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CH I.

Généralités Dali et Tertag

Chapitre I
Généralités

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CH I. Généralités Dali et Tertag

Introduction 
Une eau est dite potable si elle peut être consommée sans danger pour la santé. C’est-à-dire, si
ses caractéristiques sont conformes aux normes en vigueur (paramètres organoleptiques,
paramètres physico-chimiques, substances indésirables ou toxiques, paramètres
microbiologiques). L’eau doit être propre à la consommation humaine ; c’est une obligation
pour assurer l’agrément du consommateur, une meilleure santé publique et une longue durée
de vie du réseau de distribution.

Dans ce chapitre, nous allons aborder les principaux paramètres qui définissent la qualité
d’une eau, les normes de potabilité de l’eau, l’origine et les caractéristiques des eaux de
surface et enfin, un bref rappel des principaux procédés de traitement de l’eau potable.

I.1 paramètres de qualité des eaux


On distingue cinq catégories de paramètres que l’eau doit respecter : les paramètres
organoleptiques, les paramètres physico-chimiques, microbiologiques et ceux des substances
toxiques et indésirables. Ils sont résumés et définis dans le tableau 1.
Pour plus de compréhension, nous avons retenus les figures 1 et 2 qui représentent
respectivement l’échelle logarithmique du pH et Titres alcalimétriques TA, TAC, TAOH.
Le pH est une mesure de l’acidité ou de la basicité d’une solution. Cette mesure est
représentée sur une échelle allant de 0 à 14 (figure 1), ou un pH inferieure à 7 indique que
l’eau est acide alors qu’un pH supérieur indique qu’il s’agit d’une eau alcaline et un pH égal à
7 indique qu’elle est neutre. Une baisse du pH favorise le caractère agressif de l’eau et son
élévation favorise son caractère incrustant.

Figure 1 : Échelle logarithmique du pH.

La figure2 montre la mesure de la quantité d’acide nécessaire pour atteindre un certain


niveau de pH dans l’eau, et elle permet d’évaluer la capacité de l’eau à neutraliser les acides
et à maintenir un pH stable. Elle inclut également les mesures du titre alcalimétrique
d’hydroxyde (TAC) et le titre alcalimétrique d’hydroxyde (TAOH) pour évaluer la teneur en
ions carbonate, bicarbonates et hydroxydes de l’eau.

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Tableau 1 : Paramètres de qualité de l’eau potable


Groupes de Définition
Paramètres
paramètres
La couleur de l'eau peut être causée par des substances
minérales ou organiques dissoutes. Une eau potable idéale est
La couleur
claire et incolore, tout changement de couleur peut indiquer un
problème de qualité.
La turbidité mesure la quantité de matière solide en suspension
dans un liquide, comme de l'eau. Plus la turbidité est élevée,
organoleptiques La turbidité
plus l'eau est trouble, ce qui peut avoir des implications pour la
qualité de l'eau potable et la vie aquatique.
Les odeurs dans l'eau de surface sont causées principalement
par la dégradation de composés azotés ou soufrés, avec
Odeur et saveur
l'hydrogène sulfuré (H2S) comme molécule responsable de
l'odeur, et indicateur de d'activité microbienne.
Bactéries, virus, Les microorganismes diffusent dans l’eau par l’intermédiaire de
champignons, algues souillures fécales humaines et animales.
microbiologiques
et protozoaires

Arsenic, cyanure, Ils affectent la qualité de l’eau, ils sont soumis à des normes
substances Chrome, nickel, très sévères à cause de leur toxicité. Leur teneur tolérée est de
toxiques hydrocarbures l’ordre du millionième du gramme.
matières organiques
C’est un paramètre physique qui influence la multiplication
microbienne, la température des eaux superficielles est
généralement influencée par leur origine et par la température
de l’air.
La température

Il est Important pour l’équilibre calo- carbonique, et définit


l'agressivité ou caractère incrustant d'une eau et aussi important
physiques Le potentiel dans traitement de l'eau, au cours de l'étape de
hydrogène (pH) coagulation/floculation ainsi que pour la désinfection par le
chlore.

La conductivité électrique est une mesure de la capacité de l'eau


à conduire un courant électrique. La mesure de la conductivité
La conductivité
permet d'apprécier rapidement la minéralisation de l'eau et d'en
électrique
suivre l'évolution.

