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Étude d’implantation

Ameni ELTAIEF

Chaine de production
Contexte industriel
• Définition de l’implantation:
▫ Organisation physique d’un atelier de production. Cela comprend donc
 La position des machines
 La position des zones de stockages
 L’emplacement des postes de travail
 Le tracé des voies de cheminement des pièces ou du personnel
 Les accès (porte entrée, de sortie, quai de chargement…)

• 40 à 60 % du temps nécessaire pour fabriquer une pièce se


passe en manutention, stockage et attente.

• Un atelier est quelque chose de vivant:


▫ Le type de pièce réalisés et leur gamme change fréquemment
▫ Des machines anciennes sont remplacées par des machines neuves
▫ Des nouvelles technologies apparaissent
Les différents types d’implantation

• Voici les différents types d’implantation


qui peuvent exister:

▫ Implantation historique
▫ Implantation à position fixe
▫ Implantation fonctionnelle
▫ Implantation en ilots
▫ Implantation en ligne de production
Implantation historique

• Elle est le résultats d’une évolution au fil du temps d’une


implantation qui était organisée et qui ne correspond plus à la
production actuelle

• Les postes de travail ne sont pas organisés.

• Les produits passent de poste en poste (trajets longs, beaucoup de


croisement…)

• Pertes de temps dues aux transferts désordonnés des produits


Implantation à position fixe
• Le produit est stationnaire et les ressources sont mobiles (machines,
homme…). C’est le principe du chantier.

• Implantation justifiée lorsqu’il est trop difficile voir impossible de déplacer


le produit.
Implantation à position fixe

• Exemple:
▫ Aéronautique : l’avion est assemblé entièrement en sur
place
▫ Construction navale
▫ Génie Civil

• Cette implantation n’est pas très difficile à mettre en


place. Elle nécessite par contre d’avoir des moyens
de production qui peuvent être déplaçables. (on
imagine mal déplacer une CN pour travailler sur un avion…)
Implantation fonctionnelle

• Dans ce modèle, les procédés de fabrication


identiques sont regroupés sur un même lieu:
▫ Tous les tours ensembles
▫ Toutes les fraiseuses
▫ Tous les fours…
Implantation fonctionnelle
• Installation facile à mettre en place, encore utilisée
de nos jours lorsque les procédés nécessites des
locaux specifiques:

▫ Evacuation des fumées de soudage


▫ Éclairage spécifique
▫ Climatisation pour instruments de métrologie…

• Le produit se déplace d’une section homogène à une


autre. Les déplacements sont donc nombreux et non
optimisés.
Implantation en ilot

• On constitue un groupe de ressources différentes


nécessaires à la réalisation d’une suite d’opération
pour un type de produit.
Implantation en ilot

• La disposition des machines suit un ordre logique


permettant de minimiser les déplacements des
pièces.

• Le produit peut passer dans plusieurs ilots au cours


de sa fabrication.

• Chaque ilot peut convenir à plusieurs produits


relativement similaires.

• Cette solution n’est pas très pérenne. Si les produits


changent, les ilots doivent changer.
Implantation en ligne

• Dans ce modèle, on dédie les ressources de


production à un produit: il s’agit de la fameuse ligne de
production.

• Le produit se déplace sur toutes les machines mises


bout à bout dans l’ordre de la gamme.

Exemple:
Industrie automobile,
papeterie,
agroalimentaire,
pharmaceutique…
Implantation en ligne
• Le flux de la pièce est très simple et très optimisé.

• Cette implantation permet une cadence rapide


(utilisation de composants standards).

• Chaque ligne est adaptée au produit, donc toute


modification du produit entraine une modification
de la ligne.

• Très long à mettre en place et peu flexible donc


adaptée uniquement à la grande série.

• On parle souvent de flux continu (flow shop)


Quelle implantation choisir?

• Tout dépend du type d’entreprise et du type de


produit.
▫ Il n’y a pas d’implantation type
▫ Il est même possible de combiner plusieurs types
d’implantations.

• Il existe des outils mathématiques pour aider à la


mise en place d’une nouvelle implantation.

