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UNIVERSITE DE KINSHASA

FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES

COURS DE REBOISEMENT

Par

KADIATA BAKACH DIKAND, Ph.D.


Professeur

Mars 2007
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Chapitre I. : INTRODUCTION
1.1. Objectif du cours
A l’issue de ce cours, l’apprenant devra être à même de :
 Définir le reboisement, son importance et ses liens avec la sylviculture et
l’agroforesterie ;
 Acquérir les capacités de définir le besoin de reboisement et établir un plan d’action
en vue de reboisement ;
 Enoncer les possibilités de gestion d’arbres ou des peuplements forestiers en vue de
la production ligneuse et ou de la conservation de la nature ;
 Maitriser les techniques de collecte et de conservation du matériel de plantation ;
 Etablir et gérer une pépinière forestière et un peuplement forestier.

1.2. Terminologie
Le reboisement est la par simple acceptation la transformation d’un terrain nu en
forêt. Ce terme est synonyme de Reforestation ou Afforestation ou encore Tree planiting
en anglais. Le reboisement ou repeuplement artificiel a pour objectif de créer un nouveau
peuplement. Il y a boisement quand on implante une végétation ligneuse dans des
surfaces non forestières : terres incultes, terrains pastoraux, agricoles ou industriels. Le
reboisement est repeuplement artificiel d’une zone antérieurement boisé. Le plus souvent
la régénération artificielle est adoptée à l’exclusion de tous procédés naturels parce qu’elle
est avantageuse à de nombreux points de vue.
On peut également souligner que le reboisement, qui en langage courant couvre
aussi la notion de boisement, constitue une activité de réaction au phénomène de
déboisement ou déforestation dite « déforestation » en anglais. Ce phénomène de
dégradation des forêts est aujourd’hui de très grande ampleur dans le monde, notamment
sous les tropiques et a pour agent majeur l’homme. Le déboisement reste donc
essentiellement anthropique (cultures, combustibles, pâturages, résidences, méthodes de
chasse etc…) tel que les causes non anthropiques, bien que réelles restent mineures et rares
(cataclysmes naturels dont les tornades, la sécheresse, la salinisation, les infestations par
des insectes, les séismes, les coupe de foudre…
Le repeuplement artificiel est obtenu le plus généralement par semis ou par
plantation. Certaines essences sont introduites par bouturage, le marcottage et la greffe
sont exceptionnels et réservés à des situations particulières (POURTET, 1964).
Enfin, il est notoire que le reboisement concerne non comme il est couramment
compris par le public, une activité de gestion de l’environnement qui s’intéresse aussi bien
à la savane qu’à la forêt.

1.3. Sciences d’appui


Le reboisement est une technique dont la réussite d’exécution requiert des
connaissances de base notamment en :
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 Botanique, climatologie ;
 Pédologie ;
 Hydrologie ;
 Topographie (par établissement des plantations pour la lutte antiérosive suivant les
courbes de niveau) ;
 Agriculture générale ;
 Ecologie générale et forestière.

1.4. Finalité des repeuplements artificiels


La régénération artificielle et les repeuplements artificiels ont pour objectifs de :
 Pallier les difficultés de la régénération naturelle ou remplacer entièrement celle-ci
en cas de carence complètes ou d’impossibilité technique ;
 Créer des boisements nouveaux ou façonner les peuplements existants en vue de
mieux atteindre les objectifs de production, de protection, d’esthétique et de
recréation, de faciliter l’exercice rationnel de la chasse et pâturage.

Le terme de protection couvre la lutte contre les avalanches, l’érosion, la formation et


divagation des torrents ; la régulation des eaux des bassins versants, l’assainissement des
zones marécageuses, complété par le boisement ; la salubrité des régions industrielles par
la récolte des poussières et des diverses pollutions atmosphériques ; la fixation des terres
mouvantes, des dunes maritimes et continentales, des terrils, crassiers et déchets
industriels et urbains, des talus et berges.
L’esthétique et la recréation sont redevables de l’implantation artificielle
d’essences variées par la teinte du feuillage, la forme spécifique ou forestière, l’aspect
ornemental ; de la création de lisières et d’allées, de bouquets, de zones vertes,
d’arboretums de collections… Des arbres à fleurs et fruits sont souvent esthétiques,
attirent les oiseaux et fixent leur population. La variété et l’abondance de la faune sylvestre
peuvent dépendre de l’introduction et du traitement de certaines essences, l’organisation
et les objectifs de la chasse peuvent être modifiés. Dans certaines régions, les pâturages
sont limités aux territoires boisés et des forêts de parcours ou des forêts-parcs peuvent être
créées par plantation. Le boisement peut modifier les conditions éco-biologiques d’un
milieu déterminé.
Il s’agit en général de rideaux forestiers ou brise-vents implantés dans une vallée
traversée par des vents violents secs, chauds ou froids ou dans des zones semi-steppiques.
Il peut améliorer les techniques d’utilisation rationnelle des espèces forestières.

La régénération artificielle intervient fréquemment dans les mélanges, la création


de sous-étages et de cordons feuillus. Elle étend l’éventail du choix des essences et permet
de mieux utiliser les ressources d’un milieu déterminé par des espèces, races, écotypes ou
plants sélectionnés. Elle augmente et diversifie la production et donne des produits plus
homogènes recherchés par certaines industries. Le repeuplement artificiel permet de faire
face aux modifications des conditions et besoins économiques.
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C’est la régénération artificielle qui transforme le paysage forestier ; permet de


convertir rapidement les taillis et taillis sous-futaie. Elle crée des richesses nouvelles et
donne du travail : utilisation de la main-d’œuvre ; production de matières premières avec
répercussions économiques et financières ; industries de transformation, commerce et
valeur ajoutée ; indépendance vis-à-vis des pays étrangers fournisseurs ; gamme de
produits plus étendue et choix possible d’une politique forestière rationnelle. Elle peut
alimenter spécialement une industrie existante ou à implanter, mettre en valeur les terres
incultes et donner une destination aux terres marginales de l’agriculture etc.

1.1. Principes généraux sur le reboisement


Les périodes de jachère trop courtes, les durées de cultures sous l’agriculture
itinérante trop longues, le pâturage, le feu et l’érosion ont conduit à la dégénération
d’immenses territoires en terre dénudées ou paysages sans arbres.
Selon les estimations de REHM (1973), la mégestion dans les tropiques
permanemment humides et saisonnièrement humides a transformé quelques 1.700
millions ha en savanes plus ou moins productives. L’étendue de forêt actuellement perdue
par année sous les tropiques peut être évaluée à environ 6-7 millions d’hectares. Ce taux
de perte accuse une tendance croissante. Ainsi, le reboisement est une tâche essentielle sur
de grandes étendues sous les tropiques, tant en vue de restaurer les territoires dévastés
que de prévenir ou remédier aux déficits en bois, bien que l’urgence semble être reconnue
partout de nos jours.

On a souvent l’impression dans les tropiques que la foresterie est égale à la simple
plantation d’arbres. Ensemble, les autorités et le grand public sont généralement plus
vraisemblablement prêts à apprécier et supporter les projets de reboisement que d’autres
types de projets forestiers. Ceux pouvant présente des étendues nouvellement boisées par
année là où elles ne peuvent être négligées, exemple autour des villes, sont considérés
ayant accompli du bon travail. Toutefois bien de projets de reboisement ont constitué une
ruine, un mauvais usage de ressources… D’où deux questions doivent être examinées
avant toute décision pour ou contre le reboisement :
Quel est l’objectif du projet du reboisement, c’est-à-dire quels buts tente t-il de servir ?

Pourquoi le territoire à reboiser est-il démuni de forêt ?


Un projet de reboisement n’est justifié que si le bénéfice direct/ ou indirect à en
tirer compense au moins les dépenses engagées dans son établissement et son entretien.
Dans les tropiques, surtout en régions à villages éloignés, ceci n’est nullement le cas en
terrains ouverts propices à la reforestation.
Un bénéfice direct adéquat peut être attendu du boisement lorsqu’existe un
marché réel ou potentiel actif pour le bois à produire, et si des conditions locales
permettent la culture d’espèces à croissance rapide et/ ou de valeur marchande.
Les bénéfices indirects se rapportent à la capacité du boisement à remplir certaines
fonctions environnementales (exemple : conservation de l’eau et du sol, conservation de la
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biodiversité, séquestration du carbone etc,…) dans la meilleure approche la plus


rémunératrice possible. Toutefois, les lieux requérant un besoin de protection de
l’environnement (exemple : bassins versants qui sont source d’eau potable) devraient
mériter l’emploi des ressources limités dont disposent les pays à faible revenu.
Bref, plus grands sont les effets bénéfiques généraux attendus du reboisement,
plus justifiée est la raison de son entreprise. En fait, le besoin de forêts à usage multiple est
toujours plus que croissant, car il faille viser des forêts productives d’un coté et des forêts
pour la conservation et la recréation d’autre part.
Considérant la seconde question de base, il est établi que des causes tant naturelles
qu’humaines expliquent le dénudement d’anciennes terres forestières. On en parle
ailleurs.
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Chapitre II : Destruction des ressources forestières au Congo


2.1. Aperçu sur le déboisement au Congo

Comme partout au monde, et particulièrement en zones intertropicales, la


déforestation sévit au Congo plus ou moins intensément dans ses régions tropicales. Elle
est d’autant plus étendue et grave qu’on s’éloigne de l’Equateur et que la saison sèche est
plus longue. Bien que le problème soit identique partout, étudions-en l’aspect congolais.
La question du recul de la forêt au Congo autrefois controversée ; car les limites
anciennes sont mal connues et les époques incertaines, est aujourd’hui un danger évident,
bien qu’inégal, d’après les régions et le climat, car le facteur climatique est prépondérant.
Exemple : avant l’indépendance, en Ubangi 2500 ha de forêt étaient transformés en
savanes à Imperata par la culture de maïs sans interruption. En Uélé 400 ha étaient
défrichés annuellement pour la culture de coton. Au Kivu, deux types de forêt couvraient
la dorsale jusqu’aux grands lacs, celle du haut est fort menacée, tandis que celle du bas
avait disparu ; recul total en altitude 500 m.
Maniema : N-Ouest entre le Lualaba et le Lomani, récolte de Copal issu de forêts
disparues. Les cas de régression se constatent dans les régions forestières et souvent sur
des surfaces considérables. Au Mayombe : en 25 ans, la proportion des forêts secondaires a
doublé, la forêt primaire ne représente plus qu’un sixième de l’ensemble. En matière de
déboisement, les conditions se présentent différemment suivant qu’on se trouve dans ou
en dehors de la cuvette.
Dans la cuvette centrale, par contre, on rencontre un climat favorable à la forêt et à
l’évolution des sols ; pente nulle ou faible, peu d’érosion ; population peu dense, bétail
absent, réaction progressive de la forêt d’où certitude de la régénération périodique par la
jachère ; système cultural continu, à rotation longue, mais allongé encore. Court cycle de
culture sans épuisement du sol : assolement couvrant de grandes surfaces de formations
secondaires d’où bonne réaction de la forêt et déboisement peu à craindre dans les
conditions actuelles. Le drame ici résulte à présent de l’exploitation forestière mécanisée.
En dehors de la grande forêt se rencontre un climat moins favorable à la forêt et au
sol (tropical) lequel évolue rapidement. Terrains en pente plus nombreux, érosion souvent
forte, population assez dense ou dense, petit bétail ou parfois beaucoup de gros bétail.
Régression des formations secondaires et dégradation du sol rapide, d’où jachère de moins
ou moins espacées et régénératrices ; système cultural discontinu a caractère spoliateur
pour le sol et partant réclamant périodiquement le défrichement de nouvelles parcelles de
formation primitives ; nomadisme cultural plus ou moins prononcé suivant les besoins de
terres neuves ; feux de brousse plus ou moins intenses et réguliers.

2.2. Etat de pression sur les forêts


Comme toutes les forêts du monde, la forêt du Congo représente une ressource
naturelle qui est diverses façons mise à contribution pour satisfaire soit les besoins de
survie de l’homme soit les besoins de développement local, régional ou national, soit
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encore pour répondre à des préoccupations d’ordre éthique, cultural et esthétique ou


même de façon évidente aujourd’hui pour contribuer aux préoccupations d’équilibre
environnemental.
Parmi les pressions les plus évidentes qui s’exercent sur les forêts congolaises, on
peut retenir l’agriculture, la récolte du combustible, la récolte du bois industriel, la récolte
des menus produits forestiers, la pression touristique et la mise en place des biens
d’équipement pour le développement du pays.

2.3. Facteurs de destruction


2.3.1. Agriculture itinérante
L’agriculture itinérante reste sans contexte la principale cause de la destruction de
la forêt sous les tropiques. Ce sont les habitudes acquises de génération en génération qui
font que les paysans défrichent chaque année des milliers d’hectares de forêts et procèdent
à l’abattage systématique de grands arbres.
Le passage fréquent de brousse ne permet pas la reconstitution rapide de la forêt
mais au contraire, l’on constate des jachères pauvres en essences de valeur.

2.3.2. Non-respect de la législation forestière


Toutes les forêts classées ou réserves forestières font l’objet d’une destruction de
la part des paysans à la recherche des zones de cultures dans les campagnes ou des
citadins à la recherche des terrains pour construire. Kinshasa n’a plus de réserves
forestières même les espaces verts reboisés disparaissent car l’autorité municipale en
complicité avec le Ministère des Affaires Foncières ayant la gestion des terres dans leurs
attributions procèdent au lotissement anarchique de ses espaces. Les érosions fréquentes
constatées par ci-par là en sont l’illustration concrète.

2.3.3. Exploitation forestière mécanique


Les entreprises forestières parfois par non-respect de la législation forestière sont
également à la base de la déforestation accélérée.
Voici une illustration des superficies exploitées (ha) par quelques exploitants
forestiers relevées dans le rapport d’évaluation fiscale 1991 du Fonds de Reconstitution du
Capital Forestier (F.R.C.F) :

Année Superficie exploitée


1986 70.935,2
1987 78.424,2
1988 81.474,7
1989 91.877,5
1990 70.584,2
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Malheureusement, aucun programme de reforestation ne suit le rythme de


déforestation observée ci-dessus. Il arrive parfois que ces exploitants forestiers dilapident
les arbres dans nos réserves forestières surtout au Mayombe.

2.3.4. Elevage
L’élevage représente aussi un sous-secteur important dans la destruction de la
forêt. En 1982, on a dénombré environ 1,2 millions de tête de gros bétail réparties pour
47% dans le système traditionnel (Kibali-Ituri et Nord-Kivu), pour 20% dans le Bas-Congo,
Bandundu, Equateur et les deux Kasaï ; pour 8 % dans le système organisé moyen et pour
25 % dans le type industriel (Katanga, Bas-Congo, Equateur, Bandundu et deux Kasaï).
A cet effectif de gros bétail, il faut ajouter ± 2,75 millions de têtes de caprins et 753.
000 ovins. L’élevage utiliserait approximativement 4,5 millions d’ha de terres de pâturages
(Source : Plan quinquennal 86-90).
En revanche, le recours au charbon de bois énergie privilégie des citadins, ne
manque pas d’exercer des pressions de plus en plus fortes sur le capital forestier du pays.
C’est dans le voisinage de grands centres que ce problème se pose avec acuité.
Le prix à payer est la désertification (les bonnes terres arables et des dommages
irréparables infligés à l’environnement). En effet, que ce soit pour les usages domestiques,
commerciaux et industriels, la demande en bois de feu devrait atteindre 55 millions m3
équivalent bois en l’an 2005 avec une progression annuelle de 2,72 % soit à peu près le
taux de croissance démographique qui sera de 3 %.
Ces projections prennent en compte le constat ci-après :
 Il y a un accroissement démographique de 2,9 % par an jusqu’en 1990, puis de 2,6 %
jusqu’en l’an 2005 ;
 Des villes connaissant un gonflement de la population au taux de 6 % par an
jusqu’en 1990 et 5,3 % de 1990 en 2005 ;
 Il y a une diminution de la population rurale au rythme de 0,89 % ;
 L’utilisation de charbon de bois aux fins de la cuisson est faite par 60 % de ménage
urbains.
Il y a aussi d’autres pressions sur les écosystèmes forestières notamment :
 L’ouverture de nouvelles routes ;
 La création des pâturages en zones forestières ;
 Développement de certains projets d’aménagement agricole ;
 L’extension des villes et autres agglomérations ;
 L’exploitation pétrolière, etc…
En tirant les conséquences, face à la complexité des problèmes soulevés dans le domaine
de l’exploitation forestière et de leur impact sur l’environnement, les autorités du pays ont
initié en 1984, le premier symposium en vue de faire le point sur ce secteur et jeter les
basses d’une politique concertée de l’exploitation forestière et du reboisement en RDC.
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CHAPITRE III : LES SEMENCES FORESTIERES


3.1. Introduction
Tout plant forestier de repeuplement artificiel a pour origine une semence, que le
mode d’introduction soit le semis direct ou la plantation de sujets éduqués préalablement
dans une pépinière. Il peut également procéder d’une bouture ou d’un drageon prélevés
directement sur un sujet issu d’une graine ou de matériel reproduit végétativement. Le
choix par le forestier d’une bonne ou mauvaise semence est lourd de conséquences. Il
engage l’avenir pour des dizaines d’années chez les résineux et pour environ un siècle
voire plus, pour les feuillus.

Entre les diverses provenances d’une espèce, il existe des différences énormes de
production, de forme, d’adaptabilité au milieu, de résistance aux agents atmosphériques
ou aux parasites… Les observations de ces comportements sont déjà anciennes. Des
expériences comparatives les ont confirmées depuis quelques dizaines d’années. Une
réglementation s’impose pour organiser un contrôle des qualités génétiques et des
propriétés germinatives.

3.2. La récolte des fruits et des semences


La récolte des graines forestières n’est faite à grande échelle que par le commerce
spécialisé qui engage, pour la collecte, des entrepreneurs dont on doit surveiller de très
près la compétence et l’honnêteté. Les services forestiers, quand ils ne s’adressent pas aux
grandes firmes, n’assurent eux-mêmes que leurs propres ressources. Le propriétaire
forestier privé aurait grand avantage à récolter lui-même les semences dont il a besoin. Il
assure ainsi non seulement des propriétés germinatives des semences récoltées dans de
bonnes conditions, mais il est en outre certain de leur provenance.
Chaque espèce a son époque de maturation et de dissémination ainsi que son
mécanisme propre de dispersion, élément dont on doit tenir compte. La récolté se fait
autant que possible par temps sec.
On attend la chute naturelle des semences lourdes et on récolte à la main les
graines qui, à vue, sont de bonne qualité. On peut prévoir, pour faciliter la tâche,
d’éliminer les semences qui tombent les premières : elles sont habituellement attaquées
par les insectes, mal formées, pourries ou non mûres. On attend leur chute puis balaie sous
les arbres producteurs ou on couvre le terrain de bâches.
Les graines sont ramassées fréquemment pour éviter la germination prématurée
sous l’effet de l’humidité ambiante.

3.3. La préparation des semences


Les graines ou cônes aussitôt arrivés dans les lieux de dépôt et de traitement
doivent être sorties des sacs et mis en couches minces dans un grenier ou un hangar bien
ventilé, à l’abri de l’humidité et des rongeurs. La masse doit être ressuyée pour éviter
l’échauffement, les moisissures et la germination prématurée.
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L’épaisseur des couches varie avec les espèces ainsi que la fréquence des
pelletages nécessaires.
Généralement, la préparation se réduit à l’enlèvement des graines mauvaises et
des impuretés diverses. Le travail est déjà poussé lors du ramassage des gros fruits, il
suffit de compléter à la main. Les autres semences sont nettoyées au van ou au tamis ou
passées au tarare. Le passage au tarare est ensuite nécessaire pour éliminer les déchets, les
graines vaines ou trop petites, ainsi que celles encore munies de leur aile qui les rend trop
légères. Des dispositifs sont prévus pour récupérer ces dernières afin de les retraiter.

