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UNIVERSITE HASSAN II DE CASABLANCA

FACULTE DES SCIENCES ET TECHNIQUES DE MOHAMMEDIA


DEPARTEMENT DE PHYSIQUE

Module d’hydraulique
PARTIE II : ECOULEMENTS A SURFACE
LIBRE

CHAPITRE III : ECOULEMENT UNIFORME

Filière Ingénieur
Génie Energétique

Deuxième année

Pr. Laila STOUR

A.U : 2022 – 2023


-1-
SOMMAIRE
Partie II : Ecoulements à surface libre
CHAPITRE III : ECOULEMENT UNIFORME

I-Introduction 3

II- Formules de régime uniforme 3

II-1- Formule de CHEZY 3


II-2- Formule de Manning Strickler 4
II-3- Autres Formules 6
II-4- Régime uniforme dans un canal de parois non homogènes 7
II-5- Section composée 7
II-6- Profondeur normale – Débitance 8

III- Ecoulement uniforme dans les canaux couverts 9

III-1- Propriétés géométriques – Equations de l’écoulement 9


III-2- Section de débit maximum, section de vitesse maximale 9

IV- Conception des canaux 10

IV-1- Parois revêtus – Section économique 11


IV-1- Parois non revêtus 12

a- Critère de la force tractrice critique 12


b- Critère de la vitesse limite 14

V- Pertes de charge dans les canaux 15

-2-
CHAPITRE III
Ecoulement uniforme

I- Introduction
Nous avons vu que les divers paramètres d’un écoulement uniforme se conservent
d’une section à l’autre. Pour qu’il en soit ainsi, il faut que la section elle même reste uniforme
et qu’elle soit dépourvue de toute singularité. Le mouvement reste uniforme grâce à
l’équilibre des forces de pesanteur et des forces de cisaillement sur les parois du canal. Le
moteur de l’écoulement est donc la pesanteur, par conséquent, l’écoulement uniforme ne peut
avoir lieu que dans un canal descendant.

II- Formules de régime uniforme


Les formules que nous établirons, expriment une relation entre la vitesse moyenne V,
le rayon hydraulique R, la pente du canal I et un facteur caractérisant la rugosité des parois.

II-1- Formule de CHEZY

Pour un écoulement uniforme, on applique le théorème des quantités de mouvement


sur un domaine fluide limité par deux sections droites S1 et S2. La résultante des forces de
pression est nulle dans le domaine considéré, et par définition du régime uniforme, les forces
d’inertie sont nulles également, seules subsistent donc les forces de pesanteur (motrices) et les
forces de frottement (retardatrices).

Figure 28 : Régime uniforme en canal de pente I

L’équation d’équilibre de ces forces dans le domaine considéré s’écrit donc :

- τ0 P dx + γ A dx sinθ = 0 (53)
Avec :
τ0 : Contrainte de cisaillement sur les parois solides
P : Périmètre mouillé le long duquel agit τ0
γ : Poids volumique du fluide

-3-
A : Aire de la section droite du canal uniforme
dx : longueur dans le sens de l’écoulement du domaine choisi
θ : Angle du fond avec l’horizontale.

Il a été établi en mécanique des fluides que la contrainte de cisaillement à la paroi est
proportionnelle au carré de la vitesse et s’écrit :

τ0 = c ρ V²/2 (54)
Elle est donnée aussi par :
τ0 = ρ g R I (54’)
Le coefficient de frottement c est lié au coefficient de pertes de charge λ par la relation
simple:
c = λ/4 (55)
On aura donc :
V² = (2g/c) RI
En posant : C² = 2g/c, il vient,
V = C √ RI (56)
C est appelé coefficient de Chézy, par référence à l'ingénieur qui est à l’origine de cette
relation. Le débit est obtenue par:
Q = CA √ RI (57)
Certains auteurs considèrent que C est un coefficient constant ce qui est inexact car C
varie dans des limites très étendues et dépend entre autres, du rayon hydraulique R de la pente
I et de la rugosité des parois du canal.
Pour les petits canaux de dimensions comparables aux conduites en charge on peut
appliquer la relation de Colebrook, ou utiliser le diagramme de Moody pour le calcul de C
puisque :
C² = 2g / c = 8g / λ (58)

λ = f(Re, ε/D), ε désigne la rugosité absolue des parois et D est le diamètre hydraulique de la
section. Dans cette optique, le coefficient de Chézy ne serait indépendant de la viscosité que
dans le cas d’un écoulement turbulent rugueux.

