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I- Présentation générale du système bancaire

L’organisation du système bancaire s’est accomplie en Europe


depuis le 19e siècle. A chaque stade de l’évolution de l’économie, le
financement de la production a été réalisé par des institutions et
mécanismes mettant en œuvre des techniques financières
élaborées.

L’essor de la finance a dans un premier temps évolué parallèlement


à la progression des échanges et du commerce national et
international.

Dans un deuxième temps le système bancaire moderne à subi des


améliorations suite à des changements politiques, sociaux et
économiques causés par la succession des crises et guerres. De
nos jours ce système acquiert un caractère international.

Le système bancaire peut être défini comme étant un ensemble


d’institutions et de mécanismes permettant le fonctionnement des
banques. Ces banques créent la monnaie en consentant des
crédits.Elles procurent donc à l’économie des instruments de
paiement, en mettant à la disposition des clients leur propre
monnaie ou la monnaie émise par la banque d’émission.

Cette fonction monétaire qui les distingue des autres organismes


financiers ne doit pas faire oublier qu’elles sont elles même des
institutions financières.

II- Les institutions financières


Les institutions financières sont un ensemble
d’organismes financiers qui collectent des ressources
d’épargne liquide et interviennent sur les marchés de capitaux.

La nomenclature actuelle des institutions financières françaises


considère que toutes les institutions financières sont désormais
regroupées dans une seule catégorie, la catégorie des
établissements de crédit dont le classement ne repose plus sur la
nature des ressources collectées mais sur les caractéristiques et la
spécificité de ces organismes.

Ainsi on distingue:

 les banques : catégorie d’établissements de crédits


habilités à recevoir du public des fonds et qui peut
effectuer toutes les opérations de banques ;
 banques mutualistes ou coopératives (mutal savings
banks) : ce sont notamment les crédits mutuels, la
banque populaire, le crédit agricole habilités à recevoir
du publique des fonds et qui peuvent effectuer des
opérations de banques ;
 caisse d’épargne et de prévoyance (savings and loan
associations) : habilitées à réaliser toutes les opérations
de banques sous réserves de respecter une législation
propre ;
 caisse de crédit municipal: Habilitées à réaliser toutes
les opérations de banques sous réserves de respecter
une législation propre. A la différence des précédents, il
conserve le monopole des crédits accordés sur gage
mobiliers ;
 sociétés financières (crédit unions): ce sont des filiales
des banques ou d’institutions financières dont leur
activité est spécialisée. C’est à dire limitée à un champ
d’activité, une clientèle ou une nature de biens financiers:
cautionnement, crédits à la consommation, crédit bail
etc ;
 institutions financières  spécialisées: ils sont chargés
par l’Etat d’une mission permanent d’intérêt public. Il
s’agit d’une part, le financement des entreprises, de
l’immobilier des particuliers, des collectivités locales,
d’autre part la compensation des transactions sur les
marchés réglementés.
D’autres institutions financières telles que la banque centrale, le
trésor public ne font pas partie de la loi bancaire. Dans notre étude
qui suivra, nous nous focaliserons sur les banques, principalement
dites commerciales puisqu’elles représentent la part la plus
importante de l’activité d’intermédiation financière.
Aussi les principes qu’on va dégagé sont applicables à d’autres
institutions financières.

III- Economie et gestion de la banque


Pour comprendre comment fonctionne une banque, nous devons
examiner un bilan bancaire, ensuite l’exploitation de la banque et
les principes de gestion du bilan.

Pour comprendre complètement la gestion des banques et autres


institutions financières, nous devons aller au delà de ces principes
généraux et regarder en détail comment une institution financière
gère ses actifs à travers la gestion du risque de crédit et celle du
taux d’intérêt.

L’opération de titrisation nous permettra de comprendre comment


les banques contournent le ratio imposé par le législateur. L’aspect
réglementaire fera l’objet du chapitre 2 prochain.

1. Bilan de la banque

Le bilan d’une banque présente plusieurs types d’opérations que


l’on retrouve pour la plus part parallèlement aussi bien à
l’actif qu’au passif.

Et comme tout autre bilan il est équilibré: la liste des actifs est égale
à la liste des ressources.

Le bilan agrégé des banques commerciales américaines se


présente dans le schéma suivant à travers lequel allons étudier
les caractéristiques du bilan bancaire.
ACTIF (utilisation des fonds)
PASSIF (source des fonds)
Réserves et encaisse
Titres
De l’Etat et des agences     fédérales américaines
Des Etats fédérés et des administrations locales
Prêts
Commerciaux et industriels
Hypothécaires
A la consommation
Interbancaires
Autres
Autres actifs (capital physique)
Compte-chèques
Dépôts non assortis de moyens de paiement
Dépôts à terme de faible montant (< à 100000 dollars) et dépôt d’épargne
Dépôts à terme de gros montant
Emprunts
Capitaux propres
Total 100 Total 100
Bilan agrégé des banques commerciales américaines (en
pourcentage du total, janvier 2006) «  monnaie, banque et
marchés »

La banque collecte des fonds qui sont investis  en actif productif des
revenus:

Passif:

Le passif est constitué de l’ensemble des dettes et capitaux


propres.

