs de me des deux vallées (sous l’autorité de stupor-mundi),
l’éternelle indulgence. Porteurs de heaumes dont un trois vicaires (un par comté), un vicaire supérieur du
ange stylisé orne le sommet, les Cassandriens manient monastère Ounite du Saint Arbre, près de la Chaussée
l’épée et sont chargés de la protection des diocèses des Géants, un vicaire en charge de la justice Ounite
hors de Kyrelie. Leur devise est « Cassandra ». Les dans chacune des trois provinces, un vicaire à Kheop,
Cassandriens mettent l’accent dans leur croyances un vicaire à Kilkenny, un vicaire à Kawan, un vicaire
sur le caractère saint de la gardienne de la Porte, que ambassadeur auprès du roi de Kilkenny, un vicaire
d’aucuns considèrent même comme une prophétes- ambassadeur auprès du roi de Centreterre, un vicaire-
se. Les sœurs de l’éternelle indulgence ont des liens ambassadeur à Kheu, un vicaire-ambassadeur auprès
étroits avec l’inquisition. du Guide de Faram, un vicaire assistant l’archisacer-
dos de l’inquisition. Un accord avec la couronne per-
Parce qu’il a été amené à soutenir de nombreuses mettait à l’Eglise d’avoir ses propres tribunaux écclé-
missions en Orient, l’ordre Cassandrien a progressi- siastiques, dirigés dans chaque province par un primat
vement évolué pour devenir plus mystique. Les tech- et au niveau de Kyrieleissa par l’Archisacerdos de la
niques de combat à mains nues orientales sont cou- voix de Dieu. Aujourd’hui, ces tribunaux ont récupéré
ramment enseignées. tous les litiges, civils ou religieux. Les heurts avec l’In-
quisition sont fréquents.
Les moines des quatre ordres prêtent des vœux
d’abord blancs (premières années de noviciat : vœu Langue et monnaie
d’obéissance), puis gris (vœu de célibat pour les hom-
mes, vœu de chasteté pour les femmes). Il est de cou- La Kyrelie a comme langue officielle le Kyrelien, une
tume pour les laïcs d’intégrer une année dans leur très vieille langue qui n’est utilisée en réalité que pour
vie un des ordres. Ce qui pourrait s’apparenter à un les cérémonies religieuses. Le peuple utilise plus vo-
service militaire religieux est en réalité une tradition lontiers l’aquilonnien. La monnaie utilisée au sein du
beaucoup plus ancienne de retraite spirituelle, géné- royaume Kyrieleisseen est la pièce d’or qui vaut 12
ralement avant le mariage ou au moment de la mort pièces d’argent. Chaque pièce d’argent vaut à son tour
du dernier parent. 12 pièces de bronze.

142
Le calendrier aquilonnien a été jugé trop païen par
Kyrieleissa pour être utilisé tel quel. Pour le reste, la
Sacerdotalie a copié le calendrier de Faram. Ce calen-
drier mulveyen ou kyrelien comporte 216 jours. Il est
composé de semaines de 7 jours prénommés ainsi : Lin-
do, Mirdo, Mercredo, Jeido, Vendredo, Lemedo, Domen-
che. Les mois sont des mois lunaires et sont 12 : Jophel,
Uriel, Kamuel (Hiver), Rafelim, Gabrielim,, Mikhëlim
(Printemps), , Zadkial, Cassandral, Baltal (Eté), Vitis,
Haedis, Theochronis (Automne), Chaque mois fait 18
lunes. Le point de départ du calendrier est la seconde
Création, qui marque la suprématie du Dieu Mulveya.
Il débute donc son année en été et est décalé par rap-
port aux autres calendriers (An zéro = 1er jour de ver-
tebarbe 749 du calendrier aquilonnien).

Fêtes populaires

La vie des Kyreliens est rythmée par les fêtes religieu-


ses. On fête tout d’abord les trois protecteurs de l’Egli-
se : Sint Oun (18 theochronis), Sint Mazil (1er Rafelim),
et Sinta Cassandra (3 Cassandral). On fête également
les trois grands disciples : Sint Lux (12 Uriel), Sint Joan
(7 Zadkial) et Sint Sutrin (16 Kamuel). A ces fêtes, il
faut ajouter celle des âmes (1er Haedis), celle des fous
(1er mirdo d’Uriel), ainsi que les fêtes décrétées par le
Rector, notamment pour la célébration mémorielle de
tel ou tel Rector.

Alliances militaires

Le royaume Kyrieleisseen a conclu une alliance mili-


taire d’importance d’importance avec le Royaume du
Centreterre. L’ancienne lignée royale était d’ailleurs
cousine de celle du roi Morvan. Les relations ne sont
pas toujours faciles car Morvan lui-même ne s’est pas
converti à la foi de Mulveya et reste assez méfiant du
prosélytisme kyrelien. De plus, le royaume du Centre-
terre possède des lois très favorables à la magie. Les
rapports sont donc tendus, malgré des intérêts straté-
giques évidents.

143
Annexe : Albionta, la porte d’Arknée ment, adoptant le style raffiné de l’occupant.

Mais peu à peu, les querelles intestines et la médiocrité


des Empereurs Kyrieleisseens affaiblit l’Empire. Une
petite armée zeldenne, partie de Nostradia, assiégea la
cité en 330, 337 et 340, sans parvenir à l’emporter. Les
privations nées du siège provoquèrent néanmoins une
révolte urbaine qui chassa les Kaïs. L’Empire Kyrie-
leisseen fut incapable de soumettre à nouveau la cité,
brusquement libérée. Un de ceux qui avait libéré la cité
du joug kyrieleisseen, un barbare venu de l’Est, fut élu
Historique roi et fonda la dynastie des Tzang (340 – 491). Tzang
fut l’artisan d’une politique de paix avec l’Arknée et le
La cité d’Albionta est née en 70 après Mac Ier avec le royaume Zelden. Albionta resta neutre sous les dynas-
regroupement de petits villages d’agriculteurs désireux ties des Klaszgald (491 – 540) et des Gouzt (540 – 605).
de s’unir contre les menaces extérieures. Elle se dé- Ce fut Archibal III Gouzt qui en 555 reconnut la reli-
veloppa rapidement, grâce à sa position stratégique, gion Ounite comme la religion officielle de la ville et
à l’entrée des montagnes qui entourent actuellement accepta le retour d’un archisacerdos, chose impensable
la Haute-Kyrelie et l’Arknée et qui autrefois abritaient depuis les Kaïs.
des peuples nomades et des elfes.
La dynastie des Erilioën qui succéda en 605 à celle des
En 125, des peuples barbares venus du nord unifièrent Gouzt dut gérer l’animosité croissante des Daïs qui dé-
une grande partie de l’Arknée. Albionta se fortifia à ce généra en guerre ouverte en 650. La défaite de l’Arknée,
moment là et doubla sa population grâce aux réfugiés consommée en 664, même après l’échec de Maraï de-
venus y chercher aide et protection. En 146, l’une des vant Kyrieleissa, provoqua une retraite d’une partie des
riches familles d’Albionta pris le pouvoir par la force armées vers Albionta. Keriol III accepta la charge de la
et Galnesh de Smirne se proclama roi, fondant une dy- protection de la Kyrelie et fonda un nouveau royaume
nastie à son nom (146 – 200). Alors qu’au nord, la Kyre- Kyrieleisseen, avec pour capitale Albionta.
lie développait son influence et son rayonnement mi- La cité perdit son statut de capitale après la mort du
litaire, culturel et scientifique, les terres du sud étaient dernier Erilioën en 762 et l’avènement du royaume Ky-
peu à peu soumises par le royaume zelden. rieleisseen (771).

Albionta profita des échanges commerciaux entre les


deux puissances mais fut concurrencée très rapide- Statut, taxes, commerce, lois
ment par la ville de Thalna, fondée en 200, devenue dès
250 un carrefour commercial d’envergure. Herios III Ancienne capitale administrative de Kyrelie, la ville
de smirne, qui souhaitait une guerre avec la Kyrelie afin d’Albionta n’était pas pour autant la capitale religieuse
de ré-affirmer l’indépendance de la cité fut renversé en de Kyrelie. Toutefois, elle bénéficie du privilège d’être
200 par une révolution de palais qui porta au trône son le siège de l’archisacerdos de Basse-Kyrelie. De plus,
cousin, Karius de Palante. elle abrite le chapitre des moines albions. Albionta est
la cité d’un archisacerdos et de deux vicaires. Le pre-
Les Palante furent une dynastie de rois éclairés, sa- mier est affecté à la ville même et le second s’occupe
chant manœuvrer à merveille avec entre les intérêts des des tribunaux religieux.
puissances rivales et surtout capables de les jouer l’une
contre l’autre. Mais la mort du dernier Palante, en 295, A Albionta s’applique la dîme Ounite pour l’entrée
sans héritier fut fatale à la cité car dès le lendemain, la dans la ville, à hauteur d’une pièce d’argent. Toute ven-
Kyrelie exigea la soumission de la cité à son autorité. te de marchandise entraîne un reversement de 15% du
Le conseil chargé d’élire le nouveau monarque préféra prix à l’Eglise Ounite. A part ceci, le commerce est libre
obtempérer, par peur d’une guerre perdue d’avance. au sein des murs, essentiellement tourné vers le com-
merce des gemmes, celui du sel rouge daï et la revente
Albionta fut ainsi le poste avancé de l’Empire Kyrie- de toutes les marchandises débarquant sur les ports du
leisseen de 295 à 340, sous l’autorité des ducs de Kaïs à lac mineur.
qui l’Empereur avait confié la cité. Saramante de Kaïs
fut le dirigeant le plus éclairé de cette période (311 – La ville compte 80 000 habitants, presque tous humains.
324) et fit notamment construire l’enceinte qui porte La milice urbaine de la ville, en charge de la police, est
son nom et l’amphithéâtre. Albionta se kyrelisa rapide- d’environ 400 hommes. Le château et les remparts sont

144
protégés par les moines albions et par l’armée de Kyre- patrouilles.
lie, pour un effectif d’environ 2 500 hommes. L’archisa- 2. Cathédrale Sint Oun. Cette cathédrale était
cerdos y réside. Les lois de la ville sont celles du royau- également le siège de l’archisacerdos de Basse-
me, avec cependant une très grande sévérité à l’égard Kyrelie avant la fondation du royaume. Désormais,
de l’usage de magie, très souvent taxée de sorcellerie. le vicaire y réside, ainsi qu’une partie des moines
Ainsi, devant les tribunaux royaux, un vol avec usage de chargés de sa protection et de la garde des bâti-
magie sera puni d’une peine dix fois plus lourde qu’un ments (800 hommes). Elle donne sur la place de
vol simple. La téléportation, le survol de la ville, la ré- l’Arbre, où a été planté un énorme arbre Kyrie-
surrection magique sont passibles de la peine capitale leisseen.
(la résurrection est un tabou Ounite). Le supplice local 3. Eglise Sint Gaetan, bâtie en lieu et place d’un
consiste à ouvrir en partie le ventre de la victime et de ancien temple païen, sur une colline. Le vicaire
tirer lentement ses boyaux au dehors. en charge des tribunaux de Basse-Kyrelie y réside,
ainsi qu’une garnison de soldats (200 hommes).
Détail des quartiers 4. Cimetière. Son plus célèbre occupant, outre
les anciens souverains d’Albionta, se trouve être
1. Vieille ville. Bâtie autour du château royal, Astareillion Arguaïl, le mage-philosophe, assassiné
elle sert de dernier rempart pour la population en dans cette même ville lors d’une mission diploma-
cas d’invasion. Toutefois, l’âge des murailles, qui tique.
ont 750 ans et leur faible hauteur (9 mètres) n’en 5. Amphitéâtre, construit sous l’empire Kyrie-
font pas une protection très efficace. Le château leisseen (315-318). Des jeux y sont donnés pour
royal, en revanche, fortifié constamment depuis les les fêtes Ounites, la Sint Oun et la Sinta Cassan-
Smyrne, est réputé imprenable. Ses hautes tours dra. L’amphithéâtre est une forteresse construite
sont bardées de lances de fer afin de prévenir les pour servir d’abri en cas d’attaque, adossé qu’il
attaques aériennes et ses murailles sont couvertes l’est au quartier fortifié. Une de ses entrées donne
de glyphes magiques. La vieille ville comprend d’ailleurs sur ce dernier.
également de nombreux entrepôts remplis de 6. Quartier fortifié. A l’origine, il s’agissait d’un
grains, en prévision d’éventuels sièges. Ils servent village absorbé par Albionta vers 170. Fabius de
de coffres pour les marchandises qui transitent par Palante le fit fortifier en 243 avec l’idée d’y trans-
Albionta. La vieille ville est constamment gardée porter la cour. Mais cette idée fut abandonnée et
par la milice urbaine qui y effectue de nombreuses c’est la Corporation Royale Marchande ainsi que

145
l’Ecole Royale qui s’y sont établies. Les transactions
entre marchands ont lieu au sein de ce quartier,
alors que les ventes se déroulent sur l’artère princi- Correspondances monétaires :
pale. Depuis la fondation du royaume Kyrieleisseen,
une école religieuse y a été ouverte, pour former les
clercs. Ecus d’ar- Ecus or E c u s
7. Chapître des Albions. Le chapître est fermé gent d’éme-
aux marchands et aux civils. Il dispose de sa propre raude
entrée, dispensée d’impôts. 4 000 moines ont leurs
cellules là mais ils n’y résident guère. 1 pièce d’or 1000 10 1
8. Bas-Quartier. La Guilde des tailleurs de gem- 1 pièce d’argent 83 0,8 0,08
mes s’y est installée. La population est beaucoup
plus hétéroclite que dans les autres quartiers, car 1 pièce de bron- 7 0,066 0,006
les loyers sont moins chers. Les auberges y pullu- ze
lent, de même que les cabarets spécialisés dans les
plaisirs de la chair, et du jeu.
9. Quartier du centreterre. Par le passé, ce quar- 1 pièce d’or 1 pièce d’ar- 1 pièce de
tier abritait les immigrés zelden et thalnéens. gent bronze
Aujourd’hui, il s’agit du quartier le plus cosmopo-
lite de la cité. 1 écu d’ar- 0,001 0,012 0,14
10. Quartier de Malejoie. Anciennement, il s’agis- gent=
sait de hameaux peu à peu happés par la ville ten-
taculaire. La milice y est beaucoup moins présente 1 écu or= 0,1 1,2 14
et la sécurité est donc moins assurée. Les voleurs 1 écu d’éme- 1 12 144
ne sont pas si nombreux par rapport aux nombres raude=
de pauvres envahissant le pavé. Une alliance de ma-
gie s’y est installée depuis plus de quatre cents ans,
malgré la défiance de la population pour cet art.
Elle est accolée à l’Université de magie Astareilion
Arguaïl, où est également enseignée la philosophie
magico-religieuse. L’Université accueille deux cents
élèves venant de toutes les nations. Le palais des
tribunaux domine ce quartier depuis une petite col-
line.
11. Quartier de Grattefrile. Ce quartier était autre-
fois peuplé de nombreux sylphes marchands prove-
nant d’Aquilon. Depuis leur expulsion au VIIIème
siècle, le quartier a été réinvesti par les religieux qui
y vivent en masse.
12. Muraille de Kaïs (30m de hauteur), construite en
320-324 par Saramante de Kaïs.

Art, culture, langue et monnaie

Albionta a hérité d’un passé largement dominé par le


la Kyrelie et l’Arknée. La quasi-totalité de sa popula-
tion utilise l’aquilonnien, à l’exception de la justice et
de la cour qui, l’une de par la loi et l’autre par pré-
ciosité, s’expriment en kyrelien. Autrefois en voie de
disparition, le kyrelien est redevenu une langue utile à
maîtriser car symbolique aux yeux du Rector : la langue
Kyrieleisseenne est le seul lien qu’il lui reste avec le
puissant Empire.

146
Légendes de Weröl
Astarelion Arguail
Race : sylphe
Classe : mage blanc
Dates : 670-703
Mage, Diplomate et philosophe aquilonnien.

Natif de la province de Malienda, Astareilion quitte sa communauté après avoir violemment frappé et lourdement blessé son frère,
suite à un subit accès de colère, plaçant ainsi sa vie sous le signe de la recherche d’un moyen de guérir le sang de son sang. Vis-
céralement attaché à la non-violence, apôtre du dialogue et pratiquant de la philosophie Yoniste, Astareilion commence alors une
carrière de mage à l’université de Kawan, puis part à l’aventure sitôt ses études achevées. Il est notamment l’auteur du sortilège «
petite ouverture générale » dite « d’Astareilion le candide ».

Vers l’an 700, Il est engagé par une expédition menée pour le compte du duc de Kheu afin de retrouver la source éternelle et le
corps du templier Hanzus de Tarsière (cf. Légendes de Weröl). Grâce à lui, l’expédition est couronnée de succès et le Duc de Kheu
le nomme troisième enchanteur ducal. Aux premières loges de la puissance grandissante de l’Empire des elfes noirs, Astareilion
est ensuite envoyé en mission diplomatique pour rechercher de l’aide militaire afin de contrer la menace. Bon stratège, il conseille
judicieusement le général aquilonnien Moryarty de Vallon et aide la flotte aquilonnienne à écraser la flotte des elfes noirs en 702,
puis participe en simple soldat à la campagne de Sangor. Malheureusement, il arrive trop tard pour sauver le duc de Kheu et fuit
avec les restes de l’armée aquilonnienne de renfort lorsque celle-ci est vaincue à la bataille d’Oie.
Réfugié dans la province voisine de Macheorc, Astareilion publie un ouvrage majeur, intitulé « De l’Harmonie des sphères, de la
Nature et des êtres », dans lequel il préconise une séparation de la sphère magique et de la sphère religieuse. Provoquant l’ire
de l’Eglise polythéiste, ou du moins de ses éléments les plus conservateurs, Astareilion devient en 703 professeur de philosophie
magique à l’Université de Magie de Kilkenny. Décrié par les dévots, acclamés par tous ceux qui voient dans ses thèses un moyen
d’avoir recours – en ces temps difficiles – à des mages autres qu’harmoniques, Astareilion devient un personnage reconnu mais
contesté.

C’est alors qu’il accepte une mission de négociation diplomatique, commençant ainsi une troisième carrière, après celle de mage et
de philosophe, auprès du roi de la Kyrelie d’alors, Kariol V. Il obtient avec succès de ce dernier l’aide militaire demandée par le gé-
néral Moryarty de Vallon, grâce notamment à son intervention à l’encontre des sbires draconides d’Eros d’Hernani dépêchés pour
assassiner le souverain. Il meurt
cependant en septembre de la
même année, assassiné dans des
conditions mystérieuses par un
des siens alors qu’il enquêtait,
pour le compte du roi Kariol V,
sur une série de crimes com-
mis au sein de l’Eglise Ounite
et pour lesquels on accusait la
communauté sylphe.

Le roi Kariol V décide alors de


lui conférer à titre posthume le
titre de chevalier du roy et le fait
enterrer à Albionta.

Sa mort exacerbe les tensions


coïncide de peu avec l’édit d’ex-
pulsion des sylphes pris par
l’Eglise Ounite en accord avec
le roi Kariol. Plusieurs grou-
pements de résistance sylphes
prendront le nom d’Astarei-
lion comme symbole de martyr
de leur cause, afin de légitimer
leurs actions terroristes. Ironi-
quement, l’apôtre de la non-vio-
lence sera ainsi récupéré par des
fanatiques qu’il aurait lui-même
et sans doute désavoués.
 

147
1.3.4. Le Royaume du Centreterre Daï, et le Néant), s’initia aux arcanes magiques au point
d’en devenir l’un des maîtres incontestés. Il suivit l’en-
seignement de l’école de Sombrelune et devint le pro-
tecteur de cette école et de la magie grise (562). Morvan
parvint à acquérir l’immortalité et protégea son petit
royaume d’un puissant sortilège de brumes capable de
priver tout mage l’ayant traversé de ses pouvoirs magi-
ques. Morvan était ainsi certain que nul mage ne vien-
drait le défier.

Le roi Morvan énonça la théorie des centres : la Zelde


était le centre du continent, entre le Bien et le Mal, en-
Carte d identité : tre magie blanche et magie noire. L’Innommé devint di-
vinité tutélaire du royaume après 670 pour cette raison.
Capitale : Haute-Rive C’est une époque heureuse où le Roi Morvan n’hésite
Langue : Zelden pas à financer des expéditions pour explorer le vaste
Dimensions maximales : 3 000km d’Est en Ouest, 1 monde et faire de la Zelde un foyer de connaissances
000km du Nord au Sud. unique. Terra Negra est ainsi découverte en 645.
Population : 3 millions d’habitants
Armée : 50 000 chevaliers La guerre du portail chamboula la neutralité prudente
Flotte : - qui avait jusque là caractérisé la politique zeldenne.
Villes principales : Haute-Rive (250 000), Zelde (300 En effet, le petit royaume se décida à intervenir pour
000), Kawan (350 000), Nostradia (100 000), Thalna (140 sauver Nostradia des griffes de l’Empire Néantique en
000) 652. De plus, elle occupa simultanément Thalna pour
Dynastie Régnante : Morvan protéger le premier consul d’alors, Cassandra, d’une
Blason : Griffon rouge sur fond noir et blanc, symbo- révolution populaire. Entre temps en effet, le petit fils
lisant la neutralité entre le Bien et le Mal, le jour et la du roi, Morgan, avait épousé la célèbre walkyrie.
nuit.
Religion : polythéiste symbiotique (Dieu tutélaire : In- Après la guerre du Portail, le royaume de la Zelde se
nommé) et monothéiste (Thalna) retrouva avec un protectorat relatif sur ses deux an-
Calendrier : paléo-aquilonnien ciennes colonies. Chacune dirigée par une famille de
souche princière, les Morgan-thalna pour l’une, les Tri-
Histoire castin pour la seconde, les deux villes acceptèrent de si-
gner un traité militaire d’alliance et même de payer un
Le royaume du Centreterre a connu bien des modifi- impôt à la famille royale. Nostradia fut également dotée
cations territoriales depuis sa création originelle, bien d’un portail permettant d’être téléporté dans la ville de
avant la guerre des Pénitents. Jusqu’à 540, le royaume Zelde même, facilitant par là-même les échanges de la
était un Empire qui couvrait à peu près le territoire Zelde avec l’Est du continent. Enfin, le royaume zelden
actuel. Le pays s’étendait alors au nord de la marche entra en alliance avec son voisin kyrelien, un mariage
d’Astence et incluait les citadelles de Thalna et de Nos- entre les deux familles régnantes concrétisant le tout.
tradia.
A la fin du cycle Cassandrien, la Zelde s’était tenue à
Mais le roi de l’époque, Sicilius II osa s’allier avec les l’abri des turpitudes qui avaient agité ses voisins et en-
orcs pour faire barrage au Haut-Roi d’Aquilon, Soli- vahi son ancienne marche de Malienda, à la faveur de
mane III. Ce dernier conquit Malienda et le nord d’As- l’effondrement d’Aquilon (la marche a été rattachée à
tence et Sicilius fut tué lors de la prise de Kawan. la Zelde en 805). Le royaume avait d’ailleurs pris à cette
occasion le nom de Centreterre.
Son fils lui succéda et conclut un accord avec Solimane Son traité défensif avec la Kyrelie (maintenu malgré
qui le dépouillait de toutes ses possessions territoria- l’instauration de la théocratie kyrelienne) plongea ce-
les, à l’exception de la petite vallée de la Zelde. L’est pendant le royaume dans la croisade contre les Daïs
du royaume devait également revenir au Haut-Roi mais menée en 921 par l’Imper Rector Rex Lux Est I, lequel
Thalna et Nostradia résistèrent tant et si bien que Soli- convainquit son voisin qu’une attaque était imminente
mane III se lassa et orienta ses armées vers le Nord. de la part des daïs et qu’il fallait mener une attaque
préventive. Les chevaliers du Centreterre permirent
Le fils de Sicilius prit le nom de Morvan et, pour se d’écraser l’armée daï menée par les clans du Colombe
protéger de ses puissants voisins (Aquilon, l’Empire et du Moineau dans les plaines Mécambraïques.

148
Organisation administrative A l’Est du royaume (Thalna), c’est la religion du second
prophète qui est dominante et qui oblige Morvan à une
Le régime politique officiellement en place est une mo- diplomatie prudente. L’archisacerdos du Centreterre
narchie intemporelle, avec à sa tête le souverain Mor- ne réside pas à la Zelde mais à Thalna. En revanche,
van. il existe un vicaire spécialement affecté en ambassade
auprès de Morvan, en sus des vicaires de la Zelde et
La noblesse du royaume est chargée d’assurer l’ordre d’Hauterive.
dans le royaume et est entièrement composée de che-
valiers. Le Centreterre ne compte en effet aucune mi-
lice ou aucune armée : seuls les très nombreux ordres Géographie du Centreterre
de chevalerie font la loi. L’administration du monar-
quat elle-même est laissée à la charge des mages de Le royaume du Centreterre est extrêmement allongé et
Sombrelune. Ces derniers, professeurs et élèves, sont se décompose en trois parties : à l’ouest se trouve l’an-
cien plateau de Malienda, autrefois marche d’Aquilon,
les érudits du royaume. et désormais partie intégrante du royaume. Sa capitale
est Kawan et son climat est relativement clément et sec.
La religion a longtemps occupé un rôle très mineur, Plus à l’est se trouve la vallée brumeuse de la Zelde,
compte tenu de la très grande méfiance de Morvan à cet berceau du royaume et centre névralgique de Centre-
égard : les inquisiteurs sont encore de nos jours inter- terre.
dits et les cultes intolérants prohibés. Depuis la guerre
du Portail toutefois, Morvan a décrété que l’Innommé La Zelde est un bassin de 480km de long sur 340km de
était le seul Dieu qui correspondait à l’esprit zelden : large, entouré de hautes-montagnes. Un voile brumeux
le neutre absolu. Les autres cultes ne sont donc que recouvre les montagnes (riches en mithrane) et la val-
tolérés, même si Morvan est parfaitement polythéiste : lée. La pluie y est fréquente et la Zelde est pour cette
raison un pays non seulement mystérieux mais surtout
tous les prêtres binomiaux doivent servir l’Innommé en très vert. On ne peut entrer à Zelde que par le fort Sici-
plus d’une autre divinité. La peur du vieillard immortel lius où les soldats filtrent les entrées, ou par Nostradia
de la mort a sans doute beaucoup joué dans cette éléva- (porte marchande).
tion au rang de Dieu tutélaire de la Zelde.

149
La Zelde avait pour capitale la ville du même nom Pans). A la différence des gnomes des collines qui vivent
(Zelde), au cœur de la vallée mais désormais elle a été reclus et égarent les curieux, les korrigans profitent du
transférée à Haute-Rive. Les villages sont extrêmement voisinage de Malienda pour s’enrichir et autorisent les
nombreux et éparpillés dans la vallée. Le château du roi caravanes à passer sur leur territoire, en échange d’un
Morvan surplombe encore la ville depuis l’extérieur. Il pourcentage, pour rejoindre la voie zeldeïenne. Les
est entouré d’une colonne de fumée dont les pouvoirs korrigans appellent leur terre la région des cascades en
ne sont pas bien connus de la population. raison des nombreuses sources d’eau de la région. Ils
se subdivisent en tribus : teuz, poulpicans, korils…Une
La capitale du royaume est située sur le lac de Pierre- cité enfouie leur sert de capitale.
Lune, à l’ouest de la ville de Zelde. Elle a pour nom
Haute-Rive et est la capitale du royaume depuis l’an La région des cascades possède une faune moins sauva-
730. Elle regroupe 250 000 habitants, contre 300 000 ge et moins dangereuse que celle du Détrollkaryliand.
pour Zelde. Haute-Rive est le centre économique du Les tribus guerroient entre elles de temps en temps
pays. Beaucoup d’ordres de chevalerie y ont leur siège. mais ne s’attaquent pas aux étrangers qui acceptent de
De plus, la prestigieuse université de Sombrelune, fon- payer un droit de péage. Les caïrns (villages korrigans)
dée par Aymeric le Gris et le mage Bromur, y est ins- ne sont pas fermés à l’extérieur. Le grand problème des
tallée. korrigans vient toutefois des dragons mineurs qui vi-
vent dans les grottes toutes proches. Certains convois
A l’Est enfin, se trouve la plaine du Centreterre. Répu- sont attaqués, ce qui nuit parfois au commerce. Les kor-
tée pour sa fertilité et sa richesse, la plaine abrite Nos- rigans et les gnomes s’affrontent régulièrement pour
tradia et Thalna, les deux cités orientales du royaume. quelques collines.
C’est une vaste plaine à bas-relief. Une route pavée relie
Albionta (ancienne capitale de Kyrelie) à Nostradia en Les tribus gnomes et korriganes reconnaissent la su-
passant par Thalna : c’est la voie zeldeïenne, qui date zeraineté de Morvan mais il s’agit plus d’une autorité
de l’ancien Empire de même nom, et qui est utilisée théorique, d’autant que les deux territoires se trouvent
par les marchands de sel rouge daïs. La voie traverse à cheval sur la frontière kyrieleisseenne. Le titre du Roi
notamment les forêts qui séparent Thalna de Nostradia, Morvan est «Grand Défenseur des petits peuples».
près des contreforts de l’Empire du Néant. Les mar-
chands évitent de quitter la voie pavée, les profondeurs
de la forêt étant parfois peuplées d’êtres dangereux. Au Art et culture
fur et à mesure que l’on se dirige vers l’Ouest de la voie
zeldeïenne, le relief se fait plus accentué. Les collines Le Centreterre est extrêmement riche d’un point de
se multiplient. Les royaumes gnomes s’y trouveraient vue culturel. Elle a en effet sauvé l’héritage de l’ancien
cachés. La région est appelée en gnome le « Détrollk- royaume. La Zelde est une patrie d’érudits et accueille
aryliand » c’est à dire « le pays de ceux qui ont vaincu de nombreuses académies scientifiques. Beaucoup
les trolls ». En effet, une vaste bataille opposa gnomes d’ouvrages interdits ailleurs y sont publiés. Du point de
et trolls il y a de cela plus de 500 ans dans ces colli- vue de la recherche, la Zelde a quelques gloires : l’art
nes. Les seconds, quasi-anéantis, se réfugièrent dans les de l’explosif en est un. Ses canons sont parmi les plus
Bas-Royaumes. précis du monde.

Le Détrollkaryliand est un havre de paix voulu tel quel Mais la spécialité zeldenne reste la magie. Tous les 10
par les gnomes des collines. Les étrangers pour cette ans, le roi Morvan organise un concours de magie dont
raison ne sont pas les bienvenus et les gnomes se dé- le gagnant est nommé Superviseur Général de Sombre-
brouillent de toute façon pour les égarer. Les collines lune, l’équivalent de premier ministre. Pour cette occa-
sont couvertes d’illusions tandis qu’une compagnie sion, le roi Morvan annule les effets de la brume lors
spéciale de gnomes, les fureteurs, sont chargés d’har- d’une cérémonie grandiose appelée le « Levant ». Cette
celer tout convoi approchant trop près de Polinice, leur journée met évidemment les chevaliers du royaume sur
capitale souterraine. La dynastie régnante des Biben- le qui-vive. Depuis le début du cycle des quatre Fléaux,
dum a de plus également fait alliance avec les lutins la Zelde accueille des académies de magie autres que
pour qu’ils contribuent à la protection des collines. celle de Sombrelune : harmoniques, néantique, chao-
tiques.
Pourtant, les gnomes ne vivent pas entièrement en
autarcie. Lorsqu’un étranger est invité à Polinice (la ca- Chaque année, les ordres de chevalerie s’affrontent pour
pitale), il est toujours très bien accueilli. Un aventurier savoir quel ordre défendra quoi. Une liste des protec-
qui aurait par hasard découvert la cité est également tions à effectuer est dressée et les ordres de chevalerie
accueilli avec respect pour son obstination et son cou- choisissent. En cas de concurrence, un combat entre 2
rage. Néanmoins, les gnomes se débrouilleront pour champions est décidé pour trancher. Quatre postes font
le rendre amnésique avant son départ. Les gnomes du l’objet chaque année de toutes les convoitises : la garde
Détrollkaryliand sont réputés pour la qualité de leurs du château de Morvan, la garde de la porte de Sicilius,
breuvages médicinaux et leurs gisements profonds de la garde de l’école et de l’Académie de Sombrelune.
mithrane. La population gnomique est évaluée à envi- Autrefois prestigieuse, la garde du fort Sicilius a perdu
ron 30 000 sujets. un peu de son intérêt depuis l’extension du royaume et
l’ouverture de la porte de Nostradia.
Plus à l’ouest débute le territoire des korrigans (des

150
L’architecture de la Zelde est très originale et date de sans peine. Une branche de leur ordre est religieuse et
l’ancien royaume. L’art zelden est un style architec- assure les services des temples de la Zelde, sauf celui
tural bas et écrasé, sans haute-tour ni dôme. On pri- de l’Innommé qui récuse leur théologie belliqueuse.
vilégie l’épaisseur et certains monuments sont même Leur nombre est de 30 000, en plein essor depuis que
enterrés. 6/10ème du fort Sicilius se trouvent ainsi en l’Innommé a été proclamé seul dieu national.
dessous du niveau de la terre. Le château de Morvan
à Haute-Rive fait exception à la règle mais il est vrai
qu’il fut construit bien après la fondation de la Zelde. - L’ordre du Loup a comme objectif affiché l’extermi-
nation des autres ordres de chevalerie, ou du moins
Une autre des traditions culturelles de la Zelde est leur mise sous tutelle. Habillés de rouge, ces cheva-
l’élevage de créatures volantes : griffons (le symbole liers défient souvent les autres chevaliers. Pour cela
du royaume), dragons mineurs, oiseaux géants, etc… leur nombre ne cesse de décroître ( 22 000) bien que
Tout ce qui vole est élevé. On raconte d’ailleurs que leur qualité soit reconnue.
le royaume serait protégé par de grandes statues de
dragon capables de s’éveiller en cas d’attaque. - L’ordre du griffon compte 15 000 membres et n’ad-
met que des féériques en ses rangs. Ses membres pra-
tiquent la magie grise à bas niveau.
Langues et monnaies
- Les braves de la paix jurent de maintenir l’ordre et
En Centreterre, la langue unique utilisée est le zelden, de mourir pour cela. Preux chevaliers dont la rigueur
un idiome voisin du dolman et qui inclut de nom- est légendaire, ils sont 37 000 et ont pour couleur le
breux mots empruntés à l’aquilonnien. La monnaie vert strié de violet. Leur siège est le seul qui est resté à
usitée est le « mor » qui vaut 12 dodecamors (c’est-à- Zelde. Ils sont les seuls à monter des rhinoboules.
dire 12 écus d’argent). Le mor royal vaut 100 mors soit
120 écus or. L’écu aquilonnien est cependant accepté - L’ordre des arcaniens, voué au silence, est d’origine
par commodité, de même que la plupart des monnaies aquilonnienne mais est présent avec près de 2 000
existantes membres.

Les ordres de chevalerie

C’est presque un travers zelden que de créer des or-


dres. On n’en compte pas moins de 5 000, certains ne
comptant qu’une dizaine de chevaliers alors que les
plus importants peuvent en compter plusieurs mil-
liers. Les plus anciens et les plus connus sont :

- L’ordre des chevaliers tonnerre, ordre guerrier qui


a pour valeur le culte du plus fort et qui a toujours
adoré Kherk. Ces chevaliers méprisent les faibles et
légitiment les plus basses œuvres si cela est nécessaire
pour parvenir aux fins justifiées. Leur couleur est le
noir et leur nombre est de 20 000. Ce chiffre a ten-
dance à diminuer depuis que l’Innommé est le Dieu
National de Zelde.

- L’ordre du phénix est un ordre qui plaide pour que


justice soit faite. Ils n’ont de cesse de pourchasser les
vils et s’entendent assez mal avec les ordres plus laxis-
tes comme les chevaliers tonnerre et les chevaliers
du loup. Leur couleur est le bleu pâle et leur nombre
équivalent à celui des chevaliers tonnerre.

- L’ordre de la faux est un ordre récent, créé pour ho-


norer le Dieu National. Vêtus de noir comme les che-
valiers tonnerre, ces chevaliers prônent une doctrine
spécifique à l’égard de la mort qu’ils administrent

151
La Zelkde

152
Annexe : Haute-Rive, capitale du Royaume
Géographie de la Cité
du Centreterre
La Cité compte 250 000 habitants environ, et est à 60%
humaine, un héritage de son long passé. Etalée sur près
Historique de 5 km, elle se compose de 7 quartiers principaux et
5 faubourgs.
La Cité de Haute-Rive a été
fondée par une tribu elfe blan- Le Centre de la cité n’est pas du tout le centre histori-
che aux environs de l’an – 250. que et a été construit tardivement, vers l’an 700, avant
A l’origine, le clan vivait près du le déménagement du palais royal. Percé de rues larges
lac de Pierre-Lune dont il tirait et propres, il comprend l’imposant Palais des Fumées
ses ressources, notamment du (I sur la carte), réplique du château de Zelde, où loge
poisson. Un autre village – Bas- Morvan et sa famille, et s’étend jusqu’à l’Académie de
se-Rive – avait été fondée de Sombrelune (II) au Nord de la cité, qui à l’origine était
l’autre coté du lac et servait de en bordure de Haute-Rive. L’Académie abrite en réa-
vis-à-vis au premier. lité les mages diplômés de l’Ecole, qui se trouve, elle,
dans les faubourgs de Millebrume. Au sud, le centre
Longtemps, Haute-Rive est resté à l’ombre de la capita- se termine avec la grande place d’armes (III) et le siège
le, Zelde, quoique drainant à elle la plupart des guildes des chevaliers de la Faux (IV sur la carte). Ordre récent,
marchandes du fait de sa proximité avec le lac. L’an 321 la Faux a voulu s’installer au plus près du pouvoir po-
marque un tournant pour le village de pêcheurs avec litique. Le temple unicosmique de l’Innommé (V) se
l’arrivée de deux mages, Bromur et Aymeric le Gris. trouve également sur la place d’armes, fondé par Sint
Ces deux humains choisissent de s’installer dans la pe- Javran au VIème siècle.
tite cité, ayant été chassés de la plupart des royaumes
connus d’alors, du fait de leur projet jugé hérétique : Plus à l’Est se trouve le Halit qui était à l’origine un
enseigner une magie grise obtenue sur un plan paral- autre village construit vers l’an 402, et qui a été absorbé
lèle de Weröl, le plan de Moon1. par Haute-Rive au VIIIème siècle. Le Halit est encore
peuplé essentiellement d’humains et les habitants de
La petite Académie, fondée avec l’aval du roi Mobilius, ce quartier conservent une vie de village très différente
draine une forte communauté humaine et lance l’essor de celle des autres habitants de Haute-Rive. On trouve
de la cité qui très rapidement devient l’une des plus au Halit beaucoup d’artisans et de paysans et certaines
grandes cités du petit royaume. En 335, après le départ règles municipales ne s’y appliquent pas, par tradition.
de Bromur, l’Académie prend le nom de Sombrelune, C’est également au Halit qu’est brassée la fameuse biè-
en honneur d’Aymeric le Gris dont c’était le surnom. re rouge d’Haute-Rive dont le secret est bien gardé de-
En 542, le jeune roi Morvan devient son élève le plus puis son élaboration par des moines au IIIème siècle.
renommé et en 562, elle reçoit le monopole royal d’en-
seignement de la magie pour l’Empire. La ville grossit Au sud du centre se trouve le quartier de Malerune qui
et les humains de plus en plus nombreux sont à l’ori- lui aussi était un hameau distinct de Halit et d’Haute-
gine de la plupart des grands ordres de chevalerie de rive. Malerune, en bordure du lac, s’est considérable-
l’Empire. ment développé avec le commerce car l’unique pont
qui relie le centre et les docks passe par lui. Malerune
En l’an 730, Haute-Rive devient la capitale du royaume, abrite les guildes marchandes, la capitainerie (VI), la
détrônant sa vieille rivale, Zelde. Depuis, la cité a gagné plupart des auberges où l’on peut trouver un bateau
50 000 habitants, essentiellement des membres de l’ad- ou des matelots. Malerune abrite une forte commu-
ministration royale et leur famille. nauté sylphe, essentiellement des immigrés ayant fui
les persécutions en Kyrelie. Au centre de Malerune a
été bâtie une grande halle aux poissons (VII) qui abrite
tous les jours un bazar alimentaire. Des forges d’itaphir
y pullulent.

Les quartiers de Bassefosse, Saturne, et Topaze se trou-


vent à l’Ouest du centre administratif mais constituent
en réalité le noyau de la Haute-Rive antique. Chaque
quartier est dominé par une tour colorée.
1 Les mondes extraplanaires sont décrits dans le Grimoire
de Nothingness.

153
Bassefosse est suplombée par une tour peinte en noir cœur de la cité d’un rouge flamboyant. A la différence
qui appartient au palais municipal (VIII). Bassefosse de Bassefosse, le Saturne est essentiellement humain
abrite en effet cet édifice qui porte le nom de palais et et résidentiel. De nombreuses ambassades ont choisi
de tour des Nègres, nom donné en souvenir du passage de s’y installer : les trois ambassades du Ponant, le vica-
d’un clan elfe noir en fuite au VIème siècle qui aurait riat de l’ambassadeur de kyrelie, l’ambassadeur Daï. La
résidé dans ces bâtiments. A l’origine, Bassefosse a été Tour Verte (XII) qui se trouve au cœur des jardins abri-
construite sur une zone marécageuse et puante mais la te un hôpital tenu par des prêtresses de Juras Mater.
magie a permis de nettoyer les ruelles sombres de cette
partie de la ville. Bassefosse est un quartier très animé, Bordé par la rue de la mer, la principale artère com-
très vivant, rempli de tavernes de jeux notamment. Les merçante de la cité, le Topaze est un quartier beaucoup
lutins et farfadets apprécient particulièrement le coin plus animé et bruyant que le Saturne. Il est réputé pour
et il existe même un quartier qui leur est spécialement être le quartier des mages, avec une forte dominance
réservé. Les ruelles y sont minuscules et tout est à leur elfique. Les ateliers des écoles de magie qui se trou-
échelle. vent à l’arrière des maisons particulières résonnent de
Un portail communique avec Luth. L’entrée du quar- cris, d’explosions et des vivats des différentes écoles.
tier lutin – qui se prénomme Minifosse – est protégée Ces dernières bénéficient d’un statut dérogatoire par
par des glyphes de miniaturisation, permettant aux rapport au monopole de Sombrelune qui a été ébré-
non-lutins d’y circuler. Les accrochages entre farfadets ché depuis la fin du cycle Cassandrien. Désormais, si
et lutins y sont néanmoins fréquents, les seconds n’ap- la magie grise reste la magie officielle du royaume, les
préciant guère que les premiers aient créé des guildes autres enseignements sont tolérés. Toutefois, les pro-
d’assassins particulièrement performantes. C’est éga- tections magiques érigées dans la cuvette empêchent
lement à Bassefosse que se trouve le Grand Théâtre les sortilèges de prendre effet. Le quartier du Topaze
d’Hauterive (IX) où se donnent de nombreux specta- est dominée par la Tour du même nom, peinte en bleu
cles. Une école de baladins y est accolée. (XIII), qui abrite également le siège de l’ordre du grif-
fon (A sur la carte).
Le Saturne est un quartier plus au nord de Bassefosse
qui comprend notamment l’arène royale (X) et les jar- De l’autre coté du canal d’Haute-Rive se trouve le 4ème
dins de la ville (XI). L’arène est le lieu où se déroule la quartier historique d’Haute-Rive, la Gigas. Il s’agit d’un
cérémonie de tournoi entre les différents ordres cha- quartier plus huppé qui a de tous temps abrité les plus
que année. Les jardins ont eux été plantés par les mai- grosses fortunes marchandes de la cité. Le quartier est
res successifs d’Hauterive et sont réputés pour leurs centré autour de la place Morvan où sont concentrés
arbres à feuille rouge qui au printemps enflamment le les plus grands bijoutiers et joaillers de la cité.

154
également là que se trouve l’usine à canons de la cité,
L’île Mercure était autrefois le siège d’une forteresse où sont fabriqués les fameux canons zeldens.
défendant l’entrée de la cité. Avec les siècles, l’île s’est
progressivement peuplée et a finalement été rattachée Le Petit Port abrite lui aussi des greniers à grain,
à la cité au IVème siècle. L’île reste marquée par son mais également deux bassins d’eau (de l’eau de pluie
passé défensif, et est ceinturée de murailles. Les ponts conservée en cas de sécheresse) et des élevages de
qui relient l’île au cœur historique d’Hauterive sont pisciculture. Les pêcheurs qui vivent ici sont essen-
coupés par des fortins où se trouvent des chevaliers. tiellement des féériques qui refusent d’intégrer les
En cas de problème, l’entrée du cœur d’Hauterive corporations à dominante humaine de l’île Mercure.
pourrait ainsi être coupé. Pourtant, la population de De nombreux éleveurs – de griffons notamment – s’y
l’île est essentiellement composée de pêcheurs. Ces sont installés, de même qu’à Millebrume.
derniers sont regroupés en corporations qui sont tout
aussi puissantes que les guildes marchandes. Chaque Millebrume est un faubourg en développement, né
corporation possède ses rites et ses traditions et l’in- du manque de place constaté en Haute-Rive même.
tègration au sein d’une corporation est indispensable Millebrume abrite la Nouvelle Ecole de Sombrelune
pour pouvoir pêcher sur le lac. (XVIII), déplacée du centre faute de place suffisante.
Tous les élèves non-diplômés y assurent une scolarité
Après l’île Mercure se trouvent les faubourgs d’Hau- de 6 années pour que soient enseignés les mystères
te-Rive, reliés par des ponts : l’île grise, les havres des arcanes. Les grands forgerons d’alkazar y sont
lunes, le petit port, Millebrume. L’île morte est le seul tous concentrés.
faubourg isolé. L’île grise abrite un grand nombre
d’ordre de chevaleries. C’est également là que se dé- Taxes et Lois
roule la cérémonie du levant et le grand concours de
magie. Les sièges des ordres des Chevaliers-tonnerre, L’entrée dans la cité d’Haute-Rive peut se faire de
du Phénix et du Loup voisinent. Les premiers occu- deux manières : par la terre ou par le lac. L’entrée par
pent de magnifiques bâtiments dominant le champ le lac n’est pas taxée, sauf pour l’immobilisation du
où se déroule le concours de magie (XV). Les deux bateau, qui est d’1 mor/jour. La vente des poissons est
autres ordres vivent sur deux petites îles voisines (cf. légale sur les bords du lac, et n’est pas taxée non plus.
XVI et XVII sur la carte respectivement pour les or- En revanche, si la vente a lieu sur un des marchés de
dres du Phénix et du Loup). L’île grise est essentiel- la cité, il faut acquitter une patente.
lement peuplée d’humains. Les tournois y sont nom-
breux, les ordres de chevalerie aimant s’y entraîner. Par la terre, l’entrée de la cité est gardée par un or-
La Guilde des compagnons de la Zelde y a établi ses dre de chevalerie, chacun s’occupant d’une des qua-
quartiers. tre portes plus particulièrement. Il faut acquitter en
passant un droit d’un dodecamor, versé au trésor
L’île morte est une île pelée tout en longueur qui royal, et ce à chaque fois qu’on entre ou que l’on sort
abrite peu de bâtiments et qui n’est reliée par aucun de la cité. Les commerçants, eux, sont taxés en % de
pont. L’Ordre des Arcaniens en a fait son siège et vit la valeur de leur bien, suivant une grille définie par
à l’écart du reste de la cité, muré dans le silence qui la Couronne. Le poisson ou tout autre produit que
est sa règle. Un bac assure la jonction entre l’île et Zelde est produit est ainsi taxé à plus de 50% afin de
le continent deux fois par semaine. Les arcaniens ne décourager les importations.
sont pas tous concentrés sur l’île morte et participent
comme les autres ordres de chevalerie, à la défense A l’intérieur de la cité, les lois sont les mêmes que
du royaume. dans le reste du royaume. Il existe une liste de 5 in-
terdictions majeures qui sont punies sévèrement par
Les Havres-Lunes est un faubourg très peu dense car les tribunaux :
inhabitée esentiellement où est abrité les docks. On y - Interdiction de pratiquer une magie dans le but
entrepose les denrées acheminées par bateau et on y d’affaiblir les défenses du royaume
construit également des navires – de pêche pour l’es- - Interdiction d’insulter la Couronne
sentiel. La Confrérie des ingénieurs y a son siège. Ces - Interdiction de défier un chevalier Zelden
derniers sont en charge de l’élaboration des plans - Interdiction de commettre tout acte raciste à l’égard
des bateaux, mais aussi de la maîtrise d’ouvrage. C’est d’une des communautés faëriques

155
- Interdiction de faire du proselytisme religieux, sauf à
l’égard du Dieu National.

Fêtes Locales

1er jour du Quart-Temps de l’Arbre d’Emeraude :


Grand Tournoi annuel entre les Ordres de Chevalerie.
Ce tournoi se déroule à l’arène de Haute-Rive et peut
durer tout le mois de l’Aube.

7ème jour de Vertebarbe (tous les 10 ans) : Cérémonie


du Levant. Grand Tournoi de Magie. Le Grand tournoi
a obligatoirement lieu dans la journée et se déroule sur
l’Ile Grise.

1er jour du Quart-temps du Vent d’acier : Fête de l’In-


nommé. Des processions au temple sont organisées à
travers la ville. Les cadavres des clercs morts dans l’an-
née sont enterrés et des prières pour les morts célé-
brées. Les Vestales prédisent au Roi l’avenir pour l’an-
née qui vient.

11ème jour du Mois de Lunerousse : Anniversaire du


Roi Immortel, Morvan. Des jeux sont organisés dans
toute la cité et de la nourriture est distribuée gratuite-
ment.

156
Fragments de Weröl
Le Jubilé du Roi Morvan
Pour l’anniversaire de son troisième siècle de règne, le roi Morvan organisa à Haute-Rive une fête de jubilé qui dura dix jours,
en l’an 840 du calendrier paléo-aquilonnien. Le prêtre de l’Innommé Coquelin Domitis, second du grand prêtre Mophoë et
originaire de Nostradia, raconte la cérémonie d’ouverture..

«Sur la grande place d’armes, une foule immense s’était rassemblée dans la nuit, allumant des milliers de torches
qui s’éteignirent à l’aube. Après une matinée d’attente, elle était impatiente de voir son roi. Sur le toît de notre tem-
ple, je surveillais nos serviteurs qui s’activaient en préparation de la cérémonie, laquelle devait avoir lieu en milieu
d’après-midi, à la dixième heure. Pour que le plus grand monde puisse assister à l’office, il avait été décider d’utiliser
la grande terrasse du sanctuaire. La vue plongeante était saisissante et je ne regrettais pas de ne pas être au Chateau
car j’avais là une vue unique sur le défilé.

A onze heures, trois cents trompettes retentirent sur les flancs de la forteresse royale qui se détachait de l’horizon, au
nord de la place. L’air vibra et la foule éclata en vivats. Il y avait là au bas mot un million de personnes : toutes les rues
adjacentes étaient bloquées. Même les serviteurs et les autres prêtres s’arrêtèrent pour se mettre à la balustrade.

Pendant une bonne trentaine de minutes, on ne vit rien de plus. La foule scanda à l’unisson « Morvan, Morvan»
tandis que plusieurs délégations étrangères faisaient leur apparition, se frayant un chemin dans la foule entre deux
rangées de chevaliers de la Faux.

L’estrade royale, au milieu de la place, était progressivement gagnée par les invités les plus prestigieux. Il y avait là
l’Imperector Rex de Kyrelie en personne, Gaudi Ecclesiae, accompagné de l’Archisacerdos de Thalna, Anthos de
Sarnée, et des vicaires de Haute-Rive et de la Zelde, ainsi que du vicaire ambassadeur auprès de Morvan. Les Kyre-
liens étaient regroupés sous une immense bannière verte aux armes de l’arbre saint, et faisaient une tâche blanche
et brune facilement identifiables car ils étaient protégés par une dizaine de moines-chevaliers Romaex et Casan-
driens.
Non loin, le Royaume de Dolmarur avait envoyé une petite délégation à la tête de laquelle se trouvait le prince hé-
ritier Maevil, et son épouse, la princesse Taënengil. L’oriflamme de Dolmarur, vert et blanc lui aussi, pouvait à cette
distance être confondu avec celui de la Kyrelie. Dolmarur avait fait cadeau la veille à Sa Majesté d’un arc taillé dans
l’if le plus noble, et magiquement enchanté.
Toujours au premier rang de l’estrade royale, le protocole avait rangé le Duc d’Astence, Radrigue da Chabot repré-
sentant le Roi du Bas-Ponant, Faelippe II, et l’ambassadeur permanent de sa Majesté auprès du Roi, Giosepo da
Martrin Donos ; l’ambassadeur du Haut-Ponant, le Pair Adolfonse de Penfentenyo de Kervéréguen, sans compter
les envoyés personnels des Rois de Kheop, de Kheu et de Kilkenny. ; l’ambassadeur du lointain Lisban, Gunther del
Cunhin Feugerilles ; le Shogun Yunda-yo Kelth, du clan de la Colombe, représentant l’Empereur Sharakaï, maître
de l’Orient ; Alten Crochesembre, Prince de Mortelune, et son épouse la princesse Teligulane de Crochesembre ;
Goliath VII Besseroche, roi de Darümbir ; l’Archisacerdos Jean, roi-prêtre de la Nouvelle Alliance; et enfin les am-
bassadeurs venus de la Confédération naine et des Quatre-contrées.

Derrière se trouvaient les nombreux invités personnels du Roi et Hautes-personnalités : le directeur de l’Ecole de
Sombrelune ; le directeur de l’Académie de Sombrelune ; le maire de Haute-Rive, Arguiloël Pentaciolen ; le maire
de Zelde, Rogue Cheval ; le consul Orpheo de Morgan-Thalna et son épouse ; le gouverneur Philoctète Tricastin-
Domitis, prince de Nostradia, et son épouse ; le Duc Arago de Kawan et sa fille, Nathalys ; le Roi gnome Gonful
Bibendum, maître de Polinice, et sa garde personnelle.

Enfin, au troisième, quatrième et cinquième rangs, prirent place les membres de la famille royale : les 45 princes
héritiers, et leurs épouses, ainsi que les autres princes, cousins, et germains.

Le cortège royal arriva sur la place à midi, escorté par 300 chevaliers de l’ordre de l’épée blanche, impeccables dans
leur tabards de lumière. Il fut précédé d’un ballet aérien des griffons royaux, qui passèrent à onze reprises au dessus
de la foule émerveillée, montrant par là leur prouesse et leur audace. Le Roi Morvan, souverain éternel de la Zelde,
Grand Protecteur de Thalna et de Nostradia, Lumière du Détrollkaryliand, Grand Défenseur du petit peuple, Pro-
tecteur de l’Ecole de Sombrelune, était accompagné de son épouse, la Reine Hanja, et escorté par le Superviseur
général de Sombrelune, le farfadet Okatchikchik, et notre Grand Prêtre. Il salua la foule qui, unie dans un même
amour pour la Lumière de nos vies, pleura de joie à la vue de son bien-aimé Roi. Puis, manifestant sa puissance,
il prononça les mots qui percent les murs de brume et le Levant eut lieu : les protections magiques de la Zelde se
dissipèrent et le soleil magnifique inonda de ses rayons ardents la foule en liesse.

Enfin, le silence se fit, et le directeur de l’Ecole de Magie de Sombrelune se présenta devant le Souverain. D’une
voix forte, encore amplifiée par la magie, il récita : «Ô Roi Morvan, éternel souverain du Centreterre, ton peuple cé-
lèbre ton jubilé et il va défiler devant toi, ouvert par les cadets de Sombrelune.»

157
C’est alors qu’au Nord de la place, arriva le cortège, parti du Palais des Fumées. Il se déroula, tel un long ser-
pent, devant l’estrade, avant de faire le tour de la place des armes, puis d’en sortir par une rue adjacente à notre
temple. En première ligne, se trouvaient 50 cadets de l’école de Magie de Sombrelune, tunique grise et roc de
lune à la main, menés par un porte-étendard de l’ordre de la Faux, gardien de l’Ecole pour cette année, avec
les armes grises de Sombrelune. Lorsqu’ils passèrent devant le souverain, ils eurent la possibilité de faire la
démonstration de leur art en se mettant à clignoter simultanément, disparaissant, puis réapparaissant autour de
l’estrade, ce qui produisit un très beau ballet qui plut au Roi. Pour ma part, j’ordonnai aux religieux présents
de détourner le regard ou de se voiler la tête, car la magie est impure, elle qui fait appel aux cendres d’un Dieu
fauché par Celui-dont-on-ne-peut-pas-prononcer-le-nom.

Puis défilèrent sur leurs chevaux les quatre ordres de chevalerie grands vainqueurs du tournoi : l’ordre de la
Faux, tout de noir vêtu, gardien de l’Ecole de Sombrelune, mené par leur Grand Faucheur, sire Nathanyaël
Elirossaën ; l’ordre du Loup, en rouge, gardien de l’Académie de Sombrelune, mené par le Chevalier Alpha,
sire Galad Pierrebleue ; l’ordre de l’épée blanche, gardien du Palais des Fumées, mené par le Sacromestre
Rudiphan Cannelongue; et enfin l’ordre des Arcaniens, gardien du Fort Sicilius, mené par son Commandeur,
Bas-Ponantais, Alderabal da Mizeroza dalla Virello.

Chacun des quatre ordres dégainèrent leurs épées au moment de passer devant leur souverain, heaume à la
main, en guise de respect. Un moment, je crus que les Arcaniens allaient être les seuls à ne pas se plier à ce
rituel, mais ils le firent de bonne grâce et, à l’aide de mes jumelles, je pus voir pour la première fois le visage
d’Alderabal.

Suivirent ensuite les autres ordres de chevalerie, qui manifestèrent leur sens de la discipline et leur patriotisme,
produisant un grand effet sur l’auditoire des invités et sur la foule : l’ordre des chevaliers-tonnerre, et son
Maître-Foudre, Brunal de Belle-Grogue ; l’ordre du pénix, en bleu pâle, emmené par le Commandeur Ardent,
Juvénal de Sint-Hilaire; l’ordre du Griffon, dirigé par le Commandeur royal Arvèn Falabioëllian ; l’ordre des
Braves de la paix, juché sur ses rhinoboules, précédé de sa première épée, le Très-Brave Rudrolf Sang-Tempête ;
la confrérie de la lumière de Morvan, avec à sa tête le Grand Fanal, Jafren Trogne ; l’ordre des Brumes, mené par
le Capitaine des brouillards, Henrion Villepâle ; la Fraternelle du Lac, avec à sa tête le Commandeur-pêcheur
Jean d’Opale ; la compagnie de la Vraie Tradition, et son Prévôt, Mordre de Zelde, arrière petit-fils de Sa Majesté
; l’ordre des montagnes, avec à sa tête le Mestre-Roc Jafren Orange ; l’ordre de Sicilius, dirigé par le capitaine
Joan Mayeur ; la Compagnie Rouge-Gorge, enveloppé dans ses capes lourdes de velours, défila à pied, avec à sa
tête son Maîstre Vermillon, Ruport Sang-Tempête, fils cadet de Rudrolf. D’autres ordres suivirent, environ une
centaine, mais je ne pus les noter tous car il me fallut prendre la direction des prêtres et des Vestales. Le défilé
devait en effet se conclure par une procession des servants de notre culte.

Nous sortîmes en procession du temple de l’Innommé vers quatorze heures. Il y avait là les quarante vestales du
temple, enveloppées de leur châle noir, et quatre-vingt cérémoniaires masculins, habillés de blanc. Pour l’occa-
sion, nous avions procédé la veille à un grand bain rituel de purification, ce qui fait que nous étions débarrassés
des odeurs incommodantes qui sont la marque de notre engagement religieux.

Je descendis le premier les marches du temple de marbre blanc, levant le plus haut possible le crâne de Sint
Javran, relique pieusement conservée dans nos tabernacles, Sint Javran ayant été le fondateur de notre temple.
La foule, sans doute touchée par la puissance de l’Innommé, se tût et s’agenouilla. Dans un silence sépulcral
qui sied à la dignité de notre culte, le cortège s’ébranla.

Les Vestales entonnèrent le Chant immortel, une complainte écrite spécialement en l’honneur de notre Très
Croyante Majesté. La foule s’écarta d’elle-même et nous fîmes dix fois le tour de l’estrade royale, obligeant les
soudards de l’ordre de la Faux à baisser le regard.

Une fois ceci fait, la Vestale Andriana Origiis, arrière-petite nièce du Roi, monta sur l’estrade pour présenter à
sa Majesté le résultat des augures qui avaient été tirés la veille pour connaître l’avenir de son règne. D’une voix
claire, elle prit la foule à témoin : « Sage Morvan, l’Innommé retient son bâton à ton endroit car il connaît ta Foi
et ton engagement. Les cartes du Tarot ont parlé et mille années de règne seront marquées de ton nom. Tu es le
Fils de la Mort, son Défenseur et son Protecteur. Gloire à la Zelde, Bénédiction au Centreterre, Roi des rois !»

Alors sans dire un mot, le Roi Morvan acquiesca, et son regard plein de bonté et de grandeur autorisa notre
Grand Prêtre à quitter la tribune pour gagner, escorté des 120 cérémoniaires, le toît du temple. Une grande
partie des prêtres restèrent de part et d’autre de l’allée naturelle qui s’était formée entre notre Sanctuaire et
l’estrade. La voix de Mophoë s’éleva à 15 heures du haut du temple pour inviter la foule à la prière.

C’est à ce moment que l’Imperector Rex de Kyrelie choisit de se retirer avec son escorte, ce qui ne se fit pas sans
embarras et qui déplut au Roi Morvan.»

Extrait des Chroniques du Sanctuaire de Sint Javran


Année 840

158
Annexe : Thalna, la cité de l ’Ange coalition inédite des croisés et des thalnéens. L’Empire
Daï se replia sur le Nord. Les guerres sporadiques en-
tre Thalna et l’Empire Daï furent menées par la consule
Historique Cassandra, élue en 649, aidé d’Aragorn, chevalier kyre-
lien, consul militaire de la ville. Mais les machinations
ourdies par les sbires de Tobogobun parvinrent à faire
assassiner le mari de Cassandra, le prince Morgan de
Zelde, et à le remplacer par un démon. Une révolution
ayant éclaté en Thalna, la consule Cassandra se résigna
à faire appel aux armées Zeldennes de son mari et la
IIème République se termina ainsi en 644. La dynastie
des Morgan-Thalna, princes régnants pour le compte
du roi de Zelde, instaura un nouveau régime qui ne fut
que le paravent de la prise de pouvoir par les démons
de la cité. Après le départ de Cassandra, partie avec les
La ville de Thalna fut fondée par l’Empire Zeldeïen en 7 compagnons à la recherche d’Orphéo, sa fille, Mor-
200 après Mac Ier. La ville acquit son indépendance en gane, et son faux-mari préparèrent la ville pour que les
même temps que sa voisine, Nostradia, en 540, après souhaits de Tobogobun s’accomplissent.
que les deux villes aient résisté avec succès aux armées
aquilonniennes. Le général qui commandait alors la En 666, les armées démoniaques affluèrent à Thalna
ville, Erymanthe de Cnosse, était un fin lettré et un zel- par une porte ouverte dans les profondeurs de la cité.
deïen ouvert aux idées modernes prônées par certains Elles déferlèrent sur le royaume de la reine Falabioël
philosophes. Il institua une démocratie consulaire et la puis rencontrèrent les armées coalisées menées par
ville de Thalna, surnommée autre fois « Thalna la san- Cassandra lors de la célèbre bataille du Stryge. Mor-
glante », devint la première cité libre et démocratique gane sera tuée lors de la bataille de la Faille, quelques
de tout le continent. En 598 cependant, une guerre mois plus tard.
éclata avec la ville de Nostradia et poussa la cité à mo-
difier quelque peu son régime affaibli par les querelles Après la guerre du Portail, le fils rescapé de Cassandra,
intestines. La IInde République fut fondée en 604 par Marlvorn, fut nommé premier consul héréditaire et la
Sarvil de Cnosse, petit-fils du précédent. IIIème République s’installa, sur une forme renouvel-
lée. La multiplication des échanges avec les puissan-
En 617 pourtant, une guerre larvée éclata avec l’Em- ces voisines et le lac mineur ont rapidement regonflé
pire Daï. Les marchands Daï attaquèrent les caravanes la population de Thalna qui en l’an 700 dépassait les
thalnéennes pour obliger la ville à la favoriser avec une 140 000 habitants. Officiellement Thalna fait partie
législation plus souple. Thalna ne put mettre fin à cette du royaume Zelden, au roi duquel elle verse un impôt
situation qu’en demandant l’aide d’Albionta. Le archi- (voir plus loin). Le premier consul est lointain cousin
sacerdos Ounite de cette ville accepta de convaincre de la famille régnante. Dans la réalité, Thalna comme
le roi d’Albionta du bien-fondé de cette alliance en Nostradia, est indépendante. Depuis 666, Thalna a peu
échange de la promesse de pouvoir installer un vicaire changé et a vécu en paix sous l’autorité de 7 consuls de
Thalna. Les marchands Daï boudèrent alors Thalna et la lignée de Malvorn. Les consuls en ont profité pour
dévièrent la route du sel sur Nostradia. Les habitants embellir la cité et développer son rayonnement com-
de Thalna embrassèrent en masse la religion Ounite mercial et culturel.
par la suite et ceci valut au archisacerdos d’Albionta de
devenir Rector.

S’ouvrit ensuite une période de troubles : Thalna ouvrit


ses portes et réduisit au maximum ses lois pour attirer à
elle les marchands, devenant une ville dangereuse. En
650, une croisade anti-Ounite fut lancée par le porteur
de la toison d’or, Saladin, et le grand inquisiteur Tor-
quémada. Les armées aquilonniennes vinrent assiéger
la ville. Au même moment, l’Empire Daï et l’Empire
du Néant alliés décidèrent d’envahir le Centreterre et
l’Arknée. Devant les murs de Thalna, Saladin mourut
en voulant combattre le généralissime néantique. Les
armées Néantiques furent finalement défaites grâce à la

159
160
Organisation politique litus consul possède un budget autonome qui provient
des saisies de bien, des amendes, des sommes payées
La ville de Thalna est dirigée par un triumvirat de pour libération des prisons.
Consuls. A l’origine tous étaient élus mais la guerre
de Nostradia (596-608) a montré que la démocratie Détail des quartiers
fournissait certes de bons politiques mais pas de bons
stratèges militaires. La IIIème République a instauré La tour des consuls (I) surplombe la caserne (II) et le
le principe d’un consul héréditaire dit sacratus consul château (III). Les consuls s’y retrouvent pour discuter
(consul sacré). Appartenant à la dynastie zeldeïenne des affaires de la cité. Le premier consul réside quant
des Morgan-Thalna, il est surtout le descendant de la à lui au château, une forteresse qui a été progressive-
légendaire Cassandra, qui est devenue la sainte patron- ment renforcée au cours des ans. La caserne est le siège
ne de la cité. Le sacratus consul est sacré par le vicaire de la milice. Le second consul y vit.
de Thalna dans la cathédrale et reste consul jusqu’à
sa mort. Il est le premier personnage de la cité mais IV -Cour d’honneur de Thalna. C’est dans cette cour
est surtout chargé d’un rôle honorifique. Il signe les que toutes les parades et les cérémonies ont lieu.
accords internationaux, accrédite les ambassadeurs et
surtout préside les cours de justice. Il est chargé de ré- V - Porte du Lion, qui donne dans le château des
diger et d’édicter les lois de la cité. consuls
Le second consul est élu lui aussi pour 10 ans par les
citoyens de Thalna (environ 10% de la ville). Il est sur- VI - Ancienne Cathédrale Sint Oun. La plus vieille ca-
nommé « electus consul » et protocolairement est le thédrale de Thalna est encore le siège de l’archisacer-
second personnage de la cité. Il mène les affaires in- dos du Centreterre. Les moines-chevaliers de l’Eglise,
ternes, nomme les fonctionnaires municipaux, dirige des cassandriens, protègent l’édifice.
la milice, et doit contresigner toutes les lois édictées
par le premier consul. Le consul élu nomme un vice- VII - Porte de Nostradia.
consul, surnommé encore « velitus consul » ou consul
voilé, qui est chargé plus particulièrement de tenir la VIII - Porte Orientale, longtemps fermée puis réou-
ville. Son identité est secrète et il a à sa disposition la verte, par laquelle arrivent les marchandises Daï.
milice spéciale.
Le troisième consul est le consul militaire. Il est choisi IX - Porte de Kyrelie, qui mène vers le royaume du
pour 5 ans grâce au grand tournoi guerrier organisé par même nom et Aquilon.
la cité. Le consul militaire dirige l’armée de la ville et
a tous les pouvoirs en cas de guerre. En temps de paix, X - La cathédrale Sinta Cassandra, construite entre
son rôle est plus que réduit, hormis les rares parades 667 et 680, domine le quartier Cassandrien du haut de
militaires organisées. ses 45m. Le chapître des moines Cassandriens s’y trou-
Le symbole de Thalna est un ange bleu (Cassandra, le ve (les Cassandriens ont remplacé les Albions en l’an
motif a été modifié en 666), orné de trois étoiles (les 700 à Thalna). La tunique de Sinta Cassandra, relique
trois consuls). Sa devise est écrite en kyrelien « Angi révérée par les fidèles, y est conservée et exposée une
Urbi » (La Cité de l’Ange). fois l’an. Autrefois glauque et mal-famé, le quartier cas-
La défense de la cité est assurée par la légion thal- sandrien a été rénové et progressivement envahi par les
néenne, une armée de 4000 hommes entre 15 et 25 ans, missions religieuses Ounites et les nouveaux arrivants.
constituée de thalnéens volontaires. La guilde des artisans (12) y a toujours son siège, de
même que la Guilde des Musiciens (13).
Impôts, taxes et commerce
XI - Porte des Consuls. C’est par cette porte que le
Chaque consul perçoit une taxe qui lui est propre et qui second consul nouvellement élu pénètre, juché sur un
alimente son budget. Le sacratus consul perçoit « l’écu cheval blanc, pour se diriger vers le Château où il est
du roi », un impôt payé par tous les sujets de la ville en accueilli par le Premier Consul.
soumission. Cet impôt est extrêmement bas et égalitai-
re. L’electus consul perçoit quand à lui les taxes sur XII - Siège de la Guilde des Marchands de Thalna.
l’entrée de marchandises, ainsi qu’un impôt spécial, le Cette guilde regroupe tous les marchands coalisés et
cens, payé par les citoyens de la ville. Le consul militai- fait office de chambre de commerce. Elle se trouve au
re possède son propre budget, qui est abondé par une cœur du quartier des citoyens. C’est là qu’historique-
taxe spéciale sur les armes portées par les habitants. ment, les citoyens ont toujours habité. Par snobisme, il
Chaque thalnéen déclare son armement et paye une n’est pas rare que certains ne déménagent dans ce vieux
taxe, généralement assez lourde, annuellement. Le ve- quartier historique pour marquer leur différence.

161
Quartier des Affaires : Autrefois à l’extérieur des mu- Art, Culture, langue, monnaie
railles, il s’est retrouvé à l’intérieur de la cité lorsque
Malvorn a fait construire une nouvelle enceinte. Les Thalna reste au carrefour de 4 influences : la Kyrelie,
étrangers y sont nombreux. La Guilde des Mages et la l’ancien Empire Zelden, l’Empire Daï et le Ponant.
Guilde des tailleurs de gemmes s’y sont réimplantées. De son voisin du Nord, elle a gardé la religion et une
certaine façon de voir le monde. De son passé zelden,
Urbidaï : Une forte communauté daï s’est implanté elle a conservé un goût pour l’architecture basse et très
dans ce quartier au sud du quartier cassandrien et au simple et la langue. Thalna a en revanche changé en
sortir de la porte orientale. L’architecture a peu à peu 670 son système monétaire. Le mor zelden est devenu
été remodelée jusqu’à recréer une ville daï. la seule monnaie en cours. Le calendrier utilisé est
l’aquilonnien mais les fêtes sont celles de Kyrelie. La
Relations avec les voisins langue est l’aquilonnien.

Thalna, qui a une politique étrangère distincte du


royaume zelden auquel elle appartient, est en paix avec
tous ses voisins depuis la guerre de 666 mais s’inquiète
des vélléités conquérantes de l’Empire Daï. Tradition-
nellement, les consuls de Thalna sont pro-kyreliens,
étant donnés la foi particulièrement active des Thal-
néens.

162
Annexe : Nostradia, la Porte du Centre- même sa voisine Thalna avec les armées aquilonnien-
nes. Le salut de Nostradia ne tînt qu’à l’intervention in
terre extremis du voisin zelden. Après 666, Nostradia choisit
de rester dans le nouveau royaume zelden, à l’instar
Historique de sa voisine Thalna et un gouvernorat fut instauré.
Comme pour Thalna, c’est une branche cousine de la
branche royale qui fut mise sur le trône : les Tricastin.
En 675, Nostradia fut officiellement désignée comme
étant la seule porte d’accès marchande à la cuvette de
la Zelde, grâce à un portail magique la reliant aux terres
du centre.

Toutefois, la dynastie des Tricastin-Nostradia, en multi-


pliant les mariages avec la famille des El Donelo, finit
par miner le soutien politique dont elle avait aupara-
La ville de Nostradia fut fondée en 350 après Mac vant bénéficié parmi les autres familles. En 780, le Prin-
Ier par une expédition zeldenne. A l’origine, il s’agis- ce-gouverneur Jurian fut assassiné, et le lendemain son
sait d’un avant-poste du royaume qui s’étendait alors frère Alban connut le même sort.
jusqu’à Malienda et Thalna. La proximité de créatures
néantiques fut à l’origine d’une fortification sans pré- Tancrède Domitis, demi-frère bâtard de Jurian prit le
cédent de la ville. En 540, lorsque Solimane III vain- pouvoir et le conserva après avoir juré fidélité au Roi
quit le royaume de la Zelde, Nostradia tînt tête et ne fut Morvan, qui préféra ne pas tenter de remettre sur le
pas prise par le conquérant. Elle acquit ainsi son indé- trône le fils d’Alban Tricastin réfugié en la Zelde. Tan-
pendance, de même que sa voisine Thalna, alors que crède Domitis prit le nom de Tancrède Domitis-Tricas-
le royaume de la Zelde se repliait sur la petite cuvette tin, afin de marquer la continuité de la lignée princière.
d’où était partie son expansion. Son fils épousa l’une des filles d’Alban Tricastin.
Le pouvoir fut confisqué jusqu’à la guerre du Portail
par les grandes familles marchandes. Sous la conduite Organisation administrative
des El Donelo de Bellario (545 – 568), Nostradia se déve-
loppa en se tournant vers le commerce. Sa population Nostradia est officiellement dirigée par un prince de la
doubla. Mais une révolution fomentée par la famille lignée des Tricastin, la charge de gouverneur étant hé-
Sa Camara de Villalonga renversa les Donelo. Sous le réditaire. Le gouverneur est en charge de la protection
règne des Sa Camara (568 – 601), Nostradia contrôla de la porte marchande vers la Zelde et donc à la tête de
les terres qui l’entouraient et s’enrichit grâce aux im- la milice de la ville, créée en 669. Hormis la milice, cha-
pôts que lui payèrent les paysans tombés sous son joug. que famille possède toujours sa propre armée à l’inté-
En 598, une guerre éclata avec Thalna à propos d’une rieur de la cité, qui compte environ 100 000 habitants.
bande de terre de quelques kilomètres à la lisière de
leurs territoires respectifs. Elle dura dix années, ne se Le gouverneur préside l’ancien conseil des familles où
solda par la victoire d’aucun, mais profita en revanche s’élabore la politique municipale. Au sein du Conseil,
aux Donelo qui par un coup d’Etat renversèrent les Sa les décisions restent prises à la majorité des 3/5. La
Camara en 601. dynastie elle-même est un enjeu politique. En effet, le
premier prince Tricastin, Morian, épousa une Aeswi-
Polyctère El Donelo mit fin à la guerre en 608, conclut de, assurant à cette famille la prééminence au sein du
une alliance militaire avec Aquilon et Thalna, et s’atta- conseil.
qua à une réforme des institutions de la Cité. En 605,
il institua un conseil de gestion de la cité, où étaient Leurs trois fils, Virien, Valerian et Orvan, épousèrent
représentées les cinq grandes familles d’alors : les Sa respectivement et par ordre d’aînesse, une Aeswide,
Camara, les Antippa, les Aeswides, les Domitis et bien une Bellario et une Sa Camara pour assurer la paix
sûr les Donelo. Jusqu’à sa mort (en 612), le système urbaine. La mort suspecte de Virien Tricastin permit à
fonctionna bien sous son autorité, puis les familles son frère cadet , Valerian, de monter sur le trône en
s’entredéchirèrent. Hormis le court règne des Aeswi- 690. Les Bellario ont récupéré leur influence à partir
des soutenu par les Donelo puis les Antippa (612 à 617), de ce moment et tous les enfants du couple ont été
les Sa Camara ont dirigé le conseil. mariés avec des Bellario. Toutefois., les 4 familles ont eu
tendance à se liguer contre les Bellario, provoquant ré-
En 650 cependant, les armées Néantiques déferlèrent férendum sur référendum populaire pour contrer l’in-
sur le Centreterre, alors que Nostradia attaquait elle-

163
fluence grandissante de cette famille (cette procédure Les familles Nostradiennes
est enclenchée si 2 familles au moins le demandent).
La famille des Domitis est d’origine Maliendienne et
Après 780, les Domitis, tenu à l’écart du premier par- donc humaine. Elle s’est installée en 550, déjà riche et
tage du pouvoir, se sont vengés et ont renversé les Tri- puissante, à Nostradia. Les Domitis recensent environ
castin. Ils placé un bâtard de l’ancienne lignée sur le 25 000 partisans, dont 23 000 en ville. De nombreux
trône, ce qui a marginalisé les Donelo de Bellario. Les étrangers du Centreterre d’origine faërique préfèrent
Domitis-Tricastin ont gouverné en s’appuyant sur les leurs couleurs à ceux des autres familles. Leur nombre
Sa Camara, les Domitis et les Antippa. s’est encore accru depuis qu’ils sont parvenus à met-
tre sur le trône de la cité un des leurs. Leur puissance
vient du commerce du sel rouge, qu’ils contrôlent avec
Impôts, taxes et commerce les Aeswides. Les Domitis, dont le symbole est un grif-
fon vert, avaient depuis toujours ambitionné de jouer
L’entrée dans la ville est payant (3 mors zelden) pour un rôle politique important. On les a soupçonné à de
tout étranger. De plus, aucun négoce n’est possible nombreuses reprises d’avoir fait assassiner certains
dans la cité ou vers la Zelde sans reverser à l’une des membres des autres familles voire de cacher parmi ses
familles au moins 10% des bénéfices. La partisanerie partisans des guildes d’assassins dévoués. La politique
commence pour un marchand dès son entrée dans la des Domitis est entièrement dominée par leurs inté-
ville puisqu’il doit rechercher un parrain, c’est à dire rêts.
monnayer l’appui d’une famille (appui monnayé). La
famille assure notamment que ses protégés soient res- La famille des El-Donelo de Bellario était autrefois la
pectés et, en cas d’opposition avec les intérêts d’une plus puissante de Nostradia et, depuis la lignée des Do-
autre famille, s’engage à le défendre. mitis-Tricastin est écartée de la prise de décision. Ses
partisans déclarés sont environ 15 000 dont près de 12
La famille la plus puissante est celle des Domitis, car
elle a des liens très forts avec la dynastie régnante.
Néanmoins, les Donelo possèdent le monopole sur le
commerce avec la cuvette de la Zelde, ce qui leur assure
un profit considérable. En effet, ce sont les Donelo qui
possèdent toutes les charges administratives relatives
au gardiennage de la porte.

Les Sa Camara ont monnayé, en échange de l’abandon


de leurs droits sur la porte, le monopole sur le com-
merce relatif aux armes et aux minerais. Les Aeswides
contrôlent le commerce du textile, et de la soie en par-
ticulier, et partagent avec les Domitis le commerce sur
le sel rouge. Les Antippa d’Origné gardent la haute
main sur le commerce de denrées périssables.

Cette répartition du commerce, à laquelle vient se ra-


jouter la taxe Tricastine de 10%, fait qu’un même mar-
chand peut être amené à voir sa marge bénéficiaire
réduite comme peau de chagrin. Outre les 10% à son
parrain, il devra obligatoirement verser une commis-
sion à la famille ayant le monopole sur les produits
qu’il commerce, voire une taxe supplémentaire s’il veut
aller jusqu’à la Zelde.

La vente de sel rouge est libre à Nostradia et cela reste


l’une des principales sources de richesse de la cité.

164
000 dans la cité elle-même. Le symbole des Donelo est politique Nostradienne puisqu’il s’agissait à l’époque
une balance sur fond noir. Avant d’être puissante, c’est de puissants fermiers installés dans un petit bourg
une famille populaire à bien des égards car les périodes voisin (Origné). L’invasion des Sa Camara (573-598)
de gouvernement sous leur coupe ont été marquées par les contraint de céder une partie de leurs terres à ces
le développement du commerce et la paix. Les Donelo derniers. Polyctère, une fois débarrassé des Sa-Cama-
sont de plus assez proches du peuple, ce qui explique ra, les a dédommagé en leur octroyant une place au
Grand Conseil. Il s’agissait d’obtenir un nouvel appui
qu’ils n’aient jamais perdu du temps de leur splendeur au conseil, de provoquer une réconciliation et d’inté-
une consultation populaire qu’ils avaient eux-mêmes grer les terres conquises. Les Antippa en profitèrent
provoquée. pour agrandir leur domaine et restèrent une famille
très rurale : à peine 5 000 partisans en ville contre 26
Les Donelo entretiennent leur grandeur passé au tra- 000 en tout. Leur symbole est un olivier sur fond bleu.
vers du mécénat : ils organisent très souvent des jeux Les Antippa privilégient dans leur attitude au conseil
publics et investissent une partie de leur fortune dans la stabilité : ils sont donc traditionnellement alliés des
la rénovation des quartiers les plus insalubres. A l’ori- Donelo et ennemis des Sa Camara mais les récents
gine zelden, la famille des Donelo fut l’une des toutes évènements les ont poussé à se détacher de leur allié
premières à s’installer à Nostradia. Sa politique est gé- traditionnel. Entre 615 et 617, les Antippa avaient déjà
soutenu les Aeswides contre l’avis des Donelo car les
néralement prudente et pragmatique, voire pacifiste. Aeswides projettaient de diminuer les taxes foncières.
Les Antippa contrôlent tout le transit de denrées péris-
La famille des Sa Camara de Villalonga n’est pas moins sables importé par la Zelde ou à Nostradia.
ancienne et prestigieuse que celle des Donelo et fut
longtemps son adversaire historique. Le premier Sa A l’entrée de Nostradia, les marchands proposent aux
Camara était en poste comme gouverneur de la cité étrangers de s’affilier à un parrain, via l’achat de gants
avant l’indépendance. Les Sa Camara ont produit le de couleur différente : un gant noir symbolise une al-
plus grand nombre de grands hommes : généraux, stra- légeance aux Donelo, rouge aux Sa-Vinitta, jaune aux
tèges, héros. Populaires chez ceux qui revendiquent un Aeswides, vert aux Domitis et bleu aux Antippa. La fa-
statut plus important pour leur ville, les Sa Camara ne mille protège ses partisans et ses protégés et la mort
de l’un d’eux est toujours vengée. L’absence de gants
sont pas aimés par la population paysanne qui leur re- empêchera un marchand de commercer car il n’aura
proche leurs guerres à outrance. Le symbole des Sa Ca- pas l’appui d’une famille.
mara est un cercle blanc sur fond rouge. La famille tire
ses ressources de ses nombreuses terres à l’extérieur de Les partisans des différentes familles, c’est à dire ceux
Nostradia. Mécène, elle a surtout financé les plus beaux qui habitent la ville, ont généralement un pourpoint ou
monuments de la ville. Sa politique est généralement un chapeau de la couleur de leur famille. Les bras ar-
belliqueuse et conquérante. Depuis la guerre du Por- més des Donelo se caractérisent par les rapières qu’ils
tail, son influence est toutefois très réduite. Ses parti- portent au côté et ceux des Sa Camara par leur pique
sans sont toutefois très nombreux, environ 28 000. et leur plume blanche au chapeau. Les autres milices
n’ont pas d’arme traditionnelle.
La famille des Aeswides s’est installée depuis moins Détail des Quartiers
longtemps à Nostradia. Le premier aeswide était un es-
clave daï en fuite (un elfe nordique) qui trouva refuge Nostradia compte 100 000 habitants dont 80 000 en-
en 536 à Nostradia. Il se lança dans le commerce et fit viron dans la cité même. Par décret du gouverneur,
rapidement fortune. Aujourd’hui encore, les Aeswides chaque famille peut entretenir jusqu’à 5 000 hommes
sont la famille la plus riche de Nostradia, devant les Do- de milice mais en réalité, les effectifs ne dépassent pas
nelo. Ils contrôlent un tiers du commerce du sel rouge le millier pour chaque. La milice, habillée de blanc et
et leur palais – le palais mikalese – domine la ville. Les d’or, compte quant à elle près de 8 000 soldats.
Aeswides sont des sang-mêlés puisqu’ils n’ont pas hé-
sité à réaliser des mariages et des unions pour accroître Depuis son absorption par le Centreterre, la popu-
leur pouvoir néanmoins ils conservent les traits nordi- lation de Nostradia s’est modifiée avec l’immigration
ques du fondateur : blondeur des cheveux, grandeur de d’une population faërique (elfes, sylphes notamment)
taille. Ils ont perdu le « type elfe » en revanche au fil des qui représente 20% de la population et sur laquelle les
siècles. Le symbole des Aeswides est une double clef grandes familles n’ont pas de prise. Les faë comme on
entourée d’un serpent, sur fond doré. Leurs partisans les surnomme ont leurs propres guildes et certains re-
sont 16 000 dont 15 000 en ville-même. Avant tout com- fusent même de s’affilier à tel ou tel clan, réclamant
merçants, les Aeswides soutiennent les différentes fa- la fin des monopoles. Seule la famille des Domitis, et
milles au gré de leurs intérêts commerciaux. Leur seul dans une moindre mesure des Aeswide, parvient à cap-
rôle d’envergure a été de 612 à 617, lorsqu’ils ont pris ter une partie de cette population qui commerce beau-
le pouvoir, appuyés aux Donelo. coup au noir.
Les Antippa d’Origné sont entrés de force dans la vie L’étranger rentre à Nostradia par le Nord-Est. Il passe

165
sans un contrôle sur les tribunaux civils commerciaux
et pénaux de la ville. La charge des procureurs est ce-
pendant indépendante et beaucoup de Donelo sont
procureurs. La Porte de Commerce vers la Zelde, une
porte dimensionnelle qui permet de s’y téléporter, a
été ouverte dans cette partie de la ville. Une partie des
Donelo la protège jour et nuit.

Le Sud de la Ville est appelé « le Bas-Quartier ». Mal


famé, les voleurs et les assassins y sont relativement
nombreux. Les Domitis y ont leur villa, toujours bien
gardée par leurs partisans. Depuis l’installation de la
milice, les Domitis ne s’occupent plus de la police
mais pour ce secteur particulier gardent une certaine
autorité de fait. Les faë y sont concentrés également,
avec bon nombre de sylphes ou d’elfes de la Zelde.

L’Ouest est le domaine des Aeswides et de la Bourse


de Commerce, gérée par ces derniers.

La ville a subi une ré-évangélisation après la guerre et


est ornée de 4 temples :
• Le temple unicosmique d’Elth que les Donelo
ont financé.
• Le temple unicosmique de Kherk, bâti par les
Sa Camara.
• Le temple manischismique de Kul-Bazur, bâti
par les Domitis. C’est un rare exemple de temple abri-
tant officiellement une secte manichéenne hétérodoxe.

 En effet, Kul-Bazur est très populaire dans la cité.
devant le château, un édifice qui date de l’époque zel- • Le Sanctuaire de Mulveya, le dieu unique, une
denne. C’est là qu’a été ré-installé le gouverneur Zel- cathédrale où réside un vicaire.
den. Le Grand Conseil y tient ses sessions et une partie Jusqu’ici, le projet de fondation d’un temple de l’In-
est occupée par les quartiers de la milice (3 500 hom- nommé, Dieu protecteur du Centreterre, n’est toujours
mes) et les partisans douaniers (500 hommes, 100 par pas sorti des cartons. La place pour un édifice supposé
famille). Les douaniers surveillent que les marchands écraser de sa splendeur les autres édifices est difficile à
de gants n’incitent pas les étrangers à acheter telle ou trouver et le financement serait aussi problématique.
telle couleur et perçoivent la taxe d’entrée de 3 mors.
L’argent va alimenter le trésor public de la ville, géré Art, culture, langue et monnaie
par les Aeswides.
La culture zeldenne est très présente dans cette cité
Les maisons y sont basses et les sous-sols vastes. En qui a renoué très récemment avec ses origines. La vie
été, lorsque la chaleur est accablante, les caves frai- marchande de Nostradia n’est ralentie que quelques
ches et humides prouvent leur utilité. L’Université de jours par an : l’anniversaire du prince-gouverneur,
langue zeldenne s’y est installée. La prison de la ville l’anniversaire du roi (11ème jour de Lunerousse), la
se trouve également dans cette partie de la ville et est fête de Kul-Bazur (le Dieu le plus populaire) au mois
gérée par la milice depuis que les Donelo ont aban- des Tempestueux. Ces journées sont l’occasion pour
donnée cette tâche. les familles et leurs partisans de s’affronter pacifique-
ment lors de joutes et de tournois.
L’Est de la Ville est de construction plus récente et Les Nostradiens parlent un zelden presque plus pur
est richement orné. Les trois places qui se trouvent que celui des zelden. La monnaie officielle est le mor
en son centre contiennent à elles-seules deux arcs de Zelden.
triomphe et trois fontaines bâtis par les Sa Camara. Le
palais de Justice fait face à l’orgueilleuse villa de ces
derniers qui assurent de toute façon via leurs parti-

166
1.3.5. Le Royaume des monts korils Organisation politique, Défense, Justice,
Loi, Religion

Le Royaume des Monts Korrils fut fondé en 705. Le roi


Capitale : La Caverne des Dia- de Kyrelie, Kariol V, avait en effet rejoint le général aqui-
mants lonnien Moryarty de Vallon afin d’éradiquer les grands
Langue : Aquilonnien, Nordi- orcs de l’Est qui peuplaient les montagnes en croissant
céen. à l’Est d’Aquilon et au Nord de la Kyrelie. Le massacre
Dimensions maximales : 2 500 des grands orcs fut possible en recourrant à des mer-
km du Nord au Sud, 7 50 km cenaires korrigans, pour l’essentiel des Kobbolds. Ces
d’Est en Ouest derniers étaient en effet capables de s’enfoncer dans
Population : 750 000 korrigans les profondeurs des montagnes et affronter les derniè-
Armée : Pas d’armée officielle. res tribus orques sur leur territoire. En échange, les
Garde du Roi sous la Montagne mercenaires obtinrent du général et du Roi Kyrelien
: 2 500 hommes. l’autorisation de s’installer dans les montagnes conqui-
Villes principales : Shahardok (20 000 habitants) ses. Leurs familles les rejoinrent, puis bientôt des mil-
Dynastie Régnante : Roi sous la montagne liers de korrigans fuyant les persécutions en Aquilon
Religion : Happogaëddon, Kul-Bazur, Kherk ou en Kyrelie, puis la Seconde Guerre des Pénitents.
Symbole : une montagne frappée d’un œil. Pendant cette dernière, les clans korrigans adoptèrent
Calendrier : paléo-aquilonnien une politique défensive. Ils acceptèrent de venir en aide
à la Kyrelie mais l’Eglise du Second Prophète s’opposa
Géographie, climat, démographie à cette aide d’une race jugée impure (en raison du sang
des grands orcs).
Les Monts Korils sont un massif culminant à plusieurs
milliers de mètres de hauteur qui occupent le centre Le Royaume est dirigé par le Roi sous la Montagne, un
du continent de Terra Mater. Leur forme en croissant titre dont hérite l’un des chefs de clan à la mort du
leur permettent d’envelopper la province de Macheorc, titulaire. A la mort du précédent chef, tous les clans se
tout en butant au Nord sur les montagnes de la Confé- rencontrent dans la grande caverne des monts Korils,
dération naine, et au sud sur la Kyrelie. Les Monts Ko- ou caverne des diamants. Les chefs de clans sont pesés
rils séparent le Centreterre de l’Orient. et le plus gros devient le roi de tous les clans. Le Roi a
une autorité surtout diplomatique et judiciaire. En cas
Bénéficiant d’une situation méridienne, les Monts Ko- de guerre, les chefs de clans assurent la direction de
rils arrêtent les dépressions nuageuses qui passent sans leurs troupes. Le Roi réside dans une caverne qui était
s’arrêter sur les vastes plaines de l’Empire Daï. Les autrefois la salle au trésor des orcs. En effet, les parois
Monts sont perpétuellement balayées par des chutes sont recouvertes de minerais diamantés, donnant un
de neige. La vie dans les montagnes est difficile et les côté irréel au siège de la Royauté. Le Roi et sa famille
hameaux montagnards peu nombreux, essentiellement directe clan occupent le centre des monts Korils. Cha-
concentrés au pied des montagnes ou en basse altitude, que clan fournit au roi 50 de ses meilleurs guerriers.
à la différence des cités naines. Les monts n’abritent Ces guerriers occupent les cavernes adjacentes et for-
qu’une seule cité d’importance : Shahardok. Il s’agit ment l’armée du roi.
d’un hameau-douane où les clans korrigans viennent
négocier l’achat ou la vente de produits avec les mar- Il existe une cinquantaine de clans, pour l’essentiel des
chands. clans kobbolds mais toutes les ethnies sont représen-
tées (sauf les Pans). Les chefs sont parfois élus, parfois
L’essentiel de la population vit dans des cavernes peu choisis par succession héréditaire. Les chefs de clans
profondes et ont un mode de vie troglodyte. Chaque sont réunis périodiquement par le Roi sous la monta-
hameau (ou caïrn) se prolonge en effet par un réseau de gne pour les questions intéressant tout le peuple kor-
couloirs mais, à la différence des gnomes ou des nains, rigan.
les korrigans préfèrent la vie à l’extérieur (à l’exception
notable des kobbolds). La Justice est appliquée par le Roi sous la montagne,
et non par les chefs de clan, afin qu’elle soit unifiée
dans tout le royaume. Les lois korriganes appliquent le
principe du talion : œil pour œil, dent pour dent. Un
second principe est que l’exil est préféré à la mort, très
rarement utilisée. Une solution très couramment appli-
quée en cas de trouble est l’exil temporaire, qui dure

167
1 année. Il s’agit à la fois de calmer les esprits et de
forcer les korrigans à rester en contact avec le monde
extérieur. La loi des korrigans est très accueillante en-
vers les étrangers, un chef de clan devant assurer que
l’hospitalité de sa tribu est la plus parfaite qu’il soit.
Les caravanes korriganes font volontiers des détours
pour passer par les monts Korils, considérés comme
une terre d’accueil exemplaire. Shahardok double ou
quadruple de volume lorsque des caravanes s’y don-
nent rendez-vous pour passer le quart-temps du vent
d’acier.

Les cultes majoritaires dans les Monts Korils sont celui


d’Hapoggaëddon et celui de Juras Mater. En effet, le
Royaume a été évangélisé par Sint Kodarum en 750.

Commerce, Economie, monnaie

Les clans korrigans vivent de l’artisanat, du travail du


cuir, de la sculpture de petits objets (os notamment), et
aussi de leur connaissance des végétaux et des animaux.
Ils revendent également du lamefeu à l’état brut, qui
vaut en qualité celui récolté dans les montagnes naines.
Beaucoup d’étrangers se rendent également dans les
hameaux pour consulter des rebouteuses korriganes.
Ces dernières connaissent des remèdes médicinaux
particulièrement efficaces, d’autres héritent de dons
paranormaux qui les permettent d’être guérisseuses.

Les korrigans échangent beaucoup avec la Kyrelie et le


Haut-Ponant, mais également avec les daïs, même si ces
derniers les traitent comme des races inférieures. Tou-
tes les monnaies sont donc acceptées. L’économie du
royaume reste très archaïque, centrée autour de cultu-
res montagnardes et d’un mode de vie rural.

La Culture Korrigane

Le peuple des Monts Korrils apprécie la musique, la


danse et les chants. Tous les soirs, les clans se réunis-
sent autour de joyeux feux de camps pour de grands
rassemblements festifs. Les étrangers sont invités à ces
fêtes nocturnes, même si des tours peuvent leur être
joué à leurs dépens. Les korrigans n’ont pas la même
notion de nation ou de territoire comme les races qui
les entourent. Peuple voyageur dans l’âme, le peuple
korrigan aime pérégriner dans les montagnes, voire
même les quitter volontairement (parfois aussi sur dé-
cision d’exil du Roi) pour voir du pays. Aussi, les clans
ne gardent pas l’abord des montagnes comme une
frontière. En revanche, les étrangers persona non grata
disparaissent parfois mystérieusement et ne sont ja-
mais retrouvés.

168
1.4. Les Terrae Neanticae

1.4.1. Les Terres Libres Géographie, démographie, climat

De l’autre coté du mur d’Haelion, une construction de Les terres libres sont composées de vastes plaines dé-
3 000 km de long, haute de 7 mètres dans ses endroits sertiques à l’ouest, qui jouxtent le Mur d’Haelion, et qui
les plus hauts, partiellement de bois, partiellement de correspondent à l’ancienne marche d’Astence dévastée
pierre, se trouve un no man’s land appelé par par les pendant la Seconde Guerre des Pénitents. Au centre
puissances riveraines « les terres libres ». Plus loin à de ce désert, où pullulent néanmoins des hameaux de
l’Est encore, l’horizon est barré par les hautes monta- pionniers à la recherche de minerai, dont le sol est fer-
gnes qui marquent le territoire du Néant. Entre le mur tile, se trouve la cité détruit d’O-Kan, ancienne capitale
et le Néant, se trouvent plusieurs centaines de kilomè- d’Astence. O-Kan continue d’être habitée par des clans
tres revendiquées par … personne. Des fermiers, des et des bandes qui terrorisent les caravanes tentant de
nomades, des pionniers, des repris de justice ont tour traverser les terres libres, tout comme les chercheurs
à tour été convaincus, encouragés, forcés à aller s’ins- du désert. La cité est aux trois-quarts ravagée et les
taller là. Les terres libres sont devenues un dangereux créatures néantiques pullulent dans certains quartiers.
no man’s land, une jungle féodale, qui permet aux bas- Les sous-sols de la cité eux-mêmes renferment les tré-
ponantais de se protéger de l’incursion des créatures sors laissés là par les Ducs d’Astence, mais également
néantiques (nécrotaures, nécrognards, gorroks...). des créatures ou des clans pirates particulièrement
dangereux.

L’Est et le Nord des Terres libres sont occupés par des

169
plaines extrêmement fertiles, cultivées par des villages Elianor devint alors encore plus fanatique. Il ordonna
fortifiés indépendants. Chaque village a son territoire le retranchement et la cité sainte fut entourée de mu-
et une petite armée capable de faire pièce aux infiltra- railles puissantes. Elianor sombra dans la folie et se dé-
tions néantiques qui sont légions. Toute la zone est par clara l’incarnation d’Huracan sur terre. Pour lui, le peu-
ailleurs contaminée par l’infex. Au croisement des ter- ple des croyants devait se couper du reste du monde en
res désertiques et des plaines fertiles se trouve la Cité attendant que le cataclysme final survienne. Peu à peu
du Dieu fou, qui existait dans ce no man’s land avant la ville se marginalisa. Son entrée fut réservée aux vrais
l’arrivée des premiers colons. croyants. Elianor finit par mourir en 450. Son succes-
seur, un obscur prêtre dont le vrai nom reste inconnu,
La population des terres libres est très difficile à éva- déclara saint Elianor. La ville fut rebaptisée Elianora.
luer car les bannis y sont légions mais elle est estimée Le corps du fondateur fut momifié et on le vénéra à
à environ 1 million de personnes, dont 80 000 dans la l’égard d’un Dieu. De son vivant, le successeur d’Elia-
Cité du Dieu Fou. 75% de la population se concentre nor qui prit le nom de Stelianor, fut également honoré
près du Grand fleuve à l’Est, au pied des montagnes comme un Dieu. Les espions d’Aquilon révélèrent que
du Néant. l’ancienne religion était sans cesse réécrite. Aux Dieux
traditionnels, Stelianor substitua de nouveaux Dieux :
Le climat des terres libres est extrêmement favorable, Lui et Elianor. Le culte d’Elianor permit à son succes-
étant doux en hiver et sec et chaud en été. Les cultures seur d’étendre son influence. Il élimina ses rivaux et la
sont pour cela très avantagées. ville d’Elianora tomba sous le joug de la terreur. La pa-
ranoïa et la mégalomanie de Stelianor empirèrent. La
La cité du Dieu Fou ville fut rebaptisée Steliana. Stelianor tenta de lancer
une guerre sainte contre le Néant, qui fut une bouche-
Historique rie. On releva 15 000 morts jusqu’à ce que la mort de
Stelianor en 501 y mette un terme.

A la mort de Stelianor un conflit éclata entre Elia-


noriens et Stelianoriens. Les premiers, orthodoxes,
voulaient revenir au dogme originel : le peuple élu
attendait le cataclysme. Les seconds, autoprocla-
més « conservateurs », voulaient assurer le carac-
tère divin des prophètes. Les derniers gagnèrent
la controverse théologique et les 24 dieux dictateurs
Alors que la première guerre des Pénitents battait son qui se succédèrent sur le trône d’Elianor invoquèrent
plein au IVème siècle, on assista dans tout l’Empire à tous une parentèle avec les Dieux officiels pour entrer
une vague de mysticisme. Le culte de Veya fut l’un des au panthéon de la ville. A partir de 586, les souverains
aspects de ce retour du religieux, mais il y eut également se déclarèrent même, avatars de dieux dictateurs anté-
l’apparition d’une autre religion, dérivée de l’ancienne. rieurs, bouclant la boucle. Un culte est dévolu dans la
On la nomma « la Vraie Religion » et elle avait comme cité au panthéon qui va en s’élargissant. Les royaumes
fondateur un grand prêtre de l’ordre d’Huracan, une limitrophes prirent l’habitude de parler de la cité « du
divinité aujourd’hui disparue. Ce dernier affirmait que Dieu Fou ». En effet, nul ne sait ce qui peut se tramer
les Dieux lui étaient apparus et qu’ils lui avaient de- dans cette cité fermée, où la population est fanatisée :
mandé de protéger le peuple de croyants des assauts durant la guerre sainte, on vit des enfants de 5 ans char-
de la nouvelle religion. Ce grand prêtre, nommé Elia- ger des horlas à l’épée courte.
nor, était connu pour son dogmatisme et sa crainte de
l’hérésie. Lorsque Tsarän, la capitale impériale d’alors, Organisation administrative
tomba, il décréta qu’il fallait reconstruire la nouvelle
cité sainte. Il partit avec une poignée de disciples et La Cité du Dieu-Fou est fermée aux étrangers. Nul ne
fonda plus à lest une petite communauté qui vivota. sait comment elle fonctionne réellement, malgré les
nombreux espions. Le peu de renseignements connus
Lorsque la Guerre des Pénitents prit fin, le Néant revint ont été délivrés par des apôtres (voir plus loin) ayant
sur ses terres mais la géographie avait été bouleversée déserté cet enfer religieux. Les apôtres sont en effet
par le chatiment des dieux. Des cataclysmes, des inon- les seuls dans la cité à pouvoir en sortir. Leur mission
dations, des éruptions volcaniques avaient remodelé est d’évangéliser et d’attirer de nouveaux croyants. Les
les terres. Le Néant migra, et s’installa sur des terres apôtres, soumis à un conditionnement mental fort,
plus agréables, à 400km de la cité sainte d’Elianor et à refusent de parler d’autre chose que de leur mission.
1 000 km de la frontière aquilonnienne. Néanmoins, certains prenant compte au contact de

170
mal. Les apôtres ramènent chaque année près de 3
000 croyants. Effectifs : 300.

La quatrième caste est celle des inquisiteurs. Ils sont


chargés de traquer les hérétiques et de juger en fonc-
tion du dogme. Effectifs : 60.
La cinquième caste est celle des purificateurs. Ce
sont les bras du Dieu Fou. Ils arrêtent les hérétiques
et les font juger par les inquisiteurs. Parfois ils sont
lâchés aux trousses des fuyards. Les purificateurs ser-
vent enfin d’armée régulière. Fanatiques, leur art du
combat suit des prescriptions religieuses très strictes.
Effectifs : 2 000

La sixième caste est celle des prieurs, chargés d’en-


cadrer les prières publiques en l’honneur du Dieu.
Effectifs : 400.

La septième caste est celle des clercs. Ils occupent


toutes les fonctions administratives et assistent dans
leurs tâches les prieurs. Effectifs : 5 000.

La huitième caste est celle des croyants exemplaires.


Ce sont des habitants de la cité dont l’affection portée
au Dieu est exemplaire. Les avantages de cette caste
sont nombreux. Ils sont aux premiers rangs lors des
célébrations et des manifestations. Ils ont pour char-
ge de surveiller (et donc d’espionner) leurs concitoyens.
Certains ont le privilège de toucher le Dieu. Effectifs :
4 000.

La neuvième caste est celle des grands croyants. Leur


connaissance du dogme est bonne mais il leur man-

 que encore quelques efforts de sanctification pour
l’extérieur de la réalité du régime théologique choisis- monter dans la caste supérieure. Effectifs : 7 000.
sent de ne pas revenir. Ce choix est difficile car l’apô-
tre sait que sa famille et ses amis seront massacrés en La dixième caste est celle des croyants. Ce sont ceux
représailles et que la cité enverra à ses trousses des qui apprennent le dogme. Effectifs : 14 000.
purificateurs (voir plus loin).
La onzième caste est celle des pénitents, qui se morti-
La cité fonctionne par caste : fie dans les rues pour monter dans la caste supérieure
La caste des prêtres est celle qui connaît le dogme, des croyants et être habilité à étudier la vraie foi. Ef-
loi fondamentale de la cité proclamée par le Dieu de fectifs : 7 000.
la Cité. Ce dernier est recruté parmi eux. Le Dogme
au fil des siècles est devenu un entrelac de théories La douzième caste est celle des aveugles. Ils n’ont pas
extrêmement subtiles et peut prêter à des interpréta- encore compris toute la profondeur du Dogme. Pour
tions très variées. Effectifs : 15. les y aider, les prieurs et les clercs leur consacrent
deux fois plus de temps. Effectifs : 21 000.
Ensuite vient la caste des disciples. Suivant des prê-
tres auprès desquels ils étudient la religion, ils sont La treizième caste est celle des rejetés. Au bas de
considérés comme appartenant à l’élite de la cité et l’échelle, ces déchus ont atterri là pour rebellion ou
aident les prêtres dans leurs occupations. Efffectifs : pour incapacité notoire à s’adapter. En fait, bien sou-
50. vent une petite remarque légère sur le dogme peut
conduire un croyant à finir sa vie dans cette caste ,
Par ordre d’importance, la caste des apôtres est char- sujette aux travaux de force et menus services de la
gée d’évangéliserà l’extérieur. Ils suivent auparavant cité. Effectifs : 18 000.
un conditionnement strict destiné à les protéger du

171
Détail des quartiers
Le Dogme
La petite terrasse est appelée ainsi à tort (vu sa taille) car
elle se trouve juste derrière les murailles. Les Dieux fous Il est constitué de bulles dogmatique et du crédo, héri-
ont encouragé la natalité dans un premier temps puis tage du dogme originel d’Elianor.
l’ont restreinte devant les risques d’explosion démogra-
phique. La ville oscille en effet entre 70 000 et 80 000 Le crédo à lui seul occupe 12 plaques de marbre !
croyants, dont 85% concentrés sur cette terrasse. La mor-
talité infantile touche un enfant sur 2. La basse-terrasse
abrite les 24 temples construits en l’honneur des Dieux.
Les rejetés, les aveugles, les pénitents, les croyants et les Quelques extraits du Credo :
grands croyants s’y entassent. Il est à noter qu’aucun
sylphe n’est admis dans la cité car cette race est jugée « La personne du Dieu est sacrée (…) le croyant renonce
maligne par le Dogme depuis Elianor. Chaque année, à l’alcool, aux tentations du monde qui l’entoure, à la
des bûchers sont mis en place pour éliminer en grande luxure, à la futilité de l’argent et au pouvoir du temps
pompe les sylphes capturées. La petite terrasse est ar- (…) Il jure d’aider à détruire tout ce qui est mauvais et
pentée également par les prieurs et les purificateurs. Des de corriger les erreurs de ses frères. Il respecte sa femme
séances de mortification et des exécutions publiques y comme un frère pour une sœur (…) Il craint de s’habiller
ont lieu tous les jours. trop vivement pour ne pas se complaire dans l’élégance.
Il craint de s’habiller trop pauvrement pour ne pas of-
La terrasse élevée est l’endroit où résident les croyants fenser son dieu tutélaire (…) Il donne sa vie pour ses frè-
exemplaires, les clercs, les prieurs, les inquisiteurs et les res croyants car le Dogme a toujours raison. Ce qu’il fait
purificateurs. La journée cette terrasse est quasi-déser- aujourd’hui, les Dieux le lui rendront en atténuant leur
te car ses habitants vont purifier la terrasse en dessous châtiment (…)
ou s’instruire sur la terrasse au dessus. Le Palais de la
Sainte Vérité est le palais de justice où siègent les inqui- Il donne à sa cité de beaux enfants sains et solides (…) Il
siteurs. Le dogme y est gravé sur de gigantesques stèles ne parle pas d’autre sujet que la religion (…) Il ne ma-
de marbre. Les dieux-dictateurs viennent donner ici des nipule pas d’argent, ni de livres impurs (..) Il ne s’élève
consultations publiques une fois par semaine pour les pas contre son Dieu et contre ses supérieurs (…) Il obéit
habitants des 2 terrasses supérieures. et connaîtra sa joie dans le culte de son Dieu (..)

La terrasse abrite également l’école de guerre pour la Il travaillera chaque jour pour offrir à son Dieu de quoi
sainte vérité, où sont formés les apôtres et les purifica- nourrir son enveloppe corporelle. Il utilisera la violence
teurs. Tout membre de la cité doit venir le jour de ses 5 pour évangéliser ses frères et se réjouira du chatiment
ans pour 1 an au palais afin d’y recevoir une éducation infligé aux aveugles (…) Il ne prononcera pas le nom de
guerrière. Les plus aptes sont incorporés à la caste des son Dieu. Il exécutera les infidèles et les faibles ».
purificateurs.

Au sein des prieurs existe une guilde des archiveurs qui


s’est donné pour but de recenser tous les habitants de la
terre pour aider les Dieux lors du grand cataclysme. Les
apôtres notent les noms et prénoms, surnoms, généalo-
gie de tous ceux qu’ils rencontrent, ainsi que quelques A sa naissance, chaque croyant se voit affecter autori-
détails. Tout nouvel arrivant accomplit la même forma- tairement deux Dieux à chérir plus particulièrement.
lité. 60% de la population mondiale y est ainsi archivée. Le premier est le Dieu actuel, le second est le Dieu
correspondant à son année de naissance (actuelle-
La suprême terrasse n’est pas fermée à la population ment tous les 24ans).
mais est habitée par l’élite de l’élite : disciples, prêtres
et bien sûr le Dieu. Deux bâtiments se font face. Le plus
petit est appelé le temple des Mystères. C’est là que le Langue et monnaie
Dieu dicte le Dogme, à raison d’une révélation par se-
maine. Le Dieu prédit également l’avenir, soumis à des
visions mystiques.L’autre bâtiment, le temple de la Sain- La langue usitée est le zelden. Néanmoins, les apôtres
te et Sacrée Révélation Véritable est le lieu où le Dieu connaissent nécessairement 5 à 6 langues en moyenne et
dort et reçoit. Seuls les prêtres peuvent y pénétrer. A la il est donc toujours possible de trouver dans la cité deux
mort d’un Dieu, ce sont les prêtres qui en désignent un hommes parlant une autre langue que le zelden.
nouveau parmi eux ou la communauté des croyants.

