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Né à la Grande Rivière du Nord, en Septembre 1758,

« Dessalines est généralement acclamé comme le fondateur


de l’indépendance haïtienne»1. Intrépide soldat de
Toussaint Louverture, il s’organisa secrètement afin de
reprendre le flambeau de la bataille quand ce dernier fut
arrêté par traitrise et embarqué sur Le Héros qui l’amena
en France. Nouveau chef, nouvelle politique ; l’idéologie
Dessalinienne à nos jours, divise la sphère intellectuelle
haïtienne.
Dessalines, leader controversé et incompris.
Ancien adjoint de Toussaint Louverture, Dessalines était convaincu qu’il n’obtiendrait la liberté
que par l’union de toutes les troupes. Il n’a jamais été qu’un despote-sanguinaire assoiffé de
pouvoir. Sa rencontre avec Pétion dans la nuit du 10 Octobre 1802, fut semble-t-il, l’une des
première actions s’inscrivant dans sa démarche de s’installer au pouvoir2. « Noirs et mulâtres sont
frères. Ils doivent s’unir contre ceux qui les persécutent, sinon ils sont perdus »3. Par ce discours,
Dessalines lors de cette rencontre, prouva son sens de la diplomatie, et sa conscience des diverses
races dont la nation libre qu’il bâtira sera un tout.

Illettré4 mais d’un génie militaire salué de ses frères d’armes 5, il s’assura à travers Pétion d’inviter
les affranchis à la table dès ses premiers moment au pouvoir, afin que l’indépendance qu’il
proclamera le 1er Janvier 1804 jouisse à tous. Au moyen de lois sur la propriété, dont l’arrêté du 2
janvier 1804, il empêchera les blancs d’occuper à nouveau le sommet de la pyramide social de la
jeune nation.

Son régime sévèrement et systématiquement comparé à de celui de Toussaint, lui confère dans
l’histoire un sombre rôle second, au point qu’il devient presqu’impossible de parler de lui sans citer
son ancien commandant Toussaint. Du temps de son service auprès de ce dernier, il fut décrit
comme l’un de ses plus intrépides soldats6. Toutefois s’il était un fidèle allié, il n’a jamais approuvé
certains aspects du projet Louverturien, dont le traité de paix signé par Toussaint après le combat
de la Crête-à-Pierrot.
Ce traité en effet, n’allait que dans un seul sens : celui de français. Leclerc ne le proposa à Toussaint
uniquement « parce que l’armée française avait subi des pertes considérables et que la fièvre jaune

1
Cet ouvrage de Carolyn Frick est parmi les nombreux à brosser un aspect sanguinaire du régime de Jean Jacques
Dessalines. Sa politique notamment y est définie comme « un pouvoir d’une cruauté notoire sur les cultivateurs
noirs (Frick, La Révolution de St Domingue vue d’en bas, p.384, notes 68).
2
Toussaint ayant été piégée par Brunet et déporté en France par Leclerc (Fombrun, Histoire d’Haïti : des origines à
nos jours, p.116).
3
Ibid, p.123.
4
Jacques Casimir dans Une autre vision de Jean-Jacques Dessalines, posait la place Dessalines, etant celui qui a
conduit à l’indépendance.
5
Pétion reconnu lors de la réunion du 10 Octobre 1802, la valeur de Dessalines. Idib, p.123.
6
Op. Cit. Carolyn Frick. p.355.
faisait des ravages dans ses rangs »7. Dessalines fera montre de la plus grande rationalité, en
continuant à servir dans les rangs de Toussaint malgré ses doutes8. Il travaillera subtilement à
gagner assez d’autorité et de responsabilités afin de cumuler les armes et munitions nécessaires à
son plan9. Il fut décrit par Pétion comme étant un homme audacieux10.
Assassiné au Pont-Rouge, le 17 Octobre 1806, la question du déterminisme est aujourd’hui très
sérieusement posée chez Dessalines. Au moins aussi violement que sont critiquées ses méthodes.
Toutefois, il ne tient de doutes que Dessalines n’aspirait qu’à l’indépendance11, quand Toussaint
de son côté se revendiquait gouverneur au compte de la France12. Il est même clair que le rêve de
Toussaint ne pouvait être que l’indépendance13. Aussi, ne devrait être sujet à aucune critique le fait
que Dessalines ait établi une « séparation contestable entre la forme et le contenu »14 du plan
Louverturien. La liberté comme contenu ne posant en rien problème, car le concept sonnant pareil
aux tympans des deux hommes, mais où cependant, « rester français » sera toute la forme que
Dessalines s’évertua à éradiquer.
Il fut le premier chef de l’état libre d’Haïti.

7
Fombrun, p.115
8
Ibid, p.121
9
Ibid, 123.
10
Ibid
11
Ibid.
12
Ibid, p.104
13
Ibid, p.104.
14
Le caractère adaptatif des théories de l’attachement, soutenu par Tessier Helene dans dans le dossier : Les
pratiques pour conter la violence : entre l’intervention, la prévention et la répression.
Références bibliographiques
1. FRICK E. Carolyn, La Révolution de St Domingue vue d’en bas, traduction de Voltaire
Frantz, Editions de l’Université d’Etat d’Haïti, 2017.

2. TESSIER Hélène, « Quand la raison du plus fort continue d’être la meilleure… De la


domination d’une théorie à la violence institutionnelle : L’usage abusif des théories de
l’attachement en protection de la jeunesse », dans Les pratique pour conter la violence :
entre l’intervention, la prévention et la répression, volume 19, numéro 1, automne 2006, p.
58–71.

3. DE CAUNA Jacques, « Dessalines esclaves de Toussaint? » dans Outre-mer : Revue


d’histoires, 2012, pp.319-322.

4. FOMBRUN Roy Odette, Histoire d’Haïti : des origines à nos jours, p.116.

5. CASIMIR Jacques, « Une autre vision de Jean-Jacques Desssalines » dans Parole en


archipel, Octobre 2013.

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