Vous êtes sur la page 1sur 45

Cours Traitement des eaux des procédés

Direction Générale des Etudes Technologiques


Institut Supérieur des Etudes Technologiques de Gabès
Département de Génie des Procédés

Notes de cours

TRAITEMENT DES EAUX DES PROCEDES

Niveau : 1ére année licence appliquée en Génie des Procédés

Dr ELMIR Imed (Maitre Technologue à l’ISETG)

Avril 2020

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 1


Cours Traitement des eaux des procédés

TABLE DE MATIERES
Continu Page
Chapitre I – GENERALITES ET NORMES 4
I-INTRODUCTION 4
II-CARACTERISTIQUES DES EAUX NATURELLES 4
II-1-Composition minérale des eaux naturelles 4
II-2-Paramètres propres à la chimie de l’eau 5
II-3-Exercices d’application 9
II-4-Impuretés des eaux naturelles 11
III-NORMES D’UTILISATIONS DES EAUX 11
III-1-Qualités des eaux des industries pharmaceutiques 12
III-2-Qualité des eaux de consommation 14
III-3-Qualité des eaux d’alimentation de chaudières 15
Chapitre II – TRAITEMENT DES EAUX DES PROCEDES PAR LES 18
RESINES ECHANGEUSES D’IONS
I-INTRODUCTION 18
II-VOCABULAIRES DE L’ECHANGE D’IONS 18
II-1-Fuite ionique 19
II-2-Capacité Totale d’échange (CT) 20
II-3-Capacité Utile d’échange (CU) 20
II-4-Régénération 20
III-DIFFERENTS TYPES DES RESINES 21
III-1-Résines cationiques 21
III-2-Résines anioniques 21
IV-APPLICATIONS INDUSTRIELLES DES ECHANGEURS IONIQUES 22
IV-1-Adoucissement 22
IV-2-Décarbonatation 23
IV-3-Déminéralisation totale 26
V-APPLICATION 26
Chapitre III – TRAITEMENT DES EAUX DES PROCEDES PAR 28
OSMOSE INVERSE
I-INTRODUCTION 28
II-OSMOSE ET PRESSION OSMOTIQUE 28
III-PRINCIPE DE L’OSMOSE INVERSE 29
IV-SCHEMAS GENERALS DES INSTALLATIONS D’OSMOSE INVERSE 30
V-CARACTERISTIQUES PRINCIPALES D’UNE D’OSMOSE INVERSE 32
V-1-Taux de conversion (Y) 33
V-2-Sélectivité ou taux de rejet (TR) 33
V-3-Débits spécifiques ou densités de flux 33
VI-APPLICATIONS 34
VII-MEMBRANES D’OSMOSE INVERSE 36
VII-1-Matériaux des membranes d’osmose inverse 36
VII-2-Paramètres influençant les performances des membranes d’osmose inverse 39
IIX-LES MODULES D’OSMOSE INVERSE 40

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 2


Cours Traitement des eaux des procédés

IIX-1-Modules tubulaires 40
IIX-2-Modules à fibres creuses 40
IIX-3-Modules plans 42
IIX-4-Modules spirales 43
IX-UNITES INDUSTRIELLES D’OSMOSE INVERSE 45
IX-1-Montage série – rejet 45
IX-2-Montage série – production 45

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 3


Cours Traitement des eaux des procédés

Chapitre I – GENERALITES ET NORMES


I-INTRODUCTION
L’eau (H2O) est la substance minérale la plus répandue à la surface du globe. Son volume est
estimé à 1370 millions de km3 dont 500000 à 1 million de km3 d’eau douce répartie entre les
fleuves, les lacs et les nappes souterraines.

De 1940 à 1990, la consommation mondiale en eau a quadruplé. De 1990 à 2021, la demande


mondiale en eau pourrait augmenter de 650% pour une population mondiale estimée à huit
milliards d’habitants.

Le problème de l’eau dans le monde n’est pas uniquement quantitatif : il est aussi qualitatif.
En effet, environ 97% de l’eau sur terre est salée. Les écosystèmes se dégradent d’une façon
dramatique et l’eau devient de plus en plus polluée. Cette dégradation est infiniment liée aux
activités humaines.

Parmi, les causes de dégradation de la qualité des eaux naturelles, on peut citer :

 les rejets domestiques ;


 les rejets industriels ;
 l’épandage des engrais chimiques et des pesticides ;
 la surexploitation des nappes aquifères côtières.

II-CARACTERISTIQUES DES EAUX NATURELLES


II-1-Composition minérale des eaux naturelles

Une eau naturelle pure ne contient pas des Matières En Suspension (MES), des colloïdes
(fines particules de diamètres d ≤ 1 µm) et des matières organiques dissoutes (c’est le cas des
eaux minérales de plusieurs eaux de forages), cette eau ne renferme que des sels minéraux
dissous sous forme des cations et des anions.

Les principaux ions présents dans les eaux naturelles et leurs masses molaires sont donnés par
le tableau 1.

Tableau 1 – Principaux ions présents dans les eaux naturelles

Cation Mi (g/mol) Anions Mi (g/mol)


Calcium (Ca2+) 40 Bicarbonates (HCO3-) 61
Magnésium (Mg2+) 24 Carbonates (CO32-) 60
Sodium (Na+) 23 Chlorures (Cl-) 35,5
Potassium (K+) 39 Sulfates (SO42-) 96
Ammonium (NH4+) 18 Nitrates (NO3-) 62
Fer ferreux (Fe2+) 56 Fluorures (F-) 19
Manganèse Mn2+ 55 Phosphates (PO43-) 95

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 4


Cours Traitement des eaux des procédés

Tous les ions présents proviennent de la solubilisation et de l’ionisation des sels directement
entrainés par l’eau (NaCl, CaCl2, Na2SO4, MgSO4, CaSO4, MgCl2, Na3PO4, KNO3,…) ou de
sels formés dans l’eau par l’action du dioxyde de carbone (CO 2 dissous), sur des matériaux
calcaires (CaCO3) ou magnésiens (MgSO4, CaSO4) : c’est l’agressivité carbonique qui
provoque la formation de bicarbonates de calcium ou l’hydrogénocarbonates de calcium
(Ca(HCO3)2) et le bicarbonates de magnésium ou l’hydrogénocarbonates de magnésium
(Mg(HCO3)2).

Le tableau 2 donne la composition minérale de trois types des eaux minérales tunisiennes.

Tableau 2 – Caractéristiques chimiques des quelques eaux minérales tunisiennes

Paramètre Unité Eau minérale commerciale


Eau 1 Eau 2 Eau 3
Salinité 240 320 600
Ca2+ 43 104 117
Mg2+ 11 5,8 28
Na+ 42 19 46
mg/L
K+ 4 2,5 1,35
HCO3- 207 298 231
Cl- 14 25 71
SO42- 21 18 204
NO3- 14 8,6 4
F- 1,2 0,21 ---
pH --- 7,7 7,5 7,4

II-2-Paramètres propres à la chimie de l’eau

Un certain nombre de paramètres généraux sont utilisés pour caractériser les eaux destinées à
la consommation humaine (eaux potables) ou à des usages industriels (eaux d’alimentation
des chaudières, eaux de refroidissement, eaux de préparation des produits pharmaceutiques,
eaux de production des batteries, eaux de production des produits alimentaires,…)
notamment :

 la dureté ;
 l’alcalinité ;
 la teneur en Sels d’Acides Forts ;
 la salinité ;
 la teneur en silice ;
 la teneur en gaz dissous ;
 la turbidité.

II-2-1-Dureté ou Titre Hydrotimétrique (TH)

La dureté d’une eau est proportionnelle à sa teneur en calcium et en magnésium.

On distingue cinq types de dureté :

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 5


Cours Traitement des eaux des procédés

 dureté totale (THT) ;


 dureté calcique (THca) ;
 dureté magnésienne (THMg) ;
 dureté permanente (THp) ;
 dureté temporaire (THt).

II-2-1-1- Dureté totale (THT)

Elle correspond à la teneur de l’eau en sels de calcium et de magnésium tels que CaCl 2,
MgSO4, CaSO4, MgCl2, CaCO3, MgSO4, CaSO4, Ca(HCO3)2, Mg(HCO3)2,….etc.