172
1.4.2. Le Chancre néantique l’Eminence Ecarlate, le premier des souverains et ré-
gna rapidement sans partage. L’ancienne noblesse de-
Histoire vint princes et princesses du Néant. Sous son action,
les terres autrefois fertiles furent dévastées grâce à des
sorts de destruction massifs et le ciel se couvrit de nua-
ges noirs qui plus jamais ne se dissipèrent. L’Eminence
Ecarlate prit soin de créer des créatures nombreuses
qui lui seraient fidèles : noosts, combattants aveugles
aux yeux virevoltants et aux montures décharnées et
pourrissantes ; hadornics, petites créatures vicieuses et
faiblardes ; nécrotaures, minotaures zombies à la force
redoutable ; titans, montagnes barbares de muscles ain-
si nommés en l’honneur du dieu ; gorroks, créatures à
L’Empire du Néant fut crée en 204 après Mac Ier. En tête de phacochères et surtout les horlas. Ces créatures
cette lointaine époque, le premier Age d’or venait de d’ombre et de flamme sont aux armées de l’Empire ce
se terminer avec la mort de Mac XI, sans héritier. Les que les démons sont aux Enfers. L’Eminence écarlate
troubles qui agitèrent alors l’Empire, lointain ancêtre attira également à lui de nombreux elfes blancs qu’il
du Haut-Royaume conduisirent à une dispute entre fa- asservit : ce furent la naissance des elfes noirs, elfes à
milles. Trois nobles de l’époque firent scission, refusant la peau diaphane, enfermés dans les profondeurs des
la montée d’Elonik de Vensick sur le trône des tsars de montagnes néantiques.
l’Ouest.
En 290, l’Eminence Ecarlate disparut brutalement, vrai-
Les trois nobles n’étaient pas de poids face aux armées semblablement assassinée avec l’assentiment de Titan
du tsar qui se fit couronner en 205, cinq ans après la qui la trouvait encore trop humaine. Fut choisi alors
mort de Mac XI. Aussi, ils se tournèrent avec soula- un prince du Néant du même sang, particulièrement
gement vers un Dieu apparu une nuit de pleine lune maléfique. Ce dernier prit le titre d’Eminence Noire et
qui leur proposa la survie en échange de leurs âmes. parvint à ouvrir un portail sur la Géhenne depuis Terra
Ce dieu était Titan, fâché avec Huracan depuis près de Mater : ce fut l’invasion de la ville alors thélébéenne
2 siècles. Le Dieu obscur s’était volontairement exilé de Teufel (354). Etant parvenus à créer des hommes-
de l’Olympe après que le roi des Dieux lui ait intimé loups, l’Eminence Noire leur confia la garde de cette
l’ordre de faire enfermer son fils unique, Soledad, sur cité. Surtout, l’Eminence Noire parvint à créer à partir
un plan d’exil. Les buts de Titan étaient de profiter de d’une race en voie d’extinction, les lunarks, race paisi-
cette guerre anodine de succession pour développer ble et mystérieuse, des créatures se multipliant rapide-
son culte sur le continent de Terra Mater. Titan venait ment : les orcs, et leurs congénères plus faibles, les go-
de réussir partiellement son œuvre de destruction sur belins. La grande armée dont rêvait Titan depuis trois
Terra Negra et s’apprêtait à faire de même sur l’autre siècles était enfin possible.
continent.
Le Dieu mit près de deux siècles pour préparer son of-
Au travers des deux Empires, ce furent donc les dieux fensive. Etant parvenu à capturer les dieux de l’Olympe,
qui s’affrontaient, déjà échaudés par le précédent de il lança en 367 l’offensive du Néant sur l’Empire affaibli
Terra Negra. Huracan et ses séides protégèrent tout des Tsars. Hélas, le grand obscur avait oublié la déesse
particulièrement l’Empire des Tsars pendant que les Thétis qui, à l’aide de mortels, parvint à faire libérer
trois fiefs sécessionnistes fusionnaient pour former un les dieux. La guerre des pénitents dura dix années et
territoire unique. Hélas, la dynastie des Vensick était toute la noblesse de l’Empire fut fauchée dès se débuts
une dynastie frêle et fragile et les tsars n’étaient pas (Bataille du tombeau des princes, 371). Les armées res-
de taille à gérer le territoire énorme qui couvrait tout tantes parvinrent toutefois à triompher, grâce à l’aide
l’ouest du continent (l’est était à l’époque barré par une des Dieux. Huracan et ses séides, partis à la recherche
chaîne de montagnes infranchissables, les monts de de Titan, perforèrent dans leur colère les montagnes
brume). L’Empire du Néant put ainsi prospérer à l’om- de brume, ouvrant soudainement l’espace longtemps
bre du géant sans grande difficulté. Il occupait alors les barré de l’Est. L’Empire du Néant, très mobile, se retira
terres qui sont aujourd’hui désertiques, habitées par dans cette direction et s’installa cinq cents kilomètres
les dragons d’airain. plus à l’Est (377). Certaines de ses armées émigrèrent
et peuplèrent les îles de Chaosium et Pandémonia. Les
L’un des trois nobles, plus vil et intelligent que les armées avaient souffert des combats mais l’Empire
autres, Herblain de Saint-Gral, embrassa totalement n’était pas vaincu. En revanche Titan avait été très griè-
le culte de Titan et fut entièrement perverti. Il devint vement blessé lors de la libération des dieux et se terra

173
dans la Géhenne en attendant de recouvrer sa puis- rer grâce au pouvoir de la pierre de nuit qui étendait
sance. L’ancien Empire des Tsars, abattu, prit le titre l’obscurité progressivement sur Terra Mater, décimant
de Haut-Royaume d’Aquilon (380). Un nouvel âge d’or toute vie, avant qu’elle ne soit détruite en 749 par une
se fit jour. poignée de champions Divins. La Sombre Eminence,
porteur de la pierre, fut également défaite.
La Sombre Eminence succéda, pour des raisons incon-
nues, à l’Eminence Noire à la fin du sixième siècle (vers L’Empire du Néant, décapité et vaincu, n’a jamais pu
590). De nouvelles expériences magiques permirent de se relever car la terre qu’il occupait avait été irrémédia-
faire naître les redoutées faucheuses, créatures d’om- blement corrompue par le Néant lors du grand Théolo-
bre et de mort. Restant à l’écart du monde, recréant un causte. En effet, Titan projetait de faire émerger sur ces
espace stérile, attendant le retour de Titan, l’Empire se terres un portail gigantesque donnant sur la Gehenne.
fit discret. La guerre des Pénitents avait réveillé l’Uni- Même après sa mort, la terre a continué à se dissoudre
que et une nouvelle déesse, Veya, venait de faire son jusqu’à ce qu’un gouffre béant de Néant se forme au
apparition (premiers signes en 368). Titan ne refit son cœur des montagnes néantiques. L’Empire a explosé
apparition dans le monde des humains qu’au début de et n’est plus qu’une zone où vivent des créatures de la
600, lorsque conformément aux traditions ancestrales, Gehenne. Les rares créatures intelligentes qui autre-
la toison d’or fut l’objet d’un jeu entre les dieux, via fois servaient Titan se sont converties au Theochrone
les mortels. Le Néant échoua à acquérir la toison, rem- et se sont rapatriées dans les montagnes environnantes,
portée finalement par Saladin, le champion d’Huracan. dans des cités rivales. On appelle cet espace en constant
Toutefois, la Sombre Eminence se vengea en faisant as- élargissement le Chancre Néantique.
sassiner Saladin par un démon asservi, devant les murs
de Thalna. La Sombre Eminence s’allia avec l’Empe-
reur dragon pour se partager le Centreterre et Titan
donna son accord pour le plan de conquête du plan
qui lui fut présenté par la déesse Gorgon. Le Néant en-
vahit le sud du centreterre et annexa Nostradia. Toute-
fois, très rapidement, l’Empire comprit que les plans
de Gorgon – à savoir asservir le plan pour le rattacher
aux Enfers – n’étaient pas dans ses intérêts. Le Néant
oeuvra alors en 666 contre les armées de Gorgon et de
Tobogobun. Il y perdit la ville de Teufel, ravagée durant
la guerre du Portail (666).

Titan ressortit curieusement plus puissant de la guerre


du portail car il avait récupéré son fils, Soledad, tandis
que les dieux et les titans s’écharpaient. Ce que Titan
ignorait, c’est que le Dieu Unique s’était un peu plus
recréé lors de la guerre du portail. En effet, Veya, l’es-
prit du Dieu, avait fusionné avec Mul, le seigneur des
titans. Il ne manquait à l’unique que le dernier et troi-
sième élément : un être qui possèderait à la fois les ca-
ractéristiques des Dieux et des Titans, descendants de
l’Unique. Titan, même plus fort, devenait par là-même
le seul obstacle à la toute puissance de l’Unique puis-
que Soledad était le troisième élément (le neutre ab-
solu) nécessaire à ce dernier pour se compléter.

A la fin du cycle Cassandrien, l’Empire du Néant a une


nouvelle fois déclenché son offensive contre le monde
des mortels, ravageant notamment Astence et asservis-
sant les hommes grâce la Pierre de Nuit, le puissant
artefact qui avait déjà permis aux primates de détruire
les armées elfes sur Terra Negra. Cependant, l’erreur
de Titan fut de libérer Soledad pour en faire un tueur
de Dieux, car son propre fils l’assassina. Privé de son
Dieu tutélaire, l’Empire du Néant a continué à prospé-

174
Géographie et Population à-dire la passe du Nord. Du fait du manque de place, la
forteresse devenue cité s’est agrandie en creusant des
Le Chancre néantique est un espace clos par de hautes souterrains dans la montagne. Réputée imprenable,
montagnes, repaire des gorroks et des elfes noirs, per- elle compte 60 000 habitants mais est cernée par les
cées de quelques rares ouvertures : au sud, le drèd-gat créatures issues de la Gehenne. La végétation est toxi-
; à l’est, la passe du dernier retour ; au nord, le dez- que (mortionne notamment).
norgat. A l’exception de la passe, les voies d’accès sont
contrôlées par deux villes-forteresses juchées à plu- En tout, la population de l’Empire du Néant ou plutôt
sieurs centaines de mètres d’altitude et qui comman- de ce qu’il en reste n’est pas pléthorique. Moins de 300
dent le passage. La passe n’est pas gardée car beau- 000 créatures humanoïdes (elfes, hommes-loups, gor-
coup moins praticable et donnant de toute façon sur roks, noosts) sont parvenues à survivre dans un envi-
l’épaisse jungle thélébéenne. Les deux forteresses font ronnement extrêmement létal. Outre ces traces de ci-
également office de ville marchande et d’interface avec vilisation, les montagnes et même le gouffre grouillent
le reste du monde. On y trouve les créatures néantiques de créatures issues de la Gehenne mais ces dernières
les moins corrompues : gorroks, orcs, noosts, horlas. n’ont pas d’organisation politique.

Le centre de ce haut-plateau est désormais dévoré par


le Néant. Quelques rares blocs de terre y subsistent
et gravitent comment des îles au bord du gouffre qui
communique avec la Gehenne. Deux cités volantes ont
été construites magiquement pour survoler le « toît » de
la Gehenne. Elles portent le nom de Nauseam (30 000
habitants) et de Sherpès (50 000 habitants). Les deux
cités accueillent un nombre impressionnant de mages
et sont en très mauvais termes : elles s’affrontent dans
des guerres incessantes pour la domination des restes
de l’Empire.

L’extrême-Nord de l’Empire est secoué par une activité


volcanique intense. Le volcan de Titan domine de ses
7 000 mètres d’altitude le vide intersidéral de la Ge-
henne. Perpétuellement éveillé, ses laves en fusion se
jettent directement dans le gouffre. Il comporte près de
5 cratères différents.

Tout à fait au sud, occupant l’espace entre les monta-


gnes et le gouffre, on trouve les restes du grand désert
créé par l’Eminence Noire lorsque son armée s’installa
sur place. Le grand désert est caractérisé par une absen-
ce de vie totale puisque rien n’a survécu à l’explosion
magique. Les fumées noires qui s’élèvent du gouffre
recouvrent également cette zone. La Cité d’Orug-Ba-
tor (environ 150 000 habitants) se dresse au sud du dé-
sert, dans les montagnes. Elle a été bâtie après le grand
cataclysme et la défaite de l’Eminence Noire par des
rescapés fuyant le gouffre. Elle porte d’ailleurs le nom
d’une ancienne cité néantique. La nouvelle Orug-Bator
est bâtie à deux kilomètres de la passe du Drèd-Gat,
permettant de rejoindre l’extérieur des montagnes et
Faram. La forteresse qui autrefois gardait directement
le Drèd-Gat a quant à elle été rasée par les djinns en
749.

A l’ouest se trouve la quatrième cité rescapée, qui


autrefois était la citadelle gardant le Dez-Norgat, c’est-

175
L’organisation politique

La cour de l’Eminence au temps de l’Empire

Officiellement choisi et désigné par Titan, l’Eminence


règnait sans partage sur l’Empire du Néant. Son titre
officiel était Premier Disciple à croire, Empereur de
toutes les lumières et de toutes les ombres, fils de la
Lune. L’Empereur était toujours issu de la noblesse
corrompue descendant des trois familles sécessionnis-
tes : les comtes de Saint-Gral, de Gion et les ducs d’El-
ziboth. Les métissages, les croisements entre frères et
sœurs, la consanguinité et enfin l’influence corruptrice
du Néant avaient cependant totalement ravagé l’élite
de l’Empire.

L’Empereur ne faisait pas exception. L’Eminence écar-


late était ainsi appelée car elle laissait une traînée de
sang derrière sa cape lorsqu’elle circulait. Ceci était dû
à une maladie sanguine contractée au contact de Ti-
tan qui faisait transpirer son sang au pauvre Herblain,
comte de Saint-Gral, rendu méconnaissable après des dépendait à son tour de facteurs très nombreux comme
années de souffrance. L’Eminence noire, descendant le lignage, la puissance et les indications des dieux. Tout
du cousin germain du comte de Saint-Gral et fils d’un prince avait pour vocation à gravir les échelons de la
Elziboth ne pouvait quant-à-elle survivre au contact liste pour être au sommet au moment où la succession
du soleil qui lui brûlait la peau. Elle circulait ainsi re- pouvait ouvrir. Cette succession ne démarrait que si le
couvert d’une combinaison et d’une cape noire de jais Dieu était favorable au remplacement de l’Eminence et
protectrice. Lorsque la Sombre Eminence lui succéda, le faisait savoir aux prêtres. Devenait Eminence celui
la noblesse néantique s’était détachée de ses origines et qui était le plus élevé de la liste d’étiquette – et encore
les croisements avaient brouillé les lignées. La Sombre vivant – au moment où les prêtres patientaient dans le
Eminence appartenait au célèbre clan nobiliaire des grand temple de Titan pour ceindre le successeur des
Graloth (voir plus loin). Son surnom ne reflètait pas attributs Néantiques (la couronne de lune et le sceptre
son handicap. Vêtue d’un masque et d’un gigantesque de la Géhenne). Evidemment, ces périodes de succes-
costume d’apparat noir qu’elle ne quittait jamais, l’Emi- sion étaient précédées par des épurations massives et
nence cachait des difformités physiques effroyables de des assassinats en série.
naissance. Les extrémités de ses membres se terminent
en moignons menaçants et son corps est ridiculement En ordre protocolaire venait le dauphin des ombres,
petit, particulièrement ridé et taché de vert et de brun. maréchal des armées. Cette position enviée, puisque
L’influence corruptrice du Néant était masquée aux direct successeur de l’Eminence, était particulièrement
yeux de ses courtisans grâce à la magie : l’Eminence dangereuse à tenir sur le moyen terme car le système
lévitait plus qu’elle ne marchait et utilisait la psycho- avait pour logique l’élimination de son supérieur pour
mancie pour se saisir des objets dont elle avait besoin. progresser. Le n°1 devait donc se méfier de tout le mon-
de. Le numéro 2 de la liste d’étiquette avait pour titre :
Au sommet de la hiérarchie de l’Empire, l’Eminence prince du Néant, maître des cultes du Néant. La position
avait dans ses mains tous les pouvoirs. Elle dirigeait de N°2 sur la liste était une position au taux de morta-
l’Eglise mortelle de Titan et commandait donc à tous lité très élevé car c’était le maître des cultes qui était le
les prêtres de l’ordre. A ce pouvoir spirituel s’ajoutait premier averti si le Dieu voulait qu’une succession ou
un pouvoir militaire et enfin celui de roi des terres un changement ait lieu dans la liste. Pour le faire taire
conquises (administration et législation). La succession ou parce que son ingéniosité effraie le n°1, le n°2 était
à la tête de l’Empire était une affaire qui occupait gran- régulièrement assassiné. Le numéro 3 de la liste d’éti-
dement la noblesse, même si l’occasion ne se présentait quette avait pour titre : prince du Néant, commandeur-
que tous les 200 ou 300 ans. Toute la noblesse néan- gouverneur de Titanz. Puis venait le N°4, commandeur
tique – les princes – était inscrite sur une liste d’éti- de Dèz-Norgat. Cette position était plus enviable car le
quette qui donnait l’ordre de succession au trône. Cet prince détenteur n’était pas à la cour mais au Nord de
ordre de succession dépendait de la qualité du prince l’Empire. En revanche, il était isolé donc peu au fait des
du Néant, à savoir sa charge impériale. Cette dernière évolutions courtisanes. Les numéros 4,5,6,7, et 8 de la
liste d’étiquette étaient respectivement le commandeur

176
de Drèd-Gat, le gouverneur de la Faille (ville disparue), La chute de l’Empire
le gouverneur d’Orug-Bator (l’ancienne cité, également
détruite), le gouverneur d’Ist-Gat (ville disparue) et le L’Empire, décapité, a cessé d’exister mais la politique
gouverneur de Kswarnagh (idem). Le numéro 9 de la brutale et sournoise des princes a prospéré sur les dé-
liste d’étiquette était le commandant de la garde per- pouilles impériales. Contrairement à Titan, dieu inter-
sonnelle de l’Empereur. Cette position était considérée ventionniste, le Theochrone n’avait pas désigné de suc-
comme l’une des meilleures au sein de la liste. En effet, cesseur. Sitôt la mort de la Sombre Eminence connue,
l’Eminence Noire occupait cette position et l’avait uti- c’est donc un véritable bain de sang qui a ravagé la no-
lisée pour faire exécuter tous ses rivaux la veille de son blesse impériale. Son terme n’est venu que quelques
couronnement. Le numéro 10 de la liste d’étiquette mois après lorsque le territoire de l’Empire a été aspiré
était gouverneur de Teufel. Il s’agissait d’un titre ho- dans la Gehenne, entraînant avec lui les principales ci-
norifique, Teufel ayant été rasée. Les numéros 11, 12 tés de l’Empire. Les quatre principales familles prin-
et 13 de la liste d’étiquette étaient respectivement les cières se sont elles regroupées pour continuer la lutte.
gouverneurs de Pandémonia, de Chaosium et l’ambas-
sadeur de l’Empire à Vertigone. L’ambassadeur à Kilk- Les Graloth sont parvenus à enchanter magique-
ieran était N°14 sur liste protocolaire. Venaient ensuite ment une forteresse volante bâtie sur les ruines de la
les rares autres ambassadeurs. Les numéros 17 à 25 sur Faille et l’ont appelé Nauseam. Menés par le gouver-
liste protocolaire étaient réservés aux 8 généraux des neur Graloth de cette cité, ils ont reconstitué sur ce
armées du Néant, l’ordre entre eux étant dicté par l’an- palais flottant leur clan. Les Graloth sont une famille
tériorité. A partir du numéro 26 jusqu’au numéro 40 se ancienne. La Sombre Eminence était patriarche de ce
trouvaient les grands prêtres de le Titan. La liste com- clan lorsqu’elle parvint à ceindre la couronne de lune.
prenait 100 charges ou titres honorifiques mais seuls Anatomiquement, les Graloth sont tous humains, des-
les 10 premiers comptaient dans l’esprit de la noblesse cendants de nombreux mariages des Saint-Gral avec
néantique. On ne pouvait progresser dans la liste que les Elziboth. Les Graloth sont historiquement ceux qui
de façon très lente, principalement par nomination par se sont le plus investis dans la sorcellerie d’où la pré-
l’Eminence lorsque que le poste devenait vacant. Les sence dans leurs rangs de nombreux mages mais égale-
manigances et les ruses débutaient en réalité dès les ment un lourd tribut physique : la plupart des graloth
premières charges, puisqu’il s’agissait souvent de ga- sont rongés en effet par l’ombre et le Néant. D’autres
gner quelques places. Un prince en position 50 n’avait présentent des mutations diverses et des insuffisances
aucun intérêt à comploter contre le n°2 : même s’il par- physiques (pertes de membres, de motricité, …). C’est
venait à le faire évincer, ce serait le numéro 3 qui auto- cet investissement dans les arcanes magiques qui leur
matiquement deviendrait n°2. Autant s’attaquer donc ont permis aussi de survivre dans l’immensité du gouf-
au n°49… fre Néantique. La cité de Nauseam, protégée par des
necrognards, est dirigée par un collège de princes-sor-
Parfois, l’Empereur pouvait récompenser un prince ciers.
particulièrement retors en lui faisant gagner plusieurs
places mais cela signifiait généralement son arrêt de Les Gionoth ont de tout temps été les rivaux histori-
mort car ses pairs le reconnaissaient comme dange- ques des Graloth, fruit des mariages Gion/Elziboth (et
reux. donc tous humains). A la différence des Graloth, les
Gionoth ont surtout investis le domaine religieux d’où
un contact particulièrement douloureux avec le Grand
Obscur. Beaucoup des membres de ce clan sont ainsi
fous ou à moitié-déments. Les Gionoth, lors de la re-
montée de la Gehenne, se sont regroupés en la cité de
Kswarnagh, dont le gouverneur était pourtant un Gra-
loth. Les Gionoth ont commencé par massacrer tous
les Graloth puis ont découvert les recherches magiques
entreprises pour faire voler la cité. Les ayant reprises
à leur compte, les Gionoth ont réussi à faire voler la
cité qu’ils ont rebaptisé Sherpès. Sherpès est dirigée
par des princes-prêtres. Les deux cités volantes sont
évidemment perpétuellement en guerre, s’affrontant
avec leurs dragons néantiques respectifs. Gionoth et
Graloth se rejettent mutuellement dessus un certain
nombre d’affaires remontant parfois à plusieurs cen-
taines d’années. La prise de Kswarnagh n’a pas arrangé

177
les affaires. Les quatre cités qui sont rescapées de l’Empire sont
chacune dominées par une famille princière qui aspire
Les Argiogra ont quasiment été anéantis lors de la à recréer l’ancien Empire. Néanmoins, la haine meur-
guerre civile ayant suivi la mort de la Sombre eminen- trière entre les Gionoth et les Graloth et l’éloignement
ce. En effet, les Argiogra avaient une réputation d’être soigneusement entretenu par les deux autres familles
d’excellents empoisonneurs et sorciers mais également (sorties affaiblies du conflit) rendent tout espoir d’uni-
avaient investi massivement les postes militaires de fication improbable. Les seuls liens que les cités en-
l’Empire. L’armée néantique venue renforcer la for- tretiennent entre elles sont ceux de la religion, ainsi
teresse de Drèd-Gat, assaillie par une armée djinne que les ambassades, mais la méfiance règne. La cou-
juste après la destruction du dôme de ténèbres, était ronne de lune et le sceptre de la Géhenne, symboles
donc dirigée par 2 généraux argiogra et le gouverneur de l’autorité impériale, ont disparu peu après la mort
de la forteresse était lui aussi Argiogra. La victoire to- de la Sombre Eminence. Les Gionoth, dont l’un d’eux
tale des djinns décapita le clan de ses éléments les plus occupait le poste de maître des cultes, auraient dit-on
brillants. Descendant des métissages Gion/Saint Gral, gardé le sceptre. La couronne serait dans les mains des
les Agiogra ont également incorporé du sang elfe en Argiogra.
se mésalliant avec les elfes noirs. Par conséquent, ils
présentent des traits elfiques plus ou moins affirmés
et un teint très pâle. Les Argiogra ont toujours affirmé Religion
que l’Eminence Ecarlate et l’Eminence Noire étaient
de leurs patriarches, chose impossible à prouver comp- La religion néantique occupait une position à part dans
te tenu de l’intrication des lignages. Les Argiogra ont l’organisation impériale. Le grand prêtre occupait tout
tendance à présenter des pathologies mentales du type d’abord un rang protocolaire très élevé (n°2). A la dif-
schizophrénie, paranoïa, dépression, folie meutrière. férence de ses confrères étrangers, il avait une autorité
Le plus célèbre des Argiogra est Néophim Argiogra et une aura particulière car le Dieu (auparavant Titan)
(480 – 578) qui sut rester premier sur la liste d’étiquette lui parlait directement afin de convoquer l’Eminence
pendant 5 années et qui échappa à 245 tentatives d’as- ou bien annoncer que l’Empereur était déchu. Cette
sassinats avant de tomber en disgrâce pour avoir com- occasion n’était intervenue que trois fois cependant.
ploté contre l’Eminence Noire. Certains Argiogra sont
réputés pour avoir testé des mutations génétiques ou Après la chute de l’Empire, le clergé a été lui-aussi dé-
des croisements contre-nature sur certaines branches capité car les princes qui occupaient des hautes-fonc-
de la famille. tions religieuses ont été parmi les premières victimes
Après leur quasi anhiliation, les Argiogra se sont re- de la guerre civile. Le bas-clergé quant à lui s’est réfu-
pliés dans les montagnes, en la forteresse de Dez-Nor- gié dans les cités encore debout. Aujourd’hui, il consti-
gat, qui était tenue par un gouverneur de ce clan. Ils tue le seul instrument d’union entre les 4 cités. Cha-
n’ont guère participé à la guerre civile alimentée par que clergé élit son propre grand prêtre qui est reconnu
les Gionoth et les Graloth. La cité est dirigée par un dans les autres cités. A Sherpès, les grands prêtres di-
prince. rigent même la cité.

Le clan nobiliaire des Kremere regroupait à l’origine Le clergé de Theochrone s’occupe au sein des forte-
les rares elfes noirs élevés au rang nobiliaire. Les Kre- resses et des villes de l’enseignement de la sorcellerie,
mere ne pratiquaient plus les mariages mixtes et ont de la lecture des augures, et enfin des cérémonies gi-
donc gardé des traits elfiques. S’ils ne présentent pas gantesques en l’honneur du Grand Obscur. Les céré-
de folie mentale flagrante ou de mutations liées au monies ont lieu à chaque lever de la lune, symbole de
Néant, les Kremere sont en revanche tous réputés pour l’Empire.
leur caractère vicieux et cruel et leur penchant pour
des plaisirs peu ordinaires. Outre les 4 églises de Nauseam, Dez-Norgat, Orug-Ba-
Au moment de la guerre civile, c’est un Kremere qui tor et Sherpès, d’autres églises locales sont reconnues
était gouverneur d’Orug-Bator. Au moment de la dispa- par le conseil des quatre grands prêtres qui se réunit
rition de l’Empire, il a fait évacuer une partie de la ville une fois par an dans une ville différente : Pandemonia,
et s’est replié dans les montagnes non loin. Par la suite, Chaosium, Mortelune (Bas-Royaumes) sont des clergés
la nouvelle cité d’Orug-Bator est devenue le point de reconnus. Ensuite dans les pays où la religion du Néant
ralliement d’un clan par ailleurs durablement éprouvé est interdite, les grands prêtres du Néant se cachent et
par les massacres de la guerre civile. La cité est toujours développent dans l’ombre leur église. En tout, l’Eglise
dirigée par le descendant du gouverneur originel. de Theochrone compte 14 branches. Au sein du clergé,
l’étiquette dépend de la séniorité et de la capacité à
manier la sorcellerie. Le Ponant compte trois grands

178
prêtres secrets, un pour chaque royaume.

Langue et monnaie

La langue officielle de l’Empire est le néantique.


Cette langue a une influence très grande, qasi-reli-
gieuse, car elle fut enseignée par Titan aux premiers
prêtres. Langue religieuse, elle a ensuite été abâtar-
die par la plèbe qui peuple les villes du Néant. On
compte donc un Haut-Néantique et un Bas-Néanti-
que. Ce que peu de gens savent c’est que cette lan-
gue magique relie les utilisateurs au Grand Obscur.
Tout ce qui est dit en Néantique est immédiatement
connu du Theochrone. La langue est également un
moyen pour le Dieu d’emprisonner l’âme de ses
séides. Le Haut-Néantique, beaucoup plus pur, est
donc très dangereux : les prêtres sont pour cette
raison les plus pervertis.
La monnaie instaurée par les trois nobles fut la pis-
tole. Elle est devenue la pistole néantique avec la
naissance de l’Empire. La pistole n’est pas échan-
gée avec l’extérieur mais en termes de pouvoir
d’achat, une pistole vaut 5 écus or environ. Il existe
une pistole royale qui vaut 50 pistoles normales.

179
1.5. Les Royaumes du Sud

1.5.1. Les principautés archidémoniques qui s’étaient abattus sur la terre (notamment toutes
sortes de maladies…). Les démons conquirent ainsi la
Histoire province de la corne ainsi que l’île entre cette province
et la ville d’Herial, puis déferlèrent sur Aquilon. La
En 666, six portails donnant sur les Enfers s’ouvrirent. défaite de Tobogobun sur le mont des Prophètes lors
Le portail majeur, par lequel arrivèrent le mage Tobogo- de la bataille de la Faille stoppa net cette avancée. Les
bun et l’essentiel des démons s’ouvrit sur Atlante. Les trois archidémons à la tête des troupes décidèrent de
cinq autres s’ouvrirent dans la ville de Thalna ; dans se replier en bon ordre mais le portail sur les Enfers
les montagnes des grands orcs de l’Est ; entre Theleb et fut fermé après que Gorgon, leur déesse, fut tuée par la
Faram ; en la cité d’Halbur (Nord de l’Empire Daï) ; et Titane Fortuna.
enfin au Royaume des Elfes Noirs qui s’étendait alors
au sud d’Aquilon. Les démons qui investirent la terre Khordahar, Chorgal et Norsir, les trois archidémons, dé-
connurent des destins contrastés. cidèrent alors de s’installer sur les anciennes terres el-
fes noires et les terres conquises (la Corne, et l’île d’Um
Ceux apparus dans les profondeurs des montagnes du rebaptisée île de la bête). Les aquilonniens, trop affaiblis
royaume elfe noir parvinrent à s’allier avec les elfes par le conflit, renoncèrent à une guerre d’extermina-
noirs avec succès. Toute une partie de l’armée d’Aqui- tion qui les aurait grandement mis en difficulté.
lon fut balayée, puis finalement décimée par les fléaux
Naturellement, chaque archidémon fonda un royaume

180
qui prit son nom. Kordahar, le plus agressif des trois puis le rapprochement avec les Enfers). Evidemment la
archidémons, et dont l’armée se trouvait en poste avan- nature vicieuse des démons les conduit à profiter de la
cée, prit son territoire sur les anciennes terres aquilon- moindre défaillance dans la conduite du pacte pour dé-
niennes. Les peuplades du désert qui vivaient là furent vorer le malheureux mortel, une fois que celui-ci leur
intégralement dévorées par la petite armée de démons a permis de grossir suffisamment. Pour les démons, les
(environ 6000 créatures) qui se trouvait là. Kordahar pactus demonicus furent une idée géniale : les démons,
prit le titre de prince de la corne et installa sa capitale autrefois en quarantaine, purent voyager cachés dans tout
dans une montagne en forme de dent qu’il rebaptisa Terra Mater et les archidémons réduisirent le nombre de
modestement de son nom. Les villes déjà existantes re- démons dans les principautés tout en réglant en grande
çurent de nouvelles appellations (Tyrode et Danil). Les partie le problème de l’approvisionnement (l’argent ga-
démons ayant gardé quelques esclaves, ils les forcèrent gné avec les universités étant immédiatement réutilisé
à se reproduire pour que ces derniers cultivent le sol dans l’achat d’esclaves). Pour les petits démons, signer
fertile de la Corne afin de les nourrir. un pactus demonicus est une bonne occasion d’échap-
per à leurs congénères plus puissants avec l’espoir de
Norsir, le plus puissant des démons, se garda de repro- revenir un jour « au pays » suffisamment gros pour les
duire l’erreur des troupes de Kordahar. Il se proclama dissuader d’avoir envie de les chasser. La loi de la jun-
Roi de Norssurie mais garda en vie les elfes noirs, sans gle règne en effet parmi les démons, les plus gros se
les réduire en esclavage. Craint par ses deux compè- nourrissant des plus faibles en cas de disette. L’archi-
res, Norsir se tailla la part du lion avec l’ancien terri- duc de Vertigone règne sur Vertigone au nom des trois
toire des elfes ainsi que l’île de la Bête. Dar-Shiva, sa souverains, même si théoriquement l’île appartient au
capitale, n’était autre que l’ancienne capitale des elfes roi Norsir (elle a obtenu une indépendance de fait en
noirs. Un partenariat constructif se mit en place. Les 690).
elfes noirs eurent en charge le commerce avec le reste
du monde à partir du port de Nor-Lea.
Géographie et population
Chorgal, le moins puissant des trois archidémons hé-
rita du sud désertique et des forêts cypriennes. Il fit Le recensement de la population à l’intérieur des prin-
déboiser son territoire coincé entre la Norssurie et la cipautés archidémones est évidemment ardu car seu-
Kordaharie et fonda sa capitale, Thrinas Chorgal dont les les estimations à partir des recensements effectués
il se proclama prince. Sa survie, sans esclaves et sans avant la guerre du portail sont possibles. De plus, la
grandes richesses, fut possible grâce à l’inimitié entre population démoniaque est pratiquement un mystère
ses deux rivaux. Kordahar est agressif mais craint Nor- compte tenu de la prolifération des pactus demonicus
sir. Norsir protège Chorgal et n’a aucune raison d’éten- (et donc du départ de nombreux petits démons vers les
dre son territoire. autres royaumes de Terra Mater) et de l’incertitude sur
les taux de mortalité et de natalité parmi les démons. Il
Sur l’île de la Bête, le roi Norsir a fait bâtir en 675 la est à noter que si les démons ne se reproduisent que
ville de Vertigone où le prince Kordahar et le prince très peu entre eux, ils n’hésitent pas à assouvir leurs
Chorgal maintiennent des ambassades. Les trois archi- besoins sur des humains. Les créatures nées de ces
démons ont trouvé un moyen de gagner des âmes (dont hideux croisements sont appelées semi-démons. De
se nourrissent les démons pour grossir en puissance, forme humaine, ils affichent en revanche des caracté-
la nourriture traditionnelle ne les sustentant que mo- ristiques infernales comme une forte odeur de soufre
dérément) sans avoir à faire la guerre, en créant des autour d’eux, une force herculéenne, parfois la présen-
écoles de magie démoniaque qui proposent aux mor- ce d’ailes ou de cornes. Aujourd’hui, les demi-démons
tels d’apprendre le maniement de la kabbale. En effet sont bien plus nombreux que les démons. Ces derniers
les 6 portails quoique fermés ont rapproché les plans les utilisent pour l’exploitation des esclaves.
mortels des Enfers et la magie des enfers est devenue la
plus forte parmi les formes chaotiques de la magie, au La population de la Kordaharie peut être estimée à 1,4
point de les supplanter toutes (à l’exception de la psy- millions d’individus maximum dont 400 000 semi-dé-
chomagie, qui a émergée comme la seule forme de ma- mons, 200 000 démons et 800 000 esclaves. Près de 20
gie chaotique non-affectée de la guerre du Portail). A la 000 démons ont signé des pactus demonicus comme
base de cet art magique, né des influences chaotiques, l’attestent les archives de Vertigone.
se trouve le pacte démonique ou pactus demonicus.
Ce pacte signé avec un démon permet de fusionner ce La Kordaharie a gardé la géographie de l’ancienne pro-
dernier avec le mortel. Le mortel nourrit son démon vince de la Corne intacte : le nord est caractérisé par de
avec les âmes de ses victimes et le démon lui fournit vastes étendues fertiles. Les démons et leurs esclaves
un accès aux arcanes diaboliques (pouvoir permis de- s’y concentrent. Le sud est occupé par un désert in-

181
hospitalier peu peuplé, à l’exception de Daril, port de jour au nord, à proximité de Port-Noir.
la mer interdite par lequel transitent les marchandises
à destination des autres principautés qui sont livrés à L’île de Vertigone accueille les démons prêts pour l’exil
Tyrode. En effet, les bateaux étrangers ne peuvent pas (150 000 en théorie comme vu précédemment, dont
naviguer dans la mer interdite et les détroits de Tyrode environ une dizaine de milliers qui patientent sur l’île
sont d’ailleurs parsemés de récifs et de courants traî- même) et presque autant de mortels désireux de fu-
tres donc difficilement navigables. De toute façon, ici sionner. Le turn-over est important mais on peut es-
comme ailleurs, l’eau est infestée de monstres et de timer sans se tromper que 200 000 mortels et démons
maladies. confondus vivent en permanence sur l’île, principale-
ment à Vertigone, pour signer des pactes. A ceci, il faut
La Norssurie, qui a conservé son peuplement d’origine, ajouter les elfes noirs (cornus ou non) chargés de la
est beaucoup plus peuplée avec 2,8 millions habitants police de la cité, le personnel des ambassades démo-
dont près de 2,1 millions d’elfes noirs et 400 000 dé- nes (des semi-démons) et d’autres légations étrangères
mons (dont 80 000 signataires). Les demi-démons (croi- (Aquilon et l’Empire du Néant notamment), et toute
sés avec des elfes noirs) portent le nom de « cornus une foule de commerçants, de parasites et de voyageurs
» et sont redoutés par les elfes noirs eux-mêmes tant attirés par la renommée de l’île. Le total dépasse ainsi
leur cruauté est sans limite. Ils sont environ 300 000. 300 000 habitants. Vertigone est perchée en anneau sur
Vaste, allongée dans le sens est/ouest, la Norssurie est le cratère d’un volcan mal éteint d’où s’échappe de
peuplée de jungles et barrée au Nord par une chaîne de lourdes volutes de fumée. La résidence de l’archiduc
montagnes. Les démons de Norssurie vivent essentiel- est bâtie sur un pic au milieu du volcan. La tempéra-
lement à Dar-Shiva (à la différence de la Kordaharie, ture approche les 40° à l’ombre en ville et près de 65°
mieux démographiquement répartie) où les seuls elfes sur le pic.
noirs autorisés à y vivre – on les surnomme les albanis
– ont pour destin d’être esclaves des démons et de finir La Chorgalie est évidemment la moins riche en peuple-
dévorés (ce sont généralement des elfes noirs condam- ment, du fait de sa situation géographique et de l’exode
nés par leurs pairs). La ville de Nor-Lea sert de port de démoniaque qui a logiquement suivi la lutte pour la
transit et est faiblement peuplée (140 000 âmes). Les survie. Seuls 300 000 démons et presque autant d’es-
elfes noirs se concentrent sous les montagnes du Nord. claves vivent en Chorgalie-même.
Il faudra attendre 770 pour qu’un nouveau port voit le

182
A ces démons sédentaires, il faut ajouter encore envi- Il se fixe pour début l’Exil hors des enfers (666). L’an-
ron 50 000 démons qui ont signé des pactus demoni- née compte 216 jours. Le système, artificiel pour un dé-
cus et près de 100 000 semi-démons. La géographie se mon, a été emprunté aux humains.
partage entre le désert à l’ouest et des plaines autrefois
boisées à l’est. Keppalar, le port de transit, est la ville Langue et monnaie
la plus agréable et donc la plus peuplée (100 000 ha-
bitants). Thrinas Chorgal n’est pas plus grosse qu’une La langue usitée par les démons et leurs séides est
forteresse. Le port d’avenir est Zrantax, au Sud, qui évidemment le démonique. Néanmoins, en quelques
vise à concurrencer Tyrode. siècles s’est développé une langue particulièrement
vicieuse : le grotesque. Cousin du démonique, le gro-
Organisation politique tesque est étrange à entendre et paraît une langue folle
(d’où son nom) pour ses locuteurs. Néanmoins, le gro-
Les démons ne connaissent que la loi du plus fort et, tesque est un langage magique : à part les deux inter-
dès lors, les trois principautés ont en commun une ab- locuteurs, toute personne qui écoutera la conversation
sence totale de lois et une anarchie encore plus grande entendra tout autre chose que ce qui était effective-
qu’en Theleb. Chaque archidémon fait régner sa loi à ment dit. Une personne qui ne connaît pas le grotesque
partir de sa capitale, aidé en cela par de nombreux dé- aura l’impression au bout de quelques secondes de re-
mons zélés qu’il protège en contre-partie. En Chorgalie connaître une langue qu’elle connaît et de comprendre
et en Kordaharie, les esclaves souffrent en silence sous l’échange. Une personne qui sait parler le grotesque
le joug des êtres démoniaques qui passent leur temps reconnaîtra la langue ... et entendra également des fa-
à chasser, se livrer des combats pour des broutilles ou riboles. Bien évidemment, du fait de sa nature maligne,
à les persécuter. En Norssurie, les elfes noirs sont re- aucune réunion ne peut se tenir dans cet idiome.
lativement séparés des démons et ont donc gardé un
semblant d’organisation structurée. En revanche, leurs La monnaie fut en revanche beaucoup plus probléma-
maîtres leur interdisent de procréer plus de 2 enfants tique, chaque prince battant sa propre devise de ma-
par couple, afin d’éviter à la population des elfes noirs nière totalement anarchique, selon ses besoins. L’essor
de surpasser trop largement celle des démons. de Vertigone a imposé sa devise, le gon, comme unité
La ville de Vertigone est en revanche beaucoup plus de référence. Chaque principauté garde sa devise (le
sûre et surtout plus organisée. L’Archiduc a édicté, non kor, le chor et le Nor) mais c’est sur le marché des de-
sans mal, un certain nombre de règles élémentaires de vises de Vertigone (dit « marché du gon ») que ces trois
vie en commun. Les démons n’ont ainsi pas le droit de monnaies voient leur cours fixé. L’inflation monétaire
circuler la journée et pas le droit de combattre à l’in- d’une devise se traduit ainsi par l’érosion de sa valeur
térieur de la cité. Seuls quelques démons sont visibles par rapport au gon, seule unité acceptée par les mar-
en journée : ce sont les ambassadeurs démoniaques et chands étrangers. L’essentiel des importations (les dé-
les démons ailés chargés de transporter les nacelles de mons sont friands de bijoux et de luxe mais surtout
voyage d’un bout à l’autre du cratère. Les pactus de- importent des esclaves pour leurs nombreux besoins)
monicus ont tous lieu au cœur de la nuit, à l’abri des transite par Tyrode (80%) et Zrantax (20%) mais sont
volets clôts, les universités démoniaques organisant les réglées en Gon, suivant le cours fixé à Vertigone. Evi-
rencontres. demment, les marchands préfèrent débarquer à l’un ou
l’autre port selon le cours de la devise par rapport au
Religion et calendrier gon. Lorsque le kor est élevé par rapport au gon, les
marchands débarqueront plus volontiers à Tyrode car
Les archidémons ont avec leur fourberie habituelle les démons pourront payer largement. Si c’est le chor,
prêté serment d’allégeance à la Titane Fortunaë et au ils iront jusqu’à Zrantax. Le gon, quant à lui, est fixé
Dieu Malevolyss, après la mort de la déesse Gorgon et arbitrairement à 1 gon pour 100 écus or (10 écus éme-
de son fils Bel-Akmir. Dans chacune des villes, dont raudes).
Vertigone, s’élèvent ainsi des temples unicosmiques
à la gloire de la Purgatrice et au Tentateur, ce qui ne
manque pas de sel quand on pense que la Purgatrice
déteste les serviteurs du Chafouin.
Les autres cultes sont découragés de venir s’installer,
excepté à Vertigone où le culte des divinités Néanti-
ques est toléré, du fait de la présence de l’ambassade
Néantique. Les aquilonniens n’ont même pas tenté de
demander la même chose pour leurs dieux…
Autre particularité : le calendrier usité par les démons.

183
Annexe : la ville de Vertigone son royaume et accepta. Vertigone devint une enceinte
idéale pour que les trois archidémons y parlementent
Histoire sans risque exagéré de trahison quelconque. L’Empire
du Néant sauta sur l’occasion pour ouvrir une légation
La cité fut construite en 675 à Vertigone. En effet, ses sorciers étaient intéressés par
sur ordre de l’archidiable la possibilité de jumeler leur magie néantique avec de la
Norsir. Ce dernier délégua magie chaotique. Aquilon, par peur de voir une alliance
un démon réputé pour sa entre démons et Titan se former dut se résoudre à y
paresse, Omane, à la tête de installer à son tour une ambassade, truffée d’espions.
ce qui n’était encore qu’un La ville se développa encore avec l’arrivée de nouvel-
amas de cabanes agrippé au les vagues d’immigrés. Omane prit le titre d’Archiduc
cratère d’un volcan. Omane de Vertigone et Darizt, grand prêtre de Fortuna, reçut
se contenta longtemps de vé- pour mission de régenter la cité en son nom.
géter sur le pic rocheux qui se
dressait au milieu du volcan Après la chute du Haut-royaume d’Aquilon, l’ambas-
fumant, ignorant superbement ce qui se passait autour sade a été réattribuée au royaume du Bas-Ponant. Les
de lui. Toutefois, il s’assura que les quelques illuminés principautés archidémoniques se sont prudemment
qui dans les années 670 s’installèrent sur l’île, avec la mis à l’écart de la seconde guerre des Pénitents et se
ferme intention de faire commerce avec les diables, le sont contentés d’adorer les nouveaux Dieux démoni-
nourriraient. Pour cela, il engagea donc une troupe de ques nés après la seconde Création. Darizt est devenu
cornus (ses propres bâtards) pour qu’ils surveillent les grand prêtre de Fortunaë et un des favoris d’Omane,
arrivants et leur ponctionnent nourriture (c’est à dire l’archidémon Barchus, est devenu grand prêtre de Ma-
des âmes) et richesses. Ce fut le fils d’Omane, un cornu levolyss. L’Empire du Néant s’est amoindi mais garde
du nom de Darizt, qui comprit l’intérêt que les prin- toujours une ambassade à Vertigone.
cipautés archidémones pouvaient retirer de cet attrait
pour les Enfers. Darizt se proclama grand prêtre de
Fortuna, fit bâtir un temple unicosmique à la déesse
sur le piton, et contacta le roi Norsir pour lui exposer
ses plans.

En 685, dix ans après l’installation d’Omane, ouvrit la


première « université d’art démoniaque ». Les cornus
qui reçurent la charge des enseignements s’occupèrent
essentiellement, sous la conduite de Darizt, de donner
quelques bases de kabbale, d’explication des rituels in-
fernaux, et surtout de recruter des démons norssiriens
candidats au pactus demonicus. L’afflux de mages étant
plus important que le nombre de démons intéréssés,
Darizt convainquit ensuite Omane d’ouvrir la cité aux
deux autres principautés. Omane, guidé par l’appât du
gain et sa propre gourmandise personnelle, accepta les
offres de Chorgal et de Kordahar. Les deux archidé-
mons bâtirent à Omane un réel palais en lieu et place
de la grotte aménagée qu’il occupait jusqu’alors et ac-
ceptèrent de subvenir au moindre de ses plus petits
besoins à vie. En 690 fut achevé le palais des fumées
où Omane se retrancha et le pont des pleurs reliant le
pic à la ville. La même année deux universités furent
ouvertes : la population doubla.

Norsir s’inquiéta de cette irruption de légations riva-


les sur son île mais Darizt sut être fin diplomate : il
proposa au roi d’octroyer un statut spécial à l’île de la
bête en échange de l’ouverture de la ville de Vertigone
(mot à mot : « coté vertical ») à des puissances autres.
Norsir trouva là un moyen de rompre l’isolement de

184
Carte de Vertigone

Organisation spatiale et population sexuels, comme esclaves, jouets de souffrance ou bien


tout simplement nourriture. Un démon ne peut en effet
L’accès à la cité se fait soit par le Nord, soit par le Sud, grossir qu’en absorbant une âme. Logiquement, la pre-
via deux voies très étroites et sinueuses qui enlacent mière université à s’implanter fut celle de la Norssirie
les versants du volcan. L’entrée dans la ville se fait sous (685). Omane choisit de faire construire en face un pont
l’œil expert de gargouilles. Des cornus demandent un (le pont des pleurs), en plein milieu du Gon afin de le
droit d’entrée de 50 gons (une vraie somme)…la vie est relier aux émissaires de son maître, le roi de Norssirie.
chère à Vertigone ! Le pont des pleurs est un gigantesque monument de
pierre qui part du quartier du gon pour atteindre l’îlot
Trois quartiers font le tour de l’anneau (entre 20 et de basalte principal au centre du cratère. La forteresse
25km de diamètre) large d’environ 5km. d’Omane (le palais des fumées) et le temple unicosmi-
que de Fortunaë y ont été bâtis respectivement en 690
Le quartier du gon est le quartier le plus ancien de et 680. Des gargouilles montent la garde et la nuit atta-
la ville. C’est là qu’ont lieu les transactions monétai- quent tout visiteur tentant de passer par là.
res et que les devises s’échangent. Le marché du gon,
une cour rectangulaire de près de 2000m de long sur Le vieux quartier porte mal son nom puisque l’on a
1000 de large, est une enceinte ouverte à tous où l’on vu que le plus ancien lieu d’implantation était celui
s’échange devises, marchandises et parfois confidences. du Gon. Pourtant, la face Nord du volcan, moins ex-
La plus haute autorité sur le marché est le prévôt des posé aux fumées du fait du vent, fut le quartier le plus
marchands, nommé par Darizt. Il veille au grain et tran- prompt à se développer. Longtemps le Gon resta limité
che les litiges. Le quartier du gon abrite également bon à l’université et le marché, l’essentiel des habitations
nombre d’établissements marchands spécialisés dans s’agrippant au nord du cratère. La voie du Nord fut
la vente d’esclaves. C’est là que les représentants des la première voie construite (en 679) pour atteindre par
trois principautés viennent s’approvisionner en chair des moyens pédestres le cratère (longtemps l’unique
fraîche. Les esclaves, capturés sur toutes les mers du voie était aérienne) et les pionniers préféraient s’instal-
globe, sont utilisés par les démons pour leurs besoins ler sur ce vaste espace. Les aquilonniens y installèrent

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leur ambassade (692) pour des raisons de sécurité : la est l’enseignement magique) et son temple (officielle-
proximité de la voie Nord permettait de s’échapper au ment unicosmique, en réalité néantique). Escarpé, iso-
plus vite. Depuis 815, l’ambassade est tenue par le Bas- lé, ce pan a l’avantage de côtoyer la face Nord et donc
Ponant. Les kordahariens y installèrent leur université l’ambassade Aquilonnienne, bien qu’à l’époque les
(690) pour drainer dès leur arrivée les mortels intéres- aquilonniens n’étaient pas déjà installés.
sés par les arts magiques, et faire ainsi concurrence aux
Norssiriens. En revanche, l’ambassade fut déplacée en Pour ce qui concerne la population, l’île de la Bête ac-
692 après que Kordahar ait trouvé un espace plus grand cueille une population de transit, d’où des flux impor-
en outregone, moins exposé, et ait vendu aux aquilon- tants qui rendent difficile une évaluation à un temps
niens sa bâtisse. Kordahar préférait en effet le secret « t ». La population démonique à proprement parler
des brumes de l’outregone…Outre ces deux pôles voi- comprend les candidats à l’exil, les démons ayant brisé
sins, il faut encore mentionner l’existence du temple leur pacte, les démons des légations et enfin les dé-
unicosmique de Nosferatu et du pont des chuchote- mons obéissant à Omane. Tous ces démons représen-
ments qui relie ce quartier à la forteresse d’Omane. tent environ 100 000 créatures, dont 20 000 seulement
Contrairement au pont des pleurs, ce pont est fortifié prêts pour la fusion. Les universités sont plus aisées à
du fait de la proximité de la voie Nord. Les entrées sont chiffrer : environ un millier de mages se pressent dans
filtrées. Le pont porte ce nom car bâti d’abord en bois, les trois écoles. Prêts de 700 fusions ont lieu par an, soit
on recommandait aux voyageurs d’y chuchoter de peur trois par soir. Les demi-démons représentent quant à
de le faire basculer dans le vide. Omane, une fois le eux près de 80 000 individus dont 20 000 affectés à la
pont fortifié, demanda à ce qu’on limite les construc- police, taxation et contrôle des portes d’accès et un mil-
tions au Nord du cratère pour des raisons de visibilité lier employé dans les ambassades. Le reste de la popu-
militaire (695). Les immigrants empruntèrent peu à peu lation (plus de 100 000 personnes) est annexe au cœur
la voie sud, ouverte en 685. Le pont est également dé- de l’activité de la cité : une foule de commerçants, de
fendu par des gargouilles. parasites, d’esclavagistes et de voyageurs attirés par la
renommée de l’île. Le total dépasse ainsi 300 000 habi-
Le quartier d’Outregone (mot à mot : l’ « Autre » coté) tants. En 800, cette population n’était que de 70 000.
est le quartier le plus récent mais également le plus dé-
veloppé. Son boom date de 695, date à laquelle Omane
interdit l’extension du vieux quartier. La face sud du Vivre à Vertigone
cratère, exposée aux fumées, à l’atmosphère irrespira-
ble, se couvre alors d’habitations mal aérées alors que Vertigone est une cité qui a deux vies, une diurne et
la population de Vertigone double. L’ambassade de une nocturne.
Chorgalie et l’université connexe ouvre en 690 sur ce
pan (à l’époque, Chorgal était surtout intéressé par la Vertigone le jour…
proximité de la voie sud, copiant à la fois la méthode La vie diurne ressemble relativement à celle d’autres
kordaharienne de recrutement et les techniques de fui- cités de taille comparable. La chaleur étouffante (40°)
te aquilonniennes). L’ambassade de Kordaharie suivit ralentit toutefois grandement la vie à partir de la mi-
en 692, alors que la construction d’un troisième pont journée : Le quartier du gon bruisse de négociations
était décidée. En 695, une fois terminé, le pont prit tout marchandes dès le lever du soleil jusqu’à la fin de la
naturellement le nom de pont de kordaharie puisqu’il matinée. Les demi-démons déambulent parmi les étals
faisait face à l’ambassade. Des gargouilles surveillent pour nourrir leurs maîtres respectifs (marché aux escla-
également ce pont. Le quartier compte également bon ves) ou taxer les marchandises pour Omane. Toutes les
nombre d’auberges mal famées, de bordels, de casinos, commandes sont passées à Vertigone puis livrées dans
et d’endroits réputés comme le Palais des jeux et le Pa- un des deux ports majeurs : Tyrode ou Zrantax. La mer
lais des eaux. On trouve aussi dans les ruelles sombres intérieure est en effet interdite aux marchands qui se
de l’Outregone la cour du soleil noir. Cette cour magi- contentent d’accoster dans les criques sauvages de l’île
quement protégée est le théâtre d’action des succubes de la Bête pour venir vendre leur cargaison. Les uni-
de Vertigone. Les succubes exaucent et abritent tous les versités épongent toute la demi-journée toute une par-
fantasmes, mêmes ceux que le Palais des Eaux refuse. tie de la population, du moins les mortels venus pour
En revanche, le prix à payer est cher car les succubes s’enquérir des arts diaboliques. Les demi-démons qui
prennent parfois le contrôle de certains de leurs clients enseignent la kabbale ont pour mission de repérer les
et les martyrisent jusqu’à la mort. âmes les plus faibles et les plus viles, celles qui feront
de bons candidats pour recevoir un démon. Un mor-
Le coté ouest du cratère est le moins urbanisé. C’est là tel remarqué reçoit souvent une invitation à assister à
que l’Empire du Néant a installé sa légation, son uni- une réception chez un semi-démon. Cela peut être une
versité de sorcellerie (le motif officiel de l’installation proposition comme être un moyen pour une université

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de se débarrasser d’un mage trop collant. L’après-midi, d’heure. Pour les rares mortels qui osent sortir de leurs
la chaleur devient telle que la ville est déserte pendant auberges sécurisées (ces auberges réservées aux mor-
plusieurs heures, le temps que la température redes- tels ne sont pas fréquentées par les démons et sont re-
cende. Les tremblements de terre sont assez fréquents connaissables à un symbole rouge peint sur leur porte)
à cette période du jour. ou de leur maisons, il est difficile d’en réchapper sans
artifice magique de camouflage. Contacter un démon
Le jour, Vertigone se donne des allures bourgeoises : les directement pour signer un pacte, sans l’homologation
démons sont interdits en ville, à l’exception de démons officielle ni l’interprétariat rassurant d’un clerc ou d’un
qui transportent les nacelles de voyageurs d’un bout maître d’université, revient à demander à un lion af-
à l’autre du cratère. Il est en effet exclu de passer par famé de ne pas le manger. Les démons qui signent des
un pont et surtout devant le palais des fumées pour pactes sont toujours des diablotins ou au maximum des
traverser la ville. Trois ponts d’embarquement ont été diables. Seul un ignorant un peu fou irait s’imaginer
bâtis en l’an 685 dans des coins qui à l’époque étaient qu’il peut traiter avec une créature plus grosse. Il est
peu urbanisés. En effet, les accidents de nacelle sont évident que les mortels qui ont la mauvaise idée d’ar-
fréquents et les habitations fragiles. Le problème es- river de nuit à Vertigone ne voient jamais le jour s’y
sentiel se trouve être les fumées qui s’échappent du lever.
cratère et enveloppe les pics centraux. Ces fumées gê-
nent la visibilité des démons et génèrent de collisions. La nuit est également une période où les espions aqui-
Les trois pontons ont été construits à des endroits rela- lonniens tentent d’accomplir leur travail : détecter les
tivement épargnés par la fumée. mages infectés par les démons et les supprimer. Les
néantiques, eux, se contentent de comploter jour et nuit
Le jour, les gargouilles peuvent voler et servent d’es- pour que les seigneurs des principautés s’allient avec
pions pour Omane et ses sbires. le Néant contre Aquilon. Enfin toutes les cérémonies
diaboliques ont lieu la nuit : les temples sont tous illu-
Vertigone by night minés. L’archiduc Omane aime à donner de splendides
La vie nocturne est tout autre. La température redes- orgies dans sa forteresse et certains soirs, des invités
cend à des niveaux plus agréables (25°) Les mortels triés sur le volet sont convoqués sur le pic de la bête.
conviés aux « cours du soir » et autes « réceptions » Les gargouilles ont pour ordre de les laisser passer (il
sont informés par les demi-démons dans des endroits en est de même pour les clercs de Lilith). Omane étant
tenus secrets des exigences de leurs maîtres. Les pactus friand de supplices et de repas à base de chair humaine
demonicus y sont longuement discutés. Chaque pacte rares sont les mortels qui sont suffisamment puissants
doit être enregistré auprès d’un notaire homologué de pour accepter sans risque de telles invitations.
la cité que l’on surnomme clerc de Lilith. Ces clercs tra-
vaillent pour Omane, et sont ses yeux et ses oreilles : il Les autres lieux de perdition ne manquent évidemment
s’agit de contrôler l’activité des démons et notamment pas à Vertigone et fonctionnent jour et nuit, quoique
des Universités étrangères. Les démons prêts pour plus activement et plus vicieusement après le coucher
l’exil et détenus dans les ambassades s’acheminent du soleil. Le palais des Jeux n’est autre qu’un casino
discrètement vers les maisons de leurs disciples pour qui devient la nuit le repaire des demi-démons (les dé-
la fusion. Il est essentiel que les allées et venues ne mons ne fréquentent pas ce genre d’endroit). Le jeu le
soient pas remarquées : les légations payent des tré- plus communément joué est le poker vertigonien (voir
sors pour éliminer les démons des universités rivales. encadré).
L’heure est également aux règlements de compte : les
mortels qui ne font pas l’affaire ou signent de mauvais Un autre endroit de perdition se trouve être le Palais des
pactus demonicus terminent souvent dans la fontaine eaux, près de la fontaine des os. Ses vapeurs chaudes
aux os, cette source d’eau bouillonnante et pleine de et ses courtisanes sont réputées le jour et les voyageurs
soufre qui jaillit des flancs de l’Outregone, au pied du sont nombreux à s’y prêter. La nuit, l’édifice fermé est
Palais des eaux. Il en va de même pour les marchands en proie à de véritables orgies de la part des démons.
peu coopératifs. Les démons servant Omane qui le jour Femmes et enfants ne sont pas épargnés. Les démons
dorment sur le piton, s’éveillent et partent en chasse… y étalent tout le savoir-faire des enfers (sadisme, maso-
à moins qu’ils ne s’agissent de se dégourdir les ailes ou chisme, et autres joyeuses perversions…)
bien d’exécuter quelques sombres missions. Les gar-
gouilles montent la garde sur les ponts en l’absence
des démons. Les nuits de Samaïne et Sahabat
Samaïne et Sahabat sont deux nuits festives très parti-
Les auberges normales se remplissent de démons et culières à Vertigone.Pour des raisons totalement inex-
les orgies, rixes, beuveries se multiplient jusqu’à point pliquées, la fumée du Volcan se transforme deux fois

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par an en volutes argentées (Samaïne) ou dorées (Sa- dans leur monde (les Enfers) les vivants et poursuivent
habat). La ville entière est alors nimbée d’une brume parfois des objectifs mystérieux, semblant rechercher
irréelle et des manifestations étranges se produisent dans la cité certains objets.
alors.
Les nuits de Sahabat sont les seules nuits où la plupart
Les nuits de Samaïne, les spectres envahissent la cité. des démons eux-mêmes se terrent. En effet, des portes
Les habitants de Vertigone affirment que quiconque a semblent s’ouvrir dans certains recoins de la cité, com-
le courage d’affronter la brume rencontrera l’âme des muniquant avec d’autres plans ou d’autres mondes. Et
disparus qui lui sont chers. D’autres bruits plus inquié- certaines créatures qui errent alors dans la cité de Ver-
tants circulent : les spectres tentent parfois d’attirer tigone n’ont rien à envier aux démons de la ville.

Les pouvoirs en présence des cas embarrassants. La plupart concernent des dis-
putes entre ambassadeurs ou des assassinats compro-
Le pouvoir politique : le Palais des Fumées et le tem- mettants.
ple unicosmique de Fortunaë et de Malevolyss
Omane rend donc la justice une fois par mois, durant
La plus haute autorité de la ville reste l’archiduc de la nuit de pleine lune, et tranche le cas les plus problé-
Vertigone, Omane le paresseux. Gigantesque amas de matiques. Darizt, en tant que grand prêtre de Fortuna
graisse jaune d’où dépassent deux petits yeux mal- assiste à la séance et fait l’interprète pour le poussif
veillants, Omane est un archidémon qui ne pense qu’à Omane qui ne s’exprime qu’en démonique (et qui pré-
engraisser et dormir. Il se terre dans son palais dont il fère laisser à d’autres les simulacres de prière pour la
ne sort jamais. Darizt évite au maximum de l’ennuyer Déesse Fortunaë). Le recteur de l’université de Norssu-
mais doit quelquefois avoir recours à lui pour régler rie complète le jury. Tous les clercs de Lilith (il y en

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a 111) sont tenus d’assister à la cérémonie, dans leur mortels pour accomplir la fusion mais en imposant la
costume d’apparat (noir et rouge). Ces soirs-là, aucun présence d’avocats du diable, Omane a souhaité garder
commerce d’âme ne peut avoir donc lieu. un œil sur les tractations au sein de sa cité.

Les cas à juger sont exposés dans la grande salle du Evidemment, les universités de Chorgal et Kordahar
palais des fumées par Darizt. La sentence qui y est préfèreraient agir en toute quiétude et proposent par-
prononcée ne peut être que la mort ou l’acquittement, fois d’agir sans clerc de Lilith. Ces fusions illégales coû-
sans nuance. Comme Omane est généralement d’hu- tent très chères aux impétrants et dans le traité signé
meur massacrante, nombreux sont les pauvres hères à entre Omane et les deux princes non norssiriens, cela
finir dans la fontaine aux os ou déchirés par les démons pourrait être un motif pour fermer temporairement
de l’archiduc. Tant bien que mal, l’archiduc essaye tou- voire définitivement une université.
tefois de ne pas interférer dans les querelles entre uni-
versités et leurs puissances protectrices. Ces nuits de Les taxes et l’argent
jugements sont généralement plus calmes, les démons
ayant peur de mécontenter l’archiduc. Vertigone est la principale source de richesse pour la
Norssirie, voire ses deux rivales. Aussi, toutes les occa-
Pour les autres cas, c’est Darizt qui juge en petit co- sions sont bonnes pour tirer parti de ces pèlerins de
mité les condamnés. Les cornus le renseignent sur les Enfers. L’entrée dans la ville est conditionnée à une
éventuels cas de délit ou de fraude. Darizt juge ensuite taxe exorbitante de 50 gons (5 000 écus or). L’accès
s’il faut un avertissement (les cornus s’en chargent) ou au marché du gon, s’il est ouvert à tous, reste limité
bien une sanction plus sévère (les démons, qui généra- par une taxe sur le commerce qui y est réalisé (1% des
lement ne laissent pas de trace). sommes échangées). A cela, il faut ajouter la taxe spé-
ciale d’Omane qui est prélevée « en nature » sur les
Les clercs de Lilith marchands esclavagistes pour nourrir l’archiduc et ses
sbires. Cette taxe est en réalité payée par les deux am-
Le nom de clerc de Lilith a été donné en l’honneur de bassades chorgalienne et kordaharienne qui ont pro-
la gardienne du 6ème cercle où sont gardés les pactes mis de nourrir Omane ad vitam eternam. Chaque fête
signés avec le Tentateur. La charge de clerc de Lilith fut au palais des fumées est donc payée intégralement par
créée en 687 pour réglementer la signature des pactes les deux ambassades.
et contrôler les démons. Tous les clercs de Lilith ont
pour privilège de vivre à la forteresse des fumées. Ce L’accès aux universités n’est évidemment pas gratuit
que les mortels ignorent, c’est que seuls des vampires, car pour ces deux mêmes ambassades il faut se rattra-
créatures démoniaques, en sont chargés. Les vampires per. L’université de Norssirie, non touchée par la taxe
ne pouvant sortir le jour, Omane a logiquement inter- spéciale visant à nourrir Omane, est légèrement moins
dit la circulation démoniaque le jour afin de légitimer chère. L’inscription tourne au environs de 300 gons/
la sortie des clerc de Lilith uniquement après le cou- mois d’apprentissage (soit 30 000 écus or) pour les 2 uni-
cher du soleil. Les clercs de Lilith forment une caste versités étrangères et 250 pour l’université de Norssirie.
à part avec ses propres règles. Les vampires se recon- Le fait même de déplacer un clerc de Lilith coûte en
naissent par lignée, équivalentes à des degrés de no- lui-même 500 gons pour les 2 étrangères mais 250 pour
blesse. Les intrigues qui s’y nouent lorsqu’une charge l’université de Norssirie. En revanche, l’université de
devient vacante sont féroces car chaque lignée essaye Norssirie ne s’amuse évidemment pas à contourner le
de se renforcer. monopole des clercs de Lilith.

La nuit tombée, les ponts sont donc la proie d’une in- Dans de telles conditions, le logement et la nourriture
tense activité, la plupart des 111 clercs de Lilith se ren- sont très chers. Les aubergistes n’étant pas sûrs de voir
dant à leur rendez-vous. 3 fusions seulement étant réa- leur client leur lendemain demandent à être payé au
lisées en moyenne par soir, on saisit mieux la difficulté jour et payent d’ailleurs eux-mêmes une taxe spéciale
des négociations. Il est vrai que les clercs de Lilith ne aux cornus pour éviter de voir leurs établissements dé-
sont pas assez nombreux pour les milliers de mortels vastés par les démons d’Omane. Le prix d’une chambre
intérésss et que l’on peut patienter parfois deux semai- oscille entre 10 et 15 écus or (soit 6 à 9 piécettes) et un
nes avant qu’un clerc puisse retranscrire la séquence repas 5 à 10 e.o (3 à 6 piécettes). Il est possible d’acheter
de négociation entre le démon et le mage. Les clercs une habitation, ce qui revient au final moins cher bien
sont chargés par Omane de contrôler la puissance res- que Darizt ponctionne également de ce côté là.
pective des 3 nations archidémoniques, notamment en
évitant que les démons Norssiriens soient défavorisés. Certains habitants de Vertigone sont appelés les prê-
Chaque université est indépendante dans le choix des teurs sur gages. Ils acceptent de financer certains im-

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prévus : pertes astronomiques au casino, paiement
d’universités, de la vie scolaire, etc… En réalité, cette L’ambassade aquilonnienne du Bas-Ponant a un but
poignée d’individus possède un don inné d’extra-luci- différent. Contrairement à une légation normale,
dité pour reconnaître les « bons chevaux ». Leurs dons l’ambassade de Vertigone ne cherche pas réellement
de voyance réduisent le risque. Quelquefois néanmoins, à s’occuper des ressortissants aquilonniens en transit
leur client se cabre. Les prêteurs sur gages se payent sur l’île. L’action de l’ambassadeur va parfois jusqu’à
alors eux-mêmes. Les contrats qu’ils font signer donne racheter des esclaves aquilonniens mais c’est tout. En
droit sur tout ce qui constitue leur client, y compris ses revanche, le Roi de Telkamet s’inquiète de la multipli-
organes. Les prêteurs se font donc une spécialité de cation des pactus demonicus. Les agents aquilonniens
découper leurs clients récalcitrants en morceaux et de ont donc pour mission d’éliminer les mages chaotiques
revendre leur viande aux démons toujours affamés. A la sitôt qu’ils ont quitté Vertigone. Par ailleurs, l’ambassa-
différence des clercs de Lilith, ces usuriers ne sont que deur aquilonnien prône la paix avec les principautés
tolérés à Vertigone par Darizt bien qu’ils soient encou- et cherche donc à contrebalancer l’influence du Néant.
ragés et protégés en sous-main par le Néant. Le personnel de l’ambassade comporte des prêtres dis-
simulés (chargés de renvoyer en enfer les démons faits
prisonniers), des espions chargés de repérer les mages,
Les légations et les universités et enfin des éliminateurs.
Les ambassades démoniaques occupent un rôle par-
ticulier au sein de la cité. D’obédience infernale, elles
participent à la prospérité de la cité et en retirent de
nombreux avantages (notamment en approvisionne-
ment en esclaves). Pourtant les ambassadeurs de Chor-
galie et Kordaharie n’ont qu’un objectif : l’élimination
d’Omane. La raison en est fort simple : le pacte signé
en 690 avec Omane indique que l’archiduc sera nourri
ad vitam eternam par les deux légations étrangères. Les
deux princes ne savaient pas alors que l’archidiable en-
tendait mener chaque semaine ou presque de formida-
bles orgies d’âmes avec des dizaines d’invités. La pres-
sion financière a de fortes répercussions pour les deux
légations et les oblige à pratiquer des tarifs plus élevés
que la Norssirie pour les pactus demonicus et l’ensei-
gnement des universités. Elles se vengent en tentant de
contourner le monopole des clerc de Lilith c’est à dire
en pratiquant des fusions « sauvages ». Le personnel
des deux ambassades est composé de semi-démons et
de quelques démons. Tous sont des majassassins ou des
assassins et les complots se multiplient contre Omane,
pour l’instant sans grand succès.

L’ambassade néantique occupe quant à elle une posi-


tion privilégiée. La puissance de l’Empire du Néant en
fait un partenaire redouté pour les 3 principautés. Par
le passé, la Sombre Eminence avait été la seule qui ait
traité avec les démons sans état d’âme. Aujourd’hui, ce
qui reste de l’Empire du Néant est représenté par un
prince, qui traditionnellement répugne quelque peu à
considérer les archidémons de Chorgalie et de Korda-
harie comme de véritables ambassadeurs. La politique
de l’ambassade est triple : diffuser l’influence néanti-
que au cœur de Vertigone, agir toujours en faveur d’une
alliance militaire anti-ponantaise avec les principautés,
et enfin maintenir la division des principautés. Pour
cela, l’ambassadeur néantique oscille toujours afin de
faire contrepoids à Darizt ou à tel ambassadeur trop
influent.

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1.5.2. Le Saint Royaume de Faram Apopix, et Api. L’autorité des Califes variait beaucoup
selon les personnalités mais l’inexistence des villes (à
Carte d identité : part Faram) rendait difficile le contrôle des émirs et des
cheiks.
Capitale : Faram
Langue : Faraméen A la suite de la guerre des Pénitents, la déesse Veya el-
Dimensions maximales : 1 900 le-même apparut à Faram sous les traits d’un ermite
km du Nord au Sud, 4 000km vivant en marge de la ville. Les miracles qu’elle accom-
d’Est en Ouest plit dans la grotte dite « de la méditation » attirèrent à
Population : 4 millions d’habi- elle de nombreux érudits qui devinrent ses prophètes.
tants au total (Les faraméens) Parmi eux, l’un d’eux se nommait Haran le Sabrance. Il
Armée : 85 000 hommes (Be- fut le premier « guide », choisi par Veya elle-même pour
kab, Zarama) enseigner la « Nouvelle Religion ». Trois autres le secon-
Flotte : Un millier de caramoufats (Wiluna) – 60 000 dèrent. Le dernier Calife, le grand prêtre Musser, fut
marins. exécuté avec toute sa cour par les nouveaux croyants et
Villes principales : Faram (80 000 habitants), Wiluna une petite armée – les Jad- se créa.
(150 000), Bekab (210 000), Zarama (75 000), Izor (25
000) En 390, Veya partit de la grotte, plongeant ses adeptes
Dynastie Régnante : Sint Al Khalim Al Apis Sucheimi dans un grand désarroi, et traversa le désert jusqu’à
(790-910), Hakaon Ali Babik Sacheimi (910 -...) . Titre : la ville alors étrangère de Zarama. Elle se baigna trois
Guide fois dans l’oasis de Zarama et on dit que depuis son
Blason : L’éclipse. Elle symbolise les deux divinités eau est magique. Puis Veya disparut dans le désert des
Aronites avec l’Astre fixe et la Lune theochronique, dragons. La même année, un bateau fit escale dans
mais aussi est une référence à la science djinne (qui la principauté de Zefra. Il était plein de missionnai-
s’est notamment illustrée en astronomie). res Ounites de Veya. Sint Balt, un des tous premiers
Religion : Aronite (ou des Deux-Ka) (maj.) ; Ounite (Ky- prophètes, se trouvait à son bord. Les hopins de Ze-
relienne) (min.) fra maltraitèrent les missionnaires, bien que la plupart
Calendrier : Faraméen d’entre eux ait été des gnomes, et firent prisonnier Balt.
Haran leva alors une armée et secourut Balt, en assié-
geant Zefra. Le Royaume de Faram après cette victoire
Histoire se dota d’une monarchie éternelle et confia la charge
au Guide Haran. Balt mourut en 450 et fut enterré dans
Le Saint Royaume de Faram a longtemps été séparé un mausolée en forme de pyramide près de Bekab. On
de l’ouest du continent. Le grand cataclysme de 377, appela ce tombeau la Sainte Porte de Dieu, entrée de
en abattant les montagnes de brume qui divisait alors Faram, sa cité éternelle. Le Sultan de Bekab, ville nou-
Terra Mater en deux, permit les échanges avec le Po- vellement fondée au Nord (392), hérita du titre de Gar-
nant. Jusque là, le royaume n’était qu’un désert habité dien de la Porte et le Guide fut nommé Protecteur des
par des créatures immortelles : les djinns. Il l’est tou- Croyants. Haran continua ses conquêtes jusqu’à bâtir
jours, quoique désormais beaucoup plus fréquenté par un véritable Empire, repoussant les limites du Royau-
les marchands. me jusqu’au Grand Fleuve. Wiluna fut fondée par un
des prophètes en 398.
Les premiers djinns abordèrent cette terre en - 800,
chassés de Terra Negra : la civilisation djinne étant ora- Haran hélas mourut en 491 dans une guerre sainte me-
le, un très grand nombre d’informations sur la période née contre les Thélébéens impies. Les djinns décidè-
précédente (sur l’actuel Terra Negra) a été perdue au fil rent d’élire parmi les trois sultans du royaume, anciens
des réincarnations de ces êtres faëriques. compagnons d’armes de Farouz, son successeur. La tra-
dition s’est maintenue. Deux Guides périrent notam-
Longtemps éclaté en tribus, ce n’est qu’en 100 qu’un ment renversés par des révolutions de palais pour des
petit royaume concentré sur Faram et ses environs, raisons obscures (semi-théologiques, semi-politiques).
émergea mais il resta pendant près de 200 ans un pays En 491, à la mort de Haran le Sabrance, ce fut le Sultan
comme les autres, jusqu’à sa conversion massive à la Hucheimi, Beka le Sapience, qui fut élu à la charge. Il
nouvelle religion. géra remarquablement les affaires, aidé d’une série de
brillants vizirs parmi lesquels le célèbre Vizir Kalouch-
De 100 à 367, le Royaume de Faram fut dirigé par une el-Poupa, ancien cheik de la tribu des Fakil. Mais en 524
série de Califes, grands prêtres de l’ordre de Rhâ. Les une épidémie de peste des arcanes (maladie touchant
djinns adoraient également Orius, Theys, Ba, Aniuvis, les mages, auxquels les djinns sont naturellement très

191
sensibles) emporta le Guide (celui-ci se suicida après fleuve infernal. Suite à ces évènements, le Royaume se
avoir perdu ses pouvoirs). Un autre Hucheimi fut élu, replia sur lui-même. Il fut secoué par le Grand cataclys-
Hassoud le Doré, son fils adoptif, mais sa tyrannie lui me et la venue de l’ère du Theochrone. C’est alors que
valut une révolution de palais et un Sucheimi lui succé- se produisit le schisme avec les frères du Nord. En effet,
da dès 540. Il rappela le Vizir Kalouch-el-Poupa (écarté plusieurs théologiens djinns brillants, dont la figure de
par Hassoud), entreprit de grandes réformes mais les proue était l’imayollah Aron El Had’ni, fragilisèrent les
deux moururent empoisonnés mystérieusement en bases de la religion de Veya en affirmant que désormais,
590. Le cinquième Guide fut Mohemed de Zarama. Là le Theochrone et Mulveya étaient les deux et mêmes fa-
encore, il réchappa de peu à la mort suite à une violente ces d’un seul Dieu, Ka. Par conséquent, il fallait adorer
controverse théologique débutée avec les théologiens les deux divinités sur un pied d’égalité. A la mort d’Al
du royaume. Mohemed lança en effet en 634 ses armées Khalim Ad Apis Hucheimi le Saint, champion d’Elth et
contre celles du Néant qui envahissaient le Centreterre. un de ceux qui avaient permis la destruction du dôme
L’enjeu était de savoir si la religion Ounite pouvait être de ténèbres et la fin du grand Théolocauste en 749, qui
considérée comme faraméenne ou non. Intervenir si- disparut dans une tempête du désert en 910, le royaume
gnifiait étendre la communauté de croyants aux Ouni- sombra dans la discorde. Les Sachemi et les Hucheimi,
tes et donc ne plus la limiter aux djinns seuls. Le sultan convertis à l’hérésie Aronite, déclenchèrent une mini-
Mohemed prit la fuite vers Zarama et c’est un Guide guerre civile à l’encontre des Mohemedi. Finalement, le
plus orthodoxe, Hassoud dit le Saint, un Hucheimi, qui Sultan Mohemed accepta de se convertir lui aussi. Le
fut élu à la charge en 640. nouveau Guide, Hakaon Ali Babik Sacheimi, proclama
la venue de la religion des deux Ka, qui met Mulveya et
Le Saint Royaume de Faram participa à la guerre contre le Theochrone sur un même plan. L’Eglise du Second
les démons entamée en l’an 666 et beaucoup périrent Prophète excommunia les fidèles aronites.
à la bataille du Stryge, noyés par les eaux mortelles du

192
Géographie et population propre du terme mais s’adoptent entre eux jusqu’à for-
mer des familles. Cette cérémonie d’adoption en Faram
Le Saint Royaume de Faram est une terre de sable et porte le nom d’Akazitva : le père adoptif et le fils adop-
de dunes qui compte très peu de points fixes. Il s’étend tif s’éthérifient et se mélangent dans un seul et même
sur 4 000 kilomètres d’est en ouest et sur 1 900 kilomè- récipient clos, sous la bénédiction d’un prêtre. Le lien
tres du Nord au Sud La capitale est Faram, qui a donné qui se crée alors est magique et ne peut être dénoué
son nom au Royaume. C’est là que se trouve le Guide que par la mort.
des Djinns, Protecteur des Croyants. La ville de Faram
rejette hors de ses murailles le commerce et se décom- La flotte militaire des Djinns, pour l’essentiel des ca-
pose en deux : la ville dite sainte, garnie de murailles et ramoufats (nefs elfiques modifiées), leur permet de
de minarets, où se trouve le Palais du Guide, l’Ecole de contrôler le détroit adjacent et de prélever des taxes sur
Théologie et la Sainte Kaa-Veda, et la ville basse occu- le commerce. Le bateau de Sint Balt est adoré comme
pée par les bazars et les souks. Les caves du palais de une sainte relique au cœur de la cité. Le Sultan de Wi-
luna porte ainsi le titre d’Amiral de Dieu. Environ 100
000 djinns vivent à Wiluna, auxquels il faut rajouter 50
000 étrangers.

Bekab (la Cité de Beka) a elle-aussi été fondée par un


des quatre premiers prophètes, devenu Sultan, Beka
Hucheimi, le Gardien de la Porte. Bekab sert de place
forte et contrôle le Nord du pays. L’armée des djinns y
a son quartier général (environ 60 000 djinns en temps
de paix). C’est près de Bekab que l’on trouve la mon-
tagne des hachichins, les fameux assassins. Leur or-
ganisation est très ancienne et ils se sont convertis à
Kul-Bazur après 749. Depuis cette date, les hachichins
font régulièrement l’objet de tentatives par les autori-
tés politiques de Bekab de délogement. Bekab bénéfi-
cie d’un climat plus tempéré que Faram et la culture
y est plus facile. Toutes sortes de plantes, drogues et
légumes y sont cultivées et ensuite exportées dans tout
le royaume. Bekab compte environ 150 000 âmes, sans
compter les soldats du Sultan.

Zarama existait avant d’être conquise par Farouz en


484 et le sultan Mohemed s’y installa. Il y vit encore,
seul survivant des quatre grands prophètes originaux.
Sa famille, les Mohemedis, contrôle l’armée de l’Est –
25 000 hommes – et le Grand Fleuve. Zarama bénéfi-
cie également d’une école de théologie presque aussi
réputée que celle de Faram (où a enseigné Aron El
Had’ni), d’un corps spécial aérien chargé de patrouiller

Faram contiennent les lampes de tous les djinns de la le long de la frontière pour éviter une attaque des dra-
ville. Ces derniers viennent y dormir après la prière, à gons d’airain et de la présence de la Source Unique.
tour de rôle. Faram compte environ 80 000 habitants. Cet oasis, en plein milieu de la cité, est connu pour ses
Près de Faram se trouvent les baraquements des ar- vertus curatives mais également est le berceau de nais-
mées d’élite du Royaume, les Jad, en réalité des moines sance de nombreux Djinns (endroit de leur apparition).
combattants aronites. La source dégage des vapeurs (les larmes de Veya) et
parfois une bulle devient un djinn sans que ce phéno-
Les trois autres villes du Royaume sont Zarama, près mène soit expliqué. C’est également là que Veya se bai-
de Zefra, à l’embouchure du grand Fleuve, Wiluna et gna trois fois afin d’éviter, selon les épîtres des Sultans,
Bekab. Wiluna (la Cité de Wilun) est le grand Port mar- « d’emporter un grain de sable de Faram pour ne pas le pri-
chand et militaire du Royaume. Le Sultan appartient à ver de sa force ». Pour cela, le sultan de Zarama a hérité
la puissante famille des Sacheimi, qui descendent d’un du titre de Dauphin de la Source. Zarama compte 50
des quatre premiers prophètes avec Farouz (Wilun 000 habitants, hors soldats.
Sacheimi). Les djinns ne se reproduisent pas au sens

193
Faram ne se limite pas à ses quatre villes majeures. Bon
nombre de Djinns vivent dans le désert en effet, en
tribus autour d’oasis. Les tribus sont dirigées par des
Cheiks, théoriquement vassaux des trois sultans. Les
tribus comptent environ en moyenne 300 à 1000 indi-
vidus et chacune affirme avoir été formée par une des
nombreux disciples directs de Veya. Les tribus Djinns
utilisent souvent des chevaux ou des dorgans des sables
pour se déplacer. Les cavaliers Djinns, qui manient le
sabre oriental (recourbé) et l’arc, affrontent quotidien-
nement les hommes-scorpions du désert, les akatars et
vers des sables, ou les créatures néantiques infiltrées.
Les tribus les plus peuplées sont celles qui se trouvent
près de sources magiques, où naissent les djinns. Il en
existe une quinzaine répertoriée à travers le désert.

Mais la principale spécificité du Saint Royaume se


trouve être les villes itinérantes. Le Royaume de Faram
compte en effet une trentaine de villes juchées sur des
animaux gigantesques, les bariosaurus. Ces dinosau-
res qui culminent à plusieurs centaines de mètres de
hauteur et pèsent des milliers de tonnes, ne sont plus
qu’une centaine. Ils ont traversé la pré-histoire de Terra
Mater et survécu aux cataclysmes dans le désert. Un ba-
riosaurus peut vivre 2000 ans. Les djinns construisent
sur leurs flancs écailleux des cités qui constituent une
véritable sécurité contre les attaques terrestres. Les
bariosaururus n’approchent pas des 4 cités fixes et se
nourrissent de lichens. Ils ressemblent à de gros qua-
drupèdes au cou très allongé, à la tête de tortue et à la
queue longue de saurien. Ils sont d’ailleurs les cousins
éloignés de cette dernière espèce mais en diffèrent par
la taille (un bariosaurus peut faire jusqu’à 2 000 m de
long). L’accès à ces cités n’est possible que par tapis vo-
lant et chaque cité est administrée non par un cheik ou
un sultan mais par un émir, généralement un chevau-
cheur de Bariosaurus. En tout, on compte une centaine
de villes itinérantes, toutes repérées dans leur nom par de l’armée (2% de la population soit 85 000 djinns). Le
le préfixe « al » (Al Zanter est une cité itinérante alors peuple Djinn se divise en quatre castes : guerriers (2%
que Zanter est une oasis par exemple). de la population pour l’armée proprement dite, à la-
quelle il faut ajouter 15% de soldats privés, miliciens
La population totale du Royaume est relativement et autres mercenaires), mages (15%), administrateurs
nombreuse mais très dispersée. Environ 500 000 Djinns (essentiellement les religieux qui pèsent 20% de la po-
vivent dans une des quatre cités fixes, auxquels il faut pulation) et paysans/marchands (environ 60% de la po-
rajouter 60 000 infidèles (pour l’essentiel à Wiluna). Les pulation).
tribus quant à elles rassemblent environ 2,5 millions
d’individus mais le compte est difficile, étant donnée 99% des habitants sont des Djinns, c’est à dire des
l’absence de recensement. On pense qu’il existe au mâles. Le 1% restant sont des Sherazdani, êtres femel-
moins 10 000 tribus différentes. Les cités itinérantes les qui ont le pouvoir d’envoûter par leur beauté les
sont au nombre d’une trentaine (tous les bariosaurus ne Djinns. Extrêmement puissantes, dotées de 9 vies, les
sont pas domestiqués) pour une population de 30 000 Sherazdani sont cependant pourchassées par le clergé
djinns par ville soit un total approximatif de 1 millions Aronite qui considère qu’elles sont des perversions de
de djinns. Les démographes royaux estiment donc à 4 la Création.
millions de croyants la population de Faram. C’est peu
rapporté aux pays les plus peuplés mais suffisant pour
compter au niveau régional, étant donné l’importance

194
Organisation politique meurtre) et qu’ils soient réalisés à plus de 777 mètres
des Kaa-Vedas (temples aronites). Les Jads veillent à
Le Saint Royaume de Faram, s’il est uni par une seule cela.
et même religion, l’est beaucoup moins au niveau po-
litique. L’autorité du Guide, incontestée pour les textes Vis-à-vis des djinns qui n’ont pas embrassé la foi des
sacrés, devient plus problématique quand il s’agit de deux Ka, l’attitude est beaucoup plus ambiguë. Ces
lever l’impôt. Généralement les Guides se déchargent djinns, qualifiés d’ounites (rapport à la religion du
des préoccupations matérielles sur un lieutenant, le vi- même nom), n’admettent pas la double nature de Ka
zir. C’est ce dernier qui est chargé de négocier les lois et en sont restés à la religion d’avant le schisme. Ils
du Royaume avec les sultans puis de l’imposer aux in- sont majoritaires chez les paysans mais totalement
nombrables cheiks ou émirs. absents des classes urbaines et aisées. On estime que
les Ounites représentent 25% de la population. Ils ont
L’armée ainsi ne relève pas de l’autorité du Vizir mais leurs propres imayollahs mais le Guide Hakaon ne les
du sultan qui accueille les corps d’armée. Un certain protège guère des vexations et attaques dont ils sont
nombre de djinns sont mobilisables en masse à tout l’objet de la part des Aronites.
moment. La plupart du temps, seuls 10% de ces effec- Les religieux sont souvent administrateurs dans les
tifs sont effectivement en uniforme. La marine (1 000 grandes villes. Le clergé aronite regroupe environ 20%
caramoufats, 60 000 djinns) est dirigée par l’Amiral de des Djinns du Royaume et pèse un poids politique très
Dieu, le Sultan Sacheimi de Wiluna. L’armée terres- lourd. Qu’il s’agisse d’Aronites ou de Ounites, la vie
tre est quant à elle répartie entre le Sultan Hucheimi, du croyant est organisée autour de 7 Lois et 5 Interdits
le Gardien de la porte (300 000 hommes) et le Guide, majeurs.
Commandeur des Croyants (300 000 hommes, ainsi que
150 000 guerriers saints ou Jads, qui chevauchent des Les Aronites croient que tout croyant naît avec deux
rhinoboules). Le corps dit aérien est basé à Zarama et âmes : une âme aramtisava ou âme « de vie » et une
compte environ 100 000 hommes (nachosaures), sous âme kandarasiva ou âme de destruction. L’équilibre
l’autorité du Sultan Mehemed, le Dauphin de la Sour- spirituel entre ces deux âmes permet une réincarna-
ce. On le voit, en cas de guerre civile, la supériorité du tion parfaite dans l’attente de la fin du monde et d’un
vizir sur les sultans n’est pas assurée d’autant que cha- Nouveau Cycle. L’Aronisme considère que l’état de
que sultan entretient une armée privée d’environ 50 djinn est le seuil de la perfection, et que toutes les âmes
000 djinns chacun (en cas de levée de masse). passent par un cycle de réincarnation qui les amène
jusqu’à la djinnité. Le Djinn est l’équilibre entre asam-
Outre la Loi de Dieu qui prime sur toutes les lois des tisava et kandarasiva. A la différences des Ounites, les
Guides, il existe un codex dit « civil » pour les peines Aronites n’aspirent pas à entrer au Mulveyad ou à re-
et délits. En réalité, ce codex est fortement inspiré des joindre Theochrone, mais à perpétuer leur conscience
enseignements de Veya. Les cinq interdits majeurs sont individuelle jusqu’à la fin du monde et à la troisième
punis de la mort. Les autres crimes et délits sont souve- Création.
rainement jugés par les cheiks ou émirs, sultans, vizir et
parfois Guide. Théoriquement une décision d’un cheik La vie du croyant est organisée autour de 7 Lois et 5
peut être cassée par son sultan, et le vizir (ou le Guide) Interdits majeurs. Pour les Aronites, l’interprétation de
peut faire de même avec un des sultans. Dans la prati- certaines lois est différente :
que, cela n’arrive jamais. Les Sept lois :

Religion 1. Obéissance au Guide. Il s’agit d’une loi forgée


par l’Histoire très particulière de Faram. Le Guide
Le Guide du Royaume est la plus haute autorité reli- mène son peuple, tel un funambule sur le fil de
gieuse de Faram. C’est lui qui déclare la Guerre Sainte la destinée. En revanche, il meurt lorsqu’il perd le
contre les Infidèles, interprète les textes sacrés (le Livre « mandat du Ciel ». Sa mort peut être violente : le
de Balt, Les lettres de Haran au peuple, les épîtres des croyant ne doit plus écouter un Guide qui serait
3 sultans, les interprétations d’Aron, et les « Chrono- maudit. Certaines écoles de pensée diffèrent sur
logies » de Veya) et nomme les responsables religieux l’interprétation de la première loi : les plus modé-
(les imayollahs). Il doit cependant transiger avec les 3 rées considèrent que le peuple ne peut se rebeller
sultans et les écoles de théologie des 4 villes. que si le Guide viole une des 7 lois. D’autres affir-
ment que la révolte est nécessaire si l’équilibre est
Pour autant, la religion faraméenne autorise d’autres rompu entre aramtisava et kandarasiva.
cultes sur sa terre à condition qu’ils n’enfreignent pas
les 5 interdits majeurs (vol, viol, inceste, blasphème et 2. Lutte contre les Infidèles (Lutte contre le mal

195
extérieur) et mission d’évangélisation. Les Aroni-
tes lisent cette loi comme une loi du Theochrone 7. Non reproduction de l’image de
et la destruction de l’infidèle est possible. Seule Dieu : pour les Aronites, Dieu est double. Il
l’adoration des deux fils de Ka n’est pas blasphé- n’est ni Mulveya, ni Theochrone, il ne peut
matoire et les fausses idoles doivent être purgées donc pas être représenté.
de ce monde. La deuxième loi est abordée avec
beaucoup plus de violence que chez les ounites Art et Culture
car la conversion peut se faire par la force, et in
fine, se terminer par la destruction si nécessaire. La civilisation Faraméenne est une civilisation lar-
gement nomade mais très réputée pour ses arts, no-
3. Pèlerinage aux 4 grands lieux saints de Fa- tamment l’architecture en arabesque aux coupoles
ram, par ordre d’importance, la Grotte de la Mé- magnifiquement ornées. Les djinns privilégient l’en-
ditation, la Source Unique, la Sainte Porte et le seignement des sciences à celui des lettres, la culture
Bateau de Dieu. Ce sont les preuves tangibles de Djinn étant une culture oralement transmise. Les
l’existence de Dieu. Il existe un cinquième lieu connaissances Djinniques sont beaucoup plus avan-
saint hors de Faram qui est l’Empire du Néant cées que d’autres peuples du fait de leur théorique
(« Avoir contemplé la Gloire de Theochrone »). immortalité. Les plus vieux Djinns ont ainsi connu la
Les lieux saints Kyreliens ne sont pas considérés préhistoire de Faram (les huit premiers siècles, avant
comme tels. la création du royaume), alors que le désert n’était
peuplé que de bariosaurus et de gerboises. Ils sont
4. Jeûne lors de la célébration du petit exode notamment réputés pour avoir été de très grands navi-
(commémorant les 40 jours de Veya dans le dé- gateurs et sont toujours d’excellents astronomes, ma-
sert) et de la première guerre sainte (contre Ze- thématiciens et physiciens. Ayant découvert le secret
fra), afin de fortifier sa foi. de la poudre, ils ne l’utilisent que pour leurs canons.

5. Le Respect du prochain. Il vient balancer la La philosophie est également un art très prisé, bien
deuxième loi mais en fait ne s’applique qu’aux que souvent confondu avec la théologie. Les grands
véritables croyants. Dans la pratique, il s’agit philosophes Faraméens sont au nombre de quatre. Le
donc d’un concept très relatif puisque Ka est premier est Alcibiade El Kartoum (- 750 à 256), phi-
aussi destruction. Le « mauvais » prochain, c’est- losophe laïque qui réfléchit sur l’origine des Djinns
à-dire celui qui ne respecte pas les lois divines, et les montagnes de brume. Il passa près de trois
ne mérite pas de fouler la terre de Ka, ni d’exister. cents ans à sonder la Source Unique pour compren-
Il se convertit ou il meurt. dre comment les djinns naissaient et pourquoi aucun
Djinn femelle n’existait. Il en retira une conception
6. Lutte contre le mal intérieur (les 5 interdits) très machiste de la vie, concluant que l’apparition de
i. Le vol, car le voleur remet en cause la la forme féminine chez les autres races était une er-
hiérarchie de la Création. Si ta place dans reur. Il périt lors d’une expédition lancée à l’assaut
cette vie est d’être pauvre, c’est que tu l’as des montagnes de brume en 256.
mérité. Ne prends donc pas ce que le Dieu
t’a refusé ; Un autre philosophe beaucoup plus populaire qu’Al-
ii. La destruction d’une lampe de Djinn cibiade (représentatif des temps pré-évangélisation)
car tu mets fin à l’immortalité, et tu prends est l’imayollah Fatah El Koran (24 à 484). A l’origine
donc la place d’un Dieu ; simple paysan, il se convertit à la Nouvelle Religion
iii. Le blasphème car c’est le Nom de après un pèlerinage à la grotte de la méditation et fon-
Dieu que tu souilles ; da en 420 l’école de théologie de Wiluna. Fatah réflé-
iv. Le meurtre, car le tueur interrompt chit sur le concept de croyant et théorisa les bases de
le cycle naturel voulu par Dieu. Néanmoins, la guerre Sainte. Il fut appelé en 444 pour prendre en
tuer un infidèle n’est pas un péché. charge la Sainte Kaa-Veda de Faram et accompagna le
v. Le Bien. L’Aronite ne doit pas céder Guide Haran dans ses conquêtes. Il mourut deux ans
à « la funeste tentation du Bien ». En ef- avant Haran, écrasé par un projectile de catapulte lors
fet, le culte Aronite condamne le parti pris de l’attaque de Zarama.
Ounite qui est finalement de prêcher la
lutte contre le péché et le mal. Or, le mal L’imayollah Hosanam El grandissimo est beaucoup
est force de mouvement. Par conséquent, plus tardif puisque né en 345 et mort en 666, l’an-
l’Aronite doit veiller à ne pas faire le Bien, née de la guerre du Portail. Hosanam défendit le
car c’est sa véritable nature. concept de « peuples frères » refusant de canton-

196
ner la religion faraméenne aux seuls Djinns. Recteur de nouvelle religion qui met sur le même plan Mulveya et
l’école de Bekab, il convainquit Mohemed d’attaquer le Theochrone. Il échappe à la condamnation grâce au
en 634 le Néant pour venir en aide au Centreterre. Une soutien des Hucheimi qui se convertissent à sa religion.
violente querelle l’opposa alors à l’imayollah Gusha Ses disciples essaiment dans le royaume et les Suchei-
de Zarama et les hachichins tentèrent de l’assassiner mi se convertissent à leur tour. A la mort du Guide Al
à plusieurs reprises. Exilé dans le désert, il trouva plu- Khalim, le Sultan Mohemed tenta de faire barrage à
sieurs théorèmes de mathématiques (Il parvint notam- l’hérésie Aronite mais celle-ci s’imposa et devint reli-
ment à résoudre les équations à plusieurs inconnues et gion d’Etat.
affina la technique dite de la triangulation) puis s’exila
définitivement en Aquilon pour apprendre la magie Avec l’instauration de la religion Aronite, la société
harmonique verte. Le Guide Hassoud le Saint pronon- djinne s’est progressivement castée. Les castes nais-
ça contre lui une interdiction de revenir au pays pour sent du nombre de réincarnations d’un djinn. Plus ce
éviter de nouveaux troubles. Il mourut en exil pendant dernier s’est réincarné sous la forme djinne, plus sa foi
la guerre du portail, en l’an 666. est considérée comme grande. Compte-tenu de l’espé-
rance de vie des djinns, ceux qui se réincarnent pour
L’imayollah Aron El Had’ni, né vers l’an 480, est un la première fois en djinn sont les plus nombreux. On
disciple d’Hosanam dont il suit l’enseignement pen- les appelle les Nirmanakas (Ce qui signifie littéralement
dant plusieurs années à Bekab. Toutefois, il s’oppose « Corps produit » ou « première incarnation »). Il peut
de plus en plus aux thèses de son ancien maître et s’agir de djinns qui ont perdu le souvenir de vies an-
prône la « djinnité », c’est-à-dire le retour à la véri- térieures également, ce qui revient de même. La caste
table identité djinne. Exclu de l’école de Bekab ar au-dessus, près de dix fois moins nombreuse, regroupe
Hosanam (qui est en fait une université), Aron devient les djinns qui ont déjà vécu une vie antérieure sous
professeur de theologie à l’Université de Zarama, grâce forme djinne. On les appelle les Sambokas (« Corps de
à l’appui du sultan Hucheimi de Bekab qui convainc le jouissance »). La troisième caste, encore moins nom-
Sultan Mohemed de l’aider. Il y devient extrêmement breuse, regroupe les djinns qui ont été réincarnés pour
populaire et après l’exil d’Hosanam est rappelé à Bekab la 3ème fois sous cette forme. On les appelle Dharma-
où il devient recteur de l’université. Après la chute des kas (« Corps absolu »). La quatrième caste regroupe
dieux et le cataclysme, Aron professe l’apparition d’une des djinns qui ont le souvenir de plus de trois réin-

197
carnations. Ils sont une poignée et on les appelle les utilisent plus volontiers le Bas-Faraméen, plus argoti-
Bodisattva (« Corps ultime »). L’Aronisme a imposé que que et plus rauque à la prononciation.
les adoptions ne puissent pas se faire entre membres
de castes différentes, et développé une ségrégation La monnaie de Faram est le dinar. Un dinar vaut envi-
qui n’existait pas autrefois. L’appartenance à une caste ron 5 écus d’or donc 500 écus d’argent. Il se subdivise
conditionne de porter un tatouage : un serpent pour en roupies (un dinar vaut 4 roupies). Les faraméens
les Nirmanakas, un œil pour les Sambokas, une éclipse utilisent aussi le dinar d’argent qui vaut 50 dinars nor-
pour les Dharmakas et une flamme pour les Bodisat- maux pour les grosses transactions (et donc 200 rou-
tva. pies) ou le « grand dinar » qui vaut 8 dinars d’argent
(400 dinars).
Langue et Monnaie

Le calendrier Faraméen est sensiblement identique


au calendrier mulveyen ou kyrelien. Il comporte 216
jours et est composé de semaines de 7 jours prénom-
més ainsi : Lindo, Mirdo, Mercredo, Jeido, Vendredo,
Lemedo, Domenche. Les mois sont des mois lunaires
et sont 12 : Jophel, Uriel, Kamuel (Hiver), Rafelim, Ga-
brielim,, Mikhëlim (Printemps), , Zadkial, Cassandral,
Baltal (Eté), Vitis, Haedis, Theochronis (Automne),
Chaque mois fait 18 lunes. Le point de départ du ca-
lendrier est la seconde Création, qui marque le début
de la guerre entre Mulveya et le Theochrone (1er jour
de Vertebarbe, 749 du calendrier aquilonnien).

Le Faraméen est une langue parlée à Cypre, Zamara,


Zefra et Faram évidemment. Lorsqu’elle est écrite, elle
se lit de droite à gauche, à l’inverse des autres langues
du continent. Les textes sacrés sont écrits en Haut Fa-
raméen, langage utilisé avant le Cataclysme de - 511
(calendrier Faraméen) alors que les peuplades actuelles

Table des transactions

Ecus Ecus Ecus


d’argent or d’émeraude
1 roupie = 5 0,05 0,005
1 dinar = 20 0,2 0,02
1 dinar d’argent = 1000 10 1
1 grand dinar 8000 80 8

Roupies Dinars Dinars Grands di-


nars
1 écu d’ar- 0,2 0,05 0,001 0,000125
gent=
1 écu or= 20 5 0,1 0,0125
1 écu 200 50 1 0,125
d’émerau-
de=

198
Fragments de Weröl
leçon inaugurale
Ar’an El (université
Poussir El deDharmaka,
zarama) recteur
Ses chers élèves1 ,

Bienvenue sur les bancs de notre prestigieuse Institution. Vous êtes la future élite de notre pays et, en tant que
Recteur de cette Université, c’est un très grand plaisir que de voir une aussi importante promotion s’installer
en nos murs : vous êtes les larmes de Veya, les pousses du désert, les grains de Foi dans un monde qui cherche
le mystère divin. Cette année, vous êtes 95 élèves et Il ne peut que se réjouir de la vitalité de notre clergé.

Dans un an, dans un siècle, dans dix siècles, vous deviendrez les guides de notre peuple, à la suite de celui qui
fut son illustre prédecesseur, Aron El Had’ni, que son Nom Soit Loué. Pour cela, nous vous éveillerons à maints
sujets. Ici, Nous vous enseignerons la théologie, bien évidemment, mais également tout ce qui fera de vous des
imayollahs éveillés, capables d’administrer notre puissant Royaume au Nom de Notre Guide, que son Très Saint
Nom soit aimé de Dieu : le droit civil et son codex, la science des poudres et des armes, la mathématique, la
philosophie, l’Histoire et la Géographie.

Il voit à vos visages que vous êtes surpris. Certains ont peut être servi Dieu dans des incarnations précédentes
et sans doute avaient-ils reçu leur enseignement d’autres professeurs, issus d’Universités moins prestigieuses
que la nôtre. D’autres se font une idée plus étroite du bagage d’un imayollah : quelques textes sacrés, quelques
lois fondamentales, et le droit en échange de rendre l’univers intelligible. Non, il ne le faut pas.

Croyez-le: nul ne peut enseigner l’Univers s’il en ignore les limites. Trop d’entre vous considèrent que la Foi est
l’unique glaive du très fidèle serviteur de Faram. La Foi est une lumière qui vous guide dans le cycle des réin-
carnations : elle est la clé qui vous ouvre toutes les portes. Néanmoins, si Ka a créé le Djinn à son image, pour
reprendre Alcibiade El Kartoum, et Aron El Had’ni, c’est pour lui permettre d’utiliser sa raison à bon escient.

Il vous donne un exemple de ce qu’il souhaite illustrer. Quelle est la première Loi de notre religion ?
L’obéissance au Guide, qui seul a le mandat du Ciel.
Mais cette obéissance est-elle aveugle ? Non justement car la Tradition nous donne le droit de renverser le mau-
vais Guide, si l’équilibre était rompu entre aramtisava et kandarasiva. La ville qui vous accueille aujourd’hui
garde trace de cet héritage : Mohemed de Zarama, que ses tripes soient répandues dans la mer, fut chassé car il
avait dévoyé la parole de Dieu. Et il n’est pas le seul : pensez à Hassoud le Doré.

En ces temps confus, le futur imayollah n’est pas seulement un prescripteur, c’est aussi un administrateur, un
intellectuel, un gardien. Son intelligence et sa culture doivent égaler sa Foi.

Voilà pourquoi, l’on vous enseignera ici les lois de notre Royaume, car leur origine est divine et qu’elles ne
peuvent être correctement appliquées que si elles ne trahissent pas la loi naturelle donnée par Ka.
Voilà aussi pourquoi vous apprendrez la science militaire : l’imayollah désarmé est un chien sans crocs ni grif-
fes. Voilà pourquoi vous apprendrez les mathématiques, car dans la profondeur d’une équation, vous approche-
rez la pureté de Dieu et son mystère.

Le mystère de Dieu est comme un bariosaurus : trop grand pour être embrassé d’une seule fois. Ici, vous
regarderez l’animal depuis les pieds, le cou, la tête, autant de perspectives qui vous feront réfléchir sur votre
engagement. L’idée fondamentale de sa leçon est que la connaissance, c’est le progrès. Or, nous savons que le
progrès est double : il peut être porteur de grandes avancées, et en même temps destructeur. Etudier le progrès,
c’est donc avancer sur le mystère de la Divinité.

Il se permet d’insister également sur l’histoire des idées. Connaître la Loi n’est pas suffisant. Même si, au cours
des siècles, nous avons débattu et parfois condamné certaines thèses, elles ont apporté quelque chose à notre
manière de voir le monde et d’interpréter l’univers. L’imayollah n’est pas un savant dans sa tour d’ivoire : il doit
être ouvert sur le débat des idées, car une religion qui se fige est une religion morte.
Notre ancien recteur, Aron El Had’ni, que son nom résonne à travers les siècles, aurait-il pu contribuer à ce
point à notre compréhension de l’Univers s’il n’avait pas d’abord aiguisé, pendant plusieurs centaines d’années,
sa pensée sur la pierre de la tradition ? Non.

Vous êtes les héritiers d’une pensée et les pionniers de sa révolution. Notre civilisation est la plus ancienne du
monde. Il se souvient encore de sa première incarnation, en des temps abrupts où notre race était contrainte de

1 Rappel : les Djinns parlent d’eux à la troisième personne, surtout lorsqu’ils atteignent plusieurs centaines d’années.

199
fuir dans le désert à l’approche de créatures monumentales dont les bariosaurus ne sont que des descendants
très dégradés. Peut-être parmi vous certains ont encore des souvenirs de cette époque troublée. Pourtant, nous
les avons vaincus. Comment ?
Par la Science ! C’est l’un des nôtres, le Cheikh Amoud El Macloul, qui a eu l’idée d’inventer ces fameux tapis
volants, aujourd’hui si répandus dans notre Royaume. C’est la magie, qui nous a permis de nous mettre à l’abri
des créatures reptiliennes du Désert comme les vers des sables ou les bariosaurus, et de les domestiquer.
La Science : pas la religion. La religion n’a pu conquérir cette terre que parce que nous lui avions d’abord créé
un écrin propice. Le progrès est donc la soeur de la Foi Aronite, dans son aspect créatif et destructeur.

Plus tard, lors de sa seconde incarnation, il a connu le temps des doutes, celui où notre Royaume s’est entre-
déchiré pour des fois différentes, et où finalement notre civilisation a fini par émerger. Il a commis des erreurs
en ce temps-là, massacrant ceux qui ne pensaient pas comme lui, il a péché contre la sixième loi. Il fut à son
tour tué, au nom de Dieu.

Ces vies ainsi résumées, il les met en avant pour que vous compreniez que son message dépasse la simple
existence immortelle que les Dieux vous accordent : en progressant dans la Sagesse comme dans la Foi, vous
ferez de Faram un monde meilleur et vous vous rapprocherez de votre équilibre mantrique. Il sait que vous êtes
majoritairement des Nimanakas, et que ses explications doivent vous paraître décalées : la providence ne vous
a-t-elle pas réincarné dans un corps immortel ? Ne soyez pas présomptueux : l’immortalité n’est pas l’éternité.
Vivez cette vie nouvelle comme une chance. Pour les autres, oubliez les erreurs de vos précédentes incarnations
: cette école vous montre la voie.

Profitez des quelques dizaines d’années que vous passerez sur ces bancs à étudier les textes saints. Mettez-les
à profit car ensuite, vous serez au service des autres. Il vous invitera d’ailleurs, une fois votre enseignement
terminé, à voyager. Car seule la confrontation avec la réalité du monde pourra vous faire comprendre le sens
de ses conseils.

Un dernier exemple me permettra d’appuyer son propos. Il vous a montré qu’un imayollah sans connaissance
ne peut être un bon serviteur de Dieu. Mais ne vous méprenez pas sur le sens de son propos : la gemellité entre
progrès et foi n’est pas un amont pour un aval. La réciproque est également vraie : un Djinn sans raison de
croire n’a que faire d’un amas de connaissances.

Il a eu la chance, voilà près de deux cents années, de participer à une expédition chargée d’explorer le vaste
océan qui borde nos côtes. C’était avant le grand Théolocauste, en - 104 de notre Ere. En ce temps-là, les océans
étaient pleins d’eau, et l’on pouvait naviguer sur elle comme un dorgan dans le désert. Notre caramoufat avait
à son bord un Nimanaka qui avait près de quinze siècles d’existence. Rendez-vous compte : une seule vie de
quinze siècles ! Ce djinn, qui portait le nom de Jafer El Addad, n’était pas né comme vous et lui à la Source
Unique, mais sur un autre continent. C’était un païen, resté fidèle à ses anciennes idoles. Un tel être était à ce
point rare qu’il avait été embauché par un capitaine du Centreterre, désireux de profiter de ses connaissances
pour retrouver le fameux «continent faë», celui où seraient nés les Elfes, les Djinns et les Sylphes. Quant à lui,
qui était déjà imayollah, il fut autorisé à prendre la mer grâce à sa connaissance théorique de la géographie de
notre vaste monde.
Nous avons mis près d’un an à traverser les étendues qui sont aujourd’hui sourgneuses : la monotonie à l’aller.
Au retour, nous avons réchappé de peu à la destruction en frôlant d’immenses typhons. Nous sûmes plusieurs
dizaines d’années après que nous étions passé au large d’Atlante.
Et au bout de notre odyssée, nous avons fini par accoster sur une terre toute noire, totalement détruite : notre
foyer originel. Son frère, Jafer El Addad, n’a pas supporté ce retour en arrière : il s’est laissé mourir de tristesse
et nous l’avons enterré dans ce sinistre lieu que nous avons appelé «Terra Negra». Il espère qu’il s’est réincarné
en Samboka et qu’il profitera de cette nouvelle vie pour fortifier son âme créatrice, car grand était son désé-
quilibre.

A travers l’exemple d’El Addad, ce qu’il veut vous montrer, ses élèves, c’est que la plus longue des vies n’a
aucun sens si elle ne se bâtit pas à un moment sur la raison, c’est à dire sur la Foi. S’il n’a pas mis fin à ses jours,
après ce voyage à la fois si riche et si décevant, c’est car il a compris que la volonté destructrice avait engendré
la création d’une grande civilisation : la nôtre. Le progrès.
L’expérience n’est pas tout. La génération d’El Addad, celle qui a domestiqué les bariosaurus, a désormais tota-
lement disparu, malgré son immortalité. Mais son héritage reste en nous, car même si nous n’en avons pas tous
conscience, tous sommes eux et ils sont nous. Ils sont morts, emportés par la maladie ou la guerre, mais ils l’ont
faits pour qu’au travers de nos éveils successifs notre Royaume progresse sur la voie de la connaissance.

Voilà ses élèves, pourquoi Il vous exhorte à vous ouvrir au monde : grande est la théologie ou la Foi en notre
Dieu, mais n’oubliez pas votre responsabilité à l’égard de ceux qui vous suivent. Cultivez votre raison, et com-
mencez par chercher à contester ce qu’il vient de vous apprendre car lui aussi, il est quelque peu votre élève.

Il vous remercie de votre attention. Dieu est double et sa Nature est infinie !