II-2- Formule de Manning Strickler

Les équations semi-empiriques, établies pour les écoulements en charge dans les
conduites souvent de forme circulaire et applicables aux petits canaux, sont basées sur des
travaux expérimentaux effectués entre 1930 et 1940. D’autre part des observations
systématiques sur les rivières et les grands canaux effectués depuis le milieu du 19ème siècle
ont conduit à des expressions diverses pour le coefficient C de Chézy. L’une de ces
expressions, la plus utilisée dans le monde, due à Manning Strickler et Glaucker s’écrit:

C = (1/n) R1/6 (59)


Qui donne donc :
V = (1/n) R2/3 I1/2 (60)

Où n est le coefficient de Strickler caractérisant la rugosité des parois (voir tableau 1).

-4-
Il existe une relation entre le coefficient de Strickler n et la rugosité ε :
n = α ε1/6 (61)

Si l’on remplace ε par un diamètre représentatif de la taille des grains du matériau


constituant les parois du canal ou des sédiments du cours d’eau (en général, on utilise le
diamètre D90 de la courbe granulométrique) on trouve expérimentalement la relation :

n = 0.034 D901/6 (62)


Outre la rugosité caractérisée par D90 qui influence fortement n, la végétation
saisonnière, l’irrégularité du canal, sa sinuosité, l’obstruction du canal (ex : Piles de pont), les
dimensions et le profil du canal ainsi que son débit (crue et étiage) peuvent influencer
également n. On peut utiliser à titre d’exemples les valeurs du tableau 1.

Tableau 1 : Valeurs du coefficient n de Manning Strickler


Etat des parois
Nature des surfaces
Parfait Bon Assez bon Mauvais
Canaux artificiels
Ciment lissé 0,010 0,011 0,012 0,013
Mortier de ciment 0,011 0,012 0,013* 0,015
Aqueducs en bois raboté 0,010 0,012* 0,013 0,014
Aqueducs en bois non raboté 0,011 0,013* 0,014- 0,015"
Canaux revêtus de béton 0,012 0,014* 0,016 0,018
Moellons bruts assemblés au ciment 0,017 0,020 0,025 0,030
Pierres sèches 0,025 0,030 0,033 0,035
Moellons dressés 0,013 0,014 0,015 0,017
Aqueducs métalliques à section demi-circulaire, lisses 0,011 0,012 0,013 0,015
Aqueducs métalliques en tôle plissée, section demi-Circulaire 0,0225 0,025 0,0275 0,030
Canaux et fossés en terre, droits et uniformes 0,017 0,020 0,0225* 0,025
Canaux et fossés avec pierres, lisses et uniformes 0,025 0,030 0,033* 0,035
Canaux et fossés avec pierres, rugueux et irréguliers 0,035 0,040 0,045
Canaux en terre à larges méandres 0,0225 0,025* 0,0275 0,030
Canaux en terre dragués 0,025 0,0275* 0,030 0,033
Canaux avec lits de pierres rugueuses, herbes sur les rives de terre 0,025 0,030 0,035* 0,040
Canaux à fond en terre, côtés avec pierres 0,028 0,030* 0,033* 0,035
Canaux naturels
1- Propres, rives en ligne droite, l’eau au niveau le plus haut, sans
0,025 0,0275 0,030 0,033
gué ou étang profond
2- Le même que (1) mais avec quelques herbes et pierres 0,030 0,033 0,035 0,040
3- avec méandres, avec quelques étang et endroits peu profonds
0,035 0,040 0,045 0,050
propres
4-le même que (3), l’eau à l’étiage, pente et sections plus faibles 0,040 0,045 0,050 0,055
5-le même que (3), avec quelques herbes et pierres 0,033 0,035 0,040 0,040
6- Le même que (4), avec pierres 0,045 0,050 0,055 0,060
7- Zones à eau coulant lentement, avec herbes ou étang
0,050 0,060 0,070 0,080
très profonds
8- Zones avec beaucoup de mauvaises herbes 0,075 0,100 0,125 0,150
* Valeurs utilisées généralement dans les projets.