3.1. La conservation des semences

3.4.1. Objectifs et principes de la conservation


Il est avantageux d’utiliser les semences aussi fraiches que possible, à un moment
peu éloigné de l’époque de la dissémination naturelle. Les exigences du commerce et de la
pratique forestière courante ne le permettent pas souvent. On est obligé, par exemple, de
semer souvent beaucoup plus tard parce que la fourniture vient trop tard à l’arrière-
saison. Le plus souvent, l’espacement des fructifications oblige à pratiquer une récolte
abondante et à constituer des réserves qui servent plusieurs années. Il convient dès lors de
recourir à des procédés propres à conserver les semences en bon état jusqu’à leur
utilisation en les préservant de la germination prématurée, de la fermentation, des
moisissures, de la dessiccation, des prédateurs…

3.4.2. Techniques de conservation et appareils

3.4.2.1. Conservation en tas à l’air libre


Le procédé le plus simple est la conservation à l’air libre, en tas, dans un local sec,
bien aéré comme un grenier, à l’abri des grands froids et des prédateurs, particulièrement
des rongeurs. Les semences sont étalées en couches d’épaisseur variable (10-30 cm). Elles
sont brassées périodiquement, 1 à 3 fois par semaine au début, pour qu’elles perdent leur
eau de transpiration et ne s’échauffent pas.
L’épaisseur des couches est augmentée progressivement au fur et à mesure de la
dessiccation et les pelletages s’espacent. Les pelles utilisées ne sont pas en métal mais en
bois (pour éviter de choc).
C’est le système fréquemment en usage pour les graines de conservation facile,
celles qui sont petites, sèches et transpirant peu (semences légères de feuillus) ; pour les
semences qui reprennent difficilement leur humidité après avoir été desséchées, la mise en
tas empêche une déperdition exagérée d’eau. Les grosses graines se mouillent,
s’échauffent et moisissent si on ne les aère pas fréquemment et perdent rapidement leur
valeur. Si on les aère trop vite, elles se dessèchent dangereusement et germent alors
difficilement.
La conservation en tas est simple ; appliquée convenablement elle donne de bons
résultats pour les graines de conservation facile. Elle est plus délicate pour les autres pour
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lesquelles elle ne permet simplement que de retarder ou ralentir la détérioration. Elle exige
de vaste locaux, beaucoup de manipulations et de main d’œuvre. D’autres procédés
variant avec les espèces sont donc à envisager.

3.4.2.2. Conservation en sacs aérés


Les sacs en toile de jutes facilement perméables à l’air sont remplis de semences
aux trois quarts et suspendus dans un local sec et bien aéré. Ils sont visités assez
fréquemment, brassés et inspectés. Pour une meilleure garantie contre les rongeurs, les
sacs sont suspendus au bout d’une tige métallique munie d’un crochet à chaque extrémité,
l’un recevant par un lien le sac solidement fermé, l’autre permettant l’accrochage à une
poutre. Ce moyen ne convient que pour les graines petites, sèches, transpirant peu, ne
nécessitant pas trop de contrôle et conservant facilement.

3.4.2.3. Conservation en caisses


Les graines sont stockées dans les caisses en bois en forme de parallélépipède
rectangle terminé vers le bas par un tronc de pyramide régulière. Le procédé est
fréquemment employé pour les petites semences se conservant facilement. Il faut visiter,
remuer et aérer périodiquement. Le travail est facilité quand la caisse est munie à sa partie
inférieure d’une ouverture à clapet permettant de soutirer, dans un récipient, une quantité
de graines que l’on reverse ensuite à la partie supérieure du lot afin d’effectuer un
mélange.

3.4.2.4. Conservation par stratification


La stratification consiste à conserver les semences en couches alternées avec du
sable grossier le plus souvent, quelques fois avec du gravier fin ou une autre matière du
commerce. On se sert de tonneaux, de caisses, de récipients divers, de fosses dont le fond
est drainé (drain, rigole, lit de pierres, etc.). Suivant que l’on désire hâter ou retarder la
germination, le milieu est maintenu humide ou sec. Le semis est effectué à la saison au
premier signe de germination.
Les récipients peuvent être rangés dans un local aéré mais frais sans grande
amplitude de température, comme une cave ou un hangar abrité. Ils peuvent être placés à
l’extérieur contre un mur qui sert d’abri. Le procédé est excellent dans son principe : il se
rapproche du processus naturel de conservation mais il demande des précautions et des
soins. Il est particulièrement efficace pour quelques catégories de semences :
 Les fruits gros et charnus, d’une conservation difficile ;
 Les semences à enveloppe dure ;
 Les graines à enveloppe mince ou riches en essences volatiles (sapin) qui pourraient
perdre facilement leur pouvoir germinatif.
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3.4.2.5. Conservation en silo ou en cave


La conservation en silo est une application de la stratification à de grandes
quantités de grosses semences. Celle-ci sont mises en tas, le plus souvent par lits alternés
avec du sable ou de la paille hachée, sur un sol à l’abri de l’humidité. Il y a de nombreuses
modalités mais en général, le tas sont recouverts de paille, de feuilles mortes ou de
mousse. Un fossé périphérique autour des tas ou des fosses évacuent les eaux de surface.
Les dangers de moisissures et d’attaques de rongeurs sont toujours à craindre. Si possible,
on préfère un peu surélevé d’un hangar fermé. Pour faciliter la surveillance, la lutte contre
les rongeurs et atténuer les risques d’humidités, on les dispose à l’air libre, dans une
« hutte » de section triangulaire dont les parois sont garnies d’une épaisse couche de terre
que l’on peut renforcer lors de très grands froids.
A côté de ces moyens de fortune, il existe de vrais silos construits en maçonnerie
ou en béton avec des dispositifs parfaits de drainage et de protection contre les dégâts des
rongeurs et l’envahissement des eaux. C’est la conservation en silo qui donne les meilleurs
résultats pour les gros fruits charnus.

3.4.2.6. Conservation à moyen terme


a) Conservation en récipients clos en milieu frais

Quand la conservation ne s’adresse qu’à un petit volume de graines, on peut


recourir à l’ensilage hermétique. Les semences normalement desséchées sont déposées
dans les récipients en métal ou en verre (boites en fer blanc, bouteilles, flacons ou
bonbonnes) bien étanches, bouchés ou scellés hermétiquement ou soudés. Des précautions
sont à prévoir pour éviter l’humidité : les boites ou récipients en verre sont chauffés pour
éliminer l’eau. On utilise parfois des produits déshydratants, tel le silicagel bleu, enrobés
dans de l’ouate.
Dans des essais de laboratoire, on a même fait le vide, introduit des gaz inertes et
déposé de la chaux vive entourée d’ouate pour absorber l’anhydride carbonique. Ces
récipients sont alors avantageusement déposés dans un milieu frais tel une cave froide
(température estivale aux environs de 5-6°C).

b) Conservation en glacière

La conservation en chambres froides, glacières ou chambres frigorifiques à


température oscillant entre 3 et 4°C, dans des installations domestiques ou industrielles
donne d’excellents résultats. Elle est de plus en plus fréquente et, pour que les quantités
soient assez importantes et régulièrement demandées, elles remplacent alors tous les
autres procédés. Les grosses graines immobilisent d’importants frigos.
Avant la mise en glacière, les graines doivent être convenablement séchées à
chaud, en tenant compte de leur aptitude à la déshydratation. Elles sont mises en boites
métalliques hermétiquement closes, voire soudées.
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3.4.2.7. Conservation à long terme


On étudie et on applique des procédés de conservation de longue durée en
glacière à des températures inférieures à 0°C. La teneur en eau doit être bien définie pour
chaque essence et pour la température employée. Il y a un seuil de dessiccation à ne pas
dépasser.

3.4.2.8. Semis immédiat après la récolte


On évite les difficultés de la conservation en semant immédiatement les graines
qui s’altèrent facilement (fruits gros et charnus) ou le plus rapidement possible certaines
semences légères. Le procédé ne se défend que quand les terres sont libres et préparées. En
tant que un futur ingénieur la plantation par semis immédiat est-elle recommandée ? Vrai
ou faux ?
Vrai, parce que lorsqu’on dans une exploitation forestière vous disposée d’une
espace appropriée pour le semis et que ces graines arrivent facilement en maturité et on un
pouvoir germinatif assez important et aussi on éprouve certaines difficultés de
conservation telle est le cas pour de gros fruits et de fruits charnus.
Donc, vous êtes obligé de les mettre rapidement pour éviter des pertes des semences
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CHAPITRE IV : LES PEPINIERES FORESTIERES


4.1. Principes généraux
La pépinière forestière qui ne diffère en rien d’une pépinière pour les cultures
constitue un site et un lit de transit des plantules avant leur mise en place définitive.
Dans la pépinière, on éduque donc des semis qui sont extraits à l’âge d’un ou de
deux ans, pour être repiqués dans une autre planche ou introduits dans les boisements.
Ou bien, s’il s’agit de plants repiqués que l’on maintient un an, deux ans rarement plus en
cas de second repiquage.
La pépinière doit être localisée dans un endroit relativement plat où il existe un
point d’eau à proximité et de préférence proche des sites à reboiser. Les germoirs doivent
être équipés d’un bon système de drainage et les plates-bandes de dimensions appropriées
(1 x 10 m). Le site de la pépinière doit être protégé par des clôtures.

4.2. Les pépinières permanentes

4.2.1. Introduction
Les pépinières permanentes sont destinées à produire, chaque année, une quantité
plus ou moins importante de plants sur une surface déterminée et pendant une longue
période.
Il est de ce fait désirable d’implanter ces cultures spécialisées dans un endroit
bénéficiant de conditions climatiques édaphiques voisines ou identiques à celles des zones
à boiser et située à proximité de celle-ci. Mais, les pépinières industrielles sont le plus
souvent localisées dans les régions non forestières. La concentration en certains terroirs est
conditionnée par les facteurs suivants : climat, sol, main d’œuvre, tradition.
En général, les préférences des pépiniéristes de métier vont aux régions
bénéficiant d’un climat relativement doux et de sols plutôt légers mais bien alimentés en
eau profonde ou par les précipitations. Ils recherchent également les zones rurales à
populations susceptibles de fournir une main d’œuvre façonnée par une longue tradition
et où des travailleurs temporaires peuvent être recrutés chez les petits cultivateurs.
Les possibilités de location de terres pour les extensions et les assolements, et
d’achat de fumier de ferme sont un élément à ne pas négliger. Un bon développement du
réseau de communication est un facteur favorable car le rayon de fourniture s’étend
actuellement, par l’emploi de camions rapides, à des centaines de kilomètres.

4.2.2. Critères du choix de l’emplacement d’une pépinière


permanente
Dans le climat général de la région à boiser, on choisira un emplacement jouissant
de conditions climatiques les plus favorables à la généralité des plants destinés aux
boisements futurs. Le climat local, ou mésoclimat, sera le plus doux possible. Les basses
altitudes seront donc préférées, mais les conditions climatiques de la pépinière projetée
14

seront étudiées avec soin (fréquence des brouillards, des gelées hors saison, des vents
desséchants, etc.). On évitera à priori les dépressions humides et froides, les fonds de
vallées étroites et sujettes aux nappes d’air refroidi ; les crêtes sont également à éviter à
cause des vents violents et desséchants. Bien entendu, le terrain sera horizontal si le sol est
parfaitement filtrant ou en légère pente pour favoriser le drainage latéral. Les versants à
inclinaison trop forte sont victimes de phénomènes d’érosion et sont impropres à la
mécanisation, facteur de première importance.
L’étude des microclimats locaux des divers disponibles sera faite avec soin à l’aide
de l’appareillage météorologique classique. Le sol sera de richesse au moins moyenne et
susceptible d’amélioration par l’apport d’engrais et d’amendements. Le pH sera propice à
l’éducation des plants.
En terrain fertile, les plants sont, à priori, de meilleure qualité : plus forts, mieux
conformes et à bon enracinement. Repiqués et transplantés en forêt, ils surmontent plus
facilement la crise de l’extraction et de la plantation que s’ils étaient mal nourris, chétifs et
sans réserves.
Une étude pédologique préliminaire est indispensable. En sols encore boisés, la
phytosociologie peut rapidement donner les premiers éléments d’appréciation. Il faut une
terre suffisamment profonde 40 cm au moins meuble et perméable, non pierreuse, fraiche
et non encombrée d’une végétation sauvage difficile à maitriser. L’alimentation en eau
doit être convenable, qu’elle soit le fait de précipitations satisfaisantes régulièrement
réparties ou assurées par une nappe profonde dont les effets bienfaits se font sentir par la
capillarité. Les sols naturellement secs sont donc à éviter. Les terres compactes retenant
l’eau sont sujettes au déchaussement, à l’envahissement des mauvaises herbes et en
particulier au chiendent ; les travaux y sont difficiles et onéreux. L’enracinement n’y est
pas assez fourni et la végétation est tardive car ces terres sont lentes à se réchauffer.
Les terres sablonneuses contenant une certaine quantité de limon et d’argile sont
recherchées et conviennent particulièrement bien pour les semis. Des parties de la
pépinière qui seraient plus riches en limon seraient propices aux repiquages. Une bonne
terre de pépinière aurait les propriétés granulométriques suivantes :
Sable grossier (2 à 0,2 mm) : 60 – 70 %
Sable fin (0,2 à 0,02 mm) : 15 – 17 %
Limon (0,02 à 0,002 mm) : 5 – 6 %
Argile ( 0,002 mm) : 10 – 13 %
Pour une pépinière annexée à un domaine forestier, mieux vaut chercher un sol
dont les propriétés physiques sont voisines de celles des terrains à boiser. Les plants se
constitueraient un enracinement qui serait mieux adapté aux sols où ils devront croitre. Il
ne faut pas pousser trop loin cette analogie des propriétés physiques. Il vaut mieux
produire des plants dont les appareils foliaires et radiculaires sont bien développés par la
culture dans un terrain dont vient de voir les qualités.
On parle également de la possibilité de remédier à l’état défectueux d’un terrain
par une préparation préalable convenable (épierrage, ameublissement, assainissement,
15

apport de tourbe ou d’amendements, etc…). On peut éviter de pareils travaux en


choisissant judicieusement l’emplacement de la future pépinière.
Une amélioration qui doit être prise en considération est la constitution d’abris :
rideaux boisés, haies contre les vents violents froids et desséchants. Si le terrain est adossé
à un boisement âgé, on peut profiter de la partie ombragée et abritée pour éduquer les
espèces particulièrement délicates.
La pépinière pourrait être crée dans le domaine forestier par le défrichement d’une
parcelle boisée convenablement choisie, mise en état par des travaux préliminaires. Elle
sera d’un seul bloc avec un périmètre aussi court que possible pour faciliter la clôture, la
division et la surveillance. Pour les mêmes raisons, il est préférable, pour une même
surface totale, de ne prévoir qu’une seule grande pépinière plutôt que plusieurs petites.
Elle sera à proximité immédiate d’une maison forestière ou comprendra dans une
enceinte, le logis d’un gardien ou chef ouvrier, pour la surveillance des cultures et le
contrôle des allées et venues. Elle sera pourvue en eau. L’accès en sera facile aux camions
chargés de transports de plants, d’engrais, de matériaux et marchandises diverses.
L’éloignement des lieux de plantation parait plutôt secondaire eu égard aux facilités de
transport par camion ; il peut être discuté lorsqu’il s’agit d’une vaste circonscription
forestière où les déplacements s’allongent en kilomètres et en temps.

4.2.3. Travaux préparatoires d’amélioration


Dans le cas d’une terre agricole, la préparation se fait avec les méthodes et les
soins habituels de l’agriculture. Elle est apte à recevoir immédiatement les semis et les
repiqués. S’il s’agit d’une prairie, l’enfouissement du gazon doit se faire quelques mois
avant la mise en culture. Il y a lieu de prendre certaines précautions de lutte contre les
insectes et leurs larves que pourrait contenir le sol de la prairie en prévoyant des
insecticides avant tout semis et repiquage.
Dans une parcelle boisée défrichée, les travaux préparatoires sont indispensables,
parfois difficiles et onéreux et obligent à différer la culture. Le défrichement se fait soit par
abattage des arbres et extraction des souches, soit par déracinement des sujets debout.
Dans l’un et l’autre cas, les souches doivent être débarrassées du maximum de terre,
particulièrement de la terre superficielle et de l’humus. Il reste des cavités qu’il importe de
combler par le labour et les façons culturales pour niveler le terrain. Le sol sera
homogénéisé sur toute la profondeur de la tranche intéressée par les travaux.
La terre doit avoir au maximum 40 cm de profondeur ; le terrain est travaillé par
un labour normal à 20  25 cm, pratiqué à la main dans les pays de main d’œuvre
surabondante, par traction animale ou mécaniquement. Il est conseillé de conserver la
bonne terre dans les couches superficielles en évitant de l’enfouir trop profondément. Les
racines et les pierres sont évacuées. Si le tapis végétal sauvage est continu et dense, on
peut écobuer et brûler les gazons desséchés. A l’occasion de ce labour préparatoire, on
essaie de corriger la compacité par l’apport d’humus, d’amendements calcaires, ou de
tourbe moulue ou cela est possible.
16

Il est très recommandable de faire précéder la pépinière forestière par une culture
agricole avec apport d’engrais, pendant une ou plusieurs années. Les sols trop compacts,
trop pauvres ou trop salis par une végétation sauvage se propageant par marcottes,
rhizomes ou racines sont ainsi fortement améliorés. Les plantes sarclées, dont la pomme
de terre, sont les plus efficaces à cause des soins qu’elles reçoivent, ainsi que les végétaux
améliorants et étouffants comme les lupins, la vesce, les trèfles, etc., qui sont ensuite
enfouis en vert.

4.2.4. Aménagement de la pépinière

4.2.4.1. Division

La pépinière sera de forme régulière, carrée ou rectangulaire si possible, pour


faciliter la clôture et la surveillance.
Les allées sont permanentes, jamais labourées. Elles ne doivent pas être trop
nombreuses car elles nécessitent un entretien coûteux et diminuent la surface utile de la
pépinière, donc son rendement et sa rentabilité. Elles se recoupent à angle droit et
délimitent des compartiments définitifs (C). Elles comprennent des allées principales qui
sont des chemins empierrés (A) larges de 3 m, accessibles aux attelages et aux camions.
Les allées secondaires (B) non empierrées, larges de 1 m à 1,5 m permettent le passage de
la brouette ou de petits véhicules à pneus tractés à la main. Les allées principales et
secondaires délimitent des compartiments carrés ou rectangulaire qui sont les unités
permanentes de culture de la pépinière. Les limites en sont matérialisées par des piquets
implantés aux angles des compartiments, dépassant le sol de quelques centimètres et
portant une indication définitive en lettres majuscules ou en chiffres romains (plaques
clouées ou inscriptions en noir sur fond blanc ou en blanc sur fond noir, à même le bois de
la prairie supérieure du piquet).
Les compartiments sont utilisés tels que les repiquages occupant le terrain
pendant plusieurs années, notamment pour l’éducation des moyennes et hautes tiges.
Quand il s’agit de semis et de repiquage habituels, les compartiments sont divisés en
planches ou plates-bandes (D) d’une largeur de 1 à 1,2 m et séparés par des sentiers de 0,3
à 0,4 m de largeur. Ces dimensions dépendent, en cas de travail mécanisé, de la distance
d’axe des essieux du tracteur et des instruments utilisés dans l’exploitation.
La division en plates-bandes est nécessaire pour faciliter les déplacements du
personnel, l’exécution des travaux, la répartition de la culture, le contrôle des opérations et
l’inventaire. La direction des planches est à considérer avec soin quand l’inclinaison du
terrain est assez forte, ce qui n’est pas recommandable, elle doit être perpendiculaire à la
pente pour éviter les ravinements. Sinon, il est préférable d’orienter la grande dimension
dans le sens est-ouest, pour protéger plus facilement les cultures du soleil et des vents
froids desséchants. La mécanisation demande, pour facilité et la rentabilité des travaux, de
longues lignes et par conséquent des compartiments rectangulaires plus étendus, mais il
s’agit alors de pépinières de surface plus importante.
17

L’exécution des travaux est plus facile quand un compartiment est occupé par des
sujets à enlever à la même époque. Ceci est surtout valable et important dans les grandes
entreprises mécanisées.
De nombreuses pépinières forestières possèdent, comme en horticulture, des
bâches (coffres ou caisses munis de châssis vitrés ou garnis de matière plastique) pour la
production de plants rares ou difficiles à éduquer et pour les semis d’espèces communes,
avec utilisation de « sols artificiels ».

4.2.2. Identification
Un étiquetage systématique et convenable doit assurer l’identification des
parcelles dans les plates-bandes. Les inscriptions sont faites au crayon indélébile, souvent
en noir sur fond jaune, sur une étiquette longue et étroite enfouie de quelques centimètres
dans le sol. Elles sont tournées vers le placeau intéressé, l’étiquette faisant un angle obtus
avec le terrain ; on y note l’espèce, la race, variété ou écotype, les dates de semis et de
repiquage et un numéro d’ordre. Ces divers renseignements sont reportés sur un plan
parcellaire et condensés dans un livre ad hoc qui sert en même temps pour les inventaires.