Elle est donnée par l’expression suivante : THT = [Ca2+] + [Mg2+] (Eq 1)

II-2-1-2- Dureté calcique (THCa)

Elle correspond à la teneur de l’eau en calcium. Elle est donnée par l’équation ci-dessous :

THCa = [Ca2+] (Eq 2)

II-2-1-3- Dureté magnésienne (THMg)

Elle correspond à la teneur de l’eau en magnésium. Elle est donnée par l’équation ci-dessous :

THMg = [Mg2+] (Eq 3)

On peut écrire donc que THT = THCa + THMg (Eq 4)

II-2-1-4-Dureté permanente ou dureté non carbonatée (THp)

Elle indique globalement la teneur de l’eau en sulfates et chlorures de calcium et de


magnésium tels que CaSO4, MgSO4, CaCl2 et MgCl2.

Elle est mesurée sur l’eau après ébullition. L’ébullition chasse le dioxyde de carbone (CO2)
dissous et transforme les bicarbonates de calcium soluble en carbonates de calcium
pratiquement insoluble à chaud qui précipite selon la réaction suivante :

Ca (HCO3)2 CaCO3 + CO2 + H2O (R1)

II-2-1-5-Dureté temporaire ou dureté carbonatée (THt)

Elle est due essentiellement au carbonates et bicarbonates de calcium et de magnésium


(CaCO3, Ca(HCO3)2, Mg(HCO3)2 et MgCO3).

Par définition, on peut écrire que THT = THp + THt (Eq 5) d’où THt = THT – THp (Eq 6)

II-2-1-6-Unités d’expression de la dureté

La dureté est exprimée le plus souvent en degrés hydrotimétriques (degrés français (°F),
degrés allemand, degrés anglais,…etc).

Par définition 1°F = 0,56 degrés allemand = 0,7 degrés anglais (Eq 7)

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 6


Cours Traitement des eaux des procédés

L’unité internationale est l’équivalent par litre (éq/L) ou le milliéquivalent par litre (méq/L).
Le méq/L est utilisé de préférence à l’éq/L pour éviter l’emploi de décimales à cause des
faibles teneurs en sels dissous dans les eaux naturelles.

L’équivalent massique (ou équivalent gramme) d’un ion correspond à la masse d’une mole
d’ion divisé par sa valence, soit :

M ion ( g /mol ) M (g /mol )


1 éq(ion )/ L= ( g(ion )/ L) 1 méq(ion)/L= ion (mg(ion)/ L)
valence ou valence (Eq 8)

Par définition 1 méq/L = 5 °F (Eq 9)

•Exemples

-Pour l’ion Ca2+ (M = 40 g/mol, valence = 2) : 1 méq Ca2+/L = 40/2 = 20 mg Ca2+/L.

-Pour l’ion HCO3- (M = 61 g/mol, valence = +1) : 1 méq HCO3-/L = 61/1 = 61 mg HCO3-/L.

•Remarque 1 - Qualité d’une eau selon sa dureté totale

Le tableau 3 indique les différentes classes des eaux selon la dureté totale.

Dureté totale Classe de l’eau


THT ≤ 5 °F Très douce
5 < THT ≤ 10 °F Douce
10 < THT ≤ 20 °F Moyenne
20 < THT ≤ 35 °F Dure
35 < THT ≤ 50 °F Très dure
THT > 50 °F Hyper-dure

•Remarque 2

Si la dureté est constituée par Ca(HCO3)2, CaSO4 ou de sels de magnésium (MgSO 4), les eaux
seront dites calcaires.

II-2-2-Alcalinité

Ce paramètre indique la teneur de l’eau en sels à caractère alcalin. C’est la teneur ionique de
l’eau en hydroxyde (OH-), carbonates (CO32-), bicarbonates (HCO3-) et phosphates (PO43-).

On distingue deux types d’alcalinité :

 Titre Alcalimétrique simple (TA) ;


 Titre Alcalimétrique Complet (TAC).

II-2-2-1-TA

C’est la teneur de l’eau en hydroxyde, carbonates et phosphates. Elle est donnée par
l’équation ci-dessous.

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 7


Cours Traitement des eaux des procédés

1 1
TA= [OH − ] + [ CO 2−
3 ] + [ PO 4 ]
3−
2 3 (Eq 10)

II-2-2-2-TAC

Elle est donnée par l’équation suivante :

2
TAC=[ OH − ] + [ CO 2−
3 ] + [ HCO 3 ] +

[ 4 ]
PO 3−
3 (Eq 11)

Le TA et le TAC sont exprimés méq/L ou °F.

II-2-3-Sels d’Acides Forts (SAF)

Ce titre donne la teneur global es sels d’acides forts (essentiellement sulfates et chlorures de
calcium, magnésium et sodium).

Le SAF représente la somme des anions d’acides forts présents (Cl - et SO42-) dans les eaux
naturelles non polluées (équation Eq 12) et les anions (F- et NO3-) dans celles polluées
(équation Eq 13).

SAF = [Cl-] + [SO42-] (Eq 12)

SAF՛ = [F-] + [NO3-] (Eq 13)

La connaissance de SAF est très utile pour le choix des résines échangeuses d’ions (voir
chapitre 2) dans les postes de déminéralisation des eaux. Ce titre est exprimé également en
méq/L ou °F.

II-2-4-Salinité (Résidus secs, Extraits secs ou Sels totaux)

La salinité totale représente la teneur de l’eau en sels solubles. Elle est exprimée en g/L ou
mg/L.

La mesure de la conductivité électrique χ (mS/cm) ou de la résistivité électrique ρ (Ω.m)


(dépend de la concentration en sels dissous conducteurs) donne une idée de la salinité de
l’eau.

II-2-5-Teneur en silice (Si)

Dans les eaux de rivières, elle présente sous forme d’acide silicique peu ionisé, H 2SiO3 à des
concentrations de 5 à 30 mg/L selon les sols.

L’analyse de la teneur en silice peut être effectuée par spectrophotométrie d’émission de


flamme ou par colorimétrie. Cette teneur est exprimée en mg SiO2/L.

II-2-6-Teneur en gaz dissous (O2 et CO2)

II-2-6-1-Oxygène (O2)

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 8


Cours Traitement des eaux des procédés

Elle s’exprime généralement en mg d’O2/L. Elle varie de zéro à la saturation (15 mg/L à 0°C
et 10 mg/L à 20°C sous pression atmosphérique). La solubilité de l’oxygène dans l’eau
diminue avec l’augmentation de la température comme l’indique la figure 1

[O2]sat (mg/L)

15

T (°C)

Figure 1 – Effet de la température sur la solubilité de l’oxygène dans l’eau

II-2-6-2-Dioxyde de carbone (CO2)

Les eaux naturelles contiennent des quantités variables de CO 2, généralement en équilibre


avec les carbonates et les bicarbonates qu’elles contiennent :

2HCO3- CO32- + CO2 + H2O (R2)

Le CO2 dit agressif est celui qui se trouve en excès par rapport à la dose d’équilibre. Elle est
exprimée également en mg/L.

II-3-Exercices d’application

 Exercice n°1

1-Citer quelque(s) inconvénient(s) de l’usage industriel ou domestique d’une eau dure.

2-Une eau naturelle a un pH égal à 7,3. Faire apparaitre les domaines de prédominance des
espèces dioxyde de carbone, bicarbonates et carbonates sur une échelle de pH.

3-En déduire le titre alcalimétrique simple de cette eau.

4-Donner dans la même graphique l’allure des courbes traduisant la variation des
concentrations des carbonates et des bicarbonates dans une eau en fonction du pH. Interpréter
ces courbes.

On donne les produits d’acidité des couples suivantes :

- (CO2, H2O) / HCO3- : pKa1 = 6,5;

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 9


Cours Traitement des eaux des procédés

- HCO3- / CO32- : pKa2 = 10,3.

 Exercice n°2

Une eau de procédé d’une conserverie (usine agroalimentaire) contient les sels suivants:

Sel [Sel] (mM)


Bicarbonates de calcium 2
Bicarbonates de magnésium 1,4
Carbonates de calcium 1,2
Chlorure de magnésium 3
Chlorure de sodium 12

1-Ecrire la formule chimique de chaque sel.

2-Calculer la concentration de chaque sel (mg/L, méq/L et °F).

(NB : Présenter les résultats de calcul sous forme d’un tableau).

3-Calculer les caractéristiques ci-dessous de cette eau (°F) :

3-1-Titre alcalimétrique simple et titre alcalimétrique complet. Conclure.

3-2-La dureté totale et permanente. Conclure.

3-3-Le titre en sels d’acides forts.