200
Légendes de Weröl
Sint Al Khalim ad Apis Hucheini

Race : Djinn
Dates : -251 – 910
Al Khalim ad Hapis était à l’origine le membre du petite tribu faraméenne dirigée par le Cheikh Enboi. En 745,
il fut désigné par son Cheikh pour retrouver la trace d’un étudiant djinn de la même tribu disparu de la cité
de Bekab. C’est en remontant la piste que Al Khalim croisa la route de Shimrod le mage et de Yoshimura avant
d’avoir l’illumination sur la route du retour, après avoir obtenu la preuve du décès de celui qu’il recherchait.
Le dieu Elth lui demanda en effet de devenir son champion et de reprendre le flambeau de la foi laissé libre
après la mort de Sint Alaric, le premier prêtre d’Elth sur Weröl, assassiné aux Enfers. Porteur de la pierre ma-
rin, Al Khalim participa à la quête des 7 champions mais ne put éviter ni la perversion de Sint Kiwen par Sint
Azatoth, ni l’assassinat de Sinta Machia’h. Après les évènements, qui lui permirent d’être adopté par le sultan
de Bekab et de prendre le nom d’Hucheini, Sint Al Khalim repartit en Faram et accéda à la charge de Guide
en 790.
Dix ans plus tard, il mit la dernière main à l’œuvre de sa vie, un évangile très précis relatant la fin du grand
Théolocauste. Mort vraisemblablement assassiné en 910, il laissa derrière lui un royaume de Faram déchiré par
les guerres religieuses.


1.5.3. Teufel, la cité de l ’Oracle vue et recopiée par le Devin à partir des 12 avenirs qu’il
pouvait prédire du fait de sa double-vue. Cette loi était
Carte d identité : censée prévenir tous les cas de figure possible de des-
truction de la cité et donc garantir son immortalité.

Les mercenaires-pirates, qui prirent le nom de Maî-


tre-Juges, ne vinrent pas seuls : ils emmenèrent avec
eux leurs familles et aussi leurs esclaves. La cité se
peupla donc dès le début d’une petite communauté,
les maîtres-juges assurant la protection de l’oracle et
pourchassant les dernières créatures néantiques qui
peuplaient les souterrains de la cité, jusqu’à ce que le
Devin appelle à la Réconciliation (article 41 du L12R).
Capitale : Teufel Teufel accueillit également un nombre de plus en plus
Langue : Aquilonnien, Faraméen. impressionnant de pélerins, venus consulter l’oracle
Dimensions maximales : 80 km2 sclérosellé et reclus, dont la renommée se faisait cha-
Population : environ 30 000 (humains, elfes, gnomes, que jour plus grande.
nains, djinns, créatures néantiques, reptiliens…)
Armée : 5 000 personnes (dremvecirs) En l’an 699, l’Oracle accorda aux maîtres-juges la sou-
Flotte : Une dizaine de corsaires (500 marins) veraineté sur la Cité et s’enferma au plus profond de la
Villes principales : Teufel citadelle de la Scléroselle, ne recevant plus que quel-
Dynastie Régnante : L’Oracle sclérosellé (670 - ...) et les ques pèlerins triés sur le volet. Cette décision provoqua
12 maîtres juges un accroissement de la population des pélerins puisque
Blason : Un œil entouré de 12 yeux. L’œil principal ces derniers s’installèrent à Teufel dans l’espoir d’être
représente l’Oracle et sa capacité divinatoire. Les 12 appelé un jour par l’Oracle.
yeux représentent les maîtres juges de la cité. Certaines
mauvaises langues voient dans le cercle gris qui les re- Organisation politique
lie la lune néantique.
Calendrier : Faraméen Le pouvoir politique de la cité est entre les mains de
l’Oracle sclérosellé qui est le seul à pouvoir modifier la
Histoire loi des 12 réalités, un code qui se veut être la loi ultime
parant à toutes les éventualités, et que les maîtres juges
La cité de Teufel était à l’origine une cité reptilienne, appliquent avec rigueur.
dont les origines se perdent dans la nuit des temps.
Son Roi participa au Conseil qui appela au premier Dans la pratique, les 12 maîtres-juges, égaux et cooptés,
Kari-Kol de l’histoire, en l’an 350. Néanmoins, en 354, appliquent la loi des 12 réalités et ne rendent compte à
la cité fut brusquement attaquée par une expédition personne. On les reconnaît à leur lourde armure, leur
néantique et projetée magiquement sur le plan de la masque d’animal (qui permet de les identifier) et leurs
Gehenne pour éviter que le Roi de Theleb, Vladik, ne la couleurs mauve et jaune, qui sont de droit les leurs.
récupère. Il finit par se résigner à la perte de cette cité. Ils sont à la fois policiers, juges et bourreaux et nul ne
peut contester leur jugement. Sur l’espace communal
La cité de Teufel, devenue colonie néantique, fut per- de Teufel, ils ont droit de vie et de mort (article 11 du
due par l’Empire du Néant en 666 : elle réapparut sur le L12R), de taxation (article 37 du L12R), de confiscation
plan de Weröl quasi-totalement rasée et dévastée. Nul de la propriété (article 5 du L12R). En cas de violation
ne sut jamais pourquoi Titan la chassa de son plan ni de son serment, ce qui n’est jamais arrivé, un maître-
les raisons exactes qui avait présidées à son annilhia- juge peut être chassé à mort par ses collègues (article 7
tion. du L12R). Les maîtres-juges sont tous porteurs d’une
amulette donnée par le Devin qui leur confère l’in-
C’est une compagnie de mercenaires-pirates qui s’ins- vincibilité et leur permet de mener à bien leur tâche.
talla parmi ses ruines en 670, sur les conseils d’un de- Porter la main sur un maître-juge, c’est attirer la peine
vin, auto-proclamé l’Oracle sclérosellé. L’Oracle leur de mort sur soi (article 2). Lorsqu’un maître-juge dé-
garantit que la prospérité fleurirait d’elle-même de cet- cède, ses 11 collègues élisent son remplaçant parmi les
te ville autrefois maudite s’ils acceptaient de mettre fin dremvecirs, en réalité un terme servant à désigner les
à leurs activités nomades de pillage et de destruction, fils, filles et descendants de ceux qui suivirent les 12
et qu’ils se fixaient en Teufel. Les mercenaires étaient mercenaires-pirates. Les maîtres-juges siègent à la tour
12 et firent le serment d’appliquer la loi des 12 réalités, de Justice (article 4).

202
Organisation administrative djinns), de visiteurs, de voyageurs de passage à
Teufel.
Les suivants de l’Oracle, habillés de pourpre, assurent - Les verons sont les descendants des peuples
l’administration de la Cité. Ils ont notamment pour néantiques que l’Oracle a autorisé à rester à Teu-
mission d’exécuter les ordres des maîtres-juges ou de fel pourvu qu’ils ne rentrent pas dans les quartiers
l’Oracle, et de veiller à la bonne marche de la cité. Ils oraculaires et qu’ils se tiennent en marge de la cité
sont recrutés parmi les dremvecirs et les cartessiga. (articles 41,42 et 43 du L12R). Il s’agit d’elfes noirs,
La population de Teufel est hétérogène, et les droits va- d’hommes-loups, d’hadornics… Leur nombre est
rient suivant les catégories sociales: inconnu.

- Les dremvecirs sont les descendants du pre- La cité de Teufel bat sa propre monnaie, le talent, qui
mier peuple amené là par les premiers maîtres-ju- vaut 1 écu or. Un talent vaut 100 hesperrides. Il existe
ges. La plupart ont un aïeul qui descend d’un des une monnaie assez rare, le gousseau, qui vaut 12 ta-
fondateurs de la cité et généralement, ils s’en pré- lents.
valent. Certains sont de purs descendants d’escla-
ves, ce qui est mal considéré. Les 12 maîtres juges La Loi des 12 réalités
étaient tous humains tandis que les esclaves pou-
vaient être gnomes, elfes, nains. Les dremvecirs de Article 1 – Cette loi est donnée par l’Oracle de Teufel,
race pure ont donc généralement une espérance seul maître de la cité, pour qu’elle soit respectée et ap-
de vie plus courte et n’hésitent pas à mettre en pliquée par le peuple qui lui est soumis.
avant l’âge de décès de leurs aïeux pour prouver la Article 2 - Les maîtres-juges, fidèles à leur serment re-
qualité de leur sang. La généalogie est également nouvelé, l’applique intégralement, exhaustivement, fi-
un loisir très commun à Teufel. Les dremvecirs dèlement. Nul ne peut en amoindrir la portée.Quicon-
sont environ 5 000 et en cas de guerre sont mobili- que leur cause dommage, physique ou magique, direct
sables. ou indirect, périra de leur main.
Article 3 – Les maîtres-juges jurent tous les 12 ans ser-
- Les cartessiga sont les pélerins installés pour ment à l’Oracle du haut de la Tour de Justice, les yeux
de bon à Teufel et qui attendent que l’oracle les bandés, « de le protéger et d’appliquer sa loi, intégrale-
appelle. Il s’agit d’un mélange extrêmement hé- ment, exhaustivement, fidèlement ».
térogène d’illuminés religieux, de mystiques, de Article 4 – Les maîtres-juges, habillés de violet et de
sages/érudits qui ont consacré leur existence à la jaune comme signe distinctif de leur confrérie, siègent
recherche de la vérité. Parmi les cartessiga, dont et confèrent une fois par jour, à la douzième heure,
le nombre est d’environ 2 000 à 3 000 individus, sur le Bien de la cité, à la Tour de Justice d’où ils prê-
on recense un certain nombre de sectes philoso- tent serment. Si l’un d’eux vient à manquer, ils ont 12
phiques spéculatives, toutes reliées à la nature de heures pour choisir un nouveau maître-juge parmi les
l’oracle. Il serait fastidieux de les inventorier tou- dremvecirs qui sont leurs fils.
tes : on trouve ainsi les cartessiga religiosa qui Article 5 – Les maîtres-juges sont maîtres de la pro-
considèrent l’oracle comme l’avatar d’un Dieu ; priété sur leur sol : ils donnent et reprennent, confis-
les cartessiga vocis qui le voient comme un pro- quent et distribuent en leur âme et conscience.
phète ou un messager divin ; les cartessiga magi- Article 6 – Les maîtres-juges connaissent leur loi par
liosa qui attribuent ses pouvoirs extraordinaires à cœur et l’appliquent par l’esprit. Au moment d’être
la magie. Il existe des sectes plus minoritaires et coopté, le maître apprenti doit se voir poser 3 questions
extrêmement bizarroïdes, notamment les cartessi- sur la Loi et répondre justement, sinon il sera retourné
ga sclérosella qui affirment que c’est la maladie de parmi les siens.
l’Oracle qui lui confère ses pouvoirs et qui cher- Article 7 – Le maître-juge n’est pas maître de sa charge
che donc à le rencontrer pour être contaminés, et qui lui est donnée par ses pairs et reprise par le Ciel.
même les cartessiga vendetteria, une secte réunis- S’il trahit la Loi, ce sont ses pairs qui le chasseront.
sant tous ceux qui veulent rencontrer l’oracle pour Son successeur sera choisi et le traquera à mort en pre-
tester ses pouvoirs et le tuer si il s’agit d’un impos- mier avant d’aller reprendre sa charge.
teur. Article 8 – Les maitres-juges assurent la police de la
cité. Ils font respecter l’ordre et sont les garants de la
- Les extraneros sont la part de la population liberté individuelle.
qui n’est pas fixée à Teufel. Leur nombre est varia- Article 9 – Les maîtres-juges assurent la justice de la
ble mais tourne autour de 10 000 individus. Il s’agit cité. Ils font respecter l’équité et le droit, et sont les
soit de pèlerins qui n’ont pas encore fait le choix garants des libertés publiques.
de s’installer à Teufel, soit de marchands (sylphes, Article 10 – Les libertés publiques énoncées à l’article

203
9 sont : la liberté de réunion, la liberté de corporation Article 34 – La décision d’un maître-juge s’applique
et d’association, la liberté de culte, la liberté d’expres- immédiatement si elle a une portée individuelle.
sion. Article 35 – La décision d’un maître-juge doit être pro-
Article 11 – Les maîtres-juges ont droit de vie et de clamée depuis la Tour de Justice si elle a une portée
mort sur les habitants ou les visiteurs de passage de la générale pour prendre effet.
cité de Teufel. Article 36 – Les maîtres-juges vivent des taxes payées
Article 12 – Les limites de la juridiction des maîtres par les habitants de la cité.
juges sont fixées à 1 kilomètre au-delà des dernières Article 37 – Le niveau de la taxation est fixé par chaque
habitations. maître-juge au cas par cas, sur une base ponctuelle. Il
Article 13 – L’injure du nom de l’Oracle est punie par est interdit d’établir un impôt stable.
la décapitation. Article 38 – L’impôt est versé dans les 12 heures qui
Article 14 – L’assassinat avec préméditation est puni suivent aux suivants ou au maître juge qui a taxé. Il en
par la strangulation. Le cadavre sera découpé et jeté est de même pour les amendes et pénalités.
aux chiens. Article 39 – Qui refuse d’acquitter l’impôt est banni à
Article 15 – Le vol est puni par la crevaison d’un œil. vie de la cité dans les 12 heures qui suivent la forclu-
Article 16 – Le vol en récidive est puni par la crevaison sion de l’échéance.
du 2ème œil Article 40 – Seuls les dremvecirs, fils des fondateurs de
Article 17 – L’escroquerie et le charlatanisme sont pu- la Cité, ont le droit de vivre et de déambuler dans les
nis par la prison, pour une durée fixée par le maître- quartiers oraculaires.
juge. Article 41 – Les cartessigas, pélerins appelés par l’Ora-
Article 18 – Mentir à un maître-juge est passible de mu- cle en sa cité, ont le droit de déambuler mais non point
tilation. vivre dans les quartiers oraculaires. Ils sont taxés pour
Article 19 – La contre-façon et la fabrication de fausse- ce droit. Les vérons n’ont pas le droit d’y vivre ou d’y
monnaie sont passibles de prison, pour une durée fixée déambuler.
par le maître-juge Article 42 – Les verons, descendants des peuples néan-
Article 20 – L’usage de la magie n’est autorisé que par tiques, sont autorisés à vivre à Teufel, pourvu qu’ils vi-
les maîtres-juges qui délivrent patente d’exercice pour vent aux marges de la Cité.
une durée limitée, sur un nombre de sortilèges définis. Article 43 – Les verons ont les mêmes droits que les
Article 21 – L’usage de la magie sans patente est puni cartessigas et que les dremvecirs.
de la peine de mort, immédiate. Article 44 – La liberté de croyance est respectée à Teu-
Article 22 – Le non-respect des règles édictées par la fel, pourvu qu’aucun temple ne dépasse en hauteur la
patente de magie est puni par des peines d’amende ou Tour de la Justice, ni qu’aucun écrit religieux ne soit
de prison. introduit. La violation de ces deux règles est punie par
Article 23 – Les maîtres-juges réunis en majorité peu- l’exil.
vent édicter une interdiction générale d’une branche Article 45 – En cas de guerre, les maîtres-juges ont tous
de magie, qui s’applique alors et nullifie les patentes les pouvoirs pour défendre la Cité. Ils peuvent recruter
antérieures et postérieures. parmi le peuple de Teufel les soldats et les miliciens.
Article 24 – Les suivants de l’Oracle sont chargés de Article 46 – En cas de menace grave et immédiate pour
l’organisation administrative de la cité. la survie de la Cité, l’intégrité de ses institutions, ou
Article 25 – Les suivants sont exemptés de l’impôt celle de l’Oracle, ce-dernier peut suspendre la présente
Article 26 – La mort naturelle ou la décision d’un maî- Loi, après en avoir averti les maîtres-juges.
tre juge met fin aux fonctions des suivants. Article 47 – Le commerce est permis du lever du soleil
Article 27 – Un maître-juge ne peut casser la décision au coucher du soleil. L’infraction à cette règle est pas-
d’un autre maître-juge. sible de prison.
Article 28 – Deux maîtres-juges peuvent casser la déci- Article 48 – Le port d’armes est taxé par les maîtres-ju-
sion d’un seul ges qui donnent patente pour leur utilisation. Le non-
Article 29 – Trois maîtres-juges peuvent casser la déci- respect de cette règle est puni par la mutilation.
sion de deux Article 49 – Entre 3h00 du matin et l’aube, il est interdit
Article 30 - Quatre maîtres-juges peuvent casser la dé- de circuler avec des armes, sous peine de mise à mort.
cision de trois Article 50 – Avant de rendre son arrêt, et si ce dernier
Article 31 – Cinq maîtres-juges peuvent casser la déci- pourrait aboutir à la mort ou à la mutilation physique,
sion de quatre un maître-juge est tenu d’écouter pendant 12 minutes
Article 32 – Six maîtres-juges peuvent casser la déci- les éléments de défense présentés par le suspect.
sion de cinq. Article 51 – Les maîtres-juges n’ont pas le droit de
Article 33 – Seul l’Oracle peut casser la décision d’une rencontrer ou de parler en présence de l’Oracle. Ils se
majorité de maîtres-juges. tiennent à 12 mètres lorsque ce dernier parle ou se dé-

204
place.
Article 52 – Les duels sont permis, pourvu qu’un maî-
tre juge en ait été informé.
Article 53 – Tout ce qui n’est pas expréssément interdit
n’est permis que si un maître juge n’y fait pas opposi-
tion.

Organisation spatiale

La cité de Teufel a pendant longtemps été présente sur


le plan de la Gehenne. Aussi, ses souterrains regorgent
de créatures surnaturelles qui régulièrement surgissent
à l’air libre. Au centre des anciennes ruines, au bord
de la mer, les maîtres-juges ont bâti une première cité
ceinturée de murailles percée d’ouvertures magiques.
La Tour de la Justice est imbriquée dans cette muraille
et les maîtres juges emploient des suivants pour gar-
der les portes. Ce premier quartier est appelé « quartier
oraculaire ». C’est en effet là que logent les maîtres-
juges, la citadelle de la Scléroselle, et les plus riches
familles demcévirs. La citadelle elle-même est à moitié
enfouie et nul ne peut y pénétrer hormis les suivants.
L’Oracle parfois se manifeste par des moyens magiques
à des pélerins et leur donne les moyens de l’atteindre :
les mots de passe qui permettent de libérer le passage
des portes oraculaires, puis le chemin pour le retrouver
dans la citadelle.

Hormis ces éléments notables, on y trouve une Grande


Bibliothèque Savante, un institut de généalogie et un
temple unicosmique d’Elth.
Enserrant le quartier oraculaire se trouve le déam-
bulatoire, un quartier semi-circulaire sans habitation
qui n’est utilisé que pour rapidement faire le tour du
quartier oraculaire. Les cartessigas y viennent y tour-
ner pour célébrer l’Oracle. Les sectes ont chacune leur
horaire et évitent de se mélanger.

Quatre quartiers sont contigüs au déambulatoire :


• le Merus, où se trouve la Bourse de commerce,
et qui est surtout habité par les extraneros.
• le Lemo rassemble le siège de plusieurs sectes
spéculatives et abrite les congrégations qui unis-
sent les différents cartessigas
• le Veron est un quartier un peu excentré où la
proportion de Verons est assez forte. Le quartier a
mauvaise réputation.
• Le Cepsi est un quartier très animé, fréquenté
par les demcévirs, les extraneros et les cartessigas
(on y trouve même des sièges de sectes assez mi-
neures). Le port se trouve dans le Cepsi.

Autour de la ville-même se trouvent plusieurs kilomè-


tres de ruines.

205
1.5.4. L’Anarchie de Theleb En 350 en effet, le roi de Theleb, un mage saurial puis-
sant du nom de Valdik, parvient à unifier autour de sa
Histoire personne les 5 nations de Theleb en profitant de la me-
nace que représentaient les royaumes islandiens voi-
La naissance de l’Anarchie de Theleb est un mystère. sins. Il crée pour le seconder le Conseil des Sauriaux
Originellement, les reptiliens ont toujours vécu là, c’est où sont représentés les rois de chaque cité du « royau-
du moins ce que les djinns immortels affirment. Plus me » de Varul : Theleb, Leor l’occidentale, Teufel la
prosaïquement, les reptiliens descendraient d’espè- Sudiste, Kells la Cité des Prophètes. Il s’assure éga-
ces de dinosaures qui auraient évolué intelligemment lement de l’alliance du Ksars sauriaux et fait élire Ara-
grâce à l’influence de Titan, alors qu’au contraire elles gonar le Sanglant, son protégé, Ksar-Ksar des sauriaux
étaient domestiquées en Empire Daï ou en Faram. Des puis invite les reptors et les draconides à lui déléguer
poches de ce passé préhistorique subsistent encore au des représentants afin de négocier. Ce sera le premier
sein des bas-royaumes dans des vallées cachées. conseil des 5 nations depuis la mort de Varul et Valdik
convaincra les tribus de le suivre à l’assaut des îles is-
En réalité l’anarchie a alterné des phases de plus ou landiennes, plus tempérées que la tropicale région de
moins grande cohésion. Le premier véritable conqué- Théleb. Ce « Kari Kol », l’appel solennel au sang, son-
rant reptilien est un Rex du nom de Varul le Grand. nera le début d’une vaste guerre qui durera 35 ans. En
En – 250, il envahit le sud de la péninsule thélébéenne 385 en effet, la mort du charismatique Valdik empêche
et forma le premier royaume, asservissant reptors, sau- la victoire totale de la coalition reptilienne sur leurs
riaux, draconides et lézardoïdes. A sa mort, son Em- voisins islandiens. Ils conquièrent toutefois une large
pire fut partagé entre ses fils qui rapidement se firent partie de l’île voisine et annexe la ville de Kelt, qui est
la guerre. Les frontières de Theleb se fixent réellement pillée. Ses habitants sont tous tués et les lézardoïdes
entre 350 et 491. la colonisent. Cette première guerre fixe les frontières
orientales du royaume. Les peuples reptiliens garde-
ront à jamais un souvenir nostalgique de cette épopée
victorieuse et chacune des nations acceptera de répon-
dre au Kari Kol lancé par le conseil des Rex, cette race
monopolisant peu à peu la direction des quatre autres
nations. Ce dernier conseil sera désormais théorique-
ment en charge du territoire, en cas d’attaque.

Au Sud, Teufel est capturée par surprise par une expé-


dition Néantique en 354 et projetée magiquement sur
le plan du Dieu Titan pour éviter que Valdik la récu-
père. Ses armées étant à des milliers de lieues, le grand
conquérant devra s’y résigner.

En 412, c’est cette fois-ci un Ksar-Ksar Rex du nom de


Kelingil qui parvient à fédérer les sauriaux et à prendre
d’assaut la ville de Theleb. Kelingil se fait sacrer roi de
Theleb par les sauriaux et écrase ses opposants, draco-
nides et reptors. Il instaure une monarchie absolue et
réforme l’armée reptilienne, la rendant plus efficace. En
423, Kelingil envahit les bas-Royaumes sous le prétexte
d’aider les humains dans leur lutte contre les trolls, les
gnomes, les elfes et les nains. Quoique son roi soit tué
en bataille en 426, Theleb continue le combat derrière
Kelingil II, le frère du premier, puis derrière Kelingil
III, son fils (neveu de Kilingil I). En 453 toutefois, les
armées thélébéennes se replient après l’assassinat du
dernier Kelingil par les reptors. Le royaume retourne
dans un état de semi-anarchie. Si dans les villes l’auto-
rité du Conseil des Rex est à peu près respectée par les
lézardoïdes, les ksars sauriaux pourchassent les reptors
qui doivent se réfugier dans les montagnes tandis que
les draconides s’entredéchirent. Peu à peu les frontiè-
res de Theleb se fixent au Nord au niveau actuel.

206
En 490, le danger vient de l’ouest : le Guide Haran, chef
spirituel des Djinns lance en effet une guerre sainte
contre Theleb afin de favoriser sa conversion. La ville Le Mandraguisme en Theleb
de Leor ne tarde pas à chuter mais le Conseil des Rex
lance un kari-kol. Les reptors et les sauriaux acceptent C’est dans les profondeurs de l’anarchie de Theleb que
de coopérer et la menace est détournée. Leor est repris les premières traces d’implantation du «clergé» mandra-
à la fin 490 et Haran tué au combat. gal1 peuvent être trouvées.
Entre 490 et 666, l’histoire des reptiliens oscille entre Mandrago, le grand maître du Mandraguisme, arriva sur
kari-kols (une dizaine) et anarchie. Les 5 nations n’ac- Weröl en - 350, poursuivi par une Mante mâle. En ef-
ceptent de cohabiter en effet que par défaut puisqu’ils fet, le Mandraguisme est un courant philosophique jugé
doivent faire face aux menaces Faraméennes, Islandien- très dangereux par les parasites extraplanaires car il per-
nes, puis Daï et Néantiques à partir de 550. L’effacement met d’élever chacun au stade divin, et affaiblit donc les
(magique) des monts de brume et le renforcement poli- proies des Mantes que sont les Dieux. L’affrontement
tique d’Aquilon détournent alors les yeux de l’Empire entre Mandrago, ses disciples, et les Mantes dure depuis
Néantique de son voisin occidental et l’Anarchie sem- de nombreux siècles et pour diffuser son enseignement
ble être un territoire plus facile à soumettre. Theleb est le Mandrag n’a pas hésité à parcourir de nombreux plans
en effet encerclée par Teufel, l’Empire du Néant, Cha- d’existence.
osium et Pandemonia qui forment les quatre piliers du
royaume des adeptes de Titan. Le pays est d’ailleurs C’est au plus profond de la jungle, à 10 jours de mar-
régulièrement traversé par des missionnaires Néanti- che des Bas-Royaumes que la première cité mandragale
ques, qui voudraient vassaliser et unifier les puissants fut fondée, en l’an 150 du calendrier paléo-aquilonnien.
reptiliens. Au Nord, l’Empire Daï du dragon Shrakaï a Mandrago s’y serait replié, considérant que les troubles
dramatiquement grignoté les bas-royaumes au point de causés par Varul le Grand et ses armées rendaient son
n’être plus qu’à un petit millier de kilomètres au Nord enseignement difficile. Il s’agissait également de dispa-
des frontières Thélébéennes. raître aux yeux du monde, pour mieux échapper à la vin-
dicte de la Mante.
Après la guerre du portail, Teufel réapparut sur le plan
de Weröl complètement en ruine. Les reptiliens enva- La première capitale Mandragale se composait d’un ré-
hirent l’ancien royaume des elfes islandiens, miné par seau de cités reliées entr’elles, les mandraguis utilisant
la maladie et la guerre. une forme de téléportation pour se déplacer. Il y avait
parmi eux toutes sortes de peuples, notamment des hop-
Au début du cycle des quatre Fléaux, l’anarchie de The- pins et des Shanashees, les ancêtres des Sylphes. Parmi
leb n’a plus connu depuis plusieurs centaines d’années les premiers disciples, se serait trouvé un Elfe jaune, en
de Kari-Kol et le conseil des Rex perd de son influence réalité Sharakaï sous forme humaine, et un dénommé
pour n’être plus qu’un forum des chefs de tribus et de Chorgal, Shanashee issu de la famille Kasumo qui ré-
nations. gnait depuis - 250 sur l’Empire Sylphe.
Géographie et population Cette première cité fut foudroyée en l’an 245 et vidée
précipitamment de ses habitants. L’hypothèse la plus
Theleb est un vaste royaume qui s’étend sur une partie couramment retenu est un soulèvement des hoppins
des îles orientales dites islandiennes. La partie conti- contre les autres mandraguis, déclenché par Sharakaï.
nentale est largement occupée par des marais (grouillant Seuls les hoppins restèrent en tous les cas sur place. Ils
de bourreleurs à crête et de farrangers) et des jungles furent redécouverts au VIIIème siècle par des Elfes jau-
tropicales (connues pour les cératodons, lions cornus, nes qui ramenèrent dans l’Empire les préceptes man-
singes trembleurs et prédateurs qui les peuplent). En draguis pour fonder un monastère à la frontière des Bas
effet, la côte orientale de Terra Mater souffre d’une sai- Royaumes en 760.
son des pluies particulièrement humide (la mousson),
qui s’étale sur plusieurs mois, à l’automne. Le vent est Sharakaï - mais nos elfes l’ignoraient - laissa faire car il
surnommé « le souffle de Kul-Bazur » car il coïncide avait utilisé l’enseignement du Mandrag pour conquérir
souvent avec les crues. Les collines qui séparent The- l’Empire Daï (en l’an 301). Chorgal et ses disciples fon-
leb de Faram suffisent à stopper les nuages pluvieux et dèrent une cité idéale sur une île très isolée au large de
expliquent la sécheresse de Faram. Hormis les monta- Theleb, île qui aurait ensuite été découverte par une ex-
gnes noires, qui séparent Theleb des bas-royaumes, et pédition Abalonienne perdue en mer. La cité ayant à son
où sont concentrés la plupart des royaumes reptors, le tour chuté, Chorgal émigra en terre sylphe en l’an 919.
relief de Theleb est peu accentué, parfois légèrement

1 Le Mandraguisme est décrit dans le Lectionnaire.

207
vallonné, et parsemé de marais et les estimations, elle tournerait autour de 20 millions
d’âmes. Les 5 nations qui composent l’Anarchie sont
de jungles. toutefois localisées dans certains endroits bien précis.
La partie la plus orientale du territoire grignotée sur les Les Rex, très peu nombreux, sont pour l’essentiel lo-
îles islandiennes, bénéficie d’un climat plus tempéré. calisés dans les villes : Theleb, Leor, Kells et Kelt. Le
Le vent balaye les grandes prairies quasi-désertiques reste est à la tête des innombrables nations de Theleb.
du sud de l’île. L’agriculture y est beaucoup plus facile Ils ne représentent que 5% de la population, soit pas
et la population beaucoup plus dense qu’à l’ouest. plus d’un million d’individus. Les reptors vivent dans
des cavernes creusées dans les tréfonds des montagnes
La population exacte de Theleb est mal connue car noires où ils pratiquent leurs arts magiques. Les rep-
aucun recensement n’a jamais été effectué mais d’après tors vassalisent souvent des êtres moins intelligents


comme les gobelins afin de subvenir à leurs besoins Leor l’Occidentale est la seule cité à l’intérieur des ter-
matériels. Leurs effectifs peuvent varier car ils se re- res de l’ouest. C’est une cité cernée de marécages, point
produisent vite en cas de danger. En temps normal, ils obligé des caravanes de marchands (qui privilégient le
représentent 5% de la population totale (1 million). Les bourratodon sur le cheval), dont la population (environ
sauriaux privilégient les rares prairies non occupées 175000 âmes) est victime de la scléroselle et de la fièvre
par les jungles ou les marais à l’ouest mais se concen- tremblante. Pendant le Grand Théolocauste, c’est dans
trent de préférence dans les îles islandiennes. Ils pè- cette cité, alors recouverte par le dôme de ténèbres,
sent 25% de la population (5 millions) et chevauchent qu’a eu lieu l’affrontement entre le champion de Mul-
des jangoboons. Les draconides, quant à eux, pullulent veya et le champion du Néant.
dans les marais et les jungles et représentent 20% de la
population. Les lézardoïdes sont les seuls parmi les 5 Kells est surnommée la cité des prophètes. A l’origine,
nations à vivre indifféremment en ville ou dans les ter- il ne s’agissait que d’un petit bourg puis avec la fin
res intérieures. Ils sont environ 45% de la population. tragique de Teufel elle s’est imposée comme le port in-
contournable du sud de Theleb jusqu’à compter près
A propos des villes, Theleb est considérée comme la de 280 000 habitants. Son surnom lui vient du tem-
capitale, d’abord par son histoire (elle a accueilli dans ple des murmures, une construction qui existait avant
le passé les Kari-Kol et est la cité de Valdik), par sa même la fondation du bourg par les premiers sauriaux.
population (près de 300 000 âmes soit la plus impor- Ce temple manischismique hétérodoxe de grande di-
tante cité de theleb) et son intérêt géostratégique (elle mension est de forme pyramidale et est décoré de vi-
contrôle le détroit qui porte son nom et est donc le sages taillés dans la pierre. Lorsque le vent s’engouffre
trait d’union entre les territoires orientaux et occiden- dans le temple, certains individus croient entendre des
taux). voix ou des prophéties. Les Rex ont crée un corps spé-
cial de « prophètes » surnommés les auridiles de Kul-

208
Bazur. Recrutés uniquement parmi les Rex, ils ont en tits royaumes. Les cités s’administrent librement (mais
charge l’interprétation des murmures. Fait surprenant, payent un tribut aux rois alentours) sous l’autorité des
beaucoup de leurs prophéties s’avèrent juste. Rex. Les reptiliens vivent à l’écart et ont leurs propres
chefs, traditionnellement des monarques Rex absolus
véritables tyrans. Les draconides se subdivisent en tribus
menées par des véritables chefs militaires Rex. Ces tri-
bus se considèrent plus comme des armées que comme
des familles et l’ordre ne tient que par la force, chaque
draconide luttant pour survivre et asseoir son pouvoir.
Les sauriaux sont divisés en tribus de nomades dirigées
par des ksars Rex. Les ksars sauriaux de l’Est comme
de l’Ouest élisent un ksar des ksar encore surnommés
ksar-ksar chargé d’arbîtrer les rivalités. Compte tenu de
l’éloignement, il existe un ksar-ksar oriental et un ksar-
ksar occidental, le second étant beaucoup moins puis-
sant que le premier (les sauriaux sont à 75% concentrés
dans les îles). Le Conseil des Rex administre officielle-
ment le royaume mais il ne s’agit généralement que de
réunions oiseuses peu suivies d’effet. Les disputes dégé-
nérant en conflits ouverts et en meutres sont de plus en
plus fréquentes.

Le Conseil des Rex détient cependant une prérogative


importante : le kari-kol. Les 4 rois Rex de Theleb, Leor ,
Kells et Kelt peuvent appeler les autres nations à consti-
tuer une armée en cas de menace grave nécessitant
l’union ou bien à la demande d’un chef particulièrement
ambitieux. Ces kari-kols voient alors les ksars-ksars, les
monarques Rex des reptiliens et les généraux Rex des
draconides converger vers Theleb dans les mois qui
suivent. Ils se terminent généralement par l’émergence
d’un ou plusieurs leaders et sont donc craints par les
autres royaumes. En effet, l’union des reptiliens est une
menace directe pour leur sécurité.

Religion

Les reptiliens adhèrent à de nombreux cultes de l’an-


cienne religion (polythéisme manichéen) mais privilé-
gient particulièrement celui de Kul-Bazur le Dieu du

 La dernière cité de réelle importance est Kelt. Fondée Meurtre et du Vent, Malevolyss le dieu Reptilien et Ha-
par les elfes islandiens, elle fut conquise en 382 par les poggaëddon, la déesse de la mer. Les draconides adorent
troupes de Valdik, vidée de tous ses habitants et repeu- typiquement Malevolyss. Les reptors privilégient Kul-
plée. Elle compte environ 250 000 habitants. Bazur. Les Sauriaux quant à eux se tournent vers Kherk.
Les cités d’Estarian, de Kalgorn, de Kargan et de Valdik Les missionnaires de la nouvelle religion sont acceptés
ont été bâties plus récemment ou bien conquises sur les dans les villes mais sont généralement tués ou mutilés
elfes islandiens. Les reptiliens hésitent à s’y installer car par les tribus sauvages de l’intérieur.
souvent il y flotte un parfum de nostalgie vis à vis de
l’ancien Royaume Islandien. Les populations ne dépas- Art et Culture
sent pas 80 000 habitants.
S’agissant de l’art ou de la culture, le royaume de Theleb
Organisation politique est beaucoup moins propice à l’éclosion de talents. Les
villes fondées par les reptiliens (Theleb, Leor et Kells)
L’organisation politique est complexe d’où le surnom d’ sont toutes des cités insalubres où les constructions fai-
« Anarchie » donnée au Royaume. tes de torchis voisinent avec des cabanes mal montées.
Les rues ne sont jamais pavées et aucun système d’ir-
En temps normal, l’Anarchie est une mosaïque de pe- rigation ou d’égouts n’existe. Seuls les temples manis-
chismiques et les palais émergent de ces fatras urbain,

209
entourées de vieilles murailles de briques. à leur sécurité et de détecter des poisons.

Les temples manischismiques ont des architectures py- Les jungles tropicales sont l’environnement inhospi-
ramidales caractéristiques, en restanque avec des ter- talier où vivent une majorité de thélébéens, dans des
rasses surélevées et empilées. Ces édifices qui peuvent communautés quasiment autarciques. Ils savent tirer de
atteindre plusieurs dizaines de mètres de hauteur com- la végétation luxuriante les matières utiles à leur survie
portent généralement une salle de culte tout en haut, à ou au commerce : araltae, écorce de funéralium, sève de
laquelle on accède par quatre escaliers extérieurs. Les grenaldyn, sève de strimissa (Céleste douleur), feuilles
marches sont généralement très hautes, afin de symbo- de Ti-Her (Tï), morphane (Cigure), poudre de songelu-
liser le caractère divin du lieu et de rendre plus incon- ne, mousse de Nerossigüe, ...
fortable le cheminement vers le haut.
Langue et monnaie
Les palais sont très souvent bâtis autour de cloîtres in-
térieurs où se développent des petits jardins luxuriants. La langue utilisée dans toute l’anarchie et dans les
Les salles n’ont généralement pas de fermetures : portes îles islandiennes est le Thélébéen, un idiome guttural
coulissantes, fenêtres sans vitre. émaillé de mots à consonnance faërique. Pour ce qui est
du calendrier, les thélébéens n’ont jamais eu une civili-
Les reptiliens ont également quelques spécialités : les sation suffisamment raffinée pour penser à observer les
reptors sont très appréciés pour leur connaissance des astres et les étoiles. Les tribus sauvages utilisent donc un
arts magiques, les sauriaux pour leur cavalerie jango- système simplifié à base de pierres (une pierre marque
boon et les reptiliens en général pour leur connais- un lever de soleil). Les villes ont recours au calendrier
sance des poisons. De tout Terra mater, les marchands faraméen ou plus volontiers à l’aquilonnien.
accourent pour venir acheter des poisons rares ou très
complexes, des antidotes coûteux ou des potions mys- La monnaie locale est le dragon qui est déclinée en dra-
térieuses. Corollaire de cette spécialité locale : le meur- gon de cuivre, dragon d’airain et dragon d’or. Un dra-
tre. Les familles des villes thélébéennes ont un recours gon d’airain vaut 10 dragons de cuivre. Un dragon d’or
très fréquent aux assassins pour régler leurs différends. vaut 20 dragons d’arain.
Il n’est donc pas rare pour les rois et les nobles Rex
d’avoir recours à des contre-assassins chargés de veiller

Ecus d’argent Ecus or Ecus d’émeraude


1 dragon de cuivre 0,5 0,005 0,0005
=
1 dragon d’airain 5 0,05 0,005
=
1 dragon d’or = 100 1 0,1

D r a g o n D r a g o n Dragon d’or
de cuivre d’airain
1 écu d’argent= 2 0,2 0,01
1 écu or= 200 20 1
1 écu d’émerau- 2 000 200 10
de=

210
Légendes de Weröl
(Sint) Azatoth

Race : Rex
Classe : Marshall
Dates : 745-770
Fils vraisemblablement de Voziraptil l’invincible, l’un des Rex les plus puissants du lointain plan de Zeltek1,
Azatoth n’était encore qu’un œuf lorsqu’il fut transporté sur le plan de Weröl avec des milliers de ses congé-
nères. Les reptiliens fuyaient en effet l’avancée des troupes démoniaques et la servitude qu’elle annonçait. Un
petit groupe d’adorateurs de Malevolyss parvint ainsi à échapper aux griffes des adorateurs d’Halevolens, un
dieu rival, et c’est ainsi qu’Azatoth naquit de manière magiquement accélérée sur Requiem.

En lui se réincarna l’âme du mage Shimrod (cf.


Atlante) ce qui le dota dès sa naissance d’un sens
mystique très prononcé. Son ascendance pres-
tigieuse (Voziraptil tua notamment Gmorkh, le
maître de Requiem, en combat singulier) lui valût
d’être choisi pour devenir le porteur d’une pierre
magique, pourpre, et de représenter le Dieu Male-
volyss au sein d’une équipe de champions requie-
mites.

Le peuple reptilien avait en effet fui une catastro-


phe pour se retrouver à devoir en conjurer une
autre : l’émergence d’un dôme de ténèbres que
seul un arc d pierre de lumières pourrait conju-
rer.

C’est ainsi qu’Azatoth, qui ne connaissait rien à la


vie, ni au monde, puisqu’il n’avait que 3 jours mais
l’âge biologique d’un Rex de vingt années, s’em-
barqua dans la quête des 7 champions divins. Il en
tirera un évangile féroce en l’an 749, juste au sortir
du grand Théolocauste, qui figure parmi les textes
sacrés de la religion de Malevolyss.

Après la chute du dôme, Sint Azatoth a servi com-


me conseiller politique du roi Rex de Leor, parve-
nant à faire de lui l’Empereur de tout Theleb après
un kari-kol réussi en 760. Premier à avoir converti
un roi rex à Malevolyss, il meurt assassiné en 770.

211
211
1 Les plans extraplanaires sont décrits dans le Grimoire.
1.6. L’Orient

1.6.1. Les Bas-Royaumes


A l’origine, les nains, les gnomes et les trolls vivaient
Le terme de bas-royaumes décrit l’ensemble des petits dans les montagnes de l’Ouest tandis que les elfes syl-
territoires, principautés et fiefs qui occupent l’espace vains habitaient la plaine. L’arrivée des humains par la
compris entre l’Empire Daï et l’Anarchie de Theleb. Il mer et l’installation sur la côte provoqua une grande
fait référence au terme générique de « hauts-royaumes » guerre humano-elfique à laquelle seuls les nains, parmi
qui désigne les trois royaumes du Ponant, celui de Kyre- les peuples montagnards, participèrent. Les humains,
lie et de Centreterre et le royaume elfe du Nord. un temps vaincu, se replièrent vers le sud et prirent
possession du nord de l’anarchie de Theleb.
Histoire
A la faveur du conflit qui, peu de temps après, vit s’af-
Il serait extrêmement complexe de résumer l’histoire fronter les anciens alliés nains et elfes, les humains re-
de ce vaste territoire, en proie à d’incessantes guerres prirent pied sur ce territoire et fondirent des petits fiefs
qui, au cours des décennies, ont vu se faire et se dé- isolés. Lorsque les trolls et les gnomes intervinrent à
faire les alliances, taillant les frontières au gré des coa- leur tour pour soutenir qui les nains, qui les elfes, ces
litions. Largement amputée par les avancées militaires fiefs se trouvaient sur le passage des troupes. Ils furent
de l’Empire Daï, cette terre ressent pourtant beaucoup balayés et les maigres survivants enrôlés de force dans
plus l’influence de Theleb. Toute la politique des bas- l’un des deux camps. Cette Grande Guerre, que l’on
royaumes se résume pour ainsi dire à un repositionne- surnomma la Guerre des Fléaux, dura près de cinquan-
ment constant des acteurs par rapport à l’Empire Daï te années, de 340 à 390. Les elfes, inférieurs en nombre,
et Theleb. Un seul mot d’ordre : survivre. furent repoussés au fond de leurs forêts et les trolls

212
vainqueurs fondirent l’un des seuls et uniques royau- ceci ne soit exempt de heurts.
mes trolls connus d’alors. Les nains proposèrent aux
vaincus, ainsi qu’aux humains, une Charte des Races La diversité raciale fait des Bas-Royaumes une aire mé-
très tolérante. Chaque peuple put garder un morceau tisse, sans culture propre, où se mêlent traditions des
de territoire, plus ou moins conséquent selon le camp peuples originels, us et coutumes des immigrés, et in-
auquel il appartenait. fluences des voisins.
Mais en 423, Theleb envahit les Bas-Royaumes, rallu-
mant le feu de la guerre, pour venir en aide aux hu-
mains, du moins officiellement. La Guerre des Bas- Géographie politique
Royaumes – c’est ainsi qu’on la nomma – s’étala sur 30 Les 12 contrées de la Ligue du Sud
longues années. La domination de Theleb était la cible
de soulèvements et de jacquerie. Les races se mélangè- Il s’agit des 12 royaumes les plus proches de l’Empire
rent un peu plus, sans que les humains ne deviennent du Dragon, à la frontière de ce dernier. En partant de
majoritaires. l’Ouest, le voyageur rencontre successivement :

La suprématie de Theleb s’effrita au point que les gou- La Principauté de Mortelune


verneurs des régions se proclamèrent rois. Les Bas- Population : 450 000 humains, 30
Royaumes pensaient enfin avoir trouvé la paix. Les 000 elfes jaunes
disputes régionales reprirent.mais les conquêtes daï Capitale : la forteresse des Mas-
finirent par inquiéter, au point qu’un semblant d’unité ques
émergea. En 597, les 12 royaumes les plus menacés s’al- Langue : Esteren
lièrent dans la Ligue du Sud en 597. Calendrier : paléo-Aquilonnien
Monnaie : 1 lune d’or = 5 lunes
Lors de la guerre du Portail et de la seconde guerre des d’argent = 50 lunes de cuivre (= 2
Pénitents, les Bas-Royaumes sont restés à l’écart des écus d’émeraude)
conflits et ont ainsi bénéficié d’un afflux considérable Religion : polythéiste à tendance
de populations étrangères. On estime en effet qu’entre manichéenne et néantique.
666 et 800, la population a plus que doublé.
Ce pays est au cœur de la fonda-
Géographie physique tion de la ligue. Les princes de
Mortelune sont réputés pour leur bravoure et parlent
L’espace des Bas-Royaumes est un territoire humide, de résister à eux-seuls aux légions Daï. Les cultes néan-
constamment arrosé par les grands vents maritimes. tiques sont officiels et mêmes encouragés. Les cultes «
Vallonné, parfois même très montagneux, il se décom- bons » ne sont que tolérés. A Mortelune, petite princi-
pose en une grande dépression argileuse à l’Est, face pauté montagneuse et brumeuse sans grande richesse
à la mer, et une grande chaîne à l’Ouest. A l’extrême agricole, l’essentiel de la population fait carrière dans
Ouest débute un désert, né de la protection des gran- le crime. Les voyageurs sont régulièrement détroussés,
des masses montagneuses qui retiennent les masses sans que les garnisons n’interviennent. Surnommée «
nuageuses. la Perle Noire », Mortelune est réputée pour ses guildes
d’assassins, toutes concentrées à la Forteresse des Mas-
A l’automne, la côte est parfois balayée par des tempê- ques (150 000 habitants) où elles ont pignon sur rue. Le
tes liées à la mousson. Il s’agit d’une période difficile, crime n’est d’ailleurs pas puni par la loi ! Le culte de
où l’activité économique est totalement paralysée et où kul-Bazur s’est bien implanté dans cette cité.
les populations passent la majeure partie de leurs jour-
nées à attendre la fin des pluies. A l’issue de la mous- Les princes de Mortelune ont eux-mêmes à leur service
son, une large partie de la flore est décimée. des assassins spécialisés, chargés de rétablir le calme
et surtout de protéger la famille princière. L’armée de
Religions, art et culture Mortelune, peu nombreuse (30 000 hommes), mais ex-
trêmement bien équipée, n’a qu’un rôle lié à la sécurité
L’hétéroclisme est de mise dans cette mosaïque d’Etats. extérieure.
Les pays de l’Ouest ont été largement évangélisés par
les Ounites au VIème siècle et au VIIème siècle. La po- Au sein de la Ligue, Mortelune a une position ambiguë.
pulation, monothéiste, y est très pieuse. Plus on s’en- D’un côté, le prince est l’un des moteurs de l’alliance.
fonce dans la plaine et plus le polythéisme gagne du De l’autre, ses voisins se plaignent du peu de considé-
terrain. Les Bas-Royaumes sont à vrai dire les seuls à ration que les mortelains ont pour les biens d’autrui.
faire coexister polythéismes et monothéisme, sans que Les princes veulent toujours paraître comme des alliés

213
fiables mais leurs méthodes handicapent leur diploma- Ce sont des pélerins albiontais égarés de leur chemin
tie : pillage de villages étrangers, répression féroce dans vers Faram qui ont fondé ce royaume dans cette vallée
les rues des soulèvements d’honnêtes gens exaspérés autrefois déserte. Dominé par la citadelle de Darümbir
par l’insécurité, disparitions curieuses de chevaliers qui la sépare de Mortelune, le Royaume est dirigé par
paladins au sein de la principauté. l’Archisacerdos de l’Eglise Ounite de la contrée et a
Lors du grand réveil de Sharakaï, une partie des nobles pour symbole un lion ailé griffant un arbre. La tradi-
Daïs qui avait comploté contre l’Empereur s’est réfu- tion veut qu’il prenne le nom de Jean, en souvenir du
giée à Darümbir pour échapper à sa colère. premier pèlerin élu archisacerdos par ses pairs.

Les pélerins étaient soucieux de recréer dans cette val-


La Citadelle Naine de Darümbir lée le paradis sur Terre. Les lois y sont donc très hospi-
Population approximative : 150 000 nains gn’allis talières envers les étrangers et très tolérantes pour les
Langue : Esteren autres religions. Les Rois-Prêtres successifs ont réussi
Calendrier : paléo-aquilonnien le tour de force d’intégrer les vagues d’immigrants
Monnaie : la pièce de roc (1 pièce = 10 écus or) et de sans heurt. Ce hâvre de paix est toutefois impitoyable
terre cuite (= 1 écu or) lorsqu’il s’agit de blasphème, de sorcellerie ou de crime.
Religion : polythéiste symbiotique décimain et ounis- Si la pratique du bûcher a été abolie, il n’est pas rare de
me. croiser des hommes rasés (alcoolisme) ou des hommes
à langue coupée (blasphème, injures). Le savonnage de
Construite autour du Pic Noir, Darümbir domine les bouche en public est une activité courante.
deux vallées alentours, dont celle de Mortelune. Elle
fut construite il y a 400 ans par les nains. A l’époque, Le Royaume a adhéré à la Ligue dès sa création, en 597.
la région était inhabitée. Les nains de Darümbir sont Ses armées utilisent des lions ailés pour protéger leur
dirigés par un roi issu d’une des familles nobles de la territoire.
cité et élu par ses pairs. Célèbres pour leurs griffons
apprivoisés, ils ne sont rentrés dans la ligue que par-
ce que leur position stratégique dominante en fait un Les Quatre-Contrées
nœud de communication incontournable. Les princes Ce pays se niche dans une vaste dépression qui débute
de Mortelune ont promis de restreindre leurs attaques juste après que l’on ait quitté le Royaume de la Nou-
contre les convois nains sur leur territoire. La parole velle Alliance.
n’est pas tenue et on murmure que les Goliath Basse- Population : 75 000 elfes sylvains, 160 000 elfes blancs,
roche, les rois de Darümbir attendent depuis près de 200 000 gnomes, 500 000 humains, 30 000 trolls.
200 ans une occasion de quitter la ligue. Goliath estime Capitale : Unita
en effet sa forteresse imprenable. Langue : Thelebéen, Esteren, Kyrelien
Calendrier : Ounite
Darümbir est une forteresse qui a bâti sa fortune sur les Monnaie : la pièce d’or (cf. plus haut)
poches de mithrane alentours. Ouverte à tous, elle to- Religion : Ounite
lère même les elfes à condition qu’ils soient désarmés.
Darümbir est restée fidèle à l’ancienne religion poly- Ce vaste territoire a fait de nombreux envieux et pro-
théiste mais accepte le culte de Mulveya en ses murs. voqué de nombreuses guerres. A l’origine, les elfes syl-
vains occupaient son intégralité. Les gnomes, délogés
Les forges de Darümbir sont connues à des lieues à des montagnes par les nains, les envahirent en 350.
la ronde en raison de la fabrication d’armes vivantes Puis ce fut au tour des humains. Une grande bataille
exceptionnelles. Les prix sont également prohibitifs. opposa les elfes, alliés des gnomes, aux humains, qui
Chaque année, à Darümbir se tient une grande vente furent complètement anéantis. Dès lors, la race humai-
d’armes en provenance des quatre coins du monde. ne fut interdite au sein du pays.

Mais en 387, les nains et les trolls déferlèrent sur cette


Le Royaume de la Nouvelle Alliance région et imposèrent une Charte plus tolérante. L’ac-
Population : 200 000 habitants dont 25 000 nains et 155 tivité commerciale remplaça l’activité guerrière et les
000 humains humains s’installèrent en nombre. Des émissaires du
Capitale : NoArknée Royaume de la Nouvelle Alliance vinrent évangéliser la
Langue : Aquilonnien, Esteren et Kyrelien région et la pacifier. Vers 450, la religion Ounite avait
Calendrier : Ounite définitivement supplanté l’ancienne religion polythéis-
Monnaie : la pièce d’or (= 1 écu d’or) te.
Religion : Ounite

214
En 505, le pays fut divisé en 4 contrées majoritairement
peuplées par une race. A l’Ouest, le voyageur qui ar- Les Royaumes du Trollyand
rive du royaume de la nouvelle alliance pénètre dans Population : environ 80 000 trolls répartis en une tren-
le gorgâh, un désert de collines peuplé par les gnomes taine de clans
hurleurs et les hopins. La capitale de la contrée est Ada- Capitale : Ksar Gilane
meus, la cité du repos. La criminalité y est très basse et Langue : Esteren modifié
il y fait bon vivre. Au Nord de la rivière bleue et du lac Calendrier : primitif
scintillant s’étend le territoire connu sous le nom de Ta- Monnaie : troc
ble d’Oun. Y vivent majoritairement les humains ainsi Religion : polythéiste symbiotique
que quelques trolls. La capitale régionale est Babel, di-
rigée par une lignée de prêtres prédicateurs renommés. Ces trois vallées entourées de hautes montagnes font
Au centre des 4 contrées, la cité d’Unita surplombe la suite aux quatre contrées. Nul ne s’y rend, les voyageurs
région. Construite en 505, elle abrite le Conseil de la préférant passer par la Cité Marchande de Stupor
Fédération qui regroupe les représentants des 4 races Mundi. Marécageux, hostile, ce territoire n’est peuplé
et une population métisse et très cosmopolite. L’Archi- que de tribus sauvages gouvernées par les trollesses, en
sacerdos des 4 contrées y réside. Au Nord, c’est la ri- perpétuel affrontement. Les rares à s’être risqués dans
vière de rubis qui s’écoule, délimitant la frontière Sud ce monde barbare et anarchique sont des mineurs, à la
du Tcheva, le pays des elfes blancs dont la capitale est recherche de poches d’or et de mithrane. Ksar Gilane
la petite cité d’Erymanthe. A Tcheva, le visiteur peut est la seule cité construite en roc au sein des 3 vallées.
contempler les ruines des anciennes cités terrestres Elle est habituellement possédée par le clan de guer-
elfes, détruites lors de la
guerre des Fléaux. Les el-
fes contrôlent leur territoi-
re grâce à des navires vo-
lants qui survolent la zone.
Une forteresse géante sur-
plombe et recouvre de son
ombre la cité d’Eryman-
the. Les elfes blancs maî-
trisent l’aviation (aigles et
griffons), rôle stratégique
au sein de la Ligue. Ils
obéissent à une assem-
blée de nobles qui réside
à Erymanthe. A l’Ouest
enfin s’étend la vaste fo-
rêt sylvaine que domine
la cité des Airs, construite
sur les arbres géants qui
occupent le centre de la
forêt.

Les 4 Contrées ont cha-


cune une organisation
propore et un chef. Néan-
moins à Unita réside le
conseil de la fédération
qui comprend 5 délégués
de chaque contrée. Les
quatre- contrées ont adhé-
ré sans difficulté, comme
un seul homme, à la Ligue
du Sud.
`

215
re le plus puissant du moment, la sécurité y étant mimétisme envers son grand voisin. Peu armé, le
assurée par les guerriers du clan. Ksar Gilane n’a canton ignore le danger qui pèse sur sa tranquillité
pas été bâtie par les trolls mais par les nains et on et pense que la protection du Grand Duché suffirait
raconte qu’elle abriterait un de leurs trésors légen- à repousser toute invasion. Isolés, les hunzeniens
daires. Les religieux Ounites considèrent cette terre sont plutôt avides d’information et beaucoup plus
comme une terre de mission et s’y font régulière- accueillants que leurs voisins.
ment massacrer.
La Forteresse Gnome d’Alzibar
La Cité de Stupor Mundi Population : 80 000 gnomes râleurs
(cf. annexe) Langue : Esteren, Kalderen
Calendrier : paléo-aquilonnien
Le grand Duché du Mont des Aigles Monnaie : l’or sous toutes ses formes (1 gramme =
Population : 1 380 000 humains 0,5 écu or)
Capitale : Aigulon Religion : Polythéiste symbiotique décimain
Langue : Esteren, Kalderen
Calendrier : paléo-aquilonnien Elle est le verrou qui contrôle la Chaussée des Géants,
Monnaie : la Livre d’Or (= 100 écus d’or), la livre une étape obligatoire pour le voyageur éprouvé par
d’argent ( = 100 écus d’argent). 1 Livre d’or = 1 000 les dangers de la Chaussée. La Forteresse est diri-
livre d’argent. gée par les rois de la Dynastie des Bulbil. Elle est la
Religion : Polythéiste symbiotique décimain poste le plus avancée de la Ligue à l’Ouest mais l’a
Le Mont des Aigles est l’un des pics les plus hauts rejointe dès 598. Les chasseurs viennent nombreux
des Nas-Royaumes. Le Grand Duché est installé dormir dans cette forteresse et pour cette raison
dans la vallée qui s’étend à ses pieds. La chaussée des bon nombre de tanneurs se sont installés dans les
Géants passe au Nord du Grand Duché. Ce dernier barraquements de fortune à l’extérieur.
est entré en 600 dans la Ligue, inquiet des poussées Les gnomes exploitent des filons importants de fer
expansionnistes de l’Empire du Dragon. Les pre- enchanté.
miers arrivants humains dans la vallée étaient des
fugitifs fuyant devant les trolls et les nains. Personne
ne les poursuivit dans cette petite poche de verdure
qu’ils fortifièrent. Aigulon, la capitale, comprend 75
000 âmes et est le siège du Grand Duc. L’ordre y est
assuré par son armée propre, une simple infanterie
comprenant quelques brigades de cavalerie légère.
Les sujets du Grand Duc ont hérité de leurs ancê-
tres une certaine défiance à l’égard des étrangers.
Les aigles sont dressés spécialement pour attaquer
ceux qui se dirigent vers les fortifications de la val-
lée sans y être invités. L’aversion se mue même en
haine pour ce qui concerne les nains et les trolls,
attitude rare au sein des Bas-Royaumes. Le Grand
Duché entretient des relations cordiales avec les Les Royaumes de la Chaussée des Géants
autres royaumes non membres de la Ligue.
Bâtie par les légions de trolls descendues des mon-
Le Canton libre d’Huezen tagnes avec l’appui des architectes nains, durant la
Population : 60 000 humains Guerre des Fléaux, la Chaussée est la seule route
Capitale : Skor Ditriss pavée qui traverse les montagnes de l’Est et débou-
Langue : Kalderen, Esteren che sur la plaine. Dangereuse, elle l’est tout autant
Calendrier : solaire que pratique, puisqu’elle traverse le trollyand sur ls
Monnaie : 1 guinée = 100 sous (= 50 écus or) crêtes des montagnes séparant les deux vallées du
Religion : Polythéiste symbiotique décimain Nord et la vallée du sud. Les attaques de trolls sont
Voisin du Grand Duché mais séparé de lui par une donc monnaie courante. Les aigles géants y ont leur
grande chaîne montagneuse, le canton est égale- territoire.
ment éloigné de la Chaussée des Géants et de toute
activité commerciale. Dirigée par un prévôt élu par L’extrémité Ouest de la Chaussée est Stupor Mundi,
la population, le canton est un territoire de fermiers la Porte du Monde. A la sortie du Trollyand, le voya-
et d’agriculteurs. Il a adhéré à la Ligue en 601 par geur peut trouver refuge à Alzibar, la cité des

216
gnomes. Ensuite, la Chaussée devient plus sûre, arpen- invocateurs étaient morts, la population était folle. Des
tée par la puissante Guilde des Géants qui régule le femmes elfes moururent peu après en mettant à bas
commerce entre l’Est et l’Ouest. La Chaussée passe par des enfants difformes : les fils de Gasgaroth.
les Deux Vallées puis débouche sur une région un peu Pendant 2 siècles, les voyageurs évitèrent cette Contrée
moins montagneuse et surtout très forestière. Un Mo- que l’on disait hantée. Les végétaux qui repoussèrent
nastère se dresse sur un pic, non loin de la Chaussée. étaient noirs, la terre rougeâtre. Les habitants ne don-
On peut y accéder par un pont s’élançant au dessus du naient plus signe de vie. Puis un jour de l’année 591, le
vide. Il s’agit du Monastère Ounite du Saint-Arbre, qui Royaume sauvage du Nord fut attaqué par une armée
comporte près de 100 clercs et est dirigé par un pri- gigantesque sugie de nulle part. A sa tête, un semi-dé-
mat. Lorsque le voyageur reprend, il domine les 2 val- mon néantique gigantesque et des mutants horribles
lées. Au Sud, c’est le sinistre Royaume des Pas perdus, ravagèrent les terres les plus proches au sud. On racon-
éternellement en guerre contre le Royaume sauvage du te qu’ils furent appuyés par des fantômes de Cheva-
Nord. La chaussée des Géants finit au pied de la cité liers elfes. L’infanterie était constituée par des milliers
Elfe marchande d’Eledoril qui appartient au royaume d’elfes décharnés et livides. Ils mourraient au premier
de Sirian. C’est ce royaume que les trolls convoitaient coup, mal armés de lances rustiques. Les blancs eurent
lorsqu’ils bâtirent cette Chaussée. du mal à faire exorciser les ectoplasmes et à repousser
la menace. Depuis, chaque année, le même jour com-
Les Deux Vallées mémorant l’accident survenu en 391, le Horla et ses
Population : 900 000 habitants (dont 350 000 au Nord) troupes partent à l’assaut du Nord.
Capitale du Nord : Bourbresse
Capitale du Sud : Alkieren Le Royaume Sauvage du Nord
Langue : Kalderen Population : 50 000 elfes blancs
Calendrier : paléo-aquilonnien Capitale : Saharian
Monnaie : la livre d‘or (même monnaie que celle du Langue : Kalderen
Grand Duché) Calendrier : paléo-aquilonnien
Religion : polythéisme symbiotique décimain et ounis- Monnaie : 1 écu = 10 sols = 100 sous (1 sou = 100 écus
me d’argent)
Autrefois rivales, les vallées de Nurturia et de Sirtiria Religion : polythéiste symbiotique décimain
sont aujourd’hui unies sous la même bannière. C’est Originellement, cette vallée était désertée car elle abri-
Karion IV le destructeur, roi de Sirtiria, qui envahit tait des créatures monstrueuses. En 391, pour échap-
définitivement le voisin du Nord en 456, peu après la per à la catastrophe, certains elfes quittèrent le sud et
fin de la guerre des Bas-Royaumes. Le monarque qui vinrent s’établir ici. Ils parvinrent à dresser certains
gère ce royaume coupé en deux par la Chaussée est des énormes lézards qui habitaient la région et… à fuir
toujours un des descendants de Karion. Le Royaume devant les autres. Leurs villages et leur capitale (8 000
n’est cependant pas membre de la Ligue du Sud car il habitants) sont bâtis à flanc de montagne pour cette
se méfie de sa composition hétéroclite. Les missionnai- raison. Les elfes vivent en autarcie mais acceptent les
res Ounites ont profité du climat relativement tolérant étrangers. Ils sont alliés militaires du Royaume Elfe de
pour construire des églises mais leur impact reste li- Sirian.
mité. Les cultes néantiques sont interdits.
Le Royaume Elfe de Sirian
Le Royaume des pas perdus Population : 1 million d’elfes blancs, jaunes et noirs
Population : inconnue Capitale : Sirian
Capitale : Golgota Langue : Kalderen, Esteren
Langue (supposé) : Kalderen, Esteren Calendrier : paléo-aquilonnien
Calendrier : inconnu Monnaie : identique à celle du Royaume Sauvage, ainsi
Monnaie : inconnue que pour tous les royaumes elfes de cette région.
Religion : néantique Religion : polythéiste symbiotique décimain
Autrefois, un royaume elfe florissant habitait cette val- Quoique restreint en termes de territoire, ce royaume
lée. L’invasion des trolls par la Chaussée des Géants est l’un des plus peuplés de la région et vraisembla-
tourna une guerre d’usure. Pour repousser les enva- blement le plus puissant. Mayol le Grand, roi de Si-
hisseurs, les elfes se tournèrent vers les pratiques obs- rian, est parvenu à vassaliser la plupart de ses voisins
cures et le grand prêtre invoqua un servant de Titan elfes, à l’exception notable du Royaume sauvage. Sirian
très puissant, Gasgaroth. Un voile noir de brume re- la Rebelle entretient une puissante armée de 75 000
couvrit la vallée 12 jours et 12 nuits. Les trolls, effrayés, hommes réputée pour ses archers et ses lions ailés. Le
renoncèrent à attaquer. Lorsque la brume disparut, royaume termine la Chaussée des Géants et s’étend
toute végétation était morte, faute de lumière. Tous les dans la grande plaine de l’Est.

217
Les Royaumes de la côte
Quelques indications sur les autres royau- Si l’on excepte le Comté d’Elios, 8 bas-royaumes se
mes de la contrée partagent, dans la plaine, la côte de la mer céleste.
En partant du Nord, il s’agit de la Baronnie Millienne
Les comtés elfes vassaux du Royaume de Sirian (45 000 humains), le Royaume de Saphirion ( 60 000
Il s’agit des comtés de Norfolk, Hondur, Bandanur, humains, 30 000 sylphes), les principautés de Naxe et
Elios et Angaruk. Tuxxet (environ 70 000 humains chacune), le Royaume
Population : environ 30 000 à 40 000 elfes par comté de Cornebrume (250 000 nains) essentiellement connu
Capitale : respectivement Ys, Atrante, Gorfroi, Mache- pour ses armes en acier enchanté, la principauté de
coul et Mont-César Murianmar (20 000 humains, 33 000 sylphes), les royau-
Langue, Calendrier, Monnaie : idem que Sirian mes de Balde et d’Augsburg (respectivement 70 000 et
Autrefois indépendants, ces comtés tous limitrophes 90 000 humains). Tous ces royaumes utilisent le calen-
du Royaume de Sirian qu’ils encadrent et protègent drier paléo-aquilonnien et parlent kalderen, esteren,
ont été satellisés par leur grand voisin, même s’ils gar- aquilonnien, daï et thelebéen. Tous sont également po-
dent cependant un gouvernement propre. lythéistes.

Les vallées perdues Les Royaumes Centraux


Population : 5 000 Tous dans la plaine, ils sont compris entre la côte et le
Capitale : - Grand Duché du Mont des Aigles, au Sud de la Chaus-
Langue, Calendrier : idem que Sirian sée. D’Est en Ouest, le voyageur rencontre la princi-
Monnaie : troc pauté d’Oriandal (30 000 elfes), le vaste royaume dé-
Coincées entre le Trollyand, l’Empire Daï, les 2 vallées sertique itaresque (environ 150 000 humains, nains et
et les royaumes elfes, peu faciles d’accès, ces deux val- elfes), le Duché Gnome indépendant de Bibendum (35
lées ne sont habitées que par des bûcherons et quel- 000 hopins), le Matriarcat de Lngueplume (55 000 hu-
ques chasseurs de passage. mains dont 40 000 femmes), le moyennageux royaume
de Percival (90 000 humains) et la Baronnie de Brasse-

218
taille (80 000 nains)

Les Royaumes Frontaliers avec l’Anarchie de Theleb


D’Ouest en Est :

Les 3 comtés humains convertis à la religion Ounite,


dirigés par un archisacerdos de l’Eglise (170 000 habi-
tants en tout) ; le Comté d’Huezen, la Baronnie de Bras-
setaille, le Royaume de Percival ; le Royaume du Prince
Evêque, un défroqué ayant conclu une alliance avec le
Néant (70 000 habitants) ; le royaume d’Ausburg.

Quelques précisions sur les organisations


régionales et la vie sur la Chaussée des
Géants

La Guilde des Géants a été fondée, sitôt la Guerre


des Fléaux terminée, par des hopins désireux d’éta-
blir des liens commerciaux entre l’Est et l’Ouest. Le
nom fut choisi, non sans humour, par ces petits hom-
mes qui éliminèrent progressivement la concurrence.
Aujourd’hui, 80% des marchands sont toujours des
hopins, qui accordent des autorisations spéciales et ex-
ceptionnelles de commercer aux marchands non mem-
bres. Le siège de la Guilde est à Stupor Mundi.

La Compagnie des Arpenteurs s’est créée pour escor-


ter et guider les convois le long de la Chaussée. Les
arpenteurs savent où dormir, où s’abriter et quels en-
droits éviter. De plus, ils sont également au courant des
us et coutumes des contrées traversées et connaissent
les dialectes locaux. Tous les arpenteurs voyagent par
paire, sur le premier du binôme fondateur (Kachebar
le nain et Ulerion le sylvain) : un nain pour détecter
les pièges, les grottes où dormir et combattre et un elfe
pour la chasse, la défense contre les animaux et la mé-
téorologie.

La Chaussée est balayée par un vent curieux que l’on


nomme l’Espadon. Ce dernier possède la particularité
d’être très sec et poussiéreux et de souffler plusieurs
jours de suite, en crescendo. Toute activité est ainsi ge-
lée les jours d’espadon car la visibilité est réduite. Les
chevaux n’aiment pas du tout emprunter la Chaussée
et la quasi-totalité des voyageurs utilise des gnoufs (ou
des nachosaures)

Les deux langues régionales sont assez voisines dans


leur construction. L’esteren et le kalderen ont été im-
portées du thélébéen et enrichies des mots nouveaux
apportés par les immigrants venus faire fortune ou
évangéliser la contrée. L’esteren est parlé à l’ouest,
dans les montagnes, tandis que le kalderen est la lan-
gue des plaines.

219
Annexe : Stupor-Mundi, la Perle de maine des sept Dieux – a marqué la mémoire collec-
tive.
l ’Orient
L’Infex
dans les Bas-Royaumes
Carte d’identité
Population : 1 700 000 habitants (nains, humains, elfes,
gnomes, trolls, lutins)
Langue : Aquilonnien, Esteren, Kyrelien, Zelden, Daï L’épidémie d’infex à Stupor Mundi (921) est survenue
Dynastie régnante : La cité est administrée par un Pré- alors qu’un corps hôte de la Mante Femelle, alias «l’Es-
vôt élu par le Conseil des Guildes. prit-qui-garde-le-Monde», à la cour de l’Imperector
Calendrier: Ounite Rex, tentait de convaincre les pays de la Ligue d’entrer
Monnaies: toutes en guerre avec la Kyrélie contre l’Empire Daï.
Religion : Ounite et polythéiste symbiotique
Des cas similaires avaient été rapportés dans les mois
Histoire précédents dans les environs, mais nul médecin n’avait
encore jamais eu affaire à cette étrange maladie1. En
« Stupor Mundi ! ». C’est cette exclamation en kyrelien quelques jours, des centaines de morts furent réper-
échappant au grand voyageur missionnaire Yul, futur toriés dans la cité, ce qui sembla provoquer l’interven-
Rector de l’Eglise Ounite, qui donna son nom à cette tion d’avatars divins qui isolèrent la cité en filtrant ses
cité de taille monstrueuse construite dans les profon- accès.
deurs des montagnes.
Les braves habitants de Stupor Mundi y virent un mi-
« La Merveille du Monde », « la perle des perles », « la racle, la réponse apportée par les Dieux à la suite de
Cité des marchands », les surnoms sont nombreux pour leurs cérémonies collectives de repentance.
qualifier cette prodigieuse cité fondée par les gnomes
vers 210. Ouverte à tous, elle épouse le roc qu’elle per- Contrairement à ce que l’Histoire officielle a retenu
fore de ses galeries marchandes. Rayonnante, elle est comme une vérité, les Avatars étaient moins là pour
« la porte du Monde », l’étape incontournable pour lutter contre l’Infex que pour détruire une incarnation
tout arpenteur de la Chaussée des Géants, un sentier de la Mante femelle, présente dans les murs. En effet,
montagneux qui longe le Trollyand et qui traverse tous les Dieux immanents avaient compris que ce parasite
les Bas-Royaumes d’Est en Ouest. affaiblissait Mulveya Pancreator, l’apparition de l’Infex
étant peut-être un symptôme de cet affaiblissement. La
La Cité s’est considérablement enrichie lors des guer- Mante parvint à s’enfuir en se réfugiant dans la Biblio-
res qui ont meurtri la région. En 560, Stupor Mundi thèque de la cité, puis en prenant le large via les cou-
s’est déclarée cité « indépendante et cosmopolite ». On loirs souterrains.
suppose aujourd’hui qu’elle est la plus grande cité du
monde (ce qui est faux car c’est Eaugrise). Stupor Mun- Les Avatars divins massacrèrent par erreur une partie
di a adhéré à la Ligue car l’Empire Daï, bien que bon du clergé de Theochrone (ils pensaient que la Mante
client, menace son indépendance et tout le commerce se cachait parmi eux), ce qui eut le mérite de geler
régional. Une telle adhésion n’est cependant que très la progression de la maladie. L’Infex ne quitta jamais
symbolique, compte tenu de la petite armée que la ville vraiment la cité et périodiquement des épidémies se
entretient, de la puissance de ses barrières magiques et déclarent depuis au fin fond des venelles de la cité lé-
surtout du fait qu’elle commerce sans état d’âme avec gendaire.
les marchands Daïs. D’ailleurs, dans les faits, Stupor
Mundi a essayé de rester neutre le plus possible. En Les Bas-Royaumes sont très périodiquement fauchés
effet, la cité est très sensible aux pressions politiques par cette maladie, qui a fait depuis 921 des milliers de
de ses nombreux voisins qui y entretiennent des léga- morts.
tions et surtout des « clients » chargés d’influencer la
vie politique de la cité.
1 L’Infex et ses symptômes sont décrits dans le Codex.
En 921, la cité, qui sert très souvent de ville neutre pour
les réunions politiques de la Ligue, a été dévastée par
une épidémie d’infex, laquelle a fait 100 000 victimes. Organisation politique
L’épidémie a provoqué l’irruption d’avatars divins qui
n’avaient pas hésité à fermer les accès de la cité, sans Originellement fondée par les gnomes, la cité s’est af-
doute pour empêcher la propagation. L’épidémie s’est franchie rapidement de la tutelle d’Alzibar et s’est do-
interrompue brutalement mais cet évènement – la se-

220
tée d’un gouvernement marchand. Pendant plusieurs l’administration, un héritage du passé ; les elfes ont
siècles, elle a été administrée de facto par la Guilde des opté le plus souvent pour le commerce et participé aux
Géants (les marchands qui détiennent le monopole de défenses magiques de la cité… Quant aux humains
l’utilisation de la Chaussée) et la Compagnie des Ar- on les retrouve surtout dans les guildes marchandes.
penteurs (les seuls guides chasseurs habilités à parcou- Retenons que la guilde des assassins la plus réputée de
rir la Chaussée). La politique de ces deux compagnies Stupor Mundi est celle tenue par les lutins.
était très libérale et pendant plusieurs siècles, Stupor-
Mundi a toléré toutes les races en en sein, tout en se Avec l’accroissement de la population, Stupor mundi
vantant de posséder en ses murs un exemplaire de tout a modifié de manière coutumière son organisation po-
ce qui pouvait être vendu ou acheté dans le monde. litique. Elle est désormais dirigée par un conseil com-
prenant un membre de chaque race pouvant prétendre
Progressivement, au fil des migrations, chaque race s’y à plus de 10 000 représentants dans la ville. En réalité,
est spécialisée dans des secteurs divers: les trolls se tout recensement étant impossible, le conseil municipal
sont imposés dans la milice de la cité et le monopole fonctionne par cooptation et toutes les grandes guildes
de l’ordre a été capté par la Compagnie Trollique de ou corporations bataillent pour y être représentées. La
Sécurité ; Les nains ont quant à eux multiplié les so- plupart sont obligées de se syndiquer pour exister, en
ciétés d’architecte ; les gnomes se sont spécialisés dans regroupant plusieurs compagnies ou guildes.

221
neiges perpétuelles, avec une température de – 20°C.
Le conseil municipal compte environ 200 membres de A l’intérieur cependant, il fait bon et des glyphes de
toutes races. Tous les siècles, un grand recensement est magie assurent sa sécurité.
organisé de manière magique pour vérifier que tel ou
tel peuple ne bénéficie pas d’une représentation défor- De ces spirales partent ensuite dans la terre des venelles
mée par rapport à son poids démographique mais tout (qui portent des noms). Ainsi, la venelle Hamilcar qui
ceci est très complexe car dans la réalité, les Guildes re- part de la deuxième spirale est connue pour abriter le
groupent des races différentes. En l’absence d’ailleurs quartier lutin, microscopique. Des habitations de taille
de communautés raciales fortes, ce sont les guildes lutine y sont présentes. Un écriteau avertir les grands
marchandes et les corporations qui font la pluie et le êtres qu’ils vont être miniaturisés le temps de passer
beau temps. Le prévôt est élu par acclamation par les de l’autre coté.
membres du Conseil pour un mandat indéterminé. Il
est chargé de représenter la cité mais a peu de pou- Les venelles débouchent sur des puits (lesquels sont
voirs, hormis celui de réquisitionner la milice trolle. désignés de manière diverse, généralement par des ad-
jectifs). Le Puit Suave est ainsi le quartier chaud de Stu-
Géographie et lieux connus por Mundi. Des venelles partent vers les bordels de la
zone. Le Puit lui-même est occupé par le grand marché
L’attrait de Stupor Mundi ne repose pas pourtant dans des courtisanes, marché permanent dédié au vice et à
le gigantisme de sa construction ou dans l’exhaustivité la luxure. Le Puit de Science est le siège de la Guilde
des produits qui y sont proposés. Stupor Mundi est des Alchimistes et Mages de Stupor Mundi. Toutes ses
surtout, de l’avis de tous, la plus belle cité du Monde, venelles d’accès sont bloquées par des glyphes et l’en-
loin même devant la blanche Mô du temps de sa splen- droit a été privatisé. La cité compte pas moins de 53
deur ou de la superbe Cité Céleste suspendue. Chantée écoles, 27 Guildes, 4 syndicats et 12 Corporations liés
par les ménéstrels, beaucoup de gens considèrent son à la magie.
existence comme une légende.
On peut également citer le Puit sans fond (siège de la
Il est impossible de dresser un plan d’une cité qui cou- Guilde des bibliothécaires, caractérisé par un très fort
vre plus de 40 km2. Cependant, les nains ont progres- éloignement), le Puit Pirate (où sont concentrés nombre
sivement réussi à imposer un minimum de cohérence de bouges et d’auberges mal famées) et le Puit de Dé-
spatiale. Premièrement, les rues sont appelées des spi- fense, siège de la Compagnie Trollique de sécurité…
rales lorsqu’elles entourent ou enserrent la montagne.
Elles portent des numéros. Des portes permettent de Les couloirs souterrains sont appelés les terriers (eux
séparer symboliquement une spirale d’une autre. aussi numérotés). L’Arabesque est la voie principale
qui dessert quasiment tous les puits en sinuant dans
La première spirale est appelée la Halle des Portes. la montagne.
Directement à l’entrée de la cité, le long de ce qu’on
appelle la première spirale, on trouve en effet une dou- Trois endroits particulièrement connus doivent en outre
ble rangée de portails magiques qui desservent soit des être cités. Le Palais d’Hiver est une énorme construc-
lieux fléchés de la cité, soit permettent de se télépor- tion en haut de la quatrième spirale qui laisse échapper
ter à un endroit auquel on pense. Des Porteux, gnomes dans le vide un promontoire avec une cascade. Il s’agit
de la Confrérie qui est chargée de l’entretien et de la d’un palais désaffecté qui sert de refuge l’hiver aux dé-
confection de ces portes, prélèvent des montants pour munis. L’eau qui s’écoule est le tuyau d’évacuation des
le voyage. Pour des raisons de sécurité – argument qui eaux usées. Quiconque arrive à Stupor Mundi ne peut
n’a jamais vraiment été expliqué par les autorités – ces que le voir et il intrigue souvent les voyageurs.
portails ne fonctionnent pas en sens retour.
La Grande Bibliothèque de Stupor Mundi, très renommée,
La seconde spirale est connue pour être la plus lon- se téléporte tous les jours dans un réseau de 55 grottes.
gue avenue du monde connu entièrement consacrée au La guilde des bibliothécaires, charge détenue par des
commerce. Elle est flanquée d’alcôves où s’entassent nains, est chargée de distribuer les accès.
des étales marchands.
Le Marché Enchanté est le plus grand marché d’Orient
Sur la 3ème spirale, on trouve le plus grand parc public pour les minerais, notamment le fer enchanté récolté
de Stupor Mundi, entièrement planté d’arbres. dans les montagnes environnantes.

Le Palais Municipal se trouve à la 9ème spirale, tout en


haut de la cité. Il a été bâti en extérieur et est sous des

222
1.6.2. L’Empire Du Dragon les royaumes de Ung-Te, de Spyrne, d’Hong-Phe, de
Ping-To, de Pang-Mang et de Kalterin. Seul le puissant
Carte d identité : royaume Carabaï ralentit les armées daï. Sharakaï entra
dans une rage folle après la défaite de Balik (389). On
Capitale : La Cité Céleste raconta qu’il s’envola de la Cité Céleste et qu’il réduisit
Langue : Daï en cendres la capitale Carabaïnaise. Le roi de ce pays
Dimensions maximales : 4 000 fut brûlé vif ainsi que toute son armée. Le grand Ver
km du Nord au Sud, 4 000 km réduisit en esclavage les familles des soldats et massa-
d’Est en Ouest cra les survivants de Balik. L’horreur qui s’empara des
Population : 100 millions voisins de l’empire du Seigneur-Dragon les poussa à
d’habitants au total (Les Daïs). demander l’armistice. Le dragon dès 390 régnait sur
Elfes jaunes (40%), Humains tous les elfes jaunes mais il vassalisa le Grand Duché
(28%), Hopins (7%), autres el- de Kephorian, le Royaume de Bornea, la principauté de
fes (13%), nains (7%), sylphes Karne et le Royaume de Karten.
(5%).

Armée : 1 million d’hommes Le grand Ver lança ensuite ses armées simultanément
Flotte : une centaine de galères (3 000 marins, 10 000 à l’assaut du Nord et de l’Ouest. Il occupa les plaines
galériens) Mécambraïques et envahit le royaume d’Azsgardt, qui
Villes principales : Cité Céleste (55 000), Balik (350 000), sut garder son autonomie grâce à un pacte d’alliance
Kilab (450 000), Albion (70 000), Sharakane (150 000), militaire. La Norturie, isolée après que son allié l’Elta-
Sion (120 000), Halbur (80 000) nie se fut déclarée vassale, adopta le même pacte.
Dynastie Régnante : Sharakaï ; Titre : Empereur
Blason : Le dragon Sharakaï sur fond jaune. Le tuto en
surimpression symbolise l’immortalité du Dragon.
Religion : Polythéiste symbiotique
Calendrier : Daï

Histoire

L’Empire Daï s’est constitué par les victoires succes-
sives du Royaume Daï sur ses voisins. Tout a débuté
en 301 après Mac Ier après l’attaque du grand Ver
Sharakaï, un dragon noir célèbre qui dévasta les ter-
res daï, alors petit peuple d’elfes jaunes marchands et
agriculteurs. Le grand Ver, qui avait le pouvoir de pren-
dre forme humaine, renversa le roi Te-Kia-Ho à l’aide
d’une petite armée de mercenaires et prit le pouvoir. Il
eut l’intelligence de ne guère toucher aux coutumes de
son nouveau royaume et sa domination fut rapidement
acceptée par la population. Le grand Ver s’installa au
creux des montagnes Daï, dans une cité volante qu’il fit
construire au dessus du grand lac silencieux. La cité fut
ensuite reliée aux parois des montagnes de la cuvette
par de gigantesques arches de pierre. Depuis cette épo-
que, la cité a pris le nom de « Cité Céleste ». Le Grand
Ver promit d’en faire la capitale du continent.

Après avoir réformé l’armée et mis au pas la noblesse


Daï, le seigneur-dragon envahit ses voisins. Il conquit
rapidement les faibles royaumes de Semarto, de Tang-
She et de Kyotang de 360 à 380. Sharakaï sut s’atti-
rer la fidélité de son peuple en redistribuant les terres
conquises et en faisant porter le coût de la guerre sur les
peuples conquis qu’il réduisit à l’escalavage. La Ligue
de l’Est qui se forma pour l’arrêter échoua. Sharakaï La paix régna alors 100 ans car le Grand Ver entra dans
sut jouer des divisions internes et conquit tour à tour sa période de sommeil. Mais en 500, Sharakaï se réveilla

223
et ordonna la conquête du Sud. Entre temps cepen- lement 6 héritiers au trône parmi les 20 qui avaient sur-
dant, les royaumes encore libres s’étaient considérable- vécu à sa colère de 664 et à la guerre. Ce sont tous des
ment renforcés et avaient préparé cette éventualité. Le dragons noirs, bien que sang-mêlés de par leur mère.
Dragon connut une succession de revers qui l’obligè- Ils portent le nom d’Arakaï, Khoëlignom, Shamfir,
rent à abandonner son royaume vassal de Karten et la Phoebus, Sirius et Loara (une femelle).
principauté de Karne. En 520 il lança la contre-attaque
et les royaumes durent s’incliner devant une force nu- Durant la Guerre des Pénitents, Le Dragon Empereur
mérique beaucoup plus grande (l’armée du Grand Ver a soutenu à la fois Mulveya et Titan, jouant sur les deux
comptait déjà un million de légionnaires). Il envahit le tableaux. L’Empereur s’est endormi en 850.
Karinjil, les basses-terres, les petits royaumes indépen-
dants de la côte et les principautés hopins des monta- En 921, la Kyrelie a cependant déclaré la croisade contre
gnes. En s’alliant avec le Royaume de Farilian, Sharakaï les Daïs, pour des raisons qui touchent à la montée du
vassalisa le Cérilian. En 580, le Grand Ver dut stopper fanatisme religieux. La bataille des plaines mécambraï-
ses conquêtes car le temps de l’union était venu avec ques fut un désastre pour les Daïs : 100 000 daïs menés
des petits dragons d’airain femelles qui lui donnèrent par la Colombe et le Moineau affrontèrent une armée
111 héritiers, nommés les Seigneurs Dragons. On ra- de 65 000 kyréliens et zeldens. Les Daïs furent vaincus :
conte que toutes ses femmes périrent sous les assauts 55 000 morts de leur coté contre 28 000 morts coté allié.
fougueux du dragon. C’est à cette époque que le Grand L’armée de 35 000 chevaliers zelden et 2 000 ounites
Ver réforma son empire et plaça ses enfants aux ma- entamèrent alors le siège d’Albion, siège du shogunat
nettes du pouvoir. En 591, il reprit la conquête du Sud de Frei. Heureusement pour l’Empire, l’offensive me-
qu’il acheva l’année suivante. Quand il s’endormit en née sur le mur de séparation entre l’Arknée occupée
595 pour son petit sommeil, il ordonna à ses proches et la Kyrélie se révéla, elle, un succès. Faisant jeu égal
de préparer la prochaine Ere d’éveil. en termes de pertes avec les défenseurs (12 000 victi-
mes de chaque coté), les armées Daï prirent contrôle
Celle-ci devait survenir vers 634 et pourtant ne dé- du mur et assiègèrent Kyrieleissa.
buta qu’en 664, soit un sommeil anormalement long.
En effet le Seigneur Ka, fils du dragon, avait conspiré
avec les envoyés du mage Tobogobun et empoisonné Organisation politique
l’Empereur avec de la Céleste Douleur. L’alliance que
le Seigneur Ka était parvenu à monter déclara la guerre L’Empire Daï a une organisation très compliquée qui
au Centreterre avec l’Empire du Néant puis, après la est le reflet de sa foudroyante progression territoriale.
défaite de ce dernier, à Arknée. Ce furent les valeureux A l’origine le royaume Daï était dirigé par un monar-
samouraïs Phen Fao-Doï dit la Mort Noire et Maraï que héréditaire. En dessous de lui, une quantité non
Kelth l’albinos qui délivrèrent le dragon de l’enchan- négligeable de familles nobles administraient des fiefs
tement. appelés « shogunats ». Le shogun était le chef de fa-
mille et certains étaient plus puissants que le roi. Cer-
A son réveil, le dragon entra dans une rage folle et dé- tains nobles n’avaient pas de fiefs et ne pouvaient pas
vora tous les conspirateurs, dont nombre de ses enfants à ce titre fonder une famille reconnue. Ils étaient sans
puis chargea Maraï Kelth du clan de la colombe, nom- clans. Ces « sans-clans » se mettaient au service d’un
mé nouveau général des armées, de finir la conquête Shogun pour qui ils étaient prêts à donner leur vie.
d’Arknée en capturant la cité sainte de Kyrieleissa. Des On les appelait les « samouraïs » (ceux qui servent). Les
70 000 soldats envoyés, aucun ne survécut, y compris samouraïs de Shoguns puissants pouvaient avoir plus
Maraï. En effet la déesse Veya protégea la cité d’ailleurs de pouvoir que des shoguns pauvres car ils recevaient
défendue avec succès par la légendaire Cassandra. de leur maître une maison, des servants et des terres.
Certains samouraïs entretenaient même des gens d’ar-
L’Empereur Dragon mit quelques années à rétablir mes appelés « domos ». Les shoguns comme le roi daï
son autorité sur l’Empire, par ailleurs touché par les avaient des petites armées personnelles constituées des
fléaux de la peste et du choléra. Il diligenta une partie samouraïs (et de leurs domos éventuels) et de merce-
de son armée pour combattre aux côtés des autres Na- naires.
tions à la bataille de la Faille et dut envahir une partie
des territoires sauvages du Nord pour fermer une porte La conquête par le Grand Ver a bouleversé cette or-
infernale sise à Halbur. Cette conquête de quelques ganisation. A la différence de l’Empereur Sylphe, pro-
centaines de kilomètres coûta énormément au dragon gressivement dépouillé de ses pouvoirs par les familles,
car ce furent des démons qui furent affrontés, alliés à Sharakaï brisa les vassaux les plus puissants et dissout
des trolls sauvages. certains clans. Il récupéra tous les fiefs originels du
royaume et promit de dédommager les familles sur les
La guerre terminée, l’Empire avait beaucoup souffert terres à conquérir, pour les motiver. Enfin il abandonna
même s’il s’était agrandi : des 70 millions d’habitants le système des mercenaires pour une armée impériale
d’avant guerre, il n’en restait plus que 45. Au Nord, la moderne et organisée : les légions.
constitution de royaumes trolliques barbares obligea le Les régions que le Grand Ver a conquises bénéficie de
dragon à faire construire des forteresses tout au long 4 statuts différents. Du plus intégré au moins intégré,

de la frontière. Le grand Ver Sharakaï adouba officiel- on distingue :

224
Légendes de Weröl
Tout d’abord la Province (il en existe 10) administrée au
nom du Grand Ver par un daymio (gouverneur) et qui
font partie du fief personnel de l’Empereur (de même
que le Royaume Daï). Les armées présentes sont les lé- Phen Fao-Doï
gions personnelles de Sharakaï et non pas les légions du
pays. Les légionnaires constituent en quelque sorte sa «la mort noire »
garde personnelle. Le Daymio n’a aucun droit de pro-
priété sur la terre qu’il administre mais appartient pres- Classe : samouraï/sorcier
que toujours à un clan et à ce titre a droit à avoir des Dates : 629 – 722
samouraïs (ces derniers en revanchent ne se voient pas Phen Fao-doï était une femme se faisant passer pour un homme.
confiés de fiefs). 6 des 10 provinces sont dirigées par un Phen était samouraï du clan du Vautour et chargé de protéger
fils de l’Empereur. Il porte le nom de «roi » plutôt que la femme du
celui de daymio. fils du sho-
gun de la
Les shogunats. Il en existe 12 depuis la guerre de 666 (11 C o l o m b e,
auparavant). Il s’agit de terres confiées à un clan qui l’ad- qui appar-
ministre personnellement pour son compte. Les shogu- tenait à son
nats sont gardés par les armées personnelles des familles clan.
(samouraïs et domos).
Après l’exil
Les régions vassales (10) ont conservé leur dynastie ré- de cette
gnante mais un Ambassadeur militaire est présent, à la branche de
tête d’une armée de l’Empereur, pour assurer la défense la famille
du pays. La dynastie doit également composer avec un (cf. Maraï),
consul civil, chargé de représenter le Grand Ver. Phen suivit
sa maîtres-
Les régions alliées (2) n’ont aucune troupe daï sur leur se qui lui
territoire mais un consul civil est sur place. demanda
d ’ e s c o r-
On l’aura compris administration et armée sont confon- ter son
dues au sein de l’Empire Daï. Au sommet vient l’Empe- fils – Ma-
reur et les 6 héritiers du trône qui portent le titre de « raï – dans
rois ». Ensuite viennent les clans daïs qui se partagent sa tentative
les postes. Du plus prestigieux au moins prestigieux, on de déjouer
trouve le titre de Shogun, de Daymio, de Consul ou Am- le com-
bassadeur, puis d’Officier de l’armée. Le samouraï a pré- plot contre
séance sur un officier de l’armée impériale. Les familles l’Empereur.
royales asservies ou alliées ont le même rang qu’un no- Phen, guerrier redoutable, fut d’une grande utilité à Maraï et
ble sur leurs terres mais préséance sur l’ambassadeur ou découvrit la sorcellerie, pour laquelle il finit par abandonner sa
le consul. Les nobles des pays vassaux ou alliés ne sont vocation initiale de guerrier. 
pas reconnus par l’Empire qui les classe selon leur race L’Empereur, à son réveil, le récompensa en le nommant général
et leur occupation. Les légionnaires des armées, cœur de la légion de l’Oiseau-Dragon, sa garde personnelle.
du dispositif, occupent un statut supérieur à celui des
civils. Général en chef des armées Daï à la bataille du mont des Pro-
phètes contre le mage Tobogobun revenu perverti des Enfers,
En dessous de l’armée et de la noblesse, les hommes les Phen disparut au cours de cette mission.
plus respectés sont les prêtres, puis les paysans, les ar-
tisans, les marchands. L’esclavage a été instauré par le Elle réapparut en 703 aux cotés de l’Empereur Sharakaï, vrai-
Grand Ver. Il se base sur une croyance en l’inégalité des semblablement sauvée par Titan qui en fit l’un de ses élus. Pré-
races. L’Elfe jaune est considérée comme la race la plus parant activement le Djihad, c’est-à-dire l’affrontement cosmi-
intelligente et ne peut être réduite à l’esclavage. Ensuite que entre Titan et les autres Dieux, elle convainquit Sharakaï
viennent les autres elfes, puis les humains. Les races les de prendre le parti de Titan. En effet, ce dernier lui avait appris
plus basses sont les gnomes, les nains et encore plus bas, qu’elle précipiterait la fin des Dieux. Convaincue d’être l’élue
les sylphes, race athée et marchande dont la puissance de la fin des temps, elle mena une traque sans relâche et abattit
inquiète l’Empire. Le Grand Ver n’a pas hésité à réduire la plupart des 12 élus de Mulveya. En 722, la Cité Céleste fut
en esclavage les soldats des armées vaincues, à l’excep- néanmoins subitement attaquée par des élus de Mulveya – dont
tion des elfes jaunes. Les esclaves ont le statut d’un objet on avait perdu la trace depuis 10 ans - et Phen mourut suite
et ne peuvent recouvrer leur liberté sans l’autorisation à un coup parfait réalisé par l’épée Echec, précipitant ainsi le
expresse de leur maître. La condition d’esclave est hé- crépuscule des Dieux. Comme on le lui avait prédit.
réditaire.  

Les ronins sont des samouraïs ayant été chassés de leur

225

Légende : 1 : Shogunat de Ti-Keï (Vautour) ; 2: Shogunat de Kapeï (Epervier) ; 3 : Shogunat de Bodoï (Condor) ; 4 : Sho-
gunat d’Hong-Phe (Héron) ; 5 : Shogunat de Taï-Paï (Aigle) ; 6 : Shogunat de Spyrne (Hirondelle) ; 7 : Shogunat de Ti-Pe
(Albatros); 8 : Shogunat d’Ung-Te (Faucon); 9 : Shogunat de Torus (Martin-pêcheur) ; 10 : Shogunat de Frel (Colombe) ; 11 :
Shogunat de Frel (Moineau) ; 12 : Shogunat d’Halbur (Chouette).

clan ou bien ayant perdu leur honneur. Ils sont extrê- compagnons les plus proches du roi de l’époque. On
mement nombreux et souvent utilisés comme merce- raconte qu’ils se disputèrent un jour au sujet d’une
naires par les shoguns ou les daymios. vieille parabole du philosophe Kaï-Taï (150 – 214) qui
décrivait sous la forme d’une allégorie ce que devait
Les clans Daï être un bon samouraï. Ce dernier était comparé à un
oiseau, sans cesse décrit mais jamais nommé. Chacun
Ils constituent l’armature de l’Empire et la clé de sa fit une lecture différente de l’oiseau et adopta comme
réussite. En effet, les shoguns des différentes familles symbole sa vision.
ont accepté de se soumettre à l’Empereur en échange
de nouveaux territoires. Ce pacte tacite pourrait être Les clans sont au nombre de 12. Certains clans plus
remis en question par la naissance des seigneurs-dra- petits existent (ils portent des noms d’oiseaux égale-
gons qui cherchent à instrumentaliser les clans pour ment) mais sont mineurs et de toute façon inféodés à
leur guerre de succession. l’un des grands clans :
Chaque famille est symbolisée par un oiseau. Ceci
est l’héritage de l’ancienne période du Royaume Daï.
A l’origine, les fondateurs des clans étaient les 12

226
La parabole de l’Oiseau :

Agile, frêle, mais si beau, terrifiant et superbe, l’oiseau-samouraï virevolte dans les airs pour se poser avec grâce sur la terre qu’il vénère.
prompt à s’envoler, il n’en est pas moins prudent et évite le conflit inutile. il sait fondre sur la proie qui le défie et apporter la paix lorsqu’elle
est nécessaire. plus haut que ses frères, sa mission est de scruter la nuit en quête de dangers futurs, l’œil toujours tourné vers le grand large.
il est l’annonciateur du renouveau. nécessairement orgueilleux, il monte toujours plus haut que le soleil. royal être d’élite, son œil sait percer
la brume des cœurs et de la vie pour distinguer le bon grain. pourtant, qu’il prenne garde car parfois ses ailes de géant l’empêchent de
marcher.

la « Mort noire » (617 – 722), en réalité


Le Clan des Kelth. La maison de la Colombe. une femme, qui sauva l’Empereur Sha-
Devise : « Apporter la paix ». Les Kelth rakaï avec Maraï Kelth et fut nommé à
voient le samouraï comme un agent de la tête de la légion de l’oiseau-dragon.
paix, d’ordre, et d’harmonie. Les Kelth Phen participa à la bataille de la Faille
ont une réputation vertueuse et ont en dont elle revint vivant, une gageure. Elle
charge le shogunat de Frel. Parmi les plus mourut lors de l’attaque de la cité céleste
célèbres samouraïs de ce clan, on compte des mains de Sint Gmorkh le Démolis-
Maraï l’Albinos (622 – 665) qui déjoua le seur.
complot contre Sharakaï, fut nommé gé- 

néral des armées daï et mourut foudroyé Le Clan des Kurosawa. La maison de la Chouette. De-

 par la Déesse Veya après une tentative vise : »Scruter la nuit ». A l’origine, les Kurosawa étaient
malheureuse de détruire Kyrieleissa, la ville sainte, en cousins des Nean-Siong. Mais leur vision du samou-
utilisant de la magie. Les Kelth ont connu une semi- raï a dérivé lentement. Actuellement, le clan considère
disgrâce à partir des années 920, suite à la prise de leur que le bon samouraï est celui qui sait utiliser la nuit
shogunat par les armées barbares de la Zelde et de Ky- de ses adversaires pour mieux les supprimer…c’est à
relie. dire avoir recours à des mesures pour le moins mal-
honnêtes. Le clan est tombé en disgrâce
Le Clan des Tamerine. La maison du martin-pêcheur. après qu’un de ses membres, général de
Devise « l’œil tourné vers le grand large ». Les Tame- l’armée impériale, ait perdu la bataille de
rine considèrent que le samouraï ne doit pas limiter Balik (389). En 666, un douzième shogu-
son rôle à la terre ferme. Il est le garde qui explore et nat a été créé à Halbur, ancienne ville de
prévient à l’avance des dangers extérieurs, à la manière mercenaires et de créatures néantiques,
d’un éclaireur. Jamais il ne doit se laisser pour eux. Kui Kurosawa, dit la vipère
enfermer dans un rôle ou une tradition. (625-645), est un bon exemple des samou-
Les Tamerine prônent l’éternel recom- raïs de ce clan : Kui se battait toujours
mencement et, en politique, défendent 
avec deux lames empoisonnées et sa cruauté n’avait
l’idée d’une expédition afin de supprimer pas de limite. Un autre samouraï connu est Yoshimura
le danger sylphe. Pour cela, ils préconisent Kurosawa (696-748) qui traqua Sint Gmorkh après l’as-
la construction d’une flotte de qualité, ce sassinat de Phen Fao-Doï et l’attaque de la cité céleste
qu’ils mettent en pratique dans leur sho- et devint un champion de Titan.
gunat. Les Tamerine possèdent le shogu-

nat de Torus. Parmi les célèbres samouraïs de ce clan Le Clan des Kiong-Taniong. La maison du Condor.
se trouvent Kiang Tamerine, grand général daï (600- Maxime : « Nécessairement orgueilleux, il monte plus
640), porteur d’un katana du dragon d’or et occis par haut que le soleil ». Les Kiong-Taniong
Cassandra l’Insoumise lors du siège d’Albionta en 640, ont toujours eu une conception quelque
et Nantaril Tamerine, son frère, dit « le sabre du matin », peu originale du samouraï. Ils le com-
réputé pour sa dextérité au combat (605 – 666). prennent comme un élément indispen-
sable d’ordre social et naturel, un mem-
Le Clan des Fao-Doï. La maison du Vautour. Devise : bre de l’harmonie céleste, une créature
« Il n’en est pas moins prudent et évite le conflit inu- quasi-divine. Leur fief est le shogunat de
tile». Les Fao-Doï ont une vision très restrictive du rôle Bodoï. Parmi les célèbres samouraïs de ce
de samouraï. Le katana doit se taire le plus longtemps clan, on peut citer Eriko Kiong-Taniong
possible et il est inutile de gaspiller son temps à des 
 (560-645), célèbre samouraï réputé pour sa bravoure et
futilités. Les Fao-Doï gèrent le shogunat de Ti-Keï. Le son élégance, qui combattit jusqu’à un âge respectable
plus célèbre samouraï de ce clan est Phen Fao-Doï dit avant d’être condamné à mort par le Seigneur Ka, fils

227
de l’Empereur, pour avoir comploté contre lui. monde. Le clan a pour shogunat Kapeï.

Le Clan des Kiao. La maison du Héron. Le Clan des Arkhipu. Le maison de l’hi-
Devise « Plus haut que ses frères ». Les rondelle. Devise : « Il est l’annonciateur
Kiao voient le samouraï comme un sol- du Renouveau ». Le samouraï est ici com-
dat d’élite , qui doit sans cesse prouver sa pris comme un purificateur visionnaire.
supériorité. Les Kiao sont réputés pour Son rôle est de débarrasser la terre des
leur fidélité à toute épreuve et leur en- éléments les plus pervers. Les Arkhipu
gagement dans l’armée de l’Empereur. ont compté dans leurs rangs beaucoup
Selon la légende, le clan serait le doyen d’émissaires diplomatiques, d’aventu-
des 12. Les Kiao occupent le shogunat riers, d’ambassadeurs, et d’explorateurs.

 d’Hong-Phe.

C’est une maison qui possède des biens hors de l’Em-
pire et qui entretient de bonnes relations avec les guil-
des commerçantes. Son fief, connu pour être rouge
Le Clan des Mushashi. La maison de d’arbres grenaldyne, est le shogunat de Spyrne.
l’Albatros. Devise : « Ses ailes de géant
l’empêchent de marcher ». Les Mushashi Le Clan des Yakosi. La maison du faucon. Devise : « Il
croient que le samouraï est un être d’es- sait fondre sur la proie qui le défie. » La conception de
sence divine, destiné de toute façon à la maison du Faucon est beaucoup plus guerrière et
souffrir de l’incompréhension de ses sem- même en un sens chevaleresque que celle des autres
blables et qui doit donc occuper utilement clans. Les samouraïs Yakosi n’ont aucune pitié pour
son temps en se concentrant avant tout l’adversaire et n’accordent aucun sursis. Leur fief est le

 sur la prospérité de son clan. La famille shogunat de Ung-Te.
Mushashi possède le monopole impérial
de la forge du tolkglin. Le shogunat de ce
clan est Ti-Pe. La puissance militaire et démographique

Si l’Empire inspire la peur aux nations voisines, c’est


Le Clan des Kilidjad. La maison du avant tout en raison de sa masse démographique. Il
Moineau. Devise : « prompt à s’envoler comprenait avant la guerre du portail près de 70 mil-
». Les Kilidjad, persuadés que la violen- lions d’habitants, soit près de 2/3 de la population
ce a des vertus éducatives insoupçon- aquilonnienne d’alors, sur un territoire dix fois plus
nées, en ont fait leur credo. Leur grand petit. Les épidémies, la guerre et les fléaux ont fait des
attachement au respect du Bushido est ravages, mais l’Empire a survécu et grâce à une forte
balancé par leur cruauté sans borne. Le natalité et la fin des guerres compte aujourd’hui 100
moineau a pour fief le shogunat d’Albion. millions d’habitants soit 1,5 fois plus que la totalité de
La cité d’Halbion possède un palladium la population du Ponant. L’armée du Grand Ver reste

 de Kherk. l’armée permanente la plus forte du monde avec près
d’1 millions de combattants et surtout est la mieux en-
Le Clan des Kting-Sang. La maison de l’aigle. Devise : traînée. Ceci représente cinq fois le total cumulé des
« Royal être d’élite ». Les Kting-Sang croient en la vertu armées du Ponant.
de la compétition. Ils accordent une grande attention à
l’éducation et à l’entraînement physique des membres Le succès du grand ver repose avant tout sur ses fa-
du clan, et tentent d’évincer les autres clans du pouvoir. meuses légions mobiles. Une légion comporte 6 000
Le shogunat de Taï-Paï est leur fief. Ce clan est tombé hommes répartis en 60 centuries. En temps de paix,
en disgrâce après que son dernier shogun, Shirohebi, l’Empire compte environ 100 légions soit 0,6 million
ait pris le parti de Mulveya en 704, au début de la se- de légionnaires. La légion daï est une unité très mobile,
conde guerre des pénitents. les guerriers n’étant revêtus que d’un plastron léger,
d’un casque, d’un glaive court et d’un grand bouclier
Le Clan des Nean-Siong. La maison de rectangulaire. Les manœuvres s’exécutent très rapide-
l’épervier. Devise : « Son œil sait percer ment grâce à une organisation hors-pair.
la brume de la vie ». Les Nean-Siong ont
une vision pessimiste de la réalité, fon- A ces armées régulières, il faut encore rajouter les fa-
dée sur l’illusion. Le samouraï est celui meux samouraïs affiliés à l’un des 12 clans ou directe-
qui sait, par ascétisme et les privations, ment à la maison royale (le clan de l’Oiseau-Dragon,
découvrir la réalité et l’entendement du on les appelle alors les kamikazes) et les domos, leurs

228
serviteurs de moindre rang. Les armées des clans ne
comprennent pas de légions mais des troupes norma-
les régulières (les bushis) armées de lances. Chaque
clan entretient environ 20 000 hommes (soit 240 000
hommes) et comporte plusieurs centaines de samou-
raïs (environ 1000 à 1500 par clan soit 15 000). L’Em-
pereur lui-même est à la tête de trois légions person-
nelles appelée les légions du dragon (18 000 soldats)
et de son clan de samouraïs personnels (environ 1 000
samouraïs). Les samouraïs les plus mineurs occupent
souvent des postes d’encadrement au sein des légions
(brigadier, à la tête de dix légionnaires, ou centurion).

Les pays vassaux ou alliés ont un potentiel militaire


qui s’est surajouté à celui existant et porté à près d’1
million l’armée daï. La Norturie est célèbre pour sa
cavalerie lourde de saurials, de gigantesques reptiles
qu’elle utilise lors des batailles qu’elle mène contre
les arachnides (voir bestiaire). Le Royaume d’Azgardt
a apporté à l’Empire Daï ses fameux Guerriers Invin-
cibles, gigantesques barbares insensibles à la douleur
sur les champs de bataille. Dans un autre registre,
les royaumes de Cérilian et Démostène ont signé un
traité d’alliance militaire mettant au service de l’Em-
pire en cas de guerre leurs fameux chevaliers d’Acier,
à l’équipement aussi lourd que leur langage est outra-
geusement fleuri, célèbres pour leur bravoure. Seule
la mobile légion daï est parvenue à défaire la cavalerie
lourde Cériliane.

La population est composée à 70% d’hommes libres,


répartis entre elfes jaunes au centre et à l’est (60%),
humains au nord et au sud (30%), hopins à l’ouest
(10%). Les 30% restant sont des esclaves, essentielle-
ment elfes, nains, sylphes et humains. Les esclaves ne
combattent pas, sauf cas exceptionnels (guerres).
La répartition des armées daï témoigne de la volonté
de l’Empereur de soumettre le Nord de l’Empire, ré-
cemment conquis, peuplé d’arachnides et sans cesse
harcelé par les trolls et les barbares, tout en protégeant
la côte des incursions sylphes. Près de 50 légions (300
000 hommes) sont ainsi postées sur le limes du Nord,
où l’Empereur Dragon a fait construire des forts tout
le long de la frontière. En Azgardt, Norturie et Elta-
nie, c’est à dire dans l’immédiat inland du shogunat
d’Halbur, l’Empereur garde également 10 légions de
renfort. Sur la côte, près de 30 légions protègent les
1 400km de côte de l’Empire. Enfin, dans le royaume
vassal d’Arknée, récemment conquis lui-aussi , 10 lé-
gions sont stationnées.

Le reste des légions (à peine 60 000 hommes) sont dis-


persées au Sud et au Centre de l’Empire.

229
Géographie politique de l’Empire du dra- dance du sud d’Arknée, qui a repris son nom ancien de
gon Kyrelie La situation en Arknée empêche encore le Dra-
gon d’imaginer poursuivre sa conquête car la digestion
Le cœur de l’Empire est constitué par des régions est difficile. L’Eglise Ounite, bien que persécutée, gar-
montagneuses, fortement irriguées et très peuplées, en de le soutien de la population et les missionnaires du
majorité d’elfes jaunes. Autrefois des petits royaumes Dieu Unique prêchent l’instabilité et la révolte contre
indépendants s’y combattaient mais ils furent absorbés les idoles daï. L’Empereur est inquiet que cette propa-
par leur voisin daï. Les régions du centre et de la côte gande religieuse puisse affecter le reste de l’Empire.
partagent avec leur envahisseur une même culture ba-
sée sur l’harmonie, la vertu et la loi. Toutes les mines de Le Sud était autrefois atomisé en une poussière de pe-
sel rouge sont concentrées dans cette zone. tits royaumes humains, à l’exception des royaumes de
Cérilian, de Farilian et de Démostène. L’Empereur les
Le Nord abrite des royaumes humains autrefois bar- a unifié mais s’est arrêté en chemin. Après la frontière
bares, mais que l’influence de l’Empire a rendus plus subsiste encore de nombreux petits duchés ou com-
civilisés. Il s’agit des royaumes vassaux de Bornea, de tés montagneux qui craignent pour leur indépendance.
Norturie, d’Eltanie et d’Azgardt. Vivant au contact Les forêts grouillent d’animaux exotiques (singes trem-
des orcs (une race barbare éradiquée depuis), des ter- bleurs, elrogues, jangoboons, pinnasaurus, bouteflam-
res sauvages ou bien des plaines mécambraïques, ces mes orientaux, ...). L’Empereur quant à lui n’est pas
royaumes avaient développé un instinct guerrier très mécontent de garder une zone tampon entre son em-
poussé. Ce sont des régions froides et humides rela-
tivement montagneuses puis définitivement plates au
fur et à mesure qu’on atteint le limes où l’on trouve en
liberté des lions des plaines et des dragons orientaux..
Le shogunat d’Halbur est le plus jeune des shogunat,
confié à la Chouette autrefois en disgrâce. Il s’est fixé
pour capitale une cité bâtie dans les cavernes d’une
montagne isolée et dans laquelle était apparu le portail
démoniaque. La Chouette a fort à faire à soumettre la
zone à son contrôle. Certains des habitants du Nord ont
fui dans les grandes steppes du Nord, de l’autre coté du
limes, pour échapper au joug daï, préférant les trolls et
les arachnides à l’esclavage. L’Empire mute dans cette
zone les légions les moins performantes pour les punir.
La mortalité y est élevée, notamment en raison d’une
hygiène différente et des incursions des terribles ara-
chnides contrées par la cavalerie daï et ses sauriens.