La liste de ses éléments est la suivante:

 dépôts mobilisables par chèques: ce sont entre autres


les comptes chèques sans intérêts (dépôts à vue, les
compte rémunérés …etc.), ils sont pour la banque des
dettes et constituent 7% du total du passif. Alors qu’ils
étaient les principales ressources des banques dans les
années 1960 (environ 60% du passif), leur part a décliné
avec l’apparition de nouveaux instruments
financiers plus attractifs. Ces dépôts engendrent deux
types de coûts pour la banque qui sont les intérêts à
verser et les services (traitement et annulation des
chèques, fourniture de services aux guichets, gestion de
locaux …etc.) ;
 dépôts sans moyens de paiement: ce sont des dépôts
à termes constituant la première source de fonds pour
les banques américaines (59% du passif en 2006). On
distingue  des dépôts à termes de faible montant et  des
dépôts à termes de gros montants (supérieur a 100000
$). Car ces derniers sont négociables avant l’échéance
et sont détenus par les sociétés financières et autre
institutions financières. Ils constituent ainsi une
alternative au bon du trésor ;
 emprunts: se sont des dettes contractées par les
banques au près de la banque centrale, les banques
spécialisées et autres banques. C’est notamment
l’emprunt des fonds au jour le jour pour détenir
suffisamment de réserve  obligatoire ;
 capitaux propres: c’est la situation nette de la banque,
c’est-à-dire la différance entre l’ensemblede l’actif et les
dettes. Ce poste est élevé en émettant de nouvelles
actions.

Lire aussi  Les financements de trésorerie et les formes de placement

Actif

On appelle ainsi l’utilisation de l’ensemble des  fonds empruntés.

Les éléments de l’actif bancaire sont comme suit:

 réserves: ce sont des fonds détenus par toutes les


banques, mis en réserve, sous forme des dépôts auprès
de la banque centrale ou des monnaies physiquement
détenus par la banque.
Ces réserves ne porte désormais plus d’intérêts
(particulièrement aux USA) qu’ils
soient obligatoires ou excédentaires ;

 effets en recouvrement: sont classés dans cette masse


les chèques émis par d’autre banque et encaisser dans
la banque ;
 dépôts auprès d’autre établissement de crédit: pour
recevoir des services divers, les petites banques sont
amenées de fois à placer l’épargne collectée dans de
grandes banques.
Ces services peuvent être: encaissement des chèques,
le change,…etc ;

 titres: ce sont des titres détenus par la banque [1]. Ils


sont émis principalement par l’Etat et les collectivités
locales mais aussi les entreprises.
Ils sont de l’ordre de 23% de l’actif agrégé des banques
américaines et  participent à 10% du revenu des
banques [2];

 prêts: un prêt est une dette pour l’individu ou la société


qui le reçoit mais un actif pour la banque. Ils sont estimés
à 66% aux Etats unis en 2006 et 50% pour les banques
françaises.
Les prêts représentent un actif moins liquide pour la
banque. C’est pour quoi elles exigent un rendement
élevé précisément aux Etats unis dont 50% du revenu
des banques sont dus à ces prêts.

En plus des prêts hypothécaires les banque octroient 


des prêts à la consommation et se prêtent aussi entre
elles. C’est d’ailleurs le type de prêt accordé qui
distingue les banques ;

 autres actifs: les actifs physiques tels que le local et les


autres immobilisations.
2. Gestion du bilan

L’activité de la banque c’est la transformation d’actifs c’est-à-


dire, elle transforme l’actif du client (son dépôt) en octroyant le
crédit qui est pour elle un actif: on dit que la banque emprunte court
pour prêter long.

Aussi la banque produit des services désirés à moindre coût et


obtient un revenu substantiel sur ses actifs.

Cependant, la première préoccupation pour la banque est de


s’assurer qu’il ya suffisamment de réserves pour faire face aux
fuites de dépôts (gestion de liquidité).