4.2.3. Clôture
Il est généralement indispensable d’entourer la pépinière d’une clôture pour la
protéger des incursions, vols et déprédations de l’homme et des dégâts des animaux
domestiques et sauvages.
La clôture peut être établie avec des moyens de fortune, puisés dans les ressources
locales. Celle en bois, pieux et perches est habituellement peu durable, sauf si l’on utilise
des essences résistantes à la pourriture et moyennant, le traitement au feu ou
l’imprégnation chimique de la pointe des pieux. On a utilisé également des fils de ronces
avec piquets en bois, fer et béton. Un socle en béton prolonge la vie des piquets en fer. Ces
clôtures sont à surveiller constamment pour leur intégrité et remplacer assez souvent. Une
haie vive dense faite de plantes épineuses diverses peut constituer pour l’homme et les
animaux domestiques courants une protection suffisante mais non pour la volaille et le
petit gibier.
La meilleure clôture est le grillage à mailles calibrées, tendu sur des piquets de fer
d’une hauteur de 1,5 m et muni à la plante supérieure d’un bavolet. Un chemin de ronde
intérieur permettra la surveillance de la pépinière. Si celle-ci est bordée par la forêt, un
chemin de circulation extérieur doublé d’un fossé sera utile.

4.2.4. Annexes et installations diverses


Le ravitaillement en eau devra être assuré pour les diverses opérations et les
besoins du personnel (irrigation, arrosage, préparation, nettoyage, toilettes, etc.). Le
raccordement à un réseau sous pression est souhaitable, sinon on érigera un petit château
d’eau alimenté par une motopompe élévatrice. Certaines pépinières disposent en effet de
18

canalisations amenant cette eau sous pression en divers points. L’eau proviendra
éventuellement de puits, des citernes, de captages ou retenues.
Des fossés abrités seront pour le finissage des fumiers et des composts. Des remises à
outils, des hangars pour les machines et l’appareillage, d’autres pour les matériaux à
mettre en dépôt tels que engrais, produits divers, paille, mousse, nattes, claies, etc., des
abris pour les diverses manipulations, un petit atelier de réparation seront les annexes
indispensables à une exploitation industrielle.

4.2.5. Fertilisation de la pépinière

1) Préférences des diverses essences

Les différentes essences ont certes des préférences plus ou moins accusées pour un
ou plusieurs éléments nutritifs mais on ne peut donner que des indications à ce sujet, plus
ou moins confirmées par les résultats expérimentaux. Généralement, les essences qui
préfèrent les pH élevés sont également exigeantes en calcium. Les besoins en azote des
différentes essences varient très nettement.
WITTICH (1961) analysant la teneur en azote des feuilles et aiguilles de dix-sept essences
croissant sur un sol à réserve en azote correcte mais non optimale, a trouvé des chiffres
variant de 1,38 % à 4,49 %. Dans l’ensemble, on peut dire que les besoins en azote des
plants forestiers sont importants et qu’il n’existe guère d’essences qui ne réagissent
favorablement, dès le jeune âge, à un bon apport en cet élément sous forme minérale ou
organique.
Il semble que les besoins en magnésium des arbres forestiers soient plus
importants qu’on ne le supposait. La question se pose d’un approvisionnement suffisant
en cet élément dans les sols légers souvent pauvres en Mg et dans les sols artificiels.

2) Propriétés du sol

Le sol d’une bonne pépinière forestière doit avant tout être suffisamment riche en
matières organiques. Outre qu’il fournit des éléments nutritifs qui sont mis lentement mais
constamment à la disposition des végétaux, l’humus augmente le complexe absorbant. Il
favorise le réchauffement du sol et améliore la structure physique avec comme
conséquence, une vie microbienne intense, une activité renforcé de la pédofaune et un
meilleur approvisionnement des plantes en eau, air et éléments fertilisants.
La teneur en matière organique dans un bon sol varie avec le climat, la
minéralisation, les façons culturales. Elle est d’autant plus élevée que le sol est plus lourd,
le climat plus doux et plus humide. On admet généralement comme teneur raisonnable,
des concentrations de l’ordre de 3 à 8 % (BENZIAN, 1967).

Une réaction moins acide convient pour la plupart des espèces feuillues (pH compris entre
5,0 et 6,0) par opposition à la plupart des résineux. Si le pH du sol est trop élevé, on
l’abaisse notamment par l’emploi d’engrais acidifiants (sulfate d’ammoniaque,
19

superphosphates). De plus, on peut apporter de la tourbe, de l’humus brut ou pratiquer la


culture d’engrais verts.

3) Appréciation de la fertilité

La fertilité du sol est habituellement appréciée subjectivement par l’étude de la


végétation naturelle, s’il s’agit de sols forestiers ou de terres incultes. Le meilleur
précédent est le champ cultivé ou la prairie bien entretenue. Cette appréciation peut être
confirmée par l’analyse chimique du sol et le diagnostic foliaire. Quelques chiffres de
seuils de carence et d’optimum existent (BAULE et FRICKER, 1969), à propos de certains
éléments. Des essais de fumure comparatifs en plein champ ou en vases de végétation
peuvent apporter de précieuses informations.
Les agents de la fonte des semis se développent particulièrement dans les sols à pH élevé,
compacts et riches en matière organique.

4) Elimination de la rémanence des pesticides

Pour lutter contre la rémanence des produits phytosanitaires utilisés, on renforce


l’activité des microorganismes par l’usage de fortes doses d’engrais organiques (fumier
demi- décomposé) données à un sol de jachère travaillée.

4.2.6. Soins à donner aux semis et plants en pépinière


4.2.6.1. Lutte contre les parasites et les animaux
a)Désinfection des graines avant le semis

La désinfection avant le semis a été vue précédemment.

b) Fonte de semis

La fonte de semis est une des plus graves maladies qui ravagent les pépinières,
diminuent le rendement et abaissent la rentabilité. Les plantules qui émergent du sol qui
ont déjà développé leurs cotylédons sont détruits, parfois en quelques heures, en plages
qui s’élargissent rapidement. Les agents de cette pourriture du collet sont des
champignons terricoles divers et nombreux tels que Fusarium, Pythium, Phytophthora,
Rhizoctonia, Verticilium, qui vivent souvent en simples saprophytes.
Il semble que les conditions favorables au développement de ces agents
destructeurs soient :
 Milieu neutre ou faiblement acide dont le pH est supérieur à 5 ;
 Température suffisamment élevée, supérieure à 20 °C ;
 Humidité élevée, l’eau libre favorisant au maximum les dégâts ;
 Sol riche en matières organiques ou en nitrates ;
 Plantules très tendres, non lignifiées, très succulents, ce qui est favorisé par une
alimentation minérale déséquilibrée trop riche en azote ;
 Semis tardifs.
20

Les risques sont d’autant plus élevés que la parcelle est d’utilisation plus ancienne.
Pratiquement, on considère les plantules sauvées quand elles ont six semaines à deux
mois.
Vu la diversité des agents pathogènes et la variabilité des circonstances locales de
sol, d’humidité, de température, de date et d’évolution des semis, la lutte préventive est
difficile, en pratique. On combat la fonte installé antérieurement dans les planches de
semis par la stérilisation à la vapeur, au formol, au sulfate de cuivre, à la chloropicrine ou
dichloropropène. En cas d’attaque, les mesures curatives consistent à exposer directement
au soleil, avec suspension des arrosages, et à appliquer des fongicides. On doit alterner ou
combiner les produits fongicides. Les matières actives sont variables et la lutte est
coûteuse.

4.2.6.2. Lutte contre les mauvaises herbes


Etant donné que les écrans disposés sur le sol ralentissent la croissance des
mauvaises herbes, les binages et sarclages, manuels ou mécaniques détruisent également
les mauvaises herbes. La lutte chimique par l’usage des herbicides totaux ou sélectifs est
couramment pratiquée dans les grandes installations.
Lutte contre la dessiccation du sol et de l’atmosphère
Elle est assurée au moyen de :
 L’aménagement d’abris divers (artificiel, d’un peuplement voisin, de haies vives, de
brise-vent) ;
 Binages et sarclages ;
 Arrosages ;
 Irrigation….

4.3. Pépinières volantes

4.3.1. Principe
La pépinière volante est celle qui, momentanément, fournit des plants pour un
boisement ou un reboisement déterminé. Quand la récolte est terminée, elle est
abandonnée et éventuellement réinstallée dans une autre station pour satisfaire les besoins
d’une autre plantation. Elle se déplace donc de proche selon les nécessités.
On y exécute, soit des semis, soit des repiquages, soit les deux à la fois d’une seule
ou de plusieurs essences. Généralement, on vise plutôt l’éducation des repiqués en laissant
la charge de cultiver les semis aux pépiniéristes professionnels de faire passer par la
pépinière volante des repiqués du commerce, jeunes ou bons à planter, mais dont on veut
améliorer les chances de reprise. Parmi les essences, on a en vue soit l’espèce principale de
culture, soit celles dont les jeunes sujets supportent difficilement le choc des
manipulations d’extraction, de transport et de plantation.
21

4.3.2. Techniques
La pépinière volante est établie dans périmètre à planter ou à proximité
immédiate. Les essences héliophiles et robustes s’accommodent du plein découvert en
terrain nu. La plupart des autres sont plus ou moins délicates et demandent ou exigent
une protection. Un coupe-feu peut convenir comme emplacement s’il bénéficie de l’abri
latéral de peuplements. On peut installer la pépinière volante sous le couvert bien dosé,
plus ou moins léger ou dense, d’un taillis, taillis sous futaie ou futaie feuillue et résineuse.
Le choix d’un bon emplacement doit avoir pour critère non seulement l’abri nécessaire
mais aussi un sol de bonne qualité. Ce dernier doit être assez profond, meuble, drainé, de
fertilité au moins moyenne. Une rapide étude phytosociologique et pédologique sera très
utile. La composition botanique et la vigueur du peuplement protecteur sera déjà guide
précieux.
Comme le nombre de récoltes est limité, on est conduit, lors de l’installation, à
envisager que les soins strictement nécessaires, sans cependant ne pas trop les limiter. La
clôture pourrait paraître superflue : elle sera néanmoins indispensable dans la plupart des
cas pour éviter les déprédations du gibier, mais on peut limiter les frais.
La préparation du terrain, à profondeur superficielle ou moyenne, est faite
mécaniquement quand c’est possible (terrain nu, coupe-feu) ou manuellement en
travaillant entre les couches du peuplement. On ne fertilise habituellement pas mais des
engrais mobilisateurs à base de P2O5 ou de N seraient très utiles.
On peut assimiler à une pépinière volante les noyaux ANDERSON à fort densité
où on reprend avec motte des plants en excès pour étendre la surface occupée. Les sujets à
prélever font l’objet d’une préparation avant l’extraction. Elle consiste en un cernage
préalable, antérieur d’une saison, qui permet de refaire un enracinement concentré dans la
future motte. Au moment de la transplantation, un coupe de bêche profond dépivote le
plant et soulève la motte en un seul bloc. Celui-ci est mis en place dans une fosse de
dimensions appropriées, en le déposant sans tassement pour éviter le désagréger la motte.
Les nouvelles racines passent rapidement de la tranche fraiche inférieure au fond de la
cavité. Les racines latérales pénètrent dans le sol en place quand le contact est établi entre
ce dernier et les parois de la motte.
On peut également considérer comme pépinières volantes les placeaux à sol
travaillé, éventuellement fumés et engrillagés, que l’on installe sous le couvert d’arbres
semenciers, en prévision ou à l’occasion d’une bonne fructification, pour obtenir, en
quantité importante, des semis naturels de valeur. Ces derniers seront repris avec ou sans
motte pour la plantation d’un parterre voisin. On peut le faire également à partir de
bandes travaillées dans un peuplement en régénération. C’est en réalité une modalité de la
régénération naturelle assistée.

4.3.3. Avantages et inconvénients


La pépinière volante présente de nombreux avantages qui justifient son extension.
Les plantes vivent dans le climat local dont elles épousent les rythmes. Lors de la
22

plantation définitive, les frais d’emballage et de transport sont supprimés. Les plants sont
extraits au fur et à mesure de la mise en place, ne souffrent guère des manipulations et de
la plantation, gardent leur fraîcheur et ont ainsi une reprise en général excellente. Point
important pour les espèces délicates qui sont particulièrement visées, les mortalités
éventuelles ont lieu dans la pépinière même.
On élimine encore les rebuts et on utilise que des sujets vigoureux. Les
remplacements sont réduits et le boisement plus régulier, il est possible, par le
prélèvement en motte, de pratiquer la culture de plants forts, sélectionnés, à grands
intervalles.
L’extraction et la plantation ultérieure en motte est facilitée si on ménage les
écartements satisfaisantes dans une terre suffisamment liante. Cette pratique élève les
coûts de l’extraction et de la plantation mais l’emballage est supprimé et le transport
facilité par les faibles distances. Les pépinières volantes autorisent l’éducation de semis
naturels dont on améliore l’enracinement, la forme et la vigueur. Elles permettent de tirer
des semences récoltées dans le domaine et d’éduquer ainsi les écotypes locaux. Elles
changent de place fréquemment et sont ainsi peu exposées aux champignons et insectes.
En pépinière volante, les prix de revient à l’unité marchande dépassent
habituellement ceux du commerce. Les travaux sont ordinairement manuels. On mobilisé,
pour des besognes intermittentes, un personnel d’exécution et de surveillance. Les
mortalités et les rebuts consentis influencent évidement le prix au mille. Mais les
conditions de plantation et les plants eux-mêmes sont meilleurs, la reprise est plus élevée,
la vigueur et la régularité du jeune boisement favorisées, les coûts de remplacement et de
dégagement abaissés. En résume, le bilan est positif pour les essences délicates.

4.3.4. Etendue de la pépinière


Pour déterminer l’étendue d’une pépinière volante ou semi-permanente, il y a lieu
de considérer :
Le nombre de plants normalement utilisés chaque année ;
A l’âge des sujets à planter ou la durée de leur séjour dans la pépinière ;
La densité au m² ou à l’are tenant compte de l’écartement entre les lignes et de la distance
des plants dans la ligne ; les rebuts et déchets et surtout l’intensité du triage.

4.4. Pépinières semi-permanentes


Les pépinières semi-permanentes sont des pépinières volantes prolongées pendant
quelques années ou des pépinières permanentes à objectifs limités. Dans le premier cas, on
ne change rien à l’installation, aux objectifs et à la technique. On prélève simplement
plusieurs récoltes au même endroit, en envisageant une fertilisation d’entretien et
quelques sarclages aujourd’hui facilités par des herbicides bien choisis et si possible sans
rémanence.
La véritable pépinière semi-permanente occupe le même emplacement pendant
plusieurs années mais on y réduit au minimum les équipements. Elle conserve tous les
objectifs de la pépinière volante ; éducation de peu d’espèces avec une essence principale
23

et de la seule catégorie des repiqués, culture complète de plants rares ou d’écotypes locaux
et surtout élevage d’essences délicates sensibles au repiquage et à la plantation.
Son étendue varie de quelques dizaines d’ares à un hectare. Elle est installée dans
un bon sol répondant aux critères définis antérieurement mais en plein découvert, après
défrichement et dessouchement. L’abri latéral sera donné par la ceinture des peuplements
voisins. Souvent, on choisit pour l’emplacement une terre de culture ou une prairie dont le
sol à les qualités exigées pour une pépinière permanente, bordée par un bois ou une
rangés d’arbres protégeant des vents secs et froids.
La clôture est haute, solidement établie pour une durée de plusieurs années. Les
chemins sont limités à des sentiers de circulation et, éventuellement, une étroite allée en
sol naturel permet le passage d’un petit véhicule à deux roues tracté de main d’homme.
L’alimentation en eau est réduite à un ruisseau, une mare ou fossé voisin ; les arrosages ne
sont habituellement pas prévus. La protection latérale est quelquefois complétée par le
procédé simple des rameaux fichés verticalement en terre.
Les travaux sont réduits mais prennent plus d’ampleur que dans la pépinière
volante. Le labour et la préparation du sol peuvent être mécaniques. On peut utiliser les
outils tractés de l’exploitation agricole voisine du domaine. Les autres travaux se font
manuellement sans investissements onéreux de machines. La fertilisation doit être étudiée
et appliquée comme dans la pépinière permanente. L’entretien annuel consiste surtout en
sarclages manuels ou chimiques.

4.5. Production industrielle de plants forestiers


La production industrielle de plants forestiers repose sur la nature de semis en
conteneurs. Elle est souvent combinée à une plantation mécanisée ou non en sols préparés.
Dans les climats à période de végétation courte, les semis en conteneurs sont éduqués en
serre, puis mis à l’extérieur pour s’endurcir avant la plantation.
Sur le plan technique, la culture de semis se fait ordinairement en conteneurs de
petites dimensions. Très rapprochés les uns des autres, ils occupent de faibles surfaces. Au
Canada, on avance des chiffres évoluant de 2.500.000 à 3.200.000 sujets à l’acre (0,40 ha)
soit 625-800 au m².
Les serres, ordinairement en plastique, sont relativement onéreuses et leurs frais
de fonctionnement sont à prendre en considération. Elles sont munies de systèmes de
chauffage et souvent équipées d’appareils automatiques d’arrosage et de fertilisation.
Parfois même, un éclairage d’appoint est prévu pour lever la dormance ou allonger la
durée du jour. On expérimente également l’enrichissement de l’atmosphère en CO 2 et on
recommande l’inoculation des mycorhizes spécifiques.
L’élevage de semis en conteneurs sous serre isole les plants de conditions
édaphiques et climatiques adverses, les protège des parasites, des prédateurs et de la
concurrence des mauvaises herbes.
24

Chapitre V. Travaux d’amélioration préparatoires au reboisement


artificiel
5.1. Chemins, coupe-feu, cordons feuillus et travaux
préventifs contre l’incendie
5.1.1. Chemins et coupe-feu
Les chemins et coupe-feu facilitent le transport ultérieur des produits forestiers. Ils
abaissent les prix de revient et influencent favorablement les prix unitaires marchandises.
Ils rendent efficace et possible la lutte contre les incendies en compartimentant la forêt en
blocs isolés plus faciles à défendre. Les noms de coupe-feu (Belgique), de pare-feu ou
garde (France) sont ainsi justifiés.
Outre ces deux rôles essentiels, on peut reconnaitre aux coupe-feu divers autres
objectifs et avantages :
 Facilitent la circulation, la surveillance et la chasse ;
 Contribuent à la bonne gestion du domaine par la division matérielle et définitive
en compartiments et coupes ;
 Sont parfois transformés en prairies ou cultures destinées à l’alimentation du gibier
dont on désire diminuer les dégâts à la végétation forestière.
Le réseau de voie de transport doit être étoffé, on estime, en Belgique, qu’il devrait exister,
par 100 hectares de peuplements, un kilomètre de routes et chemins en bon état. Le coupe-
feu classique est un espace, sans végétation basse, délimité par deux fossés, qu’il importe
d’assécher. La terre provenant du creusement des fossés est rejetée vers l’axe pour
façonner un bombement régulier permettent l’évacuation latérale des eaux de
ruissellement.
Le pare-feu est une simple bande débarrassée de toute végétation séparant des
boisements.
La largeur des coupe-feu est variable suivant leur affectation. S’ils servent
principalement à la circulation et au transport des produits, on leur donne la dimension
minimum permettant le passage d’un véhicule ordinaire, soit 3 m. quand ils doivent
contribuer à la protection contre l’incendie, la largeur varie d’un minimum de 6 m, fossés
compris, à 15 – 20 m. les dimensions peuvent varier dans un même boisement, des coupe-
feu plus efficaces sont prévus en tenant compte de la direction dangereuse du vent et de
l’origine possible du feu (chemin de fer, route fréquentée, agglomération, usine).