On donne les masses molaires suivantes :

Elément (i) Mi (g/mol)


Calcium 40
Magnésium 24
Chlorure 35,5
Sodium 23

 Exercice n°3

Une eau de rivière dont les caractéristiques sont TH T = 25°F, TA = 1°F, TAC = 17°F, SAF =
9°F contient les sels suivants:

Ca(HCO3)2, Mg(HCO3)2, CaCl2, CaSO4, MgSO4, CaCO3, MgCl2 et NaCl.

1-Quelle est la teneur de cette eau en carbonates?

2-Quelle est la teneur de cette eau en bicarbonates?

3-Quelle est sa dureté permanente?

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 10


Cours Traitement des eaux des procédés

4-Quelle est sa teneur en NaCl (mg/L)?

5-Dans quelle zone se situe le pH de cette eau? Justifier votre réponse.

II-4-Impuretés des eaux naturelles

Ce sont:

 les Matières En Suspension (MES);

 les matières colloïdales ;

 les matières organiques dissoutes.

Ces impuretés sont classées selon leurs diamètres (d) comme l’indique le schéma suivant:

Matière dissoutes 10-3 Colloïdes 1(2) MES d (µm)

I-4-1-MES

Elles sont hétérogènes de formes et variées d’origines dans les eaux naturelles:

 le sable fin, le fer oxydé et les algues filamenteuses dans les eaux de forage;

 matières volumineuses (feuilles, papiers,…) et matières fines (limons, sables, argiles,


débris de végétaux et des animaux,…) dans les eaux de surfaces.

II-4-2-Matières colloïdales

Les particules en suspension, de taille comprise entre 10-3 et 1 (à 2) µm sont chargées


négativement. Ces particules sont ainsi soumises à des forces électrostatiques répulsives qui
les maintiennent en suspension indéfiniment. Elles se traduisent par la ″turbidité″.

II-4-3-Matières organiques dissoutes

Dans les eaux naturelles, elles représentent plusieurs familles de composés tels que les acides
humiques, les acides carboxyliques et les hydrates de carbone.

Elles sont caractérisables globalement par l’oxydabilité au permanganate de potassium


(KMNO4) ou au bichromate de potassium (K2Cr2O7) ou par la mesure du Carbone Organique
Total (COT). Ces matières contribuent à la coloration de l’eau.

III-NORMES D’UTILISATIONS DES EAUX


Les normes nationales et internationales indiquent et imposent la qualité des eaux selon les
secteurs d’activité.

III-1-Qualités des eaux des industries pharmaceutique

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 11


Cours Traitement des eaux des procédés

Trois pharmacopées régissent la production d’eaux à usage pharmaceutique dans le monde :


l’américaine (USP), l’européenne (EP) et la japonaise (JP).

L’eau est l’utilité majeure la plus consommée dans l’industrie pharmaceutique. Elle est
utilisée comme élément de base pour la reconstitution des médicaments ou comme solvant
dans le nettoyage des contenants, des équipements ou des conditionnements primaires.

L’eau intervient aussi dans la stérilisation des équipements médicaux (stérilisation à l’eau
surchauffée ou à la vapeur).

Il y a plusieurs « eaux à usage pharmaceutiques » identifiées et décrites par une monographie


dans les pharmacopées mais seules trois d’entre elles sont utilisées de manière industrielle :
l’eau purifiée vrac (EPUv), l’eau hautement purifiée vrac (EHPv, en Europe uniquement) et
l’eau pour préparation injectable (EPPIv) dont les spécifications et les caractéristiques
peuvent varier selon trois producteurs précités. Les tableaux 1 et 2 montrent les spécifications
attendues sur l’EPUv et l’EPPIv dans chacune des trois pharmacopées précitées.

Tableau 1-Caractéristiques des EPUv

Pharmacopée PE USP JP
Aspect Liquide limpide et incolore --- Liquide limpide, incolore et
inodore
COT (mg/L) ≤ 0,5 ≤ 0,5 ---
χ (µS/cm) à < 4,3 < 1,1 < 1,1
20°C
χ (µS/cm) à 25°C ≤ 5,1 ≤ 1,3 ≤ 1,3
Salinité 0,001% --- ≤ 1 mg/100 mL
Métaux lourds < 0,1 < 0,1 Testé par colorimétrie
(mg/L) Indétectable
NH4+ (mg/L) ≤ 0,2 --- 0,05
SO42- (mg/L) Pas de précipité avec BaCl2 --- Pas de précipité avec BaCl2
Indétectable Indétectable
Cl- Pas de précipité avec AgNO3 --- Pas de précipité avec AgNO3
Indétectable Indétectable
Al3+ (ppb) ≤ 10 --- ---
THT --- --- ---
NO3- (mg/L) ≤ 0,2 --- Testé par colorimétrie
Indétectable

Germes 100 100 100


microbiologiques
(N/100 mL)
Tableau 2-Caractéristiques des EPPIv

Pharmacopée PE USP JP
Aspect Liquide limpide et incolore --- ---
COT (mg/L) ≤ 0,5 ≤ 0,5 ≤ 0,5
χ (µS/cm) à ≤ 1,1 ≤ 1,1 ≤ 1,1

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 12


Cours Traitement des eaux des procédés

20°C
χ (µS/cm) à 25°C ≤ 1,3 ≤ 1,3 ≤ 1,3
Salinité --- --- ≤ 1 mg/100 mL
Métaux lourds ≤ 0,1 ≤ 0,1 Testé par colorimétrie
(mg/L) Indétectable
NH4+ (mg/L) --- --- 0,05
SO42- (mg/L) --- --- Pas de précipité avec BaCl2
Indétectable
Cl- --- --- Pas de précipité avec AgNO3
Indétectable
Al3+ (ppb) ≤ 10 --- ---
THT (°F) --- --- ---
NO3- (mg/L) ≤ 0,2 --- Testé par colorimétrie
Indétectable
Germes 10 10 10
microbiologiques
(N/100 mL)

III-2-Qualité des eaux de consommation

Le tableau 3 indique les normes Tunisiennes relatives à la qualité des eaux destinées à la
potabilisation.

Tableau 3-Paramètres de qualité des eaux potables et leurs valeurs limite

Paramètres Unités Valeurs limites


1-Paramètres physicochimiques
T (°C) 25
pH -- 6,5 à 9
Cl- 200
SO42- 250
Si ---
Ca2+ ---
mg/L
Mg2+ 50
Na+ 150
K+ 12
Al3+ 0,2
Salinité 1500
2-Substances indésirables
NO3- 50
NO2- 0,1
NH4+ 0,5
Co2+ mg/L 0,7 à 25°C
Zn2+ 5
Fe2+ 0,2
Mn2+ 0,05
F- 1,5 à 12°C
P mg P2O5/L 5

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 13


Cours Traitement des eaux des procédés

Oxydabilité au KMNO4 à chaud mg O2/L 5


Ag+ µg/L 10
3-Substances toxiques
As
Cd+
CN- 50
Hg2+ µg/L
Ni2+
Pb2+
Chrome total 1
4-Paramètres organoleptiques
Couleur mg (Pt.Co)/L 15
Turbidité NTU 2
5-Paramètres microbiologiques
Coliformes totaux
Streptocoques fécaux N/100mL 0
Staphylocoques pathogènes
Salmonelles N/50mL 0
Bactériophage 2
III-3-Qualité des eaux d’alimentation de chaudières

Les chaudières sont des équipements thermiques destinées à la production de l’eau chaude
et/ou de la vapeur à différentes pressions. On distingue les chaudières à tubes d’eau et à tubes
de fumée. Ces équipements sont classés selon la pression (P) de service comme suit :

 chaudières à Basse Pression (BP) : 0,5 ≤ P ≤ 20 bars ;


 chaudières à Moyenne Pression (MP) : 20 < P ≤ 45 bars ;
 chaudières à Haute Pression (HP) : P > 45 bars.

Le traitement de l’eau utilisée pour la production de vapeur, représente l’une des branches les
plus complexes de la chimie de l’eau. Dans une chaudière la vapeur produite par la
température générée par le bruleur devrait être composée de molécules d’eau pure ; or il n’en
est rien. En contient des substances diverses dont du CO2 provenant de la décomposition des
carbonates (CO32-) et des gouttelettes de liquide (primage). D’autre part l’eau qui reste en
partie basse de la chaudière se concentre en sels minéraux nécessitant des purges. Si l’eau
n’est pas correctement traitée des phénomènes surviennent qui altèrent la fiabilité des
matériels, perturbent leur fonctionnement et augmentent les coûts d’exploitation. Les
principaux inconvénients résultant d’un manque de traitement ou d’un traitement mal géré
sont :

 l’entartrage ;
 la corrosion ;
 le primage.

