La digitalisation est une opération liée à une technologie consistant à remplacer un support
matériel tangible par un procédé électronique ; cette dernière constitue un levier de
compétitivité et de développement pour le commerce maritime internationale . Le transport international de marchandises par mer qui est un accessoire du commerce international s’est, à travers l’histoire, développé pour intégrer les technologies de la communication ; Aujourd’hui, la digitalisation est devenue l’enjeu majeure des places portuaires à l’échelle internationale, et nous entrons désormais dans une ère ou la digitalisation serait un facteur clef de succès d’un port par rapport à l’autre en ce sens qu’elle constitue un réel levier de compétitivité . Dès lors comment se traduisent les aspects juridiques de la digitalisation dans le commerce maritime international ? Dans l’optique de mieux cerner les dits aspects juridiques de la digitalisation dans le commerce maritime internationale, il a été opté un plan biparti Qui s’échelonnera de la manière suivante : En premier lieu il sera traité l’état des lieux et perspectives de la digitalisation dans le cadre du commerce maritime international (I) et par la suite les effets juridiques de la dématérialisation des documents de transport maritime international fera l’objet de la deuxième partie (II) Partie 1 : Etats des lieux et perspectives de la digitalisation dans le commerce maritime international Chapitre 1 : L’état des conventions internationales et du droit marocain en matière de commerce maritime international Section 1- la digitalisation dans les conventions internationales en matière de commerce maritime La Loi type de la CNUDCI sur le commerce électronique a été utilisée par un certain nombre d’États pour : -lever les obstacles juridiques, notamment les exigences d’un « document écrit », d’un « original » ou d’une «signature » -reconnaître la force probante des messages de données et autoriser l’incorporation par référence des clauses et conditions du contrat. A- Initiatives contractuelles a) SeaDocs Registry La première initiative a été prise en 1986 par la Chase Manhattan Bank et l’Association internationale des armateurs indépendants de pétroliers (Intertanko), qui ont lancé le registre des documents maritimes SeaDocs Registry. b) Règles du CMI relatives aux connaissements électroniques (1990) Les règles du CMI 3 (le comité maritime international) visent à proposer un mécanisme contractuel permettant de remplacer le connaissement traditionnel sur papier par un équivalent reproduisant les mêmes fonctions dans un environnement électronique. La principale caractéristique de ces règles réside dans l’émission d’un connaissement électronique par le transporteur, qui fait office de dépositaire ou de registre central pour les négociations. c) Système Boléro. Le système Boléro est un moyen d’échanger des documents commerciaux, notamment de transférer les droits du détenteur d’un connaissement à une autre partie, reproduisant ainsi les fonctions du traditionnel connaissement sur papier dans un environnement électronique. B- la Loi type de la CNUDCI , et l’OMD comme deux pionnières dans la dématérialisation en matière du CMI. 1- L’ adoption de la loi type sur le commerce électronique de 1996 la CNUDCI sur le commerce électronique contient des dispositions générales (art. 16 et 17) traitant de questions particulières relatives au transport de marchandises, aussi bien par mer que par tout autre mode de transport. 2-La Loi type sur la signature électronique de 2001 La Loi type sur les signatures électroniques est basée sur les principes fondamentaux communs à tous les textes de la CNUDCI relatifs au commerce électronique, à savoir la non- discrimination, la neutralité technologique et l'équivalence fonctionnelle. Elle établit des critères de fiabilité technique pour l'équivalence entre signatures électroniques et signatures manuscrites ainsi que des règles fondamentales de conduite pouvant servir de référence pour évaluer les obligations et responsabilités du signataire. 3-l’ OMD comme pionnier en matière de digitalisation On peut résumer la démarche de l OMD ( organisation mondiale des douanes créée en 26 janvier 1953 ) pour dématérialiser la procédure de douane en quatre étapes : 1. Identifier les documents justificatifs strictement nécessaires ; 2. Supprimer l’obligation de présenter les documents justificatifs ayant déjà été présenté sous format électronique ; 3. Procéder à la mainlevée et au dédouanement du fret sur la seule base d’une déclaration électronique et d’une vérification automatisée ; 4. La vérification par des systèmes automatisés de dédouanement des informations contenues dans les documents justificatifs électroniques. Section 2- la digitalisation dans le droit marocain en matière de commerce maritime international - La dématérialisation des DFD La procédure de gestion des Demandes de Franchise Douanière (DFD) est désormais dématérialisée via le Guichet unique national des procédures du commerce extérieur Portnet, annonce le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie verte et numérique. - Convention de partenariat entre l'ADD9 (L'Agence de Développement du Digital ) et PortNet les deux parties s'accordent à mettre au profit des écosystèmes "portuaire, logistique et du commerce extérieur" une plateforme dédiée à la réalisation des projets que PortNet et l'ADD auront à mener conjointement pour, d'une part, accélérer la transformation digitale. Chapitre 2 : Dématérialisation des documents de transports du CMI section 1 : les mécanismes de création des documents électroniques A- la notion d’échange de données informatisées. Il est admis avant tout que l’EDI est une procédure d’automatisation des opérations commerciales et plus particulièrement les opérations du transport maritime. Il affecte plusieurs aspects du transport maritime international, prenant en compte le mouvement des marchandises, les documents qui les composent, de même que les modes de paiement. B- l’interconnexion via le réseau informatique Les réseaux informatiques permettent la communication, la transmission et l’accès à l’information grâce aux ordinateurs. Se basant sur la puissance de traitement de l’ordinateur. Le réseau offre des avantages comme la facilité avec laquelle il est possible de communiquer des informations partout dans le monde. section 2 : la détermination des documents dématérialisés En raison du déroulement des transactions économiques, il est primordial que le vendeur indique ce qu'il vend et l'acheteur ce qu'il achète. Le but est de permettre d'optimiser la préparation, l'analyse et le traitement des principaux documents d'import/export dans le cadre d'une opération commerciale internationale. Les parties prenantes sont tenues de gérer avec efficacité les relations avec les tiers, émetteurs ou rédacteurs des documents, comme les transitaires, les transporteurs et les banques. Deux formes de dématérialisation ont ainsi été étudiées : - la dématérialisation des documents dits « originaux » qui repose sur l’introduction directe d’informations dans le système informatique, permettant aux entreprises de partager et de recevoir directement les documents entrants ou d’émettre des documents sortants sous forme de données ou d’informations numériques. - la dématérialisation des documents dérivés (copies) tels que les pièces jointes, les bons de commande, les factures, les tickets de transport…) Partie 2 : Les effets juridiques de la dématérialisation des documents de transport maritime international Chapitre 1 : la sécurité juridique Section 1 : La nécessité de sécurisation juridique dans la digitalisation du CMI La digitalisation touche tous les secteurs y compris le monde Maritime. Ainsi, Il est de plus en plus nécessaire pour les opérateurs du commerce maritime international de pouvoir utiliser les technologies informatiques pour faire le commerce tout en sécurisant leurs échanges électroniques. A cet effet un climat de confiance constitue un préalable nécessaire du fait de certains risques non négligeables relatifs à la transmission ainsi qu’à la conservation des données personnelles et des documents électroniques ; à l’intégrité et à la preuve de l’envoi et de la réception de ces derniers. Aujourd'hui, les gouvernements du monde entier se sont progressivement engagés sur la voie du contrôle des activités illégales sur Internet. Section 2 : la mise en œuvre de la sécurité juridique Pour combler les lacunes de la loi, les Etats s'emploient à assurer la sécurité juridique des échanges de données informatiques. A cette fin, plusieurs pays ont développé des systèmes de protection des données numériques, leur fonctionnement est défini dans des textes législatifs nationaux ou internationaux. Au Maroc, la loi n° 53-05 relative à l'échange électronique de données numériques, la confiance dans l'échange de données informatisées n'en est qu'un commencement. Le manque de confiance est en effet un frein à la dématérialisation du domaine maritime. Dans ce sens, les signatures électroniques ont été créées. Ces dernières ne constituent pas qu’un moyen de prouver l’identité de leurs auteurs, mais aussi elles confèrent aux e-mails une présomption de fiabilité prévue par la loi. L'article 417-2 du DOC définit une signature électronique comme un procédé d'identification fiable qui garantit son lien avec l'acte auquel elle s'attache. Chapitre 2 : traitement des contentieux : vers un tribunal Numérique En principe, la recherche de solution à un différend né de la digitalisation des documents de transport maritime peut ne pas passer par une décision judiciaire. Il existe en effet plusieurs façons de régler un litige né entre un opérateur économique et son cocontractant. Ainsi dans le domaine du transport maritime, on a observé que l’usage de la technique contractuelle permet non seulement le recours aux institutions judiciaires mais surtout à l’arbitrage. Or, dans le cadre de la dématérialisation du contrat de transport de marchandise et par conséquent la dématérialisation des documents du commerce maritime, le droit international privé se voit attribuer un nouveau domaine de régulation. Aujourd’hui, le droit international privé est associé au postulat de régulation du contentieux du commerce mondial et plus particulièrement du transport maritime.