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À l’occasion d’une série d’arrêts rendus le 28 février 2002 par la Cour de cassation,
des obligations sont fixées au chef d’entreprise, résultant de la législation des
accidents du travail et maladies professionnelles, du Code pénal, et bien sûr, du
Code du travail.
Enfin, la crise sanitaire Covid-19, d’une ampleur, d’une soudaineté et d’une gravité
sans précédent, a obligé les employeurs à s’adapter sans délai à cette situation
d’urgence, et rappelé à chacun ses obligations en matière de santé et sécurité au
travail, ainsi que la nécessité de s’engager sur des démarches et politiques et
actions SST agiles et efficaces, dans le cadre de la gestion de crise.
La SST est un domaine très encadré par la loi. Les règles à suivre ont connu un
alignement entre la France, l'Europe et le reste du monde.
La directive-cadre du 12 juin 1989 énonce tout particulièrement les règles qui doivent
guider l’action de l’employeur privé comme public. On peut retenir le fait que :
Par exemple, si vous êtes une entreprise concernée par les risques chimiques, vous
devez en plus connaître l'existence du règlement REACH
(enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques). Il a pour objectif
majeur d’assurer un niveau élevé de protection de la santé et de l’environnement, en
améliorant la connaissance et l’information sur les produits chimiques et en
accélérant les procédures de gestion de risques. La notion de VLEP (valeur limite
d’exposition aux produits) est apparue dans ce cadre.
L’entreprise doit également approfondir sa démarche de santé et sécurité au travail
en listant tous les métiers existants dans l’entreprise, et en les regroupant dans
des unités de travail contenant les métiers aux tâches et conditions d’exercice
proches. Par exemple, il est possible de regrouper les métiers dits de bureau ou les
métiers itinérants. Enfin, l’entreprise doit cartographier son environnement de travail
et la configuration des bâtiments pour identifier les risques de chute dans les
escaliers, les risques électriques, etc.
Le Code du travail encadre l'entreprise dans la gestion des risques sur le lieu de
travail de ses salariés. La quatrième partie du Code du travail traite de la santé et de
la sécurité au travail.
Selon le Code du travail, l'employeur doit prendre les mesures nécessaires pour
assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.
S’il ne portait pas ces équipements, car ils n’étaient pas fournis par l’employeur, ce
dernier n’a pas satisfait à son obligation générale de sécurité. L'employeur engage
sa responsabilité civile et, le cas échéant, sa responsabilité pénale. En effet,
l’employeur qui ne prend pas les mesures d’organisation ou les moyens appropriés
pour assurer la sécurité physique et mentale de ses salariés et limiter la pénibilité est
coupable de faute inexcusable.
Toutes les actions diminuant le risque à sa source, dites “actions primaires”, sont la
priorité d’un plan de prévention des risques.
Prenons cette fois-ci l’exemple de la pandémie COVID-19. Bien que les campagnes
de sensibilisation et d’information sur les gestes barrières soient importantes, c’est le
respect des gestes barrières qui limitera la circulation du virus.
Appréhendez les obligations des salariés
Si l'employeur a des obligations en matière de santé et de sécurité au travail, tout
salarié (intérimaire, stagiaire, sous CDD ou CDI) est dans l’obligation d’appliquer les
mesures de prévention mises en place par l’employeur.
Il est essentiel de rappeler que tout salarié qui a un motif raisonnable de penser que
sa situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé
dispose d'un droit d'alerte et de retrait.
subvention de fonctionnement ;
possibilité de recours à des experts ;
droit d’alerte ;
constitution de commissions spécialisées ;
etc.
Le CSE est obligatoirement consulté par l’employeur dans de nombreux domaines et
circonstances.
Le CSE est réuni à la suite de tout accident ayant entraîné ou ayant pu entraîner des
conséquences graves, ainsi qu’en cas d’événement grave lié à l’activité de
l’entreprise, ayant porté atteinte ou ayant pu porter atteinte à la santé publique ou à
l’environnement, ou à la demande motivée de deux de ses membres représentants
du personnel, sur les sujets relevant de la santé, de la sécurité ou des conditions de
travail.