A l’Ouest, une imposante chaîne de montagnes sépare


l’Empire du royaume vassal d’Arknée et des cités du
Centreterre. Des nains vivaient sur les contreforts, dans
de gigantesques citadelles. Les légions ont eu des dif-
ficultés pour les déloger et le peuple nain fut réduit
en esclavage, affecté à la collecte du fameux sel rouge
daï. Les principautés hopins qui vivaient dans les trois
vallées voisines d’Anil, d’Elkina et d’Erin, préférèrent
se déclarer vassales plutôt que de subir le même sort.
Leur relatif éloignement/isolement par rapport à la cité
céleste leur permet de conserver une grande autono-
mie mais leur inquiétude reste que si l’Empereur vou- pire et l’anarchie de Theleb.
lait un jour envahir le Centreterre, les principautés ser-
viraient de base arrière et de relais. Depuis la guerre du C’est à l’extrémité sud de l’Empire que s’était installé
Portail toutefois cette situation a un peu changé car le en 760 un monastère impérial dédié à la « religion »
royaume d’Arknée a été partiellement conquis. Après mandragale. Le monastère est sous la protection de
la défaite daï au siège de Kyrieleissa et la mort par fou- Sharakaï lui-même. Il a été détruit et ses disciples dis-
droiement divin du mythique Maraï Kelth, général en persés au début du Xème siècle.
chef des armées, un traité de paix a reconnu l’indépen-

230
Certains cultes sont localement implantés et ne bénéfi-
Religion cient que d’un clergé restreint. Il s’agit essentiellement
des cultes de Firloute, de Fortunaë et de Malevolyss.
Le Grand Ver n’a pas touché aux religions de l’ancien De nombreux temples d’Asgard, d’Huracan, et de Thür
royaume daï et s’est montré sur ce point très tolérant désormais abandonnés ont été récupérés en partie seu-
avec les peuples conquis. La seule religion qui est en lement par les cultes rivaux.
réalité interdite et pourchassée est celle d’Oun (et de
Sint Mazil), majoritaire en Arknée. En effet, la religion Les seuls grands cultes impériaux sont au nombre de
Kyrelienne reconnaît un pouvoir temporel à l’Eglise trois. Le clergé d’Elth sert de juge dans les conflits et
d’Oun et Sharakaï ne saurait reconnaître le pouvoir de nombreux nobles de la colombe embrassent le ser-
de Kyrieleissa sur ce qui sont ses sujets à présent. Par vice de ce Dieu. Masqués, les prêtres d’Elth sont dis-
conséquent, le culte de Mulveya n’est pas autorisé, pas persés, solitaires lors des voyages ou en charge de petits
plus que celui du Theochrone d’ailleurs. temples unicosmiques dans la campagne daï. Un gigan-
tesque temple unicosmique a été construit au sein de la
La guerre de 666 puis celle des pénitents avec le grand cité céleste et le grand prêtre de l’ordre y réside (il est
cataclysme a chamboulé le paysage divin, avec la mort élu par ses pairs avec l’aval du Dragon). L’ordre reste
de dieux au noms oubliés aujourd’hui (Huracan, Apol- un servile serviteur du pouvoir impérial.
lo, Ying, Ankar, Dantè, Thür, Asgard, Gorgon, Mordar),
puis dans un second temps de tous les autres Dieux ; Le culte de Kherk est devenu quant à lui très popu-
avec l’apparition de nouveaux êtres supérieurs comme laire parmi les samouraïs, notamment parmi les kami-
les Titans (l’Innommé, Fortunaë la nouvelle déesse des kazes,. Généralement fanatiques et prônant la guerre à
Enfers) ou Mulveya (née de la fusion de Veya et du titan outrance, les prêtres de Kherk réclament la possibilité
Mul). de recourir aux sacrifices humains.

En effet, avant les deux guerres, les elfes jaunes ado- Le culte du Crabe est en passe quant à lui de récupérer
raient essentiellement Y-Aelin-au-masque d’Ambre, la totalité des anciens adorateurs du Ying et du Yang,
seigneur de l’ordre et de la paix, Isiah déesse de la vio- que la cruauté de Kherk effraie et la sagesse d’Elth
lence, et les jumeaux du bien et du mal (Ying et Yang). ennuie. Se réclamer de cette religion revient à ne pas
révéler ses véritables pensées car le culte est un vrai
La disparition de Ying a déséquilibré profondément le fourre-tout idéologique. Les prêtres sont avant tout des
clergé dual daï. Les anciens prêtres du Ying ont préféré carriéristes.
rejoindre le clergé d’Elth, nouveau seigneur des Dieux,
tandis que l’Empereur interdisait le culte de Yang seul, Au VIIIème siècle, le sud de l’Empire a vu l’établisse-
dans un mouvement qui aurait pu laisser penser qu’il ment d’un monastère mandragal, religion philosophi-
instaurerait une religion manichéenne orthodoxe. que née dans les profondeurs des jungles de Theleb
Néanmoins, l’Empereur est resté tolérant. sous l’impulsion d’un maître à penser nommé Man-
drago. La rumeur a circulé que Sharakaï aurait été
Le culte de Kherk, originellement implanté sur la côte, lui-même un disciple de Mandrago, d’où la mise sous
a prospéré à la faveur de ces évènements jusqu’à de- protection impériale de ce culte d’un genre nouveau.
venir le troisième culte officiel avec Elth et le Crabe. Finalement, le monastère a fait l’objet de destructions
Sur la côte également, le culte d’Hapoggaëddon reste importantes causées par les serviteurs des Mantes et
toujours bien implanté. est tombé à l’abandon après que la totalité des maîtres
mandraguis ont péri.
La mort de Thür et d’Asgard a profondément traumati-
sé les royaumes du Nord pour qui ces dieux étaient des
dieux majeurs, aux cotés de Sekhmet la lionne, déesse La culture daï : le samouraï
de la vengeance. Une partie de la population a choisi de
se tourner vers les dieux choisis par les trolls, et plus La culture daï est une des plus raffinées qu’il soit,
particulièrement Kherk. même si elle a été en partie pervertie par l’ambition de
l’Empereur Dragon qui a insisté sur les cotés les plus
Au sud, les humains adoraient Y-Aelin et Typhion, le belliqueux de l’héritage daï. A l’origine, elle se fonde
seigneur des crues. La religion Ounite a profité de l’in- sur l’harmonie et la paix intérieure. Chaque homme
vasion d’Arknée pour essaimer clandestinement dans cherche à devenir un être d’élite, suivant en cela les
ces régions et gagne, à la faveur des crises religieuses, préceptes du philosophe Kaï-Taï. Le Taïsme prône la
sans cesse de nouveaux suppliants. vertu, le courage, l’abnégation, la clairvoyance et le
contrôle de soi. Tous les daïs adhèrent à cette philo-

231
le Grand Ver purifie ou absout toute dette préalable-
ment accumulée.

La culture daï est caractérisée également par un respect


au plus haut degré de l’âge et une grande complexité
protocolaire.

Plusieurs codes sont ici à citer :

- La cérémonie du thé est une coutume qui obéit à


d’innombrables règles de politesse. La transgression
de certaines permet de faire passer des messages. Voilà
pourquoi, une grande partie de la politique des clans
passe par cette cérémonie. De manière basique, on re-
tiendra qu’on n’invite jamais à boire le thé un indi-
vidu que l’on juge inférieur à son propre rang, sauf à
contrebalancer ceci en le faisant accueillir par un vas-
sal. L’heure de la cérémonie est extrêmement impor-
tante : il existe des heures où une telle invitation est
usuelle (la fin de matinée et le milieu de l’après-midi) et
déroger à cette coutume envoie un message de gravité
ou d’urgence. Autre paramètre, le choix du thé. Servir
une infusion à la place d’un thé à un elfe samouraï ou
noble est considéré comme une insulte, car ceci est ré-
servé aux vieilles femmes ou aux enfants. Le thé vert,
plus amer, est considéré comme supérieur aux autres
sophie… à des degrés divers. En effet, suivant les éco- catégories, et en servir est donc signe de déférence…
les, la vertu s’assimile à l’insensibilité ; le courage à la à moins qu’il ne s’agisse d’une humiliation si l’invité
violence ; l’abnégation au fanatisme ; la clairvoyance à n’est de toute évidence pas à la hauteur d’un tel ca-
l’intolérance et le contrôle de soi à l’asociabilité. deau. Le thé jaune est strictement réservé à l’Empereur
et à sa famille. Le thé blanc est souvent servi aux amis
Le samouraï est le modèle qui a résulté du taïsme, fi- et proches de la famille, et peut donc être interprété
nalement la seule vraie croyance populaire commune à comme signe d’ouverture. Le thé rouge est quant à lui
tous les elfes jaunes. Les samouraïs sont des nobles qui ambigü car il signifie clairement le mécontentement ou
s’affilient à un maître ou une maisonnée pour qui ils la guerre. Le thé noir, en revanche, symbolise la noble
sont prêts à donner leur vie. Ils suivent tous la lettre du résolution de faire la paix. Le cérémonial de service est
Bushido, un livre écrit par Kaï-Taï qui décrit les devoirs extrêmement long et ne tolère pas l’erreur dans sa mise
du samouraï. L’honneur est pour le samouraï la chose en œuvre. Servir le thé de manière non conventionnel-
la plus importante qui puisse exister, au dessus de sa le est considéré comme vulgaire, et peut être interprété
vie et de sa famille (Kaï-Taï définit l’honneur parfait comme un message de guerre.
comme un mélange de contrôle de soi, de fidélité, d’al-
truisme et de respect de l’autre). Mêmes les samouraïs - Il existe également d’innombrables règles d’habille-
de la Maison de la Chouette s’appliqueront à faire le ment (façon dont le kimono d’un samouraï est noué).
mal avec honneur, c’est à dire en suivant un code d’en- Ainsi, plus un kimono est ouvert, plus c’est signe d’in-
gagement bien spécifique. dépendance ou de défi. Plus un kimono est court, plus
ceci symbolise la recherche de consensus (les kimonos
Tout elfe ne faisant pas grand cas de l’honneur ou man- longs sont utilisés pour la guerre). La manière de le
quant de respect à quelqu’un est susceptible d’être dé- nouer et la forme des nœuds sont autant de signes dis-
fié et mis à mort par l’offensé ou sa famille, ou ses amis. crets de messages aux interlocuteurs. Les nobles des
Comme le dit le Bushido, « Un elfe supérieur ne peut grands clans ont une manière qui leur est propre de
goûter la quiétude de l’immortalité si celui qui a of- nouer leur kimono, ce qui permettra à un samouraï
fensé son seigneur ou son père le goûte également ». correctement éduqué de reconnaître très facilement
Il est noter que l’école dite « impériale » du Taïsme un noble du Faucon sans le confondre avec un samou-
considère que l’honneur du samouraï réside dans le raï de la Colombe.
service de l’Empereur. Aussi, une tâche acquittée pour

232
- Les daïs attachent une grande importance au port des ment à droite ou à gauche. L’arc est souvent efficace-
sabres : une arme sortie de son fourreau ou la poignée ment secondé par le katana, pour le corps à corps.
tournée vers quelqu’un ou encore toucher l’arme d’un
samouraï est une offense. Dans les batailles le samouraï revêt une cuirasse, un
casque et parfois un masque stylisé qui lui sert de
Lorsque l’honneur - est perdu, les nobles pratiquent heaume. Il porte aussi des rubans de couleur et par-
un suicide rituel nommé sepukku à l’aide du katana fois un étendard sur une hampe fixée dans son dos afin
court (le wakisashi). Le seppuku porte le nom d’hara- d’indiquer son appartenance à tel ou tel clan.
kiri dans la langue sylphe.

Vis-à-vis des Nûnes, les daïs les respectent comme les Justice et lois
Gardiens de la mémoire, des esprits qu’on pourrait as-
socier à des mânes. Le folklore daï regorge de légen- Voici quelques exemples des lois les plus remarquables :
des liées aux forêts où le « mauvais » samouraï disparaît
sans laisser de trace. • le vol est strictement interdit et puni de mort
car considéré comme une grave offense à l’hon-
Pour le samouraï, la guerre est un art qu’il faut prati- neur.
quer pour la beauté des gestes et non pour le plaisir de
tuer. Lors d’une bataille le samouraï accompli cherche- • L’assassinat est évidemment lui aussi interdit,
ra ainsi le combat singulier contre un autre samouraï. bien que les ninjas le pratiquent couramment et
Si un défi est lancé, le combat se poursuit jusqu’à la l’élève au rang d’art. En revanche, un défi ne pou-
mort de l’un des protagonistes. Par contre, s’il n’y a pas vant être refusé, le duel est autorisé.
de défi, un samouraï cherchera à capturer son ennemi
plutôt que de le tuer et ainsi obtenir une rançon. Ces • Le port de l’arme longue n’est pas autorisé
règles ne valent cependant qu’entre races « égales ». pour les gens du peuple. Des exceptions sont par-
fois faites pour des voyageurs étrangers.
Ainsi, certains grands samouraïs testent le tranchant
de leur katana avant chaque bataille : le test consiste à • La possession de poison ou d’un ninjato (sa-
couper en deux le corps d’un prisonnier de race infé- bre de taille moyenne à coque carrée, dont la lame,
rieure, soit à trancher trois têtes d’un seul geste. Pour droite, est souvent enduite de poison) est punie de
autant, les armes du samouraï ne sont pas forcément le mort car seuls les ninjas en utilisent.
katana et le wakisashi. Tout dépend de l’école à laquelle
il a été formé.
Langue, calendrier, alimentation et mon-
La voie du sabre consiste en l’utilisation d’un sabre lé- naie
gèrement courbe qui peut se tenir à une ou deux mains.
Pour parer le samouraï n’utilise jamais de bouclier mais La langue daï est très raffinée puisqu’elle compte 450
le wakisashi, un sabre court qui mesure seulement en- idéogrammes, chacun pouvant être prononcé de 13 à
tre la moitié et le tiers de la longueur du katana. Le 20 fois différemment. Elle est parlée par tous les elfes
samouraï peut également utiliser le saï, une sorte de jaunes et l’Empereur l’a imposée comme seule langue
poignard sans tranchant qu’il peut lancer ou bien utili- officielle. Toutefois, Sharakaï tolère la persistance de
ser au corps à corps pour briser les lames. langues locales, quoique de manière moins ouverte que
pour les religions . Les principales minorités linguisti-
La voie du bâton est beaucoup plus technique car elle ques sont le nordicéen et le zelden.
consiste en l’utilisation d’une barre légère d’ébène qui
peut casser les os ou bien assommer si des mains ex- Le calendrier Daï a pour point de départ le début du
pertes le manient. règne du Grand Ver soit 301 N.E (An zéro de la Nou-
velle Ere Daï). Ensuite tout est cadencé par le cycle du
La voie du Nagitana : c’est une arme noble dont le port dragon : Eveil, Grand Sommeil et Petit Sommeil. Rap-
n’est autorisé qu’aux samouraïs. Elle consiste en un pelons que l’Eveil a duré de 301 à 400 puis de 500 à 595
long manche de bois d’environ 1m70 au bout duquel et enfin de 664 à 850, soit en calendrier daï de 0 à 99
est fixée une lame large et courte de 30-50cm. Avec cet- puis de 199 à 294 et enfin de 333 à 549.
te arme, on raconte que les meilleurs guerriers peuvent
parer une volée de flèches. L’année comprend 216 jours, avec 12 mois de 18
jours : Belion, Taurus, Gemini, Cancerus, Lion, Virga,
La voie de l’arc : l’arc daï est un arc long et sa forme Balancia, Scorpio, Sagittarius, Capricorno, Versus et
dissymétrique permet de le faire passer rapidement au Pisci. Les noms des jours sont les mêmes que dans le
dessus de l’encolure d’un cheval et de tirer efficace- calendrier d’Arknée.

233
Au niveau de l’alimentation, la base commune à
la quasi-totalité des plats est le riz safrané, un riz
cultivé dans les rizières centrales de l’Empire, qui
se récolte trois fois par an et qui a la particularité
d’être jaune. La couleur du riz aurait influencé la
couleur de peau des elfes via le camélianisme. Les
elfes jaunes sont connus pour avoir une cuisine très
légère, utilisant outre le riz beaucoup de légumes et
d’épices. La seule viande qui est couramment ser-
vie dans les auberges est le lapin. On mange assez
peu de gibier d’eau car les oiseaux sont associés
aux clans et des impairs peuvent survenir si on se
mettait à cuisiner du moineau ou du héron...

La monnaie est le shen daï qui vaut environ 10 écus


aquilonniens. Elle se subdivise en monnaies régio-
nales qui varient. Chaque shogun, roi, ou vassal
peut en effet battre sa propre monnaie. Dans les
shogunats, une telle monnaie porte le nom d’oki.
1 shen daï veut entre 50 et 100 okis, suivant les
clans.

Le commerce et les relations avec les


voisins

La prospérité de l’Empire est basée essentielle-


ment sur trois ressources :

• Le sel rouge, récolté dans les montagnes


à l’est de la cité céleste par les esclaves daïs.
Il est ensuite acheminé à Balik ou, par terre,
via la route du sel. Cette dernière va jusqu’à
Nostradia puis remonte à Malienda, plaque
tournante du commerce international. Les
vertus hallucinogènes de cette drogue en font
un produit universellement recherché et le sel
peut parfois servir de monnaie d’échange (1 ki-
logramme = 100 shens).
• Les gisements de mithrane dans les mon-
tagnes de l’Ouest et de sycotine au Sud.
• Les gemmes de ces mêmes montagnes qui
avaient fait la prospérité des nains, mais les fi-
lons s’épuisent.

L’Empire fait peur et il entretient des relations as-


sez peu cordiales avec ses voisins. Son appétit ter-
ritorial a suscité la création d’une ligue de défense
dans les bas-royaumes du Sud. Avec la Kyrelie, l’oc-
cupation d’Arknée est un éternel motif de dispute
et a dégénéré en conflit ouvert en 921.

Enfin, l’Empire daï est en conflit larvé avec le pur


Empire des sylphes, qui détient la maîtrise de la
mer.

Seules les puissances lointaines entretiennent des


relations cordiales : le Ponant, Atlante, les cités de
l’Empire du Néant

234
Fragments de Weröl
Le Héron et le canari
Le 16 Lion 502 de la Nouvelle Ere du Dragon,

Shogun-san,

Je fais rapport de ma première entrevue avec le négociateur sylphe. Son nom est Amaïon Ba-Cho. J’ai accosté sur
l’île d’Oroni (les sylphes lui donnent un autre nom) avec le bushi Yoki Taka le 12, comme c’était prévu originellement,
après 20 jours éprouvants en galère. Nous n’avons croisé aucune escadre ennemie, ce qui était notre grand souci.

Première déconvenue : nous avons dû attendre deux jours à bord du bateau que l’escorte des sous-races veuille bien
se manifester à nous. L’île étant déserte, j’ai un moment cru à un get apens organisé par notre intermédiaire. Mais le
ronin a, pour une fois, respecté sa parole : l’émissaire sylphe est venu, avec retard. Un jour de plus et je m’étais juré
de couper en rondelles ce chien.

Sitôt la tente de l’émissaire sylphe montée, j’ai entamé la négociation en venant moi-même l’inviter à la cérémonie
du thé en fin de matinée du 15. Comme vous me l’aviez ordonné, et malgré le peu de respect que m’inspirent ces
buveurs de Sourgne, je lui ai réservé un traitement digne d’un shogun : j’avais revêtu le kimono court de cérémonie
que votre fils avait eu la générosité de me prêter et j’ai fait servir du thé vert.
Ma première impression n’a cependant pas été très bonne : la sous-race était soit parfaitement idiote, soit a feint l’éga-
rement. Il (ou Elle : je n’ai pas osé lui demander son genre) a ainsi été très impressionné(e) lorsque j’ai mentionné que
vous adressiez vos compliments à son maître, et a commencé à basculer précipitamment sa tête en avant, les mains
jointes au dessus de lui, disant que son maître n’était pas digne d’un tel honneur. J’ai supposé que cette curieuse
gymnastique était une forme de rite de politesse hypocrite, et donc je n’ai pas relevé. Il a ensuite prétendu faire parti
du clan du canari : quelle sorte de famille peut choisir un volatile aussi ridicule comme symbole ?

J’écris «hypocrite», car le double-langage était partout. Je pensais qu’il aborderait d’entrée le prix de la rançon mais
il a préféré débuter son propos par des salamalecs. Pendant que ce chien protestait de son amitié, il multipliait de
manière très subtile les avertissements. Le Sylphe a clairement laissé entendre que son Empereur était prêt aux
hostilités si nous nous montrions très belliqueux : il est ainsi arrivé en kimono long aux armes de sa famille (vertes
et jaunes) et m’a offert une boîte de thé rouge. Pour ma part, évidemment, mon katana était au fourreau et nullement
dirigé contre lui.

Je n’ai pas relevé et me suis contenté de dénouer mon kimono, et de faire pivoter mon katana vers lui. Il n’est pas dit
qu’un membre du Héron se laisse insulter chez lui par un bushi. Puis, comme ce chien faisait semblant d’ignorer ma
mise en garde, j’ai décidé de frapper un grand coup et j’ai carrément dégainé...et offert ma lame à cet olibrius en lui
disant que mon précieux katana était rouge comme son thé, et tout aussi puissant.
Il a immédiatement changé de sujet et est devenu beaucoup plus agréable : comme quoi, la menace paye avec ces
sous-races ; j’ai compris qu’il était enfin prêt à négocier, et à se vendre, comme tous ceux de sa race. Il m’a raconté une
belle histoire sur les raisons qui ont poussé l’escadre de son maître à couler votre galère aux larges des côtes de notre
glorieux Empire, et indiqué qu’il était prêt à nous rendre votre fille. Au lieu de fixer un prix, il a cependant avancé
sur le terrain de la négociation en avançant une contre-partie complètement étrange : établir une espèce «d’alliance
pour le progrès entre les deux rives».

Il s’agissait évidemment d’une manière très fine de m’avertir qu’il faudrait payer très cher pour que votre chère fille
vous soit rendue, l’amitié avec un peuple aussi vil étant chose impossible. Je lui ai donc demandé à quel montant il
estimait cette fameuse amitié. Il a refusé de me répondre. J’ai insisté mais ce satané sylphe a gardé tout le long un
sourire fermé, sans que je puisse interpréter ce qu’il avait vraiment en tête. J’ai donc décidé d’avancer le chiffre de
10 000 Shens Daïs, pour le faire réagir.

Il s’est moqué ouvertement du chiffre, m’expliquant que ma monnaie n’avait pas cours chez lui. J’ai décidé de
prendre sur moi, et de considérer qu’il s’agissait d’humour, que le Sylphe voulait être payé dans une autre unité de
compte. Je lui ai donc proposé que nous expédions à son maître cent de nos plus beaux katanas, étant donné que le
métal a l’air rare sur son caillou. Pour une raison qui m’échappe, la sous-race est alors devenue brutalement taciturne
et m’a indiqué qu’elle devait en référer à son supérieur.

Le tour qu’a pris notre première rencontre me laisse songeur. J’espère ne pas l’avoir insulté en lui offrant des katanas
: peut-être que ces hydrocéphales sont fiers de leurs colifichets en résine ? A moins que nous soyons rentré vérita-
blement dans la négociation et qu’il me proposera dans une quinzaine de jours un nombre d’armes plus élevé. O
Shogun-san, si vous avez des lumières, votre humble vermisseau se fera un honneur de les mettre en application !

Votre fidèle,

Tang Kiao

235
Le 17 Lion de la 1053ème année de l’Ere Kasumiste,

Grand Ancien, cher père,

Malgré un départ le 10 de Tokeyama, nous avons mis plus de quatre jours pour rallier l’îlot désert de Yashushiba.
En effet, nous avons dû affronter une petite tempête Sourgneuse et votre jonque volante a connu quelques ava-
ries mineures qui ont nécessité un arrêt technique au petit port de Koshubi. Je vous écris rapidement ce compte-
rendu que vous pourrez faire circuler aux honorables membres de la faction Ordre et progrès.

Mon interlocuteur était un jeune Daï - dans les deux cents ans à ce que j’ai compris - envoyé par le Shogun, ce qui
est à mon sens signe de grand respect et un message discret d’implication de l’Empereur Sharakaï en personne.
Sa bannière était bleue avec une sorte de losange blanc (ou de coeur ?) en son centre, ce qui m’a fait penser à la
famille Hôjô, mais il a dit faire parti du clan du Héron. Je suppose qu’il s’agit du clan qui est en ce moment le plus
en cours auprès du Grand Ver. Il a été surpris lorsque je lui ai indiqué être affilié au clan du Canari - je crois que
notre réputation a dépassé les frontières de notre glorieux Empire, surtout grâce à la puissance de nos escadres.

Contrairement aux rumeurs qui circulent sur nos ennemis héréditaires, j’ai trouvé ce noble guerrier - il se nomme
Tangakyao - très poli et très courtois. Il n’a fait aucun commentaire sur mon retard et m’a derechef proposé de
venir prendre le thé. De mon coté, je crois que je lui au fait forte impression en lui amenant notre excellent thé
au fruits rouges : c’est le seul moment où j’ai pu lui arracher un lèvement de sourcil. Comme dit le maître O’Raz
dans le Kiddu : « Un cadeau est un pont entre deux cultures, une lame est un mur ».

Le mur entre nous est tombé.

Peu à peu, une ambiance très détendue s’est instaurée entre nous, voire même de franche camaraderie. Le Jaune,
qui était jusque là engoncé dans son kimono et très rigide, s’est mis à l’aise, ce qui m’a incité à faire de même.
Tout cela a fini de manière très positive, puisqu’il a même proposé de m’offrir son propre katana : il est vrai que
mon regard avait été attiré par cette superbe lame que le négociateur Elfe caressait distraitement tout en buvant
mes paroles. J’y ai vu le plus beau signe d’amitié de la part de ce noble Seigneur, et une forme d’encouragement
et j’ai donc décidé de rentrer dans le vif du sujet.

Je lui ai d’abord présenté mes excuses pour l’enlèvement de la fille du Shogun de l’Empire Daï en lui précisant
que nous avions cru initialement qu’il s’agissait d’un navire militaire. J’ai ensuite indiqué que nous étions bien
évidemment prêts à relâcher la noble Hirohita si cela pouvait faire avancer la cause de l’amitié entre nos deux
pays. Pour la Faction Ordre et progrès, et la famille Ki, c’est une occasion unique que cet incident soit la première
brique d’une amitié nouvelle.

Le samouraï m’a écouté imperturbablement - une expérience assez fascinante je dois l’avouer, car il est très diffi-
cile de décrypter ses pensées et ses émotions. Il m’a répondu par un détour philosophique, citant probablement
Kaï-Taï : quel prix a l’amitié ?

Inestimable, je lui ai répondu.

C’est alors que j’ai découvert mon interlocuteur sous un nouveau jour. Changeant de tout au tout, il m’a proposé
10 000 Shens Daïs pour la libération de la fille du Shogun de l’Empire, l’équivalent de 30 000 kasumos. Je crois
qu’il s’agissait d’humour de sa part, et j’ai donc ri, en lui faisant remarquer que des Shens Daïs ne seraient pas
utiles sur notre terre sacrée. Je crois que j’ai commis un impair : sans doute l’Elfe Jaune voulait vérifier que nos
intentions étaient purement politiques et non bassement mercantiles.

C’est alors que le samouraï a proposé quelque chose de très inattendu : une armée ! Il serait prêt à nous envoyer
100 de ses samouraïs sur les terres de notre clan. Voici une proposition qui m’interpelle car je ne m’y attendais
pas : je ne peux l’accepter, car nul étranger ne peut fouler en homme libre la terre sacrée de nos ancêtres. Le sait-il
seulement ? Ou voit-il cet envoi de troupes comme un geste amical ? A moins qu’il ne s’agisse d’une proposition
de coup de force ?

J’ai été horrifié par une telle audace : comment cet étranger peut-il imaginer envoyer ses soldats sur notre terre
? Je crains qu’il ne s’agisse d’une menace et je me tourne vers vous, ô grand Ancien : vous qui avez étudié les
moeurs barbares de nos voisins, que dois-je lui répondre ? Jusqu’où l’Alliance est-elle prête à négocier avec
l’émissaire de l’Empereur Sharakaï ?

Votre fils aimant,

Amaïon Bashô

236
1.6.3. Le Pur Empire des Sylphes du cestrales dans 3 recueils surnommés le Boshu, le Kiddu
et le Pankarii (voir plus loin). Naiiri réorganise l’armée
Nord mais commet l’erreur d’autoriser les familles à conser-
ver des armées personnelles. En 140, Naiiri se proclame
Carte d identité : divin, fondant le dogme de la pureté de l’Empereur. De
plus, il déclare l’autarcie ethnique de son royaume et
déclare que tout étranger posant le pied sur la terre de
l’Empire sera exécuté. Cet édit impérial est toujours en
vigueur et de cette décision naissent les premiers trou-
bles avec les pays de la côte, dont le royaume Daï.

La prise de pouvoir du dragon Sharakaï inquiète pro-


gressivement le pur Empire. Après la destruction de
Balik en 389, l’Empereur Koyouki Kasumo, 6ème Em-
pereur, décide de confier la constitution d’une flotte
de défense à Sarayo Tsirikuu, avec l’aval de toutes les
familles. Il sera le premier « Seigneur de Guerre » ou
Capitale : Mindanao « shogun ». Le shogun Tsirikuu lancera une guerre na-
Langue : Daï vale à outrance destinée à empêcher toute invasion par
Dimensions maximales : 4 200 km du Nord au Sud, 4 les Daïs dont l’armée de 2 millions de soldats pourrait
200 km d’Est en Ouest facilement balayer les troupes sylphes.
Population : 15 millions d’habitants au total : 12 mil-
lions de sylphes, 3 millions d’étrangers (esclaves) Cet acte fondateur sera lourd de conséquence car si le
Armée (levée en masse) : 300 000 hommes (marins in- pur Empire ne livrera jamais le combat frontalement
clus) + cavalerie (rhinoboules) avec son puissant voisin Daï, les familles n’auront de
Flotte : 450 jonques volantes (90 000 marins), 2 000 ga- cesse, à partir de ce pouvoir militaire, de conquérir
lères (60 000 marins, 200 000 galériens esclaves) l’ensemble du pouvoir. Le pouvoir passe ainsi progres-
Villes principales : Mindanao (160 000 habitants), To- sivement aux mains du Grand Conseil Impérial qui
kido (siège du Shogun) (140 000) et Osiren (200 000). rassemble toutes les familles de l’Empire et plus parti-
Dynastie Régnante : Kasumo; Titre : Empereur. Ka- culièrement dans les mains du Seigneur de Guerre, élu
sumo Ier (-250 à -195), Kasumo II (-195 à -125), Kasumo par ses pairs. Dès Faiiri Kasumo, petit fils de Koyouri,
III (-125 à 145), Kasumo IV (145-296), Kasumo V (296- l’Empereur ne devient plus qu’une autorité morale,
351), Kasumo VI (351-480), Kasumo VII (480-520), Ka- certes révérée par son peuple mais néanmoins dépour-
sumo VIII (520-740), Kasumo IX (740-919) vue de réel pouvoir décisionnel.
Blason : La mante religieuse d’or sur fond bleu, sym-
bole de l’Empereur. Géographie et population
Religion : Kasumo
Calendrier : Daï Le Pur Empire des Sylphes du Nord s’étend sur trois
grandes îles (Fakayomo, la plus grande ; Tokeyama et
Histoire Palawi) plus une poussière d’archipels (dont Mishima,
l’île où se trouve l’école Takeziste, ainsi que l’archipel
L’histoire du pur Empire remonte à des temps immé- dryade : epimelides, hamadryades, drys et les meliades).
moriaux puisque les premiers sylphes auraient vécu sur Alors qu’elle était de 55 millions avant la guerre du
l’archipel dès – 800. C’est en –280 que le grand com- portail, la population approche désormais les 15 mil-
battant Kasumo, vraisemblablement un chef de guerre lions d’habitants dont seulement 3 millions sont étran-
venu des îles (Kasumo veut dire « le marin ») avec des gers, tous descendants d’esclaves capturés avant Naiiri.
rhinoboules apprivoisés parvint à fédérer toutes les tri- L’esclavage est héréditaire pour les non-sylphes.
bus et à instaurer un gouvernement central, à Minda-
nao. Dès –250, Kasumo et ses descendants prennent Fakayomo compte environ 10 millions d’habitants, To-
le titre d’Empereur (transmissible à tous les héritiers keyama 3,5 millions et Palawi 1 million. Ensuite, l’ar-
mâles). Peu à peu les tribus se sédentarisent et les prin- chipel driade concentre 0,5 million d’habitant. Les syl-
cipales familles se forment : les Masabi, les Koma, les phes sont avant tout un peuple rural.
Tsirikuu.
Le pays ne compte que trois villes d’importance : Min-
De -125 à 145 s’étale le règne de Naiiri Kasumo, le plus danao la capitale officielle (160 000 habitants), Tokido le
grand de tous les Empereurs (le 3ème Empereur). Naiiri port militaire et capitale officieuse (siège du Seigneur
concentre tous les pouvoirs et codifie les coutumes an-

237

de Guerre) (140 000) et Osiren (200 000). noble, en sus de son armée, possède généralement des
mages (notamment des majassassins) pour assurer leur
Le sud de Fakayomo est occupé par la très grande fo- sécurité.
rêt impériale (connue pour ses populations de singes
trembleurs) qui appartient à l’Empereur et qui fournit Organisation politique
l’Empire en résine impériale, laquelle permet de fabri-
quer des protections très légères. Tout au sud de cette Depuis Koyouki Kasumo, 3ème Empereur, le système
île se trouve le port d’Osiren (capitale des Tsirikuu) sylphe a bien évolué. A la tête de l’Empire se trouvent
qui commerce beaucoup avec l’Anarchie de Theleb et l’Empereur et sa famille. L’Empereur est considéré
abrite les meilleurs artisans résiniers. Près d’Osiren comme divin et il est adoré avec ferveur par le peu-
se trouve le monastère mandragal fondé par le maître ple et respecté par les nobles tant qu’il n’intervient pas
mandragi Chorgal en 918. dans la politique du pays. Il possède sa propre garde
personnelle, toute habillée de bleu et d’or, ses couleurs,
L’autre grand port de Fakayomo, Tokido, est un port mais par la coutume n’intervient jamais dans l’élection
militaire (fief du shogun). La flotte de jonques volantes du Shogun. L’Empereur vit à la capitale, Mindanao, re-
impériales y est toujours stationnée. Le Nord de Fa- clus dans le Palais Impérial dont il sort peu. Théorique-
kayomo est occupé par une chaîne montagneuse diffi- ment, ses pouvoirs poltiques sont immenses mais dans
cilement franchissable où se terrent des tribus gobeli- la réalité, aucun Empereur ne se risquerait à contrarier
nes. Les trois îles sont soumises à des pluies très fortes les familles. Jusqu’ici, tous les Empereurs sont descen-
au printemps et automne mais le climat se distingue dants de Kasumo. En 800, la dynastie en était à son
par sa douceur. 9ème Empereur.

La société sylphe est très pyramidale avec au sommet Le siège du pouvoir réel se trouve dans les mains du
l’Empereur, créature divine dont le rôle symbolique est Grand Conseil des Anciens qui coiffe l’administration
essentiellement religieux, puis la noblesse et ses mi- impériale. Cette chambre se réunit périodiquement à
lices et enfin les serfs et les esclaves. Les marchands Tokido pour voter les lois du royaume (ratifiés pour la
sont une catégorie à part, tout comme les prêtres, et forme par l’Empereur) et surtout élire le Seigneur de
bénéficient d’un statut protégé. Les mages sont peu Guerre ou Shogun (qui réside à Tokido), le seul à même
nombreux et toujours très bien traités. Chaque famille de conduire et fédérer toutes les armées. La chambre

238
Le Grand Conseil en l ’an 919

151 membres

Shogun : Kiriku Toyokamo (Bloc patriotique), Chien d’émeraude

Les grandes familles sont mises en gras. Les familles présentées avec une astérisque sont connues pour changer
de faction au gré de leurs intérêts.

Le Shogun Kiriku Toyokamo, conservateur et isolationniste, se lança sous la pression de l’Empereur Kasumo IX dans une
politique d’alliance pour préparer une guerre contre l’Empire Daï, ce qui lui valut le soutien hétéroclite des factions du
Conseil.

Soutiens du Shogun :

• Bloc patriotique, 29 familles (Chien d’émeraude, Etoile pourpre, Tigre Noir, Oiseau de Jade) : Toyokamo, Eki,
Jikao, Origami, Soto, Neko, Shitikatao, Unkitedo, Natataja, Aka-Soto, Reka-Soto, Tanta, Kyotoki, Tokiwaki, Na-
jaga, Adachi*, Akamatsu*, Hori*, Hanawa*, Hôjô*, Date*, Arima*, Besshô*, Chiba*, Hara*, Akizuki*, Daïbutsu*,
Egawa*.

• Faction du Yon, 29 familles, (Crabe de Saphir, Tigre Noir, Sable Gris, Taureau brun): Muromachi, Murasaki,
Menukiya, Yoritomo, Go-daigo, Oda*, Sayuri*, Akizuki*, Ii*, Hatakeyama*, Chikusa*, Hiraga*, Baba*, Ashikaga*,
Akimoto*, Hoshina*, Hosokawa*, Ichibashi*, Iga*, Asano*, Iizasa*, Hisamatsu*, Ikeda*, Imagawa*, Tota, Koma,
Kamakura, Ogasawara, Kasuga, Shimmei.

• Faction de Tanâ, 15 familles (Chien d’émeraude, Mer Turquoise) : Sakatumu, Tekuido, Oronata, Ko, Han, Ka-
taramuraki., Oka, Totowatoneki, Jinata, Orihanko, Unkikuido, Goto*, Chosokabe*, Hasekura*, Otori.

• Total : 72 familles - dont 34 capables de changer de faction.

Temporairement Favorables au Shogun :

Parti «Yung-Zu», 32 familles (Canari, Carmin, Sable Gris ) : Meiji, Mori, Mishima, Tachibana, Maruyama, Makosashi
, Toshiro, Wakanohana, Akebono, Gejiko, Suzuki , Musashimaru, Takanohana, Shintaro, Kurotento. Kokuminto*,
Lassombra , Yokoyama, Edo, Kiito, Bunkamura, Titikaka, Kabuzi, Kanze-No, Gadu-do, Okaju, Hayashi*, Ijichi*,
Ashina* , Honda*, Gamo, Honjô*.

Total : 32 familles –dont 6 capables de changer de faction.

Majorité du Shogun : 104 familles, fragile sur 42 votes.

Opposants au Shogun :

• Faction de Kara-Satura, 31 familles (Crabe de Saphir, Etoile pourpre, Mer Turquoise) : Tsirikuu, Leyasu,
Lemitsu, Lesada, Nara, Heian, Ashikaga, Tokugawa, Tanabata, Yoshinobu, Lothringa, Ponsonague, Omi, Omeka,
Nikipoko, Tankanika, Ta, Woko, Wikiteka, Toyotomi, Tsugaru, Tsukushi, Enomoto*, Fujita*, Fujiwara*, Hurata*,
Hondô*, Akimoto*, Hashiba*, Aoki*, Hatano*.

• Faction Ordre et progrès, 12 familles (Canari) : Hinamatsuri*, Setsubun*, Chikamatsu*, Masabi, Shiki-
teki, Futabatei, Hachiman, Ki, Bashô, Saikaku, Kitamura, Jippensha,

Total : 43 familles (dont 12 capables de changer de faction)

Neutres :
Faction du Shoal, 4 familles (Tigre Noir, Carmin) : Tsin Hon guai, Uyko*, Kabuki*, Bunraku*

239
se divise en factions qui diffèrent par les objectifs po-
litiques qu’elles visent. Il a existé, suivant les époques,
jusqu’à une quinzaine de factions au Conseil. Trois des
plus importantes d’entres elles sont des factions philo-
sophiques et mettent en avant les trois grandes écoles
que sont la Tâna, la Kara-Satura et le Yon (les autres
écoles philosophiques sont présentes au Conseil mais
très peu puissantes).
Ces factions se scindent pafois en courants qui se rap-
prochent jusqu’à former des factions distinctes.

Il existe ainsi :

- une faction qu’on appelle « le bloc patriotique» et qui


regroupe tous les représentants les plus hostiles aux ré-
formes, et notamment à l’ouverture commerciale, issus
de factions du Yon et de la Tâna, mais aussi curieuse-
ment de l’Arganza. C’est une faction très respectueuse
des traditions. Prudente, elle s’intérèsse peu aux affai-
res des autres Nations et déteste les immixtions dans les
affaires de l’Empire. Elle est volontiers xénophobe ;

- « la faction ordre et progrès», qui regroupe des membres


du Shoal, de la Kara-Satura et du Yon, défend quel-
ques réformes (notamment l’abolition de l’esclavage et
l’ouverture commerciale). Elle est cependant assez fai-
ble car tiraillée entre des visions philosophiques diffé-
rentes, les ingénus cotoyant les adeptes de la realpolitik
: les objectifs sont les mêmes mais les motifs divergent
considérablement ;

- le parti «Yung-Zu» (littéralement «Frapper Fort»), com-


posé de disciples de la Kara-Satura, du Yon et de l’Ar-
ganza, favorables à des actions unilatérales, agressives
et militaires, notamment à l’encontre des Daïs. Très
sourcilleux sur la souveraineté sylphe, ils sont en revan-
che assez peu respectueux des autres peuples, et ouver-
tement xénophobes sur certains sujets.

Les trois factions philosophiques principales servent à


donner de la fluidité à la kukuyo, les factions «de ras-
semblement» étant quant à elles utiles pour figer une
orientation politique ou un soutien à un Shogun.

240
Les familles ont chacune un représentant au Conseil hypocrite mais surtout cynique.
(environ 150 familles). Elles peuvent adhérer et chan- Chaque famille possède généralement un domaine
ger de faction, au gré des alliances politiques. L’im- d’où elle tire ses revenus et où elle vit la plupart de son
portant est qu’une coalition de factions suffisamment temps. Chaque famille possède également sa propre
majoritaire se dessine pour l’élection d’un Seigneur de armée, ses couleurs et ses traditions. Le système des
Guerre. Lorsque ce dernier meurt ou que sa majorité couleurs est complexe et fonctionne sur une dualité.
ne tient plus, on procède à une nouvelle élection. Cette La couleur prédominante est celle de la famille et la
vie politique inédite est nommée « Kukuyo » en daï, ce couleur secondaire est celle du clan. Il existe environ
qui signifie « ballet » ou « danse ». Depuis que le Conseil 10 clans pour 150 familles.
existe, la faction du Yon, qui cherche à préserver l’autar-
cie du pays, a été de toutes les coalitions. Cette faction Cinq grands clans, rassemblant près de 100 familles,
est sur-représentée au sein des grandes familles par dominent le Conseil :
rapport à sa popularité au sein de la population puis-
que elle est plus puissante que la kara-satura, pourtant Le Clan du Crabe de Saphir (20 familles)
beaucoup plus partagée. Le Bloc patriotique et le Parti Les familles de ce clan arborent tous comme couleur
«Yung-Zu» alternent généralement au pouvoir. dominée le bleu. La famille dominante est celle des Tsi-
rikuu (faction du Kara-Satura, noir et bleu) qui donna à
Les familles ne sont pas seulement regroupées par fac- l’Empire son premier chef de guerre. Les Tsirikuu ont
tions mais également par clans. Le clan regroupe des bâti leur prospérité sur la proximité de leurs terres de
familles qui revendiquent un tronc généalogique com- la côte, ce qui les a poussés à se doter très rapidement
mun. Chaque clan possède un seigneur clanique qui d’une flotte. Leur fief est la ville d’Osiren. Au sein de
conduit les troupes des familles lorsque la guerre est ce clan, une autre famille fait généralement figure d’ad-
déclarée, sous les ordres du Seigneur de Guerre. Au versaire, les Muromashi (faction du Yon, rouge et bleu),
sein de chaque clan, chaque famille joue également un beaucoup moins manipulateurs mais également moins
jeu politique pour s’assurer de sa prééminence. Des puissants, qui ont pour fief une île de l’archipel dryade
liens de vassalité existent entre familles et sont formel- (4 familles vassales), les épimélides.
lement respectés. Noms :
Faction Tsirikuu – Tsirikuu + 9 familles vassales : Leya-
La « kukuyo » est régie par des règles élaborées coutu- su, Lemitsu, Lesada, Nara, Heian, Ashikaga, Tokugawa,
mièrement : le Kukido. Ces règles de cérémonial politi- Tanabata, Yoshinobu.
que sont extrêmement précises et détaillées et quicon- Faction Muromachi – Muromashi + 4 familles vassales :
que les rompt est passible de perdre la face, c’est-à-dire Murasaki, Menukiya, Yoritomo, Go-daigo.
d’être traînée devant la Haute-Cour Impériale, compo- + familles Oda, Kokuminto, Hinamatsuri, Setsubun,
sée de 11 magistrats élus à vie par le Conseil sur pro- Chikamatsu.
position de l’Empereur (en réalité le shogun du mo-
ment). Le clan du Canari (21 familles)
Ce clan est continuellement déchiré par la haine qui
La coutume admet que tous les moyens sont bons pour existe entre les Meiji (Parti «Yung-Zu», rouge et jaune)
parvenir à ses fins mais pose trois tabous : le premier et les Ki (Faction Ordre et progrès, vert et jaune). Au
est que l’intégrité de l’Empire et la personne de l’Em- delà du jeu du conseil, ces deux familles cherchent à
pereur soit toujours respectée. s’autodétruire depuis que Kiko Meiji, élu Seigneur de
Guerre en 550 tenta d’user de sa position pour ruiner
Le second est que l’éventuel recours à des procédés les Ki. Les Meiji ont leur fief sur l’île de Tokeyama, tan-
inavouables soit discret (respect des règles du Boshu, dis que les Ki sont implantés sur la côte occidentale,
du Kiddu et du Pankarii). Le troisième enfin est que près de Mindanao.
seule la mort sanctionne le manquement aux règles. Noms :
De la même façon que pour l’Empire Daï, le suicide Faction Meiji : Meiji + 4 familles vassales (Mori, Mishi-
est monnaie courante (le sepukku a d’ailleurs été im- ma, Tachibana, Maruyama)
porté du continent en même temps que la culture daï) Faction Ki : Ki + 4 familles vassales (Bashô, Saikaku,
lorsqu’un membre d’une famille a été déshonoré c’est à Kitamura, Jippensha)
dire que son habilité politique n’a pas assez été grande Faction Masabi : Masabi + 3 familles vassales :, Shiki-
pour masquer les entorses aux trois codes de vie ou au teki, Futabatei, Hachiman.
Kukido plus largement. Ainsi, si l’assassinat est permis, Faction Tota : Tota + 2 familles vassales : Koma, Ka-
il n’en est pas moins officieux et si la preuve est faite makura.
qu’un seigneur de clan a utilisé de tels moyens, il ne lui Faction Ogasawara : Ogasawara + 3 familles vassales :
restera plus qu’à mettre fin à ses jours. Le kukuyo est Kasuga, Shimmei, Otori

241
avec la moitié des familles du royaume), adhère au Bloc
patriotique, et l’autre dirigée par les Sakatumu (jaune
et vert) fait partie de la faction de la Tâna. Les Toyo-
kamo ont leur fief sur la côte occidentale de Fakayomo.
Les Sakatumu se trouvent un peu plus au Nord, près
des montagnes gobelines.
Familles vassales des Toyokamo : Eki, Jikao, Origami,
Soto, Neko, Shitikatao, Unkitedo, Natataja, Aka-Soto,
Reka-Soto.
Familles vassales des Sakatumu : Tekuido, Oronata, Ko,
Han, Kataramuraki., Oka, Totowatoneki, Jinata, Ori-
hanko, Unkikuido.

Le Clan de l’étoile pourpre (16 familles)


La famille principale de ce petit des cinq grands est la
famille des Lothringa (jaune et violet) qui milite au sein
de la faction de la Kara-Satura. Le fief des Lothringas
se trouve dans l’archipel Dryade (à Drys). Pourtant 4
des 15 autres familles vassales adhèrent au Bloc patrio-
tique. Ces familles se trouvent sur l’île Palawi.
Familles vassales : Ponsonague, Omi, Omeka, Tanta,
Kyotoki, Tokiwaki et Najaga, Nikipoko, Tankanika, Ta,
Woko, Wikiteka, Toyotomi, Tsugaru, Tsukushi.

Les Cinq autres clans dits « mineurs » : le clan du tigre


noir, le clan de l’oiseau de jade, le clan de la mer tur-
quoise, le clan du sable gris et le clan du taureau brun.
Clan du Tigre noir : 11 familles (Tsin Hon guai, Adachi,
Akamatsu, Hori, Akizuki, Ii, Hatakeyama, Chikusa, Hi-
raga, Baba, Ashikaga)
Clan de l’Oiseau de Jade : 10 familles (Hanawa, Hôjô,
Date, Arima, Besshô, Chiba, Hara, Akizuki, Daïbutsu,
Egawa)
Le Clan des Carmins (23 familles) Clan de la mer turquoise : 8 familles (Enomoto, Fujita,
Ce clan est relativement homogène et uni. Il est consti- Fujiwara, Hurata, Hondô, Goto, Chosokabe, Haseku-
tué d’une foultitude de petites familles quasiment tou- ra)
tes concentrées au sein de la Fédération pour la Guerre. Clan du sable gris, 10 familles (Akimoto, Hashiba, Aoki,
Parmi les plus puissantes on trouve les Makosashi (vert Hatano, Hayashi, Ijichi, Ashina, Honda, Gamo, Honjô)
et rouge), les Suzuki (jaune et rouge) et les Lassom- Clan du taureau brun, 10 familles (Akimoto, Hoshina,
bra (noir et rouge). Les trois clans ont des fiefs dans la Hosokawa, Ichibashi, Iga, Asano, Iizasa, Hisamatsu,
grande plaine qui jouxte Mindanao. Ikeda, Imagawa)
Noms :
Faction Makosashi : Makosashi + 5 familles vassales : Par ailleurs, l’idéologie néo-kaïte fonde une redéfini-
Sayuri, Toshiro, Wakanohana, Akebono, Gejiko tion de la société en quatre échelons: nobles (qui sont
Faction Suzuki : Suzuki + 4 familles vassales : Musashi- désignés sous le terme de bushi alors que ce mot dési-
maru, Takanohana, Shintaro, Kurotento. gne les soldats des clans chez les daïs), paysans, artisans
Faction Lassombra : Lassombra + 4 familles vassales : et marchands, mais leurs devoirs sociaux (giri) sont
Yokoyama, Edo, Kiito, Bunkamura complémentaires. En marge se trouvent les hors-castes
Faction Uyiko : Uyko + 2 familles vassales : Kabuki, Bu- (ronins, geishas, mages). Les esclaves sont considérés
nraku. comme des objets et par conséquent sont tolérés sur le
+ Titikaka, Kabuzi, Kanze-No, Gadu-do, Okaju, … sol sacré, de la même manière qu’un poulet de Theleb
ou un vase d’Aquilon.
Le Clan du chien d’émeraude (20 familles) A cette rigidité politique correspond la volonté de pré-
Deux factions prédominent, l’une menée par la famille server l’Empire d’une subversion idéologique; c’est
Toyokamo (blanc et vert), spécialiste des mariages poli- ainsi que, d’une part, les persécutions contre les mis-
tiques (la famille s’est élevée grâce à ceci et est cousine sionnaires Ounites s’amplifient au début du VII ème

242
siècle; les marchands étrangers ont été expulsés, les
émissaires des nations voisins exécutés en 640.   Les vertus théologales du Kasumisme se confondent
avec l’ordre social. La vertu suprême est la loyauté à
D’autre part, depuis 636, les Sylphes se voient interdire l’ordre impérial. Juste en dessous vient la piété envers
de quitter le pays sans l’autorisation de leur seigneur. le culte des esprits des ancêtres. Puis l’abnégation, le
L’Empire ne commerce plus que grâce à sa diaspora, patriotisme et l’honneur. La faute d’honneur n’est pas
c’est à dire les sylphes émigrés à l’étranger qui, eux, seulement une infraction sociale ou politique, c’est
conservent le droit d’aller et venir aussi un blasphème, qui exige qu’on le purifie de son
propre sang.
Religion et philosophie Les temples kasumistes sont donc également des
lieux administratifs : naissance, mariage, grandes éta-
La seule religion officielle n’en est pas vraiment une pes de la vie y sont fêtés. On n’hésite pas à y faire des
puisqu’elle est plus symbolique qu’autre chose. L’Em- sacrifices animaux et, dans les cas les plus graves, des
pereur est considéré comme la réincarnation de la sacrifices d’esclaves.
Divinité « Kasumo » (le premier Empereur), qui créa
le monde et l’Empire (Kasumo est une lointaine ré-   Il n’y a pas de croyances en l’au-delà chez les Kasu-
miniscence de l’Unique). Tout ce qu’il dit est sacré, mistes  : enterré en terre sacrée, le défunt rejoint ses
sa personne est inviolable et nul ne peut le voir sans ancêtres dans le Chiiro (petit jardin personnel qui ac-
immédiatement baisser les yeux. Ce postulat a été posé cueille les dépouilles au centre de chaque maisonnée).
par Naiiri Kasumo, le troisième Empereur, en 140. Il a Son esprit continue de servir l’Empereur. On parle de
alors parlé de « désoccultation » : sa nature divine avait Kamishintos pour désigner les mânes des ancêtres, cer-
jusqu’ici été cachée au peuple sylphe pour sonder son taines pouvant être malveillantes. Ce terme ne doit pas
âme et sa croyance. être confondu avec celui d’Oni, qui désigne des âmes
qui se sont perdues en trahissant l’Empereur et qui
Pour les Kasumistes, la Divinité première architecte sont animées de sentiments démoniaques. Il est à noter
de l’Univers, que dans d’autres pays on appellerait Ka, qu’à sa naissance, un bébé sylphe est aspergé de terre
est une Divinité qui se réincarne depuis le commen- prélevée au Chiiro pour marquer le lien avec ses ancê-
cement des temps. L’Empereur Kasumo est la réincar- tres, et ceci lors de sa présentation au temple impérial
nation, c’est à dire finalement une forme d’Avatar, de qui doit être faite dans les 40 jours suivant la naissance.
la Divinité première, qui porte elle-même le nom de Le bébé peut ensuite être présenté aux mânes familia-
Kasumo. Le terme signifie « le Marin » en daï – il s’agis- les : sa mère est censée dormir avec lui une nuit entière
sait du surnom du premier conquérant de la dynastie dans le jardin des ancêtres pour que les kamishintos le
– mais les idéogrammes peuvent être également lus reconnaissent comme tels. A l’issue de ce processus, un
d’une autre manière : Ka signifie « Premier » , Su veut prêtre impérial vient à la maisonnée et place le nour-
dire « Esprit » et Mo, « éternel ». D’après les croyances, risson sous le signe d’un ancêtre particulier, après avoir
Kasumo a créé Weröl et, le dernier jour, s’est façonné prié dans le Chiiro et entendu les Esprits des morts.
une terre d’élection. Il y a accueilli les sylphes et les a
privés de leur capacité de voler. En effet, anges arri-   La religion Kasumiste coexiste avec bon nombre de
vés en terre promise, les sylphes n’avaient plus besoin philosophies qui s’interpénètre avec cette croyance
d’ailes pour voyager ou se déplacer. Ils peuvent léviter, fondamentale. En effet, les sylphes ne sont pas pieux au
c’est-à-dire s’élever au dessus de la terre divine, ce qui sens générique du terme. Il suffit de louer l’Empereur
est différent en termes de symbolique. et respecter les rites et les règles qu’il édicte. Aucun
salut n’est attendu, aucune modification de comporte-
  Kasumo est aussi l’Esprit gardien de l’archipel syl- ment nécessaire. Le « salut » est une notion bizarroïde
phe. Il le protège contre les invasions et les catastro- pour un sylphe – la seule vraie peur est de ne pas être
phes. Les autres Dieux ne peuvent entrer sur cette enterré en terre sacrée.
terre sacrée parce qu’il s’agit, dans l’esprit des sylphes,
du royaume divin. C’est un Esprit de la Nature, qui Les sylphes optent généralement pour une philosophie
commande à la terre nourricière et aux saisons. On le à partir de leur soixantième année, lorsqu’apparaissent
révère dans les forêts qui lui sont consacrées. leurs traits féériques. Parmi les philosophies qui sup-
pléent le vide religieux, la Tâna est la plus partagée
La religion Kasumiste est une religion qui met en avant parce qu’elle est fataliste. Les Tânaistes refusent de se
le caractère sacré de la Nature car la communion char- préoccuper de choses que seuls les Dieux contrôlent,
nelle avec le territoire est très importante. C’est cette à commencer par Kasumo. C’est une philosophie qui
croyance philosophique qui fonde la xénophobie syl- conduit à se soumettre totalement au bon vouloir im-
phe. La terre que l’on foule est d’essence quasi-divine. périal. Le Shoal est une philosophie qui découle aussi

243
très largement du coté symbiotique du Kasumisme Art et Culture
avec la Nature. Le Shoalisme cherche à communier
avec les Dieux via la Nature. Le Yon est la troisième La culture sylphe est essentiellement familiale et
philosophie imprégnée par le Kasumisme. Pratiquée tourne autour de trois thèmes : l’autorité, le commer-
par l’élite, c’est une philosophie qui se veut en réa- ce/le négoce et la sécurité. L’autorité est détenue par
lité plus pragmatique que le Tâna. Les Yonistes ne le père de famille qui a droit de vie et de mort. Dans
croient pas forcément en la divinité de l’Empereur les villes qui ne sont pas sous l’autorité d’une famille,
mais privilégient son rôle de gardien de l’ordre so- les petites classes moyennes miment les grandes fa-
cial et de la patrie. A l’extérieur du Pur Empire, des milles nobles. Le second thème, le commerce, est
philosophies plus agressives comme l’Arganza ou la évidemment surprenant dans le sens où depuis des
Kara-Satura se sont développées mais ses praticiens siècles les étrangers n’ont pas le droit de poser le
veillent bien à souligner que cela reste compatible pied sur la terre du Divin Empereur. Pourtant, les
avec le culte de Kasumo. sylphes – notamment les adeptes du Kara-Satura –
commercent beaucoup. Leur supériorité maritime
  Néanmoins, c’est au Xème siècle que le Kasumis- les pousse à naviguer sur toutes les mers du globe,
me a opéré sa rencontre la plus significative, celle sur leurs fameuses galères. Le dernier thème est la
avec le Mandraguisme. Cette philosophie qui dé- sécurité : toute famille tente sinon de posséder son
veloppe des techniques de contrôle du corps pour armée du moins quelques esclaves chargés de la
devenir un Dieu a tout d’abord été interdite par Ka- protéger. En effet la sécurité est une obsession dans
sumo IX, avant d’être autorisée par son fils qui en a une civilisation de façade où l’assassinat est monnaie
fait la colonne vertébrale de l’enseignement religieux courante.
kasumiste. Sous Kasumo X, le Kasumisme est deve-
nu une religion partiellement d’émancipation  : son La culture sylphe se base sur les trois codes de vie
clergé progresse vers Kasumo en tentant d’acquérir qui datent de Nairii Kasumo, le Boshu, le Kiddu et le
l’immortalité. Ceux qui deviennent maîtres mandra- Pankarii. Ces codes harmonisent les systèmes de vie
gui sont alors considérés comme des Dieux de statut des sylphes.
inférieur au Dieu unique, des exemples à suivre en
matière de vertu. Le Mandraguisme a ainsi été dé- Le Boshu est appelé le livre des honneurs. Il codi-
tourné en partie de sa vocation originelle pour être fie toute les marques de politesse en usage, depuis
réutilisé en philosophie holiste de soutien au régime la cour jusqu’au moindre servant. Le Boshu débute
impérial. par une description des 4 qualités qui composent
l’honneur (le contrôle de soi, la fidélité, l’altruisme
Au sein de la religion impériale, il existe également et le respect de l’autre) puis détaille l’intégralité des
ce qu’on appelle des Lhus. Il s’agit de sylphes qui devoirs. Notamment, la salutation obéit à des règles
sont nés l’année de naissance du prince impérial et très précises. Les sylphes se saluent en joignant leurs
dont la famille – généralement noble – décide de deux mains de manière à former un triangle. Plus
faire don au culte impérial, en guise de soumission. la personne que l’on salue est importante, plus les
Avant l’adolescence, ces sylphes sont castrés, puis on mains doivent être portées en hauteur, vers le front.
les éduque à devenir des « répliques » de l’Empereur. Le kukuyo doit respecter le Boshu, notamment en
Lors de l’accession au trône du prince, les Lhus se cas d’invitation par un noble d’autres familles : l’in-
voient revêtir d’un masque d’or à l’effigie exacte de vité est sacré et si par hasard il lui arrive malheur sous
l’Empereur régnant. Habillés d’armures précieuses, son toit, l’hôte doit se suicider (le terme de hara-kiri
ils sont ensuite envoyés aux quatre coins de l’Empire est utilisé pour désigner cet acte rituel pratiqué avec
pour être adorés en tant que Lhus, c’est à dire esprit une lame courte. Il s’agit d’une prononciation diffé-
gardien de la maison impériale. A travers eux, la piété rente des idéogrammes daïs signifiant « sepukku »).
du peuple peut s’exprimer. Les Lhus sont la voix de Le Boshu est en réalité copié du Bushido de Taï-Kaï
l’Empereur. Leur personne est sacrée et on doit se et date de la même époque (vers 190).
comporter avec eux comme en présence de l’Empe-
reur. A la mort de l’Empereur, les Lhus choisissent Le Kiddu est appelé code de la sagesse. Il regroupe
généralement de faire hara-kiri. les principaux écrits des grandes écoles philoso-
phiques et des penseurs anciens : O’raz, fondateur
de la Tâna ; Bodlaire théoricien du Shoal ; Kandhi
maître de l’école du Yon ; Kiavel et Céron fondateurs
de la Kara-Satura et Pourkine, penseur à l’origine de
l’Arganza. Le Kiddu regroupe également les ensei-
gnements relatifs à la religion impériale, source de

244
cohésion. Les livres de Kiddu sont pour cette raison Le système militaire
pieusement conservés dans les temples. Enfin, le Kid-
du définit le statut des « hors-castes » : les prêtres, les Il est complexe car comme on l’a vu, l’armée est en
ronins, les geishas et les mages. Ces derniers lorsqu’ils fait constituée des milices des grandes familles qui les
embrassent une telle profession échappent aux liens mettent ensuite à la disposition du Seigneur de Guer-
de vassalité qu’entretiennent leurs familles mais en re. En tout, l’armée sylphe levée en masse compte en-
échange perdent un certain nombre de droits parmi viron 300 000 soldats. Chaque famille compte environ
lesquels posséder des esclaves, être membre du Grand entre 1 000 et 3 000 soldats. Près de la moitié de ces
Conseil ou appartenir à l’armée. Les prêtres ont pour hommes servent sur les jonques volantes ou les ga-
chef suprême Kasumo, l’Empereur. Le Kiddu est récité lères slyphes, certaines familles tirant leur puissance
par le sylphe plus âgé lorsqu’il désire opter pour une de leur flotte. L’armée de l’Empereur lui-même ne dé-
voie philosophique, aux alentours de sa soixantième passe pas 30 000 hommes dont 10 000 soldats et 20 000
année. La cérémonie se passe au temple impérial, l’of- marins, souvent pour l’apparat. Sa garde personnelle
ficiant interrogeant l’impétrant à la fois sur la religion est toutefois par tradition composée de disciples de
kasumiste et sur son option philosophique pour mieux l’école de Takezo.
réaffirmer la symbiose entre les deux.
Le corps basique de l’armée de terre est appelé le «
Le Pankarii est le livre des lois. Jamais terminé, il re- carré ». Un carré compte 100 hommes et est divisé en
cense tous les édits impériaux pris à ce jour. En an- 5 escadrons de 20 hommes. Chaque escadron est com-
nexe, on peut également trouver les règles de la guerre mandé par un lieutenant d’escadron, chaque carré est
(déclaration, recours à la ruse) et un statut des étran- commandé par un capitaine de carré. Les armées syl-
gers très complet. A sa majorité légale, le jeune sylphe phes lorsqu’elles combattant se groupent ensuite en «
doit, entièrement dénudé et en présence de sa famille, phalanges » une phalange étant composée de 16 carrés (1
réciter par coeur des extraits entiers du livre des lois. 600 hommes) et étant sous l’autorité d’un commandant.
La marine quant à elle fonctionne sur un système de
La culture sylphe est au delà de ces trois livres très flottes qui regroupent des « escadrons » (20 galères).
vivace et repose sur tout un système codifié de va- Les sylphes ont conservé la domination des mers en
leurs. Le costume traditionnel sylphe est une sorte de développant des galères volantes, capables de filer au
kimono brodé (pratique inspirée du voisin daï) avec dessus des eaux, ce qui limite l’usure de la coque.
les couleurs éventuelles de la maison à laquelle la fa-
mille possède un lien de vassalité. Dans les villes où ce L’habillement des troupes n’est pas particulièrement
lien de vassalité est distendu, le kimono est gris. Les développé. En effet, le pur Empire des Sylphes n’a
prêtres ont seuls le droit de porter des kimonos aux pas de mines de fer ni de mithrane sur son territoire.
couleurs de l’empereur. Les mages possèdent des ki- Les armures sont donc en résine colorée aux armes
monos noirs et les marchands n’ont pas le droit d’en des familles. Très légères à porter, ces armures évidem-
porter. Outre le kimono traditionnel, le sylphe chausse ment ne résistent guère aux coups d’armes en acier.
généralement des kius, petites sandalettes de bois et Par conséquent, les armées sylphes qui n’ont jamais
n’oublie pas de se déchausser dans les endroits sacrés combattu d’ennemi extérieur à terre ne sont guère ef-
(chiiro, temples, palais…). ficaces quoique remarquablement disciplinées.

Au cœur de la culture sylphe se trouve l’adoration de Le problème récurrent pour les sylphes vient des tri-
Kasumo, cette adoration remplaçant pratiquement bus gobelines qui peuplent l’intérieur des montagnes
tous les cultes. Des statues géantes des Empereurs se du Nord (et qui font des razzias juchés sur leurs elro-
dressent ainsi un petit peu partout. La plus fameuse gues). Régulièrement, les troupes sylphes s’entraînent
est celle de Niiri Kasumo. Elle s’élève à près de 120 à purger ces tribus, ce qui permet de dégourdir les
mètres, sculptée dans le gigantesque rocher qui sur- jambes des troupes. Les affrontements entre familles
plombe la capitale. Les sylphes s’y déplacent par mil- sont de plus courants, pourvu qu’ils soient autorisés
liers pour la toucher, dans l’espoir que cela leur por- par le seigneur de guerre (sauf si l’Empereur s’y op-
tera bonheur. L’Empire est également sillonnée par les pose mais cela n’arrive jamais). La dernière occupation
Lhus, chargés de représenter physiquement l’Empe- des troupes, outre les soulèvements ponctuels d’escla-
reur, notamment dans les célébrations ves, reste l’assaut quotidien des bateaux daï, peu armés
et peu développés.

245
Langue et monnaie
E c u s E c u s Ecus d’éme-
Les sylphes parlent curieusement la langue de d’argent or raude
leur adversaire multi-séculaire, les daïs. En effet, 1 bille = 30 0,3 0,03
avant 301 (date de l’arrivée du dragon Sharakaï),
les sylphes commerçaient beaucoup avec le conti- 1 kasumo vert = 300 3 0,3
nent et s’inspiraient fortement de sa culture. C’est
le grand artiste Miku Miko-Shisho, revenu d’un 1 kasumo bleu = 600 6 0,6
tour des capitales du continent en 285 qui ra- 1 kasumo rouge = 1500 15 1,5
mena les lettres de l’alphabet Daï ainsi d’ailleurs
que les préceptes du Taïsme (Boshu). L’Empereur 1 kasumo jaune = 3000 30 3
Arkamo (5ème du nom Kasumo) décida d’adopter 1 kasumo blanc et 30000 300 30
cette langue raffinée à sa cour et peu à peu elle doré =
devint la langue des diplomates, des courtisans,
des écrivains, jusqu’à devenir langue officielle.
Auparavant, la langue communément parlée était
un dérivé de l’esteren, qui a totalement disparu. La Diaspora sylphe

En revanche, l’isolement des sylphes a eu une in- C’est l’une des grandes forces de l’Empire :
fluence non négligeable sur la langue daï puisque puisqu’il est interdit aux non-sylphes de poser le
des lettres nouvelles sont apparues, par rapport au pied sur le territoire de l’Empire, les sylphes ont de
daï traditionnel. Néanmoins, malgré des intona- facto le monopole du commerce avec l’Empire. Or,
tions différentes, les deux langues sont très voisi- cette nation marchande a de tout temps entretenu
nes. des comptoirs dans les principales villes franches
et ports de Terra Mater. On trouve ainsi de fortes
La monnaie utilisée par les sylphes est en papier, communautés partout où la compagnie des épices,
puisque les mines de minerais n’existent pas. Il la plus importante des compagnies marchandes
existe cinq coupures et la devise est appelée le sylphes, a ses comptoirs : Eaugrise (80 000), Mem-
kasumo, en l’honneur de l’Empereur. Le kasumo neth (35 000 sylphes), Port-Noir (31 000), Khor (8
existe en 1(vert), 2 (bleu), 5 (rouge), 10 (jaune) et 000). Il existe également des poches de concentra-
100 (bleu et doré). A coté de ces coupures, il existe tion sylphe comme au royaume du Centreterre où
ensuite un système de billes de verre pour les dé- ils sont 1,2 millions. On estime que dans tout Terra
cimales (10 billes pour 1 kasumo). S’il n’existe pas Mater, la diaspora représente environ 3 millions
de correspondances formelles puisque l’Empire d’individus.
ne commerce pas officiellement avec ses voisins,
on estime qu’un travailleur perçoit chaque jour L’existence d’une aussi grande diaspora s’expli-
environ 2 kasumos soit 6 écus-or. Avec cela, il peut que par les exils successifs de certaines maison-
se payer à peine un bon repas (5 billes), deux ou nées, notamment après la prise de pouvoir par les
trois pintes à l’auberge (3 billes) et économiser le Tsirikuu au IVème siècle. La plupart des sylphes
reste. La taxe prélevée par les familles nobles peut marchands descendent donc de familles qui ont
s’élever à 10 kasumos vert par mois, soit 5 jours de disparu et ont perdu leur nobilité ancestrale du
travail. fait du kukuyo. Elles étaient essentiellement de la
faction du Yon et voulaient ainsi marquer leur dé-
Le calendrier est le même que celui des Daïs, le sapprobation avec la guerre à outrance lancée par
point de départ de la Nouvelle Ere étant cepen- le premier shogun.
dant – 250.
La diaspora n’a cependant pas coupé tous les liens
avec la mère patrie et paye régulièrement une taxe
spéciale versée à l’Empereur pour avoir le droit
d’enterrer ses morts en terre sacrée. La plupart des
familles en exil les plus renommées ont conservé
leur chiiro sur les îles impériales.

246
247
Deuxième partie:
Le Continent Fabuleux d’Atlante

« Seules face à l’Océan, les cités de la fière Atlante défient depuis des siècles l’écume des va-
gues et la puissance d’Hapoggaëddon. Saranzara… Mont-César … Atlantapolis… Uranion
… Grisance … Port-Graal …Dressées sur leurs pics rocheux ou agrippées à leurs socles de
granit surgis des abysses, leurs noms résonnent comme autant de défis aux tourbillons marins
qui grondent et rugissent sous leurs remparts.

Atlante, le continent oublié, est l’orpheline de la civilisation, fière de sa solitude et de son com-
bat millénaire contre l’océan. Etranger qui contemple les tours orgueilleuses des six cités de
l’Empire, apprend à partager le malheur de cette Terre, née trop près de la Sourgne et si loin
des cieux. Et entre dans sa légende »

Traduction aquilonnienne du texte apposé sur la Grande Porte de Kilkieran
Extrait des exordes du Barde Jorgue le Fol

248
249
250
Présentation Générale d’Atlante dizaines de jours, le paysage se reverdit. Néanmoins,
depuis la seconde création, l’eau est tellement conta-
Géographie minée que lorsqu’elle se retire la terre est maladive et
les récoltes bien moindres que par le passé.
Le continent d’Atlante est le plus petit des 3 continents
existants. Il ne mesure que 1 700 km de longueur pour Lorsque vient le raz de marée (ou Grande Marée), l’eau
500 km de largeur. Sa position sur le globe est à mi- déboule et inonde toutes les terres en quelques heu-
chemin entre Terra Mater et Terra Negra, à cheval sur res. Atlante n’est alors plus qu’un archipel d’îles de 10
l’équateur. 000km2 : les sommets des Montagnes.

Le continent a une forme de poire. Du nord du conti- Un seul royaume – qui porte le nom d’Empire d’At-
nent part un imposant massif montagneux (le Massif lante – occupe cette terre. Les Atlantes ont adapté leur
Atlante), repère de fekkles, de phenix et d’aigles géants, mode de vie aux phénomènes climatiques. Leurs cités
et qui prend fin au centre de l’île gigantesque. Le reste sont surélevées de plusieurs dizaines de mètres sur
du continent est recouvert par des grandes plaines de de gigantesques socles de pierre afin de surnager au
sable fin ou bien de gigantesques forêts de bambous moment de la Grande Marée. Evidemment, elles sont
ou d’autres espèces tropicales. Au Sud, le continent peu nombreuses, compte tenu de l’extrême difficulté
se termine par un massif montagneux moins élevé. La pour les construire, la marée pouvant recouvrir tous
végétation et le relief d’Atlante ont été profondément les travaux d’un jour à l’autre. D’autres cités, les pre-
influencés par sa configuration particulière. mières, ont été bâties sur des montagnes suffisamment
haut-perchées pour échapper à la marée. De manière
En effet, depuis des millénaires, deux tourbillons tro- amusante, certaines cités sont donc montagnardes en
picaux ont été mutuellement captés l’un par l’autre et période sèche et ports en période haute (Grande Ma-
ne s’éloignent pas à plus de 100 km du rivage. Ils sont rée) alors que leurs voisines, ports en période sèche au
surnommés «le petit œil » et «le grand œil ». Leur pré- niveau zéro de la mer par des arrangements astucieux,
sence modifie les courants très fortement. Lorsque l’un sont isolées en période haute (les installations du bas
des cyclones (nommé alors le grand œil) parvient à re- n’étant pas utilisées car sous le niveau de l’océan). Les
pousser l’autre (le petit œil) à une distance suffisante, cités pourtant ne sont pas complètement isolées : cha-
il capte alors une grande partie des courants chauds. cune est reliée aux autres par de gigantesques aqueducs
L’eau est à son niveau normal. Mais au fur et à mesure fortifiés de plusieurs centaines de kilomètres de long,
que la température s’élève à la surface (du fait des cou- qui dominent le paysage…Il existe 6 cités : Saranzara,
rants chauds tous concentrés au même endroit), l’eau et Mont-César furent les premières cités construites,
se refroidit dans un large périmètre autour du cyclone. dans les montagnes. Ensuite, les Atlantes s’attelèrent
L’autre cyclone s’affaiblit de plus en plus jusqu’à être à la construction d’une troisième ville (Atlantapolis).
attiré par le premier cyclone sans pour autant qu’ils Uranion, Grisance et Port-Graal, près du rivage, sont
se confondent. La présence de deux turbulences (elles les villes les plus inondées et les plus surélevées en
font quelques 40km et 100 km de diamètre au maxi- conséquence. Saranzara, détruite, a été reconstruite
mum du phénomène) aussi rapprochées provoque dans les années 1680.
alors un effet contraire. Les deux tourbillons annulent
leurs effets et au lieu d’être aspirés les courants sont Le climat dépend des courants. La période sèche cor-
rejetés, à une grande vitesse, vers l’extérieur. Cet effet respond à une sorte d’été pour les plaines compte tenu
disperse la chaleur et l’eau qui monte alors d’une ving- de l’afflux des courants chauds près des côtes en un
taine de mètres. La conjonction des 2 cyclones crée un seul endroit. Les montagnes connaissent quant à elles
gigantesque raz de marée qui inonde les terres basses un climat plus ou moins hivernal très doux (avec de
et ne laisse affleurer que les pitons rocheux, devenus la neige en haut des plus grands pics qui culminent
des îles. Cette situation ne cesse que lorsqu’un cyclone à 9 500m pour le plus haut) En revanche, en période
devient suffisamment fort pour éjecter de son attrac- haute, l’eau se refroidit et les plaines sont recouvertes
tion l’autre. Les Atlantes appellent ce phénomène «la d’une eau remplie de germes. Les cités ne bénéficient
danse du jokari », éternelle et immuable. plus de la retenue de chaleur effectuée par la terre en-
vironnante durant la journée : l’hiver s’installe, très
En temps normal (période dite sèche, les deux cyclones doux dans les plaines (ou ce qu’il en reste…), plus rude
étant éloignés), le continent fait 240 000 km2. Les plai- (neigeux parfois !) dans les montagnes les plus hautes
nes basses sont propres à l’agriculture mais recouver- (certaines culminent à 9 000m d’altitude et dépassent
tes de milliers d’alluvions. Les forêts de bambous sont de près de 8 000m de l’eau…). En revanche, pour le bas
quant à elles détruites. Seul le bambou repousse assez des montagnes proches des côtes, c’est un curieux été
rapidement pour survivre à un tel climat. En quelques indien : les courants chauds font fondre les neige à ces

251
endroits.
Parfois, un intermède, qualifié de Tiers-Saison, s’instau-
re entre période sèche et période haute. Des tornades
tropicales d’une rare intensité peuvent en effet s’abattre
sur le continent des dizaines de jours de suite. Le chan-
gement de température qui s’ensuit modifie l’équilibre
des tourbillons et retarde la marée. La tiers-saison se
caractérise par de violentes bourrasques et des pluies
torrentielles. Les dommages causés par la Sourgne sont
alors terribles.

Les deux tourbillons sont un danger permanent pour la


navigation, qui n’est possible qu’en cas de période hau-
te, du coté du continent où l’eau reflue. Néanmoins une
mauvaise direction et le bateau peut être irrémédiable-
ment entraîné par un courant chaud vers le très grand
large et laisser mourir ses passagers en mer. Pendant la
période sèche, tout bateau est attiré irrémédiablement
par un des deux «yeux ».

252
Tableau des temps de trajet entre les différentes cités Atlantes
Bien que les distances entre les cités soient bien plus réduites que sur Terra Mater ou Terra Negra, la circulation sur
les murons est très lente (pas d’animaux de trait) et se fait seulement à certaines saisons (on évite notamment de sortir
sur les murons lorsque des tempêtes sont susceptibles de frapper.

Les temps de trajet ont été calculés pour des individus sans charrette, la distance journalière pouvant être parcourue
étant de 30km. En cas d’attaque wolfen, les temps de trajet peuvent être multipliés par deux ou par trois.

Villes Atlantapolis/Kilkieran Mont-César Saranzara Uranion Grisance Port-Graal


Atlantapolis / Kilkieran - 200km 700 km 300km 350 km 500km

7 jours 24 jours 10 jours 12 jours 17 jours


Mont-César 200 km - 500km 500 km 550 km 700 km

7 jours 17 jours 17 jours 19 jours 24 jours


Saranzara 700 km 500 km - 1 000km 1050km 1200km

24 jours 17 jours
Uranion 300 km 500 km 1 000 km - 650km 800km

10 jours 17 jours 34 jours 22 jours 27 jours


Grisance 350 km 550 km 1 050km 650 km - 850km

12 jours 19 jours 36 jours 22 jours 27 jours


Port-Graal 500 km 700 km 1 200Km 800 km 850km -

17 jours 24 jours 43 jours 27 jours 29 jours

La cité de Kilkieran permet de relier les différents ports des grands Lacs : Eaugrise en 4 jours, Port-Sanctus en 7 jours,
Krakilian en 15 jours (été seulement).

253

Histoire fondée en – 315, après 20 années d’acharnement qui
coûta la vie à la quasi-totalité des nains. Les survivants
Le peuple Atlante était à l’origine des elfes islandiens se rebellèrent et s’enfuirent dans les montagnes. Mais
fuyant les armées primates de Titan qui les avaient les Atlantes avaient eu le temps d’apprendre et de co-
vaincu et ravagé Terra Negra. Les écrits qui relatent pier leur savoir. En – 255 et en – 127, deux autres cités
l’arrivée des premiers Atlantes parlent d’un sauvetage (Grisance et Uranion) furent fondées. Elles furent ha-
réussi qui conduisit les naufragés sur les montagnes. bitées par les métisses, rejetés par les deux communau-
tés.
En réalité, les travaux les plus récents ont montré que
ces elfes avaient déjà parcouru le chemin jusqu’à Terra En –127, alors qu’Uranion venait d’être achevée, les
Mater et entamient, au moment du naufrage, un voyage wolfynx attaquèrent les cités Atlantes. La guerre dura
de retour vers leur terre d’origine (l’actuelle Thébaïde 10 années atlantes et fut terrible. Bloqués dans leurs
sur Terra Negra). Leur moyen de transport n’était pas forteresses, les Atlantes ne pouvaient chasser ni culti-
un bateau mais une cité volante qui s’écrasa au nord ver la terre. Beaucoup périrent de faim ou de mala-
de l’Empire actuel et devint le noyau de Saranzara. Ces die. Plusieurs années de suite, les armées wolfynx qui
elfes mirent une cinquantaine d’années à comprendre n’avaient pas appris à prévoir les marées furent surpri-
l’origine des marées et leurs tentatives successives pour ses et balayées. Finalement, en – 117, elles se retirèrent.
réparer leur cité volante, coloniser la plaine ou fuir par Les Atlantes décidèrent alors une coopération entre
la mer furent toutes vaines. Les islandiens n’étaient pas les cités. Des aqueducs furent construits pour relier
les premiers habitants des montagnes du continent : il Saranzara l’islandienne à Mont-César l’humaine, puis
y avait des lutins, des trolls et surtout des tribus wol- Mont-César à Atlantapolis et cette dernière à Uranion
fynx. et Grisance.
En quelques dizaines d’années, les peuples si différents
En – 510 du Calendrier Atlante (- 740 du calendrier se mélangèrent. Les islandiens qui parlaient le faërique
aquilonnien), une flotte humaine (vraisemblablement adoptèrent la langue humaine, l’abalonien, si facile à
également en provenance de Terra Negra, et plus parti- connaître. La langue muta pour devenir l’atlante. Des
culièrement d’Abalone) sombra à proximité et une par- couples métisses se multiplièrent. Une culture et une
tie des rescapés vint habiter avec eux. La population civilisation se développèrent de manière originale par
se métissa toutefois très peu. Ce peuple venait d’une le mutuel enrichissement de deux mondes qui avait été
île appelée Atalys et se donnèrent le nom de Clan Ata- longtemps séparés. Les Atlantes inventèrent un alpha-
lante, qui par déformation devint Atlante. bet simple et toutes sortes de systèmes de poulies faci-
litant la construction des villes.
Pour faire face aux incursions violentes des wolfynx, le
peuple des Atlantes construisit des premières cités de Finalement, les villes s’unirent sur la proposition des
pierre avec les matériaux des montagnes environnan- islandiens et l’Empire data son calendrier depuis ce
tes,. La première de ces cités fut Mont-César (le nom moment fondateur (correspondant à l’an – 400 du ca-
étant tiré du massif où les premiers atlantes s’étaient lendrier aquilonnien). Le chef de la communauté is-
réfugiés) en – 375. La croissance de la population pous- landienne prit la tête de la nouvelle entité et l’Empire
sa ensuite à la construction d’une cité purement is- Atlante prospéra dans plusieurs domaines : navigation,
landienne : Saranzara, qui dérive du mot faërique architecture, science, arts, météorologie, astronomie…
« sarouz » (« au Nord »), autour du noyau de la pe- Sans le savoir, Atlante devint alors le centre civilisé du
tite cité volante échouée. Les humains occupaient monde : Terra Negra était en effet ravagée par la guerre
Mont-César dont la civilisation était plus perfec- et Terra Mater encore primitive.
tionnée (cinquante années d’exil sauvage consécu-
tives à plusieurs siècles sur Terra Mater avaient suffi à En 75, une dispute éclata entre humains et islandiens
faire oublier aux elfes la plupart de leur passé) et dont à propos de la domination de l’Empire : de quelle race
la langue (l’abalonien) était différente. Les deux villes devait être l’Empereur ? Les islandiens, majoritaires,
n’étaient pas reliées et restaient isolées en Période répondait que l’Empereur ne pouvait être que des leurs
Haute. Saranzara fut terminée en – 367. puisqu’ils étaient sans conteste les plus nombreux. Les
humains rétorquaient que de temps à autre, l’Empe-
C’est une nouvelle vague d’immigration involontaire, reur (qui était élu en cas d’absence d’héritier, voir plus
naine cette fois-ci, qui accéléra la construction des ci- loin) devait être humain. Ce fut une minorité qui par-
tés. Fuyant Terra Negra, ravagée par la guerre, des nains vint à résoudre le problème : des gnomes échoués là
blancs s’échouèrent vers – 345 semble-t-il, sur Atlante. par hasard vers l’an 20 et fondus dans la population.
Leur science de la construction fut utilisée par les At- Une Charte fondamentale fut signée (voir plus loin) et
lantes qui les réduisirent en esclavage. Atlantapolis fut surtout la Compagnie du Masque fut fondée. Les bases

254
de l’Empire d’Atlante furent jetées à ce moment. On fomenté par un proche de l’Empereur a instauré une
codifia notamment le système d’honneur et les règles dynastie héréditaire d’Empereurs-mages.
d’accession au trône via l’Orgamon. La Querelle des
Cités fut réglée. Quelques dates :
Vers – 600 : arrivée des elfes islandiens sur Atlante
A partir du milieu du deuxième siècle, l’Empire d’At- - 510 : arrivée des humains (noirs) sur Atlante
- 375 : Fondation de Mont-César
lante se développe culturellement, et de manière iso- - 367 : Fondation de Saranzara
lée. Avec la régression de Terra Negra et l’immaturité - 345 : Arrivée des nains sur Atlante
scientifique des peuples de Terra Mater, la navigation -315 : fondation de la Compagnie des Tectants, révolte
intercontinentale est devenue nulle. Plus aucun bateau des nains et Fondation de la Cité d’Atlantapolis
n’a approché les côtes du continent depuis le naufrage -255 : Fondation de Grisance
des gnomes en l’an 20. La vie des Atlantes fut marquée -225/-217 : probable importation du jeu d’Orgamon via
jusqu’en 780 par l’extension de l’Empire (construc- un naufrage d’un navire Abalonien
tion de Port-Graal et d’aqueducs reliant les 6 cités) et -195 à –156 : Guerre entre Saranzara et Grisance
rythmée jusqu’à ce jour par les attaques régulières de -127 : Fondation d’Uranion
wolfynx contre les cités lorsque la période Haute s’an- -127 à –117 : Guerre contre les wolfynx
0 : Fondation de l’Empire d’Atlante
nonce. Les armées atlantes, supérieures militairement,
n’nt été prises en défaut qu’une seule fois, quand un Ière Dynastie des Xénides (45 ans) : Xénon le sage (0 à
ancien esclave wolfynx échappé des arènes atlantes est 30), Tuléon le tyran (30 à 75)
parvenu à unifier les clans de wolfynx bleus et à pren- 0 : Edit de Xenon sur la circulation limitée entre les
dre Saranzara. cités
0 : Fondation de la Compagnie des Cornes de Brume
Le règne de Karabrugus Ier a marqué un tournant dans 3 : Fondation de la Guilde des Scrutateurs
l’histoire atlante, puisque cet Empereur fut le premier 20 : Arrivée des gnomes sur Atlante
à se lancer dans une guerre transcontinentale, aux co- 31 : Edit de Tuléon qui donne au Heaume tout pouvoir
tés du mage Tobogobun. La plupart des armées atlantes de Justice et de Police
furent détruites mais la guerre du portail eut l’avantage 63 : Fondation de l’Ordre des Oiseleurs
de révéler l’existence d’Atlante aux royaumes de Terra 75 : Querelle des Cités et Charte fondamentale. Fonda-
Mater. En 1605 (670 du calendrier aquilonnien), l’île tion du Masque
de Kilkieran fut rachetée à Aquilon pour en faire une
cité d’ambassades, un lien entre les deux continents, IIème Dynastie des Hamanides (289 ans): Hama I le
au moyen d’un portail magique. En réalité, l’Empire fondateur (75 à 87), Hama II le gnome (87 à 234), Numa
fut rapidement débordé, des milliers d’Atlante (près de I le protecteur (234 à 246), Numa II le propre (246 à 297
50% de sa population de 1600) voulut en effet émigrer puis 303 à 309), Gruma le bon (297 à 303 puis 309 à 315),
sur Kilkieran. L’Empereur dut limiter drastiquement Kantama l’éclairé (315 à 354)
en 1620 l’émigration pour empêcher l’Empire de se 108 : Fondation de la Guilde de l’Orgamon
vider. La période 1600-1620 fut une double décennie 139 : Fondation de la Guilde des Chasseurs
d’ouverture et de croissance des naissances sans précé- 235 : Edit de Numa modifiant la Compagnie du Masque
dent. Le régime politique fut amendé à la marge après et ayant trait à la régulation du crime
l’abdication de Marabrugus. 237 : IIème Edit de Numa sur le droit aux armes
255 : Fondation de la Guilde des Mielleux
Par la suite, la politique menée par les Empereurs At- 322 : Edit de Kantama modifiant le Masque et ayant
lantes a été d’alterner autarcie et machiavélisme. Ainsi, trait à l’espionnage
Atlante s’est elle alliée au Septentrion pour défaire
Aquilon lors de la seconde guerre des pénitents (dite IIIème Dynastie des Praxides (786 ans): Praxis le faible
guerre du Djihad), avec en 1692, la signature d’un ac- (354 à 474), Anxis le Long (474 à 840)
cord de neutralité bienveillante dit « des Deux-Em- 366 :Grande Attaque wolfynx – siège de Mont-César
pereurs » entre Eros et Karabrugus III le sanglant. 780 : Fondation de Port-Graal
Karabrugus III a notamment utilisé le fait que, quinze 813 : Edit d’Anxis modifiant le Masque et ayant trait à
années auparavant, des espions aquilonniens avaient l’usage de la Magie
vraisemblablement participé à la prise de Saranzara,
en conseillant militairement les wolfynx. Entre 1677 et IVème Dynastie des Karasses « les empereurs gno-
1692, l’Empire a pansé ses blessures et provoqué une mes » (195 ans) : Hankara le court (840 à 858), Karaka
répression acharnée au Nord, éradiquant quasi-totale- l’Habile (858 à 966), Hankara II le petit (966 à 1035)
ment l’espèce des wolfynx bleus. Au sein de l’Empire, 903 : Fondation de la Guilde des Traqueurs
la loi martiale fut déclarée pour empêcher la Chambre 945 : Edit de Karaka limitant le nombre de membres
des 444 de destituer l’Empereur. Progressivement, la du Masque à 5%
tyrannie s’instaura avec la liquidation des maëstros du
Masque et le placement de la compagnie sous l’auto- Vème Dynastie des Braxiliens (405 ans) : Braxilien le
rité d’un fidèle de l’Empereur. En 1722, un coup d’Etat mêlé (1035-1095), Némoxilien l’impuissant (1095-1200),

255
Haximilien le bâtisseur (1200-1320), Saraxilien le beau
(1320-1440)
1035 : Edit de Braxilien
1110: Fondation de l’Ordre des Dresseurs
1275: Edit d’Haximilien sur l’esclavage et les wolfynx
1320 : Fondation de la Guilde des Mantes Rouges
1350 : Invention des armes à poudre

VIème Dynastie des Brugus (282 ans): Barbrugus I


l’Ephémère (1440-1446), Barbrugus II le malheureux
(1146-1464), Karabrugus Ier le Superbe (1464-1560) ;
Marabrugus le Fou (1560-1600), Barbrugus III le renard
(1600 – 1630), Karabrugus II le Grand ( 1630), Marabru-
gus II le Sage (1630-1675), Karabrugus III le Sanglant
(1675-1722).
1470: Naissance de la Taupe, organisation rebelle clan-
destine
1500: Edit de Karabrugus augmentant le nombre de
Tectants en vue de la construction d’une septième cité
appelée par l’Empereur « Karabrupolis »
1560: Abandon du projet de Karabrupolis avec la mort
de l’Empereur Karabrugus (assassiné)
1599: Guerre du Portail, aux côtés des puissances dé-
moniaques.
1600 : Destitution de Marabrugus. Révision du régime
politique.
1605: Fondation de Kilkieran (plans de Karabrupolis
exhumés)
1620: Edit de Barbrugus III interdisant l’émigration sur
Kilkieran.
1677: Chute de Saranzara
1678: Edit de Karabrugus III proclamant la nécessité
d’éradiquer les wolfynx bleus
1680: Tentative avortée de destitution de l’Empereur
par la Chambre des 444. Proclamation de la loi mar-
tiale
1681 : Edit de Karabrugus III doublant les effectifs du
Heaume.
1683 : Grande Crise Mystique : les prêtres d’Atlante
perdent progressivement tous leurs pouvoirs, à l’excep-
tion des clergés néantiques.
1684 : Karabrugus III proclame Titan seul Dieu tuté-
laire de l’Empire. Création de la légion spéciale, garde
impériale personnelle.
1686 : Achèvement de la nouvelle Saranzara
1692 : Accord des Deux Empereurs et entrée en guerre
d’Atlante contre Aquilon
1696 :Mise au pas du Masque : 2000 dignitaires sont
exécutés et le Masque rattaché à l’administration im-
périale.
1705 : Trucage du grand tournoi de l’Orgamon et réé-
lection de Karabrugus III
1722 : Assassinat de Karabrugus III. Maliakus, le chef de
la Légion spéciale, prend le pouvoir. Début de la guerre
des deux Empereurs avec Kaos d’Hernani (Guerre du
Loup et du Renard)

VIIème Dynastie des Maliakii (héréditaire) : Maliakus


Ier (1722-1845), Maliakus II (1845-..)1723 : Edit de Ma-
liakus sur le Masque

256
Légendes de Weröl
Shimrod le Magnifique
Race : demi-elfe atlante
Classe : mage unique puis guerrier
Dates : 658-748
Shimrod est né en l’an 1587 du calendrier atlante (658) sous le règne du terrible Empereur Karabrugus Ier qui provoqua la
guerre du portail. Intégré à l’âge de 4 ans au Masque de Grisance, il y mène tout d’abord des études médiocres où il se fait
remarquer par sa mégalomanie affichée et une maladresse proverbiale.

Au cours de ses années en province, sous le règne de Karabrugus II le Grand, Shimrod découvre par hasard l’existence d’un
mouvement clandestin, l’AA, prônant la confiscation du pouvoir impérial par une dynastie de mages issus du Masque. En 1658,
à l’âge déjà avancé de 47 ans, Shimrod intègre par carriérisme l’AA et devient agent double pour le compte de cette organisa-
tion. Il fonde même à cette occasion avec l’un de ses chefs du Masque une très officielle « loge anti-AA », la loge Orgamonia. En
1659, il participe à une manipulation d’un tournoi d’orgamon organisé par le Prince des Chats, souverain de la cité de Grisance,
afin de sélectionner un champion pour le grand tournoi impérial. Jakax Al Grikilh, futur Strategos de Marabrugus II le Sage
(qui entame son règne en l’an 1660) sera le principal bénéficiaire de l’élimination physique du véritable gagnant du tournoi,
puisqu’il deviendra ensuite Empereur en 1675. En 1663 néanmoins, Shimrod doit se résoudre à éliminer le seul membre de la
loge anti-AA qui n’était pas agent double et qui était son meilleur ami. Ce choix politique le taraudera toute sa vie.

Peu après, ayant osé interrompre un duel entre les deux grandes familles de Grisance, les Montaugris et les Cagripulet, Shimrod
est muté à Saranzara, à l’extrême Nord du pays. C’est à Saranzara que le mage se lance dans des recherches sur la vie éternelle,
préoccupé qu’il est par sa vieillesse précoce (il a alors 51 ans). En violation des règles du Masque, il recrée ses parties génitales
et devient le papa d’un petit garçon elfe dont il ignorera l’existence pendant longtemps : Alaric. Shimrod prend également ses
distances par rapport à l’AA qui échoue en 1672 dans un coup d’Etat. La plupart de ses chefs sont éliminés. L’attaque de la cité
par les wolfynx viendra brutalement interrompre ce retrait de la vie politique de Shimrod, alors que l’Empereur Karabrugus
III règne depuis à peine deux années. Shimrod participera en effet activement à la défense de la cité et sera remarqué par le
Masque et l’Empereur.

La même année (1677), il est fait Arlequin à la demande de l’Empereur, et placé à la loge Res Publica, chargée des délits d’ordre
politique, à Atlantapolis. Il côtoie notamment un certain Astaraï Van Argulkil, un représentant nationaliste.. Alors que l’Empire
s’enfonce dans la crise politique et que Karabrugus III est de plus en plus contesté, Shimrod se fâche inopinément avec son
parrain, l’Empereur, et décide en 1678 prudemment de fuir
l’Empire où la liste de ses ennemis ne fait que croître.

L’Empereur Eros d’Hernani, souverain des elfes noirs,


l’accueille avec grand plaisir et met à sa disposition un la-
boratoire pour ses recherches, qui portent tant sur des ob-
jets magiques liés au vieillissement que sur la quête de la
jouvence éternelle. Shimrod épouse une nièce de l’Empe-
reur et rentre ainsi dans la famille impériale. Il a alors son
deuxième fils.

En 1680, il participe à la demande d’Eros aux pourparlers


entamés avec l’Empire Atlante pour une alliance militaire
contre Aquilon mais les négociations échouent piteusement
: le négociateur adverse n’est autre qu’Astaraï Van Argulkil,
qui est à l’origine de sa dispute avec l’Empereur. En 1681,
Shimrod apprendra qu’Astaraï est mort assassiné de ma-
nière curieuse.

En 1683 (722 du calendrier aquilonnien), Shimrod est en-


voyé en mission par Eros pour reprendre à un puissant
magicien nommé le Patriarche Blanc un anneau magique
extrêmement puissant. En chemin, Shimrod fait la connais-
sance d’un moine nommé Vodalus et d’un samouraï elfe
jaune nommé Yoshimura qui, eux aussi semblent vouloir
rencontrer le Patriarche. Le samouraï est en mission pour
son empereur, Sharakaï, et à la recherche des êtres qui ont
osé profaner le Palais de l’Empereur en s’y introduisant par
ruse et malice, afin de les châtier. Vodalus, mais Shimrod
ne l’apprendra que plus tard, n’est autre qu’Astaray dont le
physique a été modifié magiquement après organisation de
fausse mort.

L’entretien avec le Patriarche se déroulera mal car Shimrod


et ses deux compagnons infortunés seront envoyés sur un

257
plan d’exil nommé Koldronne où ils resteront bloqués jusqu’en 1698 (732) pour avoir tenté d’agresser le puissant mage. On a
peu de détails sur ces dix années d’exil mais il semblerait que le mage Shimrod ait perdu momentanément ses pouvoirs et beau-
coup souffert du système social en place, dominé par les korrigans. De retour de ce voyage, Vodalus révèlera son vrai visage en
tentant d’assassiner Shimrod. En vain : le mage unique le tuera d’un coup de météorite après avoir survécu de justesse..

Après 3 années de repos à Kalkabat, où il met notamment la dernière main à l’incroyable série d’objets magiques dont il est
l’auteur et à son manuel d’introduction à la magie unique, Shimrod est envoyé par l’Empereur Eros en 1705 en mission d’ins-
pection à Taur-Alkar comme Obermarkall de l’armée elfe noire qui assiège la cité aquilonnienne. Il est alors accompagné de
Yoshimura avec qui il s’est lié d’amitié. Le mage participera notamment à la prise de Taur-Alkar, rebaptisée sur son initiative
Erosville en 1707 (738).

En 1708, il est à nouveau envoyé par l’Empereur sur les contreforts de l’Empire du Néant pour consulter une devineresse néan-
tique sur l’avenir d’Eros. C’est un échec. Revenant en 1713 (742) proprement formé au culte néantique, Shimrod, tout comme
Yoshimura se voit révéler un destin extraordinaire. Il apprend notamment que son fils l’occira sauf s’il le tue avant. Les deux
acceptent de devenir champions de Titan mais Shimrod, en questionnant la devineresse contracte un forme de peste néantique.
Afin de limiter sa virulence, le mage n’hésitera pas à revenir sur Atlante pour contaminer d’autres mages uniques afin de se
débarrasser de la bacille infectée.

Aidé dans cette tâche par Yoshimura, Shimrod accepte ensuite en 745 d’accompagner le samouraï parti à la recherche d’une
épée noire magique sur les conseils de la prêtresse du Dieu sombre en la démoniaque cité de Vertigone. Ce serment l’obligera
à descendre au 3ème Cercle de l’Enfer où Yoshimura libèrera un Dieu nommé Soledad, fils haineux de Titan. En retrouvant
l’épée Mat, censée permettre à la fois la vengeance de Yoshimura contre les ennemis de Sharakaï et la venue du règne de Titan,
Shimrod et Yoshimura libèreront l’ennemi de leur propre Dieu, perdant ainsi sa confiance.

Vers la fin de sa vie, Shimrod aura le temps d’accompagner Yoshimura dans sa quête avant d’être assassiné en 748, à l’âge véné-
rable de 90 ans, dans une auberge par un assassin de Maliakus, le fils d’un de ses anciens alliés de l’AA jaloux de sa puissance,
bras droit de Karabrugus III. La prophétie de la Devineresse s’était donc bien accomplie de manière symbolique : en effet,
Shimrod avait tenté d’avoir un enfant d’Aubépine, la mère de Maliakus, afin de fonder une dynastie de mages uniques. Il n’avait
finalement pas été retenu au profit d’un autre mage, à son grand dam.

Maliakus, le commanditaire du meurtre de Shimrod, aurait donc dû être le premier fils de Shimrod.

258
2.1. L’Empire Atlante

Carte d identité :
Capitale : Atlantapolis 2.1.1. Organisation politique et administra-
Langue : Atlante
Dimensions maximales : 1 700 tive
km du Nord au Sud, 500 km
d’Est en Ouest L’Empire, fondé en l’an -400 du calendrier aquilon-
Population : 730 000 habitants nien, a conservé la même organisation politique pen-
(350 000 métisses, 70 000 elfes, dant plus de 1 700 ans, jusqu’au coup d’Etat de 1722.
70 000 gnomes) L’Empire plus que millénaire a longtemps reposé sur
Armée (levée en masse) : 70 000 la solution astucieuse présentée par les gnomes pour
hommes éviter et les conflits d’élections entre minorités, et la ty-
Flotte : Flotte de Kilkieran (une rannie. Les Empereurs Maliakiens ont néanmoins très
centaine de frégates) peu touché à l’architecture générale du système.
Villes principales : Kilkieran (300 000), Atlantapolis
(130 000 habitants, Port-Graal (65 000), Grisance (65 Avant 1722, l’Empereur Atlante obtenait sa charge en
000), Uranion (50 000), Mont-César (45 000 ), Saranzara remportant le grand tournoi d’Orgamon, un jeu im-
( 45 000) porté de Terra Negra. Ce tournoi se tient toujours, mais
Dynastie Régnante : Empereur mage. VIIème Dynas- tous les 10 ans (avant 1660, tous les 6 ans, voir plus
tie des Maliakii (héréditaire) : Maliakus Ier (1722-1845), loin) et ne concerne plus le poste impérial : c’est le
Maliakus II (1845-..) poste de Strategos qui est en jeu. Désormais l’Empe-
Blason : Un masque surmonté d’une couronne reur nomme son Strategos et la charge impériale est
Religion : Polythéiste héréditaire. L’Empereur-mage a tous les pouvoirs et
Calendrier : Atlante nul n’est au-dessus des lois qu’il édicte, sauf la Compa-

259
gnie du Masque (voir plus loin) par un édit spécial de tous les droits mais ne fait que très rarement usage de
Maliakus. Dans la nouvelle constitution promulguée ce privilège précis. Le Heaume tient toujours une gar-
par Maliakus, la Chambre de la Fédération des Cités nison, dirigée par un commodore, à l’endroit le plus
Libres d’Atlante (c’est son nom officiel) que les empe- élevé de chaque cité, généralement où débute les aque-
reurs d’autrefois se devaient de réunir quatre fois dans ducs (nommés « murons »). Ils surveillent dans ce cas
leur règne, est conservée mais son rôle est uniquement les autorisations d’aller et venir. Dans les espaces inter-
consultatif. cités (les murons), des petites casernes sont construites
le long des aqueducs. Elles sont chargées de faire la
Maliakus n’a pas altéré le mode très particulier d’élec- police le long de ces derniers.
tion pour l’assemblée atlante. La Chambre rassemble Il est possible d’entrer dans le Heaume pour une du-
444 délégués du peuple encore qualifiés de « porteurs rée limitée de 5 ans minimum. Cette incorporation qui
de charge ». L’intelligence des gnomes vient du fait que a une base volontaire permet aux soldats de regagner
cette charge ne résulte pas d’une élection (qui aurait un certain crédit d’honneur (voir plus loin). Tous leurs
donne systématiquement la majorité aux islandiens). démêlés avec la Justice sont effacés et ils débutent une
La charge est un papier magique anonyme numéroté. nouvelle vie avec un nouveau nom. Néanmoins, la vie
La magie le protège de la destruction et le Masque est d’un membre du Heaume n’est pas de tout repos. Cha-
capable de les détecter sur tout l’Empire. Tout porteur que année, le Heaume lance une expédition dans les
se présentant avec un tel papier à l’entrée de la Cham- montagnes, généralement en période haute, pour mas-
bre est reconnu comme l’un des 444. Ce papier peut sacrer les tribus wolfynx les plus dangereuses et captu-
être transmis héréditairement, bien sûr, ce qui garantit rer de nouveaux esclaves. Le taux de mortalité de telles
une certaine inertie raciale mais d’un autre coté, peut expéditions approche les 35%…
être vendu, perdu, acheté, donné ou même volé légale-
ment (voir plus loin). Siéger est un honneur qui peut Dans les cités, le Heaume est la police officielle mais
se monnayer et les charges peuvent changer très ra- elle est le plus souvent déchargée de son travail par la
pidement de mains. Dès lors ce système instaure un Compagnie du Masque (voir plus loin). Les Membres
certain hasard quant à l’origine raciale, sociale ou géo- du Heaume dans les cités sont à la fois police et ju-
graphique de la Chambre. Les porteurs de charge peu- ges. L’Empereur Tuléon en l’an 31 leur a donné très tôt
vent circuler librement dans l’Empire au moment des le pouvoir d’appliquer la sentence immédiatement. Il
convocations. peut s’agir de prison ou bien de mise à mort (voir plus
loin).
Devant la Chambre, l’Empereur pouvait être autrefois
déchu si une majorité des 2/3 était de cet avis (utilisé Au sein du Heaume, la hiérarchie est double. On dis-
1 seule fois contre Marabrugus le Fou). Maliakus Ier a tingue les soldats normaux des soldats d’élites, appelés
modifié sur ce point la constitution en rendant le Stra- chevaliers Kadosh (Ils ne sont qu’une poignée affectée
tegos responsable devant la Chambre, et non l’Empe- aux missions les plus délicates). Enfin, au sein de ces
reur. La Chambre a gardé le droit de décider seule de deux catégories, on trouve des officiers et des subal-
grands projets (comme la construction d’une nouvelle ternes. Les charges (commodore, officier, sous-officer)
Cité). Elle seule enfin peut juger les hauts dignitaires sont données en fonction des victoires à l’Orgamon et
(notamment les membres du Masque). Les Empereurs redistribuées tous les 10 ans. Seul le Strategos n’est pas
et les membres du Masque ne peuvent pas être por- forcément un ancien soldat.
teurs de charge.
L’organisation la plus originale que les gnomes aient
Le bras armé de l’Empereur est appelé « le Heaume ». inventé se trouve être « le Masque ». A l’origine, les
Il s’agit de l’organisation militaire chargée de la défen- gnomes avaient proposé la création d’une compagnie
se de l’Empire contre les tribus sauvages de l’extérieur. qui transcenderait les clivages raciaux en étant ouverte
Le Heaume est sous l’autorité du Strategos, le deuxiè- à toutes les races et qui serait chargée de prévenir les
me personnage du royaume, nommé par l’Empereur et conflits civils. La vie dans un Empire Atlante sans Na-
que la Chambre peut renverser par une majorité des ture – ou presque – sans vaste horizon, sans possibilité
2/3. Les soldats du Heaume, dont le siège se trouve à d’échappatoire est en effet dans un sens très diffici-
Atlantapolis, la capitale de l’Empire, ont seuls le droit le : les Atlantes ne connaissent pas les chevaux ni les
aux armes dites « lourdes » : armures, hache, masses chiens. La grande majorité n’a jamais vu un oiseau sau-
d’armes, glaive, etc… Leur symbole est un heaume vage (voir plus loin). Or la guerre civile entre islandiens
doré gravé sur leurs armes. Ils sont aussi les seuls à et humains n’était pas tant due à une haine commune
pouvoir toujours sortir de l’espace clos des murailles aux deux peuples qu’à l’entassement dans des cités de
soit pour faire la guerre aux wolfynx soit pour d’autres centaines de personnes et la discipline de fer appliquée
missions. Le Masque (cf. plus loin) a théoriquement pour permettre la vie en communauté.

260
plement que les espions aient l’habit du Masque mais
La Compagnie du Masque fut chargée de cette mission. officieusement n’en fassent pas partie et soient tenus
Dans les premiers temps, elle se contenta d’être un ra- à l’écart. Pour l’homme de la rue, cela ne changeait
massis de baladins allant de cité en cité chargés de col- rien mais pour les responsables, on évitait ainsi que
porter les nouvelles et de distraire les habitants confi- l’Empereur soit au courant du fonctionnement de la
nés dans leurs cités. Leur maître mot était de réveiller Compagnie. Les derniers membres à être intégrés à la
le rêve de populations coincées à tout jamais dans Compagnie furent les mages. En effet, le développe-
des cités de pierre entourées par les eaux. Beaucoup ment de la magie devint tel vers 810 que son utilisation
de gnomes excellèrent dans cette fonction et le nom pouvait avoir des conséquences néfastes pour l’équili-
originel de la compagnie fut tiré du masque que por- bre du Royaume. Or, l’Empereur Anxis craignait que
taient les acteurs. La Compagnie du Masque fut placée des mages puissants parviennent à trouver un moyen
en dehors des lois. Elle était le défouloir d’un peuple. de sortir sans danger d’Atlante. Son royaume risquait
Quelqu’un qui voulait voyager et échapper au carcan d’être vidé en quelques années. Son Edit d’Anxis (813)
urbain des cités pouvait ainsi demander son adhésion ne ferma pas les écoles de magie mais les limita au ni-
à la Compagnie, dont le siège officiel est à Atlantapolis. veau élémentaire. Le Masque fut chargé de dispenser
S’il était accepté, on lui remettait un masque qui lui l’enseignement supérieur aux individus présentant une
faisait perdre son identité, sa race, son origine sociale, affinité naturelle avec la Magie Unique, bien plus puis-
sa cité, ses anneaux (voir plus loin) etc… L’unique pro- sante que la Magie traditionnelle (voir plus loin). Par
blème des membres du Masque était que certains hon- ailleurs, les pouvoirs magiques de ces nouveaux mem-
neurs leur étaient interdits (ex: siéger à la Chambre, bres furent utilisés pour questionner les nouveaux en-
devenir Empereur) et qu’une fois le choix de l’anony- trants, résoudre certaines missions délicates de régula-
mat fait, on ne pouvait revenir en arrière. L’individu tion, ou faciliter les voyages de ses membres
était considéré par sa famille comme étant mort. Le
Masque était au-dessus des lois mais en même temps Aujourd’hui, le Masque est donc un ordre protéiforme.
hors de la société. Ses membres ont choisi d’y rentrer en échange de la
perte de leur identité. Nul ne peut les arrêter, pouvoir
Au fur et à mesure que se développait l’hygiène et les confirmé par l’Empereur-mage Maliakus Ier, qui s’est
possibilités de sortie (voire plus loin), le Masque fut ainsi attiré les faveurs des mages du Masque. Les mas-
chargé de missions annexes qui l’éloignèrent un peu qués sont la loi dans les cités de manière officieuse.
de sa mission originelle pour en faire ce qu’il est de- Certains sont baladins, d’autres magiciens, d’autres en-
venu aujourd’hui. Le développement du crime et des core voleurs ou assassins. Tout ceci est réglementé de
vols dans les cités devint vers 225 une calamité contre manière très stricte par l’ordre des Arlequins, recon-
laquelle le Heaume avait peu de ressources. Le Masque naissable à son costume jaune et noir. Les Arlequins
fut alors chargé, lui qui voyageait, qui côtoyait le peu- sont chargés par les responsables du Masque (dont
ple dans les cités et qui parfois abritait des tire-laines l’identité est inconnue) d’administrer les compa-
dans ses rangs, de réguler ce problème. Après quelques gnies locales. Les membres du Masque (auxquels on
années de travail, les responsables du Masque mirent s’adresse invariablement par la locution : « Salut à toi,
en place un réseau d’envergure et offrirent à l’Em- Masqué ») sont les seuls à pouvoir circuler de ville en
pereur de l’époque (Numa I) un contrat : le Heaume ville tout à fait librement. Leur parole vaut très cher
acceptait de donner le monopole de la criminalité au (voir plus loin) ce qui leur permet de vivre aisément. Le
réseau du Masque dans une certaine proportion. En fonctionnement interne du Masque est inconnu. On
échange, celui-ci se chargeait de la police officieuse sait seulement que les membres ont un langage de si-
à l’intérieur des cités (où le Heaume effectuait une gnes commun discret, hérité de leur période originelle
mission « officielle »). Naquit ainsi la notion de « vol d’acteurs qui leur permet de communiquer sans être
légal ». Un vol autorisé par le Masque et débité sur le vus. On présume que des réunions des membres de
crédit autorisé et négocié avec le Heaume ne pouvait chaque ville par affiliation (magie, vol, assassinat, théâ-
faire l’objet de poursuite par le Heaume. En revanche, tre,…) matérialisée par des « loges », ont lieu en dehors
un vol commis par un solitaire était puni violemment des bâtiments officiels pour les besoins de leurs mis-
par le Masque ou par le Heaume (selon qui l’attrapait le sions. Le nom des hommes masqués ne peut être dit et
premier…). Ce compromis fut officialisé avec l’Edit de ils se reconnaissent entre eux par des surnoms.
Numa ( 235). Le Masque devint non seulement au des-
sus des lois mais LA loi. En 322, l’Empereur Kantama
décida d’incorporer au Masque ses espions personnels
afin qu’ils puissent profiter de cette couverture pour
le renseigner (Edit de Kantama). Les responsables du
Masque protestèrent mais en vain. Ils obtinrent sim-

261
2.1.2. Aspects civilisationnels le froid envahit la plaine. Pour les animaux qui vivent
dans la partie du continent ainsi réchauffée, c’est l’été.
La Vie sur le continent d’Atlante Le gibier pullule. L’heure est alors à la chasse.