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Exemple : Calculer le débit dans un canal revêtu de ciment lissé, de section rectangulaire
de largeur L = 2m, de profondeur d’eau y = l m, et de pente longitudinale I = 0.0004
Le tableau 1 donne n = 0.011, d’où C = (1/n) R1/6 = 81 MKS; R= A/P 2 / (2+1+1) = 0.5 m,
et Q = (1/n) A R2/3 I1/2 = 2.29 m3/s

II-3- Autres Formules

a- Bazin : C = (87 √R) / (γ + √R) (63)


Tableau 2: Valeurs du coefficient γ du bazin
Caractéristiques Valeur de γ
Canaux en béton bien lissé, canaux en bois raboté, avec la plus grande dimension des
planches selon la direction du courant, parois métalliques sans rouille et 0.06
décrochements dans les joints (Le plan du canal doit être constitué par des tronçons
longs raccordés par des courbes à grand rayon)
Canaux en béton, revêtus, mais non complètement lissés avec des décrochements peu
importants dans les joints. Canaux en bois raboté avec des joints irréguliers. Canaux 0.16
métalliques soudés, mais sans décrochements dans les joints. Canaux en maçonnerie
régulière de pierre de taille.
Canaux en béton, partiellement revêtus, avec des joints saillants, ou coule de l’eau peu 0.46
claire avec végétation et mousse. Canaux revêtus en pierres sèches.
Canaux en terre, bien réguliers, éventuellement revêtus en pierres, sans végétation et
courbes amples. Canaux en maçonnerie irrégulière, avec le fond lisse par suite de dépôt 0.85
de la vase
Canaux en terre de section régulière, végétation peu haute sur le fond, végétation courte
sur les berges. Cours d’eau naturels d’allure régulière, sans végétation ni grand dépôt 1.30
sur le fond.
Canaux en terre mal entretenus, avec de la végétation sur le fond et les berges. Canaux 1.75
en terre, exécutés par des excavateurs mécaniques, mal entretenus.

En reprenant le même exemple précédant avec la formule de Bazin, le tableau 2 donne pour
un ciment lissé γ = 0.06, C = 80.2
Q = CA√ RI = 80.2 * 0.5 * 2 * 0.02 = 2.27 m3/s

b- Kutter: C = (100 √R) / (η + √R) (64)


η est un coefficient de rugosité donné par la tableau 3.
Toujours avec le même exemple η = 0.15 et C = 82.5, soit une valeur, 2.6 % plus forte que la
valeur donnée par Bazin.

Tableau 3 : Valeurs du coefficient η de kutter


Caractéristiques Valeurs de η
Parois en béton bien lissé, section demi-circulaire 0.12
Idem, section rectangulaire 0.15
Parois en bois raboté, section rectangulaire 0.20
Parois en bois non raboté, section trapézoïdale ou rectangulaire, maçonnerie très régulière 0.25
avec des pierres de taille
Parois en maçonnerie ordinaire, construction soigné 0.35
Parois en maçonnerie ayant déjà subi des réparations 0.45
Parois revêtus en pierres ordinaires 0.55
Parois en maçonnerie ordinaire, fond vaseux 0.75
Parois en maçonnerie, à l’abandon 1.00
Petits canaux creusés dans le rocher, canaux en terre bien réguliers, sans végétation 1.25 à 1.50
Canaux en terre, mal entretenus avec de la végétation, cours d’eau naturels avec lit en terre 1.75 à 2.00
Canaux en terre complètement à l’abandon; cours d’eau naturels avec lit en terre 2.50

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c- Ganguillet:
(23 + (0.00155/I) + (1/n))
C= (65)
1 + (23 + (0.00155/I)) n/√R

n a la même signification que pour Manning.


En reprenant toujours le même exemple, on trouve: C = 82.2, soit 2.5% de plus que la valeur
obtenue par Bazin et sensiblement la même valeur que celle obtenue par Kutter.