C’est la somme entre la dureté carbonatée et non carbonatée


elle correspond à la quantité de calcium et de magnésium
dissous dans l'eau Plus cette quantité est faible, plus l'eau est
La dureté TH
dite "douce" et inversement, elle provoque également
l'entartage des canalisations
chimiques
Le TA et le TAC sont des mesures qui permettent de
Le titre
déterminer les quantités d'hydroxydes, de carbonates et
Alcalimétrique
d'hydrogénocarbonates dans une solution. Dans les eaux très
Complet
polluées, le TAC peut également inclure des acides organiques.

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.
Figure 2 : Titres alcalimétriques TA, TAC, TAOH.

I.2. Normes de potabilité


Les normes qui définissent une eau potable sont variables suivant la législation en vigueur.
Elles peuvent être modifiées à tout moment en fonction des progrès réalisés. Tous les pays du
monde ne suivent pas les mêmes normes. Certains édictent leurs propres normes d’autres
adoptent celles de l’organisation mondiale de santé. En Algérie, le secteur de l’eau fait l’objet
d’une attention particulière de la part des pouvoirs public.
Pour pouvoir comparer les normes algériennes de potabilité de l’eau à celles de l’OMS, nous
avons établis le tableau 3.
En observant le tableau comparatif effectué, on peut voir que la plupart des normes pour
différents matières et paramètres de l’OMS et celles algériennes sont presque toutes
identiques à part pour quelques matières on en cite le bore, le chlorure et le manganèse. Dans
ce cas, on pourra dire que les normes de qualité fixées par la règlementation algérienne sont
majoritairement calées sur les normes internationales de l’OMS hormis quelques différences.

I.3. Les eaux de surface – Origine et Caractéristiques 

I.3.1. Origines des eaux de surface


Les eaux de surfaces sont des eaux qui se trouvent à la surface de la planète. Ces eaux sont en
contact direct avec l’atmosphère, s’accumulant sur le sol ou dans un cours d'eau, dans le lit
d'une rivière, d'un lac, d'une zone humide, d'une mer ou d'un océan. Elles peuvent survenir de
manière rapide, comme dans le cas de ruisseaux, rivières et fleuves, ou plus lentement s'il
s'agit de lacs, de plans d'eau, de réservoirs, de lagunes, de zones humides, d'estuaires, d'océans
et de mers.
Elles sont naturellement alimentées par les précipitations et naturellement perdue par
l'évaporation et l'infiltration souterraine dans le sol. Les précipitations sont le principal apport
pour les eaux de surface.
Le tableau 4 résume les principaux types d’eau de surface.

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Tableau 3 : Normes de potabilité de l’eau Algériennes et de l’OMS


Substances Unités Normes OMS Normes algériennes
Aluminium mg/l 0,2 0,2
Ammonium mg/l Pas de contraintes 0,5
Antimoine mg/l 0,02 0 ,02
Arsenic mg/l 0,01 0 ,01
Baryum mg/l 0,7 0,7
-Eaux conventionnelles : 1
Bore mg/l 0,5 - Eaux dessalées ou
déminéralisées : 1,3
Pas de valeur mais on peut noter un
Chlorure mg/l 500
gout à partir de 250 mg/l
calcium mg/l / 200
Couleur mg/lplatine Pas de valeur guide 15
Cuivre mg/l 2 2
Cyanure mg/l 0,07 0,07
Fer mg/l Pas de valeur guide 0,3
Oxygène
O2 (%) Pas de valeurs guide Pas de valeur guide
dissous
Manganèse mg/l 0,4 0,05
Mercure mg/l Inorganique : 0 ,006 mg/l 0,006
Nickel mg/l 0,07 0,07
50 et 3 mg/l (exposition à court
Nitrate et 50 (nitrites)
mg/l terme)
nitrites 0,2(nitrates)
0,2 mg/l (exposition a long terme)
Oxygène
O2 (%) Pas de valeurs guide Pas de valeur guide
dissous
Plomb mg/l 0,01 0,01
Potassium mg/l 250 12
Ions Pas de valeur guide mais un optimum
6,5-9
hydrogène pH entre 6,5 et 9,5
Turbidité NTU 5 5
Température C° 25 25
Sélénium mg/l 0,01 0,01
Sulfate mg/l 500 400
Source : Organisation mondiale de la santé 2006 et le journal officiel de la république algérienne 2014
Tableau 4 : Les types d’eau de surface.

