Marie » qui figure dans le recueil Alcools de Guillaume
Appolinaire paru en 1913 car je l'ai apprécié pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la musicalité du poème est remarquable. Le poème de cinq strophes n'est composé que d'octosyllabes qui donnent un rythme léger et dansant. Seul le vers 9 est un alexandrin qui attire l'oeil et qui met l'accent sur l'amour que ressent Apollinaire pour Marie (la peintre Marie Laurencin avec qui le poète a entretenu une relation entre 1907 et 1912). Ce vers est aussi intéressant pour son double sens : le poète veut-il « aimer à peine » c'est-à-dire un peu, ou veut-il parler de la peine que lui procure cet amour passé ? Amour passé puisqu'il se demande quand Marie reviendra au vers 5. Ensuite, le poème évoque un thème universel : l'amour. Etant donné qu'il n'y a qu'une seule référence au physique de cette femme aimée (ses « cheveux/Crépus »), nous pouvons nous mettre à la place du poète et penser à notre propre bien-aimée. Cet amour est un amour passé qui fait souffrir le poète qui semble toutefois apprécier cette souffrance comme l'exprime l'oxymore du vers 10 « Et mon mal est délicieux ». J'ai aussi apprécié ce poème pour les figures de style qui permettent au poète de décrire ses sentiments. Par exemple, au vers 23 il compare la Seine à sa peine, ou plutôt serait-ce l'inverse : « Le fleuve est pareil à ma peine » car il « s'écoule et ne tarit pas ». Sa souffrance semble sans fin et le temps qui passe ne semble pas l'apaiser. De plus il fait rimer le nom « Seine » (vers 21) avec « peine » (vers 23) comme pour insister sur cela. Enfin, la fin du poème est touchante. Le narrateur se pose des questions sur l'avenir et sur la durée de sa souffrance : « Quand donc finira la semaine ». Peut-être espère-t-il que la semaine suivante il trouvera une autre femme à aimer pour oublier Marie.