Dans la suite du cours, nous utiliserons la formule de Manning Strickler. C’est la formule la
plus utilisée en pratique.

II-4- Régime uniforme dans un canal de parois non homogènes

Lorsque le canal possède des rugosités différentes sur le fond et les parois (canal dont
seule une partie est revêtue par ex.), il est nécessaire de calculer une rugosité équivalente pour
toute la section. La surface mouillée est divisée en N parties ayant chacune un périmètre Pi,
un coefficient de rugosité ni.
Haton et Einstein supposent que chaque partie de la surface mouillée à une vitesse
égale à la vitesse moyenne ce qui conduit à la relation :

n = ((Σ Pi ni3/2) / P)2/3 (66)


Ou : P est le périmètre mouillée total = Σ Pi

Pavlovski a écrit que la somme des composantes des forces de cisaillement sur chaque
partie de la section mouillée est égale à la force de cisaillement totale et a montré ainsi que:

n = ((Σ Pi ni2) / P)1/2 (67)

Lotter a appliqué l’équation de Manning à chaque partie du périmètre mouillé de


rugosité ni, et a écrit que la somme des débits est égale au débit total de la section, d’où le
coefficient global n :
n = PR5/3 / Σ ((Pi Ri5/3) / ni) (68)

II-5- Section composée

Un exemple typique de section composée est donné par les rivières ayant un lit mineur
(étiage) et un lit majeur (crue). Les rugosités des parois seront différentes que celle du canal
principal (en général le lit majeur est plus rugueux).
En général, on écrit que le débit total est la somme des débits calculés par Manning
pour chaque composante du canal. Ainsi dans le canal de la figure suivante :

Q = ((A1 / n1) R12/3 + (A2 / n2) R22/3 + (A3 / n3) R32/3) I1/2 (69)

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Figure 29: Section composée

II-6- Profondeur normale – Débitance

En régime uniforme, la profondeur de l’écoulement est dite profondeur normale. Pour


une section transversale évasée vers le haut, l’équation du régime uniforme constitue une
relation entre le débit et la profondeur normale. En effet :

Q = 1 / n R2/3 A I1/2
La débitance d’un canal est définie par :

K = Q / I1/2 = (1/n) R2/3 A = f(y,n) (70)


Lorsque la nature des parois n est fixée, la débitance ne dépend que de la profondeur
de l’écoulement. La solution de l’équation précédente est la profondeur normale yn.
Pour un canal découvert, la profondeur normale pour un débit donné, croit en général
lorsque la pente diminue, et vice versa (voir courbe).
Pour un canal couvert, l’équation peut avoir deux solutions pour un débit donné, donc
deux profondeurs normales possibles yn1 et yn2.
Si dans une région donnée du canal le régime n’est plus uniforme pour le même débit
(présence d’un contrôle), alors la surface libre n’est plus parallèle au fond dans la section, la
profondeur y diffère de la profondeur normale yn. Dans une telle section la débitance est
définie en général par :
K = Q / J1/2 = (1/n) R2/3 A = f(y,n) (71)
J est la pente de la ligne d’énergie. Cette dernière définition de la débitance est d’ailleurs plus
générale que la première, puisque dans le cas du régime uniforme J = I = I'.

Figure 30 : Débitance d’un canal

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III- Ecoulement uniforme dans les canaux couverts
Les conduites circulaires sont très largement utilisées pour l’évacuation des eaux de
pluies et des eaux usées ainsi que pour le drainage. Elles sont conçues de manière à conduire
un débit maximum sans être entièrement pleines durant un orage de période de retour
spécifiée.
Les conditions d’écoulement à surface libre sont donc vérifiées. Cependant des orages
plus intenses peuvent mettre la conduite sous pression (perte de charge est supérieure à la
pente de la conduite). Les conduites de drainage, d’autre part, transportent en général de très
faibles débits et le critère de design dans ce cas est que la vitesse moyenne doit être
supérieure à la vitesse d’auto-curage qui est de 0.61 m/s pour que les sédiments ne s’y
déposent pas en permanence.

