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Techniques de fabrication

Généralités
par Pierre CUENIN
Ingénieur Arts et Métiers
Ancien Directeur Méthodes Centrales Fonderie-Modelage Renault
Ancien Président Directeur-Général de la Société Bretonne de Fonderie
et de Mécanique (SBFM)
Ancien Administrateur délégué - Fonderie du Poitou (FdP)

1. Possibilités de la fonderie ..................................................................... M 3 510 - 2


2. Méthodes de fabrication et processus industriel ........................... — 2
2.1 Méthodes...................................................................................................... — 2
2.2 Processus industriel .................................................................................... — 2

a fonderie peut apparaître comme une technique de fabrication très simple,


L universellement connue, utilisée depuis des millénaires et qui consiste à
« fondre un alliage et le couler dans un moule reproduisant la forme de la pièce
à obtenir ». Le processus industriel se révèle beaucoup plus complexe ; il s’agit
en effet de fabriquer des pièces répondant à des critères bien définis, avec des
cahiers des charges rigoureux, dans une gamme étendue d’alliages différents
à qui l’on demande des performances de plus en plus élevées et fiables, dans
des gammes de masses allant de quelques grammes à plusieurs dizaines ou
centaines de tonnes, avec des précisions dimensionnelles toujours plus serrées,
des états de surface les meilleurs possibles, des formes complexes pour intégrer
le maximum de fonctions et avec des cadences de production allant de la pièce
unitaire à plusieurs milliers de pièces par jour dans des conditions les plus écono-
miques possible.
La fonderie a pu répondre à toutes ces exigences, parfois contradictoires, en
modernisant ses techniques de production, en développant de nouveaux alliages
et de nouveaux procédés de fabrication grâce à une connaissance plus scien-
tifique et plus précise des techniques et des phénomènes mis en œuvre et en
développant et appliquant, à tous les stades de la fabrication, des méthodes de
contrôle plus performantes et plus rigoureuses pour améliorer la qualité des
pièces produites et leur fiabilité, notamment dans le domaine des pièces de
sécurité.
4 - 1994
M 3 510

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 510 − 1
TECHNIQUES DE FABRICATION ___________________________________________________________________________________________________________