Elle est nécessairement très difficile et surtout très ré- L’Empire délivre depuis des siècles le monopole de
glementée pour des raisons de discipline. la chasse à deux guildes concurrentes : la guilde des
chasseurs et la guilde des traqueurs. Escortées par le
En premier lieu, la circulation entre les cités est ré- Heaume, elles chassent tout l’hiver. Le gibier est dépecé
duite, ainsi que les sorties vers l’extérieur. L’émigration dans les vieilles cités et peu à peu revendu ailleurs. Sur
sur Kilkieran, seule cité hors du continent d’Atlante, les terres déneigées, il est également possible de culti-
est même désormais totalement interdite. En effet, la ver quelques espèces végétales plutôt rachitiques. Le
vie est différente selon les cités. Les plus récentes sont prix de la nourriture devient élevé (voir plus loin). En
mieux aménagées, avec des systèmes d’égouts, et sur- période sèche, la mer se retire mais laisse derrière elle
tout avec des conditions de vie plus agréables. Que dire une terre certes déserte mais surtout riche, très riche,
de la vieille villes de Mont-César, construite à 1 400m en alluvions quoique dangereuse car contaminée par
d’altitude ( 450 m en cas de Grande Marée) mal chauf- les germes de la mer. L’hiver s’installe dans les monta-
fée et qui s’affaisse lentement sous le fardeau de son gnes alors que dans la plaine, c’est l’été. L’Empire déli-
propre poids ? plus de mille ans de civilisation séparent vre là encore un nombre de bons limités échangeables
en effet Mont César de la nouvelle Saranzara… et anonymes. Toute l’année, des petits bories de pierre
(sorte d’igloos rendus étanches avec de la poix) sont
L’Edit de Xenon fut le premier édit imposé par l’Em- laissés dans la plaine. Inondés en période Haute, ils
pereur d’Atlante. Les autorisations de circuler sur les deviennent des petits villages en été. Chaque bon cor-
aqueducs sont depuis limitées et matérialisées par des respond à un borie. Les Atlantes qui ont la chance d’en
plaquettes gravées de bronze. Elles sont monnayables, avoir peuvent partir à la conquête de « l’or vert ». La
comme les charges, mais rarement données. Les mar- terre très riche donne de magnifiques plantations en
chands qui les possèdent peuvent ainsi jouer sur les quelques dizaines de jours, même si depuis la seconde
disparités de climat entre les régions du continent et création ce n’est plus tant le cas du fait des maladies
développer les synergies. Par exemple, les montagnes transmises par l’eau. La période sèche, de durée varia-
de l’Ouest regorgent de gibier bien utile pour se nour- ble, donnait ainsi une dizaine de récoltes dans le passé
rir en période haute. On assiste alors à un flux de mar- contre moins de quatre aujourd’hui.
chands des montagnes vers les plaines pour nourrir les
cités isolées. En revanche, en période sèche, ce sont les Le début de toute installation commence évidemment
légumes cultivés dans les plaines qui remontent vers par les semailles mais surtout par la chasse aux pul-
les montagnes. La construction de cités et d’aqueducs, pes et la désinfection des terres. Les pulpes sont des
ininterrompue jusqu’en 780 est aujourd’hui stoppée. animaux marins qui font leur nid sous le sol marin.
Une Compagnie célèbre, celle des tectants, est chargée Lorsque la marée se retire, ils se retrouvent prisonniers
de l’entretien et l’aménagement des structures existan- sur terre et survivent une dizaine de jours. Les malheu-
tes. Leur savoir est ancien et respecté. Tous les Atlantes reux qui marchent sur de telles bêtes sont brûlés par
ont conscience du fait que sans les tectants, l’empire le suc qu’elles dégagent. Une fois la terre « nettoyée »,
d’Atlante ne pourrait exister. Les tectants sont vraisem- les Atlantes collectent les galettes d’aturkil dans la vase,
blablement les détenteurs d’un double héritage : celui puis cultivent le riz, sur un terrain encore inondé, puis
des elfes venus de Terra Negra et celui des nains réfu- des légumes et enfin des céréales, qui ont moins besoin
giés dans les montagnes. d’eau. Ces céréales sont engrangées dans les cités. Les
cultivateurs qui chaque année partent à l’assaut d’une
On l’aura compris, c’est la nourriture qui a longtemps terre toujours vierge sont appelés les pionniers. Ils sont
été le problème numéro 1 de l’Empire d’Atlante. Com- naturellement protégés par le Heaume et c’est la seule
ment stocker la nourriture cultivée ? Comment survivre ? période de l’année où on les autorise à sortir des murs
La vie des Atlantes s’est de ce point de vue calquée sur des cités. Certains Atlantes prennent cette escapade
la marée. En période Haute, les plaines sont inondées. campagnarde comme des sortes de vacances. Depuis
L’eau transforme les pics les plus bas en îles et gonfle le 1605, le problème de l’approvisionnement est en partie
niveau des lacs. Les sources des montagnes s’accumu- allégé par l’importation de nourriture via Kilkieran et
lent et les torrents forment des retenues d’eau, alimen- sa Société Impériale. L’Empire exporte en retour des
tées par la fonte des neiges les plus basses (même si armes à feu, inconnues sur Terra Mater, et des esclaves
grosso-modo, la température moyenne d’Atlante baisse wolfynx.
en période Haute, la fonte des neiges a lieu en hiver
dans les montagnes dans la mesure où l’eau des mers Le troisième problème lié au précédent est bien enten-
équatoriale est plus proche). Le bas des montagnes est du la prévision des marées. Depuis des siècles, les At-
alors sans neige. Le Haut des montagnes est enneigé et lantes férus de Science peuvent plus ou moins prévoir

262
l’arrivée de la Grande Marée. Ce travail est à la charge par d’épais panneaux de bois (pour éviter que la moin-
de la Compagnie des Cornes de Brume. Ses membres dre brise ne fasse un vacarme). Lorsque le vent forcit et
étudient
la mer et au premier frémissement, avertissent que l’averse approche, les scrutateurs retirent les pan-
la population par le moyen le plus direct et le plus so- neaux et les cités sont envahies par le bruit des grelots.
nore qu’il soit : en soufflant dans une corne de brume. Au bout de quelques minutes, les panneaux sont remis
Ces corneurs ont des autorisations spéciales à la fin de et les habitants commencent à fermer les ouvertures de
la période sèche pour être en poste sur les murons. Des leurs habitations. En vérité, ces violentes averses néces-
tours sont spécialement aménagées pour eux. Généra- sitent beaucoup d’aménagements : les aqueducs sont
lement, une heure après un appel de brume, la Grande ainsi percés par endroits pour laisser l’eau s’échapper.
Marée dévaste tout. Les évacuations sont donc toujours Les villes les plus anciennes comme Mont-César, sans
faites dans le désordre et avec une grande célérité : nul système d’égouts, ont beaucoup de problèmes quand
ne veut partir en avance pour profiter au maximum de les cyclones sont suffisamment forts pour atteindre les
ses avantages (voir plus loin les privilèges). cimes des Montagnes.

L’été est également utilisé pour fabriquer de la gelée Mais le cinquième grand événement de la vie Atlante
royale. En effet, les Atlantes ont crée des ruches avec est sans conteste les attaques de wolfynx. Traqués par
des abeilles géantes sélectionnées à partir d’espèces la montée des eaux, les wolfynx envient les cités proté-
sauvages des montagnes. Ces abeilles butinent pen- gées des Atlantes. Lorsque la période sèche débute, il
dant l’été et le miel est récolté au début de la période n’est pas rare que ces derniers passent à l’attaque pour
haute. Les gigantesques ruches sont accrochées sur les profiter de la sortie des Atlantes pour leur ravir leurs
murons et servent à la fois de garde manger et de pro- cités. Le Heaume veille de ce point de vue au grain. Les
tection contre les wolfynx. La Guilde des Mielleux est attaques peuvent également survenir dans des points
chargée de récolter le nectar. localisés de certains aqueducs durant la période haute.
Certaines attaques ont pu être terribles. Ainsi, en 366,
Le quatrième fait qui rythme la vie des Atlantes sont la ville de Mont-César n’a été sauvée qu’in extremis. De
les averses tropicales. Leur prévision est à la charge des même, en 1677, la cité de Saranzara est tombée et les
Scrutateurs, une guilde spécialisée dans la météorolo- wolfynx ont massacré près de 25 000 citoyens. Depuis
gie. La guilde occupe toujours le bâtiment le plus élevé l’Edit de Haximilien (1275), la capture des wolfynx est
de la cité, juste au dessus du Heaume. Elles annoncent possible et autorisée. Ils sont dressés par une guilde
à la population l’arrivée des cyclones par un moyen fort spéciale puis donnés comme esclaves aux tectants pour
simple : chaque tour est percée en un endroit de trous les travaux de force. Certains citoyens Atlantes possè-
remplis de grelots. Ces trous sont généralement fermés dent des esclaves wolfynx personnels. Les wolfynx

263
vierges découverts par la mer lorsqu’elle se retire.
• Architecture. Les Atlantes sont passés maîtres
bleus du nord ont été quasiment tous exterminés et dé- dans l’art de l’équilibre. ils excellent dans la fabri-
sormais seul le sud de l’Empire doit faire face à cette cation d’ogives, d’arcs (comme par exemple pour
menace. leurs aqueducs), connaissent le secret de fabrica-
tion de la tuile, de la brique, du ciment et du mor-
La Civilisation Atlante tier. Les constructions Atlantes sont géométriques,
impressionnantes, aérées quant elles le peuvent et
La vie dans les cités est moins difficile qu’auparavant. élancées.
Les citoyens ordinaires occupent des professions com- • Dans le domaine militaire, les Atlantes construi-
patibles avec la situation d’Atlante. Evidemment, Atlan- sent des fusils-tromblons et des pistolets-mous-
te ne compte pas de pêcheurs, de constructeurs navals, quets depuis l’an 1350 (500 du calendrier aqui-
de réels aubergistes (les voyageurs sont peu nombreux), lonnien). Alors que les premiers modèles étaient
etc… La navigation est le seul domaine scientifique où très dangereux pour les utilisateurs, aujourd’hui
les connaissances Atlantes sont quasi-nulles. En effet ces armes inconnues ailleurs qui fonctionnent à la
par manque de place et surtout par impossibilité ma- poudre peuvent tirer juste à 15m sans exploser. El-
térielle, très peu de bateaux ont pu être essayés et ont les sont devenues très utiles dans la guerre contre
survécu. Les citoyens se répartissent en guildes (sta- les wolfynx. En parallèle, les Atlantes confection-
tut privilégié de tectant, de scrutateur, etc…) ou bien nent des armures de résine car les métaux sont
occupent des métiers solitaires. Ils craignent généra- rares sur Atlante. Ils maîtrisent également la forge
lement les membres du Masque qu’en même temps du keroon, une alliage noir très résistant mais ont
ils respectent (tout en s’en méfiant) et voient rarement besoin d’importer via Kilkieran les métaux néces-
les membres du Heaume. Certains ont des métiers saires. En échange, Atlante exporte l’aturkil récolté
« extérieurs » comme chasseur, marchand, pionnier, au fond des mers.
etc… qui leur permet d’échapper à l’atmosphère par-
fois étriquée des cités. La civilisation atlante est animée d’un esprit qui est en
quelque sorte le précipité d’un millénaire d’histoire.
La vie des Atlantes est limitée par un certain nombre Des premiers naufragés, l’Empire a hérité une volonté
d’interdictions : interdiction de faire du feu (magique phénoménale de survie et d’inventivité, propre à la cu-
ou non) dans la rue, interdiction d’utiliser de la magie riosité intellectuelle et donc à la démocratie, à la liberté
au delà d’un certain niveau sauf pour le Masque, in- individuelle et au débat. Mais les conditions difficiles
terdiction de se battre en duel, d’injurier l’empereur de construction de l’Empire ont appris aux Atlantes
ou la religion, de changer de cité, de voyager, de tenter que leur vie et leur puissance n’étaient rien comparées
de s’échapper, de faire de la contrebande, de pratiquer à celle des éléments. Les Atlantes n’ont pas dompté la
une quelconque activité criminelle. Nature mais s’en sont accommodés, d’où une certaine
modestie vis à vis de ce qui les dépasse et un sens aigu,
La Civilisation Atlante a 500 ans d’avance sur celle de en dernier ressort de la discipline. Les Atlantes sont
Terra Mater. Son alphabet (voir plus loin), hérité de un peuple endurci qui sait faire des sacrifices lorsqu’ils
Terra Negra, est différent, ainsi que sa langue. Les 4 sont nécessaires. Les limitations de magie ou d’autono-
grands domaines d’avancée de l’Empire Atlante sont mie ne sont guère remises en question dans la mesure
les suivants : où chacun sait qu’il faut de grandes auto-limitations
pour permettre la survie de tous. Il en résulte que les
• Astronomie. Les Atlantes ont identifié au mè- générations Atlantes conservatrices étaient à la fois
tre près la distance des 3 astres du monde, leur cultivées, savantes et patriotique. L’ouverture récente
durée de révolution et leurs éventuelles éclipses. d’Atlante a modifié cet état d’esprit, les plus anciens
Par ailleurs, leurs calculs les ont amenés à calculer regrettant l’âge d’or où les institutions étaient démo-
la circonférence du globe : 15 000 km. cratiques et où l’homme atlante s’accomodait de peu.
• Médecine. Les Atlantes sont devenus très ins-
truits en chirurgie (pratiquée avec beaucoup plus Depuis le deuxième Edit de Numa de 234 sur le droit
d’hygiène et de soin qu’ailleurs), en soins et en aux armes, chaque citoyen est armé. Si les duels sont
médecine curative générale. Ils ont progressé en interdits, il est en revanche possible de se défendre
dermatologie et dans l’étude des virus. Contrai- contre les agressions – y compris si elles sont légales.
rement aux médecins de Terra Mater, les Atlantes Néanmoins, les armes des Atlantes sont des armes légè-
savent guérir certaines maladies mortelles comme res qui contrastent avec les armes du Heaume : rapière
la bactériolle, la chiadasse grëlée et la rouillemort. et dague fine sont très courantes mais point de bouclier
Ils savent donc comment désinfecter les espaces (ou alors des écus décoratifs). Les cuirasses sont légères

264
et moulées dans la résine, et protègent peu. Les armes faits réels : l’ouverture au monde ne risquait-elle pas
à poudre sont autorisées. d’annhiliher l’identité atlante ? Les Atlantes se sont
divisés en deux camps philosophiques sur cette ques-
Les Atlantes sont obéissants à la loi – une constante de tion : les « autarciques » en faveur de la fermeture du
cette civilisation -, durs et curieux à la fois. L’esclavage portail de Kilkieran, une menace directe à la sûreté et
et le massacre des wolfynx leur semblent tout à fait à la tranquillité du continent, et les « kilkieranistes »
normal. La légende veut qu’Atlante se méfie des étran- enthousiastes à l’idée de commercer, et militants pour
gers à l’Empire car ils ne peuvent apporter que mal- une libre circulation dans l’Empire.
heur et malédiction : les Atlantes sont devenus autarci-
ques. Une petite minorité cependant aspire à modifier Sous Karabrugus III, le débat s’est fait plus militaire sur
les habitudes et les modes de pensée en s’inspirant de la nécessité ou non de participer à la guerre sur Terra
l’extérieur. Mater. Les Universités, ravagées par les débats doctri-
naux, n’ont pas su prévenir la venue de la tyrannie. La
La vie intellectuelle d’Atlante est une réalité. S’il n’exis- loi martiale et la mise au pas du Masque provoquèrent
te que des Universités formant les fonctionnaires de le dénaturement de l’équilibre constitutionnel pen-
l’Empire (chargés du compte des honneurs, voir plus dant les quasi quarante années de règne de l’Empereur
loin), chaque guilde s’occupe de la transmission de son sanglant. Son assassinat, en 1722, ne marqua pas la fin
savoir par le système de l’apprentissage. Les penseurs mais bien le parachèvement du système avec la montée
sont nombreux et réfléchissent au sens de la vie sur sur le trône d’un Empereur-mage, Maliakus Ier, fils illé-
Atlante: faut-il partir d’Atlante si l’on en avait la possi- gitime de deux mages uniques du masque.
bilité ? jusqu’où le savoir doit-il aller ? L’esclavage des
wolfynx est-il normal ? sont quelques-unes des grandes Pour les rites funéraires, il n’est évidemment pas possi-
questions qui se posent. ble d’enterrer les victimes dans les cités ni de simple-
ment les livrer à la mer (avec le risque de retrouver des
Cette réflexion intellectuelle avait conduit avant même cadavres empilés au pied des cités à la marée basse).
les évènements de la Guerre du Portail à une révolte Aussi, la pratique Atlante veut qu’on les brûle dans
radicale contre le système Atlante. Certains Atlantes des Funerariums avec leurs anneaux et que les cendres
étaient en effet convaincus que l’Empire courait à sa soient gardées par les descendants ou dispersées.
perte et que la civilisation Atlante n’était pas si « civi-
lisée » que ça. Ils prônaient le retour aux cités libres En ce qui concerne la religion Atlante, cette dernière
d’avant l’Empire. Ces citoyens rebelles soit qu’ils re- est unique et diverse, à l’image de sa civilisation. Les
fusaient les passe-droits du Masque, la rigueur de la Atlantes adorent les mêmes Dieux que leurs ancêtres.
Loi imposée par le Heaume ou le mercantilisme d’une Tous les Dieux sont adorés dans un seul et même culte,
civilisation où l’on achète le droit de vote, avait formé chacun s’adressant à qui il souhaite. Les Dieux les plus
vers 1470 une organisation secrète nommée la Taupe. populaires sont Elth, seigneur de l’ordre et de la paix et
Cette organisation avait dans les années 1485-1500 re- protecteur de l’Empire, Kherk, Dieu de la Guerre, Juras
vendiqué de nombreux attentats contre la personne de Mater, déesse de la nature, et Hapoggaëddon, Déesse
l’Empereur, contre le Masque, les casernes du Heau- des Océans. Le culte du Theochrone a été fermé après
me, etc… Certains parmi eux étaient des démocrates, la dictature de Karabrugus III. Les temples unicosmi-
d’autres des anarchistes. Ils avaient recours au sabo- ques sont nombreux dans les cités et généralement
tage, à l’assassinat illégal et à la contrebande. Certains mélangent les cultes. Les prêtres sont des hommes res-
avaient même infiltré le Masque ou la hiérarchie du pectés mais non tout puissants dans un Empire d’At-
Heaume. lante assez guerrier et scientifique. Certains Atlantes
sont athées mais assistent aux offices par convention :
Evidemment l’Empire avait tenté de réprimer avec in- la religion sur Atlante a surtout un rôle social de cohé-
quiétude cette organisation alors insaisissable. Mais la sion nationale. L’héritage d’une période heureuse où
perversion de l’Empereur Karabrugus, l’ouverture d’un les Dieux vivaient ensemble et en paix n’exclut pas évi-
portail démoniaque sur Atlante et la venue d’armées demment la contamination néantique. Comme partout
démoniques avait démultiplié la puissance de l’Empire ailleurs, Theochrone tente de séduire ses rares adora-
et la Taupe avait été écrasée comme un pou en 1599, les teurs qui l’adorent ingénument pour qu’ils embrassent
talents divinatoires des démons étant redoutables. la foi néantique.
Le Grand Théolocauste a été rebaptisé par le clergé
Au lendemain de la destitution de l’Empereur et de la d’Atlante «Grand Omégalphe» car le terme de Théolo-
terrible purge qui s’en est suivi, les débats ont repris causte lui semblait beaucoup trop sombre. L’Omégal-
avec beaucoup plus d’intensité, compte tenu du fait phe est interprété comme une Fin, certes, mais aussi
que l’on parlait cette fois ci non plus en l’air mais de comme un nouveau départ.

265
Population les humains sont 15%. Les métisses elfes islandiens-
humains sont de plus en plus nombreux et « pèsent »
La population d’Atlante n’était que d’un petit millier environ 55% de la population. Enfin viennent les lu-
d’individus vers – 450. Elle était de 400 000 individus, tins et les wolfynx, infiniment moins nombreux (res-
répartis en 6 cités, à la veille de la guerre du Portail. Les pectivement 6 et 4%). Les effectifs du Masque sont li-
pertes ont été extrêmement lourdes, avec l’armée en- mités à 5% de la population (Edit de Karaka en 945) soit
tière du Heaume et la quasi totalité du Masque détruits, environ 29 000 personnes mais en réalité, le Masque
ainsi que de nombreux citoyens dévorés par les démons n’a jamais atteint ce niveau (on est plus proche de 15-
de Tobogobun. On les estime à environ 80 000. 20 000). Le Heaume compte lui 70 000 hommes depuis
1600, presqu’un doublement des effectifs par rapport à
Au lendemain de la Guerre du Portail, l’Empire s’est la période antérieure. Ses effectifs ont atteint un pic de
vidé d’environ 200 000 migrants pour Kilkieran. Mais la 120 000 hommes au moment de la Guerre du Djihad
double décennie 1600-1620 a été un pic jamais connu puis ont connu des coupes drastiques.
auparavant de natalité. Le tournant de la guerre du
Djihad a à nouveau saigné l’Empire qui a perdu cette La ville la plus peuplée est Kilkieran (300 000) puis At-
fois ci près de 50 000 citoyens. lantapolis (130 000 habitants). Ensuite viennent Port-
Graal et Grisance (environ 65 000) puis Uranion (50 000)
Aujourd’hui l’Empire d’Atlante compte 400 000 habi- et enfin Mont-César et Saranzara ( 45 000 chacune)
tants sur le continent et 280 000 à Kilkieran (auquels il
faut rajouter 50 000 étrangers). Parmi la population des Les humains arrivés sur Atlante venaient de Terra Ne-
citoyens, on compte une part beaucoup plus réduite gra et étaient d’une couleur noire de jais avec des yeux
qu’autrefois d’elfes islandiens (environ 10%). Les gno- bridés et des pommettes saillantes. Le métissage des
mes représentent toujours 10% de la population mais races a donc produit un physique atlante particulier.
ce n’est pas la plus forte minorité d’Atlante puisque Les métisses ont une couleur de peau très sombre,
avec des yeux légèrement bridés verts ou noirs. Leurs
oreilles sont pointues et leurs cheveux bouclés (noirs
généralement).

Langue, alphabet et calendrier

L’Atlante est une langue parlée universellement sur le


continent, très simple et très concise. Il est possible de
l’apprendre en quelques jours, vu la mathématisation
de son alphabet et l’unicité de prononciation.

Les noms atlantes reflètent la position d’honneur (voir


plus loin), l’origine et la cité de leurs porteurs. La pre-
mière lettre peut être un A, un E, un I, un O, un U, un Y
ou bien une consonne. Avoir une consonne en premiè-
re lettre reflète une origine islandienne. Sinon, il s’agit
d’un humain (ceci ne marche pas pour les métisses et
les gnomes). Le prénom se poursuit ensuite par 7 sor-
tes de syllabes possibles : -cés (pour Mont-César), -ant
(pour Atlantapolis), -anz (pour Saranzara), -ur (pour
Uranion), -aal (pour Port-Graal), -kil (pour kilkieran) et
–gri (pour Grisance). Entre cette syllabe et la première
lettre, les parents sont libres de placer les lettres qu’ils
désirent.
Un rédempté choisira un nouveau nom conforme à sa
nouvelle position. Un membre du Heaume - actuel ou
ancien – ajoutera un « H » en fin de mot.

Rappelons que les membres du Masque perdent leur


identité. Enfin, devant le prénom, une particule rensei-
gne sur l’état d’honneur de l’individu : Van pour « Très

266
honorable », Don pour «Digne », Al’ pour « moyen ». services, un honneur 2 amitiés, la liberté 2 honneurs et
L’absence de particule reflète un honneur jugé médio- la vie 10 libertés.
cre et une parole sans valeur.
Chaque année, au début de la grande marée, les fonc-
Ex : Un homme né à Atlantapolis est humain et a intégré le tionnaires de l’Empire tiennent pendant 13 jours (dits
Heaume. On le juge « Très honorable ». Il s’appelle donc : « Jours Nataux ») un registre des réclamations (ex : un
« Van » « U » « ant » « H ». Après avoir choisi des lettres de marchand qui a par exemple donné un cageot de pom-
liaison, l’homme s’appelle Van Urganth. mes de terres en échange d’un service et qui a été mécon-
tent de ce service, jugé mal fait.) Lorsqu’un faisceau de
Le Calendrier Atlante marche par cycles naturels. On plaintes conduit à douter de l’honneur de quelqu’un,
comptabilise les grandes Marées et la Période sèche les fonctionnaires peuvent décider au sens propre de
(avec parfois une tiers-saison entre) comme une année. la dévaluer c’est à dire d’avertir la population que son
Le début de l’année est toujours la Grande Marée. honneur vaut moins. Son nom est modifié par la par-
Les années peuvent donc faire un nombre variable ticule. A la fin des jours nautaux, par affichage public,
de jours (généralement pas moins de 70 et pas plus de la bureaucratie impériale rend public les modifications
230). Le point de départ est la fondation de l’Empire d’honneur ville par ville. Il n’existe pas de système cen-
d’Atlante en –400 du calendrier Aquilonnien. tral et les fichiers sont conservés dans chaque ville.

Il est possible d’établir une correspondance entre les A titre indicatif, un honneur moyen vaut un indice
deux calendriers malgré l’apparente irrégularité des de 100. Quelqu’un jugé digne a un honneur de 500 et
marées. En effet, les deux tourbillons subissent l’attrac- quelqu’un de très honorable (très rare) a un honneur
tion solaire, base du calendrier Aquilonnien. Ainsi, 15 de 1000. Quelqu’un de médiocre (sans particule) voit
années Atlantes correspondent toujours à 2160 jours son honneur descendre à 10 (échelle donnée à titre in-
(soit une année en moyenne de 144 jours) donc à 10 ans dicatif). Dès lors, étant donné que toute la richesse d’un
aquilonniens. Un rapide calcul conduit à dater l’ère 635 individu est basée sur le degré d’importance qu’on ac-
du calendrier Aquilonnien à la date de 1 552 du calen- corde à sa parole, il est plus ou moins aisé de consom-
drier Atlante. L’an zéro du calendrier Aquilonnien est mer selon que l’honneur est grand ou bas.
l’an 600 du calendrier Atlante.
En un mot, un salut de l’Empereur vaudra sans peine
Exemple de date Atlante : le 109ème jour de la Grande Ma- l’honneur d’un homme qui n’en a pas.
rée de la 442ème année. On a donc 442 années atlantes soit
63 647 jours (environ 144 jours/an) donc 295 années aquilo-
niennes à partir de – 400 : - 105 avant Mac Ier. Le 109ème Type vie liberté H o n - amitié s e r - Salut
jour correspond à 12 nonades et 1 jour soit 2 quart-temps neur vice
et un jour. On parle du 1er jour du quart-temps du soleil
d’airain (le jour du solstice). Cette année là, la Grande Ma- TH 2 0 2 000 1 000 5 00 50 10
rée eut lieu durant le printemps Aquilonnien et la période 000
sèche pendant l’été.
Digne 1 0 1 000 500 250 25 5
000
Le système monétaire sur Atlante
Moyen 2 2 00 100 50 5 1
Aucun système monétaire n’existe sur Atlante (sauf 000
sur Kilkieran, cf. les grands lacs) et ceci pour une rai-
son simple : aucun matériau ne pourrait remplir le rôle M é - 2 00 20 10 5 0,5 0,1
de l’or sur Terra Mater. Les montagnes ne contiennent diocre
ni or, ni pierres précieuses (juste assez de minerai de
fer pour fabriquer les armes). La nourriture est certes
rare mais pourrit trop vite. Aussi, l’Empire Atlante a A quoi correspondent ces valeurs ?
progressivement remplacé un système de troc par un A l’acheteur d’estimer ce qu’il est capable de donner
système dit « d’honneur ». en échange d’un produit. Il lâche ensuite un mot que
son interlocuteur accepte ou non (au risque de provo-
Chaque citoyen qui souhaite acheter quelque chose quer une bagarre).
fournit quelque chose en échange. Il peut s’agir, en or-
dre de grandeur décroissant : de sa vie, de sa liberté, Dire « vie » veut dire « valoir une vie ». C’est à dire que
de son honneur, de ses privilèges, de son amitié, d’un l’acheteur promet de maintenir à vie son interlocuteur
service ou d’un salut. Tout est basé sur l’honneur de ou bien de lui sauver sa vie. Sa dette pourra se mani-
l’individu qui est perçu de façon plus ou moins bien- fester en subvenant à ses besoins, en le protégeant, en
veillante dans la ville où il habite. En effet, la vie, la payant les médecins etc… Si quelqu’un manque à une
liberté d’un individu sans honneur ne vaut pas grand telle parole, son honneur baissera très rapidement et
chose. Il en va de même pour son amitié et son salut. plus personne ne lui fera confiance.
On considère qu’un service vaut 5 saluts, une amitié 10
Dire « liberté » signifie que l’acheteur accepte de de-

267
venir l’esclave temporaire de l’interlocuteur et ceci en de sa vie au vu de ses seuls anneaux (voir plus bas) n’est
échange du gîte et du couvert. Par édit Impérial, la du- pas exempte de risque.
rée ne peut dépasser 2 ans.
Les membres du Masque sont hors-système. Ayant tous
Dire « Honneur » signifie que l’acheteur confie son hon- les droits, on leur donne gratuitement ce dont ils ont
neur et le lie à l’honneur de son interlocuteur pour une besoin. Néanmoins, ils n’ont pas le droit d’inviter ni
durée limitée et convenue. Les deux honneurs sont de consommer ou d’acheter au-delà de leurs besoins
harmonisés sur les registres. Les deux personnes liées strictement personnels.
se jurent un certain nombre de choses : pas de duel
entre eux, défense réciproque, mariage en commun. A Par ailleurs le rang social d’un Atlante est indiqué par
l’origine on voulait dire : je défendrai votre honneur le nombre d’anneaux qu’il porte aux doigts (un nom-
s’il est attaqué. bre qui peut aller de 1 a plus de 10). Le premier an-
neau – et le plus commun – se porte au majeur droit. Il
Dire « privilège » est un moyen de ne pas mêler son est appelé l’anneau des Ancêtres. Sur ce dernier sont
honneur à la transaction. L’acheteur offre quelque gravés tous les noms des ancêtres du porteur. Cet an-
chose de concret en échange du produit : charge à la neau, dans les traditions ancestrales Atlantes est chargé
Chambre, autorisation de circuler, bon pour un Boris à de protéger le porteur. Lorsque l’anneau est plein, un
l’extérieur, un esclave , etc… nouveau est commencé. Le nombre d’anneaux portés
au majeur droit indique donc l’ancienneté de la famille
Dire « amitié » se comprend comme « offrir son ami- du porteur. Un anneau peut être gravé d’environ 20 gé-
tié ». Le terme ne désigne pas d’engagement tangible nérations.
mais peut être très utile.
Au majeur gauche, l’Atlante porte « l’anneau de ma-
Dire « service » signifie que l’interlocuteur est prêt à riage» qui indique s’il est marié ou non et qui copie
rendre 1 service, quelqu’il soit. C’est une des façons de l’anneau des ancêtres de l’époux. Ensuite, viennent les
« payer » les plus courantes. 4 anneaux de rang d’honneur portés aux index et aux
annulaires. On compte un anneau/rang d’honneur.
Dire « salut » enfin se rencontre dans des configura- Ces anneaux peuvent faire l’objet de contre-façons :
tions bizarres. L’acheteur se contente de saluer son in- c’est le faux-monnayage Au pouce droit, l’atlante por-
terlocuteur. Evidemment, le salut d’un pauvre n’a pas te son anneau d’identité, qui indique son nom, son
d’importance. Mais celui du Strategos du Heaume ou rang, sa ville de naissance et sa date de naissance.
d’un Arlequin a grande valeur symbolique : le person-
nage d’exception reconnaît la valeur et l’honneur de Au pouce gauche, l’individu est autorisé à porter un
son interlocuteur. Peut-être interviendra-t-il même au anneau s’il occupe une charge importante : Strategos
niveau des autorités pour que l’honneur du marchand du Heaume, mais aussi Maître de Guilde, magistrats lo-
soit réévalué. De toute façon, une boutique qui a pour caux et haut-dignitaires de l’Empire.
client l’Empereur va très rapidement être très fréquen-
tée. A l’auriculaire droit, l’Atlante peut porter un anneau
s’il a reçu durant sa vie un grand honneur (promotion
La « somme » payée doit être négociée avec diplomatie ou récompensé par l’Empereur, finaliste lors du tournoi
entre les deux Atlantes et en rapport avec la somme. de l’Orgamon, ex-Empereur, porteur de charge, etc...)
Ainsi, une chope de bière se paiera d’un salut pour
quelqu’un de normal. Si c’est un clochard, on lui de- Enfin, a l’auriculaire gauche, seul l’Empereur en titre
mandera un service. De toute façon, le tavernier paye peut porter un anneau.
lui-même ses stocks de bière en rendant service pour
leur fabrication. En revanche, l’achat d’une maison vau-
dra un honneur et parfois même une liberté. On évite Education, culture et promotion sociale :
de payer avec sa vie car c’est le seul engagement qui le jeu d’Orgamon
soit illimité. Les personnages les plus nobles, lorsqu’ils
doivent payer au-delà d’un salut, font faire leurs ser- L’éducation on l’a vu est assurée par un système d’Uni-
vices par les obligés (notamment ceux qui sont leurs versité pour les fonctionnaires de l’Empire et par les
esclaves temporaires). différentes guildes. L’Université de l’Empire, la seule du
genre, est située non pas à Atlantapolis mais à Uranion,
Les oisifs et les profiteurs sont rapidement mis au banc pour des raisons historiques (les habitants d’Uranion
de la société, les pingres et les paresseux aussi. Atlante sont attachés au maintien de cette école). Elle forme
est une civilisation très généreuse (personne ou pres- les futurs fonctionnaires de l’Empire (honneur « digne
que ne meurt de famine) et très solidaire qui attache ») chargés de tenir les registres des comptes à honneur,
une très grande attention à ce système apte à former de reproduire et distribuer les édits impériaux et de
des élites civilisées. veiller au bon fonctionnement du palais impérial. Les
disciplines enseignées se limitent à 4 : mathématiques,
Il est à noter que l’honneur d’un inconnu non réperto- exercices oratoires et géographie sommaire et jeu de
rié sur un registre (d’une autre ville) ne vaut normale- l’Orgamon (voir plus loin) qui permet de départager les
ment rien et que l’acception de son honneur ou même

268
fonctionnaires pour les postes. L’autre jeu favori des Atlantes, c’est l’Orgamon, un sub-
til jeu mathématique qui règle la hiérarchie à l’intérieur
Néanmoins, tous les Atlantes reçoivent jusqu’à l’âge de de l’Administration Impériale. Le jeu d’Orgamon (vrai-
18 ans une éducation complète et équilibrée. Ils y ap- semblablement copié d’Abalone et arrivé avec les pre-
prennent notamment les bases du calcul, l’écriture et miers migrants) est un jeu très mathématique, très stra-
des rudiments d’agriculture. Cette formation gratuite tégique qui se joue à la fois en solitaire et en coopérant.
et ouverte à tous est appelée « niveau primaire ». Ce Les postes les plus hauts gradés de l’Administration
système, étendu à toutes les races par l’édit de Braxilien civile et militaire se jouent à l’Orgamon pour détermi-
en 1035 explique pourquoi généralement les Atlantes ner l’esprit le plus intelligent...le grand gagnant, par le
sont cultivés. Chacun reçoit même une spécialisation passé, devenant Empereur. Comme les finalistes sont
dans un domaine précis : armes, agriculture, astrono- toujours 4 et que l’on gagnait rarement seul, le n°2 de-
mie, médecine, architecture. Ils sont ensuite à mêmes venait Strategos, c’est-à-dire chef fu Heaume. Cette tra-
de se perfectionner dans ce domaine en intégrant une dition n’a plus cours : aujourd’hui, le grand gagnant du
guilde ou bien d’abandonner. tournoi doit se rabattre sur la liste des postes ouverts.
Chacun à son tour et en fonction de son classement,
La culture Atlante est également intéressante du point les atlantes ayant participé au grand tournoi décennal
de vue du système de négociation. En effet, par édit choisissent des postes dans l’administration civile ou
impérial, les duels sont interdits, ce qui n’empêche pas militaire pour les soldats. Le tournoi qui a lieu à Atlan-
les confrontations. Aussi existe une Guilde spéciale, tapolis tous les 10 ans rassemble des joueurs du conti-
surnommée la Guilde des Mantes Rouges qui s’oc- nent entier. Les éliminatoires se font par groupe de 4,
cupe de décharger les administrations des problèmes les 2 meilleurs joueurs de chaque groupe étant à cha-
mineurs ou bien de régler les problèmes avant qu’un que fois gardés pour l’étape suivante. Il existe des tour-
membre du Heaume ne s’en mêle. Une rixe, une dispu- nois organisés dans chaque ville, notamment lorsque
te, ou même une injure peut être catastrophique pour les autorités municipales veulent recruter leur propre
tout Atlante car son honneur risque d’être affecté et la administration. Tous les 10 ans, chaque fonctionnaire
pauvreté le guide. Aussi, en cas de problème, il est pré- est obligé de participer au grand tournoi et remet sa
férable d’avoir recours à un intermédiaire. Les Mantes place en jeu.
Rouges (ainsi surnommées car elles portent des am-
ples robes à capuchon bordeau) sont chargées – contre L’Orgamon bénéficie d’une popularité sans rivale au
contrepartie – de voir si un terrain d’entente est possi- sein d’Atlante. Les mauvais joueurs sont rapidement «
ble. Souvent les protagonistes se rangent à l’avis de ces dévalués » et relégués aux postes administratifs subal-
maîtresses femmes expertes dans l’art du compromis. ternes. On a vu certaines Mantes Rouges proposer de
Refuser l’arbitrage d’une mante rouge est d’ailleurs régler un différend à l’Orgamon. Il existe une guilde
considéré souvent comme un déshonneur. Les Mantes des Joueurs appelée l’Orgamon, tout simplement. Elle
Rouges ont leur siège à Saranzara mais leur Guilde est est notamment chargée de veiller au bon déroulement
représentée partout. du tournoi. Les joueurs qui intègrent cette Guilde (c’est
à dire qui se préparent au Tournoi de l’Empereur) doi-
Les Atlantes sont également férus de jeux qui leur vent obligatoirement venir habiter Atlantapolis. Cette
servent à meubler leurs longues journées de Période autorisation n’est pas toujours possible.
Haute, quand l’activité tourne un peu au ralenti. Il faut Le tournoi de l’Empereur n’est pas réservé aux seuls
distinguer tout d’abord les jeux d’arène. L’un des plus fonctionnaires sortis de l’Université. N’importe qui
populaires est le combat nautique. Les villes compren- peut y participer, même si sans l’enseignement de
nent souvent des arènes dans les parties les plus bas- l’Université ou les conseils de la Guilde, des solitaires
ses des cités. Ces arènes sont reliées par un système de ont peu de chances de remporter le concours.
tuyaux jusqu’à la mer et il est possible ainsi de remplir
ces bassins d’eau de mer (qui est ensuite purifiée de ses
germes par les prêtres d’Hapoggaëddon). L’occupation
préférée des Atlantes consiste dans la joute dans l’eau,
en équilibre sur des embarcations instables mais dans
certaines villes plus féroces, il n’est pas rare qu’on or-
ganise des combats de monstres marins. En revanche,
le peuple Atlante ne supporte pas que le sang coule
dans les arènes : aucun gladiateur n’y meurt (la seule
peine de mort ayant été décrite précédemment). Les
places dans l’arène font l’objet chaque année d’un ti-
rage au sort. Les tickets d’entrée sont des privilèges
négociables.

269
Annexe : le tarot imperial (l ’Orgamon) Règles du jeu :

Présentation : Le but du jeu est de déruire toutes les pièces des adver-
saires, l’empereur étant la dernière pièce à pouvoir être
Le jeu se joue sur un échiquier de 144 cases noires et tuée, une fois que tout le reste est détruit. Le dernier
rouges (12 x 12). Le centre de l’échiquier est occupé par joueur survivant remporte la partie.
4 cases vertes. Le long de chaque coté de l’échiquier,
c’est à dire en dehors, se trouve un rectangle vert dont Mouvement et position des pièces :
le coté touche les 2 cases centrales du bord (respecti-
vement case numero 6 et case numero 7). Chaque coté l’Empereur est la pièce la plus importante puisqu’elle
correspond à un camp, materialisé par un signe diffé- est le centre de commandement de chaque camp. l’Em-
rent apposé sur chaque rectangle vert ; carreau, pique, pereur est immobile et ne peut bouger que s’il est mis
coeur et trèfle. en danger par une autre pièce. l’Empereur peut alors
bouger d’une case en avant, en arrière, sur le coté, en
Le jeu se joue à quatre joueurs. chaque joueur est en diagonale ou non. Lorsque l’Empereur est defintive-
possession de 16 pièces : ment immobilisé (aucune possibilité d’échappatoire à
- un empereur un échec), le camp est lui aussi immobilisé. C’est à dire
- un chevalier dit majeur que le joueur passe son tour jusqu’à ce que par coup
- un cardinal du sort ou bien aide exterieure, son Empereur puisse
- un joker à nouveau bouger. Durant ce laps de temps, le joueur
- 2 cavaliers ne peut bouger aucune autre pièce excepté le chevalier
- 2 chiens majeur. Le camp est immobilisé et ne peut riposter à
- 2 atouts une attaque.
- 4 gardes l’Empereur débute la partie sur le rectangle vert de son
Il existe en tout 14 x 4 + 1 pieces soit 57 pieces. La camp, hors de l’échiquier. Par les 2 cases collatérales et
piece supplementaire est « le diable ». Le diable est les deux diagonales, il peut être donc facilement mis en
positionné au début à l’intersection des 4 cases vertes échec dans cette position et ce n’est qu’une fois ceci
centrales. fait qu’il peut entrer sur l’échiquier. Le rectangle vert
est considéré comme une seule et meme case.


270
La seconde pièce la plus importante est le chevalier Les chiens se placent devant le couple cardinal/joker.
majeur. A l’inverse de l’Empereur, ce dernier est la piè- Ils évoluent à l’horizontale ou à la verticale d’autant
ce la plus mobile puisqu’il peut bouger en diagonale/ à de cases qu’ils le desirent. Lorsqu’un chien mange une
l’horizontale et à la verticale sur autant de cases que le pièce, son maitre a la possibilité de recupérer une fi-
joueur le souhaite. Si son camp est immobilisé, le che- gure similaire mangée par un adversaire.
valier majeur est la seule pièce qui peut être bougée car
on considère que sa premiere mission est la défense de ex : le chien de trefle mange le cardinal de pique et recupère
son roi. le sien, même s’il a été mangé par le coeur.
Le chevalier majeur se positionne sur la case verte neu- Lorsque un chien mange un autre chien, ce pouvoir n’est pas
tre du centre de l’échiquier, face au joker, isolé. Il se applicable.
retrouve donc contigu aux chevaliers majeurs adverses. Les pieces recupérées se placent en zone neutre.
Entr’eux se trouve le diable (au centre des deux dia-
gonales). Les chevaliers ne peuvent se tuer (ils sont en Les deux atouts se placent à la droite et à la gauche des
zone neutre) et le diable ne peut être libéré qu’après chiens. Ils tuent et se meuvent d’une case à l’autre dans
qu’un des chevaliers majeurs ait libéré sa case. toutes les directions (cases jouxtant l’atout). la particu-
larité des atouts est qu’ils rendent invulnérables la/les
Le cardinal et le joker sont d’égale importance, pièce(s) qu’ils protègent (y compris vis-a-vis du diable).
puisqu’ils représentent les deux faces de toute cour. Par conséquent, dans ce cas de figure, il convient de
Le cardinal évolue en diagonale. Il ne peut pas tuer, tuer d’abord l’atout. Deux atouts ne peuvent se proté-
contrairement aux autres pièces mais surtout, sa pré- ger mutuellement et ainsi se rendre invulnérables.
sence gèle tout mouvement dans les 8 cases contiguës. Les gardes se placent de la manière suivante : 2 devant
Les pièces sur ces cases peuvent être mangées par les 2 chiens, 2 à coté des chiens. Ils tuent et se meuvent
d’autres figures. Le cardinal peut également geler le d’une case à l’horizontale / verticale/ en diagonale.
diable. Le cardinal se positionne sur l’une des deux ca-
ses devant l’empereur, invariablement sur la case rou- Le diable débute au centre de l’échiquier en zone neu-
ge. Les cardinaux entr’eux ne subissent pas ce pouvoir tre, cerné par les chevaliers majeurs. Il doit d’abord
de pétrification et leurs pouvoirs s’annulent (une pièce être positionné sur une case (vaut pour une action). Au
jouxtant deux cardinaux recouvre sa liberté). lieu de mouvoir l’une de ses pièces, tout joueur peut
Le joker se déplace de manière étrange, en diagonale choisir de bouger le diable et de menacer les positions
mais en sautant une case sur deux. il ne peut, à la dif- adverses. Le diable, une fois sur une case verte du cen-
férence du cavalier, sauter une piece pour la manger. tre, bouge de 3 cases : 2 en avant et une de coté. Le
Le joker mange les pièces en atterrissant sur leur case. diable peut tuer n’importe quelle pièce – sauf invul-
Lorsque vient le tour du joueur (ceci comptant comme nerable - mais il est gelé par la présence d’un cardinal.
une action), le joker a le pouvoir d’être intervertie avec Le diable ne peut pas non plus manger l’Empereur il
une autre pièce (dont l’Empereur) où qu’elle soit sur ne peut sinon être tué par aucune piece et peut tuer en
l’échiquier et ceci à volonté. Le joker se positionne à zone neutre.
la gauche du cardinal, devant l’Empereur, sur la case Le diable ne peut pas etre utilisé deux fois de suite par
noire. le même joueur (il faut qu’il alterne avec une de ses
pièces). Un joueur mis en échec ne peut bouger le dia-
Les cavaliers se placent à droite et à gauche du couple ble.
joker/cardinal. Ils se déplacent en sautant par dessus les
autres pièces à l’horizontale ou à la verticale (mais pas Ordre de jeu :
en diagonale). Si la piece sautée n’est pas de son camp,
elle est considerée comme morte. Le cavalier peut se Le joueur qui a le coeur commence toujours en pre-
déplacer d’autant de cases que voulu mais atterrit sur mier. En revanche, il se doit d’épargner (et de montrer
la case contiguë de la victime.Il peut enchainer plu- qu’il épargne) la premiere pièce (quelle qu’elle soit)
sieurs sauts à la suite, et ainsi faire plusieurs victimes. pour justifier sa réputation (« le Cœur a du cœur »). En-
Le cavalier peut sauter par dessus le cardinal et le dia- suite, les joueurs jouent 1 action chacun dans le sens
ble (sans que ce dernier ne soit evidemment tue...) En des aiguilles d’une montre.
revanche, il ne peut pas tuer des pièces s’il doit pour
cela atterrir sur une case gelée par le cardinal, sans être Les joueurs doivent annoncer avant de jouer leur mé-
gelé lui-meme. thode c’est à dire une indication sur leur manière de
Le cavalier ne peut pas mettre en échec l’empereur si jouer... les annonces possibles sont les suivantes :
celui-ci se trouve sur la case-base de départ (aucune « A la religieuse» : le joueur répugnera à faire appel au
case derrière ne lui permet d’atterrir). diable et tentera de le neutraliser.
« A la heaumique» : le joueur promet de respecter plus

271
271
ou moins ses alliances tacités.
«A la vengeresse» : le joueur avertit les autres que la A la fin de la partie, le joueur survivant dévoile son an-
moindre traitrise sera punie, même s’il lui faut pour nonce de victoire. S’il a effectivement réalisé sa prédic-
cela perdre la partie. En d’autres termes, le joueur aver- tion, il marque le double de l’annonce (un grand che-
tit ceux qui voudraient s’allier avec lui puis le trahir lem prévu à l’avance vaut donc 600 pts. avec un bonus
qu’il fera ensuite son possible pour les stopper. de tierce, il est donc possible de monter à 700 pts).
« A la fine » : le joueur adoptera une façon dite « élé- Si le joueur gagne sans réaliser son annonce, il ne mar-
gante » de jouer, c’est à dire fera appel le moins pos- que que les points de victoire mineure.
sible aux zones neutres, et à la technique du pièce En cas d’incapacite à avoir un clair gagnant, les deux
contre pièce dans une situation d’avantage structurel ex-aequos sont partagés de la maniere suivante, en at-
(sacrifice de ses pièces pour garder l’avantage). tribuant des points aux pièces survivantes :
« A la diabolique » : le joueur avertit qu’ il fera volontaire- chevalier majeur = 5 pts
ment appel au diable, aux zones vertes, aux traîtrises... cardinal/ joker = 4 pts
« A l’athée » : le joueur ne donne aucune indication par chiens, cavaliers, atouts = 3 pts chaque
refus et non pas par absence de choix. Annonce vague soldats = 1 point chaque
et suspicieuse.

Ensuite vient le temps de réflexion (court) pour que


chaque joueur définisse, à partir des annonces, ses pos-
sibilités d’alliance et de victoire. Sur un papier à part,
il écrit une deuxième annonce – qui reste secrète – qui
contient ses projections de victoire :
- victoire mineure : le joueur se contentera de
gagner (50 pts)
- victoire : le joueur gagnera en respectant sa
méthode (100 pts)
- victoire majeure : le joueur gagnera comme ci-
dessus mais en plus fera en sorte que le joueur
ayant la meme couleur que lui finisse second (150
pts)
- grand chelem : le joueur ne contractera pas
d’alliances et gagnera seul contre tous (300 pts)
+ possibilité d’un bonus dit de tierce : le joueur indi-
que l’ordre des joueurs qu’il éliminera (+ 50 pts).
Parallèlement, les joueurs peuvent contracter des al-
liances entre eux, qui se manifestent par l’échange de
deux ou plusieurs pièces sur l’échiquier, à l’exception
des Empereurs.

Chaque joueur est obligé de jouer 1 pièce/tour, tant


qu’il en a la possibilité.
Les 4 cases vertes en centre de l’échiquier sont neutres
et les pièces s’y trouvant ne peuvent pas etre mangées
(mais en revanche peuvent être mises en échec de l’ex-
térieur...), sauf par le diable.

Une fois au sein de la zone neutre, les pièces doivent


dépenser 1 coup pour sortir de l’espace et aller sur une
case adjacente, conformément à leur mode de déplace-
ment (un cardinal se placera en oblique par exemple...)
excepté le diable qui entre et sort de la zone comme il
veut.
Il est possible de traverser la zone neutre pour man-
ger une piece, ainsi que de mettre en échec à travers la
zone neutre.

272
272
2.1.3. La Magie coefficient de magie comme leurs homologues de Terra
Mater car leur essence est infinie. La Magie Unique se
La Magie Unique compose de 4 influences : Création, Harmonie (Immo-
bilité), Chaos (Mouvement) et Néant, sans qu’un juge-
Atlante a conservé une grande partie de l’héritage ma- ment de valeur ne s’attache à l’une ou a l’autre. Ce sont
gique d’autrefois. C’est à dire qu’à la différence des simplement les 4 composantes du Monde. Le Mage
peuples de Terra Mater, elle n’a pas connu la corruption Unique utilise son essence pour agir dans un des ces 4
magique de la Quintessence par le Néant ni l’affaiblis- domaines et ainsi produire l’effet souhaité.
sement des mages. Aussi, la forme magique sur Atlante
est-elle beaucoup plus ancienne et beaucoup plus dé- La Création est un domaine qui recouvre toute fabrica-
veloppée qu’ailleurs. tion sans origine, c’est à dire l’apparition de substance
Sur Atlante, l’essence magique ne s’est pas encore ex-nihlio. En réalité, c’est l’essence interne de l’Unique
divisée entre les 4 composantes essentielles (Harmo- qui produit la chose. Ainsi, un sort destiné à dresser un
nie, Chaos, Néant, Création). Les mages d’Atlante ont mur de glace pour stopper l’avance d’un ennemi est un
sort de Création.

S’y oppose le Néant, qui est le vide/la destruction, c’est


à dire la suppression d’un élément matériel de l’envi-
ronnement. L’Unique absorbe l’objet dans son essence.
L’influence du Néant (sans ici avoir de lien direct avec
Titan) est utile pour raser une barbe ou supprimer un
être vivant.

L’Harmonie est l’influence du status-quo, de l’immo-


bilisme. Tous les sorts de changement dans la conti-
nuité, c’est à dire qui respectent la Nature des choses
s’y rattachent. On ne crée pas, on ne détruit pas avec
l’Harmonie. On change avec l’aide de l’environnement.
Guérir quelqu’un en accélérant l’effet des plantes cu-
ratrices est un exemple d’influence harmonique.

Le Chaos s’oppose à l’Harmonie. C’est le changement


a rebrousse-chemin du cours du monde. Transformer
un homme en animal est un exemple d’influence chao-
tique.

Magie Unique et Magie traditionnelle sur


Atlante

La Magie Unique est trop puissante pour être laissée


sans garde-fous. Les Mages Uniques dépassent en effet,
et de loin, les mages traditionnels qui n’ont pas l’affi-
nité et qui sont limites en puissance pour leurs sorts.
Sur Atlante, les deux sortes de mages existent et sur-
tout coexistent...

Des Ecoles de Magie traditionnelle acceptent toutes



conservé l’Ancienne Magie Unique alors que celle-ci sortes d’Atlantes – avec Affinités ou non. La Magie
s’est subdivisée ailleurs. traditionnelle est un résidu de magie unique. Un sort
Certains habitants d’Atlante ont l’Affinité, c’est à dire n’est en réalité qu’une combinaison précise, immuable
une prédisposition naturelle à utiliser la Magie Uni- et limitée équivalant à la codification d’une action d’un
que, bien plus puissante que la magie traditionnelle. Mage Unique.
Ces «élus » ont disparu de Terra Mater, où la magie
s’est corrompue, et de Terra Negra, ravagée. Ceux qui Ceux qui n’ont pas l’affinité sont capables, à l’aide d’un
ont l’affinité utilisent leur essence interne pour chan- entraînement spécial d’acquérir un peu de puissance
ger leur environnement. Ils ne sont pas limités par un magique et de répéter «bêtement » un sort de Magie

273
Unique, sans pouvoir changer la durée, la nature ou la également utilisés pour juger les accusés, en lisant dans
cible... Un Mage Traditionnel est capable de créer un leurs pensées.
mur de glace mais pas un mur de feu ou de détruire
un mur de glace...Les Ecoles de Magie sur Atlante en- Une fois intégré au masque, le jeune Mage Unique perd
seignent la Magie Blanche et la Sorcellerie (considé- son identité et doit être castré avant l’âge de la puberté.
rée comme une discipline comme une autre) et ceci En effet, l’Empereur Anxis était inquiet qu’une aris-
jusqu’à un niveau relativement poussé (niveau 7). Les tocratie de puissants mages puisse se constituer au
Atlantes qui ont le temps et l’argent sans avoir l’affinité sein de l’Empire, un contre-pouvoir dangereux. Il avait
peuvent ainsi devenir des Mages dit de second Ordre raison car c’est le fils interdit de 2 mages uniques qui
(sans l’affinité). Leur magie est généralement utilisée renversa la démocratie atlante en 1622. Maliakus Ier a
pour se défendre ou pour se distraire. conservé l’interdit que ses parents avaient bravé ? Les
Mages Uniques gardent donc une anatomie de castrats,
Les Mages de Premier Ordre, qui maîtrisent la Magie une voix aiguë et des allures fines et féminines. La cas-
Unique sont repérés par le Masque, et plus particuliè- tration a pour but également de limiter le pouvoir des
rement par une section spéciale des Arlequins : Les Mages. Les Mages de premier Ordre non castrés sont
Lecteurs. Un Mage de Premier Ordre peut être facile- en effet très puissants et empiriquement ont montré
ment repéré par le fait que sa mère meurt toujours en une certaine tendance à la mégalomanie. Chaque jeune
couche. Pour les Atlantes, lorsqu’un tel événement sur- Mage est affecté à un Mentor magicien membre du Mas-
vient, les langues commencent à se délier et le Masque que. Il doit notamment prêter serment à l’Empereur.
est rapidement informé. L’Edit D’Anxis, précédem-
ment cité (813), donne aux Lecteurs Arlequins le droit De façon surprenante, les Atlantes autorisent la castra-
d’intégrer l’enfant dès l’âge de 4 ans dans la Compa- tion car ils sont persuadés que l’affinité ne se transmet
gnie du Masque pour lui apprendre l’usage de la Magie pas héréditairement. Lorsqu’un Mage meurt, les Atlan-
Unique et les règles de limitation de son pouvoir. Ils tes croient que l’esprit du Mage se re-incarne dans un
sont relayés par la suite par les autres mages uniques. enfant à naître. Pour l’instant, les statistiques impéria-
Les Lecteurs sont habillés de bleu strié de noir, à la les n’ont décelé aucune baisse du nombre de Mage de
différence des autres Arlequins, qui sont en jaune et Premier Ordre, qui effectivement reste constant.
noir. Ce sont tous des mages dont l’affinité a une forme
spéciale puisqu’ils sont capables de lire dans les pen-
sées (comme les Psychomages de Terra Mater mais à
un niveau bien supérieur). Alors qu’il est déjà assez
difficile pour un Mage de Premier Ordre de résister à
cette «embrassade cérébrale », il est pratiquement im-
possible pour un Atlante moyen de la contrer Les Lec-
teurs ne sont cependant pas capables de déterminer si
leur sortilège a raté ou réussi car ils verront d’autres
pensées dans le premier cas.

Les Lecteurs sont accompagnés d’un golem de pierre


(appelé «gardien ») tenant un Sablier noir. L’Edit d’An-
xis a en effet imposé cette pratique afin de contrôler
les Lecteurs. Les Golems sont insensibles au pouvoir
du Lecteur. Ils sont chargés de surveiller que les Lec-
teurs ne complotent pas contre l’Empire. Le Sablier est
chargé de rappeler au Lecteur qu’il est mortel et qu’il
retournera en poussière : les grains de sable contenus
ont l’intérieur du sablier sont les cendres des Lecteurs
que le Golem a été chargé de protéger/de surveiller
avant lui. Ces cendres ont une grande nature magique
(notamment, elles rendent insensibles au pouvoir des
lecteurs pour un temps limité si on les absorbent). En
règle générale, les Lecteurs ont tous pouvoirs pour
leur mission, qui est de collecter les Mages de Premier
Ordre. Ils sont universellement haïs car leurs embras-
sades ne sont pas sans laisser de graves lésions céré-
brales aux malheureuses victimes. Les Lecteurs sont

274
2.1.4. Guide des Compagnies chargés de limiter les activités criminelles. Ils dis-
tribuent notamment les autorisations de voler, tuer,
Le Masque etc…

Organisation fondée en 75 qui compte 15 000 a 20 000 - Les exécuteurs sont environ 2 000. Ils sont
membres. La fonction officielle du Masque est de ga- plus rompus aux techniques de combat que leurs
rantir la paix dans les cités, par tous les moyens pos- collègues. On les charge d’assassinats légaux mais
sibles. également d’escorter les régulateurs ou les mages
pour les missions difficiles. Toutefois, les exécu-
Au sein du Masque, les masques sont repartis en loges, teurs ont également pour ordre de faire respecter
qui sont des cellules de travail présidées par un Arle- les lois internes de la Compagnie et ont le droit
quin. Le Masque est dirigé par un cercle de 7 dignitaires d’utiliser leur force contre leurs collègues.
qui se cooptent depuis l’origine de la compagnie. Ces
Dignitaires, dans le langage du Masque, sont appelles Les lois internes du Masque sont les suivantes : Inter-
les Maëstros, de manière officieuse. Les Maëstros sont diction d’injurier le nom de l’Empereur (obligation gé-
en règle générale d’anciens Arlequins… Les loges ras- nérale commune à tous les atlantes) ; Interdiction de
semblent les masques par critère géographique et donc blasphémer (obligation générale commune à tous les
comportent des masques de toute obédience (excepté atlantes) ; Interdiction de pratiquer toute activité nui-
espionnage). Les loges décident des activités du Mas- sant au but de la Compagnie ; Interdiction de trahir
que pour leur zone de commandement, sous l’autorité l’Empereur ; Interdiction de quitter ou fuir le Masque
de l’Arlequin. Chaque cité a à son sommet un Maëstro (exécution immédiate) ; Interdiction de diffuser à l’ex-
en relation avec les Arlequins. Cette loge est appelée térieur des informations sur la Compagnie : langue
«Loge Royale» ou «Haute Loge» selon les villes. des signes, date et réunion des loges, organisation,
etc… (exécution immédiate) ; Obligation d’usage
Tout Atlante a le pouvoir d’entrer dans la Compagnie proportionné de la Force ; Interdiction d’abuser du
du Masque dès qu’il a atteint sa majorité (âge pouvant crédit du Masque à fin d’enrichissement personnel ;
varier suivant les cités, le cycle de vie d’un elfe étant Interdiction pour un membre de renouer contact avec
beaucoup plus long que celui d’un humain) ou bien a sa famille naturelle ; Interdiction pour un membre de
l’âge de 4 ans s’il a une affinité naturelle avec la magie rechercher un quelconque honneur ou une préroga-
Unique. Les Masques perdent à vie leurs anneaux, leur tive impériale comme siéger à la Chambre des 444 ou
histoire, leur nom et changent de ville. Ils sont consi- tenter de devenir Empereur ; Interdiction aux espions
dérés comme morts par leur ancienne famille. Chaque de l’Empereur, membres du Masque, de participer aux
Masque choisit un surnom et l’activité qu’il aura : Ma- Loges ; Interdiction pour les membres du Masque ma-
gie, Espionnage (spécial – Il faut avoir été désigné par gicien de chercher à redevenir fertile, ou d’enfanter ;
l’Empereur), Baladin, Exécuteur ou Régulateur. Interdiction de révéler le nom réel d’un membre du
Masque. Seul le surnom est autorisé. Un membre du
- Les Mages sont des masques ayant l’affinité. Ils Masque n’a pas non plus à révéler son ancienne iden-
peuvent être affectés à la formation d’autres mages tité ; Interdiction de faire du feu (magique ou non) dans
(mentors) ou bien le reste du temps être affectés un lieu public (obligation générale commune à tous les
à des missions périlleuses. Les Mages ne sont pas atlantes) ; Interdiction de se battre en duel (obligation
très nombreux (environ 1 500). Les Lecteurs, qui générale commune à tous les atlantes)
sont tous des arlequins, font partie de ce quota.
En plus des Loges, certains membres du Masque sont
- Les Espions n’appartiennent en fait au Masque affectés à des missions de contrôle. Généralement, il
que par Edit Impérial et n’obéissent qu’a lui. Les s’agit d’Arlequins, chargés de veiller à la bonne organi-
Arlequins peuvent toutefois faire des réclamations sation des loges. Mais on trouve aussi l’ordre des Lec-
au Conseil de la Compagnie. Les espions ne sont teurs, au sein des Arlequins mages, séparé du reste du
qu’une poignée (1 000).` Masque, qui lui est charge de la formation des jeunes
mages…Certains masques sont des exécuteurs indé-
- Les baladins sont chargés des activités dis- pendants, enquêtant sur des éventuelles malversations
trayantes et théâtrales, fonction originelle du Mas- au sein du Masque. Enfin, il existe des loges non-géo-
que. Ils sont environ 6 000 et peuvent bouger de graphiques, chargées de surveiller certains trafics ou
loge en loge (ils se placent sous l’autorité de l’Ar- certains types de délits (par exemple la loge Res Publi-
lequin en charge de la zone ou ils sont). ca qui traque les complots politiques portant atteinte à
la sûreté de l’Etat).
- Les régulateurs sont environ 4 000 et sont

275
En règle générale, le Conseil du Masque essaie de com- de potions médicinales. Les traqueurs sont également
porter au moins un mage, un exécuteur, un lecteur, un spécialisés dans la capture des pinnasaurus, des pré-
régulateur, un baladin pour que toutes les sensibilités dateurs, des tricératops et autres créatures reptilien-
de la Compagnie soient respectées. nes gigantesques qui pullulent dans le Nord d’Atlante.
Enfin, les Traqueurs récoltent aussi le pollen doré. Ce
Officiellement, les 7 dignitaires et les Arlequins ne pollen doré est le suc produit par l’anarchie Végétale
peuvent être condamnées que par la Chambre des 444. (voir plus loin). Quant on connaît la rapidité de cette
En réalité, il est apparu durant le règne de Karabrugus dernière, on comprend les risques que prennent les
III une immixtion de l’autorité impériale dans l’orga- traqueurs.
nisation du Masque. La mise au pas s’est notamment
traduite par l’arrestation puis la mort de la plupart des L’adhésion à la guilde marche par session (Période
Maëstros. La Compagnie a été restaurée après la mort Haute, sèche, etc...) et la rémunération s’effectue après
du sanguinaire. division des gains généraux par le nombre de traqueurs
présents lors de la mission. Les Traqueurs ont un cos-
L’Empereur Maliakus Ier puise au sein de la compa- tume noir et généralement des armes lourdes et tran-
gnie ses conseillers les plus proches et notamment sa chantes.
garde personnelle.
Ordre des Oiseleurs
Guilde des Chasseurs
L’Ordre des Oiseleurs est spécialisé dans le dressage
La Guilde des Chasseurs a été fondée en 139. Avec la des animaux préférés des Atlantes : les oiseaux exoti-
Guilde des traqueurs, cette guilde a le monopole de la ques. En effet, on trouve sur le continent toutes sortes
chasse en dehors des cités Atlantes, au moment de la d’oiseaux sauvages qui périssent lors de la montée des
Période Haute. Elle a son siège à Mont-César et compte eaux. Les Atlantes ont très tôt (An 63) pris l’habitude
environ 5 000 membres, la plupart étant humains. La de capturer certaines espèces et de les élever en capti-
Guilde des Chasseurs fournit nourriture et logis pour vité. Certaines de ces espèces ont aujourd’hui complè-
ses membres durant la période sèche mais en échange tement disparu à l’état sauvage.
confisque toutes les prises pour les vendre en Période
Haute. Les contrats sont de 5 ans et effectués sous la Les oiseleurs travaillent au cas par cas. L’Atlante qui
protection militaire du Heaume. désire acquérir un oiseau leur confie une mission spé-
cifique. L’oiseau peut être dressé pour le combat mais
La Guilde des Chasseurs exerce son activité sur le ter- plus généralement les oiseleurs forment des oiseaux de
ritoire des wolfynx, contre lesquels elle a eu de violents distraction ou d’apparat.
affrontements par le passé.
Les oiseaux de guerre sont répartis en 4 races : aigle
Les Chasseurs sont reconnaissables a la couleur de de Saranzara (noir et blanc, 2 m d’envergure), aigle-
leur uniforme, marron foncé. Ils affectionnent l’usage César (noir, plus petit), faucon royal, buse impériale.
du faucon de guerre et leurs proies sont généralement Les oiseaux de guerre sont généralement «vendus » à
animales (lions ailés, sangliers, oiseaux exotiques…). certains membres du Masque et plus généralement aux
traqueurs, aux chasseurs et au Heaume.
Guilde des Traqueurs
Les oiseaux de distraction sont des perruches, des
La Guilde des Traqueurs compte environ 4 000 mem- perroquets ou des canaris. Certains sont dressés pour
bres et a son siège à Saranzara. Bon nombre de ses parler, pour chanter ou pour effectuer des acrobaties
membres sont des elfes islandiens mais elle rassemble aériennes.
également quelques gnomes charges du rabattage.
Les oiseaux d’apparat sont le phénix (gigantesque
La Guilde des Traqueurs, fondée en 903, est chargée de oiseau doré), le toucan atlante (noir de jais) et le pe-
la chasse dite «particulière ». En effet, le Nord d’Atlante tit paon (arc-en-ciel). Ces oiseaux sont utilisés par les
est peuplé de créatures très dangereuses, les wolfynx Atlantes pour embellir leurs riches costumes. Ils pren-
n’étant qu’une espèce parmi d’autres. Les Traqueurs nent place sur des petits perchoirs fixés aux épaules et
sont chargés de la capture et de la mise à mort des wol- parfois sont mêlés avec des chapeaux à plumes. L’Or-
fynx pour leur chair, qu’ils revendent ensuite sur les dre des oiseleurs est présent dans tout Atlante.
marchés Atlantes sous un nom différent et à un prix
très bas. Les cornes ou les défenses des wolfynx sont
également réputés pour rentrer dans la composition

276
Compagnie des Cornes de Brume survient via l’Orgamon. Leur nombre a dixtuplé lors
de la construction de la nouvelle Saranzara.
Compagnie prestigieuse fondée en l’an 0 mais qui avait
son origine bien avant l’Empire. La Compagnie des Ordre des Dresseurs
Cornes de Brume est chargée de prévenir les Atlan-
tes de la montée des eaux lorsque la période haute va Les Dresseurs, habillés de noir et de rouge, sont offi-
débuter. Durant toute la période sèche, les Corneurs ciellement responsables de la domestication des wol-
prennent place sur les murons, où des tours spéciales fynx pour en faire de bons esclaves. Ils travaillent en
sont emménagées pour l’exercice de leurs devoirs. Ils étroite collaboration avec le Heaume, et ont l’exclusi-
se relaient tous les jours pour observer les 2 « yeux » vité du «dressage » des indigènes capturés. L’ordre des
et voir s’ils bougent. Ceci nécessite une attention de Dresseurs a été fondé en 1110.
tous les instants et surtout une grande habileté d’ob-
servation : l’erreur n’est pas permise (sonner dans la Quant on connaît la sauvagerie des wolfynx, on com-
corne trop tôt revient a perdre pour l’Empire certaines prend mieux la brutalité des dresseurs. Ces derniers
récoltes pour rien et les abandonner aux bêtes sauva- maîtrisent leurs proies en leur mettant un collier re-
ges, sonner trop tard peut provoquer la mort de tous les lie magiquement a eux. Ce collier peut varier dans sa
pionniers). On le comprendra, le poids qui pèse sur les largeur et ainsi faire pression a volonté sur le cou du
Corneurs est énorme. Leur nombre est peu élevé (envi- wolfynx – pouvant même aller jusqu’à la strangulation.
ron 700) mais les avantages lies a la charge sont grands En cas de mort du dresseur, le collier exécute immédia-
(les Corneurs sont qualifiés de «très Honorables »). Un tement l’esclave…
corneur qui faillit à sa tache est exécuté dans l’heure et
tous en sont conscients. Les dresseurs commandent ces colliers et en usent pour
briser toute volonté du futur esclave. L’entraînement
Durant la période Haute, les corneurs attendent de peut durer de 1 an à 2 ans. Si le wolfynx résiste, c’est
pouvoir annoncer la baisse des eaux (dans ce cas, la sans état âme que le dresseur l’exécute. La longueur de
charge est moins épuisante). l’entraînement explique le prix très élevé d’un esclave.
Apres avoir été «rompu », l’esclave apprend quelques
Toute l’année, les Corneurs sont préposés à la sur- spécialités : cuisine, travaux ménagers...Généralement,
veillance des wolfynx. Les corneurs voyagent donc gé- les wolfynx sont achetés pour leur force et servent de
néralement par 2, l’un ayant l’œil braque vers les cyclo- garde du corps.
nes, l’autre vers les jungles et les montagnes.
Tous les wolfynx formés sont la propriété formelle du
La devise des corneurs est «vous vivez, nous veillons ». Heaume (qui en échange héberge l’ordre des Dres-
Leur costume est bleu strié de doré. Ils ont des papiers seurs, le protège et lui fournit tout ce dont il a besoin).
impériaux leur permettant d’évoluer comme ils le dési- L’esclave est généralement donné par le Heaume aux
rent sur les murons. notables Atlantes, avec le collier nécessaire pour le
maîtriser. Si le nouveau maître avait l’idée folle de le
Compagnie des Tectants libérer, il lui faudrait encore demander l’accord du
Heaume, qui seul sait enlever le collier de protection
Compagnie de renom (à l’égal de la précédente) fondé magique (avec les mages du Masque…). Les enfants
en –610, après la fondation d’Atlantapolis et la fuite des des esclaves wolfynx sont en revanche possédés par les
nains. Les Tectants ont tout pouvoir pour voyager entre propriétaires des ascendants, à condition qu’ils soient
les cités. Ils sont reconnaissables à leur toge blanche et très tôt domestiqués par les dresseurs.
on leur affecte généralement un mage de second ordre
(voire de premier ordre) et quelques soldats du Heau- Guilde des Mielleux
me lors de leurs déplacements. Ils sont chargés de la
réparation des murons et des murs des cités. En effet Les Mielleux sont chargés de la récolte dangereuse du
les édifices Atlantes sont victimes des éléments natu- miel sur les parois des murons. En effet, des abeilles
rels : érosion par la marée, dommages causés par les géantes ont été élevées par les Atlantes très tôt, à par-
yguarnodons qui se fracassent le crâne sur les murons, tir d’espèces sauvages montagnardes, et installées sur
enlisement des cités /des égouts,... Atlante est aussi la les parois externes des murons. Les abeilles butinent
victime des attaques wolfynx – meurtrières et destruc- pendant la période sèche et le miel (la gelée royale) est
tives – et, pour Saranzara, des dommages causés par récolté au début de la période haute. Les mielleux ont
l’Anarchie Végétale (voir plus loin). une activité difficile qui demande beaucoup d’acrobatie
et surtout une grande dose de courage. En effet, ils ont
Les Tectants sont environ 3 000 et leur recrutement à s’introduire dans les gigantesques ruches et prélever

277
à la main la gelée, protégés uniquement par quelques d’inscription est très élevé. La Guilde comprend une
plaques de métal. activité d’enseignement des techniques. De nombreux
maîtres de Jeu y enseignent.
Les ruches servent aussi de protection contre les atta-
ques externes. Une ruche peut en effet contenir plus Les Atlantes qui veulent avoir une promotion (par
de 8 000 abeilles géantes (une abeille a la taille d’un exemple, soldats du Heaume désirant devenir Officier)
oiseau) et leur poison est mortel (Il est appelé «nectar ou bien entrer dans l’administration Impériale, choi-
Mortel »). sissent généralement d’intégrer cette guilde pour se
D’aucuns affirment que la Compagnie, fondée en 255 préparer à la compétition.
est bien plus intéressée dans la récolte du poison que
du miel, et que le Masque est son principal client... En La Guilde a un grand pouvoir car son prix très cher
réalité, les Mielleux – reconnaissables à leur sombre et fait de ses anciens élèves, haut-placés, des débiteurs vis
sobre habit noir – ont l’autorisation impériale de préle- a vis d’elle pour un temps très long. Par ailleurs, elle
ver les deux et tirent profit des deux nectars... a des alliés dans les plus hautes sphères du pouvoir.
Enfin, le rôle de la Guilde est très intéressant car il per-
Guilde des Mantes Rouges met de connaître à l’avance les potentialités des futurs
participants au tournoi (qui pour une grande majorité
Guilde plus récente fondée en 1320. Les Mantes rou- s’entraînent au sein de la Guilde).
ges portent d’ample robe de velours à capuchon, d’une
couleur bordeau. Les Mantes Rouges, malgré leur ré-
cente création, sont présentes partout sur Atlante et ne La Taupe
comportent que des femmes.
Organisation secrète fondée en 1470 par un individu se
Les Mantes Rouges bénéficient d’une grande crédibi- faisant appeler le Condor. Ses exploits révolutionnaires
lité. Lorsqu’un conflit privé surgit entre deux Atlantes, contre l’ordre établi (aidé en cela par son Lieutenant,
il est possible pour l’une des parties de demander l’ar- que l’on surnomme le « Chien-Levant ») ont fait de lui
bitrage de la Guilde. L’autre partie doit généralement un personnage a la fois héroïque, légendaire... et sub-
accepter, parce que refuser apparaîtrait comme un versif. Le Condor et le Chien-Levant ont finalement
manque de confiance en soi. Les Mantes rouges sont été exécutés par l’Empire en 1599. La Taupe n’y a pas
réputées impartiales. Elles arbitrent les conflits a trois, survécu.
deux étant choisies par les deux parties (une chacune)
et la troisième étant choisie par les 2 autres. Le service La critique du système Atlante était la principale moti-
est payant mais en même temps, peut être au final bien vation idéologique de la Taupe. Ses principaux points
moins coûteux qu’un duel perdu ou le recours à un étaitent :
lecteur... - le Mythe de la Décadence. Pour la Taupe, la ci-
vilisation Atlante courait à sa perte et n’était plus
Guilde des Scrutateurs que le reflet de l’Age d’or des premiers colons. La
Taupe critiquait la centralisation excessive, la bu-
Fondée en l’an 3, la Guilde regroupe les météorologues reaucratie Impériale, le caractère secret et antidé-
d’Atlante. Les scrutateurs occupent généralement le mocratique du Masque (que la Taupe soupçonnait
bâtiment le plus élevé des cités Atlantes, souvent même de manipuler Atlante pour ses propres interêts),
au-dessus de celui du Heaume, pour prévoir les terri- le mercantilisme Atlante qui avait remplacé l’hon-
bles tempêtes tropicales. Ils travaillent en étroite colla- neur des premiers temps...
boration avec les corneurs de brume. - La peur de la tyrannie. La Taupe craignait
l’instauration d’un Tyran, servi ou asservi par un
Les scrutateurs ont une activité très importante à la fin Heaume qui aurait eu tout pouvoir sur les Atlantes.
des saisons (prévision des bourrasques tropicales) mais Elle condamnait aussi les mystérieux Lecteurs et
le reste du temps, se contentent de prévoir le temps le traitement subi par les mages.
qu’il fera. Leurs jugements sont rendus publics sur les
places des cités et servent à orienter l’activité agricole La Taupe fonctionnait sur un mode terroriste. Un de
ses plus grands coups d’éclat, outre l’explosion de cer-
Guilde des Joueurs (l’Orgamon) taines casernes, avait été l’assassinat d’un Strategos
puis de l’Empereur Karabrugus le Superbe en 1560.
Unique guilde préparant au tournoi de l’Orgamon qui Après la disparition du mouvement clandestin, il est
a lieu tous les 10 ans. La Guilde a été fondée en l’an arrivé que certains politiciens se revendiquent plus ou
108. Y entrer est relativement difficile, puisque le prix moins ouvertement de ses idées.

278
générale que l’Empereur communique avec les esprits
L’AA de ses prédécesseurs, une fois couronné et qu’ainsi
s’expliquent les Anciens. Telle est la légende officielle.
Organisation secrète fondée au début des années 1650
à l’intérieur même du Masque. Elle recrutait essentiel- En réalité, la situation est beaucoup plus prosaïque. Les
lement des masqués en rupture de banc, ville par ville, Anciens ont longtemps été les véritables gouvernants
suivant un schéma extrêmement cloisonné. Chaque du monde d’Atlante car ils avaient pour eux la durée.
membre portait un surnom lié à une pièce de l’Orga- Ils étaient la mémoire et l’âme de l’Empire.
mon et seul 1 personne/cité connaissait les contacts de En -510, lorsque la flotte originaire de Terra Negra
l’AA dans les autres cités. s’échoua sur Atlante, elle était en fait dirigée par un
duo de notables un peu particulier, tous deux amiraux
Les buts recherchés par l’AA était le renversement du et tous deux vampires majeurs. Ils fuyaient la persé-
système impérial et la mise en place d’une dynastie de cution qui sévissait contre leur espèce à cette époque
mages. De nombreux jeunes enfants mages avaient ain- sur le continent et comprirent assez rapidement que
si été secrètement kidnappés et patiemment élevés en les perspectives de survie sur un espace aussi peu peu-
prévision du putsh. plé pour un vampire étaient minimes. Aussi, les deux
Vampires régulèrent leur appétit de façon à «consom-
L’AA fut démantelée progressivement après l’écrase- mer » le moins possible et surtout évitèrent de créer
ment de la branche de Mont-César puis de Grisance de nouveaux vampires. Ils se nourrirent notamment de
par le Masque lui-même. Les derniers rescapés tentè- wolfynx capturés.
rent de renverser Karabrugus III mais ils ne firent que
servir les plans du Sanguinaire qui utilisa leurs têtes Avec le développement de la civilisation Atlante, les
pour justifier une mise au pas de la Compagnie toute deux Vampires majeurs prospérèrent et menèrent de
entière. Néanmoins, Maliakus, fils de 2 conjurés de l’AA brillantes affaires commerciales qui leur assurèrent
parvint in fine à renverser l’Empereur. une vie confortable. En 75, Hama – c’était le nom d’un
des deux vampires – gagna le premier concours de
Guilde Impériale des Marchands l’Orgamon et devint Empereur. Il assassina rapidement
son collègue et décida de faire d’Atlante un garde-gi-
Guilde fondée en 247 qui regroupe une large partie bier personnel qu’il ne partagerait qu’avec ses suivants,
des marchands Atlante et qui assure pour le compte de choisis avec soin. Il perdit volontairement le tournoi de
l’Empereur le transport des nourritures entre les cités. l’Orgamon en 87 et organisa sa mort « civile ».
La Guilde des marchands n’a pas de siège central : c’est
une organisation, une fédération aux liens lâches entre Jusqu’à l’arrivée de Karabrugus III, Hama influença
marchands disposés à assurer les trajets. dans l’ombre toutes les décisions. Certains des grands
Empereurs, tels Kantama, Anxis, Karaka, Braxilien ou
Guilde des convoyeurs bien Haximilien, ont été transformés en vampires - cer-
tains pendant leur règne car ils refusaient d’obéir aux
Guilde associée à a précédente qui fournit les escortes Anciens.
sur les murons pour les marchandises. Le danger ne
vient tant pas des voleurs (peu nombreux sur les mu- Les Anciens disposaient d’un petit temple a l’inté-
rons) mais des accidents qui peuvent survenir (cassure rieur de l’édifice Impérial d’Atlantapolis, construit par
d’une roue de chariot) ou bien des attaques de wolfynx. Xenon et agrandi sous les Empereurs successifs. Les
Les convoyeurs assurent également le pénible travail Empereurs s’attardaient parfois dans ce bâtiment isolé
de traction des charrettes (puisqu’aucun bœuf ou che- pour recevoir l’avis ou les ordres des Anciens (officiel-
val n’existe sur Atlante). lement, on affirmait que c’est un temple de méditation
où les corps des anciens Empereurs sont conservés).
Les Anciens
Les Anciens disposaient également d’agents non-
Sur son lit de mort, l’Empereur Numa (règne : 234 vampires ou vampires qui leur fournissaient des re-
a 246) affirma qu’il avait été empoisonné par un rival lais d’action efficaces au sein de la société. Ainsi, l’un
pour l’empêcher de gagner une quatrième fois l’Orga- des 6 Maëstros - Yvan l’Anguleux, maître des loges de
mon et que les Anciens l’avaient abandonné... Grisance – fut longtemps l’œil des Anciens au sein du
Masque avant d’être massacré par Karabrugus III . On
Qui sont les Anciens ? Un mythe lancé par Numa mais raconte que la Taupe avait été créée par un Ancien sou-
que de nombreux hauts-dignitaires de l’Empire ont par cieux de détruire le pouvoir de Hama. Son identité était
la suite colporté. Les Atlantes sont persuadés en règle inconnue, mais Hama était inquiet de cette organisa-

279
tion qui montait et il rechercha activement lequel de
ses servants était derrière le Condor. Une autre théorie
voudrait que son ancien ami Tanyo, qu’Hama a assassi-
né des siècles de ceci, n’était pas mort et qu’il était der-
rière ce complot visant à déstabiliser l’Empire patiem-
ment construit...La vérité était un mélange des deux : le
vampire Tanyo avait effectivement décidé d’aider le mage
Tobogobun à ouvrir un portail sur Atlante et conseillé
certains membres de la Taupe pervertis par les Enfers
en ce sens. Après la chute de Tobogobun, Tanyo s’est
volatilisé.
Karabrugus III a impitoyablemement pourchassé les
Anciens qui ont tous fui l’Empire. Sous Maliakus Ier,
ils ne sont évidemment pas retournés.

280
Fragments de Weröl
Réunion hebdomadaire de la loge Artifex (Uranion)
Le huitième jour de la période sèche de l’année 1780, la loge débute ses travaux à 9.00 précises. Sont présents : Bec-
de-corbeau (Arlequin), le Doré (responsable de la section des Exécuteurs), Grimace (responsable de la section des Ba-
ladins), L’Astronome (responsable de la section des Régulateurs), Jasper le Sage (responsable de la section des Mages),
Oeil-Blanc (mage, greffier de séance) et le Taiseux (exécuteur, en charge de la protection de la réunion).

Bec-de-corbeau édicte les différents points de l’ordre du jour : 1/ venue de l’Empereur à Uranion 2/ recrudescence des
vols à l’étalage dans le quartier de l’Université 3/ Masqués baladins arrivés depuis la semaine dernière sur le territoire
de la Loge 4/ Maladie frappant les mages 5/ Exécution de l’Haricot 6/ points divers

I. Venue de l’Empereur à Uranion

Bec-de-corbeau précise qu’une réunion s’est tenue avec l’Ombre et les cinquante Arlequins maîtres de loge. La venue
est programmée pour dans 3 mois, dès que la Période sèche se terminera. L’Empereur vient pour pour assister à la
grande finale d’Orgamon qui est organisée chaque année par la dernière promotion de bureaucrates impériaux.

La mobilisation des 2 600 membres du Masque de la cité sera évidemment nécessaire. L’Ombre a prévenu que les 350
exécuteurs de la cité ne sauraient suffire à garantir l’ordre en cas d’échauffement collectif et des supplétifs ont été de-
mandés aux autres cités.

Le Doré interroge Bec-de-corbeau sur une date aussi éloignée. Bec-de-corbeau indique qu’il s’agit de faire en sorte
qu’il n’y ait pas d’attaques de krugars pendant la visite impériale. Une réunion spécifique aux responsables des exécu-
teurs aura lieu dans un mois pour évoquer les détails relatifs à la sécurité.

II. Recrudescence des vols à l’étalage dans le quartier de l’Université

L’Astronome prend la parole pour rappeler que depuis 3 mois, une bande de malfrats opère sans autorisation légale
dans les petits commerces qui bordent l’Université. Plusieurs régulateurs des loges concernées (Artifex, Opalia et
dans une moindre mesure la Loge Venom) ont enquêté et ont localisé leur cible : il s’agit de jeunes gens, inconnus des
services du Masque. L’un est cependant le fils du Tectant Van Cargurh. L’Astronome souhaiterait d’abord procéder de
manière pédagogique : en tant que tectant, le père doit être souvent escorté par des mages, et il y a des chances pour
que ce soir un Mage du premier ordre. Peut-être pourrait-on passer par lui pour obtenir plus d’informations sur les
relations père/fils ?

Jasper indique qu’à sa connaissance ce n’est pas un de ses mages qui gèrent Van Cargurh, vu qu’il habite dans le quar-
tier neuf. Bec-de-corbeau indique qu’il va en parler à l’Arlequin de la loge Supremius Magna. De toutes manières, il
faudra cueillir ce beau monde et les mettre à l’amende : un service ?

III. Baladins arrivés sur le territoire de la Loge

Grimace indique que deux masqués itinérants ont pris leur quartier à l’Auberge de la Lune-qui-sourit. Il s’agit de Ma-
jivelle et Vultazar. Le premier vient de Grisance et le second d’Atlantapolis.

Bec-de-corbeau indique qu’il y a un troisième nom qui circule, un certain Carambouille, mais qu’il s’agit d’un espion
impérial et qu’il ne faut pas s’en occuper. Grimace fera passer le message dans sa section, histoire de ne pas le griller.

IV. Maladie frappant les mages

Jasper souligne que trois nouveaux cas de «peste de Shimrod» ont été signalés dans les rangs des mages du Masque,
ce qui porte à 8 le nombre d’infectés depuis le début de la Période Sèche. Pour ce qui concerne sa section, 1 mage est
contaminé sur les 6 disponibles. Il faudrait peut-être que le Maëstro fasse quelque chose.

Bec-de-corbeau indique que pour le moment, il faut interdire aux mages de lancer des sortilèges sur ceux qui sont sus-
pectés d’être des mages, même de second ordre, car c’est par là que se crée l’infection.

Jasper souligne que d’après lui, un mage de second ordre sur trois est atteint de la peste de Shimrod mais qu’il n’est pas
toujours facile de réfréner ses mages lorsqu’ils interviennent en appui des régulateurs ou des exécuteurs.

Bec-de-corbeau propose qu’une réunion soit organisée avec le directeur de l’Ecole de Sorcellerie qui se trouve sur le
territoire de la loge, afin de voir si on ne pourrait pas détecter préventivement les malades.

281
L’Astronome prend alors la parole pour souligner à quel point l’Empereur prend un risque extraordinaire en venant
dans ces conditions à Uranion : il suffirait qu’un mage de second ordre infecté incante le moindre sortilège sur son
Altesse impériale pour que celle-ci soit atteinte.
Bec-de-corbeau précise qu’Uranion n’est pas un cas isolé : la situation est même pire à Atlantapolis ou Grisance. Il
faudrait cependant voir avec l’Ombre comment efficacement répondre à cette menace terroriste. Jasper suggère que
l’Ombre provoque une réunion de tous les responsables de section de magie sous dix jours, avec les Arlequins.

Bec-de-corbeau dit qu’il va y réfléchir.

V. Exécution de l’Haricot

Le Doré demande si l’Haricot doit être exécuté ou non.

Jasper indique que le bonhomme semble avoir complètement disparu. D’après une petite enquête auprès des dif-
férents mages, il aurait été particulièrement effrayé par la propagation de la peste de Shimrod et aurait parlé de re-
joindre Terra Mater. Dans ces conditions, il y a lieu à penser qu’il y a eu désertion : il aurait dû revenir d’Atlantapolis
depuis au moins 10 jours. Jasper a obtenu par courrier des précisions de la Loge Reina et l’Haricot a bel-et-bien porté
le message voulu, puis il s’est volatilisé.

Le Doré demande si le mage est puissant. D’après Jasper, plutôt oui, et il va falloir envoyer au minimum 2 exécuteurs.
Bec-de-corbeau s’insurge contre cette idée : on ne va pas dégarnir les effectifs d’un tiers alors que le territoire de la
Loge Artifex sera dans les mois qui viennent le lieu de prédilection de sa majesté.

Le Doré demande donc s’il faut oui ou non envoyer à ses trousses quelqu’un.

Bec-de-corbeau indique qu’il va écrire à Kilkieran pour que les exécuteurs démarrent de là bas. A priori, il a dû passer
en ville et peut-être même s’y trouve-t-il encore.

Jasper indique que l’Haricot était un mage binaire Chaos/Création, et qu’il est tout à fait capable de disparaître ra-
pidement. Il faut faire attention et conseiller au Maëstro de Kilkieran d’adjoindre aux exécuteurs un ou deux mages
d’expérience. A priori, l’Haricot n’était pas infecté.

Bec-de-corbeau indique que tout ça ne va pas passer inaperçu et que la loge risque de faire l’objet d’une inspec-
tion.

6/ Points divers

Grimace signale qu’un de ses baladins a entendu parler d’un enfant né la semaine dernière, et dont la mère est morte
en couches. Il faudrait peut-être monter un dossier sur la famille et expédier ceci aux Lecteurs. La femme en question
s’appelle Ullia Don Aeturnelle et elle était une Mante rouge. Son père est un traqueur et il ignore encore tout de la
mort de sa femme, étant parti de la cité il y a deux mois.

Bec-de-corbeau demande à Jasper de mettre un de ses mages sur le coup. Le Lecteur ne viendra pas tout de suite,
l’important est de savoir où va aller l’enfant, qui pour l’instant n’a ni mère, ni père présent en ville.

La réunion est levée à 10.15 et l’inscription du compte-rendu est décidée au greffe de la Loge.

282
Annexe rent et les confinèrent dans Grisance puis Uranion.
Atlantapolis, la Cite Impériale en 1730
Atlantapolis prit souvent le parti des métisses – notam-
Historique ment en –195 à –156 – lors de la guerre qui opposa
Saranzara (alors la plus puissante ville du continent) à
Grisance.
En –127, Atlantapolis fut elle-aussi assiégée par les ar-
mées wolfynx. Elle souffrit considérablement de son
isolement et perdit 90% de sa population (environ 35
000 à cette époque), morte de faim ou en défense de
la cité.

Aussi, lorsqu’en 0, la cité de Saranzara proposa d’unir


les cités libres au sein d’une confédération, après que
des murons aient été crées entre les cités pour rom-
La construction de la cité d’Atlantapolis débuta en pre leur isolement, les 3 consuls de la ville acceptèrent
–345, alors que les 2 cités de Saranzara (Islandienne) avec empressement. Les représentants des 4 autres ci-
et Mont-César (Humaine) commencaient à être sur- tés (Saranzara la puissante, Mont-César l’humaine, Gri-
peuplées. L’arrivée de nains sur Atlante décida les deux sance la rebelle métisse et la jeune Uranion, encore peu
précédentes villes à unir leur s savoirs et leurs forces peuplée) se retrouvèrent à Atlantapolis et se décidèrent
pour pouvoir loger ces nouveaux arrivants. Si les nains pour une confédération lâche, avec un Empereur élu
collaborèrent d’abord volontiers à l’entreprise – la cité mais sans réel pouvoir.
leur était promise – il advint toutefois assez rapidement
des abus. Les Atlantes forcèrent les nains par les armes Le siège choisi pour le jeune Empire fut Atlantapolis,
à accélérer la construction d’une gigantesque cité, à la de par sa situation médiane (géographique et politi-
taille bien plus importante que ce qui aurait été néces- que) et aussi grâce à l’alliance anti-Saranzara menée
saire à la population de l’époque. Les nains comprirent par Mont-César et Grisance.
qu’en réalité, les elfes et les humains ne cherchaient
pas à aider le peuple nain mais plutôt l’exploitaient Les premiers Empereurs furent toutefois tous elfes
pour construire une nouvelle cité humano-elfique. En islandiens et régnèrent de 0 à 75. L’Empereur Xénon
effet, l’enceinte herculéenne que les elfes dessinèrent était frère du roi de Saranzara et bénéficia de l’avantage
pouvait au moins abriter 200 000 personnes alors que numérique des elfes islandiens (alors environ 60 000
les rescapés nains étaient tout au plus 8 000. contre 50 000 pour les autres cités réunies dont 35 000
pour Mont-César). Il régna de façon très sage, tentant
Les nains se révoltèrent et refusèrent le rythme intensif de diminuer les conflits raciaux dans la capitale et entre
de travail imposé par les elfes et les humains. Une gar- les cités. Son premier édit fut de limiter la circulation
nison de Mont-César, humaine, envahit le chantier et entre les cités car il était conscient que des cités comme
réduisit en esclavage les nains. Les elfes acquiescèrent. Grisance ou Uranion était bien plus modernes et ac-
L’esclavage des nains dura vingt années durant lesquel- cueillantes que les vieilles cités fondatrices. C’est dans
les la main d’oeuvre naine fut exploitée sans vergogne la même optique qu’il dota Atlantapolis d’un système
pour la construction d’une cité moderne faite pour d’égout moderne. En l’an 20, il géra tout en douceur
durer. Mais en –315, alors que la ville était quasiment l’arrivée de rescapés gnomes en les accueillant pour la
terminée, le millier de nains encore en vie se révolta et plupart à Atlantapolis. A sa mort (en 28), n’ayant aucun
parvint à s’échapper en période sèche. Les elfes et les héritier, ce fut un autre elfe islandien, le vieux Tuléon,
humains avaient toutefois observé suffisamment les ar- qui fut élu.
chitectes nains pour s’instruire de leur méthodes et de
leur savoir et furent à même de terminer l’ouvrage. Au contraire de son prédécesseur, il se rapprocha de
la famille royale de Saranzara dont il faisait partie et
En 30 années de coopération humano-elfique, des liens devint leur servile allié. Toutes les décisions prises à At-
s’étaient tissés entre les deux communautés autrefois lantapolis étaient en fait téléguidées depuis Saranzara.
isolées. Il fut décidé que tout membre d’un des peuples Tuléon réprima le droit des minorités, notamment à At-
pourrait habiter la nouvelle ville. Une vague d’immigra- lantapolis, et son édit de 31 qui donna tous les droits
tion sans précédent dépeupla Saranzara et Mont-Cé- au Heaume (police et juge) servit en réalité à emprison-
sar et la nouvelle population d’Atlantapolis (« la Cité ner bon nombre d’opposants politiques et de leaders
Atlante ») se métissa très rapidement, après quelques de communautés raciales. A sa mort en 75, le prévot
années. La ville se dota d’organismes paritaires pour de Mont-César informa son homologue islandien, le
gérer la ville, notamment de 3 consuls, l’un élu par les roi Fuxon que les humains se refusaient à perpétuer
elfes, l’autre par les humains et le troisième par les mé- un système d’élections impériales qui ne bénéficiaient
tisses. Atlantapolis eut dès le départ une attitude très qu’aux elfes islandiens. Une conférence se réunit à
tolérante vis à vis des métisses, contrairement aux deux nouveau à Atlantapolis et sous l’impulsion des gnomes
« vieilles » cités islandienne et humaine qui les chassè- se termina par la signature de la Charte Fondamentale,
après un an de disputes. L’Orgamon fut choisi comme

283
système de sélection pour le trône, la Compagnie du Il prit aussi un édit concernant l’incorporation des ma-
Masque fut formée et la Chambre des 444 réformée en ges (Il était lui-même un mage à ce que les historiens
profondeur. racontent) dans le Masque. Avec sa mort se termina la
IIIème Dynastie des Praxides.
Le premier tournoi de l’Orgamon fut gagné par un
homme du nom de Hama qui régna de 75 à 87. L’Em- En 840 c’est de nouveau un gnome qui gagna le
pereur Hama fut un souverain discret mais efficace concours de l’Orgamon. Il prit le nom de Hankara et
qui assassina tous ceux qui s’opposaient à son pouvoir régna jusqu’en 858, date à laquelle il perdit contre un
grandissant. La fonction Impériale prit sous son règne autre gnome du nom de Karaka. Ce dernier, plus ha-
une influence déterminante et l’autonomie des autres bile, se maintint sur le trône jusqu’en 966 pour perdre
cités se réduisit. La population d’Atlantapolis quintu- contre un troisième gnome qui monta sur le trône sous
pla pour dépasser celle de l’orgueilleuse Saranzara (70 le nom de Hankara II. Ce dernier perdit le tournoi en
000 contre 60 000). Une bureaucratie d’élite fut instau- 1035 et l’histoire retint le nom de Dynastie des Karas-
rée dans les cités et assura le lien qui manquait entre ses pour couvrir les années de règne des 3 Empereurs
la capitale et les autres cités. L’armée du Heaume d’At- gnomes.
lantapolis devint la plus puissante de l’Empire et dis-
suada les rois de Saranzara de se rebeller. En 87, Hama En 1035 débuta la Vème Dynastie des Braxiliens. Les
perdit incompréhensiblement le tournoi de l’Orgamon 4 Empereurs qui se succédèrent furent tous métisses,
et c’est un gnome, Hama II, qui monta sur le trône. reflétant ainsi l’évolution de la population Atlante.
Son charisme fut grand et il guerroya contre les tribus Braxilien, Némoxilien, Haximilien et Saraxilien moder-
wolfynx jusqu’à manquer de les exterminer. Il ne perdit nisèrent les constructions Atlantes et popularisèrent
jamais le tournoi jusqu’à sa mort, en 234, à l’âge véné- les naumachies dans les arènes. Friands de combats de
rable de 266 ans. gladiateurs, ils furent de grands bâtisseurs.

Le cinquième Empereur continua la tradition des –ma, C’est un métisse qui gagna le tournoi à la mort de Sa-
en honneur de ses prédécesseurs et parce qu’il était raxilien en 1440 mais il refusa de poursuivre la Vème
humain également. Numa régna de 234 à 246 et gagna Dynastie par orgueil et choisit le nom de Barbrugus I.
trois fois l’Orgamon avant de mourir subitement, soit- Il perdit 6 années après (le règne le plus court de l’his-
disant empoisonné. Il fut à l’origine de la légende des toire Atlante) contre un homme qui prit le nom de Bar-
« Anciens ». Numa I se distingua par son Edit relatif brugus II et qui mourut dans une embuscade wolfynx
au Masque (qui confia à la compagnie la régulation du en 1459. C’est un métisse qui regagna le concours l’an-
crime) et par un Edit donnant aux citoyens le droit de née d’après en 1460 après avoir été strategos pendant
porter les armes. Il se montra obsédé par la sécurité et 6 ans. Il prit le nom de Karabrugus. Mégalomane, Ka-
rénova les garnisons du Heaume, les murons et le siège rabrugus débaptisa bon nombre de places à son nom
du Heaume. En 246 et jusqu ‘en 297 régna Numa II, dans les villes Atlantes et décida la construction d’une
un humain qui améliora l’hygiène dans les villes. Il fut 7ème cité en l’an 1500…une cité du nom poétique de
battu à l’Orgamon par son rival de toujours et Strate- Karabrupolis ! Cette 7ème cité ne vit pas le jour, le pro-
gos, Van Grieh, premier métisse à monter sur le trône jet étant annulé après la mort de Karabrugus (assassiné
en 297 sous le nom de Gruma. Gruma tenta de déve- par la Taupe en 1560), mais les plans furent réutilisés
lopper les croisements interraciaux mais fut battu par pour Kilkieran.
son prédecesseur, Numa II en 303. Numa II mourut en
309 et Gruma remonta sur le trône jusqu’en 315 où il C’est un autre métisse, Marabrugus dit le Fou, qui lui
fut battu par Kantama. Cet Empereur humain éclairé succéda et qui fut l’Empereur de la défaite, entraînant
prit le célèbre édit qui porte son nom relatif à l’incor- Atlante pour la première fois dans un conflit extérieur
poration des espions dans le Masque. Il régna jusqu’en lors de la guerre du Portail. Dément, allié à des dé-
354, date à laquelle il fut assassiné. Ainsi finit la IIème mons, Marabrugus délaissa la cité d’Atlantapolis et fut
Dynastie des Hamanides (la première étant celle des le seul Empereur à ne pas organiser de jeux. Il fut le
Xénides). seul Empereur destitué par la Chambre en 1600, après
que la moitié des armées atlantes ait péri. Celui qui lui
C’est un elfe islandien qui gagna le concours d’Orga- succéda, Barbrugus, était un métisse qui inaugura les
mon. Il monta sur le trône sous le nom de Praxis, nom règnes de 10 ans.
résolument en rupture avec celui de ses prédecesseurs.
Praxis ne fut pas un grand Empereur. Faible de santé Gagnant par deux fois le grand tournoi, il ordonna avec
et paranoïaque, il parvint à gagner le concours 20 fois l’accord de la Chambre la construction de Kilkieran
de suite jusqu’en 474, date à laquelle une pneumonie (1605) en puisant dans les archives de Karabrugus Ier
l’emporta. C’est un autre elfe islandien du nom d’An- et sut nouer des liens diplomatiques très profitables
xis qui lui succéda et qui régna jusqu’en 840. Il resta avec le reste du monde. Il dut néanmoins prendre un
dans les annales d’Atlante comme le meilleur joueur édit en 1620 pour stopper l’émigration massive des at-
jamais vu d’Orgamon et remporta 61 fois le tournoi ! lantes vers la nouvelle cité.
Anxis lança et termina la construction de la VIème cité
(Port-Graal) et rénova la cité d’Atlante, la perçant de En 1630, lui succéda Karabrugus II le Grand qui fut
nombreuses artères, dont l’une d’elles garda son nom. confronté le premier à la seconde guerre des pénitents

284
et au blocus du lac majeur. Karabrugus fit construire de
nombreux établissements publics à Atlantapolis, lança
le premier grand recensement depuis Karabrugus Ier,
et sut se montrer extrêmement ferme avec la puissance
régionale montante, Kalkabat.

Son successeur, Marabrugus II le Sage, poussa cette


politique en refusant obstinément de prendre part à
la seconde guerre des pénitents. Son règne fut notam-
ment marqué par les premières attaques mortelles des
wolfynx qui s’en prirent avec succès aux armées du
Heaume. Il finit par perdre le grand tournoi face à son
ancien strategos, Jakax Al Grikilh, qui prit le nom de
Karabrugus III.

Va-t-en-guerre, belliciste, entouré de militaires peu


scrupuleux et de prêtres néantiques, Karabrugus III
eut, un an après le début de son règne, la lourde tâche
de gérer « l’envol » de la cité de Saranzara et le massa-
cre par les wolfynx de quasiment l’ensemble de la po-
pulation. Critiqué par ses détracteurs de manière très
violente, Karabrugus III commença un règne difficile
en réunissant la Chambre pour ordonner la recons-
truction de Saranzara. Paralysée par des courants de
pensée très opposés, éclaboussée par des opérations de
trucage électoral, amputée de 80 de ses charges parties
avec la cité elfe, la Chambre ne parvint à prendre aucu-
ne décision, sinon que de suspendre puis de rétablir le
droit de police du Masque.

En 1680, Karabrugus III parvint à proclamer la loi mar-


tiale, après avoir imposé le principe d’extermination
des wolfynx bleus. L’Empereur prit ainsi de court une
Chambre finalement décidée à le destituer. Le régime
qui fut mis en place par la suite évolua vers une dic-
tature militaire, de plus en plus totalitaire au fur et à
mesure que le Heaume participait à la guerre des pé-
nitents. En 1684, après les évènements annonçant le
crépuscule des Dieux, Karabrugus III dédia l’Empire à
Titan et de nombreuses purges eurent lieu. En 1685, la
nouvelle Saranzara fut achevée et quatre années plus
tard, une alliance conclue avec l’Empereur Eros d’Her-
nani contre Aquilon (accord des Deux Empereurs).
Karabrugus III épousa la fille d’Eros pour sceller leur
alliance. L’Empire rentra en guerre et Karabrugus III
instaura progressivement un règne de terreur : suspen-
sion des débats publics, censure des universités, purge
du Masque (qui fut rattaché à l’Empereur). En 1705,
Karabrugus fit même truquer le grand tournoi de l’Or-
gamon.

En 1722, alors qu’il avait une nouvelle fois fait truquer


le tournoi l’année précédente, Karabrugus III fut assas-
siné comme son lointain homonyme avant lui, et Ma-
liakus, le chef de la légion spéciale, monta sur le trône.
Mage unique de grande puissance (son père et sa mère
étaient mages, ayant triché avec la loi et la castration
imposée), il institua une dynastie héréditaire.