Elle poursuit aussi un objectif de risques faibles et acceptables


pour son actif (gestion d’actif), elle veut aussi acquérir des fonds à
faibles coûts (gestion du passif) et enfin elle se préoccupe du
montant de fonds propres à détenir (adéquation du capital).

a) Gestion de liquidité

Lorsque la banque possède un excédent important des réserves,


un mouvement de sortie des dépôts  ne nécessite pas des
changements d’autres postes du bilan pour combler les réserves
obligatoires.
Dans le cas contraire quatre options sont envisageables:

emprunt interbancaire: le  poste emprunt du passif



augmentera du montant restant de la réserve obligatoire,
générant ainsi le cout d’intérêt ;
 cession des titres: ici les titres de la banque diminuent
au profit des réserves obligatoires restantes et le coût
correspond aux frais de commission ;
 emprunt à la banque centrale: elle est identique à 
l’emprunt interbancaire mais pour cette opération la
banque paye l’intérêt au taux d’escompte ;
 réduction des prêts: c’est à dire réaliser le prêt à
l’échéance sans les renouveler ou les revendre à
d’autres banques. C’est le moyen le plus couteux.
Les réserves excédentaires sont donc une assurance contre les
coûts associés au mouvement des retraits de dépôts. Cependant, le
coût d’opportunité correspond au coût cette « assurance ».

b) Gestion d’actif

Pour maximiser son profit, la banque doit chercher les rendements


les plus élevés sur ses prêts et ses titres, réduire le risque et faire
des provisions suffisantes pour sa liquidité.

Pour atteindre ces objectifs Fréderic M préconise:

 trouver des emprunteurs qui payeront le taux d’intérêt


élevé et peu susceptible de faire défaut (habituellement
taux de défaut < 1%). La banque examine ainsi
sélectivement ses emprunteurs pour réduire les
problèmes d’anti-sélection ;
 acheter les titres à taux de rendement élevé et à faible
risque ;
 diversifier les actifs (différents titres, plusieurs type de
prêts…) pour réduire les risques: « ne pas mettre tous
ses œufs dans le même panier » ;
 gérer la liquidité de ses actifs pour faire face au problème
de liquidité exposé précédemment. Décider donc
combien elle doit conserver comme resserves
excédentaires, combien placer en titres d’Etat (réserve
secondaire), etc.
Mais elle doit être prudente car les réserves excédentaires ne
portent pas d’intérêt et que son passif est très couteux.

c) Gestion du passif

Depuis les années 1960, la composition du bilan bancaire a changé


suite aux changements survenus dans le monde de la finance.

Notamment l’essor des marchés financiers et plus précisément


l’explosion du marché interbancaire.

Ainsi les banques ne dépendaient plus des dépôts comme première


source de fonds et de ce fait elles ne considéraient plus
leurs ressources (passif) comme données [3]. Au contraire elles
essayent d’obtenir les fonds en cas de besoin.

C’est pourquoi on assiste actuellement à la gestion des deux cotés


du bilan à la fois dans ce qu’on appelle le comité de gestion
actif /passif.

d) Adéquation du capital

Les dirigeants doivent prendre des décisions sur le montant du


capital pour trois raisons: éviter la faillite, rendement des
actionnaires et la contrainte réglementaire.

Pour la première raison, la banque peut être insolvable notamment


en cas de retrait des créances douteuses (évaluées à zéro) si le
montant du capital est faible. Ce qui amène le législateur à fermer
les portes de la banque (cas de Lehmann Brother).

Pour la deuxième raison, on évalue le coefficient de rentabilité


comme suit:

Soit:
Alors:

Donc pour un coefficient de rendement donné, plus le capital


bancaire est faible plus la rentabilité des propriétaires est élevée.

Ainsi le phénomène d’arbitrage se pose pour ces deux premiers


objectifs des dirigeants: le capital est avantageux pour les
actionnaires car il rend leur investissement plus sain (réduisant la
probabilité de faillite) mais le capital est couteux (plus il est élevé
plus la rentabilité est faible).

C’est pourquoi durant les périodes de fortes probabilités des pertes


les dirigeants optent pour une hausse de capital et à l’inverse
réduire le capital.

Enfin s’agissant de la contrainte réglementaire, le législateur a


imposé un minimum légal  afin de sécuriser la banque en particulier
et la nation en général. Nous y reviendrons dans la suite de notre
sujet.

1. Gestion du risque

Avant de commencer cette partie quelques notions sont à préciser:

Asymétrie d’information: l’emprunteur connait mieux le rendement


et le risque associé à son projet que le préteur.

Anti-sélection ; l’emprunteur le plus risqué est celui qui cherche le


plus activement les crédits et a le plus de chance d’être sélectionner
car il présente en général un projet très rentable.
Risque moral : c’est le risque que l’emprunteur s’engage dans des
activités indésirables pour le préteur.