III-1- Propriétés géométriques – Equations de l’écoulement

Nous avons déjà mentionné que pour ce genre de conduites circulaires de petite taille,
nous pouvons utiliser les formules vues et appliquées pour les écoulements en charge.

z = r – y = D/2 – y
θ = Arccos (z/r)
A = r² (θ – (sin2θ) / 2)
P=2rθ
R=A/P
Q=VA
ε 1.255ν
V = -√ 32gRI log + (72)
14.8 R R √32gRI

Nous pouvons également utiliser les formules empiriques de l’écoulement uniforme


(Manning, Bazin, etc.).

III-2- Section de débit maximum, section de vitesse maximale

Contrairement aux canaux non couverts et évasés vers le haut, où le débit est une
fonction strictement croissante de la profondeur, les canaux couverts présentent un maximum
de débit ou de vitesse pour une profondeur d’eau inférieure à celle de la section entièrement
pleine. Nous nous proposons de chercher pour le profil circulaire à titre d’exemple les
profondeurs correspondantes respectivement au maximum de débit et au maximum de vitesse
moyenne. Pour la vitesse moyenne nous partons de la relation de Manning :

V = (1/n) R2/3 I1/2

La vitesse moyenne atteint son maximum si il existe, lorsque : dV/dy = 0 ou dR/dy = 0


Puisque n et I sont constants pour une section donnée.

Ce qui correspond à une profondeur d’eau :

y = 1.63 r (Vmax) (73)

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De la même manière, pour évaluer la profondeur correspondant au maximum de débit, nous
partons de :
Q = (1/n) A R2/3 I1/2 = (1/n) A5/3 P-2/3 I1/2

Le maximum de débit est obtenue pour : dQ/dy = 0

Ce qui correspond à :
y = 1.88 r (Qmax) (74)

La figure 30 nous donne les valeurs de δ’ et ε’ en fonction de y/D.

δ’ = Q/Qp et ε’ = V/Vp (75)

Figure 30 : Relations débit-profondeur et vitesse-profondeur pour


les sections circulaire et ovoïde

IV- Conception des canaux

Il s’agit de déterminer la section optimale à donner au canal pour évacuer un débit


donné. La pente du fond demeure souvent imposée par la topographie du terrain naturel dans
lequel le canal doit être creusé.
Pour déterminer la géométrie du canal, on utilise l’une des équations classiques du
régime uniforme (Chézy, Manning etc.), comme on peut, dans la limite des hypothèses
précédemment définies, utiliser la relation de Colebrook (Moody). Cependant il est nécessaire

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de connaître au moins une deuxième relation, liant par exemple la largeur et la profondeur
pour lever l’indétermination. Cette relation est celle qui permet de choisir la section optimale.
Par exemple, dans le cas de parois revêtues (non érodibles), le concepteur cherche à
minimiser le coût de construction en concevant « la section la plus économique ». Par contre,
dans le cas de canaux non revêtus, il peut exister une contrainte sur la vitesse moyenne de
l’écoulement pour éviter l’érosion des parois par exemple. On peut utiliser également dans le
cas d’un canal non revêtu creusé dans le terrain naturel (argile, sable, etc.), la notion de « la
force tractrice critique » du matériau constituant le lit et les berges, en écrivant que la force de
cisaillement sur les parois n’excède pas cette valeur critique.

IV-1- Parois revêtus – Section économique

Dans ce cas, le critère essentiel de dimensionnement de la section transversale est


l’économie réalisable sur le revêtement. Il s’agit donc de minimiser pour une surface
mouillée donnée le périmètre mouillé pour réduire la surface à revêtir. En outre, il peut y
avoir un critère de vitesse minimale à observer pour éviter le dépôt de sédiments sur le fond.
Partons donc de l’équation du régime uniforme, par exemple celle de Manning :

Q = (1/n) A R2/3 I1/2 = (1/n) A5/3 P-2/3 I1/2

A=Q/V

Pour ce problème, les données sont Q, n et I et le problème revient donc, pour une
surface mouillée fixée, chercher quel est le périmètre mouillé minimal qui permet d’évacuer
le débit fixé. Ce qui se résume en la relation simple :

dP/dy = 0
La forme circulaire répondrait géométriquement à cette condition, le cercle étant,
comme on sait, de toutes les surfaces d’aire donnée, celle dont le périmètre mouillé est
minimal. La surface libre coïnciderait dans ce cas avec le diamètre horizontal et le rayon
hydraulique d’une telle section est donné par :