• Ces outils vont donner une implantation théorique


optimale qu’il faudra ensuite adapter à l’entreprise
(prise en compte de la taille des machines, de
l’atelier).
Démarche d’implantation

• La démarche sera la suivante:

▫ Etape 1: Détermination de la surface nécessaire


▫ Etape 2: Identification de l’implantation théorique
▫ Etape 3: Adaptation pour obtenir l’implantation pratique,

• On verra qu’il est parfois impossible de respecter


l’implantation théorique optimale,
Etape 1: le calcul des surfaces

• Il est possible d’estimer la taille nécessaire


minimal d’un atelier en fonction des machines
que le compose.

• Pour chaque machine la surface totale nécessaire


ST se décompose :

ST=SS + SG + SE
Etape 1: le calcul des surfaces

• Surface totale :ST=SS + SG + SE

▫ SS: surface au sol de la machine (exemple tour CN: 2m*3m)


▫ SG: surface de gravitation, surface utilisée autour du poste de
travail par l’ouvrier et par les matières 1er approvisionnées (exemple:
N=1 pour un tour CN).
SG= N . SS avec N le nombre de face accessibles
- SE: surface d’évolution, surface qu’il est nécessaire de réserver
entre les postes de travail pour les déplacements et les manutentions
SE= k. (SS+SG)

Valeurs à choisir pour le facteur k


Etape 2: choix de la méthode d’implantation

• Il s'agit d'outils mathématiques (souvent grapiques)


permettant de modéliser l'implantation de l'atelier.
• Certaines méthodes sont utilisables pour des
implantations de type « Ilot »

▫ Méthode des Chainons


▫ Méthode de Kuziack
▫ Méthode de King
• Certaines méthodes sont utilisables pour des
implantations de type « Ligne de production »:

▫ Méthode des antériorités


▫ Méthode des rangs moyens
Méthode des chainons
• Objectif: rechercher la position relative des machines permettant
de limiter le chemin parcouru par les pièces.

POSTE Liaison POSTE


1 2
Chaînon

• 2 termes spécifiques:
▫ D: distance entre les deux postes
▫ It: indice de trafic, nombre de transfert de pièces entre les deux postes
pour assurer la production
Méthode des chainons

Tableau de gammes
Fabrication de 4 produits utilisant 5 machines

Produits Gammes It par chaînon

A (140) 2;3;5 7
Unité manutention: 20

B (30) 1;3;5 3
Unité manutention: 10

C (40) 1;5 2
Unité manutention: 20

D (120) 1; 4 ; 3 ; 5 6
Unité manutention: 20

Le produit A devra passer dans les postes de travail 2, 3 et 5.


Méthode des chainons
Graphique des gammes
Postes
Total It
1 2 3 4 5 par
produit

A 7 7 14
Produits

B
3 3 6
C 2 2
D 6 18
6
6
Question: comment positionner les 5 postes de travail pour minimiser le
flux de pièces?
Méthode des chainons

On va représenter la gamme de fabrication sous forme d’un


tableau matriciel décrivant le flux de pièces entre les postes.

Le poste …. reçoit
Postes 1 2 3 4 5
1
Le poste …. envoie

2
3
4
5
Méthode des chainons

Le poste …. reçoit
Postes 1 2 3 4 5
1
Le poste …. envoie

2 *7
3 ** 7

4
5
* Pour le produit A : le poste 2 envoie au poste 3 ; 7 fois
** Pour le produit A : le poste 3 envoie au poste 5 ; 7 fois
Méthode des chainons

Le poste …. reçoit
Postes 1 2 3 4 5
1 3
Le poste …. envoie

2 7
3 7 3
4
5
Pour le produit B : le poste 1 envoie au poste 3 ; 3 fois
 Pour le produit B : le poste 3 envoie au poste 5 ; 3 fois
Méthode des chainons

Le poste …. reçoit
Postes 1 2 3 4 5
1 3 2
Le poste …. envoie

2 7
3 7 3
4
5
Pour le produit C : le poste 1 envoie au poste 5 ; 2 fois
Méthode des chainons

Le poste …. reçoit
Postes 1 2 3 4 5
1 3 6 2
Le poste …. envoie

2 7
3 7 3 6
4 6
5
Pour le produit D : le poste 1 envoie au poste 4 ; 6 fois
Pour le produit D : le poste 4 envoie au poste 3 ; 6 fois
Pour le produit D : le poste 3 envoie au poste 5 ; 6 fois
Méthode des chainons
Classement des postes
La matrice va permettre d’identifier l’importance des postes et les classer

Pour chaque poste, on calcule le nombre de case rempli (ligne et colonne). Une
case rempli équivaut à un mouvement de pièce à partir de ce poste.

