Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Module d’hydraulique
PARTIE II : ECOULEMENTS A SURFACE
LIBRE
Filière Ingénieur
Génie Energétique
Deuxième année
I-Introduction 3
-2-
CHAPITRE III
Ecoulement uniforme
I- Introduction
Nous avons vu que les divers paramètres d’un écoulement uniforme se conservent
d’une section à l’autre. Pour qu’il en soit ainsi, il faut que la section elle même reste uniforme
et qu’elle soit dépourvue de toute singularité. Le mouvement reste uniforme grâce à
l’équilibre des forces de pesanteur et des forces de cisaillement sur les parois du canal. Le
moteur de l’écoulement est donc la pesanteur, par conséquent, l’écoulement uniforme ne peut
avoir lieu que dans un canal descendant.
- τ0 P dx + γ A dx sinθ = 0 (53)
Avec :
τ0 : Contrainte de cisaillement sur les parois solides
P : Périmètre mouillé le long duquel agit τ0
γ : Poids volumique du fluide
-3-
A : Aire de la section droite du canal uniforme
dx : longueur dans le sens de l’écoulement du domaine choisi
θ : Angle du fond avec l’horizontale.
Il a été établi en mécanique des fluides que la contrainte de cisaillement à la paroi est
proportionnelle au carré de la vitesse et s’écrit :
τ0 = c ρ V²/2 (54)
Elle est donnée aussi par :
τ0 = ρ g R I (54’)
Le coefficient de frottement c est lié au coefficient de pertes de charge λ par la relation
simple:
c = λ/4 (55)
On aura donc :
V² = (2g/c) RI
En posant : C² = 2g/c, il vient,
V = C √ RI (56)
C est appelé coefficient de Chézy, par référence à l'ingénieur qui est à l’origine de cette
relation. Le débit est obtenue par:
Q = CA √ RI (57)
Certains auteurs considèrent que C est un coefficient constant ce qui est inexact car C
varie dans des limites très étendues et dépend entre autres, du rayon hydraulique R de la pente
I et de la rugosité des parois du canal.
Pour les petits canaux de dimensions comparables aux conduites en charge on peut
appliquer la relation de Colebrook, ou utiliser le diagramme de Moody pour le calcul de C
puisque :
C² = 2g / c = 8g / λ (58)
λ = f(Re, ε/D), ε désigne la rugosité absolue des parois et D est le diamètre hydraulique de la
section. Dans cette optique, le coefficient de Chézy ne serait indépendant de la viscosité que
dans le cas d’un écoulement turbulent rugueux.
Les équations semi-empiriques, établies pour les écoulements en charge dans les
conduites souvent de forme circulaire et applicables aux petits canaux, sont basées sur des
travaux expérimentaux effectués entre 1930 et 1940. D’autre part des observations
systématiques sur les rivières et les grands canaux effectués depuis le milieu du 19ème siècle
ont conduit à des expressions diverses pour le coefficient C de Chézy. L’une de ces
expressions, la plus utilisée dans le monde, due à Manning Strickler et Glaucker s’écrit:
Où n est le coefficient de Strickler caractérisant la rugosité des parois (voir tableau 1).
-4-
Il existe une relation entre le coefficient de Strickler n et la rugosité ε :
n = α ε1/6 (61)
-5-
Exemple : Calculer le débit dans un canal revêtu de ciment lissé, de section rectangulaire
de largeur L = 2m, de profondeur d’eau y = l m, et de pente longitudinale I = 0.0004
Le tableau 1 donne n = 0.011, d’où C = (1/n) R1/6 = 81 MKS; R= A/P 2 / (2+1+1) = 0.5 m,
et Q = (1/n) A R2/3 I1/2 = 2.29 m3/s
En reprenant le même exemple précédant avec la formule de Bazin, le tableau 2 donne pour
un ciment lissé γ = 0.06, C = 80.2
Q = CA√ RI = 80.2 * 0.5 * 2 * 0.02 = 2.27 m3/s
-6-
c- Ganguillet:
(23 + (0.00155/I) + (1/n))
C= (65)
1 + (23 + (0.00155/I)) n/√R
Dans la suite du cours, nous utiliserons la formule de Manning Strickler. C’est la formule la
plus utilisée en pratique.
Lorsque le canal possède des rugosités différentes sur le fond et les parois (canal dont
seule une partie est revêtue par ex.), il est nécessaire de calculer une rugosité équivalente pour
toute la section. La surface mouillée est divisée en N parties ayant chacune un périmètre Pi,
un coefficient de rugosité ni.
Haton et Einstein supposent que chaque partie de la surface mouillée à une vitesse
égale à la vitesse moyenne ce qui conduit à la relation :
Pavlovski a écrit que la somme des composantes des forces de cisaillement sur chaque
partie de la section mouillée est égale à la force de cisaillement totale et a montré ainsi que:
Un exemple typique de section composée est donné par les rivières ayant un lit mineur
(étiage) et un lit majeur (crue). Les rugosités des parois seront différentes que celle du canal
principal (en général le lit majeur est plus rugueux).