285
de métisses est expliquée par l’histoire d’Atlantapolis,
Organisation administrative traditionnellement cité de tolérance envers les sang-
mêlés. On peut y trouver 30 000 gnomes, soit pratique-
Atlantapolis est une cité avec un double échelon d’ad- ment 90% de la population gnomique totale d’Atlante,
ministration puisqu’elle est à la fois une cité libre pour les mêmes raisons. Les gnomes atlantes sont des
s’auto-administrant et qu’elle est la capitale de l’Em- hopins. Le troisième groupe racial se trouve être les el-
pire. L’organisation initiale, avec trois consuls, a été fes islandiens, environ 10 000, dont la proportion dans
modifiée à la fondation de l’Empire. La ville est admi- la population totale tend à tomber. Les humains « purs
nistrée par un conseil composé de 9 bourgmestres élus » sont de moins en moins nombreux avec quelques 5
tous les 6 ans. Les 9 membres élisent ensuite parmi eux 000 âmes. Les lutins sont peu nombreux également (à
un murgrave, qui dirige la cité. peine 5 000). Atlantapolis a la plus grosse proportion
d’esclaves de l’Empire avec 6 000 wolfynx.
Le conseil et le murgrave s’appuient sur les trois gar-
nisons du Heaume qui veillent à l’entrée de la ville et
qui se montent à 6 000 hommes (2000 hommes par gar- Géographie de la ville
nison avec 1 commodore à la tête de chaque unité). Ils
peuvent en disposer avec l’accord du Strategos. La capitale de l’Empire Atlante peut être jointe par
trois murons provenant des cités de Saranzara, Grisan-
Les lois municipales qu’ils édictent sont appelées « dé- ce et Uranion qui pénètrent dans la cité pour attein-
crets », à ne pas confondre avec les « édits » impériaux dre son cœur surélevé : la cité impériale. Ces trois
ou les « lois » de la Chambre des 444. Actuellement les 9 axes sont ensuite reliées par des murons intra-ville
bourgmestres sont Don Azantelh (H), régisseur de l’Am- secondaires (pour permettre la traversée de la capitale
phithéâtre d’Haximilien ; Vlad Van Karikant (M), grand sans passer par la Cité impériale, ce qui est interdit), et
maître de la guilde de l’Orgamon ; Krill Al Uthant (H), délimitent six quartiers différents.
tenancier de l’Auberge de la Lyre ; Karl Van Illonoant (M),
maître de la guilde des dresseurs et frère du Strategos Le quartier du Gorgon (numéro 1 sur la carte) se trou-
actuel ; Ron Van Galantrika (E), grand Prêtre d’Elth (re- ve au sud-est de la cité. C’est dans cette poche que les
présenté la plupart du temps par son assistant, Garuch nains ont creusé la terre pour trouver les roches néces-
Don Villa d’Antinea régisseur du Centre médicinal) ; saires à l’édification des murailles. Un gouffre de 45m
Archie Van Antriz (M), tenancier du Relais du Grand de profondeur en moyenne entaille donc ce quartier
Empereur et ami personnel des Empereurs; Gandil Van et la terre enlevée a servie pour la surévélation de la
Antarek (G), marchand propriétaire de l’Hostel des Trois cité impériale sur un talus artificiel (environ 30m de
Empereurs ; Antiolopa Van Ubanter (M), grande prêtresse hauteur, auxquels il faut ajouter 20 mètres de muraille).
de Firloute. Le 9ème membre est nommé par le Masque. Premier quartier historique de la cité – il fut le premier
Traditionnellement, c’est un mage et Rex le Rouge a oc- construit – c’est là que se trouve le siège du conseil et
cupé cette place. Le murgrave est actuellement Vlad Van le murgrave, à ses franges.
Karikant. Les couleurs de la ville sont le bleu et le jaune,
son symbole étant un dauphin. Avec le temps, ce quartier métis est devenu moins
sûr. Au fond du gouffre ont peu à peu été construites
L’Empereur ne s’occupe pas des affaires de la ville, des habitations quasiment troglodytiques reliées entre
bien qu’il y réside. Il est considéré comme « l’hôte » de elles par de sombres boyaux et des ponts suspendus.
la cité. La Cité Impériale est isolée par une muraille du L’enchevêtrement est tel qu’on s’y perd facilement.
reste de la ville et les citoyens d’Atlantapolis ne peu- Autant dire que le Heaume y fait peu de patrouilles
vent y pénétrer. Un détachement spécial du Heaume et que seul le Masque s’y risque. L’Empereur Haximi-
– des chevaliers Kadosh - est affecté à la protection de lien a tenté de revaloriser le quartier en construisant
la Cité et y réside (environ 2 000 hommes). Ils sont sous au surplomb du gouffre un amphithéâtre (fini en 1234)
l’autorité directe d’un commodore spécial qui reçoit qui porte aujourd’hui son nom. Le cirque est relié à la
ses ordres du Strategos uniquement. mer par des conduits qui lui permettent d’être inondé.
Les Empereurs font souvent donner des représenta-
Le siège du Heaume est également le lieu où réside le tions de combat naval que l’on appelle « naumachies
Strategos. 4 000 hommes dont 1 000 chevaliers Kadosh ». L’amphithéâtre est d’ailleurs propriété de la cité im-
y résident. La garnison totale de la ville est donc de 12 périale et non de la ville d’Atlantapolis. Son régisseur
000 hommes, principalement des métisses. est nommé par l’Empereur lui-même. Actuellement,
il s’agit d’un humain du nom de Don Azantelh, ancien
chevalier Kadosh, récemment élu par la population au
Population conseil. Vitorio Azantelh est très populaire dans Atlan-
tapolis pour la qualité de ses spectacles, toujours du
La population d’Atlantapolis est la seconde en impor- meilleur cru.
tance de l’Empire. En effet, on comptait au dernier re-
censement (1750) 131 000 habitants dont une majorité Le gouffre quant à lui regorge de petites échoppes
de métisses (75 000), un chiffre remarquablement sta- artisanales spécialisées dans le travail des minéraux,
ble (identique au recensement de 1645). Cette présence des métaux et du bois. Des guides proposent leur aide

286
pour errer dans cette gigantesque cavité artificielle. (195 ans) : Hankara le court (840 à 858), Karaka l’Habile
Les auberges n’y sont pas chères. Citons notamment (858 à 966), Hankara II le petit (966 à 1035)
la célèbre « Taverne des 85 » prénommée ainsi car elle Vème Dynastie des Braxiliens (405 ans) : Braxilien le
se trouve à 85 m de profondeur, tout en bas du gouffre. mêlé (1035-1095), Némoxilien l’impuissant (1095-1200),
Son patron est le célèbre Syrcasin Grimau, un homme Haximilien le bâtisseur (1200-1320), Saraxilien le beau
qui se vante d’avoir visité les six cités de l’Empire. La (1320-1440)
spécialité des auberges du gouffre est la mouffette en VIème Dynastie des Brugus (282 ans): Barbrugus I
sauce. La mouffette est un gros rat aveugle que l’on l’Ephémère (1440-1446), Barbrugus II le malheureux
chasse facilement dans les rues du Gorgon. La chair (1146-1464), Karabrugus Ier le Superbe (1464-1560) ;
n’est pas très bonne mais le prix n’est pas très haut. On Marabrugus le Fou (1560-1600), Barbrugus III le renard
peut trouver dans le Gorgon des temples unicosmiques (1600 – 1630), Karabrugus II le Grand ( 1630), Marabru-
de Dieux moins populaires comme celui de Fortunaë, gus II le Sage (1630-1675), Karabrugus III le Sanglant
de Malevolyss, de Kul-Bazur ou bien de Theochrone… (1675-1722)
VIIème Dynastie des Maliakii (héréditaire) : Maliakus
Le quartier des Orgamiques (2) est traditionnelle- Ier (1722-1845), Maliakus II (1845 - ….)
ment et historiquement celui des humains, qui y sont
concentrés. Boomerang collé à la cité impériale c’est au Les tavernes sont dans ce quartier plus petites et moins
contraire du Gorgon animé un quartier calme et pai- nombreuses, et surtout plus calmes. On y trouve no-
sible, principalement résidentiel. L’Empereur gnome tamment l’Auberge de la Lyre tenue par un homme du
Karaka y a planté un parc dans lequel il aimait déam- nom de Krill Al Uthant. Krill est réputé pour son fa-
buler du temps de son règne. Les arbres sont magnifi- meux breuvage « la liqueur des Dieux » qui pourrait as-
ques et ont plus de 300 ans d’âge. Karaka avait créeé un sommer un bœuf dès la première cuillère. Krill est très
corps spécial de rangers municipaux pour l’entretien et réputé et très populaire et fait donc partie du conseil
la préservation de ce parc qui lui a survécu. Ces rangers de la ville. Un petit temple unicosmique du Crabe s’y
sont tous des elfes et portent le nom de tuniques ver- trouve également.
tes. Elles sont aujourd’hui dirigées par un elfe du nom
de Miril Don Mantil, respecté pour ses connaissances Le Quartier des Orcéans (3) est plus petit que les deux
végétales. Miril a été pionnier puis a travaillé pour la précédents et localisé au Nord est de la cité. On y trou-
guilde des traqueurs avant de retourner s’installer à At- ve le siège du Heaume, un bâtiment conique de 35m de
lante. Les citoyens d’Atlantapolis ont le droit d’utiliser haut qui abrite le Strategos, un métisse du nom de Va-
le parc pour leur plaisir personnel sauf le premier jour nil Van Inoanth. C’est là que les décisions d’éradication
de la semaine, qui est réservé à l’Empereur. La chasse y des wolfynx ou bien les mesures de sécurité dans tout
est évidemment interdite. l’Empire sont prises. Une garnison de 4 000 hommes
dont 1 000 chevaliers Kadosh se tient en permanence
Le bâtiment de la guilde de l’Orgamon domine le parc ici, dans des bâtiments jouxtant ceux de la guilde des
de Karaka. C’est dans ce bâtiment gigantesque que dresseurs. Ainsi, en cas de révolte, le Heaume est ca-
s’entraînent des centaines de joueurs chaque jour en pable d’intervenir rapidement et de recapturer les es-
attendant le grand tournoi. C’est également là que se claves. Le maître de la guilde est le frère du strategos
tient le tournoi impérial tous les 10 ans. Le maître de actuel. Son nom est Karl Van Illonoant (Il n’a pas été
la Guilde est réputé comme étant un des meilleurs membre du Heaume). Détail intéréssant : il ne doit pas
joueurs de l’Orgamon de l’Empire mais il n’a jamais sa place à son frère, loin de là, car les deux se haïssent
voulu participer au tournoi. Son nom est Vlad Van Ka- cordialement. Karl fait partie du conseil.
rikant et il est métis. Vlad fait partie du conseil de la
ville et a été élu Murgrave. A retenir l’Auberge des Scrutateurs, juste en bas de leur
tour, réputée pour sa convivialité. Elle est tenue par
Plus à l’ouest du quartier se trouve l’allée des Empe- une femme du nom de Rose Vantd’Ouest, une gnome
reurs dessinée par l’Empereur Anxis qui coupa au be- de caractère. La Guilde des scrutateurs a son siège cen-
soin au sein des lacis du quartier historique. Tous les tral dans la tour qui surplombe le quartier. Elle s’élève
Empereurs y sont statufiés de leur vivant. Les thermes à 125 m de hauteur et donc dépasse le bâtiment du
publics et le théâtre impérial construits par Karabru- Heaume et même la pointe du palais impérial (105m
gus II s’y font face. Un Arc de triomphe sépare chaque de hauteur, en comptant le talus). Le maître de la guil-
Dynastie. Rappelons que les 25 Empereurs sont : de est un métis discret du nom de Anguet. Son nom
Ière Dynastie des Xénides (45 ans) : Xénon le sage (0 à n’est jamais donné (il s’agit de Van Kantifior). Anguet
30), Tuléon le tyran (30 à 75) ne sort de sa tour que très rarement et a démissionné
IIème Dynastie des Hamanides (289 ans): Hama I le du Conseil pour des raisons d’opposition avec l’actuel
fondateur (75 à 87), Hama II le gnome (87 à 234), Numa murgrave d’Atlantapolis.
I le protecteur (234 à 246), Numa II le propre (246 à 297
puis 303 à 309), Gruma le bon (297 à 303 puis 309 à 315), Le temple unicosmique de Bazur, Dieu du Vent est éga-
Kantama l’éclairé (315 à 354) lement présent dans ce quartier. Il grouille d’activité au
IIIème Dynastie des Praxides (786 ans): Praxis le faible moment de la marée mais le reste du temps est fermé.
(354 à 474), Anxis le Long (474 à 840) Le Grand prêtre se nomme Sissor Van Sagrinion. Il
IVème Dynastie des Karasses « les empereurs gnomes » n’est pas d’Atlantapolis et ne se mêle pas de la vie de la

287
cité. (C’est un métis). L’Hostel des Marchands, la meilleure auberge de la vil-
le est sise dans ce quartier et est tenue par un ancien
Bon nombre d’armureries sont présentes aux alentours prêtre défroqué, Gurl Raur. Il est l’une des meilleures
du Heaume parmi lesquelles l’échoppe de Don Karan- sources de renseignement d’Atlantapolis. On trouve
terh, un elfe islandien. Karanterh ambitionne de ren- aussi dans ce quartier le célèbre Hostel des Trois-Em-
trer au Conseil mais est régulièrement battu. Cela ne pereurs, tenu par le gnome Gandil Van Antarek. C’est
l’empêche pas de forger les plus fines lames de la ville. là que les plus gros poids-lourds de la vie commerciale
Atlante se réunissent pour discuter affaires. Gandil a
Le Quartier-Neuf (4) est un quartier récent aménagé été élu bourgmestre il y a 20 ans et possède une des
par les Empereurs Braxiliens qui ont rasé un ancien fortunes des plus conséquentes.
parc planté du temps de Numa II. De nombreuses
échoppes et boutiques se sont ouvertes dans ce vaste Enfin Mallecreuse est occuppé par les bâtiments de
quartier aux rues claires et larges. Le quartier est domi- l’Administration Impériale, dirigée à Atlantapolis par
né par le temple unicosmique de Juras Mater et par un BArknée Van Berganter, un elfe placé en troisième po-
centre médicinal construit par Numa II qui accueille sition au concours de l’Orgamon.
et soigne tous ceux qui en ont besoin. Le régisseur de
l’hôpital est un prêtre d’Elth nommé Garuch Don Villa Le Quartier de Barouz-el-Melandar (6) est le centre
d’Antinea, un elfe islandien irascible et réputé comme historique de la communauté islandienne. En elfe, cela
tel. Garuch est le fidèle assistant du Grand prêtre Ron signifie « Bourg du Sud » puisque c’est un quartier qui
Van Galantrika, un elfe lui aussi membre du conseil. se trouve au Sud-ouest de la ville. C’est un quartier
Ron approchant les 295 ans, c’est Garuch qui le plus d’artistes regorgeant de marginaux de tous-poils et de
souvent vient le représenter au conseil. boutiques plus ou moins bizarres. Le Masque y a ins-
tallé son quartier général et l’Empereur Braxilien y a
Acollé au temple et au centre se trouve la Société Im- fait construire un amphitéâtre normal, moins moderne
périale d’astronomie, quasi-université très renommée bien évidemment que celui d’Haximilien (ce cirque
d’où dépasse une multitude de télescopes à l’affût des date de 1057). Le régisseur de l’amphithéâtre, qui ap-
étoiles. Le régisseur, nommé par l’Empereur est un mé- partient à la ville d’Atlantapolis, est un elfe islandien
tis du nom de Buril Don Drantal. descendant du roi Fuxon, Jil Van Janzil. Une rivalité
très ancienne existe entre les deux régisseurs mais pour
On trouve aussi la démesurée Allée de l’Empereur Ka- l’instant, les spectacles de Don Azantelh sont bien plus
rabrugus décidée par l’Empereur mégalomane qui n’a populaires que ceux de Van Janzil. Près du cirque se
pas hésité à raser 45% des habitations du quartier. L’al- trouve la taverne de jeux la plus courue de la ville : l’As
lée se compose de 3 obélisques relatant les victoires de de Pique. Les clients s’y entassent jour et nuit pour sui-
son règne, d’une arche illustrant ses triomphes contre vre les parties d’Orgamon ou bien d’autres subtils jeux
les wolfynx (victoires réalisées plus grâce au talent du de dés et de cartes. La taverne est tenue par le Masque,
strategos d’alors qu’à celui du grassouillet Empereur) et plus particulièrement par un Arlequin nommé « L’As
de 85 statues représentant 85 fois Karabrugus dans di- de Pique ».
verses postures (héroïque, triomphante, victorieux…).
Le petit temple municipal de Firloute (voir cité impé-
L’Auberge attitrée des Empereurs s’y trouve. Il s’agit riale), déesse relativement populaire à Atlantapolis est
du Relais du Grand Empereur, qui arbore fièrement en dirigé par une femme métisse du nom d’Antiolopa Van
vitrine une statue en bois de Karabrugus Ier. Il grouille Ubanter. Le temple unicosmique accueille à la tombée
d’espions et son tenancier a bizarrement été élu au de la nuit tous ceux qui frappent à sa porte. Un pèle-
Conseil, après avoir vu son honneur remonter en flè- rinage en honneur de Firloute part chaque année du
che dans les registres de la bureaucratie Impériale. On temple au premier jour de saison sèche. Antiolopa est
pense qu’il est une taupe de l’Empereur et qu’il a su membre du Conseil de la ville.
survivre à 5 empereurs successifs. Son nom est Archie
Van Antriz, un métis. La Cité Impériale (A) a une vie à part. Ses épaisses et
hautes murailles sont percées de 3 ouvertures unique-
Le Quartier de Mallecreuse (5) est le quartier le plus à ment, gardées jour et nuit par des membres du Heaume
l’ouest de la cité. Il est percé de 2 allées gigantesques : triés sur le volet : 2 000 chevaliers Kadosh. Leur officier
l’Allée de l’Empereur Kantama et celle de l’Empereur est le Commodore Don Syrilianth de la Vega, un métis.
Anxis. Ces deux avenues ont été réalisées évidemment A l’intérieur de la cité, on trouve le Palais Impérial qui
sous les deux Empereurs du même nom. Mallecreuse abrite l’Empereur, sa famille et ses suivants ainsi que
est un quartier très animé – plus que le Gorgon parfois la célèbre maison des « anciens ». Le palais dépasse les
même – spécialisé dans les produits rares, la nourri- 100m de hauteur par rapport au niveau du sol et fut
ture et les substances apothicaires. On y trouve notam- construit sous Xénon. On trouve également les habi-
ment le Grand Souk tous les 7 jours. Le dernier jour de tations des chevaliers, de leurs familles, ainsi que cel-
chaque mois sont organisées des courses de chars sur les de servants non logés au palais. Karabrugus Ier y a
l’Allée d’Anxis. Ces courses sont très appréciées des fait construire un petit amphithéâtre privé pouvant ac-
amateurs. cueillir jusqu’à 1 000 personnes. En tout, la cité abrite
7 000 personnes. 4 temples unicosmiques dits « impé-

288
riaux » ont été construits dans l’enceinte, en honneur
des Dieux les plus populaires dans l’Empire. Il s’agit
du temple d’Elth, dirigé par la prêtresse métisse Hunoë
Van Antiliane, de celui de Kherk dirigé par le grand
prêtre humain Ondir Van Olanth (ancien membre du
heaume), du temple de Firloute sous l’autorité de Go-
loriel Van Nemozant, un métis, et du temple d’Hapog-
gaëddon géré par le grand prêtre Akanaz Van Antrion.
La Cité Impériale est décorée aux couleurs impériales,
c’est à dire le noir et le doré. Le symbole impérial est
un poisson couronné.

Les jardins suspendus (W) sont collés aux murailles.


C’est là que sont cultivés les végétaux nécéssaires à
l’alimentation de la cité. Certains grands bourgeois
possèdent des jardins suspendus et y ont construit de
superbes villas surplombant la cité. Seul un chemin de
ronde permet d’accéder à cette partie de la ville, dans
laquelle on ne peut accéder sans raison valable.

Vie de la Cité

Atlantapolis a quelques grandes fêtes notamment…

- En début de période sèche, le pèlerinage fait


au temple municipal de Firloute. Ce pèlerinage
rassemble près de 15 000 personnes chaque an-
née.
- La Grande parade au cours de laquelle les 3
garnisons en poste à l’entrée de la ville défilent en
honneur du Murgrave. La Grande parade a lieu à
chaque renouvellement du Conseil, tous les 6 ans.
- Les Jeux Impériaux, donnés pendant 3 semai-
nes dans l’Amphithéâtre d’Haximilien, générale-
ment en période haute.
- L’Anniversaire de l’Empereur, où la ville en
liesse fête son Empereur et où un grand banquet
est donné dans la cité Impériale (le Conseil y est
invité, ainsi que certains membres éminents d’At-
lantapolis)
- Le Jour de l’Orgamon, tous les 10 ans pour
le tournoi. La Guilde ouvre ses portes et la po-
pulation est dispensée de travail tout au long du
tournoi. L’Empereur est ensuite sacré symbolique-
ment 4 fois dans chacun des 4 temples impériaux.
Il reçoit les 4 symboles de son pouvoir : l’anneau
de l’Empereur, le sceptre, le poisson impérial et
la clef de la cité Impériale. Malgré le caractère hé-
réditaire, l’Empereur Maliakus a donc conservé la
fiction d’un mandat renouvelé.
- La fête de la cité d’Atlantapolis, commémorant
la victoire sur les wolfynx en –112. Un grand repas
est offert par le Murgrave.

289

Légende : C Esplanade de l’Empereur Tuleon
A Cité Impériale (Palais, temples, Siège de la Compa- D Muron en provenance de Saranzara et Mont-César
gnie des Tectants, Chambre des 444)
E Muron en provenance de Grisance
A1 Temple d’Elth (Prot.de l’Empire)
F Muron en provenance d’Uranion
A2 Temple de Firloute
G Tour des Scrutateurs et siège de la Guilde
A3 Temple de Kherk
H Siège du Heaume et résidence du Strategos
A4 Temple d’Hapoggaëddon
I Temple de Bazur, Dieu du Vent
A5 Palais Impérial
J Siège de l’Ordre des Dresseurs & garnison du Heau-
B Esplanade de l’Empereur Xenon me

290
K Temple municipal d’Elth

L Société Impériale d’Astronomie et Centre Médicinal


Numa II

M1 Allée de l’Empereur Karabrugus


M2 Allée des Empereurs
M3 Allée de l’Empereur Kantama
M4 Allée de l’Empereur Anxis
N Siège de l’Orgamon
O Parc de Karaka
P Cirque de Braxilien
Q Temple municipal de Firloute
R Siège du Masque
S Siège du Conseil d’Atlantapolis et du Murgrave
T Amphithéâtre d’Haximilien
U Muraille des Martyrs (-345)
V Porte de Haximilien et garnison du Heaume
W Jardins Impériaux suspendus
Y Porte de Fabixilien et garnison du Heaume
X Porte de Numa II et garnison du Heaume
1 Quartier du Gorgon
2 Quartier des Orgamiques
3 Quartier des Orcéans
4 Quartier-Neuf
5 Quartier de Mallecreuse
6 Quartier de Barouz-el-Melandar

291
Annexe : Les Autres Cites d’Atlante mètres en dessous des flots,dans le gouffre laissée par
la cité volante. Les habitants de Saranzara vivent donc
Saranzara quasiment sous l’eau la moitié de l’année et peuvent
admirer les fonds aquatiques en levant leur tête.
Elle fut la plus puissante des cités Atlantes jusqu’au
alentours de 75. Son nom dérive de « sarouz » qui signi- La cité abrite la prison impériale nommée prison Ma-
fie « au Nord ». Saranzara fut la deuxième cité construite mertime qui est une gigantesque geôle creusée dans
du continent, nichée sur les contreforts des montagnes le sol à plus de 120m. Tous les grands condamnés y
du Nord. Sa construction, débutée en –373 se termina sont enfermés…Ils y deviennent généralement aveu-
en –367. Elle était une cité exclusivement peuplée d’el- gles quand ils ne périssent pas de faim ou de froid. La
fes et l’on sait aujourd’hui qu’il s’agissait d’une cité vo- Guilde des Mantes rouges y a également son siège. La
lante par laquelle les elfes de Terra Negra quittèrent leur Mante supérieure, Anna Van Tanzio, y réside toute l’an-
terre d’origine. En 1677, Saranzara fut conquise par les née. Enfin, on ne peut parler de Saranzara sans faire
tribus wolfynx unifiées par Gmorkh, un ancien esclave, allusion à la Guilde des Traqueurs, menée par Otton
et la population fut quasiment massacrée. Les wolfynx Van Maranzilh.
parvinrent, sans doute avec l’aide d’espions d’Aquilon,
à réveiller la cité volante et s’enfuirent la nuit même où La ville de Saranzara est rongée depuis des siècles par
les armées impériales du Heaume envoyées en renfort un curieux phénomène appelé l’Anarchie Végétale. Il
allaient donner l’assaut. Cette cité devait devenir par la s’agit d’un virus vivant qui a contaminé toute la végé-
suite Requiem. tation entourant la ville, jusqu’à l’extrémité nord du
continent, dans les montagnes. L’Anarchie végétale se
Suivant le vœu des survivants, la cité a été reconstruite manifeste par une excroissance rapide et douée d’in-
à l’identique, brique après brique, sur le grand trou telligence de la végétation. Certains végétaux sont de-
laissé par l’ancienne cité. Toutefois, elle a bénéficié de venus ainsi carnivores quand d’autres Atlantes ont été
la technologie atlante la plus poussée : puisqu’elle se fauchés par des lianes géantes et mouvantes crevant le
trouvait désormais reconstruite en dessous du niveau sol.
de la mer, les mages atlantes l’ont enfermée dans une
bulle de magie qui la protège des inondations. Ce sort, Aujourd’hui Saranzara est une ville assiégée par cette
extrêmement complexe, a mobilisé plusieurs dizaines végétation luxuriante hostile qui sape ses fondations.
de grands mages. La reconstruction, débutée dès 1678, La Guilde des Traqueurs s’occupe, avec le Heaume, de
s’est achevée en 1686. combattre chaque année l’avancée de l’Anarchie. La
Guilde en profite pour récolter le pollen doré, un suc
Saranzara était déjà, avant la prise de la cité, une des produit par les terribles carnivoris flora. Le Masque,
plus petites cités d’Atlante (ce phénomène est du aux dirigé autrefois dans cette ville par le célèbre grand
migrations successives). Alors qu’en 0, Saranzara comp- mage Loup-Souriant, est intervenu pour circonscrire
tait environ 65 000 habitants, elle n’en comptait guère l’Anarchie au nord du continent. Des guerriers de
plus de 44 000 en 1677. Le retour des elfes qui avaient pierre protéiformes ont été magiquement animés et at-
été libérés par les wolfynx avant l’envol et les nouvelles tachés à la terre le long d’une ligne traversant les mon-
naissances n’ont pas permis de compenser ce déficit tagnes au sud de la cité. Ils combattent inlassablement
et la cité est toujours peuplée d’une vingtaine de mil- l’Anarchie et sont créés pour également empêcher
liers d’elfes à peine. La dynastie originelle elfique des d’autres créatures de pénétrer dans la zone contaminée
Fuxonides (du nom du grand roi Fuxon, qui régna plus (on ne sait pas comment l’Anarchie se répand…)
de 250 ans entre – 225 et 150) ayant été décapitée, la
cité a changé de régime et est la seule administrée di-
rectement par les magiciens du Masque, puisque ces
derniers en assurent la survie.

Saranzara, bien que nouvelle, a reproduit les travers


de son ancêtre au niveau de l’urbanisme. Elle est donc
une cité mal aérée et sans grandes commodités. La ville
n’a ainsi aucun système d’égouts.

En période sèche, la cité a un climat montagnard re-


lativement tempéré (son altitude est moins élevée que
Mont-César mais atteint les 1200m d’altitude toutefois)
alors qu’en période haute, elle n’est qu’une dizaine de

292
Mont-Cesar

Première ville atlante fondée en –375 conjointement par Grisance


les elfes et les humains. Après la création de Saranzara,
la ville fut abandonnée aux humains qui constituent Ville fondée en –255 dans l’idée de recevoir les métis
encore aujourd’hui 95% de la population (environ 46 rejetés par les villes de Saranzara et Mont-César. Ville
000 habitants). A l’instar del’antique Saranzara, Mont- de parias et d’exilés, Uranion fut longtemps une ville
César est une ville ancienne mais son architecture est dangereuse et livrée à elle-même. Ce fut la conjonction
légèrement supérieure car la civilisation humaine était de deux évènements qui sauva la cité. Tout d’abord, une
alors plus développée et plus raffinée que celle des mini guerre raciale opposa Uranion à la puissante ville
elfes. Mont-César tire son nom de la montagne qui la d’alors : Saranzara, de –195 à –156. La ville avait besoin
porte, à près de 1400m d’altitude. A la différence de Sa- d’un chef, et elle s’en trouva un en la présence d’un
ranzara qui, en période haute, est une île, Mont-César valeureux guerrier du nom de Brill Agripin. Brill, avec
est résolument une ville de montagnards, sous la neige l’appui d’Atlantapolis, parvint à repousser la menace
en période sèche mais tropicale en période haute. Par elfique et il fut élu prince. Malgré ceci, l’anarchie ré-
ailleurs son accès est difficile et le muron qui y conduit gna encore plusieurs siècles et ce n’est qu’en 235, avec
doit adopter bien des circonvolutions et des détours. l’édit de l’Empereur confiant au Masque tout pouvoir
pour réguler le crime que la paix s’instaura réellement
La ville de Mont-César est gérée par une sorte de maire dans cette cité d’excès.
nommé « prévôt » tiré au sort parmi tous les citoyens
mâles en âge de porter les armes de la ville. Avec lui Aujourd’hui, la tradition violente de Grisance est en-
sont tirés au sort également 12 conseillers qui consti- core bien réelle. Depuis Brill Agrippin, les grisois ont
tuent l’administration municipale et ceci pour 5 ans. pris l’habitude d’élire à vie un prince, chargé de gérer
Le prévôt actuel est un homme du nom de Ambert Al la cité. Depuis 1440, c’est un personnage redouté et
Ulcès. Le Maître du Masque est quant à lui le sombre et mystérieux qui est au pouvoir. On l’appelle le Prince
redouté régulateur Darken El’Blacken. des Chats et les gens murmurent qu’il a 9 vies. En tous
les cas, sa longévité est exceptionnelle pour la ville. Le
Tout comme Saranzara, fière de sa puissance passée et travail de Prince n’est pas de tout repos à Grisance car
de ses origines elfes, Mont-César a été et est toujours la vie y est dominée par la vendetta séculaire que se
une ville hostile vis-à-vis des métis, voire des autres ra- livrent les deux plus vieilles et importantes familles de
ces. Elle est également plutôt autarcique et repliée sur la cité : les Montaugris et les Cagripulet. Nul ne sait
elle-même. N’eut été le danger wolfynx, qu’elle affronte pourquoi ces deux familles si puissantes se haïssent
tous les jours, sans doute elle n’eut jamais accepté une mais hélàs, à Grisance, rien ne peut se faire sans eux ni
alliance avec les autres cités. contre eux. Souvent les princes ont fait la triste expé-
rience de ce pouvoir en disparaissant trop subitement.
Mont-César est une ville entourée par un gibier nom-
breux et forestier (notamment beaucoup de lions ailés) Grisance est la ville la plus au sud du continent, à son
qui explique l’existence dans ses murs de la guilde des extrémité ouest. En période sèche, c’est une ville à
chasseurs dirigée par Roc Van Arès. Mais ce gibier a deux niveaux, bâtie au milieu de riches et fertiles plai-
une contrepartie hélas lourde : Mont-César se trouve nes de bambous, écrasée par l’humidité et la chaleur.
en plein terrain de chasse des wolfynx bleus. La ville En période haute, la ville respire, surnageant (son port
par le passé a été régulièrement assiégée ou attaquée inférieur, qui sert de porte en période sèche, est noyé)
par les tribus de sauvages descendues des montagnes. au milieu de la mer. Sa population est évidemment ma-
La triste et sanglante attaque de 366 faillit d’ailleurs joritairement métisse (51 000), avec très peu d’humains
entraîner la chute de la ville, malgré le renfort de 6 000 (à peine un millier) et environ 10 000 elfes pour une
hommes du Heaume dépêchés à la hâte par le souffre- population totale de 65 000 personnes.
teux Empereur Praxis. Depuis la grande chasse menée
après la prise de Saranzara, les wolfynx bleus ont ce- Grisance est elle-aussi sur le terrain de chasse des wol-
pendant été quasiment anhiliés. fynx bruns, qualifiés de krugars pour les différencier de
leurs frères du Nord, mais tout aussi barbares. Grisan-
Par ailleurs, comme Atlantapolis, Mont-César doit faire ce est toutefois moins menacée d’une part parce que
face aux créatures reptiliennes géantes qui vivent au durant une bonne partie de l’année elle est isolée par
sud des montagnes, entre les deux villes, dans les val- l’eau des montagnes proches où se tapissent les kru-
lées plus humides et plus encaissées. gars et d’autre part parce que, étant plus moderne, ses
murailles sont plus résistantes.

Le maître du masque à Grisance a longtemps été un

293
baladin du nom d’ Yvon l’Anguleux. Ce dernier tra- Cette répartition démographique a une explication sim-
vaille pour Hama et a été vampirisé. Il a occupé ce pos- ple. L’Empereur Anxis, elfe, incita et facilita la coloni-
te de 967 à 1697 avant d’être assassiné par Karabrugus sation de la nouvelle cité en espérant faire contrepoids
III. Grisance est également célèbre pour être la patrie à Grisance la métisse. De plus, en adoptant un système
d’origine du grand mage Shimrod le magnifique. ultra-démocratique, la ville a attiré bon nombre de
gnomes et de lutins, méprisés souvent dans les autres
Uranion cités. C’est que port-Graal est une république, avec un
Grand Consul élu pour 3 ans par la population, et un
Ville fondée en –127 pour les mêmes raisons que Gri- sénat de 100 citoyens également élus pour 4 ans. Port-
sance mais à une période moins troublée et qui a évo- Graal compte aussi un Haute-Chambre qui rassemble
lué donc différemment. Ainsi, d’une part la ville est 35 dignitaires élus pour la vie sur une liste établie par
plus petite (50 000 habitants) et d’autre part, la majorité le sénat. A l’heure actuelle, le Grand Consul est un elfe
de la population est encore elfe (30 000). Le métissage du nom de Karil Van Baalh. Le maître du Masque est
avec les humains (5 000) est lent (environ 13 000 mé- quant à lui un lecteur, du nom de Chanoine.
tisses). La présence en force des elfes est à rapporter
aux grandes vagues d’immigration venant de la vieille La forte concentration de lutins est due à la présence
Saranzara avant l’édit de Tuléon, puis les immigrations de l’Université Graalienne de magie, qui forme les ma-
clandestines pour échapper à l’enfer de l’Anarchie vé- ges de second ordre. Les lutins présentant une maî-
gétale. Pour les habitants de Saranzara, Uranion est trise beaucoup plus aisée de la magie, beaucoup sont
traditionnellement regardée comme la « ville sœur ». employés comme professeurs dans la vénérable insti-
Les citoyens des deux villes ont souvent des liens fa- tution.
miliaux.
Port-Graal subit des attaques sporadiques des wolfynx
Par ailleurs, la petite Uranion accueille l’Université Im- bruns mais moins qu’Uranion ou Grisance. Au sein
périale qui forme les bureaucrates (cette décision, prise de l’Empire, elle a une position critique vis à vis de
par Praxis, visait à donner une impulsion démographi- la bureaucratie impériale étouffante ou de systèmes de
que à la jeune cité) et les autorisations de circulation gestion qu’elle trouve souvent archaïques et dépassés.
vers cette ville sont plus aisément données. L’Université est ainsi un repère de libre-penseurs et de
philosophes sceptiques sur la civilisation Atlante. Les
La ville est dirigée par un roi cousin des rois de Sa- agents de l’Empereur ont longtemps soupçonné cer-
ranzara. Actuellement, il s’agit de Minaxon Van Kurtil tains d’être des agents de la Taupe.
(Minaxon II). Cette formule a été imposée par les el-
fes majoritaires lors d’un référendum sur la question
politique. Le maître du masque dans cette cité est un
ancien exécuteur prénommé « l’Ombre ».

Uranion, de même que Port-Graal et Grisance, est la


cible d’attaques répétées de la part des krugars, même
si ces derniers préfèrent s’attaquer à la troisième, plus
opulente et plus proche.

Port-Graal

C’est l’avant-dernière cité construite par l’Empire At-


lante sur le continent même, et sinon la plus moderne
(elle fut finie en 780) du moins la plus démocratique.
Port-Graal fut dessinée par l’Empereur Anxis lui-même
qui lui donna ce nom car elle était le joyau, le Graal d’At-
lante. Ses rues sont droites, symétriques et se coupent
perpendiculairement, et son système d’égout ultra-mo-
derne explique la propreté légendaire du Port. La ville
abrite 65 000 habitants, soit plus qu’Uranion pourtant
construite avant elle. Comme Uranion, on compte de
nombreux elfes (30 000), peu d’humains et de métisses
(5000) et de façon plus surprenante beaucoup de gno-
mes (9 000) et de lutins (15 000). Port-Graal est aussi la
seule cité où l’on ne trouve pas de wolfynx…

294
2.2. Les autres peuples d’Atlante

2.2.1. Les Tribus wolfynx gars sont les meilleurs guerriers de la tribu. Chaque
Kaargar forme un clan et les autres wolfynx se mettent
Les wolfynx ont toujours vécu sur le continent mais sous sa protection. Le Kaargar mène son clan à la ba-
leur civilisation barbare n’a jamais été suffisamment taille et a un droit de cuissage sur toutes les femelles.
développée pour s’épanouir dans des cités. Créatures La tribu, qui peut compter une centaine d’individus, a
poilues à la force et à la musculature impressionantes, pour guide spirituel un Chamane, c’est à dire un sor-
leur tête est vaguement humanoïde, mais elle s’orne de cier qui peut prédire quand les Dieux sont disposés à
deux défenses proéminentes voire de cornes, avec une donner la victoire. Les Chamanes communiquent avec
longue crinière et des yeux d’un blanc laiteux. Il existe les esprits des morts et peuvent lancer des sorts mi-
deux espèces de wolfynx. Les wolfynx proprement dits neurs. Certains parviennent à maîtriser des démons !
ont un pelage noir-bleuté laineux qui leur permet de
supporter des basses températures. Leurs cousins au La société wolfynx est basée sur la lutte : on se bat pour
pelage brun plus mince vivent dans des milieux plus tout. C’est l’alpha et l’omega du règlement des problè-
chauds, généralement dans les forêts. Les wolfynx ont mes et c’est une solution qui apparaît claire et simple
une espérance de vie étrangément longue (80 ans) et pour tout le monde. Les wolfynx évitent toutefois de se
leur taille peut dépasser 2m10. tuer entre membres du même clan. Une mutilation est
parfois la seule punition. Il est à noter qu’on a le droit
Les wolfynx vivent en autarcie mais sont belliqueux par de tuer les enfants et les femmes qui sont considérés
nature : la guerre est dans leurs gènes. Leur savoir tech- comme inférieurs mais aptes à se défendre et à com-
nique est très peu développé et leur société s’organise battre.
autour des Kaargars ou seigneurs de guerre. Les Kaar-

295
Les villages wolfynx sont généralement bâtis en terre environ 15 000 du coté atlante, dont 11 000 civils. Ceci
dans les montagnes, pluss ou moins hautes selon leur précipita l’entrée en guerre d’Atlante contre Aquilon.
pelage. Faiblement outillés, les wolfynx envient évi-
demment les belles cités Atlantes qui ne souffrent pas Les populations wolfynx sont concentrées en deux
de l’humidité. Les wolfynx ne savent même pas pré- points : au centre du Massif Atlante, tout autour de
dire l’arrivée de la marée et cette dernière anéantit Mont-César vivent les wolfynx bleus. Ils sont environ
chaque année quelques tribus parties imprudemment (selon les estimations) moins d’un millier, divisés en
en chasse. A cette haine, qui dure depuis bientôt 1 000 grand nombre de petits villages très hauts placés. Leur
ans, il faut ajouter l’influence du Néant qui se fait sen- nombre a considérablement baissé suite à la prise de
tir de plus en plus et qui excite ces barbares. Depuis Saranzara et à la répression orchestrée par Karabru-
quelques années, les tribus attaquent de plus en plus gus III. Le wolfynx bleu a pratiquement disparu des
souvent et surtout de plus en plus intelligemment. Le terres atlantes. On compte une poignée de tribus, dont
strategos est d’ailleurs inquiet de cette nouvelle évo- les plus célèbres et les plus agressives sont la tribu des
lution. En 1677 (718 du calendrier paléo-aquilonnien), Empaleurs et celle des cannibales.
un ancien esclave wolfynx du nom de Gmorkh parvint,
avec l’aide d’espions aquilonniens, à prendre la cité de Au Sud, les wolfynx bruns sont en période haute dans
Saranzara en unifiant les tribus du Nord. Le massacre les montagnes entre Grisance et Uranion mais migrent
fut terrible : près de 16 000 morts du coté wolfynx et dans les forêts de bambous en été d’où ils attaquent les
pionniers et les villages de bories. Les wolfynx bruns
sont environ 55 000 et n’ont pas connu les grandes
guerres de Gmorkh. Ils ont toujours été moins divisés
que leurs frères à pelage bleu puisque 3 tribus seule-
ment coexistent : les Fils de la Jungle, les Javelots-Noirs
et les Mangeurs de Crâne. Ces noms ont été donnés par
les pionniers Atlantes en fonction des caractéristiues
permettant de reconnaître les groupes entr’eux. Les
Krugars ont un semblant de capitale pour les trois tri-
bus : Kraag, une cité de bois semble-t-il installée dans
une grotte profonde.

Les wolfynx adorent essentiellement 3 Dieux, comme


l’ont montré l’audition des prisonniers capturés, qui
sont l’équivalent de Kherk, Hapoggaëddon et Theo-
chrone, sous des noms différents. Kherk est le Dieu-
qui-mène-à-la-victoire (Karrad-vivictor), Hapoggaëd-
don est la Déesse-qui-noie-de-sa-colère-les-peuples
(Karradi-nurk-volkenanger) et Theochrone est le Dieu-
qui-libère-les-esprits (Karrad-spritfreer). A noter que la
langue utilisée par les wolfynx est un sabir assez proche
de l’atlante.

Le peuple wolfynx ne fait jamais de prisonnier. Les pau-


vres pionniers capturés ne sont jamais revus et leurs
corps sans vie sont parfois retrouvés mutilés, dévorés
(certains wolfynx sont cannibales), sacrifiés sur des
autels dédiés aux Dieux vengeurs du peuple barbare.

Chaque année, le Heaume envoie ses troupes nettoyer


les montagnes, juste avant que les pionniers ne soient
autorisés de coloniser la terre vierge, à la fin de la pério-
de Haute (pour le Nord) ou juste au début de la période
sèche (pour le sud). Les soldats Atlantes sortent lour-
dement armés et à pied et ces sorties prennent souvent
l’allure de safaris sanglants. Chaque année, le Heaume
tue des milliers de wolfynx et ramène plusieurs centai-
nes de prisonniers…mais ses pertes sont lourdes, mal-
gré la supériorité technologique et se montent parfois
jusqu ‘à 30-40% des effectifs engagés…

296
2.2.2. Les Trolls
Ils vivent au sud de l’Anarchie Végétale, à la frontiè-
re supérieure du terrain de chasse des wolfynx bleus.
Les trolls sont les seuls à ne pas être attaqués par les
wolfynx car leur puissance et leur nombre est suffisant
pour frapper mortellement n’importe quelle tribu.

Les Atlantes ne savent que très peu de choses sur les


trolls, hormis le fait qu’ils ne sont guère intéréssés par
les cités Atlantes. Leurs cavernes leur suffisent et ils se
montrent peu hors de leur territoire. Pour autant, cela
ne veut pas dire qu’ils soient plus civilisés que leurs
voisins wolfynx ! Les trolls ne laissent passer person-
ne sur leur territoire – du moins personne vivant – et
même les soldats du Heaume font des détours pour
éviter leurs montagnes escarpées (les plus hautes en
altitude).

2.2.3. Les Nains


Pour les Atlantes, les nains sont une race éteinte, mal-
heureusement disparue sous le fardeau de la construc-
tion d’Atlantapolis, à une époque antediluvienne. En
réalité, il n’en est rien. Si la poignée de nains qui
s’échappa en – 315 fut effectivement massacrée en
partie par les wolfynx, une petite minorité parvint à
trouver refuge dans les vallées encaissées de la chaîne
Atlante. Leurs descendants sont aujourd’hui 25 000,
tous concentrés dans une vallée très difficile d’accès, à
5 000 m d’altitude. Les nains ont perdu leur savoir ar-
chitectural et ont adopté un style de vie barbare. Leurs
villages sont faits de petite huttes perchées sur des
esplanades rocheuses surplombant la vallée. Dans les
montagnes, les nains ont percé des galeries se reliant
entr’elles. Le seul bâtiment en pierre construit est le
premier que bâtirent les rescapés : un temple unicos-
mique dédié à Gorgon (Fortunaë), aux murs épais et à
la forme tétragonale. Les nains actuels s’en servent de
forteresse pour leur roi.

Le peuple nain actuel vit en peaux de bête mais est plus


évolué que les wolfynx, qui ne sont d’ailleurs pas très
éloignés. Leur roi est surnommé Leo-Rex (le Roi des
Lions) et il doit naître le jour de la mort du précédent
roi, ou à un de ses anniversaires.

Les nains n’ont pas peur des dinosaures qui vivent


dans les montagnes Atlantes. Ils ont en effet domes-
tiqué certaines espèces : le triceratops (pour le com-
bat), le velociraptor (pour aller vite) et le bronchiosaure
(pour se déplacer lentement mais sûrement sans la fo-
rêt tropicale). Les wolfynx évitent de chasser dans les
terres trop peuplées de dinosaures, or par chance la
vallée des nains se trouve à l’ouest du massif là où ces
bêtes sont les plus concentrées. Les tribus sont donc
ignorantes de la présence naine. Quant au problème
des trolls, les deux peuples s’évitent et ne sont ni en
guerre, ni en paix.

297
Troisième partie :
Terra Negra, le Continent dévasté
« La grande guerre qui opposa le peuple premier des elfes aux primates se termina devant
la cité de la Thébaïde. Après 700 années d’affrontement, elle vit la victoire des elfes. Les
primates ne le supportèrent pas et tentèrent de détruire magiquement la cité Faë.

C’est ainsi que l’Age de la Guerre se clôt sur le grand cataclysme. In fine, la victoire alla au
Néant : nulle fleur, nul animal ne viendra à nouveau égayer le sable du continent vitrifié ».

Extrait du Livre du Souvenir (non daté)

298
299
Présentation générale de Terra Negra Titan et de ses séides. Ce dernier introduit alors trois
nouvelles races sur le monde, obtenues en croisant des
Histoire humoncules avec des animaux : les wolfynx sur Atlante,
les reptiliens sur Terra Mater et les primates sur Terra
Second continent de Weröl, Terra Negra fut (re)décou- Negra.
verte en 596 du calendrier abalonien (645 du calendrier
paléo-aquilonnien) par une expédition composée d’ha- L’âge de la Guerre (- 720 à l’an 0). La plupart des demi
bitants du Centreterre et de Djinns. Le grand Nâvre races et des humoncules, esclaves des Faëries, s’al-
(terme utilisé sur Abalone pour le Théolocauste) et lient aux primates. Les armées s’affrontent aux quatre
l’apparition de la Sourgne a ensuite totalement rompu coins des pays et plusieurs peuples décident de fuir la
les liens avec le continent dévasté. Seuls des elfes me- progression inexorable des armées de Titan. En – 720
nés par Alamal le Patriarche Blanc parvinrent à revenir, du calendrier abalonnien, la très grande majorité des
juchés sur une cité volante, en 688. humoncules de peau blanche non alliés des primates
quittent le continent par la rive orientale et débarquent
De dimension équivalente à celle de Terra Mater (160 alors sur ce qui deviendra Terra Mater. Les humains ne
millions de km2), Terra Negra est un continent essen- parviennent pas à établir des royaumes très solides et
tiellement désertique puisque 80% de sa superficie est sombrent très rapidement dans la barbarie, tandis que
recouverte d’une couche de poussière grise foncée les gnomes et les nains s’enfoncent jusqu’aux monta-
(d’où son nom). gnes de brume où ils établissent leurs royaumes.

L’histoire de ce continent se déroule en 3 âges, mar- Vers l’an – 560, la capitale des Faëries, nommée Hura-
qués par les exodes successifs des humoncules blancs cania en l’honneur du Dieu Huracan (divinité dispa-
(- 720, vers Terra Mater), des Faëries (-560, vers Terra rue en 679 lors du grand Nâvre), menace de tomber
Mater), des humoncules noirs (-544, vers les îles d’Aba- aux mains des troupes de Titan. Une partie des armées
lone) et des demi-races (trolls, korrigans en +2, vers Faëriques se replie vers l’occident tandis qu’une autre,
Terra Mater) : principalement des elfes, est désignée pour garder la
cité. Les armées de Titan encerclent Huracania et pour-
L’âge de la Source, aujourd’hui oublié de tous, sauf suivent sans relâche les Faëries.
des rares Elfes érudits, débute vers – 8 000 du calen-
drier aquilonnien (-6300 du calendrier abalonien). Les Ces derniers, vaincus par la force destructrice et ven-
Dieux créent sur ce continent désert leurs premières geresse du Dieu, choisissent de s’enfuir par la mer. Une
créatures : les faëries et leurs servants, les humoncules. gigantesque tempête déroute cependant une partie des
Peu à peu, les faëries, se tournant vers tel ou tel Dieu, se navires : les djinns accostent à Faram, les elfes au Nord
distinguent en race ou ethnie : les elfes, les sylphes, les de Terra Mater, les sylphes (à l’époque appelés sha-
lutins, les djinns. De même, les humoncules se distin- nashees) à l’est de Terra Mater. Dispersés et ignorants
guent en humains, nains, gnomes – ces derniers pou- chacun ce qui était advenu des autres, les faëries dé-
vant être de peau noire ou blanche.1 On raconte que cident de rebâtir leurs royaumes et leur passé sombre
des croisements opérés entre faëries et humoncules progressivement dans l’oubli. Les elfes et les sylphes, en
naquirent les «demi races» : les trolls (humains noirs s’unissant, qui avec des humains, qui, avec des gnomes,
et djinns) et les korrigans (sylphes et nains noirs), mais perdent une partie de leur nature féerique originelle
ces explications relèvent peut-être de la légende. L’âge et leur immortalité. Par la suite, les Dieux intervinrent
de la Source se termine en – 720 du calendrier aba- pour empêcher que les races puissent prospérer en se
lonien (- 1000 du calendrier paléo-aquilonnien) par le mélangeant et nul autre croisement racial n’arriva. En
grand déchirement : une guerre entre les Dieux dans – 544, moins de vingt ans après la fuite des Faëries, la
les cieux et sur Weröl se termine par l’exclusion de dernière cité occidentale libre tombe aux mains des ti-
tanides et les humoncules mercenaires (principalement
1 L’apparition de nains et de gnomes serait liée à une révolte des humon-
cules contre les Dieux anciens, une fraction d’entre eux ayant demandé à de peau noire) qui la défendaient s’enfuient à leur tour.
obtenir l’immortalité faërique. Ces humoncules présomptueux furent punis Certains se replient vers les îles du Nord et fondent
par les Dieux qui certes leur donnèrent une espérance de vie plus longue, l’Empire d’Abalone. D’autres poursuivent plus à l’Est
mais bloquèrent leur croissance physique et les condamnèrent à une relative et échouent sur Atlante (l’Empire d’Abalone essaiera à
immaturité intellectuelle. Ces humoncules-enfants devinrent les gnomes. A plusieurs reprises de rétablir le contact avec les Faëries
l’inverse, les humoncules qui avaient refusé de s’associer à cette requête fu- enfuis mais les expéditions successives s’échoueront
rent bénis par les Dieux qui leur accordèrent une force plus importante, une
soit sur Atlante soit ne reviendront pas de Terra Mater).
longévité accrue et qui pour leur rappeler que ce don était lié à leur sagesse
originelle, lièrent ces attributs à la possession d’une toison (ou barbe). Ces D’autres enfin parviennent jusqu’à Terra Mater où ils
humoncules furent les ancêtres des nains. Quant à la grande majorité qui avait fondent divers royaumes.
refusé de prendre parti, ils gardèrent une faible espérance de vie mais ne fu-
rent pas affectés en bien ou en mal - ce furent les humains. Les armées Titanides entament alors leur dernier siège,

300
celui d’Huracania, oasis isolé au milieu d’un continent A partir des années 720, les conflits se multiplient à
désolé. Aux termes d’une bataille magique qui durera nouveau entre primates et humoncules. En 727, une
plus de 5 00 ans, les elfes sont progressivement anéan- comète s’abat sur le tombeau de l’Amiral Galgula, qui
tis, écrasés par l’Amiral-sorcier Galgula, un primate renaît sous forme de Banshee. L’Amiral Galgula se met
capables de déchaîner la force du Néant grâce à un alors en quête de son sceptre, afin de retrouver sa puis-
sceptre magique en sa possession. En - 100, les der- sance passée. Les royaumes primates se fédèrent et une
niers Faës sont décimés, mais Galgula est tué par l’El- armada de conquête se met en place pour asservir défi-
fe Tolkienyrion Lastalaica. Le Dieu Titan octrie alors nitivement les humoncules. C’est alors qu’un abalonien
aux armées néantiques une pierre de Nuit, capable de infiltré en territoire primate pour le compte du Dogon
déclencher toute la force destructrice du Néant : Hu- de Luna, du nom de Janus Benedetus Cumperator, va
racania tombe, mais le grand cataclysme bouleverse parvenir à récupérer le sceptre avant Galgula.
pour toujours la face de Terra Negra. Le grand Désert
actuel se forme alors et seule une petite partie du conti- Janus Cumperator, lointain descendant de Jouxau, va
nent est préservée. durablement marquer l’histoire humoncule. Sa pre-
mière action est de réunir ses meilleures troupes et
L’âge Noir (0 à de nos jours). Les peuples primates d’attaquer le Royaume d’Abalone libre pour le sou-
et les demi races réfugiés dans la partie du continent mettre (728). Les troupes primates sont écrasées et
non dévastée du continent s’entredéchirent. Les pri- Cumperator est connu comme le libérateur. Cumpera-
mates sortent vainqueurs et les demi-races préfèrent tor déclenche deux ans plus tard (en 730) une guerre
alors quitter le continent de peur d’être massacrés (an éclair contre le royaume de Man, qu’il conquiert : le
2). L’Empire primate taillé par l’Amiral-sorcier Galgula roi de Man est décapité et son fils devient vassal de ce-
finit par s’effondrer sous le poids des querelles en 100 lui qui se proclame Negus d’Abalone. Pour cela, Janus
et plusieurs royaumes émergent depuis son sein. Loin déclare l’union des 5 royaumes. Avalon et les Deux Iles
des côtes, un Empire Abalonien , fondé en - 361, s’est acceptent de se soumettre, pétrifiées par le pouvoir du
formé, mais il éclate lui-aussi en plusieurs royaumes à sceptre, et le Negus Cumperator épouse les héritières
partir de l’an 40. Depuis, les îles d’Abalone, peuplées des dynasties régnantes.
d’humoncules noirs, vouent une haine mortelle aux
primates et utilisent la mer pour se protéger. A partir de 740, les relations se tendent avec le Dogon
de Luna car l’Infex fait son apparition en Avalon, et le
Au cours des siècles, le différentiel technologique entre clergé le voit comme une conséquence de l’utilisation
les royaumes primates et les îles humoncules s’accroit du sceptre. Le nouveau Négus finit par provoquer un
dramatiquement, les primates trouvant le secret de la schisme religieux avec Luna (752).
technomagie grâce à leurs expériences malheureuses
des premiers siècles. Au cinquième siècle, les royau- Au bout de vingt années de règne, cependant, il appa-
mes primates rompent leur politique d’autarcie et lan- raît que le sceptre de Galgula a corrompu le Négus Ja-
cent des expéditions à l’assaut des îles. Si une grande nus Cumperator, qui est assassiné par son propre bras
partie d’entre elles sont scientifiques et concernent la droit. Le sceptre disparaît alors, emporté semble-t-il
prospection de ressources, quelques unes ont des fins aux Enfers. Justine Cumperator succède à son défunt
colonisatrices. Grâce au bamani Jouxau, les royaumes mari et monte sur le trône comme régente, mais elle
humoncules acceptent de s’unir et repoussent vic- cède rapidement la place à Mélicèdre Ier, son fils.
torieusement l’armée primate. Néanmoins, un siècle
plus tard, une nouvelle attaque a lieu, qui conduit à
l’annexion d’un des royaumes humoncules. Celui-ci
devient un satellite primate sous le nom de «royaume Géographie
d’Abalone libre». Quatre royaumes subsistent, plus
au Nord : le royaume de Man, le royaume d’Avalon, le La Géographie de Terra Negra est simple. L’est du
royaume de Luna et le royaume des deux-îles (Atalis et continent est quasiment désertique, recouvert d’une
Mynèce). couche de poussière grise : le désert sans fin. Le conti-
nent a été dévasté par la magie et le sol a absorbé une
En 688, une expédition venue de Terra Mater voit pour grande partie de l’énergie magique. Tout sortilège y est
la première fois des Elfes (non-thébains) revenir sur multiplié par dix dans ses effets, et consomme dix fois
Terra Negra, conduite par Alamal, le patriarche blanc, plus qu’à la normale. Il est peuplé de créatures étran-
frère du roi Theos de la Thébaïde. Les Elfes s’établis- ges : kriteratops, kriponosaures...
sent tout d’abord dans les ruines de la Thébaïde. Ils
fonderont plus tard un royaume dans les îles d’Aba- Si l’on contourne, en venant de Terra Mater par l’Est,
lone. Terra Negra, on parvient aux 20% épargnés. Cette partie
de la côte, protégée du désastre par d’imposantes mon-

301
tagnes, est occupée par des royaumes énormes et flo- exemple à Luna) et tend à devenir plus sec vers le
rissants : les royaumes primates, qui depuis l’an 320, Nord (en Avalon par exemple). Lorsque les océans
sont parvenus à retrouver une certaine stabilité poli- sont devenus sourgneux, l’Empire a cependant été
tique. Baignés d’une chaleur tropicale, ces royaumes confronté à des problèmes de plus en plus impor-
sont traversés par quatre fleuves magiques du Nord tants de subsistance.
au Sud (Fleuve brumeux, Fleuve noir, Petit fleuve et
Fleuve lion) qui pour 3 d’entre eux prennent nais- Au centre de la zone dévastée, une portion du Terri-
sance au même point des montagnes, près d’une cité toire protégée magiquement a échappé au cataclysme
outanga nommée Achéron. Le Fleuve brumeux, qui : la Thébaïde. Elle n’est pas atteignable par des moyens
lui aussi est irradié par la puissance magique du dé- normaux : qui pourrait traverser 13 000 km de désert
sert sans fin, a quant à lui sa source plus au Nord. Ces sans eau ni nourriture ? (Rien ne pousse…).
quatre fleuves sont chargés d’énergie magique :
Le Sud de Terra Negra touche le pôle Sud du monde,
• Le fleuve noir doit son nom à la couleur de appelé Pôle noir car la neige y a cette couleur, elle
ses eaux. Il est le plus grand et le plus puissant aussi contaminée par le grand cataclysme. Contrai-
des quatre fleuves et est chargé en énergie néan- rement au pôle blanc, aucune porte ne mène vers le
tique. Son eau corrode et tue toute vie, absorbe Mulveyad, mais certaines croyances outangas parlent
toute lumière, étiole toute volonté. Cicatrice tra- d’une porte vers la Gehenne, que nul n’a jamais dé-
versant le royaume de Tanza, il est très diffici- couverte.
lement traversable et les ponts qui l’enjambent
sont généralement très rapidement corrodés, et
donc peu nombreux.

• Le fleuve brumeux est un fleuve gazeux com-


posé à 20% seulement de liquide. Le fleuve dé-
borde de son lit et le paysage alentour est modelé
par la brume opaque qui s’en dégage. Le fleuve
brumeux a des effets créationnistes puissants :
pour des raisons inexpliquées on retrouve près
de son lits toutes sortes d’objets, voire de créatu-
res, apparues comme par enchantement.

• Le petit fleuve est un fleuve tranquille, qua-


si-normal, chargé faiblement en énergie harmo-
nique. On raconte que s’y baigner peut parfois
conduire à des miracles comme rendre la vue,
guérir les maladies ou sauver es mourants.

• Le fleuve lion, tumultueux, est quant à lui


chaotique. Débordant sans cesse, changeant de
cours d’une année sur l’autre, il affecte négative-
ment les paysages environnants qui ne sont que
désolation.

A partir de l’Andaleria, le climat devient de plus en


plus sec et frais, et les paysages sont désertiques.

Au Nord de Terra Negra, les royaumes d’Abalone ont


longtemps vécu à part, très méfiant à l’égard des peu-
ples primates qui les avaient vaincu. Le grand cata-
clysme a induit une médiance à l’égard de la magie,
et a provoqué un décrochement technologique par
rapport aux royaumes primates. Ce n’est que sous
la menace que ces royaumes ont fini par devenir un
Empire.

Le climat des îles est équatorial au Sud (comme par

302
Tableau des distances et des temps de trajet
Les temps de trajet sont donnés pour une caravelle (5 noeuds, soit 10km/heure). Compte-tenu de la dangerosité
de la sourgne, une navire peut rarement aller d’une traite et est obligé de contourner les zones sourgneuses,
sa vitesse est donc ralentie. Les navires volants sont non seulement plus rapides (10 noeuds) mais n’ont pas le
handicap de la sourgne. Il faut donc diviser par 4 toutes les durées données ici pour ce type de navire.

Nom Avalon Man San Mynèce Luna Nihon Panderna- Cités crépusculaires

gor (zephir)
Avalon - 30 jours 40 jours 33 jours 27 jours 27 jours 60 jours 87 jours

5 000 km 6 500 km 5 500km 4 500 km 4 500 km 10 000 km 14 500 km


Man 30 jours - 10 jours 12 jours 48 jours 37 jours 48 jours 90 jours

5000 km 1 500km 2 000 km 8 000 km 6 000 km 8 000 km 15 000 km


San 40 jours 10 jours - 12 jours 58 jours 47 jours 58 jours 100 jours

6 500 km 1 500km 2 000 km 9 500 km 7 500 km 9 500km 17 000 km


Mynéce 33 jours 12 jours 12 jours - 60 jours 48 jours 60 jours 102 jours

5 500 km 2 000 km 2 000 km 10 000 km 8 000 km 10 000 km 17 500 km


Luna 27 jours 48 jours 58 jours 60 jours - 10 jours 40 jours 72 jours

4 500 km 8 000 km 9 500 km 10 000 km 1 500km 6 500 km 12 000 km


Nihon 27 jours 37 jours 47 jours 48 jours 10 jours - 30 jours 72 jours

4 500km 6 000 km 7 500 km 8 000 km 1 500km 5 000 km 12 000 km


Pandernagor 60 jours 48 jours 58 jours 60 jours 40 jours 30 jours - 60 jours

10 000 km 8 000 km 9 500km 10 000 km 6 500 km 5 000 km 10 000 km


Cités crépusculaires 87 jours 90 jours 100 jours 102 jours 72 jours 72 jours 60 jours -

(zephir) 14 500 km 15 000 km 17 000 km 17 500 km 12 000 km 12 000 km 10 000 km

303
304
3.1. Les terres des primates
3.1.1. Les peuples primates Les outangas sont bien plus imposants que les pan-
zaërs et tout aussi intelligents quoique beaucoup plus
Elles sont au nombre de six. Par rapport aux humoncu- mystiques. Très lents, de fourrure brunâtre, les jambes
les, les primates ont une audition et une agilité naturel- arquées, le ventre énorme et le cou épais, ils mesu-
le beaucoup plus grande, mais en revanche maîtrisent rent entre 1m80 et 2 mètres et règnent sur les forêts de
moins habilement le maniement des armes : l’Est, sur les contreforts des montagnes. Les mâles sont
beaucoup plus gros que les femelles et vivent isolés,
Les panzaërs sont les descendants de chimpanzés. par petites tribus.
Race la plus évoluée parmi les primates, ils sont égale-
ment les plus habiles à manier les armes. De taille rela- Les outangas ont hérité de Titan une prédestination
tivement grande – environ 1m70 à 1m80 – les panzaërs plus poussée à la magie néantique et ils se sont fait
ont de grandes oreilles écartées, et la peau est parfois un devoir de conserver le message religieux du Dieu.
rosée ou noire selon les ethnies. Bruyants et omnivores, Après le grand Nâvre, les prêtres outangas ont décou-
les panzaërs sont réputés pour leur caractère psycho- vert le Theochrone qu’ils adorent avec la même ferveur.
logiquement instable, prompt aux émotions extrêmes, Entretenant le mythe du Désert divin, ils interdisent
qui contraste cependant avec leur grande sociabilité. aux autres races le passage vers le grand désert du ca-
Durant la guerre contre les Faëries, ce sont les pan- taclysme. Ce sont parmi les outangas que l’on trouve la
zaërs qui ont mené la plupart des armées au combat, plus grande proportion de prêtres, une profession qui
bien qu’ils aient très souvent refusé de massacrer les cadre assez bien avec leur tempérament plutôt flegma-
humoncules capturés. tique. Très attachés au respect de la nature, les outangas
sont herbivores et généralement n’aiment pas user de
En effet, les panzaërs se considèrent comme les créatu- leur force pour se faire respecter.
res les plus proches des humoncules. Ce sont eux qui
ont produit le plus de généraux et eux encore qui ont
fourni la très grande majorité des troupes d’infanterie.
Après la guerre du cataclysme, la civilisation panzaër Les origils sont les plus puissants des six races prima-
– dominée par des conseils de chefs de clans - a été la tes. De fourrure noire et de taille imposante (2m à 2m20
première à se relever et à chercher à rétablir le contact pour les mâles, moitié moins pour les femelles), ils pos-
avec les humoncules d’Abalone, signe de la très grande sèdent une force herculéenne qui en faisaient par le
sociabilité de cette race. Certains panzaërs considèrent passé le fer de lance des armées primates. Pourtant,
qu’ils sont mêmes plus proches des humoncules que leur intelligence est assez limitée et ils sont exclusive-
des autres races primates et donc militent pour la sé- ment végétariens.
grégation. La théorie (552) d’un fameux scientifique
panzaër du nom de Windar sur l’évolution des espèces Peuple essentiellement agriculteur, les origils, descen-
(le panzaër descend de l’humoncule) a servi de base à dants des gorilles, ne sont pas naturellement belliqueux
cette ligne politique conservatrice. et se contentent généralement de défendre leur terri-
toire contre les intrusions. Seuls des leaders charisma-
La sympathie générale pour l’empire d’Abalone tiques parviennent de temps en temps à enflammer les
contraste cependant avec la très grande haine qu’ils puissants mais calmes origils. L’organisation des origils
portent à l’égard des Faëries, qualifiés d’esclavagistes. est essentiellement clanique, sous l’autorité d’un pa-
Durant la guerre du cataclysme, ce sont les panzaërs et triarche, les femelles étant soumises à des mâles poly-
les darabouns qui se sont montrés les plus brutaux à games.
l’égard des prisonniers faëries, en allant jusqu’à l’exter-
mination de masse des femmes et des enfants. La foi des origils est bruyante, expressive et joyeuse.
Les églises origils sont généralement sonores et leurs
La foi des panzaërs est assez introvertie voire secrète, cérémonies rythmées de chants et de danses.
individualisée, peu joyeuse, et leurs cérémonies mar-
quées par une pompe et une solennité absente chez les
autres races. La frange la plus radicale des panzaërs,
favorable à l’égalité des primates entre eux, conteste
même l’existence des Dieux.

305
Les darabouns sont peut-être les plus redoutés des pri- Les itis sont des primates de petite taille – à peine 1
mates car leur humeur querelleuse est beaucoup moins mètre – de pelage brun, descendants des ouistitis. Utili-
bien contrôlée que pour les autres races. Violemment sés comme éclaireurs des armées primates, les itis sont
anti-faëries et anti-humoncules, les féroces darabouns les moins belliqueux des races primates et ceux qui ont
sont mêmes cannibales. Les mâles sont deux fois plus développé le plus leur culture et les lettres. Très nom-
imposants que les femelles

(environ 1m60-70 breux en raison de la très grande fertilité de
pour 90 cm). leurs femelles, maîtres de l’éloquence et
du négoce, extrêmement agiles, les
Les darabouns ont un museau nu, itis ont développé des cités mar-
très allongé et certains arborent chandes puissantes qu’ils pro-
des espaces de peau nue dans tègent grâce à des mercenai-
la face, la poitrine ou le posté- res origils.
rieur, où ils exhibent les cou-
leurs les plus vives (rouge, Leur civilisation est mo-
bleu ou violacé). Très agiles, nogame et leurs ins-
ils possèdent une longue titutions politiques
queue qui leur permet de généralement très
combattre encore plus transparentes et dé-
efficacement et un cri mocratiques. Les itis
de guerre naturel ef- développent géné-
frayant. ralement des ca-
ractères hyperactifs
Les darabouns pos- extrêmement diffi-
sèdent des abajoues ciles à contrôler.
utiles pour amas-
ser de la nourriture. Très bons à dissi-
Descendants des ba- muler leurs vérita-
bouins, les darabouns bles sentiments, les
constituaient le gros itis sont également
de la cavalerie des ar- souvent utilisés
mées primates, étant comme assassins
deux fois plus rapides ou espions. Une de
à la course que les pan- leur capacité spé-
zaërs. ciale est notamment
de pouvoir escalader
Leurs civilisations sont, à sans problème la plu-
la différence des outangas, part des surfaces et de
peu sédentarisées et regrou- pouvoir bondir sur des
pées par clans numérique- distances beaucoup plus
ment très important. L’autorité grandes que les panzaërs.
est généralement partagée entre Leurs griffes naturelles – un
les principaux chefs de guerre mâ- avantage sur les cinq autres ra-
les. La majeure partie des darabouns ces – expliquent ceci.
parvient à vivre dans les contrées les
plus froides de Terra Mater ou les plus dé- Vis-à-vis de la chose religieuse, les itis
sertiques. Le commerce et l’échange occupent manifestent une attitude paradoxale : pas un
une place quasi-aussi importante que pour les itis : l’art iti ne se déclarera athée et tous accomplissent leurs
de la négociation, souvent de mauvaise foi, est recher- devoirs à l’égard de leurs temples. Toutefois, la foi ne
ché par les marchands darabouns. réglemente pas la vie de ces primates, à la différence
de ce qui peut se passer chez les origils ou les dara-
La foi chez les Darabouns est la plupart du temps hys- bouns. Elle est vécue comme un élément à part entière
térique et se vit en commun, voire en masse. Les da- de l’existence, de façon extrêmement dépassionnée,
rabouns raffolent de pélerinages et leurs cérémonies et quelque peu mécaniquement. Dès lors, tous les itis
incluent une dimension de souffrance et de peine (fla- donnent l’impression de prier sans cesse les Dieux sans
gellation, punitions, cilices…) absente chez les autres vraiment y croire.
races.

306
Les Shaenaz descendent des nasiques. De taille inter-
médiaire (1m50 – 1m70), possédant une queue, ils sont
reconnaissables à leur nez proéminent qui défigure le
visage des mâles, et sur lequel ils sont généralement
extrêmement chatouilleux.

Rouge en cas de colère, ce nez amplifie leur odorat et


leurs cris mais est également une gêne constante pour
la nutrition. La couleur de leur pelage est rose et brune
avec du rouge au sommet de la tête, sur la nuque, les
épaules et grise sur les mains, les bras et la queue.

Végétariens, les Shaenaz vivent en larges tribus, de ma-


nière sédentaire, et savent naturellement nager Parmi
les six races, les Shaenaz sont réputés pour être les plus
stupides des primates – y compris par les origils – mais
surtout les plus vicieux. Titan puis Theochrone leur a
en effet conféré une certaine immunité à la douleur,
pour compenser leur disgrâce physique, ce qui les fait
passer souvent pour des masochistes sadiques.

Ces primates sont pour cette raison généralement peu


sociables et peu éloquents mais toutefois extrêmement
résistants au combat et très forts pour leur taille. Ils
constituaient dans les armées primates les troupes
commandos, chargés des opérations de sabotage et
d’infiltration.

307
308
3.1.2. Organisation politique des Royau- Une partie des primates s’est émancipée de la religion
theochronique originelle pour se tourner vers une re-
mes Primates ligion symbiotique où Theochrone est le maître des
Divinités immanentes (dans ce cas, Mulveya n’est pas
Les royaumes primates comptent environ 50 millions adoré par les primates). D’autres peuples, notamment
d’individus répartis sur une trentaine de millions de les Outangas, restent monothéistes néantiques.
kilomètres carrés. Longtemps unis en une armée mise
au service des ambitions de Titan, avec pour Empereur Au VIIIème siècle, cependant, les choses ont bruta-
Galgula, un amiral-sorcier, les primates se trouvèrent lement changé : les Faëries ont refait leur apparition
désoeuvrés après la fuite de leurs derniers ennemis au en 688, sous la forme d’une expédition venue de Terra
début de l’âge noir – «les demi-races», ancêtres fonda- Mater. Même si les Elfes n’étaient pas des Thébains, la
teurs d’Abalone. refondation de la Thébaïde a provoqué une vague de
haine et d’agitation politique dans les royaumes pri-
Les outangas tentèrent de fédérer tous les primates mates.
survivants de la guerre en un gigantesque royaume qui
se voulait originellement être une théocratie néantique A partir des années 720, les conflits se multiplient à
mais les pouvoirs des prêtres s’affaiblirent brutalement nouveau entre primates et humoncules. En 727, une
lorsque Titan se désintéressa d’eux. Les généraux pan- comète s’abat sur le tombeau de l’Amiral Galgula, qui
zaër et les chefs de guerre daraboun voulaient tous renaît sous forme de Banshee. L’Amiral Galgula se
deux que la plus haute fonction du royaume soit assu- met alors en quête de son sceptre, afin de retrouver sa
rée par l’un d’eux. Devant le refus de chacun de céder, puissance passée. Les royaumes primates se fédèrent et
une guerre civile – dite guerre fratricide - éclata alors en une armada de conquête se met en place pour asservir
l’an 3 du calendrier abalonien entre les armées dara- définitivement les humoncules. C’est alors qu’un aba-
bouns et les armées panzaërs. Les panzaërs s’allièrent lonien infiltré en territoire primate pour le compte du
avec les demi-races et les origils, et parvinrent à chasser Dogon de Luna, du nom de Janus Benedetus Cumpe-
vers les contrées désertiques du sud les darabouns au rator, va parvenir à récupérer le sceptre avant Galgula,
prix de lourds sacrifices. Pendant un siècle, des Empe- puis unifier les royaumes humoncules. Galgula perdra
reurs Panzaërs dirigèrent Terra Negra, à l’exception du la vie en cherchant à récupérer son sceptre.
sud peuplé de darabouns.

Les premiers Empereurs Panzaërs tentèrent d’établir


des contacts avec l’Empire d’Abalone mais ce dernier L’Empire Daraboun
refusa de les écouter. Un coup d’Etat mené par un gé-
néral origil, Barbanegra, en l’an 100, mit fin à la ten- Régime : Tribal - Empereur, Guide du clan impérial
tative d’un royaume unifié. Les origils, incapables de Capitale : Vallée des pleurs
fonder un régime politique cohérent, pillèrent Titania, Population : 13 millions de darabouns (83%), de shae-
la capitale, puis les clans se retirèrent au centre de l’an- naz (15%) et d’Outangas (2%)
cien royaume, dans les terres les plus fertiles, où ils fon- Religion : Polythéiste symbiotique, avec prééminence
dèrent le royaume origil des forêts noires, Teutonia. du Theochrone
Les Panzaërs quant à eux, créèrent le royaume de Tanza
autour de la capitale ravagée, Titania, sur un fondement Fondé par les Darabouns après la grande guerre dite
multiethnique. fratricide, en l’an 8, l’Empire est une notion politique
approximative pour désigner ce qui n’est en fait qu’une
Les clans itis qui refusèrent de l’intégrer partirent à gigantesque steppe où les clans nomades sont regrou-
leur tour pour fonder leurs propres royaumes : les ci- pés, au sud du Fleuve lion. Chaque clan daraboun est
tés crépusculaires. C’est sur les rives de l’océan que les dominé par un mâle, appelé « Guide », qui décide cha-
mages itis mirent au point la technomagie, afin de ré- que année de l’itinéraire suivi par la tribu. Certains
sister aux invasions de leurs voisins. clans sont sédentarisés, notamment auprès des points
d’eau, mais la plupart des darabouns aiment à voya-
Au Sud, l’horizon restait bouché par l’Empire da- ger. Outre le Guide, le deuxième mâle le plus important
raboun. Pendant 200 ans (de l’an 104 à l’an 296), les de la tribu est appelé le Veilleur. Chargé de scruter le
royaumes ainsi formés se sont affrontés continuelle- moindre signe de faiblesse du Guide, il a pour fonction
ment dans une guerre appelée « la Guerre des Deux sociale de le défier et de le mettre à mort lorsqu’il le
Siècles » avant que ne soit signée la paix de Malize, juge trop faible pour être chef.
mettant fin au conflit (Malize est une cité crépusculaire
où fut signé le traité de paix). Le 3ème personnage important dans un clan reste le

309
Shaman, c’est à dire le prêtre de Theochrone. La reli- La vallée des pleurs est le siège de l’Empire. Elle est
gion de manière générale est cependant restée très vi- traditionnellement occupée par le clan impérial, c’est-
vace au sein des farouches clans Daraboun, et d’autres à-dire le clan qui possède le pouvoir d’appeler à la
dieux bénéficient des attentions des darabouns, notam- guerre les autres clans et de rendre la justice. Chaque
ment Kherk et Hapoggaëddon qui possèdent des ado- membre du clan impérial est sacré. Le système de re-
rateurs et quelques prêtres. nouvellement dynastique est simple : sept champions
de chaque clan, dont obligatoirement le Guide et le
Les shamans néantiques, qui sont les prêtres officiels Veilleur, s’affrontent lors d’une gigantesque tournoi or-
et qui ont préséance sur les cultes mineurs, sont char- ganisé dans la vallée. Les champions victorieux voient
gés d’administrer les sacrements : l’ordination des tout leur clan devenir impérial et occuper la vallée des
guerriers mâles à leur 12ème anniversaire, la cérémo- pleurs. Le règne du clan dure jusqu’à ce qu’une géné-
nie funèbre, le sacrifice primate en l’honneur du Dieu ration se soit écoulée, c’est-à-dire jusqu’à la mort du
et, quotidiennement, la prière de purification des ali- dernier daraboun impérial (les enfants du clan après
ments. En effet, les darabouns sont cannibales et dévo- accession à la vallée des pleurs ne sont pas considérés
rent leurs adversaires. Les shamans ont pour habitude comme impériaux et doivent quitter la vallée dès leur
de purifier de tout poison/maladie leur nourriture car, 11ème anniversaire). La protection de la vallée est assu-
dans les premiers temps de l’Empire, nombreux furent rée par les champions de chaque clan en lice toute leur
les darabouns qui moururent pour avoir ingéré de la vie durant. La vallée en elle-même est très au Nord de
viande avariée ou mal cuite. Par ailleurs, les célébra- l’Empire et est giboyeuse et verdoyante. Le Guide du
tions pénitentielles et les pélerinages sont nombreux. clan est appelé alors Empereur et le Veilleur prend la
tête de la garde de la vallée.

Outre la vallée des pleurs, plus au sud se trouve la vallée


des pierres, peuplée d’esgrilles (les lézards des roches)
et de klaptors. Il s’agit d’une vallée sacrée, protégés par
la jungle, où les shamans de chaque clan se réunissent
tous les 7 années, sous l’autorité du shaman impérial.
Le clergé néantique y discute de certains interdits ou
questions théologiques, afin de garder harmonisée la
religion Daraboune, quitte à se mêler de sujets qui
n’ont rien à voir avec le Theochrone. Une grande par-
tie du travail des Shamans consiste le plus souvent à
établir des règles de guerre entre les clans – une chose
très courante lorsque deux clans se disputent une oasis,
une grotte ou un territoire – qui satisfassent la volonté
de Kherk. Parfois, les shamans repartent de la vallée
des pierres avec un appel à la croisade, généralement
impulsé par le shaman impérial avec l’appui de l’Em-
pereur. Les clans sont appelés à s’unir pour détruire
les royaumes du Nord, au nom de Theochrone, Hapog-
gaëddon et Kherk. Jusqu’à un million de guerriers peu-
vent alors partir en guerre ainsi.

Au Sud de l’Empire le pôle noir commence et plus


on s’y dirige, au-delà de la vallée des pierres, et plus la
température se rafraîchit. Les clans darabouns se font
moins nombreux dans cette zone. Certains clans sont
mêmes presque quasiment sédentaires et n’envoient
des représentants que pour la détermination du clan
impérial ou leur shaman tous les 7 ans. L’autorité de
l’Empereur y est très théorique.

A l’ouest, près de la mer, se trouve une terre peuplée


de clans Shaenaz, peuple nomade dompteur de kanga-
roons. Les rois Shaenaz se sont vus attribuer ces terres
en échange de la soumission à l’Empereur Daraboun.
Les lois des shamans ne s’appliquent cependant pas
sur cette part du territoire. Les rois Shaenaz ne sortent

310
de leur terre que pour renouveler leur allégeance lors la République à l’étranger. Il est appelé le Consul Ma-
de la désignation du clan impérial. Cette soumission jeur.
explique d’ailleurs le titre d’Empereur donné au Guide
des Darabouns. La République utilise des mercenaires origils pour as-
surer sa protection extérieure. Chaque cité iti accueille
donc généralement une compagnie de mercenaires ori-
gils, généralement tous membres eux aussi d’un même
La République technomagique des Cités Cré- clan. Les origils - qui ne participent pas à la vie de la
pusculaires cité - aiment à cultiver les terres entourant les cités, ce
que les itis, tournés vers le commerce, leur disputent
Régime : République confédérale - Consul Majeur peu. Outre ces mercenaires à demeure, les jeunes itis
Capitale : Tournante ont la possibilité d’intégrer l’armée iti pour une durée
Population : 7 millions d’itis (90%) et d’origils (10%) d’un an, au moment de leur majorité. Cette armée reste
Religion : Polythéiste symbiotique réduite est accompagne l’assemblée des consuls dans
ses pérégrinations.
Eparpillées sur le rivage occidental du continent, les
cités crépusculaires sont au nombre d’une douzaine, Les cultes néantiques et chaotiques dans les cités itis
sans compter un très grand nombre de gros bourgs. La sont très présents mais les sectes pullulent et les cler-
plupart ont été fondées entre 104 et 160 par les clans itis gés sont donc très morcelés. La plupart des Divinités,
refusant l’intégration dans le grand rêve multiethnique sauf bien entendu Mulveya, sont adorées dans la Répu-
de leurs cousins. Le nom donné à la Confédération des blique. D’une cité à l’autre, chaque divinité a son clergé
cités vient en réalité du fait que le soleil merveilleux se local, ses traditions, sa vision de la religion, qui n’a pas
couche à l’ouest, d’où l’assimilation au crépuscule des grand-chose à voir avec la pratique religieuse très tra-
cités marchandes des Itis. ditionnelle des Darabouns ou la conception basée sur
la terreur qui existe en Tanza. Tous les itis raffolent de
Si au départ, il s’agissait essentiellement de comptoirs croyances et de sectes mais il s’agit plus de pratiques
tenus par des tribus et fonctionnant surtout sur une mécaniques et coutumières que de réel désir de mys-
base de réciproque commerciale, les cités en se déve- ticisme.
loppant ont été amenées à se doter d’un régime politi-
que unifié. En effet, la terre des itis occupe un espace Les itis ont depuis longtemps déclaré leur neutralité
long de plusieurs centaines de kilomètres de longueur a priori dans les conflits qui pourraient surgir, inter-
avec un hinterland réduit (l’arrière-pays des cités cou- disant le passage de toute armée sur leur territoire. Ils
vre moins d’une centaine de kilomètres de profondeur), ont également découvert le secret de la technomagie,
à l’embouchure des quatre grands fleuves qui traver- permettant pour eux de tenir à distance les différents
sent le continent du nord au sud : le fleuve brumeux, le royaumes primates tout en vendant leurs services au
fleuve noir, le petit fleuve et le fleuve lion. plus offrant.
Cette position stratégique leur assure une grande sour- La technomagie est une forme extrêmement élaborée
ce de revenus du fait du commerce, et en fait les voi- d’utilisation de la magie à des fins technologiques qui a
sines de l’Empire daraboun, de Teutonia et de Tanza. été développée par les itis.
Cette longue frontière difficile à descendre faisait éga-
lement des cités des proies faciles en cas de guerre avec Tous les technomages sont des mages avant tout, mais
l’une de ces puissances. leurs capacités et pouvoirs ne sont pas utilisés pour
produire un effet mais pour alimenter les réservoirs
Chaque cité est gouvernée par un conseil tribal com- magiques des objets inventés par eux.
portant les principaux patriarches de la cité et des mar-
chands, élus par leurs pairs. Généralement, un consul Les technomages itis ont ainsi été capables de créer
est élu par la population pour administrer la cité, avec des «golems «de métal animés intelligents (appelés
l’aval du Conseil. Les consuls sont également membres automates ou constructs), des épées dont la lame est
de la grande assemblée de la République, qui se tient constituée de magie brute ou des boucliers-écran, des
à tour de rôle dans chaque cité iti de plus de 300 000 engins volants sur des distances importantes grâce à
âmes (douze cités dépassent ce chiffres, la plus grosse l’utilisation de la magie, des arquebuses capables de
pouvant atteindre 1 200 000 âmes). L’Assemblée des décocher des rafales de magie plus mortelles que les
consuls débat des principaux problèmes communs et fusils à poudre, etc… Les technomages sont les arti-
sert de cour de justice pour les conflits commerciaux sans de ce développement et les gardiens de ce savoir.
d’importance, en appel des conseils de chaque cité. Le Etablis dans les cités crépusculaires, ils ont longtemps
plus âgé des consuls préside l’Assemblée et représente veillé à ce qu’aucun pouvoir ne devienne trop puissant

311
312
sur le continent et, en l’an 507, ont choisi de se re- La configuration actuelle des Ordres Technomagiques
grouper sur l’île de Kenl, qui fait face aux cités propre- date de l’an 380 du calendrier abalonien, confirmée par
ment dites. Kenl possède un statut à part (cf. plus loin). le Code des Ordres Technomagiques de l’an 388. Trois
Leur prestige et leur proximité avec le pouvoir les ont ordres ont été alors créés :
également conduit à s’immiscer de plus en plus fré-
quemment dans les affaires des cités et des royaumes, - Les technomages proprement dits, chargés de
au point de nommer certains souverains et de tremper la recherche fondamentale. Ils sont parfois déta-
dans l’élimination d’autres. chés par Kenl auprès des souverains des îles pour
expliquer la science technomagique. Une partie
La plus grande trouvaille de la science Technomagique importante étant resté à l’île de Kenl. Au sein de
a été de prolonger la durée de vie des primates au-delà cet ordre, on compte 7 titres distinctifs successifs
de ce que la Nature généralement concède. Il est donc : disciple, disciple-chercheur, docteur, professeur,
des seigneurs technomagiques qui ressemblent en tous doyen, vénérable, et raïs. L’ordre compte environ
points à des morts-vivants (peau desséchée, perte de 15 000 membres et dispose de plusieurs universi-
cheveux, maigreur, teint blafard). Un équipement spé- tés à l’étranger, dont une à Pandernagor.
cial leur permet de respirer malgré l’arrêt des fonctions
vitales. Ces seigneurs, maîtres ou superviseurs, sont les - L’ordre de Yodi tire son nom de Yodi le Ma-
plus puissants et certains atteignent plusieurs centai- gnificent, qui a codifié en 388 les règles des tech-
nes d’années. nomages. Les yodites étaient chargés autrefois de
la sûreté et de la police. Tonsurés et portant une
Les équipements technomagiques « lourds »ne sont queue de cheval, habillés d’armures noires légères
pas courants sur le continent primate : la plupart des et munis d’épées technomagiques, ils étaient uti-
déplacements se font ainsi en navire normal, et pas lisés pour enquêter sur les affaires d’espionnage
en engins volants, qui sont réservés aux dignitaires à technomagique (un grand nombre de pays cher-
l’armée, aux technomages. En revanche, les cités cré- chant à dérober le secret aux itis). Contrairement
pusculaires se sont métamorphosées grâce à cette res- aux Mojans, les Yodites ont toujours entretenu très
source : la sécurité individuelle des itis est à 90% lais- peu de casernes ou de citadelles, et préfèrent cir-
sée aux automates et les forces de sécurité municipales culer le plus souvent en solitaire, avec un garde du
sont généralement dotées des armements dernier cri corps personnel que l’on surnomme pretorian. Les
pour réprimer la criminalité galopante de certaines ci- yodites ont essaimé bien au-delà de leurs fonctions
tés. Les plus grandes cités sont également dotées de initiales et désormais occupent des fonctions uni-
boucliers géants technomagiques qui les rendent im- quement politiques (ambassadeurs, représentants
prenables avec des armes traditionnelles. du conseil des mages à l’étranger, etc...). Les titres
utilisés par les Yodites sont les suivants : disciple,
La République des cités crépusculaires a participé à fedaykin, protecteur, superviseur, raïs. Les Yodi-
la première guerre primate contre Man en 481, puis a tes accueille environ 5 000 technomages, qui sont
établi des relations diplomatiques avec la Grande-Ile, regroupés en chapitres. Ils constituent une caste
devenue Empire d’Abalone, en 494. de plus en plus enrichie de propriétaires terriens.
Certains rejetons de la caste yoditene n’ont de
technomages que le nom et se contentent de gérer
leurs immenses domaines sur l’île de Kenl.
Le technoroyaume de KENL ET Les ordres
technomagiques - L’ordre des Mojans était chargé quant à lui
de l’armée de Kenl et de la protection du Conseil
L’île-continent de Kenl est devenue la capitale des or-
des mages. Les mojans ont des tuniques amples de
dres technomagiques en 507, afin de faire face à une
bure et sont mieux armés que les yodites. Ils sont
éventuelle invasion humoncule : les cités crépusculai-
entièrement équipés d’armures technomagiques,
res se méfiaient en effet des visées colonisatrices des
parfois même en scaphandre pour les seigneurs
voisins du Nord, bien révélées par la conquête de l’en-
immortels (voire plus loin). Les distinctions mo-
clave de Pandernagor, malgré les tentatives de réconci-
janes sont disciple, fedaykin, maître, grand maître
liation initiées par les révolutionnaires abaloniens.
et raïs. L’ordre est moins riche que l’ordre yodite
Officiellement, l’île fait partie de la Confédération, mais mais les meilleurs technomages au plan magique
elle vit en autarcie et dépend des cités crépusculaires s’y recrutent. Les Mojans entretiennent des caser-
pour certaines de ses fonctions vitales (commerce, ar- nes sur Kenl et ont leur propre diplomatie paral-
mée). De plus, son «souverain» ne peut être désigné lèle à celle des Yodites ou du Conseil des mages.
Consul majeur : il s’agit d’un conseil composé de ma-
ges. Kenl abrite majoritairement des itis, mais pas que. Les trois Raïs des ordres technomagiques siègent au

313
Conseil des mages et élisent le Grand Raïs, en leur sein à Le Royaume de Teutonia : les forêts noires
la mort du prédécesseur.
Régime : Monarchie - Roi-Patriarche
Le conseil technomagique outre les deux Raïs qui n’ont Capitale : Barbanegra
pas été élus Grand Raïs, comprend des vénérables, des Population : 10 millions d’Origils (90%) et d’Outangas
superviseurs ou des grands maîtres choisis par le Grand (10%)
Raïs et qui occupent certaines fonctions politiques. L’un Religion : Monothéiste néantique
des deux Raïs est ministre de la police et l’autre, ministre
des affaires étrangères et des armées. Il existe un garde
des sceaux (justice), un grand trésorier (finances), et un Créé par les armées du général origil Barbanegra en 101,
chambellan (domaine public, charges et affaires réser- Teutonia est une très vaste contrée en forme de croissant
vées). de lune écrasé s’étendant au centre du continent. Au sud,
le fleuve lion le sépare de l’Empire Daraboun. Au nord,
Les technomages ont ensuite instauré une bureaucratie le petit fleuve le sépare de Tanza. A l’ouest, lorsque les
simple et efficace, découpée en ministères relevant de forêts s’arrêtent, débutent les steppes et les cités des itis.
l’autorité d’un dignitaire. Aucune élection n’est organi- A l’est, les clans outangas occupent une partie des forêts
sée. des origils et y font régner leur ordre. Les populations
outangas et origils y sont mélangées sans que la limite
Le royaume de Kenl dispose de très grandes terres pro- entre les terres des origils et celles des outangas soient
tégées de l’aigue-sourgne. L’île de Kenl, très agricole, re- très distinctes.
gorge donc de productions comme la canne à sucre, la
banane, le café, le coton, l’avocat. Kenl a cependant passé Occupé à 90% par des forêts, Teutonia est un pays baigné
des accords avec les cités crépusculaires pour sécuriser par deux fleuves, donc très fertile. Les origils vivent en
son approvisionnement. Elle a en outre triplé ses dé- clans et habitent des petites cités (jamais plus de quel-
penses pour investir dans des technomachines agricoles ques milliers d’individus) perchées dans les grands ar-
susceptibles d’augmenter le rendement de l’île. Le grand bres centenaires. Chaque cité est dominée par un mâle,
Raïs doit cependant composer avec les grands propriétai- appelé patriarche.
res terriens de San qui n’aiment guère qu’on leur dicte
quoique ce soit. Chez les origils, la puissance sociale s’évalue au nombre
de femmes et à la descendance, et les patriarches fécon-
Hormis ceci, Kenl a mis l’accent sur le développement dent généralement une très grande partie des femelles.
de son armement technomagique, en instaurant le plus La position de patriarche n’est jamais trop contestée à
de boucliers possibles le long des côtes. Elle dispose en l’intérieur d’un village tant que celui-ci vit en paix, et la
outre d’une flotte, placée sous l’autorité du ministre des position est généralement octroyée au mâle le plus vieux
affaires étrangères et des armées et administrée par les et le plus puissant. En cas de guerre toutefois, les origils
Mojans. Les navires volants sont de véritables forteresses ont pour habitude de suivre les leaders charismatiques,
technologiques, protégées par des boucliers magiques. quelque soient leur âge ou leur puissance.
On y place les meilleures unités équipées de fusils tech-
nomagiques, et les unités de golems de guerre, qui sont Autour des villages, des zones sont généralement déboi-
utilisables pour les débarquements. sées pour permettre l’agriculture et assurer la survie du
village. Les cités origils suivent les détours du fleuve et
Les maîtres de Kenl sont des seigneurs immortels : les ar- commercent beaucoup avec les cités itis. Les clans les
mures technomagiques permettent en effet de maintenir plus en bordure n’hésitent pas également à s’aventu-
en vie les corps au-delà des frontières de la mort, grâce rer chez les Darabouns ou en Tanza. En revanche, cer-
à la magie. tains clans aussi prennent mal l’incursion d’autres races
sur leur territoire, notamment lorsqu’il s’agit d’espaces
La disparition de Firloute vers 727 eut un impact très né- consacrés par les Shamans (prêtres du Theochrone).
gatif sur la transmission de la connaissance chez les pri-
mates, avec un moindre nombre de technomages et une Pour un non origil, il est difficile de discerner, au sein des
stagnation du progrès technique. forêts teutoniennes, ce qui différencie un bosquet sacré
d’un autre. Les origils, quoique pacifiques, n’hésitent ce-
pendant pas à amputer les blasphémateurs et à pendre
les membres arrachés en guise d’avertissement aux bran-
ches des arbres sacrés. Chaque bosquet est généralement
gardé par un shaman qui y vit et y célèbre les offices en
l’honneur de Theochrone.

314
La capitale de Teutonia est la cité de Barbanegra, du vent, il s’agit d’un gorille blanc : la croyance commune
nom du général origil, qui compte 35 000 âmes ré- veut en effet lorsque naît un gorille albinos dans une
parties dans les arbres et par terre, en plein cœur du famille qu’il soit marqué par le Theochrone pour le
royaume, sur un affluent au petit fleuve. Les armes de la servir. Les gorilles albinos sont donc généralement mis
première armée de Barbanegra y sont amassées depuis au service des shamans.
la paix de Malize, attendant de resservir si un jour le
royaume était encore menacé. A la tête de la cité et du Teutonia a établi des relations diplomatiques avec la
royaume se trouve un roi-patriarche, descendant de la Grande-Ile en 493, et les a conservées sous l’Empire
semence de Barbanegra. A la mort du roi précédent, sa de Janus.
descendance est réunie par les shamans des cités afin
de désigner l’héritier.

Par tradition, il s’agit de celui dont la fourrure se rap-


proche le plus de l’ancêtre originel, Barbanegrac’est-
à-dire noire de jais. La garde du roi est constituée de
l’ordre des chevaliers de l’arbre noir, qui regroupe les
races de toute tribu souhaitant servir le royaume. Il est
à noter que le Grand Shaman, élu par les shamans des
cités, réside obligatoirement à Barbanegra. Très sou-

315
Le Royaume Théocratique de Tanza Tanza est délimitée au sud par le petit fleuve et est traver-
sée par le fleuve noir et le fleuve brumeux.
Régime : Theocratie - Roi
Capitale : Titania Elle comprend des cités très étendues (plusieurs dizaines
Population : 19 millions de Panzaërs (54%), de Shaenaz de milliers d’individus) mais chaque cité est généralement
(27%), d’Outangas (8%), d’itis (5%) et d’origils (5%) bâtie autour de forêts et les bâtiments de bois intégrés
Religion : Monothéiste néantique au milieu végétal. La Charte d’Uchronie, qui date de 344,
rappelle que tous les primates sont égaux en droit et ont
le droit de vivre en paix. Chaque sujet de la couronne est
Fondé par les panzers sur un idéal de vie en communau- donc électeur, pourvu qu’il s’acquitte d’un droit censitai-
té des races primates, le royaume théocratique de Tanza, re, afin d’élire l’assemblée des représentants du peuple.
dont la capitale est l’antique Titania, autrefois siège de
l’Empire primate (de - 720 à 100) est basé sur deux princi- La charge monarchique est une charge de droit divin et
pes a priori contradictoires : un souci utopique des pères ce sont les grands prêtres de l’Ordre de la lune qui choi-
panzaërs originels qui est de bâtir un monde d’harmonie sissent le nouveau monarque sur une liste fournie par
entre les différentes races, et la peur, très profondément l’Assemblée. Cette liste ne comprend que les membres
ancrée dans les esprits des tanziens, de la colère du Theo- du clan royal jugés aptes par les représentants du peuple
chrone. Il ressort de la seconde et un clergé très struc- à assurer le commandement la nation. L’Ordre de la lune
turé et très puissant, appuyé sur un monothéisme triom- comprend quand à lui l’ensemble du clergé de Theochro-
phant. ne, a droit de police (et même priorité sur l’autorité royale
lorsqu’il s’agit de juger un hérétique), droit de justice,
Tanza oscille ainsi entre une très grande tolérance ethni- droit d’armée, bref un Etat dans l’Etat. L’Ordre édicte
que et une extrême rigueur idéologique. Au sein de la po- ses propres lois religieuses qui ont une même valeur que
pulation, la majorité panzaër diverge de plus en plus sur celles votées par l’assemblée des représentants du peu-
la manière de faire évoluer ce royaume schizophrène. ple avec l’assentiment du Roi. L’Ordre est dirigé par un
triumvirat : le Grand Prêtre, le Grand Oracle et le Grand
Certaines factions se proclamant « conservatrices » veu- Inquisiteur Noir.
lent conserver le rapprochement avec les humoncules,
ce qui en fait de réels progressistes, mais privilégient Pour la population de Tanza, la vie est donc sous le coup
l’ordre religieux sur les croyances utopiques des pères de deux logiques, deux lois, deux libertés : une permissi-
fondateurs. Elles militent donc curieusement pour la vité très grande en matière de mœurs, de tolérance politi-
ségrégation parmi les primates (c’est à dire un destin que et une très grande liberté individuelle, et d’autre part
panzaër séparé de celui des autres peuples primates) et la terrible loi religieuse, implacable. Malgré les abus de la
le rejet des hétérodoxies religieuses. En égal nombre, loi religieuse, la crainte du grand châtiment est telle que
les factions se disant « radicales « se fixent comme ob- la population obéit sans rechigner à l’Ordre, autant qu’à
jectif premier l’unification des primates, et récusent le ses représentants ou à son roi.
rapprochement avec les humoncules. Elles posent pour
principe l’égalité totale entre les primates et adoptent Le Roi possède sa propre police et sa propre armée, char-
une posture de plus en plus anti-cléricale voire athée en gée de la sécurisation des frontières : l’armée arc-en-ciel.
niant le rôle supérieur de l’Eglise de Tanza. Elles militent Son nom provient des uniformes différents que portaient
parfois pour la légalisation des cultes primates étrangers originellement les soldats, suivant les clans auxquels ils
(c’est à dire des conceptions moins rigides de la foi néan- appartenaient, Aujourd’hui, l’armée royale a perdu son
tique). Elles ont été progressivement muselées par l’Or- amateurisme originel mais reste une réplique de l’armée
dre de la Lune (cf. plus loin). L’invention de la techno- de Galgula originelle. Les prêtres de l’Ordre sont aumô-
magie par les itis a accéléré les divergences car le clergé niers des différentes garnisons, qui accueillent toutes les
regarde d’un mauvais oeil les technomages. races dans ses rangs. Fidèles aux idéaux des pères pan-
zaërs fondateurs, l’armée est considérée comme un foyer
Les autres primates (8 millions) sont généralement pour possible de sédition par l’Ordre et donc étroitement
le status-quo (la posture anticléricale des radicaux leur contrôlée.
semblant au moins aussi dangereuse que la ségrégation
voulue par les conservateurs). Les Rois de Tanza sont, au cours des siècles, parvenus à
maintenir des relations diplomatiques épisodiques avec
La population est majoritairement composée de panzaërs l’Empire d’Abalone. Les humoncules sont en effet consi-
(environ 10 millions) mais compte aussi une forte mino- dérés par les «conservateurs» comme des primates sans
rité shaenaz (5 millions). L’est du pays est majoritairement poils, donc des frères, conception qui est radicalement
occupé par les outangas (1,2 millions). Le reste de la po- différente des autres peuples (mais qui est combattue par
pulation est composé d’itis et d’origils (1 million chacun). les radicaux).

316
Le cinquième siècle a d’abord été marqué par le L’Andaleria
conflit opposant le Royaume à l’Empire d’Abalone,
brusquement sorti de son autarcie après le putsh de Régime : Monarchie - Roi
certains bamani (généraux) abaloniens. Les visées co- Capitale : Dader
lonisatrices des bamani aboutissent à la conquête Population : 1 million de panzaërs
du Nord du royaume par les armées abaloniennes Religion : Polythéiste symbiotique, avec prééminen-
qui y implantent près d’un demi-million d’indivi- ce néantique
dus de force. Après le renversement des bamani, la
question de la colonie de Pandernagor permet aux Ce petit royaume à cheval sur le fleuve lion est un
rois Panzaërs de négocier l’ouverture de relations di- royaume composé majoritairement de panzaërs. Il
plomatiques avec le royaume de la Grande-Ile, alors fut créé après la guerre fratricide par les généraux
en pleine «révolution abalonienne», en échange du panzaërs afin de surveiller les darabouns. De culture
maintien du comptoir abalonien (480). nordique, ce pays qui autrefois s’étendait tout le long
du fleuve lion a été rogné par les origils, les outangas
En 481, la Grande-Ile fait l’objet d’un blocus de la et les itis au point de ne couvrir qu’une superficie
part des autres monarchies îliennes. Tanza est ap- très réduite. L’Andaleria est une monarchie de type
pelée à l’aide : le Roi Okapalm II décide de monter héréditaire et s’est proclamée sœur éternelle de Tan-
une coalition militzire, en s’alliant avec les cités cré- za, avec qui elle partage une même culture, malgré
pusculaires et cette intervention tourne à l’invasion les milliers de kilomètres qui la séparent d’elle. Sa
pure et simple : Nihon est annexée par les armées capitale est Dader.
itis, avant qu’une coalition humoncule menée par le La religion pratiquée en Andaleria est relativement
maréchal Jouxau fasse refluer les armées primates. ouverte, avec une primauté du Dieu Theochrone.
Seule Tanza conserve alors des liens avec la seule
Grande-Ile, malgré la chute de la Gérousie et la res-
tauration des Mordred. En 484, un ambassadeur per-
manent est nommé. Les clans Outangas

Au siècle qui suivit, les «conservateurs» perdirent Régime : Clanique


progressivement de l’influence, au profit des factions Capitale : Acheron
radicales, et ce malgré la théorie sur les primates et Population : 2 millions, répartis sur Tanza, Teutonia,
l’humoncule proclamée en 552. La principale consé- et Daraboun
quence fut une guerre déclarée en 590 par Okapalm Religion : Monothéiste néantique
V, et qui se traduisit par l’annexion de l’île de Ni-
hon, laquelle devint «Royaume d’Abalone libre» (en Les clans outangas sont concentrés à l’Est, dans les
réalité une colonie primate). Okapalm V vengea ainsi forêts couvrant les contreforts des montagnes. Les
ceux qui soutenaient que le maintien de l’enclave de outangas de l’Est vénèrent le grand Désert et interdi-
Pandernagor était une injure faite aux primates. sent les passages vers ce dernier, hormis les pélerina-
ges (qui se limitent d’ailleurs à une période de jeûne
de 40 jours, afin de rencontrer le Dieu). Dispersés
dans les trois royaumes, les clans outangas respec-
tent la suzeraineté de chacun, sauf lorsqu’on en vient
aux montagnes qu’ils considèrent comme étant leur
propriété.

Les clans envoient souvent certains d’entre eux prê-


cher la parole du Cataclysme au nom de Theochrone,
voire intégrer les clergés locaux quand cela est pos-
sible. Les divergences religieuses sont parfois cepen-
dant de taille : bien que monothéistes, les outangas
ont une religiosité tranquille qui s’accommode mal
du fanatisme tanzien, ou du shamanisme bestial des
darabouns. Il n’y a guère qu’avec les origils que les
outangas ont certains points communs.

Les outangas possèdent une cité sainte qui sert de


siège aux prêtres. Elle a été bâtie à la grande Cas-

317
cade d’où partent le fleuve noir, le petit fleuve et le
fleuve lion et est surnommée Achéron. La cascade
traverse la cité d’Achéron et forme par endroits
des bassins naturels. Surgissant des montagnes de
l’est, la cascade est chargée de propriétés magi-
ques du désert sans fin. En Achéron, les effets de
3 des fleuves se mélangent et s’annulent, puis ils
reprennent leur nature (cf. géographie).

318
Fragments de Weröl
Le cadeau
Ce texte est extrait des «Chroniques de la Cour» de Jul Avanus Ogodikala». Jul Avanus Ogodikala était responsable du
protocole sous le Négus Janus Cumperator, puis sous la régence de Sinta Justine. Ses chroniques de la Cour sont un excel-
lent témoignage de la haute-société Abalonienne au VIIIème. Prudemment, il ne fit pas paraître du vivant des souverains
ses analyses mordantes...

« L’ambassadeur primate fit son entrée dans la Salle des Constellations par la porte cérémonieuse, escorté par
six radjis de la Garde Négusale en habit doré. Son entrée fut annoncée par les roulements de tambours habi-
tuels, les sacretambours1 parvenant à faire résonner le dôme de la salle d’audiences d’un fracas digne d’une
tempête divine. Le silence se fit dans la salle : les danseuses dévêtues s’arrêtèrent de se déhancher au milieu
du cénacle et je me positionnai à ma place, en bas de l’estrade négusale pour mieux apercevoir l’impétrant.

Sur les dalles d’argile du palais, retentit le pas lourd d’un grand singe qui devait atteindre les 2 toises2 de haut.
Tous les regards se tournèrent vers lui. Contrairement aux autres ambassadeurs primates, celui-ci était habillé
en militaire. Il était comprimé dans un bel habit d’une blancheur immaculée, élargi ax poignets, qui contrastait
avec les longs poils noirs. L’Ambassadeur était habillé d’une armure noire légère et portait une paire de gros-
ses bottes montantes bicolores. A son coté, pendait un étui qui ressemblait à ceux des Technomages mais que
la garde avait dû vider, conformément au protocole de sécurité.

L’origil était accompagné de ce qui devait être son estafette, un panzaër à l’air mauvais, bossu, qui se tenait à
deux pas de son maître, portant avec peine un gros coffre d’environ une demi-toise de long. J’annonçai le nom
et le titre : « Le superviseur Kraniba, ambassadeur du grand Raïs de Kenl, souverain des ordres technomagi-
ques».

Son Altesse, le prince Mélicèdre, qui sommeillait, se dressa sur son trône d’or massif, serti de joyaux. Nous
l’avions le matin-même toiletté pour qu’il ait l’air le plus présentable possible, malgré les excès des dernières
nuits, en prévision de ce qui était la première visite protocolaire du nouvel ambassadeur à la maison impériale
des Cumperator. Le Négus Janus Cumperator était parti en voyage à Man avec son altesse Justine, et Mélicèdre
était le seul représentant impérial.
Le prince portait donc un boubou en poil de kangaroon bleu nuit, réhaussé d’une plume de phénix. Il avait re-
vêtu son grand uniforme d’apparat léopard, et portait bien en évidence sur sa cape d’hermine sa broche dorée
préférée, qui représentait un poisson, tandis que son tiki-ana coloré était caché sous son uniforme. Autour du
trône, le sol était jonché de ses jouets favoris, en bois ou en métal, au milieu d’une dizaine de plats sales avec
les reliefs des festins précédents.

Quelques miettes de céréales tombèrent alors qu’il s’ébrouait.

Le prince était entouré d’une foule d’habitués qui picoraient dans les grandes vasques remplies de fruits et de
viande, assis sur des petits chevalets de bois et des poufs somptueux. Des serviteurs agitaient paresseusement
des grands éventails tressés pour les ventiler dans la chaleur ambiante. La favorite de Mélicèdre était contre
lui sur le trône, l’air absent. Il s’agissait d’une jeune paysanne de 15 ans, dont le souverain s’était entiché la se-
maine précédente. Mélicèdre l’avait entièrement déshabillé devant sa cour, pour mieux montrer sa beauté. Son
altesse, âgée de 13 ans, découvrait la sexualité avec l’enthousiasme des jeunes premiers. Au dire de certaines
langues de vipère, certains ministres avaient fait cocu le prince lors des nombreuses siestes que sa gouvernante
lui imposait.

Le prince saisit le sceptre négal - normalement usité par son père -, qui était à terre, de sa main potelée, non
sans manquer de tomber du trône. Le sceptre était un objet de deux mètres de hauteur qui se terminait par le
symbole impérial, et que le prince utilisait pour frapper ceux qui lui déplaisaient. Je sentis qu’il était en proie
à une des colères si coutumières, en voyant survenir l’ambassadeur si tôt, alors qu’il était en train d’avoir son
long petit-déjeuner.

Je ne rapporterai pas mot pour moi l’algarade dont je fus la victime. En substance, notre révéré prince s’in-
quiéta auprès de moi de la nécessité qu’il avait d’assister à cette entrevue, qui tombait très mal car il avait prévu
de jouer avec Kuku3. Après tout, il n’avait pas de rôle politique et son père, le Négus, décidait de tout sans le
consulter. Le conseiller et éminence grise du Négus, le farfadet Inja, qui avait prévu de surveiller le prince et
faisait semblant de discuter avec le ministre de l’approvisionnement, se téléporta immédiatement sur l’accou-
doir du trône, sermonnant à voix basse le prince, pendant que notre invité patientait stoïquement au milieu de
1 Musiciens religieux qui seuls peuvent manier le tambour négusal, un énorme instrument fabriqué par les luthiers de l’île de Malpaso en peau
de kangaroon et en os de squale. Ils sont habillés de tuniques rouges vifs, se rasent la tête, et sont placés de part et d’autre de la porte qui permet d’accé-
der à la salle d’audience des Négus.
2 La toise fait 1m20. Cette unité ancienne a été abandonnée avec l’effondrement de la Gérousie mais l’auteur était connu pour sa pédanterie.
3 Kuku était le compagnon imaginaire du Négus, qui était alors âgé de 13 ans au moment des faits. Nous sommes en 741 du calendrier Abalo-
nien.

319
la Salle des Constellations, à sept toises du trône comme l’exige notre protocole.

L’aparté entre Inja et le prince dura cinq longues minutes, pendant lesquelles nul n’osa briser le silence pesant qui
s’installait. Les ministres, qui avaient tous été convoqués aux aurores par le protocole pour honorer l’ambassadeur,
cessèrent de piocher dans les vasques la nourriture offerte, de peur de provoquer l’ire de son altesse. A la gau-
che du prince le Grand Radj, Oscaro Andrianaouv, paraissait perdu dans ses pensées et manipulait distraitement
son casque cérémoniel en argent. A la droite du Négus, debout au pied de l’estrade, le Grand Laogaï Uvu Ogolu
Andrianajaja essayait d’épier la conversation qui se tenait sur le trône et son bonnet cérémoniel penchait dange-
reusement vers le sol. Je notai qu’il foulait sans faire attention le bas de la cape d’hermine portée par le Négus et
que si ce dernier se levait trop rapidement du trône, comme il avait parfois coutume de le faire, nous risquions un
drame vestimentaire. Je fis signe à un serviteur bâ, derrière le Grand Laogaï, de faire reculer d’un pas le maître de
Justice et d’en profiter pour déblayer le pot de chambre de sa majesté.

Pendant ce temps, l’ambassadeur ne se privait pas d’observer la scène. Son visage simiesque ne traduisait aucune
expression mais sa grosse botte lourde tapotait légèrement le sol, trahissant son agacement. Si l’heure de sa venue
n’avait pas été fixée, il avait bel et bien prévenu qu’il demanderait audience ce matin au Négus. Or, il était (mal) reçu
par un gamin. Son regard finit par rencontrer les membres de l’entourage qui bordait le trône de part et d’autre
de la grande allée. Les courtisans firent mine de l’ignorer tandis que quelques Anciens détournèrent carrément la
tête. Tout en bout de rangée, le Mufaïdin de Theochrone croisa son regard, tiqua et finit par rompre le silence :

«Votre altesse, notre visiteur attend.»

Le visage du prince se raidit et Inja fusilla du regard le Mufaïdin, qui ne baissa pas les yeux. La gouvernante du
prince, qui était restée derrière le trône, murmura quelque chose à l’oreille de celui-ci, qui blêmit. Sans attendre
que l’aparté reprenne, l’Ambassadeur salua sa Majesté de trois courbettes cérémonielles : une sur ses deux genoux,
une sur un genou, et la dernière en abaissant son large torse jusqu’à faire toucher terre à sa grosse tête. Il articula
: «J’ai amené un cadeau à Sa Majesté, de la part de mon maître.».

Le prince Mélicèdre, subitement intéressé, changea de position sur le trône qui parut un moment vaciller sous le
poids impérial.
Il pointa le sceptre Négal de manière peu protocolaire mais néanmoins très franche vers l’Ambassadeur et - en
substance - formula à haute-voix sa secrète espérance qu’il ne s’agisse pas d’un bijou car il en avait trop. L’origil se
redressa et, sans se départir de son calme, fit porter le coffret qu’il avait amené aux pieds de sa Majesté. Son servi-
teur ouvrit le coffret et le prince poussa un grand cri joyeux. Son noble visage, à peine marqué par l’acné juvénile
de sa prime jeunesse, fut marqué du sceau du ravissement. « Une boîte à musique !»

Et effectivement, depuis la malle retentit l’air d’un vieux chant abalonien, un haka particulièrement guerrier, utilisé
pour les entraînements militaires.
Les courtisans applaudirent et commencèrent à se réjouir à haute-voix de ce bel objet. Les danseuses reprirent
leur déhanché. Sa Majesté impériale, courroucée, les interrompit d’un geste et demanda :

« Je t’ordonne de me dire comment ça marche !». Puis, plus inquiet, il demanda : «Est-ce un objet madori ? Car
papa a interdit les objets madori et donc je ne pourrai pas le garder si c’en est un !».

Le Conseiller Inja avait jeté un oeil dans la malle et rassurera le Souverain : cet objet là était de manufacture tech-
noprimate. L’Ambassadeur hocha la tête et informa que cette boîte à musique n’avait besoin d’être rechargée en
magie qu’une fois par mois.

Lorsque le Négus s’inquiéta de l’absence dans son Palais d’un mage capable de recharger un tel appareil, l’Origil
annonça que l’ambassade était prête à déléguer un responsable permanent de la boîte à musique auprès de son
altesse, un mage primate qui pourrait régulièrement alimenter les cadeaux technosorciers de son ami le Raïs.

Inja rassura l’ambassadeur : l’ordre pygmaro saurait faire fonctionner ce très bel objet. L’ambassade n’aurait donc
pas à se priver d’un mage d’expérience, même si c’était pour la très noble cause de l’amitié entre nos deux Na-
tions.

L’Origil répliqua au Conseiller Inja que rien n’était trop beau pour sa Majesté et que c’était au contraire un hon-
neur de lui déléguer un primate, d’autant que le Raïs avait dans l’idée de faire d’autres présents au Négus. Puis,
sans attendre la réponse d’Inja, qui ne cilla pas, il enchaîna sur le véritable motif de sa visite : un projet de navire
ultra-moderne pour la flotte de Man, capable d’écraser les bâtiments des autres royaumes, et notamment ceux de
Luna. Le Raïs proposait au Négus de lui faire visiter un prototype du navire.»