À défaut, si l’entreprise ne peut organiser cette activité, il peut faire appel aux
intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP) du service de santé au
travail interentreprises (SSTI) auquel il adhère, ou aux IPRP enregistrés auprès de la
Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la
consommation, du travail et de l’emploi).
Pour chacune de ces grilles, l'INRS propose un guide d'utilisation. Vous le trouverez
directement dans le document Excel, quand vous ouvrirez la grille.
Cette section vous servira de référence. Revenez-y si vous avez besoin de connaître
les supports de communication adaptés à votre contexte professionnel.
Signalétiques et affiches
Pour les produits chimiques utilisés au poste de travail, l’employeur dispose d’outils
d’information (étiquettes, fiches de données de sécurité) qui permettent de repérer
les agents chimiques.
Médias et formations
De nombreuses ressources sont disponibles et peuvent être mises en place pour tenir vos
salariés informés :
Hauteur d’un Le salarié est monté sur un Il glisse, avec la Chute de hauteur avec
escabeau escabeau pieds nus. poussée sur la contusions, fractures
perceuse.
Blessures corporelles
Pour cela, vous devez d'abord identifier des facteurs de risques propres à votre
entreprise. Ils sont nombreux, et dépendent de votre contexte professionnel.
Risques liés :
aux équipements de travail (machines et outils, véhicules...) ;
aux substances toxiques présentes (produits chimiques, biologiques...) ;
aux méthodes de travail (travail en hauteur, gestes répétitifs...) ;
à l’énergie utilisée (électrique, air comprimé, hydraulique, nucléaire...) ;
à l'organisation du travail (travail de nuit, à l’extérieur, isolé, télétravail...) ;
et actuellement risques sanitaires (pandémie).
On estime ainsi la gravité et la fréquence d'un risque. On peut donc en déduire l'indice de
risque (IRi).
Mesurez la gravité
Voici comment évaluer la fréquence d'un risque (on parle aussi de « fréquence ») :
Grâce à ces deux dimensions, vous pouvez calculer l'indice de risque en vous aidant
du tableau ci-dessous.
9. Rédigez le DUERP
Vous avez listé les risques des différentes unités de travail de votre entreprise. Ensuite, vous
en avez estimé la priorité et vous avez listé des actions de prévention.
Il est temps, à présent, de consigner toutes ces informations dans le document unique
d'évaluation des risques professionnels, ou DUERP.
Le DUERP présenté classe d'abord les dangers par unité de travail (colonne grise). Ensuite,
le premier bloc, de couleur bleue, détaille précisément le danger.
Vous comprenez donc que les actions de prévention sont à définir en concertation avec
plusieurs acteurs, et sont propres à votre domaine d'activité.
À court terme, il s’agit de mettre en œuvre des actions simples ou des mesures temporaires
de prévention (ne nécessitant pas d’étude approfondie).
À moyen terme, une étude technique, organisationnelle et financière permet de planifier les
actions plus complexes, en fonction de leur difficulté de mise en œuvre et de l’importance
des moyens nécessaires.
Voici un exemple de plan d'action établi à la suite de l'évaluation des risques d'une
entreprise du secteur du bâtiment :
Mal de Animer une formation sur les gestes et Toutes les Chef d'équipe
dos outils semaines
À la suite des actions réalisées, vous devrez réévaluer les risques. Cette réévaluation va
permettre d’établir de nouveaux programmes d’action si l’efficacité est insuffisante. Elle
devra aussi être suivie d’une mise à jour du DUERP et de son plan d’action, avec une
réédition du document.
Le PCA regroupe toutes les actions à mener pour protéger les salariés pour faire
face à des situation inédites (pandémie ou autres facteurs externes). Il répond à un
double objectif :
maintenir l’activité essentielle de l’entreprise, éventuellement en mode
dégradé ;
protéger les salariés.
L’élaboration d’un PCA nécessite d’intégrer les conditions de travail pour mieux anticiper les
situations inédites. Cette démarche s’effectue en plusieurs temps :
1. Faire un état des lieux et évaluer les risques (sanitaires, sociaux,
économiques, techniques…).