R = y/2 = r/2 (76)

Figure 31 : Section optimale dans le cas d’un canal revêtu

a- Section trapézoïdale

Pour cette forme de section, qui est la plus utilisée en pratique, nous avons
(figure 32) :
A= (B + my) y et P = B + 2y √ m 2 + 1 (77)

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Figure 32: Section trapézoïdale optimale

Pour une surface mouillée A donné:

B = A/y – my
P = A/y - my + 2y √(m 2 + 1)
dP/dy = - (A/y²) – m + 2√(m 2 + 1) = 0
y dP/dy = - (B + my) – my + 2y √(m 2 + 1) = 0

B + 2my = 2y √(m 2 + 1) = L = BB’ (78)


La section trapézoïdale optimale est donc un trapèze isocèle, qui est circonscrit à
un demi-cercle centré au milieu de la surface libre.

b- Section rectangulaire

Une section rectangulaire est une forme particulière de la section trapézoïdale


avec m = 0, d’où:
B = 2y (79)
On retrouve donc toujours un rectangle circonscrit à un demi-cercle centré sur la
surface libre.

IV-1- Parois non revêtus

Deux types de démarches peuvent être utilisés pour le dimensionnement des


canaux artificiels à parois non revêtus. L’une se base sur la force tractrice qu’exerce l’eau
sur les parois et l’autre sur la vitesse maximale permise. Rappelons que la contrainte de
cisaillement moyenne exercée par l’eau sur les parois d’un canal est donnée par :

τ0 = ρ g R I (80)
c- Critère de la force tractrice critique

La force tractrice moyenne agissant le long du périmètre mouillée P sur une


longueur L est donnée pour un écoulement uniforme par :

F = τ0 P L (81)

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La contrainte de cisaillement n’est cependant pas uniformément distribuée sur les
parois. La figure 33 montre une distribution typique de cette contrainte le long des parois
d’un canal de section droite trapézoïdale pour laquelle nous avons :

τf = 0.96 ρ g y I max sur le fond (82)

τl = 0.76 ρ g y I max sur les berges (83)

Figure 34 : Distribution des contraintes de cisaillement


le long du périmètre mouillé
Si les conditions de l’écoulement sont telles que la contrainte de cisaillement
maximale peut être maintenue en deçà de la valeur critique qui causera le début
d’entrainement du matériau des parois, alors le canal sera stable.
Le matériau des berges du canal est soumis en plus à la force de gravité suivant la
pente des berges. Il a été montré que si τcf est la contrainte de cisaillement critique sur le
fond, la valeur critique sur les berges (normalement plus faible à cause de la gravité) τcl
est donnée par :

τcl = τcf √ 1 – (sin²α / sin²φ) (84)

α étant l’angle d’inclinaison des berges par rapport à l’horizontale, et φ est l’angle du
talus naturel du matériau constituant les berges.

Pour assurer la stabilité des berges et du fond, on doit donc avoir simultanément :

τf < τcf et τl < τcl (85)


En résumé, on a les données suivantes n, Q, I, et on veut déterminer y, pour cela, on
suivra la procédure suivante :
1. Choisir α (angle des berges) ≤ φ angle de frottement), pour calculer m = cotg α
2. Chercher τc dans les tables.
3. y1 = τcf / 0.96ρgI et y2 = τcb / 0.76 ρgI

y = min (y1 , y2)

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d- Critère de la vitesse limite

C’est un critère basé sur la vitesse, or on sait que la stabilité dépend de la


contrainte de cisaillement, donc de la profondeur aussi, cependant il est indiqué lors de la
conception des canaux de se reporter au tableau 4 pour le choix de l’angle du talus,
ensuite au tableau 5 pour le choix de la vitesse limite tolérée pour chaque type de parois.
Ce dernier tableau donne les vitesses maximales admises, pour des canaux de
faible pente et pour de profondeurs d’eau égales à 1m, des corrections de cette vitesse
limite suivant la profondeur et suivant le tracé en plan (sinuosité) sont également
proposées dans le même tableau.