Les types Définition

Les eaux Les eaux lotiques sont des plans d'eau qui coulent dans le même sens que les rivières. La
lotiques partie amont, située en zones montagneuses, est peu contaminée et riche en matières en
suspension. En revanche, la partie aval, souvent en zones urbaines, est fortement contaminée
par les eaux usées agricoles et industrielles, présentant une pollution organique et inorganique
ainsi qu'une contamination bactériologique élevée.

Les eaux C’est des eaux qui ont une décantation naturelle et qui appartiennent aux eaux stagnantes. Des
lentiques eaux continentales comme étangs, zone humides marécages et les lacs qui sont caractérisée
par une contamination bactériologique faible et la variabilité de l’indice de couleur et la
turbidité.

Les eaux Ce des eaux stockées dans un barrage construit par l'homme et proviennent des eaux de
artificielles surface. Le barrage modifie la nature de l'eau qui peut être influencée par la géologie du

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bassin versant et du fond de la retenue.

I.3.2. Caractéristiques générales des eaux de surface


Les eaux de surface se caractérisent par :

- Les variations saisonnières liées au climat et, à degré moindre, journalières des paramètres
physiques : température, turbidité coloration. Les concentrations en matières solides à l’état
colloïdal peuvent être importantes et les matières solides finement dissipées suite à des pluies
soudaines, des orages et des pollutions accidentelles ;

- La présence fréquente de matières organiques d’origines naturelles provenant de la


décomposition des organismes animaux et végétaux après leurs morts ;

- Le développement plus ou moins important de phytoplancton (algues) et zooplancton, dans


certaines conditions, d’une vie aquatique intense ;

- La fragilité de cette ressource qui est très vulnérable à la pollution d’origine urbaine,
industrielle et agricole. On y rencontre très souvent une micropollution minérale (métaux
lourds) ou organique (hydrocarbures, solvant, phénols, pesticides, herbicides, etc.) pouvant
avoir un caractère toxique et des substances azotées et phosphorées à l’origine des
phénomènes d’eutrophisation. Sur le plan bactériologique, les eaux sont contaminées plus ou
moins par des bactéries (dont certaines pathogènes) et des virus.
Le tableau 5 présente les différentes caractéristiques des eaux de surface.
Tableau I.5 : Caractéristiques des eaux de surface.
Les Caractéristiques Eaux de surface
Température Variable suivant saisons.
Turbidité, MES (varie ou Variable, parfois élevées.
colloïdale)
Couleur Liée surtout aux MES (argile, algue ...) sauf dans les eaux
très douce ou acide (acide humique).
Minéralisation globale Variables en fonction des terrains, des rejets des
précipitations.
Fer et manganèse divalents à Généralement absents sauf en profondeur des pièces d’eau
l’état dissous en état d’eutrophisation.
CO2 Agressif Généralement absent.
O2dissous Le plus souvent au voisinage de la saturation.
Absent dans le cas d’eaux très polluées.
H2S Généralement absent.
NH4+ Présent dans les eaux très polluées.
Nitrates Peu abondante général
Micropolluant minéraux et Présent dans les pays développés
organique
Éléments vivants Bactéries, virus, plancton (animal et végétal)
Solvants vivants Rarement présent
Caractère eutrophie Fréquent accentué par les températures élevées.
Source : Degrémont 2 -ème édition 1952.

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I.4. Historique du traitement de l’eau potable 