En général, on écrit que le débit total est la somme des débits calculés par Manning
pour chaque composante du canal. Ainsi dans le canal de la figure suivante :
Q = ((A1 / n1) R12/3 + (A2 / n2) R22/3 + (A3 / n3) R32/3) I1/2 (69)
-7-
Figure 29: Section composée
Q = 1 / n R2/3 A I1/2
La débitance d’un canal est définie par :
-8-
III- Ecoulement uniforme dans les canaux couverts
Les conduites circulaires sont très largement utilisées pour l’évacuation des eaux de
pluies et des eaux usées ainsi que pour le drainage. Elles sont conçues de manière à conduire
un débit maximum sans être entièrement pleines durant un orage de période de retour
spécifiée.
Les conditions d’écoulement à surface libre sont donc vérifiées. Cependant des orages
plus intenses peuvent mettre la conduite sous pression (perte de charge est supérieure à la
pente de la conduite). Les conduites de drainage, d’autre part, transportent en général de très
faibles débits et le critère de design dans ce cas est que la vitesse moyenne doit être
supérieure à la vitesse d’auto-curage qui est de 0.61 m/s pour que les sédiments ne s’y
déposent pas en permanence.
Nous avons déjà mentionné que pour ce genre de conduites circulaires de petite taille,
nous pouvons utiliser les formules vues et appliquées pour les écoulements en charge.
z = r – y = D/2 – y
θ = Arccos (z/r)
A = r² (θ – (sin2θ) / 2)
P=2rθ
R=A/P
Q=VA
ε 1.255ν
V = -√ 32gRI log + (72)
14.8 R R √32gRI
Contrairement aux canaux non couverts et évasés vers le haut, où le débit est une
fonction strictement croissante de la profondeur, les canaux couverts présentent un maximum
de débit ou de vitesse pour une profondeur d’eau inférieure à celle de la section entièrement
pleine. Nous nous proposons de chercher pour le profil circulaire à titre d’exemple les
profondeurs correspondantes respectivement au maximum de débit et au maximum de vitesse
moyenne. Pour la vitesse moyenne nous partons de la relation de Manning :
-9-
De la même manière, pour évaluer la profondeur correspondant au maximum de débit, nous
partons de :
Q = (1/n) A R2/3 I1/2 = (1/n) A5/3 P-2/3 I1/2
Ce qui correspond à :
y = 1.88 r (Qmax) (74)
- 10 -
de connaître au moins une deuxième relation, liant par exemple la largeur et la profondeur
pour lever l’indétermination. Cette relation est celle qui permet de choisir la section optimale.
Par exemple, dans le cas de parois revêtues (non érodibles), le concepteur cherche à
minimiser le coût de construction en concevant « la section la plus économique ». Par contre,
dans le cas de canaux non revêtus, il peut exister une contrainte sur la vitesse moyenne de
l’écoulement pour éviter l’érosion des parois par exemple. On peut utiliser également dans le
cas d’un canal non revêtu creusé dans le terrain naturel (argile, sable, etc.), la notion de « la
force tractrice critique » du matériau constituant le lit et les berges, en écrivant que la force de
cisaillement sur les parois n’excède pas cette valeur critique.
A=Q/V
Pour ce problème, les données sont Q, n et I et le problème revient donc, pour une
surface mouillée fixée, chercher quel est le périmètre mouillé minimal qui permet d’évacuer
le débit fixé. Ce qui se résume en la relation simple :
dP/dy = 0
La forme circulaire répondrait géométriquement à cette condition, le cercle étant,
comme on sait, de toutes les surfaces d’aire donnée, celle dont le périmètre mouillé est
minimal. La surface libre coïnciderait dans ce cas avec le diamètre horizontal et le rayon
hydraulique d’une telle section est donné par :
a- Section trapézoïdale
Pour cette forme de section, qui est la plus utilisée en pratique, nous avons
(figure 32) :
A= (B + my) y et P = B + 2y √ m 2 + 1 (77)
- 11 -
Figure 32: Section trapézoïdale optimale
B = A/y – my
P = A/y - my + 2y √(m 2 + 1)
dP/dy = - (A/y²) – m + 2√(m 2 + 1) = 0
y dP/dy = - (B + my) – my + 2y √(m 2 + 1) = 0
b- Section rectangulaire
τ0 = ρ g R I (80)
c- Critère de la force tractrice critique
F = τ0 P L (81)
- 12 -
La contrainte de cisaillement n’est cependant pas uniformément distribuée sur les
parois. La figure 33 montre une distribution typique de cette contrainte le long des parois
d’un canal de section droite trapézoïdale pour laquelle nous avons :
α étant l’angle d’inclinaison des berges par rapport à l’horizontale, et φ est l’angle du
talus naturel du matériau constituant les berges.
Pour assurer la stabilité des berges et du fond, on doit donc avoir simultanément :
- 13 -
d- Critère de la vitesse limite
- 14 -
b- Facteur de correction pour des profondeurs d’eau h ≠ 1m
Profondeur moyenne 0.3 0.5 0.75 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0
(m)
Facteur de correction 0.8 0.9 0.95 1.0 1.1 1.1 1.2 1.2
ΔH = K V² / 2g (88)
- 15 -