Postes 1 2 3 4 5
1 3 3 6 2
3 cases pour
2 7 le poste 1 (3
mouvements
3 7 3 6
de pièces)
4 6
5
Méthode des chainons

Le poste …. reçoit
Postes 1 2 3 4 5
1 3 3 6 2
Le poste …. envoie

2 1 7
3 7 3 6
4 6
5

1 case pour le poste 2


Méthode des chainons

Le poste …. reçoit
Postes 1 2 3 4 5
1 3 3 6 2
Le poste …. envoie

2 1 7
3 4 7 3 6
4 6
5

4 cases pour le poste 3


Méthode des chainons

Le poste …. reçoit
Postes 1 2 3 4 5
1 3 3 6 2
Le poste …. envoie

2 1 7
3 4 7 3 6
4 2
6
5

2 cases pour le poste 4


Méthode des chainons

Le poste …. reçoit
Postes 1 2 3 4 5
1 3 3 6 2
Le poste …. envoie

2 1 7
3 4 7 3 6
4 2
6
5 2

2 cases pour le poste 5


Méthode des chainons

On calcule le trafic total par poste (ligne et colonne). Cela équivaut


à la quantité de convoyage effectuée

Le poste …. reçoit
Postes 1 2 3 4 5
1 3 3 6 2
11
Le poste …. envoie

2 1 7
3 4 7 3 6
4 2
6
5 2
Méthode des chainons
On arrive à ce résultat suivant:
Le poste …. reçoit
Postes 1 2 3 4 5
3 3 6 2
1 11 2
Le poste …. envoie

1 7
2 7 5
3 32 4 1 7 3 6

4 6 12 2 4
2
5 18 3
Classement :
• le poste 3 est le premier, on l’appelle poste directeur,
on le placera en premier
• On placera les autres postes ensuite
Méthode des chainons

1) On place sur un nœud, au centre du canevas, le poste présentant le plus


grand nombre de liaisons et si plusieurs postes ont le même nombre de
liaisons le poste présentant le plus grand indice de trafic.
2) Aussitôt après, on place autour de lui les postes avec lesquels il forme
une liaison, dans l’ordre décroissant du trafic total par liaison. On indique
le sens du flux par une flèche.
3) Quand toutes les liaisons sont reportées pour le premier poste, considérer
le deuxième poste :
=> S’il est déjà placé, reporter les autres liaisons le concernant,
toujours dans l’ordre décroissant du trafic total par liaison ;
=>Sinon, le placer à côté d’un poste déjà implanté avec lequel il a une
liaison et compléter avec les autres liaisons...
Ainsi de suite jusqu’à épuisement des postes et des liaisons.
Méthode des chainons
L’implantation théorique va se faire sur un caneva triangulaire..
Le poste classé 1 (c’est à dire le poste le plus chargé, ici le 3) sera le point de
départ de la construction

2 1

4 3

5
Méthode des chainons

On voit que le poste 1 est aussi en relation avec 4 et 5.