320
3.2. Introduction à la civilisation abalonienne (Abalone et Luna)

3.2.1. Histoire : grandeur et décadence de l ’Em- donner pour repousser l’éventuelle attaque primate.
pire d’Abalone Pendant dix longues années, les réfugiés guettèrent
l’horizon jour et nuit afin de se préparer à l’assaut final.
Fondation Il ne vint jamais, car les primates avaient depuis entamé
le long et inutile siège d’Huracania qui se solda par
L’Empire d’Abalone a été fondé en -544 par les réfugiés la destruction de la quasi-totalité du continent. Cette
des armées faëriques défaites sur le continent principal veille héroique – les textes la surnomment « la Longue
par les primates et leurs alliés. Ceux qui arrivèrent sur Nuit » - fonda l’esprit de la nouvelle nation autour de
ces îles, jusque là vierges de tout peuplement, étaient quelques valeurs essentielles : la méfiance à l’égard du
en écrasante majorité des humoncules à peau noire : continent, la haine des primates, l’entraide pour sur-
hommes, nains et gnomes. Il s’agissait de tribus merce- vivre.
naires alliées des peuples faëriques.
Très rapidement, la population de l’archipel enfla, en-
Mûs par une même haine partagée de l’ennemi prima- traînant un mouvement de colonisation concentrique
te, les humoncules se fédérèrent immédiatement. Ils se par les différents clans et tribus, vers le Nord, jusqu’à
regroupèrent sur quelques îles proches du continent, la grande île centrale, qui devint la première terre de
et se dotèrent d’un chef de guerre capable de les coor- colonisation, et qui resta très métissée. L’ethnie bâ

321
(naine) s’implanta sur les îles centrales; l’ethnie ogolé1 Pendant trois siècles, l’Empire et la Gérousie n’eurent
(gnomes) s’installa sur Mynèce ; et les nombreuses eth- de cesse à s’affronter pour faire basculer les îles de l’ad-
nies humaines (les balongué, les saweto et les totonaké) versaire dans leur giron. Après le ralliement de San,
colonisèrent les autres archipels, notamment Luna. Il l’Empire développa la science et imposa un régime
est à noter que l’ethnie humaine blanche – les madoris absolutiste, tandis que la Gérousie avait pour avantage
– se fixa plus particulièrement sur San, chassés par les essentiel de laisser les peuples des îles (et les ethnies)
autres ethnies. Il existait des nains blancs mais ces der- libres de leur régime politique. Le coeur de la Gérou-
niers furent chassés vers Atlante par les tribus noires. sie était l’île de Man, puissante et prospère, dirigée par
une lignée de rois balongué appelés «Négus» et seul
Quelques tentatives furent faites pour établir des un «conseil des Anciens» servait d’assemblée politique
contacts avec les réfugiés partis de l’autre côté de fédérale.
l’océan ou pour trouver d’autres îles plus éloignées.
Aucune expédition ne revint, la plupart disparues dans Le système d’affiliation tribale finit par disparaître tota-
les flots et le reste resté prisonnier de la danse du jokari lement au sein de l’Empire, et les peuples se mélangè-
en Atlante (cf. géographie d’Atlante). rent, l’Empire reconnaissant le même statut de citoyen
à tous ses sujets (les élites de San et de la Grande-Ile
devinrent à ce sujet cousines, à force de mariages croi-
sés). L’Empire, de plus, avait lancé une vaste opération
La partition : Gérousie BALONGUE et le Haut- de mise par écrit des coutumes des îles pour créer un
Empire Jaméen TOTONAKE (-400 à -92) esprit national avec un système de chartes, édictées
sous Jamo VI : Charte des droits et libertés (- 307),
En – 400, la population ayant atteint un million d’ha- charte de la nationalité (- 307), refonte des armées en
bitants, les descendants des chefs des armées humon- mettant fin aux quotas ethniques (- 309). Eradiquant
cules se réunirent en Conseil des tribus pour établir les derniers vestiges des tribus, les Empereurs jaméens
un système politique unifié et mettre fin à toute une s’employaient à développer une politique de citoyen-
série de guerres rendues nécessaires par l’approvision- neté pour miner les solidarités claniques et ethniques.
nement des différents clans. Ils parvinrent, au prix de Ils n’en restaient pas moins tous issus du clan toto-
5 années de discussion, à se mettre d’accord, à l’excep- naké.
tion du chef de la Grande Ile. Tous ses confrères pro-
posaient en effet une Confédération gérontocratique : Avec l’entrée en vigueur de la Charte de nationalité,
la Gérousie. Chaque île pourrait disposer librement de tous les sujets impériaux reçurent l’obligation de choi-
ses terres, mais une assemblée centrale des chefs de tri- sir un nom complet distinct des traditions anciennes
bus - les Anciens - déciderait pour l’ensemble des îles où les gens se regroupaient par tribu ou ethnie. La
sur les thèmes d’intérêt général : les lois de la Gérousie, dénomination des grandes ethnies fondatrices (les bâ,
la défense (appelée en abalonien, « la veille »), le régime les ogolé etc…) fut interdite comme patronyme indivi-
des monnaies. duel. Le droit des successions fut revu pour favoriser
les héritiers mâles en ligne directe et empêcher ce qui
Le chef de l’île centrale, Jamo Balamba, héritier du gé- se faisait autrefois dans certaines îles tribales (la mise
néral humoncule (totonaké) ayant mené les armées à la en commun des biens). Les familles abaloniennes se
bataille, voulait quant à lui un empire unifié et surtout virent proposer un régime de droits et de privilèges di-
centralisé. Une bataille déchira alors les îles d’Abalo- rectement lié à leur nombre d’enfants, afin de faire face
ne, la grande île (200 000 habitants à l’époque) étant à la menace primate, et des avantages furent imaginés
soumise à un blocus naval par les autres chefs tribaux. pour favoriser les « toucouleurs », c’est à dire les métis-
La guerre dite de partition se termina vers – 361 sans ses et bi-ethniques.
qu’aucun vainqueur ne se distinguât, entraînant une
partition de facto des îles. Certaines îles (notamment Le rapport de force évolua sensiblement en faveur de
San, les madoris se sentant menacés en Gerousie) bas- l’Empire, notamment parce qu’à défaut de conquérir
culèrent du coté de Jamo et se soumirent à son auto- de nombreuses îles, il bénéficia d’avancées techniques
rité. L’Empire ainsi fondé en - 361, dispersé parmi les appréciables en matière de médecine qui améliora
îles de la Gérousie (Atalis, Mynèce, Man, Nihon, îles substantiellement son taux de natalité. En – 92, à l’aube
centrales), comptait 300 000 habitants environ contre de la guerre de réunification, l’Empire comptait ainsi
700 000 pour les autres îles. 385 000 d’habitants contre 815 000 pour la Gérousie.

1 Les Ogolé sont assez proches des Pouques en termes de carac-


La guerre qui éclata alors avait pour motif originel le
téristiques anatomiques, si ce n’est qu’ils sont noirs de peau. Il existe des contrôle des principaux détroits permettant à l’Em-
Ogolé qui ont des traits semblables à ceux des Hopins, mais c’est une ethnie pire d’Abalone de se ravitailler et surtout de lancer
rarissime. des expéditions à l’encontre des primates. L’Empereur

322
d’alors, Jamo XXXVIII, avait en effet appris la mort refus de conduire des guerres dits de colonisation, re-
de l’Amiral-sorcier Galgula, commandeur des armées fus de pardonner aux primates, refus de l’utilisation de
primates, et il voulait retourner sur Terra Negra pour la magie à des fins destructrices. Cette décision bloqua
porter secours aux survivants. Il somma la Gérousie de toute évolution scientifique et empêcha les humoncu-
lui laisser le contrôle des détroits sous peine de subir les de découvrir le secret de la technomagie.
sa colère. La Gérousie, qui en réalité était devenue à
l’époque une alliance mal ficelée de tribus sans cesse Les Empereurs Panzaërs, qui dominaient alors tout
en conflit, répliqua en attaquant certaines petites îles, Terra Negra (à l’exception des terres darabouns) tentè-
puis San. Cet acte très belliqueux était en effet motivé rent de nouer des contacts avec l’Empire Jaméen mais
par des considérations raciales, la tribu des madoris cette opportunité historique - les deux peuples étaient
ayant toujours été très mal considérée par les autres unifiés - échoua, du fait de la méfiance des empereurs
ethnies. humoncules.

L’Empereur lança alors sa flotte sur les îles de la Gé- Avec la fragilisation de l’Empire, les coups d’état se
rousie et les conquit une à une, au prix d’importantes multiplièrent, entraînant une valse d’Empereurs qui ne
pertes civiles. Seule la puissante île de Man, qui comp- purent rester en place que quelques mois pour la plu-
tait alors 100 000 habitants (ethnie balongué), parvint part, avant d’être assassiné par un cousin ambitieux.
à s’opposer avec succès à tout débarquement impérial.
Trois jours après, toute la Gérousie (hors Man) rendit La Dynastie des Jamo prit fin en l’an 40 avec l’assas-
les armes, après que les shamans aient été tancés par sinat du dernier Empereur de la Dynastie, Jamo CIII,
les Dieux, et Jamo XXXVIII fut le premier Empereur devenu fou. L’assassinat du souverain fut, raconte-t-on,
de la nation réunifiée, en – 89 de notre Ere. La Guerre le fait d’une poignée de conspirateurs décidés à empê-
de réunification avait fait 500 000 victimes et totale- cher coûte que coûte l’Empereur de renouer des liens
ment anhilié l’ethnie balongué hors de Man. L’île de avec les royaumes primates.
Man devint un royaume indépendant.
L’Empire explosa alors en quatre morceaux.

Le Bas-empire : La dynastie des empereurs


jaméens TOUCOULEURS (-92 à 40) La période des cinq royaumes : l’ère mani-
que (40 - 448)
Ce nouvel Empire ne parvint pas dans les premières
décennies à homogénéiser sa civilisation. Abalone était confrontée à une population en infla-
tion constante (1,2 millions d’habitants à la mort de
En s’étendant aux autres îles de la Gérousie, le nou- Jamo CIII), qui a accompagné la chute de l’Empire. A
vel Empire tenta d’y implanter son modèle juridique la mort de Jamo CIII, quatre royaumes déclarent leur
et civique : le conseil des Anciens fut supprimé et le indépendance : le royaume de Luna, qui abrite l’Eglise
pouvoir centralisé en Avalon. Hélas, les Empereurs qui polythéiste et se dote d’une theocratie ; la Grande-Ile,
succédèrent à Jamo XXXVIII n’étaient pas tous des également appelée Avalon par méthonymie avec sa ca-
grands chefs et une multitude de conflits ethniques, no- pitale (la plus grande île de l’Empire) où règne la dy-
tamment sur San, affaiblirent la cohésion de l’Empire nastie des Mordred (bâs), qui règne aussi sur Atalis ;
avec le temps, minant la vision ambitieuse des premiers Nihon, où se succèdent trois dynasties Saweto (les Oko,
Empereurs. Les mariages avec les Madoris et les Balon- les Wengue, puis les Natuja) ; et enfin les Deux-Iles de
gués faisaient des Empereurs jaméens des toucouleurs, San et Mynèce, (alliance de la dynastie madorie des Sa-
qui ne comprenaient guère les rivalités ethniques sur rapale et de la dynastie ogolé des Abam).
les autres îles. Parmi les autres ethnies, les totonakés,
ethnie dominante, étaient notamment universellement Man, qui avait su résister aux conquérants, profita éga-
haïs par les autres clans. lement de cette époque pour briser son isolement,
autour de la dynastie des Négus Sego (balongué). Les
En l’an 0 se déclencha le grand Cataclysme et le conti- siècles qui suivent (1er, 2ème et 3ème siècle après la
nent fut ravagé par la magie Néantique utilisée par Grand cataclysme) furent un siècle de prospérité et de
les primates. L’onde magique secoua les îles les plus progrès scientifiques, du fait de la diffusion des tech-
proches. Horrifiés, les abaloniens restèrent prostrés niques du défunt Empire et de la paix retrouvée : l’es-
pendant plusieurs jours (cette période est appelée « le pérance de vie s’allongea considérablement et atteignit
grand Choc »). L’Empereur Jamo XCIX décida alors 80 ans en moyenne pour les humoncules humains et
de limiter les recherches magiques vers une utilisation 200 ans pour les autres. Le taux de mortalité s’effon-
uniquement pacifique avec plusieurs tabous majeurs : dra de moitié par rapport aux siècles précédents. Cette

323
situation contrastait avec la désolation qui ravageait le famille. Dès 328, les cinq royaumes rassemblaient 10
continent, la guerre des trois siècles (cf. primates) cou- millions d’habitants. La vitalité démographique resta
vrant l’intégralité de la période. Les îles d’Abalone sont expansive quoique se tassant progressivement au 5ème
protégées des incursions et le sujet de relations diplo- siècle.
matiques avec les anciens adversaires ne se posa plus.
Toute la politique des royaumes est alors tournée vers
Durant cette période, c’est Man qui influença beau- un seul objectif : maintenir la paix en faisant de Man
coup les royaumes d’Abalone, à rebours du modèle l’arbitre du système. Les Sego savent récompenser,
impérial Abalonien. En effet, la Grande-Ile possèdait punir, assassiner, et parviennent à équilibrer les diffé-
l’étrange caractéristique d’être gouvernée par une eth- rents royaumes de manière à empêcher qu’ils se coali-
nie minoritaire (les bâs), coupée de la majeure partie sent contre Man. L’une des obsessions des Sego est la
de la population (toucouleurs). Le système politique de renaissance de l’Empire abalonien. Ils en oublient de
la Grande-Ile reposait sur un pouvoir absolu des Mor- regarder vers le Sud : à partir de l’an 300, les royaumes
dred, sans assemblée des anciens comme cela pouvait primates se développent fortement, avec des avancées
se pratiquer du temps du Bas-Empire. Autre facteur de juridiques favorisant la paix (comme la Charte d’Uchro-
singularité : les Mordred ne pouvaient pas, à l’inverse nie à Tanza, en 344) et surtout la révolution technoma-
des autres dynasties, contracter des mariages royaux et gique (fondation des ordres en 380-388).
progressivement la Grande-Ile se coupa de ses ancien-
nes colonies.

A l’inverse, les Negus de Man jouent subtilement des LA Période des CINQ ROYAUMES : Le coup d’état
mariages pour renforcer leur position politique. Ils militaire de 448 et la guerre avec les royau-
n’hésitent pas à donner leurs filles cadettes en maria- mes primates
ge aux dynasties régnantes de Nihon, voire même des
Deux-Iles (les madoris). Nihon, sous la dynastie Wen- L’âge d’or se termine avec le coup d’état des Bamani
gue, passe ainsi progressivement sous la coupe des Ne- (chefs de l’armée) en 448 sur Avalon : la population
gus de Man. Les autres monarques prirent l’habitude d’Abalone est alors de 18 millions d’habitants, dont un
de modeler leur organisation politique sur la délicate peu plus de la moitié sur l’île d’Avalon. La dynastie des
et raffinée civilisation des Negus Sego en convoquant Negus Mordred est déposée et le dernier Negus, Mor-
des «loya duma», un héritage de l’antique Gérousie, dred IV, proprement assassiné. Lui succède en 448 du
et en renouant parfois avec la pratique de l’esclavage, calendrier impérial (461, calendrier paléo-aquilonnien),
massivement pratiquée sur Man. La magie fut progres- un triumvirat de Bamani toucouleurs (les maréchaux
sivement marginalisée, comme appartenant au passé Kobe Andrianabonobe, Hobutu Andrianajina et Shanti
impérial, et ne reste enseignée que dans les Deux-Iles. Andrianasatiuros).
Les royaumes préférèrent placer à leur tête non plus
des «Rois», des «Anciens» ou des «Empereurs» mais Les bamani ambitionnaient de refonder l’Empire d’an-
des «Négus», terme importé de l’île de Man. Dans les tan en mettant à bas l’influence néfaste et pernicieuse
Deux-Iles, la protection du Négus de Man permit à la de Man et en récupérant le pouvoir confiqué par les
Dynastie des Sarapale de s’imposer face à la dynastie bâs. Pour cela, leur projet était essentiellement militaire
des Abam et les madoris prirent peu à peu le contrôle : re-coloniser le Désert sans fin pour gérer le manque
du royaume à partir de l’an 200. Les monarques îliens de plus en plus criant de territoires arables et prendre
reprirent également une grande partie du droit appli- Man à revers. En effet, les derniers siècles avaient été
cable sur Man, remplaçant sans état d’âme les vieilles marqués par une disparition de la menace primate qui
chartes impériales au profit d’un droit oral. Les maria- avait rendu les militaires abaloniens très confiants sur
ges entre ethnies devinrent très rares, sauf sur Avalon leurs propres capacités.
qui resta fidèle à son héritage impérial.
Près d’un demi-million d’abaloniens (essentiellement
Les Négus des Deux-iles et de Nihon recopièrent le des madoris) d’Avalon furent déportés en sur le conti-
système manique et créèrent également une caste nent pour «cultiver le désert». Un aussi grand nombre
nobiliaire – les andriana – en les obligeant à utiliser fut envoyé de force dans le comptoir de Pandernagor,
ce suffixe devant leur nom de famille (par exemple : conquis sur les panzaërs au Nord-Ouest du continent
andrianaombomba, andrianakalipos, etc…). Même la : à la suite de ceci, le royaume de Tanza tenta de nouer
Grande Ile en vient à importer le système nobiliaire. des relations diplomatiques, mais les cités crépusculai-
res réagirent en fondant le technoroyaume de Kenl.
Le nombre moyen d’enfants s’élèva ainsi de 4 à 8 par

324
Après treize années (calendrier impérial) d’échecs et de dre et l’utilisation de la magie, un procédé bien moins
guerres, un putsh mené par les nostalgiques de l’an- puissant.
cien régime renversa les bamani (465 du calendrier
impérial), avec l’appui discret des autres monarchies.
Les colons furent abandonnés à leur sort et les Négus
étrangers imposèrent Alazar, un clerc (un saweto) à la La periode des cinq royaumes : Le déclin de
tête de l’Empire, originaire de Luna. Celui-ci dut faire Man et l’ère Avalonienne
face à une situation très dégradée : les coffres du tré-
sor étaient vides, la population réduite, le moral de la Sur Avalon, le nouveau Negus fut élu sous la super-
nation au plus bas. Une épidémie se déclencha en 471 vision des représentants des îles, et notamment celle
et fit près de 3 millions de morts, car elle se répandit de Sego XXV. Son nom était Mordred et il était le fils
dans les îles occidentales. Alazar mourut d’épuisement de Mordred III (et frère de Mordred IV). Mordred V
en 472. rétablit l’ordre et conserva les acquis de la Révolution
(notamment l’abolition de l’esclavage). Le Régime se
S’ensuivit une période de trouble entre 472 et 482 démocratisa avec l’importation du modèle politique de
connue sous le sobriquet de « Révolution Abalo- la Gérousie et la constitution d’une assemblée d’an-
nienne ». Spontanément, la population toucouleur ciens élus par les îles (la Loya Duma), principe hérité
de la Grande île déclencha en effet des émeutes pour conseil des Anciens. Plus de pouvoirs furent donnés
obliger le clergé, qui détenait le pouvoir sous Alazar, aux iliens.
à la convocation d’une Assemblée des clans. L’armée,
décapitée depuis 464, était débordée et s’instaura une Soucieux de ne pas réouvrir une guerre avec les prima-
éphémère Gérousie dont le principal héritage parvenu tes, Morderd V prit le contrepied des bamani et se lança
jusqu’à nous fut de rouvrir les relations diplomatiques dans une politique d’amitié avec le royaume de Tanza,
avec les « frères primates » de Tanza (échanges informels réputé le plus amical pour les humoncules. En 484,
et commerciaux) en 480 et d’abolir définitivement l’es- un ambassadeur fut nommé de manière permanente
clavage tribal en 481. Les autres royaumes humoncules auprès de ce dernier. Le Negus Mordred V obtint en
s’inquiétèrent beaucoup de ces troubles car l’exemple échange le maintien du comptoir de Pandernagor (900
d’Avalon finit par faire tâche d’huile : une révolution 000 habitants aujourd’hui). Cet accord fut suivi par le
éclata à Nihon et déposa la dynasrie des Natuja ; des Royaume de Teutonia (493) et les cités crépusculaires
émeutes furent sévèrement réprimées sur Man. Un blo- (494).
cus de la Grande-Ile fut décidé par Sego XXV, Négus
de Man, et ses alliés, afin de mettre fin à la Gérousie. Cette orientation politique déplut aux royaumes plus
Celle-ci envoya alors un message d’aide au Royaume conservateurs qui entouraient Avalon mais Man ne par-
de Tanza. vint pas à convaincre les autres royaumes de déclen-
cher un affrontement militaire.
Il n’est pas bien clair si les royaumes primates lancèrent
une vague d’attaques en direction des royaumes, pour Le VIème siècle vit lentement le royaume de Man décli-
venir en aide à la Gérousie, désormais amie de Tanza, ner et son influence s’émousser au profit d’Avalon. En
ou plus prosaïquement pour profiter de la confusion effet, le réveil de la menace primate (Man étant proche
qui s’y était installée. Quoiqu’il en soit, l’année 481 des côtes) et l’alliance commerciale Grande-Ile - Tanza
marqua un tournant : les royaumes humaines découvri- affaiblirent la position stratégique des Sego. L’écono-
rent lors de la première guerre primate, la supériorité mie et la démographie de Man s’en ressentirent, tandis
technologique des primates, ces derniers faisant pour que le royaume des Deux-îles se plaça petit à petit dans
la première fois utilisation d’une flotte technomagi- la roue des puissants Négus d’Avalon.
que. Nihon tombe en 480, et Avalon est menacée. C’est
Au VIIème siècle cependant, cette ascension d’Avalon
alors que le bamani Jouxau, un homme venu du peu-
fit peur aux primates qui voulaient prendre leur revan-
ple, prend le pouvoir sur la Grande-Ile et négocie avec
che. A Tanza, les radicaux prirent l’ascendant et une
les deux Négus Sarapale XV et Sego XXV une alliance
seconde guerre, uniquement menée par Tanza, survint
militaire qui écrase la flotte technomagique primate,
en 590, laquelle permit à la Théocratie néantique d’an-
puissante mais trop dispersée. Les itis en tirèrent des
nexer à son tour Nihon. Celui-ci devint un satellite pri-
leçons en fondant Kenl moins de 15 ans plus tard.
mate sous le nom de «Royaume d’Abalone libre».
Jouxau, après sa victoire, refusa la couronne d’Avalon.
Le grand Nâvre, en 679, modifie totalement la géogra-
L’île de Nihon ne recouvrit pas son indépendance et
phie de Terra Negra : les îles sont désormais relative-
fut annexée par Avalon. Le Royaume de Luna lança à
ment inaccessibles, et les trajets en bateau se raréfient.
ce moment des recherches sur un moyen de contre la
Les côtes deviennent stériles ce qui désavantage les îles
technomagie : ce fut la mécamagie, basée sur la pou-

325
sans profondeur continentale. De manière plus problé- Nâvre est en train d’asphyxier les royaumes humoncules.
matique, la perte d’environ 25% des terres à cause des En 727, une météorite s’écrase sur une île proche des
pluies acides, la nécessité de déserter certains îlots ren- côtes primates et réveille magiquement l’Amiral-sorcier
dus inhabitables finit par poser un vrai problème de dé- Galgula, un des héros primates de la guerre contre les
pendance à l’égard de l’extérieur en matière de denrées. Faëries, mort en - 100 et figure héroïque des mythes et
légendes primates. La Théocratie de Luna envoie alors
Les primates, grâce à leurs navires technomagiques vo- une expédition en territoires primates pour enquêter sur
lants, prennent définitivement l’avantage sur les flottes ce phénomène, une prophétie ayant indiqué que cet évè-
humoncules. Les métamorphoses brutales subies par la nement aurait de graves répercussions pour le monde.
Nature provoquèrent un grand retour à la religiosité dans
les îles les plus pauvres, renforçant l’Eglise Chamanique Cette expédition est menée par un Bamani ambitieux,
d’Abalone qui n’ hésita pas à accuser la Science d’avoir Janus Cumperator. Il revient de l’opération marié avec
provoqué des dommages irréparables à l’environnement, une chamane d’Hapoggaëddon, Justine Issandre, et le
et provoqué les Dieux. sceptre de l’amiral-sorcier Galgula, siège de sa puissance
magique, qu’il est parvenu à trouver au coeur de la Thé-
Le VIIème siècle est le théâtre des premiers contacts des baïde, aidé par les elfes.
humoncules avec les faëries, de leur propre initiative.
En 688, une expédition venue de Terra Mater vit pour la Cumperator travaillait pour le Dogon de Luna mais s’en
première fois des Elfes (non-thébains) revenir sur Terra émancipe très vitre. Sa première action est de réunir ses
Negra, conduite par Alamal, le patriarche blanc, frère du meilleures troupes et d’attaquer le Royaume d’Abalone
roi Theos de la Thébaïde. Ce n’était pas la première fois libre pour le soumettre (728), avec l’aval du Dogon. Les
que des explorateurs débarquaient sur Terra Negra, une troupes primates sont écrasées et Cumperator est accla-
expédition venue de Faram ayant touché les rives des mé comme le libérateur. Nommé gouverneur de Nihon,
cités crépusculaires en 588, avant de repartir. Le Grand Cumperator déclenche deux ans plus tard (en 730) une
Nâvre avait cependant rendu impossible tout retour des guerre éclair contre le royaume de Man, qu’il conquiert,
Djinns. à la surprise générale : le dernier Negus de Man est déca-
pité et son fils nommé vassal du bamani. Puis il déclare
Les Elfes, venus sur une cité volante, s’établissent tout l’union des 5 royaumes. Avalon et les Deux Iles acceptè-
d’abord dans les ruines de la Thébaïde. Les Abaloniens rent de se soumettre, pétrifiées par le pouvoir du sceptre
se montrèrent très intéressés vis-à-vis de ces autres res- : Mordred VI est exilé. Le siège de l’Empire est fixé en
capés du Grand Cataclysme, aux pouvoirs extrêmement Avalon, sur les grande-île. mais Cumperator choisit de
puissants, capables de rivaliser avec les plus grands prendre pour épouses les filles des dynasties précédentes.
technomages. Mordred VI, Negus de 566 à 729, tenta de Comme la famille régnante sur la Grande Ile était naine,
convaincre les elfes à ouvrir une ambassade dans l’en- il n’en ressortit aucun héritier et ce fut cette raison qui
clave de Pandernagor. Cette décision ne fut suivie d’effet poussa Cumperator à choisir Avalon pour capitale, afin
que grâce à Janus Cumperator en 730, qui ramena de d’être certain de contrôler le coeur de l’Empire.
son expédition en Thébaïde les elfes à qui il octroya une
île. Quelques elfes, semi-faëriques, s’installèrent dans Des mariages avec les maisons soumises, il y eut plu-
l’enclave de Pandernagor, au grand dam des panzaërs sieurs enfants mais seuls les deux rejetons de Justine
voisins. Issandre, Mélicèdre et Mélissandre, jumeaux nés en 727,
furent promis au trône. Les autres enfants furent ensuite
Le Royaume d’Avalon fut perçu comme ambigu par les imposés comme vice-négus de leurs îles respectives.
primates et les relations se détériorèrent.
Le Négus Janus Cumperator choisit également de don-
ner une terre aux elfes de la Thébaïde, lesquels avaient
du fuir les armées de Galgula après 50 années de pré-
L’unification de l’Empire d’Abalone : le grand sence. Une petite île du sud d’Aquilon les accueillit et
empire leur roi, Palantyrion, édicta des règles strictes : aucun
elfe ne pourrait être vu par un mortel à part lui-même,
C’est au VIIIème siècle que l’Empire d’Abalone renaît afin d’éviter qu’on connaisse leur nombre. Le légendai-
de ses cendres, alors que tout porte à croire que le Grand

326
re Apernyx figurerait parmi les pensionnaires de timent au sein d’une population scandalisée par
«l’île-aux-elfes», ainsi que plusieurs dizaines d’el- une telle violence. Le Dogon de Luna prit publi-
fes non-thébains venus de Terra Mater. La petite quement parti pour les révoltés et excommunia le
ambassade de Pandernagor permet également de Négus, qui réagit en créant sa propre église et en
discuter avec le pouvoir Négal. plaçant sa femme, Justine Issandre comme Sinta
et intercesseur avec les Dieux, au lieu d’invoquer
Janus mit près de 10 ans pour unifier les royau- les esprits des Rhoëls. Cette Eglise justinienne
mes. Il le fit avec la bénédiction du Dogon qui réprima férocement l’Eglise officielle, qui devint
voyait d’un bon œil qu’une des trois femmes du rapidement clandestine.
Négus soit une Grande Chamane. Janus posa les
bases d’une nouvelle constitution impériale (738), En 754, un groupe de fanatiques religieux parvient
en reprenant l’antique héritage du Haut-Empire à assassiner Janus Ier. Après deux années de ré-
(notamment en étendant à tout le territoire, sauf gence de Sinta Justine, Mélicèdre Ier succéda à
Luna et quelques îles rétives, l’interdiction de l’es- son père et les troubles s’apaisèrent car le sceptre
clavage) et en restructurant l’organisation politi- de Cumperator, responsable des tracas passés, dis-
que du pays en s’inspirant de l’ordre social de la parut, sans doute caché par Justine Issandre. La
Gerousie et de Man. garde noire fut dissoute mais les lex de Janus fu-
rent conservés.
Néanmoins, à partir de 740, les choses commencè-
rent à se tendre : Cumperator se mit en tête d’enle-
ver son fils aîné à la garde de sa mère, Justine, pour
lui inculquer « une éducation militaire ». 3.2.2. Société, famille, valeurs
Simultanément, le palais impérial, construit sur la Les soubassements culturels d’une civi-
grande île d’Avalon, fut touché par une maladie lisation
très contagieuse rappelant l’infex. La concubine
Ullaere Sarapale en mourut, de même que plu- L’Empire est dans les faits une civilisation sociale-
sieurs courtisans et sénateurs. En 741, l’Empereur ment très hétérogène qui a fini par se disloquer. Si
décida la création d’une garde spéciale, la garde les grandes îles, aux populations mélangées, abri-
noire, composée de horlas. C’est à cette époque tent des populations urbanisées, très éduquées
que la Loya Duma, le parlement impérial, com- et progressistes, il n’en est pas de même dans les
mença à bruire de rumeurs désobligeantes. myriades de petites îles qui ont gardé des modes
de vie parfois rétrogrades hérités de l’ère manique.
Ces lignes de fracture recoupent quelque peu les
En 752, Janus prit un lex qui provoqua une se- divisions politiques qui se sont fait jour.
conde onde de choc dans l’Empire. Le lex d’Etoi-
le, ainsi appelé car proclamé depuis l’archipel du La base de la société est la cellule familiale, ex-
même nom, autorisa l’adoration «de toutes les trêmement importante pour les Abaloniens et
divinités au sein de l’Empire», y compris donc le appuyée par les Negus successifs. Les membres
Theochrone, rapprochant Abalone des royaumes d’une même famille se distinguent également
primates les plus tolérants . Un impôt spécial, la par un même patronyme dont les origines ont été
dissaine, fut créé pour frapper 10% des revenus du codifiées sous les règnes des Jamo (pour les îles
clergé de Luna, jusque là épargné par toute contri- ralliées depuis le départ à l’Empire centré sur la
bution. Grande-Ile) ou bien fixées sous le Bas-Empire ou
le Grand Empire (pour les îles ayant appartenu à
la Gérousie) ou bien. En plus de ce premier patro-
La dissaine - surnommée ironiquement «la ja- nyme, les abaloniens intercalent parfois un second
nette» par ses détracteurs - mit le feu aux poudres patronyme (appelé « petit-nom ») qui permet géné-
avec Luna, mais également scandalisa la Loya ralement de distinguer les branches d’une même
Duma qui refusa d’enregistrer le lex, ce qui laissa famille.Pour les héritiers de la caste noble, les
de marbre le Négus. En fin d’année 752, l’île de premiers patronymes sont invariablement
Man annonça qu’elle faisait sécession de l’Empire précédés du préfixe « andriana ».
: le Négus y fit envoyer une partie de l’armée qui se
livra à des exactions terribles contre les rebelles : Dans les îles qui ont longtemps sous le joug impé-
les derniers balongué périssent dans des exactions rial de - 361 à 40 (Grande-Ile ou San), les noms de
massives. Man fut contrainte de revenir dans le gi- famille ont été très rapidement harmonisés avec
des désinences en – or, -us, ou –ius. Ainsi les hé-
ron impérial mais cet épisode accentua le ressen- ritiers de Jamo Balamba se sont progressivement

327
faits appeler Jamo Balembus. que sont l’Île centrale, Atalis, Mynèce.

Dans les îles qui ont gardé leurs systèmes anciens, Au-delà, onze millions d’abaloniens vivent sur
la codification impériale ne s’est pas accompagnée des confettis d’îles relativement pauvres aux régi-
d’un changement patronymique. Les noms sont mes politiques baroques où l’Eglise Chamanique
souvent à consonnance exotique (en a, o, ou é) et détient un grand pouvoir spirituel et temporel
l’appartenance à un clan est considérée comme qu’elle dispute à l’Eglise Justinienne du Négus.
une « seconde famille ». L’île de Man est la plus caractéristique de ce point
de vue là, et les identités ethniques perdurent.
Quelque soit le nom choisi, les abaloniens par-
tagent un même respect pour les anciens, c’est Ailleurs, des conflits incessants entre îlots per-
à dire les plus âgés. Qu’il s’agisse du mariage à durent et les ethnies se mélangent peu, malgré
opérer, d’un choix de carrière ou d’un voyage à la codification familiale qui était censé abaisser
entreprendre, toute décision majeure dans la vie les barrières entre clans. Les Negus successifs
d’un adulte (et a fortiori d’un enfant) sera soumise ont tenté de moderniser les îles les plus arriérées
non seulement au chef de famille mais aussi aux mais la prépondérance de la Loya Duma empêche
aïeux. Ces derniers n’hésiteront pas à question- une politique trop volontariste, d’autant qu’elle se
ner à l’aide d’un chamane les esprits qui veillent heurte également aux intérêts de l’Eglise chama-
sur la famille, et ceci même dans les élites les plus nique.
urbanisées et les plus progressistes (souvent par
superstition). Si l’histoire d’Abalone n’a jamais été marquée par
un conflit majeur fratricide à base ethnique (en
Suivant les ethnies, des différences surviennent dépit d’affrontements multi-séculaires entre îlots
cependant. Chez les nains (les bâ), les femmes et archipels de clans différents), ou religieuse (la
jouent un rôle familial beaucoup plus important détestation de la technomagie dans certaines ré-
traditionnellement que pour les autres races. El- gions rajoute un volet religieux à une animosité
les participent par exemple au Conseil des An- raciale), c’est parce que les Abaloniens ont tou-
ciens. Dans certaines îles humaines, les hommes jours été convaincus que les primates voisins re-
ont droit de vie et de mort sur leurs femmes. présentaient une menace encore plus forte.

La conception de la famille diffère également : elle


s’étend chez les gnomes ou les nains jusqu’aux
cousins de deuxième ou troisième degré, tandis
que les familles humaines toucouleurs n’enten-
dent que les cousins germains et les collatéraux.
Chez les madoris, le concept familial se réduit à la
ligne directe (parents/enfants). Ceci n’est pas sans
importance car la culture abalonienne considère
comme naturelle et indispensable l’entraide tota-
le entre les membres d’une même famille, à com-
mencer par le partage des ressources. L’Etat du
Negus s’est contenté de limiter ceci au moment
des successions patrimoniales.

Toute la société abalonienne est imprégnée de


gérontophilie. Qu’il s’agisse de l’avancement chez
les radjis (militaires), des postes de légats impé-
riaux ou de chamanes, l’âge est le principal critère
de choix. Seule la dynastie des Negus échappe à
ceci.

Au-delà de ces points communs, la civilisation


abalonienne est une société très clivée. Les trois
plus grandes îles de l’Empire proprement dit
concentrent près de 7 millions d’habitants avec
un niveau de vie très élevé, une pratique religieu-
se sur le déclin, et un mélange ethnique très com-
pact. Les « toucouleurs », cette ethnie qui n’en est
pas une et qui descend des brassages entre eth-
nies humaines, est majoritaire sur ces grandes îles

328
La vie d’un abalonien gagnent le droit de porter leur tiki-ana. Les gagnants se
voient généralement offrir une récompense utile (une
Tout abalonien, qu’il soit urbain ou originaire d’une île admission à l’université par exemple). Suivant les îles,
lointaine, est avant tout membre d’une famille, et par le statut des femmes diffère : dans certains endroits, les
là-même d’un clan, y compris sur San. femmes désormais nubiles doivent trouver un époux
ou rentrer dans les ordres ; dans d’autres, elles ont les
Chaque abalonien possède un tiki-ana à sa naissance, mêmes opportunités que les hommes.
talisman rituel qu’il utilise pour se protéger des esprits
et dont la forme et l’apparence démontrent son ap- Pour ces derniers, passer le mami wata signifie embras-
partenance à une famille. Chaque famille a en effet un
objet totem (animal, minéral, symbole...) particulier, ser un métier ou une carrière. Une minorité - générale-
avec d’ailleurs des similitudes en fonction des ethnies : ment les nobles - a la chance d’intégrer l’université, qui
chez les Madori (les humoncules blancs), on utilise gé- est souvent dirigée par les chamanes de l’île. La grande
néralement des objets sphériques; chez les bâ, ce sont majorité choisit de devenir pêcheur, agriculteur, clerc
des pierres. Seuls les toucouleurs affectionnent (et leur ou commerçant. Intégrer l’administration impériale
nom vient de là) des représentations peintes et colo- (radji, juge, percepteur d’impôt) suppose de passer gé-
rées. On y grave ou on y inscrit dessus le premier nom néralement un concours mais est synonyme de promo-
et le dernier nom du nouveau né, le petit nom étant tion sociale car le sujet abalonien modifie son tiki-ana
seulement usuel. Le nouveau né est alors présenté au pour prendre celui du Negus, un moyen de montrer
chamane le plus proche qui convoquera avec son tiki qu’il rentre dans un nouveau clan.
wananga (voir plus loin) l’esprit du clan pour qu’il choi-
sisse un Dieu tutélaire. Le nouveau né sera pour toute Ce n’est qu’une fois les études terminées qu’un aba-
sa vie placée sous la protection de l’esprit de sa famille, lonien peut penser à se marier. En réalité, la famille y
de son village ou de son île. C’est lui qui l’escortera à sa pense pour lui : les anciens se réunissent et décident
dernière demeure, vers les Enfers, d’après les croyan- quel est le meilleur parti pour le jeune homme. Si ce
ces. Son Dieu tutélaire, en revanche, lui sera choisi par dernier a quitté son île, il n’est pas rare qu’il demande
les parents en fonction du mois ou des circonstances aux anciens du village ou de l’île d’adouber sa promise.
de la naissance. Le mariage est prononcé par les chamanes et donne lieu
à d’importants cadeaux rituels entre les deux familles
Ensuite, l’enfant sera enregistré auprès du laogaï de pour signifier la force et la prospérité. Bien qu’officiel-
l’île (dans l’Empire), du chamane du village (sur Luna) lement interdits, les liens ethniques sont extrêmement
pour qu’il le porte dans ses registres. A l’âge de 6 ans, prépondérants pour la constitution des couples. On
le jeune abalonien ira à l’école, qu’il soit homme ou préfère se marier - excepté chez les toucouleurs - en-
femme. Dans l’Empire, l’instruction publique abalo- tre gens du même clan ou à la limite du même peuple
nienne, gratuite et obligatoire pour tous, a joué un rôle (d’où l’importance du tiki-ana).
important dans la prise de conscience d’une identité Pour les abaloniens émancipés, descendants d’îliens
commune. La scolarité obligatoire dure 10 ans. Ce sont qui ont à un moment perdu leur tiki-ana et donc leur
les femmes du village qui s’occupent de la première lien tangible avec une ethnie, les rituels demeurent
partie de l’enseignement, consistant à savoir se dé- quoiqu’amoindris. Le mami wata se transforme généra-
brouiller pour être autonome, se laver, se débrouiller lement en une fête où l’enfant est présenté aux esprits
avec la faune et la flore de l’île. A 10 ans, les précepteurs et à la famille, et le mariage donne lieu à des présents
communaux -qui sont des anciens du village - pren- faits aux mariés plutôt qu’échangés entre les deux fa-
nent la relève et enseignent la navigation, les bases de milles.
l’écriture, la lecture et des mathématiques, la médecine,
la géographie d’Abalone, son histoire, et enfin quelques Quelque soit le lieu, et sa carrière, le citoyen d’Abalone
bases de commerce. Une fois par semaine, un chamane respecte quelques principes typiquement abaloniens.
fais cours et enseigne aux jeunes abaloniens les pré- Ainsi, la propriété n’existe pas car les abaloniens ont
ceptes divins. Seuls les nobles (les andriana) échappent toujours considéré que c’était un sujet de disputes et
à ce système et possèdent leurs propres précepteurs. que seuls les Dieux possédaient les îles. Les demeu-
Sur Luna, le système a perduré sauf qu’il est assuré par res sont, dans la théorie, une faveur des Dieux et un
des clercs. chamane peut à tout moment signifier à un mauvais
croyant de déménager. Dans la pratique, l’Eglise Cha-
A 16 ans, le jeune subit une épreuve initiatique : le manique ou Justinienne a très peu recours à cet an-
mami wata. Garçons et filles d’une même tranche d’âge tique pouvoir. A la mort d’un abalonien sans héritier,
sont réunis par les chamanes et un jeu de pistes initia- sa demeure peut donc être occupée par quiconque s’y
tique est organisé en pleine nature à travers les îles de installe en premier et revendique ses objets et ses meu-
l’archipel, sous la protection des esprits. A l’issue de bles, sauf si bien évidemment il est à l’origine de son
cette course, les jeunes gens sont déclarés adultes et décès. L’argent gagné par un abalonien dans le cadre

329
de ses activités lui suffit donc pour vivre, s’habiller, se
Calendriers, langues, monnaies
nourrir, voyager mais en aucun cas thésauriser. L’épar-
gne est souvent mutualisée dans les îles les plus pau-
Les trois grands peuples du continent (primates, aba-
vres. Dans les villes, elle est placée auprès d’institutions
loniens et thébains) ont adopté le même calendrier, ou
qui ressemblent à des banques coopératives. Le capital
du moins le même point de départ, à savoir le grand
est conservé dans des coffres, mais les intérêts sont re-
Cataclysme survenu en l’an – 100 du calendrier aqui-
distribuées à part égale aux membres bénéficiaires de
lonnien.
la coopérative. Sans surprise, ces coopératives ont un
périmètre qui regroupe le cadre familial ou clanique. De la période antérieure, les trois peuples ont conservé
un système de comptabilisation annuel de 270 jours
Autre caractéristique de la civilisation abalonienne : la
divisés en 9 mois de 30 jours. Les mois ont également
polygamie est autorisée et très répandue, sauf chez les
gardé leurs noms antiques tirés des vents qui autrefois
bâ. Plus un homme vieillit, plus il se doit d’avoir un
balayaient le continent, avant le grand cataclysme : Mis-
nombre d’épouses important, reflet de sa prospérité et
trael, Brisailles, Bisaine, Alysea, Tempestueux ; Siroch ;
de la faveur des dieux. Les militaires, les chamanes, les
Tramontaine ; Vandest ; Vanduest.
technomages n’ont cependant pas l’autorisation de se
marier. Du fait d’années plus longues qu’en calendrier aqui-
lonnien, les années ne correspondent pas. L’an 700 du
Passé la soixantaine, un abalonien est considéré com-
calendrier aquilonnien correspond en réalité à l’an 640
me un Ancien et peut accéder aux postes les plus im-
du calendrier de Terra Negra. Terra Negra ne connaît
portants de son ordre ou de sa guilde (à l’exception des
enfin pas de saison fixe : la forte charge magique a dé-
technomages qui récompensent le mérite). Il est intégré
régulé les saisons qui peuvent migrer de plusieurs mois
aux assemblées décisionnelles et participe à la gestion
d’une année sur l’autre.
de la cité. Il peut s’arrêter de travailler et vit générale-
ment des subsides des coopératives alimentées par ses D’un point de vue de la langue, la langue originelle était
collatéraux. Les assemblées de gérontes fonctionnent le faërique, parlé par les peuples faëries, et le Haut-
sur un modèle très similaire d’une île à l’autre : les plus Langage, utilisé par les clercs pour communiquer avec
âgés parlent en premier mais votent en dernier. les dieux. Les humoncules avaient déjà au temps de
l’Age de la Source leur propre langue, dérivée du Haut-
A sa mort, l’abalonien est veillé par ses femmes par
Langage : le commun. Les Abaloniens et plus curieu-
des chants funéraires pendant 3 jours. Ensuite, il est
sement les primates ont conservé cette langue, plus
remis au Chaman de l’Innommé qui convoque l’esprit
communément appelée « abalonien », que les atlantes
de la famille ou de l’île pour qu’il escorte l’âme jusqu’à
parlent également sous une forme attenuée.
l’arbre indigène «Pohutukawa», un nûne (cf. Eglise
chamanique). En fonction du Dieu tutélaire, les rites Les primates utilisent pour leurs cérémonies religieu-
mortuaires sont différents, mais le cadavre est toujours ses le néantique qui sert de lingua franca avec les peu-
enterré ou brûlé avec son tiki-ana, qui lui ouvrira les ples primates ne parlant pas abalonien. Il s’agit essen-
portes de l’Enfer. Sur San, la cérémonie est présidée tiellement des outangas et des darabouns. Les outangas
par un fonctionnaire technomagique, sans référence à préfèrent le langage de Theochrone tandis que les da-
la divinité. Dans l’Eglise Justinienne, c’est Sinta Jus- rabouns parlent un idiome assez différent de l’humon-
tine qui conduit l’impétrant. cule originel : le bâtard.
Ses biens sont généralement redistribués à ses enfants Relativement unifié d’un point de vue linguistique,
(jamais aux épouses) et sa demeure laissée ouverte Terra Negra est divisée d’un point de vue monétaire.
pour signifier que quiconque peut s’y installer. Avant Chacun des royaumes primates a son propre sytème
de prendre la dernière demeure d’un mort, un étran- monétaire : la lune tanzienne, le kmar teuton, la silice
ger vérifiera cependant auprès des chamanes que les darabounienne, la lune andelarienne, le thal itite. Les
esprits lui sont favorables. En sens inverse, avant de monnaies s’ajustent par raport au cours du quartier de
s’installer dans la maison de leur père, des jeunes aba- banane, base de l’alimentation des primates. Le royau-
loniens demanderont l’autorisation des Anciens. me de Tanza étant plus riche que les autres, sa monnaie
est surévaluée par rapport aux autres, à l’exception du
thal.

1 quartier de bananes = 10 lunes tanziennes = 30 kmars


= 50 silices = 20 lunes andelariennes = 12 thals. Toutes
ces devises sont frappées en argent et subdivisées en

330
devises de fer sur un principe d’1 pour 100.

Le Technoroyaume de Kenl, lui, a créé sa propre devise


: le kraedi (1 kraedi = 2 rollads).

L’Empire d’Abalone possède une monnaie interne, le


rollad, mais elle ne sert pas à commercer avec l’exté-
rieur (les échanges se font par troc). Le rollad est ex-
trêmement demandé dans les royaumes primates et
s’échange au marché noir à raison de 1 rollad pour 5
quartiers de bananes, l’équivalent de la consommation
moyenne d’un primate pendant une semaine. Le rollad
peut être doré, argenté ou normal et se présente sous
la forme de billets protégés magiquement. Les rollads
dorés représentent Sinta Justine les rollads argentés
Janus Cumperator et les rollads normaux Mordred Ier.

Le Royaume de Luna possède la même monnaie que


l’Empire d’Abalone, appelée «rollad» mais les portraits
diffèrent en fonction des dogons.

331
mat clément. Hormis sa capitale, Avalon, la grande île
3.3. L’Empire d’Abalone n’est toutefois pas très urbanisée ni technomagisée en
comparaison avec certaines îles plus petites. Le Nord
est boisé et regorge de jangoboons et autres créatures
Carte d identité :
sauvages.
Capitale : Avalon Outre cette île centrale quelques îles concentrent une
Langue : Abalonien part importante de la population :
Dimensions maximales : Archipel sur
40 millions de km2 • Atalis (1,4 millions), connue pour sa force de
Population : 20,7 millions (9 millions frappe navale, était autrefois la grande rivale de
d’humains, 6 millions de nains, 6 mil- la Grande-Ile, du temps de la Gérousie. Baignée
lions de gnomes – 100% de la popula- par un climat sec et chaud, Atalis, colonisée par
tion est noire ou métisse) les ethnies Saweto et Totonaké, ainsi que par
Armée : 80 000 hommes et une réser- les Ogolé venus de Mynèce, a longtemps été se-

 ve de 200 000 supplémentaires couée par les rivalités entre les différents clans,
Flotte : La marine compte quant à elle près de 15 000 qui l’ont conduit à entretenir des flottes bien
soldats (plusieurs centaines de navires traditionnels : supérieures à son besoin réel, puis à financer
frégates, corvettes, vaisseaux). les premières explorations du monde connu.
Iles-cités principales : Île centrale/Grande Ile (4 mil- Farouchement attachée à son indépendance,
lions d’habitants), San (2 millions), Atalis (1,7 millions), Atalis s’est ralliée sans état d’âme à l’Empire
Mynèce (1,5 millions) et Man (700 000). après la guerre de réunification de au premier
Dynasties : Dynastie des Mordred (Negus, de l’ethnie siècle avant notre ère, et a entamé un déve-
bâ) : Mordred V (482-566), Mordred VI (566-730). Dynas- loppement fulgurant sous ces auspices. Lors-
tie des Cumperator : Janus Ier (730-754), Justine Issan- que l’Empire a explosé, en l’an 40, Atalis est
dre (régente, 754-756), Mélicèdre Ier (756 - 780). restée dans le giron de la Grande-Ile. L’île est
Blason : Un coquillage surmonté d’une étoile levante, aujourd’hui connue pour ses paysages bucoli-
avec dessous l’œil de la connaissance. ques, son agriculture prospère et sa créativité
Religion : Eglise officielle : Eglise Justinienne d’Aba- artistique. C’est ici qu’est né le jeu d’Orgamon
lone ; Eglise officieuse : Eglise Chamanique de Luna (cf. Atlante), qui fait partie de l’héritage cultu-
(polythéiste) rel des Ataliens. Elle est aujourd’hui organisée
Calendrier : Abalonien sous la forme de chefferies marchandes qui
se partagent ses côtes. C’est sur Atalis que le
Grand Radj d’Abalone a installé le quartier gé-
3.3.1. Présentation générale des îles néral des armées abaloniennes.
• Mynèce (1,2 millions), au climat clément sec et
Les grandes îles doux, a été colonisée par les ogolés (les gnomes).
Ile historiquement anti-impériale (les ogolés se
L’Empire d’Abalone comprend 21 millions d’habitants méfient des ethnies humaines), Mynèce a évo-
dont 9 millions d’humains (pour la plupart toucouleurs), lué dans la Gérousie puis été brièvement digé-
6 millions de nains et 6 millions de gnomes. La popu- rée par l’Empire jaméen. Redevenue indépen-
lation est répartie sur environ 40 000 îles, 10 000 ayant dante, Mynèce a un temps formé le royaume des
été rendues inhabitables depuis l’an 679 à cause de la Deux-Iles avec une autre ethnie minoritaire, les
Sourgne. madoris, mais cette alliance a porté préjudice
aux ogolé qui ont été progressivement vassa-
La grande île centrale à elle-seule comprend 4 millions lisés par la dynastie régnante de San. C’est à
d’habitants (toucouleurs, totonaké, saweto, ogolé et bâ) cette époque que de nombreux ogolés ont pré-
et est le siège de la capitale de l’Empire, Avalon. L’île féré rejoindre Atalis et la Grande-Ile, dominés
centrale se trouve au Nord de l’Empire, proche des ré- par une ethnie non-humaine. Les ogolé ont été
gions subtropicales. Son climat est sec et chaud en été, les découvreurs de la poudre, notamment, pro-
doux et sec en hiver. L’absence de pluies sourgneuses cédé qui a permis à la Théocratie de Luna de
très puissantes l’a en partie préservée de ce fléau. Sa faire des recherches sur la mécamagie. Lorsque
masse territoriale en fait le principal producteur agri- Luna a fait sécession, une partie du savoir est
cole et en minerais de l’Empire, et donc son centre in- resté sur place. Mynèce est aujourd’hui l’un des
contournable, qui bénéficie à la fois d’un éloignement poumons mécamagiques de l’Empire, célèbre
stratégique par rapport à la menace primate et d’un cli- aussi pour ses produits manufacturés (armes

332
en sélastène, keroon). le Bas-Empire, puis redevient indépendante.
• San (2 millions d’habitants). Connue pour ses En 590, elle est annexée par les primates et
côtes paradisiaques et son climat très humi- peuplée de colons. Elle conserve un gouverne-
de, Majoritairement madorie, dirigée par des ment humoncule qui n’est que la marionnette
«Majikaars» (littéralement de l’occupant. Janus Cumperator chas-
: hommes-magie), San a se les primates en 728, mais accepte que
longtemps brillé par la certains primates restent sur l’île.
qualité de sa recherche
magique. Elle a accueilli Sur le plan économique, la situation
au cours des siècles une d’Abalone est périlleuse. En effet, 80%
minorité grossissante de des îles ne sont pas suffisantes alimen-
toucouleurs, du fait de sa tairement. Seules la Grande Ile et Atalis
participation à l’Empire permettent, avec l’aide de Pandernagor,
Jaméen. Après a chute de à produire pour tout l’Empire.
Jamo CIII, San a préféré
devenir indépendante
pour fuir un pouvoir Ava- Autres îles connues et moins
lonien de moins en moins connues
réceptif aux traditions ma-
giques de l’ethnie madorie On peut également citer pour exemple
depuis le grand choc. Sa quelques îles plus petites bénéficiant
dynastie régnante, les Sa- d’une certaine notoriété :
rapale, contracte alors une
alliance avec les Abam de Boréale. Île dirigée par le Tyran de Sin-
Mynèce pour créer un née. Le tyran a tous les pouvoirs sur
étrange royaume à deux tê- ses sujets et Boréale est connue pour la
tes : le royaume des Deux- dureté de ses contrôles et le caractère
Iles. Au VIème siècle, elle a vu sa population tatillon de ses miliciens. Elle occupe cependant une
multipliée par 2 à la faveur des guerres avec les place stratégique en plein coeur de l’Empire, proche
primates : un demi-million de personnes de de Nihon.
Nihon y ont émigré volontairement. L’île n’en
est pas pour autant surpeuplée, même si un Ile fortifiée de Saphyr. Protégée par des murailles et un
habitant sur cinq vit encore dans des camps bouclier magique, l’île est dirigée par 9 vieillards, les
de fortune. L’essentiel de la terre est accaparée Sages de Saphyr. L’île est connue pour son temple cha-
par des grands propriétaires terriens. manique de la Connaissance et du Secret Ultime, qui
• Man (700 000 habitants). Autrefois île très peu- est censé abriter l’avatar de Firloute. Au IXème siècle,
plée (comparée aux autres îles), siège des ba- Saphyr a été durement touchée par la disparition de la
longué, une ethnie qui a quasiment disparue, Déesse et son savoir s’est progressivement perdu au fil
Man a été matée par Janus Cumperator à deux des âges.
reprises, lors de sa conquête (en 730) et lors de
sa rebellion (en 752). On estime que près d’un L’Archipel d’Etoile. Connu pour être en bordure occi-
tiers de sa population a ainsi été massacrée dentale de l’Empire et avoir été le lieu où le Négus Ja-
dans une des plus féroces répressions de l’his- nus Ier a prononcé son célèbre Lex autorisant le culte
toire (cf. histoire d’Abalone). Les maladies et de Theochrone. Abrite le sanctuaire de Sinta Justine.
la famine ont fait le reste. L’île a ensuite été (cf. Annexe).
reconstruite sur le modèle d’une île idéale.
Elle est donc très urbanisée, très organisée et Ile d’Herossilian. Ornée de 5 tours faisant plus de 200m
bien conçue. Man possède un patrimoine his- de hauteur, Herossilian est entièrement urbanisée, un
torique incomparable et la seule capable de vrai dédale de ruelles percé de palais. Les tours sont
rivaliser avec la Grande Ile sur ce point. respectivement dédiées à l’astronomie, la météorologie,
• Nihon (250 000 habitants). Ile stratégique, car l’astrologie, la physique et l’océanographie. L’île abri-
proche des côtes primates, elle est cernée de tait également une forte communauté avec la sécession
récifs et extrêmement vallonée. Nihon a tout de San. Aujourd’hui, Herossilian est le quartier général
d’abord appartenu à la Gérousie, et son ethnie de l’ordre pygmaro.
dominante, les Saweto, vit à l’écart des autres
îles. Comme Mynèce, Nihon est absorbée par Naranga. Ile Universitaire au Nord-Ouest de Luna. L’île

333
possède un sol argileux très humide, couvert de bou-
leaux et de peupliers. On y trouve des petites commu-
nautés qui vivent de productions maraîchères (auber- Hors de l ’histoire officielle...
gine, betterave, chou, courge, haricot, laitue, melon,
poireau, tomate, kaki, poirier, prunier). En son centre La chute de Firloute
se trouve la vieille cité de Storia (25 000 habitants soit
la moitié de la population totale) avec une Université A la fin de la période des cinq royaumes, Abalone a
aux multiples spécialisations, dont un département été le théâtre de manipulations particulièrement com-
émérite spécialisé dans la faune et la flore. Naranga plexes de la part de la Déesse Firloute. Cette dernière
est dirigée par la Kollègium, ensemble des doyens des souhaitait en effet redécouvrir le secret de la Faëria,
différentes Universités de l’île : Université de Storia, le pouvoir de Ka ayant donné naissance à la magie, au
Académie magique de Port-Nano et le Perystulum Monde, et à l’enchantement de ce dernier. Les inten-
(école de guerre). tions de Firloute étaient louables : il s’agissait de trou-
ver un remède au Néant et, accessoirement de faire de
Salomé. Ile qui, officiellement, n’apparaît pas sur les
la Danseuse une Divinité transcendante. : la Déesse de
cartes d’Abalone et qui est une île dédiée aux plaisirs.
la magie.
L’île n’est peuplée que d’une centaine de permanents
mais visitée par des milliers de pervers. Sur Salomé,
Firloute avait donc suscité, au sein de l’Eglise chama-
on peut tout acheter. Les esclaves sont là pour des jeux
nique, une secte secrète – la secte de la nanta dorée
illégaux. Les visiteurs sont masqués, de peur qu’on les
– avec pour objectif de trouver une forme de magie
reconnaisse. Le fin du fin sur l’île est ce qu’on appelle
capable d’être compatible avec la Foi. Elle-même avait
la Morrida1.
entrepris de retrouver le secret de fabrication de la
Pommerel est une Monarchie de droit divin. Son sou- magie, la source originelle, le principe premier. Néan-
verain est le Hyérophante des Sauterelles Hacham moins, les recherches de ses fidèles ont quelque peu
II. Le titre d’Hacham II peut prêter à sourire mais ce patiné et finalement la secte a débouché sur la Chimé-
n’est pas du tout un sujet dont on se moque. En ef- rologie, une science peu utile pour la Déesse.
fet, Hacham II lui-même porte un costume intégral
Après l’échec de la secte de la Nanta dorée, Firloute a
1 Elle se joue avec 2 équipes de 5 équipés de bâtons
donc tenté une autre méthode, en profitant de la chute
de bois. Au milieu d’un terrain circulaire se trouvent trois
d’un météorite gorgé de magie et issu de la Luna Nean-
créatures généralement très dangereuses. Autour d’elle, 5
tica sur une île proche de Pandernagor (727). Firloute
bâtons technomagiques. Les bâtons sont protégés par un
a utilisé la décharge magique provoquée par l’événe-
cercle de flammes magiques de 10m de rayon, qui éloigne
ment pour modifier la trame du monde, créée par Ka.
les créatures. En zone de réparation, hors cercle, se trou-
Elle y est parvenue, engendrant une seconde réalité.
vent deux fosses remplies d’acide (Aigue Sourgne) Chacun
a des pouvoirs magiques : Pouce est un bâton qui permet
Ce que Firloute avait fait, c’était à l’insu des autres
de déclencher une secousse électrique ; Index permet de
Divinités qui n’avaient pas noté le dérèglement de la
provoquer une brève crampe ; Majeur permet de rendre
Création. Seul problème : Firloute n’avait pas totale-
gratuit l’utilisation des bâtons qui sont dans un rayon de
ment supprimé la trame initiale de la Création et plu-
3 mètres ; Annulaire rend gratuit l’utilisation de sortilèges
sieurs prophéties concurrentes se chevauchaient sur
ou d’un autre bâton ; Auriculaire triple les dommages nor-
son avenir. Elle se débrouilla alors pour missionner
maux. Les règles de la Morrida autorise chacun à se protéger
des héros qui se chargeraient de trancher entre les dif-
comme il le veut. Le terrain de la Morrida est rectangulaire,
férentes réalités. Peu importait le choix : pour Firloute,
avec une surface circulaire au centre. Il fait 100 mètres de
ce qui était important, c’était d’arriver à reproduire ce
long sur 50 mètres de large L’extrême centre du terrain est
qui s’était passé. La magie pouvait modifier le Divin, à
orné des 5 bâtons. Le terrain est coupé en 2. Les règles sont
l’insu du Divin. Donc en devenant Déesse de la Magie,
simples : l’équipe qui a gagné est celle qui reste vivante à
Firloute pourrait devenir l’égale de Ka.
la fin. Si les 3 monstres sont tués, les 2 équipes s’affrontent
à mort. Il y a ensuite des règles à respecter : 1/ A partir du
Le problème est que les héros optèrent pour une réa-
moment où une personne rentre dans le cercle de flammes,
lité dominée par le Néant. Celle qui est aujourd’hui de-
l’autre équipe a 3 minutes maximum pour y envoyer au mi-
venue la réalité tout court. En d’autres termes, il exis-
nimum une personne – sinon, les arbalétriers tueront un
tait une première réalité où l’inverse prédominait : les
esclave. 2/ Il faut toujours au minimum 2 personnes dans
humoncules possédaient le secret de la technomagie.
la surface de réparation (hors du cercle de flammes). 3/
Lorsqu’une créature s’attaque à une personne d’une équi-
Cette alter-réalité, où les Elfes avaient été vaincus et
pe, il est interdit pour l’autre équipe de voler à son secours.
les primates néantiques dominaient Abalone, finit na-
turellement par inquiéter les Dieux qui se réunirent –

334
qu’est-ce qui s’était passé ? Comment des mortels avaient pour mieux maîtriser la Faërie.
pu, par le simple accomplissement d’une prophétie, chan-
ger la trame du Monde ? Une violente dispute éclata entre les Dieux : à l’exception
d’Elth et de Malevolyss, la plupart des Divinités estimè-
Theochrone également se montra menaçant lorsque les rent que Firloute avait compromis le Tarot Divin.
héros confièrent à Fortunaë un sceptre néantique suscep-
tible d’assurer la domination définitive du Néant sur Terra Theochrone de son coté, estima que les Divinités l’avaient
Negra. Dépassés, les Divinités immanentes finirent par trompé et menaça de les détruire totalement. Il parvint à
négocier avec Theochrone que tout ceci se règle au rang comprendre que Firloute était à l’origine de ceci et ses
des mortels, puisque les Dieux n’y étaient pour rien. armées envahirent l’Enfer. où elle s’était refugiée Malevol-
yss protégea la fuite de la Déesse qui dût se disperser en 7
Theochrone accepta un «Tarot divin», c’est à dire une morceaux pour échapper au courroux du Dieu Néantique
confrontation entre champions des Dieux, chacun s’iden- : 7 comètes illuminèrent le ciel de Weröl fin 744 du calen-
tifiant à une lame du tarot, dont le lot final devait être le drier abalonien de cette réalité altérée : 4 tombèrent sur
sceptre. Et les Dieux acceptèrent que si Galgula mettait la Terra Negra et 3 sur Terra Mater. Chaque «morceau» incar-
main sur le sceptre, le Néant recouvrirait tout le continent nait un attribut divin, sous la forme d’un être vivant. Les
de Terra Negra. Divinités immanentes acceptèrent, en guise de bonne foi,
de lui révéler leur jeu et les noms des Arcanes d’Espoir.
Pour achever sa connaissance du secret ultime, il man-
quait à Firloute une expérience définitive « en réel ». Elle Theochrone poursuivit les 7 morceaux de Firloute. Trois
poussa donc (avec l’appui discret d’Emji, peu favorable à morceaux de Firloute furent détruits, ceux qui détenaient
une situation aussi déséquilibrée en faveur du Néant) Mé- son Omniscience, sa Perfection et son Ubiquité.
licèdre, fils de Justine Issandre et lame du Tarot (cf. infra)
à utiliser le canon technomagique sur l’une des manifes- Finalement, le Dieu Mulveya décida d’intervenir pour
tations de la corruption de la réalité – la Plissure. La Plis- réparer la trame du monde : le fils de Mélicèdre fut dé-
sure était une malade de l’alter-réalité tissée par Firloute. signé comme champion et son équipe parvint à reforger
Réalisée à la hâte, cette réalité était mal faite, avec des pro- la chaîne qui avait autrefois retenu Soledad pour que le
blèmes d’espace-temps et une corruption de la trame. En Dieu puisse capturer Firloute avant qu’elle ne commet-
utilisant la magie à très haute dose sur la trame, Firloute te ses méfaits. Revenu en 727 de la première réalité, le
espérait, moyennant l’utilisation de ses talents, corriger groupe tenta de changer l’histoire en prenant le sceptre
pour créer une troisième réalité. de Galgula en lieu et place de Janus Cumperator. Mais
in fine, ce fut quand même Janus qui prit le sceptre et
C’est ce qu’elle fit. Le monde bascula dans une troisième modifia définitivement la réalité pour aboutir au monde
réalité, plus proche de la première, où la plissure se résor- actuel, correspondant à la seconde réalité, où les primates
ba d’elle-même : il s’agit du monde d’Abalone plus pro- dominent les humoncules.
che du premier, le souvenir des deux précédentes réalités
s’étant résorbé totalement dans la mémoire des hommes. Firloute étant prisonnière sur Moon, le cycle temporel a
donc repris son cours, sans que des plissures menacent
Le problème est que Firloute n’avait pas découvert la to- le monde Weröl ni que l’Amiral Galgula, par ailleurs tué
talité du Secret et notamment les aspects temporels de la lors de l’affrontement, puisse à nouveau menacer Aba-
Création. Du coup, cette troisième réalité était parfaite en lone. Néanmoins, la transmission des connaissances sur
termes d’espace-temps mais comportait des problèmes de Terra Negra (l’effet est bien moindre ailleurs) a été insi-
cohérence, notamment par rapport aux prophéties émises dieusement affectée par l’enlèvement de la Déesse, qui n’a
sur le Jeu des Dieux et le sceptre de Galgula.. qui existait pas manqué de maudire le continent meurtri : au fil des
en double exemplaire. Pour bricoler cette réalité, Firlou- générations, l’enseignement oral se déforme et seuls les
te utilisa la Faëria, gelant certains êtres et déplaçant des documents écrits avant la dissipation de la Déesse font foi,
bouts d’îles pour masquer son forfait. lorsqu’on parvient à les comprendre. De plus, la distinc-
tion entre le Bien et le Mal s’effrite et les comportements
Cette situation provoqua cependant une tempête chez les amoraux se multiplient avec le temps.
Dieux : Firloute fut rapidement démasquée par les autres
Divinités et sommée de s’expliquer. Firloute leur avoua Ce monde, c’est le vôtre...
sa quête de recherche du Secret ultime mais leur mentit
sur l’état de ses recherches en affirmant avoir trouvé le
Secret de Ka, qu’elle nomma « la Féérie », c’est à dire le
mystère de l’enchantement de la Création. D’après elle,
ce Secret permettrait de hâter la troisième Création en
faisant tout simplement disparaître le Néant. Firloute leur
montra les runes du commandement qu’elle avait forgées

335
de Sauterelle, symbole royal. Il possède en outre une de plus de 5 000 habitants dépêche en Avalon un seul
garde verte portant des casques intégral en forme de représentant siégeant à la Loya Duma d’Avalon. Ce
tête insectoïde. Si on met de coté la ville elle-même, système a été importé de la civilisation Manique par
les champs alentours sont couverts de sauterelles et Mordred V, lorsque ce dernier a tenté d’assouplir la
dévastés. L’île importe tout et est très pauvre. La sau- structure politique abalonienne, et repris par Janus. La
terelle se cuisine à toutes les sauces : grillées, confites, Loya Duma comptait en l’an 720 près de 400 membres,
sucrées. Heureusement, le sous-sol de Pommerel ren- représentant environ 5 millions d’Abaloniens. Du fait
ferme un trésor : une carrière d’urganit. C’est grâce à des anciennes coutumes tribales prévalant dans les
son exploitation par une société possédée à 51% par deux-tiers de l’Empire, les membres de la Loya Duma
le Hyérophante et à 49% par un magnat de la Grande sont très souvent très âgés, car beaucoup d’îles ont des
île que Pommerel survit. La société porte le nom de régimes dominés par les Anciens, qu’il s’agisse de dé-
SEPULTUR, pour Société d’Exploitation Pomerelien- mocraties n’autorisant l’élection qu’au-delà d’un cer-
ne Universelle, Livraison et Transport d’Urganit Royal tain âge ou de dictateurs à vie.
(SEPULTUR). La sauterelle est un insecte extrêmement
courant sur pommerel, et la vie des habitants au prin- La Loya Duma est théoriquement chargée de donner
temps et en automne doit faire avec les insectes sacrés son avis sur les lex impériaux et de voter certains pou-
qui s’immiscent dans les moins recoins. La capitale de voirs partagés comme la déclaration de guerre. Dans
pommerel s’appelle Tettigonia. Elle compte 20 000 ha- les faits, au fil du règne de Mordred VI, l’Assemblée
bitants et il s’agit de la cité unique de l’île. avait pris de plus en plus d’importance politique, et la
caractéristique principale du régime était devenu le
Thanatos. Cette île est majoritairement peuplée de consensus : les Negus Mordred entendait discuter cha-
clercs de différents cultes et s’est spécialisée dans l’ac- cune de ses lex avec la Loya Duma jusqu’à ce que tous
cueil de malades et d’invalides. Certains individus en ses membres soient d’accord.
stade terminal choisissent d’y passer leur fin de vie.
Avec le règne de Janus Ier, la Loya Duma a connu un
net recul d’influence, le Négus entendant gouverner de
manière autoritaire. Mélicèdre Ier, moins intelligent et
manoeuvrier que son père, a lui perdu une partie de
3.3.2. Organisation politique l’influence qui était celle du fondateur.
Droit consTitutionnel abalonien Le Negus occupe cette charge héréditaire à vie. En cas
de mort sans héritier, la constitution indique que ce
Chaque île a hérité de la Constitution impériale de 738 serait le peuple qui devrait voter pour désigner parmi
des droits étendus, et notamment celui de se doter de les Anciens de la Loya Duma un remplaçant.
son propre régime politique. Les îles offrent une très
grande diversité de ce point de vue. Dans l’ancienne
zone impériale, les îles se sont généralement affran-
chies très tôt des organisations tribales primitives pour Le système judiciaire d’Abalone
se donner des régimes politiques différenciés : certai-
nes îles ont des institutions oligarchiques, d’autres sont Le pouvoir judiciaire est centralisé avec à sa tête le
dirigées par des tyrans ou des despotes, d’autres encore Grand Laogaï nommé par le Negus. Les magistrats, re-
s’autogèrent. En revanche, là où prévalait l’ancienne connaissables à leur bonnet phrygien de couleur mar-
Gérousie et la civilisation manique, chaque île était ron, siègent dans les grandes îles et utilisent pour leurs
le fief d’un clan et certaines îles ont choisi l’absence enquêtes une milice spéciale : la traqueuse, dont les
de régulation politique, c’est-à-dire l’anarchie, ou ont membres sont habillés de blanc. Le Code impérial est
conservé un fonctionnement tribal gérontocratique. complexe et tient compte des spécificités juridiques lo-
Les îles ont le droit d’établir les règles d’accueil des cales : la moitié des conflits se gèrent en appliquant le
nouveaux arrivants sur leur territoire, leur monnaie lo- droit coutumier.
cale si elles le désirent, et peuvent voter des taxes spé-
ciales pour financer leurs travaux. Sur chaque île est Pour faire la différence entre le vrai et le faux, un Laogaï
nommé un légat impérial chargé de veiller au respect impérial peut ordonner à la Traqueuse le recours à la
des lex, les décrets du Negus. Il existe également des magie (sérum de vérité) ou la torture, mais cela dépend
lois coutumières qui peuvent être invoquées devant les des îles. Lorsqu’il ne parvient pas à démêler le vrai du
tribunaux. faux, il rend une sentence dite suspensive. Sous la sus-
pension, les parties sont considérées comme conjoin-
Au niveau central, chaque île ou groupement d’îles tement coupables pour une durée qui va de 1 mois à 10
ans. En cas de moindre problème ou de récidive, elles

336
sont immédiatement soumises à la peine, ce qui met fin elle. C’est pour cette raison que Janus avait préféré im-
à la suspension pour l’autre partie. poser dans l’ordre de succession Mélicèdre Ier qui, en
tant que fils de Sinta, est censé lui-même réunir sur sa
Si quelqu’un est déclaré coupable, les peines sont nom- tête le pouvoir politique et religieux. En 756, Mélicèdre
breuses : Ier est devenu chef de l’Eglise Justinienne, sa mère res-
tant «l’intercesseur».
- Réprimande pénale. Le citoyen condamné est
publiquement réprimandé par la Justice pour ses Le clergé jureur a donc réformé ses pratiques et pris
faits. l’habitude d’invoquer Sinta Justine comme messagère
- Amende honorable. Le citoyen doit payer son poids des Divinités. Compte-tenu des relations parfois exécra-
en matériau fixé par le Juge (bananes, or, etc…) bles que la Sinta a pu entretenir avec certaines divinités,
- Exil. Le citoyen est déchu de ses titres et doit quit- comme Fortunaë ou Firloute, certains cultes ont prospé-
ter l’île natale pour une durée de 10 ans. ré et d’autres décliné. La Déesse Hapoggaëddon a ainsi
- Exil forcé. Le citoyen est incorporé à l’armée été placée au sommet du panthéon, et déclaré «Culte im-
d’Abalone pour une durée de 10 ans. périal». Le culte de Juras Mater en a naturellement été
- Prison très affecté.
- Peine capitale.
- Peines coutumières. Il s’agit de peines coutumiè- Le clergé de Theochrone a quant à lui obtenu une
rement applicables sur l’île de jugement. Un cou- exemption et persisté à utiliser les esprits néantiques
pable peut demander la commutation de sa peine pour communiquer avec leur Dieu.
impériale en peine coutumière. Dans certaines îles,
les laogaï jugent uniquement en équité ou d’après
la coutume, sans se référer aux textes impériaux, en
fonction du régime îlien.

L’Eglise Justinienne d’Abalone

Après le Schisme, le Négus Mélicèdre n’a pas hésité à se


proclamer nouveau chef religieux d’Abalone et a fondé
une Eglise organiquement liée à l’Etat. Les chamanes
ont été contraints de prêter serment à la nouvelle Eglise
ou bien ont été contraints de fuir sur Luna. Environ 25%
sont restés, et la population a pris soin de les appeler
«Chamanes jureurs», pour les opposer aux «Chamanes
rebelles».

Afin de marquer la rupture avec Luna, le Négus s’est em-


ployé à fonder une nouvelle théologie, qui permettait de
marginaliser l’Eglise de Luna. Notamment, le nouveau
dogme prétend exclure l’invocation des esprits, au motif
qu’il s’agit de pratiques passéistes (il s’agissait surtout de
briser la puissance du Grand Marabout de Luna). Quel-
ques mois avant sa mort, Janus a popularisé le culte de
Sinta Justine Issandre-Cumperator, sa femme, dans un
objectif politique. L’archipel d’Etoile, dont est originaire
la Sinta, est devenu un important centre religieux.
En termes d’administration, le Négus a décalqué l’orga-
Chamane de l’Eglise de Luna harcelée par sa hiérarchie, nisation de l’Eglise de Luna avec un «Conseil des Sages»
Sinta Justine a été proclamée sainte par les oracles d’Ha- et une «Grande Mystique», laquelle parle avec la Sinta.
poggaëddon. Le Négus en a aussitôt fait la Sinta protec- L’Eglise est ensuite administrée par l’équivalent des Va-
trice de l’Empire, tout en affirmant que cette Sinta hé- payjas de Luna que sont les Mufaïdins ; puis les Grands
rétique deviendrait la seule à pouvoir intercéder auprès Shamanes (avec un «S», pour les distinguer des Chama-
des Dieux. A la mort de Janus, Justine est devenue ré- nes de Luna) et enfin les Serviches, qui correspondent
gente et chef de l’Eglise mais il est apparu rapidement aux Erumites de l’Eglise.
que cette double-fonction était trop compliquée pour

337
L’ordre Pygmaro quantaine de soldats). Dans la marine, en dessous des
Madjars, on trouve des capitaines (de navires).
Le Négus Janus Ier a trouvé un Empire particulière-
ment désarmé en matière magique. Il a alors recruté La marine d’Abalone, casernée à Avalon, est compo-
un conseiller magique, un farfadet du nom d’Inja. sée d’une centaine de navires traditionnels avec des
C’est ce dernier qui a persuadé le Négus de créer un unités radjis mal équipées.
ordre magique : l’ordre Pygmaro.
L’armée, quant à elle, est beaucoup mieux équipée.
Les Pygmaros sont environ un millier et ont tous été Les radjis bénéficient de fusils à poudre et d’arme-
recrutés par Inja. Ce sont des farfadets, race jusqu’ici ment standard (bouclier ovale noir, lance). Ils portent
relativement discrète au sein de l’Empire, reconnais- le casque traditionnel, qui permet de se protéger du
sables à leur habit noir. Les Pygmaros ont le mono- soleil et des projectiles, et que l’on nomme «saladiers»
pole de l’usage de la magie et sont chargés du contre- dans le jargon populaire. Leurs navires de transport
espionnage, de l’espionnage et de la protection des sont casernés pour moitié à Atalis et pour le reste
personnalités. Ils sont aussi chargés de la récupéra- dans les îles ou à Pandernagor (10 000 hommes). Au
tion et de la protection des reliques technomagiques bout de 15 années de service en caserne, un radji peut
abandonnées par les primates lors des guerres des rejoindre la vie civile tout en restant réserviste. Para-
siècles précédents. Leur quartier général est Heros- doxalement, l’armée de terre a conservé un système
silian, où ils regroupent tous les vestiges technoma- d’organisation interne très tribal : les unités de com-
giques. mandement d’un bamani correspondent globalement
à la taille des anciens clans ethnicisés et leur nom
Contrairement aux ordres Technomagiques, les Farfa- de code rappelle leurs origines. On va donc trouver
dets n’ont pas de grade, même si Inja est clairement des unités quasiment composées de nains portant les
leur chef. Les Pygmaros échappent au système légal noms de Ba-seto, Ba-kelio ou Ba-na’ko.
abalonien et la Traqueuse ne les aime guère pour cela.
Néanmoins, peu de dignitaires seraient suffisamment Il existe une petite cavalerie qui n’a pas recours à des
fous pour contredire le ténébreux Inja chevaux (animaux inconnus sur Abalone) mais à des
kangaroons.
L’armée abalonienne

En intégrant les forces du Negus, les soldats prê-


tent serment de ne pas utiliser leurs armes pour des
conflits d’ordre local et de s’en tenir éloignés. L’ar- 3.3.3. La politique étrangère d’Abalone
mée d’Abalone est donc uniquement tournée vers la
principale menace extérieure : les primates. Les relations avec Luna

L’armée se compose d’une dimension terrestre (80 Pour le Négus d’Abalone, l’île de Luna est un pro-
000 hommes et une réserve de 200 000 supplémentai- blème politique majeur : le Dogon est devenu un
res) et d’une flotte de plusieurs centaines de navires adversaire résolu, la pierre d’achoppement étant la
traditionnels (frégates, corvettes, vaisseaux) pouvant liberté de culte octroyée aux adeptes du Theochrone.
accueillir près de 15 000 radjis. En élargissant le panthéon des Divinités autorisées
dans l’Empire, le Négus Janus a fait un pas vers les
L’armée est dirigée depuis l’île d’Atalis par le Radj, primates mais a perdu le soutien de Luna.
nommé par le Negus au sein de l’état-major que sont
les Bamani (armée de terre) et les Madjars (marine). Les Dogons successifs ont fait sécession et se sont dé-
Ce sont les plus anciens radjis de l’armée et ils ont clarés «prisonniers» des Négus, refusant de sortir de
généralement des âges canoniques. L’armée abalo- l’île de Luna. La situation s’est gelée car le Négus n’a
nienne a donc souvent adopté des positions très voi- pas osé prendre d’assaut l’île rebelle, ce qui n’aurait
sines des chefs de clans, c’est à dire conservatrices et pas manqué de provoquer une révolte dans les îles.
peu amènes à l’égard des Negus.
Les relations sont depuis exécrables car les Dogons
L’armée d’abalone comporte peu de grades, puisqu’en entretiennent un clergé souterrain qui lutte avec le
dessous se trouve le grade de commandant, puis de clergé officiel établi par Abalone. Il reste que le Négus
chef de guerre (qui correspondrait au grade de lieute- est obligé de stationner une partie de sa flotte au large
nant, donnant le commandement d’environ une cin- de Luna, moins pour menacer le royaume que pour le

338
protéger du technoroyaume primate. étaient un peu moins d’une centaine de milliers à
vivre dans l’enclave, qui par ailleurs était adminis-
trée par un gouverneur élu par la population locale.
L’accord de 484 prévoyait cependant que les forces
Les relations avec les pays primates et le abaloniennes ne pourraient être supérieures à 10
continent (Elfes thébains) 000 hommes. Cette enclave est devenue à partir des
années 720 un point de fixation pour les primates.,
Longtemps isolé, l’archipel d’Abalone est brusque- avec l’ouverture d’une ambassade elfique Après la
ment sorti de son autarcie au cinquième siècle avec guerre, l’enclave avait perdu 50 000 habitants.
les tentatives militaires de colonisation d’une partie
des territoires pimates et les expériences menées Sur le reste du continent, subsistaient deux comp-
dans le Désert sans fin par le royaume de la Grande- toirs hérités du projet de colonisation du triumvirat
Ile. militaire : Port-Désert et Port-Adieu. Chacun des
deux comptoirs est peuplé d’une centaine de mil-
Après le renversement des bamani, le royaume liers d’abaloniens descendants des premiers colons
d’Avalon a changé de politique et a été contraint de déportés là, qui parviennent à survivre en ce milieu
négocier avec les panzaërs, notamment pour préser- hostile en commerçant avec les royaumes primates et
ver l’enclave de Pandernagor. Des relations diplo- avec l’aide d’Abalone. L’Eglise Chamanique de Luna
matiques quasi-normalisées ont été établies avec les a implanté à Port-Adieu un monastère mécamage
Etats primates en commençant par le Royaume de afin de contrer sur ce domaine les technomages, et
Tanza en 484, suivi par le Royaume de Teutonia (493) lorsque Luna a fait sécession, Port-Adieu est resté
et les cités crépusculaires (494). dans son giron.
La relation est restée cependant teintée de très
grande méfiance, les modes de vie étant extrême-
ment différents de part et d’autre, à commencer par
la pratique religieuse. L’Eglise d’Abalone a toujours 3.3.4. Quelques autres organisations aba-
condamné l’ouverture de relations mêmes commer- loniennes
ciales avec des royaumes primates croyants fervents
envers les divinités Néantiques et imposé la présence L’Ordre des Hauts-Rêveurs de Sakaât est né sur l’île
d’un Erumite général auprès des trois ambassadeurs du même nom. Ses membres ne sont ni des mages,
pour contrôler que les contrats conclus ne faisait pas ni des prêtres, mais des illuminés. Ils utilisent une
obstacle aux croyances abaloniennes. plante qui ne pousse que sur l’île de Sakaât et qu’on
appelle la fève des rêves pour se plonger dans de
Avec les grands prêtres de l’Ordre de la lune panzaër, longs sommeils profonds. Les Hauts-Rêveurs sem-
des invectives diverses ont suivi, et les Dogons suc- blent accéder, via cet expédient, à des univers paral-
cessifs ont mis en garde les Negus contre ce pays qui lèles, même si à la différence des mages, il ne peuvent
oscillait dangereusement entre fanatisme néantique choisir la durée de leur séjour, ni l’univers dans le-
et athéisme radical. quel ils vont évoluer.

Le royaume puis l’Empire d’Abalone a toutefois La Confrérie Astragalienne est puissante et à son
trouvé dans les royaumes primates des partenaires siège sur l’île de Nemosis, petite île au Nord de la
commerciaux extrêmement importants : bois des fo- Grande Ile. C’est là que l’Université des Astres forme
rêts teutonniennes utilisés pour les navires, minerais les Astragaliens, tour à tour astronomes, astrologues
extraits des mines panzaërs...Cette montée en puis- et météorologues. On retrouve beaucoup des leurs
sance a fini par inquiéter les primates, et les relations dans les entourages de certains despotes locaux, voi-
se sont détériorées. Elles ont fini par déraper avec un re on murmure que les Negus y auraient recours, par
affrontement avec les primates qui a causé la perte superstition.
de Nihon. La reconquête de Nihon par Cumperator
a envoyé un signal aux royaumes primates, qui se le La Compagnie Abalonienne des Iles est la plus im-
tiennent pour dit. portante guilde privée pour le transport de marchan-
dises entre les îles. A ne pas confondre avec la Guilde
L’enclave de Pandernagor comptait avant la guerre Abalonienne des Iles qui s’occupe de transport de
750 000 habitants et était le seul territoire abalonien personnes.
où les primates étaient autorisés à commercer. Ils

339
Légendes de Weröl
(Sinta) Justine Issandre-Cumperator, protectrice d’Abalone

Précision : cet encart relate la vie réelle de la Sinta Justine Issandre-Cumperator. La plupart de ces éléments
ne sont cependant pas connus du grand public, et notamment toutes les péripéties de la Sinta dans des réalités
alternatives. Certains lieux ne portent pas exactement le même nom.

Née aux alentours de 700 du calendrier abalonien (775 aquilonnien), orpheline, recueillie par des chamanes, la
jeune Justine Toulemonde prend rapidement le surnom d’Issandre. Malgré sa très grande beauté, qui aurait pu lui
valoir de beaux partis, elle embrasse à 17 ans la voie religieuse et choisit de devenir chamane de Malevolyss et de
Fortunaë. Justine est née dans une réalité où les humoncules possèdent la technomagie et dominent les primates.

Envoyée sur l’archipel d’Etoile à 18 ans pour fonder un temple sur l’île de Neige, elle y est confrontée à une mys-
térieuse créature qui décime les habitants, et finit, avec l’aide d’autres habitants (notamment le nain Gorki Bave-
Rousse, avec lequel elle se lie), par découvrir que cette dernière est issue de manipulations opérées par une secte
religieuse (dédiée à Firloute), nommée Ictis, dans une base secrète, manipulations qui ont mal tourné.

Ayant découvert malgré elle des choses louches, elle fait l’objet d’un enlèvement quelques mois plus tard, pro-
bablement par les services secrets technomagiques des humoncules (ces derniers étant convaincus qu’elle est de
mèche avec la secte en question), et est vendue en 720 comme esclave sur l’île de Salomé. Là, elle y est rachetée par
une certaine Philamora, maquerelle propriétaire d’un navire itinérant nommé «le Nirvana», et qui sert de bordel
ambulant. Elle y retrouvera certaines personnes qui avaient participé à l’enquête sur Neige, et parviendra à s’enfuir
avec eux, grâce à l’aide des services secrets de l’armée qui enquêtent aussi sur la secte Ictis.

Après avoir été aumonière militaire, Justine décide de revenir sur Neige où elle va mener une vie religieuse pen-
dant plusieurs années. Alors que des troubles éclatent à Pandernagor, Justine Issandre accueille quelques temps
plus tard son ami Gorki Bave-Rousse, qui, entre temps, a intégré l’Ordre Mojan comme Pretorian. Son maître, Her-
modiès Italiote, légat impérial de l’Empereur sur Pondernagor (et non Pandernagor, cf. réalités successives), ayant
été arrêté suite à des machinations ourdies par le Général Cumperator, Gorki a fui et a accepté de devenir gardien
du temple de Justine.

Visitée en 727 en songe par ses deux Dieux tutélaires, Justine comprend que ces derniers attendent d’elle qu’elle
parte en mission contre le Theochrone. C’est alors qu’Hermodiès Italiote réapparaît et demande à Gorki de l’aider
pour pénétrer en la forteresse-prison de Velcatraz : il y a 2 ans, l’Empereur a lâché l’Ordre Mojan (dans ce monde,
un ordre technomagique humoncule) qui était quasiment parvenu à démonter le complot militaire du Général
Cumperator (dans cette première réalité, Janus Cumperator est un bamani ambitieux, et non pas le libérateur
connu dans le monde actuel). L’homme en charge de l’enquête était Craig, le disciple d’Hermodiès, rentré chez les
Mojans en même temps que Gorki. Le bateau qui devait ramener Craig à Avalon s’est volatilisé en pleine mer.
Hermodiès a été relâché par des proches de l’Empereur pour réunir les preuves de la duplicité de Cumperator.
Pour cela, Hermodiès a dans l’idée de retrouver Brutus Monitor, qui était l’âme damnée de Cumperator en Pon-
dernagor, et de le kidnapper pour lui faire avouer ses méfaits. Hermodiès demande à Gorki de l’accompagner sur
Velcatraz, où se trouve la prison dirigée par Molitor.

Justine décide de se joindre aux deux mojans, encouragée par les songes. Là, le groupe assiste à la chute d’un
météore gris qui détruit la prison et éveille magiquement un amiral-sorcier Primate qui était enterré là. Son nom
est Galgula, et il tenait son pouvoir d’un sceptre forgé par les Divinités Néantiques. La créature se dote, grâce à
la pierre de lune du météore, d’un corps de roc, et entreprend de partir à la recherche de son sceptre. Hermodiès
ayant trouvé malencontreusement la mort, Justine fuit avec Gorki et Craig, ainsi que deux Elfes détenus là bas, un
certain Pentaoël et un Palantyrion. Elle ne le sait pas, mais sa vie ancienne est finie.

En effet, la chute du météore a provoqué de manière mystérieuse le basculement de Justine et ses amis dans une
réalité alternative où les Elfes ont été détruits pendant l’âge de la Guerre et où les Primates dominent les humon-
cules grâce à la Technomagie (cf. encadré sur Firloute - il s’agit peu ou prou du monde actuel). Justine s’aperçoit
rapidement que les Dieux (en réalité, comme elle le comprendra bien plus tard, la Déesse Firloute) attendent d’elle
qu’elle tranche entre les deux réalités qui continuent de coexister : la sienne, à laquelle Justine accède en rêve, et
la nouvelle, dans lequel elle a basculé.

Deux prophéties du Crabe, quasiment identiques, se chevauchent : dans le monde originel de Justine, elle est libel-
lée ainsi : « Lorsque la lune rouge se lèvera, la terre des primates rougira du sang des fils de la Jungle. Les anciens tombeaux
s’ouvriront pour laisser sortir les morts et les vivants seront enterrés vivants dans les nouvelles sépultures. Lorsque la lune grise
tombera, la terre des humoncules noircira du sang des frères de la côte. Le molosse du Nord et le colosse du Sud s’affronteront
à mort. Seul un humoncule aimé par une Reine Elfe parviendra à conjurer la mort des Fils de Theos ». Or, comme la Prin-
cesse Ananyllia l’a révélée à Palantyrion, l’Elfe libéré par Justine, Craig est cet homme.

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Dans le monde «nouveau», la prophétie se termine différemment : « Le molosse du Nord et le colosse du Sud s’af-
fronteront à mort. Seul un humoncule aimé par une Reine Elfe parviendra à conjurer la mort des Fils de Pancreator ».
Un homme prétend dans les deux réalités concurrencer le destin de Craig. Il s’agit du général Cumperator,
le même qui est à l’origine de la disgrâce d’Italiote. Dans le monde d’origine de Justine, Cumperator fait la
cour - en vain -à la princesse Ananyllia. Dans le monde «nouveau», Cumperator n’est pas un dictateur, mais un
valeureux résistant qui se bat contre la domination des primates.

Justine et ses amis décident de se mettre en quête de la Thébaïde, où résidaient autrefois les elfes, dans l’es-
poir de retrouver l’arme qui tua autrefois Galgula pour que Craig, champion de la prophétie, puisse abattre «le
colosse du Sud».
Ils font la connaissance de Cumperator, lui aussi en route vers la Thébaïde, qui espère y trouver une Reine Elfe
qui permettra de le désigner comme le héros de la prophétie.

Dans ce monde nouveau, Justine tombe cependant amoureuse des deux héros, qui de rivaux deviennent enne-
mis. Incapable au début de trancher, Justine finit par imposer (par amour) Cumperator, et non Craig, comme le
«molosse du Nord» désigné par la prophétie de cette réalité-ci. En la Thébaïde, le groupe découvre le Sceptre
de Galgula, soigneusement dissimulé. Craig est tué, et Cumperator décide d’épouser Justine.

En faisant ce choix, Justine oblitère définitivement son monde ancien. Grâce au Sceptre, Cumperator devient
Empereur des humoncules et tient en échec les primates. Justine lui donne 2 enfants - Mélicèdre et Mélissan-
dre - qui sont en réalité les rejetons... de Craig.

De 727 à 743, Justine règne donc comme impératrice aux cotés de Janus Cumperator, dans le monde alternatif
qu’elle a choisi pour elle et ses amis après la quête de la Thébaïde. En 743, cependant, l’Empereur est assassiné
et le pouvoir échappe à Justine qui décide de confier le Sceptre - qu’elle juge profondément dangereux -à la
Déesse Fortunaë.
Les Dieux immanents cependant refusent cette offrande. Alors que l’Empire d’Abalone forgé par Cumperator
s’enlise dans la guerre civile, ils décident de nommer 9 Lames de Tarot qui s’affronteront pour la possession
du Sceptre pour contrer Galgula.

La quête des Lames va s’avérer cependant tragique pour l’ancienne Impératrice. En effet, sa fille Mélissandre
est tuée par mégarde par son propre Frère, après que les 2 enfants aient mis la main sur deux armes reliques
désignées par les Dieux pour la réussite de leur quête. Alors qu’elle portait un troisième enfant, un semi-elfe,
Justine le perd également. Elle en garde une haine tenace pour la Déesse Firloute, et choisit d’abandonner le
culte de Fortunaë pour celui d’Hapoggaëddon.
Dans les dernières années de sa vie, Justine assiste, impuissante, à un second basculement de réalité, orchestré
par son propre Fils avec l’appui de Firloute. Elle est désormais une Chamane traquée dans un monde qui res-
semble étrangement son monde d’origine. En effet, à la tête de l’Eglise Chamanique se trouve ...son double, un
Grand Devin nommé Justine Issandre, dédié à l’Innommé et qui est hostile au Jeu des Dieux.

Persuadée qu’elle est victime d’un complot technomagique, Justine revient à Velcatraz, où elle découvre une
île gelée par un sortilège d’arrêt du temps, qui semble avoir figé pour l’éternité Galgula et Craig. Elle ne doit sa
libération qu’à l’intervention de la Déesse Firloute, responsable de l’enchantement, qui néanmoins la soumet
à un interdit divin pour la punir de son insoumission.

Basculant lentement dans la folie, Justine refuse au dernier moment d’obéir aux Dieux et de pénétrer dans
l’icosphaïra (sphère dorée où les Dieux ont caché le sceptre qu’elle leur avait confié) lorsque les oracles annon-
cent en 746 la conclusion du Tarot Divin. Après avoir confié son petit-fils (fils de Mélicèdre) au Dieu Malevolyss,
elle finit par revenir sur sa décision et pénètre dans l’icosphaïra pour aider les autres lames. Ballotée de plans
en plan, elle trouvera la mort dans la salle dédiée à la Déesse de la Folie, plus exactement après avoir tenté de
traverser la Sourgne, alors que sa Déesse lui intimait l’ordre de la rejoindre. La date exacte de sa mort est in-
connue et a été fixée à 750 (838 du calendrier aquilonnien)

Finalement, le propre petit-fils de Justine parviendra à revenir en 727, au moment du choix fatidique et scel-
lera le destin de Weröl en faisant capturer Firloute et en optant pour le monde où Janus Cumperator, doté du
sceptre de Galgula, devient Négus d’Abalone et épouse Justine Issandre. En modifiant une dernière fois la
réalité, A’messiah «efface» les vingt-trois années et la fin tragique de Justine : au lieu de périr dans l’icosphaïra,
la chamane s’éteint dans son lit en 770, à l’âge canonique de 70 ans. Elle aura eu le temps d’être canonisée de
son vivant par son mari, Janus.
Après sa mort, son fils et les autres lames constateront que son corps ne se putréfie pas. Les oracles d’Hapog-
gaëddon ont confirmé la sainteté de Justine, morte dans la sérénité de sa foi en sa Déesse. Les augures de Ma-
levolyss ont eux aussi attesté que le Dieu était très favorable à cette sanctification. Après sa mort, la vénération
de Sinta Justine s’est propagée en quelques années, notamment depuis le temple de Neige où elle a officié
pendant plus de dix ans, malgré l’hostilité de l’Eglise Chamanique. Elle est désignée sous le vocable de «Sinta
de Cristal» et souvent présentée (comble d’ironie) comme un modèle d’obéissance martyr.

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342
Annexe : Avalon, capitale de l ’Empire tribus, ayant appris l’existence d’un continent nou-
veau, émigrèrent à leur tour et certaines d’entr’elles
Historique choisirent de s’installer à coté d’Awaï, moyennant
tribut. Des mariages mixtes permirent, au fil des ans,
Lorsque les réfugiés humoncules fuyèrent le conti- de faire émerger des métisses entre clan totonaké et
nent de Terra Negra, au VIème siècle avant le grand les autres ethnies.
cataclysme, ils s’éparpillèrent sur la myriade d’îles
qui composent Abalone. Les clans totonaké s’instal- Le fils d’Awaï Balamba, nommé Ogo nomma la ci-
lèrent d’abord sur Luna puis, estimant que ce n’était té-du-bas «Awaï-vallon», car elle se trouvait dans un
pas suffisamment éloigné des primates, reprirent petit val coincé entre deux collines : le mont Awaï
grâce à leurs vieux navires datant de la guerre leur et le mont Sapiens. Avec le temps, les étrangers pri-
émigration vers le Nord sous l’impulsion du clan rent l’habitude de parler d’Awaïlon, qui est devenu
royal, les Balamba. De la trentaine de clans tono- Avalon.
naké, seule une petite dizaine conserva pour le clan
des Balamba un respect hérité des temps difficiles Son fils, Jamo, consolida son assise sur la grande île,
de la guerre, lorsque les bamani étaient tous issus laquelle ne comptait alors qu’une trentaine de clans
de cette famille. D’autres familles d’autres ethnies pour un nombre total d’individus d’environ 150
suivirent également les Balamba dans la recherche 000 personnes. Awaïlon étant le seul port de transit,
d’une terre éloignée de la menace primate et suffi- Jamo avait le monopole sur le commerce mais aussi
sante pour nourrir ce qui restait de l’armée humon- l’information qui remontait des îles plus au Sud.
cule.
C’est alors que parvint au roi Jamo une convoca-
En - 480, la flottille, composée d’environ 5 000 na- tion pour assister à un Conseil des Tribus, sur l’île de
vires, découvrit la grande île, après soixante années Luna, en l’a - 400. L’initiative de cette réunion avait
d’errance : ils crurent qu’il s’agissait d’un nouveau été prise par le Dogon de Luna, grand Chamane
continent, tant ses dimensions leur semblaient im- du peuple humoncule, dont personne ne contestait
portante. Tous les humoncules qui avaient participé l’autorité religieuse. Jamo participa lui-même à ce
à la guerre étaient morts de vieillesse et leurs fils et conseil tribal, en tant que roi des rois de la Grande
petits-fils aspiraient à une vie plus stable. La menace Ile, même si dans les faits sa domination était plus
primate leur semblait plus éloignée, mais ils avaient symbolique que militaire. En raison de son éloi-
conservé de leurs pères une foi chevillée au corps. gnement, le peuplement de cette île-continent était
Le clan Balamba décida de s’établir sur la côte, sur très peu intensif, contrairement aux autres îles qui
le mont Awaï qui prit ce nom du fait du chef de tri- cumulaient une population quasiment dix fois plus
bu Awaï Balamba. D’après les légendes, le chef de importante.
tribu aurait pris cette décision après qu’un Dieu se
fut manifesté sur ce mont et indiqué au peuple en Fier de ses origines, Jamo revendiqua la couronne
errance qu’il était sacré. de ce nouveau royaume tribal que le Dogon de
Luna souhaitait voir se forger. Néanmoins, le souve-
Le mont Awaï avait un autre avantage : de là, le clan nir des bamani Balamba s’était quelque peu effacé
pouvait surveiller la mer et ses dangers, tout en ac- de la mémoire des hommes, et les autres chefs de
cédant à la mer grâce à la large baie qui s’étendait clan étaient réticents à se mettre sous l’autorité d’un
plus au Sud, à 3 kilomètres environ du mont. Un de- jeune roi îlien, a fortiori aussi éloigné géographique-
mi-millier de totonakés fondèrent alors la première ment d’eux.
cité, toute de bois, en l’an - 476 de notre ère. Les
autres clans s’enfoncèrent plus profondément dans En - 395, après cinq années de palabres, l’unité finit
la grande Ile. par se faire autour de l’idée d’une confédération as-
sez lâche, dominée par les Anciens. Jamo, qui n’avait
Avec le temps, la tribu Balamba conserva une auto- alors que 25 ans, refusa de se plier à la décision de
rité très grande sur les autres tribus installées sur la ses aînés et quitta Luna dès l’accond conclu. Ce fut
Grande Ile. Elle renforça ses liens en organisant des le début de la guerre de partition qui dura 34 années
mariages systématiques entre les élites de la tribu : la grande île fut victime d’un blocus naval (notam-
et les chefs des clans aux alentours. Le clan des Ba- ment mené par les clans d’Atalis, sa grande rivale)
lamba se mélangea avec des ethnies autres que To- et la cité d’Awaïlon, qui avait fleuri grâce au com-
tonaké, comme les Saweto). La cité devint le port de merce, faillit disparaître : Jamo se replia 300 km au
débouché de la grande île, après une courte guerre Nord de la grande île, abandonnant la cité d’Awaï et
ayant permis d’éliminer une petite tribu Balongué Awaïlon aux mains d’une poignée de soldats. Une
qui avait tenté d’établir son propre port. D’autres partie de la flotte des Totonakés fut conservée à

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344
Awaïlon et l’autre partie se dispersa dans les pe- (-328 à - 320), la cité retrouva son lustre d’atan : le
tites îles environnantes. Les premières fortifica- port bénéficia des échanges entre la grande île et
tions de la cité d’Avalon - de simples palissades San, notamment grâce à l’exportation de denrées
- furent élevées à cette époque, à l’emplacement agricoles collectées dans l’île-continent. Bientôt,
de l’enceinte qui délimite aujourd’hui ce qu’on les limites de l’enceinte construite sous Jamo Ier
appelle le vieux port. De 5 000 habitants, la cité ne suffirent plus et des faubourgs s’établirent au
passa progressivement à moins de 300 habitants. Nord-Ouest de la cité. Les premières maisons de
La cité d’Awaï fut quant à elle quasiment déser- pierre firent leur apparition vers cette époque.
tée, les murailles d’Awaïlon apparaissant un gage
plus certain de sécurité que les pentes douces de Sous Jamo VI le Codificateur, qui bénéficia d’un
la colline sacrée. règne plus important que ses prédecesseurs (il
règne de - 320 à - 300), la magie Madorie se dif-
La Gérousie finit par se lasser et Jamo rallia à fusa dans les cercles du pouvoir toucouleur. Le
sa couronne le grand Majikaar de San, roi des Roi Jamo VI décida alors de la création, hors de
madoris, lesquels se sentaient maltraités au sein la cité, d’une «tour de magie», qui ne fut termi-
d’une confédération où les ethnies noires étaient née qu’un siècle plus tard, au Nord de l’oppidum
majoritaires. Les clans Madoris avaient au départ impérial. Jamo VI se lança également dans une
préféré la solution de la Gerousie, pensant qu’el- vaste opération de codification juridique desti-
le leur offrait le maximum de liberté et surtout née à miner les solidarités claniques héritées du
de sécurité par rapport à une possible attaque passé. Pour Jamo VI, il s’agissait moins d’un idéal
d’autres clans. Mais l’île de San fut régulièrement de citoyenneté qu’une manière de mettre à bas
pillée et attaquée par les clans de Man, ce qui finit l’autorité des chefs de tribus, compétiteurs po-
par pousser le Majikaar a se placer sous la protec- tentiels au trône impérial.
tion de Jamo qui conservait une flotte beaucoup
plus importante que celle des autres îles. San Son petit-fils, Jamo VII, alla même plus loin et
ouvrit ses ports aux bateaux de la flotte de Jamo, fonda un ordre de mages impériaux, exclusive-
ce qui mit fin aux pillages des îles voisines. ment madori, qu’il installa en grandes pompes
le 10 siroch - 299 à la tour de magie d’Abalone.
En - 359, Jamo Ier fut sacré Empereur de la Gran- L’Empereur leur demanda de se tourner vers la
de Il et de San, après avoir épousé la fille uni- recherche magique, pour le plus grand bénéfice
que du Majikaar de San. Avec lui, 200 guerriers de la sécurité d’Awaïlon.
Balamba de la plus noble extraction épousèrent
200 vierges Madori, et en sens inverse 200 nobles La ville s’organisa alors autour de deux pôles :
madori épousèrent 200 femmes totonaké. De ces au sud, près de la mer, le quartier marchand et le
mariages multi-ethniques naquirent des métisses quartier du port épousent la cote. Awaïlon devient
qui présidèrent alors aux destinées du nouvel de plus en plus peuplée et de plus en plus métis-
Empire. On les appela les Toucouleurs. Jamo dé- sée : la famille impériale ayant montré l’exemple,
clara, à l’occasion de son couronnement, le Mont les Toucouleurs deviennent progressivement ma-
Awaï comme étant «sanctuaire impérial dédié aux joritaires. Au Nord, autour de la tour de magie, se
Divinités», et interdit qu’on le repeupla. Il obtint développa un quartier Madori, qui prit bientôt le
du Dogon de Luna (neutre entre la Gérousie et nom de quartier de San. Avalon atteignit alors le
l’Empire) qu’il le couronnât. Le Mont Awaï fut chiffre de 50 000 habitants, soit un habitant sur
creusé de l’intérieur pour y établir un sanctuaire quatre de la Grande Ile.
de tous-les-dieux encore utilisé comme temple du
couronnement par les Négus. Des communautés Le IIIème siècle avant le Grand Cataclysme fut
de chamanes s’établirent de manière permanente un siècle d’or pour la cité d’Awaïlon qui progres-
sur le Mont Awaï, surplombant la cité d’Awaïlon. sivement se fait appeler Avaïlon. La cité devient
le pôle économique et culturel dominant de
Le fils de Jamo, Jamo II, succéda à son père en l’Empire. Au niveau politique, cependant, l’ins-
- 350. Jamo Ier fut enterré dans un mausolée à tabilité domine car l’élite Toucouleur a hérité de
l’Ouest de la cité, à l’extérieur de la ville. Ce mau- ses ancêtres Totonaké des règles de filiation un
solée se trouve aujourd’hui à la frontière entre le peu particulières qui permettent aux oncles de
quartier de l’Harmis et du Wagoo, proche de la via revendiquer la couronne avant les enfants directs.
Jamo Ier. Le nouveau souverain entama la forti- Plusieurs souverains périssent empoisonnés ou
fication d’un oppidum à 3 kilomètres au Nord de renversés au bout de quelques jours. La cité se
la cité d’Avalon, au pied du Mont Awaï. Sous les développe fortement cependant, avec l’apparition
règnes successifs de Jamo II (-350 à - 338), Jamo d’un quartier nouveau, l’Harmis, qui accueille les
III (-338 à - 334), Jamo IV (-334 à - 328) et Jamo V nobles les plus riches parmi les tribus impéria-

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les. A l’Est, des fortins de pierre sont construits et alors en quelques années la plus formidable armée
on prend l’habitude d’y laisser une centaine de rad- que l’Empire ait jamais connu pour reconquérir le
jis. En effet, ces derniers jouent un rôle stabilisateur territoire des ancêtres.
en cas de prise de pouvoir. En tout, ce ne sont pas
moins de 10 Empereurs qui se succèdent sur le trône La Gérousie refuse cependant d’accueillir la flotte
d’Abalone, dont 3 la seule année - 267. dans ses ports, craignant qu’il ne s’agisse d’une inva-
sion déguisée. L’Empereur a beau menacer, rien n’y
Finalement, Jamo XVII instaure la règle de primo- fait : aucune île n’accepte de laisser passer la flotte,
filiation pour le premier né mâle en l’an - 202. A par- qui compte 500 navires et peut emporter avec elle 35
tir de cette époque, la dynastie des Jamo se renforce 000 guerriers. L’Empereur tente de passer en force
et Avalon devient le reflet de leur puissance. Jamo et coule quelques navires pour montrer sa détermi-
XX décide de raser et de reconstruire l’oppidum nation, mais n’ose pas s’embarquer dans une guerre
impérial en - 187, pour en faire une vraie forteresse avec la Gérousie. En - 92, un évènement vient mettre
de pierre. Jamo XXI, son fils, lance quant à lui un le feu aux poudres : le Négus de Man prend les armes
programme somptuaire de construction sur le mont contre San et le fief Madori est mis à sac par les ar-
Awaï avec l’édification de nombreux temples. Sous mées de la Gérousie.
Jamo XXIII, le quartier dit «militaire» se réorganise
et se peuple. Près d’un habitant sur deux vit hors des Cette odieuse attaque convainc l’Empereur de lancer
palissades de la vieille ville, ce qui pousse Jamo XXIV une attaque contre la Gérousie. On connaît la suite.
à faire construire une seconde enceinte, aujourd’hui La guerre de réunification débute un peu par acci-
disparue, qui suit le périmètre des grandes rues qui dent. Les mages Madoris s’illustreront pendant cette
délimitent aujourd’hui l’Harmis et le quartier mili- guerre pour leur ingéniosité.
taire. La forteresse impériale reste cependant hors
du périmètre de la nouvelle Avaïlon, de même que le Awaïlon est touchée par le conflit puisqu’une flotte
quartier de San. de guerre venant d’Atalis parvient à canonner la ca-
pitale impériale alors que la flotte est en mer. Un in-
La cité d’Awaïlon, au tournant du premier siècle cendie se déclare et ravage tout l’ancien quartier, qui
avant notre ère, l’une des plus riches cités des îles était encore en bois à cette date. Les fortifications de
abaloniennes. Sa renommée s’étend dans tout l’Em- Jamo Ier sont alors reconstruites et dotées de glyphes
pire et dans toute la Gérousie. Les richesses s’accu- magiques pour renforcer leur résistance.
mulent et la puissance impériale fait peur. La méde-
cine fait des progrès remarquables et l’espérance de Lorsque la guerre s’achève, Avaïlon a perdu la moitié
vie s’allonge : Avaïlon est la première cité à se doter de sa population mais l’Empereur est vainqueur : seu-
d’égoûts et de fontaines publiques. Aux cotés de la le l’île de Man a résisté. En - 89, il se fait sacrer Em-
Tour de Magie, Jamo XXVI fait édifier en - 140 une pereur d’Abalone dans le sanctuaire du mont Awaï et
Tour de la Médecine, où il consigne une quinzaine de change le nom de la capitale en «Avalon», pour qu’il
grands médecins pour qu’ils fassent avancer la scien- se rapproche du mot «Abalone». Jamo XXXVIII abo-
ce. Médecins Toucouleurs et Magiciens Madoris sont lit le conseil des anciens de la Gérousie mais décide
voisins et leurs échanges sont très fructueux. de garder auprès de lui ses nouveaux vassaux : à 2
kilomètres au Nord du Mont Awaï, l’Empereur décida
Néanmoins, les relations avec les îles voisines, qui de faire assécher d’anciens marais et de présider à la
constituent la Gérousie, se détériorent : les échanges création d’un nouveau quartier destiné à accueillir
entre San et la Grande Ile ont de plus en plus de mal les maisons des clans des îles conquises : chaque An-
à se faire normalement car des attaques ont lieu au cien devrait entretenir à Avalon une petite représen-
large des archipels. Jamo XXX n’hésite pas à envoyer tation composée de membres très proches des rois
sa flotte rétablir la liberté des mers et écraser les pi- ou des chefs de tribu vassalisés, afin de les avoir sous
rates en - 100. En - 99, la Grande Ile est frappée par la main comme otages.
une épidémie de fièvre noire. Awaïlon est très dure-
ment touchée : un tiers de la population succombe, Son fils, Jamo XXXIX lui succède en - 85 mais n’a
dont un très grand nombre de membres du clan im- pas le caractère trempé de son père. Bientôt, la forte-

périal. Les quartier Ouest tombent à l’abandon et resse impériale devient un lupanar alimenté par des
Jamo XXXVIII, après la mort de son père et de ses rapts commis dans les familles vassalisées. Le vice
quatre frères aînés en moins de 3 semaines, décide de s’empare d’Avalon et les Empereurs qui se succèdent
partir en pénitence sur le mont Awaï. Là, il reçoit une sont méprisés par l’élite toucouleur qui tient la vieille
illumination : Vishou lui apparaît et lui intime l’ordre ville. Jamo XXXIX est assassiné par une prostituée
de reprendre les terres abandonnées aux primates, en - 83. Son frère, Jamo XC, se suicide en - 76 après
en échange de quoi l’épidémie cessera. Le Dieu tient avoir montré un goût trop prononcé pour les dro-
promesse, l’épidémie cesse, et Jamo XXXVIII monte gues. Le fils de Jamo XC, Jamo XCI est assassiné par

346
son garde du corps après avoir imaginé mettre le feu à
la vieille cité pour mieux la reconstruire.

La ville s’étend de manière anarchique, la victoire lors


de la guerre de réunification ayant fait d’Avalon le cen-
tre incontesté de l’univers abalonien. Le quartier de
San devient une cité dans la cité et les mages accu-
mulent les découvertes. C’est une époque triomphante
pour la magie Madorie, qui finit par influencer la pra-
tique même des Empereurs, lesquels cherchent à légi-
timer leur autorité par une maîtrise des arcanes. Une
énorme citadelle impériale est construite au Nord de la
cité (dans l’actuel quartier sapientique) pour abriter les
empereurs Jamo, à partir de Jamo XCV.

Le siècle qui se termine est bon pour Avalon mais mau-


vais pour Abalone. La cité-capitale grossit et dépasse
le cap des 100 000 habitants mais la faiblesse du pou-
voir impérial se traduit par des révoltes continuelles
dans les îles les plus éloignées ou des affrontements
entre ethnies. Bien que la plupart des élites d’Avalon
soient des Toucouleurs, ce sont les Totonakés qui sont
identifiés comme les grands gagnants de la guerre de
réunification et plusieurs pogroms sont signalés dans
tout l’Empire.