III-3-1-L’entartrage

Ce phénomène résulte de la précipitation sur les parois de sels peu solubles de calcium
(CaCO3, CaSO4,…) et de silice.

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 14


Cours Traitement des eaux des procédés

Certains inconvénients dus à ce phénomène d’entartrage sont données par la figure 1.

Tartre

Pellicule isolante (croute) Réduction de section de passage Possibilité de corrosion

Diminution de l’échange thermique Augmentation des vitesses

Accroissement des températures Accroissement des pertes de charge Perforations

Figure 1- Inconvénients dus à la formation du tartre

III-3-2-La corrosion

La corrosion est l’altération des différents matériaux véhiculant l’eau.

Certains inconvénients dus au phénomène de corrosion sont données par la figure 2.

Corrosion

Amincissement Dépôts d’oxydes

Percement de tubes Dépôts et bouchages

Fuites Echange thermique perturbé

Perforations

Nutriment pour bactéries du fer

Figure 2- Inconvénients dus à la corrosion

III-3-3-Le primage

Le primage est l’entrainement plus au moins important de vésicules liquides dans la vapeur
(mousse et brouillard), qui provoque à la fois une baisse de rendement énergétique de la
vapeur et le dépôt de cristaux salins sur les surchauffeurs et sur les turbines. Il est en relation
avec l’alcalinité, la présence de certaines substances organiques et de la salinité totale.
L’importance du primage dépend aussi des caractéristiques de la chaudière et de son régime
de vaporisation.

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 15


Cours Traitement des eaux des procédés

Les qualités de des eaux d’appoint selon la pression de service et le type de la chaudière sont
données par les tableaux 4 et 5.

Tableau 4- Qualités requises par les chaudières à tubes d’eau

Paramètre Eau d’appoint pour chaudières à vapeur Eau d’appoint


pour chaudières à
eau surchauffée
P (bar) 0,5 ≤ P ≤ 20 20 < P ≤ 40 40 < P ≤ 100 Plage totale
Apparence Claire, exempte de matières solides en suspension
χ (µS/cm) à 25°C Non spécifiée
pH à 25°C > 9,2 >7
THT (°F) < 0,2 < 0,1 < 0,05 < 0,5
Fe (mg/L) < 0,05 < 0,03 < 0,02 < 0,2
Cu (mg/L) < 0,02 < 0,01 < 0,003 < 0,1
Si (mg SiO2/L) Fixée par teneur maximale admissible en ---
chaudière
O2 (mg/L) < 0,02 ---
Huile/Graisse (mg/L) <1 < 0,5 < 0,1 <1
COT (mg/L) (*) < 0,5 < 0,2 (*)
(*) Les substances organiques peuvent se décomposer pour former de l’acide carbonique
(H2CO3) ou d’autres produits de décomposition acides qui augmentent la dureté et causent
corrosion et dépôt.

Tableau 5- Qualités requises par les chaudières à tubes de fumée

Paramètre Eau d’appoint pour chaudières à vapeur Eau d’appoint pour


chaudières à eau
surchauffée
P (bar) 0,5 ≤ P ≤ 20 > 20 Plage totale
Apparence Claire, exempte de matières solides en suspension
χ (µS/cm) à 25°C Non spécifiée
pH à 25°C > 8,5 >7
THT (°F) 0,2 < 0,1 < 0,5
Fe (mg/L) < 0,3 < 0,1 < 0,2
Cu (mg/L) < 0,05 < 0,03 < 0,1
Si (mg SiO2/L) Fixée par teneur maximale admissible en ---
chaudière
O2 (mg/L) < 0,05 < 0,02 ---
Huile/Graisse (mg/L) <1

Chapitre II – TRAITEMENT DES EAUX DES PROCEDES PAR


LES RESINES ECHANGEUSES D’IONS
I-INTRODUCTION

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 16


Cours Traitement des eaux des procédés

Les échangeurs d’ions sont des substances organiques, solides, granulaires (figure 3) et
insolubles dans l’eau qui présentent la propriété de permuter certains de leurs ions avec
d’autres ions contenus dans les solutions avec lesquels on les met en contact.

Résine RA (où : R : Résine et A : ion attaché à la résine)

Figure 3- Schéma simplifié d’un lit de résine échangeuse d’ions

Le schéma de la réaction d’échange de la résine (RA) avec un ion (B) de l’eau est le suivant :

(1)

RA + B RB + A (R 3)

(2)

Où :

(1) : réaction de fixation de l’ion (B) par la résine (RA) ;

(2) : réaction de régénération de la résine par un grand excès de l’ion (A)

Dans le domaine de traitement des eaux les résines échangeuses d’ions sont utilisées pour la
déminéralisation (ou même la dé-ionisation) des eaux d’alimentation de chaudières, des eaux
des industries pharmaceutiques, des eaux des industries agroalimentaires (production du lait et
ses dérivés, jus alimentaires, boissons gazeuses,…), des industries de fabrication des batteries
ou accumulateurs de charges,….etc.

Le potentiel de séparation des sels minéraux (sous forme des cations et des anions) présents
dans l’eau à traiter par cette technique est un gradient de concentration.

II-VOCABULAIRES DE L’ECHANGE D’IONS


On distingue quatre vocabulaires :

 Fuite ionique ;
 Capacité totale d’échange ;
 Capacité utile d’échange ;
 Régénération.

II-1-Fuite ionique

Soit le dispositif expérimental d’échange ionique suivant :

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 17


Cours Traitement des eaux des procédés

Øc

Colonne cylindrique

Résine (RA)

Huc

Q0, [B]0 Réservoir (1)

Eau brute (H2O + B)

Réservoir (2)

Pompe d’alimentation

VET (t) Eau traitée (Éluât)

[B](t) (H2O +A + traces B)

Figure 4 – Unité de traitement des eaux par résine échangeuse d’ions

Où :

-Q0 : débit volumique de l’eau à traiter (m3/s) ;

-[B]0 : concentration de l’ion (B) dans l’eau brute (mol/L, mg/L ou °F) ;

- Øc : diamètre intérieur de la colonne (m) ;

-Huc : hauteur utile de la colonne (m) ;

-[B]t : concentration de l’ion (B) dans l’éluât (mol/L) ;

-VET (t) : volume de l’eau traitée à l’instant (t) (L) ; de l’ion (B) dans l’eau traitée à
l’instant (t) (mol/L, mg/L ou °F).

L’évolution de la fixation de l’ion (B) présent dans l’eau brute (réaction (R 3), sens (1)) dans
le temps à travers le lit de résine (RA) (figure 4) est représentée par la courbe de figure 5.

La fuite ionique représente la première apparition de (B) dans l’éluât.

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 18


Cours Traitement des eaux des procédés

[B] (mol/L)

[B]0

0 Point de fuite ionique t (min)

Figure 5 – Variation de la concentration de l’ion (B) dans l’éluât en fonction du temps

II-2-Capacité Totale d’échange (CT)

La capacité totale d’échange (CT) ou pouvoir d’échange d’une résine est la quantité d’ions qui
peut fixer 1 litre ou 1 kilogramme de résine sèche avant saturation. Elle est exprimée en °F l
/ L résine, °F l / kg résine, éq / L résine ou éq / kg résine.

II-3-Capacité Utile d’échange (CU)

C’est la fraction de la capacité totale utilisée lorsqu’il apparait une fuite ionique notable. Pour
une mêm e résine elle dépend de la nature de l’ion à fixer. Elle est exprimée en °F l / L résine,
°F l / kg résine, éq / L résine ou éq / kg résine.

II-4-Régénération

La régénération est la phase inverse de celle de fixation (ou d’échange). La réaction mise en
jeu au cours de cette phase est la réaction ((R1), sens (2)) :

RB + Aexcès RA + B

Cette étape se fait par percolation d’une solution concentrée ou diluée en ion (A), il faut un
grand excès d’ion (A), soit dans le même sens que la fixation (régénération à co-courant)
soit dans le sens inverse (régénération à contre courant).