Ce poste est donc sans doute mal placé ici

2 1

4 3

5
Méthode des chainons
En modifiant le positionnement des postes, on arrive à une solution satisfaisante
(pas de croisement)

4 1

2 3 5

 Modifier Les positions relatives des postes de travail jusqu'à satisfaction en limitant au
maximum les chaînons hors module et les croisements
 Vérifier l'implantation en traçant les différents flux :
la vérification consiste à faire apparaître les flux découlant de chaque gamme.
Exemple d’application
• Considérons un îlot à implanter qui comporte 7 postes de travail
(hors stocks) et qui permettra de fabriquer deux familles de pièces
différentes (paliers et carters)
Étude des postes de travail et des gammes
Détermination de l'unité de manutention et du trafic entre postes

• Dans notre cas l'unité de manutention correspond à un lot de


transfert. Le lot de transfert correspond au nombre de pièces que
peut contenir un container qui circulera de poste en poste.
Établissement d'un tableau des chaînons à double entrée

A B C D E F G H I
A
B
C
D
E
F
G
H
I

• À l'aide de la gamme il faut placer les liaisons correspondant à un


déplacement de pièces entre deux postes de travail (lot de transfert).

Établissement d'un tableau des chaînons à double entrée
Établissement d'un tableau des chaînons à double entrée

• On procède de la même manière pour les autres pièces en


ajoutant les liaisons à celles existantes

• On effectue les sommes des liaisons dans chaque case puis on


réalise les sommes de la ligne et de la colonne :
Établissement d'un tableau des chaînons à double entrée

Exemple pour le poste F de fraisage d'ébauche


• Calcul de la valeur à l'intersection A et F : 130+200=330
• Calcul de la valeur à l'intersection G et F : 100+130+200=430
• Calcul de la somme des liaisons concernant le poste F :
• 330 (intersection A et F ) +100 (intersection F et D) +430 (intersection F
et G ) = 860
• Ce calcul nous donne tout le trafic en unités de manutention (nombre de
pièces) passant par le poste F.
• On procède de la même manière pour les autres postes en effectuant les
sommes de la ligne et de la colonne et on reporte la valeur à l'intersection de
la colonne et de la ligne correspondant au poste :

• Le total obtenu des liaisons dans l'îlot est de 10 820, on peut donc classer les
postes en fonction du pourcentage de trafic
• On commence par construire le canevas en plaçant au centre le poste le plus
chargé (D).

• Puis on place le plus proche possible de D et dans l'ordre établi auparavant les
différents postes en indiquant les chaînons ainsi que les liaisons entre chaque
poste.

• S'il existe deux postes chargés d'une manière équivalente on place ces deux
premiers postes et l'on procède de façon identique
Implantations sur un canevas théorique

• On commence par placer le poste par lequel passe le plus grand trafic puis
dans l'ordre et par ordre de priorité les postes qui lui sont directement reliés
Implantations sur un canevas théorique

• Nous procédons ensuite de la sorte jusqu'à ce que tous les postes soient
placés pour obtenir l'implantation théorique.

• Le canevas est conçu pour éviter les croisements de pièces. Le transfert des
pièces de D vers I ne représente qu'une faible partie du trafic et de plus il
n'y a pas de transfert de pièces entre les postes C et D... Une autre solution
aurait été de dédoubler le poste de perçage D car il est très utilisé.
Implantations sur un canevas théorique

• Le canevas est conçu pour éviter les croisements de pièces. Le transfert des
pièces de D vers I ne représente qu'une faible partie du trafic et de plus il n'y a
pas de transfert de pièces entre les postes C et D... Une autre solution aurait
été de dédoubler le poste de perçage D car il est très utilisé.
Implantations sur un canevas théorique

• Le transfert de pièces de D vers E ne représente qu'une faible partie du trafic


et de plus il n'y a pas de transfert de pièces entre les postes G et H donc pas de
croisement de pièces.
Implantations sur un canevas théorique

• On peut aussi vérifier pour chaque produit l'implantation en traçant les


différents flux

Palier arrière Palier avant

• On remarque que les pièces passent toutes deux fois par le poste de perçage
ce qui confirme l'opportunité de doubler ce poste en plaçant deux perceuses
séparées afin d ‘améliorer la circulation des flux.
Implantation pratique

• L'implantation théorique ne donne qu'une indication sur la position relative


des différents postes de travail mais elle ne tient pas compte des contraintes
de génie civil (forme des bâtiments, raccordement, moyens de transport tels
que ponts roulants) des contraintes de taille de machines, des allées etc.
ainsi que de l'implantation des entrées et sorties.

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