5.1.2. Cordons feuillus


Des cordons feuillus longeant un ou deux cotés des coupe-feu complètent
avantageusement ceux-ci. Ils sont peuplés d’essences feuillues non combustibles, autant
que possible à régénération naturelle facile et précoce par la semence, à couvert
satisfaisant pour éliminer les herbages et autres végétaux dangereux. Ces cordons ont une
25

largeur variable mais il semble qu’un minimum de 10 m soit indispensable pour assurer
une bonne protection.
Ces coupe-feu nécessaires dans les forêts résineuses sont une perte de surface
utile. Quand les cordons feuillus doublent et triplent la largeur indispensable, l’étendue
ainsi soustraite à la production peut s’élever à une fraction importante de la surface totale.
Soit un compartiment de 400 x 250 m ou 10 ha ; si les coupe-feu et les cordons réduisent
ensemble (de l’axe du coupe-feu à la bordure du peuplement) de 10 m la dimension de
chaque coté, la surface utile sera de 380 x 230 ou 8,74 ha. L’étendue soustraite à la
production sera de 1,26 ha ou 12,6 %. Si la bande non plantée ou semée n’a que 10 m de
largeur de bord à bord, le parterre réellement occupé par le peuplement producteur sera
de 390 x 240 m ou 9,36 ha. La diminution de surface utile sera ramenée à 6,40 %.

5.1.3. Travaux préventifs contre l’incendie


La lutte passive contre l’incendie repose, non seulement sur un bon réseau bien
entretenu de chemins et coupe-feu mais également sur un service de surveillance bien
équipée avec guetteur en permanence pendant les périodes critiques, munies de tables
d’orientation qui permettent le repérage exact des fumées suspectes, téléphone raccordé
au centre de lutte active ou appareil de radiotéléphonie. L’équipement est complété par
des aires d’atterrissage pour hélicoptère, des réservoirs ou retenues d’eau, des cabanes et
abris pour les outils et le matériel spécialisés.
On préconise aussi de ménager des pistes cyclables pour faciliter les déplacements
et améliorer ainsi la surveillance. Il est quelquefois nécessaire de prévoir des restrictions à
la circulation du public dont la présence n’est pas justifiée dans le domaine forestier.

5.2. La lutte contre la sécheresse


5.2.1. Appréciation et influence de l’excès de sécheresse
du sol
L’eau étant un facteur primordial de la croissance des végétaux, il est évident que
la densité, la taille, la production et la valeur économique des peuplements décroissent au
fur et à mesure que s’accentue la sécheresse du terrain. Les essences ont des réactions
variables. Le manque d’eau comme son excès est relatif, il serait donc désirable de donner
un supplément d’eau aux stations arides.

5.2.2. Techniques de lutte contre la sécheresse


a) Irrigation
L’irrigation des terres agricoles et forestières est habituellement du ressort du
génie rural. Le sylviculteur peut s’y intéresser directement. Elle est pratiquée dans les pays
chauds à longue saison de végétation mais à période caractérisée de sécheresse. Elle
aboutit le plus souvent à des productions spectaculaires à partir de certaines essences
(Eucalyptus etc.). Elle se pratique par ruissellement sur une pente douce, par submersion
en sole plane entourée de diguettes, par infiltration souterraine à partir de fossés.
26

b) Irrigation par fossés horizontaux


Des expériences ont montré que, en sols filtrants, l’irrigation par une série de
fossés horizontaux provoque une augmentation appréciable de la production, même en
climat à pluviosité régulière et, à plus forte raison, en région à été sec.
L’établissement, en forêt, d’un système d’irrigation, même simple, est cependant difficile
et onéreux. Par conséquent, on cherche plutôt à ralentir le ruissellement et à favoriser
l’infiltration de l’eau par des éléments de fossés horizontaux, disposés en chicane selon les
courbes de niveau. Ils emmagasinent les eaux de pluie ou de fonte des neiges.

c) Banquettes antiérosives
Les banquettes antiérosives continues ou discontinues sont destinées à combattre
les ruissellements et leurs effets. Elles facilitent l’infiltration des eaux et améliorent le
statut hydrique des sols. Leur construction et la disposition sur le terrain relèvent de la
lutte contre l’érosion du sol.

d) Arrosage par impluvium


L’impluvium est une technique d’irrigation des arbres fruitiers et ornementaux
dans laquelle on creuse à quelque distance du pied. Une cuvette circulaire peu profonde
ceinturée par un petit bourrelet de retenue. L’eau y est amenée par un procédé
quelconque : tuyau d’arrosage, distribution à partir de réservoir véhiculé. Le procédé ne
s’adresse qu’à des essences forestières de parcs, d’allées ou de plantations routières. On
pourrait s’inspirer également de la technique israélienne de l’irrigation souterraine goutte
à goutte par tuyaux perforés, placés en terre à proximité immédiate des racines.

e) Economie de l’eau
Au lieu d’apporter un supplément d’eau aux stations déficitaires, il serait utile
dans beaucoup de situations où la sécheresse est moins accusée, d’économiser l’eau par le
paillage. Cette technique concerne les pépinières forestières. Dans les plantations, on
rencontre habituellement à l’apport de feuilles, d’herbages, de déchets végétaux ou de
fumier pailleux, pour des raisons économiques.
Le paillage à l’aide de film plastique est alors préconisé. Pour chaque plant, on
utilise une feuille de 2 m² environ, munie d’une perforation centrale et dont les bords sont
fixés par un peu de terre.
Les avantages généraux des films plastiques sont : l’économie de l’eau – facteur
limitant la croissance (FROCHOT et LEVY, 1980) par suppression de l’évaporation du sol
et des prélèvements de la végétation adventice qui est éliminée ; amélioration de la
structure du sol protégé de l’impact mécanique des pluies battantes et de la grêle. Un bilan
favorable de l’eau permet une meilleure utilisation des sels minéraux préexistants ou
introduits par fertilisation.
Les trois types de plastiques (transparents, noir ou opaque-thermique) ont des
effets variables sur les adventices et la température du sol (FROCHOT et LEVY, 1980 ;
1986). Le plastique noir semble supérieur : il élimine les adventices par suppression totale
27

de la lumière, permet une certaine élévation de la température, surtout la nuit. Le film


transparent qui augmente davantage la température, dessèche finalement les végétaux ; le
film opaque-thermique à des résultats intermédiaires.
Par contre, les paillis pourraient servir de refuge aux petits rongeurs et de
réceptacle de parasites divers. Ils seraient recherchés et fouillés par les sangliers et les
cervidés.
28

Chapitre VI : Les repeuplements artificiels

6.1. Choix des essences de reboisement


Le choix des essences est complexe, délicat et définitif. Une erreur doit se
supporter pendant toute la vie du peuplement qui vient d’être crée. Elle peut se traduire
par des pertes et des inconvénients sérieux : réduction de la production, vulnérabilité aux
agressions, défauts et tares, qualités technologiques moindres difficultés de régénération,
etc.
L’objectif recherché est la création d’un peuplement reproduisant l’association
naturelle ou une association vicariante ou un complexe forestier, en vue de satisfaire les
divers besoins de l’homme, qu’ils soient économiques ou autres.
Les facteurs écologiques vont intervenir de manière fondamentale dans le choix
des essences : celles-ci doivent trouver un milieu leur assurant des conditions
satisfaisantes de croissance et de reproduction. Dans l’éventail des espèces adaptées à la
station considérée, le sylviculteur peut affiner sa décision en s’inspirant de considérations
spéciales que conseille ou impose la communauté. Quand il s’agit de terrains nus, le choix
est limité. Il faut parfois l’appoint d’espèces transitoires ou à fonction de mélange cultural.
Il n’est pas exclu de recourir à certains travaux préliminaires améliorant la situation.

6.2. Stations et limites du choix


Le sylviculteur doit choisir une essence capable de se développer normalement
dans les conditions écologiques de la station à boiser ou à reboiser. Une analyse succincte
mais complète examinera les facteurs de production et leurs influences possibles : le
climat, la topographie, le sol, la nature de la végétation spontanée, le comportement des
arbres forestiers eux-mêmes, la destination du terrain, les travaux éventuels
d’amélioration.
L’examen du climat général tiendra des composantes agissant sur la végétation :
température, précipitations, humidité, photopériode, régime des vents, non seulement en
s’intéressant aux moyennes annuelles, mais encore à la répartition par saison et par mois
et aux extrêmes. Les moyennes sont issues des périodes d’observation prolongées. Dans le
climat général, les facteurs topographiques tels que l’altitude, l’exposition, la pente,
façonnent des climats beaux qui ont énormément d’importance. La vie des arbres
forestiers dure de quelques dizaines à quelques centaines d’années. Les anomalies
climatiques qui surviennent de temps en temps au cours d’un siècle suffisent à réduire les
chances d’une espèce ou à l’éliminer complètement, qu’il s’agisse de chaleurs ou de froids
exceptionnels, de gelées anormales, de sécheresses prolongées ou répétées. Sans altérer la
vitalité de l’arbre et ses capacités de production, les facteurs climatiques rendent parfois
aléatoire ou impossible la régénération naturelle. Les méso et microclimat sont également
influencés par les conditions édaphiques de la station.
Certains travaux comme l’assainissement, l’irrigation, la création d’abris ou de brise-vent,
permettent parfois de faire survivre une essence à la limite de ses possibilités d’existence.
29

Dans le cadre du climat général et local, ce sont les propriétés édaphiques qui corrigent,
améliorent ou amoindrissent le potentiel de production de la station.
Les propriétés physiques du sol et le cycle de l’eau priment généralement la
composition minéralogique et la richesse en éléments nutritifs. Ces derniers ne sont
cependant pas à négliger, surtout pour éduquer des espèces foncièrement exigeantes. Le
sylviculteur peut corriger les défectuosités du sol par l’assainissement, l’ameublissement,
la fertilisation et la fixation. Dans une zone à boiser, on peut repérer et étudier plusieurs
types de stations. On éduquera dans chacun, l’espèce ou les espèces les plus adéquates.
 Appréciations du niveau de productivité d’une station
Les offices météorologiques fournissent des renseignements qui peuvent être
confirmés, corrigés ou complétés par les observations locales et l’expérience. La géologie,
la géomorphologie et la pédologie permettent d’apprécier les propriétés édaphiques d’une
station. Les cartes spéciales seront consultées et étudiées. Les investigations personnelles
tireront des carrières, tranchées chemins creux, fossés et d’un réseau de profils et de
sondages.
La flore spontanée locale caractérise les associations végétales. Celles-ci
déterminent le niveau de fertilité de la station pour diverses essences spontanées et
exotiques et guident le choix des espèces. Ces études sont complexes et du ressort des
spécialistes. Ceux-ci peuvent aider le sylviculteur en établissant la liste de quelques
plantes localement typiques des principales associations et subdivisions. La pédologie à
elle seule peut donner quelques caractéristiques édaphiques valables à l’échelle régionale,
pour définir les stations et leur niveau de fertilité (DECOURT et LE TACON, 1971).
Dans le cas de reboisement en forêt, l’association végétale peut exister à proximité
immédiate. Il est élémentaire d’apprécier la présence, la présence, la répartition, en
croissance, la production et la reproduction des arbres forestiers eux-mêmes. Quand une
essence prospère et se rajeunit naturellement dans une station déterminée, c’est
généralement qu’elle y est à sa place, qu’elle soit spontanée ou naturalisée.
Dans l’appréciation de la valeur d’un fonds à boiser, il faut également tenir
compte de l’occupation antérieure du terrain. Les terres marginales abandonnées
récemment par l’agriculture sont de meilleure qualité que les vieilles landes. La prairie est
notamment un très bon précédent. La concurrence du tapis herbacé est à éliminer au
moins pendant la première année.
La plupart des terrains incultes sont de nature telle qu’ils doivent nécessairement
être occupés par un boisement préparatoire avant de songer à passer à la forêt définitive
d’espèces fondamentales indigènes ou vicariantes. Les terres incultes sont celles dont
l’agriculture n’a pas voulu ou qu’elle a délaissées depuis longtemps, parce qu’elles sont de
qualité médiocre : elles sont superficielles, tassées, pauvres, acides et encombrées d’une
végétation adventice haute et dense. Les sols sont généralement nus, sans abri, et exposés
directement aux vents et aux extrêmes thermiques. Ces terres ne peuvent être mises en
valeur que par des espèces frugales adaptées au milieu ingrat, constituant le premier
boisement. Ces essences occupent le terrain, améliorent les conditions du milieu, peuvent
30

abriter les espèces de la forêt définitive et leur cèdent la place, à un moment donné des
phases progressives de l’évolution.
Le choix est donc limité aux essences de lumière à tempérament robuste qui vont
constituer le premier boisement. Les autres essences, plus sciaphiles et plus délicates
profiteront de l’abri du peuplement pionnier pour former la forêt définitive qui
substituera, à un moment donné, au boisement primitif. Outre sa fonction de protection et
de préparation de la station, sa production n’est pas négligeable.
Les espèces transitoires les plus habituelles tirent parti des sols médiocres, les préparent à
un bois bien définitif, donnent des produits d’éclaircie appréciés. Leurs rendements, à
l’exploitation définitive, sont plus ou moins rémunérateurs selon le terme d’exploitabilité
et leurs utilisations technologiques. Leur emploi est donc avantageux au point de vue
cultural, économique et financier.

6.3. Choix des essences et objectifs poursuivis


Choix des essences basé sur des considérations écologiques peut être infléchi selon
les buts qui sont d’une part ceux qui ont en vue l’intérêt général défini par les besoins
variés et complexes d’une société humaine et d’autre part ceux qui reflètent les
préoccupations immédiates et personnelles des propriétaires.
Sont à ranger dans la première catégorie, les objectifs ressortissant à l’intérêt
général sans recherche poussée du rendement financier : augmentation de la surface
boisée du pays, choix d’une politique forestière, amélioration générale et publication de la
production, recherche des catégories les plus utiles à la société grosses grumes ou bois
spéciaux, régularisation des conditions climatiques et du régime des eaux, protection,
esthétique, récréation et salubrité.

6.4. Choix des essences et frais de gestion


Choix des essences dépend parfois des capacités de gestion du propriétaire, de ses
ressources financières globales et de l’importance du domaine boisé. Les particuliers
optent le plus fréquemment pour les solutions simples et faciles à appliquer les moins
onéreuses et les plus immédiates. Le prix de revient du boisement est également un
facteur primordial, principalement l’importance (1) des travaux préliminaires, (2) des
soins à donner, (3) de la protection à prévoir qui alourdissent les investissements et par (4)
le prix des plants de certaines essences ou catégories.

6.5. Facteur de risques


Les dangers météorologiques frappent particulièrement certaines essences surtout
dans des stations déterminées.
Il faut tenir compte aussi des agressions et des destructions qui diminuent la production,
l’efficacité et la rentabilité de la culture et compromettent même l’existence de l’espace par
leur intensité, leur répétition et leur gravité. Il s’agit des insectes, des champignons, des
incendies, du pâturage ou des déprédations du gibier. Les accidents sont particulièrement
31

nombreux et opérant dans le cas de clones ou d’espèces exotiques dont les parasites ne
sont pas accompagnés de leurs prédateurs. Ils sont favorisés par des conditions
climatiques particulières et par le mode de culture forestière.

6.6. Mode de reboisement


6.6.1. Principe généraux

a) Semis

En sylviculture, le semis a été de tout temps, le mode de repeuplement


prépondérant. Depuis une centaine d’années, la plantation a remplacé progressivement le
semis. Elle est devenue presque exclusive. Des circonstances locales du milieu et la
tradition ont maintenu le semis dans quelques régions. Si la plantation est largement
préférée au semis, c’est qu’on lui reconnait une supériorité technique. On la considère
comme plus sûre, plus rapide dans ses résultats, plus économique en général.
Si l’on référait aux processus spontanés de régénération, on n’adopterait que le
semis. Mais la nature est prodigue, gaspille les semences et les germes, les distribue en
surabondance. Pour peu que les conditions soient favorables - sols propres sous le couvert,
couverture morte bien décomposée et conditions physiques du sol convenables, facteurs
climatiques propices – les résultats de la germination peuvent être spectaculaires et le
boisement acquis au bout de quelques années peut être parfait. Il y a des échecs
retentissants. Parfois la régénération naturelle est impossible.
Le semis de main d’homme ne rencontre généralement pas toutes ces conditions
favorables. La réussite du repeuplement s’en ressent. Le sylviculteur est beaucoup moins
prodigue que la nature : il utilise avec parcimonie des graines qu’il a dû récolter ou qu’il a
achetées, que les manipulations de récolte et de préparation n’ont pas améliorées et que la
conservation a plus ou moins altérées. Le semis lui-même est souvent exécuté de façon
assez sommaire, précédé d’une bonne préparation du terrain, notamment le labour en
plein avec fertilisation.
Quelques précautions dans le choix des graines et dans l’exécution du semis
rendent celui-ci moins aléatoire.
Des moyens techniques peuvent venir à bout des principaux obstacles au semis
direct : concurrence de la végétation et déprédations des oiseaux, des rongeurs et des
insectes. Pour venir à bout de la végétation spontanée et laisser un bon lit aux semences,
on préconise :
 Le travail du sol par les moyens mécaniques classiques de préparation du terrain,
en plein ou par bandes ou
 Son élimination grâce aux herbicides et phytocides.
On met l’accent sur l’enrobage des graines par un répulsif valable contre les
oiseaux et les rongeurs. Les prédateurs sont écartés par des répulsives efficaces, non
nuisibles et polyvalentes, complétés par des poissons spécifiques. C’est ainsi que le semis
32

direct est remis en honneur aux Etats-Unis (DERR et MANN, 1971) et en Afrique du Sud
(DONALD, 1969).
Il reste vrai que le semis artificiel est souvent irrégulier malgré que par endroits,
les résultats dépassent toutes les espérances : la germination servie par des circonstances
favorables a été excellente, les plants ont survécu nombreux ; trop densément serrés, ils
demandent des dépressages et même des dégagements précoces couteux, au moment ou
les produits sont sans valeur. Ailleurs, il y a des vides plus ou moins fréquents et étendues
dont les causes sont multiples : mauvaises répartition des semences ou consommation par
les oiseaux, les rongeurs et autres prédateurs ; conditions locales défavorables de sol et de
climat, déchaussement, sécheresse, coups de chaleur, grands froids, la concurrence de la
végétation adventice ; les agressions multiples que subissent les jeunes plants du fait des
oiseaux, du gros et petit gibier, des rongeurs, limaces, insectes et champignons. Les plants
surabondants peuvent être extraits avec ou sans motte et servir au repeuplement des vides
ou au boisement d’incultes voisins.

b) Plantation

Les sujets introduits par plantation sont plus développés et robustes. Ils résistent
mieux aux diverses agressions. Leur survie et leur développement futur sont mieux
assurés surtout si les besoins requis leur ont été donnés. Soustraits à la concurrence
mutuelle pendant les premières années, ils disposent d’espace vital pour les racines et
l’appareil foliacé, puisque la densité du massif peut être réglée à volonté. L’alimentation
en eau et en matières minérales est bien assurée ainsi que l’apport de lumière et de
chaleur.
Dans les plantations, la croissance individuelle est favorisée, et la production
globale du peuplement est supérieure du moins jusqu’à un certain âge. En général, les
plantations sont plus résistantes à la neige et aux vents que les semis maintenus trop
serrés, mais il s’agit ici d’une question de traitement. La plantation est plus expéditive dit-
on souvent, c’est-à-dire qu’elle est plus rapide dans ses résultats. En effet, elle introduit
des plants déjà plus érigés qui ont bénéficié de soins appropriés pendant leur séjour en
pépinière. Le développement des racines et des tiges leur donne une avance notable sur le
semis exécuté en même temps, plants plus âgés et de plus grandes tailles. Les
regarnissages sont faits rapidement tandis que les résultats définitifs d’un semis ne sont
souvent appréciables qu’après quelques années ; les semences germant la seconde année,
disparition échelonnée de jeunes sujets. La plantation est complétée plus tôt. L’état de
massif avec toutes ses conséquences est acquis rapidement, mais un semis bien réussi
présente ces avantages encore plus précocement.
On dit que la plantation est en général plus économique ; son prix de revient reste
habituellement bas eu égard aux difficultés et aux aléas du semis comme aux soins
culturaux subséquents plus onéreux : notamment dépressage, remplacements,
dégagements plus nombreux. Quand le labour en plein et la fertilisation sont
indispensables, le semis trouve de meilleures conditions pour son exécution et son
efficacité. Il doit être comparé à la plantation faite dans les mêmes conditions.
33

On peut signaler à l’actif du semis artificiel la sélection naturelle plus sévère à part
d’un nombre élevé de sujets à l’hectare. Une première et brutale épuration s’opère lors de
la germination et pendant les premières semaines. Elle est d’ailleurs hautement
souhaitable. Comparé à une plantation de même origine génétique. Le peuplement issu de
semis contient, à côté d’abondants déchets, un nombre plus ou moins élevé de tiges
droites, élaguées haut. Le semis artificiel en lui-même est plus rapide, demande moins de
main d’œuvre et est moins coûteux que la plantation proprement dite. L’opportunité du
semis ou de la plantation doit faire l’objet d’un examen dont certaines règles générales
peuvent être avancées.