Vu la normalité qu’on a vis-à-vis de l’existence de l’eau potable dans nos robinets et la
simplicité de son accès, on a souvent tendance à oublier que la distribution a commencé par
des porteurs d’eau, puis à travers de simples puits. Avant d’arriver au robinet et aux procédés
actuels, la conquête de l’eau et son traitement ont été riches et complexes et la
compréhension de l’eau ne s’est jamais vraiment apaisée et elle n’a pas cessé de varier à
travers l’histoire.
Pour résumer l’évolution du traitement chronologiquement, on distingue plusieurs périodes :
Vers l’an 2000 avant J-C, les méthodes de traitement de l’eau étaient simplistes, peu
efficaces, mais bien là. Les gens à l’époque savaient que le chauffage de l’eau pouvait purifier
l’eau, et ils ont aussi été éduqués à la filtration sur sable et sur gravier, à l’ébullition et à la
filtration. La raison principale de la purification de l’eau était d’avoir un meilleur goût d’eau
potable. Comme ils savaient peu sur les micro-organismes ou les contaminants chimiques.
Près 1500 avant J-C, les Égyptiens ont découvert pour la première fois le principe de la
coagulation. Ils ont appliqué l’alun chimique pour la décantation des particules en suspension.
Et Hippocrate inventa le premier filtre à manches, appelé « manchon hippocratique ». Son but
était de piéger les sédiments qui causaient des mauvaises odeurs ou des goûts désagréables.
Au Moyen Âge, après la chute de l’Empire romain, de nombreux aqueducs ont été détruit,
Et d’autres ne furent plus utilisés. L’avenir du traitement de l’eau était incertain. Puis
l’histoire du traitement de l’eau s’est poursuivie lorsque Sir Francis Bacon a commencé à
expérimenter le dessalement de l’eau de mer au moyen d’une forme simple de filtration sur
sable.
Dans les années 1700, les premiers filtres à eau à usage domestique ont été appliqués. Ils
étaient faits de laine, d’éponge et de charbon de bois.
En 1800, la première station d’épuration municipale a été construite en Écosse. Le traitement
de l’eau était basé sur une filtration lente sur sable, Environ trois ans plus tard, les premières
conduites d’eau ont été installées. Mais il faudrait un peu plus de temps avant que l’accès à
l’eau potable soit effectivement mis en pratique dans la plupart des pays.
En 1854, on a découvert qu’une épidémie de choléra s’était propagée par l’eau. Le
scientifique britannique John Snow a appliqué du chlore pour purifier l’eau, ce qui a ouvert la
voie à la désinfection de l’eau. Cette découverte a conduit les gouvernements à commencer à
installer des filtres à eau municipaux (filtres à sable et chloration).
Dans les années 1890, le Dr Fuller a constaté que la filtration rapide sur sable fonctionnait
beaucoup mieux lorsqu’elle était précédée de techniques de coagulation et de sédimentation.
Entre-temps, des maladies d’origine hydrique comme le choléra et la typhoïde sont devenues
de moins en moins courantes à mesure que la chloration de l’eau gagnait du terrain partout
dans le monde.

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Mais les experts en eau ont commencé à chercher d’autres désinfectants pour l’eau. Après
avoir découvert les effets négatifs du chlore comme il était lié à l’aggravation et à la cause des
maladies respiratoires.
En 1902, l’hypochlorite de calcium et le chlorure ferrique ont été mélangés dans un système
d’approvisionnement en eau potable en Belgique, ce qui a entraîné la coagulation et la
désinfection.
En 1903, l’adoucissement de l’eau a été inventé comme technique de dessalement de l’eau.
Les cations ont été retirés de l’eau en les échangeant par du sodium ou d’autres cations, dans
échangeurs d’ions.
En 1906, l’ozone a été utilisé pour la première fois comme désinfectant De plus, les citoyens
ont commencé à installer des filtres d’eau domestique et des filtres de douche pour prévenir
les effets négatifs du chlore dans l’eau.
À partir de 1914, des normes d’eau potable ont été mises en place pour l’approvisionnement
en eau potable. Il faudra attendre les années 1940 pour que les normes sur l’eau potable
s’appliquent à l’eau potable municipale.
À partir de 1970, les préoccupations de santé publique sont passées des maladies d’origine
hydrique causées par des micro-organismes pathogènes à la pollution anthropique de l’eau
comme les résidus de pesticides, les boues industrielles et les produits chimiques organiques.
Dans les années 1980, le développement de membranes pour l’osmose inverse a été ajouté à
la liste. Les évaluations des risques ont été rendues possibles après 1990.
Aujourd’hui, l’expérimentation en matière de traitement de l’eau se concentre
principalement sur les sous-produits de désinfection. La formation de trihalométhane (THM)
à partir de la désinfection au chlore en est un exemple.
I.5. Conclusion 
En entament ce chapitre, on a su relever les points importants concernant les eaux destinées à
la consommation, leurs caractéristiques et les principaux paramètres de qualité Les normes de
qualité exigées sont considérées comme des notions indispensables.
Dans le chapitre suivant, nous allons aborder le traitement conventionnel qui comprend
plusieurs étapes, chacune responsable d’un traitement spécifique d’un paramètre spécifique.
Ces traitements jouent un rôle important dans la réduction et l’élimination des différents
polluants des eaux de surfaces.

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