 Remarque

Un cycle de traitement d’une eau naturelle par une résine échangeuse d’ions comporte trois
phases :

 phase 1 : phase de fixation (ou d’échange) de l’ion (B) par la résine (RA) ;

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 19


Cours Traitement des eaux des procédés

 phase 2 : phase de régénération de la résine par une solution contenant un excès de l’ion
(A) ;
 phase 3 : phase de rinçage ou de lavage de la résine par une eau déminéralisée.

III-DIFFERENTS TYPES DES RESINES


On distingue deux grandes catégories des résines échangeuses d’ions :

 les résines cationiques ;


 les résines anioniques.

III-1-Résines cationiques

Ces résines sont capables de fixer à leurs surfaces des cations présents dans l’eau tels que
Ca2+, Mg2+, K+, Na+,…

Dans cette catégorie, on trouve les résines cationiques faibles (C f) et les résines cationiques
fortes (CF).

III-1-1-Résines cationiques faibles (Cf)

Elles sont appelées aussi résines faiblement acide. Elles sont des résines à cycle hydrogène et
ayant une formule brute RCOOH (ou notée aussi RH).

L’ordre d’affinité de ces résines (ou pouvoir de fixation) vis-à-vis des cations est le suivant :

Na+ < NH4+ < K+ < Mg2+ < Ca2+ < Al3+ < Fe3+ < H+

Ce type de résines est régénéré par un excès d’une solution aqueuse d’acide fort (HCl ou
H2SO4) diluée.

III-1-2-Résines cationiques fortes (CF)

Elles sont des résines sulfoniques à cycle hydrogène (appelées aussi résines fortement acide)
ou à cycle sodium dont les formules brutes sont respectivement RSO3H et RSO3Na.

L’ordre d’affinité de ces résines (ou pouvoir de fixation) vis-à-vis des cations est le suivant :

H+ < Na+ < NH4+ < K+ < Mg2+ < Ca2+ < Al3+ < Fe3+

Les résines sulfoniques à cycle hydrogène sont régénérées par un excès d’une solution
aqueuse d’acide fort (HCl ou H2SO4) concentrée

Les résines sulfoniques à cycle sodium sont régénérées par un excès d’une solution aqueuse
de soude (NaOH) ou par une saumure de chlorure de sodium (NaCl).

III-2-Résines anioniques

Ces résines sont capables de fixer à leurs surfaces des anions présents dans l’eau tels que Cl -,
SO42-, NO3-, CO32-, HSiO3-, SiO32-, PO43-…

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 20


Cours Traitement des eaux des procédés

Dans cette catégorie, on trouve les résines anioniques faibles (Af) et les résines anioniques
fortes (AF).

III-2-1-Résines anioniques faibles (Af)

Elles sont appelées aussi résines faiblement basique. Ce sont des résines à cycle hydroxyde et
ayant une formule brute R՛OH.

Ces résines fixent les anions d’acides forts mais pas ceux des acides faibles comme H 2SiO3 et
H2CO3.

L’ordre des affinités anioniques pour ce type de résines est le suivant :

F- < Cl- < NO3- < HSO4- < SO42- < PO43- < OH-

Ces résines sont régénérées par un excès de soude (NaOH) ou de potasse (KOH) même dilué.

III-2-2-Résines anioniques fortes (AF)

On distingue dans cette catégorie les résines à cycle hydroxyde (R"OH), appelée aussi résines
fortement basique.

Ces résines fixent également les anions des acides faibles (HSiO3-, SiO32-, HCO3-et CO32-)

L’ordre des affinités anioniques pour ce type de résines est le suivant :

OH- < Cl- < NO3- < HSiO3- < SiO32- < PO43-

Ces résines sont régénérées par un excès de soude (NaOH) ou de potasse (KOH) concentré.

IV-APPLICATIONS INDUSTRIELLES DES ECHANGEURS IONIQUES


On distingue trois applications principales :

 l’adoucissement ;
 la décarbonatation ;
 la déminéralisation totale.

IV-1-Adoucissement

Cette étape consiste à la production de l’eau douce (5 < TH T ≤ 10 °F) ou même très douce
(THT ≤ 5 °F) à partir d’une eau brute (dans la plus part des cas des eaux profondes) afin
d’alimenter les chaudières industrielles ou d’autres étapes de traitement situées à l’aval de
l’étape d’adoucissement.

La résine ionique utilisée dans ce cas est cationique forte à cycle sodium (RSO 3Na) ou à cycle
hydrogène (RSO3H).

En pratique les résines sulfoniques à cycle sodium sont les plus utilisées pour l’adoucissement
des eaux à des fins industrielles.

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 21


Cours Traitement des eaux des procédés

Le schéma de principe d’une unité d’adoucissement d’une eau de forage par une résine
sulfonique à cycle sodium est donné par la figure 6.

Eau brute

Ca(HCO3)2

Mg(HCO3)2 Eau douce

CaSO4 CF (RSO3Na) NaHCO3

MgSO4 Q0 (m3/s) AdoucisseurNa2SO4

CaCl2 NaCl

MgCl2

NaCl

(RSO3)2Ca

(RSO3)2Mg

Figure 6 – Schéma de principe d’une unité d’adoucissement par une résine CF

Les réactions suivantes représentent les réactions typiques observées lors de la phase
d’échange de la résine avec l’eau à traiter (eau brute) :

2RSO3Na + Ca2+ (RSO3)2Ca + 2Na+ (R 4)

2RSO3Na + Mg2+ (RSO3)2Mg + 2Na+ (R 5)

On procède à la phase de régénération lorsque la résine est saturée par les ions ca 2+ et Mg2+.
Cette phase est assurée par une saumure d’NaCl. Les réactions misent en jeu lors de cette
phase sont les suivantes :

(RSO3)2Ca + 2NaCl 2RSO3Na + CaCl2 (R 6)

(RSO3)2Mg + 2NaCl 2RSO3Na + MgCl2 (R 7)

IV-2-Décarbonatation

Cette étape consiste à la fixation des cations (ca 2+, Mg2+, Na+ et K+,…) liés aux carbonates et
bicarbonates par une résine cationique faible (RCOOH).

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 22


Cours Traitement des eaux des procédés

Le schéma de principe d’une unité de décarbonatation d’une eau de forage par une résine
carboxylique est donné par la figure 7.

Eau brute Eau traitée

Ca(HCO3)2 CaSO4

Mg(HCO3)2 CaCl2

NaHCO3 Cf (RCOOH) MgCl2


Dégazeur (D) de
CaSO4 Q0 (m3/s) Décarbonatation CO2 Na2SO4

CaCl2 NaCl

MgCl2 CO2

NaCl CaSO4

Na2SO4 CaCl2

MgCl2

(RCOO)2Ca Na2SO4

(RCOO)2Mg NaCl

RCOONa

Figure 7 – Schéma de principe d’une unité de décarbonatation par une résine Cf

Les réactions mises en jeu au cours de la phase d’échange de la résine avec l’eau à traiter (eau
brute) sont les suivantes

2RCOOH + Ca2+ (RCOO)2Ca + 2H+ (R 8)

2RCOOH + Mg2+ (RCOO)2Mg + 2H+ (R 9)

RCOOH + Na+ RCOONa + H+ (R10)

HCO3- + H+ CO2 + H2O (R11)

Le dioxyde de carbone (CO2) formé est peut être dégagé après la sortie de l’échangeur
cationique par :

 un dégazage chimique par la soude ou la potasse;


 un dégazage physique à l’air ou à la vapeur.

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 23


Cours Traitement des eaux des procédés

Les réactions mises en jeu au cours de la phase de régénération de la résine carboxylique par
une solution d’acide chlorhydrique diluée sont les suivantes :

(RCOO)2Ca + 2HCl 2RCOOH + CaCl2 (R 12)

(RCOO)2Mg + 2HCl 2RCOOH + MgCl2 (R 13)

RCOONa + HCl RCOOH + NaCl (R 14)

IV-3-Déminéralisation totale

Cette étape consiste à l’élimination quasi-totale des cations et des anions présents dans l’eau
naturelle à traiter. Elle se fait au moins par trois lits ioniques successifs C F (RSO3H)-Af
(R՛OH)-AF (R"OH).Le schéma de principe de cette unité de déminéralisation est donnée par la
figure 8.