Tableau 4 : Pente des berges m pour la stabilité des canaux


Nature des berges Pente
Roche dure, maçonnerie ordinaire, bton 0 à 1/4
Roche fissurée, maçonnerie sèche 1/2
Argile dure 1/1
Alluvions compactes 1/1
Gros cailloux 3/2
Terre ordinaire, sable gros 2/1
Terre remaniée, sable normal 2.5/1 à 3/1

Tableau 5 : Vitesse limite d’entrainement


a- Canaux retilignes avec une profondeur d’eau h = 1m
1- Matériaux non cohérents
Matériau Diamètre Vitesse moyenne m/s
Vase 0.05 0.20
Sable fin 0.25 0.30
Sable moyen 1.00 0.55
Sable gros 2.50 0.65
Gravier fin 5.00 0.80
Gravier moyen 10.00 1.00
Gravier gros 15.00 1.20
Cailloux fins 15.00 1.20
Cailloux moyens 25.00 1.40
Gros cailloux 40.00 1.80
Gros cailloux 75.00 2.40
Gros cailloux 100.00 2.70
Gros cailloux 150.00 3.50
Gros cailloux 200.00 3.90

2- Matériaux cohérents V en m/s


Nature du lit Très peu peu compacté Compacté Très compacté
compacté avec un avec un avec un indice
avec un indice de vide indice de vide de vide de 0.3
indice de vide de 1.2 à 0.6 de 0.6 à 0.3 à 0.2
de 2 à 1.2
Matériau cohérent du lit
- Argiles sableuses (% de 0.45 0.90 1.30 1.80
sable < 50 %)
- Sols avec beaucoup 0.40 0.85 1.25 1.70
d’argiles
- Argiles 0.35 0.80 1.20 1.65
- Argiles très fines 0.32 0.70 1.05 1.35

- 14 -
b- Facteur de correction pour des profondeurs d’eau h ≠ 1m

Profondeur moyenne 0.3 0.5 0.75 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0
(m)
Facteur de correction 0.8 0.9 0.95 1.0 1.1 1.1 1.2 1.2

c- Facteur de correction pour canaux avec des courbes

Sinuosité Rectiligne Peu sinueux Moyennement Très sinueux


sinueux
Facteur de 1.00 0.95 0.87 0.78
correction

En résumé, on a les données suivantes n, Q, I, et on veut dimensionner un canal (par


exemple de section trapézoidale), pour cela, on suivra la procédure suivante :

1. Choisir α (angle des berges) ≤ φ angle de frottement), pour calculer m = cotg α


2. V ≤ Vmax, et on calcule A = Q/V ;
3. V = 1/n . R2/3. I1/2 , et on calcule R;
4. P = A/R = B + 2y√(m² + 1), donc B = P – 2y √(m² + 1)
P.y – (2√(m² + 1) – m) y² - A = 0 y qu’on introduit dans 4 pour
calculer B.

V- Pertes de charge dans les canaux


Comme pour les écoulements en charge, les pertes de charge peuvent être dues
aux frottements sur les parois, à la turbulence et aux singularités.
Pour les pertes de charge linéaires, dans un écoulement uniforme de rayon
hydraulique R, de vitesse V, dans un canal de coefficient de rugosité n, nous avons vu que
le gradient d’énergie J (pente de la ligne de charge = pente par unité de longueur) est
égale à la pente I du fond.
Pour un écoulement varié, on admet que le gradient d’énergie J est égal à celui qui
serait produit par un écoulement uniforme de même profondeur et de même vitesse. Nous
avons donc :
dH/dx = - J = - n² V² / R4/3 (selon strickler) (86)
Pour le calcul pratique de la perte de charge linéaire dans un canal de coefficient
de rugosité n entre deux sections distants de L, de profondeurs Y1 etY2 et de vitesses V1 et
V2 respectivement, nous aurons :

H 21 = ((J1 + J2) /2) . L


Avec :
J1 = n² V1² / R14/3 et J2 = n² V2² / R24/3 (87)
A cause des singularités il y’a lieu aussi de tenir compte des pertes de charge
singulières qui s’expriment par :

ΔH = K V² / 2g (88)

K est fonction du type de la singularité.

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