6.6.2. Règles d’application

La plantation est recommandée :

 Quand la semence est rare, chère ou de mauvaise qualité. Le semis absorbe des
quantités considérables de semences. Il ne peut se pratiquer que lors des années de
bonne fructification, en recourant pour la conservation temporaire aux procédés
traditionnels.
 Quand le semis direct réussi difficilement ;
 Quand les plants doivent recevoir des soins spéciaux de protection et traitement parce
qu’ils appartiennent à des essences délicates ou dont le développement est lent dans la
prime jeunesse ; quand ils appartiennent à des espèces qui s’accommodent très bien de
la plantation parce que les repiquages en pépinière favorisent la concentration au
collet de l’appareil radiculaire comme chez les épicéas ;
 Quand doit boiser des stations aux conditions difficiles en raison du sol (excès
d’humidité ou de sécheresse, de compacité ou de mobilité, soulèvement ou
déchaussement et fentes de retrait en végétation adventice dense et haute) ou du
climat (sécheresse généralisée hors saison, vents aux lisières) ; les terres à boiser sont
souvent nues et exposées aux conditions difficiles ;
 Quand on se trouve dans des stations ou les semis et même les tout jeunes, plants sont
exposés à de sérieuses causes de destruction : les oiseux, les rongeurs, le gibier, le
bétail.
 Quand on veut installer des arbres d’ornement, de lisières ou d’allées, repeupler les
vides, introduire une espèce, une race ou une origine nouvelle ou peu représentée
dans le peuplement ou la région, constituer des mélanges, installer rapidement une
végétation ligneuse de fixation, de protection ou d’agrément ;
34

 Quand, pour des raisons techniques et économiques, on désire des boisements de


densité déterminée et régulière.

Le semis peut se justifier dans les circonstances qui lui sont favorables :

 Quand on utilise des espèces héliophiles, robustes, ne demandant pas d’abri, de


croissance rapide dès la naissance ; quand l’enracinement spécifique rend la plantation
aléatoire ;
 Quand la graine est abondante de bonne qualité et peu coûteuse lors de fructifications
massives. Cela permet de réussir un boisement avec une densité satisfaisante et
régulière ;
 Quand on veut boiser des stations dont le sol et le climat sont favorables à la
germination des essences et au développement des jeunes plats. C’est le cas
notamment des terrains frais, meubles, relativement propres, tels que les terres
marginé de l’agriculture abandonnées en sous-étage d’un peuplement qui fournit
l’abri et un sol relativement propre et meuble, ou sur des terres qui ont été améliorées
par le travail du sol en plein ou par plateaux sur les terrains trop pierreux où la
plantation est matériellement impossible ;
 Quand la main d’œuvre est rare, chère ou inexperte, les étendues à boiser
considérables, la période de travail coutre ;
 Quand il est possible de recourir aux techniques qui abaissent les frais de préparation
du terrain et ceux des soins culturaux : semis en lignes espacées, herbicide, dépressage
mécanique, dégagements et nettoiement chimiques.

6.7. Reboisement par semis


6.7.1. Les travaux préparatoires d’amélioration
Sur les pépinières une attention a été consacrée aux semences forestières récolte,
préparation, conservation, qualités, contrôle etc. il faut juger de l’opportunité des travaux
préparatoires qui ont été examinés antérieurement, établissement des chemins et coupe-
feu, création de cordons feuilles, assainissement, élimination de la couverture morte et de
la végétation adventice, ameublissement, fertilisation, fixation des sols mobiles, lutte
antiérosive etc.

Si la préparation du sol est envisagée, il faut adopter le système que dans une
station donnée, offre le plus d’avantages et le moins d’inconvénients. Il faut en outre
35

qu’elle soit en concordance avec le mode de semis qui sera adopté : en plein par bandes
continues, discontinues ou disposés en échelons, par placeaux ou cellules, par trous, etc.

Les terres agricoles marginales récemment abandonnées et rassises peuvent être


semées directement si elles sont encore nues ou garnies d’une végétation clairsemée et
courte. Elles conviennent pour les espèces robustes comme les pins qui sont souvent
semés : les graines peu coûteuses et de bonne qualité sont abondamment distribuées, les
jeunes plants de croissance juvénile rapide surmontent aisément la concurrence. Au siècle
dernier, on a également semé les pins et l’espèce sur le terrain meuble, propre et frais que
laissait la coupe récente de genêts denses. Il en a été de même, après essartage à feu
couvert, ou plus simplement après coupe rase du taillis simple. Des dégagements répétés
étaient nécessaires pour sauver le semis pratiqué entre les souches.

6.7.2. Les techniques de semis

6.7.2.1. Modes de semis


a) Semis en plein

Les graines sont reparties uniformément sur toute la surface. Le procédé est utilisé
dans les terrains non, ameublis ou dans ceux où la préparation a été faite en plein. Le
semis est exécuté à la volée, à la main. On recherche la répartition uniforme des graines
qui n’est pas toujours facile à obtenir, surtout avec de la fine semence. Les précautions
suivantes doivent être prises : semer par temps calme, délimiter les virées par des jalons,
préparer à l’avance les quantités par surfaces partielles, quelquefois mélanger avec de la
matière inerte comme du sable pour faciliter une distribution régulière, faire l’opération en
deux temps par passages perpendiculaires à demi-dose, etc. rien ne vaut la main et les
doigts de l’ouvrier expérimenté.

b) Semis par bandes

Le terrain est préparé par bandes continues, discontinues ou disposées en


échelons. Le semis se fait à la main en prenant les précautions nécessaires pour que la
graine légère n’est sont pas emportée en dehors des endroits travaillés. Les gros fruits sont
déposés ou enfoncés à un écartement déterminé, selon des alignements. L’opération qui
est surtout pratiquée avec les glands, s’appelle « piquetage ». Elle consiste à disposer les
semences, une à une, à un écartement variant de 0,75 à 1 m entre les lignes en utilisant 3 à
7 fruits par mètres courant d’alignement.
36

Les avantages du semis par bandes sur celui pratiqué en plein sont les suivants : la
végétation sauvage des intervalles procure une protection latérale aux jeunes plants, elle
fixe le sol et diminue les dangers de déchaussement, de ravinement et d’érosion. La
circulation par les bandes incultes et l’exécution des sois culturaux sont facilitées. Le
procède abaisse les prix de revient de la préparation du sol et du semis lui-même. Il
économise la semence en fonction de la surface réellement occupée, la quantité employée
varie de la moitié aux fonctions de la dose requise par le semis en plein. La préparation en
plein donne au boisement une meilleure impulsion que celle faite partiellement.

c) Semis en lignes

Il est pratiqué dans les terrains préparés en plein ou par bandes continues, brisées
ou disposées en échelons. Dans les surfaces étendues, le semis se fait en alignements à
distances appropriées, dans les bandes selon l’axe. Dans les terres travaillées en plein, il y
a piquetage des glands.

Il existe des semoirs : les uns, manuels, sont à un seul tube semeur, les autres
tractés, sont à tubes multiples. L’usage de ces instruments exige une terre sans obstacles,
finement ameublie, bien nivelée et raffermie quoique meuble, telle que pourrait l’offrir le
labour en plein à profondeur ordinaire suivi des façons préparatoires appropriées, comme
dans les terres sablonneuses. Les avantages de semoir sont utilisation de faibles quantités
de graines, la réparation uniforme sur profondeur déterminée et constante, la germination
favorisée et régulière.

d) Semis par places, par placeaux ou par potets

La concurrence de la végétation naturelle est menaçante. C’est pourquoi il y a une


surface minimum à respecter. Le sol est préparé par placeaux de 40 x 40 cm au minimum.
L’épandage des graines se fait à la main comme dans le procédé par bandes. Les avantages
sont ceux exposés dans le système par bandes pour ce qui est de la protection des jeunes
plants et du sol. L’économie en semences permet de n’utiliser que le quart ou la moitié de
la dose du semis en plein. Il faut que le développement des plants forestiers soit
satisfaisant pour qu’on puisse se contenter d’une pareille solution.
37

e) Semis par cellules

On prépare de grands placeaux circulaires de 1 à 3 m de diamètre que l’on travaille en


plein. Le semis se fait en plein ou en lignes ou par piquetage régulier pour les glands
notamment.

f) Semis en trous ou poquets

C’est un vieux procédé expéditif, sommaire, ne demandant que de faibles


quantités de graines et quelque peu aléatoire en ses résultats. Il consiste à creuser dans le
sol, soit à intervalles réguliers soit, pour les terrains rocheux et rocailleux, dans les poches
de terre, des trous auxquels il serait bon de donner un certain ameublissement. On y
dépose quelques grosses semences ou une pincée de petites. Le recouvrement suit
immédiatement soit au pied, soit en laissant retomber le gazon soulevé.

g) Semis en « nids »

Dans les sols préparés en plein ou par bandes, les graines, souvent des glands ou
de grosses semences de légumineuses arborescentes, sont disposées en « nids » de 5-7 ou
plus regroupées en petites surfaces séparées par des intervalles non ensemencés, dans
l’alignement. Entre les lignes de nids des cultures agricoles diverses sont pratiquées
pendant plusieurs années pour maintenir le sol propre, abriter les plants forestiers et
surtout éviter la concurrence des herbages. En même temps, on nettoie le terrain dans les
files de nids.

h) Semis combinés d’essences différentes

Les différentes essences sont représentées en proportions variables, à fixer. Le


mélange peut être intime si les semences sont de la même grosseur, du même poids et si
les espèces ont des exigences identiques. On mélange et on sème en une seule opération.
Quand les graines sont dimensions, de poids ou de caractéristiques anatomiques
différentes, on répand et enfouit à profondeur convenable les fruits volumineux, puis les
plus fines graines que l’on enterre superficiellement. On peut adopter le semis par bandes
distinctes, chacune occupée par une essence. Le terrain préparé en plein est divisé en
bandes contiguës ou chaque bande est elle-même subdivisée. Dans le cas d’une
préparation par bandes, la séparation des espèces est facilitée. Le mélange des essences par
groupes de surface plus ou moins grande semble plus difficile réaliser par semis que par
plantation.
38

6.7.2.2. Recouvrement de la graine


Une épaisseur convenable de recouvrement augmente les chances d’une
germination rapide et régulière. Elle est, en outre, mais jusqu’à un certain point, un
obstacle à la voracité des prédateurs. Elle varie avec les essences, avec le volume de la
graine et avec les conditions ambiantes. Elle est généralement d’autant plus forte que la
semence est grosse. Les normes sont celles du semis en pépinière. Le recouvrement est
relativement plus épais dans un sol au climat sec, dans des terres légères perméables à
l’air, à la chaleur et à l’eau. Elle est plus faible dans les cas inverses. Quand la couche
superficielle est à l’abri de la sécheresse et assurée d’une humectation satisfaisante et
régulière, un recouvrement mince semble être favorable. Trop profondément enterrées, les
graines pourrissent ou germent trop tardivement en donnant naissance à des plantules
malingres, malformées en fin de saison.

Voici quelques indications sur les techniques de recouvrement en fonction de l’épaisseur à


atteindre.

a) Semis en plein avec ou sans préparation du sol

Pour les semences légères, on pratique un hersage léger, en décrochant, par une
herse garnie de faisceaux d’épines ou ramilles et par une herse-chaîne, articulée ou
roulante, pour un travail un peu plus poussé. Au siècle dernier, après le semis de pin, on a
pu faire souvent passer un troupeau de moutons dont le piétinement assurait
l’enfouissement superficiel. En terrain non ameubli, le grattage de la herse n’étant pas
suffisant, on creusait parfois des fossés de distance en distance. La terre qui en était
extraite était rejetée sur les entrebandes et répandue uniformément sur les graines par un
hersage.

b) Semis par bandes ou placeaux

On pratique le hersage ou ratissage. Il a été vu que les grosses semences pouvaient


être semées ou piquetées dans l’axe des bandes ou dans le fond des sillons creusés par la
charrue.

6.7.3. Epoque ou saison de semis


Théoriquement, l’époque du semis devrait coïncider avec celle de la dissémination
spontanée des semences. Des obstacles divers s’y opposent comme le delai inévitable entre
la récolte et la livraison des graines à l’utilisateur, les difficultés et les dangers de la
39

conservation. En outre, la nature qui dispose de ressources exceptionnelles de bonnes


graines peut faire face aux pertes occasionnées, pendant la mauvaise saison, ce que ne
peut se permettre l’homme dont les moyens sont limités. En principe, l’époque varie avec
les types de climat.

6.7.4. Quantité de semences à utiliser


a) Principes généraux

En principe, on recherche pour la végétation forestière un état de massif normal


vers 8-10 ans. Trop de graines et trop de plants, aboutissent à son peuplement trop dense
avec tous les inconvénients économiques et culturaux que l’on sait. Le massif est trop
précoce et les végétaux trop serrés sont effilés, malingres et demandent des dépressages et
nettoiements répétés et coûteux que l’on a tendance à négliger ou à retarder. La croissance
individuelle est faible et la résistance aux dangers météorologiques et au parasitisme
moindre.

Les peuplements trop clairs dont l’état de massif est retardé ont un mélange qui se
fait mal et à partir de grosse branches : le bois est noueux et de qualité défectueuse.

Au début de la vie du peuplement, il y aurait une perte de production


l’occupation insuffisante du terrain se traduit par des récoltes inférieures ou différées lors
des premières éclaircies, la situation se normalisant avec le temps.

Pendant quelques années après la création du boisement, le sol reste envahi par
une végétation adventice qui nuit à la croissance des plants forestiers, attire les cervidés et
pourrait être un élément pour l’incendie.

b) Facteurs influençant la quantité des graines à semer

Essence

Le semis est relativement épais pour les essences à croissance lente et à


tempérament délicat. Plus la semence est lourde et volumineuse, plus élevé est le poids
nécessaire ; meilleure elle est, moins il en faut. Quand elle est rare, de mauvaise qualité ou
coûteuse, mieux vaut la réserver à l’éducation en pépinière. Certains ont préconise d’en
introduire une faible quantité dans un mélange à base d’espaces communes.

Milieu

On sème à des doses relativement fortes quand les conditions édaphiques sont
défavorables à la conservation, à la germination de la semence et à la croissance des jeunes
40

plants (compacité, humidité, sécheresse, soulèvement, préparation sommaire, couverture


vivante…). Il en est de même quand les particularités climatiques sont défectueuses ou
dangereuses surtout s’il s’agit d’essences délicates.

Travaux préparatoires et d’autres éléments

Les doses varient avec le degré de préparation ; avec le mode de semis ; avec le
recouvrement plus ou moins épais et parfait ; avec la saison ; avec, pour les semences et les
plantules, l’incidence des dangers, du parasitisme, des prédateurs ainsi qu’avec la menace
des ravinements et de l’érosion.

Objectifs

On tend aux objectifs suivants par des peuplements relativement denses : recruter
plus facilement des élites ; obtenir des fûts longs, propres et cylindriques appréciés comme
bois d’œuvre ; disposer de petits produits à enlever en première éclaircie que le marché
général et les conditions locales sont favorables à ces catégories de dimensions (débouchés
spéciaux, proximité de centres de consommation, voie de transport…) ; hâter la formation
du massif là où il est utile et urgent (rideaux de protection, brise-vent, cordons feuillus,
fixation de sols mobiles…).

6.7.5. Traitement des semences avant le semis


a) Limite d’application des procédés utilisés en pépinière

Le traitement des graines avant le semis en pépinière a été vu précédemment. Les


procédés considérés ne sont, pas d’application facile dans le boisement par semis, car les
quantités à manipuler sont importantes.

b) Protection contre les oiseaux et les rongeurs

L’enrobage au minimum donne des résultats satisfaisants quand la population des


oiseaux et rongeurs n’est pas trop forte. Le procédé au minimum et au phosphure de zinc
est utilisé pour les graines de résineux notamment. On a également proposé de plonger
très rapidement les graines dans du pétrole au moment du semis. Depuis peu, on
préconise un enrobage de protection qui fixe sur les glands (CLAUDOT, 1974), un produit
toxique, de préférence répulsif.

Les produits retenus sont :

 Un répulsif : le thirame à l’état de suspension aqueuse ;


 Un poison : le minimum de plomb ou la chlorophacinone ;
41

 Un liant : le latex dilué en émulsion aqueuse ;


 Un fixateur : film de poudre d’aluminium pour faciliter la manipulation des glands
qui glissent l’un sur l’autre.

On procède aussitôt à l’enrobage en utilisant une petite bétonnière ou un simple


tonneau de 100 litres fermant bien que l’on fait rouler. Les glands sont ajoutés à la
préparation. On mélange le tout énergiquement en faisant tourner bétonnière ou tonneau
pendant quelques minutes. On ajoute la poudre d’aluminium, on brasse le tout pendant
une ou deux minutes. On fait sécher les glands à l’ombre en les remuants pour qu’ils ne
s’agglutinent pas. Ils doivent être semés le plus tôt possible après le traitement, sans quoi
le pouvoir germinatif se perdrait.

c) Préparation à la germination

Tous les procédés utilisent le trempage. Ils ne sont pas à conseiller car, pour
faciliter le semis, les graines doivent rester sèches et dures. En outre, les quantités à traiter
sont trop importantes.

6.8. Reboisement par plantation


6.8.1. Considération générales sur les plants forestiers
6.8.1.1. Qualités des plants

a) Identité, origine, provenance

Il faut, en premier lieu, s’assurer de la conformité de l’espèce. La question de race,


d’origine ou de provenance est importante. Les caractéristiques extérieures ne sont pas
suffisantes pour les départager, encore que les différences se font jour dès l’état de semis
ou de repiqués. Il est hautement souhaitable qu’un contrôle effectif et efficace soit exercé,
avec certificats et attestations à l’appui.

b) Caractéristiques extérieures

Les bons plants ont une conformation extérieure parfaite et une grande aptitude à
supporter la transplantation. L’émission de nouvelles racines est fonction des réserves
accumulées durant la saison de végétation précédente. Les caractéristiques extérieures
suivantes sont à rechercher, non seulement au moment de l’extraction mais surtout à la
réception et à la plantation car, dans l’intervalle, certaines qualités peuvent régresser.
L’appareil radiculaire doit être bien fourni, ramifié et concentré au collet. Les
racines doivent être en rapport avec l’essence et l’âge ou les dimensions du plant, aussi
abondantes que possible, développées symétriquement, bien ramifiées autour du collet et
pourvues d’un chevelu abondant. A ce propos, il faut considérer comme rebut et refuser
42

catégoriquement, malgré le bon état de l’appareil foliaire tout plant dont l’enracinement
est déficient : asymétrie par repiquage oblique, pivot et longues racines recourbées,
appareil radiculaire en « chignon » par culture dans un récipient mal conditionné de trop
faible capacité et où le séjour a été trop prolongé. La concentration autour du collet
favorise l’extraction, la plantation et la reprise et évite les longs pivots et racines latérales
qui peuvent être arraché meurtris ou mal disposés. Elle est obtenue par le repiquage dans
un sol meuble, frais et riche ou par la pratique du dépivotage, du soulèvement ou du
cernage et l’absence de repiquage. La culture en pots ou sachets peut y contribuer en
évitant le chignon (type et capacité du récipient, durée du séjour). Certains ajoutent que les
trous percés dans les parois latérales ont mauvaise influence par excès d’oxygène.
DELVAUX (1980) pense que le succès de la culture en pots est fonction des conditions
suivantes :
 Capacité satisfaisante du récipient ;
 Durée du séjour appropriée ;
 Percolation du « sol » artificiel ou naturel ;
 Mode et abondance de l’arrosage.