Eau brute H2SO4

Ca(HCO3)2 CF (RSO3H) HCl Af (R՛OH)

Mg(HCO3)2 H2SiO3

MgSO4
Dégazeur (D)
CaSO4 Q0 (m /s)
3 de CO2

CaCl2 CO2

Nacl H2SO4 R՛2SO4

H2SiO3 HCl R՛Cl

(RSO3)2Ca H2SiO3

(RSO3)2Mg H2SiO3

RSO3Na

AF (R"OH)

R"HSiO3

Eau déminéralisée R"2SiO3

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 24


Cours Traitement des eaux des procédés

Figure 8 – Schéma de principe d’une unité de déminéralisation par trois lits de résines

Les lits anioniques sont régénérés par la soude caustique. Les réactions mises en jeu lors de
cette étape sont les suivantes :

 Lit Af :

R՛2SO4 + 2NaOH 2R՛OH + Na2SO4 (R15)

R՛Cl + NaOH R՛OH + NaCl (R20)

 Lit AF :

R"HSiO3 + NaOH R"OH + NaHiSO3 (R21)

R"2SiO3 + 2NaOH 2R"OH + Na2SiO3 (R22)

V-APPLICATION
On veut déminéraliser une eau contenant des bicarbonates, des chlorures et des sulfates de
calcium et de magnésium ainsi des chlorures et des silicates de sodium.

Les caractéristiques de cette eau sont les suivantes :

-THT = 28°F ;

-TA = 0 F ;

-TAC = 17°F ;

-SAF = 12°F ;

-TSiO2 = 1°F.

On dispose de quatre types de résines : cationique faible (Cf), cationique forte à cycle
hydrogène (CF), anionique faible (Af) et anionique forte (AF) de capacités utiles respectives
2,4 éq/L, 1,2 éq/L, 1,5 éq/L et 1 éq/L.

1-Dans quelle fourchette se situe le pH de l’eau brute ? Justifier votre réponse ?

2-Donner avec précision le schéma de principe de cette unité de déminéralisation (ouvrages,


débits et nature des sels ou des ions à l’entrée de chaque échangeur ionique).

3-Calculer la quantité d’ions fixée au niveau de chaque échangeur ionique Qi (Ri) (éq) pour
produire 10 m3/h d’eau déminéralisée pendant une journée de fonctionnement.

4-Quel volume minimum de résine Vm (Ri) faut-il mettre dans chaque échangeur.

5-La phase de régénération de l’unité de déminéralisation se fait conformément au tableau ci-


dessous.

5-a-Calculer la concentration molaire de l’acide sulfurique concentré (CA0).

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 25


Cours Traitement des eaux des procédés

5-b-Calculer les volumes d’acide concentré VAc1 (L) et VAc2 (L) nécessaire pour préparer
les solutions de régénération de chaque lit cationique.

5-c-Calculer les masses de la soude mB1 (kg) et mB2 (kg) nécessaire pour préparer les
solutions de régénération de chaque lit anionique.

5-d-Calculer le temps de régénération de chaque échangeur ionique.

5-e-Ecrire les réactions chimiques mises en jeu lors de la phase de régénération de la


résine anionique faible.

Solution Echangeur ionique


aqueuse de Cf CF Af AF
régénération
NA1 = 0,1 NA2 = 4
H2SO4 (A) VA1 = 1 m3 VA2 = 2 m3 --- ---
QA1 = 200 l/h QA2 = 400 l/h
NB1 = 0,2 NB2 = 3
NaOH (B) --- --- VB1 = 1,5 m3 VB2 = 0,7 m3
QB1 = 300 l/h QB2 = 150 l/h

On donne :

 Acide sulfurique concentré (acide commerciale) : Masse volumique ρA = 1,84 kg/L ;


Fraction massique XA = 96%
 Masses molaires moléculaires (g/mol) : H : 1 ; O : 16 ; S : 32 ; Na : 23.

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 26


Cours Traitement des eaux des procédés

Chapitre III – TRAITEMENT DES EAUX DES PROCEDES PAR


OSMOSE INVERSE

I-INTRODUCTION
L’Osmose Inverse (OI) est une technique de filtration membranaire des solutions salines.
C’est une méthode de dessalement des eaux saumâtres (eaux de surfaces et eaux profondes).

Dans le domaine de traitement des eaux l’osmose inverse est utilisée pour le dessalement
et/ou la déminéralisation des eaux d’alimentation de chaudières, des eaux des industries
pharmaceutiques, des eaux des industries agroalimentaires (production du lait et ses dérivés,
jus alimentaires, boissons gazeuses,…), des industries de fabrication des batteries ou
accumulateurs de charges,….etc.

Le potentiel de séparation des sels minéraux (sous forme des cations et des anions), des
matières organiques dissoutes et même des microorganismes présents dans l’eau brute par
cette technique est un gradient de pression.

II-OSMOSE ET PRESSION OSMOTIQUE


On appelle osmose (ou osmose naturel) le transfert d’un solvant (eau dans la plupart des cas)
à travers une membrane sélective au solvant sous l’action d’un gradient de concentration.

Considérons un système à deux compartiments (C 1 et C2) séparés par une membrane (M)
semi-perméable à l’eau contenant respectivement de l’eau pure et de l’eau saline comme
l’indique la figure 9.

Eau pure Eau saline π

: H2O

: Sels

C1 M C2 Equilibre osmotique

Figure 9 – Principe de l’osmose naturel

Le phénomène d’osmose ou d’osmose naturel va se traduire par un flux d’eau dirigé de l’eau
pure (ou solution diluée de sels) vers la solution concentrée.

Ce transfert se poursuit jusqu’à ce que la pression constituée par la différence de niveau des
deux liquides soit suffisante pour le stopper.

Un équilibre est atteint et la différence de niveau entre les niveaux dans les deux
compartiments C1 et C2 représente la pression osmotique (π).

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 27


Cours Traitement des eaux des procédés

La pression osmotique peut être estimée par la relation de VAN’T HOFF (équation (8)).

π = iC0RT (8)

Où :

-π : pression osmotique (Pa) :

-i : coefficient de pression osmotique ou nombre d’ions dissociés dans le cas d’un
électrolyte ;

-C0 : concentration en sels de l’eau salée (mol/m3) ;

-R : constante des gaz parfaits (R = 8,32 J/ mol K) ;

-T : température absolue de l’eau salée (K).

•Application

Calculer la pression osmotique π (bar) à 20°C :

-d’une solution de chlorure de sodium 5 g/L ;

-d’une solution de chlorure de potassium 8 g/L ;

-de l’eau de mer méditerranéenne de salinité 35 g/L.

III-PRINCIPE DE L’OSMOSE INVERSE

Si maintenant on applique une pression hydrostatique (P) supérieure à la pression osmotique


sur l’eau concentrée en sels (compartiment C2), le solvant (H2O) est alors forcé de passer au
travers de la membrane en sens inverse (figure 10).

Il est possible d’obtenir une eau dans laquelle les ions sont quasiment absents, c’est le
perméat (compartiment C1). P>π

Perméat (H2O + traces de sels)

Retentât (H2O + trop de sels)

C1 M C2

Figure 10 – Principe de l’osmose inverse

•Remarque : Mode de filtration dans le cas de l’OI

Cependant, l’eau salée est de plus en plus concentrée. Il y’a une augmentation de la pression
osmotique (coté C2) qui limite rapidement la production du perméat.

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 28


Cours Traitement des eaux des procédés

C’est pour cette raison qu’il est impossible de travailler en "filtration frontale

La méthode retenue est donc la filtration tangentielle où la solution d’eau saumâtre à traiter
(appelée "charge"), circule tangentiellement à la membrane comme le montre la figure 11.

Charge Q0 (m3/s), C0 (g/L)

Support métallique

Cylindre extérieur

Cylindre intérieur (membrane M)

Retentât QR (m3/s), CR (g/L)

Perméat Qp (m3/s,) Cp (mg/L)

Avec:

-Q0: débit volumique de l’eau brute (m3/s) ;

-C0 : concentration massique en sels (ou salinité) de l’eau brute (g/L) ;

-Qp: débit volumique de perméat (m3/s) ;

-Cp : concentration massique de perméat (g/L) ;

-QR: débit volumique de retentât (m3/s) ;

-CR : concentration massique de retentât (g/L).

Figure 11 – Module d’osmose inverse

Sous l’effet de la pression, une fraction de l’eau traverse la membrane pour former le
perméat. Le reste est rejeté pour donner une solution plus concentrée appelée retentât ou
concentrât.

IV-SCHEMAS GENERALS DES INSTALLATIONS D’OSMOSE INVERSE


On distingue deux types des installations d’OI :

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 29


Cours Traitement des eaux des procédés

 Unité d’OI continue sans recirculation de retentât (figure 12) ;


 Unité d’OI continue avec recirculation de retentât (figure 13).