2. Repérer les activités essentielles pour maintenir l’activité.
3. Formuler des hypothèses sur les perturbations éventuelles pour l’organisation,
l’absentéisme, les risques qui pourraient être accrus…
4. Élaborer des scénarios répondant aux hypothèses.
5. Faire des simulations d’un ou plusieurs de ces scénarios afin de tester leur
opérationnalité et/ou de les enrichir.
Dans ce contexte de crise, les employeurs ont pour la plupart adapté leur DUERP dans
l’urgence. En effet, 50 % des salariés n’avaient jamais travaillé en télétravail avant le
confinement.
Au début de ce cours, je vous ai expliqué qu’il n’y a pas de différence dans le traitement
entre un salarié travaillant sur son lieu de travail et celui qui travaille à son domicile.
les risques liés au travail sédentaire : position assise présentant des risques
pour le dos, le poignet sollicité pour l’utilisation de la souris, ou encore les
risques liés au travail devant un écran ;
les risques psychosociaux ne doivent pas être oubliés dans le DUERP. Si le
télétravail peut permettre de concilier vie professionnelle et vie personnelle, il
peut aussi effacer la frontière entre les deux. La charge de travail peut, si elle
est élevée, générer un burnout et à l’inverse, si elle est trop faible, un bore-out
;
les relations professionnelles peuvent aussi se dégrader et devenir
conflictuelles ;
enfin, le télétravail peut générer de la e-réunion à tout-va, du reporting
excessif pour contrôler le travail produit.
Autant de dangers qui exposent les salariés à des risques psychosociaux et que l’entreprise
devra identifier pour prendre les mesures adéquates, comme des campagnes de
sensibilisation sur les gestes et postures du travail sédentaire, la fourniture de matériel de
bureau pour le domicile comme des sièges réglables, le rappel du droit à la déconnexion, un
entretien annuel avec chaque télétravailleur sur les conditions de travail et la santé…
L’autre sujet, certainement le plus nouveau aussi, est celui du risque sanitaire lié à la
COVID-19. De nombreuses mesures ont été mises en place par les entreprises pendant et
après le confinement afin de respecter les mesures sanitaires imposées par le
gouvernement, tant que nous sommes en état de crise sanitaire (L1222-11 du CT).
Qu’en sera-t-il après ? Nous savons aujourd’hui que la fréquence des risques épidémiques
augmente, et leur gravité aussi. Quelles mesures conserveront les entreprises pour
préserver et protéger la santé des travailleurs ? Ces éléments devront être définis dans la
dernière partie du PCA.
Retenez que dans le cadre d’une crise sanitaire par exemple, toutes les entreprises
doivent se doter d’un plan de continuité d’activité qui couvrira 3 phases : celle de la
prévention de crise, la gestion pendant la crise, et la sortie de crise, afin de
capitaliser sur l’expérience et en traduire un plan de progrès de prévention. Un
comité de pilotage sera désigné pour le piloter.
10. Identifiez un accident de travail
Qu'est-ce qu'un accident de travail ?
Un accident de travail est un accident survenu au salarié par le fait ou à l'occasion de son
travail, quelle qu'en soit la cause.
Pour que l'accident du travail soit reconnu, le salarié doit justifier des deux conditions
suivantes :
L'accident est présumé d'origine professionnelle dès lors qu'il se produit dans les locaux de
l'entreprise, même pendant un temps de pause.
En cas d'interruption du trajet ou de détour, l'accident de trajet est reconnu dans l'un
des cas suivants :
Une maladie est présumée d'origine professionnelle lorsqu'elle est désignée dans un
tableau de maladies professionnelles et contractée dans les conditions mentionnées
dans ce tableau.
Le CSE procède à des enquêtes pour prévenir d’un risque ou analyser une situation
à risque, dès lors qu’il y a eu accident de travail ou maladie professionnelle dans
l’entreprise, peu importe la gravité.
Le sujet des enquêtes conduites par le CSE peut varier. En revanche, le déroulé est toujours
structuré de la même manière.
