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Le Temps de la Strategie
3.12 La stratégie du Dauphin : Une nouvelle manière de penser pour affronter les
transformations incessantes du monde
Les difficultés que nous avons à sortir de ce qu'il faut bien finir par appeler " une crise
" et surtout la lenteur que nous mettons à la résoudre, ne sont-ils pas les signes que
nous sommes prisonniers d'un paradigme, à l'évidence aujourd'hui dépassé ?
Cette image du bassin permet de concevoir que nous évoluons dans un nouveau
type d'environnement où l'on doit se déplacer en jouant avec les vagues et les
courants marins. Cela passe assurément par la nécessité de développer de
nouvelles habilités.
" Les dauphins agissent presque toujours en fonction de la situation globale, mais ils
sont capables de se concentrer sur le moindre détail quand c'est nécessaire ".
" Quand quelque chose ne va pas, ils sont capables de changer de but pour aller
vers autre chose, quelque chose qui marche." Ils sont capables d'acharnement et
en même temps de détachement quand c'est nécessaire ".
L'attitude " carpe " comme l'imagerie populaire la représente est celle d'une
certaine discrétion. La carpe est souvent muette et immobile. Elle traduit une
tendance à fuir l'engagement et à entrer dans un comportement d'évitement. Les
carpes sont assez dépendantes de l'opinion d'autrui à qui elles souhaitent offrir une
bonne image. Elles ont du mal à prendre des décisions et à passer à l'action
offensive. Elles préfèrent la fuite. Elles sont davantage enclines à subir les
événements qu'à les affronter ou les anticiper.
L'attitude " requin " à l'inverse est une attitude constamment offensive, voire
belliqueuse qui recherche les conflits. Le requin a de l'appétit et une ambition sans
limite et sans éthique. Il est toujours prêt à dévorer son prochain pour gagner. Il ne
fait aucune concession. Il est impitoyable. Il est prêt à tout pour arriver à ses fins
(faims !). Le requin est un prédateur. Il aime dominer et asservir autrui à sa propre
volonté. Il a une soif immodérée du pouvoir et jouit de s'emparer du bien d'autrui.
Devant toute situation nous avons le choix soit d'être une carpe, un requin ou un
dauphin.
En tant que dauphin il nous faut désormais exercer notre attention pour pouvoir se
situer avec pertinence sur le moment clé de la vague et savoir la quitter quand
c'est nécessaire. " Les dauphins sont des êtres qui réussissent à survivre parce qu'ils
savent tirer le meilleur parti de la vague avec un minimum de stress stéril ".
Toute organisation ou tout individu est confronté au changement. Une des
difficultés est de repérer la phase " d'émergence du changement ". Cette absence
de conscience commence souvent par un malaise diffus qui se manifeste pour
commencer dans le corps. Cette phase est sûrement la plus stratégique car elle
permet d'anticiper les événements avant que la puissance de la vague prennent le
dessus.
La plupart du temps, nous négligeons les signaux avant-coureurs. Nous faisons "
comme si " il n'y avait rien. La première attitude face au changement est, en effet,
souvent le déni ou la minimisation. Cette réaction est sans doute liée à la peur du
vide, car changer c'est être confronté à la chute de nos représentations. Changer
nous met en face de l'inimaginable, surtout s'il s'agit d'un changement de niveau II,
dit changement de rupture.
Dans la mesure où changer c'est " mourir à ce qui nous conçoit " (Denis Vasse),
cette situation réveille toujours une angoisse de mort. Nous nous souvenons des
propos tenus dans les années 1998 par les membres d'un comité de direction à
propos de la crise économique qui s'annonçait : " non, ce n'est pas grave, il s'agit
d'un processus conjoncturel ". L'histoire a montré qu'il en était tout autre. Nous
sommes non seulement dans un changement structurel mais bien dans une rupture
de paradigme. D'autres auteurs parleraient à ce propos de " disruptures ".
C'est le même genre de questionnement que nous pouvons mener avec une
équipe de direction. C'est en fonction de la capacité des acteurs à répondre à ces
questions que nous pouvons déterminer ce que Meryem Le Saget et Jean-
louis Servan schreiber ont appelé la compétence temporelle du manager.
Cette notion rappelle les travaux du sociologue Elliott Jaques qui pose
l'hypothèse de 7 strates du temps en mettant en relation la fonction occupée par
les acteurs et leur rapport au temps. Ces travaux sont d'autant plus intéressants qu'ils
confirment les conclusions d'Octave Gelinier qui définit la compétence
managériale comme la capacité à se situer et à situer ses collaborateurs aux
" Stratégie et
différents niveaux de l'espace et du temps. Dans son livre
Motivation des Hommes ", il en distingue 4. C'est lui qui est à l'origine
du concept des 4 Temps du Management
Avoir la vision globale du bassin consiste à repérer les grandes tendances
actualisées et émergentes qui parcourent le marché dans lequel l'entreprise est
inscrite et en même temps avoir une vision des buts à atteindre dans le futur par
l'organisation.
Pour visualiser le tableau des horizons temporels par fonction ou métier, cliquez ici
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" Le dauphin fait chaque jour un effort délibéré pour éviter les déceptions et les
désastres, en adoptant une attitude qui lui permet de se demander constamment :
Que se passerait-il si...? "
Bibliographie
Le concept de la stratégie du
Dauphin est une création du
groupe Metafor
Le phénomène cognitif comme
éco-systeme chez Piaget
la videothèque du CNRS sur la
cognition
A propos du mot "paradigme"