Une installation d’OI comporte les éléments suivants :

 Poste de prétraitement de l’eau brute (eau saumâtre) ;


 pompe haute pression (HP) : Pompe centrifuge multicellulaires ;
 Module(s) d’OI.

Soient les schémas ci-dessous représentés par les figures 12 et 13Eau à traiter
Poste de prétraitement 

-Filtration sur sable ou sur cartouches ; Pompe HP

-Adoucissement ;

-Désinfection par l’eau de javel; Vanne

-Adsorption sur charbon actif ;

-Elimination de SO42-  ; Fe2+ ; Mn2+,..

(M) Module d’OI

Perméat : Qp, Cp Q0, C0

Retentât : QR, CR

Avec :

-Q0: débit volumique de l’eau brute (m3/s) ;

-C0 : concentration massique en sels (ou salinité) de l’eau brute (g/L) ;

-Qp: débit volumique de perméat (m3/s) ;

-Cp : concentration massique en sels (ou salinité) de perméat (g/L) ;

-QR: débit volumique de retentât (m3/s) ;

-CR : concentration massique en sels (ou salinité) de retentât (g/L) ;

Figure 12 – Schéma de principe d’une unité d’OI continue sans recyclage de retentât

•Bilans de matière sur le module d’OI

Ces bilans sont basés sur le principe de conservation de la matière entre l’entrée et la sortie de
module d’OI comme suit :

Flux de matière(s) entrant(s) = Flux de matière(s) sortant(s) (9)

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 30


Cours Traitement des eaux des procédés

On distingue deux types de bilan de matière

 Bilan Global (BG) sur tout le module

Ce bilan ce traduit par l’équation suivante : Q0 = Qp + QR (10)

 Bilan Partiel (BP) sur les sels au niveau de module

Ce bilan ce traduit par l’équation suivante : Q0C0 = QpCp + QRCR (11)

Eau à traiter
Poste de prétraitement 

Pompe HP

Vanne

QrR (ou Qrc), CR

(M) Module d’OI

QF, CF Q0, C0

Retentât : QR, CR

Perméat : Qp, Cp

Avec :

-QF: débit volumique de l’eau à l’entrée du module (m3/s) ;

-CF : concentration massique en sels (ou salinité) de l’eau à l’entrée du module (g/L) ;

-QrR: débit volumique de retentât (ou de concentrât) recyclé (m3/s).

Figure 13 – Schéma de principe d’une unité d’OI continue avec recyclage de retentât

V-CARACTERISTIQUES PRINCIPALES D’UNE D’OSMOSE INVERSE


On distingue trois caractéristiques principales :

 taux de conversion ;
 taux de rejet ou sélectivité ;
 débits spécifiques.

V-1-Taux de conversion (Y)

Le taux de conversion (Y) est, par définition, la fraction du débit de liquide qui traverse la
membrane. Il est donné par l’expression suivante :

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 31


Cours Traitement des eaux des procédés

Qp
Y=
Q0 (12)

V-2-Sélectivité ou taux de rejet (TR)

La sélectivité d’une membrane est en général définie par le taux de rétention ou le taux de
rejet de l’espèce (sel, macromolécule, particule, microorganisme,…) que la membrane est
censée retenir. Elle est donnée par l’équation ci-dessous :

C o −C p Cp
TR= =1−
C0 C0 (13)

V-3-Débits spécifiques ou densités de flux

Dans le cas de l’osmose inverse, les transferts de solvant et de soluté au travers d’une
membrane semi-perméable se font par solubilisation – diffusion : toutes les espèces
moléculaires (soluté et solvant) se dissolvent dans la membrane et diffusent à l’intérieur de
celle-ci comme à travers un solide ou un liquide sous l’action d’un gradient de concentration
et de pression.

Pour simplifier, nous nous placerons dans le cas d’un seul soluté.

Les flux de solvant et de soluté à travers la membrane sont donnés respectivement par les
équations (14) et (15).

J1 = A (∆P - ∆π) (14)

Avec :

-J1 : flux d’eau (ou de perméat) à travers la membrane (kg/m2 s ou m3/m2 s) ;

-A : perméabilité de la membrane à l’eau (kg/m2 s Pa ou m3/m2 s Pa) ;

-∆P : différence de pression de part et d’autre de la membrane (Pa) ;

-∆π : différence de pression osmotique de part et d’autre de la membrane (Pa).

J2 = B ∆C = B (C0 – Cp) (15)

Avec :

-J2 : flux de sel à travers la membrane (kg/m2 s) ;

-B : perméabilité de la membrane au sel (m/s) ;

-∆C : différence de concentration de part et d’autre de la membrane (Pa) ;

Le flux spécifique (J1) peut être donné par l’équation ci-dessous :

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 32


Cours Traitement des eaux des procédés

Qp
J 1=
Sm (16)

Où Sm et la surface de la membrane (m2).

J1 = f (∆P) est une droite de pente p՛ = A comme le montre la figure 14.

J1 (m3/m2 s)

p՛ = A

∆π ∆P (bar)

Figure 14 – Densité de flux de perméat en fonction de la pression transmembranaire

VI-APPLICATIONS
 Exercice n° 1

L’installation d’osmose inverse suivante est destinée à traiter une eau de mer de température
moyenne égale à 20°C.

0 1 3 4

Les caractéristiques de quelques flux enregistrés au niveau de ce module sont données par le
tableau suivant :

Points (i) Qi (m3/h) Ci (g/L ou mmol/L)


0 350 35 g/L
2 300 10 mmo/L

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 33


Cours Traitement des eaux des procédés

5 130 ?

1-Quel est le type de cette installation ?

2-Donner les noms des flux suivants : 0, 2, 4 et 5.

3-Quel est l’intérêt pratique de ce type de montage ?

4-Calculer la pression osmotique de l’eau à traiter (bar, mmHg et mmH2O).

5-Calculer le flux spécifique de solvant au travers de la membrane.

6-Calculer le débit d’eau à l’entrée du module.

7-Calculer le taux de conversion de cette installation (%). Conclure.

8-Calculer le flux d’eau et la concentration des sels (g/L et mol/L) au point (4).

9-Calculer la concentration des sels à l’entrée du module (g/L, mol/L, méq/L et °F).

10-Calculer le taux de rejet de cette unité (%). Conclure.

11-Calculer le passage en sel Ps (%) de la membrane. Conclure.

12-Calculer le facteur de concentration FC de la membrane. Conclure.

On donne :

-Surface de la membrane : Sm = 30 m2.

C2
Ps =
- C1 ;
 

C4
FC =
- C1 .

 Exercice n° 2

Une eau artificielle est préparée à partir de nitrate de sodium (NaNO 3) et de chlorure de
sodium (NaCl). Elle alimente un module d’osmose inverse.

1-Calculer les masses de NaNO3 (m1) et de NaCl (m2) mise en jeu (g).

2-En déduire la concentration de chaque sel (g/L, mol/L, méq/L et °F).

3-Calculer la pression d’alimentation minimale (Pam) (bar) pour permettre la filtration


membranaire en considération.

On donne :

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 34


Cours Traitement des eaux des procédés

-concentration des chlorures dans l’eau brute : [Cl-]0 = 30 mg/L.

-pression osmotique de l’eau brute à 25 °C : Π = 5 bars.

-volume de l’eau à traiter : V = 0,1 m3.

P am + Pc
ΔP= −P p
-différence de pression transmembranaire : 2

Avec :

-Pc : Pression de concentrât (Pc = 3 bars) ;

-Pp : Pression de perméat (Pc = 1 bar).

•Masses molaires (g/mol) : N : 14 ; Na : 23 ; Cl : 35,5 ; O : 16.

 Exercice n° 3

On étudie les courbes de flux de perméat d’une membrane d’osmose inverse en fonction de la
pression d’alimentation, à débit de rejet constant et recirculation nulle.

Les résultats expérimentaux enregistrés lors de ces essais sont figurés dans le tableau suivant :

∆P (bar) 10 11 12 13 14 15
J1 0,5 0,6 0,7 0,78 0,86 0,95
(m3/m2 s)*10-5

1-Tracer la courbe J1 = f (∆P). Interpréter.

2-Déterminer la perméabilité de la membrane à l’eau (m3/m2 s bar).

3-Déterminer la différence de pression osmotique de part et d’autre de la membrane (bar).