1. Possibilités de la fonderie 2. Méthodes de fabrication


et processus industriel
La fonderie offre beaucoup de possibilités qu’il est nécessaire de
rappeler avant d’aborder l’étude des techniques de fabrication. On
peut citer entre autres.
2.1 Méthodes
■ Composition des alliages : tous les alliages sont coulables c’est L’étude et la définition des méthodes de fabrication sont la
pourquoi la fonderie offre une gamme d’alliages pratiquement illi- première phase du processus industriel, qui permet de définir les
mitée, parmi lesquels on peut noter : alliages et les procédés de fabrication à employer, les matériels et
— les alliages ferreux courants (fontes, aciers) ; machines à installer éventuellement, les gammes de production à
— les alliages non-ferreux (aluminium, bronze, magnésium, respecter et les outillages à fournir (modèles et boîtes à noyaux...).
zamac...) ; Mais avant toute chose, il faudra mettre au point le cahier des
— les alliages spéciaux, aciers inoxydables, réfractaires, inusi- charges et le dessin de la pièce avec le client, et si nécessaire avec
nables, difficiles à mettre en forme par d’autres procédés de fabri- l’usineur, pour que la pièce puisse être fabriquée dans toutes les
cation. règles de l’art, de la façon la plus économique.
Elle est le seul procédé qui permette d’adapter, avec la plus grande L’ensemble de ce travail de préparation permettra de bien définir
précision possible, l’alliage à la pièce et au service que l’on en attend. le dossier de fabrication de la pièce avant tout lancement de la
production.
■ Structure des alliages : grâce aux traitements thermiques, on peut
modifier la structure de certains alliages coulés. En outre pour une
même pièce on peut obtenir des structures différentes dans certaines
parties de celle-ci (par exemple arbres à cames de moteur à explosion 2.2 Processus industriel
avec le profil des cames trempé sur refroidisseur).
Il faut également noter que tout alliage moulé est isotrope. Les procédés de fabrication sont très nombreux dans toutes les
techniques mises en œuvre en fonderie. Nous les étudierons en
■ Pièces : détail dans les paragraphes suivants.
— dessin : on peut mettre la matière où cela est nécessaire en Nous avons choisi, pour illustrer le schéma de la fabrication
fonction des contraintes subies par la pièce, mais en respectant les d’une pièce de fonderie, la technique de moulage en sable vert
règles du tracé des pièces ; (c’est-à-dire non étuvé) en châssis, qui est la plus répandue dans
— formes : on peut concevoir des pièces monoblocs, plus la très grande majorité des fonderies (figure 1)
compliquées intérieurement et extérieurement que celles obtenues
avec d’autres procédés, pour leur permettre d’intégrer plusieurs À partir du dossier de la pièce et des outillages, le processus de
fonctions et pour supprimer des raccords ; production peut se résumer ainsi ;
— précision dimensionnelle : grâce aux progrès considérables — fabrication des demi-parties du moule en sable réfractaire,
accomplis dans les dernières décennies dans les techniques de fabri- sable silico-argileux vert dans cet exemple, sur machines à mouler ;
cation, notamment en moulage-noyautage, la précision dimension- — préparation des noyaux destinés à faire venir les évidements
nelle des pièces de fonderie s’est très nettement améliorée, et l’on de la pièce, généralement fabriqués en sable siliceux avec résine
peut souvent parler d’une précision de quelques dixièmes de milli- durcie par catalyseur ;
mètre en moulage traditionnel ; cette précision dépend d’un certain — remmoulage de ces noyaux dans la demi-partie inférieure du
nombre de facteurs parmi lesquels on peut citer les procédés de moule et fermeture de celui-ci par l’autre demi-partie retournée ;
moulage-noyautage et les machines pour les mettre en œuvre, le — élaboration des alliages dans les appareils de fusion (cubilots,
dessin, la forme et la dimension des pièces, l’alliage choisi, le nombre fours électriques...) ;
de pièces à exécuter, le coût admissible pour la fabrication de la — coulée du métal dans les moules ;
pièce, sachant que la grande précision coûte cher ; — refroidissement des moules après coulée ;
— aspect superficiel : la surface de la pièce (appelée aussi : peau — décochage des moules, c’est-à-dire cassage des moules,
de pièce ) présente des qualités d’aspect et des caractéristiques de récupération du sable décoché et renvoi à la sablerie pour régéné-
surface (rugosité) liées à la nature des matériaux de moulage ration ;
employés ; aux alliages utilisés ainsi qu’aux conditions de coulée et — récupération des pièces et des systèmes de coulée ;
de refroidissement mises en œuvres ; — refroidissement des pièces, séparation des systèmes de coulée
— masse unitaire des pièces : il n’existe théoriquement aucune qui retournent à la fusion ;
limite dans ce domaine. En pratique, on a produit des pièces dont — puis nettoyage des pièces par grenaillage dans la majorité des
la masse unitaire allait de moins de 1 g à plusieurs centaines de cas et finition par meulage et découpe des bavures ;
tonnes. — et enfin contrôle des pièces et livraison.
■ Coûts de fabrication : la fonderie est le plus court chemin pour Pour suivre ce processus industriel, et quelles que soient leurs
l’obtention d’une pièce, partant directement des matières brutes spécialités, les fonderies comportent toujours un certain nombre
(ferrailles, sable,...) pour fabriquer et livrer un produit fini, dans des d’ateliers qui réalisent ces différentes opérations nécessaires à la
conditions les plus favorables sur le plan énergétique et économique. production des pièces et qui sont :
— le moulage-noyautage ;
— la fusion et la coulée ;
— le décochage, souvent intégré dans les chantiers de moulage ;
— le grenaillage, l’ébarbage et la finition
et des services prestataires comme par exemple :
• un laboratoire, pour les contrôles des sables et de la métallur-
gie,
• un atelier de modelage pour entretenir et fabriquer tout ou
partie des outillages de moulage-noyautage,
• un service de contrôle-qualité,
• un atelier de maintenance, etc.

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Figure 1 – Schéma de principe de la fabrication de pièces de fonderie

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