La tige doit être droite, régulière et non bifurquée, spécialement chez les résineux.
Cependant, le développement d’une flèche terminale multiple à la suite d’un accident
(traumatisme, gel ou dessiccation) n’est pas un vice éliminatoire : on peut rectifier la forme
par l’ablation des pousses en excès. Cette défectuosité transitoire est assez fréquente chez
certaines espèces comme légales de contrôle prévoient un rapport entre la hauteur et le
diamètre au collet.
Elles limitent le nombre de repiqués à l’are pour permettre d’atteindre de bonnes
caractéristiques. Les plants maintenus trop serrés sont effilés, beaucoup plus minces et
moins hauts. L’appareil foliaire est réduit et les ramifications inférieures sont
souffreteuses ; l’enracinement est mal conformé et peu développé. La résistance aux
dangers et parasites est affaiblie. La reprise est défectueuse et le départ de la plantation
mal assuré.
L’appareil foliaire est normalement constitué, formé de ramifications vigoureuses
en rapport avec l’âge du plant, les branches inférieures étant largement développées. La
cime est conique et non fusiforme. Des rameaux épais et longs, des bourgeons volumineux
et gonflés sont des signes de vitalité et de santé. Les aiguilles et feuilles quand elles
existent, doivent être caractéristiques de l’espèce et de l’âge du plant, par le
développement et leur teinte accusée, tirant vers le vert foncé.
L’écorce doit avoir sa teinte normale : elle sera saine, séveuse et turgescente ;
lorsque ridée et terne, elle annonce un début de dessiccation. Il faut être particulièrement
exigeant en ce qui concerne la fraicheur de tous les organes et particulièrement des racines.
Celle-ci et surtout le chevelu se dessèchent très rapidement au contact de l’air. D’après
RUPF (1948), il suffit d’une exposition de 3 à 6 minutes au soleil et au vent pour tuer le
chevelu et les radicelles. On sait que les manipulations accompagnant l’extraction et la
plantation détruisent la presque totalité de ce chevelu. C’est à partir des réserves des
43

racines et des radicelles que se constituent les nouveaux points végétatifs. Le plant dont
l’appareil radiculaire a subi une certaine dessiccation ne reprend pas ou traverse une crise
de développement pendant une, deux et parfois plusieurs années. On dit alors qu’il
« boude ». Beaucoup d’échecs dans les plantations sont le résultat d’un manque de
fraicheur des plants et en particulier de leur appareil radiculaire.
Il faut en outre insister sur la différence entre reprise et bon départ de la
plantation. Un plant repris est celui qui reste vivant : il peut souffrir longtemps de la crise
de transplantation et perdre ainsi plusieurs années d’accroissement. Les sujets frais bien
« installés » ne subissent pas cette crise, partent immédiatement et assurent à la plantation
vigueur et régularité sans perte de croissance. Les remplacements sont réduits et l’état de
massif rapidement atteint. Les plants ne doivent pas être endommagés ou blessés ni être
porteurs de parasites.
Il faudrait également, pour éviter une crise d’adaptation, que les plants soient
éduqués sous un éclairement qui sera celui de leur station définitive. Les feuilles et
aguilles d’ombre ou de lumière, habituées à un ombrage donné conservent pendant une
année au moins, leurs caractéristiques anatomiques et physiologiques induites. Elles sont
ainsi perturbées dans leur faculté d’assimilation.
Le manque de fraicheur des plants, surtout de leur appareil radiculaire,
conditionne non seulement la mortalité et, chez les survivants, la croissance en hauteur
mais aussi la production de matière sèche. C’est ce qui résume les deux notions de
« reprise » et de « bon départ ». De nombreux travaux sont à signaler à ce propos
(HERMANN, 1967 ; VON BURGHARD VON LÜPKE, 1973 ; RUPF, 1948 ; SCHOLANDER
et al. 1965).
Non seulement la durée de l’exposition à l’air et au soleil seraient à considérer,
mais encore l’époque de l’année, l’intervalle de temps entre l’extraction et la plantation, le
procédé de conservation. La dessiccation est fonction également de la température, du
degré hygrométrique et donc du déficit de saturation de l’air ambiant. Il y aurait lieu, à ce
sujet, de rappeler l’intérêt des anti-transpirants et du pralinage, soit classique, soit à l’aide
de gelée à base d’alginate de soude, encore que les effets en soient contestés.

6.8.1.2. Age ou dimension des plants


Selon l’âge ou la taille, on distingue les semis (S1 ou S2) qui n’ont pas été
transplantés hors de leurs planches et les plants repiqués qui ont été déplacés une ou deux
fois en pépinière (R1 et R2 ou R1 R1 et R2 R2). Les feuillus semés, ou plus généralement
repiqués, sont classées en basses tiges dont la hauteur ne dépasse pas 1 m, en moyennes
tiges ou demi-tiges ayant entre 1 et 2 m et en hautes tiges lorsque la taille dépasse 2 m.
En principe, plus les plants utilisés sont jeunes, mieux la reprise de la plantation à
racines nues est assurée. Ils doivent être suffisamment développés pour supporter les
opérations allant de l’extraction à la mise en place et résister aux conditions adverses du
milieu, aux prédateurs et aux parasites. Des sujets trop faibles sont difficiles à manipuler et
supportent mal les vicissitudes de l’existence. La notion de sujets jeunes est toute relative,
44

elle est fonction de l’essence et des conditions ambiantes de la station définitive. C’est ainsi
que les espèces à développement juvénile ralenti sont mises en place à un âge plus retardé
que celles à croissance plus rapide. Les résineux exposés à une évapotranspiration
permanente supportent plus difficilement la transplantation dès qu’ils dépassent certaines
dimensions.
Plusieurs raisons militent en faveur des jeunes plants : les manipulations sont plus
faciles et moins dommageables, l’extraction est plus aisée et respecte l’intégrité des racines
et radicelles, particulièrement chez les espèces à enracinement profond et pivotant ; les
prix de revient du boisement sont modérés.
La culture en pépinière, si elle se contente d’un séjour moins prolongé dans les
planches de semis et de repiquage, occupe des surfaces plus réduites. Toutes les
manipulations sont plus faciles et plus rapides, y compris la plantation : les frais sont ainsi
abaissés. Les procédés de mise en terre expéditifs et moins couteux sont d’application
comme celui en fente ou au coup de pioche ou la mécanisation avec usage de machines
planteuses. Il faut nécessairement recourir aux petits plants là où la nature rocailleuse du
terrain interdit le creusement de grands trous.
Les plants présentent moins de prise aux vents secs ou violents, sont plus
facilement abrités ou souffrent moins de l’excès d’évapotranspiration. Ils s’adaptent mieux
que les plants âgés aux différences d’éclairement et aux variations de l’ambiance, sol et
climat. En résumé, ils traversent plus facilement la crise de transplantation.
Cependant, on utiliser de préférence des plants relativement forts dans les cas ci-
après :
 Lorsque les essences sont très sensibles à la dessiccation des parties herbacées ;
 Lorsque des plants plus forts, plus hauts, plus vigoureux ayant plus de réserves
sont capables de résister aux dangers spéciaux. Malgré le choc de la plantation plus
marqué chez les plants forts mais atténué par la motte, ceux-ci conservent leur
avance initiale et se comportent mieux dans leur développement, surtout si le
diamètre du collet est important ;
 Dans les compléments de régénération naturelle ou artificielle où les plants doivent
être de taille identique ou supérieure à ceux qui sont déjà en place ;
 Quand on repeuple les vides dans les taillis et les taillis sous futaie où les rejets, de
souches sont menaçants ;
 Dans les parcs, plantations routières et tous les cas où il faut immédiatement des
arbres de dimensions assez fortes.

6.8.1.3. Provenance des plants


Les plants peuvent être prélevés en forêt dans des semis naturels ou artificiels,
dans des noyaux ANDERSON ou dans des surfaces et bandes ameublies et ensemencées
par voie naturelle. Ils peuvent être éduqués par le propriétaire, en pépinière volante ou
semi-permanente. Ils peuvent être achetés à des professionnels qui les produisent en
quantités industrielles dans les pépinières permanentes.
45

Considérons que les plants repris dans les semis naturels ou artificiels sont
généralement assez mal conformés, peu vigoureux, de reprise difficile et de départ trop
lent. Ces semis densément serrés les uns contre les autres sont effilés, à tige grêle, cime
étriquée et enracinement déficient. Ce dernier n’est habituellement représenté que par un
profond pivot, ou de longues racines obliques ou latérales, représenté que par un profond
pivot, ou de longues racines obliques ou latérales, peu garnies de chevelu. Le sol est
ordinairement assez tassé et dur et l’extraction à racines nues est difficile et mutile
gravement l’appareil radiculaire. En outre, ces plantules se sont développées sous le
couvert et supportent difficilement la transplantation dans les endroits un peu mieux
éclairés. La reprise en forêt est donc limitée. On devra prendre certaines précautions ;
choisir les plants dans les endroits éclairés, à sol resté meuble et frais ; se limiter aux plages
où les semis, quoique nombreux, ont disposé d’un espace suffisant pour développer
normalement leurs appareils foliaire et radiculaire ; faire un choix sévère limité aux plants
encore jeunes, bien équilibrés ; les prélever avec motte.
Les semis ainsi récupérés peuvent passer par la pépinière volante pour leur rendre
vigueur, refaire leur enracinement, augmenter leur chance de reprise et de bon départ. Ces
manipulations gonflent les frais.
Au lieu de semis, on utilise des drageons ou faux-drageons d’essences à racines
superficielles drageonnantes. Ces derniers émettent, en certains points, un chevelu
abondant et un ou plusieurs rejets. Lors du sevrage, après une année de croissance
favorisée par un bon éclairement, on conserve le meilleur rejet avec l’enracinement et un
fragment de la racine.
On se sert habituellement, pour combler les vides des régénérations naturelles ou
artificielles par semis, de plants extraits avec motte des plages trop peuplées. On les utilise
également pour les extensions de ces régénérations, pour faire les raccords entre celles-ci,
pour de nouvelles plantations.

6.8.2. Travaux préparatoires d’amélioration avant la


plantation
Ces divers travaux ont été examinés antérieurement. Il reste à en discuter
l’opportunité dans chaque cas.

6.8.3. Techniques de plantation


6.8.3.1. Opérations et instructions préalables à la plantation

a) Achat, conditionnement, transport et mise en jauge

Si les plants sont achetés à un pépiniériste professionnel, il est bon de visiter


l’établissement pour rendre compte sur place de l’identité et de la qualité des sujets et
éventuellement marquer sa préférence pour un lot déterminé. Des accords sont pris en ce
qui concerne l’extraction, le pralinage des racines, l’emballage et les moyens de transport.
La date, l’heure et le lieu de livraison sont fixés et le fournisseur doit confirmer ces
46

engagements par téléphone ou par lettre, quelques jours avant l’expédition. Les plants
sont acheminés par les moyens les plus rapides, réceptionnés et mis en jauge
immédiatement. En cas d’achat à un pépiniériste local, on peut exiger une fourniture
journalière répondant aux besoins du chantier ou aux possibilités de l’équipe de planteurs.
Les plants sont alors simplement déposés dans un endroit frais et abrité, et les racines
protégées pendant les quelques heures précédant la mise en terre.

b) Traitement des plants

Lors des manipulations, il faut que les organes conservent leur fraicheur et en
particulier, les racines qui sont sensible à l’exposition à l’air. Cette fraicheur conditionne la
reprise et le bon départ de la plantation.
Les recommandations suivantes pourraient être faites :
1. Eviter les périodes de vents secs et de soleil intense ;
2. Opérer de préférence par temps couvert et calme quand le degré hygrométrique de
l’air est satisfaisant ;
3. Laisser le sol se ressuyer pour que la terre ne colle pas et ne rendre difficile le
recouvrement et la plantation elle-même, mais les couches superficielles du sol
doivent rester fraiches ;
4. Enlever les plants de la jauge au fur et à mesure des besoins ;
5. Procéder éventuellement au pralinage de l’appareil radiculaire avant la plantation
par le trempage dans une solution d’alginate de soude, si l’opération n’a pas été
faite en pépinière avant l’emballage et le transport ;
6. Eviter la dessiccation des racines. Les plants ne doivent pas être répartis à l’avance
dans les trous ou à côté de la fosse de plantation ou en face de son emplacement
futur, sauf s’il s’agit de quelques plants d’essence robuste et lorsque l’atmosphère
est humide.

c) Organisation d’un chantier de plantation

Le travail est réparti entre les ouvriers, chacun recevant une tâche délimitée d’une
ou de plusieurs lignes contiguës. Des repères sont placés pour vérifier la bonne exécution
et partager les responsabilités. L’ouvrier ouvre la fosse, met le plant en place, recouvre les
racines et tasse, selon les règles admises. Parfois les fosses sont ouvertes par les hommes
adultes, la mise en place étant laissée aux adolescents. L’ouverture des trous se fait
immédiatement avant la plantation ou précède celle-ci de quelques jours ou semaines et
parfois de toute une saison. Il faut veiller également à la distribution correcte des engrais si
leur emploi est décidé.
Des aides s’occupent de jalonner les alignements, de l’extraction des plants de la
jauge et de la distribution régulière de ceux-ci aux planteurs.
47

d) Instructions et directives de plantation

Des dimensions sont données quant à l’exécution des travaux. Les fosses auront
les dimensions en rapport avec la force des plants, le développement de la masse
radiculaire et la nature du terrain. En sol très riche mal structuré, il faut agrandir les trous
dont les bords s’éboulent. La tige est fixée, autant que possible contre une paroi verticale
pour empêcher ou limiter les déplacements du déchaussement éventuel. Les racines sont
étalées en position normale, non recourbées ni enroulées, recouvertes de terre fine, riche et
fraiche. On tasse pondéralement à la plante du pied, non au talon, et on termine le
recouvrement par la terre grossière, les pierrailles et le gazon. Un sujet bien planté et bien
fixé ne doit pas céder à une légère traction : le tassement ne doit être ni trop fort ni
insuffisant.
La profondeur de la fosse qui règle l’enfouissement des racines varie avec les
facteurs du sol et du climat qui pourraient favoriser la dessiccation. Le respect du niveau
sol / collet est toujours important ; il est absolument impératif pour certaines espèces.
A l’occasion de plantations d’essences précieuses, on économise l’eau et on
favorise la reprise et l’accroissement par le paillage de la terre remuée autour du collet des
plants. Les paillis classique d’herbes ou de fumier pailleux est remplacé aujourd’hui par
des paillis en plastique transparent, noir ou opaque thermique.

6.8.4. Modes de plantation

a) Plantation à racines nues

 Plantation en fente

Une fente est une cavité étroite et de profil triangulaire creusée dans le sans
extraction de terre, par la pénétration et les oscillations d’un outil immédiatement après, le
plant est introduit au niveau normal du collet et les racines sont recouvertes par
refoulement latéral de la terre. Les dimensions de la fente sont fonction du développement
radiculaire du plant. Divers instruments sont utilisés : la bêche plate ou en coin, la pique
triangulaire, les plantoirs à ailettes. L’ouverture de la fente est suivie immédiatement par
la mise en place du plant. Les racines sont donc introduites dans la cavité en position
naturelle ce qui n’est pas toujours facile.

Elles sont recouvertes par refoulement de la terre avec l’outil ou le plus souvent à
l’aide du pied.
Dans la plantation en fente les conditions ne sont pas toujours favorables à la
reprise. Les parois sont lissées et tassées, le profil triangulaire plutôt réduit ne permet pas
la disposition des racines en position idéale sans les recourber ou les enrouler.
48

 Plantation en trous

Les fosses sont creusées avec extraction de terre qui est déposée en ados à
proximité. Les dimensions sont en concordance avec le développement du plant de façon à
étaler l’appareil radiculaire en position naturelle. Elles vont de 20 x 20 x 20 cm pour les
basses tiges, à 60 x 60 x 60 cm pour les hautes tiges.
Les instruments utilisés varient avec la compacité et la constitution du sol : la bêche plate
dans les sables, la houe dans les terres plus fermes non ou peu pierreuse, la pioche quand
l’emplacement est encombré de racines et de pierres, le pic dans les endroits rocailleux, la
bêche creuse ou la tarière dans la tourbe. La fosse bien faite à trois parois verticale, la
dernière oblique ou effritée par l’extraction de la terre. Le profil n’est pas en forme
d’entonnoir car le fond doit être suffisamment large pour permettre d’étaler les racines.
A la plantation, on jette un peu de bonne terre dans le fond si ce dernier n’a pas été
ameubli. Le plant est placé au milieu de la fosse pour bien étaler les racines en position
naturelle. On recouvre l’appareil radiculaire de terre fine humifère réservée lors de
l’extraction. On secoue légèrement pour faire couler la terre dans les interstices et on tasse
modérément à la main ou à la plante du pied.
La plantation en trous est le mode le plus employé et le plus naturel. Elle donne
d’excellents résultats. Elle est d’application dans toutes les situations quelles que soient les
essences, l’âge ou les dimensions et la nature du sol.

A ce mode de plantation en trous peuvent être assimilés toute une série de


procédés qui ont été employés ou qui sont encore en usage. On a autrefois planté à la
charrue : les racines des plants introduits dans un sillon étaient recouvertes par la terre
d’un second billon. Des résultats satisfaisants ont été enregistrés dans des terrains assez
meubles à tassement modère mais suffisant pour assurer un contact intime avec les
racines.

 Plantation par touffes

Dans un même trou de plantation, on introduit plusieurs petits plants jointifs dans
l’espoir que l’un d’eux survivrait. Le plus souvent tous dépérissaient ou bien la plupart
survivaient et, en l’absence de dépressage, aboutissant à des peuplements d’arbres trop
serrés, malingres et mal conformés.

 Plantation sur buttes ou rejets de terre

Dans ce procédé, les racines sont introduites dans des buttes surmontant le sol en
place, avec comme objectif de soustraire les plantes aux mauvaises conditions naturelles
du terrain (humidité ou compacité) ou à la concurrence d’une végétation dense et haute.
Elle vise également dans les sols trop pierreux ou tourbeux, à procurer un peu de terre
meuble de terre meuble pour recouvrir les racines.

La plantation sur butte assure une bonne reprise et un bon départ, mais les plants
traversent malgré tout une crise plus ou moins marquée lorsqu’ils atteignent par les
49

racines, le milieu sous-jacent non amélioré. On pourrait dire qu’elle augmente les frais
d’investissement. C’est vrai si les buttes ont été confectionnées par des prélèvements de
terre faits à cette intention. Mais dans la plupart des cas, elles sont bâties avec les
matériaux provenant du creusement des fossés. Les dépenses sont alors justifiées par
l’assainissement.

 Modes spéciaux de plantation

o Plantation en contre-bas ou en cave

On pratique cette plantation dans les terrains très secs, fortement ensoleillés et
exposés aux vents. Dans les terres qui permettent le travail, on creuse des cavités allongées
de profondeur telle que le plant ne dépasse guère le niveau du sol. Le fond de la fosse et le
plant se trouvent protégés du vent et aussi de l’évapotranspiration. La protection est
encore renforcée par le talus des terres extraites que l’on dépose en ados du côté du soleil
ou de vent. Il faut donc tenir compte de cette orientation et des lignes de niveau. La fosse
ne doit pas être noyée lors des précipitations ; le sol doit donc être suffisamment
perméable.

o Plantation sur banquettes

Les banquettes antiérosives continues ou discontinues, comportent


essentiellement un fond incliné vers l’amont et un solide bourrelet vers l’aval. Les
premières plantations ont été établies dans le bourrelet même, pour donner aux plants le
maximum de profondeur de terre. On n’avait pas compté avec le déplacement des l’ados
vers l’aval, suite aux coups d’eau que le dispositif antiérosif ne parvient pas entièrement à
amortir. Presque tous les sujets sont déformés en sabre à la base de la tige et les
« chignons » des racines les déforment encore davantage. Par après, les plants ont été
introduits dans le fond travaillé de la banquette mais contre le bourrelet. Les conditions
édaphiques et l’abri ont été meilleurs et les risques de déformations évités.

o Plantation de boutures racinées ou non

La plantation de boutures se fait comme celle des plants ordinaires, dans un trou
de dimensions appropriées. Pour réduire l’évapotranspiration et faciliter la reprise, on
équilibre l’appareil foliaire en le réduisant par la taille. On peut mettre en place
directement des boutures non racinées que l’on enfonce à refus sans préparation du sol ou
après avoir creusé un trou légèrement plus petit au bâton ou à la barre à mine. Les
résultats souvent excellents avec les espèces enracinement facile.

o Plantation d’espèces mélangées

On doit se préoccuper de la proposition des essences, du mode de mélange des


époques d’installation, des travaux préliminaires utiles pour chacune des essences.
Aucune règle générale ne peut être avancée.
50

o Plantation et semis combinés

Ce sont des cas exceptionnels. On peut par exemple planter un abri clair de
l’espèce A et semer, sous cette protection, en lignes ou bandes, des glands ou des semences
de l’espèce B. On pourrait envisager le mélange de deux semences dont l’une se prête
mieux au semis (pin maritime) et l’autre à la plantation (pin sylvestre) mais il faut
considérer la différence dans développement juvénile.

b) Plantation en motte

Dans ce procédé, les plants ont leurs racines entourées d’un bloc de terre ou de sol
artificiel. Les mottes garnies le plus généralement d’un seul plant sont extraites d’une
pépinière de type quelconque ou prélevées en forêt, avec un instrument approprié : bêche
plate, creuse ou circulaire. Dans la culture de plants en caissette, ceux-ci sont isolés à la
bêche ou au long couteau ou par séparation des compartiments. Les pots, sachets ou
mottes artificielles sont individuels.