Pour ces trois problèmes, les spécialistes proposent cinq principes


pour la gestion du risque:

 sélection-surveillance: ce sont deux activités de


production de l’information:
 sélection: les préteurs collectent l’information
fiable sur les emprunteurs potentiels entre autre
la situation financière (salaire, dépôts, actif
immobilisé…), les charges périodiques, relevé
de leurs autres emprunts, l’âge, la santé, profit
futur,…etc. ce qui permet alors de calculer un
score de crédit à partir de ces informations ;
 spécialisation des prêts: la banque se
spécialise dans un type de prêts qu’elle
maitrisera avec l’expérience. Or nous avons vu
que la diversification est un des principes de
gestion d’actifs. Mais la banque, en se
spécialisant dans une activité, élimine les
mauvais risques de crédits ;
 surveillance et application des clauses
protectrices: afin de réduire le risque moral le préteur
inclut dans le contrat, des clauses pour empêcher
l’emprunteur de s’engager dans des activités risquées ;
 relation clientèle à long terme: ceci réduit le cout de
collecte d’information et aussi, le besoin de surveillance
renforce cette relation ;
 convention de crédits: c’est de créer une relation de
long terme en promettant de fournir à une clientèle des
prêt dans une limite spécifiée et à un taux d’intérêt lié au
marché ;
 collatéral et dépôts de garantis: c’est-à-dire les actifs
promis au préteur en cas de défaillance notamment le
dépôt de garanti (conserver un minimum réglementaire
comme dépôt à la banque). Ceci permet le contrôle de
l’activité de l’emprunteur ;
 rationnement du crédit: refuser d’accorder
définitivement des prêts à haut taux d’intérêt ou
seulement pour des prêts de faible montant.
2. Gestion du taux d’intérêt

Le caractère aléatoire de rendement associé au taux d’intérêt, exige


à la banque d’être prudente. En effet si une banque possède plus
de dettes sensibles au taux d’intérêt que d’actif, alors une hausse
du taux d’intérêt réduit le profit de la banque et vice versa .

Deux indicateurs nous permettent alors de mesurer le risque du


taux d’intérêt:

1. analyse d’impasse: le «gap» mesure la différence entre


le montant de l’actif sensible au taux d’intérêt et le passif
de même caractéristique ;
2. analyse de duration: la duration moyenne des deux
parties du bilan est calculée algébriquement par la
définition de Macaulay indiquant alors la sensibilité de
ces parties.
Ces deux indicateurs aboutissent au même résultat s’agissant de la
situation financière de la banque. A ce principe s’ajoute la titrisation
une innovation du 20e siècle.

3. Titrisation

La titrisation, une des plus importantes innovations financières de


ces deux dernières décennies, est un exemple capital d’innovation
financière issue de l’amélioration à la fois des transactions et
technologies d’informations.

La titrisation est un processus de transformation d’actifs financiers


non liquides (prêts immobiliers ; crédits automobiles, comptes de
cartes de crédit) en titres échangeables sur le marché de capitaux.

L’amélioration de la collecte d’information facilite la vente des titres


du marché financier.

De même grâce à la baisse des coûts de transactions liés au


progrès informatique, les institutions financières se rendent compte
qu’elles peuvent, pour un faible coût, relier un portefeuille de prêts
(prêts immobiliers, par exemple) de petits montants (souvent moins
de 100000 dollars), collecter les paiement des intérêts et du
principal

de ces prêts, puis s’en défaire en les transférant à un tiers.

En divisant le portefeuille de prêt en lots standardisés, l’institution


financière peut vendre comme des titres le versement des intérêts
et du principal de ces prêts à des tiers.

Les montants standardisés de ces prêts titrisés en font des titres


liquides, et le fait qu’ils soient constitués d’un assortiment de prêts
permet de diversifier  le risque, ce qui les rend plus attrayants.

L’institution financière qui vend les prêts titrisés fait un profit en


nourrissant les prêts – elle collecte les versements des intérêts et
du principal et les renverse – et en chargeant des frais au tiers pour
ce service.

Le schéma suivant illustre le processus de titrisation.

Processus de la titrisation
Les préoccupations des établissements de crédits, on l’a vu ont trait
à la gestion de liquidité puis celle de crédit et avec les
réglementations, le ratio de solvabilité.

L’impact de la titrisation sur ces ratios est capital:

 la titrisation contribuera à améliorer le ratio de trésorerie


puisqu’elle occasionne une entrée de cash pour la
banque et permet en outre la disparition de son bilan
d’engagements à terme qui ont été cédés ;
 à l’heure actuelle du ratio réglementaire, la cession des
créances permet d’améliorer le ratio de fonds propres:
la créance cédée n’est plus soumise à un
provisionnement quelconque au  niveau des fonds
propres.
Ainsi, la titrisation permet aux banques de faire face aux contraintes
réglementaires, qui à l’heure actuelle, constitue un sérieux frein à
leur activité.

Mais aussi cette opération, mettant en relation le système


bancaire et le marché financier, est l’un des facteurs à la base de
la crise du système financier international.

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