Lorsque le grand cataclysme se produit, en l’an 0 de


notre ère, et que le continent de Terra Negra est détruit
par une conflagration magique, Avalon est devenue une
cité bourdonnante et sale : le port est plein à craquer,
derrière ses murailles renforcées lors de la guerre. Au
Nord, la forteresse impériale et le Mont Awaï font le
lien avec le quartier de San, une enclave madorie, et
le quartier Gerousiaque, peuplé d’anciens ennemis de
l’Empire. Les affrontements entre ethnies se multi-
plient dans les terrains vagues qui séparent les com-
munautés.

Le grand cataclysme va avoir un aspect ambigu néan-


moins sur la psyché impériale : la peur paralyse tous
les peuples de l’Empire. L’Eglise chamanique tonne
et accuse de plus en plus ouvertement les Empereurs
d’avoir mécontenté les Dieux en privilégiant l’art ma-
gique, l’exemple de la citadelle de Jamo XCV étant vo-
lontiers cité en exemple comme symbole de la déme-
sure (la citadelle est à la même altitude que les temples
du mont Awaï).

Les Abaloniens sont persuadés que les primates vien-


dront détruire leur Empire comme ils ont détruit le
continent. C’est la même année que Jamo XCVIII est
assassiné par son demi-frère bâtard, qui prend le pou-
voir : Jamo XCIX est bien décidé à réformer l’Empire et

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à mettre fin aux querelles ethniques. Le coté négatif du protégeant le statut des minorités (ce qui suppose un
grand cataclysme est cependant une terreur irration- abandon de certaines dispositions juridiques du dé-
nelle à l’égard de la magie : L’Empereur Jamo XCIX funt Empire, mais est vu comme positif par les mado-
décide de limiter considérablement les recherches, ce ris) mais en rééquilibrant politiquement l’Empire en
qui enclenche la stagnation, puis le déclin d’Abalone faveur de l’Eglise (et au détriment de la magie, ce qui
sur ce sujet. En quelques années, le quartier de San est vu comme anti-Madori). La cité d’Avalon est la pre-
perd ses privilèges et les vocations académiques pour mière vitrine de cette réorientation : les sanctuaires du
l’enseignement de la magie se raréfient. mont Awaï sont reconstruits ou embellis et les Négus
désertent la forteresse construite par Jamo XCV pour
Sur le plan architectural, Avalon va sortir transformée emménager dans un gigantesque palais négusal au pied
du long règne de Jamo XCIX, qui meurt en l’an 22. du mont Awaï. Une enceinte de pierre est construite
L’Empereur bâtard rase les enceintes les plus exté- tout autour de la cité, sous Mordred II.
rieures, vieilles d’un siècle et demi, pour y percer des
artères qui frôlent le mausolée de Jamo Ier et relient Avec l’attitude de plus en plus négative de l’Eglise pour
la vieille ville d’Avalon aux nouveaux quartiers. Des lo- la magie, et la compétition du royaume de la Grande-Ile
gements sont construits au Nord de l’antique cité (à la
place de l’actuel port militaire) et à l’Ouest (l’Harmis)
pour y réinstaller sans considération d’ethnie les habi-
tants à reloger suite aux démolitions. Le nom de quar-
tier de l’Harmis est d’ailleurs une idée de l’Empereur :
l’harmonie entre les peuples et les ethnies.

Cet effort est cependant brutalement interrompu par


la mort de Jamo XCIX. Se succèdent sur le trône plu-
sieurs empereurs qui ne tiennent que quelques mois,
assassinés par des révolutions de palais ou des complo-
teurs issus du même lignage. La dynastie s’interrompt
avec la mort de Jamo CIII, l’Empereur fou : persuadé
d’une attaque imminente par les primates, Jamo CIII
envisageait d’établir des relations diplomatique avec
ces derniers pour les apaiser. La pagaille institution-
nelle qui s’installe alors, et qui se concrétise par quinze
années de troubles (40 à 55 du calendrier abalonien),
provoque l’éclatement de l’Empire, les îles profitant de
la paralysie du pouvoir central pour faire sécession.

La fin de l’Empire ramène la Grande-Ile à ses fron-


tières les plus anciennes. Le désormais royaume de la avec le royaume des Deux-Iles (San et Mynèce), l’exis-
Grande-Ile est réduit à sa portion congrue car même tence d’un quartier «blanc» au milieu de la capitale de-
l’île de San, qui avait choisi de se rallier aux Jamo, dé- vient de plus en plus problématique. Sous couvert de
cide d’unir sa dynastie régnante à la rivale commer- perpétuer l’héritage des Jamo, hostiles aux quartiers
ciale d’Avalon, Atalis. ethniques, Mordred Ier devient de plus en plus anti-
madorie : le quartier de San fait l’objet d’implantations
La cité d’Avalon va peu ou prou acquérir sa taille ac- forcées de populations venues d’autres quartiers de la
tuelle sous la dynastie des Négus Mordred. Les Mor- cité, et le quartier sapientique, construit sur la colline
dred sont des bâs (nains), et leur accession au pouvoir Sapience, fait l’objet de soins tout particuliers pour en-
est due à une coalition des différentes ethnies minori- serrer l’ancien ghetto madori au coeur de la cité d’Ava-
taires, et notamment du soutien des madoris. Ces der- lon. L’ethnie Madorie est ouvertement persécutée, ses
niers, inquiets des représailles suite à la sécession de biens pillés et un statut de «sous-citoyen» se développe
San, sont en effet très précautionneux et malgré leur pour elle. La cité d’Avalon change alors de physiono-
failbesse numérique, intriguent beaucoup dans les al- mie et les toucouleurs deviennent majoritaires dans la
côves du pouvoir à Avalon, pour que le nouveau pou- capitale impériale. Lorsque Mordred Ier meurt, la ville
voir ne déclenche pas un nettoyage ethnique. Mordred a changé d’aspect.
Ier (55 - 128) qui est lui-même issu d’une minorité, va
adopter une politique éminemment conservatrice en

348
Afin de renforcer son pouvoir, Mordred II (125 - 205), des Madoris du quartier de San sont déportés dans le
son fils, crée à tour de bras des charges de noblesse et désert de Terra Negra, où les militaires entendent ins-
importe de Man le concept des andriana, préfixe accolé taller des colonies abaloniennes (Pandernagor, Port-
devant le nom pour marquer une différence sociale. Il Désert et Port-Adieu), un geste terrifiant qui déclenche
n’hésite pas à distribuer les palais des Anciens du quar- cependant une très grande adhésion populaire, tant les
tier Gerousiaque, laissés à l’abandon par leurs précé- Madoris sont détestés du reste des ethnies pour leurs
dents propriétaires au moment de la sécession de leurs pratiques magiques et leurs avantages spéciaux liés à
îles respectives. Occupés à se battre pour être anoblis, l’université. Le niveau de recherche magique d’Abalone
les plus puissants des abaloniens ne sont plus une me- ne s’en remettra pas : des milliers d’archives sont brû-
nace pour les Mordred. Le quartier autour du palais lées par l’Eglise Chamanique, qui n’en demandait pas
Négal et le quartier Gérousiaque deviennent ceux de tant.
la noblesse, tandis que se développent, à l’ombre des
nouvelles enceintes construites sous Mordred II, des Les flancs ouest et est du ghetto Madori sont déruits
quartiers résidentiels prisés par les marchands et les et deux grandes avenues sont percées, donnant sur des
bourgeois : le wagoo. portes monumentales, pour casser l’enchevêtrement ur-
bain né des siècles passés. Les militaires comptent en
Conscient du désintérêt croissant de la population pour effet utiliser ces boulevards pour mieux faire charger
la magie, Mordred II va tenter de relancer dans d’autres les kangaroons et mater les éventuelles révoltes. A l’Est
domaines les arts et la science. La grande bibliothè- du port, se développe un véritable quartier militaire : 30
que d’Avalon est construite entre l’an 140 et l’an 180. 000 soldats y sont stationnés à l’époque en permanence,
Mordred II décide de créer une «Université», un terme pour une population de 300 000 habitants.
nouveau englobant les différentes «tours» et leurs col-
lèges. Outre la magie (qui reste tolérée) et la médecine, Très rapidement, la situation économique se détério-
l’Université d’Avalon enseigne aussi les langues tribales rant, la cité est frappée par la famine et se vide : en
et la littérature. L’Université est indépendante du pou- moins de vingt ans, 30 000 abaloniens trouvent la mort.
voir impérial et son statut consacré par une lex. Cette Avalon rentre alors dans plusieurs décennies de trou-
action est mal vue par l’Eglise chamanique, qui y voit ble : les bamanis sont renversés par un putsh téléguidé
un contrepoids à son influence et le signe d’un regain par les monarques voisins et un homme de paille est
d’influence des Madoris. mis à la place du trio ; puis une révolution abalonienne
finit par mettre la capitale à feu et à sang : le quartier
Sous Mordred III (205 - 330) et IV (330 - 448), Avalon se du port échappe à tout contrôle et certains leaders par-
structure socialement avec des quartiers Ouest (le Wa- viennent à marcher sur le palais Négal, en fraternisant
goo, le quartier gérousiaque) très bourgeois, dominés par avec la troupe. Les bamani et officiers qui tentent de
le Mont Awaï et les beaux palais des andriana, et l’Est, s’interposer sont lynchés. Le nouveau pouvoir révolu-
beaucoup plus industrieux : le quartier des arts-et-mé- tionnaire met le feu au palais des Mordred et s’installe
tiers regroupe les différentes corporations qui émigrent dans l’ancienne forteresse des Jamo (sur la colline Sa-
depuis le quartier du port, trop insalubre. L’administra- pience) qui avait été transformée en prison. Une assem-
tion impériale devient sous Mordred III vraiment fonc- blée «gérousiaque» est désignée pour guider le peuple :
tionnelle avec la création de ministères et l’édification elle s’installe dans le quartier du même nom, en réqui-
de bâtiments destinés à accueillir l’administration.Sous sitionnant les palais et en construisant une enceinte de
Mordred IV, cependant, des problèmes commencent bois pour abriter ses débats. C’est à cette époque que
à toucher l’Empire du fait de la très forte croissance des relations diplomatiques avec les royaumes primates
démographique. Avalon n’est pas concernée par ses di- sont initiées et certaines ambassades s’installeront plus
settes, jusqu’à l’hiver 447, qui va se révéler très dur et tard en Avalon, en lisière du quartier Gérousiaque, sous
obliger le roi Mordred IV à vider les silos et à acheter à Mordred V.
prix d’or de la nourriture aux royaumes voisins.
En 480, alors que la révolution abalonienne fait tâche
Le coup d’Etat de 448 va marquer l’arrivée des militai- d’huile et fait vaciller les trônes des autres monarques
res au pouvoir, en surfant sur la contestation populaire îliens, l’attitude des primates devient agressive et une
liée au manque de nourriture, et la détestation crois- invasion semble imminente. Le bamani Jouxau prend
sante du pouvoir religieux envers l’Université. Les ba- la tête d’une coalition, écrase les primates, et renonce à
mani, assassins de Mordred IV, imposent un couvre-feu la couronne : une conférence des royaumes est convo-
et règlementent les entrées et sorties de la cité-capitale. quée pour trouver un nouveau Negus pour Avalon et
Les Madoris, ennemis de la Grande-Ile sont des cibles est désigné le fils de Mordred III, qui prend le nom de
idéales et font les frais de ce changement politique. 75% Mordred V.

349
Avec le rétablissement de la continuité dynastique des lement) du sang totonaké et madori dans leurs veines.
Mordred, Avalon subit de nouvelles transformations : Le reste est composé d’ogolés (15%), de Bâs (5%) et
Mordred V décide de la création, en 510, d’une vaste d’autres ethnies humaines (10%).
place à l’Est de son palais, la place Mordrius, pour fê-
ter la restauration. Il bâtit également un siège pour le Avalon se subdivise en plusieurs quartiers :
Conseil des Anciens, qui prend le nom de Loya Duma,
dans le quartier Gerousiaque. Le quartier du port est le coeur historique de la cité, le
siège de l’antique Avaïlon. Il se compose :
Néanmoins, l’évènement le plus traumatisant pour
la ville va être le grand Nâvre (679) qui coïncide avec - de l’ancien port, quasiment inutilisé aujourd’hui car
la transformation des eaux en aigue-sourgne. Le port balayé par les éléments sourgneux, et des maisons les
d’Avalon est alors abandonné dans la précipitation et de plus anciennes de la cité. Cette partie du port est cir-
nombreuses familles s’installent plus au Nord, ou bien à conscrite au Nord par la première muraille de Jamo
l’Est de la cité, dans des bidonvilles qui débordent de la XXXVIII (-90), elle-même rebatie en lieu et place de la
ville (et qui deviendront permanents). Une partie de la première enceinte de Jamo Ier (-390). Une grande par-
muraille Est s’effondre d’ailleurs suite à un séisme, en tie des maisons sont sur pilotis et s’enfoncent dans une
680, et n’est pas reconstruite. L’aigue-sourgne oblige le boue gluante et sourgneuse. Lorsque l’acidité devient
Négus a ordonner le creusement d’un canal et de deux trop importante, souvent à la suite des pluies violentes
ports artificiels : un port commercial et un port mili- qui peuvent s’abattre
taire, sécurisé par des murailles, sont ainsi créés entre sur la cité, certains pans
681 et 690. entiers de la cité s’ef-
fondrent et leurs ha-
La cité d’Avalon va croître continument en population, bitants reconstruisent
passant à 500 000 habitants sous le règne de Mordred des cabanons sur des
V, et ce malgré ses cotes désormais défigurées par les amas de planches et de
pluies acides. Le vieux-port perd définitivement sa cen- pierres. Les familles les
tralité, avec la fuite des populations plusieurs kilomè- plus pauvres de la cité
tres au Nord. En effet, la profondeur des terres de la s’y entassent, dans des
grande-Ile joue en sa faveur, par rapport aux îles plus conditions d’extrême
étroites grignotées par la sourgne. pauvreté : elles sont les
descendantes de ceux
Avec l’avènement de Janus Cumperator, Avalon devient qui n’ont pas voulu déménager dans les bidonvilles ou
capitale impériale, en 731. Le Négus y fait une entrée les faubourgs au moment du grand Nâvre. Du fait de
remarquée, à la tête d’une immense armée. Le Négus son ancienneté, l’ancien port conserve dans sa partie la
choisit de vivre au pied du mont Awaï mais se mêle plus au sec un certain nombre de demeures à caractère
beaucoup de religion. Sous l’influence de sa femme, le historique, comme la maison natale de Jamo le Fonda-
temple de Firloute et celui de Fortunaë sont ainsi fer- teur, pieusement conservée, ou le plus ancien temple
més et des rumeurs courent, juste avant sa mort, sur de la cité, aujourd’hui dédié à Sinta Justine Issandre,
une réattribution des locaux au culte de Theochrone. protectrice de l’Empire.
Finalement, le culte sera bel et bien autorisé mais hors
du Mont Awaï. - du quartier du port proprement dit, cinq fois plus
vaste que l’ancien port, il ceinture par le sud et l’ouest
La propagation de maladies mystérieuses - en réalité le très grand bassin creusé pour accueillir les navires
l’infex - et les troubles religieux contribuent à vider la de commerce et est séparé du quartier militaire par
capitale d’une partie de sa population à partir des an- le grand canal. Un système d’écluse permet de filtrer
nées 750. l’eau sourgneuse et le port est doté d’une eau très fai-
ble en acidité. Le quartier du port est composé de pe-
tites venelles protégées des pluies et du vent par des
bâches tendues entre les bâtiments. Un souk permanent
Géographie et population occupe la quasi-totalité du centre, rendant la circula-
tion à pied très difficile (tout autre moyen de locomo-
La population d’Avalon a connu, au VIIIème siècle, une tion relevant de l’utopie pure et simple). La population
décroissance rapide : morts violentes et expulsions ont y est très mélangée, avec une moindre proportion de
réduit le nombre d’habitants à environ 250 000, contre toucouleurs car les équipages des navires en escale s’y
500 000 sous Mordred V. Sur ce total, environ 70% sont installent généralement, dans les nombreuses auberges
des toucouleurs, qui ont essentiellement (mais pas seu-

350
que compte le quartier. A l’Est du canal, des gigan- hauteur
tesques entrepots (4) sont utilisés pour entreposer les en son
denrées. Le quartier du port n’est pas protégé au Sud point
par une enceinte : une artère, pavée sous Jamo XCIX, culmi-
permet d’aller plus rapidement vers l’Harmis. Au-delà, nant. La
peu d’habitations subsistent car les horreurs nées de la colline
sourgne y prolifèrent, et notamment des bubons et des est en
tentacules sourgneuses. Les Négus promettent depuis pente
plusieurs dizaines d’années de clôturer cette partie de douce
la cité mais l’argent manque et d’un point de vue dé- sur son
fensif, les champs de bubons sont tout aussi efficaces flanc Ouest et quasiment à pic sur sa pente Est. Elle est
qu’une enceinte. entourée d’un parc qui s’étend sur plus de 3 kilomètres
de circonférence. La colline a été percée de l’intérieur
Le quartier militaire, à l’est du grand canal, est un hé- par un tunnel qui permet de la traverser de part en
ritage de la période du triumvirat. De tous temps, l’Est part. A mi-chemin, le tunnel souterrain rencontre une
de la cité a été occupé par des campements de soldats cavité naturelle dans laquelle un temple-de-tous-les-
mais c’est sous le triumvirat que cette implantation dieux a été bâti. C’est là que les plus hautes autorités
s’est rationalisée et massifiée. Le quartier militaire est religieuses viennent sacrer le Négus, comme autrefois
composé de bâtiments d’un étage, tous identiques, qui les Empereurs. La symbolique de cette cérémonie sou-
s’ouvrent en triangle sur une place d’armes, au sud de terraine est éminemment politique : pour mieux mar-
la place Mordrius. quer la soumission impériale à la volonté des Dieux,
Aujourd’hui, les clercs descendent du mont avec la couronne et se
15 000 radjis et mettent «au niveau» du palais Négal, marquant ainsi la
leurs familles supériorité de la foi.
sont casernés en
Avalon, contre le Sur le mont lui-même, le plus gros temple est celui de
double au temps Mulveya Pancreator, en forme de demi-cercle (3a), à mi-
du triumvirat. parcours du flanc Ouest. Le sanctuaire le plus élevé est
Une partie de ce celui du Dieu de l’Air, Kul-Bazur (3e). Il abrite égale-
quartier a donc ment un observatoire des étoiles, où des astronomes
été rétrocédée impériaux scrutent les astres. Coté Nord, se trouve le
progressivement temple, à l’abandon, de Fortunaë (3h). Coté Sud, quasi-
aux civils. ment au pied du Mont, se trouve le temple d’Elth (3f).
Dans le parc environnant se trouve les autres édifices
Le quartier militaire est surplombé par la caserne gé- religieux1. Le bâtiment le plus intéressant architectura-
nérale (5), siège de l’état-major de la marine (les madja- lement est de forme triangulaire, à l’Ouest du parc (3b).
ris). De cette caserne générale, on peut accéder au port C’est celui de Firloute et il est également à l’abandon,
militaire par un passage sécurisé. Une grande partie de tout comme la clairière dédiée à Juras Mater (3c). Seuls
la flotte - une centaine de navires - se trouve consi- les temples de Malevolyss (3d) et de Kherk (3g) sont en-
gnée dans le port militaire, à l’abri des flots sourgneux core actifs.
: ceci a un gros défaut : il faut plusieurs jours pour que
la flotte d’Avalon puisse sortir en haute-mer. La flotte Chacun de ces temples majeurs ou principaux est ad-
Abalonienne maintient donc toujours un tiers de ses ministré par un Mufaïdin, membre du conseil des Sa-
navires à l’extérieur, en haute-mer. Le port militaire - ges qui est l’organe collégial de l’Eglise. La Grande
interdit aux civils - est ceinturé par une muraille de 7 Mystique, chargée de parler à la Sinta, réside dans le
mètres de hauteur, et comporte un chantier naval. Il temple de tous-les-dieux. Les autres temples de la cité
existe une seconde ouverture dans les murailles qui
permet de rejoindre l’Harmis. 1 Quatre temples justiniens se trouvent à l’extérieur du mont
Awaï : le temple principal d’Hapoggaëddon (3i) qui est construit
La quartier Négal est le centre de la cité d’Avalon. Il face à la sourgne, dans la zone purulente qui jouxte l’Harmis
se compose du Mont Awaï, sanctuaire religieux depuis et le quartier du Port ; le temple du Crabe, qui se trouve pro-
Jamo Ier, du palais Négal et des très belles résidences che du quartier Gérousiaque, au carrefour de l’avenue Naka-
nobles qui courent jusqu’à la place Mordrius. bongus et de l’avenue Mordred VI (cf. 20) ; le temple de l’Innom-
mé qui jouxte le cimetière dans le Wagoo ; et enfin le temple du
- Le Mont Awaï est une colline qui fait 450 mètres de Theochrone, tout récent, construit à l’Est (7), près des Pouilles.

351
(en noir sur la carte) sont administrés par des Grands de son vivant l’idée d’être enterré sur le Mont Awaï
Shamanes. Le Mont Awaï est sous la protection offi- et insista pour que le mausolée soit construit dans sa
cielle des moines des différents clergés, notamment les proximité immédiate.
moines d’Elth.
A l’Est, le quartier Négal s’immisce entre le quartier
- Le Palais Négal (1) se trouve au pied du Mont Awaï, militaire (au Sud) et les Pouilles (au Nord). Le coeur de
dans le prolongement du tunnel permettant d’accéder cette partie de la cité est la place Mordrius, percée à la
au temple de Tous-les-Dieux. Construit peu ou prou restauration des Mordred. Cette très grande place rec-
sur les bases de l’ancien oppidum de Jamo Ier, il a tou- tangulaire est utilisée pour le marché alimentaire de la
jours accueilli les dirigeants de l’Empire, sauf quelques ville (1 fois par semaine) et les prises d’armes et défilés.
Empereurs Jaméens du Bas-Empire (à partir de Jamo Elle a été utilisée comme lieu d’exécution de masse par
XCV) et les meneurs de la révolution abalonienne. Le le Négus Janus Cumperator et depuis, elle a mauvaise
Palais Négal est un hâvre de paix et de tranquillité, pro- réputation : bon nombre de commerces ont fermé et
tégé des rues environnantes par une muraille circulaire les honnêtes Abaloniens l’évitent. Au Nord de la place,
de 12 mètres de haut. Un immense jardin enveloppe la se trouve le Ministère de la Guerre (6), un imposant
forteresse impériale d’où ne sortent quasiment jamais bâtiment rectangulaire. Derrière, se trouve le ministère
les Négus. Trois portes permettent d’accéder au saint- du Commerce (8) et le temple de Theochrone (7) que le
des-saint : la Porte Ouest, appellée «Porte Justine» Négus Janus a voulu construire là, en prétendant que
donne sur le Mont Awaï ; la Porte Est, ou «Porte de l’Avatar de Theochrone lui serait apparu à cet endroit
la Restauration», donne sur la voie Négale et la place précis. Les historiens impériaux un peu sérieux savent
Mordrius (c’est de là que partent les cortèges militai- tous que cette prétention est farfelue.
res ou impériaux lorsque des fêtes sont données en
Avalon) ; la Porte Nord, ou «porte de la Réunification», Les Pouilles ne sont pas à
donne sur l’avenue du même nom. C’est la porte prin- proprement parler un quar-
cipale du palais Négal. Enjambant les arceaux de cette tier d’Avalon, mais plutôt
porte fortifiée, massive et imposante, se trouve une pe- des bidonvilles installés à
tite forteresse qui fut un temps le siège de l’Assemblée la hâte et sans ordre parti-
des Anciens, avant que le bâtiment de la Loya Duma culier après le grand Nâvre,
ne soit construit. Aujourd’hui, les pygmaros y ont leur entre la Porte Mordrius (22f)
quartiers (même si le siège de l’Ordre se trouve sur l’île et la Porte d’Abalone (22e).
d’Herossilian). A l’origine, il s’agissait pour
les habitants effrayés par la
Le palais Négal est une ville dans la ville : plus de 3 000 corruption des eaux de se
serviteurs s’y affairent, mais n’ont pas de contact avec mettre à l’abri temporai-
le monde extérieur. Les familles vivent et meurent à rement d’un phénomène
l’intérieur du palais, et ce pour éviter les indiscrétions. qu’ils pensaient être un
Hormis le personnel de maison, la garde du Négus châtiment divin. Par la suite,
compte 500 radjis triés sur le volet, reconnaissables à le phénomène s’est amplifié
leur casque doré surmonté d’une pointe de métal. avec la décision impériale
de faire creuser deux nou-
- Le quartier Négal, qui enveloppe le Palais, essentiel- veaux bassins portuaires en terre ferme pour mettre
lement au Sud, est habité quasi-uniquement par des les navires à l’abri, et donc d’exproprier des milliers de
andriana. De superbes palais et hotels particuliers familles. C’est ainsi que de manière anarchique sont
abritent les courtisans qui ont le suprême privilège nées les Pouilles, faubourg pauvre et dangereux d’Ava-
de pouvoir pénétrer jour et nuit dans le palais Négal, lon, peuplé d’environ 80 000 âmes. Les habitations
par la Porte de la Réunification. Ces nobles sont géné- sont faites de bric et de broc avec des matériaux de
ralement des propriétaires terriens de la Grande Ile, récupération, et plusieurs familles occupent souvent
qui partagent leur vie entre la capitale et leurs demeu- des espaces exigus limités à une seule pièce. Des puits
res principales. Ils sont globalement assez fidèles au boueux (et quelquefois légèrement sourgneux) ont été
pouvoir en place et n’aiment pas les nobles venus des creusés à même le sol de manière totalement anarchi-
autres îles, qui ont leurs quartiers plus au Nord, près de que. A l’origine, les Pouilles se trouvaient à l’extérieur
la Loya Duma. A l’extrémité Ouest du quartier Négal, de la cité mais la muraille d’enceinte s’est effondrée
près de la Via Sacrée, se trouve le dôme reconnaissable lors d’un séisme et n’a jamais été reconstruite.
du Mausolée de Jamo Ier. Le premier Empereur refusa

352
Les Pouilles sont une enclave malodorante et boueuse,
où le recel et le trafic explosent. Bon nombre de saweto
et de bâs y vivent, ces ethnies étant généralement les
moins bien intégrées dans la ville. Elles auraient légale-
ment le droit de réinvestir certains bâtiments salubres
abandonnés dans le reste de la cité, mais se heurte-
raient à l’hostilité de leurs nouveaux voisins. De plus,
depuis les Pouilles, on peut gagner la campagne envi-
ronnante, ce qui peut être pratique pour certains ma-
landrins lorsqu’il s’agit de se mettre au vert.

De jour, comme de nuit, aucun abalonien honnête ne


se risquerait à traverser les Pouilles : la criminalité y a
explosé depuis la déportation des Madori par le triu-
mvirat. L’espérance de vie des Pouilleux (le surnom des
habitants de ce faubourg) est vingt ans inférieure à la
moyenne impériale.

Le Quartier de San, au Nord du quartier Négal, cor-


respondait à l’ancien
ghetto Madori, qui
fut sous les Empe-
reurs Jaméens le
coeur de la vie po-
litique de l’Empire.
Aujourd’hui, il ne
reste de ce magnifi-
que quartier qu’un
moignon urbain, ex-
purgé de la totalité
de ses habitants historiques. De nombreux bâtiments
dédiés à la magie ont été incendiés ou murés, la plu-
part des maisons détruites. L’Université d’Avalon oc-
cupe encore le cône Sud du quartier de San. Dès - 315,
sous Jamo VI, les Empereurs installent à cet endroit,
près de leur oppidum, des tours dédiées à l’étude et
à la recherche. En 135, Mordred II réunit ces tours et
crée une Université indépendante, gouvernée par un
Kollegium de savants. .

Hormis les édifices universitaires, le siège de la Tra-


queuse, palais du grand Laogaï et tribunal suprême
d’Abalone (10) occupe un pan du quartier de San, et
donne sur la grand route du Nord. Son dôme blanc est
censé symboliser la pureté. Le siège de la Traqueuse
abrite environ deux cents enquêteurs et protège leurs
investigations. Il est encore protégé par certains gly-
phes madoris que les pygmaros essayent de conserver
actifs.

Le quartier des Arts-et-Métiers qui jouxte San a long-


temps été son annexe, attirant à lui progressivement
les meilleurs artisans et les plus grands scientifiques,
jusqu’à devenir un haut-lieu de production artisanale
et industrielle.

353
De cette grande
époque, ne subsiste
plus grand chose :
des joailliers, des
forgerons, des apo-
thicaires ou encore
des tisserands.

Les corporations
sont organisées par rues et leur siège se trouve dans la
Basilikam (19). La plus riche d’entr’elles est celle des
producteurs de soieries qui approvisionnent la maison
impériale. La soie se produit grâce à des insectes ailés
que certains marchands ont acheté à prix d’or à des indi-
gènes des îles les plus orientales d’où ils sont issus.

Une vaste zone en friche occupe donc l’Ouest de ce


quartier. Des gangs criminels ou des mendiants s’y sont
implantés au milieu des ruines et s’y affrontent réguliè-
rement. La Traqueuse, pourtant voisine, essaye de juguler
ce fléau, mais en vain : près d’un tiers de la population
d’Avalon n’a pas d’emploi et vit de petits trafics ou de
marché noir. D’ailleurs, les chefs de la pègre n’hésitent
pas à organiser la nuit un bazar clandestin sur la zone en
friche, qui n’est autre qu’un haut-lieu de marché noir ...

La quartier de l’Umbris est


tout en longueur : il prend ra-
cine au croisement de l’ave-
nue de la réunification et de
l’avenue de Mordred V, avec
la Basilikam (19). La Basili-
kam est un édifice assez haut,
sur 4 étages, qui abrite les siè-
ges des différentes corpora-
tions marchandes d’Abalone
(notamment la Compagnie
Abalonienne des Iles), ainsi
qu’un marché permanent sur
2 étages où l’on peut trouver
essentiellement des armes,
des produits artisanaux et
quelques denrées (le marché hebdomadaire de la place
Mordrius étant quant à lui entièrement consacré à l’ali-
mentation).

L’Umbris, tout comme les Arts et Métiers et San, a été


bâti sur le modèle des petits villages gérousiaques sous la
dynastie Mordred. Généralement, une fabrique était ins-
tallée par le pouvoir au coeur d’un ilot urbain à construi-
re, et un système de « concessions » était ensuite organisé
au bénéfice des familles entières qui étaient employées
dans ces fabriques. Les logements (en torchis) sont donc
contigus à l’usine, avec un système de « cour » collective
autour de laquelle sont construites plusieurs habitations,

354
ce qui respecte l’organisation habituelle et multi-sé- Tout un parc (12) s’étend au pied de la citadelle Né-
culaire des villages traditionnels. gale et monte à flanc de colline : le Jardin Extraor-
dinaire. Son accès est protégé de jour par la garde
Une partie de l’Umbris est connue pour ses tavernes impériale mais ouvert à tous. De nombreuses espèces
et ses concours bardiques. Certains ménestrels y rési- exotiques y poussent, plantées là par les Mordred. Le
dent. Quelques îlots sont également occupés par des jardin est fermé la nuit pour éviter les intrusions des
dresseurs et des animaleries exotiques. Les écuries de malandrins qui pullulent plus au sud dans la friche
N’gam sont connues dans toute la ville pour vendre des Arts-et-métiers.
les kangaroons les plus rapides et les mieux dressés.
Le quartier Gérousiaque est le quartier le plus éten-
Tout au Nord de l’Umbris, a été construite la très du d’Avalon, dans la plaine qui s’étend derrière le
grande bibliothèque impériale (11) dont l’accès est Mont Awaï et le colline Sapience. Il fut bâti après la
interdit à la population. Seuls les pygmaros, les cha- réunification de l’Empire des Jamo et de la Gerousie
manes de l’Eglise Justinienne et les andriana peuvent pour abriter les représentants des îles vaincues. Pour
obtenir une autorisation pour des recherches. La bi- cette raison, le quartier Gerousiaque a longtemps été
bliothèque est un énorme édifice massif, de 5 étages, considéré comme un foyer d’agitation politique par-
ultra-protégé. Il conserve les archives des anciennes ticulièrement sub-
dynasties, et possède tout un étage que l’on appelle versif, avant que le
vulgairement «l’étage sans retour» qui abrite les do- temps ne fasse son
cuments censurés par le pouvoir Négal. La protection oeuvre.
du bâtiment est sous la responsabilité des pygmaros.
Entre le quartier
Le Quartier Sapientique occupe toute la colline Sa- Sapientique et le
pience, dont le point culminant est à 250 mètres au quartier Gerou-
dessus de la mer. Une citadelle, qui fut tour à tour le siaque, la plus
Palais impérial des Empereurs du Bas-Empire, une belle rue d’Ava-
prison politique et le siège du gouvernement révo- lon permet aux
lutionnaire, avant d’être conservée comme demeure kangaroons impé-
privée des Négus, toise la cité du haut ses cinq tours riaux de sortir de
multicolores. On l’appelle pour cela l’Arc-en-ciel. la cité via la Porte
L’une des Tours a été privatisée et concédée par le Impériale (22d)
Négus aux Astragaliens de Nemosis (cf. description grâce aux artères
d’Abalone, autres organisations). Mordred V et Mor-
dred VI. Le tem-
ple du Crabe a été
construit au carre-
four de ces deux
avenues et de l’avenue Janus, sous la forme d’une
pyramide marron surmontée d’une statue de Crabe
en or.

De manière assez logique, le coeur du quartier Gé-


rousiaque est organisé autour du parlement que
constitue le bâtiment circulaire de la Loya Duma (2),
d’abord en bois sous la Révolution abalonienne, puis
en dur depuis le règne de Mordred V. C’est ici que
viennent se réunir les Anciens, représentants des îles
Comme le quartier Gérousiaque, le quartier Sapienti- d’Abalone, pour débattre des lex des Négus. Chaque
que abrite de nombreuses villas en bois de plain-pied île un peu importante ou chaque archipel possède
ou à un étage, au milieu de vastes jardins où règne une «case» qui n’a de cabane que le nom, s’agissant
une végétation luxuriante entretenue par les pluies en réalité un petit palais construit dans l’architecture
abondantes qui arrosent la ville (même si l’acidité traditionnelle du clan ou de l’ethnie représenté. Si
peut parfois roussir certains massifs). Depuis quel- les Anciens ne peuvent pas être physiquement pré-
ques temps, une certaine « mode », pour ses habitants sents tout au long de l’année, ils entretiennent sur
(très) aisés, a conduit à la construction de maisons en place une délégation ilienne chargée de défendre les
forme de temples anciens, une lubie que le Négus ne intérêts de leur mandant. L’un des sujets les plus sen-
condamne pas, malgré ses relents sacrilèges. sibles concerne les taxes sur le transport des denrées

355
ou des marchandises, qui est la principale source de circulaire (13), d’une contenance de 15 000 spectateurs,
revenu pour le Négus mais un sujet d’affrontement ré- n’est plus guère utilisé pour les combats de gladiateurs
current dans la vie politique Abalonienne. (un divertissement très apprécié des Jamo) et a été re-
converti pour être l’écrin de concerts en plein air. Le
Le quartier a gardé tout au long de l’histoire sa voca- théâtre demi-circulaire (14) peut accueillir 8 000 per-
tion cosmopolite puisque c’est en sa bordure que les sonnes et est réservé uniquement au théâtre tragique
ambassades se sont implantées : ou comique. Il se trouve tout près de l’une des portes
de la cité, la Porte des Masques (22.c) ainsi appelée en
- Le Palais Thebain (15), vaste demeure immaculée cer- l’honneur des comédiens.
née d’un petit parc luxuriant, n’est pas à proprement
parler une ambassade mais les Elfes de passage en Ava- Le Wagoo est un quartier résidentiel et calme de l’Ouest
lon y ont longtemps résidé. Finalement, le roi des elfes d’Avalon. Son architecture est différente des quartiers
a décidé de limiter sa représentation diplomatique à la du Nord : les maisons ordinaires, aux murs à colom-
cité de Pandernagor, et le Palais est désormais souvent bage, sont assez étroites, avec une ou deux fenêtres par
vide, sauf lorsqu’un émissaire est envoyé par l’île aux étage. Constituées d’un rez-de-chaussée de pierre et de
Elfes. Deux elfes entretiennent de manière permanente trois ou quatre étages de bois et de torchis, elles sont
le bâtiment et le parc. desservies par un escalier extérieur de bois qui est collé
à la façade. Le Wagoo (dont le nom est une déformation
- Le siège de l’ambassade du Technoroyaume de Kenl de «égout», voir plus loin)
(21) se trouve non loin. De tous les royaumes primates, est assez protégé en matière
c’est peut être celui avec lequel les négociations diplo- de criminalité, comme de
matiques se déroulent avec le plus de facilité. En effet, manière générale l’Ouest
le Négus Mélicèdre veut absolument être ami avec les de la cité considéré comme
puissants technomages primates. plus sûr. La Traqueuse sus-
pecte le Wagoo d’abriter
- L’Ambassade de Tanza (16) existe depuis 484. Même cependant le siège d’un
si les relations ont parfois été très tendues et que des clergé dissident et clandes-
conflits meurtiers ont éclaté, les primates ont conservé tin obéissant aux ordres de
une petite représentation diplomatique en Avalon. Luna. En effet, le cimetière
d’Avalon occupe un bon
- L’Ambassade des cités crépusculaires (17) s’est im- tiers de la superficie du Wa-
plantée quelques années après. Les itis sont des bons goo et parfois, des cérémo-
commerçants et n’hésitent pas à exercer un lobbying nies sauvages ont lieu, non
actif sur les lex qui touchent au domaine des transports célébrées ou non autorisées
de marchandises entre les îles (notamment les taxes par les chamanes officiels,
portuaires). Cette ambassade est distincte de celle de à commencer par celui du
Kenl, qui appartient de facto aux cités crépusculaires. temple de l’Innommé qui se trouve implanté dans cette
partie de la cité.
- L’Ambassade de Teutonia (18) jouxte quasiment la
Loya Duma. Les Origils s’occupent assez peu de diplo- Le Nord du Wagoo possède une porte qui donne sur les
matie et ne sont pas très actifs. faubourgs de la cité. Cette porte porte le nom de Porte
de Jasmin (22b), un euphémisme car les faubourgs sont
A ces ambassades officielles, il faut rajouter un autre
connus pour la puanteur qui s’en dégage : tanneurs,
bâtiment qui n’en est pas un légalement (du point de
éleveurs de porcs, et teinturiers y ont leurs barraque-
vue Abalonien) : la «Case» de Luna. Depuis le schisme
ments ou leurs exploitations. Les égouts de la cité s’y
lunien, une poignée de diplomates solitaires occupe
déversent à l’air libre puis se frayent un chemin à tra-
avec leur escorte leur ancienne représentation mais le
vers les zones sourgneuses vers la mer.
Négus refuse de le recevoir comme ambassadeur, consi-
dérant que Luna fait toujours partie de l’Empire. Des L’Harmis est le dernier quartier d’Avalon. Il s’organise
négociations clandestines ont cependant lieu en conti- autour de la place de l’amitié entre les peuples, une es-
nu, l’Eglise de Luna entretenant au coeur de l’Empire planade circulaire au croisement de la Via Jamo Ier et
un réseau de religieux qui restent attachés au culte an- de la Vie Sacrée. La construction de l’Harmis date de
cien. - 300, l’objectif des Empereurs ayant été depuis cette
époque d’en faire une zone de coexistence entre les
Le quartier Gérousiaque accueille enfin la plupart des
ethnies. De ce point de vue-là, l’objectif a été atteint car
édifices collectifs dédiés aux festivités : l’amphithéâtre
toutes les ethnies sont représentées et ce mélangent.

356
Néanmoins, le quartier turnes. Les radjis de marine sont cependant géné-
n’a pas le dynamisme du ralement des «provinciaux», enrôlés dans la marine
Port, ni la tranquillité du après avoir passé une partie de leur enfance sur des
Wagoo. Une bonne moi- îles lointaines. Ils connaissent mal Avalon et ne s’en-
tié de ses rues sont bor- tendent pas toujours avec les habitants, qui ont ten-
gnes, avec des immeu- dance à les prendre de haut. L’unité de combat dans
bles abandonnés et des la marine étant le navire, ils n’ont tendance à obéir
maisons écroulées. qu’à leur capitaine.

Les plus démunis vaga- La Traqueuse est la véritable autorité en ville, mais
bondent dans les rues de ses attributions sont très larges : police du port, po-
l’Harmis : sans abris, in- lice du canal, garde des six portes de la cité, lutte
firmes, malades hideux, contre la délinquance, police criminelle, ... Organi-
vieillards impotents, sée en maillage et répartie sur tous les quartiers, la
sans famille et dému- Traqueuse compte 400 hommes dont 200 à son siège
nis de tout. Parmi cette foule se glissent des escrocs (10) dans le Quartier de San, le reste étant éparpillé
à la charité, difficiles à démasquer derrière leur ma- dans toute la ville. Le Grand Laogaï (cf. illustration
quillage. Des femmes, un coussin ficelé sur leur ven- ci-contre) a donc donné des ordres assez précis sur
tre, exhibent une grossesse avancée pour apitoyer les les priorités de la police d’Avalon : principalement la
passants. répression de la fraude et la protection de la personne
impériale. Pour cette raison, la criminalité est deve-
L’Harmis possède des rues chaudes où des filles pu- nue galopante sous le règne de Mélicèdre. Bon nom-
bliques exercent leur activité. On leur impose le port bre - pour ne pas dire tous - de Traqueurs ferment les
de sandales noires en bambou partiulièrement in- yeux sur la plupart des trafics quand ils ne sont pas
confortables et d’un bonnet gris. L’usage de certains ouvertement corrompus. Il peut arriver ainsi que cer-
matériaux jugés nobles, comme la soie, leur est stric- tains rackettent les marchands au débarquement des
tement interdit. Prudence dans les ruelles malfamées marchandises ou lorsqu’ils viennent porter plainte.
qui se transforment en de véritables coupe-gorge... La Traqueuse d’Avalon a une réputation particulière-
ment salée mais sait ne pas dépasser les limites : les
andriana et les classes les plus aisées n’ont jusqu’ici
pas eu à souffrir de ce relâchement moral.
La loi et l’administration d’Avalon
L’Ordre Pygmaro est officiellement en charge de la
La cité d’Avalon, bien qu’étant la capitale de l’Empire, collecte des objets technomagiques et du contre-es-
est en réalité sous-administrée. En effet, le pouvoir pionnage. Basé à Herossilian, l’ordre est cependant
impérial, bien à l’abri de son palais, se préoccupe fina- très représenté en Avalon puisqu’on estime à 200 (soit
lement assez peu du sort de la cité elle-même. 1/5ème de ses effectifs) le nombre de pygmaros ca-
sernés à la capitale. Une partie d’entr’eux doublonne
La Garde Négale est la force la mieux organisée, la le travail de la Garde Négale pour ce qui concerne la
mieux entraînée et la mieux rémunérée de la cité. Elle protection du Palais. L’autre partie surveille les trafics
n’est cependant pas en charge de la police urbaine. clandestins pour tenter de mettre la main sur les arte-
Placée sous l’autorité d’un bamani, reconnaissable facts trouvés par hasard au milieu des ruines du quar-
à son uniforme chamarré vert et à ses casques ornés tier de San ou dans d’autres zones. Officiellement, les
d’une pointe, elle assure avec efficacité et brutalité pygmaros ne se chargent pas de la sécurité mais il ar-
la protection du Palais Négal et de quelques édifices rive que, pour mener à bien leurs petites affaires, ils
comme la Citadelle Arc-en-Ciel, la Très Grande Bi- passent des accords avec certains gangs de la capitale
bliothèque et le Mont Awaï. Elle ne compte d’ailleurs ou mettent leur nez dans des affaires douteuses. Le
que 500 hommes. maître de l’Ordre, Inja, est très régulièrement en Ava-
lon depuis l’accession au trône de Janus, et contrai-
Les radjis casernés à Avalon sont rattachés au Madjar
rement au grand Laogaï estime que la criminalité en
de la flotte. Bien que très nombreux (près de 10 000),
Avalon pourrait s’avérer préoccupante d’un point de
ils ne sot pas déployés au contact de la population et
vue politique si on ne la jugule pas.
sont chargés de la protection de la caserne major (5)
et du port militaire. Néanmoins, ils assurent de facto Peuvent être également considérées comme des for-
la sécurité du port lui-même car les tavernes sont le ces annexes de l’ordre les confréries monastiques
point d’aboutissement naturel des permissions noc-

357
qui assurent la protection des temples (il y en a 25 en La vie quotidienne en Avalon
Avalon, essentiellement à l’Ouest de la cité). Le Mont
Awaï est ainsi sous la protection de 200 moines d’Elth, La capitale impériale est très étendue (5 kilomètres de
de Kherk, de Mulveya et de Kul-Bazur. Le temple de long) et donc assez peu densément peuplée sauf en
Theochrone, seul édifice d’importance implanté à de rares endroits (le port, les Pouilles). La proximité
l’Est de la cité, est gardé jour et nuit par une centaine de la Sourgne est moins grave que dans les îles plus
de chroniaux (moines de Theochrone). Ces ordres mo- méridionales car la grande Ile n’a pas un climat très
nastiques escortent les religieux et parfois les pélerins humide : les pluies se concentrent essentiellement aux
qui se rendent d’un temple à l’autre et veillent sur les intersaisons et durent un mois. Néanmoins, lorsque
trésors conservés dans les souterrains des sanctuaires. les tempêtes tropicales terminent leur vie sur les côtes
Armés généralement de masses et de bâtons, ils n’hé- d’Avalon, l’activité commerciale s’arrête et le mieux est
sitent pas à répliquer durement en cas d’attaques, se de rester calfeutré chez soi.
considérant comme une force impériale malgré leur
statut religieux. Avalon vit de sa position privilégiée de premier port
de la grande Ile. Par ses quais
Compte-tenu de l’ex- transitent les denrées expor-
trême pauvreté et de la tées dans tout l’Empire pour
dangerosité des rues, nourrir les îles qui n’ont pas
les beaux-quartiers en- d’hinterland suffisant pour
tretiennent toutes sor- avoir une agriculture forte.
tes de mercenaires et Ses voies sont donc perpé-
d’escortes personnelles tuellement encombrées de
pour assurer leur sécu- charrettes et de montures
rité. Les andriana du qui acheminent les minerais
quartier Négal ne sor- et les denrées du Nord ou les
tent jamais sans leurs produits importés par la mer.
gardes, chaque maison- Un épais nuage de poussière
née portant des signes recouvre perpétuellement les
distinctifs (tiki-ana mais axes de circulation et la vie y
également plumes ou est très pénible.
pagnes de couleur). Les
Anciens du quartier gé- Pour la très grande majo-
rousiaque ont souvent rité de la population, qui est
recours à des guerriers concentrée dans les quartiers
venus des îles mais aussi les moins salubres, manger à
à des compagnies pri- sa faim est la priorité numéro
vées. Les plus célèbres 1. Les plus valides travaillent
sont les poings-de-fer au port, au déchargement des
et les tranche-sourgnes. marchandises, ou se font em-
Les premiers ont leur ployer par les très nombreu-
quartier général dans ses corporations qui pullulent
l’Umbris, proche de la : porte-faix, charretiers, pe-
Basilikam (qui emploie seurs-jurés. Depuis le départ
souvent leurs services) et les seconds dans le quartier des Madori, les anciens apprentis des écoles de magie
du port. Ces merenaires payent un impôt particulier sont désoeuvrés et certains ont basculé dans la pau-
au trésor impérial - le droit de tuer - et on raconte vreté, voire la criminalité.
qu’ils graissent également la patte de la Traqueuse
pour que celle-ci décourage d’éventuels concurrents Certains quartiers sont déconseillés de jour comme
de monter des compagnies rivales. Ces compagnies de de nuit à la promenade, à commencer par les Pouilles,
mercenaires comptent environ 300 hommes chacune, l’Harmis et même à certains endroits les Arts-et-Mé-
soit plus que la Traqueuse et c’est grâce à eux que l’on tiers et le quartier du Port. Une foule interlope s’y
peut à peu près circuler tranquillement dans l’Ouest presse et les maladies y sont nombreuses et variées, du
de la cité. Il existe des compagnies plus petites implan- fait de la promiscuité et de l’absence d’eau potable.
tées proche des Pouilles pour ceux qui ont absolument
besoin de s’y rendre. Sur les hauteurs de Sapience, d’Awaï ou dans les quar-
tiers plus reculés comme le Gérousiaque ou le Wagoo,

358
la vie y est un peu plus supportable. Des fêtes somp- capitaine du coutelas est un personnage connu qui né-
tueuses sont organisées tous les soirs dans les maisons gocie avec les autorités du port tout ce qui touche au
les plus huppées, sous la protection des compagnies commerce d’Avalon.
de mercenaires. Les andriana n’hésitent pas à se rui-
ner parfois, dans l’espoir d’attirer sur eux l’attention Le gang des chiens sauvages est une bande qui sévit
du Négus ou de ses ministres. dans les environs des zones détruites, notamment près
des Pouilles et dans les Arts-et-Métiers. Les Chiens
La seule fête qui est commune à tous les quartiers sauvages sont des criminels endurcis qui volent et
d’Avalon est celle de la fête impériale, qui tombe pour tuent en tout impunité, avec une grande violence gra-
l’anniversaire du Négus. Pendant trois jours, l’amphi- tuite. On murmure qu’ils auraient été volontairement
théätre est le lieu de joutes armées et des défilés ont relâchés par la Traqueuse et qu’ils se seraient connus
lieu, quartier par quartier. Il est alors interdit de com- en prison. Ils ont pas mal d’ennemis, auxquels ils dis-
mercer, sous peine d’amende et les rues principales de putent la zone en friche. Le gang est cependant payé
la cité sont nettoyées pour l’occasion. en sous-main par les pygmaros pour retrouver des ar-
tefacts abandonnés. Les heurts avec le coutelas sont
récurrents, car le coutelas n’apprécie pas l’amateuris-
me des gangs qui se multiplient dans la capitale et qui
Avalon underground mettent en danger les affaires du syndicat.
La pègre et les gangs Le gang des Enragés est composé d’individus saweto
qui viennent tous de la même petite île, l’île de N’ba.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la cité d’Ava- Il existe une filière d’immigration qui permet de re-
lon est moins tenue par les pouvoirs «officiels» que par nouveller régulièrement les effectifs du gang : certains
le crime organisé. Les noms des organisations qui vont ne font que quelques années en Avalon, histoire de
suivre sont connus mais leurs dirigeants ou fonction- s’enrichir, puis repartent au pays. Les Enragés ont une
nement sont généralement gardés secret. grande solidarité clanique, et parfois familiale. Ils sont
spécialisés dans le vol mais n’hésitent pas à tuer s’il
Le coutelas est une organisation vieille de quatre siè- le faut, notamment pour la maîtrise des territoires.
cles et qui est née historiquement dans le quartier du Les Enragés et les chiens sauvages essayent de ne pas
port. Il s’agissait au départ d’une sorte de syndicat de s’affronter directement, chacun ayant peur de la puis-
marins et de dockers, une amicale destinée à s’entrai- sance de l’autre.
der face aux abus de certains capitaines pour réclamer
des payes honnêtes. Les membres de cette amicale se La Main blanche est une organisation criminelle qui
reconnaissaient à certains signes distinctifs, comme s’est spécialisée dans les tripots et les maisons-clo-
notamment le fait de se tatouer sur la nuque une lame ses. Les établissements qui acceptent leur protection
courte, qui a donné le nom à l’organisation. s’ornent d’un pochoir de main blanche sur la porte
d’entrée, un moyen de rappeler aux clients et aux im-
Très rapidement, le coutelas en est venu à gérer le port portuns qui exerce la protection du bâtiment. Trois fa-
de la cité, parvenant à provoquer des grèves à répéti- milles principales dominent l’organisation : les Punu
tition, n’hésitant pas à rançonner ou menacer, voire (qui sont des bâs), les Ukoné (toucouleurs) et les Bam-
à tuer en cas de résistance trop forte de la part des bari (balongué). Leurs relations peuvent être houleu-
marchands désireux de contourner leurs services. On ses mais les parrains savent coopérer pour partager le
murmure que certains incendies ou naufrages auraient gâteau. Ils ont cependant des rivalités avec le coutelas
été provoqués par le coutelas. et surtout la Main rouge.
L’organisation -parfois appelée pudiquement «le syn- La Main rouge est une organisation plus récente que
dicat» - a ensuite essaimé au-delà de ses activités natu- la Main blanche qui a récupéré le même symbole en
relles, notamment lorsque certaines familles sont par- changeant sa couleur. Plusieurs gros bras de cette
ties s’installer dans les Pouilles : racket, trafic, marché nouvelle organisation se sont attaqués directement à
noir, enlèvements, assassinats sont devenus les activi- des établissements parrainés par la Main blanche, ce
tés criminelles les plus connues de cette confrérie qui qui a ouvert une guerre des gangs. La Main rouge est
rassemble un petit millier de membres. composée d’anciens affiliés des Ukoné et des Punu qui
se sont mis à leur compte. On dit qu’ils sont en bons
Le coutelas est organisée comme sur un navire : il
termes avec certaines puissances étrangères, qu’ils fi-
existe un «capitaine», un «second», puis des «quartiers-
nanceraient via leur trafic.
maîtres», jusqu’aux mousses (les nouvelles recrues). Le

359
La Guilde est une association de voleurs indépen-
dants et d’assassins professionnels qui fonctionne sur
contrats. 10% du contrat est perçu par la Guilde qui,
en échange, garantit le service fait. La Guilde est avant
tout une ligue de protetion des indépendants contre
les gangs et les autres organisations, plus structurées.

L’Eglise Chamanique de Luna

Le Dogon a conservé en Avalon une influence non-né-


gligeable avec un réseau de chamanes qui officie loin
des temples officiels. Les cérémonies se déroulent dans
des caves de particuliers, notamment dans l’Harmis ou
le quartier du port, ainsi que dans les égouts, sous le
Wagoo.

Avalon est administrée par un Vapayja clandestin qui


est en réalité un haut-responsable de l’Eglise Justi-
nienne. Les services du Négus tentent sans relâche de
démanteler cette église officieuse qui compte 150 cha-
manes et un nombre croissant de fidèles.

360
Annexe : L’Archipel d’Etoile En tout, la Principauté compte 23 000 habitants, qui se
répartissent de manière inégale entre les îles : Flocon
Géographie et population est totalement abandonnée depuis 765 (cf. plus loin),
tandis que 10 000 habitants se massent sur l’île de Nei-
L’archipel d’Etoile est longtemps resté une province ge, siège du sanctuaire de Sinta Justine. Pour les autres
mineure et sans intérêt particulier de l’Empire d’Aba- îles, on compte entre 2 000 et 5000 /île, dont 80% de
lone, avant de devenir l’un de ses principaux centres serfs et 20% de nobles (soit 3 000). Les humains sont
religieux. Elle est située à 15 jours de mer d’Avalon, à majoritaires (plus de 60% de la population) par rapport
près de 1 000 kilomètres de Terra Negra, et se compose aux gnomes.
de 5 îles.
Les îles sont infectées en partie par la Sourgne et la
Deux îles sont d’assez grande taille (30km de rayon) et population se concentre dans les cités. Pour ces rai-
se nomment Berger et Venus. Trois îles sont plus petites sons, il n’est pas possible d’avoir une agriculture très
(6 km de long) et ont pour nom Pole, Neige et Flocon. intensive. La plupart des ports de l’archipel (Choux et

361
Azelton sur Berger ; Pozicion sur Pôle ; Longoria sur Fortifié, il est considéré comme le point de re-
Venus) ont été installés à 5 kilomètres des côtes et on pli en cas d’attaque. En 765, l’île a été totalement
y accède par un canal creusé. ravagée par un mystérieux cataclysme d’origine
surnaturelle.
Histoire • Les Andrianamozzarelle sont des gnomes et
font essentiellement du commerce. Ils vivent sur
A l’origine, les 5 îles ont été découvertes en – -310 Pôle (4 000 habitants), qui est la capitale politique
du calendrier abalonien (- 488 du calendrier aquilon- de la Principauté. On y trouve le Légat impérial
nien) par une dizaine de familles d’ethnies différentes et les troupes, ainsi que le siège de la justice.
qui se sont installées là et ont fondé une communauté • Les Di Neiga sont des humains et vivent sur
qui a pris le nom de Principauté de l’Etoile. Chaque Neige, où ils ont perdu quasiment toute autorité
famille possédait tout ou partie d’une des îles et, sur depuis la fondation du sanctuaire de Sinta Jus-
Pole, se réunissaient les chefs de famille pour gérer tine puisqu’ils ont été noyés par les nouveaux ar-
les affaires communes. rivants (plusieurs milliers). Ils vivent assez repliés
sur eux-mêmes. Ils ont abandonné le servage.
Lors du conflit entre l’Empire et la Gérousie (qui a
éclaté en – 251, Guerre dite de Partition), la Princi- En 752, l’archipel est devenu soudainement célèbre,
pauté s’est scindée en deux factions. La ligne de dé- car le Négus Janus a profité d’une visite pour prendre
marcation entre Empire et Gérousie passait donc un lex autorisant le culte du Theochrone dans l’Em-
exactement au milieu de l’archipel. Il en fut ainsi pen- pire, décision qui a provoqué le Grand Schisme avec
dant près de 300 années avant que la situation se mo- Luna. Dans le même temps, Janus prit soin de met-
difie avec, en l’an 8, la Guerre de réunification. L’une tre en avant une Sinta originaire d’Etoile, Sinta Jus-
des familles pro-impérium – les Andrianastrombole tine Issandre-Cumperator, en se réclamant du même
(Berger)- avait appelé à l’aide des troupes impériales sang.
qui ont occupé les îles. Sur les 11 familles originel- En 753, le Négus proclama la création de l’Eglise
les, les 6 « gérousiennes » furent dépossédées de leurs d’Abalone, indépendante de Luna, et fit de Sinta Jus-
biens. 5 familles se répartirent alors les 5 îles et fut tine la protectrice du peuple abalonien. C’est alors
institué le servage pour les familles dépossédées. Mal- qu’un sanctuaire de l’intercession fut bâti sur l’île de
gré la Révolution abalonienne, et la confirmation de Neige en l’honneur de la Sinta.
l’interdiction de l’esclavage par Mordred V, puis Jamo
Ier, l’archipel a obtenu le droit de conserver son droit
local.
Les pouvoirs sur l’archipel
• Les Andrianastrombole sont des gnomes. Ils
occupent l’île du berger (4 500 habitants) et leur Etoile envoie un Ancien en Avalon (à la Loya Duma)
Patriarche actuel se nomme Gorgonzola Andria- qui porte le nom de Marcheur d’Etoile.Votent les nobles
nastrombole. Des 5 familles régnantes, ce sont et les affranchis, un système qui favorise les familles
ceux qui sont les plus haïs et les plus craints. Ils pratiquant cette libéralité, et donc les humains.
sont de plus restés longtemps très en cour à Ava-
lon, la capitale impériale. C’est sur cette île que se Le Légat négusal sur Etoile réside sur l’île de Pôle,
trouve le pouvoir religieux de la principauté. ainsi qu’une petite armée de 200 soldats. L’archipel
• Les Andrianadistella sont des humains. Ils compte également un laogaï aidé d’une dizaine de tra-
occupent l’île de Venus (4 000 habitants). Les An- queurs. Le siège de la Cour est sur Pôle.
drianadistella ont la réputation d’être des maîtres
durs et exigeants. Leurs serfs sont traités cepen- Sur Etoile, la jurisprudence autorise la torture sur les
dant avec équité, contrairement aux Andrianas- esclaves et serfs, et le sérum de vérité sur les affran-
trombole. L’Université d’Etoile est sise sur Venus, chis. Sur les nobles, c’est exceptionnel. Les mineurs
adossée au temple chamanique de Firloute, dé- peuvent témoigner mais leur responsabilité est trans-
saffecté à partir de la moitié du IXème siècle. férée sur leur père. Sur Etoile, les peines coutumières
• Les Andrianadivulcano sont des humains et sont la réduction en esclavage, la privation des droits
vivent sur l’île de Flocon (2 000 habitants). Ils civiques, l’amputation et la privation (de nourriture
sillonnent les mers et possèdent une flotte privée par exemple pour une durée x)
de la principauté, n’hésitant pas à faire un peu de
piraterie. Ce sont surtout des pêcheurs. L’île de Un Mufaïdin de l’Eglise se trouve sur l’île de Neige, et
Flocon est en réalité un volcan éteint, dans lequel est en charge du Sanctuaire. L’Eglise d’Etoile compte
s’est développé le village principal (Vulcania). 7 temples justiniens, en sus du sanctuaire de Sinta

362
Justine : 4 sur l’île du Berger (Elth, Hapoggaëddon, le
Crabe et Juras Mater, ce dernier étant abandonné), 1
sur Flocon (Hapoggaëddon encore), 1 sur Berger (Elth),
1 sur Venus (Firloute, désaffecté). Etoile est consacrée à
plusieurs esprits : Miclé, Y-Aelin et Ish.

Focus sur l’île de Vénus

L’Ile de Vénus, siège de la famille Andrianadistella à la


forme d’un diamant allongé (cf. carte). Sa capitale est
Tenessi, petit village de 2 500 âmes. La famille Andria-
nadistella possède de droit l’île et ses différents clans
exploitent la partie fertile. On y trouve au Nord, les An-
drianadistella del conchi et au Sud, les Andrianadistella
de Goria. Le centre est réparti entre les sous branches
de la famille Andrianadistella proprement dite.

La côte abrite les ruines des anciens ports abandon-


nés après le Grand Nâvre : un long canal artificiel a été
creusé pour desservir le nouveau port. L’île possède
un sol argileux très humide, couvert de bouleaux et de
peupliers. On y trouve des petites communautés qui vi-
vent de productions maraîchères (aubergines, bettera-
ves, choux, courges, haricots, laitues, melons, poireaux,
tomates, kakis, poiriers, pruniers). Reste que depuis la
catastrophe, les rendements maraîchers ont chuté du
tiers.

Sur 4 000 habitants, 50% sont des serfs sur lesquels


les Andrianadistella ont un droit de propriété. Sur la
moitié restante, 400 sont des Andrianadistella ou des
familles nobles apparentées, et 1 600 des affranchis à
qui un lopin de terre a été concédé.

363
Annexe : L’enclave de Pandernagor gociations avec les primates. Conscient qu’affaibli,
il ne pouvait pas se permettre une guerre de grande
Carte d identité : ampleur avec le Royaume de Tanza, le Negus Mordred
V accepta de céder sur la principale obession des mo-
Capitale : Pandernagor (100 000 habitants) narques panzaërs depuis des siècles : l’ouverture des
Langue : Abalonien relations diplomatiques. En échange, Pandernagor est
Dimensions maximales : 130 000 km21 resté abalonienne, quoique sa présence militaire y soit
réduite à 10 000 hommes au maximum. Les panzaërs
Population : 900 000 habitants dont 840 000 abalo-
ont obtenu également un droit d’installation dans
niens, 60 000 primates et quelques dizaines d’Elfes. l’enclave pour toutes les races primates.
Armée : 10 000 hommes
Flotte : - L’essor du commerce a entraîné le développement de
Autorité politique : Gouverneur (élu par la popula- Pandernagor mais également l’installation dans l’ar-
tion), membre de la Loya Duma. rière pays de luxueuses cités qui sont les résidences
secondaires de la noblesse impériale. La population
a enflé et dépasse les 800 000 habitants en 640, du
Histoire fait notamment de l’installation de primates, princi-
palement des panzaërs et des itis. Au VIIIème siècle,
L’enclave de Pandernagor a été conquise par la Gran- cependant, la situation s’est détériorée : les Faëries
de-Ile sous le règne du triumvirat militaire sur des ont refait leur apparition en 688, sous la forme d’une
terres autrefois largement vierges appartenant au
expédition venue de Terra Mater sur une cité volante.
Royaume de Tanza. En 448, un triumvirat de bamani a
pris en effet le pouvoir et assassiné le Negus légitime, qui a survolé Terra Negra pour aller jusqu’à l’antique
Mordred IV. Les bamani ambitionnaient de re-colo- Thébaïde. Même si les Elfes n’étaient pas des Thé-
niser le continent et une armée de 15 000 soldats fut bains, la refondation de la Thébaïde a provoqué une
débarquée en 450 à quelques encablures de la cité vague de haine et d’agitation politique dans les royau-
actuelle de Pandernagor. La conquête des troupes mes primates qui a eu des répercussions à Panderna-
abaloniennes sera foudroyante, l’armée des primates gor, avec la multiplication de mouvements séditieux
mettant un temps considérable à rejoindre le Nord de primates et un accroissement de la religiosité.
leur royaume. Les batailles eurent ainsi lieu à quatre
cents kilomètres du débarquement, en plein milieu En 727, un métérorite est venu frapper une prison
des terres. Grâce à leur organisation et l’effet de sur- abandonnée au large des côtes, et cet évènement a
prise, les armées abaloniennes parvinrent à mettre éveillé Galgula, le héros primate de l’âge de la guer-
en déroute l’armée tanzienne, pourtant composée de re. Rapidement, une petite flotille primate et pirates
cinq fois plus de soldats. se constitua, harcelant le maigre trafic naval entre
Pandernagor et les cinq royaumes (le Grand Nâvre
Le territoire conquis était gigantesque et l’armée dé- a considérablement contribué à l’isolement de Pan-
cida de stopper sa conquête en attendant des renforts. dernagor). Les primates se révoltèrent alors contre le
La suite de l’invasion ne viendra jamais car les dé- gouverneur, mais l’insurrection fut réprimée dans le
boires des abaloniens dans le Désert sans fin, autre sang. Plusieurs milliers de primates choisissent alors
marotte des militaires, puis la chute du triumvirat en de quitter la cité.
464, enterra toute logique d’expansion territoriale.
730 a marqué un tournant pour l’enclave. Janus et le
Lorsque le triumvirat fut renversé, 500 000 abalo- Roi des elfes Palantyrion décidèrent en effet de coo-
niens, dont environ 40 000 Madoris avaient été dé- pérer plus étroitement et une ambassade faërie a été
portés dans ce territoire de 130 000 km2, couvert de ouverte en Pandernagor, même si seulement quelques
jungles. L’armée abalonienne peinait pourtant à gar- elfes y vivent à l’année.
der les frontières poreuses, par lesquelles les armées
primates s’infiltraient pour continuer une guérilla Le roi tanzien Napal VIII protesta énergiquement
de l’intérieur. A ce jeu de guerre non-traditionnelle, contre ce retour des Faëries escalavagistes et honnis et
les abaloniens reconnurent rapidement qu’ils étaient menacé même de reprendre l’enclave par la force en
mauvais et perdirent un nombre croissant de soldats revenant sur l’accord de 484. Pendant quelques mois,
mais aussi parfois de civils. Durant la révolution, la la tension fut grande, la petite armée abalonienne se
colonie décida souverainement d’élire son gouver- massant aux frontières de l’enclave tandis que le roi
neur après s’être révoltée contre l’ancien gouverneur Tanzien faisait mobiliser 100 000 soldats, dont certains
nommé par Alazar. étaient d’ailleurs prêtés par Teutonia. La venue de la
flotte impériale, apportant avec elle 30 000 hommes
En 484, l’Empire d’Abalone décida d’ouvrir des né- de renfort, dans le débouché du port de Pandernagor
1 A titre de comparaison, ceci est la superficie d’un pays comme
suffit à faire plier le roi Tanzien, qui n’était pas sou-
la Grèce.
tenu par les autres royaumes primates. L’ambassade

364
Thébaine s’installa alors à Pandernagor dans un climat exilés la première chose qu’ils voyaient en arrivant
d’extrême méfiance. sur le continent. Urbanisée complètement depuis
l’an 480, on y trouve en son centre une vaste place
Jamo XXV et la citadelle du gouverneur, déplacée
ici au VIème siècle (elle se trouvait avant à Cité-
Géographie Coeur). Sa population est d’environ de 45 000
personnes soit presque un habitant sur deux. En
La géographie de ce territoire de 130 000 km2 (500 km effet, l’île de l’espérance offre des possibilités de
du Nord au Sud et 800km d’est en Ouest) a été gran- défense plus importantes que la Cité-Cœur. Une
dement transformée par la colonisation abalonienne. représentation de Tanza (annexe de l’ambassade
Pandernagor se présentait initialement sous la forme qui se trouve sur Avalon) et le Palais Thébain s’y
d’une plaine comprise entre deux plateaux monta- sont également installés pour les mêmes raisons
gneux à l’Est et à l’Ouest, au nord de la gigantesque pé- et afin d’être proches du pouvoir politique de la
ninsule recourbée qui occupe l’extrémité du Royaume Cité. L’île de l’Espérance est garnie de maisons
de Tanza. à pigeonniers et de petites boutiques artisanes.
On y trouve notamment beaucoup de fabricants
L’occupation par les abaloniens de la plaine a conduit d’automates (primates), d’artistes, d’écoles de ma-
à progressivement défricher une partie de la jungle qui gie ou de combat, de sièges de corporations mar-
s’y trouvait. L’accord de 484 donne souveraineté sur chandes. L’île communique au Nord avec la Ci-
une partie des montagnes afin de permettre aux aba- tadelle surnommée «Citadelle Jaméenne» car son
loniens d’y construire des forteresses défensives. Au architecture rappelle les vieux palais antiques des
Nord, l’enclave de Pandernagor ne va pas jusqu’à la Empereurs et qui abrite les soldats du Négus. Un
mer et s’arrête à mi-chemin de la péninsule, là où fut pont privé les relie au palais du gouverneur mais
livrée la première et dernière bataille entre Abaloniens ils possèdent leurs entrées privées via la berge. Les
et primates. La frontière est aujourd’hui magiquement deux citadelles comptent chacune des oubliettes et
délimitée par des glyphes qui pourraient activer, en cas servent de prison.
d’attaque, un bouclier technomagique capable de stop-
per une armée régulière. - Cité-Cœur est un quartier entouré de remparts
construit au milieu du 5ème siècle. Originellement,
La cité de Pandernagor compte 100 000 habitants, soit la cité de Pandernagor se cantonnait en effet à cet-
à peine 10% de la population totale. Les abaloniens en te portion de berge sud. Avec l’afflux de l’immi-
effet raffolent des larges étendues que leur offre l’en- gration, l’île de l’Espérance fut aménagée puis les
clave, loin des côtes sourgneuses. Peu d’îles, à l’instar faubourgs devinrent de réels quartiers hors la ville.
de la grande île, partagent avec Pandernagor cet atout. Cité-Cœur a perdu l’importance politique qu’elle
L’enclave est parcourue de rivières qui prennent leurs avait auparavant car les principaux pôles de déci-
sources dans les montagnes environnantes. La princi- sion se sont implantés dans des espaces plus vastes
pale se nomme le fleuve des rois et traverse la cité de et plus faciles à aménager. Les maisons sur 4 étages
Pandernagor. sont souvent croulantes et peu à peu la popula-
tion pauvre s’y est installée. Seule la zone autour
de l’Université de Technomagie reste à peu près
entretenue : comme dans d’autres royaumes pri-
La cité de Pandernagor mates, le technoroyaume de Kenl a obtenu l’ouver-
ture d’une université spécifique, qui n’accepte que
La cité compte 100 000 habitants dont environ 40 000 des primates et des membres de l’ordre techno-
primates. Toutes les races primates, y compris les da- magique, mais qui est dirigée par un protecteur de
rabouns, sont représentées dans cette cité très cosmo- l’ordre Yodite. 90% de la population (environ 20
polite. Elle est la seule cité sur tout le continent à ac- 000 habitants) est constituée de primates. Les ci-
cueillir une ambassade elfe et la seule aussi qui brasse toyens honnêtes préfèrent à partir d’une certaine
primates et humoncules dans de telles proportions de- heure éviter le passage par ces quartiers insalubres
puis l’Age de la Guerre. et opter pour le pont de la Concorde s’ils veulent
rejoindre l’île de l’espérance. Les deux ponts de la
La cité se compose de quatre quartiers : cité sont couverts de boutiques mais le pont Mor-
dred IV souffre de sa proximité avec les quartiers
- L’île de l’Espérance était autrefois une île primates. Les boutiques y sont donc de plus petite
vierge et c’est ici que débarquèrent les premiers taille, de meilleur marché et les articles de moins
colons. Comme l’île était montagneuse, ils s’instal- bonne qualité.
lèrent sur la rive d’en face et fondèrent le noyau
de la future capitale. Avec l’essor du nombre de - Le Panier est le quartier le plus récent de la
colons, l’île fut nommée ainsi car elle était pour les cité, aménagé entre 488 et 512. Organisé en cercles

365
concentriques autour de la place Pandernagor, où Le légat impérial a théoriquement le droit de requérir
siège le légat impérial, il se termine avec en son l’aide de l’armée pour faire appliquer ses lex.
extrémité le superbe temple harmonique, autrefois
siège du légat chamanique, qui abrite les cultes de Pandernagor est un haut-lieu de diplomatie car toutes
Malevolyss et Elth. Y réside désormais le Mufaïdin les relations Thébaïde/Abalone et une partie du dialo-
de Pandernargor. Le Panier est un quartier extrê- gue Royaumes primates/Abalone s’y déroulent. L’im-
mement agréable et résidentiel avec de multiples plantation des quelques elfes est venu chambouler la
fontaines ornant les carrefours des rues. Les ad- vie de la cité, les habitudes des faëries étant pour les
ministrations impériales et chamaniques occupent humoncules un total dépaysement. Comme Palanty-
à elles-seules un bon tiers de la superficie et em- rion, roi des Elfes, a interdit aux humoncules l’accès à
ploient près de 5 000 personnes (dont 1 000 escla- l’île-aux-elfes, il vient en personne de temps à autre à
ves pour l’Eglise), soit un cinquième de la popu- Pandernagor pour discuter politique avec le légat im-
lation de cette zone (qui est de 25 000). Le Panier périal.
abrite aussi plusieurs universités (celle de médeci-
ne, celle de droit justinien, celle de droit impérial) Les représentants des royaumes primates tendent de
et donc une grande quantité d’étudiants (environ leur coté à se plaindre du fait que l’attention du légat
un millier en tout) et les plus grandes auberges de et du gouverneur est presqu’entièrement captée par les
la cité. Enfin, le Panier est le seul quartier de la vil- faëries. D’ailleurs, ils refusent de rencontrer ou de par-
le à avoir des égouts propres et entretenus par une ticiper à toute cérémonie officielle avec ces derniers,
compagnie particulière à la cité : les ragouteurs, ce qui complique grandement la tâche du gouverneur.
reconnaissables à leur uniforme de coton blanc. Ce reproche n’est pas tout à fait exact car le légat en-
tretient des relations très serrées avec l’université de
- Le Transtorre compte 15 000 habitants. Quar- Technomagie de Kenl.
tier écrasé entre les murailles bâties par le triu-
mvirat et celles plus hautes bâties par Mordred La vie de la cité au jour le jour contraste grandement
V, il est composé des anciens faubourgs de ce qui avec la politique qui se trame dans les palais. Pander-
est devenu Cité-Coeur. Le transtorre fut pendant nagor est une cité métissée, marchande, animée et en-
longtemps le repaire des miséreux et un vrai cou- fumée. Les rues, bâties par les militaires abaloniens,
pe-gorge avant d’être nettoyé par la milice muni- étaient à l’origine droites et propres mais l’afflux d’im-
cipale à la fin du règne de Mordred V. Depuis il a migrants abaloniens puis primates a provoqué un heu-
été réinvesti par de nombreux nobles abaloniens reux désordre architectural : maisons réhaussées de
des artistes, des marchands, et, paradoxalement, plusieurs étages, ponts reliants certains bâtiments, en-
son ex- population a fui vers Cité-Cœur. Il compte trepôts réaménagés en temples clandestins, tripots ou
encore une très forte population primate qui a im- même habitations, etc…
posé dans certaines zones un mode de vie hérité
de leur pays d’origine. Il n’est pas rare de trouver Quelques décrets du gouverneur diffèrent par rapport
des rues reconverties en bananeraie ou bien des aux lois de l’Empire, avec l’accord du légat impérial :
ponts de bois reliants les maisons de pierre.
- Les insultes raciales à l’égard des primates, des
humoncules ou des faëries, sont punies par des
L’ambiance de Pandernagor est unique du fait de sa peines pouvant aller jusqu’à la flagellation publi-
nature très spéciale. Pandernagor n’est pas un simple que. La traqueuse s’empare de toutes les affaires
comptoir ni tout à fait un territoire comme les autres. graves avec un certain appétit.
Très loin du cœur de l’Empire, le pouvoir du légat y - Les transactions opérées au sein de la cité sont
est relativement adouci et pour cette raison, les gou- exemptées de taxe.sauf une taxe municipale de 1%
verneurs élus tous les dix ans ont vraiment les coudées sur toutes les quantités échangées (le commerce se
franches. Les primates ne peuvent pas prendre au vote fait sous forme de troc)
puisque seuls les citoyens impériaux peuvent voter. La
milice de la cité se compose de deux cents hommes et
elle recrute également parmi les populations primates.
La milice obéit uniquement au gouverneur et son siège
est dans sa citadelle. L’armée impériale, à la tête de la-
quelle se trouve un commandant, compte 10 000 radjis
(accords de 484) dont 500 seulement sont présents à
Pandernagor sous l’autorité d’un chef de guerre (caser-
nés dans la citadelle). Le reste des troupes est casernée
le long de la frontière, avec le bamani de Pandernagor.

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3.4. Le Royaume chamanique de
Luna
Carte d identité :

Capitale : Luna
Langue : Abalonien
Dimensions maximales : Ile de Luna (570 000 km2)
Population : 400 000 personnes, dont 300 000 religieux
Armée : 15 000 moines-soldats
Flotte : Quelques frégates.
Régime politique : le Dogon
Blason : Le drapeau blanc
Religion : Eglise Chamanique de Luna (polythéiste)
Calendrier : Abalonien

Luna est le siège de l’Eglise Chamanique. C’est une île


gigantesque, volcanique, montagneuse, couverte de jun-
gles, au climat tropical. Sa proximité géographique avec
le continent primate en fait un élément de faiblesse pour
l’Empire. Sur Luna se trouve Pohutukawa, nûne qui ac-
cueille les esprits des morts (cf. l’Eglise Chamanique).
Luna est une île particulièrement vide en termes d’habi-
tants, l’essentiel de sa population étant concentrée dans
sa capitale.

3.4.1. L’Eglise Chamanique d’Abalone


Origine

Lorsque les premiers peuples humoncules s’enfuirent


sur les îles d’Abalone, ils étaient animés d’une sincère
terreur, croyant leur dernière heure arrivée. Si la belle
unité des premiers âges fut rapidement gangrénée par
les différends entre tribus, elle déboucha au moins sur
un résultat positif : un clergé commun. Lorsque la co-
lonisation des îles s’amplifia, l’église primitive finit par
émigrer sur une grande île relativement éloignée des cô-
tes primates : Luna.

Malgré les vicissitudes politiques, les clergés polythéis-


tes d’Abalone ont toujours reconnu une unique autorité
morale : le Dogon. Basé sur l’île de Luna, l’Eglise Aba-
lonienne a donc été unifiée et ce, depuis les origines de
l’exode. Du temps de la partition entre Gérousie et Em-
pire, les Dogons avaient gardé une prudente neutralité
qui leur a été très utile après la victoire de l’Empire.

Même au temps du Bas-Empire Jaméen, la souveraineté


sur l’île de Luna était co-partagée entre le Negus et le
Dogon, c’est-à-dire que le Negus n’était pas le supérieur
politique du Dogon.

368
L’arrivée au pouvoir de Janus Ier au VIIIème siècle a termine par une base taillée en pointe. Pour les occa-
provoqué le grand Schisme, suite au Lex d’étoile, une sions rituelles, des cordons et des plumes rouges or-
loi prise par le Négus autorisant l’adoration de Theo- nent la «baguette du dieu» et semblent lui donner vie.
chrone sur le territoire de l’Empire, ainsi que la fisca-
lisation des biens du clergé. Lorsqu’une célébration a lieu, l’esprit de l’esprit repré-
senté entre alors dans la «baguette» et celle-ci devient
Le Dogon, qui avait dans un premier temps soutenu Ja- l’intermédiaire entre le prêtre et le Dieu (ou l’ancêtre)
nus dans sa politique pour le moins agressive à l’égard avec lequel il voulait entrer en contact. Seuls les prê-
des royaumes indépendants, a par la suite proclamé tres ou des personnes qualifiées peuvent se servir de la
que désormais, l’autorité du Négus ne s’étendrait plus «baguette du dieu». Avant de faire appel à une divinité,
à l’île sainte de Luna et menacé d’excommunication le prêtre fiche la baguette dans le sol. Il peut alors in-
tout clerc qui accepterait de cotoyer des chamanes ou voquer la divinité en question pour qu’elle bénisse ou
des moines de Theochrone. aide la famille ou le village.

Quelques esprits protecteurs d’Abalone


Theologie
« Rna », « Esprit du Jour » (Chaotique); « Y-Aelin », «
L’Eglise Chamanique est polythéiste symbiotique. Esprit de l’Ambre » (Harmonique); « Hanesh », « Esprit
Seul les cultes dédiés à Theochrone sont interdits, un des Hommes » (Harmonique); « Theys », Esprit végétal
tabou hérité de l’ancien temps où la religion de Titan » (Harmonique); « Trisan », « Esprit de Lumière » (Har-
était prohibée. L’Eglise d’Abalone a en effet reçu révé- monique); « Ba », « Esprit d’Amour » (Chaotique); «
lation du Grand Théolocauste, qu’elle a appelé «Grand Oyin », « Esprit de l’Eau » (Chaotique); « Orius », « Es-
Nâvre» et s’est adaptée sans trop d’effort aux nouvelles prit de l’Air » (Harmonique); « Isiah », « Esprit de Vic-
Divinités. Plusieurs miracles et apparitions d’avatars toire » (Néantique); « Mazial », « Esprit d’Intelligence »
l’ont aidée à imposer le culte des nouvelles divinités (Chaotique); « Le Septième », « Esprit de mort » (Néan-
au peuple. Le récit du Grand Nâvre lui a été dicté par tique); « Brahma », « Esprit du Roc » (Harmonique); «
les oracles. Mercurion », « Esprit de Vie » (Harmonique); « Ul », «
Esprit de prospérité » (Harmonique); « Shilla », « Esprit
Le souvenir des anciens Dieux ne s’est pas cependant
des Femmes » (Harmonique); « Tictoclan », « Esprit du
estompé et les Dogons successifs ont dû composer
Savoir » (Harmonique); « Sekhmet », « Esprit de Rage »
avec la résistance des croyances locales et populaires
(Harmonique); « Meya », « Esprit du Lait » (Harmoni-
qui les ont transformé en « esprits », capables d’inter-
que); « Api », « Esprit animal » (Harmonique); « Pankrig
céder avec les Divinités, quitte à écorcher leur nom. Ce
», « Esprit du Ciel » (Harmonique); « Miclé », « Esprit
syncrétisme est un élément différenciateur qui fait la
de plaisir » (Chaotique); « Vishou », « Esprit de Fièvre
singularité de la foi Abalonienne.
» (Chaotique); « Hecate », « Esprit du Secret » (Chaoti-
Selon les croyances traditionnelles, les âmes des morts que); « Cuoidoh », « Esprit du plaisir » (Harmonique); «
voyagent jusqu’à l’arbre indigène «Pohutukawa» (un Apopix », « Esprit du Renouveau » (Chaotique); « Aniu-
nûne multi-séculaire) qui se trouve à la pointe de l’île vis », « Esprit de Transformation » (Chaotique); « Ish », «
de Luna, escortée par les esprits des îles1. L’âme glisse Esprit du Tourment » (Chaotique); « Knisna », « Esprit
le long d’une racine du Pohutukawa, jusque tout en du Cycle » (Néantique); « Vuicaln », « Esprit de métal »
bas, dans la mer, où la Déesse de la Folie et des Mala- (Chaotique); « Typhion », « Esprit des Fleuves » (Chaoti-
dies tente de la retenir. L’âme émerge à Ohaua, qui est que); « Osini », « Esprit de la Nuit » (Harmonique).
le point la plus élevé de Luna, pour prendre conseil
auprès des ancêtres, avant de partir vers les Enfers.
Souvent, les îles se placent sous la protection d’un ou
plusieurs esprits qui intercèdent vis-à-vis des Dieux.
Les chamanes ont un pouvoir essentiel car ils peuvent
parler aux Dieux et esprits. Pour cela, ils utilisent un
«tiki wananga» ou baguette du dieu, pour pratiquer les
rites. Le tiki est habituellement fabriqué en bois, et se
1 Contrairement aux autres Elfes, les Elfes thébains choisissent le
moment où ils rentrent dans l’âge Nunique. Pohutukawa contiendrait l’âme
d’un Thébain qui aurait fui avec les humoncules lors de l’âge de la Nuit.

369
3.4.2. Organisation politique La position traditionnelle de l’Eglise

L’organisation de Luna La politique de l’Eglise Chamanique d’Abalone a tou-


jours été extrêmement complexe puisqu’elle a joué un
Luna est une théocratie et son organisation politique rôle important dans l’histoire d’Abalone tout en n’étant
est en réalité celle de l’Eglise. pas soumise à un quelconque pouvoir politique. Ses
prises de position méritent donc d’être connues.
L’Eglise est ordonnée suivant une hiérarchie très ri-
gide. Tout en haut se trouve le Dogon, tiré au sort au Jadis grande ennemie de la Technomagie primate
hasard parmi le Conseil des Anciens2, qui regroupe les qu’elle assimilait à du kabbalisme ou de la sorcellerie,
13 plus vieux clercs de l’Eglise : 6 humains, 3 nains, 4 l’Eglise s’est très souvent heurtée au pouvoir des ma-
gnomes. Pour cette raison, les règnes des Dogon durent ges Madoris, dont elle refusait d’ailleurs la présence
rarement plus de 5 à 10 ans lorsqu’il s’agit d’humains sur son île, de même qu’elle n’a jamais été soumise à
et parfois un peu plus pour les nains et les gnomes. Le l’autorité du Grand Laogaï.
nom du Dogon est toujours impersonnel, c’est-à-dire
que les différents suzerains de l’Eglise n’ont pas choisi Après la menace d’une invasion primate au VIème
de nom, à la différence des Negus. Par conséquent, le siècle, l’Eglise Chamanique a changé de discours. Elle
Dogon est considéré comme immortel, la personne as- s’est dotée d’une puissante congrégation de recher-
surant sa charge n’ayant que très peu d’importance. che sur la magie et a formé ses propres mages scien-
tifiques, afin de faire pendant à la technomagie. Les
Le conseil des Anciens a pour administrateur le Grand mécamages chamaniques travaillent pour l’essentiel
Marabout, qui vient en second dans la hiérarchie de sur les moyens de contrer les armes de destruction
l’Eglise et conduit les cérémonies d’oracles et de sacri- technomagiques et leur objet officiel est la recherche
fices. Dans les croyances populaires, le Grand Marabout d’une Science compatible avec la Foi. En réalité, il
est aussi celui qui intercède avec les esprits d’Abalone, s’agit de limiter la magie au minimum pour accroître
tandis que le Dogon ne parle qu’aux Dieux. Le Grand les capacités techniques des objets inventés, avec des
Marabout n’appartient pas au Conseil et est choisi par applications très concrètes en matière d’armes à pou-
le Dogon parmi l’élite chamanique de l’Eglise: les Va- dre. L’Eglise Chamanique possède un laboratoire de
payjas (qui sont les plus hauts dignitaires), les Grands mécamagie sur
Chamanes et les Erumites de l’Eglise.
L’Eglise a également développé la chimérologie à par-
Cette élite occupe les postes de l’administration cha- tir du IXème siècle, sous l’impulsion d’un professeur
manique les plus prestigieux sur l’île de Luna. Alors du nom de Torgo Toulemonde, et développé tout un
qu’originellement les clercs du Conseil des Anciens système d’exploration de Terra Negra (et de ses îles)
étaient choisis au sein de tout le clergé, les traditions pour capturer des monstres et/ou des primates, depuis
ont conduit à limiter de plus en plus la sélection à l’éli- Port-Adieu où est implanté un monastère spécifique.
te chamanique. Les chamanes ruraux évitent de faire Les potions chimérologiques sont administrées à l’éli-
valoir leur droit à intégrer le Conseil. te chamanique car on considère qu’elles permettent
d’accroître leur lien avec l’Au-delà et les forces divi-
L’Eglise chamanique se distingue également par le sta- nes.
tut des personnes. En effet, alors que Mordred V avait
pris la décision d’interdire certaines coutumes tribales Vis-à-vis des Elfes Thebains, l’Eglise milite pour un
comme l’esclavage, ces dernières sont restées actives rapprochement avec la Thebaïde dont les convictions
au sein de l’Eglise. L’Eglise chamanique est donc pro- religieuses lui apparaissent en accord avec ses propres
priétaire de plusieurs dizaines de milliers d’esclaves croyances. Toutefois, le clergé se méfie de l’attraction
qu’elle utilise pour les sacrifices les plus importants suscitée par les elfes, craignant une idôlatrie dange-
(par exemple lorsque le Negus ou le Dogon meurt, reuse de la part du bas-peuple.
pour supplier les Dieux que soit choisi un humoncule
sage) ou pour ses navires (des trirèmes). Vis-à-vis des primates, l’Eglise défend une vision
conquérante d’évangélisation du continent et finance
la plupart des expéditions qui vont ce sens. Avec l’ap-
parition du Technoroyaume primate de Kenl, Luna a
défendu avec vigueur l’idée d’une croisade.
2 Ces Anciens ne sont pas forcément Vapayjas à la base. Néan-
moins, ils prennent ce titre lorsqu’ils sont intégrés au Conseil des Anciens.
De manière générale, l’Eglise Chamanique intervient

370
peu sur d’autres aspects, comme par exemple la mo- L’essentiel de sa protection passe donc par une for-
rale. Elle encourage la polygamie et ses chamanes tification de ses côtes via un réseau de tours de guet.
n’ont aucun devoir en matière de célibat, ni même Les Dogons successifs se sont déclarés «prisonniers»
de fidélité. des «Négus impies» et appelés les fidèles à désobéir au
pouvoir impérial. L’aura des Dogons étant très grand,
surtout dans les petites îles de l’ex-Gérousie, Janus
Ier n’avait pas osé envoyer de troupes pour contrain-
L’Eglise dans l’Empire d’Abalone dre l’Eglise à capituler.
Autrefois, l’Eglise de Luna dirigeait tous les cultes de
l’Empire : chaque île de taille importante (plus de 15
000 habitants) possèdait un légat chamanique qui était
généralement un Erumite pour les îles les plus petites
(15 000 à 40 000 habitants), un Grand Chamane pour
les îles moyennes (jusqu’à 400 000 habitants) et un
Vapayja pour les quatre plus grosses îles (ainsi que
Pandernagor). Luna était elle-même administrée par
un Vapayja, 3ème dans la hiérarchie de l’Eglise. Au
niveau des îles ou des groupements d’îles, les légats
assuraient la direction et la coordination des temples,
à la tête desquels on trouve des Sorciers (grands prê-
tres) qui gèraient les différents Chamanes (prêtres).
Les ordres monastiques échappaient à l’autorité des
légats territoriaux. Chacun n’en réfèrait qu’à son Eru-
mite unique, en poste à Luna.

Avec le grand Schisme, l’autorité du Dogon a été to-


talement remise en question par le Négus qui s’est
proclamé Chef de la Nouvelle Eglise Chamanique.
Les biens religieux de Luna ont été confisqués, et les
clercs ont été sommés de faire un choix : rester fidèles
au Dogon ou bien rentrer dans la Nouvelle Eglise. En-
viron un quart d’entre eux ont accepté de jurer et de
prêter serment d’obéir au Négus. Le reste a été mas-
sacré, ou bien a fui vers l’île de Luna.

Bien qu’ayant été en partie amputée, l’Eglise Cha-


manique de Luna n’a pas perdu toute influence au
sein de l’Empire. En effet, des cultes secrets ont été
progressivement en place, suivant un maillage qui re-
prend celui qui existait avant le Schisme. Les Vapayjas,
Grands Chamanes et Erumites sont clandestins mais
oeuvrent pour empêcher que l’Empire d’Abalone ne
bascule dans la foi primate.

3.4.3. La sécurité extérieure


Luna possède une armée extrêmement restreinte, à
peine 15 000 hommes qui sont pour l’essentiel des
moines issus des différents cultes. Elle n’a de plus pas
de flotte à proprement parler.

371
3.5. La Thébaïde mages uniques.

A l’inverse, les descendants des exilés étaient techni-


S’étendant sur près de 10 000 km d’Est en Ouest, le quement des demi-elfes, c’est à dire qu’ils s’étaient mé-
Désert sans fin a été créé magiquement par les mages langés aux humoncules de Terra Mater.
primates.
C’est alors que les Thébains se décidèrent à communi-
Le Désert sans fin se présente sous la forme d’une quer avec l’extérieur en tentant des expéditions depuis
gigantesque plaine de cendre grise où aucun végétal/ la Thébaïde vers la mer. Hélas, ces expéditions échouè-
animal ne survit. Les seules espèces vivantes sont en rent : la seule façon d’entrer et de sortir de la Thébaïde
réalité à moitié minérales comme les vardenaugh ou est d’utiliser la téléportation, ce qui suppose pour les
les kriponosaures. La magie y est démultipliée dans ses elfes courageux de cibler un endroit vu avant le Grand
effets. D’importants gisements d’urganit non utilisés se Cataclysme et toujours intact, soit pour l’essentiel des
trouvent mélangés au sable. vestiges dans les royaumes primates. Compte-tenu de
la haine qui anime encore les primates vis-à-vis des el-
Après la mort de Galgula en - 100, l’erreur originelle
fes, ces derniers se sont plus volontiers tourné discrè-
des ses généraux fut de tenter de détruire Huracania,
tement vers les îles d’Abalone (avec lesquels ils échan-
capitale assiégée des Faëries, en utilisant les sorts les
gent le sycotine, métal qu’on trouve en abondance
plus destructeurs de la magie néantique : leur divinité,
dans la thébaïde, et de l’itaphir, dont ils connaissent
Titan, leur avait en effet concédé une pierre de Nuit,
les secrets) et sont restés extrêmement rares dans les
une relique capable de concentrer toute la puissance
royaumes singes.
néantique. Ayant surdosé leur effort, les mages explo-
sèrent, entraînant une déflagration apocalyptique. Hu- En 727, une comète s’écrasa sur une île au Nord, pro-
racania fut ravagée et resta à l’abandon pendant quasi- voquant le réveil de Galgula, l’Amiral-Sorcier, sous la
ment 7 siècles. forme d’une banshee recouverte d’un corps de pierre.
Galgula se mit alors en quête de son sceptre, un arte-
Peu avant la chute d’Huracania, vers - 560, les deux fils
fact puissant concentrant la totalité des sortilèges de
du Roi Aël (Alamal et Gnoséon) s’étaient enfuis avec
sorcellerie connus. Ce sceptre avait été conservé par
une partie du peuple Elfe, sur deux cités volantes. Ce
les Elfes Thébains après que Tolkienyrion, père de Pa-
n’est qu’en 688, après plus d’un millénaire d’absence,
lantyrion, ait occis Galgula. En 728, le bamani Janus
qu’ils retraversèrent les océans, guidés par Alamal «le
Cumperator accompagné d’aventuriers nommés Palan-
Patriarche Blanc», et revinrent s’installer dans les rui-
tyrion et Justine Issandre, parvint jusqu’à la Thébaïde,
nes de la Thébaïde. Ils y découvrèrent qu’une poignée
et vainquit Galgula. Désormais détenteur du sceptre, il
d’Elfes thébains, conduits par Theos, lui-même troisiè-
offrit à Palantyrion et au peuple Elfe la possibilité de
me frère d’Alamal et de Gnoséon, avait survécu, à l’abri
rejoindre Abalone. La plupart acceptèrent (dont Ala-
d’une citadelle magique hors du temps.
mal), mais une partie des Thébains refusa, préférant
En plusieurs siècles d’isolement complet, les elfes demeurer dans la Thébaïde sous l’autorité de Theos.
avaient développé une société parfaite où les déci-
En 730, le Roi Palantyrion accepta d’ouvrir une am-
sions étaient prises par consensus, sous l’autorité du
bassade sur Pandernagor. Les contacts entre les deux
Roi Theos1, qui commandait autrefois l’armée défen-
peuples Elfes (ceux d’Abalone et ceux de la Thébaïde)
dant Huracania, et de sa fille Ananyllia. Très différents
sont très rares.
des elfes de Terra Mater, les elfes thebains ont la peau
blanche presque diaphane. Ce sont des créatures entiè-
rement faëriques et donc par conséquent immortelles.
Leur puissance magique est bien plus grande que la
plupart des mages vivants. Les elfes thebains sont tous

1 Parmi les 3 fils d’Aël, Roi des elfes d’alors,Theos fut le


seul à rester, ses deux frères s’enfuirent quant à eux vers Terra
Mater (« l’Hégiriade ») à bord de cités volantes, à la demande
de leur père. Ils emportèrent avec eux les 7 pierres de couleur
permettant de vaincre l’influence du Néant. Une fois sur Ter-
ra Mater, Gnoséon ne supporta pas le brassage ethnique qui
frappa les elfes de sa cité avec les humoncules et décida de re-
brousser chemin. Sur le chemin du retour, sa cité s’écrasa sur
Atlante et devint Saranzara. Alamal, lui, resta sur Terra Mater.
Il gagna des Dieux le droit de revenir « chez lui » après avoir
avec succès reforgé la pierre de lumière à l’aide des 7 pierres
de couleur durant le Grand Théolocauste (ou Grand Nâvre) et
ainsi préservé Terra Mater du sort qui avait frappé Terra Negra.

372
Annexe générale : Le monde de Luth
Luth ! Le pays des lutins a toujours déchaîné les fan- Le Roi et la Reine de Luth
tasmes et les spéculations, nul mortel n’yant pu jamais
y rentrer. Il n’y a de description de Luth que celle que Parler d’organisation politique n’aurait pas de sens
les lutins veulent bien faire, même si ces derniers sont pour les lutins. En effet, ces derniers ne ressentent pas
justement très réticents à parler de leur royaume-mon- la nécessité ni d’avoir une armée, ni d’avoir des tribu-
de. En effet, Luth ne se trouve pas à proprement par- naux ou un gouvernement. En cas de crise grave, il est
ler sur le plan de Weröl. Les lutins ont créé un plan arrivé que les lutins se rassemblent par milliers pour
parallèle à Weröl mais rattaché à lui, par lequel on peut discuter d’un problème particulier, mais jamais sous
entrer via des bosquets enchantés. Certains affirment l’autorité de quiconque.
qu’au contraire, Luth est quelque part sur Weröl, mais
que sa localisation est inconnue. D’autres pensent que Cependant, Luth a bel et bien un Roi et une Reine,
Luth est construite à l’envers de Weröl et qu’on y mar- qui n’ont pas d’autorité politique ni religieuse, mais
che la tête en bas. symbolique. Le Roi de Luth est traditionnellement un
animal ou un objet mythologique ou fabuleux. Ainsi,
Les bosquets enchantés, les cascades mira- depuis plusieurs centaines d’années, il s’agit d’un Livre
culeuses et les lacs magiques magique aux pages blanches. Les légendes racontent
que quiconque lui chante une question verra la ré-
D’après la légende, il existerait plusieurs milliers de ponse s’inscrire en lettres de feu sur une de ses pages.
bosquets enchantés capables de relier Weröl et Luth. Cet artefact doué de conscience a été créé par les plus
Evidemment, seuls les lutins sont à même de reconnaî- grands mages lutins.
tre ces bosquets, protégés par de très nombreux sortilè-
ges d’illusion. Notamment, par on-ne-sait-quel procédé La Reine de Luth est une Fée, être qui n’existe que
magique, nul farfadet ne peut entrer à Luth. Les bos- sur Luth. En effet, les Fées ne peuvent survivre sur les
quets magiques sont d’essence différentes : les chênes autres plans. D’après les récits de ceux qui ont pu l’ap-
futriparques, par exemple, ont une écorce molle dans procher, la Fée Grenadine – c’est ainsi que se nomme
laquelle les lutins pénètrent ; les bouleaux musicaux la Reine de Luth – est toute de rouge vêtue et tient sa
se trémoussent lorsque l’on joue de la musique devant Cour au cœur d’un Labyrinthe féérique. C’est là qu’elle
eux, et forment alors un arc de cercle qui matérialise réside, au milieu de milliers de fées et de lutins, et c’est
la porte de Luth ; enfin les saules de perlimpinpin ne là aussi que se tient le banquet perpétuel. Il s’agit d’un
réagissent que si on les asperge de poudre du même festin inépuisable commencé il y a plusieurs centaines
nom. Ils se mettent alors à scintiller et leurs branches d’années. Tout lutin qui parvient au cœur du Labyrin-
s’entrouvrent pour former un portail. the aime à s’y arrêter quelques années, pour profiter
des réjouissances.
Les bosquets les plus stratégiques sont protégés par
des gardiens. Il peut s’agir parfois de Géants cornus ou Lilliluth, les bolets rêveurs, les ballons
de Nûnes, ou même parfois de Satyres. Un mot de passe bulles et les grottes musicales
est généralement requis, ou bien un présent, ou encore
un duel d’énigmes. Les lutins raffolent de ces joutes Il n’y aurait pas de villes ou de cités à proprement
avec les Gardiens et préfèreront parfois faire un long parler sur Luth, si l’on met de coté la cité de Lilliluth,
déplacement pour passer par un bosquet protégé. qui se trouve quelque part sur le plan, mais jamais au
même endroit. La cité se téléporte en effet d’elle-même
Néanmoins, les plus grandes portes se situent dans cer- chaque jour à un endroit différent. Lilliluth abrite pa-
tains lacs et cascades. Les lutins, étant dotés de l’anaé- raît-il les 17 Ecoles de magie lutines ainsi que la Biblio-
robie, trouvent que c’est un moyen discret de rejoindre thèque, qui ne comprend qu’un seul volume, le Grand
Luth. Généralement, on y plonge et on ressort à Luth Grimoire Roi de Luth.
en traversant la fond du lac ou de la cascade.
Hors de Lilliluth, les lutins habitent dans trois types
d’endroit. Les premiers sont les bolets rêveurs, de
gigantesques champignons dont le toît contient des
substances halucinogènes. Les lutins aiment à y creu-
ser leur maison, et à contempler le paysage ensuite

373
depuis le chapiteau, tout en se laissant griser par les
hallucinations dégagées par leurs habitations.

D’autres lutins affectionnent des habitations magiques


qu’on appelle les ballons bulles, c’est-à-dire boules
spongieuses creuses qui flottent au gré du vent, et dans
lequel un lutin parvient à installer toute sa maisonnée.

Enfin, au fond des lacs se trouvent les mystérieuses


grottes musicales où l’ont peut, paraît-il respirer com-
me à l’air libre. Elles dégagent des sons qui peuvent
être perçus depuis la surface.

Les grands principes lutiniques

La vie des lutins s’accommode d’une absence de règles


étonnante. Toutefois, même les lutins les plus farou-
chement indépendants respectent les trois règles. La
règle d’or est ainsi énoncée : « Nul étranger du monde
des Grands Êtres ne peut entrer à Luth, sauf s’il y est
expressément invité par le roi ou la reine ». Cette règle
d’or est scrupuleusement observée, d’abord parce que
la présence d’un grand être perturberait l’écosystème
de Luth, ensuite parce que les lutins tiennent jalouse-
ment à leur indépendance et à leur tranquillité.

Vient ensuite la règle d’argent : « Nul Farfadet ne doit


jamais rentrer à Luth », qui ne souffre pas d’exception.

Enfin, vient la règle de bronze « Tout ce qui n’est pas


expréssément interdit est permis ».

374
Annexe générale :
Tableau Récapitulatif des nations, populations, langues, mon-
naies, calendriers et armées

Pays Population Langue Monnaie Calendrier Armée Capitale


Le Ponant: 70 millions d’habitants
Le Royaume du 10 milliions (75% d’hu- Aquilonnien Ecu lisbanais. Le ducat ou Pa l é o - a q u i - 60  000 hommes Memneth (800 000)
Lisban mains) écu d’émeraude vaut 10 lonnien + flotte (une cen-
écus d’or. Un écu d’or 100 taine de navires
écus d’argent. de guerre)
Le Royaume du 35 millions d’habitants Ecu Ponantais. Le ducat 75 000 hommes + Telkamet (1 million)
Bas-Ponant (80% d’humains) ou écu d’émeraude vaut 10 deux flottes (une
écus d’or. Un écu d’or 100 centaine de navi-
écus d’argent. res de guerre)
Le Royaume du 25 millions d’habitants Ecu Aquilonnien. Le ducat 100  000 hommes Eaugrise (2 millions)
Haut-Ponant (80% d’humains) ou écu d’émeraude vaut 10 + 3 flottes (une
écus d’or. Un écu d’or 100 centaine de navi-
écus d’argent. res de guerre)
Les Royaumes du Sud: 28 millions d’habitants
Principautés Ar- Kordaharie  : 1,4 mil- Démonique 1 gon = 100 écus or Le gon Infernal (666) Pas d’armée régu- Kordahar
chidémones lions (400 000 semi- varie par rapport au kor, lière.
démons, 200 000 au nor et au chor, les trois
démons et 800 000 monnaies locales.
esclaves)
Norsurie : 2,8 millions Dar-Shiva
(2,1 millions d’elfes
noirs, 400 000 démons ,
300 000 cornus)
Chorgalie  : 0,7 mil- Thrinas-Chorgal
lion ( 300 000 démons,
300  000 esclaves,
100 000 semi-démons)
St Royaume de 4 millions (djinns) Faraméen Dinar (0,5 écus d’or) Mulveyen 85 000 hommes + Faram (80 000)
Faram 2 flottes (200 na-
Un dinar vaut 4 roupies vires)

Un dinar d’argent vaut 50


dinars

Un «  grand dinar  » vaut 8


dinars d’argent (200 di-
nars).
Anarchie de 20 millions dont 1 mil- Thélébéen Un dragon d’airain vaut 10 Mulveyen Jusqu’à 1 million Theleb (300 000)
Theleb lion de rex, 1 millions dragons de cuivre (et 0,5 de guerrier en cas
de reptors, 5 millions écus-or). Un dragon d’or Paléo-Aqui- de Kari-Kol
de sauriaux, 4 millions vaut 20 dragons d’arain lonnien
de draconides et 9 mil-
lions de lézardoïdes

375
Royaumes du Nord : 17 millions d’habitants
Empire du Sep- 6 millions (90% d’elfes Nordicéen La pistole septème. Une Pa l é o - a q u i - 80 000 hommes + Kalkabat (120 000)
tentrion nordiques, 5% d’elfes pistole septentrionnale lonnien 300 navires
noirs) vaut environ 7 écus éme-
raude. Elle se divise en 7
pistoles septèmes, chacune
valant 1 écu émeraude.
Une pistole septème se
divise chacune en 700 pis-
toles septimes (1 pistole
septime = 1,4 écus argent
environ).
Royaume des el- 2 millions (75% d’el- Le florin, lui même valant 20  000 + 500 Betön (300 000)
fes nordiques fes nordiques, 25% de 15 couronnes. Une cou- drakkars
gnomes et d’humains) ronne équivaut à 5 écus
d’argent.
Confédération 2,7 millions (nains) La pépite d’or, de même Environ 1 million Hautefond, Dalwin, Gal-
Naine que l’émeraude et le sa- de guerriers nur, Thorin.
phir. 1 émeraude de 100g =
2 saphirs de même poids. 1
saphir de 100g = 3 pépites
de 100g.
Royaumes Trol- 6 millions (trolls) Pièces en étain et en bron- Environ 1 million Moché (40  000) pour le
liques ze et troc de guerriers royaume de l’Est
Le Centreterre et les Grands Lacs : 8 millions d’habitants
Le Royaume de 280 000 (90% d’elfes) Dolman Troc Pa l é o - a q u i - Environ 50  000 Sanuten (20 000)
Dolmarur lonnien guerriers
Le Royaume Ky- 4 millions (humains) Kyrelien (off), La pièce d’or qui vaut 12 Kyrelien 55  000 + 200 na- Kyrieleissa (200 000)
rieleisseen aquilonnien pièces d’argent. Chaque vires
pièce d’argent vaut à son
tour 12 pièces de bronze.

Le Royaume du 3 millions (40% syl- Zelden Le mor (=5 écus or) Pa l é o - a q u i - 50 000 chevaliers Haute-Rive (250 000)
Centreterre phes, 30% elfes, 15% lonnien
humains) 1 Mor Zelden = 12 dode-
camor

1 mor royal = 100 mor =


1200 dodecamor

1 dodecamor = 1 écu
d’argent.

1 mor = 1,2 écu or

1 mor royal = 120 écus or


Le Royaume des 750 000 (Korrigans) A q u i l o n n i e n , Toutes acceptées. 2  500 + guerriers Shahardok (20 000)
Monts Korils Nordicéen (environ 150 000)
Terrae Neanticae : 1,3 millions d’habitants
Terres Libres 1 million Zelden, aquilon- Toutes acceptées Pa l é o - a q u i - 5  000 (Cité du Dont Cité  du Dieu Fou
nien lonnien Dieu Fou) (80 000)
Empire du 300 000 Néantique La pistole néantique. Une Environ 100 000 Pas de capitale.
Néant/Chancre pistole vaut 5 écus or en-
Néantique viron. Il existe une pistole
royale qui vaut 50 pistoles
normales.

376
L’Orient : 123 millions d’habitants
Les Bas Royau- 8 millions d’habitants Esteren, Kalde- Divers Divers - -
mes (humains, nains, elfes, ren
trolls…)
Pur Empire 15 millions dont 3 Daï Le kasumo existe en Daï (règnes 150  000 soldats Mindanao (160 000)
des Sylphes du millions d’étrangers 1(vert) (environ 3 écus or), des empe- + 150  000 marins
Nord 2 (bleu), 5 (rouge), 10 (jau- reurs sylphes) (450 galères)
ne) et 100 (blanc et doré).
A coté de ces coupures, il
existe ensuite un système
de billes de verre pour les
décimales (10 billes pour 1
kasumo)
Empire Daï 100 millions d’habi- Daï 1 shen daï = 10 écus d’or. Daï (règne du 600  000 légion- Cité Céleste (55 000 )
tants dont 20 millions dragon) naires + 15  000
d’esclaves. samouraïs +
240 000 bushis
Elfes jaunes  : 40%,
autres elfes 13%, Hu-
mains : 28%, Hopins et
nains :7%, sylphes 5%.
Atlante : 0,7 million
Empire Atlante Env. 700 000 habitants Atlante Pas de système monétaire. Atlante Heaume  : 70 000 Atlantapolis
(55% de métisses, 15% Pour les échanges : hommes plus les
humains, 10% d’elfes 3 000 golems de
et gnomes) 1 écu impérial d’or = 70 guerre de Kilkie-
écus impériaux d’argent ran
= 56 000 écus impériaux
de cuivre. 1 EIO = 11 écus
d’émeraude. Monnaie vala-
ble sur Kilkieran unique-
ment.

377
Terra Negra : 71 millions d’habitants
Empire Dara- 13 millions (Dara- Bâtard, Néanti- La silice darabounienne = Abalonien Environ 3 mil- Vallée des pleurs
boun bouns, Shaenaz) que 0,02 quartier de bananes = lions de guerriers
100 silices de fer.
Royaume de 10 millions (outangas, Abalonien, Néan- Le kmar teuton =0,033 Environ 1 million Barbanegra (35 000)
Teutonia origils) tique quartier de bananes = 100 de guerriers
kmars de fer.
Cités Crépuscu- 7 millions (itis, origils) Abalonien Le Thal itite.= 0,08 quar- 30  000 mercenai- A tour de rôle.
laires tier de bananes = 100 thal res origils
de fer.
Royaume Theo- 19 millions (panzaers, Abalonien, Néan- La lune Tanzienne = 0,1 70 000 soldats Titania ( 80 000)
cratique de shaenaz, outangas, itis, tique quartier de banane = 100
Tanza origils) lunes de fer.
Royaume d’An- 1 million (panzaërs) Abalonien La Lune Andalerienne. 50 000 soldats Dader (15 000)
daleria
Empire d’Aba- 21 millions (6 millions Abalonien Troc et rollad. 1 rollad doré 80  000 soldats, Avalon (250 000)
lone de gnomes, 9 millions = 5 quartiers de banane = 200  000 de ré-
d’humains, 6 millions 5 rollads argentés = 50 rol- serve + 15  000
de nains) lads. marins.
Royaume de 0,4 million Abalonien Troc et rollad. 1 rollad doré 15 000 moines- Luna (300 000)
Luna = 5 quartiers de banane = soldats et quel-
5 rollads argentés = 50 rol- ques frégates
lads.

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Du même auteur

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- Codex édition XI (livre des règles)


- Atlas édition xi (livre de l’univers)
- Lectionnaire édition XI (livre des religions et des dieux)
- Grimoire édition xi (livre de magie et des artefacts)
- Encyclopédie edition xi (bestiaire monstrueux)

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Gamme officielle :
- codex edition xii, édition revue & corrigée, paru le 11-01-14
- Atlas edition xii, édition revue & corrigée, paru le 11-10-13
- Lectionnaire edition XII, paru le 11-04-12
- Grimoire, edition XII, paru le 11-11-12
- Encyclopédie, EDITION XII, PARUE LE 11-09-13

suppléments :
- Guide de decouverte, paru le 11-04-13 (pour débutants)
- manuel de campagne, paru le 11-10-11 (pour vétérans)

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