Les trous de plantation sont creusés avec le même instrument qui a servi à
l’extraction. Les mottes s’y adaptent exactement. Le contact intime entre la base de la
motte et le fond de la cavité, se fait sous le poids de la masse. Celui entre les parois
verticales de la fosse et la motte s’établi par simple compression du sol autour de la motte,
soit au pied, soit à l’outil, mais il ne faut jamais piétiner et disloquer la motte. Lorsqu’il
s’agit de mettre en place les hautes tiges, le contact fait latéralement en laissant couler de la
terre fine que l’on tasse modérément au bâton ou à la poignée de la bêche tenue
verticalement mais renversée. Il est bon de recouvrir la motte de gazon, de pierres ou des
déchets végétaux disponibles pour garder la fraicheur, éviter le retrait, le soulèvement et le
déchaussement. La plantation en motte donne d’excellents résultats, meilleurs en général
que procédé en trous, l’activité du plant n’étant presque pas perturbée.

S’il est sûr et offre de bonnes garanties de reprise et de départ des plants, ce
procédé est le plus coûteux des divers modes de plantation. Lors d’une transaction avec
un pépiniériste professionnel, l’achat des plants est onéreux ainsi que l’emballage, le
transport et la plantation ; le prix de revient par plant est très élevé. Aussi il est conseillé
de préparer les plants dans une pépinière volante à proximité du lieu d’utilisation.

Le procédé est exceptionnel et ne se défend que dans certains cas particuliers, quand on
veut, par exemple :

 Planter pendant la saison de végétation et prolonger la durée des travaux et


l’utilisation de la main d’œuvre ;

 Boiser dans des conditions très difficiles de climat et de sol, si la plantation à racines
nues est impossible ou aléatoire. C’est le cas notamment des pays et régions à
longues saison sèche et chaude ;
51

 Utiliser des essences dont la transplantation à racines nues donne de médiocres


résultats à cause du développement du pivot et de la rareté du chevelu ;

 Combler les vides de repeuplements et boisements où on exige des plants assez


forts, de bonne reprise et de départ immédiat ;

 Lutter, dans certains cas, contre la concurrence d’une végétation spécialement


envahissante, haute et très dense, ou mettre les plants en état de résister aux
prédateurs, par l’emploi de sujets plus forts ou plus âgés que ne le prévoient les
normes habituelles ;

 Introduire des plants forts, sélectionnés, à de grands intervalles.

La sélection par deux temps de plants forts, le premier au stade de semis avant le
repiquage, et le second pour les repiqués avant l’introduction en forêt est recommandable.

6.8.5. Epoque ou saison de plantation


C’est en définitive l’expérience locale qui décide du choix de l’époque de
plantation en tenant compte des conditions climatiques, de la nature du sol de l’ambiance
forestière ou de l’absence d’abri, de l’essence et de sa phénologie. Parfois la question de
main-d’œuvre doit être prise en considération.

6.8.6. Densité des plants à la plantation

Les considérations générales qui ont été avancées à propos de la création de


boisement par semis sont valables pour les plantations. Le massif doit être constitué à un
âge normal, ni trop avancé, ni trop tardif.

a) Dispositif des plants

La plantation est dite régulière quand les plants sont disposés selon des
alignements : elle est irrégulière dans le cas contraire.

Disposition régulière

 En carré

La distance est la même entre les plants dans la ligne et entre les lignes. Les sujets
occupent les 4 coins d’un carré.

 En lignes

La distance entre les plants dans la ligne et entre les lignes est différente. Souvent
l’écartement des alignements est plus grand que celui des sujets dans la ligne. Les plants
occupent ici les 4 coins d’un rectangle.
52

 En quinconce

Il y a quinconce lorsque dans deux alignements contigus, les sujets sont décalés
d’une demi-longueur et sont disposés en triangle sur 3 alignements, 4 sujets forment un
rectangle avec un cinquième au centre, celui de la ligne intermédiaire.

Toutes ces dispositions régulières facilitent le calcul du nombre de plants


nécessaires, l’exécution de la plantation, des remplacements, des dégagements, la lutte
contre les parasites, la circulation et le transport des produits. Elles permettent une
occupation uniforme du terrain. A ce dernier point de vue, c’est la plantation en quinconce
qui assure les meilleurs résultats. Si on la conçoit en répartissant les plants de la manière à
former des triangles équilatéraux, elle donne aux sujets une place égale dans toutes les
directions : par exemple 2 m d’écartement entre les plants disposés dans les files (disposer
sur une même ligne) et 1,73 m entre les alignements. Il y aurait ainsi 2.857 sujets à l’ha
contre 2.500 dans la disposition en carré à 2 x 2 m et 3.086 dans celle en carré à 1,8 x 1,8 m.
Elle autorise, selon l’espacement choisi, d’utiliser le maximum de plants à l’unité de
surface. Certains préconisent l’écartement des lignes de 4 m et un intervalle de 2 m entre
les plants disposés en quinconce, soit 1.250 plants ha-1 ; ce qui équivaut à une plantation de
2,83 x 2,83 m. les dégagements mécaniques sont grandement facilités. Ces dispositifs en
quinconce à grand écartement sont utilisés, chez les essences à croissance juvénile rapide,
dans les conversions de taillis, avec des plants forts sélectionnés. Des jalons matérialisent
les alignements. Les distances entre plants sont mesurées au pas.

Dans la plantation en carré, l’orientation des lignes n’intervient pas. Si les plants
sont installés à faible distance dans des alignements écartés, il serait bon, en terrain plat,
de les disposer d’ouest en est dans les sols secs ou très enherbés, pour ombrager le sol et
les plants aux heures les plus chaudes et les plus sèches de la journée. En pente, n les trace
selon les lignes de niveau pour éviter les ravinements, surtout si une préparation du sol
quelconque a été donnée. Pour faciliter le débardage, les alignements pourraient être
disposés obliquement par rapport au chemin de vidange en tenant compte de la direction
du transport.

Disposition irrégulière

On plante irrégulièrement quand il faut chercher un emplacement convenable aux


plants (sol ou abri) et quand il faut éviter des obstacles (souches, blocs rocheux) ou
compléter des jeunes boisements.

b) Espacement des plants

L’écartement des plants permettant un bon état de massif à un âge normal est
fonction de facteurs culturaux et économiques.

Du point de vue cultural on plante relativement serré quand l’essence est


sciaphile, à tempérament délicat ou quand elle a une cime étroite. Il en est de même pour
les essences ou les élites assez peu nombreuses avec de nombreux rebuts ; quand les plants
53

sont de qualité médiocre ou de reprise difficile ; si la station est défectueuse par le climat,
la végétation naturelle et le sol ; là où les travaux de préparation du terrain et l’exécution
de la plantation sont sommaires ou laissent à désirer ; dans les milieux où les dangers sont
sérieux pour les jeunes plantes (gibier…) ; pour hâter l’état de massif, constituer les
cordons feuillus et les rideaux d’abri.

Du point de vue économique, on adopte une densité plus forte quand les plants
sont peu coûteux, quand les petits produits du nettoiement et de premières éclaircies ont
une valeur marchande satisfaisante : si on veut obtenir des arbres à fût élevé et propre
dont les cernes étroits sont, pour les résineux et le chêne de tranchage, propice à de bonnes
qualités technologiques. Dans les cas contraires, on choisit les distances plus grandes.

La plantation à plus larges écartements augmente notablement les diamètres


individuels (BOUDRU, 1976, DE CHAMPS, 1987) et ce d’autant plus que la station est
sèche. La récolte des produits intermédiaires est constituée de peu d’arbres de fortes
dimensions. Si dans la production totale, il y a perte d’un faible pourcentage en volume, le
peuplement de valeur reste considérable. D’un autre côté, il faut des nettoiements
énergiques et très précoces réduisant fortement le nombre de tiges à l’hectare dans des
massifs initialement serrés pour obtenir les mêmes résultats. La présence de gros nœuds
ne s’observe qu’à partir d’un écartement déjà excessif et pour les élites, l’élagage artificiel
règle cette question chez la plupart des essences. Chez d’autres, les plaies s’infectent
facilement et l’élimination des gourmands alourdit les frais de l’opération déjà onéreuse en
elle-même. La stabilité des peuplements est mieux assurée par des écartements plus larges,
notamment chez le douglas, dont l’enracinement est ainsi mieux développé en sols
relativement lourds.

Le facteur d’élancement (EL = H/D x 100 où H est exprimé en m, D en cm est plus


faible, l’arbre est plus trapu, son centre de gravité est plus bas (DECHAMPS, 1987). La
résistance aux dégâts des neiges est accrue. On doit noter également l’intérêt des
boisements où les distances sont grandes entre les lignes et les plants plus serrés dans les
alignements : il y aurait régression plus rapide de la végétation adventice et notamment
des graminées, une meilleure défense contre le gel, le vent, la neige, le gibier, un bon
élagage (KRAMER et al., 1971 : DELVAUX, 1973).

c) Nombre de plants à l’hectare

En terrains nus, l’écartement étant fixé, il est facile de calculer le nombre de plants
nécessaires par hectare, pour une plantation en lignes. La formule est la suivante :

10.000 m²
N
Pr oduit des 2 écartement s en m
54

Le nombre sera donc :

 Pour 1.00 x 1.00 m : 10 000 / (1,00 x 1,00) = 10 000 plants ;


 Pour 1.25 x 1.25 m : 10 000 / (1,25 x 1,25) = 6 400 plants ;

et ainsi de suite.

On peut, par ces calculs, vérifier l’influence d’un ecartement plus large de
quelques décimètres et l’économie de plants qui en resulte. La formule est valable quand
on se tient à une distance du périmètre égale à la moitié de l’écartement. Si on respecte les
distances légales (2 ou 6 m), il faut rectifier en considérant la surface réellement occupée ;
elle devient, pour une étendue quelconque : N
10.000 m²
Pr oduit des 2 écartement s en m
En sous-étage, la présence de souches ou d’arbres sur pieds est un obstacle à la répartition
régulière : le nombre de sujets introduits serait diminué. On s’efforce de maintenir la
densité du boisement au niveau désiré, en serrant les plants dans les espaces disponibles
des alignements. Si on perçoit encore les anciennes lignes de plantation, on peut maintenir
la disposition précédente et on plante dans l’axe entre les lignes de souches.

Il est souvent intéressant de prévoir, à l’achat des plants, un nombre


supplémentaire représentant approximativement les pertes à la reprise. Les plants en
surnombre sont installés dans les lignes intercalaires ou dans des alignements définitifs
mais à mi-distance de l’écartement normal dans la ligne. Ils servent en temps utile aux
remplacements ou, s’ils sont en excédent, à un nouveau boisement.

Dans les terrains en pente ensouchés, on plante en amont de la souche et non en


aval. Le ravinement est moins à craindre et le sol est plus profond par accumulation de la
terre fine contre l’obstacle.

6.8.7. Densité de la plantation et rentabilité

De nombreuses expériences sur les densités de plantation ont montré que la


production totale à un âge quelconque était toujours supérieure dans le boisement serré
(BARTOLI, 1971). La perte d’accroissement est d’autant plus forte que les distances entre
les lignes et entre les plants augmentent. Cette perte est acquise pendant les premières
années de la vie du peuplement ou l’occupation du terrain est imparfaite. A partir d’un
certain âge, d’autant plus avancé que la densité est faible, les accroissements annuels
courants sont les mêmes, mais le retard ne se comble pas. Cependant, la différence entre
les accroissements annuels moyens diminue progressivement (BARTOLI et DECOURT,
1969).

Au point de vue rentabilité, la situation n’est pas identique : elle depend des
rapports entre les prix. Il faut considérer les frais d’investissements et les prix unitaires des
diverses catégories commerciales. Dans un marché favorable aux petites dimensions, la
préference pourrait être donnée au boisement serré si les conditions économiques
permettent un prix de revient pas trop élevé pour la plantation et les soins culturaux.
55

Chapitre VII. Entretien des repeuplements artificiels

7.1. Remplacement
Les vides d’un semis artificiel ou d’une plantation doivent être combinés pour de
multiples raisons exposées précédement. Les causes des vides dans les semis artificiels
sont nombreuses et variées : graines détruite par les prédateurs, endommagées et non
germées ; jeunes semis exposés à la dessication au soulèvement, au déchaussement, aux
gelées, à la concurrence de la végétation adventice. Pour la plantations, le déperissement
des plantes est la conséquence de la crise de transplantation aggravée par le manque de
soins, les circonstances défavorables du milieu, la concurrence de la végétation, les
accidents climatiques, les parasites, les dégâts du gibier, les maladies des racines et du
collet (Armillariella, Formes, etc.). Les pertes accumulées et la répétition des
remplacements grèvent les frains d’investissement et déprécient la plantation, surtout si
on a restreint le nombre de plants à l’hectare.

Il faut prévoir les remplacements sans trop tarder : deux ou trois opérations
successives sont parfois nécessaires. Il faut attendre 1 ou 2 ans après le boisement pour
décider du sort de celui-ci et de la nécessité et de l’ampleur des regarnis. Dans le semis, il
faut attendre que les jeunes plantules aient surmonté les difficultés des premiers mois ou
des premiers semaines.

Dans la plantation, il faut laisser passer la crise de transplantation qui est


rapidement décisive pour certaines espèces mais laisse plus de chances pour d’autres.
L’utilité des regarnis n’est pas à discuter quand il s’agit de vides étendus.

Habituellement, le retard est tel que les sujets introduits ne participent jamais à la
vie du peuplement définitif (DELVAUX, 1972). Il est donc important d’éviter les pertes à la
reprise.

7.2. Dépressage
Cette opération s’adresse aux semis, dans les plages trop densément garnies. On
enlève les sujets surabondants par divers procédés qui ont été exposés, lors de l’étude des
soins culturaux (BOUDRU, 1989). Autant que possible, les plants en surnombre mais
vigoureux et bien constitués seront repris, avec mottes, pour les remplacements dans les
vides voisins.

7.3. Rechaussement
Cette opération est à exécuter en cas de nécessité, dans les milieux où le
déchaussement des plants est à craindre. On recouvre les racines avec de la terre prélevée
à proximité et il suffit parfois de laisser avec le pied.
56

7.4. Dégagement
On a vue précédement les inconvénients et quelques avantages de la végétation
spontanée. Il a été discuté de l’opportunité et des techniques de dégagement, de la saison,
de l’époque et de la répétition de l’opération. Il est bon de rappeler également
l’envelement progressif de l’abri artificiel ou naturel.

Dans un fourré bien dense d’une régénération naturelle bien venante d’essences
précieuses se mêlent certaines espèces indésirables. On y pratique une opération qui
combine le dégagement et le nettoiement. Elle consiste à ouvrir des « filets » ou bandes
nettoyés de 2 m espacées de 10 m d’axe en axe au gyrobroyeur : le travail est rapide et peu
couteux. L’ouvrier, de part et d’autre du « filets », à 1,5 m environ à l’intérieur du
peuplement, dégagera tous les 2 m les plants valables à favoriser. On sauvera ainsi 1.000
plants à l’hectare distants de 5 x 2 m. On peut réduire l’espacement des axes à 8 m et
placer les futures allées à 4 x 2 m, soit en soigner 1250 à l’hectare (BOUDRU, 1989).

7.5. Recépage
Le recépage s’adresse spécialement aux essences feuillues susceptibles de rejeter
facilement des souches. Sont donc exclues nos essences résineuses et même le hêtre sous
notre climat. La coupe ras-de-terre permet à la souche d’emettre des rejets dont on réserve
le meilleur. Le maitre rejet se développe rapidement et remplace ainsi la tige ou l’appareil
foliacé en mauvais état. Il peut arriver que des plants aient souffert des manipulations
d’extraction, de transport et de plantation (blessures, gelées, dessiccation, perte de la
flèche…). En outre, après la mise en place, des accidents, dommages et dégâts ont pu
réduire la valeur et la vitalité des sujets du boisement : gelées, neige collante, sécheresse,
rongeurs, gibier et incendie. Cependant, il faut insister sur le fait que l’émission des rejets
suppose l’exposition à la lumière et à la chaleur et qu’un couvert même léger est nuisible.
Il faut attendre que la reprise soit bien effective et que l’appareil radiculaire ait
suffisamment de reserves pour l’émission de rejets vigoureux. Cela demande 3 à 5 ans
après la plantation.

7.6. Taille
Cette opération est exceptionnelle sur les sujets de repeuplements artificiels. Il
pourrait s’agir de remplacer une pousse terminale abimée ou de corriger une fourche
accidentelle. Les plants spontanément fourchus répètent ce defaut chaque année et sont à
enlever à l’occasion du nettoiement. C’est une opération délicate à confier au seul garde
forestier.

7.7. Protection contre les animaux


Les jeunes boisements sont mis en défens : le parcours du bétail y est donc interdit.
Le gibier est une nuisance par son abondance et même par sa simple présence pour
certaines essences particulièrement recherchées. Les moyens de lutte sont la chasse de
57

destruction ou de contrôle avant le boisement, les plans de tir pour équilibre forêt-gibier
ou la clôture spécialisée pour chaque animal sauvage, mais coûteuse.

Pour la protection individuelle des tiges, on a préconisé la gaine en treillis


métallique (botte), le berceau de rondins, les spirales ou capuchon métalliques entourant le
bourgeon terminal, l’emploi de divers enduits ou produits répulsifs (thirame, zirame, etc.)
pour le petit et gros gibier. Il y a lieu de comparer le prix de revient de plusieurs produits
et celui du grillage.

7.8. Protection contre les insectes et les champignons


On pratique, sur les jeunes plants, la lutte directe curative par pulvérisation ou
poudrage de produits répulsifs ou toxiques de contact ou d’ingestion comme le lindane.
La surveillance doit se poursuivre pendant 3 ou 4 ans. En outre, on incinère les rémanents
car l’insecte peut pondre dans les grosses branches restantes.

Les insectes, prédateurs plus ou moins spécialisés, demandent des moyens de


lutte généraux ou spécifiques. La bonne adaptation des essences aux conditions
climatiques et édaphiques, les mélanges des âges et des espèces, les soins culturaux
permettent ainsi des mesures satisfaisantes de prévention contre les endémies et les
épidemies. Après une invasion, les éclaircies répétées purgent les boisements et
rétablissent l’équilibre. La lutte biologique est aujourd’hui plus que jamais à l’ordre du
jour (CRISON, 1970). Il n’est pas interdit de combiner les deux méthodes d’intervention
sans oublier les pratiques forestières de bonne hygiène des peuplements.

7.9. Protection des tiges


Les hautes tiges sont exposées à divers dangers : soulèvement, déracinement,
courbure ou bris sous l’action du vent et du poids de la neige ; ballottement de la tige qui
ébranle l’appareil radiculaire et brise les radicelles ; les blessures et accidents divers. On
renforce la stabilité des tiges par une butte de terre qui se tasse progressivement. C’est
suffisant en stations protégées comme dans les clairières et vides des massifs forestiers.
Ailleurs, il faut recourir aux tuteurs munis de ligature appropriée pour ne pas
endommager l’écorce ni étrangler la tige.

7.10. Soins culturaux


Les autres soins culturaux tels que l’élagage, le nettoiement, les éclaircies et
l’émondage, largement considérés précédement dans le cours de sylviculture sont à
envisagés dans l’entretien des peuplements mis en place.
58

Chapitre VIII : Repeuplements de protection et de restauration


8.1. Boisements de restauration en montagne
La restauration des montagnes combine les travaux de correction et d’extinction
des torrents, lesquels relèvent plutôt de l’art de l’ingénieur, et l’établissement d’un
manteau végétal. La fixation urgente est assurée par le gazonnement de graminées et de
légumineuses à fort enracinement. Elle est complétée par embroussaillement de plantes
buissonnantes drageonnantes ou se bouturant et marcottant facilement. Le reboisement se
fait, vu l’altitude, la plupart du temps avec des résineux, surtout à partir de pins.

8.2. Boisements à la limite supérieure de la végétation forestière


Les études phytosociologiques sont nécessaires pour détermnier le véritable étage
de végétation. Le reboisement est voué à l’échec dans les vraies pelouses alpines. Il
pourrait réussir dans les anciens niveaux forestièrs où le pâturage et les abus ont anéanti le
manteau végétal primitif. Les espèces à introduire sont celles des étages supérieurs : pins
de montagne etc.