Prenons un exemple assez courant dans les entreprises :
Les membres du CSE, avec l’employeur, enquêtent sur les faits et donnent leurs
appréciations dans le cadre professionnel et dans le respect du Code du travail (par
un questionnaire en entretien, ou anonyme, qui balaie tous les sujets conduisant à
des risques psychosociaux).
Le médecin du travail et l’inspecteur du travail sont souvent associés, car ils peuvent
eux-mêmes signaler des éléments portés à leur connaissance, en respectant la
confidentialité de la protection des salariés.
À l’issue de cette enquête, exception faite d’une faute professionnelle avérée qui
rentre dans le domaine de la discipline d’entreprise, un plan d’action de prévention et
de correction est mis en place. Quelques exemples : ajustement des objectifs, renfort
en ressources ou compétences, animation d’équipe, formation de l'encadrement au
management, information de la direction sur le cap et les objectifs entreprise, travail
sur la mission, les valeurs et la culture de l’organisation, rappel du droit à la
déconnexion.
Soyez vigilant : derrière l’arbre se cache la forêt ! Fixez des indicateurs de progrès (nombre
de personnes formées, diminution de l’absentéisme...). Pendant plusieurs mois, restez en
veille et à l’écoute, et clôturez l'enquête par une nouvelle évaluation de la situation un an
après.
Élargissez votre étude à d’autres services, même si le CSE ne vous a pas sollicité.
Recherchez l’origine de l'événement jusqu’à étudier la culture de l’entreprise, le type
d’organisation et les styles managériaux au plus haut niveau hiérarchique de
l’entreprise.
Ensuite, l’employeur est tenu de réunir le CSE à la suite de tout accident ayant
entraîné ou qui aurait pu entraîner des conséquences graves. En pratique, dans la
mesure où l’enquête doit être réalisée en urgence et où réunir le CSE dans des
délais très brefs n’est pas toujours possible, il est important que le comité décide par
avance de l’organisation d’une enquête « à chaud », distinguant par exemple des
responsables par secteur, ou la composition de la délégation…
Ainsi, l’employeur, qui doit prévenir sans délai le CSE – tout défaut ou retard pouvant
être constitutif de délit d’entrave – pourra donner consigne de prévenir
immédiatement le responsable du CSE concerné en cas d’accident, et lui permettre
de remplir sa mission.
L’enquête n’a pas pour but d’établir des culpabilités, mais de cerner des causes afin
d’éviter la répétition de l’accident ou de la maladie.
Recueillez les faits
Le CSE doit recueillir l’ensemble des faits, s’interroger sur la diversité des causes et
leurs interférences éventuelles. Par exemple : la blessure est-elle due à une
maladresse ? Quelle formation l’agent a-t-il reçue ? Cette tâche était-elle habituelle
ou exceptionnelle ?
Pour aider à recueillir les faits, l’INRS a mis en place une méthode d’enquête
dénommée « l’arbre des causes » comportant quatre rubriques :
l’individu concerné ;
la tâche accomplie lors de l’accident ;
le matériel mis en cause ;
les conditions environnantes.
Construisez l’arbre des causes
Une fois le recueil des faits réalisé sur les lieux mêmes de l’accident auprès de
l’ensemble des protagonistes et témoins, le CSE se réunit pour l’analyse et pour
dresser l’arbre des causes. Ce travail doit être collectif, généralement conjoint avec
l’employeur. Il faut chercher à s’associer des participants du métier en cause, qui
seuls sont à même d’apporter une compréhension fine du déroulé de l’activité en
amont de l’accident.
L'arbre des causes est un outil très simple à utiliser, qui permet rapidement
d'identifier les différentes sources potentielles d'un problème. L'arbre est composé de
5 "familles" de causes : les 5 M. Ce sont : main d’œuvre, milieu, machine, méthode
et matière.
Les informations fournies par les indicateurs mesurent les écarts entre les résultats
obtenus et les objectifs visés en termes de management.
absentéisme ;
turnover ;
autres éléments issus du reporting social.
Suivez et animez vos indicateurs
Une fois les indicateurs mis en place, il faut les suivre et les animer.