VII-MEMBRANES D’OSMOSE INVERSE


Les membranes d’osmose inverse devront :

 avoir un haut pouvoir de rétention des sels tout en permettant un flux d’eau pure le
plus grand possible (Qp ou Y élevé) à une pression d’utilisation la plus faible possible ;
 être compatibles chimiquement (c'est-à-dire ont une inertie chimique) avec les sels
dissous présents dans les eaux brutes ;
 posséder une bonne résistance à la compaction.

VII-1-Matériaux des membranes d’OI

L’ensemble des qualités qui sont demandées aux membranes nécessite l’utilisation de
matériaux adaptés, pour résister aux contraintes qu’impose l’utilisation industrielle de l’OI.

Les membranes utilisées sont formées de deux couches et sont donc dites asymétriques.

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 35


Cours Traitement des eaux des procédés

La face en contact avec l’eau à traiter est fine et dense. C’est la couche active qui constitue
une véritable barrière aux sels dissous (sous forme des cations et des anions).

La deuxième couche (couche interne de la membrane) est la couche support qui est beaucoup
plus épaisse et assure la résistance de la membrane.

Les matériaux utilisés pour la fabrication des membranes sont les suivants :

 l’acétate de cellulose

Ces membranes acceptent des pH allant de 4 à 7. Elles peuvent être dégradées biologiquement
et résistent à des eaux chlorées. La figure 15 donne la formule chimique de base de ce type
des membranes.

Figure 15 – Structures chimique des membranes en acétate de cellulose

 Les polysulfones

 Figure 16 – Structure chimique des membranes en polysulfone


 Les polyamides aromatiques

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 36


Cours Traitement des eaux des procédés

Elles autorisent des pH compris entre 4 et 11. Le contact avec les oxydants forts doit être
évité. La figure 17 montre les différentes structures chimiques de ces membranes.

Figure 17 – Structures chimiques des membranes en polyamides aromatiques

 Les composites

Ce nom vient du fait que les deux couches constitutives de la membrane sont faites de
matériaux différents. Ces membranes plus récentes sont caractérisées par une couche active
très fine (0,04 à 0,1 µm). Elles permettent ainsi le passage d’un flux plus important que les
membranes précédentes et autorisent une large gamme de pH (2 à 11). La figure 18 montre le
schéma de fabrication d’une membrane composite.

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 37


Cours Traitement des eaux des procédés

Figure 18 - Schéma de fabrication d’une membrane composite

VII-2-Paramètres influençant les performances des membranes d’OI

On distingue deux types des paramètres influençant les performances ces membranes :

 paramètres physiques ;
 paramètres chimiques.

VII-2-1- Paramètres physiques

VII-2-1-1-La température

En pratique, la température maximale acceptable est comprise entre 40 et 50°C.

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 38


Cours Traitement des eaux des procédés

VII-2-1-2-MES des eaux brutes

Les membranes perdent toute leur efficacité si le dépôt est trop important et empêche le
passage de l’eau. Il faudra donc éliminer ces particules, dans le cas d’une eau très chargée, par
l’utilisation de prétraitements (filtration, floculation,…).

VII-2-2-Paramètres chimiques

VII-2-2-1-Le pH

Il peut provoquer des hydrolyses dans ses valeurs extrêmes.

On maintient donc un pH entre 4 et 7, voire de 2 à 11 avec les membranes composites.

VII-2-2-2-La précipitation ou le colmatage

Certains sels peu solubles comme le sulfate de calcium (CaSO4), le sulfate de baryum
(BaSO4) et les carbonates de calcium (CaCO3) peuvent précipiter et boucher les pores de la
membrane. Là encore, des prétraitements tels que la décarbonatation chimique ou physique
par résines échangeuses d’ions, le désiliciage (élimination de silice), le déferrisation
(élimination du fer) peuvent être mis en œuvre avant le traitement par osmose inverse.

IIX-MODULES D’OSMOSE INVERSE


Actuellement quatre types de modules d’osmose inverse sont commercialisés :

 modules tubulaires ;
 modules à fibres creuses ;
 modules plans ;
 modules spirales

IIX-1-Modules tubulaires

Ce type de module est constitué de tubes métalliques ou plastiques sur lesquels est fixée la
membrane semi-perméable. Le diamètre du tube est compris entre 7 et 25 mm et le plus
souvent de 12,5 mm. En général, l’eau saumâtre circule sous pression à l’intérieur du tube et
l’eau douce (osmosée) produite est récupérée à l’extérieur du tube (figure 19). Le tube est soit
poreux, soit perforés de trous pour permettre l’évacuation du perméat.

IIX-2-Modules à fibres creuses

Les modules à fibres creuses peuvent être considérés comme les modules tubulaires composés
de tubes de petit diamètre compris entre quelques dizaines de microns et quelques
millimètres. Mais à la différence des modules tubulaires qui sont constitués d’une membrane
et d’un support inerte, les fibres creuses jouent à la fois le rôle de membrane et de support.

A titre d’exemple, les fibres creuses schématisés par les figures 20-a et 20-b ont un diamètre
intérieur de 40 µm et un diamètre extérieur de 80 µm. Le liquide à traiter circule à l’extérieur
de la fibre.

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 39


Cours Traitement des eaux des procédés

Figure 19 – Module d’osmose inverse tubulaire

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 40


Cours Traitement des eaux des procédés

Figure 20-a – Schéma de principe d’un module à fibres creuses

Figure 20-b – Module d’osmose inverse à fibres creuses de Dupont de Xemours

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 41


Cours Traitement des eaux des procédés

IIX-3-Modules plans

Ce type de module qui est le plus simple et le plus ancien car sa technologie a été claquée
directement sur celle des filtres presses (figure 21). Il peut se présenter soit sous forme de
plaques unitaires, soit sous forme de cartouches. Un des paramètres importants est la distance
entre membranes :

-faible épaisseur : nécessité de pré-filtration et difficulté de nettoyage ;

-forte épaisseur : volume mort important et énergie de pompage élevée.

Figure 21 – Module d’osmose inverse plans

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 42


Cours Traitement des eaux des procédés

IIX-4-Modules spirales

Dans ce type de module, les membranes planes sont enroulées autour d’un tube perforés et
creux destiné à collecter le perméat. Entre les membranes est placé un grillage plastique
(appelé espaceur) de 0,8 à 1,2 mm d’épaisseur, qui a pour but de créer une turbulence dans la
circulation du fluide (figure 22). L’eau à traiter renfermant les sels dissous entre à l’une des
extrémités du rouleau et passe axialement à travers la membrane. Afin de pouvoir exercer la
pression requise sur le liquide à traiter, les rouleaux de membranes (appelées souvent
cartouches) sont insérés dans des corps de pression tubulaires avec un système de joints aux
extrémités. En général, plusieurs cartouches sont assemblées dans un seul corps de pression.

Figure 22 – Module spirale d’osmose inverse

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 43


Cours Traitement des eaux des procédés

IX-UNITES INDUSTRIELLES D’OSMOSE INVERSE


Dans le cas du dessalement industriel des eaux de mer et des eaux saumâtres, seul le procédé
continu est utilisé, les modules étant montés en série – rejet ou en série – production.

IX-1-Montage série – rejet

Ce type de montage est utilisé lorsque l’on veut obtenir un taux de conversion élevé sur une
unité d’osmose inverse fonctionnant suivant un procédé continu (figure 23).

Dans ce cas, le rejet du premier étage alimente les modules du second étage et ainsi de suite.
Dans le premier étage, on met un certain nombre de modules en parallèle tandisque dans les
autres étages le nombre de modules diminue graduellement au fur et à mesure que la
concentration de la solution à traiter augmente. Ceci permet d’augmenter progressivement les
vitesses de passage et de minimiser ainsi les phénomènes de polarisation.

Figure 23 – Montage série – rejet d’une unité industrielle continue d’osmose inverse

IX-2-Montage série – production

Ce type de montage est utilisé quand la sélectivité de la membrane n’est pas suffisante pour
effectuer une séparation donnée. On l’utilise par exemple très souvent pour le dessalement
d’eau de mer lorsque la salinité est élevée allant de 30 à 50 g/L (figure 24).

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 44


Cours Traitement des eaux des procédés

Figure 24 – Montage série – production d’une unité industrielle continue d’osmose inverse

ISET G/Département de Génie des Procédés Dr Imed ELMIR Page 45

Vous aimerez peut-être aussi