Sont à prévoir en outre les aménagements sylvopastoraux et touristiques de la


haute montagne avec les travaux nécessaires d’équipement, de correction de torrents, des
ouvrages paravalanches et de protection des plantations (ARBEZ et al. 1971).

8.3. Boisements des déblais, déchets et fonds de carrière


Le reverdissement en est possible, selon les situations, avec ou sans apport d’une
couche suffisante de terre végétale. La possibilité d’implantation d’arbres forestiers est
fonction des facteurs édaphiques divers : composition géologique (sables, craies, marnes,
grès, schistes, terres plastiques) ; reserves en eau utile (eau courante ou eau stagnante,
nappes perchées) ; richesse en matière minérales ; ancienneté, murissement et constitution
d’un sol forestier etc. chaque cas doit être traité en particulier et les essences pionnières et
définitives choisies avec discernement.

Le remodelage sera peut-être nécessaire pour l’intégration dans l’environnement


et la satisfaction des besoins locaux en habitations, aires de jeu, promenades, mares ou
étangs de pêche, etc. Le reverdissement direct serait sans doute possible avec des
graminées choisies. L’apport de terre végétale améliorerait la situation et permettrait
l’implantation, par bouquets, d’essences pionnières.

8.4. Boisements des décharges d’ordures ménagères


Les anciens dépôts d’ordures ne posaient pas de sérieux problèmes de
reboisement. Après quelques temps de fermentation aérobie et de tassement, le
recouvrement d’une épaisseur de 30 à 40 cm de terre végétale permettait le gazonnement
puis l’implantation de feuillus.
59

Malheureusement, les « progrés » technologiques de notre société de


consommation ont modifié entièrement la composition des déchets ménagers ; moindre
proportion de matières fermentescibles, abondance des papiers, cartons, emballages en
bois ou métalliques et surtout invasion de plastiques non biodégradables.

En outre, le compactage par des engins lourds pour réduire les volumes a pour
effet de ralentir la fermentation qui devient anaérobie avec dégagement de méthane sur les
flancs et le sommet du dôme. Cependant, les techniques de reverdissement sont assez bien
au point. Quand la fermentation, aidée par le broyage préalable au dépôt qui réduit le
volume de 50 % environ, est terminée, la décharge est recouverte d’une couche d’au moins
20 cm de terre de deuxième qualité surmontée d’au moins 20 cm de terre végétale, chaulée
et fertilisée. La pelouse est crée par un semis mélange de ray-grass anglais, de trèfle blanc,
de dactyle.

8.5. Fixation, engazonnement et plantation des emprises auto-

routières
Les terrassements des emprises auto-routières se présentent comme une
succession de déblais et de remblais. Ces derniers sont habituellement recouverts d’une
couche satisfaisante de terre végétale mise en réserve lors des fouilles. Ils sont parfois
reverdis spontanément mais souvent habillés de bandes de gazon disposées en losange et
complétées ou non par un ensemencement de graminées et de légumineuses. Les talus des
déblais entament des couches géologiques qui n’ont jamais été exposées aux influences du
climat et des plantes. Les uns taillés dans des roches dures, parfois avec des redents
brisant la pente, ne demandent pas de travaux de fixation et sont lentement repris par la
végétation, surtout sur les banquettes.

Les autres sont friables, sensibles à l’érosion, tantôt très perméables et secs, tantôt
imperméables sans pénétration des eaux de pluie. Le recouvrement par une couche de
terre végétale est souhaitable mais il faut accrocher celle-ci sur une surface rugueuse. Le
fascinage onéreux est parfois nécessaire (très forte pente, exposition sud, couche épaisse de
terre). La terre végétable est sensible à l’érosion, peut glisser et décrocher. Si l’installation
de la végétation est retardée, il faut protéger la surface par un mulch.

8.6. Fixation et boisements des terrils et crassiers


Les terrils sont des dépôts de forme variée, le plus souvent conique, et à pentes
raides, formés de déchets des exploitations minières (schistes argileux, grès stériles, boues
de lavage, poussières charbonneuses…). Abondannés à eux-mêmes, ils sont le siège d’un
processus de maturation et de formation de sol.

Sous un bon climat, les stades successifs de la récolonisation aboutissent à un


couvert forestier. L’évolution naturelle, même si elle n’est pas perturbée, peut durer de 50
à 80 ans. Les masses nues des terrils noirâtres ou rougeâtres sont des plaies dans un
paysages déjà dégradé par les installations industrielles abandonnées. Leur reboisement
60

entre dans le cadre de la protection et de la restauration l’environnement qui préoccupent


de nombreux pays.

Les essais de reboisement sont nombreux, anciens ou recents et les techniques


extrêmement variables. Chaque terril est un problème compliqué par la mosaïque des
situations sur chacun de ses flancs.

On utilise des plantes à l’enracinement traçant et a reproduction végétative


vigoureuse (chiendent, dactyle, Agrotis, etc…) dont le feutrage dense des racines diminue
le ruissellement et la reptation. L’engazonnement permet d’incorporer aux couches
superficielles un stock important de matière organique. Si on introduit des légumineuses
(melilot, trèfles, luzernes…), il y a fixation d’azote de l’air et le sol est ainsi enrichi. Sa
structure est améliorée. Il est le siège d’activités biologique qui rendent apte à recevoir
ultérieurement d’autres plantes et en particulier des arbres. Les techniques
d’engazonnement, outre le semis manuel dans les parties accessibles, sont celles utilisées
dans la fixation des talus d’auto-routes.

Les méthodes de plantation diffèrent selon les pays et les époques : en trou comblé
de terre végétale ou de tourbe saturée d’eau ou de sol du terril enrichi par un de ces
matériaux ; étalement sur le terril d’une couche de terre végétale ou d’un mélange de terre
et de gadoue sur une épaisseur minimum de 10 cm ainsi de suite…

8.7. Remodelage
Pour le paysagiste, le terril est une insulte au paysage par sa forme peu naturelle,
surtout s’il est conique à pente raide, ce qui est souvent le cas partout. Ce n’est pas un
habillage de verdure que l’on pourra masquer l’aspect insolite des dépôts. Le terril cache
le problème de l’ensemble des dégradations que fait subir au paysage l’activité minière. Il
est beaucoup plus important de reconquérir le paysage autour des terrils. Planter autour et
aux alentours des terrils, outre que cela sera plus facile et moins cher, permettra souvent
beaucoup mieux de les cacher qu’en plantant dessus (DOUCHERET, 1973). Cette opinion
a sa part de vérité.

Les crassiers des déchets industriels ont les mêmes caractéristiques de forme et
posent les mêmes problèmes, renforcés par la nature des matériaux. Les couches
superficielles, outre le ruissellement et la reptation, sont souvent soumises à l’érosion
éolienne. La fixation y est un impératif majeur et se fait au moyen de liants appropriés
(bitume, cellulose).

8.8. Fixation et boisements des dunes


Dans les régions recouvertes de sables fins, l’action des vents dominants, en
période non humide, transporte et peut accumuler les particules arénacées en monticules
appelés dunes. Les dunes sont « maritimes » le long des côtes plates et sablonneuses,
« continentales » à l’intérieur des terres en conditions plus ou moins arides. Elles sont
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instables, susceptibles de se déplacer et d’envahir les terres, cultures et agglomérations


voisines, d’obstruer et de combler les canaux et cours d’eau.

Les dunes continentales sont redevables des mêmes techniques de fixation


(palissades, fascinages, cordons de branchages). La couverture utilise les matériaux beaux
et les plantes fixatrices sont choisies dans la flore indigène ou acclimatée. Les essences
forestières sont frugales, adaptées aux conditions édaphiques précaires et aux
caractéristiques climatiques.

En résumé, la pratique et l’esprit d’observation seront des guides précieux dans


l’élaboration des techniques de fixation et de boisements.

8.9. Plantation d’arbres non forestiers

8.9.1. Brise-vent
Des rideaux-abris de hauteur, de largeur, de densité et de profil calculés sillonnent
les régions exposées aux vents dangereux, qu’ils soient violents, secs, en même temps que
froids ou chauds. Les plantations réduisent la radiation solaire, brisent la vitesse du vent,
améliorent et régularisent les conditions ambiantes de température et d’humidité, et
freinent l’évapotranspiration. Elles assurent une protection efficace aux cultures agricoles
et horticoles, aux pépinières et boisements, aux voies de communication, aux usines et
établissements industriels, aux habitations privées et aux quartiers résidentiels.

Les essences doivent être choisies en fonction du climat, sol et de l’efficacité


recherchée du brise-vent. Le profil est habituellement à un ou deux plans inclinés : la
partie centrale est occupée par les grands arbres à croissance rapide tandis que les espèces
sont de taille de plus en plus réduite en gagnant les lisières du rideau.

Des recherches très poussées ont été menées dans divers pays, notamment aux
États-Unis et en ex-URSS où des applications à grande échelle ont été conduites dans la
plaines étendues exposées aux vents secs et à l’érosion éolienne (READ, 1964 ;
NAKHDJEVANI, 1972). Des objectifs plus limités ont été envisagés ailleurs avec succès :
régions côtières, grandes vallées, lieux de résidence, bâtiments industriels (KREUTZ,
1954 ; PERRIN, 1958).

8.9.2. Plantations routières


Les plants sont installés en alignement de part et d’autre ou d’un seul coté, le long
des voies de communication vicinale ou urbaines. On y assimile les plantations le long des
canaux et les boisements des zones abandonnées, résultant notamment de la rectification
d’un virage ou des excédents d’emprise d’autoroute. Les buts sont variables et peuvent
être combinés : protection, ombrage, esthétique, signalisation par temps de neige ou de
brouillard ainsi que pendant la nuit accessoirement production.

Les arbres sont principalement installés à l’état de hautes tiges quoique de basses
et moyennes tiges puissent être plus judicieusement utilisées dans les massifs
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ornementaux ou de protection. Les espèces devraient être sélectionnées en fonction du


climat, du sol, de l’ambiance locale dans les agglomérations et des objectifs poursuivis. La
plus grande fantaisie règne souvent dans le choix des essences dont les exigences
biologiques ne sont pas toujours respectées (DE LA FOUCADIERE, 1968). Des
publications spécialisées traitent de cette question des plantations routières.

8.9.3. Ecrans végétaux contre le bruit et les poussières


Les études sont déjà nombreuses mais difficiles à comparer et à interpréter.
L’intensité du son est mesurée en décibels selon une échelle logarithmique. La sensation
reçue dépend également de la fréquence mesurée en hertz ou cycles par seconde, elle
parait plus intense aux hautes fréquences qu’aux basses.

La réduction apparente du caractère bruyant est une notion assez subjective : une
diminution de 10 décibels donne une impression de réduction d’environ 50 % ; une
diminution de 15 décibels correspondant à une atténuation de 65 %.

Des bandes boisées denses provoquent, selon les conditions, des atténuations de 5
à 15 décibels pour 30 m de largeur. Cette efficacité est moindre aux basses fréquences
inférieures à 1.000 Hz. Des formations végétales encore plus denses et suffisamment
hautes (maïs, roseau) peuvent avoir un effet plus net, aux hautes fréquences surtout. Aux
basses fréquences (500 Hz), le rôle du sol est prépondérant. Plus il est poreux, plus son
efficacité augmente : l’ameublissement est donc favorable. La combinaison d’écrans
végétaux, d’écrans inertes (murs, talus) et de l’aménagement du sol (labour, pelouse) serait
efficace en même temps qu’elle permettrait un aménagement esthétique et récréatif
(DECOURT, 1975).
63

Chapitre IX : Aperçu sur les essences d’afforestation

9.1. Emploi et qualification des essences d’afforestation


On les utilise pour satisfaire un objectif ou plusieurs mias dans ce cas là ; il faut
rigoureusement subordonner les objectifs secondaires à celui considerer comme
primordial. Ces objectifs peuvent concerner :

 La production de bois d’œuvre, de bois de feu, de poteaux de perche, bois pour la


pâte à papier, de bois de trituration pour les fabrications de panneaux de particules,
de produits accessoires, gomme, tanin, etc.

 La conservation de sols des bassins-versants, la recuperation des terrains degradés,


la mise en valeur de terrains marécageux, etc.

 La fixation des sols mouvants et leur protection sables côtiers, sables continentaux,
brise-vent, etc.

L’essence retenue devra :

 Satisfaire au mieux au but de l’operation, production maximale en quantité et en


qualité, efficacité de l’effet de conservation, restauration ou protection ;

 Manifester une végétation vigoureuse et soutenue dans les conditions de milieu où


on l’emploiera (adaptation écologique) ;

 Ne pas présenter des difficultés de mise en œuvre, semences, semis, plantation,


entretien, élagage, éclaircies, regénération.

La rentabilité du reboisement est fonction de l’adaptation plus ou moins grande de


l’essence à ces imperatifs.

9.2. Inventaire des principales essences utilisées en afforestation

9.2.1. Acacia (Mimosacées)

Nombreuses espèces largement reparties dans la zone sèche et très sèche en


Afrique, Asie et Australie. Souvent grégaires, sources appréciables sinon unique dans ces
régions, de produits ligneux, fourragers, accessoires, tanins, gomme… les matériaux
épineux pour les enclos, etc. Grand intérêt forestier mais :

 Exigences écologiques souvent précises ;

 Nombreuses sous-espèces et variétés qu’ont diversifiées les conditions sévères qui


règnent sur les vastes aires de répartition.

Il faut donc faire précéder les introductions en grand de sérieux essaies de


provenances. On rencontre en particulier :
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 Acacia albida Del. (Faidherbia albida) : arbre non épineux, fournit bois de feu, de
service et même d’œuvre (gros sujets) et aussi des graines fourragères de valeur ;

 A. cyanophylla Mindl : bonne espèce fixatrice des dunes seule ou en mélange avec
d’autres pour constituer des brise-vent ;

 A. melanoxylon ;

 A. molissima var decurrens ;

 A. senegal Wild etc.

9.2.2. Balsa – Ochroma lagopus Sw (Bombacacées)

Originaire de l’Amérique tropicale ; arbre moyen à très grandes feuilles


fournissant dans son jeune âge un bois très léger, résistant, isolant. Essence de basse
altitude, à croissance rapide, prospère avec 125O à 3000 mm de pluies et 2 à 5 mois sec
avec toutefois des brouillards fréquents. Veut des sols profonds, indifférent quant à leur
nature. Assez fréquemment introduit en Afrique.

9.2.3. Les bambous – (Poacées)

Trois bambous en Afrique :

 Oxytebanthera abyssinica Munro, des savanes sèches de l’Afrique, de 900 à 2000 m


d’altitude ;

 Arundinaria alpina K. Schul. Espèce des montagnes humides de l’Afrique au-delà


1800 m ;

 Bambusa vulgaris introduit d’Asie, parfois subspontané, dans les régions de base
altitude à pluviosité supérieure à 1000 mm.

D’utilisation innombrable en Asie y compris pour la pâte à papier, B. vulgaris est


utilisé à petite échelle en Afrique et pourrait être intéressant pour les plantations
papeteries. L’enracinement puissant et la faculté qu’ont les touffes déracinées à repartir en
font une espèce de choix pour le maintien des terres. Les conditions écologiques bien
tranchées qui leur sont nécessaires fixent le choix de l’espèce Bambusa vulgaris craint les
sols argileux, compacts et salins tandis que Oxytebanthera abyssinica supporte une longue
saison sèche et s’accommode de sols superficiels et ferrugineux ou volcaniques.

9.2.4. Cassia Lam. (Cesalpiniacées)

Actuellement denommée Senna ce genre comprend d’autres espèces introduites : C.


fistula, C. javanica, C. nodosa, C. spectabilis. Seul S. siamea à des applications forestieres
dans la production de bois de feu, de perche et l’établissement de brise-vent. Essence de
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basse altitude avec 1200 à 1600 mm de pluie et 4 à 6 mois secs, il se reproduit facilement
par semences moyennant une scarification préalable.

9.2.5. Eucalyptus (Myrtacées)

Originaire d’Australie et des îles de archipels voisins du Pacifique, le genre Eucalyptus


comporte des centaines d’espèces adaptées à des climats divers. Elles ont fourni de
nombreuses essences de plantation, seuls les climats équatoriaux constamment chaudes et
humides leur sont interdits. En Afrique, de belles reussites ont été enregistrées en region
subéquatoriale. En région équatoriale, les travaux d’introductions sont en cours. Les
productions atteignent couramment 15 m3 / ha / an et en bonnes conditions depassent ce
chiffre.

Superficies plantées en 1963

Afrique du Sud 136.000 ha Angola 27.000 ha

Madagascar 150.000 ha RD Congo 25.000 ha

Burundi 26.000 ha Rhodésie 20.000 ha

Rwanda 18.000 ha Kenya 9.500 ha

Certaines espèces sont particulièrement plastiques pouvant donner hors de leur aire des
productions supérieures à celles de leur pays d’origine. Comme les hybridations sont
fréquentes, on enregistre parfois des croisements particulièrement brillants (hétérosis) ; la
consanguinité par contre produit des sujets nains improprement dits « vireux ».

La systématique est excessivement complexe, la même espèce a souvent été appelée sous
des noms différents, des espèces voisines ont parfois été confondues, l’hybridation facile a
encore compliqué la question.

Il decoule de cela que :

 Le choix de l’espèce et de l’origine est de la plus haue importance, il doit s’effectuer


sur un très large éventail ;

 Les programmes d’envergure doivent comprendre une phase préliminaire pour


l’execution d’essais pousses, dotés de moyens généreux ;

 Il est nécessaire de prendre toutes les précautions pour n’utiliser que des semences
de qualité isolement des semenciers, contrôle de populations, vergers à graines avec
reproduction asexuée, etc.
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La systématique n’est pas à la portée des non-spécialistes et la détermination ne peut être


tentée que par des laboratoires sur échantillons complets comportant rameaux,
inflorescences, boutons floraux, fleurs à l’anthèse, fruits, feuilles adultes, jeunes semis,
avec les premières feuilles et aussi un échantillon d’écorce adulte. Le tout doit être
complété par des renseignements sur le port, les dimensions, l’écorce, l’habitat. On compte
dès lors de nombreuses espèces dont notamment :

a) En régions sèches :

 Eucalyptus alba Reinv ;

 E. camaldulensis Dehn, avec les sous-espèces E. tereticonis, E. umbellata, E. rudis.


La seconde sous-espèce a été préférée en RD Congo ;

 E. citridora Hook (planté avec succès au Nigeria, Rwanda et au Katanga) ;

 E. smith, E. globulus, etc. testées avec succes dans le Kivu.

b) En climats humides tropicaux et subtropicaux : E. camaldulensis, E. degulpa Blume,


E. grandis Maiden, E. maculata Hook, E. robusta Sm, E. saligna, E. urophylla.

Autres espèces

 Gmelina arborea Roxb (Verbenacées)

 Neem : Azadirachta indica A. Juss (Méliacées)

 Pins – Pinus spp (Pinacées) : les principales espèces tropicales utilisées en


reboisement sont : P. caribea, P. hondurensis, P. patula, P. radiata, P. elliotti…

 Teck : Tectonia grandis L. I. (Verbenacées)

 Rônier : Borassus aethiopium Mart (Palmacées)

 Legumineuses arbustives à usages multiples tels : Leucaena leucocephala,


Calliandra callothyrsus, Gliricidia sepium, Acacia auriculiformis, Albizzia lebbeck,
etc.

 Autres espèces forestières à grande valeur marchande tels : Afromosia elata,


Entandrophragma spp, Chlorophora excelsa, Gossweilerodendron balsamiferum,
etc.
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Bibliographie sommaire

Assuli N. 2000. Déboisement et problématique du reboisement. Communication.


In : Forum national sur la politique forestière : Pour un
développement
harmonieux et durable du secteur forestier. Kinshasa, 22-25 mai 2000.

Boudru M. 1992. Forêt et sylviculture : boisements et reboisements artificiels.


Presses Agronomiques de Gembloux, Gembloux. 348 p.

De Vleminck I. 1973. Sylviculture. Notes des cours, I.S.E.A. Bengamisa. 114 p. + annexes.

Lambprechet H. 1989. Sylviculture in the tropics : Tropical forest ecosystems and their
tree species – Possibilites and Methods for their long-term
utilization. Deutsche Gezellschaft für Technische.

Ministère de la Cooperation et du Développement 1981. Mémento du Forestier, 2ème Ed.,


Techniques rurales en Afrique. République Française.

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